Dyscalculie Développementale : L`Approche
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1. Post doctorante en l unit INSERM 562 sous supervision of Stanislas Dehaene M ne projet de d velopper et tester logiciel de r ducation de la dyscalculie Introduction Cet article a pour but de donner au lecteur non sp cialiste les grandes lignes de l approche neurocognitive de la dyscal culie depuis sa conceptualisa tion jusqu son utilisation en r ducation L approche tradi tionnelle de la r ducation de 1 La dyscalculie existe en fait sous deux formes une forme d veloppementale et une forme acquise due des l sions c r brales chez l adulte Je m int resse ici la premi re 29 Int r ts scientifiques Causes tiologie and r ducation de la dyscalculie Cognition num rique Attention et m moire spa tiale Lapplication de la recherche en sciences cognitives l ducation Publications principales Wilson A J Dehaene S Revkin S K Cohen L amp Cohen D submitted Behavioral and Brain Functions Development of Adap tive Remediation Software for Dyscalculia Wilson A J amp Dehaene S in press Number sense and develop mental dyscalculia Coch D Fis cher K amp Dawson G Eds Human Behavior and the Develo ping Brain 2 Edn Molko N Wilson A amp Dehaene S 2005 La dyscalculie d veloppe mentale un trouble primaire de la perception des nombres M decine et Enfance 1 6 Dehaene S Molko N Cohen2. L amp Wilson A J 2004 Arithme tic and the brain Current Opinion in Neurobiology 14 218 224 Molko N Wilson A J amp Dehaene S 2004 Dyscalculie le sens perdu des nombres La Recherche 379 42 47 Logiciels Wilson A J amp Dehaene S 2005 The Number Race Remediation software for Dyscalculia Multiplat form for children aged 3 10 Java 30 la dyscalculie ainsi que des recherches r centes concer nant la cognition num rique seront galement abord es La Dyscalculie Une d finition th orique Pour donner une d finition rapide et accessible de la dyscalculie on pourrait dire que la dyscalculie est aux math matiques ce qui la dyslexie est la lecture En psychologie clinique tout comme la dyslexie la dys calculie d veloppementale est d finie comme un trou ble disproportionn de l apprentissage de l arithm tique chez l enfant qui ne peut pas tre expliqu par un environnement d apprentissage appauvri ni par un niveau intellectuel inf rieur American Psychiatric Association 1994 D s l introduction de ce terme en 1974 par Kosc la dyscalculie est con ue sur une base neurologique N anmoins contrairement la dyslexie dont les liens neurologiques sont de plus en plus tablis Habib 2000 l investigation des bases neurologiques de la dyscalculie demeure balbutiante Cependant cette recherche est d s pr sent tr s prometteuse La r alit de
3. assigner un sous type de dyscalculie sans supposer que tout enfant ayant des troubles de calcul a forc ment un probl me dans la pens e logique Nous devrions galement d finir un sous type de dyscalculie li au sens du nombre On pourrait propo ser que si un tel d ficit existait les psychologues l au raient d j d crit N anmoins les valuations piag tiennes sont verbales et n incluent gu re de tests qui s appuient sur le sens du nombre comme par exemple la comparaison des grandeurs l estimation de grandeur ou des tests non symboliques tels que la comparaison de nuages de points Ainsi les sympt mes que nous attendrions voir avec une dyscalculie de ce type ne sont pas toujours d tect s C est pourquoi je sugg re de combiner syst mati quement dans les valuations des enfants pr sentant des troubles du calcul des tests piag tiens comme le UDN IL et des tests testant les repr sentations num riques non verbales comme le TEDIMATH Van Nieuwenhoven Gr goire amp No l 2001 Ce dernier inclut l estimation des grandeurs et la comparaison de grandeurs sous forme symbolique et non symbolique 4 Il faut souligner que cette r gion n est pas la seule r gion utilis e dans ces t ches il est fr quemment le cas que d autres r gions li es la repr sentation verbale des nombres sont actives Ainsi il semble qu il y a peu de t ches symboliques qui sont purement non verbales mais il y a des t
