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mémoire les jeux d`initiation à la santé

1. Pour produire cet effet le jeu doit tre pratiqu pleinement sans tentative de r cup ration ext rieure En d autres termes l id e de gratuit fait partie int grante du concept de jeu au sens propre ou pour reprendre les propos de Nicole de Grandmont du jeu ludique La gratuit explique t elle est le fait d accomplir un acte pour ce qu il est en soi un acte command par un besoin r el satisfait dans l imm diat et sans aucune attente en retour C est cette gratuit qui permet au sujet de se surimpliquer dans ses activit s ludiques puisqu elles sont assouvies sans avoir t command es sans avoir t sollicit es sans attentes provoqu es par une tierce personne Par le terme de jeu ludique qu elle reprend comme titre d un ouvrage plus r cent Nicole de Grandmont entend d signer le vrai sens du jeu pour le distinguer de ce qu elle appelle le jeu ducatif et le jeu p dagogique et mettre en vidence le fait que celui ci d pend avant tout d une attitude d une disposition d un tat d esprit 4l Andr Michelet Jeux et jouets des supports p dagogiques au d veloppement du jeune enfant dans M tiers de la petite enfance n 54 d cembre 1999 p 12 Cet article est paru dans l ouvrage Petite enfance veil aux savoirs Paris La documentation fran aise 19972 Nicole de Grandmont P dagogie du jeu Jouer pour apprendre P
2. jeu animation cr ation de mat riel ou de processus plus complexes On voit par cet exemple comment se produit un amalgame entre les deux notions qui am ne consid rer le jeu comme une rubrique au sein des outils p dagogiques Sans doute existe t il des points communs entre ces deux notions Ainsi dans un dipl me intitul Jeux d r les soutenu l Universit Denis Diderot Paris VII en 1998 1999 Danielle Forgeot rappelle que les outils p dagogiques ont t cr s pour faire face l inefficacit des m thodes explicatives longtemps utilis es dans le domaine de la promotion de la sant et pr cise que cette d nomination englobe galement tout type de support quelque soit son mode de communication crit visuel audiovisuel oral ludique artistique En d autres termes certains outils p dagogiques pr tendent recourir une attitude ludique pour arriver au but vis mais la mani re dont on traite le jeu dans les catalogues consult s ainsi que de nombreuses contributions consacr es ce sujet indiquent bien qu il n y est pas vraiment question du jeu en tant que tel voire qu il existe une m fiance l gard de celui ci 15 Alain Cherbonnier Agir en promotion de la sant un peu de m thode Num ro sp cial 1997 de Bruxelles Sant Bruxelles Question Sant 1997 p 52 bid 1 Danielle Forgeot Jeux d r les ou Quelle est la place de l ducat
3. soi m me et son environnement Dans ce cadre le jeu n est pas con u comme moyen pour atteindre un but p dagogique pr cis mais il garde son identit propre et remplit ce que Christian Heslon consid re comme l une de ses principales fonctions savoir l initiation S adonner au jeu explique t il c est aussi pour le jeune enfant comme pour l adolescent et l adulte mature se familiariser avec les codes sociaux v rifier sa capacit de confrontation au groupe faire tat enfin de ses appartenances Il rejoint par l le point de vue de l anthropologue Pierre Mayol qui crit dans un article sur le jeu du social au culturel Monica Burckardt a beaucoup r fl chi sur l initiation la vie et aux fonctions domestiques par l interm diaire de jeux dont on peut interroger le caract re conservateur La maison de poup es au sens anthropologique du terme permet une initiation globale l espace aux trois dimensions l aspect onirique Certains jeux et jouets servent d introduction l architecture l urbanisme le Monopoly et la r alit urbaine du prix du m Des jeux am nent l initiation l tre collectif l tre urbain se C Jeux et sant En partant des apports de cette volution r cente on peut red finir le r le que le jeu est m me de remplir pour la promotion de la sant Dans ce domaine galement on a admis depuis quelque te
4. aboutissent au m me r sultat savoir qu un sujet humain ne doit pas empiler des connaissances dans son cerveau en mati re de comportements ou de mode de vie qui sont reconnus pour pr server de la maladie mais plut t apprendre articuler les connaissances dans son univers affectif motionnel et sensoriel Con ue non comme emmagasinement d informations mais comme processus de d veloppement de comp tences personnelles l initiation la sant rejoint le principe m me du jeu tel qu il a t pr cis ci dessus Par cons quent le jeu demande tre accept comme un moyen d initiation part enti re en amont d autres activit s Pour en marquer la sp cificit nous emploierons dans les pages qui suivent le terme de Jeux d Initiation la Sant abr g en JIS en entendant par l une cat gorie particuli re de supports adapt s ce domaine 7 Voir Jacqueline Billon Mod les explicatifs de l ducation appliqu e la sant dans Spirale Revue de Recherches en ducation n 25 ann e 2000 p 20 7 Voir ce sujet M L Bruchon Schweizer et G Danzer Introduction la psychologie de la sant Paris PUF 1994 33 HI Les Jeux d Initiation la Sant A D finition des JIS Les JIS combinent par d finition l id e de jeu au sens propre et la notion de sant telle qu elle a t rappel e ci dessus Aussi peut on tenter ici de pr ciser les l
5. au sein de leur descriptif Pour terminer il resterait voquer le catalogue Outils p dagogiques pour les enfants de l INC Institut National de la Consommation qui propose un recensement critique aussi complet que possible des audiovisuels des brochures et dossiers des I Cf ibid p 23 etp 31 jeux ainsi que des expositions traitant des grands th mes de la consommation Apr s consultation de la mise jour sur leur site Internet on constate que parmi les outils relatifs la sant 24 sont rang s dans la cat gorie jeux l issue de ce rep rage on voit que la vid o repr sente la part la plus importante dans l arsenal des outils p dagogiques disponibles aujourd hui dans le domaine de la promotion de la sant mais on ne peut la consid rer comme jeu Par ailleurs on constate que si les c d roms y prennent une place toujours plus importante les r pertoires ne distinguent gu re entre les simples banques de donn es et les jeux interactifs Quant aux autres formes de jeux elles semblent relativement rares et assez peu vari es Ainsi peut on bon droit avancer qu il existe une v ritable carence dans la perspective qui nous int resse On remarquera en outre que si la consultation et la comparaison des documents voqu s ci dessus ne permet pas d avancer un chiffre global et fiable sur le nombre de jeux existant dans le domaine de la sant et moins encore de proposer un d
6. ducative et la gratuit propre la dimension ludique pour d passer les probl mes qui ont t per us dans le cadre de la promotion de sant A Gratuit du jeu Comme nous l avons sugg r ci dessus l objection premi re la plus vidente l utilisation du jeu dans une perspective de promotion de la sant est l incompatibilit souvent formul e entre l id e de jeu et celle d ducation En effet le jeu ne saurait aujourd hui tre consid r que comme une fin en soi et appara t comme une activit 4 Martine Mauriras Bousquet Th orie et pratique ludiques op cit p 26 27 18 inali nable ainsi que l nonce Georges Redde dans un article r cent L activit ludique est gratuite crit il c est dire qu elle ne poursuit pas des int r ts biologiques et des fins pragmatiques Elle n est pas utilitaire Elle a en elle m me sa propre fin Comme l art elle vise l panouissement du sujet dans son uvre Dans son ouvrage Jeu et ducation Gilles Broug re a montr que cette conception remonte l poque romantique et r sulte d une r volution intellectuelle caract risant les d but de l poque moderne Il explique que jusqu l poque des Lumi res la mise en uvre du jeu par les adultes tait de l ordre de la ruse car la pens e chr tienne impliquait une m fiance par rapport l enfant issu du p ch originel C est au XVII si cle seule
7. est pas r serv un ge particulier et que la transmission de savoir n est pas la seule mani re d initier les adultes aux notions de sant Enfin on citera une cr ation de la F d ration r gionale des ludoth ques de Champagne Ardennes qui a produit l attention des coles organismes de formation comit s d entreprise et plus g n ralement toute structure socio ducative une malle contenant 40 jeux et jouets en rapport avec le domaine de la sant et r partis en six modules l alimentation le sport les fl aux sociaux l hygi ne de vie la d couverte du corps humain et les risques domestiques L int r t particulier que pr sente cette cr ation est de combiner la fois des jeux con us sp cialement dans le but de sensibiliser le joueur des notions de sant comme un puzzle repr sentant le corps humain ou un jeu de l oie sur le tabac et des jeux qui ne l ont pas t mais prennent dans ce contexte une signification nouvelle On voquera par exemple la T te maquiller r pertori e dans la rubrique Hygi ne de vie qui am ne l enfant de mani re indirecte voire inconsciente apprivoiser les notions de soin et d estime de soi La Boite outils est quant elle rang e dans la cat gorie des risques domestiques sans faire l objet d aucune instruction particuli re Ce vaste ensemble de jeux et jouets montre l tendue du domaine des JIS il ne s agit pas seulem
8. Blondel Joseph Luc Noy Didier Faut il encore se soucier des outils p dagogiques dans Actualit de la formation permanente n 124 Dossier Construire outils et jeux de formation Paris La D fense Centre INFFO 1993 p 37 40 Bontemps Robert Cherbonnier Alain Mouchet Philippe Trefois Patrick Communi cation et promotion de la sant Aspects th oriques m thodologiques et pratiques Bruxelles Question sant 1998 Broug re Gilles Jeu et ducation Paris L harmattan Collection ducation et formation S rie R f rences 1995 46 Broug re Gilles Pourquoi utiliser le jeu dans Luciole Bulletin de liaison de la Maison de l ducation n 8 Rachid Maria et les autres n 21 Num ro sp cial Des jeux pour apprendre les enjeux du jeu juin 1997 p 3 10 Bruchon Schwe zer M L G Danzer Introduction la psychologie de la sant Paris PUF 1994 Caffari Viallon Raymonde Pour que les enfants jouent Une p dagogie du jeu symbolique Lausanne EESP 1991 19881 CFES R pertoire national des actions et outils en ducation nutritionnelle Vanves CFES 1994 Cherbonnier Alain Agir en promotion de la sant un peu de m thode Num ro sp cial 1997 de Bruxelles Sant Bruxelles Question Sant 1997 Cherbonnier Alain cf Bontemps Robert Chiarotto Annie Les ludoth ques Paris Cercle de la librairie Collection Biblioth ques mai 1991 CNDT Jal
9. hui inform s avant la premi re bouff e qu ils inhalent et chaque paquet qu ils ouvrent que le tabac nuit gravement la sant que fumer provoque des maladies cardio vasculaires ou nuit votre entourage f la vacuit de tels avertissements prouve suffisamment les limites de l information comme moyen d ducation Elle peut m me produire des effets n gatifs sur des individus enclins la culpabilisation l angoisse ou au d ni de soi On est donc aujourd hui d accord pour reconna tre que l ducation la sant ne peut consister comme cela fut assur ment longtemps le cas uniquement dispenser des connaissances Il ne s agit pas de pr venir les risques et les maladies en Pierre Mayol Le jeu du social au culturel dans Actes de l Universit d t op cit p 122 amp Cf Robert Bontemps Alain Cherbonnier Philippe Mouchet Patrick Trefois Communication et promotion de la sant Aspects th oriques m thodologiques et pratiques Bruxelles Question sant 1998 p 28 29 6t Cf Pierre Arwidson Le d veloppement de comp tences psychosociales dans Brigitte Sandrin Berthon Apprendre la sant l cole Paris ESF Collection Pratiques amp enjeux p dagogiques 1997 p 73 amp Formules tir es de divers paquets de cigarettes vendus en France 29 faisant appel une logique rationnelle mais en essayant d influencer le comportement de ma
