Conférences Françoise Giroud MG v1
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1. voqu plus haut avec la fin des subventions l agriculture ph nom nes climatiques comme les deux ann es de s cheresse en Australie L Australie exporte habituellement 20 millions de tonnes de c r ales elle n en a export que 10 millions de tonnes Pour la premi re fois depuis la r volution verte les stocks de c r ales diminuent dangereusement Il faut donc poser une nouvelle quation agricole C est notamment l enjeu de deux journ es de r flexion l cole d agriculture d Angers Les besoins alimentaires augmentent plus vite que la production l eau commence manquer l Afrique est une fois de plus en difficult le Br sil gros producteur est soumis aux al as climatiques La perspective de recourir aux zones septentrionales b n ficiaires du r chauffement demeure probl matique Le prix du p trole va augmenter in luctablement et celui des engrais encore plus environ deux fois plus vite Les minerais de phosphates sont de plus en plus pauvres les transports de plus en plus chers Labourer devient hors de prix Les traitements phytosanitaires et les engrais polluent les eaux Que faire On a envisag le recours aux OGM organismes g n tiquement modifi s M me si l on ne peut absolument les exclure comme le souhaitent les cologistes ils ne sont pas une solution prioritaire A quoi bon am liorer le potentiel de production d une semence si on est ensuite coinc par le manque d eau l2. bient t 7 milliards d hommes et sur la n cessit de penser l cologie l chelle plan taire On sait que cette croissance d mographique est un ph nom ne r cent depuis le n olithique jusqu au XVIIIe si cle la courbe de la population mondiale est rest e presque tale Mais depuis 200 ans la population monte en fl che Cette population a besoin de manger de boire de disposer d espace Mais c est aussi une population intelligente qui veut soumettre le milieu dans lequel elle vit et dont les d sirs sont extensibles l infini Il en r sulte long terme une consommation qui tend vers l infini Or notre poque est celle des ch ances on n est pas s r de pouvoir alimenter toute la population mondiale l espace commence manquer les carburants fossiles faire d faut Nous vivons cette p riode critique que l on peut appeler la rencontre avec les limites Le principal probl me qui est aussi le domaine de sp cialit de Michel Griffon est celui de l alimentation C est vrai depuis toujours quand on lit les textes anciens on y d couvre de fa on r currente des famines des guerres la peste des morts violentes Ce sont l pourrait on dire nos quatre cavaliers de l apocalypse Les r gions forte densit de population Europe et Chine ont tr s t t pris conscience de la n cessit de faire face cinquante ans avant l re chr tienne l empereur de Chine faisait distribuer des semences de r
3. d eau doit p n trer dans le sol et non ruisseler On ameublit donc le sol on veille sa couverture v g tale et faute de capitaux tout est fait la main Le r sultat est 3 5 de croissance ces derni res ann es Dans une r gion o au contraire il tombe 1500 mm d eau par an en zone tropicale on peut pratiquer deux cultures successives dans l ann e une plante racines profondes r cup re des nutriments et se d compose en produisant de l humus La fertilit b n ficie la plante qui suit Troisi me exemple des c r aliers australiens se sont rendu compte que la monoculture et la s cheresse produisaient des dustbowls comme dans les bad lands des Etats Unis Ils se sont rendus au CIRAD de Montpellier on leur a conseill de planter de la luzerne pour fixer les sols et obtenir un engrais azot naturel la luzerne tant une l gumineuse fixe l azote de l air Elle peut aussi nourrir des troupeaux de mouton Ce proc d peut tre r pandu dans les pays m diterran ens Il faut donc compter sur l intelligence des conditions de culture locale que ce soit au Br sil au nord de l Inde ou en France Cette vulgarisation des connaissances scientifiques est le but de l cole sup rieure agricole d Angers qui promeut l agriculture intensive cologique Michel Griffon invite ceux qui le peuvent et le d sirent prendre part aux d bats organis s avec des chercheurs et des agriculteurs de la r gi