4. ches qui s appuient plus sur la repr sentation approximative que d autres Il se peut que certaines t ches non symboliques qui com mencent a tre explor es produiront une mesure plus pure de la repr sentation approximative Piazza et al 2004 33 Il serait n cessaire dans le futur d introduire des valuations informatis es qui permettront la mesure du temps de r action Dans les processus l mentaires en math matiques la vitesse est tr s importante parce qu elle d termine la quantit de ressources mentales qui restent pour comprendre ou r soudre un probl me ou maintenir une liste des tapes ex cuter Ainsi un ralentissement dans un processus l mentaire peut entra ner des d ficits lors de processus plus compliqu s par effet domino Nous avons d j quelques indica tions que des d ficits de ces processus l mentaires peu vent tre mesur par cette m thode chez les dyscalcu liques La mesure des temps de r action a ainsi permis de mettre en vidence que des sujets atteints d un syn drome de Turner bien qu ayant des performances nor males sont plus lents que les sujets contr les Molko et al 2003 Une autre tude r cente Landerl Bevan amp Butterworth 2004 a montr que les enfants dyscalcu liques sont plus lents dans des t ches de comparaison de grandeur dans les op rations de calcul et dans le comptage Avec le soutien de la Fondation Fyssen nous avons d v
5. 35 TALLAL P MILLER S L BEDI G BYMA G WANG X NAGARAJAN S S SCHREINER C JENKINS W M amp MERZENICH M M 1996 Language comprehension in language learning impai red children improved with acoustically modified speech Science 271 5245 81 84 TEMPLE E DEUTSCH G K POLDRACK R A MILLER S L TALLAL P MERZENICH M M amp GABRIELI J D 2003 Neural deficits in children with dyslexia ameliorated by behavioral remediation evidence from functional MRI Proc Natl Acad Sci USA 100 5 2860 2865 VAN NIEUWENHOVEN C GR GOIRE J amp NO L M P 2001 TEDI MATH Test Diagnos tique des Comp tences de Base en Math matiques Paris France Les ditions du Centre de Psychologie Appliqu e WYNN K 1992 Addition and subtraction by human infants Nature 358 749 750 XU F 2003 Numerosity discrimination in infants Evidence for two systems of representations Cognition 89 1 B15 B25 XU F amp SPELKE E S 2000 Large number discri mination in 6 month old infants Cognition 74 1 B1 B11
6. C J LUCAS A amp GADIAN D G 2001 Calculation difficulties in children of very low birthweight a neural correlate Brain 124 9 1701 1707 KOSC L 1974 Developmental Dyscalculia Journal of Learning Disabilities 7 3 164 177 LANDERL K BEVAN A amp BUTTERWORTH B 2004 Developmental dyscalculia and basic numerical capacities a study of 8 9 year old students Cognition 23 2 99 125 MELJAC C 2001 Le diagnostic et apr s Rem diations et prises en charge In A Van Hout amp C Mel jac Eds Troubles du calcul et dyscalculies chez l enfant Paris Masson MELJAC C amp LEMMEL G 1999 Batterie UDN 2 Manuel d utilisation et mat riel Paris ECPA MERZENICH M M JENKINS W M JOHNS TON P SCHREINER C MILLER S L amp TAL LAL P 1996 Temporal Processing Deficits of Lan guage Learning Impaired Children Ameliorated by Training Science 271 5245 77 81 MOLKO N CACHIA A RIVIERE D MANGIN J E BRUANDET M LE BIHAN D COHEN L amp DEHAENE S 2003 Functional and structural alterations of the intraparietal sulcus in a developmental dyscalculia of genetic origin Neuron 40 4 847 858 PICA P LEMER C IZARD V amp DEHAENE S 2004 Exact and approximate arithmetic in an Ama zonian indigene group Science 306 499 503 STARKEY P amp COOPER R G 1980 Perception of numbers by human infants Science 210 1033 10
7. Dyscalculie D veloppementale LApproche Neurocognitive R sum Mots clefs Dans cet article je d cris les grandes lignes de l approche neurocogni Calcul tive de la dyscalculie d veloppementale Cette approche se diff rencie de Cognition num rique Vapproche piag tienne traditionnelle bas e sur l id e que la logique est la d veloppement gt fondation de la compr hension du nombre et s appuie sur des travaux dyscalculie Z r cents qui sugg rent que notre sens du nombre est fond sur une math matiques repr sentation approximative et non verbale du nombre localis e dans le hombres sillon intra pari tal Les premi res donn es sugg rent effectivement qu un Ls eh oe r ducation mauvais fonctionnement de cette r gion pourrait tre une des causes de la Pee rem diation dyscalculie Lapproche neurocognitive de la dyscalculie tire profit de ces donn es pour proposer des nouveaux types d valuations et r ducations de ce trouble de l apprentissage FONDATION FYSSEN ANNALES N 20 Dyscalculie D veloppementale L Approche Neurocognitive ANNA J WILSON Email ajwilsonkiwi yahoo fr Adresse INSERM U562 SHFJ CEA 91401 Orsay FRANCE Nationalit N o Z landaise Dipl mes B Sc Psychology Universit d Auckland 1996 M S Psychology Universit d Oregon 1998 Ph D Psychology Universit d Oregon 2003 Situation actuelle