10. juin 1996 5 Cf CFES La p dagoth que en Centre fran ais de documentation en sant publique dans Actualit et dossier en sant publique n 23 juin 1998 p 32 dans la P dagoth que et qualifi ici de jeu de soci t familial divertissant et instructif ceci montre combien il serait vain de vouloir entreprendre ici un catalogue de seconde main en r cup rant des analyses men es selon des crit res divergents D origine belge galement le PIPSA P dagogie Interactive en Promotion de la Sant est un centre de documentation consacr aux supports relatifs ce domaine qui propose sous le titre d Outith que une analyse des jeux disponibles parmi les supports cit s on trouve des jeux de cartes des jeux de r les et des jeux de tables bien distingu s du kit p dagogique A l issue d une recherche sur le site du PIPSA on peut admettre que leur catalogue enregistre 18 jeux sur 212 supports La m diath que de Bruxelles a en outre pr sent une s lection de c d roms en analysant le public vis le mat riel requis et les int r ts p dagogiques Dans cette publication les auteurs pr cisent que peu pr s tous les types d outils sont repr sent s bases de donn es encyclop dies jeux logiciels ducatifs etc On voit donc nouveau que le jeu est ici consid r comme une forme d outil p dagogique sans tre distingu par aucune mention sp ciale dans cette s lection d
11. s rieuse en activit ludique cette fin on peut se reporter aux cinq r gles nonc es par Gilles 34 Broug re permettant d analyser les situations concr tes pour d terminer en quoi elles rel vent ou non du jeu Ces cinq r gles peuvent tre la garantie que le JIS remplira sa fonction c est dire qu il permettra une initiation des utilisateurs par le biais du jeu par le seul fait de jouer Ainsi Broug res crit il Si nous reprenons les crit res qui nous permettent de d finir la sp cificit du jeu leur apport ducatif peut appara tre comme probable Il y a bien un int r t potentiel en relation avec ce qui caract rise le jeu la ma trise du second degr l exercice de la d cision la relation la r gle l action dans l incertitude Et cela il faut ajouter la frivolit qui en minimisant les cons quences de l action permet de tenter d exp rimenter Cet int r t ducatif ne peut tre pr sent que si les caract ristiques du jeu sont maintenues Ces crit res doivent tre appliqu s au domaine de la sant pour que l on puisse envisager la mise en pratique des suggestions issues du mod le d autonomisation dans le cadre d une initiation Ils peuvent constituer un moyen de s assurer du succ s d une telle entreprise savoir le d veloppement d une capacit des individus analyser et r soudre eux m mes les probl mes qu ils rencontrent la
12. but de classification des diff rents types de jeux qui y sont repr sent s elle met en vidence un ph nom ne tout fait significatif savoir l int r t tr s limit accord aux jeux en tant que tels il arrive en effet que certains catalogues ignorent enti rement cette notion et dans le cas contraire on est oblig de constater qu aucune pr cision n est apport e quant aux crit res sur lesquels se fonde la d nomination de jeu dans les notices descriptives De mani re g n rale les jeux sont ainsi perdus au milieu de produits qualifi s tant t de supports d animation tant t d activit s et le plus souvent d outils p dagogiques 12 CNDT Jalons pour la pr vention des comportements d usage de drogues Guide des outils Lyon CNDT 1998 1 INC Outils p dagogiques pour les enfants Paris INC 1995 p 2 www conso net On peut donc dire que pour la plupart des professionnels de la sant le jeu n a sa place dans leur domaine que s il est mis au service d un message qu ils entendent faire passer Dans un num ro sp cial de Bruxelles sant par exemple Alain Cherbonnier insiste sur le fait que les outils comme la m thodologie doivent rester un moyen choisi en fonction d un but et non devenir le c ur m me de l action il entend par l aussi bien des objets ou supports que des techniques et des activit s mettre en uvre qu il s agisse d activit s ponctuelles
13. emploi le jeu est donc un mode de communication exceptionnellement puissant Il est en fait en m me temps que moyen de communication un instrument de d couverte collective et d apprentissage communication et apprentissage ne peuvent ici tre distingu s Si l on consid re que le jeu constitue ou doit constituer une fin en soi c est qu on est convaincu qu il a en soi une vertu ducative L int r t qu il pr sente n est pas de fournir un support permettant de capter l attention de l enfant afin de transmettre un Jbid p 126 Martine Mauriras Bousquet Th orie et pratique ludiques op cit p 16 20 savoir par le biais d une ruse mais d tre lui m me l instrument d une d couverte qu il est seul capable de susciter Ainsi Andr Michelet estime t il galement que le jeu devint le moyen inconditionnel d apprentissage spontan une activit sans intervention aucune laiss e l initiative de l enfant Les recherches actuelles sur le jeu le pr sentent comme un processus d appropriation du monde adulte D apr s L ontiev c est un proc d d assimilation symbolique conscient et inconscient un moyen essentiel de s approprier l exp rience humaine Le jeu serait pour l enfant l adolescent l adulte m me la formation le red couvre et l applique de mani re intense la possibilit de conqu rir et d assimiler ce qu apporte l environnement
14. l utilisation du jeu en promotion de sant en constitue la principale limite car on se soucie visiblement plus de l apprentissage que du plaisir quoiqu il soit vident qu on ne garantit pas une approche ludique rien qu en donnant un objet la forme d un jeu Il faut m me reconna tre que cette mani re de le mettre en uvre d nature ou d truit le jeu en tant que tel Martine Mauriras Bousquet formule clairement cette conviction dans l introduction son ouvrage Th orie et pratique ludiques Activit ludique dans laquelle gain profit honneur m me n ont jamais le premier r le le jeu meurt d s qu on tente de le r cup rer d une fa on ou d une autre et c est ce qui condamne par avance du point de vue ludique la plupart des tentatives de jeux p dagogiques Cette affirmation autorise avancer qu il n existe pas de jeux dans le domaine de la promotion de la sant puisque les supports existants constituent dans leur grande majorit une tentative de r cup ration du principe ludique au profit d une ambition p dagogique Par del l opposition de principe entre le domaine du jeu et celui de l ducation aux questions de sant on per oit un autre probl me on peut en effet se demander Chantal Barth l my Ruiz Le jeu dans la formation adulte Pistes et tendances dans Actes de l Universit d t op cit p 106 15 pourquoi le mariage du jeu et de la sant f
15. que la mention du jeu appara t ici comme un aveu presque honteux apr s l num ration de buts p dagogiques Ce jeu crivent ils dans la d finition du public vis peut enfin se suffire lui m me pour un moment de divertissement Une volution est donc amorc e mais l id e que le jeu est formateur en lui m me doit v ritablement se r pandre dans les milieux de la promotion de sant si l on veut que celle ci recourt enfin au jeu dans le sens plein du terme Ce qui manque profond ment dans ce domaine l heure actuelle c est le jeu en tant que jeu c est dire laiss au libre arbitre de l utilisateur sans message pr con u dans le simple but d une sensibilisation Il est donc temps pour les professionnels de la sant semble t il 70 Thid p 266 32 d envisager que le jeu n est pas un sous groupe des outils mais un instrument poss dant ses finalit s propres et ses propres conditions d existence qu il s agit de deux instruments de nature diff rente pouvant et devant tre chacun mis en uvre avec des objectifs propres qu un jeu peut tre certes utilis comme outil mais qu il ne reste jeu que s il est utilis dans une attitude ludique cet gard il convient de citer les conclusions de Jacqueline Billon membre du laboratoire GEREOR l Universit Charles de Gaulle Lille II Ainsi crit elle tous les travaux r cents sur l ducation pour la sant
16. un contexte th rapeutique par exemple Cette situation para t devoir tenir essentiellement trois probl mes tout d abord la contradiction qui semble opposer les deux notions retenues ensuite une forme de g ne des professionnels de la sant l gard de la gratuit du jeu enfin aussi la mauvaise r putation dont souffre encore aujourd hui l id e m me de sant Pour tenter de d passer ces probl mes nous avons d fini chacun des l ments constitutifs de la probl matique en reprenant des tudes r centes en rapport aux domaines concern s Nous avons premi rement rappel que si l id e de jeu suppose la gratuit de celui ci c est parce qu on lui reconna t depuis l poque romantique une vertu ducative propre que d truit toute tentative de r cup ration des fins ext rieures Plus que jamais les sp cialistes du jeu sont aujourd hui convaincus de sa capacit d velopper des comp tences fondamentales pour le d veloppement de l individu ou plus exactement pr alables toute forme d apprentissage Cette propri t du jeu pose ainsi de mani re cruciale la question de son utilisation dans une perspective 43 d ducation nous avons remarqu que l opposition qu on a longtemps voulu voir entre les deux termes de jeu et d ducation est en train de se r soudre dans la mesure o l on tend attribuer celle ci de nouvelles priorit s ou de nouveaux objectifs Les th ories d
17. une activit qu on peut mettre au service d un projet p dagogique quelconque et qui est au contraire consid r e comme formatrice en soi comme condition indispensable l panouissement C est toujours selon Broug re par la voie de la psychanalyse que cette conception a d finitivement t adopt e On peut tre r serv quant au r le ducatif du jeu pr cise t il on ne pourrait r cuser sa contribution plus globale la construction de la personnalit A d faut de tout autre argument la relation du jeu au plaisir et la cr ativit va autoriser que l on laisse les enfants s y livrer pour une part de leur temps comme pr alable n cessaire toute ducation Le jeu serait encore plus important que ne le soutiendraient ceux qui y voyaient un support ducatif naturel Il devient le pr alable tout donc l ducation comme au reste C est sans doute dans la psychanalyse en tant qu elle nous transmet l h ritage du romantisme que l on trouve raviv e l importance le s rieux que suppose notre nouveau paradigme du jeu Cette id e sous tend encore les d finitions du jeu que l on trouve dans les ouvrages actuels comme dans celui de Martine Mauriras Bousquet o on lit par exemple Capable de faire comprendre un probl me complexe dans sa totalit et sous des angles divers suscitant des interactions entre les participants susceptibles de se renouveler et de se remodeler en cours d
