Immanence littéraire et thématique Aujourd`hui où l`attention
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1. Mais il faut pouvoir discerner les meilleurs points d entr e dans ce r seau la vedette n est qu un de ces points d entr e pr sum lexicaliser synth tiquement le th me que l on cherche d crire 2001 pp 206 7 regrettais ces grandes vagues de saphir ces ob lisques de glace ces chaos verts et azur s qui sont une des merveilles des Pyr n es etc l interrogation de banques textuelles d passant cette monographie en relativise l originalit car elle r v le combien le genre narratif contemporain de Russell de Balzac Gautier Sand Verne et Zola n tait pas avare de cette pierrerie esth tisante telle qu elle tait chant e aussi dans le corpus po tique remontant du romantisme la p trification pr cieuse de type p trarquiste pour le blason de la femme aim e Puisque tu veux dompter les si cles tout perdants Par le rare portrait de ses gr ces divines Frise de chrysolits ses tempes ivoirines Fais de corail sa l vre et de perle ses dents Fais ses yeux de cristal y pla ant au dedans Un cercle de saphirs et d meraudes fines Puis musse dans ces ronds les emb ches mutines De mille amours taill s sur deux rubis ardents Fais d alb tre son sein etc Bref le relev d occurrences des donn es lexicales ne constitue un indice qu en tant rapport un genre Il suppose un tri pour ne retenir que les donn es qui concordent avec cette topique litt raire laquelle contredit donc2. accumule en eux des l ments s miques nombreux d notatifs mais surtout connotatifs tel notamment ce s me laristocratie aff rent aux noms propres termin s en longues finales muettes dont Guermantes est l embl me comme le rappelle J Milly qui commence ainsi son article avant de le poursuivre sur le rapport cratyl en d imitation qui unit de tels signifi s avec des signifiants sonores phon mes et syllabes 1974 p 65 La vis e n y est pas explicitement g n tique m me s il est question de Proust se pastichant lui m me C est au cours d une table ronde laquelle Barthes participe que Genette pose le principe g n tique du caract re volutif de l uvre de Proust de cette succession ininterrompue d tats divers d un m me texte depuis Les Plaisirs et les Jours jusqu au Temps retrouv afin de passer une herm neutique nouvelle qui serait syntagmatique je veux dire qu il ne suffit plus avec Proust de noter des r currences de motifs et d tablir partir de ces r p titions par empilement et homologation des objets th matiques dont on dressera ensuite le r seau id al selon une m thode dont Ch Mauron a donn la version la plus explicite mais qui est au fond de toute critique th matique Il faut aussi tenir compte des effets de distance ou de proximit bref de place dans le texte entre les divers l ments de contenu 1975 pp 91 2 Si lors de cette table ronde J P Richard ad
3. En effet bien qu il d finisse l adjectif th matique comme quivalent de qui porte sur le contenu p 141 Genette ne dissocie pas cette tude des signifi s ou contenus p 140 du point de vue ph nom nologique et psychologique f t il structural La m taphore musicale qu il reprend du couple th me variations ne suffit pas elle non plus pour appr hender la variance des occurrences dispers es p 141 A lui comme Richard pour Mallarm il manque une th orie contextuelle du sens linguistique I Th matique et g n tique Si l on prend le cas particulier du texte in statu nascendi comme disent les g n ticiens litt raires faut il voir une antinomie entre l immanence du texte d finitif et la transcendance du Sujet crivant auteur scripteur qui fait recourir aux brouillons ant rieurs A Compagnon 1992 pp 59 60 n h sitait pas opposer la critique g n tique une critique de type philosophique ou encore une critique narratologique ou structuraliste pour laquelle le texte est le texte expliquer dans son immanence ind pendamment du contexte et de l histoire Toutes ces variantes ces transformations mettent en cause l id e re ue de la 5 Cf ibid p 15 son rejet de l unicit vs l infinit d cr t es a priori Ainsi postuler un sens fondamental immanent ne limite pas plus la diversit des lectures structurales que postuler un sens pluriel en fait transcendant n vite l
4. comme ces liens co occurrentiels dont parle Kastberg n acqui rent de sens qu une fois resitu s dans leurs contextes verbaux respectifs Nous persistons croire que cette seconde op ration dans l ordre des priorit s doit avoir la primaut in fine pour m riter le qualificatif de th matique au del de son acception statistique dans la commande du logiciel Certes on a l une base fiable partir de laquelle peut commencer l interrogation des contextes d attestations de ces substantifs en r seau Les associations lexicales tant justifi es par les calculs peut d buter l enqu te qualitative sur la nature des corr lations textuelles Ainsi pour reprendre l exemple de l ouvrage num ris de Russell que l on a cit le pr cieux environnement th matique que fournit Hyperbase par ordre hi rarchique d croissant pour le m me p le ciel consiste en une liste dans laquelle la normalit des relations m tonymique sollicite moins l int r t du lecteur que l originalit de certains corr lats le premier tant par exemple per ant 7 Ecart Corpus Mot 4 16 20 FUM E 3 56 15 FL CHE L int r t majeur du logiciel est qu il fournit d un clic via un concordancier tous les contextes d attestation Pour Russell ceux ci explicitent la relation violente entre pic terrestre et surface c leste selon le topos d un glaive ang lique le fier Mont Perdu couvert de neige et la pointe nue mais orgueilleuse aussi
5. est les nommer mais ces sens nomm s sont emport s vers d autres noms je nomme je d nomme je renomme ainsi passe le texte 1970 p 17 Soit un plaidoyer pour le fuyant lexical qui aboutissait la conception d une th matique infinie proie d une nomination sans fin laquelle se trouve de fait perfectiv e par la fatalit d un coup de d s qui arr te et fixe le glissement des noms c est la th matique ibid p 100 Mais au del de la paire traditionnelle objectivit vs subjectivit lesquelles sont toutes deux des imaginaires ibid p 17 c est la syst matique du sens textuel qui doit s imposer la lecture par cet outil n cessaire qu est la connotation cela condition de ne pas la confondre avec l association d id es celle ci renvoie au syst me d un sujet celle l est une corr lation immanente au x texte s ou encore si l on veut c est une association op r e par le texte sujet l int rieur de son propre syst me ibid pp 14 15 Revenons Genette La transcendance qu il revendique ressortit au vocabulaire philosophique Il objecte ainsi que pr diquer nommer un objet c est toujours l assigner une classe la relation au singulier comme tel est toujours indicible elle ne se dit qu en se g n ralisant toute critique litt raire ou artistique et plus g n ralement encore toute relation esth tique en tant qu elle identifie ses objets c e
