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1. Vate faire pa tre Vate faire mettre Pouh pouh pouh Reviendras tu p p dis je d pit fils pas ri lair piteux sans japper et pouvoir P ris Mouh mouh mouh Reviendras tu m aimer dis je d mis fils marri l air miteux sans jamais mouvoir Maryse Pardi Mardi 119 PROSES A CONTRAINTES Claudette Oriol Boyer Ceci n est pas un texte pour enfants Manuel vide l enveloppe de Lise Les images sibyllines bauches d un puzzle clat es s parpillent sur les pluchures couvrant tr s exactement une recette pos e sur la table de cuisine alsifis au pers du jardin Le fragment impose sa loi Sur les faces non color es en pi ces on peut lire manuscrites les bribes d une lettre message d chiffrer En face songeuse Emma rassemble les ingr dients d une mayonnaise Questions impossibles d fis opaques disparitions incongrues Non rien n a t oubli Par pr caution dans l enveloppe silencieux Manuel glisse un dernier regard Alors les mains associent caressent les bords tournent et retournent le jaune et les nuages Et s enlise la m moire des formes que les yeux ont saisie puis laiss e aux doigts rites et palpation clipses de cils et de cuill res balbutiements tir s ellipses Les visages et les corps se composent infiniment nouveaux Tandis que l index comble un vide un
2. Formules n 3 n est pas d di e Monsieur Jourdain mais plut t tous ceux qui font de la prose en le sachant et plus sp cialement Jorge Luis Borges dont nous f tons le centenaire de la naissance Festrval de la Nouvelle Saint Quentin 1999 Ce num ro qui comporte de nombreuses nouvelles est sp cialement con u pour notre troisi me participation ce festival du 27 au 29 mai 1999 Revue publi e avec le concours du CENTRE NATIONAL DU LIVRE FRANCE de la COMMUNAUT FRAN AISE DE BELGIQUE et de la DRAC de PICARDIE Formules est une publication de l Association Reflet de Lettres SAINT QUENTIN Aisne avec la collaboration de la Fondation No sts Internationale et de l Association No sis France Formules est une revue traitant d un domaine particulier celui des litt ratures contraintes Les envois spontan s sont encourag s pourvu qu ils soient en rapport avec ce domaine toutefois Formules ne maintiendra pas de correspondance avec les auteurs des textes refus s qui ne seront pas retourn s Les auteurs publiant dans Formules d veloppent librement une opinion qui n engage pas la revue Cependant Formules se donne pour r gle de ne jamais publier de textes antid mocratiques ou contraires la dignit de la personne humaine Adresse de la r daction en Belgique Parkstraat 171 3000 LEUVEN Courrier lectronique jan baetens arts kuleuven ac be Adresse de la r da
3. 149 ANTECEDENTS PROSES A CONTRAINTES Marcel B nabou A propos de What a man Premiers l ments pour une retractatio Commenter c est admettre par d finition un exc s du signifi sur le signifiant Le commentaire repose sur le postulat que la parole est acte de traduction qu elle a le privil ge dangereux des images de montrer en cachant et qu elle peut ind finiment tre substitu e elle m me dans la s rie ouverte des reprises discursives Michel Foucault Naissance de la clinique On sait au moins depuis Saint Augustin et ses m saventures avec les P lagiens qu il n est pas inutile parfois pour un auteur de revenir sur ses ouvrages pass s d tudier derechef des questions pr c demment trait es par lui afin d y apporter des corrections ou des compl ments Cela s appelait en bon latin une retractatio C est retractatio de ce type qu il m a sembl n cessaire de me livrer ici propos de mon dition comment e du What a man de Georges Perec car divers points importants y taient imparfaitement per us ou insuffisamment d velopp s Mais comme le texte de ce commentaire initial n est pas n cessairement pr sent toutes les m moires j ai cru devoir en rappeler au moins bri vement les points essentiels chaque une 150 fois que ce rappel tait indispensable la compr hension de mes nouvelles remarques Je ne referai cert
4. Non non docteur Je dois me mettre sur mon trente deux Pardon Ah Non ne faites pas d efforts vestimentaires particuliers demain alors C est a docteur et m me trois mains si vous le voulez bien CEE 11 d cembre 1998 H pital de Sizentin Je vais mieux il para t A l h pital tout le monde est tr s gentil avec moi Je suis sous surveillance constante On enregistre le moindre de mes propos Je crois que mon cas est quatorze int ressant Enfin c est qu ils onze tous Je me suis remis lire L Iliade et l Ohonz e J en suis au moment o les Ach deux font le si ge de Quatre Du cent un toujours du cent un Pourquoi tant de haine plus un 114 CREATIONS Le choix de Claude Gagni re Deux lipogrammes de Fran oise d Aubign marquise de Maintenon3 Billets adress s Madame de Glapion Billet sans a Je vous prie de m informer de vos nouvelles et de recevoir ce que je veux vous dire des sentiments de mon c ur pour vous qui vous estime infiniment Vous voyez qu on peut vous crire et ne se point servir de cette lettre dont on se sert si souvent votre esprit ne peut il le comprendre Billet sans Peut on se passer d une autre lettre dont on se sert fr quemment On le peut sans doute et pour cela nous trouverons beaucoup de belles choses Parlons de la lune et gardons de parler de lastre plus clatant et plus beau qu elle Parlons des fleurs plus p
5. Chiffres pour le brillant latiniste qu tait Rimbaud FIL faudrait traduire ici l int gralit d Enfance HD ce chant qui vous fait rougir justifier notre lecture de cath drale par Pautre cache tymolo gique du lac lat lac lactis lait sperme et par la pr sence de la fondri re avec son nid de b tes blanches 38 Voir l excellent commentaire qu en fait Claude Pichois dans son dition des O C Biblioth que de la Pl iade 1975 p 28 pour Sed non satiata et p 886 pour la note cf Honte le chat d mon de Roche Qu sa mort pourtant mon Dieu cf la I phrase de Dimanche 1 r f rence refoul e au sens plus riffaterrien du terme Barbe Bleue induit l occurrence de Blanche Neige parce que les noms de ces deux personnages titres sont compos s de mani re identique dans le m me champ s mantique cart e du fait m me de la trop grande probabilit de son apparition Blanche Neige est diss min e dans le texte produisant non seulement le glissement syntaxique de la Re ne la Sorci re mais sans doute aussi l clatante giboul e le lait qui coule comme le sang etc Les outils d analyse s miotique forg s par Michael Riffaterre S miotique de la Po sie et La production du texte Paris Seuil 1975 et 1979 sont souvent d une ind niable efficacit dans l approche du texte
6. Imaginons qu un texte souterrain vienne saper notre histoire de la derni re ligne la premi re pourquoi son propos ne se mat rialiserait il pas son tour Imaginons que ce propos enfoui ainsi lu rebours nous restitue les douces heures d autrefois lorsque la maison encyclop dique jouait de ses anches dans la temp te Notre programmateur thaumaturge n avait il pas donn l exemple N tait ce pas son cryptogramme qui nous avait ouvert le domaine Pourquoi n aurais je pas chauss ses propres bottes et imagin le cryptogramme qui seul j en tais s r nous 224 permettrait d en sortir Il suffisait de r crire l aventure sans n gliger cette fois de planter au milieu de mes phrases les jalons de notre libert Remanier mon texte en le brochant d un pilogue r troactif me vaudrait certes plusieurs mois de travail mais comment douter que notre vasion f t ce prix S il est peu probable que le lecteur se mette compter tous les mots du roman voire ses lettres il en per oit toutefois suffisamment la cl textuelle dans sa g n ralit pour lever l nigme de la fiction Les prisonniers du domaine d Ana pourront donc finalement s chapper et le lecteur devenu conscient du double constamment l uvre dans l criture du livre se lancer dans relecture sens son ventuelle Le domaine d Ana fait assister la dissolution progressive d un g
7. Le second num ro de Quaderno tient plus que largement les promesses du num ro inaugural m me si Ton doit continuer s interroger sur la mani re 268 trop abrupte dont se pose le rapport essentiel entre le travail sur la forme et l ouverture au contemporain Mais il se lit dans cette revue des textes qui ne se lisent pas ailleurs surtout quand il y parle une vie moderne et plus abs traite selon la formule de Baudelaire justement mise en exergue Il s y lit aussi davantage d auteurs jeunes que n oseraient se permettre d autres jeunes revues de po sie ajoutons que les auteurs connus comme Michelle Grangaud qui participent la revue donnent Quaderno des textes de tr s bon niveau Et les auteurs traduits comme Oskar Pastior apportent ce que doivent apporter des auteurs qu on juge dignes de traduire une critique des mod les fran ais d un c t et des mod les imiter par les crivains fran ais de l autre J B propos de Java n 17 t automne 1998 Num ro sp cial Dominique Fourcade y va Fourcade Le r sultat de cette rencontre logique et attendue est un dossier on ne peut plus juste o l au teur et la revue s clairent et s enrichis sent mutuellement En effet les textes rassembl s autour de l uvre de Four cade vont bien au del de l hommage rendu l un des po tes qui s acharnent le plus casser le po me l envol lyrique la
8. Textes de commande pour honorer le nouveau tramway de Strasbourg les oulipiens ont compos des variations homophoniques sur l nonc que Raymond Queneau appellerait notation Le tramway de Strasbourg Mais ce n est pas tout telles des harmoniques les variations sont suivies de notices toponymiques de beaux pr sents et d une s rie de formules en langage cuit Ainsi parlait Zarathous tram La glose pr c de chaque variation Exemple Trop souvent les grands noms de l cran ne brillent pas par leur courage en cas d chec public Ainsi d s la deuxi me projection de Sunset Boulevard Gloria Swanson tait la p che Le drame hu des stars boudent p 11 Ces trois num ros de la Biblioth que Oulipienne illustrent la contrainte phon tique Notons que tout ce que nous appelons glose participe enti rement la composition du texte La cr ation n est pas gratuite m me si elle joue sur un effet d accumulation La succession des seuls nonc s compos s d apr s la contrainte phon tique deviendrait vite plate et sans objet C est pr cis ment le travail minutieux d encadrement qui conf re chaque recueil son humour et sa richesse verbale en saturant chaque nonc et en inversant le r le initial de l explication dite s rieuse L humour se tient donc galement dans la parodie du discours savant La contrainte phon tique peut tre parfois
9. la contrainte monovocalique cesse alors d appara tre comme un jeu gratuit ou un choix anecdotique Li au r seau des traces ou marquages auto ANTECEDENTS What a mari Smart falzar d alpaga nacarat frac rabats brassard la Franz Hais chapka d astrakhan glands la Cranach bas blancs gants blancs grand crachat d apparat strass raglan afghan falbalas Andras MacAdam m chant d aga ants partagas ayant dada l art d Allan Ladd cavala dans la pampa Passant par l pas par hasard marchant grands pas bras ballants Armand d Artagnan crack pas bancal as la San A l agrafa Car l an d avant dans l Arkansas FLASH BACK I Caramba clama Max Pas cap lan a Andras Par Allah t as pas la baraka cracha Max Par Satan bava Andras Match pas banal Andras MacAdam campagnard pas bavard bravant Max Van Zapatta malabar pas marrant a barda a castagna dans la cagna cracra a balafra a alla mal Ah la la Splatch Paf Scratch Bang Crac Ramdam astral Max planta sa najava dans l avant bras d Andras a rata pas a va pas fada brama Andras s affalant grand fracas Max l accabla Ha Ha Cas flagrant d asthma sagrada a va part a B tard vachard Castrat la flan r la Andras blafard Bang Bang Andras MacAdam cracha sa valda Max l attrapa dans l haba flancha flagada hagard raplapla Par Achab Mah
10. mais bien seulement sa portion flagrante la contrainte majeure priv e de sa portion discr te la contrainte corollaire ANTECEDENTS Ou si l on pr f re ce qui sous cet angle et non sans paradoxe caract rise les deux amateurs de contraintes plut t fortes c est qu ils proc dent et l l un et l autre une att nuation du syst me contraignant Non sans paradoxe Oui du moins aussi longtemps qu on se prive d admettre leur go t pour une crue des contraintes majeures comme la solution fournie mais autrement et ailleurs qu il sied au probl me subodor sans tre localis que seul l instance des contraintes corollaires peut r soudre Ou si l on aime mieux l attention fascin e que du fait de sa pratique m me l op rateur se trouve porter Pimm diate contrainte en jeu pourrait bien tre le sympt me pratique d un insu th orique ou de fa on moins exigu le sympt me pratique d un insu th orique suscitant un frein pratique 6 Corollaires soustractives Cependant quoi qu il en aille un grain d attention en sus permet d apercevoir que le domaine des contraintes corollaires se divise en deux fois deux En effet sous l angle op ratoire se laissent distinguer les corollaires programmatiques celles que s impose d embl e ventuellement le scripteur et les corollaires m taprogramma tiques celles que s inflige apr s coup ventuellement l
11. par le recours des mots dont le caract re polys mique facilite le passage d un champ s mantique l autre tels que provision plat feu et blanc Les vingt quatre cartouches composant la provision de Balbet suffirent juste l ach vement de l exp rience toutes les balles p n traient dans le tronc partiellement taill plat dans le but d viter les ricochets Balbet chargea son fusil puis paulant avec soin visa longuement et fit feu Impressions 34 Les mots provision et plat sont souvent employ s dans le domaine culinaire et le deuxi me semble tr s indiqu pour passer dans le champ s man tique de l uf le mot feu utilis dans les expressions arme feu et faire feu d signe aussi l l ment n cessaire la cuisson de l uf finalement le blanc est certes l l ment externe de l uf mais il d signe aussi le fait de tirer avec des balles inoffensives et la cible elle m me Or dans le texte on insiste sur les pr cautions prises pour que les projectiles de Balbet ne blessent personne Cependant la rencontre de l uf et du fusil se fait sans doute mieux qu ailleurs dans le nom m me du tireur Balbet compos sans doute partir du mot balle et de la terminaison de mollet Une autre partie des r cits d impressions est en revanche obtenue en int grant les productions de plusieurs g n rateurs dans une cellule fiction nelle de niveau sup rieur
12. point de vue de Joconde jusqu cent un tait celui du P re Ubu Et puis je me moquais bien que l ultime recette des 366 recettes pour nuis f t un koulibiac au lapin Mais souvent le d calage entrafnait un v ritable s isme s mantique Que dire de la nouvelle combinatoire quenellienne qui donnait naissance aux Cent mille milliards et un po mes Ou de la morale nouvelle de la fable de La Fontaine les Trois pigeons Et d ailleurs dans ce cas pr cis pouvait on encore parler de morale Que penserait la f ministe Antoinette Fouque de son ouvrage fondateur Il y a trois sexes Il est permis de rire pourtant le plus plaindre tait ce pauvre Alphonse Allais dont un des livres mon pr f r s appelait d sormais ironie du sort Trois et trois font six ce qui on le reconnaf tra est un r sultat juste mais un titre idiot L effet se r v lait plus confondant encore dans les ouvrages historiques o l Histoire elle m me se conformait au nouveau titre Pour les besoins du Paxton La France de Vichy 1941 1945 le mar chal P tain demeurait une ann e de plus au pouvoir Reconnaissons qu il n y tait parvenu qu une ann e plus tard Plus terrifiante les cons quences de ce titre La Science sous le quatri me Reich ouvrage collectif sous la direction de Josiane Olff Nathan Sans oublier ce poche sur la Troisi me Guerre Mondiale Il me revint soudain que je poss dais forc ment l dition 1999 de
13. premi res communions PRintemps me dit que c tait le printemps PR cieuses oh les pierres s enfouissant pr cieuses Le rapprochement des deux s ries de sept fleurs ETA PR donne une anagramme faire p mer les non dupes lacaniens PATER qui n est pas on en conviendra sans entretenir quelque les gen ses De plus dans D votion scintille l esPRit des pauvres qui pourrait se relier parfaitement l ta grec H source de esprit comme accent Vient ensuite plus logiquement dans le contexte de cette lecture une s rie d invocations dont la premi re on l a vu est des plus pernicieuses rapport avec Sourds tang cume roule sur le pont et par dessus les bois draps noirs et orgues clairs et tonnerre montez et roulez Eaux et tristesses montez et relevez les D luges Il s agit d un touchant appel la r ouverture des CLUses du ciel au retour du d ferlement inspir dont la lecture se complique l g rement du fait des allusions au geste de cacher et de laisser entendre draps noirs et orgues qui se r f rent la th matique du Culte via le deuil d claircir et d assourdir clairs et tonnerre bref de refouler et de r v ler de refouler en r v lant et de r v ler en refoulant comme le figure bien cette CUme qui ne recouvre pas tout ce qu elle est cens e dissimule
14. tous les po mes ont t crits d abord en fran ais avant d tre refaits en n erlandais je souligne qui indique que le passage d une langue l autre ne s est pas limit une traduction mot mot mais a consist laborer les quivalents de certains dispositifs dis cursifs On observe une grande r gularit deux vers du premier sonnet sont sou mis une variation dans chacun des trois autres sonnets De I Il D avoir la nuque bris e Et d avoir le dos bris et Morts pour la post rit gt Rois pour la post rit de I ni Que toucher du doigt je n ose Les toucher du doigt je n ose et Au dessus des bras ballants gt Au dessus des doigts ballants de I IV De leur regard l exacte cause gt Et des regards l exacte cause et Quand debout un court instant Quand roides un court instant Quant aux permutations des vers nul doute qu elles sont r gl es selon un algorithme pr cis Sur ce point la po tique de Jan Baetens rejoint les analyses d velop 253 HORS DOSSIER p es par les avant gardes litt raires des ann es soixante et soixante dix comme Tel Quel Citons cette phrase de Jean Louis Baudry le signifi en tant qu il soutiendrait un signifiant dis para t l effet de signification ne rele vant que des rapports qui se cr ent entre les l men
15. 8 Voir la br ve anthologie du A qui figure aux pages 41 45 de l dition comment e de What a man Un Suppl ment cette anthologie figure apr s ces notes N D L R La disparition 309 soulign par nous 1 Sur le probl me du titre voir C Moncelet Essai sur le titre en litt rature et dans les arts Le Cendre BOF 1972 L o Hoek La Marque du titre Mouton 1981 1 R Queneau B tons chiffres et lettres Gallimard Id es 1965 293 303 1 Cit par P Larousse Grand Dictionnaire Universel 1 1 On sait que Court de G belin 1728 1784 est Pauteur d une Histoire naturelle de la parole ou Pr cis de la langue et de la grammaire universelle 1776 ouvrage consacr la recherche de la langue primitive 13 Georges Lukacs La Signification pr sente du r alisme critique trad M de Gandillac Gallimard 1960 p 30 Voir Marc Alain Ouaknin Concerto pour quatre consonnes sans voyelles Payot 1998 p 214 qui renvoie Pierre Legendre Le d sir politique de Dieu Fayard 1988 p 170 sqq 15 Rappelons que ce nom appara t dans VME dans le nom d un cabaret de Tanger la Pension Macadam qui arrive dans une num ration imm diatement apr s un cabaret de Las Vegas d nomm B and A 16 Diverses tudes sur ce point notamment B Magn Le puzzle du nom Perecollages 1981 1988 Presses Universitaires du Mirail Toulouse 1989 165 173 17 Voir Muriel Philibert Kafka et Perec cl
16. C Pour la praxis nous aurons discourir sur un plan plus abstrait Nous connaissons tous la fonction d un Jakobson qui dit grosso modo La fonction du troubadour accomplit la abusus non tollit usum a ludus un PROSES A CONTRAINTES comparaison du pivot du choix sur Phorizontal pivot o agit la combinaison p 220 Principium fort connu il appara t ici sous un jour original car POulipo la fonction agit sur l horizontal nous nous doutons d un fait si flagrant mais la fonction agit aussi sur l aplomb au plan du choix Donc nous aurions l maximisation d un travail la fois sur l horizontal ou sur laplomb mais surtout dans un souci concomitant La praxis agit sur la combinaison tout autant pour l optimal choix du mot Il y a un mot inconnu l Oulipo ou plut t proscrit il s agit du mot HASARD mot ha honni par l Oulipo pour sa connotation suscitant Dada ou sa filiation qui allait aboutir un quasi pontificat Nous savons tous qu Oulipo anti hasard La formalisation conna t un summum la machination parfois par l algorithmisation aboutit un propos qui para t issu du travail d un bistouri tant l incision du discours nous saisit ou disons l incision sur l inscription mais Voici donc nos trois points sur l Oulipo Nous souhaitons l occasion la discussion soit sur chacun ou sur tous Nous n avons pas l ambition d avoir tout dit Il a
17. Jan Baetens A propos de Jacques Jouet Echelle et papillons Le Pantoum coll Architecture du verbe Les Belles Lettres 1998 Jacques Jouet consacre une tude aux pantoums crits pendant ces deux derniers si cles de la po sie occidentale Cette forme surtout fran aise plus ou moins inspir e des pantouns malais a connu une fortune singuli re que nous ne pouvons pas h las commenter longuement ici Disons toutefois que l tude rudite et tr s d taill e de Jacques Jouet est en m me temps une riche anthologie pleine de pi ces rares et inattendues en anglais en russe en espagnol et qu elle comporte en plus la r dition int grale en fac simil de l introuvable Le Pantoun des Pantoun de Ren Ghil Nous regrettons galement de ne pas pouvoir consacrer un article tendu la splendide collection Architecture du verbe Celle ci consacr e la po sie contraintes est la cr ation de Francis Lalanne Le c l bre auteur compositeur interpr te et acteur est un passionn des formes fixes traditionnelles dont il a publi plusieurs recueils aussi bien antholo giques que de sa propre cr ation nous parlerons au n 4 de Formules dans l une des parties de notre dossier sur la prosodie contemporaine traditionnelle et non traditionnelle La collection comporte plusieurs titres remarquables pour la plupart sign s par des auteurs qui collaborent r guli rement dans notre revue Signalons de
18. Le calcul des coupes de la quantit de l accentuation y est je crois perceptible de m me que dans le premier paragraphe J en suis peu pr s s r on prendra cela pour de la forfanterie Toute laboration formelle est une r ponse au temps et le n tre doit aveugl ment l horreur conomique Formules n 2 p 244 Il va pourtant de soi que la po sie n a plus de mission religieuse Votre perplexit au sens anglais s explique sans doute par le fait que vous sentez bien la mienne l gard du vers libre mon scepticisme quant sa responsabilit ses vertus maintenant D accord avec ce que vous dites du choix des mots d accord avec le postulat val ryen concernant l inh rence du dit au dire du contenu la forme La forme n est pas un contenant mais rien que la contenance du dit J esp re m tre expliqu ici sans avoir expliqu la po sie m me inclassable D un autre c t il s agirait que vous expliquiez la contrainte d expliquer la contrainte laquelle on peut refuser de se soumettre Suis je la lueur de ma r ponse un auteur tel que lt v gt ous le concev lt ez gt Sans doute que non Le plus important dans ma lettre concerne l id e qu il y a une oreille historique Bien cordialement vous Philippe Beck Philippe Beck vient de publier Rude merveilleux et Verre de l poque Sur Eddy Editions Al Dante Niok que n
19. Mais mon pauvre p re au boulot il n y allait que de deux fesses Il s y emmerdait comme deux rats morts Alors videmment il s est fait virer en trois temps quatre mouvements Ma pauvre m re qu tait marchande des cinq saisons s est mise faire des m nages mais c tait deux gouttes d eau dans la mer On n arrivait pas joindre les trois bouts Vous me parliez de votre p re me coupa Lacan qui donnait l air de se soucier de ce que je lui racontais comme de l an cinquante Ah mon p re Quel brave quatre poils celui l Il racontait partout qu il tait crivain mais ses textes vous pensez bien ne valaient pas deux pets de lapin Les meilleurs po mes ne cassaient pas quatre pattes un canard Et quand il faisait des lectures il y avait quoi quatre pel s deux tondus Pauvre papa il est aujourd hui entre cinq planches et sept pieds sous terre D j l poque force de br ler la chandelle par les trois bouts il avait d j deux pieds dans la tombe J tais haut comme quatre pommes quand il a pass Je l adorais Lui et moi on tait comme les six doigts de la main Il para t que je lui ressemble comme trois gouttes d eau a vous en bouche deux coins hein Oui oui c est possible marmonna Lacan conciliant Et votre adolescence Pas grand chose en dire Avec les filles j tais toujours courir trois l vres la fois Vous dite
20. SUITE AU N 2 Je mwen tiendrai l Il ne m chappe pas combien peu critique a t ma pr sentation de la revue critures et si peu manifestaire galement Cette pr sentation a elle m me quelque chose de contraint qui ne favorise pas l analyse ni le pan gyrique J esp re qu on en aura peu pr s compris les raisons Pour ma part je persisterai en tout cas ne pas comprendre que ces raisons ne soient pas suffisamment valables pour Au critures pers v re dans la voie qu elle se cherche travers le petit monde des lettres contemporaines S mir Badir Une r ponse de Philippe Beck Cher Jan Baetens Cher Bemardo Schiavetta Merci de l article que vous signez concernant Garde manche hypocrite et Chambre roman fusible au num ro 2 de Formules S il est permis qu on r ponde un article jy r ponds car le v tre est bien de la critique Je voudrais le regarder de plus pr s car on peut en tirer des enseignements g n raux Mon travail n est ici int ressant que dans la mesure o il est l occasion de tels enseignements Vous dites que l inclassable en question moi n crit pas l aveugle On ne peut videmment crire en n y voyant rien Ou bien crire l aveugle c est crire automatiquement ob ir aux commandements de ses d sirs Je ne connais pas tout le pouvoir de la th orie encore qu elle ne puisse causer simplement une uvre mais les clairci
21. Toutefois il suffit de prendre une calculette pour constater que la trilogie telle qu elle a t con ue forme un ensemble discr tement gracieux elle compte 50 046 mots 46 622 mots 14 443 mots soit 111 111 mots Une autre particularit chiffr e concerne le nombre des personnages mis en sc ne ou cit s au fil des trois ouvrages C est une donn e laquelle il para trait incongru d attacher la moindre valeur signifiante Il y en a pourtant exactement trois cent quarante trois Or ce nombre n est pas innocent c est quarante neuf fois sept sept fois sept fois sept un nombre souvent utilis comme motif par les crivains post exotiques 144 CREATIONS Ces pr cisions math matiques acceptant une fluctuation due des erreurs de d compte ou d orthographe ou des variations sur la notion m me de mot auraient pu passer inaper ues si elles n avaient t soulign es par Yasar Tarchalski dans une lettre o il r pondait aux questions de J D Wolguelam sur Compagnons de d sastre Nul n ignore qu il a exist des relations puissantes entre les crivains post exotiques de notre prison et leurs pr te noms qui intervenaient l ext rieur des relations amicales souvent conflictuelles sur des d tails souvent aussi insupportablement injustes comme elles peuvent l tre entre des fr res qui vivent dans des enfers s par s et qui par lassitude n arrivent plus souffrir de cette
22. Votre m re sugg ra Lacan C tait une brave femme mais malheureuse comme deux pierres Elle tait tout le temps l pleurer comme deux madeleines Un soir m a racont mon p re quand elle avait deux polichinelles dans le tiroir Vous avez un fr re jumeau demanda le psychiatre Non pourquoi r pondis je intrigu Rien rien reprit Lacan Je vous ai interrompu pardon Ma m re se faisait deux montagnes d un rien Une petite nature que c tait Elle se noyait dans deux verres d eau Mon p re c tait autre chose Tiens c tait pas la moiti de deux cons celui l Oui d glutit Lacan Parlez moi de lui aussi Oh c tait un gars gentil mais toujours beurr comme deux petits lus D s le matin il s en jetait deux derri re la cravate Il n avait jamais deux sous vaillants et il n en foutait pas deux rames Et puis il avait toujours deux pets de travers Faut avouer qu il avait deux grands poils dans la main 112 CREATIONS Ma m re lui en faisait la remarque parfois mais il tait orgueilleux comme deux poux Un jour il a pris son courage trois mains et il a d nich du travail Pardon fit Lacan comme tonn Je disais qu il a trouv du travail D nich pour trouv C est une expression Vous ne connaissez pas Si si Ce n est pas cela fit Lacan qui deux fois n est pas coutume se mit soudain prendre des notes
23. as tu vus de m che avec la mafia des maries de Montreuil ou de Marseille Ici pas de mea culpa Un moine y maudirait son missel Alors on se met un masque On se momifie On magasine les m gots On murmure malgr les mouches et les morpions les morig nations des matons les mecs qu on m ne menott s au mitard On maquille sa m moire on monologue la monodie du malheur On se masse on se muscle on mollarde avec m pris On est Saint Martin de R Ce mardi c est la maline Les mouettes ont d j migr vers les maisons et les m nils mars et morios se sont muss s dans les merisiers La mer marnera mena ant marais et muions et les m ts derri re la ma onnerie des m les tels de mesquines maquettes maritimes Mais il n est que minuit ma montre Je moisis dans des miasmes musqu s Sur son matelas Momo le Martiniquais marronne dans un mirage de mornes et de mangroves Mustapha un mercanti minable demi mutique qui a massacr la machette le macchab e de sa ma tresse se m dite maquisard ou muezzin dans une mosqu e de la Mitidja Les m choires de Michel un macroc phale malpropre manduquent et mastiquent puis il m t orise ses mojettes Sur ma malle Montaigne un Mishima Aux murs les meufs sur lesquelles m dite ce mort de faim de Michel Monique une morue qui se manipule mollement la motte Martine une muse de Monoprix Moll une miss aux miches molles de MacDo et Marl ne une minette moche et mu
24. cours La vocalisation ici nul soup on va bon an mal an du noir au voir On pourrait toujours approfondir la translation n aux bras pointant au bas v aux bras pointant au haut Mais nous coupons un poil dans son quart L association du signal vocal au ton pictural suffit nous fournir la structuration du propos rimant Il y a ludus au plan du signifiant mais il y a aussi la translation bouclant la transition noir voir puis noir toujours Pinfini ad libitum Un troubadour va chantant vocalisant translatant du son au ton puis du ton au son l invitation du rimant final Il parcourt quasi l arc tonal colorant son propos d un subtil connotatif accompagnant tour tour l imaginatif tonal liant tonal pictural On y voit quasi un Imago Mundi s affalant sous nos fronts qu un opprimant souci ployant L utilisation du futur dans Nous saurons au jour dit nous saisit au col nous y va voyons un inaccompli un non fait un non dit Nous y voyons la mort sans avis initial au jour dit du grand jury final il n y a pas ici d allusion aux concours nationaux fran ais Proposons un bilan sur un chant si fourni par sa coloration Qu a donc voulu accomplir l original troubadour On y voit surtout la distorsion du signifiant ou Passociation d un son un ton qui pourrait a priori nous abasourdir Mais nous voyons surtout un pari ayant pour actant principal un souhait optimal d accom
25. de cr er de nouvelles associations qui une fois exploit es alimenteront la fiction Les aventures des blancs s questr s en Afrique jouent en quelque sorte un r le de garde fou pour viter l atomisation vers laquelle le proc d en multipliant les inventions disparates tend conduire le r cit Le texte devient de la sorte le sc nario d un conflit entre la logique narrative qui exige un encha nement r gl des pisodes et la logique du proc d accumule les cellules fictionnelles h t roclites Or en juger par le r sultat il semble bien que le proc d amplifi se montre incapable de construire sa propre r gle de contention et de r sorber les anecdotes des diff rents g n rateurs dans une structure narrative globale Bon nombre des couples de base ne paraissent destin s qu engendrer des anecdotes qui s empilent et se juxtaposent plut t qu elles ne s encha nent logiquement C est le cas mon sens pour tous les exploits des Incomparables chacun probablement engendr par une association de mots diff rente Risquons titre d hypoth se qu au moins toutes les anecdotes ainsi produites ob issent un sch ma textuel semblable sauf le m tier tisser fonctionnant avec des aubes m tier aubes et le ver joueur de cithare cithare ver qui requi rent des constructions plus labor es L anecdote du tireur Balbet Clmpressions p 34 illustre bien ce sch ma Le passage
26. hui au del du quatre vingt dixi me num ro La Litt rature potentielle 1973 Folio essais 1988 Atlas de litt rature potentielle 1981 Folio essais 1988 Cahiers Georges Perec n 5 par Mireille Ribi re et Bernard Magn ditions du Limon 1992 Voir Bernard Magn L autobio texte perecquien Le Cabinet d ama teur n 5 Toulouse Presses universi taires du Mirail 1997 5 Pour une pr sentation de ce terme propos par Jean Ricardou voir Jan Baetens L Ethique de la contrainte Louvain Peeters 1995 propos de Luc tienne ing nieur du langage Au Signe de la Licorne Clermont Ferrand 1998 Le nom de Luc tienne n est sans doute pas celui qui vient le premier l esprit lorsqu on pense l Oulipo Aussi doit on se f liciter de la parution de cet ouvrage qui rend hommage une figure marquante et attachante Ce dossier r uni par Nicolas Galaud et Pascal Sigoda a t publi avec le concours de la ville de Reims l occa sion d une exposition pr sent e la biblioth que municipale de Reims Outre plusieurs t moignages il com porte principalement une anthologie de 264 textes de Luc tienne Cette anthologie est pr cieuse car elle reprend nombre de textes devenus tr s difficiles consulter car parus initialement dans des revues introuvables comme Bizarre ou les publications du Coll ge de Pataphysique Accessoirement professeur de math mat
27. illustr es avec talent par l auteur illustre tracteur lui m me Et plus particuli rement La belle lisse poire du prince de Motordu 1980 Rendez moi mes poux 1984 Le petit Motordu 1997 Motordu papa 1997 Au loup tordu 1997 Motordu as la t l 1998 tous chez Gallimard folio sans oublier Le dictionnaire des mots tordus folio cadet bleu 1983 Le ons de g oravie 1993 Encyclopefdie 1997 Romans pour jeunes Dans le roman pour jeunes c est beaucoup plus difficile de trouver des textes contraintes tr s probablement ETUDES D UVRES CONTEMPORAINES parce que les diteurs n en veulent pas Que les auteurs se manifestent aupr s de nous et que les diteurs qui acceptent de tels manuscrits se fassent conna tre nous en rendrons compte dans un prochain num ro Nous n avons trouv dans nos lectures que celui ci dont la contrainte est de structure et de rythme Course poursuite l italienne de Dominique Buisset Flammarion Castor poche 1997 musicales s y entrecroisent joliment Nous y ajouterons toutefois des titres du troubadour Roubaud qui ne sont pas crits pour enfants mais sont tout fait abordables partir de 12 13 ans Le chevalier silence une aventure des temps aventureux Gallimard 1997 coll Haute enfance un r cit d apprentissage dont les r f rences au Chevalier inexistant d Italo Calvino sont videntes La Belle Hortense L enl
28. impulsion du pur ludus un discours magistral passionnant analysant l amusant monovo calisant sur quoi nous glosons ici On y lit aussi What a Map par Rou baud Oh l ostrogoth par J J plus un court narratif d l original Caumon Mamabou quant lui nous fait saisir un trait vital participant la composition d un discours mono vocalisant la saturation Mais il va plus loin Il nous fournit sans circonvolution la notion qu il nous faut parcourir What a Man laissant au placard l optimal brio du scriptor sans quoi on lit l optimal brio dont nous nous montrons si friands mais nous oublions d y voir un discours un propos soit la saga du trio PROSES A CONTRAINTES au Karma ahurissant dont Parac voulait nous offrir la narration plus soif L introduction du bouquin nous fournit cinq points importants a Il y a un rapport lointain au Zohar b La nomination What a Man garantit un grand trait humain la saga c Il y a au moins dix allusions d imposants bouquins savants jusqu Bovary d La domination du A dans la saga partir d un incipit hilarant a pour but la confirmation qu un signal aussi puissant aussi initial qu A n a pas son rival 5 Point final il n y a pas un iota d un brio gratuit dans la narration Nous avons donc l un propos convivial conclut Mamabou p 17 invitant au plaisir d un infini parcours car la nomination What
29. l ments du texte qu il s agisse de vers isol s de th mes ou d anecdotes accusent selon Tronchet une tendance g n rale se rattacher les uns aux autres par des ressemblances de toutes sortes qui ne d pendent pas seulement de l int gration narrative Plus ou moins flagrant suivant les pas sages le ph nom ne de l analogie qui conna t une immense diffusion dans le po me tout entier s affranchit donc pour ainsi dire des lois propres au r cit Malgr tout Tronchet pense qu il m rite d tre analys en regard de ce dernier parce qu il ne transpara t qu en se surimposant l ordonnancement lin aire de la fiction En r alit un principe de classement analogique se conjugue avec l agencement narratif pour structurer l ensemble des M ta morphoses Toutefois selon Tronchet ce principe associatif ne s applique pas toujours de mani re identique mais les liens qu il promeut doivent tre r par tis en deux grandes cat gories qui sont abord es successivement d une part ceux qui ob issent une organisation 255 HORS DOSSIER formelle et projettent sur l uvre ou sur une partie de celle ci l esquisse d une architecture comme les effets de sym trie qui existent dans le livre cen tral des M tamorphoses ceux gale ment qui relient le milieu du po me et ses deux extr mit s d autre part le foisonnement d chos et de simili tudes qui concr tise dans
30. la contrainte Je ne sais trop quoi lui crire Sinon que les contraintes critures n a pas d autre souhait que de s en lib rer Elles sont d ailleurs de tout ordre budg taire institutionnelle temporelle relationnelle intellectuelle et toutes sont ressenties comme des freins ce qu cri tures voudrait tre Quoi au juste Il faudrait que je le demande aux autres membres du comit de r daction pourvu qu ils en savent quelque chose Il faudrait aussi que j interroge les crivains qui ont donn une contribution l un ou l autre num ro Il faudrait que j enqu te aupr s des lecteurs Il faudrait que je questionne Jan lui m me qui a dirig le dernier num ro paru et dans lequel il a rendu un hommage impertinent Renaud Camus De quoi voulons nous qu critures ait l air Je me souviens qu au d but la revue d Alain Nadaud Quai Voltaire a pu servir de mod le mais peu d entre nous l ont jamais lue L Infini a galement un grand prestige nos yeux nous ne la lisons pas davantage Pen ai fini de me vanter de notre ignorance et de notre indiff rence vis vis des contraintes Elles ne sont d ailleurs pas si grandes que je veuille le dire Je tenais seulement montrer premi rement que choisir des contraintes pour une revue suppose qu on ait eu d abord le loisir de s en lib rer ce qui n est gu re la r alit de la plupart des revues et certainement pas
31. la rubrique Pataphysique ne retient que les textes relevant d une science fantaisiste les fameuses solutions imaginaires excluant des exercices d criture formels comme le contrepet et les bouts rim s qui trou veraient tout autant leur place l entr e Oulipo Mais on ne peut que chaudement recommander la lecture de cet ouvrage ne serait ce que pour red couvrir les joies de l asphyxie et de l a ration d un texte ou pour savourer le sonnet De Pinfluence de la masturbation chez les hannetons sur la chute des feuilles Jacques Denis Bertharion propos de Jacques Denis Bertharion Po tique de Georges Perec une trace une marque ou quelques signes Librairie Nizet 1998 300 p La premi re surprise et pas la moindre que nous r serve J D Ber tharion dans cet ouvrage est d appuyer sa d monstration sur le troisi me roman publi de Perec Un homme qui dort envisag ici comme fiction auto biographique Il nous invite voir dans le parcours int rieur du personnage central l annonce des d veloppements ult rieurs du travail de Perec d une part un mouvement de repli de refus des mots signes o c p 48 d bou chant sur un constat de carence et d autre part un retour une confiance s mantique une certaine paisseur des signes et la reconnaissance d un vital investissement subjectif dans l criture o c
32. lectrodyna mique stochastique qui fit chanter la Joconde Barbara qui hypertropa le th or me de Zeckendorf et brazzla trente quatre chandelles dans la Biblio th que Oulipienne qui informatisa le COMPTES RENDUS lambda calcul qui cofonda l Alamo etc Avec Science et Litt rature il nous offre maintenant un livre encyclop dique aux ramifications multiples truff de r f rences et ponctu d allu sions qui enchantera les rudits Approximation sur papier d une ver sion hypertextuelle r v e cet ouvrage comporte davantage de noms propres que de pages c est dire toute la diffi cult de le r sumer Paul Braffort relate la longue histoire des rapports tant t osmotiques tant t conflictuels entre la science et la litt rature Bien entendu vu son parcours il est partisan de l unit culturelle ce qui me para t sage car m me s il est souvent utile de mar quer les diff rences je crois que c est surtout en cr ant des liens que l intelli gence et l imagination progressent Cette philosophie symbiotique se manifeste dans les uvres de Lucr ce Khaayam Lulle le magnat de l art Rabelais Cyrano de Bergerac Diderot Blake Coleridge Goethe Novalis Poe Carroll Mallarm Lautr amont Jarry Val ry Musil Borges Canetti Eco pour ne citer que quelques noms sans oublier Queneau Calvino et Nabokov triangle magique auquel un important chapitre est consacr Car il
33. les pierres pr cieuses qui se cachaient les fleurs qui regardaient d j On a l l vocation nostalgique de la d cision formelle formule de croiser violemment deux sortes de mat ANTECEDENTS riaux textuels 1 les pierres que l on retrouvera s enfouissant la fin de ce texte ou sous la forme de pierreries en train de regarder dans Aube d signent une r alit souvent obsc ne ou scatolo gique parfois un conte ou une l gende d cors quelconques crit Rimbaud dans Veill es propos de ces matrices s mantiques enterr es dont la puissance irradie son criture 2 les fleurs ce sont elles qui regardent dans ce texte et plus bas elles sont dites ouvertes dans le texte suivant Enfance I elles tintent clatent clairent puis magiques dans la section H elles bourdonneront Il s agit de ce qui reste en surface comme produit de l laboration souterraine et des l vations harmoniques sons ou lettres distordre les images et dont la manifestation n est visible que lorsque l on s arrache l horizontalit lin aire du r cit pour en mettre jour les axes verticaux comme H ta mines reliement au min ral des pierres Ce qui semble avoir exalt Rimbaud crivain on peut le lire de mani re plus vidente dans Veill es c est moins le fait d enfouir du mat riau que d e
34. qu il faut exhiber tout en l entourant de myst re car il porte en lui la solution de l nigme qui participe la structure m me du r cit Mais ce n est pas que dans cette fiction heureuse et pleine de jubilation que l au 219 PROSES A CONTRAINTES teur met en uvre la raison num rolo gique Dans une veine proche de l autobiographie les trois premi res de la s rie des six branches du Grand Incendie de Londres ob issent des contraintes qui sont montr es voqu es ou cach es La gen se de l ensemble est probl matique dans la mesure o elle est un livre que l auteur de son propre aveu n a pas crit Le Grand Incendie de Londres titre du premier ouvrage de la s rie au d part il n y avait ses dires qu un embryon de r ve fantasme d une jeune femme la chevelure de feu Londres L organisation en branches chapitres incises et bifurcations de m me que l emploi r gl de la typographie soulign s caract res gras italiques vari t de polices de caract res conf re incontestablement l ensemble son caract re hypertextuel Comme l indique avec justesse Agn s Vaquin Roubaud crit en relief Pourtant si l auteur pr tend rigoureusement des contraintes dites num rologiques il se donne une latitude certaine par rapport d autres et les assouplit dans des proportions ind celables pour le lecteur Lorsqu il s inspire des dix styles de
35. re composer co te que co te en d pit de toute lin arit apparente sur le plateau de Canal Plus l auteur confiait son regret de n avoir pu r aliser son livre sans reliure comme un jeu de pi ces on songe bien s r Composition n 2 de Marc Saporta coffret de pages volantes On mesure ainsi la sup riorit du puzzle crit sur le moindre puzzle image r el sans que le m rite de l crit en souffre paradoxalement tout s y aboute toujours un peu comme dans ce Pantone 138 du profond Paul Rousselet mille pi ces rigoureusement identiques carr s d environ 1 5 cm de c t d un clatant bleu uni soup onn d tre le puzzle le plus difficile du monde p 80 La pi ce n 48 faut il le pr ciser est manquante une page blanche la 230 sit t suivie de l indispensable compl ment La solution car nous saurons tout la fin comme il se doit Au tour de Formules de faire son COMPTES RENDUS loge de la pi ce manquante pour finir Dans la pi ce n 27 par o passe le milieu du livre la page 137 rec le un bien curieux accident A dix lignes d intervalle le lecteur trouvera deux phrases initiales de paragraphes Quatre mois tard la F d ration est au bord de la faillite Quatre mois plus tard Wallerstein lance le JP Tour dont le parall lisme vident ne saurait dissimuler le flagrant d s quilibre toute perversit logique le mo
36. 7 Alain Borer Un sieur Rimbaud se disant n gociant Paris Lachenal et Rit ter 1985 Jean Louis Comille Rimbaud n gre 182 de Dieu Lille Presses Universitaires de Lille 1989 Ainsi s ach ve ici en beaut un aper u trop bref de la recherche rim baldienne r cente Op cit p 151 10 Op cit p 126 M Op cit p 146 12 Je me permets pour cela de renvoyer mon livre Cordes para tre chez Cl mence Hiver Op cit p 55 14 in Com die de la soif op cit p 74 15 C est dessein qu est employ e cette tournure on verra pourquoi plus bas en relation avec l H licon s jour d Apollon et terme grec signifiant le semblable le m me Op cit p 152 17 Des travaux d Underwood cit plusieurs reprises par Antoine Adam dans notre dition de r f rence au livre de Comille cit plus haut nombreuses sont les intuitions qui ont mis jour ce type de jeu translinguistique sans doute engendr par l homophonie primordiale Rimbaud Rainbow Op cit p 139 19 Op cit p 153 2 Et cette nouvelle digression dit bien le caract re tentaCULaire de l uvre hydre il est extr mement difficile d en isoler des l ments 21 Op cit p 140 2 Op cit p 122 233 Veill es IL cf le d but d Enfance I avec ses vagues sans vaisseaux 25 Tout pr s de la me des Hortensias avis ceux qui veulent des traces au sens propre
37. 76 CREATIONS rie pas Et je riais Mais j avais l impression de rire de moi m me J tais seul et fou J adoptais des attitudes de th tre qu elle ne verrait jamais pour lui dire que je l aimais Nous faisions l amour C tait comme si j entrais dans sa chambre Et sa voix se livrait des contorsions des brusqueries des soudainet s de langage un vocabulaire mouvant et ondulant qui me faisaient jouir Ces nuits ressuscit rent en moi l impatience de voir et le d sir de toucher Je revis Isabelle de deux quatre le jeudi dans un h tel juste c t du bureau Il y avait un t l phone au dessus du lit et je le couvrais d une serviette parce que sa vue me faisait fr mir Je devins jaloux Les visites qu elle recevait me bouleversaient Laiss pour compte me semblait il pri d tre silencieux j assistai quelques bavardages avec une amie dont elle tait la confidente papotages qui ne m apprirent rien sur elle mais seulement des choses stupides sur l amie Trois fois sa s ur vint la voir avec ses enfants Ceux que j avais entendus sans doute au d but par un jour de pluie J entendais les enfants embrasser leur tante J tais mu par les baisers qu elle leur rendait et la fa on tendre dont elle leur parlait C tait affreux d assister muet comme un espion derri re une porte ces conversations Et s il lui arrivait malheur si jamais elle recevait quelqu un