4. utilisation massive et co teuse d engrais la pollution On vient d apprendre que le gouvernement chinois lui m me renonce certains OGM En r alit on n a pas fait de recherches suffisantes sur l tude du milieu Cela am ne s interroger sur l agriculture biologique peut elle sauver le monde Il semble qu elle ne dispose pas encore de la technologie n cessaire pour produire en quantit suffisante Toutefois la consommation de viande est pour ce calcul une variable essentielle Si on la fixe 120 kg par personne et par an comme aux Etats Unis le pari est impossible Mais on peut fort bien vivre en ne consommant que 20 kg de bonne viande par personne et par an et dans ce cas l agriculture biologique pourrait produire assez de calories v g tales pour nourrir le monde L agriculture cologiquement intensive Toute la question est l comment concilier quantit et qualit La question s est pos e au Grenelle de l environnement dont la tenue en 2008 a t largement d termin e par la crise alimentaire de 2007 Enseignants chercheurs agriculteurs membres d associations cologiques se sont r unis pour ce que l on peut appeler avec S gol ne Royal une d mocratie de d lib ration La premi re formulation sugg r e pour ce type d agriculture respectueuse de l environnement est agriculture haute valeur environnementale Mais les paysans n aiment pas tre consid r s comme de simples agents d
5. Conf rences Fran oise Giroud D bat du 20 octobre 2011 avec Michel Griffon Nourrir la plan te des solutions existent Jean Fran ois Lamoureux vice pr sident d Action contre la faim ouvre la s ance en pr sence de Fran ois Danel Directeur g n ral d ACF Il remercie et pr sente Michel Griffon agronome et conomiste conseiller scientifique du directeur g n ral de l Agence Nationale de la Recherche Cette conf rence d bat fait suite celle de Bruno Parmentier qui a tent le 17 juin de r pondre la question Comment nourrir 9 milliards de personnes dans un monde aux ressources rares Le propos de Bruno Parmentier tait plut t pessimiste l en croire nous allons droit dans le mur Nous avons donc demand Michel Griffon des raisons d esp rer malgr tout Michel Griffon prend la parole sans notes et annonce un plan en deux parties d abord un tableau inspir par l cologie abordant la question alimentaire de fa on technique plut t que politique ensuite l expos des solutions que la recherche propose actuellement L orateur rend d abord hommage son ma tre Ren Dumont dont il a suivi comme tudiant la derni re ann e d enseignement avant sa retraite C est lui qu il doit ses id es de d part sur le d veloppement et la pratique des cultures alimentaires Le cahier int rieur du Monde dat du 21 octobre porte sur la croissance de la population mondiale
6. e l environnement Il s agit de promouvoir un nouveau contrat social d velopper une agriculture compatible avec l environnement On doit distinguer entre les milieux en France l agriculture actuelle est intensive par l usage d engrais par l nergie d pens e par la mobilisation de capitaux importants en Inde on dispose de peu de capitaux et l agriculture est intensive par le recours une main d uvre nombreuse 1 Pour plus de d tails on pourra se reporter au tableau comparatif de la r volution verte et de la r volution doublement verte dans l ouvrage de 2006 Nourrir l humanit de Michel Griffon ditions Odile Jacob pp 332 335 On peut sans paradoxe parler de recours intensif l analyse cologique Le mot cologie est trop souvent employ des fins exclusivement politiques Mais il existe une trentaine de th ories cologiques valeur scientifique Celle qui nous int resse est l cologie fonctionnelle On peut et on doit tudier de pr s les fonctionnalit s dans les cosyst mes La premi re et la plus connue est la photosynth se le soleil et le gaz carbonique produisent grain amidon sucre et bois Il faut tenter d optimiser le rendement La seconde est la vie du sol Il faut tudier de plus pr s tout ce qui est vivant dans le sol n matodes lombrics acariens bact ries Nous devons tudier de plus pr s la fabrique de l humus Dans un sol modifi par l engrais chi
