L`UNIVERSITÉ FRANÇAISE ET LA PROFESSIONNALISATION
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1. d convenues Qui ne se souvient de ces for mations de perforatrices v rificatrices pr tes tourner plein rende ment et touch es de plein fouet par l obsolescence M me les for mations sup rieures adapt es des besoins pr cis comme celles des Instituts Universitaires de Technologie peuvent conna tre ce gen re de d convenues et certaines ne gardent leur pouvoir attractif vis vis des tudiants que gr ce la s lection initiale L autre ligne de r flexion devrait porter sur l institution universitai re et sa capacit s adapter aux exigences de la professionnalisa tion L mergence d une universit de masse n a pas entra n une transformation des structures de l universit traditionnelle Les univer Sitaires sont toujours des enseignants chercheurs dont le temps de travail est partag galement au moins dans les principes entre l enseignement et la recherche Ce dernier doit une grande part de sa qualit et le l originalit de son contenu l activit de recherche Ce statut ne pose aucun probl me lorsque la fonction de l Universit n est point de faire de la formation professionnelle mais de dispen ser une culture qui vient confirmer le statut social d origine ni lorsqu il s agit d une fonction que l on pourrait qualifier de reproduction c est dire formation de chercheurs et d enseignants Il n en va plus de m me dans le cas de fili res professionnalis es vers d autres2. majorit le corps enseignant permanent de statut universitaire y est peu nombreux La plus grande partie de l ensei gnement est assur par d anciens l ves qui fournissent de ce fait autant un enseignement professionnel qu un mod le auquel se con former Enfin l ment non n gligeable elles disposent de ressources financi res bien sup rieures celles des Universit s et le co t d un l ve est beaucoup plus lev que celui d un tudiant de l universit La croissance spectaculaire de cette derni re n a pas affaibli le prestige des coles il a au contraire contribu les sacraliser Elles repr sentent une tradition mais aussi l efficacit l adaptation aux n cessit s de l conomie face des Universit s accus es de fabriquer des ch meurs ou de se transformer selon l expression consacr e en parking Sur le mod le des coles cr es par l Etat se d veloppe d ailleurs ces derni res ann es des coles priv es qui s lectionnent moins sur la qualit que sur la capacit payer le co t des tudes mais qui promettent leurs tudiants de v ritables d bouch s La concurrence entre les coles et les universit s a donc tourn comme le pr voyait Louis LIARD au d triment de l Universit mais elle permet aussi de comprendre pourquoi la pr occupation de pro fessionnalisation a mis si longtemps appara tre l Universit Celle ci pouvait s en d sint resser car elle tait pris
3. types d activit s On doit alors faire appel des professionnels et les uni versit s sont de ce point de vue en moins bonne position que les coles car elles ne peuvent sauf cas rarissime compter sur d anciens tudiants et il n est pas facile de trouver des professionnels comp tents qui soient en m me temps de bons enseignants En outre la r mun ration tout fait d risoire que leur offre l Universit pose plus ou moins long terme la question de leur attachement une acti vit dont les gratifications sont surtout d ordre moral La logique de la professionnalisation dans le syst me universitaire fran ais si elle est men e jusqu au bout conduit alors cr er l int rieur de l Universit des structures fort voisines des coles C est ce que sont en train de 92 devenir les I A E mais du coup cela ne r soud en rien la crise de l Universit de masse Par ailleurs les universitaires ne sont pas les mieux arm s pour construire des formations adapt es Au mieux pourrait on dire que les structures universitaires moins contraignantes que celles du se condaire permettent plus facilement de mettre fin une formation dont on s apercevrait qu elle est illusoire L id e de r pondre la de mande des entreprises repose sur la na vet qui consiste croire que la demande existe Plut t que de b tir artificiellement des forma tions professionnalis es ne devrait on pas dans un certain nombre de cas se so