38. ANTECEDENTS est loisible de le saisir d une fa on moins Vague En textique l on appelle orthostructuro g n se soit la production soit l accentuation de structures correctes Ainsi la suite des sp cifications pr c dentes la s rie des h mistiches dans les vers initiaux de chaque strophe est une caco morpho texture En effet elle est d ordre textural puisque la repr sentation n exige aucunement que l h mistiche du premier vers de chaque strophe comporte l un des sons la rime et d esp ce cacologique puisque cette r gle comporte une infraction apparemment sans motif sous cet angle et plus pr cis ment cacomorphique puisque c est une forme inad quate d or qui s inscrit la place qui convient Par suite la corollaire additive n cessairement m taprogrammatique en l esp ce on l a not invite remplacer l l ment par lequel surgit la caco morpho texture et que l on nomme caco morpho proto text me ou cacotext me majeur par un l ment capable selon une ortho morpho texturog n se de redresser toute la structure Ainsi s agissant du commencement de Un roman lipogrammatique l analyse pr c dente remarquant la multiplication d identiques agglom rats autour des voyelles permises incline observer galement la voyante s rie des mots porteurs du suffixe tion la construction la narration l affabulation l action Seu
39. Barabbas est on le sait ce criminel ce s ditieux ce brigand aux dires des vang listes qui ne sont pas d accord sur la mani re de le qualifier dont les Juifs r clam rent Ponce Pilate la lib ration la place de J sus Il n est pas difficile de voir que le conflit entre Andras et Van Zapatta a une dimension religieuse Van Zapatta doit ses ori 154 ANTECEDENTS gines lointainement espagnoles une incontestable proximit avec Pislam il invoque Allah conna t suffisamment l arabe pour parler de la baraka Mais peut tre n est il comme Roger Garaudy qu un converti r cent Quoi qu il en soit on admirera comment en peu de r pliques Perec a su lever le r glement de comptes dans un coin perdu de l Arkansas la hauteur d un conflit m taphysique Dimension autobiographique pour percevoir cette dimension l il faut se souvenir de l tymologie de ce nom il vient de l aram en et signifie fils du p re c est dire que nous avons une nouvelle r f rence au rapport fils p re central chez Perec et qui tait d j pr sent dans le nom de Andras MacAdam Mais la mention de Barabbas peut aussi nous mettre sur une autre piste litt raire cette fois celle de l intertextualit D abord une intertextualit que je qualifierai de famili re celle qui renvoie aux auteurs proches pour lesquels Perec a maintes fois proclam son attachement
40. Tel est donc sauf abusif penchant pour l incons quence l effort auquel il sied maintenant de s astreindre Toutefois et parce que VOuLiPo tant toujours en vigueur l on peut esp rer ainsi ouvrir un dialogue fertile pourquoi non un d bat serein l on propose une prime r criture avis e par la textique non point du vers de Mallarm d j du reste offerte ailleurs mais bien du seul commencement de Un roman lipogrammatique L ambition du plumitif son primordial souci command t il maints calculs ingrats fut sans faillir jamais quant au but d offrir un produit aussi original qu instructif issu d un postulat influant si fort sur la construction la narration l affabulation l action qu il gauchirait partout au prix d un oubli nul selon un soin assidu l optimum du roman sous nos climats Une prime r criture Oui parce que on le verra sous peu il est loisible d en offrir une autre l g rement diff rente Avis e par la textique Oui dans la mesure o elle s applique amenuir ce qu on a cru licite de nommer la tentation et la tendance La tentation Oui par une r duction des faci lit s lipogrammatiques la complaisance polyglottique Scriptor devenant plumitif et avec des compensations quant la longueur les diverses redites son souci son souci constant par exemple devenant son primordial souci command t il maints calculs ingrat
41. Transposer la prose en prose le mod le de la sextine c est l tirer dans le narratif le convoquer comme structure partir de laquelle peut s organiser se distribuer la d ambulation romanesque d ambulation des personnages et d ambulation dans le en l occurrence dans un roman des po tes ceux du XVI si cle dans la fiction des Beaux Inconnus ceux aussi du XIX ou du XX si cle dans l esprit de l auteur roman La sextine est d abord une nigme Il fallait donc que ces beaux inconnus rel vent eux m mes de l nigme qu ils aient partie li e avec elle d une mani re ou d une autre On 227 PROSES A CONTRAINTES ne s tonnera pas que l un des h ros soit C sar de Notre Dame le fils de Nostradamus cet amateur d nigmes qui sortait par centaines anagrammes et quatrains de ses manches et devinait tout ni qu on croise un La Cepp de un Malherbe d autres encore P Lartigue refait sa fa on les Vies des plus c l bres et anciens po tes proven aux de Jean de Notre Dame l oncle de C sar il fait revivre la po sie savante de ce XVI si cle l qui est d abord po sie du sonnet C est pourquoi Beaux Inconnus ne peut que combiner de bien des mani res la forme du sonnet et celle de la sextine D abord dans la fiction elle m me qui s inscrit dans les pas de P trarque qui voque de nombreux sonnets et fait rencontrer la pittores
42. Zu d multiplie son propos linfini Il r ussit dans la derni re sc ne une mise en ab me irr prochable le roman prend fin quand tout commence le rideau tombe mais les errements de Lina sont temels Zu ne s en tint pas l Il entrevit soudain le parti qu il pouvait tirer de ce nouvel univers Il se documenta pendant quatre ans sur le jeu de bataille qu il souhaitait placer au centre de son prochain roman Mais la trame tardait se dessiner et Zu dut se rabattre sur les checs Il crivit Roque dont la construction pouse la progression de la partie qu elle est cens e raconter L intrigue se double d une r flexion sur la dialectique du blanc et du noir Zu explique notamment que le blanc est au noir ce que le noir est au blanc Le prix Nobel vint couronner Roque ainsi que l ensemble de l uvre Jorge Luis Borges contrit de voir chapper une distinction qui lui semblait promise d clencha alors une violente pol mique Il appr ciait peu que Zu trait t de th mes dont il s estimait le grand sp cialiste En fait de l aveu m me de ses amis il en voulait Zu de lui avoir ravi le sujet de Quadrille Il tenta d atteindre le Fran ais dans ce qu il avait de plus sacr et qualifia dans une interview nos confr res du Monde son uvre de bavarde Zu accusa le coup Il resta prostr pendant une quinzaine au milieu des siens Il opposait toutes les sollicitations un mutisme terrible qui fit
43. avenue les v nements hauteur de la 49 rue Cindy la pute assise au Houlihan s Bar 7th av 49th st le d tective priv Bruce il la rejoignait Cindy comptait lui commanditer 1 enqu te relative o crime crapuleux de sa copine Pamela pute galement sans doute commis par Snopp Doggy Dogg le mac car il se confirmait qu il tait le responsable de 7 affreuse op ration l int rieur de la dur e fugace avant leur rencontre pas m me une minute d cisive plus d un titre nous nombreux pi tons prouverons durant notre br ve travers e de la 7 avenue quantit d v nements TOUS DISTRIBU S SP CIFIQUEMENT par s rie selon leur cat gorie de r f rents vous e tes homog n is chacune des s ries par 1 1 CODE IDENTIFIANT CARACT RISTIQUE 2 1 DISPOSITION TYPOGRAPHIQUE IDENTIQUE 3 1 POLICE DE CARACT RE COMMUNE 4 1 TAILLE DES CORPS GALE de surcro t nous distribu mes pour chaque s rie 1 REGISTRE R F RENTIEL PROPRE nature D multiples sonS pluralit s vestimentaires suppositions 2 Bruce son d sir vite confirm 4 he wonderfull cindY variations ininterrompues D lumi res amp D couleursS complexit D figures imprim es d sol o croisement 2 la 7 avenue 49 ruE angoisses 2 Cindy assise o Houlihan s Bar amp rendant fou d excitation le juv nile D barmeN travelling focus dessus les surfaces D vitrines Comment
44. brasse crawl ou dos et plus encore peut tre la mani re dont je vais devoir int grer le changement de tenue qu implique a priori cette derni re preuve Remarquant alors que le nombre d tapes n cessaires cette nouvelle transformation de mon apparence enl vement des chaussures retrait du maillot ajout des lunettes de plong e est gal celui des transitions entre preuves je songe videmment les faire se correspondre une une Cette ventualit d un changement graduel de mon apparence en fonction de l encha nement des pistes soulignerait d ailleurs avantageusement les diff rences des preuves en me faisant passer chacune d elles dans une tenue l g rement modifi e Si les lunettes de plong e ne peuvent tre mises qu imm diatement avant l preuve de natation leur visibilit r duite me g nerait autant pour sauter que pour courir les deux op rations restantes enl vement du maillot retrait des chaussures peuvent en revanche chacune prendre place aussi bien apr s l encha nement de gymnastique qu apr s le saut en longueur Mais comme je ne parviens pas savoir si c est en me d faisant d abord de mes chaussures ou de mon maillot que j entra nerai le moins de sable sur la piste de course je me rabats vers la solution plus fonctionnelle qui consiste r aliser simultan ment les trois op rations juste avant l preuve de natation Mais comme cette solution risque d exces
45. cela il est loisible de le saisir d une fa on moins vague En textique Ton appelle cacoscriptures les structures par lesquelles survient un effet de cacorepr sentation et cacotex tures les structures par lesquelles survient un effet de cacom tarepr sentation D s lors il est facile de pr ciser que le vice principal s agissant de la rime rel ve d une caco morpho texture puisque c est une forme inad quate qui s installe une place qui convient et s agissant du lipogramme ressortit la caco choro texture puisque c est une forme ad quate qui s inscrit une place qui ne convient pas Les d fectuosit s lat rales Oui celles galement qui pourraient amol lir la logique de la contrainte en cause Ou si l on pr f re celles qui tendent survenir quand c est co t trop bas que la contrainte est satisfaite bref quand on se prend contredire en somme dans la pratique plus ou moins le principe m me auquel non sans discernement sous un angle il se trouve qu on a souscrit Ainsi s agissant de la rime la d fectuosit lat rale peut surgir notamment dans Pintervalle des occurrences requises avec l ventuelle distribution non sp cialement structur e d occurrences identiques ou semblables En effet et sans trop entrer ici dans les d tails l on peut dire que ce qui s impose pour lors n est rien de moins qu une alt ration sans b n fice de la p rio
46. dans une perspective soci tale historique voire anthropologique par instants le contexte de la production zuienne Mais ces ouvrages nous semblent tr s loin des pr occupations de celui dont la tombe est rest e vierge de toute inscription Le fait que Zu ait toujours refus de collaborer avec ses biographes aurait d ailleurs d faire comprendre ceux ci que l enjeu en l occurrence ne tenait pas l homme mais ses livres Le texte de Zu constituait le rempart qui le mettait l abri des regards Il se parait de ses romans comme d une cape fuligine Aussi n en dirons nous pas plus La parole est celui qui parle En 1948 paraissait le premier roman de Zu Z brures retentit comme un coup de tonnerre C est un roman de six pages et quatorze cents mots Jamais la c l bre jaquette de la NRF n avait abrit de texte aussi menu Z brures peint lirruption du fantastique dans l existence d un gar on de huit ans Louis Sans pr ambule la premi re page introduit le personnage de Louis Nous le voyons voluer dans sa famille parmi ses amis Nous comprenons vite qu il n est pas heureux sa m re lui pr f re Marthe sa s ur 21 PROSES A CONTRAINTES cadette son p re cordonnier Montparnasse se d sint resse de l ducation de ses enfants Dans les pages 2 et 3 nous nous familiarisons avec les compagnons de Louis Paul le fils de l picier Ren le cancre L on le chef de la bande E
47. de brutal ou de mal intentionn je ne pourrais m me pas intervenir Pour lui viter de souffrir du m me bannissement je ne voyais mes amis qu l ext rieur en quittant mon travail J annon ais simplement Ce soir J aurai un peu de retard En guise de pardon je lui rapportais une cassette ou bien un roman plein de p rip ties que je lui lisais pour l endormir Ne froisse pas les pages me disait elle f ch e Cela dura miraculeusement No l nous partage mes un r veillon aux chandelles avec foie gras et b che au Grand Mamier Je me souviens du bruit des papiers cadeaux qu elle froissait Enfin je sentis qu elle me fuyait Elle ferma cl la porte des toilettes Elle mangea sur la terrasse Elle se d shabilla dans sa chambre A chaque fois que j essayais de renouer elle me lan ait Laisse moi tranquille La trappe retomba discr tement un dimanche matin vers sept heures Je fus r veill par la tonalit d occupation Elle avait raccroch C est bien mon histoire et pourtant je suis incapable de produire des preuves de ce que j ai avanc puisque j ai br l les cahiers On se moquera de moi on fera peut tre allusion la note de t l phone sal e que paya mon extravagante ma tresse On dira que j ai t victime d une hallucination auditive J esp re simplement que mon discours ne fut ni trop m lancolique ni exag r ment path tique Je ne suis ni un grand
48. de la glose mais bien l existant sous les esp ces du d j l voire du d j fait cette id e plus large convenant aussi bien aux artificiels r sultats d ventuels ouvrages ant rieurs Et ce que l on pingle en revanche c est non point le progr s technique par lui m me dont maints acquis sont d un gain consid rable mais bien exclusivement l obscurantiste id ologie qui l environne laquelle induit perdre de vue les contraintes toujours l uvre Quoi qu il en aille un brin d attention en sus permet d apercevoir que la techniciste d ch ance des contraintes dans sa g n ralit est non seulement confort e mais encore aggrav e par l exercice repr sentatif 2 Occultation repr sentative La techniciste d ch ance des astreintes est confort e par l exercice repr sentatif Oui dans la mesure o les concours que l exercice repr sentatif sollicite et les r sultats qu il obtient passent docilement sous la coupe du familier diptyque les uns et les autres se renversant en les ordinaires sempiternelles esp ces de moyens requis par une fin Ainsi pour s en tenir au parangon commun l ordinaire sch ma de pens e du quelque chose dire lisant ses moyens d expression La techniciste d ch ance des contraintes est aggrav e par l exercice repr sentatif Oui dans la mesure o les concours sollicit s par l exercice repr
49. ditions Gallimard collection Id es Paris 1973 p 94 18 Cette contrainte s att nuant bien s r dans un crit selon des modalit s qu il n y a pas lieu d examiner en l esp ce avec la moindre fr quence des lettres omises Du grec leip je fais d faut et chora lieu limit Sans trop entrer dans les d tails et les probl mes pour lors qui seraient ailleurs soulev s l on pourrait faire une analyse plus proche des conceptions habituelles En effet l on pourrait noter que ce sont toutes les places de l crit en l esp ce qui sont concern es le diaph rochorisme tant ainsi un holochorisme tandis que le manque se reporterait la caract risant sur la sp ciale relation de forme le dia ph romorphisme tant ainsi un lipo morphisme Par suite l on pourrait stipuler que le couple transparitif prodigue en l esp ce le cumul d un lipo morphisme et d un holochorisme 2 Si lon adoptait la solution analytique propos e dans la note pr c dente l on dirait donc qu il s agit d une ortho holochoro texture lipomor phique a Si l on adoptait la solution analytique propos e dans les deux notes pr c dentes l on dirait toujours qu il s agit d une caco choro texture puisque c est une des places qui cesse de tenir le r le qui est assign leur totalit 2 Du grec hupotaxis subordination gt Jean Ricardou Tel qu en lui m me
50. elle en soumet la pertinence le plus souvent au test pratique de l accomplissement Toutefois c est ici sauf lire l il clos qu il sied d un brin ralentir et d envisager avec un peu de soin titre d aper us quant la versification la classique forme du sonnet et quant aux efforts oulipiens le c l bre lipo gramme vocalique Si l on consid re par exemple cet crit de St phane Mallarm HOMMAGE Le silence d j fun bre d une moire Dispose plus qu un pli seul sur le mobilier Que doit un tassement du principal pilier Pr cipiter avec le manque de m moire Notre si vieil bat triomphal du grimoire Hi roglyphes dont s exalte le millier A propager de l aile un frisson familier Enfouissez le moi plut t dans une armoire Du souriant fracas originel ha Entre elles de clart s ma tresses a jailli Jusque vers un parvis n pour leur simulacre Trompettes tout haut d or p m sur les v lins Le dieu Richard Wagner irradiant un sacre Mal tu par l encre m me en sanglots sibyllins l on distingue sit t bien s r d une part qu il s agit d un crit contraintes suppl mentaires puisqu il ob it pour le moins disons la m trique de l alexandrin ainsi qu la distribution canonique des rimes et d autre part qu il est le si ge d une exaltation directe puisque pour le moins les sons la rime loin de subir l clipse r gnan
51. et l autre du chapitre XII jusqu au dernier correspond aux pr paratifs des prisonniers pour le jour du couronnement l in gal d veloppement narratif dans la deuxi me partie des diff rentes sc nes pr sent es dans la partie descriptive les raisins vocateurs de Fuxier dont les dix images sont num r es dans la premi re partie p 114 116 ne sortent pas dans la seconde de l tat du simple listage sous forme de titres p 308 309 C est dans ces d fil s d images par ailleurs assez fr quents dans Impressions que le proc d amplifi montre ses limites par son incapacit rassembler les mat riaux qu il produit sous la forme d un r cit Ainsi certains d entre eux ont l air soumis une sorte de flottement sans aucune fonction bien d termin e dans l conomie g n rale du texte Le proc d amplifi et le roman qu il contribue majoritairement engendrer repr sentent dans le parcours de Roussel une tape charni re o s exprime le conflit pr sent dans tous les textes compos s suivant la m me m thode entre la productivit d une r gle d criture et les r gles d un genre le roman d aventures Les d s quilibres structuraux d Impressions d Afrique illustrent leur difficile compatibilit d s lors que par ses fondements mat rialistes la contrainte met en cause les r gles de la repr sentation sur lesquelles s appuie l efficacit du 202 sec
52. fran ais et Fm mad etc que l amadou est galement une substance qui s embrase la moindre tincelle ILLUMINATION Pos e sur les oratoires du temps des AMies AM est donc le nom de l une des plus belles fleurs ouvertes qui tintent clatent clairent l autel de D votion D o il ressort que cette madame qui a tabli un piano dans les Alpes nous permet d entendre le mot piano comme nos voisins transalpins c est dire non pas comme l instrument de musique auquel l enfant lecteur l associe trop vite lorsqu il ne fait pas le deuil de sa langue maternelle mais plus lentement plus doucement comme UN PLAN un primo piano un premier tage du texte Rimbaud nous informe donc que D votion est le premier texte de son livre l s est ouvert un ab me pour les trombes et les tromperies une b ance entre les langues l s est produite l tincelle l s est difi un ordre Il faut toutefois prendre ces confidences avec circonspection car dans Aube il donne un nom de fleur le nom de Y aub pine entendu comme piano piano aube et pine jeu qui le fait rire comme ayant jou le m me r le que madame La phrase qui suit imm diatement la pr sentation l offre du plan me semble davantage li e au paragraphe suivant qui va clore la pr sentation du livre lui m me La messe et les premi
53. jamais comme tel sauf une fois l avant dernier paragraphe Cependant c est la veille Recevons 181 PROSES A CONTRAINTES tous les influx de vigueur et de tendresse r elle Et l aurore arm s d une ardente patience nous entrerons aux splendides villes La tournure angliciste du dernier verbe et le dernier adjectif ne nous autorisent t ils pas une lecture litt rale Il est bouleversant alors d entendre Rimbaud annoncer qu il va s atteler l criture des textes des Illuminations que lon conna t aujourd hui sous le titre de Ville et Villes ne sont ils pas aussi splendides que l autel de D votion NOTES Jean Marie Gleize noir Paris Seuil 1992 Tels que Mes petites amoureuses et tous les po mes repris dans Une saison en revanche si un po me comme Le dormeur du val indique bien le go t du jeune po te pour la chute r v latrice qui contraint le lecteur tout relire autrement des po mes comme Le bateau ivre et tous les po mes ant rieurs ignorent ce type de construction et ne rec lent pas de double fond Arthur Rimbaud O C Paris Gallimard 1972 p 106 pour toutes les citations de Rimbaud nous nous r f rons cette dition id Robert Faurisson A t on lu Rimbaud in Bizarre n 21 22 1961 Claude Zissmann Ce que r v le le manuscrit des Illuminations Paris Le Bossu Bitor 1989
54. l ments ab p re rouah esprit et dabar parole trois mots h bra ques qui jettent r trospectivement une int ressante lumi re sur le texte entier 2 On peut aussi y lire une d formation de la phrase h bra que hou bara k mo chedib re c est dire il a cr comme il a parl allusion transparente au processus de la cr ation d crit dans les premiers versets de la Gen se la cr ation par la parole Il est clair qu ici Perec r affirme avec force ce dont il a fait la d monstration tout au long de son texte la vertu cr atrice de la parole et en l occurrence la parole r duite son l ment premier la lettre Si l on passe l examen phonique Abracadabra peut se lire comme une homophonie de la phrase A bras cadavre as c est dire tu as un cadavre sur les bras dont on ne peut nier qu elle soit parfaitement adapt e la situation d un homme le point d expirer Est il besoin de dire que les diverses directions sugg r es par ces analyses sont concomitamment pr sentes ici et que c est cette pluralit de sens qui fait la richesse et la pertinence de cette formule beaucoup plus sur Parac Le choix de ce nom n est videmment pas gratuit On peut y voir une nouvelle r miniscence de la guerre Lorsque les Allemands occupaient la 159 Tch coslovaquie devenue le Protectorat de Boh me et Moravie le peuple de Prague a
55. la r duction ustensilitaire des concours requis bref ce qu on vient de nommer leur id ologique d ch ance au rang de moyens et d autre part leur tendanciel effacement op ratoire Pour l homme qui parle les mots sont des conventions utiles des outils qui s usent peu peu et qu on jette quand ils ne peuvent plus servir Ainsi arrive t il souvent que nous nous trouvions en possession d une certaine id e qu on nous a apprise par des paroles sans pouvoir nous rappeler un seul des mots qui nous Pont transmise Ou bien sur le registre analytique avec pourquoi non les soins de la nouvelle discipline qui pr tend au nom de textique puisque celle ci s est efforc e d en fournir une explication au c ur de sa th orie exhaustive des structures de l crit Voici au plus bref et selon des caract res moindres permettant au lecteur press ou r tif cette sorte de travail d ais ment passer outre quelques indications cet gard En textique Ton appelle d une part effet orthorepr sentatif d un crit l ventuelle repr sentation que celui ci provoque et Ton pr cise d autre part que cet effet survient chaque fois qu une occurrence donn e une s rie de grammes disons permet que s ajoute pour le spectateur une autre id e celles que Ton peut se faire d elle m me savoir par exemple qu il s agit d une suite de traces litt rales align es dans u
56. matiquement l enjeu de l uvre de Cl mens peut tre formalis comme suit Au fondement de la fiction la langue Au fondement du mouvement d appropriation d une langue un geste de fiction Et entre deux la narration comme mise en intrigue des langues et comme implicite de la fiction Ce qui ne revient pas riger en nouveau mot d ordre la cha ne langue fiction narration Le point nodal de cette cha ne la fiction ne constitue pas un concept vide L ajointement de ces diff rents l ments la langue fait fiction la Jiction est structur e comme la langue et la fiction est narration se reliant et se s parant se confondant et se d partageant alt re et red finit sous la pression du mouvement de l analogie chaque terme pris dans une apparente quation d identit L cart du jeu permet de marquer l infinie ouverture de la fiction son double proc s d interrogation et de remod le ment de la langue de polarisation et de d senclavement de la narration Tout au moins la fiction cl mensienne d soriente t elle les proc dures d sincarn es d une criture conceptuelle immat rialisant le texte pour n exposer qu un programme et d samorce t elle la logique syst matique d une criture contraintes affirmant comme seule r gulation du texte des proc d s et des dispositifs formels D une part la mise en exergue de la puissance du signifiant et des analogies dotent le texte d une certai
57. me pu parler du travail d alg brisation auquel l auteur du D peupleur a soumis le lexique de Cap au pire Mais ce mode r ductionniste toujours exempt d essentialisme a parfois p ch par les interdits que certains de ses d fenseurs ont port sur l ensemble des op rations li es au r cit traditionnel la lin arit de l histoire le principe du suspense la consistance des personnages Si la critique de ces interdits a donn lieu aux retours r gressifs auxquels se compla t la majorit des romans actuellement publi s il est une voie qui permet d chapper ces deux d fauts C est celle que revendique Jean Lahougue et d apr s laquelle Formules non la modernit ne consiste plus dynamiter les pratiques anciennes en PROSES A CONTRAINTES vertu d un droit imprescriptible la nouveaut mais les investir en connaissance de causes et jusqu aux plus convenues d entre elles de fonctions qui les exc dent Bref il devient possible sans pour autant renoncer aux principes formels de la modernit de r int grer certaines des op rations du r cit classique en leur attribuant des fonctions nouvelles autrement dit en les dissociant des formes f R 3 historiques qui leur ont donn naissance 1 Le roman populaire comme contexte Comme l a not Jan Baetens la place occup e par Jean Lahougue au sein des crivains modernes est donc de
58. notions de texte et de propri t intel lectuelle ce bouleversement des repr sentations de la litt rature est la cons quence logique de l effacement dans le processus cr ateur de l Auteur en tant que conscience qu individua lit psychologique Mais le plus convaincant r side dans les interpr tations des po mes h t rogrammatiques de Perec Ulc ra tions Alphabets et La Cl ture sou vent tudi s du seul point de vue for mel du maniement de la contrainte Le critique exploite les possibilit s interpr tatives des po mes ind pen damment de la contrainte h t rogram matique Il rel ve les champs lexicaux dominants ce relev tant le principe d une lecture attentive construire une coh rence s mantique mettre au jour des r seaux de sens En postulant une lisibilit des textes Marc Lapprand d clare aller au del du travail de Ber nard Magn qui aurait exclusivement tudi les proc dures formelles Mais si l on relit le cinqui me Cahier Georges Pere on remarque que B Magn s attache lui aussi selon des pr suppos s et des modalit s d analyse certes diff rents construire une v ri 261 HORS DOSSIER table lecture des textes La d marche de Lapprand n est pas contradictoire avec celle de Magn tous deux explo rent ainsi la dimension m tadiscur sive Lapprand ou m tatextuelle Magn des po mes qui parlent de l criture elle la
59. ou vers Paris plut t pour panser ses plaies prendre pleins poumons Il partira comme il est parti de la Patache apr s leur promenade Patricia palpitait sa peau parfum e sous le par o il lui picorait les phalanges le poignet les paupi res papillotantes les pommettes paillettes une poitrine plus pulpeuse que la p tisserie de toutes les profiterolles Patricia sa pouliche p m e la prendre contre la palissade p n trer pagode pivoine mais tout avait pass pourquoi comme le p trolier au del du phare Elle tait partie dans la Panhard de ses parents un proth siste P ri gueux et sa poule du Pas de Calais S il part en pension pas de p tard la pension il la pillera y propagera peste et phyllox ra Pas de pardon les pions il les plantera au poteau ou au piquet pire qu un peloton de paras Ne plus pactiser pourfendre Pousser son palefroi parmi pi destals profan s et profs au p rin e perturb par le pal pareil Pers e sur P gase pillant le palais de Polydect s et plus tard plus tard il aura la paix Publier de la prose ou de la po sie des pochades ou des pamphlets ou bien peindre des portraits des paysages La paix CREATIONS Waterproof Dans son wagon boat quai sur un wharf Wanda Wax du Wyo ming washe au white spirit ses winches en wolfram un wish bone et ses water ballasts Aux water closets elle a wiss une wuile de Wang Wei un wapiti Wanda Wax n est pas
60. par les PROSES A CONTRAINTES c l bres trait s de Mathieu de Vend me Ars versificatoria et de Geoffroi de Vin sauf Documentum de modo et arte dic tandi et versificandi Une ce ces r gles est celle qui imposait pour la description des tres humains un ordre strict t te tronc bras jambes v tement On aura bien s r remarqu que Perec en commen ant par les v tements bouscule cette r gle Mais ce manquement apparent la tradition n est pas chez lui gratuit Il renvoie au contraire un pr c dent illustre dans la lign e de qui Perec tente manifestement de se situer Chr tien de Troyes En effet dans le Conte du Graal le portrait de Blancheflor la dame aim e de Perce val d bute pr cis ment par dix vers d crivant ses v tements On sait par ailleurs l int r t de Perec pour tout ce qui touche au Graal Faut il y voir la trace d une influence de Jacques Rou baud Ce n est qu une hypoth se au demeurant vraisemblable Ce qui est s r c est que les personnages de l histoire du Graal sont familiers Perec et on trouve plus loin dans What a man une allusion Gala h ad Galaad est un des h ros de la Qu te du Graal fils de Lancelot il est seul digne de d couvrir le Graal Or on trouve aussi dans VME 128 la mention d une soi disant Galaad Society orthographi e Galahad Society dans l index VME 631 qui se r v le n avoir pas d existence Est ce dire
61. postale il inscrit Ma ch re E je relis ta lettre dans mon lit pr s de mes livres Emma sugg re d envoyer Lise par ironie le morceau manquant Manuel ajoute donc P S Je t envoie le morceau manquant Peu apr s il d cide de transformer ce m me morceau en un minipuzzle qu il rev t de sa signature Emma insinue qu il serait peut tre amusant d ter l aussi une pi ce Ils cherchent alors dans MANUEL les lettres qui par leur absence feront surgir un sens finalement juste retour des choses ils optent pour les trois lettres N U L NUL mais aussi une partie de la LUNe qui se trouve l envers R jouis de leurs trouvailles ils jubilent en cachetant l enveloppe Alors le p re entre dans la cuisine se penche tend la main Tiens dit il compl tant la lune annulant l espace voil une morceau de puzzle qui a gliss sous le banc Il a d te manquer 122 CREATIONS Marc Parayre Marie quittant d un il marri Sa fortune ainsi r pandue La Fontaine Lecteur le d but du texte te surprendra peut tre Il pourrait d ailleurs permuter et te garantirait alors une fin tr s acceptable Mais l inconnu reste ce qui fixe les deux Les faits et les personnages sont suffisamment c l bres les journaux en ont abondamment parl pour qu on ne doute pas de la v rit de cette histoire cependant je crois que pour en comprendre le fin mot il conviendrait de faire un
62. que baigne l ironique tristesse de son auteur Le 15 juillet 1982 Maximilien Zu s tranglait en avalant un noyau de p che fin symbolique pour celui dont l uvre enti re fut plac e sous le signe du noyau Noyau c ur but ultime de celui qui d pouille la r alit de ses artifices Mais prendre tant de risques il tait certain que Zu finirait par p rir Il eut le temps avant d tre transf r la clinique de prononcer son dernier mot que d aucuns tiennent pour sa derni re uvre Vite Maximilien Zu auteur de l urgence 27 PROSES A CONTRAINTES NOTES Le titre du manuscrit L zardes tr s proche du titre de son premier roman Z brures donne penser que Zu souhaitait faire un retour aux sources L intrigue un peintre en b timent qui s inqui te de la solidit des difices qu il construit est pourtant tr s loign e de celle de Z brures Sur ce point et sur les circonstances de la d couverte du manuscrit on se reportera au num ro 140 de la Revue dat mai juin 1992 FVoir notre article intitul Sur un joueur de quilles paru dans le num ro 133 de la Revue dat mars avril 1991 Selon sa propre volont Notons que dans son premier testament r dig en 1966 Zu avait donn des instructions diff rentes Il se rappelait que Keats avait fait crire sur sa tombe Ci g t celui dont le nom tait crit sur l eau En 1966 Zu souhaitait que l on fit
63. s prononc e de l abandon et du d sespoir une m me exploration murmurante des t n bres Et une harmonie rigoureuse d ordre g om trique et arithm tique resserre les liens de texte texte Comme Des anges mineurs Compagnons de d sastre est compos de quarante neuf narrats valeur remarquable puisqu elle r sulte de la multiplication de sept par sept Ultimes toiles est un texte plus court il compte seulement treize narrats En apparence ce dernier recueil poss de une architecture moins ambitieuse que celle des pr c dents moins ambitieuse et leur marge Or un l mentaire calcul 49 narrats 49 narrats 13 narrats nous indique que la somme des trois ouvrages atteint 111 narrats Cent onze narrats le nombre ne manque pas d l gance ni de myst re et ind niablement il indique que Ultimes toiles n est pas un ouvrage isol qu il constitue au contraire le compl ment n cessaire d une trilogie inaugur e par un hommage Maria Clementi et close sur un soupir trange de John Untermensch Autres chiffres Des anges mineurs compte 46 622 mots Compagnons de d sastre 50 046 mots et Ultimes toiles comprenant treize narrats de mille cent onze mots 14 443 mots Ces donn es chiffr es ne sont pas ostensibles On rel ve le nombre 50 046 non comment la fin du sommaire qui cl ture Compagnons de d sastre et pour les autres textes un d compte minutieux s impose Rien de bien notable jusque l
64. se mire en sa couronne ome ses seins en coraux oc ane s amuse ivre amoureuse Sa voix si suave serine un air aux m rous aux marsouins aux mur nes son sauveur corso aussi oui car m me une sir ne sans amour sans semence ne saura concevoir un nourrisson ros e arc en cieux univers cimaise o ancr e v nus a souri mars avec reconnaissance cume crue en mer sereine cormorans rieurs sur une immense mare mousseuse comme sari en armoisin verveine un an a sem ses moissons semaines saisons six ans six naissances mais amour rime aussi avec ennui corv e un corsaire ne savoure une caverne sous marine circa une re ne s enracine vie un vrai coureur aime vivre virer croiser sur mer non sous mer or un soir cerise arrive en r ve corso ressaisie rus e envieuse cerise envoie semaine sur semaine r ve sur r ve au corsaire rixes avec marins n mois ou s nans amours crues vir es os es commerce en Vins en or Vie casse cou avec sa sir ne corso a ses aises une vie sucr e mais non ses anciens succ s en mer corso s ennuie s enivre muse sans envie ne s amuse erre sans cesse aux environs corso r vasse se sauver revoir cerise sa cerise son ancien amour s mouvoir sur ses six sir neaux n s SOUS ce roc ceci ne rassasie mie un ancien cumeur enivr corso s av re sec mauvais s v re avec oc ane corso ressasse ses sarcasmes mois sur MOIS s
65. tiatique du sens ultime de l univers qui s inscrit en filigrane derri re la mani pulation des chiffres comme des lettres ainsi les pratiques de l anagramme du palindrome de l homophonie On est d ailleurs tr s surpris que Michel Leiris qui a longuement dissert sur ces sujets ainsi dans Langage Tan gage ne soit pas cit dans l ouvrage alors que cet auteur tait une des r f rences majeures de Georges Perec entre autres COMPTES RENDUS De m me le chapitre intitul Imagination et contrainte n voque que tr s rapidement le rejet de V inspi ration qui constitue un des points d appui des avant gardes des ann es soixante Lapprand glisse d ailleurs rapidement de la notion d inspiration celle d imagination Il est dommage que ces aspects essentiels de la r flexion sur l criture n aient pas t davantage mis en valeur car ils auraient permis de mettre en valeur une facette souvent n glig e du projet artis tique oulipien Du c t de la r ception des textes galement certains commentaires sont parfois surprenants Ainsi les transfor mations par Queneau des po mes de Mallarm qu il r duisait leurs sec tions rimantes Phane Arm sont pr sent es d une mani re tr s des criptive avec le souci plut t curieux de v rifier si le sens du texte source est chaque fois respect ou modifi Dans la perspective esth tique qui est celle de
66. tre observe les mouvements qu elle accomplit pour s extraire du sofa de ses songes G oma tre pr te m me sa main de mani re ce qu elle ne tr buche point G oma tre patiente le temps qu elle r alise que son souhait a pris corps G oma tre voit son visage qu elle reconna t le couple enfin r uni G oma tre re oit sur son front la r compense fugitive d un baiser G oma tre la regarde dispara tre sur son v locip de aux sonnailles joyeuses G oma tre reprend ses m ditations transcendentales verticales oc anes et mystiques G oma tre s abandonne r ver son tour G oma tre pr lasse au reflux d une plage G oma tre esp re une venue de sir ne G oma tre a mal d amour G oma tre oublie sa mission G oma tre est g teux G oma tre d raille G oma tre 141 PROSES A CONTRAINTES Antoine Volodine Un trange soupir de John Untermensch Je parlerai ici de trois livres de Yasar Tarchalski qui illustrent bien la notion de contrainte discr te telle que les crivains du post exotisme l ont d fendue dans de rares crits th oriques et telle qu ils Pont mise en pratique dans de nombreuses fictions Ces trois livres de Yasar Tarchalski avaient t con us comme une continuit dans laquelle aucun d eux ne serait appel jouer un r le central ou particulier toutefois chacun connut un destin ditorial diff rent des autres au point que les regrouper en une
67. une culture trang re la v tre o les nombres peuvent prendre selon les cas un caract re secret ou ludique ou grave ou insignifiant Les nombres peuvent tre abstraits ou concrets et pour nous quand ils sont concrets ils sont beaux Ils sont tristes et beaux Nos rep res nous concernent Ils sont pr sents en permanence dans le post exotisme mais les filtres que vous utilisez pour les comprendre VOS filtres Jformalistes sont inadapt s Le mieux pour vous serait de ne pas vous pencher sur nos chiffres En d pit de cet avertissement il est difficile d ob ir Tarchalski Car m me si on admet que le post exotisme marqu par les traumatismes de l incarc ration par la perp tuit par l identification aux plus d munis et aux massacr s par l automutilation par la folie et les ex cutions et aussi marqu par une rumination permanente sur la solitude sur le r el et sur l chec m me si l on admet que le post exotisme n a pas pour objectif de construire des po mes soumis la dictature dess chante de l alg bre on doit constater que des structures g om triques sont l non clair es mais pr sentes extraordinairement discr tes et pr sentes Nous savons que l un des principes du post exotisme est d attirer Pesprit du lecteur non post exotique vers autre chose de parler d autre chose on se rappellera ici utilement le cri d Ellen Dawkes dans Le post exotisme en dix le ons le on o
68. vendeur de v randas m encourageait en attendre une autre me poussait vers la table du salon m assevait Et je jouais avec le fil conducteur nou comme avec un Yo Yo Quand le mois se fut tout entier coul j entendis une sonnerie ind niable et je courus au t l phone J avais reconnu la voix rentr e de vacances Sous sa dict e j crivis C est bien vous J avais rouvert mon cahier et mon feutre discret Nous allions reprendre notre conversation x 73 PROSES A CONTRAINTES Je l coutais Mon attention ne se rel chait jamais J essayais de n tre ni silencieux ni distrait tout en enregistrant au feutre bleu d tail sur d tail Je pensais aussi la fa on de se s parer comment reprendre relancer dire naturellement A demain me pr parer aux heures d abandon Plus tard il me para trait inconcevable m me de raccrocher le t l phone Je resterais l couch sur le canap je ne quitterais plus la pi ce condamn r pondre pour longtemps tre pour tous les autres constamment occup Toutes les autres voix me sembleraient trang res celles qui me h leraient au bureau pour travailler pour vivre manger ou me confier Je ne lui avais pas cach une passion que de toute fa on je n avais ni le loisir ni la force de b illonner Elle disposait de moi En tout j tais vaincu d avance Mon emploi du temps le p rim tre de mes journ es s agen aient ma
69. 110 CREATIONS Y tat du Monde collection La D couverte Je le compulsai fi vreusement sans oser finalement l ouvrir Sur la table basse se trouvait le Monde du jour je veux dire du lendemain ou plus exactement d sormais en toute illogique du surlendemain Sur trois colonnes Philippe S guin y critiquait la cohabitation impos e par la Sixi me R publique Mais j y pense javais s rement un vieux Lagarde et Michard du XXI si cle rang dans un placard Je r sistai la tentation Je finis par m asseoir sur le canap et me plongeai dans la lecture des Quatre mousquetaires jusqu une heure avanc e de la nuit puis cinq heures du matin mais jusqu quel point pouvais je me fier un r veil num rique je sombrai dans un sommeil agit Quand je repris conscience vers dix heures mon premier geste fut de tourner la t te vers le Dumas Il me parut moins pais Il l tait en effet Pos sur l Augmentation de Georges Perec je n avais d sormais plus sur ma table de chevet que les Deux Mousquetaires Je r solus de ne pas quitter mon domicile de passer ma journ e lire prendre des notes Je me maudissais de ne pas avoir ouvert la veille le Livre des Trois Chemins ce nouveau tr sor de la mythologie gyptienne J avais bien s r d autres regrets qu avait bien pu contenir hier le Robert 3 Quelle avait bien pu tre l intrigue de Trois amis de Maupassant Ou le septi me
70. 138 CREATIONS par des tours de sorcellerie elle voudrait faire de force dispara tre pour toujours en un tournemain Ursule gr ce aux tudes sabbatiques a plus d un truc dans son cabas elle consulte l annuaire des sorts jet s en vue de donner l avenir aux amours Ursule sait bien qu on ne tient pas l ternit dans un regard m me si la profondeur de sa confiance engendre des rites de communion quasi totale et permanente Ursule n ayant point t mauvaise l ve en tout a retenu que le myst re des tres a besoin de magie afin de conserver son attirance malgr le poids du quotidien Ursule d chiffre donc dans l annuaire la rubrique des envo tements cordiaux le nom du sp cialiste susceptible d effacer les distances entre son amour et son corps G oma tre arpenteur d mes Ursule alors t m raire en son habitude rev t sa tunique glycine et les pommettes color es par la chaleur qui la meut enfourche son v lo vers l adresse floue du sourcier de l idylle Ursule n est point s re de trouver son sauveur l instant du pr sent puisque on le pr tend il est visible seulement lorsque sa lumi re int rieure irrigue par palpitations douces ses doubles sens Ursule poss de heureusement au plus haut point la certitude de ses d sirs c est pourquoi elle pr te une attention nulle aux inqui tudes qui risqueraient de l assaillir si une action ne rempla ait pas r flexion Ursule p
71. 211 PROSES A CONTRAINTES l auteur avec celle de Michel Pierssens Rodopi 1989 s appuie pour tracer les grandes lignes du livre sur le sch ma que Haroldo de Campos avait tabli l poque en partant du tapuscrit On le reprendra en partie apr s avoir constat qu en effet le texte pr sent des ditions Tristram suit fid lement ces indications du tapuscrit exception faite peut tre des passages concernant l Am ricaine qui figurent plut t en vert qu en marron dans la nouvelle dition Pr cisons d abord qu il ne s agit pas d imiter des ph nom nes physiques la succession des couleurs ne correspond nullement la bande spectrale naturelle mais d arriver des effets dramatiques sp cifiques Tout part dans le noir d un tu o le verbe est au futur pour ordonner prescrire ou simplement pr dire son destin de grand malade de celui qui devient aveugle et qui dans sa chambre parisienne est assailli par la triple invasion des souvenirs des fantasmes et des bruits du monde Mn mopolis que tu pourras hanter sous ton cr ne sera une ville seule et obscure p 10 La premi re couleur le rouge na t page 13 par une compression des yeux c est le r veil sur fond noir d un on qui se caract rise par ses d placements l instar d un oncle globe trotter c est la voie du vagabondage Papeete notamment ou encore New York Le bleu qui surgit page 17 ouvre une
72. C est l haut que va mal Pour s r vient de ce que tu as trop bu Eh oui ceux qui ont trop bu le paient deux fois et plus d un en est mort Ils ne font pas long feu Tu as trop bu Bien trop Ta vie s en va vau l eau Tu perds le fil Rien ne va plus Ce n est plus du jeu Dans la rue tu t en vas pas lents tu fais des zigs et des zags Des fois tu as des pleurs au coin des yeux pour un rien ou bien tu ris tout seul tout haut hic Tu es au bar jour et nuit Ne vois tu pas que tous ces gars l ne sont que des va nus pieds des pue la sueur des meurt de faim des boit sans soif des sacs vin La lie des bas fonds des gueux Tous des ploucs des cons des nuis des riens du tout des moins que rien Tu es tout le temps saoul Tu es tout le temps gris Plus que gris noir C est ce qu on dit de toi chez les gens du coin Que tu es un vrai trou Que tu es tout le temps plein ras bord Et pas plein aux as Car tu as tout bu Des sous tu n en as plus Tu bois mais tu es sec Tu bois sec Tu bois de tout Des pots de vin du blanc sec du blanc doux du blanc de blanc du vin gris du vin vert du brut de brut Et de la stout de la pils ce n est pas ce que tu crois en bocks en packs Du rhum en punchs en grogs Du scotch Que tu bois au f t par muids c est ton fuel Et du gin du schnaps du kirsch du kwas Du marc des eaux de vie de fruits de baies ou de grain Des eaux de m
73. Gel Contour des Yeux A cette poque je croyais vraiment qu un jour je toucherais sa peau M me magazine la page 76 Je n aimais pas ces cigarettes l Longues comme des stylos et lourdes aux l vres Isabelle en fumait Elle avait le menton muscl Je tournais la page qui collait aux doigts comme une feuille de papier Job Souvent je haussais les paules Je me tournais un peu vers le t l phone et je lui criais Mais sonne mon vieux sonne Qu est ce que tu attends En trente et un jours on m avait appel cinquante six fois un ami cycliste de profession qui je n avais rien confi de vagues silhouettes de d marcheurs mon ex femme seize fois dont trois au milieu de la nuit propos de paperasses D ception unanime A mon fr re je n avais m me pas dit que j tais en vacances pour tre s r qu ils ne me rendent pas visite lui et ma belle soeur et leurs deux enfants qui m auraient emp ch de me concentrer sur mon attente Et si elle avait appel en leur pr sence un jour o ils auraient entour le t l phone Les enfants auraient continu de crier Ma belle soeur aurait secou de la vaisselle dans l vier Mon appartement aurait t si vivant qu elle se serait crue de trop et aurait raccroch peut tre Je ne voulais pas le risquer Ma m re je l appelais suffisamment souvent pour qu elle n ait pas l id e de composer mon num ro Mais chaque sonnerie m me absurde un