7. iz am lior es avec un mode d emploi En Chine on a tr s t t sculpt les montagnes pour installer des rizi res irrigu es sur les pentes Mais ces efforts n ont pas supprim les grandes famines La solution europ enne a donc t d migrer de chercher ailleurs l espace agricole En effet on n a pas su jusqu au XIXe si cle accro tre suffisamment les rendements L augmentation rapide de la population n admettait que trois possibilit s mourir de faim migrer am liorer les technologies agricoles Malthus n voquait que la premi re possibilit Au banquet de l homme il n y a pas de place pour tout le monde La technologie a pourtant apport une solution au moins provisoire La Chine notamment a associ intelligence des cultures et recours la technologie Cela n a pas emp ch d immenses famines en Asie surtout les premi res ONG catholiques ont mis l accent sur celles dont souffraient les enfants en Inde Une r ponse technologique porte le nom de r volution verte Elle a t pr figur e par les progr s techniques engrais et m canisation dans les Etats Unis des ann es 1920 1930 Elle s est r pandue avec la domination conomique et militaire des Etats Unis l issue de la deuxi me guerre mondiale En Europe le g n ral Marshall auteur du fameux plan Marshall visait radiquer la faim dans une Europe puis e par la guerre afin d viter la marche vers le communi
8. mique il faut compter une p riode de transition d une ou deux d cennies pour parvenir une agriculture intensive en cologie L Amazonie donne un exemple de la formation de sols fertiles Le long des fleuves d Amazonie on trouve des terres tr s noires dont la fertilit quivaut trente ou quarante fois celle des terrains avoisinants La recherche a montr qu apr s des br lis le charbon de bois qui en est issu a t m tabolis par les vers de terre L eau est ainsi fix e dans un sol riche sur deux ou trois m tres de profondeur La technique du charbon de bois peut tre transpos e ailleurs Dans un autre domaine on sait que les paysans se plaignent de la prolif ration des mauvaises herbes et emploient des herbicides pour les liminer Or des plantes comme l avoine sont mauvaises coucheuses ou en termes scientifiques all lopathiques On peut donc liminer les mauvaises herbes sans herbicides Dans le futur on peut imaginer des mol cules all lopathiques Mais il convient d viter de les utiliser comme simples herbicides La notion d quilibre entre les esp ces de biodiversit est essentielle dans ces pratiques Un autre aspect de cette approche respectueuse de l environnement est l tude des cha nes trophiques chaque tre vivant en d vore d autres et il est lui m me d vor Cela vaut pour les plantes comme pour les animaux La loi g n rale est celle de la diversit plus un syst me es
9. nouvelles solutions o plut t de nouveaux quilibres Compte tenu de l augmentation rapide de la population il est n cessaire de produire plus mais en respectant l environnement et en promouvant une agriculture lowcost Dans un premier temps le CIRAD centre de coop ration en recherche agronomique pour le d veloppement Paris et Montpellier a t l un des seuls organismes de recherche s occuper de d veloppement durable C est en Inde que le syst me de la r volution verte a montr le plus vite ses limites Certes on pensait par s lection introduire des plants de riz produisant 20 tonnes au lieu de 10 l hectare Mais les engrais polluaient gravement l environnement notamment dans la r gion du Gange Il fallait donc trouver autre chose La solution est de mieux exploiter les cosyst mes La r volution doublement verte A l origine cette expression calqu e sur la r volution verte n a pas eu grand succ s Cette volution est due ce que l on peut appeler un coup de tonnerre les meutes de la faim de 2007 dans 30 grandes villes de pays en voie de d veloppement Devant la flamb e de cours des aliments de base ces villes sont entr es en effervescence or les gouvernements craignent ces d bordements La flamb e des prix avait des causes multiples augmentation de la population mondiale accroissement de la consommation de viande y compris dans les pays mergents ajustement structurel
10. on les 25 et 26 octobre prochains