4. L UNIVERSIT FRAN AISE ET LA PROFESSIONNALISATION Monique Hirschhorn Universit d Orl ans On pr sente de plus en plus souvent la professionnalisation des enseignements comme le moyen de r soudre la crise de l Universit et d viter le ch mage en s adaptant aux demandes effectives du march de l emploi La loi d orientation du gouvernement de gauche en 1984 a consid r la formation professionnelle comme une priorit essentielle et a ouvert largement les portes des conseils des universi t s aux repr sentants du monde productif Le gouvernement de droi te n est pas revenu sur ce choix Il existe donc dans ce domaine un large consensus auquel participent galement les enseignants et les tudiants Rien d tonnant alors qu en r ponse aux injonctions de la loi et du minist re se multiplient les fili res professionnelles dans le premier cycle DEUST dans le seconde cycle MST et dans le troi si me DESS mais aussi que l on r fl chisse assez peu aux cons quences de cette volution quant au fonctionnement de l Universit Comme nous ne disposons pour le moment que d un ensemble de donn es empiriques et non de recherches syst matiques sur ce su jet on ce contentera ici de formuler quelques hypoth ses qui de vraient bien entendu tre soumises v rification 1 cf M AMIOT et A FRICKEY A quoi sert l Universit Une universit ses tu diants et le march de l emploi Presses Universitaires de Gren
5. alification constitue une menace r elle Cependant la demande d acc s l enseignement sup rieur reste tr s forte ainsi qu en t moignent les manifestations tudiantes lors du vote l assembl e d une loi instituant une s lection l entr e dans les universit s Faut il y voir comme certains auteurs un paradoxe si l on tient compte de la d valorisation et de la baisse du rendement du dipl me et en chercher les interpr tations Pour Jean Claude PASSERON c est parce que les dipl mes valent inconditionnelle ment comme certificat de la valeur culturelle de la personne qu ils continuent tre recherch s Pour L LEVY GARBOUA les tudiants r pondent la d valorisation des dipl mes en abaissant le co t de leurs tudes donc en accroissant leur rentabilit par une modulation du temps qu ils consacrent aux tudes Mais l interpr tation du main tient de la demande peut tre aussi beaucoup plus simple Il ny a point de paradoxe vouloir entrer l Universit parce que l on veut tenter sa chance parce qu un dipl me vaut mieux que rien du tout 89 parce que la position d tudiant sauf lorsqu elle exige des sacrifices normes est plus agr able que la confrontation cruelle avec la r alit du march de l emploi C est un jeu o la plupart des participants n ont rien perdre et ventuellement quelque chose gagner C est dans cette m me logique que l on se presse l entr e des fili res s lectives pro
6. diants d favoris s Le passage par les coles s av re de ce point de vue plus rentable mais l investissement en travail est tr s lev et ils sont fort peu y acc der La troisi me phase celle des trente glo rieuses la seule qu aient pu conna tre les universitaires actuels cor respond une p riode de fort rendement du dipl mef Le nombre des tudiants augmente de fa on spectaculaire ainsi que le nombre des emplois A certain moment l offre est m me plus forte que la de mande L enseignement constitue en particulier le d bouch privil gi de toute une s rie de fili res traditionnelles Enfin la derni re phase dans laquelle nous nous trouvons toujours et dont les pr misses sont justes discernables avant 1968 il se traduit par une forte croissance 7 In Le changement social de Henri MENDRAS et Michael FORSE Paris Armand Co lin collection U 1983 Dont ils ont eux m mes b n fici s 88 des dipl m s peine stabilis e aujourd hui alors que le march de l emploi connait des modifications et que le ch mage se d veloppe La situation des dipl m s s est donc radicalement modifi e S ils semblent encore aujourd hui l abri du ch mage de longue dur e qui touche de fa on pr f rentielle les jeunes arrivant sur le march du travail sans qualification ils n chappent pas au risque de d qualifi cation comme le prouverait le fait qu une partie des candidats aux concours administratifs d
7. e cat gorie B ou m me C poss de souvent des dipl mes de niveau tr s sup rieur ceux qui sont exig s Dans ce cas pr cis il convient toutefois de s interroger sur la r alit de ce d classement S agit il d une adaptation aux exigences du march de l emploi l afflux des candidats augmentant la difficult du concours ou de la reconnaissance implicite que le dipl me obtenu ne garantit plus un niveau de connaissances et de capacit s On confond en ef fet souvent deux formes de d valorisation des dipl mes qui peuvent d ailleurs se conjuguer celle qui r sulte m caniquement de l accrois sement du nombre de ses titulaires le dipl me ne repr sente plus un ticket prioritaire dans une file d attente et celle qui est le produit d une moindre s lection et d un affaiblissement des exigences univer sitaires En fait la premi re forme de d valorisation entra ne pres qu in vitablement la seconde Moins rare donc moins rentable le di pl me est moins convoit il perd de son prestige la fois pour ceux qui le d livrent et pour ceux qui le re oivent Plus significatifs quant la d qualification sont les pourcentages de dipl m s de l enseignement sup rieur qui pour leur premier tra vail ne trouveront du travail qu en tant qu ouvriers 10 des tu diants ou qu en tant qu employ s 20 des tudiants Il est vrai que ces statistiques ne concernent que le premier emploi mais elles montrent n anmoins que la d qu
