Contraintes universitaires, visées professionnalsantes et dilemmes
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1. Enfin serait il possible de sortir de ce dilemme en prenant l autre option celle des savoirs d action Je pense que cela serait possible avec un double mouvement Il convient d abord que certains coll gues abandonnent la posture assez insultante l gard des praticiens qui consiste consid rer que les praticiens ne pensent pas qu ils ne r fl chissent pas qu il faut leur apprendre devenir des praticiens r flexifs au sens o les chercheurs r fl chissent en discourant et qu il faut leur apprendre reconna tre les b n fices de la recherche pist mique en les impliquant dans de telles recherches Evans 2007 a d fini la praxis comme tant une action pens e et finalis e autant qu une finalit pens e et agie En paraphrasant Barbier 2000 nous disons que ce n est pas parce que les chercheurs d veloppent une s mantique de l intelligibilit de l action que les praticiens ne peuvent pas construire leur tour une s mantique de l action intelligente En acceptant de consid rer qu une sensibilit pratique est aussi valide que la sensibilit th orique et que cette derni re n est pas plus 7 C est en bref ce que propose encore le Conseil Sup rieur de l ducation dans son avis de 2006 J M Van der Maren Contraintes universitaires vis es professionnalisantes et dilemmes m thodologiques 8 de 10 essentielle ni sup rieure il devient possible de permuter les r2. des discours autant que des ancrages et des productions discursives diff rentes La place et le type des donn es recueillies varient aussi selon les vis es Par exemple l infirmation ou la confirmation d une hypoth se dans une recherche nomoth tique impose une possibilit de d cision non discutable tablie avant la collecte des donn es ce qui exige un dispositif de collecte identique dans toutes les situations et une cat gorisation des donn es sans ambigu t On parle alors d un dispositif standardis et de donn es talonn es a priori Par contre lors d une recherche katano tique le chercheur ne contr le pas l avance toutes les conditions de la d couverte et doit adapter son dispositif de collecte la vari t des situations o il peut rencontrer ses informateurs En cons quence ses donn es ne sont pas homog nes tant par la forme que par le contenu et il devra apr s les avoir recueillies les traduire du langage propre chacun en un langage commun g n ralement issu de ses connaissances disciplinaires qui lui permettra de les comparer de les classer de les organiser Cette codification constitue une sorte d talonnage a posteriori On voit d s lors que la dichotomie qualitatif quantitatif est fragile lorsque seulement fond e sur la forme du mat riel recueilli paroles images vid o observations naturalistes d un c t chiffres de l autre Ce qui les distingue rel ve de deux carac
3. cette probl matisation ne puisse tre trait e que dans la perspective de la discipline ressource selon une d marche pist mique peu favorable au r investissement dans l action En outre cela conduit l tudiant devoir d penser des nergies suppl mentaires pour acqu rir les concepts th ories et m thodes de la discipline ressource de son professeur ce qui fragilise ses performances prolonge son temps d tude et conduit plusieurs l abandon Enfin le quatri me cas qui nous a pr occup s est celui d tudiants qui reviennent aux tudes apr s un bon nombre d ann es de pratique professionnelle qui souhaitent faire une recherche vis e professionnelle afin qu elle valide par le label du dipl me une intuition ou une conviction r formant les pratiques L ampleur du probl me devient souvent insoluble une fois que l intuition ou la conviction est confront e la n cessit de l instrumentaliser afin d avoir un acc s au terrain et de mettre en place un dispositif r aliste de collecte de donn es La dur e des tudes n tant pas extensible l infini ces tudiants doivent se r soudre un jour ou abandonner ou transformer le projet vis e professionnelle en un sujet d tudes de la litt rature sur la question pour n en faire qu une synth se critique les loignant d une perspective d action pour une perspective pist mique 7 Changement de posture pour sortir du dilemme