6. f t 1l freudien mais aussi du d terminisme d une r alit concr te extra textuelle celui l m me qui imposerait d aller voir in situ les lieux normands et bretons pour v rifier la perception auditive visuelle telle que le narrateur en fait tat dans les brouillons Enfin la s mantique interpr tative a permis F Rastier d approfondir les parcours interpr tatifs de l avant texte d H rodias 1992 1997 gr ce sa th orie de l isotopie con ue comme effet de la r currence d un m me s me 1987 De l la red finition d une notion litt raire tr s psychologis e chez Richard Mauron etc on nomme th me une structure stable de traits s mantiques ou s mes r currente dans un corpus et susceptible de lexicalisations diverses 2001 p 197 En sorte que le d terminisme change de camp par les contraintes qu exercent les diverses r critures successives sur une impression r f rentielle du fait qu elles engendrent chaque fois de nouvelles images mentales Ainsi pour reprendre l exemple de l audition color e chez Proust le texte final propose Coutances cath drale normande que sa diphtongue finale grasse et jaunissante couronne par une tour de beurre il se distingue du premier jet Cahier 29 in Qu mar p 78 par l abandon du s me taillant Coutances dont le grand nom m lancolique coupait le ciel comme un couteau avec ce reflet dor de sa derni re syllabe un peu soleil coucha
7. me isotop s actualisent dans le cadre d une s lection contrainte par le texte ce qui et notamment le th me majeur de Sens et textualit ces cat gories n en restent pas moins exog nes et projet es partir de descriptions du lexique sur le vocabulaire Comme telles utiles et n cessaires elles n en sont pas pour autant suffisantes pour d crire mod liser et grammatiser la r ticulation mat rielle d un texte singulier Les cat gories de l isotopie ne sauraient jamais se substituer la formalisation descriptive des singularit s s mantiques du texte l tude dont la collocation g n ralis e nous semble une phase cruciale Descriptive cette formalisation n en est pas moins une op ration interpr tative premi re celle o le texte s interpr te en quelque sorte lui m me se d ploie se restructure et objective les lignes de force de son vocabulaire p 78 A travers cette auto g n ration le recours la configuration isotropique fait ressurgir le mythe positiviste selon lequel le statut des unit s du texte est endog ne p 81 elles qui proc dent par champs qui interagissent p 82 et qui se pr sentent sous forme de vocables d contextualis s Mais pourquoi cette r ticulation tabulaire et non lin aire devait elle rel guer l exog ne la constitution de r seaux associatifs fond s sur la notion d isotopie laquelle r clame un minimum de lin arisation de s quentialit dit Viprey du fait
8. on embl matique la critique biographique recourant l alibi de type id ologique psychologique ou sociologique Ou plus largement la critique universitaire d un Sainte Beuve Taine Lanson mais aussi freudo marxiste d un Mauron ou d un Goldmann qui recourt l ailleurs de l inconscient ou de l appartenance sociale p 137 jusqu la po tique qui vise travers les uvres singuli res des essences g n riques d lib r ment trans op rales p 149 telle l nigmatique Litt rarit Et d autre part la critique immanente organiciste internaliste ph nom nologique compr hensive par la description au plus l interpr tation des seuls traits internes et de leurs rapports r ciproques p 132 Il s agit de la Nouvelle Critique de Richard Spitzer Poulet Starobinski Barthes et d j Proust Parce qu elle est structurale elle implique cl ture et cherche ce qui est d ordre invariant p 141 travers le rep rage de constantes th matiques Au nom de la maxime le style c est l homme le texte est oubli au profit de l auteur Laquelle bizarrement n est pas appel e critique transcendante comme elle le devrait p 131 3 Citant Proust Genette rappelle pourquoi Poulet avait raison de le consid rer comme le fondateur de la critique th matique p 142 la premi re t che de la critique qui se 2 psychologiques d un r seau organis d obsessions p 133 f le th me es
9. un mot p le l int rieur d un corpus permettent non seulement de comparer diff rents calculs statistiques mais fournissent aussi des preuves quant la solidit de ces analyses Les r sultats sont en effet souvent tr s semblables et la compl tude des diff rentes tudes constitue une base solide pour l tude des isotopies et des collocations dans un texte N anmoins si le traitement statistique des occurrences d un corpus permet d en faire une description formelle le traitement statistique co occurrentiel et de la prox mie d items lexicaux nous fait franchir un palier important permettant de basculer vers la s mantique et la phras ologie C est pourquoi cette technique s av re constituer un atout pr cieux pour l analyse s mantique d un texte c est en pr cisant aussit t qu au del de la phras ologie l enqu te th matique sur les contextes d attestation constitue l essentiel d une approche qui n accepte les qualificatifs d immanente et d endog ne que dans le cadre de la s mantique interpr tative C est cette condition que le continu du sens textuel dont parle Viprey ne peut tre atteint R f rences Adam J M 2006 Autour du concept de texte Pour un dialogue des disciplines de l analyse des donn es textuelles J A D T Barthes R 1967 Proust et les Noms Nouveaux essais critiques Seuil Points 1980 Barthes R 1970 S Z Seuil Points 1991 texte et la fr que
10. d un trajet mental simul sur cran par des parcours hypertextuels Or pareille posture tonnamment antiherm neutique puisque n e de l volution de disciplines du sens comme la philologie la critique et la po tique ibid pp 64 5 laisse toute sa place une g n tique fond e sur la s mantique du texte dont l effort d objectivation du sens demeure sinon scientifique du moins rationnel Et comme le posait R Debray Genette non seulement il y aurait compatibilit entre la cl ture de la po tique narrative et l arbitraire le hasard les variations qui hantent la g n tique textuelle mais le texte d finitif comporte de fa on h t rog ne des passages conserv s depuis le premier jet et d autres retravaill s 1977 p 21 Bref cela incline conclure qu il est d licat et peu int ressant de savoir quel crit extrait ou unit textuelle est le plus proche de la source nonciative Seule la concomitance des th ories de l nonciation et de la pragmatique avec l essor des travaux de g n tique depuis les ann es 80 semble justifier la nouvelle alliance de ce secteur de la linguistique avec cette approche de la gen se litt raire Nous pr tendons que l alliance peut aussi se fonder sur une s mantique qui diff re de tels mod les d terministes Si comme le pr tend Compagnon l inach vement textuel voire la d construction accueille la contingence et l ind terminisme 1992 p 61 tout L
11. du Cotieilla per ant l ardente vapeur du ciel d Espagne comme un norme V suve teint ou le g nie morose des sables Je revoyais l horizon dans une clart extraordinaire les Pyr n es per ant de leurs st rilit s neigeuses l azur presque tropical du ciel je souffrais d tre si bas Enfin l Est per ant le ciel comme un poignard la pyramide dentel e des Corvettas blouit toute la r gion par sa blancheur Sans doute on n y voit pas comme dans les Alpes des aiguilles a riennes des fl ches vertigineuses dominant leurs voisines de mille m tres des pyramides et des chaos de glace qui semblent des Icebergs chou s au milieu de l Europe des ob lisques de quatre mille m tres per ant le ciel comme des paratonnerres ou des poignards Embl mes sacr s de l innocence per ant les nues et dominant la terre enti re ces grandes masses blanches symbolisent nos lans nos ascensions morales vers l Infini vers l Id al autrement dit vers Dieu Per ant peine un nuage cr pusculaire et jaune avec lequel se confondaient au loin des plages bourbeuses une esp ce de soleil apparaissait vaguement dans le brouillard et la fum e qui s chappait de longues chemin es grises et solitaires dont on cherchait en vain la base Une seule occurrence transf re l acuit la vision C est une image de l infini car l il le plus per ant ne saurait distinguer dans une immensit si ind cise le point de contact entre
