Dounia Bouzar : Gestion de la laïcité et cohésion sociale
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1. Symposium international sur interculturalisme Montr al Du 25 au 27 mai 2011 Gestion de la la cit et coh sion sociale exp rimentation de la notion de Plus Petit D nominateur Commun Contribution au chapitre 2 Les droits la lumi re de l interculturalisme Dounia Bouzar Anthropologue du fait religieux Directrice du Cabinet Cultes et Cultures Actes du Symposium international sur l interculturalisme wWww symposium interculturalisme com Notice biographique Ancienne ducatrice la Protection Judiciaire de la Jeunesse Dounia Bouzar est docteure en anthropologie du fait religieux Sa sp cialisation porte sur la r appropriation de l islam par les jeunes n s en France et socialis s l cole de la R publique Personnalit qualifi e du Conseil Fran ais du Culte Musulman elle est l auteure de nombreux ouvrages Son travail a t prim par l Acad mie des Sciences Morales et Politiques et elle a t d sign e h ro ne europ enne par le Time Magazine pour son travail novateur sur l islam En 2008 elle fonde avec sa fille le centre d Etudes Cultes et Cultures Consulting Les deux premi res enqu tes gestion du fait musulman dans les entreprises et dans les services publics viennent d tre publi es chez Albin Michel Allah a t il sa place en entreprise et La R publique ou la burqa les services publics face l islam manipul Les ditions Eyrolles2. des individus et la coh sion d un groupe ainsi que les philosophies qui sous tendent ces lois et jurisprudences Nous pr senterons succinctement un r sum de cet tat des lieux puis le concept nomm Plus Petit D nominateur Commun que nous exp rimentons dans plusieurs villes de France Gilda Farrell Chef de la Division Recherche et d veloppement de la coh sion sociale Conseil de l Europe in Comp tences interculturelles dans les services sociaux la n cessit de l volution institutionnelle Symposium international de l interculturalisme Dialogue Qu bec Europe Montr al 25 27 mai 2011 Haute Autorit de Lutte contre les Discriminations et pour l galit apr s avoir expliqu comment nous nous sommes inspir s des r flexions issues du d bat sur les accommodements raisonnables de MM Bouchard et Taylor PARTIE 1 R SUM SUCCINCT DE L TAT DES LIEUX FRAN AIS Cet tat des lieux a t r alis la suite de recherches actions conduites pendant deux ans aupr s de 20 entreprises et 20 services publics dans 4 bassins d emplois Ce n est pas ici le lieu d en voquer les r sultats en d tail ceux ci sont disponibles dans deux livres publi s l ann e derni re Bouzar 2009 et Bouzar 2010 Je me bornerai en pr senter les principaux l ments qu il nous appara t important de partager Nous avons conduit 800 entretiens partir d une grille ouverte et
3. glises et l tat et de son syst me juridique la que on aurait pu s attendre ce que la France reconnaisse qu un certain nombre de normes sont directement issues de l histoire chr tienne que l ordre juridique tatique porte les marques de la culture majoritaire qu il irrigue des normes et des valeurs inscrites au c ur d une culture publique commune loin d tre purg e de tout particularisme culturel puisqu elle institutionnalise une normativit qui provient du groupe historiquement dominant Ce n est pas le cas et qui plus est l ensemble des citoyens fran ais n ont pas toujours conscience du poids de l histoire sur la construction des normes Ils ont le sentiment que la culture occidentale a cess d tre fa onn e par le religieux et que seule celle de l Autre continue tre imperm able la s cularisation 11 Pourtant pour ne prendre qu un exemple le calendrier fran ais est pain b ni pour les chr tiens la f te de la Nativit No l c l brant la naissance de J sus l ouverture de la semaine sainte dimanche des Rameaux la cons cration de la r surrection du Christ dimanche de P ques celle de l l vation de J sus jeudi de l Ascension la comm moration de la descente du Saint Esprit sur les ap tres dimanche de Pentec te la c l bration de la mont e de la Vierge Marie au ciel Assomption le15 ao t la veille de la f te des morts qui c l br