4. es par De Bruyne Herman et de Schoutheete 1971 pour les sciences sociales Or les questions paradigmatiques ne sont pas propres aux chercheurs universitaires Un paradigme pouvant tre d fini comme l ensemble de 4 l ments partag par la communaut des professionnels d un domaine de pratique savoir 1 des valeurs la conception du r le 2 des r gles de l art les normes 3 des mots et gestes les outils 4 des mani res d exprimer entre professionnels et aux autres ce qui fait la profession et ce que produit la profession Ce que De Bruyne Herman et de Schoutheete appellent un paradigme scientifique correspond aux l ments du paradigme professionnel des chercheurs dans certaines disciplines scientifiques D une part il y a d autres professions et m tiers que celle de chercheur qui partagent aussi de tels ensembles paradigmatiques et d autre part il y a d autres m tiers de chercheurs que ceux des recherches fondamentales en sciences sociales Il nous semble bien que chacun des grands domaines du savoir pose d autres questions et demande d autres r ponses chacun des p les paradigmatiques C est ce que pr sente le tableau 2 pour quatre domaines de recherche pist mique technologique pratique et artistique Dans ce tableau on retient les significations suivantes pour chacun des p les le p le ontologique traite de ce qui d finit l aboutissement des diff rentes recherches le p le s
5. p dagogie Recherches contemporaines sur le savoir des enseignants St Nicolas QC P U L Huberman M 1982 L utilisation de la recherche ducationnelle vers un mode d emploi ducation et recherche 4 2 136 152 J M Van der Maren Contraintes universitaires vis es professionnalisantes et dilemmes m thodologiques 9 de 10 Lessard H bert M Goyette G Boutin G 1997 La recherche qualitative Fondements et pratiques Montr al ditions Nouvelles Maggi B d 2000 Mani res de penser mani res d agir en ducation et en formation Paris PUF p 1 32 Van der Maren J M 2014 La recherche appliqu e pour les professionnels Bruxelles De Boeck 26 d cembre 2014 J M Van der Maren Contraintes universitaires vis es professionnalisantes et dilemmes m thodologiques 10 de 10
6. res de formation professionnelle les 35 ann es d accompagnements m thodologiques que jai pu faire aupr s de coll gues et d tudiants pendant ma carri re dans ces facult s et 1 Typicalisation forme de g n ralisation r alis e par la s lection d un cas consid r comme exemplaire type d un ensemble de cas per us globalement comme semblables C est une 3e forme d inf rence plus gestaltiste c t de l induction et de la d duction qui sont plus analytiques C est aussi la forme de raisonnement de la vie quotidienne o il se cristallise progressivement pouvant passer d un cas type un autre cas type qui le remplace parce que mieux repr sentatif de l ensemble Durand M 2006 En recherche la typicalisation se r alise par la comparaison plus ou moins syst matis e d un ensemble de cas afin d en rep rer le cas le plus typique ou de construire un cas typique par l agr gation de traits types issus de diff rents cas de cet ensemble On parle alors d analyse typologique Desgagn S 2005 J M Van der Maren Contraintes universitaires vis es professionnalisantes et dilemmes m thodologiques 1 de 10 d partements vocation professionnelle m ont conduit clarifier quelques raisons de ce hiatus Les pratiques de recherche y sont souvent calqu es sur celles d une image id alis e de la recherche fondamentale visant construire un savoir th orique alors que la mission de formation aut
7. Contraintes universitaires vis es professionnelles et dilemmes m thodologiques Jean Marie Van der Maren Professeur titulaire retrait D partement d administration et fondements de l ducation Universit de Montr al 1 Trois modes d inf rence en recherche d duction induction et typicalisation Au Qu bec dans les facult s et d partements qui ont pour mission premi re de former des professionnels de l intervention p ex ducation travail social nursing sant diverses finalit s de recherche sont appel es fonder et enrichir la pratique professionnelle Ce mouvement s accentue maintenant depuis que les organismes d accr ditation ordres comit s d agr ment renforcent l exigence d une pratique fond e sur des donn es probantes c est dire valid es par les r sultats de plusieurs recherches Une tendance lourde dans ces facult s et d partements tend privil gier la recherche dite quantitative c est dire celle dont les r sultats peuvent s exprimer par des tableaux de chiffres et tre qualifi s souvent erron ment de statistiquement significatifs Bien pr sentes mais moins favoris es on rencontre deux types de recherches dites qualitatives D une part des recherches utilisent des dispositifs adaptatifs permettant de recueillir des donn es qualitatives tout en les traitant ensuite selon diverses proc dures analytiques qui aboutissent des synth ses conceptuelle