12. la pure d marche inductive D s sa lecture dans le concordancier le nom de joyau ainsi th matis perd sa restriction positiviste celle l m me dans les sciences du langage laquelle s en tient le courant scientiste et la tradition logico grammaticale Rastier 2001 p 5 Ce mythe de la d marche inductive fond e sur des donn es endog nes fournies par un ordinateur qui balayerait le corpus de fa on autonome perdure aujourd hui chez Adam qui d nigre le concept encore trop rudimentaire d isotopie J M Viprey montre que la co occurrence ou la collocation chez Halliday et Hasan ou chez Harris est un facteur primordial de textualit 2006 p 5 ces marques dont Rastier avait d j soulign les insuffisances pour expliquer la coh sion s mantique d un texte La notion de texture propos e par Halliday et Hasan montre bien les limites d une approche linguistique discr tement positiviste 1994 b Ainsi Viprey prenant l exemple d un roman balzacien propose d y tudier le th me financier de la vente en laissant le logiciel imposer une liste de vocables formant un ensemble micro distributionnel dont la co occurrence interne est r gl e par la m thode statistique de l analyse factorielle Il explicite Les relations lexicales ainsi cartographi es cartographie des vocables les plus occurrents la proximit entre les items figure leur parent de profils collocatifs j ai propos de les d signer s
13. plut t que syntagmatique quantitative plut t que qualitative l ordinateur voit autre chose pour d ranger nos certitudes et largir l horizon troit de nos modes aux deux sens du terme d interrogation Ce d veloppement para t tr s convaincant en particulier pour qui a recours des logiciels de lexicom trie Certes devant un cran de concordances lexicales attest es en contexte se laisser interpeller par lui pour d couvrir ses l ments saillants que l on ignore devient passionnant Toutefois le positivisme inductif est un leurre ou plut t une solution de facilit Rastier 2001 p 96 pr vient que la notion de donn e invite la prudence Du seul fait qu une hypoth se a pr sid son recueil une donn e est donn e non l observateur mais par l observateur Par exemple toute acception est li e un genre et un discours pour la rendre interpr table et transformer son occurrence en donn e il importe donc de restituer cet entour Ainsi par exemple quand dans la litt rature r gionale le logiciel souligne la fr quence des comparaisons de la nature avec un joyau H Russell Souvenirs d un montagnard O trouverait on un site plus romantique que le sommet de l orgueilleuse colline couronn e par les Bains de V nasque Sapins en haut sapins en bas rochers partout et sur l autre rive de l Essera qui coule 200 m tres plus bas comme un torrent d meraude et d aigue marine Je
14. qu elle est un ph nom ne syntagmatique Pour reprendre l exemple balzacien un simple regard sur les lex mes m re fille unit leur s me inh rent filiation f minine finance inh rent pauvre argent via le s me parure f minine de robe Un tel contenu s mantique croyons nous rel ve aussi J Et ce malgr sa copie d cran des concordances du verbe vendre p 85 qui laisserait croire le contraire r Relation inter s mique qui n appara tra qu au crible des contextes dont les deux suivants du P re Goriot sont repr sentatifs Je con ois alors qu Anastasie se fasse faire une robe lam e et veuille attirer sur elle tous les regards chez Mme de Beaus ant en y paraissant d un processus endog ne p 82 1 dans la mesure o il ne s agit nullement de cat gories projet es mais d une s lection actualisation partir des seuls passages du roman qui la font varier et dont elle d pend En sorte que la m taphore g ographique ne doit pas leurrer se laisser guider par carte statistique dite atlas de l hypertexte qui permet de visualiser les rapports de voisinage graphique t moignant de la structuration lexicale d soriente d s lors qu elle est d coupl e de la relation s mantique contextuelle qui selon nous est seule apte donner un fondement la notion d environnement th matique entendue comme ces collocations lexicales statistiquement justifi es Cette conception cartographiq
15. tude fut pr c d e par une premi re publication sur Flaubert 1992 Faux postulat de la critique g n tique puisque comme le pr cise Rastier la seule originalit d une s rie g n tique du premier brouillon au texte final est d tre close ou du moins finie et d maner du m me scripteur 1997 p 194 8 d terminisme extra textuel doit tre combattu Non seulement le d terminisme psychologique de l auteur mais aussi celui de la r f rence au monde Ainsi propos de la gen se d H rodias Rastier conclut La croyance en un r alisme de Flaubert inv t r e malgr ses protestations s appuie certes sur le fait qu il constituait des dossiers de notes admir s de Zola Mais outre que le processus g n tique consiste les n gliger ou les d truire ces notes restent d autres textes qui ne sont pas plus pr s d une r alit non s miotique que le texte final 1997 p 214 Cela revient r affirmer selon un principe structuraliste que la critique transcendante et positiviste voudrait invalider et rendre d pass qu il convient de r cuser la fusion du sens textuel avec les deux r alit s suppos es en amont du texte produit le monde r el concret ou mythique et la psychologie du producteur du texte L analyse s mique la refondation de la g n tique et de la th matique Bien avant le code s mique de S Z appliqu Balzac Barthes d j propos des noms propres chez Proust 1967
16. 69 3 67 3 64 3 59 3 58 3 57 3 57 3 55 Ecart Corpus Mot 16 130 24 175 1033 462 16 160 22 encor chaos onde obscur ombre sort cailles oiseau cieux aile ver monts anarchie rampe airain dragon sous bauche astres plaines ciel gouffre triple flamme azur fauve obscure affreux monstres voit cendre flots fureur anges Les associations que Hugo privil gie dans son corpus po sie Pr sentation par ordre hi rarchique d croissant des dix premi res 9005 92 22 29 20 04 19 15 19 14 18 92 16 24 mot ab me toile nuit jour nombre me enfant 25 mot 2 ciel voile ombre nuit ombre flamme m re Avec une limination des d terminants et de la ponctuation pour ne laisser que plus de place aux candidats lexicaux privil gi s Le mot p le est aussi restreint au singulier 16 15 bruit nuit 16 14 nu pied 15 34 flot mer La premi re association de notre th me de monstruosit reptilienne n appara t que bien plus loin dans le classement avec le score suivant 5 57 chaos hydre oiseau horrible argent Figure 1 Graphe du mot p le dans le corpus po sie ouvre Figure 2 Graphe du mot p le dans le corpus prose Kk k R sum partir d une r flexion de Genette sur l immanence de l uvre et du texte litt raires cet article s interroge sur l incidence de ce postulat sur un secteur de la critique Il sera en effet questionn voire remis en c