4. avec quelques exemples en quoi le concept que nous avons appel Plus Petit D nominateur Commun et que nous exp rimentons dans plusieurs villes de France ne demande pas de faire une exception la r gle pour une diff rence mais fait en sorte que la diff rence soit incorpor e la r gle universelle GESTION DE LA LA CIT ET COH SION SOCIALE EXP RIMENTATION DE LA NOTION DE PLUS PETIT D NOMINATEUR COMMUN INTRODUCTION La la cit tablie par la loi de 1905 dite de s paration est d abord un syst me juridique instaur pour que les Fran ais puissent ensemble avoir un destin commun avec leurs identit s multiples vari es qui peuvent d ailleurs voluer Le droit national et international impose le respect de la libert de conscience de chacun et de chacune Assurer la libert de conscience c est permettre aux individus de croire de ne pas croire de croire en ce qu ils veulent sachant que la libert de l un s arr te o commence celle de l autre Plus facile dire qu faire O mettre le curseur et sur quels param tres se baser pour garantir la libert de chacun de fa on ce qu elle n entrave pas la libert des autres Comment g rer la diversit religieuse sans se plier inconditionnellement tous les particularismes La diversit religieuse n a rien voir avec le communautarisme ni m me avec le multiculturalisme sauf consid rer qu une religion d termine une fo
5. dical hygi nique etc pour justifier la mixit devant quelques jeunes r calcitrants qui ne trouvent pas a tr s musulman de se m langer avec des filles pour faire en plus un sport d hommes Quand tu montes dans le m tro a ne te g ne pas d tre en totale proximit avec des filles Et quand tu tra nes la foire non plus Pourquoi tu te poses plus cette question quand il s agit de filles qui sont de la m me religion que toi Ca change quoi On fait du foot pour cracher les clops et les gaz des pots d chappement que l on ramasse toute la semaine dans nos poumons voil pourquoi Et je ne vois pas pourquoi les filles n y auraient pas droit Ce type d argument r introduit la subjectivit humaine et renvoie le jeune lui et ses propres choix Il ne s agit plus de dire L islam dit que mais bien d amener ce gar on l ce musulman l se demander ce que lui en pense Pour la premi re association cit e l islam reste la source exclusive partir de laquelle tout est con u le d veloppement du corps le d veloppement de l esprit la protection de la nature l engagement dans la cit sont d j r gis par les textes sacr s Autrement dit le religieux continue de r gir toutes les conceptions du monde La mixit dans le sport est promu sur une argumentation de type d abord religieuse La preuve de son aspect positif passe uniquement par l exp rience du P
6. gestions discriminantes et des gestions laxistes le PPDC Plus Petit D nominateur Commun Pour y arriver nous nous sommes inspir e de quatre axes des accommodements raisonnables La question du minaret est aussi r glement e par le droit fran ais Chaque mosqu e peut construire un minaret mais sa hauteur peut tre limit e dans le cadre de l autorisation de construire pour respecter les pr occupations du plan d occupation des sols et s inscrire dans l aspect architectural du quartier PARTIE II PARTIR DES ACCOMMODEMENTS RAISONNABLES Le processus d accommodement raisonnable pr sente des concepts particuli rement int ressants notamment pour pr server la coh sion sociale Voici les principales notions dont nous nous sommes inspir e La notion de balises incitatives dans la gestion des revendications religieuses Il s agit de prendre en compte l effet de la demande religieuse Favorisera t elle la segmentation la ghetto sation ou bien facilitera t elle au contraire l inclusion de la personne concern e Autrement dit il s agit de v rifier si la demande religieuse n entrave pas les objectifs recherch s par la Constitution concernant le vivre ensemble La notion de rep res thiques et notamment le principe de r ciprocit Il s agit de privil gier les comportements qui favorisent l mergence de solutions mutuellement satisfaisantes en acceptant l ouverture l autre la