74. Kamo no Chomei un ermite po te du XH si cle japonais il le fait avec une totale libert d adaptation ob ir Bien entendu je ne comprends pas vraiment le sens historiquement coh rent de ces styles dans leur contexte d origine L interpr tation que je men suis faite est appuy e sur la traduction qu on donne de leur d signation et sur les quelques exemples de po mes manifestant ces styles que j ai pu d couvrir ici ou l Avec ce peu de donn es je me suis construit mon propre spectre de styles 220 On peut d s lors se demander si la contrainte ne devient pas en l occurrence une affectation de la contrainte ou plut t si la priorit n tait pas accord e un effet de contrainte tout comme Barthes parlait d effet de r el Dans les trois romans d Hor tense par exemple la sextine n est pas appliqu e galement Elle l est exemplairement dans second L Enl vement d Hortense qui compte six parties de six chapitres chacune plus un pilogue qui sert de chapitre trente sept C est en outre dans ce second roman qu est livr le sch ma de permutation des escargots tatou s sur la fesse gauche de chacun des six princes pold ves avec petits points permut s en sextine qui r git l ordre de leur succession au pouvoir Marques de Fabrique p 176 Cependant dans le premier roman de la s rie c est le nombre sept qui pr side la structure en chapi
75. Le tableau ci dessous pourrait synth tiser ce processus en prenant comme exemple l pisode de la statue en baleine de corset qui roule sur des rails en mou de veau cf Impressions p 12 et 291 et sq Quatri me niveau de production Int gration dans le l ensemble des anecdotes roman de Troisi me niveau de production Int gration g n rale par le r cit Talou impose Norbert Montales cot de construire une statue suffisamment l g re pour pouvoir circuler sur des rails en mou de veau Deuxi me niveau de production Int gration statue faite en baleines de corset Int gration temps grec avec un signe typographique Int gration rails fabriqu s avec du mou de veau ANTECEDENTS Premier niveau de production baleine ilote duel accolade mou rail Il va sans dire que le mode de structuration textuelle ne saurait tre le m me pour ce type de r cits que pour les pr c dents D abord le nombre de g n rateurs mis contribution souvent plus d une dizaine et pr s d une vingtaine pour l histoire des aventures de S il Kor exclut l exploitation s mantique du champ de signification de chacun des mots sa place l on trouve dans ce cas une exploitation fic tionnelle qui fait se multiplier les aventures des h ros Enfin l abus de la synonymie et de la r p tition mises profit pour renforcer la coh sion textuelle sont maintenant remplac es par le d doublement de bon nombre des l me
76. Les deux pans rectangulaires gaux qui la composent se rejoignent selon une ligne situ e la verticale de la fine bande noire qui s pare les deux pistes centrales L armature m tallique qui soutient ces deux pans inclin s les divise chacun dans le sens de la longueur en deux parties de m me taille Des barres m talliques plus fines que celles de l armature principale redivisent dans l autre sens chacune de ces parties en quatre sous 2 Pour des raisons de place la mise en page pr vue n a pu tre respect e La double page venant apr s le tableau qui termine Efablissement devrait tre enti rement blanche pour sa partie gauche et ne comporter que le titre Entra nement pour sa partie droite 98 CREATIONS parties identiques Les seize carreaux de verre ainsi ajust s sont translucides et ne laissent donc rien deviner de l ext rieur Ils se contentent de diffuser une lumi re apparemment toujours peu pr s gale malgr l absence de tout syst me d clairage interne d tectable qui viendrait suppl er ses ventuelles variations Ou plut t la lumi re ainsi diffus e varie trop insensiblement pour que son changement puisse se percevoir Pourtant le dessin de la verri re appara t parfois en ombre sur le sol blanc o il forme un quadrillage parall le dans un sens aux limites entre les pistes et dans l autre la planche qui s pare le bac sable du rev tement caoutchout auquel il est raccord L
77. Marc Lapprand Po tique jouer sur des macro structures en totale de l Oulipo Rodopi 1998 en impunit tout en investissant le texte d une particulier la partie concernant Le statut programmation num rique au premier de la contrainte pp 48 55 On y trouve une double articulation selon les degr Ainsi lorsque la contrainte est CRE a je A caract res implicite explicite et visible structurelle et qu aucun mode d emploi lt NS RO invisible de la contrainte Ainsi plus la n est livr avec le texte le pacte de lecture se contrainte est formelle et dure plus elle perd et ne devient plus qu anecdote ou tend tre explicite visible cas type encryptage impossible casser et c est Alphabets Georges Perec elle tend au tant pis pour le lecteur A la lecture des contraire tre implicite invisible magnifiques proses contrainte de Jacques lorsqu elle se dissout dans la trame de la prose cas type Si par une nuit d hiver un voyageur Italo Calvino 3 Les titres et num ros de pages renvoient tous aux fascicules de La pas fait pi ger leur insu Biblioth que Oulipienne BO publi s s par ment sous l gide de l Oulipo j Cf Georges Perec Ce qui stimule ma racontouze Texte en main n l 1984 pp 49 59 Jacques Roubaud La Belle Hor tense Ramsay 1985 p 44 La suite se compose de L Enl vement d Hortense Ramsay 1987 et L Exil d Hortense Se
78. Palinodie en rendait la diffusion probl matique et lui interdisait tout espoir de r compense litt raire Zu ne fit comme son habitude ni une ni deux Il fit publier son texte dans les Temps Modernes se r conciliant au passage avec Sartre Il passa galement un accord avec les ditions de la P pite la maison du mouvement minimaliste qui il promit ses quatre prochains romans Ce fut sans doute une erreur Zu n avait jamais connu la contrainte Du jour o il se sentit li par un contrat il perdit son inspiration et se trouva sec Les ann es 1960 61 comptent parmi les plus noires de la vie de Maximilien Zu Zu refusant d admettre la r alit restait de longues heures sa table sans crire quoi que ce soit Il taillait et retaillait cent fois son crayon en vain La page blanche qui dansait sous ses yeux lui renvoyait irr m diablement l image de son impuissance Zu raconta par la suite que ce face face avec le vide fut pour lui l occasion de r fl chir sur la valeur de son art Il en vint m me douter de l existence de ce dernier mot qu il traquait si intens ment Une page blanche n tait elle pas la solution tous ses tracas Ses proches surent heureusement lui faire apercevoir quel point sa position tait dangereuse Elle engendrait insensiblement la d mission et ne pouvait valablement tenir lieu de r ponse une qu te si exigeante Il est difficile aujourd hui d appr cier les effets exact
79. Perec avec Flaubert mais smart lu la fran aise est aussi l quivalent homo phonique de la 3 personne du verbe se marrer C est donc une allusion au caract re ludique de ce qui qu il a une importante uvre de va suivre On peut y voir le souvenir d une attitude mallarm enne Mallarm en effet dans le sonnet Mes bouquins referm s sur le nom de Paphos n h site pas proclamer nous d lire avec le seul g nie Ce qu une commentatrice aussi avis e qu Emilie Noulet a tr s justement glos ainsi Mallarm annonce express ment qu il s agit d un jeu w Notons que cette filiation qui ne surprendra personne de la Il m amuse soulign par part d un oulipien les oulipiens reconnaissent en Mallarm un de leurs plagiaires par anticipation est discr tement signal e par la pr sence d une anagramme partielle toutes les lettres du mot smart appartiennent l alphabet restreint que forment le pr nom et le nom de St phane Mallarm L analyse litt rale on sait quel point Perec tait attentif la structure interne des mots aux lettres qui les composent or le mot smart peut ais ment se d composer en S M ART c est dire S a Majest P ART Ainsi analys il contient donc une v ritable profession de foi l affirmation de la pr minence ou plut t de la royaut de PArt Analyse phonique et analyse litt rale semblent no
80. a mad inspired push a blue dream s lingering taste a forgotten rush a lyric 116 l m stupid mindlessly imitating your Obedience still obedience dog and mysterious bones entwine exclaimed inane me chained completely you d cid You mastermind decfsRMATIONS which torture moans of a frenzied strain l m certain you declared A nightmare can be lovely e g sli cing phalluses off A conception which l m thrilled about Your glinting dreadlocks covered your eyes echoes of an old shared obsession Meanw hile hoards of dancers then padlocked bears spread between the sofas a vigorous ruption among smiling tiers of loafers in soft loungers Sweet ness I or we subsist whatever the decision I reasoned and pronounced l m reassured that existence s so important Remember you can easily dictate who may uprise or what will intertwine Desire never really dances wild you expatiated Incenses odours percolated us a low continuum that suggested warm kisses and fantasies throb or an open horizon the mirages a headiness interfolds between furrowings of a desert s windblown cara vans Around resplendent armchairs then the poppers evaporated in cardiac vapours condensing above the simmering of a chowder a sizzled frying of ducklings fat a heavily spiced platter hunks of old devilled m at bloody cutlets that dribbled a reddened dead stench cheeses bluish veined galle ries l
81. aujourd hui ind ci dablement pairs ou impairs chose qui j en conviens n aurait pas t possible avant l invention du vers libre ou plus simplement avant l essai du po me en prose La question du e muet c est la question de la lecture haute voix Lire haute voix un po me ou un livre de po sie c est le lire comme il a t crit Je tiens cet aspect du travail et j en parle non parce qu il vous a chapp mais pour dire sa signification la po sie a sa propre musique et il n est pas s r qu elle puisse dor navant lutter avec la chanson Car la chanson a confisqu en grande partie le vers pair et la rime La musique du po me si on me permet l expression cependant commande encore du pair et de la rime Il faut aux oreilles modernes une proportion d imparit il faut quelque chose de sp cialement excitant tous Apr s tout les bouleversements prosodiques ont commenc quand l h mistiche n a plus t respect dans l alexandrin ni la place des accents toniques S agissant des accents le phras du rap mais pas seulement a quelquefois des choses nous apporter Dans une s quence particuli re l excitation de l oreille est possible c est la premi re de Garde manche hypocrite o r sonne une SUITE AU N 2 sorte de for whom the glass tolls d riv de John Donne L ami qui a dit continuez en lui sonne le verre
82. avec des parents professeurs ou paysans pour la plupart vers Parthenay ou le P rigord d eux prostr s leur pupitre pour la panoplie des pensums ne pas paresser il y aura un palmar s pr senter penser plut t ces pharisiens de profs pos s derri re leur plastron pansus prudes polichinelles ou purs perroquets de passage p tant de peur en pr sence du potentat pr varicateur qui les pousse d eux peinant sur la page avant de se pousser de palier en palier jusqu aux paillasses punaises et photos pornos Oui pourquoi puisqu il ne peut plus rien partager pas m me le pain avec ces pantins que sont ses pairs potaches qui furent petits la proie de Premi res paillards ou polymorphes des parias prot g s de pires qu eux m mes par la p nalit de principe d un pr puce palp Et plus que tout pourquoi pourquoi a t il perdu pied au point de partir en pi tinant son poulet et ses patates Il p dale du Peu Pierreux vers la Passe le phare les Portes Il p dale parmi ce plat pays qu il prise plus que tout le Poitou Il ne passera plus les piles du pont ni le pertuis Il p dale pendant que ses parents partent vers les p cheries du platin pour y p cher pied patelles praires et palourdes Il p dale entre les platanes et les pins parasols jusqu au petit port de plaisance de la Patache o lui et Patricia se sont promen s Il p dale en se promettant qu il partira vers le Portugal vers la Pampa
83. avec son cumoire cerise Va vers sa cave ramasser un seau oursins mais ici cerise a ou une corne marine a couru vers son corso a Cru sa venue nenni m ric arrive sans son ami saisie mine soucieuse cerise s crie voix cass e corso mon cousin mon aim o mon corsaire moi a mis son ancre amen ses ris men son navire m ric mac invem mu murmure son mourir cr ve c ur ainsi onc cerise ne reverra son amour cerise se r crie incrimine ces courses vaines en mer sermonne ce mauvais associ insoumise carr e au souvenir cerise rue non non mon amour reviens ou mourir au m me roc m arrivera aussi m ric emm ne moi vers mon corsaire avec mes mercenaires ce sera un succ s assur m ric n a encore avou cerise ceci une sir ne rousse ou une sorci re noire version m ric enne a ravi Un corso enamour m ric ose ici cerise encaisse sans un cri c ur e cerise a saisi ces vis es oc aniennes vaincre oc ane sera son envie encens vins soieries ramen s vers sa maison en camions nous verrons une amoureuse courir en mer vers son ami avec son mousse ses mercenaires corses veuve non encore mari e cerise se sera mise en amazone noire en viscose moir e cerise Courrouc e nerveuse invaincue acrimonieuse sans accroc sera sa course un mois sur une mer verniss e mar e cr meuse en soir e air ionis aire au crime en vue man uvres
84. cent un je m allongeai sur le sol fermai les yeux un long moment Soudain saisi d une inspiration je me relevai J ouvris le Sade de la Pl iade le feuilletai jusqu d couvrir mais j aurais pu m en douter les Cent vingt et une journ es de Sodome Ainsi comme je le craignais les titres int rieurs taient eux aussi concern s J ouvris ensuite les Amn siques n ont rien v cu d inoubliable un livre qui mest cher Il tait crit en sous titre et en page int rieure Mille et une r ponses la question quoi tu penses Je me pr cipitai sur Bouvard et P cuchet l ouvris le reposai quelque peu soulag La chaleur tait cal e trente trois degr s sur le boulevard Bourdon par ailleurs toujours d sert Ce cauchemar num rique poss dait donc une trange logique seuls les titres sous titres exergues taient affect s par la mutation De m me dans un titre un ne devenait deux que lorsqu on pouvait le consid rer comme un nombre et non comme un article Simone de Beauvoir restait une Jeune fille rang e Pourtant tel livre de Paul Foumel s appelait d sormais Deux rockers de trop tandis qu un autre devenait Un homme regarde deux femmes Pourquoi pas Deux hommes regardent deux femmes ou m me Deux hommes regardent une femme Je ne le saurais jamais Parfois encore le titre subissait une l g re adaptation s mantique comme dans le Koestler l Unit et l Infini Au ray
85. composeriez vous l UNIT D MODULE pris dans sa s rie Op reriez VOUS la S LECTION EXCLUSIVE pI SEUL PRONOM PERSONNEL 4 Ce texte est la pr sentation d un ouvrage en cours intitul 7 dont un extrait vient de para tre dans le num ro 18 de la revue Java Cette pr sentation observe elle m me la proc dure qu elle nonce 134 CREATIONS Lui imprimeriez vous 1 TEMPS DISTINCT Ne garderiez vous qu MODALIT DE PONCTUATION SP CIFIQUE Joueriez vous avec 1 HAUTEUR DE DUR E DIFF RENCI E 135 PROSES A CONTRAINTES amp ils affirm rent que quelques hors s ries contredirent les structures circulatoires o profit de LIGNES DE FUITES DIVERGENTES amp IMPR VUES les r glages imprim s l ensemble du DISPOSITIF auraient encourag des op rations constructives selon une triple exigence d exploration de la sp cificit de chacun des param tres convoqu s d exposition de leur valeur diff rentielle de production d effets relationnels capables d inscrire encore autrement la puissance autonome de chacune des intensit s en jeu que la notion de dispositif sous le r gime de TERMINAUX autonomes mis en R SEAUX constitu t un d menti structurel amp ludique l identit repli e du style Il au profit de connexions infinies entre pulsations individuelles toujours soumises des proc dures de morphing j eus construit le network 2 fa on nouer la relati
86. contes modernes 233 PROSES A CONTRAINTES palabres son livre d initiation aux Exercices de styles pour les enfants de tous ges J ai bien dit de fous ges Parmi les publi s par Yak Rivais il faudra bien ici en nommer certains Instituteur et auteur se d signant comme institau teur publi L cole des Loisirs collection Neuf en poche Yak Rivais pratique abondamment l atelier d criture et fait des efforts m ritoires pour relever le niveau grammatical de ses l ves Ses jeux de langues sont pleins d inventions qui raviront tous les enseignants du primaire et ceux des d buts de coll ge D o vient que l on ne sente gu re de litt rature dans ces r cits o les aventures se multiplient se bousculent et s entrechoquent voire se c toient Peut tre est ce justement trop p dagogique pour tre vraiment de la litt rature En tout cas il faut ne serait ce que pour voir les du genre compulser Les sorci res sont N R V chaque chapitre traite d une contrainte ou d un jeu de langue Le rhinoc rossignol et le coca koala et plein d animots valises Moi pas grand mais malin lipogramme en e Les sept s urs sapins travail sur les verbes Le m tro m pas tro reprise des Exercices de style de Queneau et hommage Zazie Les contes du miroir que j aurais pu aussi classer dans la rubrique pr c dente sur les pastiches et r critures La grande naine et
87. contrainte d criture av r e Ces contraintes d criture ou de lecture isol es m ritent aussi notre int r t car une fois not es elles aussi peuvent devenir texte ou projet de texte Quant aux textes contraintes proprement dits ils pr sentent beaucoup de complexit et de richesse Disons tr s bri vement que nous pensons qu un texte contrainte doit tre reconnu comme tel seulement si l on y peut prouver la trace objective et objectivable d un proc d textuel la fois syst matique et non obligatoire l exclusion des proc d s d criture syst matiques mais obligatoires comme la syntaxe la grammaire etc Disons EDITORIAL galement tr s bri vement que nous croyons pouvoir reconna tre deux grands types l mentaires les textes contraintes du signifiant et les textes contraintes du signifi Ne pouvant d velopper ici tout cela nous optons pour la diffusion restreinte et interactive de notre approche th orique de la contrainte la version la plus r cente figure sur notre site Internet et les lecteurs int ress s pourront toujours s ils le souhaitent en obtenir la version lectronique sur disquette Les suggestions remarques critiques questions et modifications seront int gr es au fur et mesure aux discussions en cours qui devraient permettre d aboutir un texte plus rigoureux Celui ci sera publi comme nous l annoncions plus haut dans notre prochain num ro R
88. corse mon ami ness norme varan cossais s en ira coincer ce Casanova s en saisira renversera corso en un ravin aux ronciers venimeux un rosier ac r corcera ses cuisses ses reins ses aines coussin en meri s v re sera sa cuisson mieux encore cerise accourue vers son corso innocence au minois rassurera son ami mais assaisonnera ses vins en arsenic versera en ses veines un curare sournois sorci re va cerise ravira nouveau son coureur mais minor vann vaincu ne saura avoir aises aimer corso se consumera en un mois mourir en remous r ve ceris en corso aura encore vu ceci son ancienne amoureuse s unir son ex mousse car m ric sera revenu vers eux cerise cr nera avouera corso sa noirceur sa rancune n m sis cerise se mariera avec son 132 CREATIONS niaiseux en une noce aux sons cornemuseux ouin ouin ouin ouin ouin une mari e v reuse en cr me un mari en vareuse cossaise aux nuances mac invemoises carreaux anis OCcre noir corso mourra sans coma souvenirs oc aniens raviv s en sa conscience en sa m moire morsure au c ur Sa Croix n avoir su mener sa vie o voir sa veine en somme mer en ire mer en rumeur mer en murmure mer rimeuse en vers c sures ressacs scansions en mesure assonances r sonances sons serin s en mineur si mi r si Si mi r si Si Mi mi mi unisson mer airain mer mica mer mercure cireuse cieux sure
89. d une th orie suffisamment puissante le scripteur quelle qu en soit l excellence risque d tre limit par les ill res de sa pratique Ainsi s agissant de la rime et du lipogramme les imm diates difficult s qui sur place se posent tendent d velopper une focalisation op ratoire laquelle occulte les structurales d fectuosit s lat rales qui tendent concurremment survenir l erratique intrusion rappelons le d une part dans le cas de la rime d occurrences identiques ou semblables ailleurs qu en les lieux pertinents d autre part dans le cas du lipogramme et de faciles redites lexicales et de r p titifs f cheux agr gats Ou si l on pr f re l attention fascin e que du fait de sa pratique m me l op rateur se trouve porter la contrainte en jeu tend mettre un frein la satisfaction de l astreignante logique l uvre Le sympt me de sa sous estimation Voici quel semble son principe l astreinte a ses raisons que la pratique subodore En effet pr tendre ainsi qu on vient de s y hasarder que des scripteurs Mallarm et Perec en l esp ce n ont point toujours garanti leurs feuillets de certaines structurales d fectuosit s lat rales revient soutenir que faute il se pourrait d une th orie suffisamment puissante pour leur offrir un recul ce qu ils ont mis en uvre c est dans tel cas non point l astreinte compl te en sa dualit
90. d cisive mais bien plut t l homme dans ses fins puisque celles ci paraissent aux commandes Et du coup l op ration d abord inf od e aux choses tend se penser comme capacit de l homme Ce qui compte pour lors c est non plus les choses comme telles puisque celles ci deviennent moins d terminantes mais plut t l homme avec ses moyens puisque ceux ci s imposent toujours davantage Ou si l on aime mieux l amplification des techniques se prend induire avec le familier diptyque de la fin et des moyens un euphorique sentiment de libert l homme fantasm comme ma tre de la nature estompant ce qui semble h las le p renne ordre des choses l homme soumis un persistant cumul de contraintes Bref la croissante r ussite technique pousse une ivresse de puissance et d s lors favorise c t de la pr cise pens e ad quate son exercice un mirage id ologique l id alisme techniciste si l on veut lequel invite et une fallacieuse inversion du proc s op ratoire et l effacement des contraintes qui le d terminent Serait on en train de proc der ici conjointement et une promotion du naturel et une r cusation de la technique Aucunement En effet ce que l on pr tend faire saillir pour l heure c est non point le naturel en lui m me cette id e contestable par ailleurs autorisant seulement ici une c l rit
91. d tour n e Du danger et de la rage est reje t e en deux vers toute la tradition de l enthousiasme po tique la repr senta tion du po te inspir par une force qui le d passe l Inspiration tenant lieu de Divinit l aventure po tique con ue comme qu te de l absolu en tension vers un id al situ au del des mots Si aucune transcendance n est envisa geable les mots ne d signent plus qu eux m mes au lieu d tre l acc s un illusoire domaine sup rieur Le texte devient une Captieuse et p le substance un Fol tre empilement d air le signe est nonchalant futile et fid le l crivain La Variante mais plus br ve des m mes stances joue quant elle des possibilit s de l anagramme de l alli t ration et de l assonance qui cr ent une ligne m lodique conf rant aux po mes une coh rence sonore D un quatrain l autre certains vers Ss or donnent selon des reprises phon tiques Le son et le sens sont ainsi troitement li s comme intriqu s dans le gen se comme dans la lecture et l in terpr tation des textes Le questionnement de l criture po tique sur elle m me parcourt le recueil plus ou moins voil par le jeu des m taphores et se propose comme une voie de lecture possible des textes Une des Treize sc nes anversoises d bute ainsi p 28 Comment l incision des flammes Serait elle de m taph
92. dans La M tamor phose l uvre s applique invento rier les proc dures auxquelles le po te a eu recours pour installer une conti nuit narrative sans cesse relanc e mais sans cesse relativis e Il s efforce galement d lucider les circonvolutions d une criture qui multiplie les rapprochements et les cor r lations entre les histoires voqu es qui combine d incessantes r minis cences issues de po mes et d crivains ant rieurs au point de constituer un v ritable entrelacs au sein du texte Ainsi les relations diff renci es qu en tretiennent les M tamorphoses avec maints crits ant rieurs s offrent elles au lecteur comme autant de pistes qui COMPTES RENDUS se rencontrent et se conjuguent pour produire par leur assemblage un di fice po tique original L intertextualit s affirme comme un aspect d termi nant de la composition o les po mes pr existants ne sont pas une simple source d id es qu Ovide aurait ensuite d velopp es mais la base m me d une criture qui adapte transforme ou se d marque en manifestant de fa on per manente son rattachement une lign e litt raire L un de ses mod les est bien connu c est le chant de Sil ne d ve lopp par Virgile dans la sixi me Buco lique comme la repr sentation en abr g d un parcours travers la fable dont les M tamorphoses constituent pour ainsi dire une immense amplifica tion Les
93. dans l ordre des lettres centrales m diales des mots du huiti me chapitre du roman lui m me chapitre central permettra la reconstitution d un nouveau texte sous texte ou texte d riv que nous appellerons par commodit chapitre 8 Le chapitre 8 ob ira la m me r gle des m diales Celle ci permettra la reconstitution d un nouveau sous texte d riv que nous appellerons chapitre 8 Le chapitre 8 ob ira la m me r gle des m diales que les chapitres 8 et 8 Le texte ainsi d riv se r duira au mot Ana La lecture dans l ordre inverse en partant de la derni re phrase du dernier chapitre et en remontant jusqu la premi re du chapitre initial des mots centraux m diaux de toutes les phrases du roman permettra la reconstitution d un nouveau texte sous texte ou texte d riv que nous appellerons par commodit le roman La lecture dans l ordre des m diales du roman permettra la reconstitution d un nouveau texte sous texte ou texte d riv que nous appellerons par commodit le roman La lecture dans l ordre des m diales du roman permettra la reconstitution d un nouveau texte sous texte ou texte d riv que nous appellerons par commodit roman La lecture des m diales du roman permettra la reconstitution d un nouveau texte se limitant au mot Ana Le domaine d Ana comporte bien d autres r gles de ce
94. dans les deux plus longues phrases qui suivent Rimbaud nous fait entrer dans le dispositif du livre lui m me alors que les vitres sont encore toutes ruisselantes en tant que VITres o transpara t le sexe du sperme diluvien que l on a vu gicler plus haut alors que les enfants sont en deuil ce terme outre qu il renforce la cruaut du montreur d images annonce la s rie du CULte que Pon verra c l brer plus bas aux autels de la cath drale l crivain anticipe avec d lectation sur la na vet de son lecteur regardera plus que de merveilleuses images Et il nous en fournit aussit t un exemple qui ne Une porte claqua et sur la place du hameau l enfant tourna ses bras compris des girouettes et des coqs des clochers de partout sous l clatante giboul e Quelle maintenant que la cl a tourn que la porte a claqu Pourtant le sperme jaillit encore sous l expression l clatante giboul e et c est Penfant qui la re oit car merveilleuse image il a tourn ses bras vraisemblablement mis pour ses braies il a donc offert son cul au ANTECEDENTS d sir du narrateur Le caract re sodomite de cette sc ne que l on peut comprendre j ai soulign ce verbe dans la phrase quand l on est pass par l extase harmonique de H est renforc par les girouettes et les coqs des clochers qui TOURNENT elles aussi joua
95. de E Noulet Paris Gen ve 1948 On sait que cette formule qui figure dans Ecrit en 1937 B tons chiffres et lettres p 22 est famili re Perec et aux oulipiens elle appara t dans La disparition sous la forme L on n inscrit pas pour assombrir la population 312 R plique de Gabriel dans Zazie dans le m tro l Esth tique de la langue fran aise Mercure de France 28 29 note 1 2 Est il besoin de rappeler que le Graal est la coupe o J sus a bu le soir de la P que elle est aussi celle qui a recueilli le sang du Christ sur la croix Jai pris jusqu ici le nom de Galaad comme un anthroponyme appartenant au monde du Graal mais je n oublie videmment pas qu il peut tre aussi autre chose un toponyme le nom d une r gion de l ancien royaume d Isra l consid r comme un pays de pr dilec 160 ANTECEDENTS tion La richesse de ses herbages o abonde le petit comme le gros b tail est l origine d une tr s charmante m taphore Tes cheveux sont comme un troupeau de ch vres ondulant sur les pentes de Galaad Tes dents sont comme un troupeau de brebis tondues qui remontent du bain Cantique des cantiques 4 11 6 5 4 On se souvient que le mot initial du texte smart si charg de sens avait aussi cinq lettres L importance ainsi donn e certains groupements de cinq lettres est peut tre mettre en relation avec le fait que le patronyme d
96. de la revue critures et deuxi mement SUITE AU N 2 qu noncer ces m mes contraintes suppose qu on ait clairement d fini un projet esth tique ce qui mon sens n est ni n cessaire ni toujours utile l laboration d une revue litt raire Si je dois r fl chir projet d critures en termes de contraintes je ne vois que le moyen de rendre compte de ce que les conditions d existence de cette revue lui ont apport en d pit de leur aspect contraignant Je les reprends d s lors une une dans l ordre o elles me viennent l esprit Condition budg taire La plus grande part du budget d critures passe en frais d impression Raymond Ver vinckt notre excellent imprimeur cherche avec nous pour chaque num ro la formule la plus luxueuse possible limites l g rement croissantes avec les ann es de ce budget Chaque num ro conna t ainsi une am lioration plastique due au perfectionnement de son quipement aux mat riaux mis sa disposition l exp rience des num ros pr c dents et l approfondissement de nos d sirs dans ce domaine Le dernier num ro se pr sente ainsi sous une couverture recycl e Gainsbo rough Camel 240 gr dans des cahiers cousus en fil de lin et contenant seize page d un papier recycl Cameron 115 gr dont plusieurs cahiers sont imprim s en bichromie afin de donner du relief au noir et blanc des photos et des images Ces donn es techniques ne sont
97. deux de cette revue l occasion de la parution de leur version originale en couleurs L aussi il s agit d une s rie de chants o les lignes m lodiques l int rieur de la polyphonie ressortent gr ce la couleur sans que cela emp che de se laisser emporter par une synchronie op rationnelle effective C est plus pr cis ment de symbiose qu on pourrait parler autant pour les voyages travers une Afrique mythique glissant par exemple sous les branches et les fruits qui couvrent le Nil de Roussel qui sont en m me temps des p r grinations dans le labyrinthe mausol e de la langue que pour les exp riences de cet aveugle de Roche o se traduisent en couleurs les vagabondages et les angoisses les d sirs et les cris du monde les signes de la ville et les d chirures de la solitude Une image vidente s offre nous dans le cas de Maurice mot riche Roche celle de la roche fendue travers e o les diff rentes strates se profilent l aide de leur couleur sp cifique La stratification complexe du monde et de la m moire active et souffrante se dessine pages successivement les diffractions du spectre les effilochures de fant me aussi bien tandis que leur pays d origine arc en ciel prisme charpe d iris ne cesse de se d ployer scintiller rayonner l horizon Jean Paris Maurice Roche Seghers 1989 meilleure tude sur la surface des o effleurent
98. doc te dit que tout va bien que tu tiens le bon bout Tu ne sors plus du rail c est son mot Tu sais quel jour on est quel mois et le lieu o tu es chez les fous Chez les psy quoi Et tu as pris du poids tu es gras lard Tu te sens au poil tout neuf de pied en cap Lors tu sors de l H P d un bon pas L air est vif clair et net Il fait froid Mais que fais tu D s que tu vois un bar l bas au coin de la rue ne fait pas un pli tu y vas tout droit tu y cours En vain la voix off qui vient de l haut te dit Stop mon fils tu te perds corps et biens il ne faut pas re Trop tard Tu as fait un faux pas sur la voie du bien tu as bu C en est fait de toi tu es cuit Et je me dis zut et miel Car tu es bon pour un tour de plus un 47 PROSES A CONTRAINTES Eric Cl mens L Anna pr c d de Langue fiction et narration d apr s Eric Cl mens par Fran ois Bovier Fiction de l origination plurielle des langues Le geste qui anime l criture d Eric Cl mens tendue entre exp rimentation litt raire et interrogation ph nom nologique vise au retournement et l exhibition de la langue la travers e et au d ploiement des langages La fiction telle que l a pens e et pratiqu e Cl mens implique un double proc s de formation et de destruction Une phase progressive o la perception naturelle de la langue est d sautomatis e et ses signes reconstitu s en une forme in d
99. duo nanti d un wagon lit d imagination z Epilogue Pourquoi une communication lipo grammatique en E Question l gitime en particulier dans le contexte de la recherche universitaire et sur un plan plus vaste celui d une r flexion intellectuelle sur un ph nom ne qui touche la litt rature L enjeu ici n tait pas gratuit Nous avons voulu montrer qu il est possible d laborer un m talangage sous contrainte formelle Les textes glos s en tant eux m mes issus un discours critique appliqu ces textes devait s accommoder d une contrainte identique Certes il a fallu choisir et parfois recourir quelques cacographies cela pouvoir mais 169 affecte t il notre compr hension au niveau pragmatique Les textes choisis contenant une dimension ludique ind niable nous croyons que cette dimension peut ais ment informer le discours critique qui les prend en charge Sur le plan technique il aura fallu abondamment p riphrase mais tout crivain ou dans le meilleur des cas tout universitaire est rompu cet exercice Dans le cas de la contrainte lipogrammatique en E premi re difficult consiste se passer volontairement du d monstratif sous toutes ses formes ce cet cette ces la seconde de ne pouvoir utiliser les mots cl s de la comparaison si courants dans tout m talangage tel comme semblable pareil identique Le demeure surmontable Chaque contrainte formelle eng
100. e l absence d indices et fournit la trame narrative une structure implacable 2 BO n 69 Fran ois Jacques Duchateau Il s agit d une tentative m ritoire vers le mouvement perp tuel Cette nouvelle inspir e d un roman libertin de Jean Baptiste Boyer d Argens XVII si cle est con ue pour tre ind finiment lue ses huit pages tant imprim es sur quatre feuillets pli s en accord on M ou W C est un monologue int rieur proche du stream of consciousness qui permet un certain flou dans l vocation d v nements ou de souvenirs Pratiquement d nu de ponctuation et totalement exempt de paragraphes le texte se d vide comme une seule ligne infinie ou une boucle ce qui revient au m me L emploi des marques doubles de genre permet de faire varier le sexe du je narrant 3 BO n 78 Une chambre close Jacques Jouet C est une histoire polici re dont le coupable est cette fois une contrainte oulipienne le S 7 En l occurrence la fameuse m thode de Lescure sert d ossature la construction de l histoire car on remontera de Macchab e Macadam le septi me substantif pr c dant le premier dans le dictionnaire qui s av rera tre le vrai coupable Ici la contrainte donn e abstraite prend corps pour devenir l auteur d un d lit hypostase troublante d une r gle d criture Le cordon de saint La contrainte structurelle est no
101. e mais quand je tentai de boucler mon pantalon je n y parvins pas Je n avais pas grossi j avais m me perdu pr s d un kilo en croire la balance mais mes v tements avaient r tr ci d une taille Ou plus exactement se conformaient leur nouvelle tiquette J enfilai donc une tenue de jogging plus ample quand ce furent d sormais mes pieds qui se refus rent entrer dans des chaussures 42 J appelai un service de livraison domicile Vingt neuf minutes plus tard un homme v tu de rouge me pr sentait une Trois saisons ti dasse Cette d b cle culinaire eut raison de mes derni res r ticences J allais faire appel r sign une science plus molle encore que ma pizza CEE SOS Psychiatrie se pr senta sous l apparence d un homme petit souriant et courtois Voil docteur dis je je crois que j ai deux araign es au plafond Le docteur Lacan carquilla les yeux afin de respecter le secret m dical nous le baptiserons en effet ainsi Il m examina comme une poule qui aurait trouv deux couteaux R p tez moi a Je vous demande si je ne deviens pas dingue J ai l impression de filer deux mauvais cotons Le psychiatre devint blanc comme deux cachets d aspirine sortit un paquet de cigarettes et se mit fumer comme deux sapeurs Il paraissait tr s pr occup Je vois je vois dit il professionnel Parlez moi donc de votre enfance Si vous voulez
102. est engendr par l association mollet gras qui d signe dans son premier sens une partie de la jambe et son c t le plus charnu r interpr t e en uf mollet et fusil Gras Comme pour les Textes gen se la t che de l criture est d am nager l espace textuel o devront cohabiter des mots dont les champs s mantiques ne 200 partagent aucun point commun Pour op rer cet amalgame le proc d amplifi puise les possibilit s de signifier des deux termes de d part Aussi dans ce bref r cit une page peine bon nombre de termes rel vent soit du champ s mantique des armes feu le tireur les cartouchi res l arme un fusil Gras son fusil pauler faire feu la balle projectiles tirer d tonations coups de feu balles p n trer ricochets cartouches la fum e le canon de l arme soit de celui de celui des ufs uf mollet l uf le blanc le jaune l enveloppe albumineuse l l ment interne membrane int rieure une cuisson le moyeu parfaitement liquide M me si la quantit de mots qui appartiennent au champ s mantique des armes feu est nettement sup rieure celle des mots de la famille lexicale d uf cette diff rence est r quilibr e par le recours de plus nombreuses r p titions pour la deuxi me uf revient quatre reprises et blanc et jaune deux fois chacun La coh rence textuelle est ici assur e comme dans les Textes gen se
103. esto mac nous d couvrons ici avec autant de joie que de soulagement quelques illustrations d un genre devenu bien trop rare dans les lettres contempo raines Victimes amplement m rit es de l ire du chef Candy S tory de Marie Redonnet Le Chasseur z ro de Pascale Roze Vendredi soir d Emmanuelle Bernheim et certains trucs de Marie Darrieussecq entre autres ciblant sur tout les femmes Jourde montre gale ment qu il n a pas peur du politique ment incorrect Mais l int r t d Hes p ris ne tient pas seulement aux bon heurs de style de Monsieur Jourde En d autres pages la revue arrive non 269 HORS DOSSIER moins tablir une pol mique crois e dormant la parole aux pour comme aux contre Perpendiculaire mais aussi Les Particules l mentaires sont ainsi objet d une pol mique o attaques et d fenses se tiennent en quilibre pour le plaisir et l instruction du lecteur qui aurait tort de se priver de ces pages discr tes mais utilissimes J B propos de Les amis de Valentin Br num ros 9 10 et 11 hors commerce responsable de la publication Daniel Delbreil 78 rue d Assas 75006 Paris L amateur des litt ratures con traintes qui n aurait sa disposition que les seuls crits de Raymond Que neau ne se ferait de ce type d criture une id e sans doute pas trop incorrecte On ne peut donc que se f liciter de l existence et plus encore d
104. existant entre l criture prati qu e par Jan Baetens et cette vision plus philosophique et psychanaly tique de la po sie comme rapport sans cesse rat et recommenc avec le r el toujours absent cette rh torique blan chotienne de l absence se retrouve dans une autre uvre importante celle de 254 Bernard No l Prenant ses distances avec les figures mythologiques de M duse ou des sir nes le po te dont l image se fa onne dans les 416 Hepta syllabes s loigne de la mission d en chanter le monde et les hommes Son rapport au langage semble plus apais en tout cas d nu de toute d tresse m taphysique propos de Gilles Tronchet La M tamorphose l uvre Recherches sur la po tique d Ovide dans les M tamor phoses Peeters Louvain Paris 1998 648 pp Les M tamorphoses d Ovide sont un classique de la litt rature univer selle mais un classique bien peu compass Pour cette raison il a inspir l admiration des mani ristes et des baroques et notamment celle de Gon gora qui les donnait comme exemple ceux qui auraient voulu comprendre l esth tique intriqu e de ses Soli tudes Car que l criture m me soit l agent d une permanente m tamor phose nul mieux qu Ovide n a su le comprendre crire c est toujours recomposer ce qui surgit la pens e r inventer des images ou des mythes vieux comme la culture humaine reprendre et conjugu
105. fait alterner quatre s quences narratives distinctes correspondant trois r gimes sp cifiques e un r cit homodi g tique focalisation interne attribu un premier personnage le narrateur est un personnage de l histoire qu il raconte et celle ci passe par le filtre de sa perception e un r cit homodi g tique focalisation interne attribu un second personnage e un r cit h t rodi g tique focalisation z ro le narrateur n est pas un personnage de l histoire et celle ci ne passe par le filtre d aucun autre personnage e un r cit intradi g tique c est dire racont l int rieur du premier r cit Afin de faciliter leur rep rage ces s quences sont chacune affect es d un traitement particulier la premi re est toujours l indicatif pr sent la deuxi me l imparfait la troisi me n emploie que des verbes au participe pr sent et pass la quatri me est un discours rapport comme l indiquent les guillemets Le texte s organise selon une double progression Alors que sous l aspect stylistique le r cit volue de l homog ne l h t rog ne sur le plan de la narration il tend au contraire faire fusionner ses diff rents r gimes Aussi le personnage qui appara t au d but int gre t il la fin tous les r gimes narratifs et stylistiques ant rieurs Le r cit intradi g tique peut m me rejoindre le r cit premier 1 Ces r gimes sont d cr
106. figurer sur la sienne Ci g t celui dont le nom sifflait comme le vent On ne sait ce qui lui fit abandonner ce projet i Selon le mot m me d Alain Fagot le grand complice de Zu Comme l hiver engendre le printemps le minimalisme engendra le maximalisme Le mouvement emmen par Norman Mailer partit des Etats Unis Il se d veloppa en France sous la houlette de Sartre puis sous celle de Louis Ren Circulaire Il s teignit tout naturellement la mort de celui ci Fagot dont le Qui parle quand je me tais vient d tre r dit et dont la lecture semble plus urgente que jamais Zu fut attaqu par l Association des Indiens d Am rique Il se d fendit mollement en expliquant qu il aimait beaucoup l artisanat indien et qu il poss dait lui m me des chaussons de peau Cette d fense fut jug e peu cr dible La vocation de Zu pour le social n a jamais t tr s solide Nous ne saurons jamais exactement quel point Zu fut affect par cette soudaine st rilit Il semble qu il en ait con u une angoisse profonde que ses succ s suivants ne parvinrent pas totalement effacer Vingt ans apr s il parlait encore de cette p riode comme des ann es de la grande blancheur Roque est construit en 606 mots et 38 s quences Chaque s quence correspond un mouvement de la partie relat e par Zu Le morcellement apparent du texte ne nuit en rien sa clart Il part du constat que le mouveme
107. il est en train de mourir La Jolie Morte op cit p 176 177 Ibid p 62 1 Tbid p 104 105 Ibid p 132 3 Rappelons que Ce que je vous dis trois fois est vrai comportait une dix hui tine ce qui n est pas tout fait une sex tine multipli e par 3 L H lice d crire op cit p 35 15 La Jolie Morte op cit p 43 dans l ordre Courbet Girodet Degas Vemet X Chass riau Selon une permutation qui renvoie videmment la proc dure mise en uvre dans la sextine Vemet p 43 44 Degas p 51 Girodet p 69 70 Courbet p 71 72 Chass riau p 85 X p 103 105 17 Thid p 109 Op cit p 279 Apr s Lure Sisteron il avait contourn le Ventoux par la vall e du Jabron Malauc ne et pris vers l est avant PIle sur Sorgue De sorte que ce cheminement dessinait sur le sol de Provence une ligne en spirale une coquille d escargot autour de la montagne pel e par les vents Beaux Inconnus p 109 20 On peut tout de m me voquer cet Espagnol personnage pisodique dont l habillement ob it au fil de la journ e et tous les jours de la semaine sauf le dimanche une permutation tr s pr cise de sorte qu il retrouvait le lundi devant sa garde robe les gestes du lundi pr c dent ibid p 147 P Lartigue L H lice d crire op cit p 35 Ibid p 31 Ibid p 139 Ibid p 37 Il faut citer encore la page s
108. implique une partition du texte en jours L ancrage r f rentiel que laisse attendre ce mode nonciatif monologique est d stabi 49 PROSES A CONTRAINTES lis par la copr sence du r cit ou du monologue int rieur marqu par les italiques et du compte rendu objectiv de faits ou de pens es non marqu typographiquement Ce deuxi me horizon d attente g n rique appelle au d placement du Coup de d faire d go marqu par son instabilit non ciative son proc s de d s nonciation des donn es personnelles du sujet sur la sc ne autobiographique Ce mouvement de d nivellement ou d indiff renciation entre les niveaux de r f rentialit transitive et intransitive des situations branle la stabilit du soi disant r el trait comme fiction constitutive parmi d autres Le th me investi la violence amoureuse la mort de Pamour dans la s paration et la rupture jusqu son improbable renaissance permet de d signer la langue comme milieu dans lequel la violence s enracine le sujet confront l exp rience douloureuse de la perte est amen prendre en charge la langue l interroger et la transformer pour ne plus seulement d nier mais encore traverser et alt rer la violence A ce th me s attellent des complexes et des mythes d riv s que le texte d joue l angoisse de la castration et le fantasme moderniste de la rupture avec la tradition enfermant le sujet dans le solipsi
109. l preuve de gymnastique Apr s le saut p rilleux final une translation lat rale combin e avec un demi tour op r sur moi m me suffit me placer devant la piste du saut en longueur Un simple mouvement des deux bras ajout ce demi tour me permettrait d op rer ais ment le retrait du maillot Je r aliserais dans ce cas l preuve de saut en longueur dans une tenue r duite deux l ments Et comme apr s m tre relev du bac rectangulaire J aurai me d barrasser du sable rest sur moi je taperai l g rement des pieds sur la marge caoutchout e Un mouvement suppl mentaire de chacun d eux me permettrait d ter rapidement mes chaussures J effectuerais donc la course de vitesse dans une tenue r duite un seul l ment Cette suite de retraits sugg rant qu aussit t apr s cette preuve je devrais me d faire du dernier l ment restant j ignorerais bien s r dans cette hypoth se si certains d tails de mon apparence seraient alors jug s d apr s leur seule mesure ou selon des crit res plus qualitatifs Mais la suite de l encha nement r clame plut t que j ajoute mes lunettes de plong e Comme l lan acquis la fin de la course de vitesse me fait empi ter plus que d habitude sur les marges du stade il me suffirait de poser ces lunettes avant le d but de la comp tition sur l extr mit droite de la table du jury Je m en emparerais alors au moment o je combinerais pour l
