Arrêt du 1er octobre 2010
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1. dure civile Sign par Jacques BICHARD Pr sident et par Gilles DUPONT Greffier Estimant que la soci t AIR FRANCE S A mettait disposition du personnel des documents non conformes aux exigences l gales le syndicat ALTER autoris par ordonnance du 22 juillet 2008 rendue par le Pr sident du Tribunal de grande instance de BOBIGNY a fait assigner cette derni re jour fixe devant le Tribunal de grande instance par exploit d huissier de Justice du 30 juillet 2008 aux fins d obtenir les documents idoines Par jugement contradictoire du 20 novembre 2008 le Tribunal de grande instance de BOBIGNY a d bout chacune des parties de ses demandes condamner le syndicat ALTER aux d pens Par d claration du 19 d cembre 2008 le syndicat ALTER a interjet appel de ce jugement Par ordonnance de roulement du 1 Pr sident de cette Cour en date du 27 mars 2009 l affaire a t redistribu e du P le II Chambre 1 la pr sente Chambre Dans ses derni res conclusions d pos es le 31 mars 2010 le syndicat ALTER demande la Cour au visa des articles L 1321 6 et L 2132 3 du Code du travail de le recevoir en son appel et l y d clarer bien fond D infirmer le jugement entrepris Et statuant nouveau constater que la soci t AIR FRANCE ne respecte pas les dispositions de l article L 1321 6 du Code du travail En cons quence ordonner la mise disposition ses salari s par la soci t AIR2. titre principal estime que l application de l article L 1321 6 est exclue d s lors qu elle a une activit a ronautique par nature internationale pour laquelle la notion de langue commune est essentielle dans l ex cution des vols et de leur s curit qui a n cessit une harmonisation des documents termes et abr viations utilis s d ailleurs pr vue par la Convention de Chicago du 7 d cembre 1994 et les textes subs quents notamment sur l usage de la langue anglaise Cour d Appel de Paris ARRET DU 1 OCTOBRE 2010 P le 2 Chambre 2 RG n 2008 23998 3 me page titre subsidiaire analysant les documents d nonc s par ALTER rel ve que ceux ci en provenance de l tranger b n ficient de l exception pr vue l article L 1321 6 et de surcro t sont obsol tes et pour la plupart traduits en fran ais qu en tout tat de cause les demandes impr cises se heurtent au principe essentiel de la relativit de la chose jug e enfin que l astreinte est disproportionn e en ce qu elle fait peser sur AIR FRANCE un risque financier consid rable qu elle ne pourrait contr ler PTE Consid rant qu aux termes de l article L 1321 6 du Code du travail Le r glement int rieur est r dig en fran ais Il peut tre accompagn de traductions en une ou plusieurs langues trang res Il en va de m me pour tout document comportant des obligations pour le salari ou des dispositions dont la connai
3. FRANCE en langue fran aise des fichiers ATLAS documents techniques d utilisation des appareils des familles Boeing et Airbus enseignements assist s par ordinateur documentations relatives la l gende des cartes sous astreinte de 10 000 par document et par jour de retard compter du 6 mois suivant la signification de la d cision intervenir la Cour se r servant le droit de liquider l astreinte condamner la soci t AIR FRANCE payer au syndicat ALTER la somme de 10 000 en r paration du pr judice subi condamner la soci t AIR FRANCE payer au syndicat ALTER la somme de 5 000 sur le fondement de l article 700 du Code de proc dure civile condamner la soci t AIR FRANCE aux entiers d pens Dans ses derni res conclusions d pos es le 26 f vrier 2010 la soci t AIR FRANCE S A demande la Cour de confirmer le jugement d f r condamner le syndicat ALTER lui payer la somme de 5 000 au titre de l article 700 du Code de proc dure civile condamner le syndicat ALTER aux d pens L ordonnance de cl ture a t rendue le 6 mai 2010 Cour d Appel de Paris ARRET DU 1 OCTOBRE 2010 P le 2 Chambre 2 RG n 2008 23998 2 me page CELA ETANT EXPOSE LA COUR Consid rant que la soci t AIR FRANCE S A AIR FRANCE met disposition des pilotes et des m caniciens des fiches ATLAS permettant de rouler d coller et atterrir sur les a ropo
4. de premi re instance et d appel avec admission pour ceux d appel de l Avou concern au b n fice des dispositions de l article 699 du code de proc dure civile LE GREFFIER LE PR SIDENT Cour d Appel de Paris ARRET DU 1 OCTOBRE 2010 P le 2 Chambre 2 RG n 2008 23998 7 me page