7. institutionnelles pr sent es comme universelles jour ch m vacances nourriture etc sont le produit d une histoire souvent crites par des groupes politiquement et historiquement dominants hommes blancs h t rosexuels classe moyenne issus de l histoire catholique Puisque ces normes sont le produit d une histoire elles ne sont pas neutres ce qui veut dire que le syst me juridique tatique n incarne pas forc ment et automatiquement des normes universelles m me si l objectif poursuivi est universel C est cette reconnaissance par la Cour supr me de l impact de l histoire du Canada sur la construction de certaines normes qui a permis de nouvelles r flexions des juristes qui ont alors cherch adapter l application d une norme la situation particuli re d une personne de fa on liminer l impact discriminatoire de cette norme Ce sont ces r flexions qui conduiront in fine au syst me juridique de l accommodement raisonnable Il semble important de reconna tre que la plupart des normes actuelles sont issues de l histoire chr tienne afin de prendre conscience de leur impact parfois discriminatoire sur les nouveaux venus C est cela qui permet ensuite de r fl chir comment att nuer ces effets ventuellement discriminatoires sans pour autant accepter de droit parall le communautariste Du fait de sa relation distanci e avec la religion de la s paration entre les
8. large que nous avions centr e sur des questions sur ce qui favorise ou entrave l unit d quipe L objectif tait de ne cibler aucune religion en particulier Cependant la grande majorit des t moignages ont mis en avant des questionnements li s l islam Cette religion est per ue tr s diff rente des autres La diversit culturelle ou cultuelle pour 99 des managers est encore li e l international l tranger C est dire que l id e selon laquelle l int rieur de la France on peut tre la fois Fran ais et de religion diff rente n est pas acquise Voici un exemple de r ponse obtenue Oui on fait de la diversit cultuelle on adore a d ailleurs on a une convention avec le Maroc D s qu il s agit d un salari de r f rence musulmane la grille de droit commun n est plus appliqu e les repr sentations n gatives du d bat public sur la question musulmane parasitent l application de la grille d valuation de comp tences qu une entreprise ou qu une institution met en place Et cela conduit deux sortes de dysfonctionnements un dysfonctionnement discriminatoire o l on pr sume l avance des caract ristiques n gatives d une personne et un 4 Copr sidents de la Commission de consultation sur les pratiques d accommodement reli es aux diff rences culturelles Qu bec 2008 5 La burqa et la R publique les services publics face l
9. r ciprocit le respect mutuel la capacit d coute la bonne foi la capacit faire des compromis Le quatri me consid rant du pr ambule de la Charte qu b coise nonce que les droits et libert s de la personne humaine sont ins parables des droits et libert s d autrui et du bien tre g n ral La conception de la libert religieuse C est l occasion d un arr t que la Cour supr me a d fini le sens donn la libert de religion C est une conception personnelle et subjective de la libert de religion qui a t retenue Le demandeur qui invoque cette libert n est pas tenu de prouver l existence de quelque obligation exigence ou pr cepte religieux objectif Il doit simplement d montrer que le geste qu il souhaite accomplir rev t pour lui un caract re religieux ou spirituel Cette posture nous semble fondamentale pour prot ger la libert de penser individuelle des croyants l int rieur m me des mouvements religieux diversifi s ainsi que le principe de neutralit de l tat 7 Affaire Syndicat Northcrest c Amselem 2004 2 R C S 551 En violation des r gles contenues dans une d claration de copropri t divise des Juifs orthodoxes avaient rig pendant la f te du Souccoth des souccahs individuelles sur le balcon de leurs appartements 10 La prise de conscience que les normes institutionnelles sont le produit d une histoire Les normes