17. Immanence litt raire et th matique Aujourd hui o l attention sur l uvre litt raire en elle m me demeure encore d tourn e par la recherche de ses d terminations ext rieures notamment psychologiques il n est pas malvenu de poser de nouveau le probl me du discours critique qui ne s int resse qu l immanence de l uvre c est dire l uvre elle m me d barrass e de toutes consid rations externes des circonstances historiques ou personnelles comme l crivait Genette 2001 p 131 Nous le citerons de fa on d taill e car son propos qui se centre sur une critique th matique aujourd hui distincte de celle de J P Richard du fait des avanc es de la s mantique linguistique concerne aussi bien l approche g n tique du th me que l assistance lexicom trique requise par les tudes th matiques Se r f rant au Barthes de 1954 Michelet et de 1963 Essais critiques Genette nonce un clivage des plus nets et des plus re us en opposant la d marche transcendante du positivisme explicatif et celle de l analyse immanente purement descriptive en qu te d une coh rence ou d une unit qui ne se soucie d aucun ailleurs ext rieur au texte pp 136 7 Soit d une part la critique positiviste causaliste explicative par la recherche des causes ext rieures p 132 d terministe puisqu il s agit d expliquer l uvre par un ailleurs ext rieur elle p 135 comme le fait de fa
18. ans un avant texte ayant le statut scientifique qui contredit cet inachev apparent comme l affirme De Biasi 1987 un avant texte n existe nulle part hors du geste th orique qui le constitue c est le dossier de r daction rendu int gralement lisible et reconstruit comme un syst me coh rent de transformations successives donc dans un tat de cl ture temporaire un r seau th matique peut tout fait tre cern et d crit selon une analyse s mique sans que cela ne remette en cause la consistance du propos dont parle Compagnon Quant l immanence pourquoi devrait elle tre ind pendante du contexte et de l histoire La s mantique int gre des disciplines voisines comme le pose Rastier pour d crire la richesse des relations contextuelles la linguistique ne peut en rester l espace douillet mais confin de la phrase elle s ouvre aux textes et par l aux cultures et l histoire en r affirmant son statut de science sociale 1989 p 7 L int gration a cependant des limites et refuse celle du Sujet ce n est pas parce qu on pr te attention aux premiers jets scripturaux qu on serait plus proche des intentions du v cu que l auteur aurait voulu transmettre dans le texte Le degr de proximit entre intention v cu et premiers jets est d ailleurs tr s difficilement mesurable cf Rastier 1997 p 196 Un dossier g n tique se pr te deux usages principaux soit l on utilise les brouillons pour
19. ause concernant aussi bien l approche g n tique du th me que l assistance lexicom trique requise par les tudes de th matique Les statistiques lexicales usent du concept d endog ne avatar de l immanence L historique et la discussion d montrent la n cessit de recourir la s mantique interpr tative tant pour d crire la gen se textuelle que pour donner un sens aux statistiques lexicales Mots cl s isotopie isotropie immanence endog ne g n tique lexicom trie s mantique contexte
20. cherche informatis e de corr lats sur enqu te s mantique laquelle organise l expos par les axes ainsi trouv s nous avons retenu parmi les cooccurrents s lectionn s par le test probabiliste seulement ceux qui taient attest s chez des auteurs diff rents dans diff rents sous corpus autour de frayeur pouvantable faire peur etc avec un score statistique de 4 et une fr quence minimale de 4 Dans cet ensemble d associations nous avons tudi les cooccurrents s lectionn s en contexte pour rep rer les isotopies sur lesquelles ils sont index s 12 Pour progresser l analyse th matique doit donc d passer l analyse lexicale Elle en est cependant tributaire pour des raisons qui tiennent l tat de l art Le mot partir duquel peut commencer la recherche th matique n en est pas l objet la diff rence d un mot vedette qui ferait l objet d une recherche lexicographique On va certes chercher en utilisant les moyens d assistance informatis s d autres mots et expressions qui sont cooccurrents Une fois interpr t s les cooccurrents pour lesquels on aura identifi une relation s mantique seront consid r s comme des corr lats c est dire comme des lexicalisations compl mentaires de la m me mol cule s mique Le r seau des corr lats relie les manifestations lexicales du th me Or aujourd hui l herm neutique num rique telle que la con oit Mayaffre 2002 veut viter les cueils
21. de Genette est que pour op rer les n cessaires v rifications structurales des sens contextuels d un mot vedette dont parlait Richard toile chez Mallarm p 145 ce mouvement de navette m me lorsqu il travaille dans une immanence y tablit une transcendance interne p 146 Or ces rapprochements toujours hasardeux en sautant ou en glissant d un pr dicat th matique un autre car il n est de th me que pr diqu p 148 t moignent d une d sinvolture l gard du cheminement mot mot d un texte laquelle distingue clairement la critique th matique de l explication de texte traditionnelle Lanson tant alors le plus s v re gardien d une critique presque vraiment immanente Presque car la fin de l article avoue qu aucune critique et sans doute aucune lecture et en tout cas aucune r v le peut tre la seule consiste pour l essentiel d gager les traits permanents d une uvre en notant leurs r currences et leurs chos fraternels qui retentissent d une occurrence l autre p 143 Il cite aussi le Richard de 1967 crivant L uvre ne saurait trouver hors d elle m me ni les pr misses de son sens ni le principe de son ordre La critique sera donc une activit pleinement immanente l uvre p 136 i Sans tre une pr critique elle pr c de une critique v ritable vis e explicative cette vis e sera en quelque sorte d l gu e des disciplines extra litt rai
22. de sensible On d crirait chaque moindre d sir afin de d gager travers lui en lui les quelques grandes figures sensibles ou libidinales qui en organisent de mani re sp cifique l mergence On en viendrait ainsi dessiner les directions significatives d une pr sence au monde 1974 p 7 En d pit du fait que Richard s appuie sur une proposition de lecture du narrateur de la Recherche lui m me faut il pour autant r duire voire identifier les signifi s du Par cette isonomie qui nie leurs in galit s qualitatives et qui est un corollaire de l organicisme structural dont parle aujourd hui Rastier 2001 p 44 roman ces deux types de figures Poser la question c est y r pondre par la n gative On ne voit pas pourquoi les s mes mat rialistes qui organisent son expos le velout le marbr le naissant l cumeux etc devraient se ramener au D sir dont ils seraient a priori l expression M me M Collot quand il refuse la relation d ext riorit du th me au profit de son tude internaliste se coupe d une origine d sirante Le th me selon la th matique c est plut t l ensemble des significations qu une uvre pr te ces r f rents ou ses r f rences il s agit moins d un objet ext rieur l uvre que d une cat gorie s mantique qui lui est propre Par exemple le th me de l a r tudi chez Proust par J P Richard ne se confond ni avec l air que nous respirons ni avec c