18. 1 septembre 1995 Manderscheid Jean Claude G rard Pithon l ments de r flexion pour une p dagogie de l ducation la sant en milieu scolaire dans Spirale Revue de Recherches en ducation n 25 ann e 2000 p 49 68 Mauriras Bousquet Martine Th orie et pratiques ludiques Paris Economica Collection La vie psychologique 1984 Mauriras Bousquet Martine Jouer et apprendre m me combat Le r le des ludoth ques dans la promotion du jeu libre dans Actes des universit s d t de l association des ludoth ques fran aises Paris ALF 1998 p 125 128 Mayol Pierre Le jeu du social au culturel dans Actes des universit s d t de l association des ludoth ques fran aises Paris ALF 1998 p 121 124 48 Meiers B n dicte dir R pertoire des outils d ducation permanente pour la sant Bruxelles Question Sant 1996 Michelet Andr Jeu et handicaps La ludoth que et les enfants handicap s dans Actes des universit s d t de l association des ludoth ques fran aises Paris ALF 1998 p 25 28 Michelet Andr Jeux et jouets des supports p dagogiques au d veloppement du jeune enfant dans M tiers de la petite enfance n 54 d cembre 1999 p 12 16 Mouchet Philippe cf Bontemps Robert Naudin Odile l h pital une maison pour les jeux d enfants dans La Croix 14 15 janvier 1990 Noy Didier cf Blondel Observatoire de la San
19. Agence d ARC inc 1990 p 3 4 31 ludique qui en ferait un jeu au vrai sens du terme un jeu ludique il reste un outil p dagogique certes pleinement justifi dans un projet d ducation mais n exploitant pas v ritablement les potentialit s du jeu part enti re En fait on croit percevoir une r ticence ou une g ne voire une peur dans les milieux de la promotion de la sant comme si les professionnels de ce domaine craignaient de trahir leur mission en acceptant l id e du jeu pour lui m me Il serait certes abusif de pr tendre que de telles initiatives n existent pas du tout mais elles reposent toujours sur une certaine ambigu t On peut noter par exemple qu un coffret cr par Marie Flanet Luc Hincelin et Sylvie Saint Yves et distribu par Label Id es Dans ma ville des pas qui comptent part de principes strictement ludiques et vise des objectifs compatibles avec la sp cificit du jeu mais que les responsables de ce support semblent h siter le d signer comme tel et maintiennent une vis e traditionnelle Les concepteurs de cet outil lit on en effet dans la pr sentation veulent par le jeu proposer un moyen de d couvrir combien il est important aujourd hui de parler sant autrement La sant est ici per ue comme une ressource de la vie quotidienne C est un concept positif un tat de complet bien tre physique mental et social Il est int ressant de noter
20. UNIVERSIT MICHEL DE MONTAIGNE BORDEAUX III INFOREC IUT B Formation de gestion et animation de ludoth que M MOIRE LES JEUX D INITIATION LA SANT Travail pr sent par MAI 2000 Eve Marie Weinmann SOMMAIRE INTRODUCTION IL HI TAT DES LIEUX A Jeux dans le domaine de la sant B Jeux dans le contexte m dical C Probl mes du jeu dans la promotion de la sant RED FINITIONS A Gratuit du jeu B ducation ou initiation C Jeux et sant LES JEUX D INITIATION LA SANT A D finition des JIS B Exemples de JIS CONCLUSION BIBLIOGRAPHIE 10 14 18 24 28 34 38 43 46 INTRODUCTION Les organismes tels que la Maison R gionale de Promotion de la Sant du Nord Pas de Calais MRPS se voient actuellement confront s un int r t croissant pour des jeux qui permettraient d initier diff rents publics aux notions relatives ce domaine Or ils semblent mal pr par s pour r pondre un tel besoin en effet pour prendre un exemple parlant la MRPS dispose actuellement d une banque de donn es de 210 outils analys s en fonction du contenu informatif et de l approche p dagogique mais les jeux n y ont pas t index s en tant que tels et si le terme de jeu appara t dans 56 notices il d signe dans de nombreux cas des outils p dagogiques dont les conditions d utilisation paraissent assez peu compati
21. XIL 36 s inspire de la th orie de Piaget et permet d valuer toute forme de jeu en fonction de l organisation et de la structure de la pens e propre chaque ge de l enfance l adolescence Ce mod le pourrait ainsi offrir une aide pr cieuse la r flexion sur les JIS en permettant de pr voir ou d valuer en fonction de l ge de chaque public l efficacit des jeux d exercices jeux symboliques jeux d assemblage jeux de r gles simples ou complexes Mais ce mod le de classification n est pas le seul qui puisse tre mis en uvre dans le cadre de la promotion de la sant une collaboration interdisciplinaire apporterait sans doute galement les instruments n cessaires une analyse des c d roms dont nous avons constat l importance croissante dans le domaine de la promotion de la sant On con oit facilement que les c d roms pr sentent de nombreux avantages pour combiner l id e de jeux et celle de sant l importance qui revient au hasard dans les c d roms interactifs induit une gratuit une impr visibilit du r sultat qui para t garantir son statut de jeu mais les sp cialistes de la sant ont besoin des interpr tations propos es par ceux du jeu pour r aliser une tude plus fine des diff rents c d roms existants ou venir Aussi les l ments ici num r s ne pr tendent ils nullement constituer une d finition absolue des JIS ils constituent tout au plus une base
22. adolescents Ce sont des l ves du coll ge Gustave Courbet de Gonfreville l Orcher qui ont invent une r gle du jeu cr six ensembles de questions r ponses et con u un plateau de jeu avec l aide d animateurs du centre social de la ville au cours d une semaine sant organis e par des m decins et enseignants Le document de 39 pr sentation stipule que le jeu permet d aborder la sant avec les jeunes de fa on globale et non moralisatrice dans l id e m me que s en fait POMS En effet les questions r ponses permettent d aborder nombre de sujets li s aux pr occupations des jeunes en mati re de sant de la vie quotidienne hygi ne alimentation sport aux sujets les plus d licats drogue maltraitance Sur le m me mod le Sur la piste de la sant utilise les principes du jeu de l oie et du jeu de questions r ponses en prenant comme base six th mes de sant hygi ne de vie connaissance de soi maladies pr vention toxicomanies syst me de sant c est dire les r alit s de l acc s au soin En outre ce jeu pr sente l int r t de s adresser cette fois aux adultes il permet d acqu rir des connaissances leur permettant de devenir ou de d velopper leurs capacit s tre acteurs de leurs conditions de vie R alis dans le cadre de Module sant au centre de sant de Grande Synthe Nord ce jeu est l encore le fruit d une co
23. anismes ludiques choisis Ce constat est encore valable l heure actuelle et explique sans aucun doute la sous exploitation du jeu dans le domaine de la sant Le d veloppement de JIS n est pourtant possible que par un dialogue interdisciplinaire qui donneraient aux participants l occasion non seulement de d passer leurs pr jug s ou leurs doutes respectifs mais aussi de partager leurs exp riences et leurs connaissances propres et peut tre de parvenir ainsi un consensus De cette mani re on pourrait esp rer lier d une part l exigence de l attitude ludique et d autre part les besoins du domaine de la sant Ainsi une telle collaboration assurerait qu un JIS est adapt aux comp tences et aux aptitudes de chaque ge car si les professionnels de la sant connaissent par une pratique quotidienne ceux qui ils adressent ils peuvent d une part faire partager leur exp rience et d autre part l enrichir d apports ext rieurs et de mod les th oriques Dans cette optique il ne fait aucun doute que le syst me de classification ESAR con u par la psychop dagogue Denise Garon en 1982 compl t par Rolande Filion en 1985 puis par Manon Doucet en 1986 et d sormais utilis dans bon nombre de ludoth ques constituerait une base indispensable la d finition des JIS Ce syst me de classification 75 Chantal Barth l my Ruiz Interactivit ludique et ducation pour la sant op cit p
24. aris Bruxelles De Boeck amp Larcier 1997 p 50 8 Nicole de Grandmont Le jeu ludique conseils et activit pratiques Montr al ditions Logiques 1995 21 Martine Mauriras Bousquet met galement l accent sur cet aspect fondamental Quelle que soit la d finition du concept de ludique l adjectif ludique ne saurait tre accol de fa on permanente un type d activit Il n y a pas d activit ludique mais bien plut t une attitude ludique qui peut accompagner des activit s tr s diverses Cette conviction repr sente selon elle une avanc e remarquable de la r flexion sur le jeu due Jacques Henriot qui crivait en 1969 Il y a jeu dans un objet quelconque naturel technique biologique humain lorsque se manifeste dans son comportement pour lui m me et pour qui l observe du dehors une certaine impr visibilit Martine Mauriras Bousquet fait bien comprendre qu il ne suffit pas de disposer d un objet qui porte le nom de jeu pour consid rer que son utilisateur joue on d nature le jeu en le soumettant la contrainte tandis qu un travail ou un effort peut repr senter une forme de jeu s il est abord avec un tat d esprit ludique Dira t on par exemple demande t elle justement que le sport est un jeu Cela d pend de l attitude avec laquelle on aborde le sport Si l on fait du sport professionnel si l on est enti rement accapar par le d sir de
25. ble B ducation ou initiation Si les analyses contemporaines du jeu d signent celui ci comme indispensable au d veloppement de l individu et riche d une vertu ducative on est en droit de se demander quelle place il est possible de lui accorder dans une d marche p dagogique c est dire comment on peut arriver concilier les notions de plaisir et de spontan it aux contraintes de l apprentissage savoir l attention l effort et la pers v rance La gratuit inh rente au concept moderne de jeu semble impliquer une in vitable 5 Thid ST Ibid p 25 24 contradiction entre les deux notions d ducation et de jeu puisque toute tentative de r cup ration de celui ci le d truit en tant qu activit libre spontan e et impr visible Pour illustrer cette opposition de fond on notera par exemple que la notion de jeux ducatifs rel ve aux yeux des sp cialistes du pl onasme puisqu il n y a pas de jeu qui ne soit ducatif pour reprendre une remarque de Martine Mauriras Bousquet qui conclut cet gard qu apprendre est donc bien l affaire d un tr s fragile quilibre entre l effort de l attention et un certain laisser aller et que la grande erreur de beaucoup de ludologues et de p dagogues est de vouloir attraper le jeu et capter l apprentissage Dans ces conditions on comprend que l outil p dagogique tel qu il est utilis dans le conte