10. e l ensemble des saints reconnus par l glise catholique romaine la Toussaint le 1 novembre sont autant de jours f ri s Sans compter les lundis de P ques et de Pentec te r miniscences des semaines f ri es qui suivaient les dimanches de P ques et de Pentec te r duites un seul jour f ri par le Concordat de 1801 Ces f tes font partie de la culture commune de tous les Fran ais croyants ou pas alors que les f tes relatives l islam sont v cues comme du particularisme ou de la r bellion communautaire PARTIE III LE PPDC POUR CONCILIER DIVERSIT RELIGIEUSE ET COH SION SOCIALE La cr ation du Plus Petit D nominateur Commun provient de notre recherche d une notion qui soit dans la lign e du droit international et national Les r dacteurs de la loi de 1905 ont d clar que La R publique fran aise assure la libert de conscience et le libre exercice du culte pour en finir avec l ancien r gime o il fallait tre de la religion du roi pour tre sujet du roi La la cit fran aise est tr s exactement la jonction d une responsabilit citoyenne qui permet que tous les citoyens aient ensemble un destin commun comme aurait dit Ernest Renan au XIX si cle tout en faisant en sorte qu aucune philosophie et vision du monde puisse s imposer aux autres comme sup rieure Cela montre bien que la la cit est un concept fondamentalement politique 8 No
11. er la d sertion progressive des enfants de r f rence musulmane des cantines de leurs quartiers En effet ils tiennent ce que tous les enfants continuent manger ensemble et ils savent bien que la prise en charge du repas des enfants par les pouvoirs publics fait partie des moyens pour diminuer les disparit s sociales Ce constat les a amen s se questionner concr tement comment faire pour rester la que sans provoquer autant d exclusion des enfants des familles les plus d favoris es Il Et depuis 2005 aux administrations de l tat et aux tablissements publics caract re scientifique technologique ou culturel 16 D un c t les familles musulmanes se sentent compl tement discrimin es voire volontairement harcel es Beaucoup ne demandent pas de viande halal mais simplement que leurs enfants ne soient pas forc s manger de la viande non halal Or le personnel de la restauration estime qu il est normal d inciter les enfants manger Cela fait partie des missions du personnel qui peut ventuellement d tecter une d pression un mal tre ou une anorexie pendant le moment du repas li s une situation familiale douloureuse r 12 rupture d c s divorce Alors pour viter le conflit certaines communes ne servent plus de viande en se servant des circulaires sur la viande folle ce qui discrimine tous ceux qui mangent de la viande D autres liminent le porc dans l espo
12. gens non croyants dans un service celui qui je ne discr tement ou qui ne boit pas d alcool peut tre harcel Les quolibets r p t s peuvent parfois prendre v ritablement la tournure d un harc lement au sens juridique du terme Mais cela existe aussi dans l autre sens vous avez par exemple un atelier d une grande entreprise automobile qui emploie une majorit de musulmans pratiquants et ce sont ces derniers qui vont harceler celui qui ose prendre un caf moins de 100 m tres d eux pendant le ramadan C est donc dans certains services le rapport de force qui fait la loi sans qu il n y ait de r gulation ni de la part des managers ni de la part des syndicats car ces derniers ne poss dent pas les crit res l gaux qui pourraient constituer des balises appliquer de la m me fa on tous les salari s Certains lus conservateurs ne respectent pas forc ment la loi de 1905 Prenons l exemple de la construction des mosqu es La loi de 1905 pr voit tr s scrupuleusement les aides administratives garant d un pr t bail d un terrain etc que l tat peut octroyer la construction de lieux de culte mais nonce qu il ne peut le subventionner Le projet de construction doit remplir toutes les normes pr d finies par le code de l urbanisme le code de la construction et de l habitat les plans d occupation des sols Les musulmans se sont donc organis s et ont r uni dans plusieurs ville