8. Huberman d j en 1982 et des organismes qui regrettent que les praticiens n utilisent pas plus les r sultats de la recherche qui la faute Est ce seulement celle des praticiens comme semblent le sugg rer le Conseil Sup rieure de l ducation du Qu bec 2006 ou en grande partie le dilemme dans lequel se sentent pris certains chercheurs entre des formes de recherche qui assurent la notori t universitaire et leurs promotions successives dans la carri re et les formes de recherche qui peuvent avoir un cho aupr s des praticiens Quelques cas nous semblent typiques de la r solution du dilemme au d triment de la r sonance pratique des recherches Nous les avons rencontr s trop souvent dans notre carri re de 35 ann es d accompagnement m thodologiques de coll gues ou de leurs tudiants Le premier cas est constitu de coll gues venant des disciplines ressources qui sont engag s dans des d partements vocation professionnelle qui empruntent les probl mes aux situations professionnelles et qui les probl matisent dans le jargon et avec les m thodes de leur discipline d origine Au d but de leur carri re cela peut se comprendre mais plus loin dans la carri re cela s accepte moins quand on remarque que leur choix est dict par le souci d tre reconnu dans les colloques et congr s non pas du lieu o ils sont engag s et pay s mais de leur discipline d origine Le deuxi me cas est aussi repr sent p
9. ant que la demande des milieux professionnels r clament des recherches visant des savoirs technologiques et des savoirs pratiques De plus ces formations et milieux ne peuvent adopter les propositions issues des recherches que si elles ont t construites partir de dispositifs de recherche au moins semblables sinon identiques aux dispositifs des pratiques du terrain professionnel PENS E PAROLE vs ACTION Domaine du savoir selon Aristote TH ORIQUE pist m TECHNOLOGIQUE techn PRATIQUE phron sis PART F PRE S Nomoth tique Katano tique Ing nierie Ing nierie Artisanat mat riel Intervention Arts productions humaine mat rielle relationnelle Expliquer les Comprendre Application de Application de Savoir outils Comp tence et Inspiration amp relations causales le sens la th ories th ories la astuces et jurisprudence pour performance vers structure l histoire la r gulation production habilet s pour la la gestion de la cr ation fabrication l interaction Exp rimentation Quasi valuation application R amp D Observation clinique de situations critiques exp rimentation Processus produit D monstration exemplaire essais erreurs Donn es Donn es Donn es Donn es quantitatives qualitatives quantitatives et qualitatives qualitatives Cognitivisme Herm neutique Technologie amp Technologie amp Culture du m tier thique de la Esth tique icono socio phenom no syst mes humains syst m
10. ar quelques tudiants de 3e cycle et par des coll gues issus des milieux de pratiques professionnelles o leur excellence a t remarqu e et 6 L expression disciplines ressources est de Marc Bru dans Donnay et Bru 2002 p 134 Au Qu bec on dit plus souvent disciplines contributives J M Van der Maren Contraintes universitaires vis es professionnalisantes et dilemmes m thodologiques 7 de 10 fut le motif de la poursuite des tudes au 3e cycle ou de leur engagement dans un d partement professionnel Cependant l effet promotion sociale de leur engagement au 3e cycle ou comme professeur dans une universit les conduit s extraire des probl mes de leur premier m tier d consid rer les probl matiques de l action et se laisser s duire par l aura des disciplines contributives et par la hauteur discursive des probl matisations th oriques qu elles permettent Le troisi me cas trop fr quent de mon point de vue est celui d tudiants retournant aux tudes de 2e ou 3e cycle apr s quelques ann es de pratique professionnelle Or tout en souhaitant r aliser une recherche qu ils pourraient r investir dans une pratique professionnelle ils se laissent diriger ou n ont pas le choix d tre dirig s par un professeur type des deux cas pr c dent Alors que ce professeur se dit int ress par le probl me avanc par l tudiant il l oriente et lui reformule le probl me de telle sorte que