26. bles avec une attitude purement ludique Cet tat de fait qui n est pas propre la MRPS mais rel ve d une tendance g n rale dans les milieux de la promotion de la sant invite un dialogue entre les sp cialistes de ce domaine et ceux du jeu Par cons quent il s impose de r fl chir aux moyens de favoriser ce dialogue en d autres termes 1l s agit ici de se demander de quelle mani re on pourrait envisager lavenir la place des jeux dans le secteur de la promotion de la sant Pour ce faire il convient d abord d tablir un bilan de la situation actuelle tant du point de vue des supports existants que des probl mes qui se posent Dans un deuxi me temps on d finira chacun des l ments entrant dans cette discussion pour d terminer le r le qui peut revenir au jeu en promotion de la sant Enfin en introduisant le concept de jeux En accord avec les motivations expos es dans mon dossier de candidature le pr sent m moire tente de rendre compte de l apport de la formation de ludoth caire l exercice de la profession de documentaliste dans un centre important de promotion de la sant et par cons quent de lier des acquis th oriques aux probl mes quotidiens rencontr s dans le cadre de la MRPS Ce m moire s inscrit donc dans une perspective interdisciplinaire et voudrait sugg rer la n cessit pour les responsables de la sant de prendre le jeu au s rieux d initiation la san
27. borer et r aliser des projets pour influencer de mani re durable et profonde leur comportement Ils constituent aussi une base th orique qui aiderait les professionnels de la sant d passer la g ne face la notion de jeu c est dire de gratuit que semblent traduire les documents que nous avons analys s Bien entendu le d veloppement de JIS de la d finition leur diffusion en passant par le recensement des supports existants ou la cr ation de nouveaux jeux suppose une approche interdisciplinaire et une collaboration accrue entre sp cialistes des diff rents domaines concern s c est dire en particulier de ludologues et 7 Gilles Broug res Jeu et ducation op cit p 253 7 Ibid p 254 35 ludoth caires professionnels de la sant p dagogues et animateurs socioculturels Dans son article consacr l interactivit ludique et l ducation pour la sant paru en 1994 Chantal Barth l my Ruiz affirmait juste titre que le support interactif doit tre con u et anim par des ducateurs qui auront eu la possibilit de travailler sur les techniques ludiques et leur saine utilisation Elle notait par ailleurs que la production de tels jeux est encore extr mement limit e peut tre parce que sont encore rares les vrais partenariats entre sp cialistes de la sant et techniciens du jeu qui permettraient d affiner la coh rence entre les objectifs des supports et les m c
28. contribution sur les fonctions remplies par le jeu dans le d veloppement des individus Ainsi crit il Si la sant n est pas seulement l absence de maladie mais l panouissement du potentiel de d veloppement de tout individu dans les sph res physique sociale motionnelle morale et cognitive ou en 6 Cf Jacqueline Billon Mod les explicatifs de l ducation appliqu e la sant dans Spirale Revue de Recherches en ducation n 25 ann e 2000 p 20 7 Cf Brigitte Sandrin Berthon Apprendre la sant l cole Paris ESF Collection Pratiques amp enjeux p dagogiques 1997 p 15 30 d autres termes l accession une vie mentale heureuse alors on peut dire que l incitation jouer fait partie de la m decine pr ventive En cherchant d passer les limites d une approche traditionnelle l ouvrage de Lise Renaud et Louise Sauve intitul Simulation et jeu de simulation et paru en 1990 proposaient ainsi une r flexion instructive sur la place que peut occuper ce type d activit dans un programme d ducation la sant Les deux auteurs entendaient montrer que le jeu offre une possibilit de transfert l ajout d une composante ludique la simulation c est dire le jeu de simulation pr cisent elles en introduction non seulement permet le transfert d apprentissage mais cr e galement l enthousiasme pour apprendre par cons quent le jeu de simulation de
29. dans l utilisation du rapport ludique Les deux notions appartiennent des camps oppos s Dans un article plus r cent elle rend compte d une volution caract ristique de ces derni res ann es savoir l introduction du terme de jeu dans la pr sentation de stages ou de supports p dagogiques Mais si elle estime qu un tabou est en train de s vanouir elle met toutefois aussi en garde contre une part d illusion dans ce processus en faisant remarquer que le terme de jeu appara t dans certaines expressions comme le jeu d entreprise pour d signer des supports dont la 8 Chantal Barth l my Ruiz Le jeu et les supports ludiques en formation d adultes Paris Les ditions d organisation 1993 p 16 14 caract ristique principale semble l aspect non ludique et qui sont de simples tudes de cas ou simulations Cette remarque relative un champ d activit s diff rent du domaine ici en question para t pouvoir s appliquer galement la promotion de la sant la confusion entre le jeu et l outil que l on a pu noter au sujet des r pertoires voqu s ci dessus rel ve d un abus du m me ordre puisqu elle montre que les jeux n y sont con us que dans une perspective ducative qu ils sont consid r s comme des moyens de transmettre un savoir au milieu de brochures d affiches ou autres supports p dagogiques La pr occupation ducative qui pr side jusqu maintenant
30. de discussion qui permet peut tre d amorcer un dialogue fructueux Les crit res propos s par les sp cialistes du jeu permettent aussi d s pr sent d avancer qu il existe dans le fonds des supports disponibles en promotion de la sant des mat riaux qui m ritent le nom de JIS 7 Chantal Barth l my Ruiz Interactivit ludique et ducation pour la sant dans La sant de l homme n 311 mai juin 1994 p XI XII 37 B Exemples de JIS En guise d illustration nous proposons un bref descriptif de plusieurs supports qui paraissent r pondre la double ambition des JIS quoique ceux ci ne soient pas n cessairement class s dans la cat gorie jeu des r pertoires voqu s au d but de ce m moire Seuls ont t retenus ici quelques exemples dont nous avons pu prendre directement connaissance et qui paraissent particuli rement int ressants pour notre propos 1l semble significatif que la plupart d entre eux r sultent d une collaboration entre des sp cialistes de diff rents domaines On citera pour commencer le c d rom Missions Juniorville dit par la Fondation Environnement Sant Consommation de Bruxelles qui contient diff rents jeux visant initier les jeunes cyclistes ou pi tons des comportements responsables Le programme utilise toutes les ressources du multim dia images vid os musiques et sons hypertexte L enfant se prom ne dans une ville fictive est co
31. e 41 titres on en trouve n anmoins 5 qui pourraient apr s lecture des commentaires et analyses entrer dans la cat gorie des jeux R cemment aussi l Observatoire de la Sant du Hainaut qui s int resse en priorit la qualit de l alimentation la promotion de l activit physique la lutte contre le tabagisme le ph nom ne du stress ainsi que la pr vention des cancers a galement publi un r pertoire des outils mis la disposition des associations ou des personnes d sireuses de s engager dans des activit s de promotion de la sant Au total 50 f B n dicte Meiers dir R pertoire des outils d ducation permanente pour la sant Bruxelles Question Sant 1996 TC anonyme Des outils sant en ligne dans ducation sant n 143 novembre 1999 p 14 8 Site internet www pipsa org Pierre Gordinne dir La sant en c d rom Bruxelles M diath que de la Communaut fran aise de Belgique Collection ducation pour la sant 1999 p 21 10 R pertoire des outils disponibles Havr Observatoire de la Sant du Hainaut 1999 2000 p 1 outils p dagogiques sont pr sent s avec leur objectif une description g n rale une d finition du public vis et des conditions de r alisation de l animation Malheureusement ce catalogue ne tient pas compte de la sp cificit des supports tous indiff remment qualifi s d activit s quoique certains produits semble
32. ent de supports cr s de toutes pi ces afin de promouvoir la sant mais ce peuvent tre galement des jeux connus qui permettent une initiation ces th mes par le biais d une association d id es 41 Les quelques exemples ici voqu s doivent suffire prouver l int r t que pr sente le jeu dans une perspective d initiation la sant la vari t des th mes qu il permet d aborder et la diversit du public qu il peut concerner Ils laissent entrevoir la fonction ducative du jeu pris dans son sens propre sans que l on cherche n cessairement le r cup rer afin de transmettre un message pr cis 42 CONCLUSION Le pr sent m moire voudrait contribuer un rapprochement entre les notions de jeu et de sant Le point de d part de cette r flexion est l observation d une volution nette dans la demande laquelle sont confront s les organismes de promotion de sant l int r t croissant que manifeste leur public pour des jeux en rapport avec cette th matique nous a conduit constater que le jeu est insuffisamment pris en compte comme mani re de favoriser une initiation la sant En consultant les principales sources d information de ce domaine nous avons en effet remarqu que le jeu n y est con u que comme outil p dagogique Ainsi il appara t que l activit ludique n y est pas vraiment accept e malgr les exp riences positives auxquelles elle donne lieu dans
33. eur de sant par rapport l outil p dagogique Dipl me d universit Pr vention et Promotion de la Sant de UFR de m decine Lariboisi re Saint Louis Paris Universit Denis Diderot Paris VII 1998 1999 p 16 C est que le jeu con u comme outil poursuit un but ducatif pr cis qui peut m me entrer en conflit avec le rapport ludique comme le signalent Joseph Luc Blondel et Didier Noy dans un dossier de la revue Actualit de la formation permanente Un travers fr quent dans la mise en uvre des outils p dagogiques pr tendent ils en effet est de perdre de vue la finalit Dans le m me esprit il arrive que certains outils p dagogiques soient l occasion de joindre l agr able l agr able pour la plus grande d lectation du formateur et de ses stagiaires l encore on court le risque de perdre de vue les objectifs d apprentissage Cette pr occupation sans doute l gitime dans la perspective d une formation est trang re ceux qui s int ressent au jeu elle fait bien ressortir la barri re qui s pare ce dernier de l outil p dagogique et autorise par cons quent avancer qu il est pour l heure pratiquement absent du domaine de la promotion de la sant B Jeux dans le contexte m dical Avant de pr ciser les probl mes qui se posent dans la mise en pratique du jeu en contexte pr ventif on r servera une mention sp ciale son utilisation en contexte m d
34. flexion pour une p dagogie de l ducation la sant en milieu scolaire dans Spirale Revue de Recherches en ducation n 25 ann e 2000 p 50 51 17 comme une condition indispensable de l attitude ludique quand elle crit Jouer un nouveau jeu une nouvelle id e une nouvelle institution ce n est pas seulement accepter de consid rer une hypoth se c est le faire en se jouant c est dire avec un m lange d enthousiasme et d humour avec assez d attention mais aussi de d tachement Aussi ne s agit il pas simplement de convaincre les sp cialistes du domaine de la sant du potentiel que renferme le jeu dans une perspective de pr vention mais aussi de montrer l inverse en quoi la sant peut faire partie int grante de la sph re ludique et donner lieu des activit s ludiques dans un m lange de plaisir et de distance IL RED FINITIONS Les pages qui pr c dent font ressortir non seulement une carence des recensements et du fonds de jeux disponibles dans le domaine de la promotion de la sant mais surtout un probl me beaucoup plus profond savoir le dilemme souvent d nonc entre l id e de jeu et celle d ducation Il ne saurait tre question de traiter ici de l ensemble de la litt rature consacr e ce sujet mais il s agit en partant d tudes r centes de se concentrer sur la contradiction apparente entre la finalit p dagogique de toute d marche