5. Grosses d livr es aux parties le REPUBLIQUE FRANCAISE AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS COUR D APPEL DE PARIS P le 2 Chambre 2 ARRET DU 01 OCTOBRE 2010 n 7 pages Num ro d inscription au r pertoire g n ral 08 23998 D cision d f r e la Cour Jugement du 20 Novembre 2008 Tribunal de Grande Instance de BOBIGNY RG n 08 10276 APPELANT SYNDICAT ALTER repr sent par Monsieur Bruno SINATTI en sa qualit de Pr sident 21 rue L on Geffroy 94400 VITRY SUR SEINE repr sent par la SCP TAZE BERNARD BELFAYOL avou s la Cour assist de Ma tre David METIN avocat au barreau de Versailles INTIMEE SA AIR FRANCE repr sent e par son Pr sident Directeur G n ral en exercice y domicili 45 rue de Paris 95747 ROISSY CHARLES DE GAULLE CEDEX repr sent e par Ma tre Fr d ric BURET avou la Cour assist e de Ma tre Aur lien BOULANGER avocat au barreau de Paris T 03 COMPOSITION DE LA COUR L affaire a t d battue le 1 juin 2010 en audience publique devant la Cour compos e de Jacques BICHARD Pr sident Marguerite Marie MARION Conseiller Marie H l ne GUILGUET PAUTHE Conseill re qui en ont d lib r GREFFIER lors des d bats Gilles DUPONT ARRET contradictoire par mise disposition de l arr t au greffe de la Cour les parties en ayant t pr alablement avis es dans les conditions pr vues au deuxi me alin a de l article 450 du code de proc
6. ative aux appareils Boeing 777 B 777 qu elle exploite sont disponibles en version fran aise la seule exception du volume 4 consacr la description technique de cet appareil p 14 des conclusions de l intim e et qu il n est pas discut que ces m mes documents relatifs au B 447 sont en fran ais Que le caract re obsol te des documents auxquels ALTER se r f re invoqu par AIR FRANCE sera cart d s lors que d une part l appelant verse l dition du 9 avril 2009 dont il n est pas argu qu elle n est plus en vigueur pi ce n 23 de l appelant d autre part que ce point n est pas discut s agissant de la pi ce n 11 de l appelant relatif au manuel d exploitation d tenu par les pilotes Qu il appara t ainsi que AIR FRANCE a elle m me dit ces UT en France en y apposant sur chaque page son logo ainsi que la mention soci t Air France 1997 all right reserved pi ce n 23 ou celle toute reproduction et communication int grale ou partielle non autoris e par la Compagnie nationale Air France constitue une contrefa on sanctionn e etc se terminant par Compagnie nationale Air France 1997 Tous droits r serv s pi ce n 11 qu en outre elle n apporte aucun l ment permettant d tablir que ces documents sont bien la simple reproduction des documents anglais d origine r dig s et dit s aux Etats Unis par Boeing 2 Que par ailleurs peu imp
7. de ces EAO sont les pilotes fran ais de l intim e Qu en cons quence ALTER est fond en sa demande s agissant des documentations relatives la l gende des cartes Consid rant que c est tort que AIR FRANCE d nonce le caract re obsol te des documents soumis discussion puisque ALTER verse aux d bats des documents dat du 17 d cembre 2009 et 11 mars 2010 dont il n est pas d montr pour ce dernier qu il a fait l objet d une nouvelle dition revue et corrig e pi ce n 29 et 30 Qu en outre AIR FRANCE qui n tablit pas que ces cartes ont t r dig es l tranger maintient par ailleurs avoir mis en service un nouveau standard en fran ais depuis 2008 tout en admettant que le document litigieux est toujours et majoritairement en vigueur Qu enfin tant de nouveau rappel que la connaissance de cette l gende des cartes est n cessaire aux pilotes d AIR FRANCE pour l ex cution de leur travail il sera galement rappel comme pr c demment et pour les m mes raisons que le fait que cette l gende des cartes aient t int gr es au MANEX d pos aupr s de la DGAC est sans incidence sur le d bat Qu ainsi ALTER est fond en sa demande s agissant de l astreinte Consid rant qu il y a lieu d enjoindre AIR FRANCE de faire traduire en langue fran aise les fiches ATLAS les TU les logiciels EAO et les documents relatifs la l gendes de cartes s