8. abilities Cognition 44 1 2 1 42 DEHAENE S 1997 La Bosse des Maths Paris Edi tions Odile Jacob DEHAENE S DEHAENE LAMBERTZ G amp COHEN L 1998 Abstract representations of num bers in the animal and human brain Trends in Neuro sciences 21 8 355 361 DEHAENE S MOLKO N COHEN L amp WIL SON A J 2004 Arithmetic and the brain Current Opinion in Neurobiology 14 1 7 DEHAENE S MOLKO N amp WILSON A J 2004 Dyscalculie Le sens perdu des nombres La Recherche 379 42 47 DEHAENE S PIAZZA M PINEL P amp COHEN L 2003 Three parietal circuits for number processing Cognitive Neuropsychology 20 487 506 36 FEIGENSON L DEHAENE S amp SPELKE E 2004 Core systems of number Trends in Cognitive Sciences 8 7 307 314 GALLISTEL C R amp GELMAN R 2000 Non ver bal numerical cognition from reals to integers Trends in Cognitive Sciences 4 2 59 65 GREGOIRE J 2001 Evaluer les troubles du calcul In A Van Hout amp C Meljac Eds Troubles du calcul et dyscalculies chez l enfant Paris Masson HABIB M 2000 The neurological basis of develop mental dyslexia An overview and working hypothesis Brain 123 12 2373 2399 HUNTLEY FENNER G 2001 Children s unders tanding of number is similar to adults and rats numerical estimation by 5 7 year olds Cognition 78 3 B27 B40 ISAACS E B EDMONDS
9. aluations et r ducations qu on devrait utiliser en clinique Nous retournerons ces questions plus tard mais d abord discutons quelques donn es qui sugg rent que ces hypoth ses pourraient tre correctes Fondations neurologiques du sens du nombre Ce sens du nombre est t il associ des circuits corticaux sp cifiques Nous pouvons maintenant dire avec assez de confiance que oui De nombreuses tu 2 Dans ces exp riences on mesure le temps de regard pendant qu on pr sente une s rie de stimuli d habituation de la m me num rosit Ce temps diminue puisque l enfant commence s ennuyer mais d s l apparition d un nouveau stimulus de num rosit suffisamment diff rente il r augmente de fa on significative 3 Les premi res exp riences ont t critiqu es pour leur manque de contr les des param tres non num riques dans les stimuli mais le d veloppement de plusieurs m thodes de contr le de ces param tres rend difficile une explication de tous les r sultats par autre chose que la num rosit En plus des investigations r centes ont montr la source d une partie de la controverse Les enfants sont non seulement capa bles de repr senter la num rosit de fa on approximative mais ils sont aussi capables de repr senter des num rosit s de 1 3 de fa on exacte par un syst me visuo spatial servant au suivi des objets Feigenson et al 2004 Xu 2003 Le conflit entre les
10. des enfants avec des t ches r p titives mais pr sent es dans un cadre ludique et gratifiant La figure la montre un exemple des crans du pro gramme l enfant apprend choisir le plus grand de deux nombres une op ration qui fait appel au sens des Figure a Figure b Figure 1 Le logiciel La Course Aux Nombres con ue et d velopp par Anna Wilson et Stanislas Dehaene pour la r ducation de la dyscalculie a ae Anna J Wilson Dyscalculie D veloppementale L Approche Neurocognitive quantit s Lenfant effectue plusieurs centaines de choix dont la difficult est croissante et ajust e en per manence en fonction du taux de r ussite Lexemple pr sent ici montre un essai particuli rement difficile o l enfant doit choisir entre deux op rations pr sent es en chiffres arabes 4 3 et 8 6 Imm diatement apr s son choix l enfant voit chaque op ration se r aliser avec des pi ces d or Il peut donc constater de visu ce que signifient ces op rations et quelle quantit elles cor respondent Dans une seconde tape l enfant utilise ses gains pour d placer son personnage sur un plateau en tentant d viter les pi ges et de battre un ennemi pilot par l ordinateur Cette tape de d placement donne un sens concret aux nombres choisis dans l tape de com paraison et renforce encore les liens entre les nombres cardinaux les nombres ordinaux et l espace de la ligne nu