8. e en charge par les coles Le syst me fran ais en effet allait jusqu pr voir que la for mation des enseignants n tait point l affaire de l Universit C tait le 5 Dites de ce fait ann e pr paratoire lettres sup rieures et 1 sup rieure pour la pr paration aux grandes coles litt raires math matiques sup rieures et math mati ques sp ciales pour les grandes coles scientifiques Il existe de surcro t des pr para tions sp ciales comme par exemple pour les coles v t rinaires Ces pr parations se font en lyc e sous la direction de professeurs agr g s qui b n ficient d un statut privi l gi Le secteur priv prend en charge certaines pr parations non officielles mais rendues n cessaires par la s lection par exemple celle aux Instituts d tudes politi ques Certaines d entre elles s offrent le luxe de pratiquer une v ritable s lection 87 cas pour les instituteurs avec les coles primaires normales mais aussi ce qui est plus tonnant pour les enseignants du secondaire avec les coles normales sup rieures Cependant l augmentation des effectifs du secondaire a entra n celui du nombre des postes au concours de l agr gation sans qu augmente dans la m me proportion celui des places au concours d entr e aux coles Il s ensuit que nombre de futurs agr g s n ont eu qu une formation universitaire mais l on sait que le prestige des agr g s anciens l ves reste for
9. fessionnalis es ou non parce que le gain escompt est plus important et qu une part non n gligeable des tudiants des universit s sont les refus s des diverses formations s lectives des plus prestigieuses coles normales sup rieures par exemple jusqu celles qui offrent un cursus plus court que l Universit B T S 1 U T ou ceux que leurs tudes ant rieures n autorisaient m me pas ten ter leur chance On comprend mieux pourquoi les universitaires se pr occupent de professionnaliser les fili res Le temps n est plus o il tait mal venu d en parler o cela paraissait une v ritable trahison l gard des valeurs universitaires du caract re d sint ress du savoir et des imp ratifs de la recherche pure La professionnalisation de l ensei gnement prend l inv rse le visage d une quasin cessit Pour les disciplines qui ne peuvent plus compter sur les d bouch s de l ensei gnement secondaire savoir la formation des enseignants au moins dans un avenir court terme ni sur l absorption massive de leurs dipl mes par la fonction publique ou plus g n ralement le march de l emploi l heureuse poque o il suffisait d une licence de philosop hie d histoire ou m me de langue pour rentrer comme cadre dans une banque semble r volue c est une mani re de retrouver un se cond souffle pour les autres c est une fa on de rendre plus attractif les enseignements d attirer de bons tudiants d
10. oble 1978 L SCHWARTZ Pour sauver l Universit Paris Le Seuil 1984 l Universit est elle r formable in e d bat n 45 mai septembre 1987 DEUST dipl me d tudes universitaires scientifiques et techniques MST ma trise de sciences et techniques DESS dipl me d enseignement sup rieur sp cialis 85 Il est impossible d tudier cette transformation sans tenir compte des caract ristiques sp cifiques de l enseignement sup rieur en France et son histoire Si l Universit fran aise a pu si long temps ignorer le probl me de la professionnalisation c est tout d abord par ce que le syst me d enseignement sup rieur fran ais l inverse des autres pays europ ens est double d un c t l Universit de l autre les grandes coles et que de fa on assez surprenante une partie des grandes coles ont pour elle le b n fice de l ant riorit ainsi l cole des Ponts et Chauss es cr e en 1715 l cole d artillerie en 1720 l cole du g nie militaire en 1748 l cole des mines en 1783 La monarchie vieillissante offre au pays les Scientifiques et les ing nieurs dont il a besoin alors que les Universit s c l bres au Moyen Age ne servent plus qu la collation des grades et que l essentiel de la formation intellectuelle est assur par ce que nous appelons au jourd hui l enseignement secondaire Sur ce plan il n y a point de rup ture entre l ancien r gime et la r volution m me si certaine
11. possible la rigueur d identifier mais dont on ne peut pr voir coup s r les volutions Ainsi par exemple la croissance de la population active Elle reste forte de 1985 l an 2000 2 2M d actifs en plus pour arriver un maximum en 2003 26 6M puis recommence diminuer Mais l volution de la popu lation active ne d pend pas uniquement de la pyramide des ges elle est aussi li e la prolongation de la scolarit l ge de la retrai te au comportement professionnel des femmes Toute pr vision fine en ce qui concerne l ampleur de la demande d emploi reste donc sujette caution Encore est il plus difficile de pr voir ce que sera m me br ve ch ance la structure de l emploi Dans un article au titre provocateur des tudiants pour quoi faire Pierre SURAULT conclut que sauf bouleversement rapide de la structure des emplois que ne laisse pas pr voir celle des embauches actuelles il faudra bien que les jeunes sachent qu une bonne partie d entre eux feront des tudes universitaires pour devenir ouvriers ou employ s Il constate en effet qu il existe une augmentation r guli re des sorties de l appareil ducatif avec une formation compl te en particulier pour l enseignement sup rieur mais qu en d pit d une diminution du nom bre des ouvriers ceux ci repr sentent encore 35 1 de la population active et que la croissance des cadres et professions intellectuelles sup rieures s est t