110. l Instantan au XIX si cle Bruxelles Palais des Acad mies 1963 16 mile Zola L Assommoir J D L Assommoir de Zola Soci t discours id ologie Paris Larousse Universit 1973 17 Camille Lemonnier La Fin des bourgeois J D Lecture Bruxelles Labor Espace Nord 1986 18 Guillaume Apollinaire Zone Alcools J D Zur Poetik des mot d es 81 PROSES A CONTRAINTES prit bei Apollinaire dans Lyric und Malerei der Avantgarde Munich W Fink War ning Wehle eds 1982 1 Victor Hugo Les Mis rables J D L Affreux Javert The champ you love to h te dans Hugo dans les marges textes r unis par L Dallenbach et L Jenny Gen ve Zo 1985 2 St phane Mallarm Toute l me r sum e J D L institution de la litt rature Paris Bruxelles Nathan Labor 1978 Guillaume Apollinaire Ibis Le Bestiaire J D Po tique du mot d esprit chez Apollinaire dans Acta Universitatis Carolinae Romanistica Pragensia XV 1983 pp 83 94 2 Maurice Maeterlinck Pell as et M lisande J D La r p tition dans Pel l as et M lisande dans Revue des Langues vivantes XXVIII 6 1962 Alain Robbe Grillet Le Voyeur J D Avatars du monologue int rieur dans le Nouveau Roman dans Un nouveau roman Recherches et tradition sous la dir De J H Matthews Paris Minards 1964 j Fran ois Mauriac Th r se Desqueyroux J D L
111. l ment descriptif dans une page de Th r se Desqueyroux dans Cahiers d analyse textuelle 4 1962 a Alphonse Daudet L Evang liste J D Alphonse Daudet un talent conformiste dans Histoire litt raire de la France V Paris Ed Sociales 1977 Edouard Dujardin Les Lauriers sont coup s J D et al Le roman c libataire Paris Corti 1996 a Georges Rodenbach Bruges la Morte J D Le roman symboliste dans Histoire litt raire de la France V Paris Ed Sociales 1977 238 mile Zola Une page d amour J D Emergence et position du groupe naturaliste dans l institution litt raire dans Le Naturalisme Actes du colloque de Cerisy Paris U G E 10 18 1978 Eug ne Ionesco La Cantatrice chauve J D Beckett and Ionesco the tra gic awareness of Pascal and the ironie awareness of Flaubert dans Modem Drama IX 3 1966 Samuel Beckett Fin de partie J D id 3l Marcel Proust Du c t de chez Swann J D Pour Albertine Proust et le sens du social Paris Seuil 1997 82 CREATIONS Hommage en libert et contraintes multiples Publi en 1998 dans un recueil en hommage au professeur Jacques Dubois recueil ayant pris la forme d un volume pirate de la collection Espace Nord dont celui ci fut l initiateur et dont il reste le directeur Et alii Pour Jacques Bruxelles Labor coll Espace Nord la conception et la fabrication du court
112. la gen se de son texte et nous confie autant son merveillement pour ce qu il y a enfoui que sa d tresse d tre livr l impuissance la st rilit la s cheresse Tel est en tout cas argument inaugural que l on va suivre maintenant phrase apr s phrase sans la moindre pr tention de disqualifier de brillantes lectures pass es ou venir finalement toutes l gitimes et coh rentes avec le projet rimbaldien qui les a anticip es D s la premi re phrase le 172 ANTECEDENTS Apr s le D luge Aussit t apr s que l id e du D luge se fut rassise Un li vre s arr ta dans les sainfoins et les clochettes mouvantes et dit sa pri re l arc en ciel travers la toile de l araign e Oh les pierres pr cieuses qui se cachaient les fleurs qui regardaient d j Dans la grande rue sale les tals se dress rent et l on tira les barques vers la mer tag e l haut comme sur les gravures Le sang coula chez Barbe Bleue aux abattoirs dans les cirques o le sceau de Dieu bl mit les fen tres Le sang et le lait coul rent Les castors b tirent Les mazagrans fum rent dans les estaminets Dans la grande maison de vitres encore ruisselante les enfants en deuil regard rent les merveilleuses images Une porte claqua et sur la place du hameau l enfant tourna ses bras compris des girouettes et des coqs des clochers de partout sous l clatante giboul e Madame
113. la prison Les ditions Off Shore avaient t trangl es une partie de nos sympathisants d j gisait sous terre le reste tentait tragiquement de maintenir une activit ditoriale en pactisant avec ce qui se faisait de plus herm tique dans la litt rature officielle Une collection ainsi vivotait tr s petit feu nomm e Wattakuna Les textes taient traduits en qechua avant d tre imprim s Sous ce label et en cette langue fut diffus Ultimes toiles et comme plus aucun pr te nom 143 PROSES A CONTRAINTES n tait disponible on fit figurer en couverture la signature provocatrice de John Untermensch Cet ouvrage ne suscita aucun cho critique dans la presse officielle et meut de ce fait qu une existence abstraite J D Wolgue lam tait mort les r seaux de sympathisants des anciennes ditions Offshore avaient t d truits Raisonnablement on peut tablir vingt ou vingt cinq le nombre des exemplaires de Ultimes toiles qui trouv rent leur destinataire Mais la r alit commerciale le total des ventes en librairie nous indiff rent Quel que soit le destin de chacun des trois ouvrages pris isol ment la trilogie de Yasar Tarchalski existe Elle chafaude un ensemble raisonn magnifique et sombre dont la lecture m me cursive r v le des relations architecturales et des connivences intertextuelles et c est cela qui nous captive Une unit de ton cimente les trois livres une m me esth tique tr
114. le petit g ant de Pierre Ferran Magnard 1987 coll anthologie poche 2001 36 histoires pour rire o jeux de langue et burlesque le disputent la d mesure Certains de ces textes taient parus dans Fluide glacial auparavant C est dire leur c t d capant La droite amoureuse du cercle innombrables titres limites moi 234 Autrement litt ratures 1997 et Peu plausible mais vrai Editions du Choix de Didier Nordon Des r cits pour les amoureux des maths des r cits pour les haineux des maths Pour ados et adultes en tout cas La pr face est un po me dans tous les sens du terme Un grand de la litt rature un g ant m me Jacques Roubaud s est mis au conte pour la plus grande joie des enfants et celle encore plus grande de leurs parents s ils sont matheux Sa Princesse Hoppy ou le conte du Labrador publi e chez Hatier en 1990 devrait bien tre r dit e Outre que c est un superbe conte tiroirs comme tous ceux que fait Roubaud c est aussi un texte contrainte qui part d un th or me math matique dit r gle de Saint Beno t tout comme La Vie mode d emploi de Perec partait du bicarr latin Les parents qui ont la bosse des maths s y retrouveront s rement Nous terminerons cette cat gorie par f licitations PEF le roi de l homophonie rigolote en passe lui aussi de devenir un classique de son vivant Il nos faut lire et relire toutes ses histoires
115. lignes De toute fa on elle ne changea quasiment rien ses habitudes ant rieures et ce fut plut t moi qui adaptai mon style Je vous ferai gr ce cher lecteur de la description de tous les moments idylliques que nous conn mes imaginez seulement le plus parfait bonheur et vous aurez une petite id e de ce que devint ma vie cette p riode A l image de Marie ce ne fut que mouvement aventure raffinement ivresse blouissement Oh certes mon travail s en ressentit d une certaine fa on Moi nagu re si minutieux si attentif si rigoureux j bauchais maintenant des textes que je laissais inachev s Je perdis une grande partie de mon s rieux ainsi par exemple tais je en train de lire qu un simple coup d air faisant voler ma page suffisait pour que j abandonne et que je me mette rire sans raisons objectives Uniquement pr occup par les fantaisies de ma bien aim e je n gligeais certes un peu l aspect litt raire de mon uvre mais en revanche j introduisais dans mes crits quantit de d tails que jamais auparavant je n aurais os voquer Marie se plaignait elle d un l ger mal de dents qu aussit t je me mettais en quatre d valisais les pharmacies la recherche des calmants les plus appropri s mais dans la foul e un de mes personnages se prenait souffrir d une carie pendant quatre pages ce qui vous en serez d accord s loigne plut t de la litt rature 125 PROSES
116. mal connu plus ou moins diffus Nous voulions voir la production d un propos sous contraint sans l obligation d assortir tout un galimatias sur son contraint travail fort ingrat Du moins nous avancions qu un propos soit lu d abord pour lui puis plus tard pour son contraint Il s agissait ainsi du contraint par rapport au discours produit ni plus ni moins Nous souhaitons ramollir l ambition du but initial dans la tradition du prof tatillon qui sa communication avant sa livraison puis la d ouvrir un hiatus ici m rit sort nonobstant mutatis mutandis pour voir trois points ayant trait la fois la parturition d un produit sous contraint mais aussi abouti du contraint pour lui Nous voulons constatant trois lois dans un rapport suivi frisant l axiomatisation ici gravir un parcours A Un primat du signifiant B Un ludus constant C La machination par la praxis Ainsi dirons nous non pas L Oulipo pour tous mais plus propos pour courir droit au but l Oulipo trois points sur 162 ANTECEDENTS OULIPO un nom connu un nominatif attachant un gros travail accompli mais un travail non tout fait lu car nous n avons pas su tout fait su fors ici ou l un quidam plut t intuitif voir dans l Oulipo plus loin qu un contraint scriptural issu d un diktat Nous lisons sa fabrication nous analysons sa parturition nous voyons surtout sa raison sa fon
117. murs triangulaires gale celle de la lumi re ext rieure l eau du bassin est encore agit e de ses derni res oscillations et du sable subsiste sur les parties caoutchout es autour du bac rectangulaire A mon retour le lendemain matin alors que l ombre de la verri re n appara t pas encore sur le sol blanc et que les deux grands murs triangulaires me semblent d un gris plus p le que celui qu ils avaient la veille mon arriv e l eau du bassin est de nouveau immobile et toute trace de sable autour du bac a disparu Bien qu aucune indication ne m ait t donn e sur la fa on d encha ner les quatre preuves pour lesquelles je m entra ne ici j ai fini par arr ter un d roulement qui me semble satisfaisant Ayant d abord admis que les quatre preuves devaient s encha ner dans l ordre des pistes j ai rejet toutes les combinaisons qui ne respecteraient pas ce principe de continuit et me feraient par exemple commencer par le saut en longueur poursuivre par l preuve de natation reprendre par les mouvements de gymnastique et finir par la course de vitesse Mais l adoption de ce principe de continuit 100 CREATIONS ne d termine pas si l encha nement doit s effectuer depuis l preuve de gymnastique vers celle de natation ou dans le sens inverse Observant qu un commencement par l preuve de natation troublerait d embl e la partie de la verri re qui s y refl te j opte
118. nom d un personnage d une situation mais parfois il peut s agir de quelque chose d impr cis une intention g n rale qui traverse les deux narrats et les associe ou seulement une mani re de dire un rythme stylistique Quand on se livre au comptage des mots on d couvre que l cho a aussi une existence purement math matique un narrat de 666 mots r pond un narrat de 666 mots par exemple 1000 mots r pondent 1000 mots etc Les narrats ont des longueurs diverses mais les nombres de mots ont des valeurs qui excluent tout hasard Ce sont des chiffres ronds ou des multiples de sept ou des nombres jolis en soi tels 555 ou 777 Dans un 148 CREATIONS cas un narrat de 666 mots a pour reflet cosmique un narrat de 999 mots renvers r orient le chiffre est le m me Le romanesque post exotique n a que faire des filtres des boucliers et des magies du formalisme Peut tre Mais il les utilise chaque instant Cette ambivalence cr atrice li e aux nombres rappelle une phrase prononc e dans Ultimes toiles une phrase donc sign e la fois par celle qui parle Armanda Ichkouat par Yasar Tarchalski et par John Untermensch Le garde s avan a il avait compt mes respirations ma derni re serait la trois mille trois cent trente troisi me depuis ce matin et elle approchait il approchait j entendais maintenant son souffle je me mis compter mon tour je me mis vainement compter jusqu un
119. ouvrage Que le signifi d terminait le signifiant La r ponse se trouvait dans les Six le ons sur la psychanalyse de Sigmund Freud Dans la table des mati res situ e page 288 Freud annon ait pour la sixi me le on Nature des parano as Les rapports entre d lire parano aque et personnalit Vie quotidienne et pathologies hyst riques D j Jacques Lacan per ait sous Sigmund Freud La r ponse se trouvait aussi dans les Quatre Mousquetaires Le livre avait quasiment doubl de volume et d Artagnan avait d sormais pour compagnons Athos Porthos Aramis et Golias Ce dernier portait fine moustache comme il se doit n tait pas moins fin bretteur ou bon vivant et ses app tences sexuelles le portaient plut t vers les jeunes gar ons C tait terrible certes mais fascinant On s en doute la modification n avait souvent gu re de cons quences sur l intrigue Que dans le roman policier de Steeman l Assassin habit t d sormais au 22 quelle importance Ce n tait pas bien grave non plus si le premier accroc chez Eisa Triolet co tait d sormais deux cents un francs De m me 7985 n tait pas une date moins symbolique que l autre Tintin vivait les m mes aventures dans Vol 748 pour Sydney ou dans les Huit boules de cristal La mille et uni me pens e des Amn siques etc qui me fait encore rire quand j y pense n alt rait pas fondamentalement le texte De m me je d couvris que le cent uni me
120. p res du Dada sme sera d ailleurs voqu plus loin dans le texte mais curieusement pas celui de Hans Arp Cette cavalcade solitaire d un h ros affubl d une tenue vestimentaire extravagante mais n anmoins qualifi de smart pour des raisons qui nous l avons vu ne rel vent pas des r gles classiques de l l gance pourrait bien tre une r miniscence du Don Quichotte de Cervant s Elle pourrait renvoyer aussi certains h ros romantiques qui vont chercher dans les steppes immenses une fin glorieuse rythm e par le galop de leur monture ainsi le roi des Aulnes de Goethe ou le Mazeppa de Byron L odyss e d Armand Une carte ou plusieurs des d placements d Armand permet d en faire appara tre le c t syst matique tous les continents ainsi que les sauts qui font passer d un lieu l autre On peut ce propos rappeler que dans VME Bartlebooth a parcouru toute la plan te pour peindre les cinq cents aquarelles qui vont ensuite devenir des puzzles Mais alors que Batlebooth r alise par ces voyages un programme rigoureux qu il s est impos Armand semble plut t se laisser porter par l impr visible on pourrait donc le voir comme un anti B artlebooth En l absence de toute indication pr cise la chronologie de ces d placements n est pas facile dresser on peut n anmoins faire quelques hypoth ses partir de l Aga Khan et de Chaban t
121. par contraste avec le reste des tres amis Nous n avons re u que depuis peu de temps une vie que nous allons perdre Quand j tais petit ma m re tait tr s grande quatre ou cinq m tres de haut sur un m tre cinquante de large Le vent ti de et endormi poussait une brass e de feuilles contre la fen tre Je n ai fait choix du titre de cet ouvrage qu apr s les s rieuses et 41 PROSES A CONTRAINTES m res r flexions que tout homme sage doit apporter des affaires importantes j ai cru m me devoir consacrer ce but quelques recherches laborieuses quoique j eusse fort bien pu la mani re de mes devanciers me contenter de prendre le nom le plus sonore le plus euphonique de l histoire ou de la topographie d Angleterre pour en faire le premier titre de mon livre et le nom de mon h ros J entreprends ce livre alors que les esprits sont encore chauff s par l v nement le plus scandaleux du si cle je veux parler de la Kermesse aux poulets Ce si cle a 91 ans et toutes les merveilleuses phosphorescences de la d composition l illuminent Que quelques uns de mes derniers po mes soient convaincants ne retire pas son importance au fait que je les compose avec de plus en plus d indiff rence et de r pugnance Il n importe pas beaucoup non plus que parfois la joie de l invention soit chez moi d une excessive acuit On ne lit pas assez les gros dictionnaires on a conserv un
122. pendante de l orthorepr sentation puisque celle ci ne demande aucunement que les mots vou s la satisfaire ob issent la n cessit de ne point comporter la lettre e et deuxi mement cette paradoxale transparition ind pendante est int gr e la repr sentation puisque celle ci manifestement la lettre e tant la plus fr quente en l crit fran ais s est tablie en d f rant cette exigence m me Ainsi la structure de ce lipogramme satisfait ouvertement aux crit res de Porthom ta repr sentation et m rite le nom d orthotexture Cependant comme en textique on Ta not ces structures sont sp cifi es de mani re principale sur le param tre de la place et subsidiairement sur le param tre de la forme Ton stipule qu il s agit d une ortho lipochoro texture isomor phique Cependant qu il se confirme ainsi que tel sonnet de Mallarm et telle phrase de Perec offrent d irr cusables crits surcontraints ne veut pas dire pour autant que sous cette vue ils aillent enti rement au bout de la logique l uvre 4 D fectuosit s lat rales Davantage que l hypoth se en soit permise il se pourrait un peu que ce f t elle m me l attention fascin e par les contraintes qui form t sous l angle de la logique l uvre soit un frein son d ploiement soit un sympt me de sa sous estimation L attention fascin e Oui En effet voil
123. personnage en qu te d auteur Le t l phone sonna plusieurs reprises Je ne d crochai pas de peur de rompre le charme Je ne descendis m me pas chercher le courrier Les heures s coulaient paisiblement sereinement Je survolai Deux hommes sans bateau ni chien et Un et un font quatre toujours de l infortun Allais Je lus L anglaise et le continent Le facteur ne sonnant d sormais plus qu une fois je n eus pas la force de l ouvrir Une r ticence du m me ordre m arr ta devant le Robin Cook d sormais banal On ne meurt qu une fois Je feuilletai n anmoins le Th tre et son simple titre d un Artaud plus abscons encore que d ordinaire tait ce superstition Le pressentiment que le temps me manquerait Ou la peur de voir au matin par une magie sym trique la copie redevenir l originel Toujours est il que je ne fis aucune photocopie Vers quatre heures de l apr s midi la t te se mit me tourner Depuis pr s de vingt quatre heures je n avais rien mang J ouvris le frigo pour d nicher un yaourt Mal m en prit Il d gageait une odeur insupportable la date limite de consommation du lait du p t et des confitures tait souvent d pass e d un an un mois et un jour Je me r solus descendre la brasserie manger une francforts frites quelque peu curieux de savoir combien de saucisses la carte m en conc derait 111 PROSES A CONTRAINTES Ma chemise me parut un peu serr
124. petite fille avide mordre dans un coin de son petit beurre comme dans le roman d un crivain qu elle conna t bien Alors son rire s gr ne videmment cette omission est un clin d il comment ne l a t elle pas devin plus t t Et d expliquer Manuel que le p re de Lise sp cialiste de cet crivain pr cis ment a tout combin comme dans le roman o il manque toujours une pi ce aux puzzles Une mani re de vivre ce qui est crit voil ce que dit le geste de Lise Euphorie des sens retrouv s le plaisir est d autant plus vif qu il est inesp r L erreur n est plus d faut mais perfection N anmoins avant de r pondre il reste d couvrir l autre face celle o sans doute les lettres prennent sens Retournements des formes dont les doigts s emparent avant d abandonner aux yeux les bribes non encore investies par le monde Au terme de quelques erreurs car le d chiffrage ne permet pas d viter les r miniscences formelles le texte est l avec en bas le creux o s est engloutie une partie de la signature 121 PROSES A CONTRAINTES D elle en effet il ne reste plus que la lettre e droite L i s ont disparu et avec elles l obligation de lire A deux ils r fl chissent au meilleur moyen de fabriquer en correspondance un accus de r ception Manuel d cide alors d crire une phrase o complice il abusera des lettres manquantes Au dos d une carte
125. peut arriver que le chaos se pr sente dans un certain ordre Le lecteur profane peut retrouver les contraintes de base les plus visibles utilis es b gaiements lipogramme d compositions holophrastiques variante de la S 7 d anadiploses ou concat nations proverbes contrainte cha nes d tourn s cou coup ne court plus et n autres Ces discours sont fragment s mais ils sont li s hypertextuellement aux autres discours introduits progressivement Sa technique de cut up est merveilleusement au point des heurts mais temp r s Cet crivain oulipien renoue ainsi avec les premiers po tes simultan istes Du d but dans un a roport une sorte de Gen se 1 1 film e la fin un r ve de sphinx barbu le lecteur est entra n dans un parcours en forme de cyclo de Par la suite devenu accroch il pourra en piochant dans ce livre trouver mille beaut s et cent sujets de r flexion ou de r verie qui l aideront vivre en dehors de toute contrainte Alain Chevrier 250 A propos de Alexandre Albert Galtier La Travers e du Pacifique d Saluces 1998 Ce livre est plus d un gard un hommage Renaud Camus plus particuli rement la premi re de ses l gies El gies pour quelques uns dont Albert Galtier reprend et le th me et le ton Toutefois le recueil ne se limite pas l vocation souvent r ussie d ailleurs de Pamour entre hommes dans les a
126. plage impersonnelle o les horloges marquent le temps dans cette impossible p riode entre No l et Le Jour de l An que traverse et retraverse le r cit donnant sur ce bazar de pleine lune qui constitue le mus e imaginaire de l auteur Les femmes mythiques y d filent et une voix de N s y entend modulant l absence 212 Le vert page 17 abrite le je et ses activit s multiples un ch ur y r gne une st r ophonie occulte tandis que le rouge tait une antienne mais c est une voix qui nous arrive d outre tombe le ch ur commence par un Requiem Le violet page 25 d crit notamment le okonoma microth tre d int rieur o les souvenirs d Hiroshima sont tal s Dans le blanc sur noir s y ajoutent des r miniscences aux camps nazis La cruaut de la destin e individuelle se compose sur fond d horreurs historiques sur le rythme du schlague Le jaune d part page 43 raconte un trange r cit connotations sadiques un docteur japonais accompagn d un travesti veut s emparer de la peau de l aveugle o figure rait le tatouage d un magnifique dragon La promesse de sa peau assure le bien tre celui qui la vend toujours trop chair Le marron enfin qui seulement la page 137 entrons dans la phase finale de notre expos nous l avons d montr derme est une anagramme de merde phase o r git l onomatop e ento
127. premi re fois sur une seule page Disparition ne compte que 89 mots La trilogie de Z fut unanimement salu e comme la tr s grande uvre qui manquait au minimalisme Certains dout rent toutefois que Zu p t aller beaucoup plus loin Pour eux Paternit et Disparition taient d j un peu abscons Les rep res y taient trop rares les raccourcis trop saisissants les m taphores trop s ches Mais Zu ne l entendait pas de cette oreille A mesure que des mots disparaissaient ceux qui restaient se chargeaient de sens L enjeu du minimalisme imposait quelques sacrifices et une profondeur spirituelle que n avaient peut tre pas selon lui ceux qui venaient lui parler de la longueur de ses romans A soixante ans Zu tait l un des crivains vivants les plus importants Mais il sut rester modeste et poursuivre dans le sillon qu il s tait trac Il composa une nouvelle de 14 mots qu il intitula Au del Au del raconte l histoire d une petite fille qui rencontre un ange pendant la nuit de No l L ange promet l ternit la fillette puis s envole avec elle dans les nuages Ce conte qui parut en 1981 en pleine p riode de f tes fut jug d licieux On admira la sensibilit de Zu et le ton si l ger dont il usait pour aborder un sujet aussi grave Sept mois plus tard Zu trouvait la mort dans les circonstances tragiques que l on sait Avec le recul Au del appara t comme une fable path tique bouleversante
128. qu un voyage vers Galahad s Ranch est un voyage vers le n ant Faut il enfin rappeler que le personnage central de VME Bartle volontiers voqu s dans ses uvres 156 ANTECEDENTS booth se pr nomme Percival 7 Revenons maintenant sur quelques singularit s du v tement d Andras et en particulier aux falbalas de son raglan Difficile de ne pas voir dans le choix de ce mot une allusion homopho nique Antoine Albalat auteur de divers ouvrages consacr s l art d crire notamment les deux classiques L art d crire enseign en vingt le ons A Colin 1896 mais surtout Les ennemis de l art d crire Librairie universelle 1905 Admirons la pertinence de la tr s discr te le on contenue dans cette allusion les falbalas ne sont ils pas par excellence les ennemis de l art d crire Une autre indication du m me genre peut tre tir e de la s quence Brassard la Cranach qui s interpr te comme l quivalent phon tique de brasse art la Cranach et qui sugg re donc un lien entre la m thode d criture perecquienne et l art de Cranach On sait la place qu occupe ce peintre dans L ge d homme de Leiris auteur cher Perec lien tabli par Leiris entre femme et blessure qui est le sujet m me des tableaux de Cranach Le v tement d Andras qui accumule comme plaisir les singularit s et les extravagances ne saurait convenir
129. reconnaissance du registre po tique en tant que tel l instar de Java dont on conna t les prises de position Fourcade est de ceux qui s appliquent trouver un quivalent textuel au contemporain la vitesse la m canique la banalit et au corps et qui ce faisant veulent refaire la po sie sans tomber dans la prose Ce que montre fort bien Java est que l uvre de Fourcade et plus lar gement le travail de certains autres po tes publi s par P OL avec une constance digne d loges est tout sauf isol e T moin non seulement la diver sit des signatures participant au num ro et participant de mani re visi blement concern e mais aussi et sur tout les efforts de plus d un commen taire pour situer les textes de Fourcade dans une tradition la fois ancienne Mallarm que moderne la po sie am ricaine dont on est loin d avoir tir toutes les cons quences Cependant Java fait plus que poser des rep res Ce num ro d montre galement que l uvre de Fourcaude peut se lire se comprendre et surtout s expliquer et que face ce qui appara t beaucoup comme de l anti po sie il ne faut pas avoir peur de ce geste p dagogique A cet gard deux contributions m ritent d tre soulign es celle de Jean Marie Gleize lecture engag e de Rose d clic et l entretien d Herv Bauer avec l au teur interview th orique qui est un mod le du genre Certes on peut regr
130. res commu 178 nions se c l br rent aux cent mille autels de la cath drale Les caravanes partirent Et le Splen dide H tel fut b ti dans le chaos de glaces et de nuit du p le Je souligne une homophonie qui ne doit videmment rien au hasard et qui explique pourquoi je consid re que ces trois phrases ne peuvent tre comprises qu en relation l une avec l autre elle ne comptent pas moins de six mots dont l initiale est C Parmi ceux ci le mot cath drale rev t une importance particuli re il r appara t au v ritable commencement du livre dans la section ni de Enfance lorsque l auteur fait mine de c der la place au conteur Il y a une cath drale qui descend et un lac qui monte La traduction brutale de cette phrase d une faible charge po tique elle figure pourtant au milieu d un charmant tableau dont le contour rico meaulnesque ne sert qu l clairer troublement est la suivante oni Il y a un fondement qui descend et du sperme qui monte Le mot cathedra en grec avant de signifier chaise d signe la partie du corps que celle ci accueille De plus la cath drale comme son clocher qui s l ve vers le ciel contient le C et le L les deux chiffres du CuL comme par ailleurs elle se dresse comme elle a quelque chose de phallique comme elle est sacr e tout incite Rimbaud la renverser mais de surcro t elle est associ e par le
131. rieur de la derni re seconde la compassion la fid lit amoureuse la fid lit au lointain souvenir de l esp rance On tente d appr cier la beaut discr te du n ant puis on se d tourne et on se tait Et ce n est pas seulement extr mement triste c est extr mement beau 147 PROSES A CONTRAINTES Or si une motion na t la lecture du texte elle n est pas exclusivement due une organisation r ussie des images je veux dire une puissance naturelle manant du contenu th matique et de sa mise en prose Il y a aussi dans Compagnons de d sastre un agencement musical des chos intertextuels qui transcende ce que Yasar Tarchalski appelait la riche p te imaginaire du texte et qui ob it des r gles strictes et il est vident que cette texture musicale dirige l motion autant que peuvent le faire un adjectif ou une absence d adjectif ou telle ou telle abrupte m taphore Compagnons de d sastre nous l avons dit est un recueil de quarante neuf narrats Le manuscrit transmis Off Shore le divisait en sept parties de sept narrats la derni re tant intitul e Die Sieben Letzte Lieder mais pour une raison sur laquelle J D Wolguelam n a jamais donn son avis et qui est peut tre li e une simple n gligence des services de fabrication le livre n a pas respect cette pr sentation Les quarante neuf narrats apparaissent la suite l un de l autre sans subdivision d aucune sort
132. rimbaldien 32 C est tr s vident dans Solde Op cit p 145 d o toutes ces derni res citations sont tir es il est possible d y lire les Voix reconstitu es de la fa on la plus litt rale Op cit p 117 ANTECEDENTS Jean Ricardou La contrainte corollaire S agissant de produire la n cessit se manifeste entre autres nul ne l ignore sous les esp ces de la contrainte Mais celle ci peut tre appr ci e selon un antagonisme ou bien comme ce qui permet puisque l ventuel respect qu on lui voue autorise ou bien comme ce qui entrave puisque l ventuel irrespect qu on lui porte emp che S agissant de l crit il semble un peu de nos jours que la premi re opinion celle qui incline promouvoir les contraintes se r sorbe en divers cercles exigus et que la seconde celle qui porte se lib rer des carcans voie son empire s tendre Son empire s tendre Oui parce qu elle pourrait bien tre li e en tant que son id ologie au croissant d veloppement des techniques C est f t ce au prix d un trop exp ditif raccourci ce qu on souhaite faire d abord ressortir 1 D ch ance fechniciste Supposons qu il s agisse de mettre quelque navire l abri en eau calme Pour s en tenir au plus simple il existe deux cas ou bien le littoral se montre sinueux et pr sumant qu elle existe on cherche une rade prot g e ainsi jadi
133. s cria Alors les amoureux Nous nous sent mes rougir et repart mes vers l Institut o elle suivait depuis peu des cours de toucheuse de velours L aum nier nous accueillit par un Voil les fianc s qui ne fit qu accro tre notre embarras Je pris sa main pour donner quelque vraisemblance la relation que l on nous pr tait et nous nous engage mes dans l escalier qui venait d tre repeint Et cette main je ne l ai plus l ch e le destin en avait ainsi d cid Nous vivons heureux d sormais avec nos trois adorables enfants Les deux a n s d chiffrent d j couramment le braille 37 PROSES A CONTRAINTES 2 Ann es missel Dieu existe c est le premier mot de la ligne pr c dente Lave h rit s l ave riz th La preuve de la pomme est dans le p pin La v rit sort de la bouche des gouts La v rit sort toute v de l alphabet grec Preuve par neuf r futation par obsol te Mettre en doute l affirmation Il existe des affirmations qu on peut mettre en doute 3 Fragments d une biblioth que id ale Je viens de dicter le dernier mot de ce livre J aurais laiss para tre cet ouvrage sans avertissement si j avais pu le pr senter dans sa totalit Mais publier d un coup un roman de huit ou dix volumes c est une extravagance que ne peut se permettre de nos jours un diteur sens si haut qu il tienne sa firme au dessus des sollicitati
134. s sous le r gime de la communaut de biens je poss dais l galement la moiti de la cuisine quip e une partie de la literie la biblioth que demi une portion de meubles et de vaisselle 66 CREATIONS l une des deux enceintes acoustiques un angle du bar en pin verni deux chaises sur les quatre le poste t l phonique du salon les plaques lectriques de la cuisini re mixte ma femme pr f rait le gaz etc Mais on ne peut pas dire que le partage se fit dans l harmonie Ma femme avait not sur un bloc quadrill ce qui me revenait ce qui lui revenait Pour les biens personnels acquis avant la vie commune le partage tait simple Mais les tableaux et les livres devant lesquels nous nous tions rencontr s Mais la m choire de tigre les bo tes papillons le costume de spahi que nous avions achet s en nous promenant chez les antiquaires Les journaux de 1907 les vrais et les faux parchemins Et la photographie d une clipse de lune Et les rideaux du s jour qui viennent de Tunis et le tapis charmant et tout le reste encore Tout cela ma femme me le disputa J ai dit laisse moi ce que tu voudras je n ai pas envie de choisir dans ma propre maison comme chez l antiquaire les pi ces que je souhaite acqu rir Elle m abandonna trois ou quatre caisses que j emportai sans m me les ouvrir J avais tout de m me vol dans la biblioth que une page de cahier d colier dont je m tais long
135. sauce populaire S r qu y doit d guster laut zig que j y dis L autre avait pas de suite dans les id es A la sortie du canon l espace d form Autour de son corps l espace d form Les deux trajectoires rejointes en un point s arr tant net Au del tout le reste continuant les oscillations lentes des autres corps sans jamais se croiser Tout est l il n y a qu d crire a fera l affaire Philip a grill quoi d j Il n en a rien foutre Trop banal Consum a serait mieux peut tre L ignition spontan e de son carburateur Ce n est pas encore a Personne ne doit sortir du p rim tre Les rapports doivent tre crits dans un style diff rent Mon 19 PROSES A CONTRAINTES 20 tunnel de temps rectiligne jusque l est agit de soubresauts Une ondulation d abord t nue s amplifie prend la tangente Je vois les deux trajectoires Il n y a rien au del de la rencontre D habitude les trajectoires ne se rencontrent pas Mais l si Et il n y a rien au del Enfin pour les autres si C est de ma faute Le soleil s est fig une erreur probablement On n est pas l pour rigoler Je suis suspendu une myriade de fils brillants Certains se rejoignent bifurquent s talent en un plan transparent La neige pourpre scintille travers la surface infime Son air sup rieur J ai merd Il faut dire que je ne l ai jamais compris Ce r cit
136. si fort sur l inclination ou l inspiration puis sur la construction la narration l affabulation l action qu il gauchirait partout au prix d un oubli nul selon un soin assidu l optimum du roman sous nos climats Une seconde r criture Oui puisqu elle compl te celle qui fut risqu e plus haut Avis e par la textique Oui dans la mesure o elle s applique renforcer la profuse pertinente redite du suffixe Premi rement avec l ajout du passage sur l inclination ou l inspiration puis Deuxi mement avec au lieu de fa on un peu vague et qui joue insuffisamment avec la s rie des tion le choix d un vocable qui rompt tout flagrant lien sonore l optimum D s lors on peut esp rer que le lecteur deviendrait ainsi plus sensible dans la mesure o leur alentour est maintenant purifi et leur propre distribution accrue deux surstructures naissantes en l original D une part selon une premi re expressivit la mise en suffixe commun d une id e tut laire l ambition et du champ sp cifi de son exercice l inclination l inspiration puis la construction la narration l affabulation l action D autre part selon une deuxi me expressivit la mise en d buts coupl s de paires d id es homog nes l une r f rant si l on veut au scripteur l inclination l inspiration les autres renvoyant l
137. sitera pas voquer le clair d luge qui sourd des pr s en relation avec la fille l vre d orange o l on retrouve le li vre livre et l orage Comme le dit la Gen se les cluses du ciel se sont donc ouvertes catastrophe et ch timent pour l humanit mais pas pour le po te puis elles se sont referm es Un li vre s arr ta dans les sainfoins et les clochettes mouvantes et dit sa pri re l arc en ciel travers la toile de l araign e Cette simple phrase est significative d une remarquable alchimie conviendrait d analyser plus longuement la lumi re du texte central de Veill es m Pon s attardera dans cet espace plus restreint uniquement sur trois points qu il primordiaux 1 Parc en ciel n est pas ici simplement le signe de l alliance entre Dieu et les hommes mais le sceau de l auteur sa premi re apparition car son nom donne rainbow en anglais mot dans lequel il est permis d entendre la pluie et un salut que l on reverra sous forme de Baou dans D votion 2 les consonnes C et L sont essentiellement mouvantes on les verra appara tre dans une s rie de mots li s au sacr comme l homosexualit cf la s rie culte qui va de clochettes cath drale en passant par les coqs des clochers 3 mais il est une lettre bien plus enfouie que ces deux consonnes elle appara t pour la p
138. solitude et mes soliloques devant le miroir la patience avec laquelle j coutais les commer ants quand ils disent que tout augmente et que les charges sont trop lourdes tout cela me donnait moi m me comme pris en flagrant d lit d ennui J achetais des magazines J en avais tant que mon appartement ressemblait une salle d attente Je ne choisissais que des magazines f minins Je renon ai Auto Hebdo Voiles et Voiliers aux publications informatiques Je pris au hasard des titres en forme de pr noms de femmes des adjectifs des couvertures de mode Avec les billes du solitaire je recr ais le E de Elle Jeune et Jolie avait gliss sous le canap Je dormais la t te froissant Femme Actuelle Il y a quinze ans j avais un copain de lyc e qui s appelait Thierry et dont nous nous moquions Il nous avait rapport Femme d aujourd hui dissimul sous son blouson Il pensait qu il y verrait des photos de femmes nues Le titre l avait tromp Je ne sais pas ce qu il est devenu Thierry avec ses yeux pliss s de voyeur lui qui avait pass le cours de gymnastique feuilleter un ouvrage de tricot et de recettes au poulet Page 8 d un magazine tir au hasard C tait un visage de femme noir et blanc Le haut de sa chevelure avait subi la torture du massicot Pour l ge elle tait dans la seconde adolescence ou dans la troisi me En tout cas elle n avait pas encore accompli le voyage qui la donner
139. support doctrinal au go t du jour qui affirmait l absolu primat du signifiant A Gen se et port e d un titre une histoire d homme Cela est visible d s le titre Ce titre est remarquable par la r union de deux traits Pusage de la langue anglaise et la forme Conjonction exactement calqu e sur celle qu on trouve dans What a life formule qui sert de titre un ouvrage signal par R Queneau L analogie de la structure syntaxique permet de prendre la mesure de la modification introduite par Perec Celui ci a en effet substitu man homme life vie mettant ainsi l homme au centre exclamative 152 ANTECEDENTS de son projet Cette substitution prend tout son sens si l on veut bien se souvenir de ce mot de Court de G belin l un des anc tres de la linguistique moderne le son A fut plac la t te de l alphabet comme le plus haut des sons et comme d signant l homme chef de tout soulign par nous Mot qui est rapprocher d une observation de Georges Lukacs le th oricien marxiste hongrois qui exer a sur le groupe de la Ligne g n rale une influence d terminante Le centre le c ur de cette structure qui d termine la forme c est toujours en derni re analyse l homme lui m me Quels que puissent tre le point de d part d une uvre litt raire son th me concret le but qu elle vise directement etc son essence la plus profonde s expri
140. tablit un piano dans les Alpes La messe et les premi res communions se c l br rent aux cent mille autels de la cath drale Les caravanes partirent Et le Splendide H tel fut b ti dans le chaos de glaces et de nuit du p le Depuis lors la Lune entendit les chacals piaulant par les d serts de thym et les glogues en sabots grognant dans le verger Puis dans la futaie violette bourgeonnante Eucharis me dit que c tait le printemps Sourds tang cume roule sur le pont et par dessus les bois draps noirs et orgues clairs et tonnerre montez et roulez Eaux et tristesses montez et relevez les D luges Car depuis qu ils se sont dissip s oh les pierres pr cieuses s enfouissant et les fleurs ouvertes c est un ennui et la Reine la Sorci re qui allume sa braise dans le pot de terre ne voudra jamais nous raconter ce qu elle sait et que nous ignorons 173 PROSES A CONTRAINTES Aussit t apr s que l id e du D luge se fut rassise Rimbaud dissimule et ouvre une arche dans laquelle il va recueillir une s rie d animaux certains vivants li vre castors et chacals d autres massacr s aux abattoirs et un seul cach et tendre son arc sur un champ s mantique archi rebattu en vue de c l brer l alliance ou mieux l alliage de deux p les extr mes l histoire endormir les enfants vs les secrets de l crivain Issu du r cit biblique
141. tarepr sentation L on pr cise non moins que ces effets de transparition directs peuvent tre soit corrects soit fautifs S ils sont fautifs vis de Tortho hyper repr sentation ils dits caco hyper repr sentatifs S ils sont fautifs vis vis de Torthom tarepr sentation ils sont dits caco m tarepr sentatifs L on montre galement que des soit vis sont effets de ANTECEDENTS transparition indirects surviennent d j plus ou moins chaque fois que l crit subit des contraintes qui outrepassent les astreintes orthorepr sentatives En effet l ob issance ces contraintes sp ciales peut produire d elle m me un certain gauchissement de Torthorepr sentation lequel d une mani re d tourn e recharge cet endroit l crit d une certaine capacit transparitive Toutefois on distingue sans peine que la coercition accrue et l exaltation autonome loin d tre des m canismes s par s sont structuralement conjoints En effet d une part pour tre ind pendante de la repr sentation l exaltation demande que sa venue en outrepasse la man uvre bref chappe ses exigences Et cette n cessit programme essentiellement une coercition quant la place l exaltation autonome ne saurait surgir en l crit pour l essentiel qu des places sp ciales qui ne sont point totalement g r es comme telles respectivement par la repr sentation En effe
142. th mes abstraits d autant moins accessibles qu ils taient trait s avec une grande rigueur formelle Prol gom nes voque cette d licate p riode qui va des pr misses de l adolescence jusqu aux premiers mois amoureux Il met en sc ne un gar on nomm Rufus que sa sensibilit excessive conduira au suicide On parla son propos d autobiographie oubliant un peu vite que Zu tait bien vivant Toujours est il que Prol gom nes est un texte superbe tout en retenue qui s tend sur 885 mots et o jamais peut tre la part du non dit n a t aussi importante Pour se reposer de ces efforts Maximilien Zu composa en quatre semaines du 28 juillet au 25 ao t durant ce fameux t 1959 o sa vie priv e faillit basculer une nouvelle de 36 mots intitul e Palinodie Rappelons que pour les anciens la palinodie tait ce po me dans lequel on r tractait ce qu on avait dit dans un po me pr c dent Ici Zu r ussit le tour de force de 24 CREATIONS revenir chaque phrase sur le sens de la phrase pr c dente Il installe le doute dans un exercice tourdissant louant tout moment ce qu il a raill plus haut r futant d un mot ses propres arguments Palinodie fut l origine de la brouille de Maximilien Zu avec son diteur Officiellement celui ci souhaitait voir Zu se consacrer davantage son uvre romanesque Dans l entourage de l auteur on murmurait que le format exceptionnellement court de
143. tous les sens Mais si Pon excepte Jean Marie Gleize dans son ouvrage noir la plupart des ex g tes se sont jet s sur la derni re partie de cette proposition s adonnant aux d lices de la polys mie sans tenir compte de la premi re qu en est il d une certaine litt ralit du texte de Rimbaud Encore faut il avant d en venir l pour tenter de s y tenir faire r f rence un travail ant rieur encore in dit Affirmer gr ce cette recherche tr s personnelle que les Z luminations sans nul doute mais aussi de nombreux po mes de 1872 constituent des dispositifs textuels pervers en partie construits dans le but de l clatement d une r v lation avec toutes les cons quences d ordre motionnel ou psychopathologique attach es ce genre de ph nom ne S autoriser faire de Rimbaud un crivain contraintes un chercheur de la Formule d une Alchimie qui serait tout autant textuelle que spirituelle Le prendre au s rieux lorsqu il d clare avoir r gl la forme et le mouvement de chaque consonne Croire qu il a invent accessible un jour tous les sens donc au sens litt ral gale un verbe po tique 170 ANTECEDENTS ment Mais s engager dans de telles voies n est pas sans risques de tous ordres La sinistre carri re d un Robert Faurisson toute vou e au r visionnisme apr s son orgueilleux d cryptage de l uvre il
144. tout n cessaire qu en demeure le geste Ce changement de perspective qui n est pas sans rejoindre ce que Bemardo Schiavetta et moi m me avancions plus timidement dans le texte inaugural de cette revue m rite d tre discut beaucoup plus s rieusement qu on ne l a fait jusqu ici 205 PROSES A CONTRAINTES Il ne faut pas tre voyant pour comprendre que ces nouvelles questions risquent de faire des m contents Trop souvent les auteurs contrainte se contentent en effet de mettre en avant leurs seules prouesses techniques Et non moins souvent les critiques et th oriciens brillent par leur obstination ignorer le probl me du pourquoi d une forme Mais que vaut une pratique et que vaut une th orie si elles ont peur d affronter une vraie question NOTES Passage 1975 change 1976 Travers 1978 Et 1982 Voir Jan Baetens Les mesures de l exc s Paris Les Impressions nouvelles 1992 Paris P O L 1997 http perso wanadoo fr renaud ca mus Paris P O L 1998 206 Alain Chevrier Un roman monosyllabique Ren Drouin 70m Paris Pierre Belfond 1991 Sept ans apr s sa parution il n est pas trop tard pour signaler le court roman en mots monosyllabiques de Ren Drouin Tom qui r alise pour cette contrainte ce que le livre phare de Georges Perec La disparition avait fait pour la contrainte lipogramma tique Depuis cet ouvrage a continu d aller son petit bo
145. toute pr tention atteindre une forme de r alit hors du langage le passage d un heptasyllabe au suivant Le po me ne traverse que la blan cheur de la page l coulement de l eau traduisant le d veloppement du texte dans sa mat rialit Pour le dire autrement sa mani re le vierge vers ne d signe que sa coupe Parmi les nombreux dispositifs for mels qui r gissent l organisation tex tuelle cette travers e du langage et de la page on s attardera sur une impec cable Sextine et sur Post Mor tem tonnante suite de quatre son nets constitu s de la permutation avec de pr cises variations qui ne doivent rien au hasard d une matrice de qua torze vers Il nous est ainsi rappel que Vorigine d un po me est chercher dans les mots que le sens se construit par la combinaison des signifiants qu il ne pr existe pas la mise en mots La signification est un pur effet de lecture la r sultante de l agence ment scriptural de la disposition des signifiants sur la page Le po me n est plus donn trompeusement comme l expression de l int riorit du po te m dus Je ne suis pas m dus p 28 Dans le m me esprit six des Sept m ditations flamandes sont cons truites deux par deux sur un m me syst me de rimes p 38 40 Ce sont les rimes qui suscitent le d ploiement des po mes selon une disposition en miroir fort int