11. deux syst mes peut amener les enfants n gliger la num rosit comme crit re de s lection lorsque des petits nombres sont pr sent s a ae Anna J Wilson Dyscalculie D veloppementale L Approche Neurocognitive des en imagerie c r brale ont montr le r le d une par tie du cortex pari tal le sillon intra pari tal qui est actif dans les t ches qui font appel cette repr senta tion approximative voir Dehaene et al 2004 ou Dehaene Piazza Pinel et Cohen 2003 Ces t ches incluent des comparaisons de chiffres des estimations de num rosit des soustractions et des additions approximatives Son activation est modul e par des facteurs qui sont li s au sens du nombre tels que la taille des nombres ou la distance entre les nombres comparer et elle joue un r le dans la repr sentation des quantit s num riques quelle que soit la notation et la modalit dans lesquelles les nombres sont pr sent s Premiers liens avec la dyscalculie Est il possible que cette r gion du cerveau soit alt r e chez les dyscalculiques Chez l adulte cette r gion est effectivement fr quemment affect e lors d accidents vasculaires qui conduisent une dyscalculie acquise Butterworth 1999 Dehaene Dehaene Lambertz amp Cohen 1998 Pour la dyscalculie d veloppementale nous avons besoin de plus de donn es pour r pondre cette question mais les premi res qui viennent de populations p diatriques
12. elopp et pilot une batterie informatis e permet tant d obtenir un profil des comp tences basiques de l enfant test Cette batterie inclut des t ches non sym boliques et des mesures de temps de r action Actuel lement la batterie est con ue pour la recherche mais nous travaillons avec des collaborateurs pour en tablir une version talonn e qui permette son utilisation en clinique par des orthophonistes et des neurologues R ducation bas e sur approche neurocognitive un exemple Comment peut on r duquer une dyscalculie qui serait secondaire un sens du nombre d ficient Tel est le projet sur lequel j ai travaill avec le soutien de la fondation Fyssen Notre quipe Anna Wilson Stanis las Dehaene Laurent Cohen et David Cohen a d ve lopp un logiciel de r ducation La Course aux Nombres La conception du logiciel est inspir e de logiciels similaires qui ont t employ s dans le cadre de la dyslexie et des troubles du langage Merzenich 34 et al 1996 Tallal et al 1996 Temple et al 2003 Ces logiciels bas s sur des entra nements tr s basiques par exemple la distinction entre des phon mes pro duisent non seulement une am lioration dans la lec ture mais aussi des changements dans les activations c r brales li es la lecture Temple et al 2003 Comme ces programmes le notre est un jeu adap tatif c est dire un exercice sous forme de jeu qui entra ne
13. la dyscalcu lie Loutil de UDN II Meljac amp Lemmel 1999 le plus utilis est bas sur le mod le Piag tien et com porte des sous tests classiques qui concernent davan tage les op rations logiques que les op rations arithm tiques classification s riation conservation etc Il faut remarquer que la plupart de ces tests reposent sur un traitement verbal Un des principaux organismes d enseignement des principes de r ducation logico math matique est le GEPALM dont la perspective est galement Piag tienne Meljac 2001 Le but principal de ce papier n est pas de d battre en profondeur de la th orie Piag tienne dans le domaine du nombre ce qui a t d j fait par d autres auteurs Cependant une discussion br ve est utile pour souli gner le contexte de l approche neurocognitive Le mod le Piag tien en question Dans les derniers vingt cinq ans le mod le Piag tien a t remis en cause par la mise en vidence de capacit s num riques chez les animaux et chez les nour rissons Utilisant des m thodologies non verbales de nombreux travaux ont maintenant montr que non seu lement animaux et nourrissons sont capables de repr senter le nombre de mani re approximative mais que cette capacit met en jeu des structures c r brales simi laires entre esp ces De plus des exp riences sur la cognition num rique de l adulte ont mis en vidence le r le importante des processus non