11. sme Au Japon le g n ral Mac Arthur a impos lui aussi la r volution verte Rappelons en les principaux aspects semences s lectionn es engrais produits phytosanitaires machines agricoles Le terme de r volution verte est n en 1966 il a t repris en 1968 par William Gaud directeur de USAID US agency for international development Cette r volution verte conna t des modalit s diff rentes selon les milieux ainsi dans l Asie tr s peupl e il n y presque pas de m canisation car la main d uvre humaine est abondante et bon march En revanche on y a plus recours l irrigation qu ailleurs Les r sultats sont importants on a quadrupl les rendements en quarante ans Il faut noter que Ren Dumont ne croyait pas la r volution verte pour des raisons d ordre social il pensait que seules les exploitations de taille interm diaire pouvaient investir suffisamment et que le processus aboutirait une concentration fonci re On peut objecter cette th orie qu en Inde la r volution verte a permis une redistribution de la richesse fonci re La fin de la r volution verte est due au d but des ann es 1980 ce que l on a appel l ajustement structurel Il s agit d abandonner les subventions l importation et l exportation et de renoncer au soutien l agriculture cr dit engrais machines semences pour sp cialiser les r gions dans les cultures les plus rentables et pr venir
12. t complexe plus il tend s auto quilibrer A ce titre la monoculture actuelle le bl en Beauce engendre de dangereux d s quilibres Il faut produire du grain certes mais aussi veiller la conservation de la biomasse Ces r flexions am nent d finir une agriculture des pauvres reposant sur la force de travail mais aussi sur l intelligence et le sens de l observation Au contact de la nature les paysans rep rent vite ce qui correspond leur exp rience les formations peuvent donc tre rapides et efficaces Ainsi en Indon sie les agriculteurs ont vite compris que la libellule est le pr dateur supr me de tous les autres insectes En France la paysannerie s int resse peu l cologie politique mais n est pas hostile surtout dans la jeune g n ration l cologie scientifique instrument d une agriculture de pr cision Toutefois ces consid rations n enl vent rien la n cessit d avoir des politiques agricoles de soutien En guise de conclusion il faut rappeler que nous avons un esprit format par la r volution verte que l on peut comparer au taylorisme on a standardis le processus de production agricole C est une agriculture uniformis e une agriculture de rouleau compresseur Il faut mettre l cosyst me au premier plan tablir des diagnostics pr cis du fonctionnement des diff rents milieux comme cela s est fait par exemple dans le Haut Niger r gion tr s s che Chaque goutte
13. un risque d inflation Le FMI se proposait de lutter contre l inflation en incitant couper les subventions la Banque mondiale veillait l tablissement d un nouvel ordre d changes En parall le des conomistes ont constat la stagnation des rendements Ainsi au Pendjab riche r gion rizicole les rendements ont stagn partir de 1990 Ce plafonnement de la production tait d autant plus inqui tant que la population continuait de cro tre Des conomistes ont sugg r que cette limite de rendement n tait peut tre atteinte que dans les r gions o la r volution verte avait t introduite depuis longtemps On a donc tent d augmenter les rendements sur de nouveaux terroirs en zone tropicale mais il fallait viter de d truire la for t tropicale Comment produire par les pauvres et pour les pauvres Il faut rappeler que 600 700 millions de personnes ne peuvent subsister alors que ce sont des agriculteurs Cela est d l abandon en 1980 et 1990 de subventions jug es trop co teuses ainsi en Inde on subventionnait non seulement les semences les engrais et le mat riel mais aussi l lectricit n cessaire aux exploitations C est ce qu on appelait the big push impulsion li e une politique de grands projets Le FMI a impos la priorit au remboursement de la dette ce qui a men la suppression des subventions Il La nouvelle quation agricole Devant cet chec relatif il faut trouver de
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