146. trilogie ressemble dans un premier temps une op ration de pure prestidigitation critique Ils s intitulent par ordre d entr e en sc ne Des anges mineurs Compagnons de d sastre et Ultimes toiles Tous trois s apparentent au monde du romance au monde romanesque post exotique mais ils se rattachent un autre genre celui du narrat Des anges mineurs Compagnons de d sastre et Ultimes toiles sont des recueils de narrats Les narrats on le sait peuvent tre d finis comme des instantan s de prose Ils fixent sur le papier quelques l ments d une situation ou d une parole ils impressionnent le papier avec une ou deux images fortes ils immobilisent un geste et partir de cela le lecteur peut d velopper sa r verie exactement comme il le ferait en face d une photographie traitant un sujet insituable ou bizarre Rassembl s en un recueil ordonn les narrats constituent un puissant album que l on peut feuilleter et visiter sa guise Cependant comme on se trouve dans un univers po tique qui ne n glige nullement la dimension romanesque chaque narrat occupe une place pr cise dans la masse musicale qui l entoure et bien entendu la logique fiction nelle s accorde au mieux avec une lecture lin aire Des anges mineurs a circul au quatri me tage du quartier de haute s curit apr s l incarc ration de Yasar Tarchalski Rappelons ici que Des anges mineurs a t en 1977 la premi re manifesta
147. ture et ligne de fuite ENS Fontenay Saint Cloud 1993 18 Je me permets de renvoyer mon tude Perec et la jud it Cahiers Georges Perec 1 1985 15 30 2 Notons par souci d exactitude historique que ce syst me avait t en r alit mis au point en France et utilis sous Louis XVI par un inspecteur g n ral des Ponts et Chauss es appel Tr sageur 2 On sait que Perec appr ciait tout particuli rement cet humoriste dont il gt PROSES A CONTRAINTES aimait citer le mot le plus fameux J aimerais mieux aller h riter la poste que d aller la post rit in Pens es d un emballeur Rappelons que Th odore de Banville tenait juste titre cet ouvrage pour un chef d uvre 4 Voir dans W mon p re avait un nom sympathique Andr 43 on aurait effectivement pu appeler mon p re Andr 51 on a pu me dire que mon p re s appelait Andr 51 Voir encore dans W L amour que je portais mon p re Mon p re tait aussi un brave trois poils 43 J imaginais pour mon p re plusieurs morts glorieuses 44 23 Relev es par R Brasseur 83 124 157 158 199 222 379 expos au s minaire Perec du 26 4 97 Voir W ou le souvenir d enfance 51 Voir W ou le souvenir d enfance La Chandelle verte 7 J P Sartre L idiot de la famille Gallimard 1971 tome 2 1554 1631 233 S Mallarm Dix po mes ex g ses
148. type et les der ni res concernent les illustrations dont Jean Lahougue a tenu doter chaque chapitre de son roman comme l taient ceux de Jules Verne Ne voulant pas ici analyser dans le d tail des op rations sur lesquelles Jean Lahougue s est largement expliqu dans crivains ouvrage publi parall lement au Domaine d Ana je me contenterai d indiquer quelques uns des enjeux et des questions que posent ces et liserons r glages Les r gles ou les contraintes du Domaine d Ana sont des r gles sp cialement invent es pour ce roman Jean Lahougue estime juste titre selon moi que les formes litt raires comme celles de l ensemble des arts t moignent d une volution historique et que le devoir de l crivain est d inventer des formes nouvelles La fiction du Domaine d Ana est d duite de ses propres r glages Sans vouloir ici trop d florer les saveurs d une intrigue fort complexe donnons en seulement ce bref aper u linguiste oncle du jeune narrateur un brin r veur h rite de son fr re d funt un domaine le domaine d Ana ce domaine que les protagonistes atteignent au centre exact du livre propose des paysages qui apparaissent bient t n tre que la mat rialisation informatique virtuelle du journal crit par le narrateur Enferm s dans ce domaine dont ils ne parviennent pas s chapper l oncle et son neveu traversent alors des paysages devenus litt ra
149. un homme en fuite Le porteur d une pareille tenue ne peut en aucun cas passer inaper u Est ce dire que notre h ros cherche au moins inconsciemment se faire prendre Nous retrouverions alors dans son attitude une ambigu t rester cach tre d couvert qui ressemble fort celle dont Perec lui m me a fait l aveu W 14 157 Andras dada Avant d en examiner le sens et les connotations notons que cette formule si simple apparemment emprunt e langage enfantin est en r alit surcharg e de contraintes on rep re en effet dans ces cinq lettres pas moins de quatre contraintes oulipiennes 1 monovocalisme en A 2 monoconsonnan tisme en D 3 stricte alternance consonne voyelle 4 palindrome Or on sait que l usage de la surcontrainte est pr cis ment un dada que Perec enfourche volontiers Par ailleurs au c ur m me de la formule se trouve log e la s quence DAD qui renvoie une fois de plus par le biais de la langue anglaise au nom du p re Mais ce n est pas tout dada contient aussi doublement la s quence Ada titre d un roman de Nabokov Ada ou l Ardeur 1969 qui a pr cis ment comme sous titre au Chronique familiale On se souviendra que Nabokov fait partie des 20 auteurs pr sents sous forme de citations dans VME Enfin dada est videmment une allusion au fameux Mouvement n en 1916 Zurich Le nom de Tzara l un des
150. un simple fait de rh torique prescrit par le code de l hommage acad mique De l l extrait de Fin de partie avec sa teneur ironique particuli re de l aussi cette sorte de super ou de m ta incipit propice tous les d montages et remontages iconoclastes que repr sente la phrase d ouverture de la Recherche du temps perdu cycle romanesque ayant de plus fait l objet amoureusement caress du dernier livre paru cette date sous la signature de Jacques Dubois J ajoute encore pour livrer presque toutes les cl s de ce texte o se nichent quelques private jokes qui le resteront qu il est surmont par un titre trois tages offrant calligrammatiquement la forme du chapeau qu on retrouvera dans l expression coup de chapeau au moment de donner le double jeu de r f rences en direction des textes sources commentaires et objets comment s qu il figure sous une double pigraphe dont le second volet emprunt Vall s auteur qui fit l objet du m moire de licence du jeune Jacques Dubois renvoie par renversement au rituel de hommage au professeur admis la retraite ici c est lui qui dit bon vent son successeur et qu il est sous tendu par une forte isotopie du livre et du texte livre et texte dont l ombre envahit la fin tout l espace repr sent En dehors de toute contrainte enfin cet OVNI pour Objet Verbal Non Identifi doit tre lu comme un t moignage de r
151. une chose solide mais peu paisse qui craque facilement sous le choc par exemple un papier jauni par le temps tendu dans un cadre une porte mince en bois non verni rest blanc dont on sent qu elle claterait avec fracas au moindre coup qu on y donnerait une coquille d uf d j bris e et que l on peut continuer faire cr piter sous les doigts en la pressant Mieux encore la coquille d un uf cru est a soit de couleur soit par la consistance de l objet mais la coquille d un uf cuit dur n est pas a cause du sentiment qu on a que l objet est compact et r sistant Une vitre jaune est a une vitre de la couleur ordinaire offrant des reflets bleu tres est tout le contraire de a cause de sa couleur et quoique la consistance soit bien ce qui convient un i Marc Alain OUAKNINE Trois id es essentielles sont port es par le aleph L id e de premier dans une s rie par son rang ou sa puissance L id e d tude et d enseignement Et les notions num riques de mille milliers etc Concerto pour quatre consonnes sans voyelles Payot 1998 p 199 PROSES A CONTRAINTES Marc Lapprand Trois points sur l Oulipo Ma tutto all incontrario fuori strada Italo Calvino Garzanti p 18 Ma communication s intitulait auparavant L Oulipo pour tous Nous voulions offrir cinq ou six illustrations d un fait qui nous para t important car
152. une week endi re Elle a d j tout vu Wallis et m me Futuna Wall Street et West Point Winnipeg aussi Mais nul n a touch son wampum nul n est entr dans son wigwam waterproof Sa vie est un walk over Le soir Winfields et whiskies en watchant des William Wyler et des Billy Wilder Ou bien writing workshop avec Walt Whitman et William Carlos Williams Ou encore whist en coutant du Wagner Il n y a rien pourtant d une wahhabite en elle les walkyries les po mes de Mathilde Wesendonk et le Walhalla lui liftent la Weltanschauung Apr s Wagner elle peut r ver nuits de Walpurgis et rois wisigoths Wallia ou bien Wamba Mais ce soir elle se watche un western avec Mae West et des winchesters Apr s que se mitonnera t elle un welsh rarebit ou un rago t de wyandotte Zizi zoomorphe Au zinc Zani Zaccharia zingueur sur la Z U P de Zonza zyeute la zone en z lote de Zo le Avoir zapp de Zanzibar ces les quelle zouave rie Au z nith z ro Nul zeppelin nul ziggourat Pour le zoo rien de bien zazou Nul zeuglodon nul zorille nul zyg ne rien qu un zoulou un toutou zain des zoies un zig en Z X Sur la mer Ni zenzile ni z lande sept zozos dans leur Zodiaque Les livres Il a le choix entre Zweig un zuihitsu Zola Zamiatine ou Zarathoustra Que des zeugmes Le z phyr souffle zen Zut Rien zyeuter il s use le zinn pour peau d z bi Zani Zaccharia zoome vers son signe d
153. videmment pour la premi re solution Mais l adoption de cet ordre ne d termine pas si les pistes doivent tre parcourues depuis le mur d entr e vers celui du fond ou l inverse ni m me si je dois toutes les parcourir dans le m me sens Notant alors que le bac sable de la deuxi me piste se tient proximit des cales triangulaires de la troisi me j en d duis que je dois me retourner apr s l preuve du saut en longueur pour effectuer la course de vitesse dans le sens contraire tendant ce renversement l ensemble du stade je d cide d effectuer l preuve de gymnastique au sol en partant du c t du mur d entr e et en me dirigeant vers le mur du fond o doit se tenir le jury de me retourner pour l preuve de saut en longueur d nouveau faire face au jury pour la course de vitesse et de nouveau inverser le sens de mon trajet pour l preuve de natation J ignore bien s r comment le jury valuera ce parcours en zigzag Une translation lat rale combin e avec un simple demi tour op r sur moi m me en fin de piste suffit en tout cas me placer convenablement devant la suivante S il simplifie l extr me les transitions entre preuves ce d roulement laisse toutefois ind termin s le choix des mouvements de gymnastique roue roulade saut avant simple saut p rilleux la technique de suspension du saut en longueur ciseau ou extension le type de nage pour l preuve de natation
154. vois tout un zoo Tu vois des trucs sans nom de tous les tons verts bleus blancs roux gris noirs qu on ne voit pas pour de vrai Tu vois des nains bleus des schtroumpfs la queue leu leu qui te jouent des tours Tu crois que les murs ont des yeux On te crie dans le dos en haut en bas Des voix te huent Il n est bruit que de toi Tu vois un pal il est pour toi Ou la croix qui te tends les bras Tu te crois mort Sur le gr s tu lis ces mots Ci g t X un mec qui a trop bu X c est ton nom Ou tu crois qu il y a le feu et tu prends peur Tu y crois tr s dur Tu as de la sueur sur le front les mains tout le corps Tu sues sang et eau C est le stress le choc Tu fais sous toi Tes doigts sont pris tout bout de champ d un va et vient de plus en plus fort Tu veux fuir c est le D T Le SMUR vient fond de train pin pon pin pon pic 46 CREATIONS Tu leur cries Non non je ne suis pas fou moi On s en fout on te prend par le col et sous les bras et on te mets des liens On te fout dans un lieu clos que des murs blancs et nus et un lit bas Pas un bruit sauf ceux des cl s et des cris au loin de temps en temps On te met poil On te fait des perfs Bon gr mal gr tu bois de l eau tu prends de la B 1 de la B 6 et des tas de trucs qui font que tu te sens le corps en mou de veau mais qu au moins tu dors tout ton saoul Un vrai loir Au bout d un ou deux mois le
155. voix douce du m me ton que prennent les m res pour dire d un b b Comme il a les cheveux fins Je me faisais rire Et le d sespoir du silence que nous ne savions pas encore juguler le bruit de fond parasite des t l phones Elle me disait J ai peur du silence j ai l impression de voler dans l espace Et puis il y eut les premi res intimit s la respiration g n e par un rhume un ternuement une toux d irritation Je voulais tre parfait impeccable Je r vais beaucoup avec m thode et impatience en attendant qu elle m appelle Elle ne m avait pas donn son num ro Timide je n avais rien demand Aujourd hui je me dis que j aurais d et que tout est de ma faute A t elle pris ma timidit pour du m pris Je ne sais pas ce qui s est pass Si J avais gard les cahiers que j ai couverts de sa voix je relirais chaque jour des extraits de mes notes m me si l on n y trouve aucune po sie d pos e J avais eu ce besoin de r aliser chaque fois qu elle appelait une copie manuscrite de sa voix J en faisais une langue morte certes mais les mots crits au moins se conservent et c tait ma seule ambition J crivais vite au feutre silencieux Elle dictait sans savoir et quand les mots prolif raient quand il me fallait la fois entendre comprendre r pondre nier sourire l criture s tirait brutalement Je posais des dizaines de points de su
156. zone des couloirs pour y g rer l apparition r guli re des l ments n cessaires au fonctionnement de mes journ es Mais j ai beau faire couler entre mes mains diff rentes quantit s de ce sable pour voir comment tel type d assemblage que je compose au sol bascule soudain en un autre je ne parviens pas d couvrir le principe probablement contraire aux lois de la gravitation qui permet ce sable d effacer toute trace de mon existence d s qu apr s avoir quitt le volume proprement dit du stade pour la deuxi me fois de la journ e je retrouve mon apparence premi re pour jusqu au lendemain matin Mais les quelques journ es d entra nement qui me restent ne me laissent gu re le temps de me consacrer la r solution de cette nigme Esp rant d terminer aujourd hui le d tail de chacune des quatre preuves je remets au lendemain le r glage de leur encha nement Et puisque le changement de tenue qu implique ma plong e dans l eau quadrangulaire du bassin est li cet encha nement des preuves je peux garder aujourd hui la m me tenue pour l entra nement des trois premi res et seulement en changer pour la quatri me La d termination des diff rents mouvements de gymnastique au sol qui composent la premi re preuve r clame particuli rement de soin car tant l preuve qui laisse le plus de place mon initiative elle est susceptible d tre affect e du coefficient le plus fort Comme le
157. 3 130 est hors contrainte Elle s ouvre sur un passage o l auteur s est d foul de la contrainte pr c dente en faisant tout le contraire c est dire en n utilisant que les mots les plus longs On peut discuter de l int r t de cet ajout par trop contrastif Suivent des notes expli 207 PROSES A CONTRAINTES catives dont beaucoup de lecteurs pourront se passer Et enfin un petit Trait des monosyllabes L art des mots qu on dit d un seul trait Int ressant pour le profane mais qui ne saurait cependant tenir lieu d une histoire de cette contrainte pas plus que le chapitre sp cial de l ouvrage de Michel Laclos sur lequel il se fonde Les Jeux du Figaro Jeux de lettres jeux d esprit Paris Jean Claude Simo n 1977 Cette lacune sera heureusement bient t combl e Ses ultimes commentaires sont cependant utiles et nous apprennent qu il a quasiment utilis tous les monosyllabes du dictionnaire On peut aussi trouver superflu le jeu litt raire et interactif que l auteur a gliss dans son livre il invite le lecteur retrouver un dissyllabe cach parmi les mots nosyllabes avec une habilet diabolique En tous cas il a laiss passer le mot pays qui est bel et bien dissyllabique Nous ne dirons pas quelle page et nous n enfoncerons pas le clou plus avant Il est arriv aux plus grands esprits de faillir comme l avait fait Queneau dans le lipogramme en e d
158. 4 Cette peau tatou e c est aussi ce livre que le lecteur retourne entre ses mains tissu de couleurs comme la grande ville 117 ou comme un dos tatou transform en pr cieuse femme de couleur 147 Les couches successives de jaune de magenta et de cyan quoi s ajoute le noir proc d consti 214 tuant le principe de l impression polychrome stimuleront les trois groupes de r cepteurs en formes de c nes qui composent physiquement la vue en couleurs Nouveau Faust qui tablit son pacte sur une combinatoire de couleurs sa peau le h ros de Roche donne aussi un clin d il l auteur de l ambitieuse Zur Farbenlehre Il ne faut en effet pas oublier que comme toujours chez Maurice Roche ce r cit est aussi joyeux kermesse carnaval bourr d humour noir l image de cette Danse Macabre de La Chaise Dieu qui l avait tellement impressionn en 1958 et qui ne cessera de reprendre sa ronde tout au long de l uvre cf ici page 150 Les oiseaux multicolores qui chantent partout dans le livre montrent ainsi un autre c t de l Orient les voli res japonaises mais galement leur r le dans la musique de Messiaen cf aussi Grande Humores que autre doublure chromatique Il y a d ailleurs une autre uvre musicale que rappelle l intime unit entre couleurs et sons chez Roche il s agit de Prom th e ou le Po me du feu de Scriabine 1910 pour orchestre ch urs orgu
159. A CONTRAINTES Je ne voudrais cependant pas laisser penser que Marie tait une cervel e inculte du genre de celles pour qui les grands auteurs repr sentent seulement des noms dans une biblioth que videmment les apparences pouvaient tromper bien s r dans sa profession on prisait beaucoup plus la beaut que l intelligence et mais je crois que j ai oubli de vous dire o elle travaillait Elle tait devenue en quelque sorte l g rie d un grand couturier parisien dont par discr tion je tairai le nom puisque celui ci cr ait ses mod les directement sur Marie Comment d ailleurs aurais je pu lui en tenir rigueur alors que dans une grande mesure je faisais de m me Marie utilisait volontiers les moments de d tente que lui laissait son travail pour lire ou relire des livres notamment celui qu elle appelait son bouquin f tiche Madame Bovary Ce dernier qui avait connu force s ances d essayage tra n dans d innombrables studios voyag un peu partout dans le monde se trouvait dans un tat de d labrement pitoyable la couture avait depuis longtemps c d et ne retenait plus les feuilles qu il fallait r guli rement reclasser quant la couverture d chir e elle ne permettait plus de lire du titre que les extr mit s N anmoins Marie refusait obstin ment qu on lui offr t un nouvel exemplaire et parodiant Flaubert justifiait son peu banal attachement par un ce Madame Bovary c est m
160. Bruhat Gilles Esposito Farese Pascal Kaeser Jean Malaplate L on Robe et J M Sterdyniak Autotraductions de Battus Paul Claes Annick Duny et John Lee HORS DOSSIER textes de Alain Andr Alain Anseeuw Jan Baetens Roland Brasseur ric d mens R gine Detambel Ren Droin Michel Gauthier Bernard Magn Claudette Oriol Boyer Yak Rivais Paul Louis Rossi St phane Susana Jeanne Vandepol et Michel Voiturier Appel contributions Formules organise l occasion de son centenaire Borg s et l rudition fantastique les 1 et 4 d cembre 1999 Maison des Ecrivains Sorbonne Paris II Contacter Bernardo Schiavetta et Gabriel Saad 271 Achev d imprimer en avril 1999 sur les presses de l imprimerie Acco Leuven en Belgique
161. C est ici Jarry qui est voqu puisque Barabbas est le premier mot qui appara t dans le texte classique de Jarry intitul La passion consid r e comme une course de c te Ensuite une intertextualit que je qualifierai d inteme qui renvoie une autre uvre de Perec On ne peut manquer de rapprocher le nom de Barabbas de celui d Ibn Abbou personnage du roman lipogrammatique La Disparition les deux noms ont la m me structure et le m me sens puisque Ibn Abbou signifie aussi fils du p re mais en arabe Va Barabbas pourrait donc tre une fa on subtile d voquer la parent qui lie le monovocalisme au lipogramme 155 Le premier mot smart La position strat gique qu il occupe nous incite l examiner avec la plus grande attention Plusieurs voies se pr sentent nous pour en rendre compte L analyse s miologique Smart signifie l gant mais en pr f rant l adjectif anglais un quivalent fran ais Perec tout en c dant l attraction qu exerce la formule anglaise du titre sugg re s agit d une l gance particuli re laquelle s attache ce suppl ment de raffinement que l on pr te volontiers aux v tements masculins venus d outre Manche L analyse phonique Smart contient phon tiquement le nom Smarh r f rence vidente jeunesse de Flaubert laquelle Sartre a consacr de longues et pertinentes analyses Or on sait les liens de
162. Lapprand on aurait plut t attendu une r flexion sur le r le de la rime dans la construction du sens qu est toute lec ture la mise en relation de mots asso ci s visuellement phon tiquement et rythmiquement autorise une lecture tabulaire qui subvertit la lin arit de la langue Dans le m me ordre d id es on est surpris par ce jugement tonnant port sur le grand palindrome de Perec r duit une suite inarticul e de syn tagmes qui demeure herm tique toute interpr tation Surpris parce que ce jugement est en porte faux avec le postulat de la lisibilit des textes oulipiens qui gouverne l entre prise de Lapprand Cette non signi fiance ce refus apparent de toute coh rence s mantique de la constitution d un sens transparent r pond des 263 exigences thiques que le critique n aborde pas on pense par exemple la notion de langage grandiloquent c est dire d un langage qui rate volontairement le r el construite par Cl ment Rosset C est la notion m me de cas limites c est dire les textes simplement guid s par le go t de l ex ploit du record propos e par le cri tique et laquelle il rattache le grand palindrome qui m riterait d tre dis cut e Au total l ouvrage de Marc Lap prand vient combler un vide dans le champ critique contemporain o l Ou lipo semble tre pudiquement ignor quand il n est pas ouvertem
163. Marie partager mon plaisir et m indiquer au passage si d ventuelles retouches pouvaient 126 CREATIONS tre envisag es Sa r ponse je l avoue me surprit quelque peu puisque mon roman sacrifiait somme toute quelques variantes pr s l temel th me sexe drogue et rock en roll un titre du genre Sieste grog et carmagnole devrait assez bien lui convenir moins qu on ne pr f re celui plus direct de La marquise sans culotte Sur le moment je restai je l avoue un rien abasourdi par les critiques de Marie ne sachant trop si elle parlait s rieusement ou non mais je compris vite qu elle cherchait vraisemblablement me taquiner et que si je l coutais mon criture s orienterait vers un pari C est d ailleurs l occasion de la sortie d un de mes livres un recueil de nouvelles qui ne rencontra pas le succ s esp r aupr s du public que je m aper us que Marie dans une certaine mesure clipsait un peu mon g nie Un critique malavis n avait il pas crit parodiant grossi rement une de mes phrases et lorsque Marie s che qu en est il de ma richesse Nos relations inconsciemment sans doute mais irr sistiblement s en trouv rent alt r es Je me rendais compte que je supportais de plus en plus mal ses infid lit s r elles ou suppos es et que d s qu un homme s int ressait elle d un peu trop pr s j en concevais une jalousie har
164. Monk Mum s Apple Pie Didier Nordon P le m le Claudette Oriol Boyer Ceci n est pas un texte pour enfants Marc Parayre Marie Chantal Robillard romance en mer sereine Eric Sadin T St phane Susana Nier est effet serein Michel Voiturier Ursule et le g oma tre Antoine Volodine Un trange soupir de John Untermensch 13 18 21 30 36 45 48 61 79 85 89 92 94 108 115 116 118 120 123 129 134 136 137 141 Ant c dents Marcel B nabou A propos de What a man 150 Marc Lapprand Trois points sur l Oulipo 162 Pierre Le Pillo er Caches de l Arche 170 Jean Ricardou La contrainte corollaire 183 Hermes Salceda La r gle et le genre 198 Etudes d uvres contemporaines Jan Baetens Renaud Camus et l criture contraintes 204 Alain Chevrier Tom un roman monosyllabique 206 Sjef Houppermans Compact couleurs de Maurice Roche 208 Marc Lapprand Le point sur les proses contraintes l Oulipo 215 Guy Lelong Le domaine d Ana un r cit textuel de Jean Lahougue 222 Dominique Moncond huy Lartigue danseur de mots en prose 226 Chantal Robillard La litt rature enfantine fran aise contraintes 232 Hors dossier Suites au num ro 2 Rectificatifs notre pr sentation de l article de Marc Parayre 238 S mir Badir propos d critures sous la contrainte 239 Philippe Beck r ponse notre note de lecture 241 Comptes rendus Notes de Jan Baetens Jacques Denis Bertharion Daniel Bilous Alain Chev
165. Pierre Lartigue L h lice d crire sur la sextine de Jacques Roubaud La fleur inverse sur l art des troubadours et La ballade et le chant royal sur ces formes fixes fran aises de Maurice Coyaud COMPTES RENDUS Ha ku Renga Tanka le triangle magique sur ces formes fixes japonaises ainsi que d Alain Chevrier Le sexe des rimes sur l histoire de masculines et f minines dans la po sie de l alternance des rimes langue fran aise Signalons galement les prochains para tre de Dominique Buisset D estoc et d intailles sur l pigramme de Fran ois Ren Daillie La lune et les toiles sur les pantuns malais et de Francis Lalanne Le chant de l aronde rondels et rondeaux J V volumes A propos de Armel Louis Dictionnaire des Rimes et Assonances illustr par 3000 citations de po mes et chansons Le Robert 1997 Signalons remarquable tr s remarquable de contrainte majeure qui est la rime et qui ce dictionnaire cette fera sans doute date Il est sup rieur sans aucun doute celui de L on War nant Larousse 1988 qui tait d j une oeuvre scientifique importante et tr s sup rieur tous les autres plus anciens dont la liste peut tre trouv e dans Les Dictionnaires des po tes de Nicole Celeyrette Pietri PUL 1985 Le point de vue d Armel Louis est celui d un praticien accompli de la prosodie Il y joint en plus une anthologie de morceaux po tiques pl
166. Quand je dis apr s toutes ces ann es c est fa on de parler parce qu elles ont toujours t l ces ann es et nous dedans comme de gros vers qui s tirent grignotant des passages travers les feuilles empil es des journ es et des nuits ondulant en opposition de phase sans jamais nous m langer il bougeait encore Hans l a achev Probablement pour s excuser de sa maladresse Et moi donc l alternateur Philip le camion des sanctions probablement est ce que a finira un jour allez trouver quelque chose sur une histoire de pi ce qui grille je n ai pas de chance aujourd hui il va encore prendre son air sup rieur je ne vais quand m me pas lui en faire des alexandrins quoique Le soleil s est couch dans son sang qui se fige a vous a une gueule Le chef n aime pas a a vous ramollit un homme qu y dit Un peu de populaire oui pourquoi pas Qu y dit mais laut y dit pus rien Embu de bave bleue plus ni ligne ni plan mais entre les deux fractale tendant occuper tout l espace bien au del de la zone autoris e il va falloir que je fasse attention il m a d j fait le coup Il n y comprenait plus rien le pauvre petit d autant que maintenant je me taisais concentr sur mes bulles Une d tonation Silence Une autre d tonation Silence Silence Des pas le bruit sourd d un paquet qu on laisse tomber Silence Une d tonation L autre me le faisait la
167. SES A CONTRAINTES aux yeux en troite unit avec les l ments qu on vient de nommer c est le titre en couleurs C vert o blanc m jaune p marron a rouge c violet et t bleu l int rieur du volume le blanc virera au noir po me miniature qui fonctionne en plus comme une esp ce d embl me vu que trois occurrences du titre se superposent en partie peut na tre un ph nom ne de tremblement le compact se met bouger le regard vaciller l il s y ab me entrant dans les gouffres de Mn mopolis compulsion de m tropoles l int rieur d un cr ne univers d aveuglement et de c cit mais aussi danse de couleurs o na t la vue Le mot roman enfin ne figure plus sur la couverture on le retrouve toutefois l int rieur du volume Le livre a pris du poids depuis 30 ans les traductions en une dizaine de langues autant d chos des diff rentes langues qui surgissent dans le texte et les commentaires s y sont greff s et aussi telles jolies variantes comme Mn mopolis Traduction graphique d un fragment de Compact de Maurice Roche de Fran oise Rojare qu on trouve dans Change 5 Maurice Roche en est conscient et d die la nouvelle version non plus seulement Jean Pierre Faye mais galement Philippe Sollers dont la pr face la premi re dition s est r v l e un petit guide utile pour beaucoup de lecteurs et Jean No l Vuamet qui
168. Vivre Susana Le sec art se sue Unis le ce r cit a fera gr ce de ce d g t tre seul A sa venue j cris dite Baume r v l rest hasard r put ivre tu feras tome rus Cas une loi te montra le cap Sens et a se lit uni Sonne le glas S y b tir ce montage de mots ne s insinuer Sa tinte r sonne Irr v rences Et cela idem magiciens art f es r ves Aveu ob ir ce rire long n ivre seul idiome La peur apparue mur lev rest en ma demeure s carte serein amer atroce D clare Ta libert exalte 137 PROSES A CONTRAINTES Michel Voiturier Ursule et le g oma tre Ursule Ursule pense Ursule est assise Ursule regarde le vide Ursule murmure des mots creux Ursule seule vit pleinement l absence Ursule sent autour et alentour sa solitude Ursule voit d filer en elle ses vibrances futures Ursule sait elle que le vide ne dure gu re Ursule a sa m moire pour explorer ses souvenirs d amour Ursule entre pass et avenir oscille tr s doucement de la t te Ursule reprend le sentier du chaufour o une main serra la sienne Ursule sourit tandis que sous sa chemise de nylon ses seins fr missent irradi s Ursule esp re une paume sur sa peau pour mieux darder sa soif de vivre Ursule a seulement la sienne h las qui ne lui ram ne pas la tant d sir e pr sence Ursule au contraire per oit sa maladresse et que le soi jamais
169. a ce calme bloc En 1976 le texte est r dit dans la collection 10 18 avec une postface de Jean No l Vuamet et en 1986 les ditions du Seuil reprennent le livre Saute aux yeux le splendide dessin de Val re Novarina ce consanguin l mentaire qui marque la couverture Curieusement le titre de cette illustration n est pas donn mais si l on consulte La Violence le chant Maurice Roche volume collectif dit par Les Voisins du Z ro l Isle sur Sorgue en 1994 on retrouve ce dessin parmi une s rie d autres pourvu de la l gende Maurice Roche tonn Enfin les ditions Tristram Auch produiront en 1996 une nouvelle dition de Compact cette fois ci en couleurs Cet diteur avait d j r alis auparavant une version du texte sur disque compact lu par l auteur r alisation que Jean Louis Baudry commente tr s finement dans La Violence le chant La couverture reprend la maquette de 1966 tout en l inversant fond noir noms de l auteur et de l diteur en blanc et Compact accompagn de en marron cette unique couleur d autrefois s invagine de la sorte et se diss mine un effet de marronnage avec Tristram le livre plat se met d une certaine mani re en cube suivant la marque de la maison et n oublions pas le co diteur La Petite Ecole d Annecy je renvoie encore Un petit rien du tout Mais ce qui saute surtout 209 PRO
170. a galement crit sur le livre avec le juste dosage de perspicacit et d empathie en parlant par exemple de la transformation d un chaos paralitt raire en litt rature in Change J 1970 Pour le reste le texte est identique celui de 1966 exception faite videmment des n cessaires adaptations typographiques quoi s ajoutent quelques majuscules italiques traits blancs et 210 tel endroit la r partition du texte sur les pages successives p 74 et suivantes Pr cisons toutefois que d une part on ajoutera tr s mat riellement quelques os p 31 comme il convient pour un vrai drapeau de pirate et que d autre part Maurice Roche se gardera bien de corriger le fameux jet parti de travers la page 45 d risoire julation un jules en vaut un autre On pense une remarque de Grande Humoresque Dans mon premier livre il y a une faute J en souffre chaque r impression je me garde bien de la corriger sachant qu alors je mettrais un point final ma vie Ce qui vaut pour le Monteverdi pourrait bien s appliquer galement Compact Les couleurs ne constituent pas les seuls effets typographiques particuliers on re trouve galement diff rents corps de lettres et diff rentes formes italiques gras etc en outre il y a des notes certains passages accompagn s de traits noirs horizontaux ou verticaux des lettres compos es de points 96 des lettres bl
171. a prose atteint une grande vari t de formes dialogue discours direct lettre style dit t l graphique r cit courrier lectronique menu de restaurant etc Exemple Le point de vue du piz za olo domicile Alors je r p te une Mona Lisa Crusty Crunch pour trois avec suppl ment cr me fra che et une Mona Lisa v g tarienne pour une personne a vous fera 94 plus 8 plus 39 141 francs Pour le 2 rue Ronsard Paris XVII 1 sous sol pas de code pas d interphone T l 01 42 58 72 89 Vous serez livr dans vingt minutes environ p 8 3 BO n 88 J ai oubli Jacques Bens Sur le mod le des Je me souviens de Perec Jacques Bens nous propose cinquante trois J ai oubli Comme l auteur l explique en note liminaire l oubli a besoin du support d un souvenir partiel car s il tait 218 total on ne s en souviendrait pas voquer l oubli d une chose suppose donc n cessairement que la chose se rattache un souvenir aussi t nu f t il Chaque oubli est ici suivi de ce souvenir lacunaire plac entre deux parenth ses adversatives atteignant parfois une grande pr cision Exemple J ai oubli le sujet de ma premi re intervention radiophonique Mais je sais que c tait La Tribune des critiques de jazz d Andr Francis et Lucien Maison dans un modeste studio install rue Armand Moisant pr s de la gare Montparnasse
172. a Man va autant la saga qu l individu si attachant qui la composa Ayant pris l invitation bras la corporation nous nous saisissons donc du micro bouquin dont approuvons sans limitation l instructif discours Au vrai l outil grammatical nous fournira son support mais il y a pourtant jouissif nous la connotation sans omission d un inou parcours narratif qu il nous faut tout prix voir Un Anglais dirait linguis tics is only a tool un outil quoi qu un outil Un Francfortais dirait plus ou moins Linguistik ist bloss Apparat Nous Pavons compris il s agit ici d un tout d un discours structurant sa saga la fois autour d un contraint monovocalisant puis d un contraint connotant L assimilation d un propos sa construction obscurcit son but sa raison D aucuns ont choisi d y voir l illustration d un pouvoir absolu du mot Or la glorification n affranchit pas un construit si abondant si parlant 166 ANTECEDENTS Finissons l Nous voyons nous voulons voir dans What a Man l illustration d un court narratif mais d un narratif disons ultra chic qui n a pas du tout trahi son contrat initial La monovocalisation loin d obscurcir l accrochant propos nous a fort plu car l art discursif nous a appris la saga d un trio au moins aussi attrayant pour nous qu un Brahma Vishnu va pour un Hindou C Q F D Voyons pour finir la saturati
173. a nuit de son propre langage Ce qui n emp che nullement faut il ajouter que toute la fantasmagorie chamarr e du monde s y projette L univers tout en noir de l aveugle est le trou o disparaissent les couleurs mais il s tale ensuite sur la page blanche qui visualise l amalgame de l ensemble chromatique On entend comme un cho de Mon nom est Hiroshima La formule qui d finit l emploi de ce nom souffrance kov tablit clairement le relais avec la dimension mat rielle du livre On en voit de toutes les couleurs avec ce mot p 132 Pour l amadouer la Douleur sera trait e de toutes sortes de mani res par calembours entre autres doux leurre d o l heure pour faire d vier son parcours gt 25 Les transformations des sons et des lettres correspondent aux glissements du spectre et nourrissent les hallucinations tel encore le spectacle de la femme leurre fantasme poup e automate la Hoffmann la machine sur laquelle Maurice tape son texte couleur est d ailleurs une Olympia travesti dont je serre le cou mort 36 Couleur douleur dont la mat rialisation la plus concr te se trouve dans la peau tatou e qu il faut vendre le plus cher possible Le Japonais arrive arm d un fer rougi pour avoir sa peau afin d en appr cier la nettet des d tails parfois si fins se d tachant en jaunes verts vermillons sur fond gris bleu 4
174. a troisi me fois la translation lat rale avec le demi tour op r sur moi m me afin de me placer devant le bassin quadrangulaire Mais pour une raison que j ignore peut tre parce que j acc l re trop la phase d lan pr c dent le saut lui m me ou parce que je ne sais toujours 106 CREATIONS pas laquelle des deux techniques de suspension remportera le mieux l adh sion du jury je ne parviens jamais encha ner d un seul coup les quatre preuves Me recevant en effet toujours de dos sur le bac rectangulaire je reste tendu de tout mon long laisser couler entre mes doigts un peu de ce sable dont la fluidit me d soriente chaque fois davantage Je d sesp re ainsi de ne pouvoir jamais atteindre dans la m me foul e le plaisir que me dispenserait s rement mieux mon immersion dans l eau quadrangulaire du bassin La difficult avec le saut en longueur r side dans le fait que les jambes tant lanc es en avant afin d obtenir le saut le plus long possible il faut aussit t que les pieds ont touch le sol ramener le haut du corps dans la m me direction En effet comme c est la distance entre le d part du bac et la premi re empreinte laiss e sur le sable qui d termine la longueur du saut toute chute en arri re ne peut qu tre pr judiciable au r sultat La contradiction peut tre insoluble que produisent ces deux mouvements antagonistes ne cesse toutefois de m tonner car le basculement du corps q
175. ace marqu e par le chiffre un Et puis l initiale d Efigenia la sextine de Trissino et ses e font penser e signe d appartenance et ram nent au sonnet et la complexit du jeu Faut il encore parler de La Belle Violante ce r cit fac tieux Mieux vaut peut tre oser avancer que la r f rence indirecte Hortense est aussi du m me mouvement nouveau r f rence Nerval le p le hortensia de Myrtho et de A J y Colonna autre mani re de combiner les r f rences Auxquelles on s en voudrait de ne pas signaler les allusions Desnos travers la pr sence de la rose qui est aussi mais autrement nervalienne Desnos ayant t lui m me comme l on sait grand lecteur de Nerval plus pr cis ment travers le jeu sur la Rose s allie El Desdichado v 8 qui devient la rose salie la fin du chapitre 30 et ne saurait pas ne pas faire penser Rrose S lavy On est bien dans la daube o se fondent les ingr dients Dans la fonte noire l corce D orange feu doux diffuse Son ar me Dans la fonte blanche et noire du livre imprim d autres livres feu doux diffusent aux pages et aux amours qui embaument le thym leur ar me On salive d impatience On mange d sormais aux viandes ETUDES D UVRES CONTEMPORAINES La m thode employ e je vous l expliquerais volontiers Pendant qu elle est dans ma t te si
176. acement s esquive insolent Qui donc sait les combinaisons permises Qui insistera vraiment pour le savoir Chaque t tonnement chaque plaisir chaque lan semble avoir t d cid calcul programm Lui au comble de l exasp ration brandit le poing mais au lieu d achever son geste mena ant il se contente d un tirement et poursuit tandis qu elle de sa main libre signifie qu elle ne d sire rien moins qu tre entra n e dans ce qui ne la concerne nullement Il est vrai que l image dans son ensemble prend forme Les volumes et les r silles sans plus d ambigu t simulent un monde nocturne sous d amples palmiers peine clair s par la lune Mais au terme des manipulations l emplacement de celle ci demeure vide Il faut l admettre elle manque presque totalement clips e par le creux On peut toutefois la r inventer gr ce au croissant qui la d signe sur la droite Entour e des antiquailleries patin es des cuisines fran aises Emma sollicit e cherche comprendre cette disparition Machinalement sans logique elle soul ve le rouleau p tisserie la balance le pot sel le moulin caf la boule th et enfin la bo te dans laquelle de tous temps elle a rang ses gousses de vanille ses b tons de cannelle ses clous de girofle son safran ses petites perles et son ang lique une vieille bo te biscuits en fer blanc rectangulaire sur le couvercle de laquelle on voit une
177. aces du stade j ai fini par me persuader qu un m canisme enti rement automatis devait g rer ces apparitions r guli res et que j tais le seul occuper les lieux L unique consigne qui m ait t donn e sur la comp tition pour laquelle je m entra ne ici est qu elle est compos e de quatre preuves Avec ce simple renseignement j ai d duit au vu des seuls indices offerts par ce vaste rectangle leur d roulement probable Le rev tement caoutchout de la premi re piste laisse supposer un encha nement de mouvements de gymnastique effectu s au sol Le rectangle de sable de la seconde muni de sa planche s paratrice indique une preuve de saut en longueur Les cales triangulaires dont la troisi me est pourvue son extr mit proche de l entr e appellent une course de vitesse Le bassin de la quatri me sugg re videmment une preuve de natation L attribution d une m me longueur pour des preuves qui exigent en principe des dimensions distinctes me semble toutefois disposer une contradiction peut tre insoluble Et comme j imagine mal que les dimensions des pistes puissent varier en fonction de la vitesse avec laquelle je vais les parcourir j envisage plut t de distendre ou compresser l une ou l autre de ces preuves Au moment de rejoindre la zone des couloirs en fin de journ e alors que l image du stade refl t e par la verri re devient plus vive et que la luminosit des deux grands
178. aire accompli Je lui b tis un studio placard d affiches de 65 PROSES A CONTRAINTES cin ma et de cartes postales avec balcon sur la rue Je l accompagne d un chat La nantis d un poste de t l vision d une pr cieuse collection de disques Je l affuble de v tements extr mement color s Je la coiffe en arri re en tol rant tout de m me un d but de raie sur le c t droit Je distribue et l des voisins des randonn es des repas au restaurant Je pr cise qu elle porte une montre aiguilles et trois bagues dont l une est orn e d un saphir J ajoute qu elle n a pas de voiture et a t mari e deux fois Je n en souffre pas davantage Si Elle a visit le ch teau de Versailles sans enthousiasme parce qu elle tait enfant et sauvage Je peux supposer aussi des voyages l tranger l histoire glorieuse de la famille de son p re et le doute qu elle affiche quant son propre avenir Voil une femme Ce reportage despote ces intrigues que l on tente de percer jour tout ce bavardage de faux t moin je le r p te ne servent qu entrer dans la ronde se soulager de savoir Le manque n est ni peindre ni combler Ce sont d autres images qui fortifient d autres descriptions qui font signe d autres lans qu il faut vanter La femme assise l a roport ne servirait elle qu me rassurer bauchant ridiculement les minces certitudes suivantes je sai
179. aire aux du Bastberg 1997 Les illustrations sont par doubles pages dues treize des meilleurs talents issus de l cole des arts d coratifs de Strasbourg Anne Romby Sophie Kniffke Doroth e Duntze Gilles Scheid Anne Tonnac Les textes de Jean Alessan drini sont des tautogrammes sur chaque lettre de l alphabet crits apr s la r alisation des illustrations ils s amusent nous y renvoyer sans faire double emploi Un r sultat magique et nous l esp rons bient t une r dition ditions Pastiches Il tait une deuxi me fois un ensemble de textes au second degr pour adultes comme pour enfants dans le pays du pastiche et de la r criture de contes Ou comment retourner le conte comme un gant le prendre contrepied le faire clater pour mieux faire ressortir le texte souche Cela suppose bien entendu qu on connaisse d j le texte original ou l histoire originelle lorsqu il y a eu plusieurs versions crites classiques gt Suivra ici une petite s lection donc une liste non exhaustive des ma tres contemporains du genre Contes l envers de Philippe Dumas et Boris Moissard cole des Loisirs 1977 D guster notamment le superbe petit chaperon bleu marine et le conte rebours Ce livre est d j devenu un classique Le petit chaperon rouge partout de Gilbert Lascault Seghers 1989 A ne pas mettre entre des mains trop jeunes c est parfo
180. airement mythique de Bouvard et P cuchet inscrite au c ur de Beaux Inconnus avec Lach vre et Blanche main est en partie un leurre L H lice d crire est le troisi me maillon celui autour duquel s articulent toujours les deux autres celui surtout qui permet au roman de faire tourner l essai de le faire vivre en prose de roman C est le troisi me maillon et c est en m me temps le premier puisque aussi bien L H lice d crire n est que r criture amplification reparcours de ce dont Ce que je vous dis trois fois est vraP composait l esquisse ou l amorce D plum e la po sie On vous prie de trouver l Acheron plus plaisant que la Seine et doucement grossit l escadron des beaux inconnus qui ont d li des filets dans nos bouches Ils auraient para t il un avenir de revenants Au commencement donc Ce que je vous dis trois fois est vrai qui est d j reprise et retour en m me temps que chasse et r ve La prose chez P Lartigue est lieu o redire et r ver la litt rature lieu o l on convoque les crivains de l ombre les beaux inconnus lieu palimpseste lieu ventriloque lieu o r siste un go t en train de mourir Pour des beaux inconnus c est l endroit On peut d barquer L endroit ou l envers dans La Jolie Morte il faut Luce regarder six ETUDES D UVRES CONTEMPORAINES fois l criture invers e d un billet po
181. ait elle m me pour m re Ses yeux n taient plus des yeux mais un espace cosm tique Elle avait un duvet blond au dessus des sourcils rang s en courte bataille Les cils taient ils faux Impossible de plonger dans ce regard Il tait un haut fond d expression Sit t que je me projetais en pensant Elle a les yeux de la m me couleur que cette fille quelque chose me le dit alors je 42 CREATIONS me blessais C tait un regard tale Le nez ne respirait pas La bouche brillait Les dents invisibles tiraient un trait noir et horizontal En bas gauche de la page et verticalement Copyright imprim en lettres minuscules Nom du photographe Ann e Cette fille se reconna trait elle Mettons pour que cela me rassure qu elle mange aujourd hui un pamplemousse sur une terrasse Au caf je voyais des gens tonnants de v ritables personnages avec tics et particularit s figures inoubliables r alisant des gestes Un rouquin abattait un valet sur la table et la certitude qu il avait de gagner faisait vibrer les verres La bi re moussait chaque fois qu il posait un atout Je regardais les hommes assis sous des troph es de rugby Je voyais des jeunes danser Page 30 d un autre magazine un flacon de gel bleu J avais envie de le saisir de le sentir Bleu menthe Il tait impossible d ignorer cette couleur C tait une eau paisse Derri re le flacon au couvercle dor une spatule tait pos e
182. al La r f rence l homme pr sente dans le titre et dans le peut pr nom PROSES A CONTRAINTES l est donc aussi dans le nom du h ros C est dire que le mot homme se trouve voqu sous trois formes diff rentes et dans trois langues diff rentes anglais man grec Andras h breu Adam Si nous revenons maintenant la forme compl te du nom du h ros Andras MacAdam elle nous appara t comme pouvant se traduire exactement par homme fils de l homme Or on sait de quel poids la formule le fils de Phomme est charg e dans la th ologie chr tienne o elle a fini par d signer le fils de Dieu Nous voici donc en pleine th ologie Ce que vont confirmer certains des propos pr t s Andras MacAdam au cours de sa violente altercation avec Max van Zapatta qui forme la mati re du fameux flash back central L on pourra tre surpris de voir le fils de l homme jurer par Satan mais on ne s tonnera pas que l injure supr me qu il lance son adversaire au moment o il va cracher sa valda soit Va Barabbas Mac Adam versus Barabbas La mention de ce nom ici bien que Perec l crive avec deux r et un b au lieu d un r et deux b mais nous savons qu il tait capable de faire des fautes orthographe m me sur le nom de sa m re est d une grande importance pour comprendre les diverses dimensions du texte Dimension religieuse