11. blic auquel ces recherches sont destin es car c est la soci t le public d une culture professionnelle donn e acteurs ou futurs acteurs de cette profession qui valide les r ponses qui les accepte Si un chercheur cr ateur ou un chercheur formateur veut que son travail de recherche soit estim il devra souscrire aux r ponses paradigmatiques non seulement dans les limites commun ment partag es ou acceptables par son groupe mais aussi et surtout dans les limites tol r es sinon attendues par le public vis QUESTIONS PARADIGMATIQUES AUX DISCIPLINES J M VAN der MAREN novembre 2014 P les PIST MIQUES TECHNIQUES PRATIQUES ARTISTIQUES NOMOTH TIQUES causalit P action fabrication KATANO TIQUES sens TORENS production intervention Ontologique pist mologie Quelle est la Fonctionnalit le proc d le thique De quelles valeurs de Artistique quelles variations r ponse admissible aux produit fonctionne t il de quelles responsabilit s tonnantes et enchanteresses questions du rapport des mani re efficace moindre co t t moigner qui organisent et produire pour tre et rester hypoth ses la r alit moindre erreur rendent l gitime l action unique et admir S mantique Th or tique Quelle pr cision Op rativit les instructions Esth tique Quelles mani res Icono sc nique quelle et coh rence et consistance sont elles claires simples faciles d agir
12. de r gle a priori qui sert arbitrer le jugement de chacun des codeurs C est pour tenter de r soudre cette difficult que furent propos es des proc dures m thodologiques qui encadrent la codification et tentent d apporter une r ponse satisfaisante la question de la validit du codage ou de l talonnage a posteriori Or ces proc dures ne seront ais ment discutables que dans le cas o les donn es qualitatives subiraient un traitement analytique bien document dans lequel les sauts inductifs sont r duits Il n en va pas de m me lorsque le traitement des donn es s effectue par typicalisation lorsque l essentiel de la d marche consiste relever les configurations de situations ou d v nements qui renvoient de mani re typique et globale la dynamique sous jacente d un concept ou d une association de concepts comme un cas illustrant ces concepts de mani re exemplaire Lorsque de telles m thodologies sont suivies l explicitation des bases sur lesquelles la typicalisation a t effectu e c est dire l identification des cl s de similitude entre configurations et concepts n est pas toujours claire et est trop souvent d fendue par les J M Van der Maren Contraintes universitaires vis es professionnalisantes et dilemmes m thodologiques 4 de 10 chercheurs en se r f rant une th orie de l interpr tation que l on ne peut qu accepter ou rejeter Il en d coule qu un certain nombre de
13. elationnelle traitant des comp tences et de la jurisprudence impliqu es dans 2 Certains comme Clermont Gauthier incluent dans la phron sis autant la sagesse que la ruse et la jurisprudence cfr Gauthier et coll 1977 Pour une th orie de la p dagogie PUL J M Van der Maren Contraintes universitaires vis es professionnalisantes et dilemmes m thodologiques 2 de 10 l interaction humaine et 3 la production artistique cherchant les conditions de l inspiration et de la performance aboutissant la cr ation La d marche privil gi e du nomoth tique est l exp rimentation appuy e sur la rationalit et les sciences cognitives celle du katano tique est la quasi exp rimentation associ e une th orie de l interpr tation issue de la ph nom nologie ou de l interactionnisme La d marche privil gi e par le technologique est l valuation dans une perspective processus produit et s appuie sur une th orie des syst mes humains souples ou des syst mes objets durs La d marche impliqu e par les savoirs pratiques est l observation clinique de situations critiques et de situations exemplaires observation situ e dans une culture du m tier dans une thique de la profession ou dans une esth tique iconosc nique 3 Diff rences entre les donn es quantitatives et qualitatives Tel qu on vient de les diff rencier les trois domaines du savoir et les sept vis es disciplinaires requi rent des d marches