8. eraient r dig s en anglais indique elle m me qu elle proc de de surcro t des modifications par une mise en conformit au standard de repr sentation cartographique pour leur donner une coh rence d ensemble p 12 des conclusions de l intim e que par ailleurs peu importe que ces fiches ATLAS soient galement destin es des trangers d s lors qu il s agit des salari s de compagnies trang res non soumises aux dispositions de l article L 1321 6 Qu enfin comme pr c demment et pour les m mes raisons le fait que ces fiches aient Cour d Appel de Paris ARRET DU 1 OCTOBRE 2010 P le 2 Chambre 2 RG n 2008 23998 S me page t int gr es au MANEX d pos aupr s de la DGAC est sans incidence sur le d bat Qu en cons quence ALTER est fond en sa demande S agissant des enseignements assist s par ordinateur dits EAO Consid rant que AIR FRANCE n apporte aucun l ment susceptible de d montrer que ces logiciels sont d velopp s directement par le constructeur Boeing alors que par ailleurs outre qu il n est pas contest que toute la partie th orique de l apprentissage d un appareil s effectue n cessairement par EAO ALTER n est pas contredit quand il affirme que AIR FRANCE apporte ceux ci des modifications sensibles tout comme la compagnie Lufthansa selon ses propres dires ce qui en tout tat de cause est sans incidence sur le d bat puisque les destinataires
9. ortent que ces UT figurent ventuellement dans les Manuels d Exploitation dit MANEX d pos s aupr s de la Direction G n rale de l Aviation Civile DGAC en charge de la v rification de la conformit aux normes applicables d s lors que cette v rification est totalement trang re au contr le des dispositions relevant du droit du travail en l esp ce l article L 1321 6 et pour lequel elle n a d ailleurs aucune comp tence Qu ainsi ALTER est fond en sa demande s agissant des fiches ATLAS Consid rant que AIR FRANCE qui fait tat de l application progressive d un nouveau standard AIR FRANCE KLM en fran ais consid re que ces documents tant obsol tes ou en voie de le devenir il n y a pas lieu de les traduire Consid rant cependant que ALTER n est pas contredit par AIR FRANCE quand il indique que l usage de ces nouvelles fiches reste tr s marginal depuis sa mise en oeuvre progressive d but 2008 et que les pilotes d AIR FRANCE continuent d utiliser les fiches ATLAS qui jusqu au 10 juillet 2003 taient publi es en fran ais Qu en outre il y a lieu de relever que ces fiches sont dit es en France par AIR FRANCE et pour AIR FRANCE avec les m mes mentions que celles relev es pour les UT que AIR FRANCE qui n apporte aucun l ment permettant d tablir que ces documents sont bien une reproduction des documents provenant des autorit s internationales a ronautiques AIS et s
10. ous astreinte de 5 000 par jour de retard dans les conditions indiqu es dans le dispositif venir Kk K Consid rant qu il n y a pas lieu dommages int r ts ALTER n tablissant pas un pr judice sp cifique Consid rant que l quit commande de faire application de l article 700 du Code de proc dure civile dans les termes du dispositif du pr sent arr t Cour d Appel de Paris ARRET DU 1 OCTOBRE 2010 P le 2 Chambre 2 RG n 2008 23998 6 me page Consid rant que succombant en appel AIR FRANCE devra en supporter les d pens PAR CES MOTIFS INFIRME en toutes ses dispositions le jugement d f r STATUANT NOUVEAU ORDONNE la mise disposition de ses salari s par la soci t AIR FRANCE S A en langue fran aise des fiches ATLAS des documents techniques d utilisation dits TU des appareils de la famille BOEING des enseignements assist s par ordinateur des documentations relatives la l gende des cartes sous astreinte de 5 000 par document et par jour de retard compter du 6 mois suivant la signification du pr sent arr t SE R SERVE la possibilit de liquider l astreinte CONDAMNE la soci t AIR FRANCE S A verser au syndicat ALTER la somme de 10 000 en application des dispositions de l article 700 du Code de proc dure civile REJETTE toutes autres demandes des parties CONDAMNE la soci t AIR FRANCE S A au paiement des entiers d pens
11. pilotes d AIR FRANCE Que de m me c est tort que AIR FRANCE reproche ALTER de former des demandes impr cises en n identifiant pas clairement les documents concern s mais en visant tous les documents que la loi impose de traduire Qu en effet ALTER ne peut tre contraint de d terminer au pr alable quels documents seraient concern s alors que l article L 1321 6 a dict une obligation claire et pr cise la charge de l employeur tout document et qu en tout tat de cause ceux ci sont identifi s a minima ALTER visant les fiches ATLAS les TU les EAO et les l gendes de cartes Consid rant qu il y a donc lieu de rechercher si ces documents sont re us de l tranger et de ce fait b n ficient de l exception pr vue dans le dernier alin a de l article L 1321 6 tant nouveau rappel qu il n est pas contest que la connaissance de ces documents est n cessaires aux pilotes d AIR FRANCE pour l ex cution de leur travail s agissant des manuels d utilisation de l appareil dits UT Consid rant tant observ qu ALTER indique que les manuels relatifs aux appareils Airbus qui proviennent de constructeurs fran ais ne souffrent d aucune difficult p 21 de ses conclusions que selon les dires m mes d AIR FRANCE la totalit de la Cour d Appel de Paris ARRET DU 1 OCTOBRE 2010 P le 2 Chambre 2 RG n 2008 23998 4 me page documentation rel