183. al de la contrainte du point de vue de l crivain A cet gard Renaud Camus oppose selon qu elles se laissent ou non r p ter de fa on ouverte et cr atrice dans un projet d criture les contraintes heureuses celles qui ne le sont pas Comme lui m me le note dans une formule qui n est pas sans rappeler la condamnation par Georges Bataille des livres sans n cessit interne Concept de la forme heureuse Contre la forme gratuite la forme pour la forme les complications ou les raffinements de construction dans les uvres d art lorsqu ils ne produisent pas d effet Informe heureuse serait celle qui serait homomorphe sa n cessit conforme au mouvement de l esprit s ur de l tre p 88 Le second effet concerne l aval de la contrainte du point de vue du lecteur lequel peut ou non tre sous le charme de l op ration textuelle propos e son jugement Une uvre n est pas admirable parce qu elle pr sente toutes les raisons d tre admirable la perfection de son architecture par exemple s agissant d une uvre litt raire Elle est admirable parce qu elle produit un effet inoubliable p 68 quoi bon en effet produire des textes contrainte qui laissent le lecteur indiff rent ou qui ne lui donnent m me pas l envie de continuer au del de quelques pages ETUDES D UVRES CONTEMPORAINES voire de quelques alin as Incriminer le lecteur l ac
184. aladie car je crois vraiment que j ai t tr s malade Le si cle dernier nous nous en rendons tous compte a t le t moin d une transformation radicale du milieu humain tout entier ce qui provient surtout de l influence des sciences math matiques et physiques sur la technologie Dans un monde o tout se tait sous la menace d une pouvantable absence l homme autrefois berc par la voix des dieux se retrouve seul contraint de relever le d fi lanc par les obscures puissances de la destruction et de reb tir sa propre image partir des derni res marches du n ant Au moment o le monde subit de si grands branlements o les nations changent de figure o les soci t s cherchent un quilibre nouveau o dans chaque individu l humanit toute enti re s interroge sur son propre destin c est semble t il appliquer son esprit un objet bien menu que de chercher d finir l essence de la parole et celle de l criture Ce livre est constitu des bribes d un manuscrit d couverts par hasard c est dire l insu des autorit s dans un d potoir r cemment inaugur et tr s vite abandonn Ces pages ont deux visages bien distincts Tout le fatras immonde des lumi res aveuglantes jet es sur l cre point de la face remplie d excr ments de la grosse caisse r sonnante des nuages criant blessure ouverte montrant ses dents au trou du puits agitant ses ailes d chir es Pe
185. alle blanc et or dont les deux hautes fen tres donnent sur la place Une maison comme tant d autres Ni plus ni moins d me que tant d autres M Dans la chaleur de l ardente apr s midi de juillet la salle aux volets soigneusement clos tait pleine d un grand calme 79 PROSES A CONTRAINTES Quarante scudi J ai dit d accord Maintenant l ombre du pilier le pilier qui soutient l angle sud ouest du toit divise en deux parties gales langle correspondant de la terrasse HI Mme Ferrars mourut dans la nuit du 16 au 17 septembre un jeudi Les tristes courlis annonciateurs de l automne venaient d appara tre en masse dans une bourrasque grise fuyant la haute mer sous la menace des tourmentes prochaines IV Cinq heures moins deux On tait au commencement de novembre Gervaise avait attendu Lantier jusqu deux heures du matin Jean Eloi en d barquant cette heure matinale rencontra au d tour d une rue un vieux pr tre qui t te nue sous la fine brou e portait le Viatique un moribond A lafin tu es las de ce monde ancien lui dit il Car en effet en 1815 d j M Charles Fran ois Bienvenu Myriel tait v que de Digne Toute l me est r sum e r pondit celui ci Oui j irai dans l ombre terreuse O mort certaine ainsi soit il Ouvrez la porte Ouvrez la porte C tait comme si personne
186. anches sur fond noir des fragments en langues trang res avec leur propres caract res le cas ch ant arabe cyrillique grec ainsi qu un morceau en braille et une port e musicale s y ajoutent une construction en acrostiche 95 la t te de mort des boucaniers et une anamorphose indiquant la EYES EXCHANGE BANK 120 trompe l il exquis Et il ne faut pas oublier de mentionner les pages trafiqu es 105 et 106 morceau de papier noir d chir o s inscrit le texte en rouge La vie n est l que pour m moire en un sens c est un r sum du livre le tout coll sur la page blanche qui le d finit comme anamn se stemienne et qui ajoute Le verso contient on n en doute pas le testament lui m me une page blanche En effet en tournant la page on trouve le compl mentaire morceau bord dentel pr cisant ON A ECRIT CE QUI SUIT A L ENCRE SYMPATHIQUE O le texte glisse donc dans un ailleurs d impression On aura remarqu que cet hommage l auteur de Tristram Shandy ne saurait laisser indiff rent le pr sent diteur pr destin On dira pourtant que ces diff rentes manipulations de la mat rialit textuelle plut t des d termin s du r cit et ont par cons quent des effets ponctuels Les deux autres affectations concr tes portent sur l ensemble du texte et ont par l une r sonance structurelle Il s agit d abord de la mise en page globa
187. ans What a Man nous nous doutons qu il y aurait plus d illustrations voir un tissu liant propos raison mot signification sans qu il soit jamais gratuit Pourtant l Oulipo construit son propos par la trituration la manipulation l adaptation l agglutination ou la scission l association la castration ou la suffixation la dislocation tout a dans la jubilation Travaillant ainsi mot mot mot pour mot l Oulipo accomplit la maximisation du signifiant on dirait sans limitation l infini ad libitum ou suivant la loi d un Fibonacci dirait Paul Braffort B Nous voyons alors la corroboration du primat du signifiant il y constant On trouvait aussi auparavant l occasion par troubadour imaginatif ou un individu original l activation du ludus au plan du signifiant mais on n y voyait pas l un attribut constant Nous faisons ici allusion un Vian ou un Michaux au fascinant dandy du Locus Solus un Carroll ou pourquoi pas un San Antonio Mais l Oulipo sans qu il y ait pourtant souci d uniformisation il y a un go t commun du plaisir du mot la satisfaction d aboutir au propos parfait maximal sans jamais choir dans un travail gratuit mais sans pour autant abolir la fonction d un optimal ludus l Oulipo tout discours jouit d un statut lui octroyant l abandon un pouvoir absolu la machination par la praxis point final qu il nous faut ici fourbir
188. ans cesse anamorphos et remotiv au brouillement de l identit des personnages et du locuteur au d placement des axes de structuration du r cit au montage de trames narratives ind pendantes et de structures g n riques h t rog nes A ne suivre que ce dernier proc d l un des effets du travail de l analogie peut tre expos la logique de la g n ricit est d faite par l emportement des r sonances li es une forme discursive donn e qui appellent au m tissage et l hybridation des genres La premi re partie L enqu te emprunte la forme du roman policier ou d aventure d initiation ou de voyage de qu te ou d enqu te m tanarratif ou critique Ce premier horizon d attente g n rique permet de r inscrire comme principal s dimentage intertextuel la fiction pr narrative De r tour qui s affronte diff rents ordres de langages en vue de sortir hors du cercle des r p titions Le th me d clin l exp rience du deux dans le d sir amoureux la rencontre entre un sujet et l objet de son d sir permet de marquer l alt rit du monde et de la langue le r cit de la d couverte de l autre entrelac l affirmation d un d sir de narration se heurte l preuve de la division du sujet et du r el bute contre un impossible dire qui ne peut d s lors que s crire La deuxi me partie La rupture emprunte la forme du journal autobiographique qui
189. ans cesse minor cire ses mocassins us s r cure ses ou es se cuisine sans envie une raie ou un m rou voire une rascasse en sauce meuni re ou avec un roux corso rumine mac re crie en soi m me incarc r ici moi me casser survivre mamma mia revenir mes rives corses oui mais sa sir ne ses sir neaux a e aie aie mis re un soir en mai corso noiseux en sueur en courroux rosse sa sir ne oc ane am re sci e mesure ces menaces mais sans en concevoir source ceris enne oc ane na ve n a aucun sixi me sens sevr aux aurores 131 PROSES A CONTRAINTES corso s excuse r v re sa mie nouveau m re rassur e mer caresse eaux iris es en cama eux mousse cresson mai v ron se univers rass r n mais aux vacances corso recommence s aviner une soir e arros e s annonce oc ane anxieuse a vu son mari canne en main air mauvais oc ane a saisi son verre minor se marre sacre menace secoue sa sir ne ass ne sa canne cran s vices sur une sir ne inanim e oc ane cras e sans connaissance va mourir sous une crosse ass n e nouveau encore encore nu comme un vermisseau museau cramoisi un nourrisson crie reins cass s sur un carreau un sir neau va s vanouir un se sauver en un recoin un s en va vomir une mini sir ne se rue sur sa m re mais rou e aussi son sein ros vire au cassis son a n cr sus s escrime avec
190. ans leur tomb e et o le capitaine en bleu le docteur en vert et le tambour major en rouge menaient le charivari exploitait merveilleusement cette dimension l Le chromatisme se coagule aussi au c ur du r cit pour signaler une photo accroch e un barom tre d crit avec beaucoup de couleurs photo d Hiroshima r duit en cendres c est une chromophotografie p 134 Il s agit d un lieu capital pour la recherche du h ros de Roche car ce que l aveugle poursuit perdument au del ou en de de toute jouissance souffrance c est son nom tel dipe tel Lohengrin encore Ecce homo l heure de la c cit compl te c est en m me temps La Parabole des Aveugles de Bruegel Et c est ici Gembakou lieu de souffrance telle est la signification de ce mot japonais qu il saisit cet autre mot qui le nomme travers le chromo chrono travers la lumi re et l arr t du temps coup lueur c est le mot japonais kou douleur C est comme l approche du sphinx par dipe Kov et douleur se pr cipitent au c ur des couleurs Comme l a fait remarquer Philippe Boyer Mn mopolis in Critique 22 1966 Le nom impossible tracer le nom jamais perdu dans la nuit des temps n est il pas justement la parole aveuglante Compact c est l aventure d un homme 213 PROSES A CONTRAINTES qui s avance seul dans l
191. ansion libre et libre d acc s au site personnel de l auteur l ab c daire intitul Etc suite ironique au Roland Barthes par Roland Barthes o la notion de contrainte occupe nouveau une place certes peu orthodoxe mais on ne peut plus centrale Autant pr venir l amateur Etc n apporte pas une th orie de la contrainte Ce que fait Renaud Camus avec la tranquille assurance d une pratique de bient t trois d cennies et une grosse trentaine d ouvrages c est soulever un certain nombre de questions que la r flexion moderne sur la contrainte se refuse pour de bonnes ou de moins bonnes raisons de traiter sur pied d galit avec d autres questions th oriques ayant elles pignon sur rue parce que probablement moins dangereuses Les points soulign s par Renaud Camus sont tous en rapport avec les effets de la contrainte en au moins deux acceptions du terme l impression faite sur le lecteur par le texte contrainte d un c t la suite que doit donner l crivain au choix initial d une contrainte de l autre Chacune de ces acceptions se situe au c ur m me de la pratique des critures contraintes mais aussi de son esth tique sujet fort d battu mais toujours de fa on purement inchoative comme si c tait l une dimension moins digne ou capitale du champ actuellement sous construction Le premier effet diversement comment tout au long d Etc a donc trait l av
192. ant d crire la mort d Armand d Arta gnan n ait pas gliss une allusion celle de l anc tre ponyme de son propre h ros le mousquetaire d Alexandre Dumas Reportons nous donc aux toutes derni res lignes du Vicomte de Bragelonne Elles nous apprennent que d Artagnan tombe en d es mots tranges qui parurent aux soldats surpris autant de mots cabalistiques Or le dernier mot murmurant d Armand est Abracadabra qui est comme nous allons le voir le mod le m me des mots cabalistiques Le dernier mot Abracadabra Ce mot ultime choisi avec autant de soin que l avait t le mot initial appelle un grand nombre de remarques Abracadabra est d abord un mot de onze lettres B Magn a su montrer l importance du chiffre 11 comme marqueur autobiograpique dans l criture perecquienne ce chiffre est en relation avec la disparition de la m re Telle qu elle est pr sent e dans certains ouvrages la formule fournit un des premiers exemples de ce que TOu lipo appelle une boule de neige fondante 158 ANTECEDENTS Abracadabra est traditionnellement expliqu comme tant l origine une formule magique cens e apporter la gu rison de certains maux Mais un double examen tymologique d abord phonique ensuite permet d aller loin L examen tymologique ouvre deux voies moins contradictoires que compl mentaires 1 On peut reconna tre les
193. ant un jeu de langage parmi d autres L imitation stylistique fait partie de ces jeux d s lors qu elle consiste non plus reprendre l identique les figures d un auteur v n r par strict mim tisme pour leur faire assumer la m me onction et moins encore tourner en fonct t t rision leur syst matisme comme d l t mat c est le cas dans la plupart des pastiches mais user de l conomie g n rale du texte pour les investir a posteriori de fonctions nouvelles ou pour en r v ler les fonctions occult es insi iciperont elles au m me titre A art t ell tit que les clich s et la polys mie du exique ce bouleversement progressi 1 boul t f du sens qui demeure l objectif essentiel C est dans ce sens que le dernier roman de Jean Lahougue Le domaine d Ana se r f re Jules Verne 1 1 Un renversement litt ral Le domaine d Ana est en fait pris dans un dispositif textuel d une tout autre envergure D veloppant en effet un principe explor dans Histoire naturelle la derni re des quatre nouvelles de La ressemblance et autres abus de langage Jean Lahougue a imagin un syst me de d rivations multiples qui permet d obtenir partir du livre 223 entier ou de certaines de ses sections plusieurs autres textes Ces d rivations s effectuent gr ce un ensemble de r gles que d voile le cahier des charges du roman et dont voici les premi res La lecture
194. apidement ces intercalations Et si les parties de piste qui leur correspondent en paraissent d autant moins longues je ne peux m emp cher de penser qu une prise de vues diffus e en acc l r parviendrait plus simplement au m me r sultat L preuve de saut en longueur compte galement quatre phases la course d lan dont la vitesse d termine celle du saut l appel qui permet de quitter le sol en prenant appui sur la planche situ e au d part du bac sable la suspension qui offre la possibilit de sauter en ciseau ou en extension mais dont j ignore laquelle des deux r alisations remportera le mieux l adh sion du jury la r ception enfin qui d signe la position obtenue lors de la chute sur le bac sable L preuve ainsi d compos e m appara t d un genre hybride car une prise de vues qui ne donnerait aucune image d ensemble du stade mais ferait seulement assister la d couverte graduelle de chacune des preuves pourrait faire passer la phase d lan initiale pour une course de vitesse La longueur de piste qui me semble ici encore l g rement surdimensionn e me conduit d ailleurs acc l rer cette premi re phase puisqu il ne m est a priori pas possible de rectifier la vitesse des trois suivantes malgr la r gularit croissante que je cherche leur imprimer Parce qu elle est l preuve qui laisse le moins de place l initiative la course de vitesse n est ce titre
195. arajah d AI Kantara va Barrabas scanda Andras Alas alas ahanna Max clam ant Andras MacAdam Alcatraz Armand d Artagnan avan a dans sa saga cravatant l anar Abraham Hawks Rabat passant tabac Clark Marshall Jaffa scalpant Frank Madman Santa Campana Malaga fracassant Baltard canardant Balthazar Stark Alma Ata Kazakhstan massacrant Pascal Achard Gra nada cachant l Aga Khan dans sa Jag Macassar acclamant la Callas la Scala gagnant la canasta Djakarta dansant sambas javas czardas raspas cha chachas Caracas valsant Bandar Abbas adaptant Franz Kafka l Alhambra Gadda PAlcazar Cravan Tzara Char Ba Ta Clan Hans Fallada Harvard paraphrasant Chaban Cajarc calfatant yachts catamarans chalands Grand Bassam sablant ras hanaps cramant d Ayala allant dans sa Packard d Atlanta Galahad s Ranch Kansas lampant schnaps grappa marc armagnac marsala avalant calamars l ananas tarama sans safran gambas cantal clams d Alaska chassant pandas Madagascar chantant mal Bach Brahms Franck Santa Barbara barman Clamart wattman Gand marchand d abats Panama d agar agar Arras d hamacs Carantan charmant Ankara la vamp Amanda la star dans T was a man as fa as Caracalla catchant Marmara dans la casbah d Akb r nabab d Agra grand flambart passant d anthrax nasal sans mal tard tard dans sa datcha Karl Marx sta
196. ard de la langue et de ses clich s et non plus l gard de cet autre emploi de la langue qui a nom po sie Quaderno a bien compris et l exemple de For mules n y est peut tre pas tout fait tranger que la po sie a tout gagner se r clamer d une nouvelle lisibilit laquelle n est pas sympt me de facile transparence mais de pacte nouveau avec le lecteur Les textes m mes ras sembl s dans ce num ro vont d ailleurs plus loin que n annonce le court mani feste liminaire loin de se contenter de faire bloc tout en s ouvrant les unes aux autres la plupart des contributions sont aussi de v ritables commentaires soit qu elles pr cisent en leur sein leurs propres principes po tiques soit qu elles s av rent des lectures directes d autres textes Il convient ici de men tionner la tr s belle analyse d un po me de Cl ment Marot par Christian Prigent qui d montre combien il est fructueux de lire ce texte comme s il avait t crit par Ponge entre autres En g n ral le souci du dialogue avec le pass souvent antique du reste est pr sent tout au long des pages de la revue et sous les plumes les plus diverses et aussi les plus prestigieuses ce qui n est pas forc ment de mauvais augure pour une jeune revue m me si c est peut tre se donner la victoire un peu facile En m me temps Quaderno accueille aussi des po tes qui parvien nent dire non moins le tr s co
197. arfum es que l ambre et dont les couleurs charment tout le monde Parlons des toffes propres parer les belles personnes et dont les autres usent de m me avec un assez pauvre succ s 3 Extrait de Y Anthologie des Lettres de femmes du XVI si cle nos jours par Henri Guyot Librairie Delagrave Paris 1923 115 PROSES A CONTRAINTES lan Monk Mum s Apple Pie A life s spent battling My dreams began and ended together imagi ning company crunching pie up and framing your coffin So twenty days ago you arrived for my private Christmas party Friendship is pleasant although love s dithering madness I rather foolishly had requested something you thought weird a gracefully lined vibrator of reinforced aluminium Exactly what gentlemen need when tying teenagers up you proclaimed sweetly Replying I stated that Amusements can not be strictly sorted No whatever fantasies instigate develops across an infinit irrational arc Real cr ation is rigid yet free Am I monster Eccen tric guests drained cocktails designed by a dead American trombonist stuf fing exotic foods a set of decanters on the ancestral tables around snug set tees containing luxuriant old playboys Okay that sounds reasonable Evi dently logic never transcends truly whatever is in you A mindset of flesh you japed delighted This implicated whenever I am inspired then absurdly I m a drifter Your laugh resembling a
198. artie de son sens Plus tonnant encore l ajout du moindre mot suffisait gauchir le texte lui donner un tour empes presque grandiloquent Goulitschian essaya de montrer que Zu aurait pu pousser son projet plus loin encore Il composa sa propre version de Z brures en n utilisant que 1140 mots soit 260 de moins que Zu Mais qui a pris la peine de comparer ces deux versions rep re ais ment les proc d s employ s par Goulitschian style t l graphique psychologie rudimentaire dialogues l emporte pi ce etc On voulut conna tre l auteur il ne se montra point On interrogea son diteur Maximilien Zu vivait sur un petit p cule qui lui venait d un h ritage Il go tait la litt rature se consacrant jour et nuit la besogne Il donnerait sous peu un second roman dont il disait lui m me qu il rel guerait Z brures au rang d bauche Ce roman arriva deux ans jour pour jour apr s le premier Ce fut Splendeur qui s tend sur cinq pages et mille mots exactement De l aveu m me de son auteur il s agit d un hymne la civilisation babylonienne qui s orchestre autour d une f te laquelle prend part une foule bigarr e et superbe L encore la critique fut divis e Splendeur engendra des positions si extr mes que la lecture des journaux de l poque nous met encore mal l aise Ceux qui fustig rent Maximilien Zu se virent d savouer par le verdict du temps certains s taient ce poi
199. as 163 Avant tout il nous faut abolir un quiproquo Arnaud a dit nous l appuyons qu il y a li po mais qu il n y a pas li ou Oulipo p 11 Or s il n y a pas li ou quant Arnaud il y a pourtant un colossal corpus l Oulipo Un Anglais dirait Many many books so many books Alors pouvons nous toujours nourrir l illusion qu il n y a pas li ou Oui disons qu il n y avait pas li ou la parturition du club L association lavait dit haut fort son initial mandat consistait fournir un lot d outils scripturaux mais non pas un corpus Un mandat clair un fait pas si paradoxal qu il y para t on va voir pourquoi Mais aujourd hui huit fois cinq moins un ans plus tard pourquoi n allons nous pas analysant la production d Ou lipo tout loisir l instar d un non contraint scriptural l instar d un Vian d un Michaux ou d un Aragon ou pourquoi pas Jarry Allais Cros Isou Butor ou au Canada Miron Sol Simard Mistral Donc nous incluons au produit d Oulipo son contraint scriptural Nous souhaitons qu il soit lu sans avoir toujours barrant sa signification pis faisant d un contraint son signifiant final Nous craignons pourtant qu ouvrir tout produit d Oulipo hors son contraint pourrait voir Oulipo choir dans un statut marginal Mais non car nous proposons du diapason dominant qu il soit pris pou
200. ateurs de citations Ils burent Shakespeare pouss rent trois hourrahs Pendant qu il versait une nouvelle ration ils La structure m me du roman est entrelacement des deux formes po tiques encore concurrentes dans la France de l poque elle c l bre leurs noces ph m res Le personnage pisodique d Emiliana Assa en offre plusieurs clefs avec la r f rence au sonnet et la sextine et plus pr cis ment aux 66 sonnets en vers rapport s Car le roman comporte 6 parties compos es de 66 chapitres ce qui d j structurellement fait r f rence la sextine Tout serait simple si chaque partie comportait 11 chapitres on parlerait alors d une sextine sur la base de strophes de 11 chapitres Mais seules la premi re et la derni re parties comportent effectivement 11 chapitres et le m me nombre de pages une pr s la seconde en compte 14 et les trois suivantes 10 seulement sans doute pour que l ensemble pr serve cet quilibre qui vaut r f rence la sextine de 66 Il y a donc dans cette deuxi me partie 3 chapitres en trop Ce qui nous conduit au chiffre 14 qui vaut son tour r f rence au sonnet En trop Les chapitres 23 24 et 25 selon nous le chapitre 23 celui des treintes qui se renouvelleront ETUDES D UVRES CONTEMPORAINES tous les 3 jours durant 3 heures des amants Efigenia et Simon le chapitre 24 celui o Simon recopie une se
201. ation Le bac sable continuant pivoter autour de son grand axe j ai en tout cas le temps de comprendre malgr la lumi re bleut e qui en rend l ensemble flou que l espace qui m appara t peu peu compose avec la partie que je connaissais jusque l du stade une sym trie parfaite autrement dit redouble tout en le renversant le volume d sormais hors de ma vue o je m entra nais 107 PROSES A CONTRAINTES Herv Le Tellier Quelques mousquetaires a a commenc comme a en remettant un peu d ordre dans ma biblioth que La t che tait d ampleur et je m y attelai sans tarder avec syst matisme et donc alphab tisme Allais Amado Apollinaire Les planches me semblaient plus encombr es encore que de coutume Je dus d caler la fin des A sur l tag re inf rieure Les villes dit on se d placent vers louest les tag res en Occident du moins poussent toujours vers la droite Pour installer Sartre Jean Paul et les suivants voire m me Queneau Raymond lui m me je devrais installer une nouvelle biblioth que Je ne m aper us de rien avant Cocteau Jean Un d tail arr ta mon lan classificateur je poss dais d sormais dans ma biblioth que un ouvrage au titre incongru L aigle trois t tes Je manipulai le livre sans comprendre Je n avais pas affaire un canular Qui aurait pu d coller la couverture originelle avec tant d attention qui aurait pris le soin d en c
202. ation mais a n appara t pas dans la citation Alors continuons dans l ardu raidillon nous avons dit ardu pas abstrus ni abscons ni obscur U safran Ronds divins du flot marin lit on l initial du sixain Nous touchons l au point crucial d un associatif troublant Nous savons tous qu un flot normal irait d azur clair ou brillant azur gri saillant passant par indigo Or ici nous avons un flot safran Pourquoi a Voil un frappant rapport Pouvons nous offrir la raison d un quasi oxymoron Ou alors l imaginatif troubadour voulait fournir l admiration d un couchant l astral corps br lant son final sur Vlaplani flot calmant nos passions ou nos circumnavigations Voil la raison du safran accordons nous un bon point car un signifiant aussi incongru a court pas la strada Voyons pour finir O azur O fini tif Clairon lit on Finitif aussi nous confond car nous lirions plut t infinitif Un lapsus Non pas ni plus ni moins qu un avatar du fini mal soumis aux accords d aiguisoir mot opportun dans la citation Mais O voudrait aussi nous offrir l omicron un mini O rayon violin dans son Voir Voir ici rimant l initial noir du quatrain Du noir au voir Nous nous soir au rayon saurons au jour dit ta vocalisation oui nous tautologisons mais nous insistons souhait sur Pondulant par 165
203. atuit que cer tains d noncent comme le contraire d une r elle expression po tique constitue une haute exigence intellec tuelle Nul doute que les 416 Heptasyl labes se situent dans cette perspective trac e par Jan Baetens dans son essai L thique de la contrainte Le recueil est compos de huit po mes ou groupement de po mes qui empruntent tous le mod le de versifi cation annonc par le titre Un titre important qui non seulement focalise l attention sur le crit re d identification de la po sie qui peut appara tre comme le plus formel et le plus traditionnel le comptage des syllabes de chaque vers mais redouble cette dimension arith m tique du fait po tique en sugg rant que le nombre de po mes et le nombre total de vers ne sont pas n gligeables et que le tout ob it de subtils r glages Tout se passe comme si l au teur voulait s interdire tout ancrage th matique et r f rentiel attirant par l l attention de son lecteur sur le travail des mots davantage que sur l mer gence d une parole trompeusement transparente qui ne serait que l expres sion d un lyrisme convenu La po sie se d clare se revendique avant tout comme forme HORS DOSSIER Il n est ainsi pas indiff rent que le refus de l panchement du Moi semble s afficher d s les Stances de l ombre qui inaugurent le livre L ac tivit po tique y est plac e sous les auspices d une Plume oisive
204. au m re muscari nu es saumon ou ros es sous v nus encr e mars rocou un an encore sera sass cerise aura avec ce vieux m ric un nouveau n norme cornu assassin aussi car cerise mourra sa naissance avec cris maximaux mac invem secou un nourrisson nourrir en mains se remariera au soir m me avec une ni ce ness miss rose mac ross une nourrice morne saveur cre marasme amer soucieux n vros m ric crivain sans succ s associ ruin ami circonvenu s en ira mourir un soir se noiera en ces eaux moi sies ciao marin une me vaurienne en moins cric crac croc mmm mmm mmiam miam m ame rose sa veuve morose consommera vivace avec assurance son coriace morveux cm mais minc marin au romarin avec mousserons servis sans sauce suivra son menu une cr me renvers e aux cerises avec un vin cors en souvenir savoureux ce r ve ceris en non un ouvroir renomm 133 PROSES A CONTRAINTES ric Sadin 7 pr sentation 4 7 est la marque d une proc dure qui articule un nombre d termin de param tres sp cifiques amp h t rog nes gt tu auras d velopp la structure architecturale selon 7 S RIES DISTINCTES gt chacune compos e de 7 TEXTES gt exposant un R SEAU de 49 MODULES gt quelques HORS S RIES gt on inscrirait l ensemble des s ries sous le r gime d un R CIT PARTAG il les localisait sur la 7
205. aurais tu pas plut t un blanc cassis Un kir p 166 D Art musical plut t rural Nous allons voir y a t il par ici un tuba ou un buccin un baryton saxo ou un clairon un biniou ou un tam tam Non mais il y a un cor dit la Squaw qui prit sur un lutrin voisin un olifant un vrai bijou mi airain mi laiton qui datait d au moins l an Mil p 230 5 Outils fins Un brunissoir corbin ou un poin on gabarit un harpin un taquoir un rossignol siphon un ourdissoir trusquin un faucillon un hoyau un mandrin d avant clous sans pingouin ni astic p 277 On voit qu il s agit pour la narration non pas d aboutir la conviction d un savoir total car il y a ici ou l omission mais qu il s agit d offrir un lot plut t ludico savant Au vrai il n y a pas qu l occasion du brillant roman qu on voit s ouvrir la saturation mais nous dirons qu lOulipo il y a quasi partout l illustration du souhait d optimisation par la saturation donc a fortiori dans La Disparition Concluons glosons donc sur nos trois propositions du postulat introductif point par point A Un primat du signifiant Nous avons vu qu Oulipo fait au signifiant au support acoustico pictural du mot un sort plus grand qu la signification Mais nous n insinuons pas pour autant qu Oulipo soit insignifiant Nous avons vu dans Vocalisations puis d
206. ays imaginaire de la litt rature enfantine les ab c daires Nous en citerons deux qui sont magnifiques sonnet nervalien voqu e plus haut se cl t pr cis ment au chapitre 35 L Enl vement d Hortense parut en 1987 Beaux Inconnus en 1988 5 Beaux Inconnus p 182 Le texte pr cise que quatorze Si ges taient dispos s autour de la table nous soulignons N Roubaud L Enl vement d Hortense chap 35 r d Seuil coll Points 1996 p 270 7 Ibid 38 L Carroll La Chasse au Snark d cit V 4 232 L alphabet gourmand de Paul Foumel et Harry Mathews Seuil Jeunesse 1998 Des photo montages pr sentent de petits personnages en p tisserie de Philippe Tissot qui symbolisent les lettres de l alphabet latin Et pour chacune d elles deux crivains deux critures contraintes piennes en deux langues Tautogrammes pour consonnes lipogrammes pour les voyelles font font font les po mes de Paul Four ouli sans traduction les ETUDES D UVRES CONTEMPORAINES nel Boules de neige calligrammes et un po me en triple acrostiche telles sont les contributions suppl mentaires d Harry Mathews Le tout est somptueux destin autant aux adultes qu aux enfants C est bourr de clins d il au p re Ubu par exemple c est plein de rythme de rimes gourmandes et a donne faim de po sie A consommer sans mod ration En toutes lettres ab c d
207. b 191 PROSES A CONTRAINTES d abord d aboutir des pou pourrait avoir un pouvoir des voir avoir un pouvoir et celle avec plusieurs voyelles en association de la consonne d disons d un mot sur la fa on du roman d aujourd hui Or cela il est loisible de le saisir d une fa on moins vague En textique et avec les concepts stipul s plus haut il est possible de pr ciser qu il s agit ici de situations transparitives puisque chaque fois est l uvre le couple d un diaph rochorisme et dun diaph romorphisme Un diaph rochorisme Oui sous les esp ces d un parachorisme puisque les occurrences en cause se trouvent voisiner Un diaph romorphisme Oui sous les esp ces d un isomorphisme puisque les occurrences en cause sont identiques Bref l crit est investi de profuses s ries transparitives selon des parachorismes en on en dab en pou en voir en d D s lors sous l angle structural sit t se pose bien s r une premi re question connexe ces couples transparitifs sont ils li s un couple accr ditif Ou si l on pr f re les transparitives s ries en vigueur seraient elles comme les rimes tout la fois ind pendantes de l ortho repr sentation et int gr es elle La r ponse est imm diate aucunement En effet elles ne sont pas ind pendantes de l orthorepr sentation car l invers
208. bjet Mais cela il fallait savoir le voir La M tamorphose l uvre refl te ainsi le plaisir d une lecture la fois h doniste et rigoureuse sans cesse agr ment e par l humour dont t moigne l criture ovidienne Avec elle se manifeste une composition po tique d une tonnante virtuosit et d une frappante actualit Pour Tron chet elle semble m me par certains aspects pr figurer les recherches du vingti me si cle celles d un Francis Ponge sur la repr sentation d un objet travers les diff rents tats d un texte ou encore l interrogation des nouveaux romanciers sur les ressources et les apories du r cit Ces r cits de m tamorphoses dont Ovide a tir son uvre majeure restent capables apr s deux mille ans d exer cer un puissant attrait sur le lecteur moderne Dans l tude de Gilles Tron chet les lecteurs sont conduits vers une approche renouvel e m tamorphos e des M tamorphoses J V A propose de Paul Braffort Science et Litt rature les deux cultures dialogues et controverses pour l an 2000 Diderot collection Le Jardin des Sciences 1998 315 pages Pour m moire Paul Braffort est l elfe touche tout qui suivit les cours de Gaston Bachelard qui enseigna sans se f cher le lemme de Zom Boris Vian qui fut soup onn par la DST d tre un espion venu du froid la suite d un canular de Francis Blanche qui lan a les bases de l
209. c Adam est riche de bien d autres suggestions port es par le pr nom autant que par le nom Andras d abord tre analys comme un mot valise une contraction du pr nom fran ais Andr et du mot as ce qui signifierait donc Andr est un as Or Perec nous dit plusieurs reprises qu il a longtemps cru que son p re s appelait Andr Ce pr nom qu il juge sympathique est donc charg d voquer ce p re aim et admir comme un as Ce que confirment les nombreuses r f rences 7 exactement au pr nom Andr dans Je me souviens Andras peut aussi tre analys comme la forme hongroise d Andr surprenante au premier abord cette forme s explique si l on veut bien se souvenir de ce que Perec dit de son nom de famille explicitement rattach au hongrois Il est donc clair qu Andras a quelque chose voir et doublement avec le nom du p re Par ailleurs notons tout de suite que ce pr nom est form partir du mot grec avip qui signifie homme ce qui renvoie au man du titre Qu en est il maintenant de MacA dam Il s agit on le sait d un nom cossais compos de l l ment Mac qui veut dire fils et du pr nom Adam Or Adam est un nom qui en h breu ne d signe pas seulement le cr dule et mall able poux de la trop persuasive Eve ou l expuls du Jardin d Eden mais qui d signe aussi l homme en g n r
210. ce champ en question est triplement subverti La r f rence au Livre de l Origine nous livre l origine du Texte que nous allons lire Le peint comme irruption bienfaisantes recr ent un monde le livre oppos au champ de la st rilit de la s cheresse rassise re oit ici le sens de l adjectif sec comme du pain mais le verbe utilis dans relevez les D luges la fin de T avant dernier paragraphe montrera qu il s agit aussi d une id e qui s est assise araign e d luge est d eaux qui nouveau au sens d un affaissement apr s les grandes exaltations de l inspiration Des obsc nit s y sont habilement masqu es toutes ici renvoient au p ch de Sodome ch ti e par un d luge de feu et n apparaissent la lumi re diluvienne qu au terme de terribles soirs d tude comme l affirme le texte intitul Mouvement o Rimbaud ne s amuse pas peu de l h ro sme de la d couverte Dans ce champ lapparition du li vre comme livre ne surprendra que ceux qui ne comprendront jamais qu il e t pu tout aussi bien s agir gr ce Panglais d un bouc De plus le d luge a eu des effets si d vastateurs tout est d sormais si 174 cach enfoui qu il est difficile pour une hy ne d y retrouver ses petits ou d entendre braire un ne dans les sainfoins pourtant dans le texte suivant Rimbaud n h
211. ce qu accr dite d une part chez le premier un irr cusable penchant et pour les rimes rares celles disons redoubl es des sonnets en ix et pour les rimes riches celles disons que multiplie La prose pour des Esseintes d autre part chez le second une attirance pour les lipogrammes 190 multiples ceux disons d Alphabets qui l affaire tant aggrav e nul ne l ignore d une redoutable astreinte s rielle proscrivent chacun m me si les moins fr quentes dans l crit fran ais chaque fois quinze lettres Un frein la logique de l astreinte Oui Toutefois avant de le faire saillir mieux vaut intercaler certaines pr cisions quant aux vices dont peut souffrir un crit surcontraint Si Ton envisage les failles que peut subir un exercice rigoureux des contraintes force est d admettre vite qu elles se divisent en deux les d fectuosit s principales les d fectuosit s lat rales Les d fectuosit s principales Oui celles videmment qui pourraient affaiblir la vigueur de la contrainte en cause Ainsi s agissant de la rime l irrespect qui serait advenu si le sonnet de Mallarm avait offert par exemple au vers dix l occurrence Entre elles de clart s ma tresses a paru Ainsi s agissant du lipogramme l irrespect qui serait advenu si la phrase de Perec avait fourni par exemple au d but l occurrence L ambition du scripteur Or
212. chef est plein de poux Tu sens le chou Tu n a plus que la peau et les os peu ou prou Tu es long tel un jour sans pain Tu es un vrai fil de fer qu on tord dans tous les sens Tu te dis que tu ne vaux pas cher mais pas cher du tout que tu ne vaux pas un clou Tu ne vas plus aux W C Tu ne peux plus chier et en plus tu as peur de choir dans le trou Au fond d un tel cul de sac tu ne t en sors pas Tel est ton sort Tu es tout seul loin de tout Au pied du mur Le ciel est bas et lourd C est le spleen C est le blues C est la fin La der des der Tout fout le camp Mais tu t en fous Tu n en fais pas grand cas Tu t en bats les flancs Tu t en bats l il Le corps nu de ta mie dans ton lit ses doux seins sous ta main ne te dit plus rien Et tous ces jeux qu on fait deux le soir et tout au long de la nuit et au saut du lit Le zig zig le kiss kiss le tac au tac Nib de nib Des clous ne te fait plus rien Peu t en chaut ne te fait plus ni chaud ni froid Ton zob pend tout mou Tu ne peux plus Tu as les noix d un vieux schnock T es pis qu un b uf pour ta meuf Pour ce qui est de jouir tr s peu pour toi Au lit tu dors Un point c est tout Et pas bien Tu es dans de beaux draps Au vrai fait un bon bout de temps que tu ne dors plus et c est l o le b t fait mal Car dans le noir tu vois des rats De gros rats de tr s gros rats de tr s tr s gros rats Tu
213. cifi es de mani re principale sur le param tre de la place et subsidiairement sur le param tre de la forme Ton stipule qu il s agit de caco hypotaxo parachoro tex tures isomorphiques vis 5 Contraintes corollaires Ces pr cisions ayant t fournies le moment semble venu premi rement d tablir une conceptualit ad quate pour la coercitive logique en jeu et deuxi mement de nourrir d une argumentation l hypoth se hasard e plus haut son endroit selon laquelle rappelons le une attention fascin e par la contrainte pourrait bien constituer d une part un frein son d ploiement et d autre part un sympt me de sa sous estimation La conceptualit ad quate Voici quel para t devoir en tre l essentiel une astreinte principale implique g n ralement comme sa correspondante organique une astreinte li e qui en r gle les c t s D s lors s agissant de l crit il semble sous b n fice d inventaire prudent d envisager toute ventuelle astreinte suppl mentaire comme en fait un syst me double avec d une part l astreinte proprement dite que l on peut nommer contrainte majeure et d autre part son astreinte li e que l on peut nommer contrainte corollaire Un frein au d ploiement de la contrainte Voici quel semble son principe l crit a ses raisons que le pur faire ignore Sous cette vue et tant qu il ne b n ficie point
214. claire Si seulement j avais le temps et si vous tiez intelligent Mais il reste beaucoup dire encore NOTES LP Lartigue La Jolie Morte Paris Stock 1995 p 15 P Lartigue L H lice d crire Paris Les Belles Lettres 1994 p 284 3 P Lartigue Beaux Inconnus Paris Gallimard 1988 p 183 4 Respectivement essai Paris Gallimard 1992 et roman 5 Respectivement essai on dirait mieux parcours litt raire Paris Hatier 1990 et roman Le chapitre 47 leur est enti rement consacr et constitue une r criture vidente de Flaubert On peut y voir des doubles de P Lartigue et Blanchemain tout particuli rement lui qui aime surveiller la lente laboration des daubes qui pense que les Arts ne peuvent s carter sans dommage du chiffre sept qui le verre la main ponctufe de petites gorg es sa conf rence sur les op rations culinaires et touillant les sauces voqu e les cat gories les modes fondamentaux p 172 ainsi qu a pratiqu autrefois P Lartigue lui m me 7 P Lartigue Ce que je vous dis trois fois est vrai Marseille Ry an ji 1982 titre emprunt La Chasse au Snark de Lewis Carroll 8 p Lartigue Beaux Inconnus op cit p 178 La litt rature que tout le monde lit est illisible la bonne ne touche qu un nombre infime mais Thomas se refusait croire qu il en tait ainsi depuis toujours Un go t disait
215. cle deux trois quatre et des huit 8 8 8 Cela dessine un lima on Le cheval est une plume dans ses jambes et pour finir il crit sur le terrain un e majuscule l initiale d Efige nia ibid p 73 74 c est P Lartigue qui souligne Comme plus haut la dix neuvi me ou la premi re dans La Jolie Morte voir note 11 Beaux Inconnus p 236 2R Desnos Rrose S lavy 107 dans Corps et biens Paris Gallimard 1968 coll Po sie Gallimard p 43 Beaux Inconnus p 219 Est ce un hasard si la reprise du Chantal Robillard La litt rature enfantine fran aise contraintes panorama contemporain Il tait une fois donc la litt rature enfantine contraintes Les fondateurs de la pr sente revue n ayant pas donn leur d finition de la contrainte ne comptez pas sur nous pour nous risquer cet exercice Disons simplement qu elle est l h ro ne de ce que l on vous conte ici m me Nous nous contenterons d ajouter que nous incluons pastiches et r critures de textes dans cette dite contrainte Toute personne s y tant attel e comprendra pourquoi Enfin nous n tudierons sauf mention sp ciale pour m moire que les vivants donc que l on peut rencontrer faire intervenir aupr s des enfants qui l on peut demander des comptes auteurs Ab c daires Or donc il tait une fois l aube de l humanit c est dire au p
216. comme gens s rieux Le projet de M Lapprand est double d gager les op rations 260 majeures qui g n rent les textes s in terroger sur les parcours de lecture que proposent ces textes crits sous contraintes Autrement dit il s agit d interroger tout la fois la production et la r ception V criture et la lecture des textes Le critique insiste sur le second point qui constitue l aspect le plus novateur de sa d marche Il lui para t capital de consid rer les textes ouli piens comme des uvres part enti re offertes toutes les entreprises ex g tiques toutes les formes de discours interpr tatifs et non pas comme les simples applications de dispositifs for mels ces po mes v hiculent une charge affective motive qui ressortit au connotatif et qui ne saurait trouver d explication au seul titre d une mani pulation acrobatique de lettres syl labes mots ou syntagmes En postulant une lisibilit des po mes oulipiens d signation peut tre un peu rapide qui m rite une dis cussion th orique le critique pose avec acuit le probl me pineux du sta tut de la contrainte Nous proposons que tout texte oulipien est lisible et que quel que soit son degr de lisi bilit une lecture intelligible en est possible l cart de la contrainte qui l a g n r En effet on sait que beau coup d oulipiens mettent l accent sur l laboration des con
217. compl te plut t d une mani re heureuse Ainsi on ne peut qu tre s duit par la tr s belle tude que M Lapprand consacre La Cl ture recueil dont il souligne le poids autobiographique gr ce au rep rage de ses th mes et champs lexicaux dominants la mort l agonie le silence le vide fondateur de l exp rimentation po tique En sui vant une voie qui lui est propre le cri tique rejoint bien involontairement si l on en croit ses d clarations ce sujet les conclusions de B Magn sur le marquage autobiographique des textes perecquiens ce que Magn nomme l autobiotexte perecquien Plus g n ralement M Lapprand voit dans la pratique de l h t ro gramme une aporie inh rente au lan gage la r alit ne peut plus tre que balbuti e son inintelligibilit exige qu un nouveau langage po tique lui soit consacr Cette interpr tation philosophique de la po tique ouli pienne n est malheureusement pas d velopp e Sans doute se r v le ici une des limites de l essa La volont affich e par l auteur de ne pas entrer dans de trop complexes consid rations intellectuelles semble lui interdire tout dialogue des produc tions oulipiennes avec les autres crits th oriques et litt raires des ann es soixante alors m me que ce dialogue aurait permis de mettre en perspective les pr suppos s du travail scriptural oulipien Le constat de l inintelligibi lit du mo
218. comprim s Elle les avalait bruyamment Elle reposait le verre sur son chevet Puis elle s installait contre ses oreillers avec un livre dont la tranche craquait Je l entendais tourner les pages Quelque temps plus tard j eus une insomnie qu elle gu rit en musique Elle avait des disques vraiment excellents Je ha ssais l aspirateur le robot le lave vaisselle les sorties d cole les Klaxons les sir nes les vols trop abondants de martinets piailleurs Parfois je lui criais qu elle ne me respectait pas je lui disais d teindre la radio parce qu elle me volait son bruit Et quand elle se lavait les cheveux j en profitais pour sortir un quart d heure parce que le s choir produisait des parasites terribles dans mon amplificateur de fortune Pour son anniversaire je lui avais achet un disque de Juliette Gr co Je lai toujours C tait pour la chanson qui dit Un petit poisson un petit oiseau s aimaient d amour tendre mais comment s y prendre quand on est dans l eau Le soir il nous arrivait de regarder la t l vision Ce n tait pas v ritablement par go t mais il fallait inventer autre chose que la lune le soleil et les quelques toiles que nous savions situer tous les deux pour que nos regards se rencontrent sur une m me image Des soir es enti res parler Et puis elle avait sommeil Je me faisais trop pressant Elle me repoussait Tais toi je dors Ce soir ne me contra