14. es objets et savoirs d action profession et sc nique psychologique interactionniste syst mes syst mes durs fabrication savoirs souples relationnels Tableau 1 Les domaines du savoir les vis es de recherche leurs d marches et leurs discours Aristote avait distingu trois domaines de savoir le th orique pist m le technique techn et la sagesse pratique phron sis Ces trois domaines du savoir se sont diversifi s actuellement en sept grandes orientations disciplinaires sur les campus lorsque l on envisage la vis e des discours qui y sont produits Le th orique recouvre deux vis es de recherche 1 l laboration et la validation de lois causales permettant de pr dire le futur partir d une connaissance du pr sent la recherche homoth tique 2 l laboration du sens attribuable au pr sent partir du d voilement de ses origines dans un pass autant proche que lointain la recherche katano tique Le technologique se d cline essentiellement en deux vis es 1 l ing nierie humaine visant l application de th ories la r gulation des individus et des soci t s 2 l ing nierie mat rielle visant l application de th ories la production industrielle de biens Le savoir pratique se d cline en trois vis es de recherche 1 l artisanat mat riel recouvrant la mise au point des savoirs outils et des habilet s pour la fabrication d objet d usage 2 l intervention r
15. iori et issues d un dispositif de collecte adaptatif tout le processus d homog n isation de donn es pr sentant un format variable se fera apr s leur transcription passage de l oral ou du visuel un format textuel analysable et la v rification de la fid lit de cette transcription D une mani re g n rale cet talonnage a posteriori qui transpose les expressions singuli res en un syst me commun d expression consiste l identification de termes plus g n raux plus conceptuels et moins anecdotiques permettant de r unir sous une m me tiquette des expressions vari es se rapportant une signification commune C est la fonction de la codification qui proc de la mani re d une classification ascendante par laquelle des expressions personnelles particuli res ayant des significations similaires se trouvent r unies Le probl me majeur de ce processus de transposition d expressions particuli res en un syst me commun de repr sentation g n ralement conceptuel tient au fait que le chercheur ne dispose pas d une r gle de transposition admise par tous C est un premier niveau d interpr tation o l tiquetage des expressions ne trouve sa validit que dans le consensus de chercheurs qui codent et se recodent de la m me mani re La codification ne serait valide th oriquement et id alement que lorsque les codifications co ncident Mais peuvent elles co ncider compl tement puisqu il n y a pas
16. le probl matisent et le concluent dans une perspective et avec une terminologie forte connotation pist mique qui sert leur dossier universitaire mais co ncide peu avec les attentes du terrain L origine de nos d partements dans la seconde moiti du XXe si cle peut servir d excuse ou de circonstance att nuante ces situations Lors de la transplantation des formations des coles professionnelles vers les d partements universitaires la qu te d une respectabilit universitaire des nouveaux d partements vocation professionnelle a pouss les d canats recruter des enseignants porteurs de doctorats de 3e cycle venant des disciplines ressources plus anciennes sur les campus et o ces dipl mes existaient d j Il fut alors normal que les mod les de recherche que ces premiers professeurs utilis rent fussent ceux qu ils avaient appris dans leur formation disciplinaire En outre l obtention de bonnes subventions de recherche a renforc la pertinence des choix pist miques et de la reformulation des probl mes issus du terrain C tait une attitude strat gique par rapport aux organismes dont les jurys n taient pas sp cifiques aux nouvelles disciplines et qui taient constitu s en grande partie de coll gues venant des disciplines ressources Si cela pouvait s admettre 1l y a un demi si cle on constate que la situation semble perdurer comme le remarquent r guli rement des chercheurs par exemple