13. ir de d samorcer les revendications de viande halal ce qui discrimine toux ceux qui mangent du porc Quelques communes ont introduit de la viande halal ce qui a entra n une segmentation des l ves les musulmans se s parant des autres pour manger Et il arrive que la libert de conscience du petit Kader qui adore le cochon depuis qu il a 5 ans ou celle des musulmans qui voudraient continuer manger de la viande classique soient entrav es car ces derniers subissent des pressions de la part de coreligionnaires plus stricts s ils continuent choisir le repas classique S il n y a que de la viande halal cela entrave la libert de conscience des non musulmans qui ne souhaitent pas manger de la viande ritualis e et participer la construction des lieux de culte en participant indirectement au paiement de la d me contenue dans le prix de la viande halal L esprit du PPDC consiste proposer un choix suppl mentaire de repas sans viande Cette mesure poursuit un objectif collectif et rassembleur En effet cela permet de satisfaire les revendications de certains mouvements colos qui demandent des repas v g tariens des juifs et des musulmans pratiquants des enfants qui ne pourraient absorber de viande pour cause de 12 Ce sentiment est commun de nombreux services communaux cf un t moignage identique dans une situation v cue Brest travaill e en recherche action avec l qui
14. is pour toutes les individus de mani re uniforme C est exactement le contraire la religion ne d termine pas les individus Ce sont les individus qui d terminent la compr hension de leur religion partir de ce qu ils sont et de ce qu ils vivent On ne rencontre jamais des cultures ou des religions mais toujours des individus qui s approprient des l ments de culture et de religion qui sont eux m mes en perp tuelle mutation et interaction A partir de quand est on diff rent A partir de quand est on similaire Appr hender Mohamed comme issu de la diversit alors qu il a grandi avec Elisabeth et David depuis C est le questionnement de la Cour supr me du Canada en 1985 La th se selon laquelle chaque personne devrait tre libre d adopter la religion de son choix et d en observer les pr ceptes ne pose aucun probl me Le probl me se pose lorsqu on se demande jusqu o peut aller une personne dans l exercice de sa libert religieuse A quel moment dans la profession de sa foi et l observance de ses r gles outrepasse t elle le simple exercice de ses droits et cherche t elle imposer autrui le respect de ses croyances l cole maternelle qu il coute la m me musique et regarde les m mes films peut tre aussi violent que de l emp cher d tre musulman Lorsqu on parle de la cit attention ne pas transformer une petite diff rence en cat gorie ce qui permet d enfe
15. islam manipul et Quelle place pour Allah dans l entreprise Editions Albin Michel 2009 et 2010 laxisme o l on accepte finalement des dysfonctionnements qu on n accepterait pas de la part d autres types de salari s avec qui on serait plus exigeant Mais ces deux comportements le laxisme ou la discrimination sont les deux faces de la m me pi ce car ils reposent sur les repr sentations n gatives que le manager a int rioris es sur les musulmans qui on ne va pas en demander autant qu aux autres En l absence de formation sur le sujet c est souvent la subjectivit personnelle du chef ou de l lu qui fait loi c est dire sa propre repr sentation de la religion en g n ral li e sa propre histoire On constate donc des managements diff rents au sein d un m me service public ou d une m me entreprise selon que vous soyez au premier ou au troisi me tage dans tel service ceux qui font le Ramadan ont automatiquement une permission d adapter leurs horaires dans d autres services ils ne peuvent m me pas poser la question sous peine d tre stigmatis s et trait s de communautaristes On remarque le manque de politique g n rale au sein des entreprises et des institutions sauf celles qui commencent travailler sur le sujet Au lieu d appliquer les crit res de droit commun c est le rapport de force des salari s qui l emporte Par exemple quand il y a une majorit de
16. largissement de la norme doivent tirer b n fice du nouveau syst me en ayant un choix suppl mentaire qui se propose eux 18 R f rences bibliographiques Bouchard G et Taylor C Fonder l avenir Le temps de la conciliation Rapport de la Commission de consultation sur les pratiques d accommodement reli es aux diff rences culturelles www accommodements qc ca Qu bec 2008 Bouzar D La cit Mode d Emploi 42 situations ditions Eyrolles Paris 2010 Bouzar D Quelle place pour Allah dans l entreprise ditions Albin Michel Paris 2010 Bouzar D La burqa et la R publique les services publics face l islam manipul ditions Albin Michel Paris 2009 Farell G Comp tences interculturelles dans les services sociaux la n cessit de l volution institutionnelle Symposium international de l interculturalisme Dialogue Qu bec Europe Montr al 25 27 mai 2011 19