23. du r ductionnisme Lorsque que le litt raire avait affaire un grand corpus 1l le lisait avec un questionnement pr cis une hypoth se de travail tablie sans quoi il se perdait dans cette lecture Pourtant le danger de ces questionnements a priori ou exog nes est double et doublement cruel D abord par le simple fait de projeter ses hypoth ses de travail sur le texte avec le risque de toujours finir par trouver ce que l on cherche c est dire au fond ce que l on sait d j ou croit savoir Ensuite parce qu une hypoth se de lecture quand bien m me se trouverait t elle tre pertinente en oblit re toujours d autres plus pertinentes peut tre Voil pourquoi il est n cessaire que la lecture la compr hension le questionnement puis l interpr tation des textes gagnent aujourd hui en rigueur pour sortir du tout subjectif Dans un retournement spectaculaire la d marche inductive compl te la d marche d ductive le positivisme se substitue au constructionnisme Car de l hypoth tico d ductif en vigueur nous passons un positivisme inductif original La d marche pist mologique face au texte se trouve donc invers e l o traditionnellement le chercheur interrogeait le texte sur la base d hypoth ses de travail construites c est le texte qui interroge le chercheur sans tabou et sans a priori Par une lecture diff rente hypertextuelle plut t que lin aire nous l avons vu mais aussi paradigmatique
24. e Rastier a montr 1987 pp 74 5 117 9 172 3 que ce dualisme mill naire des s mes figuratifs ou ext roceptifs correspondant aux qualit s sensibles du monde vs s mes abstraits ou int roceptifs ces class mes qui servent cat goriser le monde et ne se r f rent aucune ext riorit ne permettait pas une th orie s mantique unifi e La principale objection tant que les s mes contextuels ou class mes ne sont pr cis ment pas les seuls tre r currents dans le discours et en garantir l isotopie comme le pr tend pourtant Greimas 1979 De plus sur le plan philosophique ces cat gories du sensible vs intelligible constituent une transcendance par rapport la nature linguistique des composants laquelle se trouve alors d pourvue de r alit immanente Du point de vue g n tique pour approfondir le cratylisme instinctif promu par Barthes supra et surtout Genette 1976 par lequel la synopsie de ces Noms am ne l attribution imitative de signifi s des signifiants par le narrateur CI Qu mar se concentre sur le rapport des diff rents s mes entre eux 1979 p 93 Ce faisant non seulement elle met le plan r f rentiel celui de l exp rience onirique en sourdine mais devant de longues versions retravaill es par Proust elle rend attentive au travail de polissage stylistique p 73 En sorte que sa g n tique th matique y gagne en autonomie par rejet du d terminisme psychologique
25. e papier 300 94 bruit vent 245 32 corps int rieur 215 56 horizon ligne 476 56 cheveu visage 294 13 ciel terre 243 26 pied sol 214 72 horizon soleil 437 05 m re p re 293 21 rue ville 239 85 canne champ 210 39 cheveu il 412 23 ciel mer 290 10 cri oiseau 236 20 arbre branche 203 47 doigt main Une seconde m thode est alors requise pour pallier une telle fragmentation Mais on peut se rapprocher d une association d un microcosme co occurrentiel d une autre mani re Prenons un item lexical ciel un des lemmes les plus fr quents du corpus lecl zien Gr ce Hyperbase nous faisons une extraction du contexte imm diat ici le paragraphe qui entoure les 2949 occurrences du lemme ciel L extraction automatique du contexte d un item lexical permet la cr ation d un sous corpus qui est soumis un calcul de sp cificit puisqu on ne recherche plus une relation entre un mot et un texte mais une relation privil gi e entre les mots eux m mes Choisissons par exemple l item ciel refl tant bien une th matique ch re notre auteur voici les concurrents les plus proches du p le ciel nuage soleil mer terre lumi re toile horizon oiseau vent couleur eau avion montagne lune espace centre fum e clair nuit femme colline fleuve vall e toit tendue arbre plaine ligne pluie vague sable pierre herbe main d sert lueur gens droit fond dune aile brume En d coule une rep
26. e que Viprey rel gue l exog ne les isotopies aff rentes par exemple celles qui forment le triplet dysphorique liquidation trahison prostitution qu il donne pour le sens contextuel de vendre distinctes du commerce proprement dit 2006 p 80 2 Elle pr cise L tude automatique des collocations et de la micro distribution des termes nous incite aborder l extraction automatique des univers s mantiques et des collocations par des biais diff rents d un c t par l extraction d un univers th matique gravitant autour d un mot p le et de l autre par le recensement des co occurrents et de s quences d items oa Soit une conciliation avou e des travaux de Rastier et Viprey Cf Mayaffre 2008 p 95 la forme minimale du contexte d un terme n cessaire sa compr hension interpr tation n est pas le syntagme ou la phrase mais la co occurrence 19 821 02 femme homme 372 49 mer vague 282 52 c ur poitrine 226 95 colline pierre 763 43 ciel nuage 368 83 nord ouest 268 35 dieu seigneur 224 95 nuage poussi re 657 52 enfant femme 365 53 eau goutte 267 55 escalier marche 224 84 jardin maison 623 35 il visage 346 98 bras jambe 260 09 maison toit 224 50 toile nuit 525 63 mer vent 344 30 larme il 258 99 mer oiseau 223 97 ciel horizon 525 36 ciel soleil 305 51 bruit moteur 249 77 montagne vall e 223 83 horizon mer 502 21 lumi re soleil 303 70 nord sud 248 33 ciel lumi re 222 26 front joue 479 39 feuill
27. e que nous en lisons par ailleurs il est fait des connotations sp cifiques dont se charge dans la Recherche cette qualit l mentaire Ce signifi est donc idiomatique individuel ce qui le distingue d une conception r pandue du th me comme topos lieu commun l gu par la tradition litt raire L a r n tant qu une des modulations du signifi ainsi abord dans ses rapports r ciproques avec d autres traits mat rialistes 1988 pp 81 2 Par ailleurs pour donner une l gitimit ces derniers Collot qui cite Greimas sans doute parce que tous deux partagent la m me base d une ph nom nologie de la perception lui reprend sa terminologie avec ses deux types de composants d une part les s mes nucl aires qui traduisent des qualit s sensibles qui seraient autant de propri t s objectives des choses d autre part les s mes contextuels Le travail proprement critique de la th matique commence en effet mes yeux partir du moment o l on d finit quelles sont parmi les virtualit s s mantiques du th me celles qui sont effectivement actualis es dans une uvre ce qui implique la mise en texte du th me d apr s Collot 1988 pp 84 5 Cela renvoie en effet cette page de S mantique structurale qui d finissait le contenu du signe minimal ou s m me comme la combinaison du noyau s mique et des s mes contextuels Larousse 1966 p 50 Or sans entrer ici dans la discussion il s av re qu