17. les en pla ant la recherche au service de la pratique d accepter que la formulation des probl mes de l activit pratique avec les mots des praticiens est une base suffisante pour entreprendre une recherche et d adopter les dispositifs utilis s dans la pratique comme outils n cessaires et suffisants pour la collecte de donn es valides Ensuite partant de la terminologie de la pratique et recourant ses dispositifs l analyse des donn es peut aussi se r aliser partir des explicitations et des r flexions qu en font les praticiens quand ils sont confront s aux traces de leur activit et aux commentaires qu en font d autres praticiens S ouvre ainsi une possibilit d changes et de d bat entre praticiens autour de l identification des ressorts de l activit et de l ventail des solutions possibles aux probl mes de la pratique les chercheurs tenant une fonction de catalyseur et synth tiseur de la discussion Cette d marche n aboutit pas moins des r sultats pr tention scientifique justifi e toute l laboration de la production proc dant ainsi par la confrontation avec des pairs qui ont le pouvoir de discuter la valeur des traces et de leurs interpr tations de proposer d autres hypoth ses autant que d en tenir compte et de montrer les limites de la d marche et du produit En poursuivant la d marche ainsi esquiss e les chercheurs et les praticiens pourront ensemble tre les co constructeur
18. mantique pr cise les exigences de l expression du produit des recherches le p le technique identifie les outils permettant la r alisation des recherches le p le rh torique traite des modes de diffusion des 4 Le Livre de Desgagn 2006 est remarquable en ce sens qu il illustre la pertinence de telles recherches pour la formation professionnelle et qu il est un des trop rares auteurs d tailler la proc dure de construction de types et des r cits 5 Ce sont les m mes questions paradigmatiques qui servent de charpente l ouvrage de Lessard H bert M Goyette G Boutin G 1997 La recherche qualitative Fondements et pratiques Montr al ditions Nouvelles J M Van der Maren Contraintes universitaires vis es professionnalisantes et dilemmes m thodologiques 5 de 10 recherches et pour finir ce qui est not sous le terme effectivit renvoie aux mots cl s qui r sument la vis e essentielle de chacune des pratiques de recherche Lorsqu on examine quelles sont les questions qui se posent pour chacun des cinq p les les lignes du tableau 2 aux quatre domaines pist mique technique pratique et artistique les colonnes du tableau il me semble vident que les recherches entreprises ne peuvent pas vouloir se situer dans un domaine tout en r pondant aux questions d un autre domaine Or les r ponses aux cinq p les produites par les chercheurs de chacun des domaines doivent correspondre aux attentes du pu
19. quelles r gles de l art organisation arrangement doivent avoir entre eux les pr cises et compl tes pour respecter pour que l action soit dynamique icono sc nique concepts pour que les disscours assurer le succ s de l utilisation reconnue comme exprime le projet personnel soient admis comme th ories professionnelle artistique captivant l audience Technique Instrumentation Quelles Cahier des charges et Pragmatique Quels usages Performance Quelle ma trise et collaboration des savoirs techniques mat riels et humains faut il disposer pour r aliser le projet artistique Accessibilit les ressources et les moyens indispensables la mise en oeuvre sont ils accessibles un co t acceptable inscriptions donn es analyse traitements sont efficaces permettent de fournir et de soutenir des hypoth ses sp cifiques des outils g n raux et sp cifiques du m tier permettent l efficacit et l efficience de l action Rh torique Communication Quelles Publicit Les arguments de la Sc narisation Quelles Exposition quels lieux formes de pr sentation doivent pr sentation rendent ils le mani res d intervenir de moments et organisations des exprimer et soutenir les produit d sirable et acceptable montrer l action et d en pr sentations mettre en place hypoth ses formules tableaux adoptable parler indiquent sa recevabilit pour exhiber une production la graphiques illust