12. r s nettement ralentie Entre mars 1985 et mars 1986 sur 573 000 de moins de 25 ans entr s en activit occup s pr s de 40 ont trouv un emploi comme ouvrier et seulement 3 comme cadre li faudrait probablement nuancer ce propos et le traiter comme une hypoth se au m me titre que le propos de ceux qui ar guant du non ch mage des dipl m s concluent un peu h tivement que les probl mes de l emploi seront r solus par l l vation globale de la formation et la professionnalisation des enseignements sup rieurs La population active d ici 2010 mode d emploi par Laurence Bloch Olivier Mar and et Claude Thelot in Ville colloque national de d mographie 5 7 Mai 1987 1 Pierre SURAUT Des tudiants pour quoi faire En l an 2000 de nombreux dipl m s de l universit seront employ s ou ouvriers Le Monde 28 janvier 1987 91 A cette premi re interrogation s ajoute celle sur ia nature des di pl mes dont nous avons besoin En dehors de secteurs o la deman de est vidente et parfois relay e par la profession par exemple la ma trise de sciences et techniques comptables et financi res pr pa rant une partie des certificats de l expertise comptable combien met on en place de fili res professionnalis es dont les d bouch s sont beaucoup plus al atoires L on sait d ailleurs que cet effort du Syst me ducatif pour s ajuster la demande du march de l emploi conduit de singuli res
13. s ve nir sera de remplacer les enseignants et les chercheurs qui partiront la retraite La qualit du recrutement est un enjeu essentiel mais il n est certain que l on trouvera les candidats et qu on leur assurera la formation souhaitable 12 DEA dipl me d tudes appronfondies de 3 cycle universitaire 93 Cet ensemble de r flexions conduit donc examiner de fort pr s l volution actuelle L inadaptation actuelle de l Universit ne fait au cun doute mais la recherche des solutions si elle passe videmment par des choix politiques et conomiques doit s appuyer sur une tu de pr cise et objective du fonctionnement universitaire des syst mes de contraintes auxquels sont confront s enseignants et tudiants 94
14. s coles disparaissent ou sont mal administr es et en 1794 la convention cr e son tour l cole polytechnique La fondation en 1945 de l cole na tionale d administration par Michel DEBRE s inscrit exactement dans cette tradition et s inspire du mod le de l cole polytechnique appli qu aux besoins de la fonction publique Ferm es par la r volution fran aise vivotant au XIX si cle l exception des coles de droit et de m decine les universit s ne ressuciteront qu avec la troisi me R publique lorsque tirant les le ons de la d faite de 1870 et de la comparaison avec l Allemagne l on se pr occupe de doter la France de v ritables universit s Mais d j Louis LIARD directeur de l ensei gnement sup rieur craignait dans une vision quasiment proph tique que les coles ne continuassent attirer et retenir les meilleurs ne laissant aux Universit s futures que les moins bons et les refus s Destin es former l lite de la nation r pondre ses besoins en ing nieurs scientifiques administrateurs les coles constituent un syst me d enseignement sup rieur original Comme le fait remarquer Laurent SCHWARTZ le MIT ou le Polytechnicum de Zurich ne sont pas comparables aux grandes coles fran aises car ils fonctionnent de la m me mani re que les universit s qui les entourent en prati quant l entr e des tudes une s lection s v re A l inverse en France le fonctionnement et l organisation de
15. s coles se diff rencient tr s nettement de celui des universit s Les lyc ens titulaires du bac calaur at acc dent en effet sans s lection l Universit En revan 3 Cf ce propos l excellent livre de Terry SHINN Savoir scientifique et pouvoir so cial l cole Polytechnique 1794 1914 Paris Presses de la fondation nationale des sciences politiques Propos cit par E N SULEIMAN Les lites en France grands corps et grandes coles Paris Le Seuil collection Sociologie politique 1978 86 che les coles recrutent sur concours auxquels dans la plupart des cas on ne peut se pr senter qu apr s un ou deux ans de pr paration intensive sous la conduite d enseignants tr s qualifi s Le nombre des places est limit de fa on drastique ainsi de la troisi me R pu blique nos jours l effectif d une promotion de polytechnicien n a gu re augment Cons quence directe de ce mode de recrutement les tudiants qui sortent des coles ont la conscience d appartenir une lite dont le prestige repose sur la s lection et la raret qui s en suit IIs d veloppent un esprit de corps qui subsiste bien au del de la sortie de l cole et permet de comprendre certains aspects du fonctionnement politique conomique et administratif fran ais L or ganisation interne des coles est galement fort distincte de celle des universit s M me lorsque ces coles sont des coles d Etat ce qu elles sont en