28. es ressassements d une psychanalyse vieillissante consistance th orique et structurale de la coh rence philosophique et narratologique de la Recherche construite comme un tout un syst me dont les expos s les plus fameux auraient t donn s par G Deleuze dans Proust et les Signes et par G Genette dans Discours du r cit De fa on convergente une g n ticienne sp cialiste de Proust E Marantz 1989 p 53 reprochait cet esprit de syst me philosophique A de Lattre pr tend que la singularit de celui ci s explique par la prise de position m taphysique de Proust par son ontologie de l absence et de la s paration Selon A de Lattre la coupure m taphysique et la disjonction psychologique qui en r sulte d termine chez Proust non seulement toute perception d un personnage mais sa fabrication Or on n a qu parcourir les avant textes de la Recherche pour d couvrir que la v rit est tout autre et que le personnage proustien se constitue par le savant montage de traits pars diss min s dans tout l ensemble des brouillons traits qui fort souvent avaient t attribu s au pr alable de tout autres personnages Si ce reproche vaut pour un syst me con u comme intentionnel par l auteur nous avons d montr qu une approche structurale d un corpus d auteur n est nullement incompatible avec la critique g n tique Sur un tat du texte final d sormais modifi par la confrontation avec le texte initial d
29. la terre et le ciel 23 Il s agit de l cart r duit ce test probabiliste dont parle Bourion ci dessus ainsi expliqu par E Brunet 2006 p 31 La distribution d un mot est rarement r guli re travers un corpus et des carts s y observent entre la fr quence d un mot observ e dans un 19 62 8 55 8 30 8 15 7 59 7 53 7 02 6 61 5 95 5 95 5 81 5 76 5 54 5 53 5 48 5 15 5 08 4 98 4 88 4 76 120 BLEU 4 74 10 VOYAGEUR 3 55 29 BLEUES 193 TERRE 4 69 488 SOLEIL 3 45 38 INFINI 34 AZUR 4 69 15 TEINTES 3 39 16 G ANTS 195 NUAGES 4 69 15 BLANCHEURS 3 38 163 QUEL 13 LIMPIDE 4 30 44 BRISE 3 38 118 FEU 50 PUR 4 29 23 ORIENT 3 38 23 DOMINANT 8 PER ANT 4 19 12 INNOCENCE 3 36 57 ROUGES 142 HORIZON 4 13 31 CROIT 3 26 24 ID AL 7 VOS 4 07 55 BLANCHEUR 3 24 254 NEIGES 7 PROFILANT 4 01 3005 DU 3 21 41 NEIGEUSES 109 LUMI RE 3 96 13 PURES 3 19 112 PLAINES 11 S R NIT 3 96 13 POLAIRE 3 18 70 CIMES 358 SOUS 3 96 13 ENDORT 3 16 113 DESSUS 4576 LES 3 79 20 LEVANT 3 14 25 SPLENDEURS 8 PURET 3 75 14 BRILLANTES 3 14 25 ENTENDRE 42 NUAGE 3 70 120 ME 3 12 103 OC AN 9 COMMEN AIENT 3 66 28 CR TES 3 08 18 POUSSI RE 51 TOILES 3 64 21 IMMENSIT 3 07 34 LUEURS 76 NOIR 3 64 21 GRACIEUSE 3 03 26 TERNELLE 20 PYRAMIDES 3 56 15 P LE 3 01 291 NATURE Si l on ne peut que souscrire la conclusion de M Kastberg 2008 Ces diff rentes mani res d envisager les associations et les environnements th matiques partir d
30. mantique structurale PUF Greimas A J et Court s J 1979 Dictionnaire raisonn de la th orie du langage Hachette Jenny L 2002 Hypertexte et Gen se Litt rature 125 Kastberg Sj blom M 2008 Attirance th matique fr quences ou s quences Extraction des isotopies s mantiques d un corpus textuel revue lectronique Texte et corpus n 3 Actes des Journ es de la linguistique de Corpus 2007 Marantz E 1989 La gen se du personnage proustien B S A M P 39 Mayaffre D 2002 L Herm neutique num rique en ligne www astrolabe fr Mayaffre D 2008 L entrelacement lexical des textes co occurrences et lexicom trie revue lectronique Texte et corpus n 3 Milly J 1974 Sur quelques noms proustiens Litt rature 14 Qu mar C1 1979 Essais de critique g n tique Flammarion Rastier F 1987 r d 1996 S mantique interpr tative PUF Rastier F 1989 Sens et textualit Hachette r d lectr www revue texto fr Rastier F 1992 Th matique et g n tique L exemple de H rodias Po tique 90 Rastier F 1994 a Sur l immanentisme en s mantique Cahiers de Linguistique Fran aise 15 en ligne www revue texto fr Rastier F 1994 b La macros mantique in S mantique pour l analyse Masson et en ligne www revue texto fr Rastier F 1997 Parcours g n tiques et appropriation des sources in Texte s et intertexte s Rastier F 2001 Ar
31. me dont ils imitent les sonorit s mimologiques le sens linguistique des noms est constitu de leurs qualifications en contexte sans se r duire une r alit mentale par le renvoi l esprit ou une r alit mat rielle par le renvoi aux choses Voil donc en quoi le sens est propre au texte dans une situation d interpr tation globale comme l explique encore Rastier 1994 a IL Th matique et statistique lexicale Avec le recueil collectif L analyse th matique des donn es textuelles Didier 1995 la red finition du concept de th me litt raire celui des sentiments s est op r e dans un corpus de 350 uvres romanesques sur la p riode 1830 1970 Elle a donc requis l assistance informatique pour cerner ses occurrences pertinentes sans se d partir de sa domination herm neutique pour atteindre ses objectifs la th matique doit guider l analyse lexicale puis interpr ter ses r sultats qui sans cela resteraient inutilisables pour une s mantique textuelle L analyse lexicale dont la statistique est un auxiliaire ne propose pas d elle m me des indices l analyse th matique Les logiciels d interrogation imposent certaines d marches mais ne proposent rien Ils servent confirmer ou infirmer des hypoth ses et tout d pend donc de la strat gie d interpr tation ibid repris dans Rastier 2001 p 191 i Ainsi par exemple E Bourion tudiant le th me de la peur faisait d boucher la re
32. nce th orique qu on tait en droit d attendre vu la proportion du texte dans l ensemble 24 Doxale ou propre un auteur telle chez Russell la structure per ant COD c leste Bourion E 1995 Le r seau associatif de la peur in L analyse th matique des donn es textuelles Didier en ligne www revue texto fr Brunet E et Kastberg Sj blom M 2000 La th matique Essai de rep rage automatique dans l uvre d un crivain J A D T Brunet E 2006 Le logiciel Hyperbase Manuel d utilisation Brunet E 2007 Fr quences et s quences Mise en uvre dans Hyperbase Lexicometrica Topographie et topologie textuelles Collot M 1988 Le th me selon la critique th matique Communications 47 Compagnon A 1992 Ce qu on ne peut plus dire de Proust Litt rature 88 De Biasi P M 1987 L avant texte article mis en ligne le 18 janvier 2007 disponible sur http www item ens fr Debray Genette R 1976 Gen se des aub pines Po tique 25 repris dans le collectif Recherche de Proust Seuil Points 1980 Debray Genette R 1977 G n tique et po tique esquisse de m thode Litt rature 28 De Lattre A 1984 Le personnage proustien Corti Genette G 1966 Structuralisme et critique litt raire Figures I Seuil Points 1981 Genette G 1976 Mimologiques Seuil Genette G 2001 Peut on parler d une critique immanente Po tique 126 Greimas A J 1966 S
