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1. CONSTITUER L EUROPE 1 Dans un monde sans vergogne 131 p 2 Le motif europ en 156 p Bernard Stiegler d Galil e coll D bats 2005 Bernard Stiegler doc teur de l cole des hautes tudes en sciences socia les est actuellement di recteur du d partement du d veloppement cultu rel au Centre Georges Pompidou Il a men sa carri re dans la valo risation des technologies 063 066 biblio4p indd 63 4 de l esprit l Univer sit de technologie de Compi gne et jusqu en fin 2005 l Ircam B Stiegler nous livre ici sous forme de deux volu mes une r flexion philo sophique stimul e par les circonstances du d bat sur la constitution euro p enne Le premier vo lume donne une place pr pond rante aux as pects culturels Le second traite plut t de la dimen sion socio conomique L auteur d nonce ce qu il appelle une d sindivi duation g n ralis e dont il discerne l annonce dans le d veloppement de la r volution industrielle la division du travail l av nement de la consomma tion de masse biblio La domination croissan te de la logique marchan de a eu pour effet que les r les sociaux qui rel vent de l ofium comme temps des pratiques qui ne s valuent pas selon des finalit s utiles tome I p 85 ont t r duits aux profits du negotium comme domaine de l ac tivit de subsistance qui est certes la condition de otium mais2. ques les plus r centes de favoriser une autre circu lation de l information savoir la mise au point de syst mes de naviga tion et de moteurs de re cherches reposant sur l analyse des annotations de lecteurs tome I p 139 Ce serait par un vaste r seau permettant linter connexion des Europ ens que l on pourrait favoriser l mergence d une identi t europ enne C est aussi aller l encontre d une habitude profond ment ancr e en Europe selon laquelle la culture r sul te des surplus de l cono mie tandis que rappelle l auteur Hollywood en 1915 Griffith tour nera Naissance d une na tion mettant le cin ma au c ur du nouveau pro cessus d individuation psychique et collecti ve qu inventait l Am ri que tomell p 110 Et plus r cemment En 1997 la Commission des communications am ri caines avait recommand qu l horizon 2006 l analogique serait sup prim aux tats Unis tome II p 141 142 Cette proposition de l auteur ne risque t elle pas cependant de favori ser un nouveau type de masse de produits qui nous envahit la pl thore d informations circulant sur ces r seaux Sauf supposer que cette circu lation rendue plus active se traduise par un plus qualitatif qui devrait tre le r sultat des interven tions individuelles Ce type de proposition qui en quelque sorte se situerait dans la ligne europ
3. se constituaient les consistances comme objets qui n existent pas et par o l existence se distingue de la subsistan ce Notre propre soci t doit aujourd hui inventer les cultures de cet autre plan tome I p 50 51 64 063 066 biblio4p indd 64 D 12 10 06 9 10 21 Constituer l Europe sup poserait de r quili brer l otium par rapport au negotium de stimu ler une soci t d ama teurs l amateur ne fait pas simplement usage des techniques travers lesquelles il se cultive il cultive des pratiques travers ces techniques tome I p 106 L exp rience profession nelle de l auteur le conduit sugg rer que l Europe stimule active ment le processus d in dividuation psychique et collective par l inven tion de nouveaux mod les de socialisation des technologies culturelles et cognitives dont l ensemble constitue les technologies de l es prit tome p 124 B Stiegler y consacre le dernier chapitre du to me II Puissance publi que et individuation L Europe aurait financer ce nouveau type d infras tructures Il se distin guerait de l am ricain Google par exemple qui num rise une somme im pressionnante de textes 063 066 biblio4p indd 65 mais selon la logique de l audimat qui renforce par principe l acc s aux consultations les plus fr quentes tome II p 135 Il s agirait gr ce aux innovations techni