17. lui ont command un guide La cit mode d emploi pour r pondre 42 situations en entreprise et en service public Depuis elle intervient aupr s de plusieurs entreprises et collectivit s territoriales pour tablir des crit res de gestion de la diversit religieuse et d application de la la cit au quotidien GESTION DE LA LA CIT ET COH SION SOCIALE EXP RIMENTATION DE LA NOTION DE PLUS PETIT D NOMINATEUR COMMUN R sum Contrairement certaines approches multiculturalistes la loi de 1905 demande de chercher le plus petit d nominateur commun afin de continuer manger ensemble nager ensemble vivre ensemble sans pour autant qu une norme s impose tous de fa on uniforme En clair la France doit maintenant chercher faire de l unit avec de la diversit tout en remettant en question l uniformit Nous pr senterons succinctement un r sum de l tat des lieux sur les repr sentations de la diversit que notre cabinet a effectu pendant deux ans aupr s de 20 entreprises et 20 services publics et nous mettrons en vidence des crit res de gestion de la diversit religieuse qui permettent la fois l galit des individus et la coh sion d un groupe ainsi que les philosophies qui sous tendent lois et jurisprudences Puis nous rappellerons quelques principes issus du d bat qu b cois sur les accommodements raisonnables dont nous nous sommes inspir e Nous montrerons enfin
18. ne s ance de sport laquelle des musulmans et des musulmanes peuvent participer sans probl me Les arguments invoqu s pour encourager les jeunes ne font pas appel la m me logique L une est la que l autre pas Les premiers justifient la pratique de cette activit par l islam Nous savons que le Proph te Paix et Salut sur lui faisait des courses de chameaux avec sa jeune femme Aicha Nous pouvons penser si nous contextualisons cet exemple dans notre poque qu il aurait pu faire aujourd hui comme c est la mode des courses pied du training s il vivait parmi nous en 2011 Le principe qui ressort de cette tradition montre bien que le sport de course est halal et qu on peut le pratiquer en mixit Quel meilleur exemple que notre Proph te Paix et Salut sur lui Il est donc certain que l islam permet que vous pratiquiez le football qui consiste aussi courir en mixit dans la mesure o le contenu de vos c urs est pur et ne contient pas de mauvaises intentions La charte de confidentialit sign e l poque ne permet pas de donner les noms des interview s mais ces deux associations taient implant es dans la banlieue lyonnaise 1 Licite devant Dieu 13 Ceux qui vous disent le contraire appliquent l islam la lettre et non dans son esprit Ils n ont rien compris l islam Les seconds ne font pas syst matiquement appel l islam mais injectent de l l ment humain m
19. ocit fondamental dans la question religieuse n impose pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu on t impose S agissant de religion les droits et libert s peuvent rapidement se retrouver rig s en absolus sacr s qui s imposeraient tous ce qui va l encontre du respect de la libert individuelle de chacun C est un domaine o les interlocuteurs craignent d autant plus que des exemptions ou exceptions cessant d tre exceptionnelles n en viennent transformer structurellement les r gles du vivre ensemble Il s agissait pour nous non pas d adapter une norme une communaut mais de veiller ce que la norme pour tous incorpore tous les citoyens sans discriminer ceux qui ont d autres r f rences Ce qui sous tend le concept du PPDC consiste r fl chir sur ce qui rassemble ce qui se ressemble plut t que de raisonner en terme de communaut s ou de particularit s Comme son nom l indique le Plus Petit D nominateur Commun cherche ce qui est commun aux uns et aux autres y compris ceux qui ont des r f rences diff rentes Il fallait donc largir la norme commune pour qu elle incorpore la diversit en son sein L volution du traitement du handicap nous a aid e puisque c est le sujet de discrimination le plus ancien trait en France dans la mesure o dans le domaine de l emploi la 15 loi du 10 juillet 1987 impose l ensemble des employeurs pri