33. nt un peu beurre dans cette Normandie d art et de prose de gothique et de fermes et d un brouillon interm diaire Cahier 32 in Qu mar p 79 par l abandon du s me roture Coutances dont le clocher re oit de cette grasse finale le luisant du beurre normand et par l insertion de son antonyme noblesse couronne tour cath drale substitu e clocher oubli s les fermes et le prosa sme Cela dit sans prendre ici en compte les migrations contextuelles aux autres Sans doute est ce l une reformulation th orique du principe de M Riffaterre selon lequel la s miosis d termine la mim sis Toute uvre litt raire forme un syst me Dans la s mantique de ce syst me les rapports entre les mots du texte l emportent sur les rapports que ces mots entretiennent avec les choses ou m me s y substituent enti rement La repr sentation litt raire de la r alit est gouvern e par les r gles de l idiolecte textuel 1972 toponymes n1 comme l tudie CI Qu mar p 85 le ph nom ne d attraction lexicale par homophonie ou par assonance et ou par allit ration Bref on le constate avec Rastier le sens de tels passages r side bel et bien dans les modifications et ou conservations du signifi verbal Quelles que soient la r verie po tique de Marcel sur ces substances concr tes et l ontologie id aliste du narrateur pour qui l essence d un lieu est contenue dans les mots qui d finissent le topony
34. opte cette th matique contextuelle incluant les avant textes il lui adjoint aussit t le principe interpr tatif de la migration s mique de type d constructionniste dans le sillage de S Z ce qui m appara t comme proprement th matique dans le donjon de Roussainville c est la possibilit qu il nous offre de l ouvrir presque de l clater d op rer en tout cas une lib ration diss minante de ses diff rents traits constitutifs qualit s ou fonctions de le dissocier en somme pour le relier d autres objets pr sents et actifs dans l tendue de la fiction proustienne Telle la rousseur sugg r e par le signifiant Roussainville qui renvoie le donjon la libido de toutes les petites filles rousses La modulation du th me peut m me appara tre ici comme tr s authentiquement freudienne 1975 p 95 En effet dispersion s mique et transcendance psychanalytique se conjuguent dans son ouvrage sur Proust 1974 en ces ann es 70 o le post structuralisme tend d passer la linguistique le niveau d analyse s mique par l alibi d une interpr tation avant gardiste venue d une autre science humaine C est d ailleurs ce m me ouvrage que se r f re R Debray Genette pour tudier la gen se d un motif depuis les embryons romanesques dans Les Plaisirs et les Jours jusqu la fragmentation contextuelle de ce motif dans Combray Elle y observe apr s les travaux de Ph Hamon que leur description proc de par
35. ous le terme global d isotropie Soit un terme qui de l aveu m me de son cr ateur n a pas t choisi au hasard mais pour entrer sinon en comp tition 13 A tel point que Mayaffre affirme aujourd hui 2008 p 94 que endog ne est sans doute le mot clef de la linguistique de corpus ainsi peut on envisager une statistique endog ne une stylistique endog ne Viprey une lexicologie endog ne une s mantique endog ne etc Soit un nouvel avatar de l immanence du moins en coop ration avec le terme et la notion d isotopie de Rastier 2006 p 78 Ainsi dans Le P re Goriot l isotropie du vocable vendre a pour attirance imm diatement visible le groupe m re fille seulement pauvre argent robe Or quand dans son valuation du mod le Viprey conclut plus g n ralement que de telles lignes saillantes de la collocation lexicale seront des interpr tants de la structure s quentielle beaucoup plus f conds que la simple r it ration p 82 et qu il plaide lui m me pour le passage du discontinu logico grammatical pour reprendre les termes de Rastier au continu s mantique 1l fait passer au second plan l preuve des contextes d attestation des co occurrences lexicales qui sont pr cis ment m me de d terminer leur relation th matique Cette priorit du niveau lexical statistique sur le niveau textuel s mantique s appuie sur cet argument th orique M me si l on entend que le s me isotopant et le s m
36. r sentation graphique des liens pr f rentiels qui tissent un r seau de ce mot choisi pour p le sous forme de graphe L annexe ci dessous donne ces copies d cran pour un autre mot p le hydre dans les deux corpus en prose et en vers de Hugo trait par Hyperbase figures 1 et 2 Ces graphes servent au traitement du th me du reptile mythologique chez cet auteur dans une optique comparative au sein de deux genres distincts Certes elle fait Apr s celle ci par laquelle comme l explique Brunet 2007 p 9 la recherche sur les associations s appuie sur le tableau des co occurrences dont la fonction corr lats a fourni une vue d ensemble sous forme d analyse factorielle Ces couples de vocables ont ainsi donn d autres pistes lexicales outre les sp cificit s statistiques au lecteur qui n aurait pas de choix a priori se son th me Toutes ces m thodes offertes par le logiciel organisent en le retardant le retour au texte comme le dit Mayaffre 2008 aussi fiabilisent elles l enqu te a Plus exactement Nous pouvons ensuite effectuer le m me calcul que tout l heure celui concernant les co occurrents cette fois ci en prenant le sous corpus de l environnement th matique du mot p le comme base pour le calcul ressortir des lexicalisations identiques mais avec des scores diff rents ou diff rentes par exemple le co occurrent Michel individualis devient l anonyme et multiple anges Mais ces vocables
37. res comme celles des historiens ou des psychanalystes pp 133 4 explication de texte ne peut tre vraiment immanente p 146 L argument est que celle ci de par la relation intratextuelle qui lui est consubstantielle r v le l effort mn monique du lecteur qui tablit une coh rence interne dans le texte expliqu Or en relativisant ainsi l opposition immanence vs transcendance et en voulant apaiser la controverse il n y a plus l motif bien vives querelles la guerre est finie peut tre derniers mots de l article p 149 Genette ne parvient pas faire oublier combien le semiotic turn des ann es soixante tait justifi quand Barthes notamment r cusait une critique fond e tout enti re sur le rapport d ext riorit d terministe positiviste que cet ailleurs soit la vie de l auteur les forces socio historiques s exer ant sur sa production litt raire ou les essences g n riques de la po tique M me quand le thurif raire du sens pluriel corollaire de l inach vement optera pour un d constructionnisme prenant le contre pied des certitudes structurales et scientifiques rel gu es au rang de mythe durant les ann es 70 cela ne l emp chera pas de plaider pour l immanence via le concept de connotation Ainsi l tincelante analyse de contenu d une nouvelle balzacienne que fut S Z concevait la nomination d un th me comme un acte de dispersion lire c est trouver des sens et trouver des sens c
38. st dire qu elle les per oit les distingue les nomme et les d finit comme tels in vitablement les conceptualise et par l m me les transcende au profit de cat gories plus g n rales je dirais volontiers plus g n riques et que donc toute relation consciente cet objet transcende son immanence p 148 par abstraction en d gageant le prototype de cet objet En concluant ainsi la transcendance du signifi p 139 Genette ignore d lib r ment l acte de s mantique textuelle qui identifie des signifi s particuliers au terme de parcours interpr tatifs Or selon cette th orie linguistique le sens peut tre dit avec F Rastier transcendant au texte mais immanent une situation d nonciation 1989 p 16 et une pratique d interpr tation 2001 p 277 Quand Genette concluait Figures I sur l id e de Val ry selon laquelle la litt rature n est que l exploitation de certaines propri t s du langage 1966 p 265 apr s avoir d clar dans son sillage La litt rature tant d abord uvre de langage et le structuralisme de son c t tant par excellence une m thode linguistique la rencontre la plus probable devait videmment se faire sur le mat riel linguistique ibid p 149 il est pour le moins paradoxal que Genette ne reconnaisse pas cette autonomie des signifi s linguistiques dans le texte lui qui ne pouvait pourtant ignorer Greimas 1966 et sa th orie de l isotopie