35. gagner ou m me si l on pratique le sport uniquement par hygi ne la part du ludique sera mince par contre si on se laisse entra ner par l aventure d un combat ou d une course alors le sport deviendra jeu m me si le sportif ensuite re oit un salaire Raymonde Caffari Viallon d crit elle aussi cette r alit et affirme que la seule certitude que l on puisse avoir qu une activit est jeu r side dans la connaissance de l tat d esprit du joueur bref dans sa conscience Le jeu est d abord une attitude int rieure ensuite une conduite Quelle est cette attitude int rieure Pour l essentiel elle se caract rise par ce que certains ont appel la duplicit du joueur c est dire la 4 Martine Mauriras Bousquet Th orie et pratiques ludiques op cit p 25 a3 Jacques Henriot Le Jeu Paris PUF 1969 p 73 46 Martine Mauriras Bousquet Th orie et pratiques ludiques op cit p 25 22 coexistence de l irr alisme et de la lucidit l irr alisme du faire comme si et la lucidit de savoir que ce n est pas pour de vrai Pour illustrer ces affirmations elle rapporte une situation de jeu qu elle a not e dans une garderie et que nous citons ici int gralement en raison de son int r t pour la r flexion sur le rapport entre le jeu et l id e de sant Nous observons depuis cinq minutes trois enfants qui jouent aux docteurs et malade dans les coussins du coin lec
36. i me probl me dans la relation entre la notion de jeu et celle de la sant savoir l image dont souffre en g n ral celle ci aujourd hui encore Dans une riche contribution sur la p dagogie de l ducation la sant en milieu scolaire Jean Claude Manderscheid et G rard Pithon voquent les sous entendus les enjeux sociaux conomiques politiques id ologiques qui accompagnent le choix d une d finition dans ce domaine et remarquent qu en France la notion de sant est souvent confondue avec celle de m decine C est ainsi que pendant tr s longtemps aussi bien dans l esprit des enseignants que dans celui des r dacteurs des textes officiels de l ducation nationale l ducation la sant l cole a relev de la comp tence quasi exclusive des services de la sant scolaire Il est s r que tant que la sant reste associ e des exp riences n gatives comme la maladie le handicap et la mort on con oit mal comment elle serait compatible avec l id e de jeu qui para t devoir reposer sur le plaisir Pour le dire autrement les notions de jeu et de sant semblent devoir s exclure mutuellement tant que l on con oit celle ci comme un sujet par d finition s rieux impliquant l angoisse et la passion interdisant cette absence d arri re pens e que Martine Mauriras Bousquet consid re 32 Ibid 33 Jean Claude Manderscheid G rard Pithon l ments de r
37. ical ou th rapeutique car s il s agit d un domaine diff rent de celui de la promotion de la sant il peut contribuer en claircir la probl matique dans la mesure o il met en vidence le r le que peut remplir le jeu dans le rapport de l individu au corps et aux probl mes de sant Depuis les ann es 1970 on utilise en effet dans les h pitaux des jouets ou des jeux pour permettre l enfant malade de s vader de se d tendre de sortir de son isolement voire d aider le patient sur la voie de la gu rison On notera que la plupart 18 Joseph Luc Blondel Didier Noy Faut il encore se soucier des outils p dagogiques dans Actualit de la formation permanente Dossier Construire outils et jeux de formation n 124 mai juin 1993 Paris Centre INFFO 1993 p 39 1 Cf Nathalie Feufeu Le jeu l h pital Bordeaux Inforec IUT B septembre d cembre 1993 p 5 6 10 des jeux mis en uvre dans le cadre de la ludoth rapie ne sont pas des instruments sp cialis s con us en vue d un but curatif mais des jeux connus abord s dans une perspective nouvelle L objet sert ici de support affectif permettant l enfant d accepter son passage l h pital Avant une intervention chirurgicale le professeur Marcel Rufo par exemple chef du secteur de p do psychiatrie l h pital de la Timone Marseille joue au docteur avec les petits patients en op rant avec eux des nou
38. llaboration entre des personnes de plusieurs horizons savoir le personnel du centre des assistants sociaux et des repr sentants du public vis qui sont ici des personnes en difficult sociale Cette r ussite incite souligner l apport d un change interdisciplinaire qui permet de prendre en compte les motivations et les int r ts de chacun et en particulier du public vis l ment qui para t essentiel pour le d veloppement et la diffusion de JIS Dans une autre perspective le jeu d origine suisse Famille atout reprend le principe du jeu de r le pour aborder le sujet des relations familiales qui fait galement partie du domaine de la promotion de sant Chaque joueur doit prendre position par rapport des dilemmes familiaux soit dans un r le qui lui est familier par exemple le p re incarne le p re soit en se mettant au contraire dans la peau d un autre un adolescent peut prendre la place de l adulte et l inverse Ce jeu est con u pour favoriser une meilleure connaissance de soi et est utilis dans la pr vention des d pendances Il 40 remplit parfaitement les cinq r gles nonc es par Gilles Broug re savoir le second degr la prise de d cision la pr sence d une r gle l incertitude et la frivolit et correspond donc tout fait ce qu on entend ici par JIS On notera qu il s adresse tout autant au public jeune qu aux adultes montrant par l que l attitude ludique n
39. ment que l on commence s int resser l enfant en lui m me et voir en lui une incarnation de la na vet et de l innocence cette volution conduit au renversement caract ristique du romantisme o l image de l enfant se modifie radicalement Derri re la faiblesse apparente de l enfant crit Broug re se cache une force m connue jusqu ici un dynamisme interne facteur du d veloppement de l individu qui trouve tout en lui L enfant n est plus vu comme moindre mais comme plus Il poss de encore ce que l adulte risque de perdre L enfance n est plus une p riode qu il faut oublier renier mais un moment de perfection regrett jamais L enfant n est plus un adulte en miniature mais un adulte en germe Cette modification ou plut t cette rupture dans la repr sentation de l enfant implique un bouleversement tout aussi important dans la compr hension du jeu tandis que pour les th oriciens du jeu jusque dans la seconde moiti du XVIII si cle il s agissait de rendre instructif ce qui a priori ne l tait pas le jeu devient apr s 35 Georges Redde Activit ludique Jouets et Environnements dans Actes de l Universit d t op cit p 42 36 Cf Gilles Broug re Jeu et ducation Paris L harmattan S rie R f rences Collection Education et Formation 1995 p 78 79 7 Ibid p 95 38 Ibid p 77 19 Rousseau et surtout les romantiques
40. ments qui permettraient d identifier de tels jeux condition indispensable aussi bien leur recensement qu leur cr ation et leur utilisation Par opposition l outil p dagogique le JIS ne se situe pas dans une perspective d apprentissage mais doit simplement susciter une curiosit faire d couvrir de nouvelles approches de la r alit et inviter son utilisateur chercher des informations Sans doute la libert de choix est elle le caract re qui le distingue le plus nettement de l utilisation des jeux comme outils p dagogiques dans les pages qui pr c dent on a rappel que la notion de jeu rel ve moins de la forme du support que de son contexte d utilisation de sa mise en pratique bref de l attitude ludique Le JIS doit par cons quent tre susceptible de donner lieu des situations de jeu part enti re hors de toute ambition strictement p dagogique et ne peut tre reconnu que si l on arrive estimer son potentiel dans une perspective d initiation la sant Pour s assurer des qualit s du JIS en tant que jeu il faut donc adopter des crit res qui tiennent compte de la dimension ludique et non comme cela s av re tre jusqu pr sent le cas dans les recensements des associations de promotion de la sant qui rel vent d objectifs p dagogiques au sens traditionnel En d autres termes il faut tre attentif aux r gles n cessaires la transformation d une action
41. mps l inefficacit des m thodes traditionnelles D s les ann es 1950 Rosentock et Becker ont d velopp le Health Belief Model Mod le des croyances relatives la sant cherchant comprendre pourquoi les individus ne se conforment pas aux prescriptions des m decins Ce mod le anc tre des r flexions sur l Christian Heslon Le jeu dans la modernit Nouvelle re de jeu ou jeu de dupes dans Actes de l Universit d t op cit p 22 28 les probl mes de promotion de la sant pr sente des limites aujourd hui connues d une part le lien causal tabli entre la perception la d cision et le comportement n est pas d montr d autre part les explications rationalistes apport es aux ph nom nes constat s ne tiennent aucun compte des facteurs psychiques relationnels ou culturels qui influencent voire d terminent le rapport des individus leur propre sant 53 Dans les ann es 1970 des sp cialistes am ricains qui avaient constat l chec des programmes de pr vention primaire des toxicomanies fond es sur la peur ont tent d aborder ce sujet de mani re alternative en s inspirant de concepts d velopp s en psychologie sociale et ont pu noter leur efficacit sur la consommation de psychotropes par les jeunes Ainsi ont ils montr que l instruction ne saurait tre consid r e comme un moyen d initiation au domaine de la sant de fait tous les fumeurs sont aujourd
42. n se caract rise notamment par une volution sensible de la fonction attribu e au jeu dans les projets ducatifs Celui ci appara t d sormais comme l instrument id al pour amener l individu s orienter dans un contexte culturel en pleine mutation Ainsi Jacques Henriot crit il 53 yp Ibid 54 Nicole de Grandmont P dagogie du jeu op cit p 31 55 Ibid p 88 56 Cf ibid p 90 26 en introduction un article paru en 1995 Nous vivons depuis plusieurs ann es une sorte de mutation intellectuelle et culturelle qui me para t tout fait consid rable Elle concerne en particulier l importance accord e au jeu dans la vie collective dans le processus ducatif dans la conception que l on a de l homme dans son rapport avec le monde Dans un article r cent d j cit Jean Claude Manderscheid et G rard Pithon reprennent ces consid rations et reviennent sur la notion d empowerment model en mettant en garde contre le contresens que l on peut faire en rattachant cette expression l id e de pouvoir alors que to empower someby to do signifie autoriser quelqu un faire ce qui les am ne traduire l expression anglaise par le terme mod le d autonomisation Par del cette pr cision linguistique ils soulignent clairement le sens des innovations import es des Etats Unis qui donne l ducation une finalit tout fait diff rente de celle que l