4. enne de l cono mie de la connaissance semble laisser dans l om bre une autre dimension importante surtout pr sente dans le premier vo lume celle des pratiques valorisant le savoir faire de l ouvrier de m tier ou de l activit artistique biblio Ces pratiques rel vent ce pendant d une anthro pologie implicite qui ne s pare pas totalement le corps de l esprit alors que les technologies de les prit renforcent la tendance r duire la place du corps de l exp rience concr te Les comportements pervers r sultant selon l auteur de notre mode de travail et de consom mation ne seraient ils pas davantage att nu s si l in dividu exp rimentait da vantage le r sultat concret de son action Jean Verly 12 10 06 9 10 21 LONGO MA R VOLTE ET UTOPIE APR S 68 Beatriz Graf Theisars historica 2006 Ce livre est la publica tion d un m moire de fin d tudes universitai res Il porte bien ce titre de m moire dans la mesure o il pr sente la m moire de l auteure qui a particip presque depuis leur cr ation en 1973 la longue utopie des coo p ratives europ ennes autogestionnaires Apr s Mai 68 de jeunes intel lectuels et apprentis fran ais autrichiens suisses et allemands se rencon trent et se rendent compte que s ils veulent la fois conserver leur projet de changer la soci t et ne pas verser dans la vio lence ils doivent se reti rer d
5. qui avaient marqu son his toire a cependant rig la transformation en mar ch s de toutes pratiques sociales comme son prin cipal leitmotiv Elle a donc fait sienne un cer tain type de d veloppe ment socio conomique qui fait de la consom mation de masse la r gle fondamentale il ne s agit pas seulement d offrir les biens n cessaires un niveau de vie d cent il s agit de stimuler l achat de produits de mani re telle que l offre des en treprises d termine la de mande du consommateur rendant aussi celui ci to talement d pendant des produits et des usages de ceux ci prescrits par l en treprise elle m me La construction de l Eu rope est de plus en plus v cue par les Europ ens comme un processus de destruction de leurs es paces de r f rence les nations les entrepri larevuenouvelle n 7 8 juillet aout 2006 ses Ceux ci sont mis en concurrence sans qu aucun horizon d uni t sup rieure aux conflits d int r ts n ait t d ga g tome II p 12 L auteur consid re qu il serait du devoir de l Eu rope de stimuler les condi tions d une motivation nouvelle une nouvel le individuation psycho sociale qui refl terait l originalit de la soci t europ enne en tant qu en tit nouvelle Selon lui il faut que l Europe avec sa culture sp cifique et son organi sation sociale isonomique stimule un projet origi nal qui la distingue de
6. sans lequel il ne serait plus que vani t ibidem 12 10 06 9 10 19 La croissance ne fait plus le bonheur Le GSM par exemple capable de pho tographier permet maintenant de donner regarder mais pas d ap prendre voir tome I p 52 Le mode d emploi des biens de consomma tion impose un certain usage attitude passive mais d courage la pratique attitude active d inven tivit C est l amplifica tion de la transformation de l ouvrier de m tier en ouvrier sp cialis C est aussi le vaste probl me de la r duction de la qua lit en performance quan titative d j pr sent dans l av nement du tayloris me au xIXx si cle C est le d veloppement de ph nom nes pervers et compulsifs tels certains comportements violents qui ne se comprennent que par le besoin de se faire remarquer Le consommateur peut de moins en moins in vestir libidinalement la standardisation compor tementale liminant la singularit sans laquelle il n y a pas de d sir qui est l objet m me du d sir et par o apparaissent tous les objets en tant qu ils forment un monde et non simplement une substance immonde il se trouve condamn la pro l tarisation c est dire la perte des savoirs prati ques qui forment son po tentiel d individuation tome I p 90 L Europe qui son origi ne s est voulue une ini tiative pacificatrice en regard des conflits