39. t un r seau de relations et donc une structure p 146 sans doute sous l influence de la pens e linguistique la multiplicit des contextes organise dans l uvre une multiplicit de rapports p 146 Le propos n est certes pas nouveau Trente cinq ans auparavant Genette opposait le moyen de reconstituer l unit d une uvre son principe de coh rence ce que Spitzer appelait son etymon spirituel les uvres tant vues comme des organismes au danger d effritement qui menace l analyse th matique venu du positivisme qui recherche des d terminations ext rieures en ces termes la m thode structurale devrait intervenir pour donner cette tude immanente une sorte de rationalit de compr hension qui remplacerait la rationalit d explication abandonn e avec la recherche des causes L analyse th matique tendrait donc spontan ment s achever et s prouver en une synth se structurale o les diff rents th mes se groupent en r seaux pour tirer leur plein sens de leur place et de leur fonction dans le syst me de l uvre c est le dessein nettement formul par Richard ou Rousset 1966 pp 156 7 Soit une mani re de r concilier critique intersubjective caract re th matique et objectivisme caract re structural sans pour autant avoir comme cela est le cas aujourd hui une th orie du sens qui articule ces deux principes Discussion La conclusion paradoxale de l article
40. tayer par ces documents des conjectures sur la version finale Dans notre th se sur Proust Paris IV Sorbonne 1993 refondue dans Le th me de la blondeur L Harmattan 2003 soit avec plus d ambition l on tente d en surprendre la gen se bien que les brouillons ne soient sans doute pas plus proche que l tat final d un hypoth tique moment pr linguistique de l nonciation Rastier y tudie les op rations de r criture successives sans postuler une intentionalit de l auteur p 195 L Jenny le dit bien 2002 p 56 Le brouillon n est pas la v rit profonde du texte achev Car on ne peut logiquement fonder le sens d un texte sur les refus l aide desquels il s est constitu Une telle assertion va d ailleurs l encontre des th ories conjointement cognitive et de la cyberculture de J L Lebrave pour qui il y aurait isomorphisme entre la structure du brouillon et celle de l hypertexte qui le retranscrit et fid lit du brouillon et de l hypertexte aux processus mentaux des scripteurs si bien que plus naturel le brouillon est ainsi implicitement pr sent comme plus vrai que le texte ibid pp 59 61 Deux th ories conjointes qui n ont que l apparence de la scientificit conclut Jenny Plut t qu une science au prestige incertain malgr son apparat technologique il me semble que cette branche de la g n tique ne vise pas la constitution d un sens mais la reviviscence
41. ts et sciences du texte PUF notamment le chapitre Th matique et topique qui reprend La s mantique des th mes ou le voyage sentimental paru in L analyse th matique des donn es textuelles Didier 1995 et en ligne www revue texto fr Rastier F 2006 Formes s mantiques et textualit Langages 163 Richard J P 1974 Proust et le monde sensible Seuil Richard J P 1975 Table ronde Cahiers Marcel Proust Riffaterre M 1972 Le po me comme repr sentation Po tique 9 Viprey J M 2006 Structure non s quentielle des textes Langages 163 Annexe Environnement th matique du mot p le Hydre dans deux corpus de Hugo Corpus de po sie versifi e Hydre 64 occ 3 85 3 79 3 63 3 60 3 58 3 15 3 13 3 12 3 08 2 96 2 90 2 88 2 78 2 73 2 68 2 65 2 59 2 58 2 51 2 49 2 44 2 44 2 37 2 35 2 33 2 33 2 30 2 29 2 22 2 21 2 14 2 10 2 00 Ecart Corpus Mot 12 test Pr sentation par ordre hi rarchique d croissant anarchie cailles Michel chaos bauche dragon vingt triple contre obscur le del fut e t rampe monstres terreur fureur globe sort vie plaines ver terrible horrible cri argent obscure ouvre fum e encor oiseau lieu Corpus de prose Hydre 38 occ 7 62 5 47 5 47 5 14 5 04 5 02 4 77 4 58 4 56 4 55 4 50 4 27 4 16 4 04 4 01 3 93 3 92 3 90 3 90 3 87 3 86 3 85 3 81 3 73 3 72 3 71 3
42. ue trouve un autre cho chez M Kastberg 2008 dans un premier temps de son enqu te sur le traitement statistique des donn es textuelles par le tr s performant logiciel Hyperbase version 8 0 lemmatis e 2008 L auteur se propose non seulement d extraire du corpus les items les plus fr quents mais de rechercher la corr lation entre deux items autrement dit la prox mie Ce traitement des co occurrences est depuis longtemps un des enjeux majeurs de la lexicom trie De plus dans les recherches litt raires il s av re un outil prestigieux notamment dans l extraction des r seaux isotopiques ou isotropiques Elle obtient ainsi pour le corpus Le Cl zio une liste de paires class s par ordre r as 1 PAA i d croissant Or dans ces contextes a minima les associations sont si doxales qu elles ne r v lent in fine que la banalit de leur relation m tonymique 1098 64 nu pied 385 74 fond vall e 285 90 arbre feuille 234 69 ciel toile dans tout son clat et avec ses diamants p 238 Antith tique de l incipit Son jupon de laine tricot e qui d passe sa premi re jupe faite avec une vieille robe et dont la ouate s chappe par les fentes de l toffe l zard e r sume le salon la salle manger le jardinet annonce la cuisine et fait pressentir les pensionnaires p 55 L Il s agit l de ce que Mayaffre appelle des isotopies endog nes au corpus 2008 p 100 En revanche il sembl
43. un puisement de s mes 1976 p 137 Elle reproche toutefois la m thode de Richard de d gager les th mes fondamentaux partir du corpus entier d un auteur sans moduler sur telle ou telle uvre particuli re n1 tenir compte des bauches scripturales pr cis ment en raison du postulat de l unit du Sujet et de sa production textuelle 1977 p 32 Si la th matique d un crivain est consubstantielle son tre d crivain et d homme les l ments qui la sp cifient devraient garder une sorte de constance depuis la premi re feuille de brouillon jusqu au texte final Or c est ce que contredisent souvent les brouillons Soit une contradiction entre les variations particuli res immanentes l criture et la transcendance d un principe g n ral ontologique qu elle rec le C est bien ce dernier qui se trouve ni par une sp cialiste proustienne qui Debray Genette rend hommage Cl Qu mar Cette g n ticienne proc de comme la th matique richardienne par comparaison des contextes f t ce pour les unifier Elle collationne les diff rentes versions d un motif par exemple les r veries onomastiques proustiennes 1979 ayant pour objet les toponymes normands Bayeux Coutances et autre Lamballe Toutefois dans un respect du sens contextuel l onirisme du narrateur n y est plus rapport la loi libidinale Celle ci tait formul e on ne peut plus clairement d s la premi re page de Proust et le mon
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