43. nces th oriques que de susciter un mieux tre du patient ou de le familiariser avec des situations nouvelles et d licates Cette d marche peut galement s appuyer sur des jeux ou des jouets sp cialement con us cette fin C est en particulier le souci de l association Sparadrap dont la vocation est d am liorer l accueil et la prise en charge des enfants malades et hospitalis s en concevant entre autres activit s des jeux sp cialement destin s aux patients pour leur apprendre conna tre le milieu m dical vivre avec la maladie ou les handicaps aborder des sujets difficiles comme l accident la maltraitance ou la mort Cette association propose par exemple un jeu intitul le Lotopital qui permet l enfant de s orienter dans le milieu hospitalier par l interm diaire d un puzzle et d un jeu de loto le patient joue librement avec des sc nes repr sentant la salle d op ration les instruments de chirurgie la chambre cette activit d nu e de contrainte et sans message pr d fini ne constitue donc pas un outil p dagogique mais bien un jeu rattach au th me de la sant Diff rente de la promotion de la sant la ludoth rapie parvient combiner le jeu proprement parler et le domaine de la sant La diffusion croissante de ces formes d activit en milieu m dical sugg re l int r t que pr sente le jeu pour aborder des sujets a priori peu r jouissants comme la maladie ou la mort e
44. nfront aux divers dangers que repr sente la circulation se familiarise avec les panneaux de signalisation ou utilise sa boite outils pour r parer sa bicyclette Compte tenu de l int r t croissant du public pour ces nouveaux supports l utilisation de tels c d roms interactifs para t vident dans le domaine de la promotion de la sant mais il serait tr s r ducteur de n gliger les autres formes de jeux Ainsi l abri sous mon toit est un jeu con u par le service de promotion de la sant de la Caisse R gionale d Assurance Maladie Nord Picardie l cole maternelle de la Gerbe de Saint Martin au La rt Pas de Calais l cole de pu ricultrices du CHRU de Lille l association r gionale des ludoth ques du Nord Pas de Calais et le centre antipoison de Lille ont particip la conception de ce jeu Il s agit de trois puzzles en mousse lavable cr s partir de dessins d enfants qui montrent la cuisine le salon et la salle de bain c est dire les trois pi ces risques de la maison Ainsi 38 l enfant s amuse avec un puzzle tout en s initiant l id e du danger que pr sentent certains objets ou certaines situations famili res Dans l introduction de ce jeu on lit qu il est destin aux personnels de l ducation Nationale aux professionnels de sant aux ludoth ques et services aupr s d enfants ainsi qu toute personne repr sentant un groupe ou une associati
45. ni re inconsciente ou indirecte Une telle modification dans la conception de la promotion de la sant suppose vrai dire une d finition positive de celle ci qui ne s est r pandue que tr s lentement quoiqu elle qu elle figure d j dans les statuts de l OMS Organisation Mondiale de la Sant cr e en 1946 o on lit La sant est un tat de complet bien tre physique social et mental et pas seulement l absence de maladie ou d infirmit Cette d finition d fend une conception globale de l homme en totale rupture avec la conception biom dicale jusque l dominante elle repr sente une volution fondamentale dans l approche de ce domaine mais n a pas eu d effets imm diats peut tre parce qu elle pr sente un caract re id aliste et statique que soulignent de nombreux auteurs et qui conduit dans les d finitions plus r centes voquer de pr f rence les notions d quilibre pr server et d adaptabilit pour mettre en vidence le fait que la sant n est pas un tat mais une dynamique En acceptant cette d finition de la sant on peut concevoir que le jeu au sens propre du terme se pr sente comme le meilleur agent d une v ritable initiation C est comme nous l avons signal plus haut cette conviction qui a pr sid l introduction des outils p dagogiques dans le domaine de la sant En 1984 Pierre R Dasen formulait cette id e fondamentale dans une riche
46. nours Cette anticipation de l intervention explique t il dans une interview avec Christian Rayr n a que des aspects b n fiques Le jouet sert de m diateur sous r serve d tre accept par l enfant Il permet de d dramatiser la situation L enfant accepte beaucoup mieux et avec beaucoup moins d angoisse sa propre op ration Dans ce contexte le jouet n est donc pas un outil p dagogique mis au service d un projet d ducation mais reste une fin en soi favorisant les rapports affectifs et permettant l enfant d apprivoiser l id e de sant Dans un autre article le professeur Rufo affirme nouveau que jouer les maladies jouer au docteur et apprendre l anatomie aux enfants malades permet de les transformer en partenaires et d viter les repr sentations anxieuses secondaires Il existe pour cela un grand nombre de possibilit s du jouet vertu transitionnelle au dessin au r cit ou aux animations Ce type de jeu d passe le contact exclusif avec la sant cet gard on peut citer en particulier une initiative de l h pital Robert Debr Paris ouvert en mai 1988 dans lequel les 200 000 enfants accueillis par an se voient proposer non seulement une biblioth que un r seau de t l vision ou un journal interne mais aussi des ateliers r cr atifs L association Navir y a r alis un jardin extraordinaire qui constitue un espace ludique organis autour d un arbre gigan
47. nseils et activit pratiques Montr al ditions Logiques 1995 Hasendahl St phanie Un centre m dicalis de loisirs pour enfants entre th rapeutique et pr vention dans Le quotidien du m decin n 6286 19 mai 1998 s p Henriot Jacques Le Jeu Paris PUF 1969 Henriot Jacques Le jeu Essai de mise en question dans Le furet Revue de la petite enfance et de l int gration n 17 septembre 1995 p 20 25 Heslon Christian Le jeu dans la modernit Nouvelle re de jeu ou jeu de dupes dans Actes des universit s d t de l association des ludoth ques fran aises Paris ALF 1998 p 19 23 Institut National de la Consommation Outils p dagogiques pour les enfants Paris INC 1995 De Jacquelot Sabine Le Pr Griscelli en faveur d un centre national d ducation la sant dans Le quotidien du m decin n 6671 22 mars 2000 s p Journal de l olpha n 95 Dossier Jeux en jeu Bruxelles Alain Leduc mai juin 1996 Lacoue Labarthe Philippe Nancy Jean Luc L absolu litt raire Th orie de la litt rature du romantisme allemand Paris Seuil Collection po tique 1978 Le furet Revue de la petite enfance et de l int gration n 17 Ou est ce que jouer Strasbourg Edition Union R gionale des Centres Sociaux septembre 1995 Lemonnier Fabienne L exploitation des outils p dagogiques tat des lieux et propositions Document dactylographi de 75 pages Evry CPS 9
48. nt bel et bien m riter le qualificatif de jeu comme L assiette de la sant bas e sur le principe du jeu Pictionnary ou Sant vous bien qui suit le r glement du jeu de l oie traditionnel De mani re indicative on avancera apr s tude de ce catalogue qu on y trouve 4 supports qui peuvent tre consid r s comme des jeux Enfin dans une perspective plus restreinte au niveau de la th matique quelques organisations recensent les instruments propres la pr vention de certains comportements relatifs la sant Il s agit par exemple du CNDT Centre National de Documentation sur les Toxicomanies et autres difficult s de la jeunesse qui a publi en 1998 un ouvrage intitul Jalons pour la pr vention des comportements d usage de drogues dans lequel sont recens s des supports ayant trait la pr vention des toxicomanies tabac alcool et drogues Chacun fait l objet d une fiche comprenant des informations sur la diffusion le principe et la th matique du produit ainsi qu une analyse et un avis Sur 140 supports affiches brochures cassettes audio diaporamas exposition logiciels etc 8 y sont class s comme jeux De plus le CRIPS Centre R gional d Information et de Pr vention du Sida recense dans sa banque de donn es 87 outils sans nouveau distinguer les jeux apr s tude des notices d analyse on peut toutefois retenir que 22 d entre eux sont qualifi s de jeu
49. ntre fran ais de documentation en sant publique dans Actualit et dossier en sant publique n 23 juin 1998 p 32 Anonyme Des outils sant en ligne dans ducation sant n 143 novembre 1999 p 14 Anonyme Un jardin extraordinaire l h pital Robert Debr dans Le quotidien du m decin 14 mai 1993 Actualit de la formation permanente n 124 Dossier Construire outils et jeux de formation Paris La D fense Centre INFFO mai juin 1993 Allaire Patrice Pour choisir le jouet adapt au jeune handicap Guide Handi jouets Sans lieu EGR Echallon 1994 Arwidson Pierre Le d veloppement de comp tences psychosociales dans Brigitte Sandrin Berthon Apprendre la sant l cole Paris ESF Collection Pratiques amp enjeux p dagogiques 1997 p 73 83 Barth l my Ruiz Chantal Interactivit ludique et ducation pour la sant dans La sant de l homme n 311 mai juin 1994 p X XII Barth l my Ruiz Chantal Le jeu dans la formation adulte Pistes et tendances dans Actes des universit s d t de l association des ludoth ques fran aises Paris ALF 1998 p 105 108 Bilinski Aline D dramatiser l hospitalisation des enfants dans Le g n raliste n 1843 13 mars 1998 s p Billon Jacqueline Mod les explicatifs de l ducation appliqu e la sant dans Spirale Revue de Recherches en ducation n 25 ann e 2000 p 17 30
50. on d sireuse d intervenir dans le domaine de l accident domestique Nous avons par cons quent faire un jeu qui concilie les soucis des sp cialistes de la promotion de la sant et les pr occupations des sp cialistes du jeu exemple rare d une collaboration entre ces deux sph res d int r ts Le jeu de m moire R mi ni est l aboutissement d une exp rience men e par le Bureau de Pr vention des Accidents BPA association suisse qui souligne juste titre que R mi ni n est pas un jeu de m moire ordinaire Il a t cr par des enfants pour des enfants Les cartes dessin es dans le cadre de l cole tout comme les puzzles du jeu pr c dent voquent certains dangers et les moyens de les viter On soulignera nouveau dans ce cas pr cis la collaboration entre professionnels de sant personnels de l ducation et repr sentants du public vis Apr s l explication de la r gle du jeu une note pr cise Si les enfants vous harc lent de questions sur la pr vention des accidents le BPA se r jouira doublement il vous aura offert un jeu passionnant permettant en m me temps aux enfants de s initier la pr vention des accidents Il ne fait aucun doute que ce jeu peut galement tre tenu pour un JIS qui m riterait de figurer autant dans une ludoth que que dans une association de promotion en sant Destination sant r sulte galement d une initiative qui a fait appel des
51. oncerner bon nombre de th matiques de la sant par exemple les d pendances l hygi ne de vie ou l alimentation et fait appara tre que sur les 33 fiches initiales il n y a que 5 jeux dont l un est consid r comme inutilisable en France On voit par cons quent d embl e que les jeux repr sentent une part mineure des supports utilis s dans le domaine de la sant et qu ils sont le plus souvent consid r s comme un sous groupe des outils p dagogiques Par ailleurs deux organismes belges offrent galement des r pertoires qui m ritent d tre mentionn s Il s agit tout d abord de l association Question Sant qui a fait para tre en 1996 un R pertoire des outils d ducation permanente pour la sant comprenant 130 r f rences Ce catalogue fait non seulement la distinction entre les outils et les jeux mais galement entre diff rents types de jeux en l occurrence entre 4 jeux de r les et 7 jeux de soci t On notera des divergences importantes par rapport aux informations fournies par le CFES par exemple au sujet du jeu condamn Fabienne Lemonnier L exploitation des outils p dagogiques tat des lieux et propositions Document dactylographi de 75 pages Evry CPS 91 septembre 1995 C line Renard R pertoire des outils en ducation nutritionnelle pour les enseignants des coles de maternelles et primaires Maitrise de nutrition et di t tique dans Codes 54