20. ques 3 de 10 une certitude Ensuite celui qui revendique le titre de scientifique devrait t moigner pour ses travaux et ceux des autres des attitudes de doute de scepticisme d ouverture au d bat et la discussion d coute et de prise en consid ration des objections venant de la r alit ou des autres Corr lativement les r sultats et les conclusions doivent tre testables et r futables tout en respectant l exigence de la double coh rence Van der Maren 2014 p 19 Selon celle ci le chercheur ne peut pas prot ger la th orie qu il d fend en excluant de la v rification les faits qui infirment la th orie en les appelant des exceptions alors que cette th orie est cens e rendre compte de l ensemble de la situation dont ces faits font partie La situation des protocoles exp rimentaux comportant des dispositifs standardis s et des donn es talonn es a priori para t plus clairement favorable des discussions pouvant se r soudre par une adoption ou un rejet rationnel dans la mesure o les l ments du dispositif et la signification des donn es talonn es sont sans ambigu t on peut facilement les contester et proposer d autres interpr tations Ces recherches satisfont donc assez facilement ce crit re de scientificit La situation des recherches avec donn es qualitatives est moins claire En effet dans les cas o le mod le de recherche privil gie des donn es qualitatives non talonn es a pr
21. rations par des et sa contribution la fois personnelle et culturelle extraits par des vid os respectabilit du m tier reconnue comme telle Effectivit Vraisemblance f Signifiance Efficacit Efficience tonnement enchanteur Tableau 2 Les questions paradigmatiques pos es aux disciplines pist miques techniques pratiques et artistiques 6 Choix et glissements m thodologiques Ce dilemme m thodologique largement pr sent dans nos d partements interpelle la responsabilit de plus d un chercheur quant aux commanditaires de leur engagement professionnel Car le peu de r sonance de nombreuses recherches universitaires dans les milieux de pratique professionnelle tient la faible correspondance des questions et r ponses J M Van der Maren Contraintes universitaires vis es professionnalisantes et dilemmes m thodologiques 6de 10 paradigmatiques des recherches avec les questions et r ponses paradigmatiques des formations professionnelles dans lesquelles les chercheurs interviennent Comme nous le sugg rions plus haut on constate que plusieurs qui furent engag s pour leur contribution la formation entre autres parce qu ils avaient l exp rience du terrain de la pratique professionnelle ne s engagent que dans des recherches manifestement pist miques D autres r alisent des recherches partir d un probl me des domaines techniques pratiques ou artistiques mais ils le reformulent ils
22. s d une pr sentation explicitant l intelligence de l action Enfin les nombreux chercheurs qui se r clament du socioconstructivisme pourront vraiment dire que ce faisant ils le r alisent plut t qu ils ne le proclament R f rences bibliographiques Barbier J M 2000 S mantique de l action et s mantique de l intelligibilit de l action Le cas de la formation In Maggi B 2000 Mani res de penser mani res d agir en ducation et en formation Paris PUF p 89 104 Conseil sup rieur de l ducation du Qu bec Le dialogue entre la recherche et la pratique en ducation une cl pour la r ussite Qu bec mars 2006 De Bruyne P Herman J de Schoutheete H 1971 Dynamique de la recherche en sciences sociales Paris PUF Desgagn S 2005 R cits exemplaires de pratique enseignante Analyse typologique Sainte Foy Qc Presses de l Universit dey Qu bec Donnay et Bru 2002 Recherches pratiques et savoirs en ducation Bruxelles De Boeck Durand M 2006 Typicalisation et d veloppement de l exp rience in Activit s et formation Carnets des sciences de l ducation novembre 2006 p 51 56 http www unige ch fapse publications ssed files 5114 1572 5502 Durand carnet 2006 pdf Evans R 2007 Existing practice is not the template Educational Researcher 36 p 553 559 Gauthier C Desbiens J F Malo A Martineau S et Simard D 1977 Pour une th orie de la