219. court fragment d un po me proven al consacr aux exploits d Alexandre Cest dans la vie d une jeune fille un moment d cisif que celui o faisant acte de volont s rieuse pour la premi re fois elle va se mettre en opposition d clar e avec sa famille Ne me r veillez pas nom de Dieu salauds ne me r veillez pas attention je mord je vois rouge Quelle horreur encore le jour encore la chiennerie l instabilit l aigreur L homme et la femme ont tendance consid rer toute plante si mesquine soit elle comme une r serve d nergie vitale Voici la petite monnaie d un chec o l auteur fut accul dans son projet d crire un livre Compatir au malheur est un penchant naturel normal chez tous les hommes mais plus normal chez ceux qui ont obtenu d autrui le r confort auquel ils aspiraient Que c est une douce satisfaction pour un c ur d tre d sabus des vains plaisirs des amusements frivoles et des volupt s dangereuses qui l attachaient au monde Ce livre a pour sujet le temps C est une faiblesse dira t on que d exposer au pr alable le sens d un crit et a fortiori celui d un roman laissez au lecteur le soin de d couvrir ce que votre habilet veut lui sugg rer Sinon vous semblez douter de son intelligence ou de l efficacit de vos moyens Comme je ferai toujours grand cas de votre jugement lorsque vous pouvez vous instruire de ce dont il s agit je veux fai
220. craindre le pire Enfin il sortit de son silence et demanda que l on convoqu t les m dias Il re ut les journalistes tout de noir v tu Il refusa de r pondre aucune question puis annon a qu il allait faire une d claration et fit brancher micros et cam ras Il ne pronon a qu une phrase mais en en d tachant tous les mots Ce monsieur Borges n est qu un pisse copie Borges ne s en remit jamais A quarante huit ans Zu d cida de se consacrer la r daction de son uvre ma tresse une grande trilogie romanesque La futilit de ses pr c dents sujets le d go tait Dans un acc s de cynisme il traita Quadrille d amusette Il se croyait aussi investi de responsabilit s nouvelles du fait de sa r cente distinction il devait parler de l homme en tant qu homme aux autres hommes Il d cida alors d clairer le destin d un de ses cong n res de sa naissance sa mort Pour cela il cr a de toutes pi ces un personnage qui allait devenir son h ros Z Mais si ambitieux qu il f t d j le projet ne satisfaisait pas pleinement Zu qui souhaitait lui ajouter une dimension suppl mentaire Il se piqua galement de donner avec sa biographie de Z un aper u du cheminement de l humanit C est ainsi que Z enfant est un primate Adulte il devient pr sident des Etats Unis d Am rique Vieillard il volue toujours sur la Terre mais dans un monde futuriste devenu le centre d un
221. crire comme alternance de la ferveur tout coule et de laccablement tout s ass che Avant le D luge r gnait donc la s cheresse le calme plat d une mer d huile immobile tale Dans la grande rue sale les tals se dress rent et l on tira les barques vers la mer tag e l haut comme sur les gravures Mais l crivain dressant des tals pour conjurer la fatalit tale arrachant donc cette vacuit quelque chose qui lui ressemble a tir ses barques sans aucun espoir de p che miraculeuse De plus comme l adjectif sale est souvent associ la mer pour Rimbaud cause de son oreille latiniste et de son go t pour la m tony 176 mie pernicieuse sal salis sel il embl matis la st rilit que dit d j l arr t du mouvement des vagues tr s vocateur du rapport sexuel La s cheresse du moment sage comme une image la pesanteur des gravures n a donc pas emp ch Rimbaud d crire de tendre ses filets pho nico s mantiques et il en a t r compens Le sang coula chez Barbe Bleue aux abattoirs dans les cirques o le sceau de Dieu bl mit les fen tres Le sang et le lait coul rent Notons d abord Pinsistance sur le verbe CoULer dans lequel il est tentant de mettre en vidence l anagramme Le d luge est jaillissement dionysiaque du sperme repeint ici aux couleurs du sacr tym lat de sceau sigellum o peut s entendre l
222. ct de la contrainte dans un texte concret La Disparition par exemple Dans un premier temps survient Y action m me d crire le lipogramme en utilisant uniquement des EDITORIAL mots sans e Dans un deuxi me temps il s agit du r sultat de cette action le lipogramme proprement dit qui en est la trace objective et objectivable le texte sans e de La Disparition Mais celle ci ne peut tre v ritablement reconnue que par une grille de lecture qui nous permettra de percevoir l absence de la lettre e dans tout le texte Autrement dit la contrainte d criture le proc d de production du texte appelle une contrainte de lecture le proc d de r ception du texte qui s exercent toutes deux sur un support objectif le texte contrainte Dans un grand nombre de cas la coh rence et l interd pendance de ces trois aspects du devenir du texte contraintes contribue masquer leurs diff rences et brouiller les possibilit s d une d finition globale des ph nom nes li s la contrainte Par contre l int r t de notre triple distinguo appara t clairement dans le cas de textes que l on sait construits gr ce un proc d d criture mais dont aucun proc d de lecture ne saurait en retrouver la trace car celle ci a t limin e pendant l une des tapes de ce m me proc d d criture L un des exemples majeurs sont les Impressions d Afrique dont seules des r v lations
223. ction en France 79 rue Manin 75019 PARIS Courrier lectronique bernardo schiavetta wanadoo fr Site Internet http www2 ec lille fr book formules Responsable du site Philippe Bruhat Directeurs de la publication Jan Baetens et Bemardo Schiavetta Conseillers la r daction J D Bertharion Daniel Bilous Rosalba Campra Eric Cl mens Didier Coste Pascal Durand Jean Lahougue Guy Lelong Mireille Ribi re et Michel Voiturier Envois publicitaires Laura Schiavetta jr ion t Culture Reflet de Lettres 1999 Minist re Pour les textes les auteurs 1999 Gallimard pour L Ann e Zu d A Bello ISSN 1275 7713 Direction r gionale des ISBN 2 8251 1235 6 PRE D p t l gal en France avril 1999 re G o 3 E Sommaire Editorial Dossier Proses contraintes Cr ations Alain Andr L archipel amoureux G rard Assayag L alternateur Antoine Bello L ann e Zu Jacques Bens amp Jacques Jouet Conqu te de l espace Paul Braffort Walter Henry Prose du Transfinitien Alain Chevrier Un gars qui a trop bu Eric Cl mens L Anna avec une introduction de Fran ois Bovier R gine Detambel C sar fit faire un pont Pascal Durand Incipits Patrick Flandrin Pas de fric pour Ange Pitou Michelle Grangaud Tristan Stein Pascal Kaeser Centon tir du n ant Guy Lelong Le stade Herv Le Tellier Quelques mousquetaires Madame de Maintenon Deux lipogrammes Ian
224. culaire vernaculaire Quand Baudelaire et Flaubert disent en m me temps ou presque r ver d une prose po tique ils supposent qu ils ne l ont pas cr e La prose po tique est peut tre venir mais une chose est s re elle n existe pas comme forme Cela aussi l crire me semble risqu mais bon Il y a des proses Il y a toujours la po sie ou elle r siste Quant au sonnet par exemple on pourrait dire ceci la volont de redonner vie une telle forme est au moins la preuve qu elle s est affaiblie en m me temps que le syst me prosodique m trique Je n cris plus aujourd hui que des vers brefs plus ou moins pairs qui doivent peu au vers libre C est aussi une r gle g n rale que la rupture avec la tradition quand elle existe ne peut tenir lieu de tradition Si j ai bien lu d ailleurs l inclassable n est pas un ou comme vers libriste dans la mesure o il est la fronti re de l hyperconstruc tion je vous cite M me s il y a une m trique al atoire de la prose les livres dont vous avez rendu compte sont d s le commencement soucieux de l Impair L Impair int ressant n est pas celui de Voltaire mais celui de La Fontaine de Verlaine et de Rimbaud Ils manifestent un constant souci d quilibrer les vers pairs et les vers impairs et m me car la question du e muet est rien de moins que d cisive de composer des vers
225. curs strat gie qui n est pas sans rappeler celle de La lettre vol e d Edgar Poe 171 mais on s en doute elle d bouche sur des donn es radicalement diff rentes S agit il d une reprise via les illuministes de la tradition du cryptage de leur enseignement par les alchimistes de l amertume d un crivain c ur par la pudibonderie et la censure de son si cle d une mise enjeux de la langue qui annoncerait l uvre d un Roussel d un d tournement pr situationniste des proc d s sot riques et d un happening textuel d une aventure spirituelle aussi br lante et lib ratrice que La Divine Com die Il ne peut tre question ici d interpr ter ce projet auto comment diversement par l uvre elle m me et susceptible de multiples recherches ni de donner voir la traque des ressorts hydreuse ment chiffr s mais de mettre jour la litt ralit du texte qui ouvre annonce et pr sente toutes les Illuminations Toutefois avant de s engager dans la mat rialit d Apr s le D luge en avan ant des choses aussi incongrues pour certaines oreilles que le mot LI VRE lev d s la seconde phrase contient et permet de comprendre le LIVRE lui m me s entourer de certaines mieux vaut pr cautions La fleur chez Rimbaud n a rien voir avec la pamasserie de ses contemporains et voque moins l absente de tous bouquets que la mise en uvre
226. cuser de paresse ou comme cela se murmurait jadis de complicit avec l id ologie dominante du facile et du lisible est probablement sans tre absurde pour autant une r action trop facile Vouloir emporter l adh sion du lecteur par le taux de difficult de certaines compositions ne l est pas moins Les exemples cit s par Camus montrent d ailleurs qu Etc ne vise en rien les crits contrainte dure Perec avec qui le Journal de Camus n est pas toujours tr s tendre fait ici l objet d un loge appuy Plut t est ce une bonne et saine dose d autocritique qui pointe dans des remarques comme celle ci P A pour lui tait d j une forme heureuse Malheureusement heureuse la cr ation et pour le cr ateur cette forme heureuse ne l est pas forc ment pour le lecteur car l impression et les exigences du support livresque lui donnent une apparence extr mement compliqu e sans doute rebutante plus d un id p 88 Bref Etc est un livre qui oblige penser tout autrement les rapports entre criture et lecture que nous envisageons d habitude de fa on trop similaire Renaud Camus nous force mieux penser non pas les modes mais les enjeux de l criture contrainte Lire un texte contrainte m me dans la lecture fort particuli re qui est celle de l auteur se relisant est tout autre chose que d en percevoir et d en appr cier les divers proc d s
227. d extraits des uvres suivantes e A Allais Le petit marquoir Prologue chapitres 1 140727 A Bello Eloge de la pi ce manquante Pi ce 48 L Carroll La Chasse au Snark Carte de l Oc an R Filliou Que faut il faire pour se perdre Po me collectif E Hubbard Essai sur le silence P Kaeser Centon tir du n ant e V Knight Les serpents de Hawaii un guide exhaustif et illustr faisant autorit sur les esp ces exotiques indig nes du 50 Etat des Etats Unis e M I Sogine Tout ce que l homme sait de la femme L Sterne Vie et opinions de Tristram Shandy Livre IX chap XVIII et XIX e Anonyme Un Livre de Rien 93 PROSES A CONTRAINTES Guy Lelong Le stade tous ceux qui ont exerc mon esprit au sport des lettres Mon but est non l ouvrage mais l obtention de l ouvrage par des moyens et ces moyens assujettis la condition de nettet de clart d l gance que l on demande en g n ral l ouvrage m me et non son laboration Paul Val ry Etablissement Un roman est le r sultat d un processus constitu de quatre phases La premi re souvent vit e est le concept Son propos est de d finir une id e de roman qui s attache en renouveler le genre Cens transpara tre la lecture finale de l ouvrage ce stade initial de l laboration peut galement faire l objet d un expos part enti re Georges Perec a ainsi publi so
228. d une D FLORATION aussi bien sexuelle que textuelle c est ainsi que plusieurs strophes et vers de Ce qu on dit au po te propos de fleurs annoncent le terrible frisson des amours novices sur le sol sanglant du texte H renvoyant via Hortense au nom savant de l hortensia qui est hydrang a Dans cette strophe Mais Cher maintenant C est la v rit de permettre l Eucalyptus tonnant Des constrictors d un hexam tre PArt n est plus il est difficile de ne pas voir le go t du jeune hell niste pour le bien cach de ce que lui dit cette fleur aussi bien travers son signifiant grec que dans sa r alit botanique de plus il est possible de d couvrir dans L Esprit au moins un constrictor d un hexam tre Hydre intime sans gueules L hydre est bien s r reli e l hydrog ne clarteux dans H car dispensateur de lumi re et l eau grecque encore du D luge qui devrait nous lancer de plain pied dans l objet de cette tude mais il n est pas inutile d insister encore une fois sur ce po me majeur qu est Ce qu on dit au po te o Rimbaud n a de cesse de narguer son lecteur comme dans la quatri me strophe Des Lys Des Lys On n en voit pas Il y joue homophoniquement avec d lices et jubile en ajoutant Et dans ton Vers tel que les manches Des p cheresses aux doux pas Toujours fri
229. dale refrain la bouche p tillement dans les yeux sueur aux aisselles grincement la cha ne attentive la rose des vents qui sur son guidon d signe par un parfum la direction suivre Ursule parvient enfin face une demeure mauve ouf dont la poterne a la consistance d un nuage et au flanc de laquelle une bulle de cristal semble jouer le r le de sonnette pour visiteurs impromptus Ursule pose sa b cane puis la main gauche sur la sph re et ferme la jalousie de ses paupi res attendant que le temps prenne possession de ses souhaits confiante en ce fluide qui mane de sa passion partag e Ursule n a rien vu ni senti et cependant la voici plus qu demi lucide tendue sur un sofa d algues heureuse berc e le regard perdu dans celui de l aim d sir quoique plus virtuel que pr sent Ursule ne per oit gu re de doute car dans ses veines elle sent couler une chaleur aussi vive que lorsque ses l vres se posent sur la bouche aux mouvants aveux vers quoi l a attir e son besoin d tre neuve Ursule fait silence puisque dor navant elle s en remet au pouvoir de l elfe mirifique dont les dons si multiples orchestreront pour son couple un espace et un temps confondus tellement pr cieuse bulle de vie hors des autres le G oma tre G oma tre engourdi dans le ti de des formules qu il pr pare en vue de r pondre aux clients abonn s par correspondance ne comprend pas imm diatement le tit
230. dans les litt ratures grecque et latine mais sans d f rer aucun mod le par ticulier car selon Tronchet les M ta morphoses transforment contestent et probl matisent leurs emprunts Ainsi l observation minutieuse du texte r alis e par Tronchet appuy e par les commentaires pr existants le conduit d couvrir sans cesse de nou velles pistes Pourtant le lecteur attentif ne risque pas de se perdre dans la profu sion quasi vertigineuse de donn es dans les circonvolutions d un po me que Tronchet soup onne d avoir t con u sur le mod le du Labyrinthe Implet innumeras errore uias en d innombrables passages il multiplie les raisons de s garer crit Ovide propos de D dale dont la figure est voqu e presque au centre des M ta morphoses comme une possible image de sa d marche m me Il s agirait donc bel et bien selon la terminologie de Formules d une contrainte de com position observant le Premier Prin cipe de Roubaud toute uvre construite partir d une contrainte parle de cette contrainte Cette uvre insituable polypho nique et plurivoque rejoint selon Gilles Tronchet une certaine concep tion moderne de la litt rature o l ex p rimentation d une combinatoire et le jeu distanci par rapport aux normes prennent le pas sur le recours des formes pr tablies pour fournir les bases d une criture qui devient en par tie son propre o
231. dans mon ignorance pour une dame exil e d origine viennoise travers ses contes l histoire m apparaissait comme floue j aurais m me dit gauche Mais cependant par endroits de ces r cits sans ordre fragment s j ai conserv des traces mentales tonnamment vives Gertrud avait un chat Souvent les chats mangent les petits oiseaux On a trop peu pens je pense ce ph nom ne curieux qui s appelle cha ne alimentaire par quoi les vivants se tiennent en se mangeant sans doute la chose la moins pens e sauf quand il y a une suite vache folle ou indigestion Or le chat mangea le serin que Tzara avait confi Gertrud une petite b te jaun tre l il si m lancolique Il me semble l avoir vu de mes propres yeux J avais huit ans quand grand m re m en parlait peine avez vous tourn le dos et crac Voil que la catastrophe s est produite Dans le calme hivernal de l apr s midi vous apercevez le chat piteux la t te basse sur le tapis Peut tre voulait il filer en direction de la porte ouverte mais comme bloqu par une force oppos e il est l en arr t vomissant Et ce qu il vomit ma foi c est le serin de Tristan Tzara Jamais de sa vie grand m re n a connu Tzara autrement que par son serin Elle l aurait appr ci je crois 90 CREATIONS pour sa forte personnalit car il a t un homme assez remarquable encore qu un peu trop brouillon De toute fa on elle a ent
232. dation Mais lui tissu mot mot issu d un long travail d un inou boulot qu a t il nous offrir Nous voulons quant nous voir dans l Oulipo un produit fini nous croyons qu avant tout il s agit d un composant qu on pourrait disons qu on doit voir l instar d un propos courant ambitionnant l art abouti au statut accompli d un optimum Nous pointons donc sur un trou pas un oubli mais l omission d un boulot non fait qu on doit accomplir ou dont on doit au moins offrir la formulation Oui nous accordons qu Oulipo a bon an mal an accompli moult incursion sur son propos sa condition puis a fourni maint propos sur son contraint scriptural l initiation d un Fran ois ou d un Raymond l amical duo qui a tout fait surgir quasi ab ovo Nous proposons donc ici non pas un structural totalisant mais disons sans trop d apparat un propos incursif critiquant POulipo pour lui part son contraint scriptural Nous savons qu il fournit un B A BA important vital voulons agrandir un savoir sur un champ sa raison son outil mais nous virginal au moins pour voir s il y a l motif cogitation Si nous nous autorisons d un abord aussi affirmatif la raison a mis un laps m rir il s agit d offrir un discours dont l propos a tout fait convaincu sinon nous n aurions pas noirci nous du papyrus pour vous abasourdir d un baratin assommant vanit
233. de noire n est caoutchout e que sur les trois quarts de sa longueur car son extr mit proche de l entr e comporte un bac sable dont le niveau ne d passe pas celui du sol Une planche de couleur blanche situ e dans le m me plan raccorde ce bac la partie caoutchout e qu il prolonge La troisi me piste galement s par e de la pr c dente par une fine bande noire est identique la premi re l exception des deux cales blanches qu elle comporte en son extr mit proche de l entr e Ces cales de section triangulaire laissent voir chacune deux faces rectangulaires dont la plus inclin e est tourn e vers le fond du stade la cale de gauche se tient environ cinquante centim tres du bord ext rieur de la piste tandis que celle de droite s y aligne au contraire exactement La quatri me piste droite est enti rement r serv e un troit bassin rectangulaire assez profond dont l eau atteint presque le niveau du sol Ses parois sont toutes carrel es l exception du grand c t tourn vers le centre du stade totalement lisse et qui vu de pr s para t flou L ensemble pr sente une teinte l g rement bleut e dont il est difficile de dire si elle provient de la couleur des parois ou est seulement due une caract ristique de l eau Mais comme celle ci est pour le moment totalement immobile un fragment de l immense verri re en V qui recouvre le stade se superpose l image du bassin
234. derne a pour mod le un parcours oblig le romancier d finit et impose un sens de lecture auquel le lecteur est soumis du premier au dernier mot C est ce que Jean Queval appelait la fatalit s quentielle 1 5 2 La plupart des romans nigmes suivent des parcours impasses chaque hypoth se abandonn e par l enqu teur se referme sur elle m me et ram ne l enqu teur la bifurcation pr c dente 1 5 3 Les parcours choix ont fait l objet d exp riences int ressantes comme Un conte votre fa on de Queneau ou L Augmentation de Perec et motivent toujours la r flexion des crivains concern s par les litt ratures combinatoires Mais en dehors du remarquable Jus d oronge de Jean de Porla Francis Debyser ils ont surtout t utilis s jusqu ici dans les ouvrages pour enfants ce qui a g n ralement donn lieu d affligeantes niaiseries 2 Territoires 2 0 Axiome Rien ne sert de parcourir il faut partir d un point 2 0 1 Et en atteindre un autre 32 CREATIONS 2 1 Pour qu un mod le existe il faut donc un parcours mais aussi un territoire parcourir Dans presque tous les cas le territoire d terminera le parcours 2 1 1 La plus grande subjectivit pr sidera au choix du territoire tel pr f rera les ch teaux les monast res et les jardins tel autre les cristaux r guliers ou les cartes du ciel tel autre enfin les tableaux de Mondrian ou l e
235. dessus d une autre phrase jusqu la fr ler La sextine danse dans la langue et dans ses tournoiements affleurent les pens es enfouies La Cepp de est terrifi par la prose dont on ne peut fixer la limite compt e Un sonnet comporte cent quarante syllabes ou cent soixante huit mais cette chose qui n a pas de nom ou presque o faut il l arr ter Pierre Lartigue est d abord l crivain de projets men s parall lement de livres qui s crivent conjointement Ainsi de L Art de la pointe et de La Jolie Morte ainsi aussi du Second XVI si cle Plumes et rafales 1550 1600 et de Beaux Inconnus Figures de double dont l Ouverture de La Jolie Morte construit la fiction s il s agit bien d une fiction mais apr s tout peu importe figures de double ombre fant me dont les romans de P Lartigue laborent galement la fiction Comme si le roman tait un miroir o convoquer les images les signes d critures enfuies les ombres ressusciter Il y a des mots retrouver des phrases faire revenir des silhouettes r ver dans l espace de la prose roma 226 nesque plus encore que dans celle de l essai sans doute les contraintes y tant diff rentes car P Lartigue s y donne des contraintes comme le cadre n cessaire o puissent tre voqu es ces ombres de chair et de verbe Pourtant cette figure du double du duo o se reconna t la double figure litt r
236. dicit choisie puisque des occurrences interm diaires viennent erratiquement en perturber le cours Par exemple et au plus bref l on ne saurait faillir d apercevoir dans le po me de Mallarm au vers huit et d autant plus qu une place pr pond rante l h mistiche la perturbation distributive commise par le vocable moi lequel comporte deux des sons du triphone la rime Enfouissez le moi plut t dans une armoire Or cela il est loisible de le saisir d une fa on moins vague En textique avec les concepts stipul s plus haut il est possible de pr ciser que si dans le cas du vice principal l absence du son la rime provoque une caco mor pho texture puisque c est une forme inad quate qui s installe une place qui convient en revanche dans le cas du vice lat ral la pr sence du son hors la rime provoque une caco choro texture puisque c est une forme ad quate f t ce par approximation qui s inscrit une place qui ne convient pas Ainsi s agissant du lipogramme la d fectuosit lat rale peut surgir ANTECEDENTS notamment avec une distribution non sp cialement structur e pour l essentiel un f cheux voisinage de certaines des lettres admises En effet et sans trop entrer ici dans les d tails l on peut dire d une part du c t de la lettre proscrite et d autant plus qu elle est fr quente dans la langue choisie qu il existe selon une facili
237. dt s harassant dans l alarmant grabat draps blancs lan ant af asf glas fatal Abracadabra Gargas Parac avec l aimable autorisation d Ela Bienenfeld 151 biographiques il joue au contraire selon la technique perecquienne du rester cach tre d couvert comme un moyen pour exhiber dissi muler des enjeux autrement importants Si le recours au monovocalisme porte d j une certaine charge autobiographique le choix du A comme support de l exercice est lui aussi porteur de sens Un survol de quelques textes consacr s au A dans les litt ratures anciennes ou modernes permet de constater que cette voyelle la premi re lettre de l alphabet latin et de bien d autres est consubstantiellement li e quelques th mes figures ou images tels que l origine du langage A est la premi re lettre de l appabet l enfance A est la voyelle que les enfants articulent le plus ais ment l unit et la stabilit de la personnalit Zohar Fabre d Olivet Court de G belin Or il s agit de th mes figures ou images assez proches des pr occupations perec quiennes C est cette rencontre de la contrainte et de la th matique cette harmonie profonde qui r gne entre les deux qui font un des m rites de ce texte exceptionnel Monovocalisme et polys misme La virtuosit du monovocalisme ne doit donc pas faire passer au second plan le contenu m me du texte Au contraire
238. dure Personne ne doit p n trer le p rim tre Il guettait la r action sur mon visage impassible Le corps finissant par tom CREATIONS ber les cordelettes pourpres bris es gerbes floues de fils la Vermeer Le sang retombant en pluie sur la neige tale Des m taphores maintenant Avant c tait simple Des rapports concis le style militaire trois mille morts je veux dire trois mille mots qu est ce que j ai je ne trouve plus mes mots et l autre qui continue filer sa toile Nous nous retrouvions chaque jour pour l affrontement R p tition de quelque chose venir De toute fa on c taient les ordres Qui avait commenc le premier d vier du style officiel De toute fa on il fallait rompre la routine Il est certain que les comparaisons ouvrent un champ illimit mais on s en lassera aussi Et je ne suis pas s r que la hi rarchie appr cie Encore que tout d pend Il faut choisir les termes enfiler les mots les uns au bout des autres et tout ira bien De toute fa on il n y a pas le choix Sinon mourir d ennui comme l autre type vagissant dans son sang qui se fige Trop facile celle l Les citations ce n est plus le moment Encore que Je soup onne que tout est autoris aujourd hui Mais comment savoir s il le pense aussi Je ne le comprends pas Je ne le connais pas vraiment apr s toutes ces ann es On ne peut jamais savoir Il n est pas dupe avec son air de ne pas y toucher
239. e Le d ner termin nous d barrassions la table et j allumais un feu dans la chemin e Elle aimait l entendre cr piter Elle me demandait si les flammes taient hautes Je r pondais avec exactitude C tait un peu comme si j avais v cu avec une aveugle Je lui d crivais tout je lui num rais mes v tements je lui montrais le contenu de mon r frig rateur elle me donnait des id es pour le lendemain midi Elle tait beaucoup plus prudente que moi De ses journ es je ne connaissais que l arbre qu elle avait vu les fleurs qu elle venait d acheter un chien qu elle aurait voulu adopter Mais rien rien pas un mot de son bureau son officine son tude que sais je Rien que des anecdotes de la rue et de la campagne Puisque nous vivions ensemble j avais br l les cahiers Ils me semblaient tra tres pr sent Ils taient la preuve que je n avais pas confiance en elle Alors je les avais r duits en cendres Qu ai je fait ce jour l J aimais l entendre s habiller imaginer que le silence qui suivait la douche tait le fait du miroir Elle passait d une pi ce l autre et j coutais ses pas cro tre ou d cro tre Pendant une semaine elle eut la fi vre et je la veillai les yeux rouges assis au bord de mon lit Si tu as besoin de moi Ne t inqui te pas chuchotait elle Sa gorge tait prise Je la r veillais doucement avant de partir et lui ordonnais de prendre ses
240. e piano cloches et claviers de lumi re La premi re de cette composition Carnegie Hall en 1915 n avait pu donner qu une id e restreinte des intentions de Scriabine Val ry Gergjev a repris l uvre avec l orchestre philharmonique de la radio n erlandaise et gr ce aux contributions de Peter Struycken artiste en lumi re et de son quipe s est r alis un film fascinant v ritable f te de couleurs de musique que n erlandaise a montr en octobre 1998 Pour en revenir Compact dont le ciel nocturne est aussi scand par toutes sortes de gong d horloges R cemment et la t l vision ETUDES D UVRES CONTEMPORAINES p 18 ses oiseaux multicolores indiquent de leur mani re le rythme du livre Oiseaux muets immobiles Un seul qui bouge chaque passage rapide de son vol fait clignoter les couleurs des autres p 68 Dans l interaction des l ments du texte dans 1 intertexture chaque d tail activ cr e une cha ne de r percussions un r seau de ricochets en d duire un chant absent pr cise la suite de la citation Cette conception d un dynamisme fondamental toute en coupures et brisures esquissant puissamment le sujet moderne dans son h t rog n it et son alt rit est l oppos d une vision romanesque du monde que l art standard pr sente avec sa paralysie atavique L art chromatique est par essence anti romanesque De son ouvertu
241. e C tait le premier livre entier crit en prose monosyllabique sur le mod le de La disparition pour ce qui tait du r cit de longue haleine et qui empruntait son titre un autre ouvrage de son grand a n Nous ne pouvons gu re mentionner au XIX si cle en mati re de prose que les courts textes sem s dans l uvre de la trop m connue Louise de Vilmorin Mais la plaquette de H li ne fait pas le poids par rapport au livre de Drouin elle n a en tout que 9 pages chacune n exc dant pas 5 ou 6 lignes tandis que dans le livre l exercice se poursuit de la page 11 la page 91 soit tout au long de 80 pleines pages Comme quoi le progr s peut exister en litt rature rien d tonnant puisqu il s agit d une question de technique Le travail de Ren Drouin est d autant plus m ritoire qu il n emploie pas les monosyllabes se terminant par une voyelle suivie d un e muet comme foie Phon tiquement ce sont pourtant des monosyllabes aussi authentiques que ceux voyelle nue comme foi C est un parti pris issu de la prononciation au temps de Tabourot des Accords qui nous para t pouvoir se d fendre la rigueur au sein d un po me en vers respectant la versification classique mais gu re dans la prose moderne Quoiqu il en soit saluons la difficult qu entra ne un tel resserre ETUDES D UVRES CONTEMPORAINES ment de la contrainte Citons comme amuse gueule ce
242. e Le vingt cinqui me narrat qui se trouve au centre de l ensemble est nettement plus long que les autres Comme il est central il n a pas d quivalent Presque par d s uvrement on s int resse au nombre de mots qu il contient et on tombe sur le chiffre remarquable de 3333 mots en comptant le titre Wulf Ogo ne On peut partir d une hypoth se plausible l ouvrage a t construit en miroir comme certains romances de Jean Vlassenko et Maria Samar kande Jean Vlassenko et Maria Samarkande travaillaient en s identifiant l un l autre chacun reproduisant tr s exactement l espace de travail que l autre avait d j rempli et d cor le livre de Jean Vlassenko Vue sur l ossuaire tait la r plique exacte du livre de Maria Samarkande Vue sur l ossuaire Leur collaboration lumineuse avait pour r sultat un double po me En r alit la sym trie dans Compagnons de d sastre proc de d une autre technique le premier narrat du recueil a pour fr re direct non le narrat qui suit imm diatement Wulf Ogo ne mais le dernier narrat du recueil le dernier des Sieben Letzte Lieder Le deuxi me narrat trouve son cho peut tre osera t on parler ici d cho cosmique dans l avant dernier Lied et ainsi de suite sur toute la longueur du livre L cho l aussi discret quoique perceptible m me lors d une lecture sans malice correspond le plus souvent une reprise d un ou deux l ments d un
243. e cessant leurs ondulations erratiques filant droit leur tunnel de temps Et voil Il a parl le premier Je me suis encore fait avoir Je me suis laiss prendre son air finaud sa franchise frelat e sa condescendance Ses paroles filent une substance gluante qui bifurque sans cesse entre ligne et plan translucide bleu tre augmentant comme une multitude d excroissances sa part d espace autoris e Au rapport Ex cution Il aurait d j fallu savoir quoi dire Quoi raconter Chaque fois la m me chose Trop vite Quoi dire Les m andres baveux a faisait un peu science fiction mais a ne me g nait pas outre mesure d autant plus que si tu avais vu sa t te Surprendre l adversaire toujours et l craser si possible comme une limace baveuse En laisser un peu pour le lendemain apr s tout rien n avait jamais indiqu que cela cesserait un jour c est Hans qui l a vu le premier Il a tir en l air puis il a vis c tait stupide autant le raccompagner gentiment la sortie Enfin Peter a fini par l abattre J imagine les trajectoires tourbillonnantes du sang entre ligne et plan retenant un bref instant le corps dans sa chute vers le sol enneig Et moi rien signaler chef quoique Philip a eu des ennuis Des ennuis m caniques L alternateur je crois Il l a grill l imb cile Je guette la r action sur son visage impassible Il filait doux Ils ont choisi la ligne
244. e est victime de la m me m saventure Il aper oit les bienfaits de la civilisation quand sa fille piqu e par un python est sauv e in extremis gr ce l injection d une dose d antidote par une infirmi re yankee Mais Homme tenant sa barbe ne peut se r soudre quitter les siens Il a avec le chef du village et les principaux sorciers de longues discussions dans lesquelles il exprime douloureusement son sentiment d appartenance au monde indien et son attirance contradictoire pour les lumi res de la ville Il pouse finalement l infirmi re sur un coup de t te et part s installer Saint Louis o il ouvre une boutique d artisanat indien Sur ce passage pr cis et du fait que toute l histoire tient sur quatre lignes on frise la caricature Zu con ut de cet chec relatif une grande amertume Il reprocha Sartre de l avoir distrait de ses recherches au nom d un devoir d engagement qui le laissa toujours indiff rent Surtout il comprit qu il venait de commettre son premier faux pas Waki eut pourtant un m rite Il fut port l cran avec succ s et fit conna tre Zu toute une frange de la population De ce jour les romans de Zu furent guett s annot s tudi s Certains les plus courts furent appris par c ur Comme l on pouvait s y attendre Prol gom nes le roman suivant fut tr s ardu Par une sorte d auto flagellation Zu se fit un point d honneur d enfourcher de nouveau des
245. e puzzlolo gie d avril 1976 qui d crit un ouvrage trangement semblable au roman qui le mentionne ouvert sur Le livre se compose de quarante huit pi ces num rot es et ind pendantes qui toutes traitent leur mani re du th me de la pi ce manquante Certaines occupent deux lignes la plus longue pr s de trente pages toutes contribuent galement l efficacit de l ensemble Tous les genres litt raires sont repr sent s essais nouvelles chroniques lettres bribes de roman journal Deux pi ces se r pondent ou renvoient une troisi me que le lecteur d couvre bien plus tard des personnages disparaissent soudainement puis ressurgissent aussi soudainement deux cent pages plus loin Moins riche en pages litt raires que l ouvrage du g nial Neville Batter son lequel r v la l origine du puzzle chez les Bantamol s dans le delta du Zamb ze le roman donne lire des articles de journaux de revues des reportages radiophoniques interviews rapports tribunes de p riodiques extraits des minutes de la Soci t de Puzzlologie lettres diverses et m me un dialogue avec le lecteur capitalis sime Ces pi ces du dossier sont livr es dans un d sordre apparent qui aurait pu tre tout autre sans que la fiction perde de sa coh rence et le myst re de son paisseur C est la grande force de ce texte que de d montrer l extraordinaire capacit d un univers fictif se
246. e qui diversifie l intrigue selon des modules quintuples Et comment oublier le Nouveau Roman En effet ses auteurs ont excell dans l emploi et surtout dans la d couverte de contraintes de composition tel point que Jean Ricardou a pu faire une tude de ce groupe travers les contraintes explor es dans leurs ouvrages Le Nouveau Roman Seuil 1973 r dition 1991 Nous avons galement pens de nombreux crivains actifs dans les genres dits populaires Le domaine de la litt rature enfantine contraintes dont le grand anc tre est bien s r Lewis Carroll la contrainte de composition de travers le miroir par exemple est un partie de jeu d checs offre une profusion de proc d s dont Chantal Robillard dresse ici un premier inventaire Mais c est sans doute le roman policier qui exhibe les cas les plus spectaculaires et les plus syst matiques du recours la contrainte Un auteur comme Agatha Christie dont on a d j pu souligner que les exceptionnelles qualit s d invention sont avant tout d exceptionnelles qualit s de construction a explor syst matiquement la combinatoire des fonctions narratologiques qui sous tend la place du coupable dans le roman d nigme Plus proche de nous et un autre niveau de qualit une collection comme Le Poulpe garde comme contrainte le retour du m me d tective mais repris par une multitude d auteurs scripteurs diff rents qui l adaptent leur guise sa
247. e rescripteur Et sous l angle structural se laissent discerner les corollaires soustractives celles qui op rent par limination et les corollaires additives celles qui proc dent par adjonction Les corollaires soustractives Oui En effet si les astreintes corollaires incitent au traitement des contrecoups produits par les astreintes majeures il semble clair qu elles puis 193 PROSES A CONTRAINTES sent y inviter selon une limination des possibles d fectuosit s lat rales Du coup les corollaires soustractives n cessairement m taprogramma tiques pour les exemples en l esp ce choisis reviendraient proscrire l excessif moi au huiti me vers du sonnet de Mallarm et r duire les excessifs voisinages en on en dab en pou en voir en d dans la phrase de Perec Or cela il est loisible de le saisir d une fa on moins vague En textique l on appelle cacostructuro lyse l limination ou du moins l att nuation des structures d fectueuses Ainsi la suite des sp cifications pr c dentes il devient possible de stipuler que la corollaire soustractive invite m taprogram matiquement dans le sonnet de Mallarm une caco choro texturolyse et dans la phrase de Perec cinq caco hypotaxo parachoro texturolyses Seulement avoir tabli ainsi fut ce avec le concours d une th orie luxuriante certaines corollaires soustractives ce
248. e toute ramass e pour noter mes souvenirs je pronom qui me para t maintenant un puits sans fond me suis rendu compte ou peut tre conte que tout ce qui m tait arriv constituait non pas tant une cha ne causale qu un r seau d v nements au demeurant assez ordinaires mais qui figuraient chacun une sorte de croisement Ranger cet embrouillamini sur une seule ligne n tait pas vident J ai tent d tablir un classement entre ce qui s est produit au vu et au su de mon entourage et le reste ce que j ai gard secret Par exemple je n ai jamais lu Sur la route de Kerouac fait anodin d une raison pr cise qu il m tait est encore impossible de r v ler ce que j appelle une histoire barr e Emp chement plus ou moins li mon histoire de Jules Il s appelait r ellement Jules Quand nous nous sommes rencontr s l amour libre n tait gu re r pandu J essaie mais raconter une histoire d amour me para t impossible L amour est fait pour tre fait point Son d faut est de se montrer bavard et obstin ne pas savoir s arr ter vouloir continuer toujours et comme une crampe viser sournoisement s tendre sur tout l poque j avais souvent des crampes surtout dans le mollet droit Pourquoi le mollet pourquoi droit je ne saurais dire mais d apr s la th orie dite du tricot dont j avoue modestement tre l inventrice le principe de causalit demeure incont
249. e Perec est dans ce cas On conna t le go t de Perec pour le palindrome Sur l usage chez Perec de la surcontrainte cf Cahiers Georges Perec n 5 7 On se souvient de la s quence Dad est dit dodu Petit ab c daire illustr in V ux 38 Sur le mouvement voir M Sanouillet Dada Paris Pauvert 1965 Sur la chevauch e pique voir E Delebecque Le cheval dans l Iliade 1951 Pour l importance de cet pisode voir W ou le souvenir d enfance Ce qui permet d envisager une recherche ult rieure sur le h ros perec quien et la mort Il faudra s appuyer pour cela sur les diff rentes descriptions de mort dans VME sur le choix des derniers mots ultima verba et ne pas oublier que tout le roman est cens tenir dans le dernier instant de la vie de Bartle booth B Magn Perecollages passim 8 Marc Alain Ouaknine Concerto pour quatre consonnes sans voyelles Balland 1991 chapitre VI Je me souviens des timbres allemands portant en lettres gothiques noires la surcharge pour moi myst rieuse JBahrein uttb Jfilafjretn 161 Suppl ment l Anthologie du A Victor HUGO Les voyelles existent pour le regard presque autant que pour l oreille elles peignent des couleurs On les voit A et I sont des voyelles blanches et brillantes O est une voyelle rouge E et eu sont des voyelles bleues U est la voyelle noire Journal de ce que j apprends chaque jou
250. e avec les exercices de conjugaison et le Navire Argo de Richard Jorif qui tente d puiser le vocabulaire du Littr Nous avons d renoncer galement aborder certains textes contraintes qui construisent partir de la phrase comme Les Demoiselles de A roman centon de Yak Rivais ou bien le roman Le Souverain Poncif de Morgan Sport s ou la nouvelle Vulgaires vies de B atrice Beck deux textes compos s uniquement de phrases clich s ou bien encore certaines fictions comme La Prescription ou L Apparence de la vie de Michel Falempin fond es sur le d veloppement hyperbolique de la p riphrase Par contre nous avons pu consacrer quelques tudes des textes contraintes dont l l ment de base d passe la phrase contraintes de composition ou de plan s tendant l uvre toute enti re comme c est le cas de Compact de Maurice Roche tudi par Sjef Houppermans mais nous aurions voulu parler galement de Marelle de Julio Cort zar ou de Le EDITORIAL Dictionnaire Khazar de Milorad Pavic trois romans proposant des lectures multiples N anmoins cela ne repr sente que l une des nombreuses possibilit s des contraintes de composition Consid rons ne serait ce que la complexit du plan selon le module de la sextine des Beaux Inconnus de Pierre Lartigue tudi par Dominique Moncond huy pour ne rien dire de tant d autres exemples du domaine tranger comme le roman de Charles Palliser Quinconc
251. e chapeau celui ci tant le dernier R dig par moi quelques minutes avant ma d capitation The Mad Hatman e Le po te Alain Lance nous signale que la traduction allemande de La Disparition par Eugen Helml est bien un texte lipogrammatique en e alors que notre chapeau pr tendait mensong rement le contraire Pour preuve voici ses premi res phrases Kardinal Pastor und Admirai als F hrungstrio null und nichtig und darum v llig abhangig von Ami Trust tat durch Radionachricht und Plakatanschlag kund daB Nahrung snot und damit Tod aufs Volk zukommt Zun chts tat man das als Falschinformation ab Das ist Propa gandgift sagt man e L quipe de traducteurs de La Disparition en espagnol nous ont envoy la lettre suivante Chers amis Nous tenons en premier lieu vous remercier de Pint r t que vous avez accord El Secuestro en demandant un des membres de l quipe de traduc 238 teurs de r diger un article pour le num ro de Formules consacr la traduction de textes contraintes Nous comprenons moins en revanche qu deux endroits aussi strat giques que la premi re et la quatri me de couverture Formules attribue la version espagnole de La Disparition une seule personne et efface avec les noms le travail des quatre autres Il est aussi difficile d accepter que votre revue ait cr dans le chapeau de Particle un directeur de la traduction qui n existe nulle part
252. e de contrainte similaire aux contraintes voqu es ci dessus Mais que l amiti soit une condition non n gligeable de la r alisation d un num ro d critures n est pas une exigence simple ni suivre ni dire Son vidence est si grave que nous avons pens en faire la probl matique d un num ro le n 9 o chacun a mis beaucoup de lui Alors un frein l amiti Oui dans la mesure o chacun d entre nous a sur la direction de cette revue des intentions particuli res d ordre esth tique ou ditorial et qu il y a peu de d bats sur ces intentions parce qu aussit t l amiti se m le d en escamoter les diff rences Mais telle qu elle existe est enti rement le r sultat de la confiance que les uns et les autres nous portons aux d cisions prises par chacun critures pourrait ainsi se d couvrir un programme au fur et mesure que ses r dacteurs y apportent individuellement leurs lans et leurs motions une forme d agnosticisme qui je le crois appartient au contemporain et que nous avons th matis e sous l appellation de postmodemit n 5 Nous nous sommes en tout cas mis d accord pour un programme ditorial vari qui alterne les recueils consacr s aux genres la litt rature italienne la po sie fran aise contemporaine avec des recueils th matiques la ville le travail et d autres organis s autour d un auteur en particulier Virgile Camus critures
253. e de exemples choisis parmi les num ros de la Biblioth que Oulipienne post rieurs 1990 puis d autres uvres isol es et de plus grande envergure On voudra bien comprendre qu il ne s agit que d illustrer les tendances dominantes et non d tablir une typologie exhaustive En outre plusieurs textes oulipiens s av rent difficiles classer comme par exemple bas Carmen d Herv le Tellier BO n 77 o m me si la prose domine il n en subsiste pas moins une r elle scansion po tique due la r gularit des vingt six mots de chaque nonc dont leur premi re lettre restitue l alphabet Il en est de m me pour le num ro composite Sexe ce x BO n 90 qui exploite pour le m me th me la fois prose et po sie Ces exceptions prouvent nouveau l absence de conformit de genre et d uniformisation lOulipo car elles Illustrons tendance trois A Contrainte phon tique 1 BO n 58 Trente quatre brazzles Paul Braffort Le terme brazzle emprunt la nouvelle de Nabokov Le Temps et le reflux est peut tre un mot valise de brain puzzle Il s applique fort bien aux r critures de Braffort de titres et d auteurs d une s lection d uvres Chaque nonc est tr s court encod par traduction homopho nique transduction et lissage cf les explications liminaires de l auteur Il est suivi d une longue glose qui
254. e des rimes qui avec la r gle m trique jouissent d une distribution autonome lesdites s ries transparitives surviennent celui ci f t il soumis la contrainte lipogrammatique partir de l exercice repr sentatif lui m me Ou si l on pr f re lesdites s ries transparitives ne sauraient concourir des orthotextures D s lors sous l angle structural sit t se pose bien s r une seconde question connexe ces couples transparitifs d pendants de la repr sentation en renforcent ils l exercice bref concourent ils ce que l on nomme en textique rappe lons le une ortho hyper repr senta tion La r ponse est imm diate aucunement En effet Ton ne voit rien dans telles s ries qui apporte le moindre souligne 192 ment sp cifique ce qui se trouve formul Ou si Ton pr f re lesdites s ries transparitives ne sauraient concourir des ortho hyper scriptures Par suite Ton peut ajouter d abord qu elles rel vent du registre cacotextural puisqu elles comportent une portion de la structure n cessaire le couple transpari tif tout en tant d pourvues de l autre le couple accr ditif Et Ton peut ajouter ensuite que dans la mesure o elles souffrent d un d faut de subordination vis et de Torthom tarepr sentation et accessoirement de T orthorepr sentation il s agit de caco hypotaxo tex tures Cependant comme en textique ces structures rappelons le sont sp