20. pe politique de la ville publi e dans Une petite fille refuse de manger de la viande la cantine La cit mode d emploi Cadre l gal et solutions pratiques 42 tudes de cas Dounia Bouzar Eyrolles 2010 17 cholest rol Cette proposition de deuxi me repas v g tarien avec poisson et ufs permet ainsi tous de s inscrire la cantine pour prendre leur repas avec leurs camarades sans qu il ne soit question de religion un moment ou un autre L application du PPDC qui implique ici le choix possible d un repas avec ufs ou poisson a l avantage de permettre tous les enfants de partager le m me repas de manger ensemble la m me table et de ne pas introduire de r f rence religieuse dans l espace public tout en respectant les diff rences de chacun Il n y a donc pas de traitement sp cifique pour une partie de la population mais un simple largissement de la norme commune qui incorporerait r guli rement en son sein poissons et ufs en plus de la viande de fa on perdre son caract re discriminatoire En conclusion J insisterai sur le fait que l utilisation du PPDC permet de rechercher des solutions structurelles et de d passer les solutions ponctuelles souvent prises dans l urgence d un rapport de force Il s agit de privil gier les mesures inclusives au b n fice de tous plut t que des mesures la pi ce Autrement dit ceux qui n ont pas demand d
21. rmer un groupe d individus dans une d finition toute faite et de penser sa place On peut tre de culture marocaine et de confession musulmane on peut tre de culture marocaine et ath e mais on peut aussi tre de culture fran aise et de confession musulmane Le langage qui utilise des cat gories g n riques comme l origine la religion la culture renforce la vision nous et eux Farell 2011 et c est justement cela que la la cit veut combattre C est le vivre ensemble qui fait lien ce que je vais appeler l agir humain partag la transpiration humaine La coh sion nationale ne se d cide pas par des grands discours mais par l agir humain partag l exp rience commune C est pour cette raison que la grande erreur viter pour un pays qui veut rester fort c est bien de segmenter ses citoyens en les discriminant ou en accentuant la pr somption d alt rit pour certaines cat gories d entre eux selon des rapports de pouvoirs li s des passages historiques et non comme on veut le faire croire l essence d une religion Suite un tat des lieux que notre cabinet a effectu pendant deux ans aupr s de 20 entreprises et autant de services publics nous avons longuement tudi la jurisprudence fran aise et europ enne les d lib rations de la HALDE le Code du Travail pour trouver des crit res de gestion qui permettent la fois l galit
22. roph te On peut se demander si ce processus de pens e selon lequel l islam aurait tout invent n injecte pas dans l inconscient des enfants pris en charge une vision du monde o la conception musulmane serait sup rieure toute autre ne laissant pas de place d autres types de conceptions du monde C est en cela que le m lange de gar ons et filles ne suffit pas pour appliquer la la cit au sens philosophique du terme Ce qui sous tend les arguments d une activit peut s av rer aussi important que l activit elle m me Notre exemple est tir d associations musulmanes mais nous retrouvons ce type d argumentations dans de nombreuses associations vang listes 14 Le Plus Petit Diviseur Commun ou la recherche de ce qui rassemble Apr s avoir illustr ce que nous entendons par aspect philosophique de la la cit nous pouvons revenir au PPDC Nous avons donc cherch un syst me qui soit neutre au sens qu il ne permette aucune vision du monde de s imposer comme norme sup rieure de fa on respecter l esprit et la philosophie de base de la loi de 1905 qui n entra ne pas de traitement sp cifique pour une partie de la population ce qui irait l encontre de la philosophie fran aise de traitement identique pour les citoyens universels qui applique la loi tous les citoyens de la m me fa on de mani re mettre en uvre le principe de r cipr