16. t grand et que le passage par l cole permet souvent d envisager des carri res plus brillantes que celle de l enseignement secondaire l enseignement sup rieur la haute fonction publique par un passage par l ENA via concours interne l activit politique Un autre l ment explique galement la longue indiff rence la question de la professionnalisation c est l volution du rendement du dipl me A la suite de Jacques LAUTMAN et de Michel FORSE et Henri MENDRAS on peut reconstituer celle ci en mettant en rapport l offre d emplois de cadres et de professions lib rales et le nombre de dipl m s Lorsqu la fin du si cle dernier l on recr e les universi t s ces tudiants sont fort peu nombreux mais l offre est galement tr s faible La plupart des emplois sont accessibles soit par la voie royale des coles soit par le simple jeu de la position sociale Toute fois le dipl me repr sente une ressource r elle pour ceux qui n ont pas de position sociale et leur assure une mobilit ascendante Apr s la premi re guerre mondiale le nombre des tudiants s accro t sans que l on puisse encore parler d une explosion scolaire et la progres sion du nombre d emplois reste faible La nouveaut r side surtout dans le fait qu une partie des enfants de la bourgeoisie vient cher cher l universit une confirmation du statut social d origine ce qui n am liore pas et contribue m me diminuer les chances des tu
17. tre en mesure de pratiquer une s lection et de trouver des financements propres gr ce la taxe d apprentissage On peut alors se poser les questions sui vantes la professionnalisation des enseignements universitaires r ali se t elle l adaptation souhait e aux besoins de l conomie Quelles Sont les cons quences de la professionnalisation quant au fonction nement de l Universit Est elle v ritablement compatible avec les caract ristiques actuelles de celle ci Il est vident que la r ponse chacune de ces interrogations suppose toute une s rie de recherches pr alables La premi re pour Sauf transformation totale de notre syst me ducatif les d parts la retraite l hori zon 2000 vont provoquer une reprise de la demande dans ce secteur 90 rait porter sur l valuation de la demande de dipl m s Faut il plus de dipl mes comme on l affirme lorsque l on se donne comme objectif d amener 80 d une classe d ge au niveau du baccalaur at et 55 tre titulaires du baccalaur at et que l on ne dissocie pas la n ces sit d une l vation g n rale du niveau de qualification de celle d augmentation consid rable du nombre de dipl m s de l enseigne ment sup rieur On ne saurait r pondre de fa on d finitive car m me si pour une part l volution venir d pend des donn es pr sentes elle peut aussi tre tr s fortement modifi e en fonction de certain param tres qu il est
18. uvenir que le prestige des l ves des grandes coles com me le montre Ezra SULEIMAN repose moins sur leur sp cialisation que sur leur capacit s adapter une tr s grande diversit de si tuations Dans un univers en mutation n est ce pas la qualit d une formation g n rale si d cri e qui garantit mieux qu une sp cialisation troite l adaptation un univers en mutation A l inverse la profes sionnalisation artificielle de certaines fili res risque de produire une formation incoh rente Les universit s et les tudiants n y ont rien gagner Enfin se pose le probl me de la recherche Certes et c est une retomb e positive de la professionnalisation des enseignements la recherche peut se trouver stimul e par une connexion plus troite avec le monde ext rieur mais cela ne vaut videmment que pour une partie des disciplines Par ailleurs la professionnalisation des fi li res draine vers celle ci les tudiants les plus dynamiques ceux qui ont les projets les plus construits et la recherche risque de devenir le refuge de ceux qui n ont pas t s lectionn s ou n ont pas voulu ou os affronter la s lection de ceux qui font ainsi faute de mieux un DEA une th se sans trop savoir o cela m nera effectivement Paradoxalement alors que dans la d cennie qui vient de s couler l un des probl mes majeurs de l Universit tait de ne plus avoir comme d bouch principal l enseignement celui des d cennie
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