7. es villes et trouver des lieux abandonn s la campagne o lancer des coop ratives agri coles autogestionnaires La premi re est cr e en France dans les Alpes de Haute Provence Limans pr s de Forcalcquier Elle porte le nom de Longo Ma vieux salut pro ven al qui signifie Que cela dure longtemps Et cela a dur et essaim en Allemagne Suisse Autriche Ukraine Costa Rica Leur particularit 063 066 biblio4p indd 66 est de ne pas se conten ter d un retour la terre et l autosuffisance mais d investir largement par de nombreuses activit s le champ du politique statut des agriculteurs situation des immigr s et r fugi s m dias alterna tifs relations avec l Eu rope de l Est D autres ouvrages ont t crits sur Longo Ma notamment la suite de la campagne de presse visant d nigrer leur action Le pr sent ouvrage a une double sp cificit D abord il est un t moignage direct et int rieur Ensuite il se fonde sur de nombreux docu ments produits par l as sociation en constituant une sorte d arch ologie Sobrement sans cacher les difficult s inh rentes toute entreprise humaine collective Beatriz Graf larevuenouvelle n 7 8 juillet aout 2006 retrace l histoire des Longos nourris d uto pie concr te qui rejoint aussi l histoire d une po que L utilit du livre est certaine pour interroger le pass mai
8. la Chine de l Inde qui sont des soci t s de castes et des tats Unis o c est le dollar qui constitue les droits tome I p 77 Constituer l Europe repr sente un d fi consid rable Il s agit en effet de faire en sorte que les individus habitant l espace euro p en soient motiv s se reconnaitre dans ce nou vel espace C est pr cis ment en tant que les relations entre pays d une m me communaut ne se r duisent pas aux chan ges conomiques et la concurrence qu il faut distinguer une union po litique d une simple ligue d int r ts conomique tome II p 16 17 Le d fi de l approche de B Stiegler consiste aussi lier les dimensions in dividuelle et collective de l individuation Il le fait en r f rence la no tion d individuation psy chosociale de Gilbert Simondon selon laquelle un individu collectif de vient ce qu il est travers l individuation psychi que de ceux qui le com posent Par rapport au d clin des sph res qui ont permis l individua tion la nation l entrepri se la famille l Europe se pose comme une nouvel le r f rence Plus encore pendant des milliers d ann es la formation des soci t s a t la formation de cultu res qui ont toujours affir m qu il y avait au del de la subsistance et de l existence d autres plans magiques religieux artis tiques intellectuels poli tiques o
9. s aussi pour nourrir le futur de jeunes qui chercheraient vivre autrement tonnamment l auteure retrouve dans le personnalisme de Denis de Rougemont qui a aussi analys Longo Ma des voies de compr hen sion post riori pour leur action montrant par l que les fondateurs igno raient manifestement les crits d Emmanuel Mounier mais non ceux de Giono et l ex p rience du Contadour bien ant rieurs leur cr ation Comme souvent dans de telles exp riences le rap port ou l antagonisme entre le collectif et l indi viduel demeure un n ud difficilement d li cet gard l apparition pro gressive de signatures dans les publications de Longo Ma et la r dac tion m me de ce livre une plume traduit une plus large reconnaissance du r le de la personne Elle repr sente une matu rit de vie d action et de r flexion qui d s lori gine entendait qu on n change pas que des marchandises mais des hommes p 26 l image ignor e sans doute d un p re de l Eu rope Jean Monnet qui affirmait Nous ne coa lisons pas les tats mais les hommes Du micro au macro les deux exp riences participent de la construction progressive d une Europe de paix et de d mocratie Sans doute qu une reconnais sance plus large du r le de ces microconstruc tions europ ennes serait de nature favoriser une Europe plus solidaire JYC 1 Gilbert Fran ois Ca
10. ty Les h ritiers contest s Longo Ma et les m dias d Europe Paris Anthropos 1983 Luc Willette Longo Ma vingt ans d utopie communautaire Paris Syros 1995 Voir aussi dans La Revue nouvelle Jo lle Kwaschin R my Perrot Un sacr emmerdeur n 9 1993 et Autogestion Longo Ma un vieux r ve qui dure n 3 1990 Denis de Rougemont L avenir est notre affaire Paris Stock 1977 12 10 06 9 10 22
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