14. m rique Ce programme est d velopp dans le cadre d un pro jet international de l OCDE qui vise mettre des outils informatiques de r ducation sur internet pour une distribution gratuite partout dans le monde La premi re tude visant tester ce logiciel a t r alis e pendant l ann e scolaire 2004 2005 Neuf enfants dyscalculiques ont particip en travaillant avec le logiciel de r ducation pendant une demi heure chaque jour pendant cinq semaines Les enfants taient test s avant et apr s leur r ducation en utili sant la battterie d crite ci dessus Les r sultats obte nus sont tr s encourageants les enfants ont am lior leurs performances dans des t ches num riques de base tels que le subitisation valuation rapide des petits nombres la comparaison de chiffres et de nuages de points et la soustraction Conclusion Le programme d crit ci dessus n est q un exemple des possibilit s de r ducation du sens du nombre Il reste prouver son efficacit en faisant une seconde tude avec un groupe contr le S il s av re efficace il serait alors possible de fa on pr ventive de proposer un tel programme chez de jeunes enfants pour d velop per leur sens du nombre et viter ainsi des troubles de calcul l cole Cette action pr ventive permettrait galement d viter l effet domino Actuellement les enfants dyscalculiques sont iden tifi s en France tr s tard no
15. particuli res sugg rent que c est peut tre le cas Isaacs Edmonds Lucas et Gadian 2001 ont en effet tudi un groupe d adolescents n s pr matur ment et ont observ que ceux qui avaient une dyscalculie avaient aussi une diminution de la mati re grise dans le sillon intra pari tal Dans une tude avec des adultes ayant un syndrome Turner asso ci a une dyscalculie Molko et al 2003 ont aussi trouv des anormalit s structurales et fonctionnelles dans le sillon intra pari tal Quelles implications pour V valuation de la dyscalculie Il reste encore du travail pour tablir un lien causal entre la repr sentation approximative des nombres localis e dans le sillon intra pari tal et la dyscalculie Mais nous avons d ja assez d informations pour envisa ger une modification des strat gies d valuation et de r ducation Ces nouvelles connaissances mettent en question le lien voqu par la th orie Piag tienne entre repr senta tion du nombre et capacit s de langage et de logique Personne ne pr tend qu une d ficience g n rale du rai sonnement logique n entrafnerait pas des troubles secondaires du calcul Mais elle devrait entra ner gale ment d autres troubles plus g n raux La question de savoir si les troubles de calcul dans ce contexte doivent tre appel s dyscalculie est d battre et d pend peut tre de l importance des autres troubles mais nous devrions au moins lui
16. rmalement apr s l age de 10 ans Les r ducations propos es ne sont pas homo g nes Meljac 2001 et n ont pas n cessairement t valu es Cette situation qui n est pas si diff rente de ce qui se passe dans la plupart des autres pays peut et devrait tre am lior e Il n est pas s r que l approche neurocognitive soit la seule solution N anmoins avec l augmentation de nos connaissances sur les bases c r brales de la repr sentation du nombre il est n cessaire que les valuations et r ducations de la dyscalculie tiennent compte de ces nouvelles donn es Remerciements L auteur tait soutenu d une bourse de la fondation Fyssen pendant l ann e 2003 2004 Merci Ghislaine Dehaene Lionel Naccache et Stanislas Dehaene pour leurs commentaires et corrig s 35 BIBLIOGRAPHIE AMERICAN PSYCHIATRIC ASSOCIATION 1994 Diagnostic and Statistical Manuel of Mental Disorders DSM IV American Psychiatric Pub ANSARI D amp KARMILOFF SMITH A 2002 Atypical trajectories of number development A neuroconstructivist perspective Trends in Cognitive Sciences 6 12 511 516 BARTH H KANWISHER N amp SPELKE E 2003 The construction of large number representa tions in adults Cognition 86 3 201 221 BUTTERWORTH B 1999 The Mathematical Brain London Macmillan BUTTERWORTH B 2003 Dyscalculia Screener London nferNelson DEHAENE S 1992 Varieties of numerical
17. s approches vari s Si cette d finition de la dyscalculie semble claire il faut avertir le lecteur que la conception et la r duca tion de la dyscalculie sont en r alit moins nettes et diff rentes travers les pays Pour prendre quelques exemples de diff rences g ographiques aux tats Unis le terme dyscalculie n est gu re utilis sa place on utilise fr quemment l expression mathematical learning disabilities dont la d finition est quasiment identique la d finition neurologique de la dyscalculie mais qui s en distingue par son identification qui repose sur des tests standardis s au spectre tr s large ex le Woodcock Johnson Ces tests ne permet tent pas d effectuer une distinction claire entre une v ritable dyscalculie et des difficult s r sultant d autres causes par exemple dues l enseignement En Angleterre un syst me similaire a t utilis mais com mence maintenant tre remplac par une approche plus cibl e et bas e sur de la recherche r cente avec l introduction au niveau national d un outil de d tec tion dyscalculia screener d velopp par le cher a ae Anna J Wilson Dyscalculie D veloppementale L Approche Neurocognitive Pr sentations r centes Wilson A J Revkin S K Dehaene S Cohen L amp Cohen D July 2005 The number race Remediation of dyscalculia using an adaptive game Poster presen ted at NUMBRA S