52. onctionne dans le domaine m dical et hospitalier c est dire dans une situation difficile et semble au contraire absent dans le contexte de la promotion De toute vidence il reste un foss important entre les responsables de le domaine et la notion du jeu comme si la sant perdrait son c t s rieux d s lors qu on accepte de l aborder hors d une perspective strictement p dagogique comme si l on pouvait se permettre de recourir vraiment au jeu dans les cas difficiles mais qu on h sitait le faire en situation normale Confi e des enseignants des travailleurs sociaux des ducateurs des responsables du milieu m dical la promotion de la sant reste caract ris e par une attitude qu on pourrait qualifier de scolaire comme le remarque Sabine de Jacquelot en s appuyant sur des propos tenus par le professeur Claude Griscelli directeur de l INSERM l occasion de l exposition sur la sant qui se tient actuellement l H tel de Ville de Paris L cole int gre l ducation la sant mais de fa on assez livresque Rien voir avec une visite dans un centre moderne o l on dispose notamment d outils interactifs La diff rence est la m me qu entre lire une pi ce de Moli re et aller au th tre estime le Pr Griscelli y L opposition qui appara t dans l utilisation du jeu en contexte th rapeutique et dans le cadre de la promotion de la sant renvoie deux app
53. ons pour la pr vention des comportements d usage de drogue Guide des outils 1998 Lyon CNDT 1998 Danzer G cf Bruchon Schweizer Dasen Pierre R Jouer est amusant mais pas seulement dans Sant du monde janvier f vrier 1984 Deccache Alain ducation pour la sant ducation du patient dans L ducation la sant en m decine g n rale Universit d t Ch teau de Mialaret du 4 juillet au 7 juillet 1996 Paris CFES octobre 1997 p 51 62 Feufeu Nathalie Le jeu l h pital Bordeaux Inforec IUT B septembre d cembre 1993 Forgeot Danielle Jeux d r les ou Quelle est la place de l ducateur de sant par rapport l outil p dagogique Dipl me Pr vention et Promotion de la Sant de l UFR de m decine Lariboisi re Saint Louis Paris Universit Denis Diderot Paris VII 1998 1990 Guitard Marie Pierre Le jeu et la ludoth que l h pital d enfants R sum et article du dossier de recherche DESS en sciences du jeu Paris Universit de Paris Nord D partement des sciences de l ducation 1996 1997 Gordinne Pierre dir La sant en c d rom Bruxelles M diath que de la Communaut fran aise de Belgique Collection ducation pour la sant 1999 47 de Grandmont Nicole P dagogie du jeu Jouer pour apprendre Paris Bruxelles De Boeck amp Larcier 1997 Montr al ditions Logiques 1989 de Grandmont Nicole Le jeu ludique co
54. origine am ricaine que l on peut r sumer par le terme de mod le d autonomisation visent en effet promouvoir l panouissement de l individu et consid re d s lors le jeu au sens propre et non plus uniquement en tant qu outil p dagogique comme l un des instruments privil gi s de ce processus Enfin nous avons sugg r que la distinction entre l ducation et l initiation qui r sulte de ces r flexions r centes n a pas encore t v ritablement adopt e dans le cadre de la promotion de sant si l on y a introduit depuis les ann es 1970 des activit s ludiques pour faire face l chec d une simple transmission d informations on continue encore aujourd hui r duire le jeu l outil p dagogique Dans la troisi me partie de notre travail nous avons par cons quent voulu montrer que si l outil p dagogique reste un instrument indispensable dans un projet d ducation la sant il s agit d sormais de reconna tre aussi la l gitimit du jeu pour veiller l individu ces notions En proposant le terme de Jeux d Initiation la Sant nous cherchons mettre en vidence la sp cificit de ce support qui doit combiner tout la fois la notion de sant et celle d activit ludique Apr s avoir repris les cinq crit res qui permettent selon Gilles Broug re de garantir la situation de jeu nous avons insist sur l importance d un dialogue interdisciplinaire
55. orts audiovisuels ou coffrets p dagogiques Il en ressort que sur 300 outils p dagogiques les auteurs de ce recensement en qualifient 49 de jeux Pour tre fiable un tel recensement demanderait que l on puisse consulter les jeux en question ce qui ne nous tait pas possible dans le temps imparti et dans les conditions actuelles ou du moins que l on dispose de crit res communs l ensemble des sources dont notre bilan entend justement montrer l absence En d autres termes cette entreprise constituerait en soi l objet d une mission que nous esp rons nous voir confier l issue de la formation afin de contribuer la cr ation d un d partement jeu au sein de la MRPS En 1995 Fabienne Lemonnier a en outre r alis une enqu te intitul e L exploitation des outils p dagogiques dans laquelle elle propose une analyse des types de supports utilis s dans les comit s du CFES et qui r v le que 32 10 d entre eux ne poss dent aucun jeu 64 moins d une dizaine et 3 6 plus de 10 L ann e suivante C line Renard a publi quant elle un R pertoire des outils en ducation nutritionnelle pour les enseignants des coles maternelles et primaires dans lequel elle traite de 103 outils dont 14 jeux De plus le CFES a cr en 1998 un catalogue intitul P dagoth que dans lequel se trouvent d autres analyses d outils p dagogiques Ce recensement pr sente l int r t de c
56. pour que puisse se d velopper une nouvelle approche du jeu dans le contexte de la promotion de la sant Cette perspective ne passe pas uniquement par la cr ation de nouveaux supports mais peut aussi reposer sur des jeux existants dont la potentialit pour une initiation la sant n a pas encore t suffisamment reconnue 44 L analyse de quelques exemples permet en effet d avancer que certains supports existant m ritent bon droit le qualificatif de Jeux d Initiation la Sant Leur double facette laisse penser que comme les jeux de coop ration et comme tout jeu se rattachant une th matique pr cise ils devraient pouvoir trouver leur place dans les ludoth ques d autant que celles ci collaborent depuis plusieurs ann es avec des collectivit s telles que les coles les centres de loisirs les institutions sp cialis es ou les centres de PMI Protection Maternelle et Infantile En m me temps ces jeux peuvent aussi s adresser aux professionnels de la promotion de la sant d s lors qu ils ne limitent pas leur mission un objectif strictement ducatif mais qu ils acceptent l id e que tout apprentissage commence par une initiation et que le jeu r pond enti rement leur actuelle ambition d aider l individu trouver un quilibre et les ressources personnelles n cessaires pour qu il s adapte sans cesse son milieu de vie 45 BIBLIOGRAPHIE Anonyme La p dagoth que en Ce
57. r la ludoth que lyonnaise Quai des Ludes qui propose sous le nom d Handilud un fonds de plus de 200 jouets non sp cialis s mais permettant aux enfants et adultes handicap s de partager des moments de jeu avec des jouets utilisables par tous L encore explique Odile P rino ludoth caire au Quai des Ludes il est souvent possible de trouver dans le 21 Marcel Rufo L hospitalisation du lion dans Bulletin d ducation du Patient vol 12 n 4 d cembre 1993 p 87 7 Cf Un jardin extraordinaire l h p tal Robert Debr dans Le quotidien du m decin 14 mais 1993 s p 7 Odile Naudin l h pital une maison pour les jeux d enfants dans La Croix 14 15 janvier 1990 Cf Andr Michelet Jeu et handicaps La ludoth que et les enfants handicap s dans Actes des universit s d t de l Association des ludoth ques fran aises Paris ALF 1998 p 25 25 Cf Odile P rino Le quai des Ludes dans L cole des parents n 6 1994 p 36 39 26 Introduction Handilud Exposition de jeux et jouets pour des enfants ou adultes handicap s dans www quaidesludes com 12 vaste choix des jouets ordinaires ceux qui peuvent satisfaire des conditions sp ciales de jeu De telles entreprises montrent l int r t du recours au jeu dans le rapport la maladie ou de fa on plus g n rale la sant Il ne s agit pas tant de transmettre des connaissa
58. roches diff rentes de la m me question que d crit parfaitement le professeur Griscelli Il existe explique t il deux grandes conceptions de l ducation la sant La premi re consiste prendre en compte la sant de fa on sp cifique en s adressant aux individus concern s par une pathologique pr cise l ob sit par exemple La seconde est une approche globale dans laquelle la sant est consid r e comme un facteur de bien tre comme un autre au sein 30 Martine Mauriras Bousquet Th orie et pratique ludiques Paris Economica 1984 p 3 3l Sabine de Jacquelot Le Pr Griscelli en faveur d un centre national d ducation la sant dans Le quotidien du m decin n 6671 22 mars 2000 s p 16 du vaste ensemble que constitue l ducation la vie On voit en effet que l on est parvenu d velopper de mani re convaincante le rapport ludique au jeu dans le contexte d individus concern s par une pathologique pr cise mais qu on a n glig jusqu pr sent cette attitude dans un cadre plus g n ral celui des personnes en bonne sant On ne peut esp rer r soudre le second probl me ici voqu qu en convainquant par une r flexion interdisciplinaire les sp cialistes de la promotion de sant de l int r t r el que pr sente une approche moins normative moins scolaire de l activit ludique Peut tre est on alors aussi en droit de parler d un trois
59. sanne EESP 19912 1988 p 24 Cette abr viation d signe le nombre d ann es et de mois Raymonde Caffari Viallon Pour que les enfants jouent op cit p 24 23 les r gles aux observateurs ext rieurs Cette activit n a apparemment pas d autre finalit qu elle m me elle constitue bien un jeu au sens propre dont le r sultat est impr visible mais qui permet sans doute aux participants de se confronter au contexte m dical Ainsi voit on ici comme dans le recours au jeu en contexte hospitalier que la sant est un domaine compatible avec une attitude ludique Mais la difficult qui se pose dans la perspective de la promotion de la sant est de savoir s il est possible de canaliser cette envie de jouer sans en d truire le sens et l int r t Si le jeu est par d finition gratuit on peut se demander dans quelles conditions il est possible d y recourir dans une d marche de promotion de la sant Raymonde Caffari Viallon nonce nouveau parfaitement ce probl me partir de l exemple cit Le jeu symbolique sera donc toujours un jeu spontan partant de l enfant lui m me de son besoin et de son d sir de jouer La seule action que l enfant puisse mener consiste cr er des conditions ext rieures qui permettront le jeu Il y a l une apparente contradiction D velopper une p dagogie pour favoriser quelque chose de spontan est ce bien raisonnable est ce tout simplement imagina