23. s les sommes n cessaires Car contrairement leurs parents qui taient de passage et qui ont adopt une attitude de grande discr tion les jeunes voulaient construire leur lieu de culte justement parce qu ils se sentaient chez eux Que s est il pass dans la r alit La plupart des riverains ont v cu ce d but de visibilit dans leur quartier non pas comme une preuve d int gration mais comme le refus de la R publique Persuad s que l mancipation ne peut exister que par la sortie de la religion et qu il ne pouvait s agir que d un d but d islamisation de la soci t les riverains se sont rassembl s pour porter aux lus des p titions contre la construction d une mosqu e et finalement de nombreux maires ont c d et utilis leur droit de pr emption refusant du coup la construction l galement possible pour ne pas perdre leurs lecteurs Devant les difficult s r currentes de construction d difices de culte musulman le Minist re de l Int rieur a rappel par une note crite du 14 f vrier 2005 que la construction et l am nagement des lieux de culte ne sont soumis aucune formalit ou autorisation autre que celles pr vues d une fa on g n rale par le code de l urbanisme L tude de l obtention du permis de construire doit tre effectu e sans esprit d exclusion ou de rejet Nous avons r fl chi un concept qui nous semble le plus adapt pour sortir la fois des
24. tre dernier livre traite de 42 situations avec cette approche institutions publiques et entreprises La cit Mode d Emploi Editions Eyrolles qui vient d tre prim par l Acad mie des Sciences Morales et Politiques 12 Dor navant personne ne pourra imposer sa vision du monde aux autres Aucune philosophie ne peut se d clarer sup rieure une autre Autrement dit sur un plan philosophique c est l application de ma libert de croire s arr te o commence ta libert de ne pas croire et vice versa Ce qui signifie aussi que l on peut tre la fois croyant pratiquant et la que si on ne consid re pas sa vision du monde religieuse comme sup rieure et qu on ne l impose pas aux autres Appliquer la la cit au sens philosophique du terme Prenons l exemple d un match de football mixte organis par deux associations musulmanes Saluons d abord l objectif de m langer filles et gar ons alors que de nombreux centres sociaux ont du mal y arriver Dans les locaux sont affich es des photos de grappes de gar ons et de filles arborant les maillots de football Dans les deux associations la r ussite de cette activit est une grande fiert tant pour les responsables que pour les jeunes Mais les interviews font appara tre deux logiques diff rentes pour la premi re association ce match de football mixte est une application de l islam pour la deuxi me association il s agit d u
25. v s une obligation d emploi gale 6 de l effectif salari au b n fice des travailleurs handicap s Dans un premier temps les entreprises ont entam des travaux d am nagements sp cifiques pour que les personnes en fauteuil roulant puissent se mouvoir librement dans les entreprises Mais cela revenait les consid rer comme un groupe part puisque ces derniers avaient leurs portes eux Progressivement certaines entreprises ont r fl chi leurs pratiques et ont fait voluer leur culture organisationnelle des architectes ont tout simplement d cid d agrandir toutes les portes de fa on ce que tous les salari s puissent passer ensemble les portes pied ou en fauteuil De cette fa on il n y avait plus les portes pour les handicap s et les portes pour les autres En ce qui concerne la diversit religieuse il s agit galement d incorporer les diff rences dans la norme elle m me qui devient la nouvelle r gle pour tous afin que la norme perde son caract re discriminatoire Le PPDC ne demande pas de faire une exception la r gle pour une diff rence il demande ce que la diff rence soit incorpor e la r gle universelle L exemple des cantines scolaires Nous allons prendre l exemple des cantines pour illustrer la d marche du PPDC Quelques directeurs d coles primaires ne supportent plus de jeter 80 de la viande command e et d assist
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