12. rts en suivant un cheminement tr s r glement r dig en anglais pour la charte des l gendes des a rodromes et en fran ais pour la cartographie standard des documents techniques d utilisation des appareils des familles Boeing et Airbus dits TU manuel d utilisation de l appareil r dig selon les parties en fran ais ou en anglais des enseignements assist s par ordinateur dits EAO programme de formation accessible par ordinateur r dig et illustr en anglais et des documentations relatives la l gende des cartes permettant de comprendre les cartes de vol Qu invoquant les difficult s rencontr es par les pilotes et les m caniciens dans l usage des documents r dig s en anglais les d l gu s du personnel ont demand plusieurs reprises mais sans succ s l application de l article L 1321 6 du Code du travail pr voyant au profit du salari la r daction en fran ais des documents n cessaires pour l ex cution de son travail Que c est dans ce contexte que le syndicat ALTER ALTER a saisi le Tribunal de grande instance de Bobigny qui a rendu le jugement d f r la Cour SUR QUOI Consid rant que dans ses derni res conclusions auxquelles il convient de se r f rer pour le d tail de son argumentation ALTER faisant un rappel des textes et de la jurisprudence relative l usage de la langue fran aise estime que le crit re de n cessit de l utilisation des documents dans l e
13. ssance est n cessaire pour l ex cution de son travail Ces dispositions ne sont pas applicables aux documents re us de l tranger ou destin s l tranger 2 Consid rant que c est avec raison que ALTER rel ve que les d veloppements d AIR FRANCE tendant consid rer que l article L 1321 6 du Code du travail ne s applique pas en l esp ce en raison de son activit a ronautique par nature internationale pour laquelle l usage d une langue commune l anglais est primordial et n cessaire pour l obtention d une licence ne sont pas pertinents d s lors que la question pos e est celle de savoir si les documents litigieux ATLAS TU EAO et l gendes de cartes ont t re us de l tranger ou sont destin s des trangers tant observ qu il est acquis aux d bats que la connaissance de ceux ci est n cessaire pour l ex cution de leur travail par les pilotes d AIR FRANCE Consid rant titre pr liminaire que le fait qu un autre syndicat a pr conis dans un tract du 20 octobre 2009 d utiliser exclusivement la documentation avion du constructeur au lieu d utiliser une documentation mal traduite mal r dig e mal organis e et souvent mal interpr t e est sans incidence sur le d bat d s lors que replac dans son contexte par ALTER qui n est pas contredit par AIR FRANCE cette recommandation tendait viter une multiplication de traductions sauvages par les 4 400
14. x cution de leur travail par les salari s est un facteur pr pond rant devant conduire la traduction syst matique de ceux ci quelque soit le nombre de salari s concern s rel ve que si l activit d AIR FRANCE est dirig e vers l international les traductions demand es concernent uniquement les pilotes et ne remet pas en cause l usage de la langue anglaise dans les changes quotidiens internationaux hors hexagone analysant chacun des documents litigieux ATLAS TU EAO et l gendes de cartes dont il rappelle qu ils sont r serv s aux pilotes d AIR FRANCE ne concernent ni la maintenance des appareils ni les conditions de d livrance de la licence de pilote soutient que ceux ci ne peuvent b n ficier de l exception pr vue l article L 1321 6 du Code du travail selon lequel l obligation de r daction en fran ais ne s applique pas aux documents re us de l tranger ou destin s des trangers note que l article L 1321 6 pr cisant tout document dont la connaissance est n cessaire pour l ex cution de son travail ALTER ne peut donner une liste exhaustive des documents en cause dont certains n existent pas encore et qu en tout tat de cause sa demande est d termin e puisqu il vise pr cis ment les quatre documents pr cit s Consid rant que dans ses derni res conclusions auxquelles il convient de se r f rer pour le d tail de son argumentation AIR FRANCE
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