60. ssible condition qu on modifie les m thodes p dagogiques traditionnelles ou en d autres termes qu on cherche d velopper une p dagogie du ludique La p dagogie du ludique explique t elle dans un essai de d finition est partisane d une approche indirecte et de non intervention Elle permet de placer l l ve dans une situation de d tente sans jugement de valeur sans intervention de type magistral La r ussite d une telle entreprise permettant l l ve d apprivoiser librement le monde qui l entoure implique selon elle que l on distingue diff rents moments l tape ludique le passage ducatif la phase p dagogique Dans son ouvrage Culture wars paru en 1992 I Shor parle quant lui d empowering education terme qu Yves Bertrand traduit par p dagogie de la lib ration il s agit d une p dagogie critique et alternative ax e sur la personne et le changement social Le principe de cette nouvelle forme d apprentissage r side dans l interaction entre le sujet et la soci t dans laquelle il vit Dans cette conception de l enseignement l apprenant peut s exprimer librement faire conna tre ses intentions et agir de son propre chef pour d velopper une conscience de soi et un sentiment de responsabilit Toutes ces r flexions ont suscit une modification importante des formes d enseignement au cours de la d cennie coul e Cette transformatio
61. t on cherchera pr ciser la sp cificit de supports parvenant effectivement combiner l id e de jeu au sens propre et le th me de la sant I TAT DES LIEUX A Jeux dans le domaine de la sant Dans le cadre du pr sent m moire il ne saurait tre question de proposer un recensement exhaustif ou d finitif des jeux utilis s actuellement dans le secteur de la promotion de la sant Il s agit uniquement de d gager quelques grandes lignes partir de diff rentes sources francophones On notera que la plupart des r f rences trouv es ne constituent qu une s lection tablie partir d une grille de crit res p dagogiques ou ne concernent que des th matiques pr cises mais elles permettent toutefois de mettre en vidence plusieurs ph nom nes r currents et significatifs C est avant tout le CFES Comit Fran ais d ducation pour la Sant qui permet de cerner la situation du jeu en promotion de la sant Ce r seau de comit s sp cialis s qui constitue le plus important centre de ressources pour les professionnels de ce domaine propose en effet une analyse des outils p dagogiques adapt s cette finalit et a en particulier publi en 1994 un R pertoire national des actions et outils en ducation nutritionnelle comprenant pour chaque outil retenu une fiche descriptive class e par ordre alphab tique l int rieur de diverses cat gories affiches expositions d pliants supp
62. t du Hainaut R pertoire des outils disponibles Havr Belgique Observatoire de la Sant du Hainaut 1999 2000 Pasquier Nelly Jouer pour r ussir Paris Nathan Collection m thodologie 1993 P rino Odile Le quai des Ludes dans L cole des parents n 6 1994 p 36 39 Pithon G rard cf Manderscheid Rayr Christian Gu rir Un jeu d enfant dans Parents n 272 octobre 1991 p 52 60 Redde Georges Activit ludique Jouets et environnements dans Actes des universit s d t de l association des ludoth ques fran aises Paris ALF 1998 p 41 44 Renard C line R pertoire des outils en ducation nutritionnelle pour les enseignants des coles de maternelles et primaires Ma trise de nutrition et di t tique Codes 54 juin 1996 Renaud Lise Sauv Louise Simulation et jeu de simulation Outils ducatifs appliqu s la sant Montr al Agence d ARC inc 1990 Rufo Marcel L hospitalisation du lion dans Bulletin d ducation du Patient vol 12 n 4 d cembre 1993 p 85 87 Sandrin Berthon Brigitte Apprendre la sant l cole Paris ESF Collection Pratiques amp enjeux p dagogiques 1997 Sauv Louise cf Renaud Lise Trefois Patrick cf Bontemps Robert 49
63. t invite r fl chir aux conditions dans lesquelles on peut recourir au jeu pour promouvoir une initiation aux questions de sant 77 Odile P rino Le quai des Ludes op cit p 27 13 C Probl mes du jeu dans la promotion de la sant Cette parenth se consacr e au r le du jeu dans le contexte th rapeutique tend montrer qu il n y a pas d irr ductible antinomie entre les deux sph res abord es dans la pr sente r flexion savoir le jeu d une part et la sant de l autre Elle incite donc croire que dans le domaine de la promotion de la sant galement on pourrait tirer profit de l attrait exerc par le jeu sans d naturer celui ci c est dire sans en faire syst matiquement un outil p dagogique Pour v rifier cette hypoth se il faut commencer par cerner les obstacles qui se sont oppos s jusqu pr sent sa confirmation Le premier probl me qui vient l esprit est pour reprendre une comparaison de Chantal Barth l my Ruiz que m ler plaisir et apprentissage revient marier l eau et le feu Sp cialistes du jeu et sp cialistes de formation sont en g n ral d accord ils ne tiennent pas aux m langes Selon la plupart des ludologues le jeu utilis des fins ducatives ne serait plus du vrai jeu le jeu s vanouissant d s qu il est r cup r Et pour un nombre non n gligeable de sp cialistes de p dagogie la formation perdrait son s rieux
64. tesque dans lequel se trouvent en autres une cabane un toboggan une galerie des 20 Christian Rayr Gu rir Un jeu d enfant dans Parents n 272 octobre 1991 p 56 11 taupes un jardin de mara cher En outre cet h pital a propos pendant six mois en 1990 un atelier Lego qui a ensuite circul dans d autres tablissements c est explique Odile Naudin dans un article consacr cette initiative une mani re de montrer qu un enfant m me malade affaibli parfois clou sur son lit peut participer avec plaisir de grandes constructions collectives De telles activit s sans rapport direct avec la maladie ou la sant et sans d finition p dagogique pr cise contribuent am liorer les rapports avec le personnel soignant entretenir la r sistance psychologique de l enfant et de d velopper sa cr ativit Cette utilisation du jeu dans un but th rapeutique se situe d ailleurs en droite ligne de la vocation initiale des premi res ludoth ques cr es dans les pays anglo saxons pour les enfants n cessitant une ducation sp ciale Elle s av re galement particuli rement int ressante pour affronter les handicaps moteurs ou mentaux condition d tre pratiqu e de mani re constructive c est dire attentive au cas particulier de chaque personne concern e La s lection de jouets adapt s aux personnes handicap es est au centre d une initiative lanc e en 1992 pa
65. ture Kitty 4 10 est le b b malade couch e sur le dos elle suce Yvan 5 3 lui fait une piq re la jambe avec une seringue miniature Kitty se met pleurer doucement de fa on tr s convaincante Elle s interrompt nous regarde se tourne vers Pauline 5 1 qui est en train de sortir le st thoscope de la trousse et lui dit va dire la dame que je pleure pour de semblant Kitty se remet pleurer Pauline vient transmettre le message Ce type de mise en garde nous a t adress e bien des reprises sous diverses formes par des enfants dont nous observions le jeu Dans cet exemple nous avons faire une forme de jeu en rapport direct avec une situation de sant voire de maladie qui prouve si cela tait n cessaire qu une telle relation est possible Mais comme le souligne R Caffari Viallon apr s avoir d crit cette situation on ne peut pas faire jouer C est l enfant et lui seul qui se trouve en tat d adopter l attitude ludique On voit ici des enfants recourir spontan ment un jeu symbolique l aide de jouets copiant des instruments m dicaux et mettre en sc ne une situation fictive de consultation Cette activit n est ni initi e ni guid e par les adultes c est la plus jeune participante la pr tendue malade qui m ne le jeu et entend expliquer Raymonde Caffari Viallon Pour que les enfants jouent Une p dagogie du jeu symbolique Lau
66. ui attribue une p dagogie traditionnelle Ainsi le conflit entre les notions d ducation et de jeu semble s estomper dans la mesure o l on confie l ducation des objectifs nouveaux appropri s aux potentialit s du jeu L encore Gilles Broug re nous aide comprendre cette volution en signalant qu il existe plusieurs strat gies d utilisation du jeu et en pr venant qu il est important justement de ne pas partir de l id e que le jeu est une panac e qui permet d apprendre mais d arriver lier le jeu des objectifs profond ment li s cette activit des objectifs qui renvoient la sp cificit du jeu En d autres termes il n est pas seulement possible de recourir au jeu comme un outil en esp rant en tirer un b n fice p dagogique mais on peut galement l utiliser en pla ant l apprenant dans une 57 Cf Yves Bertrand Les th ories contemporaines de l ducation Lyon Chroniques sociales 1993 58 Jacques Henriot Le jeu Essai de mise en question dans Le furet Revue de la petite enfance et de l int gration n 17 septembre 1995 p 20 Jean Claude Manderscheid G rard Pithon lements de r flexion pour une p dagogie de l ducation la sant en milieu scolaire op cit p 54 Gilles Broug re Pourquoi utiliser le jeu op cit p 9 27 attitude v ritablement ludique pour l amener d velopper un nouveau rapport
67. vient un moyen ducatif de choix Quel que soit l int r t ind niable d une telle d marche il ressort qu elle reste encore ancr e dans une approche traditionnelle de l ducation la sant visant r cup rer le jeu au profit d un programme p dagogique d termin l avance Ainsi les auteurs pr cisent elles plusieurs reprises le r le revenant selon elles l animateur qui reste ici un intervenant ext rieur et une instance de contr le titre d exemple nous citerons simplement leurs remarques concernant les objectifs d apprentissage Identifier les objectifs sp cifiques de la simulation ou du jeu de simulation Ils sont g n ralement nonc s dans le manuel d instructions Ils sont pr sent s sous la forme d objectifs d apprentissage ou formul s en termes de connaissances d habilet s d attitudes ou de comportements acqu rir par la population cible Par l on voit bien comment le jeu de simulation est ici mis au service d un message pr d fini et rigoureux qu on cherche transmettre aux participants de mani re plus d ductive qu inductive Con u de cette mani re il manque au jeu de simulation l attitude Pierre R Dasen Jouer est amusant mais pas seulement dans Sant du monde janvier f vrier 1984 p 13 Lise Renaud Louise Sauv Simulation et jeu de simulation Outils ducatifs appliqu s la sant Montr al
68. xte de la promotion de la sant sort du domaine du jeu proprement parler la question qui se pose est par cons quent de savoir s il est possible de trouver une forme d utilisation du jeu qui constitue un projet ducatif sans pourtant le d naturer Apr s une longue p riode d opposition radicale il existe depuis presque deux d cennies une amorce de r ponse positive qui remonte aux strat gies de conscientisation d velopp es au milieu des ann es 1980 par Bandera Cette nouvelle approche est galement pr sente dans l ouvrage de Paolo Freire publi en 1987 et intitul pedagogy for Liberation dans lequel l auteur d finit comme la finalit premi re de l ducation une transformation des rapports sociaux au profit d une plus grande justice Dans le m me esprit Nicole de Grandmont a publi en 1989 un ouvrage dans lequel elle cherche d terminer si le jeu peut tre ducatif et p dagogique tout en conservant ses caract ristiques de base c est dire une composante essentielle l action un moment privil gi une action librement consentie sans obligation ni 5 Martine Mauriras Bousquet Jouer et apprendre m me combat Le r le des ludoth ques dans la promotion du jeu libre dans Actes de l Universit d t op cit p 126 25 contrainte une activit qui permet d apprivoiser l imaginaire et d approcher la cr ativit Selon elle un tel projet est po

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