18. tinuent tre pr sent chez les adultes humains Barth Kanwisher amp Spelke 2003 Comment sait on que cette repr sentation est approximative et non verbale Chez les animaux et les enfants on observe que leur r ussite dans ces t ches d pend du ratio de la diff rence entre les deux num ro sit s par rapport leur taille un param tre appel frac tion de weber Le plus petit ratio susceptible d tre discrimin s am liore pendant le d veloppement Huntley Fenner 2001 L aspect non verbal de ces capacit s est bien s r vident chez les b b s qui n ont pas acquis le langage et chez les animaux Il a aussi t montr l gamment par une tude r cente Pica 32 Lemer Izard amp Dehaene 2004 sur un peuple d Ama zonie les Mundurukus qui ont un vocabulaire num rique tr s limit La langue Munduruku n a aucun mot exact pour les num rosit s au del de cinq Pourtant ces personnes sont capables de comparer des grandes quantit s avec les m mes performances que les sujets fran ais Ils peuvent galement additionner et sous traire de fa on approximative Quelles sont les cons quences de tout ceci pour la dyscalculie Maintenant que nous connaissons l exis tence de ce sens du nombre non verbal est il possi ble qu il fonctionne mal ou se d veloppe mal Est ce que ceci pourrait tre une cause de la dyscalculie Et si oui quelles en seraient les cons quences pour les v
19. ummer School Erice Italy Wilson A J Dehaene S Cohen L amp Cohen D Apr 2005 Investigating the developmental plasticity of numerical cognition using an adaptive game remedia tion program Poster presented at Annual Meeting of the Cognitive Neuroscience Society New York Wilson A J Dehaene S Cohen L amp Cohen D 2004 Dyscalcu lia Tools for Identification and Development of a Remediation Tool Talk presented at workshop on computer supported assessment and training Jyvaskyla Finland Wilson A J 2003 Remediation Software for Developmental Dys calculia OECD Brain Research and Learning Sciences Mini Sym posium on the Development of Software for Dyscalculia Paris cheur Brian Butterworth expert mondialement reconnu de la dyscalculie Butterworth 2003 En France la situation est plus compliqu e puisque le champ des troubles d apprentissage reste toujours domin par la th orie Piag tienne qui poss de sa pro pre d finition de la dyscalculie Traditionnellement l i dentification d une dyscalculie est fond sur les bases th or tiques piag tiennes selon lesquelles la dyscalcu lie est consid r e comme le r sultat d une mauvaise construction du concept du nombre du d veloppement des op rations logiques et de leur combinaisons Gr goire 2001 Meljac 2001 Cette approche a bien s r une influence sur le dia gnostic et la prise en charge r ducative de
20. verbaux et ont mon 321 tr que la logique n tait pas l aspect primordial de la repr sentation num rique Outre le d fi qu elles posent la th orie Piag tienne les nouvelles d couvertes ont servi de bases de nouveaux mod les de la cognition num rique ex But terworth 1999 Dehaene 1992 et forment aujourd hui les fondations de l approche neurocognitive de la dyscalculie Pour des revues r centes voir Ansari amp Karmiloff Smith 2002 Dehaene Molko Cohen amp Wilson 2004 Dehaene Molko amp Wilson 2004 Fei genson Dehaene amp Spelke 2004 Des comp tences non verbales Nous savons maintenant que m me les animaux contrairement a ce que pensaient les behavioristes au milieu du si cle dernier sont capables de repr senter et manipuler les nombres mais seulement de mani re approximative voir Gallistel amp Gelman 2000 pour un compte rendu Les m mes capacit s semblent tre pr sentes chez les humains d s les premiers jours de la vie Des exp riences d habituation qui permettent d tudier la cognition sans recours au langage chez le b b ou le jeune enfant ont montr que dans leur premi re ann e de vie les b b s peuvent repr senter les petites et les grandes num rosit s Starkey amp Cooper 1980 Wynn 1992 Xu amp Spelke 2000 Les b b s peuvent aussi faire des op rations approximatives additions sous tractions et ces capacit s con
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