23. s parfois appuy es par des tableaux et des analyses statistiques non param triques D autre part quelques chercheurs soutiennent avec acharnement une position inverse privil giant une recherche dite qualitative en r alit plus philosophique ou litt raire ils recueillent aussi leurs donn es par des dispositifs adaptatifs mais ils proc dent plus par typicalisation que par induction analytique Or ce dernier type de recherche souvent justifi par des a priori anti positivistes ou naturalistes produit des discours qui n arrivent pas plus que celles qui suivent des proc dures analytiques obtenir l coute des praticiens En effet au del de ces oppositions m thodologiques qui se campent dans des luttes de pouvoir pour obtenir des subventions et recruter les meilleurs tudiants au nom de soi disant postures pist mologiques mais en fait id ologiques un oeil critique observe que dans bien des cas ni l une ni l autre de ces trois grandes orientations m thodologiques ne parvient remplir ad quatement la mission qui leur est attribu e dans la mesure o elle devrait tre arrim e la mission premi re des d partements et facult la formation de professionnels de l intervention dont les pratiques seront fond es sur des donn es probantes 2 Au moins trois domaines de savoir th orique technologique pratique Cela tant pos en revenant au d faut d arrimage des recherches avec les missions premi
24. t ristiques voqu es le dispositif de collecte des donn es quantitatives est standardis et les donn es sont talonn es a priori alors que le dispositif de collecte des donn es qualitatives est adaptatif et qu en cons quence m me lorsqu elles sont trait es de mani re analytique ces donn es sont talonn es a posteriori 4 Scientificit des dispositifs non standardis s Cela va poser le probl me de la scientificit des recherches dites qualitatives par rapport aux recherches quantitatives et cela plus particuli rement par rapport au crit re de la production issue de la recherche En effet nous d limitons la scientificit partir de deux crit res D abord toute recherche scientifique ne peut produire que des hypoth ses c est dire que les interpr tations de ses r sultats ses conclusions ne sont ni des absolus ni des v rit s mais seulement des nonc s contestables provisoires relatifs une probl matique et son cadre th orique ou conceptuel conditionnels d pendant du dispositif de recherche et conjecturaux des paris probables pris partir d un chantillon de tout ce qu il aurait fallu faire pour obtenir 3 Nous pr sentons de mani re plus explicite des exigences aux pages 17 19 de notre livre La recherche appliqu e pour les professionnels 3e dition De Boeck 2014 J M Van der Maren Contraintes universitaires vis es professionnalisantes et dilemmes m thodologi
25. travaux men s dans nos d partements ne sont certainement pas qualifiables de scientifiques ce qui n emp che nullement qu ils nous en apprennent beaucoup sur l tre humain sur l engagement professionnel Sans tre scientifiques ils ont leur place dans nos d partements car ils fournissent des r cits exemplaires tr s pertinents et utiles pour la formation et le perfectionnement des praticiens non pas parce qu ils apportent des donn es probantes fondant les pratiques professionnelles mais parce qu ils offrent des pistes de r flexion sur les aspects plus philosophiques thiques et culturels dans lesquels s inscrivent les pratiques et qu ils mettent en relief la prudence les ruses et la jurisprudence avec lesquelles les praticiens g rent les situations critiques et d licates 5 Quatre paradigmes pist mique technologique pratique et artistique Comme nous l avons dit en commen ant le probl me n est pas tant l identification des domaines et des finalit s des recherches que l orientation et la formulation de leurs conclusions par rapport la mission de formation professionnelle En effet dans une majorit des productions issues de nos d partements quelles que soient leurs finalit s et leurs d marches on constate que la forme des pr sentations et des formulations r pondent bien plus aux questions paradigmatiques de la profession tr s universitaire de chercheur des disciplines ressources identifi
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