255. e fossette cr e un relief Mais les ingr dients ne prennent pas Peut tre suffirait il d agir avec un humour neuf quand s attardent r solument liquides les gouttes en vain gren es Tout coup au terme de plusieurs minutes d erreurs en une demi seconde vertigineuse deux l ments miraculeusement entrelac s ne font plus qu un Peut tre parce que dans un premier temps il essaie de ne pas en tenir compte il lude mentalement l homog n it conquise on le voit encore produire les m mes effleurements plein d un int r t m ticuleux pour le vide puis accepter soudain le nouveau monde En somme le recul qu il prend sans le vouloir d abord puis la longue en provocations renouvel es l oblige relire en l espace organis coh rent structur les d coupes tout l heure falsifi es porteuses de fausses pistes 120 CREATIONS Comment ordonner le fatras restant auquel bien qu il s en d fende il a d j laiss venir des sens agrafes d argent balafre bouleversante ou cicatrice cannelle dentelle diaphane charpe panouie ou foulard fragile girofl es safran es Si rempli que soit l angle o s esquisse une jeune femme il manque encore des pi ces La main en isole quelques unes cause de leurs points communs vrilles de liserons liser s de livres enlumin s treillis sillonn s de replis Mais scandaleuse volute ou volupt scand e chaque fois l enl
256. e froids de glace et de l gendes dures Un mois sans dialogue Une premi re absence Sans inspiration sans expirer contre l autre voix Vacances inutiles sans les accidents de cette voix que j aime sa tyrannie anxieuse Pourquoi me pr venir de son absence comme si l intimit de notre relation d j le n cessitait Voil des extraits de mes notes Je me posais des questions na ves auxquelles je r pondais avec espoir Ce qu elle me dit plus tard de liquide et de chaud bien s r je l ai copi aussi Et l j ai compris que mes griffonnages n avaient pas de destinataire corporel Je ne pouvais lui envoyer aucune lettre d amour Je ne connaissais pas ses l vres sa fa on de les poser sur un verre comment elle happait piquait l chait tirait de sa fourchette un morceau d aliment J avais beau me relire je ne relisais que des lettres qu elle crivait de ma main Jamais jamais je n ai connu son criture Non plus ses mains Je n ai pas gliss la langue sous ses ongles pas suc le bout de ses doigts Pendant qu elle tait au Danemark ce qu elle disait je pr tendis br ler mes carnets de notes et ne le fis pas Au contraire j en tirai des photocopies qui me tinrent compagnie au bureau quand mes vacances furent termin es et que je repris le travail sans un seul signe d elle pour m accompagner 71 PROSES A CONTRAINTES Est ce qu il neigeait au Danemark en cette saison Cent soixan
257. e gel qui bl mit les fen tres ou du lait car la liqueur s minale est toujours associ e y compris dans le sonnet des Voyelles au froid et au blanc en opposition au rouge et au chaud du sang il y a bien d autres choses voir propos de ces deux couleurs qui sont celles de la Foi et de la Charit mais il est plus int ressant de remarquer que l occurrence attendue de Dieu dans un texte de gen se provoque l irruption d une figure de l Ennemi plus surprenante que celle de Satan il s agit de Barbe Bleue pour lancer la th matique du conte et de l enfance omnipr sente dans tout le livre de l innocence et de la perversion au c ur de ce texte ci nul personnage ne convenait mieux que ce cruel tueur de jeunes femmes parce qu il est d tenteur d une CL qui sera souill e de sang et l on en verra tourner bien d autres dans les Z luminations L inspiration a d ferl orgiaque et dans les deux courtes phrases suivantes Rimbaud reformule en une fulgurante juxtaposition le travail d criture apr s le d luge cette fois ci trivialement encore on pourrait traduire par il a travaill sans rel che dans des caf s enfum s Outre qu il existe une rue des Castors Charle ville la premi re de ces phrases donne une image du po te en b tisseur au ras du sol et des eaux non pas un mais plusieurs rupture radicale avec l Albatros du vrai dieu Baudelaire Mais
258. e la teneur comme de la tenue de ces Amis de Valentin Br qu il serait d plac de ne consid rer que comme un simple bulle tin strictement r serv aux membres d une association d tudes sur Que neau Certes l objectif premier de la publication est de rassembler les recherches savantes sur son uvre Mais la mani re dont l quipe s ac quitte de ce devoir fait que les pages des Amis de Valentin Br peuvent int resser un public plus large La qualit des contributions toujours pr cises et bien inform es des discussions m tho dologiques les plus r centes trans forme ce bulletin en un vrai outil de travail pour tous ceux qu int ressent les contraintes 270 On trouvera ainsi dans le num ro double 9 10 quatre communications sur Saint Glin glin pr sent es dans le cadre du s minaire Raymond Que neau de Claude Debon Sign es Emile Lesaffre Jacques Bimberg Fran ois Naudin e Daniel Delbreil ces tudes sont des exemples de l rudition stimu lante dont la revue a fait sa marque L image de Queneau qui en ressort est en effet bien plus riche et surtout plus s rieuse que celle colport e par cer tains m dias sans que l humour en soit absent videmment Dans le num ro 11 qui est plut t un ensemble de m langes soulignons la contribution de Claude Debon qui reproduit en une liste fort pratique les ajouts et correc tions faits l occasion de la deuxi me r impression d
259. e proc d textuel contraintes d criture et contraintes de lecture ainsi que la classification et d finition des textes contraintes mat rielles ou du signifiant des textes contraintes s mantiques ou du signifi des textes contraintes des fonction nar ratologiques des textes contraintes m tatextuelles et non m tatextuelles etc Cf l tude d Annie Combes Agatha Christie L criture du crime Les Impressions nouvelles 1989 Le narrateur est l assassin Le crime de Roger Ackroyd r cemment soumis une nouvelle contrainte de lecture par Pierre Bayard dans son Qui a tu Roger Ackroyd Minuit 1998 l assassin est l une des victimes Dix petits n gres r crit brillamment par Jean Lahougue dans La Comptine des Height Gallimard 1982 ou encore l assassin est le d tective Rideau dont il serait int ressant de rapprocher Les Gommes Minuit 1953 d Alain Robbe Grillet 10 CREATIONS CREATIONS Alain Andr L archipel amoureux extraits L athl te d Angoul me Albert Ardouin attend assis l avant d une antique Austin Autour de l automobile l arr t s alanguissent acacias et aub pines ainsi qu une all e asphalt e qu on a adapt e aux activit s des ao tiens S aper oit aussi l arri re plan aur ol d azur l atypique amer d Ars en R dont Pastre aveuglant allonge les arcatures les plus apparentes L abri de ses arbustes ajou
260. e scrupuleuse tude de caract res jugez plut t Marie tait renvers e sur le tapis Un filet de sang coulait de sa bouche entrouverte et formait sous son visage une petite flaque En tombant elle avait laiss chapper son livre qui gisait ouvert c t d elle Je ne sais plus tr s bien si j ai pouss un cri ou si ce cri s est trangl dans ma gorge mais ce qui est s r c est que je me suis pr cipit sur elle comme un fou C est alors qu elle s est redress e en clatant d un grand rire Ma petite linotte tu as march encore une fois Les farces avec toi c est d sesp rant de facilit Apr s avoir protest que le genre humour noir ne trouvait gr ce mes yeux qu au cin ma que ce type de plaisanteries ne me semblait ni tr s dr le ni d un tr s bon go t je laissai libre cours ma curiosit et voulus savoir comment Marie tait parvenue un tel degr de perfection dans l illusion Presque machinalement je sortis de ma poche le bloc notes qui m accompagnait toujours et qui me servait consigner quantit de menus faits de la vie quotidienne fragments de description d tails originaux que je ne manquais pas ensuite de transposer dans mes romans Cela m avait 123 PROSES A CONTRAINTES valu ces critiques logieuses qui parlaient de remarquable don d observation de renouveau du r alisme de rare exactitude dans la peinture de la vie et des tr
261. e se mue ici en sir ne mani r e erreur insens mais reviens au navire ramons vers nos amies mourir ici non non mis re mais on nous aime en corse m ric s me ces causeries en vain corso minor cr neur crie Un non convaincu un au revoir assur sans concession corso vise suivre sa sir ne en mer saisir un amour nouveau n n anmoins vive sans annonce aucune oc ane marmonne un s same insonore une cassure s exerce sur ce roc marmor en vrraoum un s isme secoue ce coin wwammm un rai s ouvre crrac un ravin se creuse corso ne saisira rien secou ravi suc vers sa sourici re ce roc sera son suaire rien ne se verra en remous normes une mar e sinueuse arase 129 PROSES A CONTRAINTES ces rives corso ne survivra son erreur sir ne sans merci ciao corso amoroso m ric son mousse marri n a su sauver corso a cri son nom en vain ressass son insucc s sc ne saveur ensaumur e ni corso ni sir ne en vue un crime ici ma no environs unis mer cr m e mer crin sans aucune ris e arri re saison am re cieux mornes noircis averses semaines sans verve C ur serr m ric mac invem ram ne son navire aux rives corses arriv e man uvres voici en sa maison cerise en sarrau carmin revers ivoirins crev s cassis cousus main en cuisine cerise a mis cuire un veau en morceaux a secou sur son vier une romaine
262. e sol se refl te dans ces deux immenses parois translucides La verri re propose donc continuellement deux images renvers es du stade qui ne pouvant se raccorder semblent seulement signaler son impossible redoublement Si l ombre de la verri re se d coupe le plus nettement sur le sol au moment pr sum de la plus forte lumi re ext rieure c est l inverse quand cette m me lumi re du jour a d j largement d clin que le sol doit se refl ter le plus distinctement dans cette verri re Aussi me faut il douter de jamais voir sa propre ombre s y r fl chir Comme les deux pans de la verri re descendent jusqu au sol selon un angle d peu pr s 60 degr s une marge assez ample galement caoutchout e entoure le grand rectangle form par les quatre pistes pour que l on puisse se tenir debout le long de ses deux grands c t s sur une distance peu pr s gale la largeur d une piste Fermant le stade dans l autre sens les deux murs verticaux triangulaires o l armature de la verri re vient s appuyer sont l g rement flous comme si le regard ne pouvait faire pr cis ment le point sur eux Apparaissant d abord d un gris terne ils semblent gagner en luminosit au fur et mesure que la journ e s avance Celui du fond est bord e d une table longue peu pr s comme la largeur des deux pistes centrales et munie de trois si ges qui vides pour l instant doivent tre destin s aux membr
263. e un nombre 3 1 4 1 5 9 2 6 Essaie dit mon p re tu as compris Alors c est toi maintenant Chaque chiffre d clenche une impulsion parfaite les relais lectroniques se cherchent la fr quence des vibrations se transmet parfaitement aux c bles Tout ob it d j parfaitement Le chemin des tonalit s s accomplit sans saccade 78 CREATIONS Pascal Durand Incipits instantan s et deux ou trois clins d il Comme la mer comme la montagne la for t ne laisse pas de faire prime sur les affiches de chemin de fer dans les brochures de propagande qu ditent les syndicats d initiative et dans les livres vers et prose qu crivent les litt rateurs ce sont ceux ci qui ont commenc depuis qu il y a des hommes qui crivent Vous voil arm pour la lutte a fait mon professeur en me disant adieu Qui triomphe au coll ge entre en vainqueur dans la carri re Quelle carri re 92 Ce n est pas sans une certaine motion que je commence raconter ici les aventures extraordinaires de J D Celui ci jusqu ce jour s y tait si formellement oppos que j avais fini par d sesp rer de publier jamais l histoire polici re la plus curieuse de ces quarante derni res ann es Du reste voici les faits I Une belle journ e de mai un beau soleil un ciel pur gt Onze heures venaient de sonner la Bourse lorsque Saccard entra chez Champeaux dans la s
264. ean Lahougue qui ne s avoue pas trop satisfait du r sultat graphique esp re toutefois redonner un peu de rigueur aux arts plastiques qu il juge en crise Il n est visiblement pas au courant des innombrables travaux plastiques qui pour certes appartenir la veine plut t r ductionniste de la modernit ne manquent pas pour autant de rigueur les combinatoires s rielles l uvre dans certains Wall Drawwings de Sol LeWitt les minutieux calculs induits par les travaux in situ de Buren Varini ou ceux optiques des installations lumineuses de James Turrell 1l Jean Marie Laclavetine Jean Lahougue Ecriverons et liserons en vingt lettres op cit Cet ouvrage consiste principalement en la longue correspondance nou e avec Jean Marie Laclavetine partir du refus du Domaine d Ana par le comit de lecture des ditions Gallimard dont Jean Marie Laclavetine fait partie une lettre de cette correspondance est parue dans Formules n l Le livre pr sente en annexe le cahier des charges du Domaine d Ana sous l intitul Cl s du domaine 12 Jean Lahougue Le domaine d Ana p 212 213 13 Ibid p 275 276 225 PROSES A CONTRAINTES Dominique Moncond huy R ve de phrases perdues daube de vers Pierre Lartigue danseur de mots en prose Ce double du roman perdu dans la gare de Turin ce r ve d un r ve je l crirai La fen tre ouverte je m avance Chaque phrase s tire au
265. econnaissance et d amiti ici renouvel gr ce la libre hospitalit de Formules 84 CREATIONS Patrick Flandrin Pas de fric pour Ange Pitou S quence vocalique Cheril Poulp 1 Max et Riton Un casse incongru Max bl mit louchant vers Riton Fuck man Les flics sont sur place Ils ont su par ce p tit mouchard de Gino hurla Henri Hold up rat Filons Jurant sec il roula plein pot Vu par les flics d Houlgate il tourna et mis sous la pression d un an en prison buta les flics 2 O aller Riton furax Les flics out Max reprit courage Il souffla et rit sous cape Riton fumasse dit O aller Riton du calme fit sourd Max Des zigs ont d mater S ils nous caftent dis donc dur Cave Ils sont quatre pignoufs T as des frissons Tu vas g mir pour a Les flics sont nuis a Et sinon 3 Un grand d pit ou pas de fric pour Max et Riton Tu pars mec Riton suant rendit fou Max Les biftons du casse ils sont plus l hein O a les biftons Tu m l ches dis Top gun Pas de bijoux pas de fric cocus man j te dis cocus 85 PROSES A CONTRAINTES 4 Ange Pitou L argent introuvable Ri ton dut ramer Il joua en filou averti toquante inox futal de milord brun ras de cils moustache fin foulard de lin sous dra
266. eine mer miroir cosmos noir comme raisin avec mimosa sem en ses recoins v nus oisive examine un vaisseau or Sur ce navire corso minor un corsaire renomm ConvVoie en corse encens vins cuirs ivoires soieries ramen s en caravane ce mois ci Via c sar e un cumeur arm en commerce avec un mir maure as en mer avec as en oasis ce marin aime courir mers ou oc ans avec son associ COSSAIS son mousse m ric mac invem un ancien serrurier mais corso r ve sans cesse son amoureuse cerise une me sans nuances en mer m me corso minor a vu aux aurores un roc cama eu ocre marron cr me o muse une sir ne crini re rousse Vaisseau arris amarr sir ne a rosi a souri aux marins S enamoure corso sa vue m ric en cossais avis a Cru voir une sorci re mais corso a une vue ac r e sans arme m me suisse en inox corso arrive amoroso sur ce roc nu ravin une sir ne voici au moins un r ve savourer coureur en moi avec r v rence corso se nomme en sens inverse sir ne annonce comme nom oc ane son sourire nuances rose cam e s av re vrai sans concurrence sur mer son minois rieur a ravi Ce corsaire si r serv viens ici murmure oc ane viens avec moi viens moi mon amour ma reine ma mie mon c ur sussurre corso enivr me voici non Corso non se r crie son associ reviens revenons vers nos amours une sorci re rus
267. eine de raret s correspondant tous les types de rime Comme les travaux du Dr Johnson ou de Littr il s agit ici d une uvre d rudition mais aussi une uvre litt raire d envergure B S 247 HORS DOSSIER PUZZL E n myst re v laisser perplexe intriguer Harraps Shorter A propos d Antoine Bello Eloge de la pi ce manquante Gallimard La Noire 1998 On l aurait oubli en anglais puzzle se dit jigsaw Quant au mot puzzle il d signe plus largement un myst re qui provoque surprise et perplexit Pour le Perec de La vie mode d emploi l on s en souvient le jeu de puzzle motif central de l histoire principale en vient figurer l criture romanesque m me conception et assemblage de pi ces De m me chez Antoine Bello mais plus sp cifiquement peut tre car le champ du terme se reploie c est une intrigue polici re dans le milieu tr s singulier des puzz listes de la plan te Certes la discipline des concours de vitesse divise profond ment les amateurs mais elle semble est en pleine expansion la fin des ann es 90 Or un tueur en s rie s attaque aux champions de ce sport On retrouve invariablement le cadavre amput d un membre toujours diff rent et accompagn d un clich Polaroid repr sentant le membre correspondant d un autre homme Le roman de Bello est d j fascinant par une invention foisonnante qui le situe un carrefour entre P
268. en Italie agreste de Stevenson dans les C vennes avec un ne 3 1 3 2 Les d placements techniques celui d un couple de pompiers v rifiant les bornes d incendie du canton d un gardien qui apporte leur pitance aux pensionnaires du jardin zoologique d un boulon qui parcourt les diff rents ateliers d une usine d automobiles depuis le magasin de pi ces d tach es jusqu au hall d exposition du v hicule achev 3 1 3 3 a 3 2 Conclusion Et maintenant nous vous en avons assez dit mettez vous un peu au 35 PROSES A CONTRAINTES Walter Henry Prose du Transfinitien et de la petite panne de sens A la m moire de Fran ois Le Lionnais 1902 1984 Avant Propos L accueil r serv aux commentaires dont j ai accompagn quelques fascicules de la Biblioth que Oulipienne m incite poursuivre cet effort propos d une nouvelle liasse de documents r dig s autrefois par Paul Brafjort liasse qui n a t que r cemment mise ma disposition Cette liasse avait t pr par e par l auteur lui m me partir de manuscrits anciens que je n ai pas toujours pu dater avec pr cision mais dont certains remontent sans doute 1940 et l un d entre eux tr s pr cis ment au 11 novembre 1940 Il s agit de textes qui manifestent l vidence la pr sence d une contrainte et parfois de plusieurs L arrangement m me des textes est visiblement contraint C est ainsi que la Pro
269. en anse un cri aux amures aux amarres aux ancres on se r arme on rame en cano aux avirons On arrive en masse on am ne un canon au Cas O sur nos marini res crues raies noires sur nos corsaires marrons On a mis nos armures visi res cuivr es nos cuirasses ac r es sacr s mercenaires un souci si on ramasse corso sera ce une momie ou une corce ranimer cerise a son c ur nou ses iris en crue son aim son mari venir o recouvrer son corso emmur en ce roc ou amui en eau mais sur ce roc sienne craie cr me suie on ne verra aucune me 130 CREATIONS vive ni corso ni sa sir ne une semaine un MOIS sans rien avis unanime sur son vaisseau nous revenons cerise renonce am re voici venir c ans une c r monie sacr e ar mes vari s encens arnica cinnamome armoise narcisses crocus sem s en rive vins r sin s consacr s messe corso cumeur renomm sera en nos m moires conserv sa vision ranim e car m ric mousse crivain va crire une uvre roman ou essai en son souvenir son vaisseau va revenir en corse avec ses corsaires moroses sans ramener corso sous ces eaux mauves cume acier voisine en sa caverne une sir ne va sourire en s cure corso a servi son amour corso asservi sa souveraine sa noire ennemie son ancienne cons ur n a eu aucun succ s son vaisseau s en va vire en arri re corso minor caresse sa sir ne
270. en quatre phases seul le r sultat est en g n ral publi Le roman que je me propose ici d crire parcourra au contraire les stades successifs de son laboration D o son titre Le stade qui d termine le lieu de l action Le premier chapitre tablissement correspondant la phase du concept et exposant le projet du livre jette les bases de l difice Le second Entra nement r cit d enqu te se rattachant la phase du sc nario sera consacr la d couverte du stade Le troisi me Athl tisme r cit textuel concr tisant le stade de l criture fera assister une preuve de t trathlon Le quatri me enfin r cit spatialis prenant en compte le stade de l dition permettra de suivre la s ance de projection montrant les prises de vues effectu es lors de l preuve pr c dente d athl tisme Son titre Atlas se pr te un jeu sur les lettres justifi pour un r cit dont la place des lettres dans la page aura toute l importance L histoire que je me propose ainsi de raconter ne se con oit que par rapport cette forme volutive En fait lib r de l obligation de servir un contenu ce roman enqu te sur des formes encore inconnues de lui m me Son d sir de faire parall lement percevoir sa propre organisation le conduit prendre des contorsions parfois presque athl tiques En distribuant selon ces formes l ensemble des l ments auxquels il va se r f rer ce roman se pr
271. endre certains types de difficult s c est l l enjeu de ce type de cr ation verbale En ce qui concerne la compr hension par del l aspect purement m ta linguistique le cadre de la communication entre en ligne de compte un degr tr s lev Le discours universitaire et critique se livre g n ralement l universit Il s ins re donc dans ce que Foucault appelait nagu re des pratiques discursives tant donn ce qu on pourrait nommer la pratique discursive actuelle du monde acad mique on obtient un cadre de fonctionnement th orique l int rieur duquel la forme d un nonc de type acad mique est d j plus ou moins conditionn e par la pratique discursive dominante sans parler des fonctions d encadrement du p ritexte Ce qui expliquerait en croire les propositions de Foucault pourquoi sur plan pragmatique la compr hension s av re peu entrav e dans le cas du m talangage sous contrainte le discours universitaire recourir la la reste un tant pos comme langue de savoir cette posture h g monique supplante selon nous le caract re purement m ta linguistique du discours dit savant Ce genre de pratique m tatextuelle redonnerait galement une nouvelle dimension au sens de la contrainte notion ch re Jacques Jouet celle ci tant r investie par les fonctions m talinguis tique et r f rentielle On h siterait donc instaurer une hi rarchie ent
272. enfin Mallarm s am liore colloque Mallarm et apr s Tournon Valence 1998 para tre 4 Tel qu en lui m me Mallarm s am liore art cit enfin 197 PROSES A CONTRAINTES Hermes Salceda La r gle et le genre Avatars d un conflit dans Impressions d Afrique de Raymond Roussel Entre 1900 et 1904 Raymond Roussel d couvre la forme primitive du proc d une contrainte qui exploite les possibilit s de l homonymie et de la paronymie autant pour faire advenir le sens que pour le d stabiliser La r gle pourrait tre formul e ainsi crire avec le moins de mots possible un texte o cohabitent les univers de signification de deux matrices presque identiques quant leur forme dispos es au d but et la fin de l crit mais totalement diff rentes quant leur sens Revenons sur l exemple canonique Les lettres du blanc sur les bandes du vieux billard Les lettres du blanc sur les bandes du vieux pillard chacune de ces matrices pos es aux p les du texte peut de son c t donner lieu une histoire diff rente la premi re aurait pour cadre les jeux de salon quelqu un s amuse crire sur les bordures d un billard usag avec un bout de craie la seconde se d roulerait sur fond d aventures exotiques celles des hordes guerri res d un bandit g rapport es par un homme de race blanche Si elle s astreint respecter la r gle de d part l criture dev
273. enre litt raire r pertori dans un r seau formel qui l exc de L o les versions r ductionnistes de la modernit veulent se tenir l cart de toutes les conventions de la litt rature le mode int grateur pr n par Jean Lahou gue s attache plut t les redistribuer et ce faisant les d stabiliser NOTES Michel Gauthier P rip ties d une r volution critique propos de Pascale Casanova Beckett l abstracteur Anatomie d une r volution litt raire Seuil Fiction et cie Formules n 2 p 250 Jean Lahougue Cl s du domaine in Jean Marie Laclavetine Jean Lahougue Ecriverons et liserons en vingt lettres Champ Vallon 1998 p 224 ETUDES D UVRES CONTEMPORAINES Pour une autre pr sentation de cette probl matique cf Guy Lelong Le stade de l int gration Cahiers de lIr cam Recherche et musique n 6 Musique texte Paris 1994 p 25 52 4 Jan Baetens Les r critures de Jean Lahougue in Critique n 515 Minuit 1990 p 335 336 5 Ibid p 336 Le premier de ces ouvrages a t publi aux ditions Gallimard les deux suivants aux Impressions Nouvelles 7 Jean Lahougue Cl s du domaine op cit p 212 Jean Lahougue Le domaine d Ana Champ Vallon 1998 Jean Lahougue Cl s du domaine Op cit p 165 170 10 Avec ces illustrations qu il a lui m me ainsi r gl es et dessin es J
274. ent d nigr ou m pris Il r habilite une entreprise qui n a rien d un jeu du moins dans le sens d une activit futile ou al a toire L Oulipo contribue revitaliser une r flexion sur les formes fixes et renouveler la cr ation litt raire contemporaine en jouant sur les normes affligeantes de la doxa litt raire que nous combattons dans Formules De ce point de vue les critiques que l on peut mettre sont une fa on de poursuivre la r flexion entam e par l auteur et de reconna tre les vertus sti mulantes d une investigation qu il pr sente lui m me comme les premiers l ments d une po tique du texte ou lipien Le concept de cas limite qui met en jeu la lisibilit ou la lectura bilit des textes est l exemple par fait d un questionnement important qu il faudra poursuivre promouvoir la contrainte ne conduit il pas lire les exp rimentations textuelles les plus exigeantes donc l illisibilit Peut tre Marc Lapprand inaugure t il une forme originale de critique poten tielle son panorama synth tique des productions oulipiennes et de leurs modes de lecture invite le lecteur HORS DOSSIER explorer par lui m me les multiples directions qu il sugg re Jacques Denis Bertharion Les 62 premiers num ros ont t publi s en quatre volumes Seghers 1987 Ramsay 1987 Seghers 1990 Le Castor astral 1997 Nous en sommes aujourd
275. ent suivie d un plongeon effectu lat ralement En revanche les encha nements qui correspondent au parcours de l une ou l autre des deux diagonales de ce damier m obligeraient en ex cuter s par ment chacun des mouvements de fa on qu ils puissent se raccorder la prise de vues les seuls indices de montage provenant de ce que mes ventuels changements de tenue s effectueraient alors instantan ment Au moment de rejoindre la zone des couloirs en fin de journ e alors que l image du stade refl t e par la verri re est plus vive que je ne l ai jamais vue et que les deux grands murs triangulaires brillent d un clat grandissant la lumi re ambiante semble pourtant inchang e Le reflet tr s lumineux du stade dans la verri re n cessitant que la lumi re ext rieure ait beaucoup plus d clin que les jours pr c dents au moment de ma sortie je suppose d abord que le soir tombe chaque jour plus t t Mais comme ce matin l ombre de la verri re projet e au sol se devinait d s mon arriv e il me faut aussi supposer que le jour se l ve de plus en plus t t Les deux hypoth ses n tant pas conciliables il me faut donc admettre que j ai d quitter chaque soir le stade un peu plus tard sans m en rendre compte et y revenir chaque lendemain matin avec le m me retard Si la raison de ce d calage progressif m chappe il m explique en tout cas la luminosit actuelle des deux grands murs triangulaires q
276. ents proc dent du m me manque d assurance Je l coutais avec attention avec amour Je voulais tre doux ne jamais l interrompre ne pas l obliger se pr cipiter et m me se casser Quand elle a disparu j aurais pu la d crire tellement je la 61 PROSES A CONTRAINTES connaissais bien Mais j tais fier trop orgueilleux m me pour en tracer une bauche J avais peur que la passion ne rende mon dessin trop lyrique Des tas de gens tudient les voix et je suis s r que si au bureau j avais tendu une feuille de papier en disant Ceci est une voix ils n auraient pas ri Au contraire tout le monde aurait cherch partir de la couleur de cette voix qui elle appartenait Et tout le monde aurait conclu que c tait la voix d Isabelle parce qu en octobre j avais invit Isabelle d ner Bien entendu ce n tait pas la voix d Isabelle non plus celle de ma femme Partir sa recherche tait inutile De la femme qui faisait se mouvoir la voix je ne connaissais pas le corps je savais seulement un organe L absence de cette voix quivaut une absence Aujourd hui je hais la musique autant qu une vieille galerie de portraits monnayables Et ceux qui nomment un air d apr s les trois premi res notes sans erreur et le d nichent du premier coup sur le rayonnage o ils ont class les disques 33 tours Je d teste ceux qui jouent du violon parce que l archet me donne parfo
277. er dans la fiction Apparition disparition Le sens du ballet se cache Marasquin allait le d couvrir L quation serait r solue dans le tableau o l image de la revenante rempla ait le roi disparu Il s agissait d un rite On c l brait la fin d un monde en m me temps que l espoir de perp tuels retours Beaux Inconnus est la mise en prose romanesque d une r verie qu organise le mod le de la sextine L H lice d crire en donne une premi re clef la permutation sextinienne r gle parfois l ordre d apparition des personnages et certains de leurs gestes P Lartigue lui m me pr cise que les des personnages en Provence ob issent la d placements projection sur une carte du mod le de la sextine Et il serait ais mais fastidieux de relever les multiples occurrences dans la fiction des escaliers en spirale et du nombre 6 Il s agit donc bien de tourner de faire tourner la langue en spirale de la prendre dans l h lice de la phrase du chapitre du livre Cette figure cette projection de la sextine en figure comme une danse o tournoierait une fiction aux allures par ailleurs d lib r ment assez traditionnelles o ne s oublie peut tre pas le Giono du Hussard elle part d un point central pour s largir concentriquement et se suspendre en un lieu o tout se ressaisirait la tomada ou bien recommencerait repasserait par le m me
278. er de mon innocence J imaginais que seul le mariage un mariage que je me r signais n envisager que comme mariage de raison me permettrait de conna tre une certaine s r nit une paix v ritable de l me autant que du corps H las ma vie de femme commen a sous de bien tristes augures J avais pous un homme brutal et bestial qui prenait plaisir m humilier n h sitant pas se servir des tenailles du marteau et m me du tournevis cruciforme de notre bo te outils De plus il buvait immod r ment d s la sortie de son travail avant de m infliger notre domicile de douloureux s vices 43 PROSES A CONTRAINTES C est d ailleurs en tat d bri t qu il fut renvers par une benne ordures au Plessis Robinson un accident dont malgr l admirable d vouement du corps m dical des quipes de transfusion sanguine de r animation les aides soignantes il ne put r chapper Devant le cercueil qui le mettait en terre je me sentis terriblement seule encore jeune et pourtant confront e un avenir sans espoir Un vide affreux s ouvrait en moi C est alors que je sentis que l on prenait mon bras en me disant Courage madame Cette voix tait celle d un tout jeune homme au sourire tr s doux un tudiant en th ologie qui effectuait des remplacements aux Pompes Fun bres Municipales pour payer ses tudes Il me raccompagna et avec une infinie d licatesse m aida ret
279. er les versions d crivains ant rieurs Cette conscien ce aigu d une litt rature qui s accom plit dans le jeu permanent du m me et de l autre a incit sans doute le po te choisir comme fil conducteur le th me des transformations merveilleuses Gilles Tronchet a voulu mieux comprendre gr ce l tude minutieuse du texte latin le caract re fascinant que rev t cette accumulation d histoires dont le sc nario global se reproduit sans cesse tout en multipliant les varia tions de fa on obtenir une foule d pisodes originaux mais associ s par d innombrables r sonances Il a aussi voulu explorer la savante strat gie nar rative qui permet Ovide de d ployer d un bout l autre du po me un r cit continu mais probl matique depuis la cr ation de lunivers jusqu l poque de l empereur Auguste Ainsi les M tamorphoses offrent un curieux foi sonnement d anecdotes extr mement vari es et nonobstant le po me forme un tout comme le proclame son pro logue o s affirme la volont d unifier le corpus mythique des transformations merveilleuses en un r cit continu depuis la cr ation du monde jusqu l poque o Ovide a v cu Un tel projet comporte une grande part de jeu sous une manifeste diver sit se r v le la constance d une d marche ludique attirant continuelle ment l attention sur l difice narratif et formel qui se d veloppe Gilles Tronchet
280. erminus post quem et terminus ante quem Il y a cependant une tentative d all gorisation L errance d Armand n est peut tre pas due aux seuls imp ratifs de sa vie professionnelle Qui sait si cette qu te obstin e de Tailleurs n est pas aussi l envers d une impossibilit de demeurer dans les limites d un ici Abraham Hawks Chacun des l ments de ce nom m rite l attention Abraham est dans la Bible le nom du premier des patriarches Nous avons donc l une nouvelle allusion au p re par excellence Hypoth se d autant plus vraisemblable que ce nom contient le mot h bra que ab qui signifie pr cis ment p re nous retrouverons plus loin ce mot et une place strat gique Hawks patronyme d un des cin astes am ricains de la grande poque familier Perec et ses amis Howard Hawks westerns est connu pour ses La PROSES A CONTRAINTES rivi re rouge La captive aux yeux clairs Rio Bravo policiers Le grand sommeil films de guerre Seuls les anges ont des ailes et com dies Les pr f rent blondes Mais il est aussi Pauteur de hommes les L impossible Monsieur B b ce qui compte tenu de l interpr tation que nous venons de donner propos d Abraham nous permet de voir dans la mention de son nom compos de cinq lettres avec un W central une allusion de Perec difficult s de son enfance aux La mort d Armand d Artagnan Il serait surprenant que Perec ay
281. es Cela m avait valu aussi ce surnom de linotte que Marie m avait attribu notre premi re rencontre Il faisait une chaleur horrible et j avais vainement tent de convaincre mon petit neveu qu une grande limonade pr s de la piscine municipale en plein air valait largement une visite au jardin zoologique Il n avait retenu de mon vibrant discours que la proposition de boisson gazeuse que rien n interdisait au demeurant de savourer devant les fauves Je travaillais alors mon roman Les Amours Tragiques du citoyen Dupr et de la marquise de Beaus jour vaste fresque populaire au temps de la R volution et je voyais mal comment les acrobaties endiabl es des jeunes singes pouvaient m tre d un quelconque secours N anmoins par habitude J avais sorti mon bloc et je notais L un de ces animaux plus cabotin ou plus gourmand r p tait inlassablement son num ro de charme devant les badauds qui le bombardaient de cacahu tes Tout d abord il se grattait consciencieusement le cr ne visiblement accabl par un manque d inspiration que paraissait confirmer l air ahuri et d sesp r qu il arborait alors Soudain il faisait volte face bondissant vers l arbuste d chiquet qu on avait plant l pour voquer une hypoth tique savane tendait son bras velu et maigre pour saisir une branche basse tournoyait autour se jetait droite pour en agripper une autre plac e plus haut semblait tomber s
282. es Exercices de style avec son et Et d ailleurs le mot compte pour une seule syllabe chez Jean Meschinot Puissent les ditions ult rieures qu on lui souhaite y rem dier Cruciverbiste et auteur d un original et tr s suggestif Dictionnaire extraordinaire des mots ordinaires Paris Belfond 1991 ce sont ses pr occupations d amateur de singularit s lexico graphiques qui ont servi de base et de moteur son entreprise litt raire Sans parler de sa qualit ce livre en allant aussi loin dans la r alisation de cette forme potentielle constitue un record de nature d courager toute vell it d en faire autant sinon plus et pour longtemps 208 Sjef Houppermans Compact Couleurs de Maurice Roche A l ge de six ans Maurice ne savait toujours ni bien s r crire ni lire Souvent malade il n avait pas encore t l cole Il ne se contentait plus de la lecture du soir que lui donnait son p re ni des histoires que celui ci lui faisait Il tenait son journal sur un cahier qu on lui avait offert avec des crayons de couleur Pour cela il utilisait des pictogrammes et autres graphiques qu il imaginait mesure de la r daction D j maniaque des petits dessins sur la page Seul pouvoir interpr ter ces signes Il trouvait cela d lectable et de plus vrai Ces phrases qu on trouve dans Un petit rien du tout tout neuf pli dans une feuille de persil Ga
283. es de Mallarm l troit cadre esth tique o elles furent longtemps tenues enferm es Loin d tre le lieu d une rupture entre prosodie traditionnelle et vers libre P intervention de Mallarm s inscrit gr ce Pascal Durand dans un contexte de crise autrement large litt raire et esth tique d abord politique et social ensuite Avec une rudition sans faille mais jamais lourde Pascal Durand r ussit montrer que l aventure mallarm enne est avant tout collective et qu en elle se refl tent se condensent et se transforment tant l volution de la vie artistique des ann es 70 80 que les mutations profondes de la soci t et de ses syst mes de repr sentation S il conna t parfaitement le dossier litt raire Pascal Durand l innove ici radicalement l aide des perspectives socio culturelles inspir es surtout de Bourdieu et de McLuhan qu il emploie avec une finesse et un sens des demi teintes rendre jaloux chacun de ses deux mod les Toutefois le livre de Pascal Durand ne fait pas que lib rer St phane Mallarm de bon nombre des clich s pr cieux qui touffent l interpr tation de 245 HORS DOSSIER son travail Car plus qu autre chose c est la vie litt raire actuelle dont l auteur veut rendre compte jusque dans ses blocages et soubresauts les plus r cents En ce sens et condition de s abandonner au plaisir de lire entre les lignes Crises est un texte pour c
284. es de la recherche en sciences sociales 60 1985 5 Pierre Loti Aziyad J D Pierre Loti un exotisme d cadent dans Histoire litt raire de la France V Paris Ed Sociales 1977 6 mile Zola L Argent J D Surcodage et protocole de lecture dans le roman naturaliste dans Po tique 16 1973 7 Stanislas Andr Steeman La Maison des veilles J D Lecture Bruxelles Labor Espace Nord 1985 8 mile Zola Le Docteur Pascal Oxymores et incestes la folie et la crise dans les Rougon Macquart dans Marche romane XXVII 1 2 1977 Edmond et Jules de Goncourt Madame Gervaisais J D Romanciers fran ais de l Instantan au XIX si cle Bruxelles Palais des Acad mies 1963 10 S bastien Japrisot L t meurtrier J D Le roman policier ou la modernit Paris Nathan 1992 1 Alain Robbe Grillet La Jalousie J D Avatar du monologue int rieur dans le Nouveau Roman dans Un nouveau roman Recherches et tradition sous la dir De J H Matthews Paris Minard 1964 12 Agatha Christie Le Meurtre de Roger Akroyd J D Le roman policier ou la modernit Paris Nathan 1992 33 Pierre Loti Ramuntcho J D Pierre Loti aujourd hui dans Revue des Sciences humaines 117 1965 14 Georges Simenon Le Bourgmestre de F mes J D Lecture Bruxelles Labor coll Espace Nord n 1 1983 Edmond et Jules de Goncourt Manette Salomon J D Romanciers fran ais de
285. es du jury L autre int gre la porte par laquelle je viens d entrer Je m entra ne ici pour une s rie d exercices dont d pendra mon valuation La date de l preuve m a t indiqu e ainsi que le nombre de jours r serv s mon entra nement Apr s les p riodes d entra nement proprement dit je rejoins heures fixes la zone des couloirs en retraversant l espace blanc rectangulaire toujours aussi vide A l heure d abord o l ombre de la verri re est le plus nettement projet e sur le sol je trouve dans l une ou l autre des cabines situ es le long des couloirs de quoi rem dier mes d penses nerg tiques de la matin e A l heure ensuite o le sol commence se refl ter plus distinctement dans la verri re je d couvre en plus des l ments n cessaires au r quilibrage de mon m tabolisme et au nettoyage complet de ma propre personne des v tements me permettant de retrouver mon apparence premi re pour jusqu au lendemain matin o je rev tirai de nouveau la tenue que je m appr te enlever maintenant et qui est d ailleurs 99 PROSES A CONTRAINTES r duite au minimum puisqu elle comprend seulement un slip et un maillot sans manches faits du m me tissu plastifi ainsi qu une paire de chaussures et des lunettes de plong e Comme ces l ments me sont toujours fournis tr s r guli rement et que je n ai depuis mon arriv e crois personne dans aucun des esp
286. es je suis preneur C est pr cis ment l tage o le P re No l doit me rejoindre je finirai bien par comprendre la loi de r ciprocit quadratique en ses multiples d monstrations Cardinal P latio Familles villages cit s r gions nations et continents partout des P res No ls sont l pour nous apporter le r confort des cadeaux utiles surprenants qui nous enchantent Mais dans une hi rarchie de structures qui se prolonge l infini la foule des P res No l constitue un ensemble complexe de collectivit s bien d finie qui poss dent videmment chacune leur P re No l On se trouve alors en pr sence d une m ta collectivit o l on s attend trouver un ou plusieurs P res No l Je renvoie ici ma correspondance avec la comtesse Kostrowixki ainsi qu avec Charles Maurras pages 12 144 1728 35831808 etc Cardinal Poniflet Ce qui se passe dans l esprit d un savant dans le moment de la cr ation est tout autre chose que la science C est de la passion de la r verie et peut tre de la folie Or il n y a pas d autre moyen d liminer l id alisme des math matiques que de s appuyer sur une science beaucoup plus g n rale que j ai propos de nommer la s mantique Cette science ne conna t d autres objets que des signes tels que c et des expressions construites l aide de ces signes Ces signes et ces expressions tant des objets concrets tels que les pierres ou les oisea
287. es m mes clairantes ainsi de la reprise des noms de Jerry Lewis et Dean Martin cit s dans le Je me sou viens n 291 parmi les noms d ath l tes de W p 129 quel est par 259 HORS DOSSIER exemple le statut des citations d autres auteurs de Sartre Modiano en pas sant par Herv Le Tellier Y a t il cita tion ou simple r f rence un univers commun Sans doute de telles explicitations auraient elles donn un ton trop uni versitaire ces notes Et Roland Brasseur qui interviendra bient t au s minaire Perec propos de Perec et Modiano qui a d j crit des articles sur Je me souviens et I remember de Joe Brainard ou sur les sources icono graphiques du livre de Perec d taille ailleurs sa lecture On consulte donc avec grand plaisir cet ouvrage de r f rence dont les multiples anecdotes et illustrations rappellent une poque dis parue C cile De Bary Dans la Le Cabinet d amateur revue Pour lire l Oulipo propos de Marc Lapprand Po tique de l Oulipo Amsterdam Atlanta Rodopi 1998 L Oulipo est rarement pris comme le sujet exclusif d un ouvrage critique Il faut donc saluer l entreprise de Marc Lapprand qui consid re les produc tions oulipiennes dignes du m me int r t et du m me respect que n importe quel courant litt raire une poque o certains universitaires ont encore du mal consid rer Queneau et Perec
288. es pas ici le long cheminement mot mot lettre lettre de mon pr c dent travail Je me contenterai de d gager quelques nouvelles pistes de signaler quelques r seaux suppl mentaires qui sont perceptibles dans ce texte me r servant de publier plus tard un commentaire encore plus fouill de ce texte que je consid re comme central dans l uvre perecquienne Bref rappel sur Perec et le monovocalisme On sait que What a man s inscrit au c ur de la s rie perecquienne des textes monovocaliques s rie commenc e en 1972 avec Les revenentes poursuivie en 1980 avec What a man et en 1981 avec Morton s Oh On sait aussi que l id e d crire un monovocalisme en e a t pr sent e par Perec lui m me comme une r action de compensation cons cutive la r daction du gigantesque lipogramme qu est La Disparition apr s avoir explor l univers du sans e Perec prouvait le besoin de se lancer dans celui du tout en e Mais s agissant d un auteur dont on commence conna tre les ruses et le go t pour l oblique cette dialectique simpliste semble bien insuffisante elle n explique pas en tout cas pourquoi Les Revenentes a t d autres monovocalismes venaient compenser eux aucun pr alable lipogramme On regardera assur ment les choses d un autre il si l on se souvient que le patronyme de Perec est lui m me un mono vocalisme en e Le suivi qui ne recours
289. espondances Autre exemple plus int ressant les labyrinthes de Chartres ou d Amiens que l on peut parcourir sur les genoux d un bout l autre sans rencontrer de carrefour 1 3 Parcours choix Ils offrent la possibilit de choisir son itin raire entre A et B Exemples appartements poss dant la fois des couloirs et des pi ces communicantes g ographie g n rale routes rues m tro r seau SNCF bref tout ce qui permet tous les chemins de mener Rome 31 PROSES A CONTRAINTES 1 4 Parcours impasses Ils pr sentent des obstacles particuliers qui sont les voies sans issues Exemples g ographie encore et surtout le r seau urbain ainsi que les labyrinthes classiques dont l unique itin raire est rendu inextricable par l intervention d un certain nombre de chemins ferm s 1 4 1 Mais au fait qu est ce qu une impasse C est une voie dans laquelle on s gare et dont on ne peut sortir qu en faisant demi tour 1 42 On s y gare ce n est donc pas une voie priv e permettant pr cis ment d atteindre l objectif que l on visait 1 4 3 La notion d impasse est donc li e au dit objectif Par exemple l escalier de la cave le tambour du petit coin ne sont des impasses que si l on souhaitait se rendre ailleurs 1 5 On voit qu au moins deux de ces types de parcours sont d j utilis s par les litt rateurs 1 5 1 Tout roman lin aire classique ou mo
290. et en insistant sur la n cessit d un d passement dans le sens d une pleine expression du moi On en arrive ainsi une vue simplifica trice de l criture contrainte pr sent e comme tat de celui qui l on fait violence 0 c p 189 et refuge o le sujet peut se dissimuler o c p 117 le tout aboutissant au rien les mots ne d signent plus rien ils ne 265 HORS DOSSIER disent plus rien A la limite c est sur la page blanche sur le silence que doit d boucher l criture o c p 115 Quand on sait ce que l criture contrainte a permis Perec de faire et de dire lui m me a insist dans divers entretiens sur l aspect lib rateur de la contrainte sur le fait qu elle avait jus tement lev des barri res de telles affirmations ne manqueront pas de surprendre Elles s expliquent par le fait que Bertharion ne se place jamais sur le terrain du faire ainsi s lection ner des l ments dans une s quence a s mantique l alphabet en vue de constituer des mots n est pas pour lui la premi re phase d un processus de construction mais une op ration de d construction du mot et du sens De m me toutes les manipulations sub stitutions lexicales anagrammatisa tion variations homophoniques qui permettent d prouver la r sistance du mat riau linguistique et d en d couvrir les potentialit s se voient affect es d un coefficient
291. et que j avais la voix qui tremblait p 14 On le voit ce type de contrainte exploite un th me outrance l oubli et ou la m moire le point de vue L accumulation mise en listes d clenche un effet humoristique Il ne s agit pas de r p titions proprement parler mais de variations sur un concept unique la mani re d une large spirale dont l amplitude d cro t pour tenter d atteindre le centre le c ur du sujet La contrainte th matique ne provoque aucune distorsion au niveau du signifiant C est la seule accumulation qui la laisse transpara tre C est donc une contrainte molle de classification et qui permet une grande originalit dans la textualisation m me C Contrainte structurelle 1 BO n 67 Qui a tu le duc de Densmore Claude Berge La nouvelle se pr sente comme une histoire polici re classique meurtre huit suspectes ni t moin ni mobile apparent C est dans la r solution de l intrigue que r side toute l originalit de la construction apr s l chec des enqu tes de Scotland Yard un double car ETUDES D UVRES CONTEMPORAINES c est un petit g nie d Oxford qui d masquera la coupable En appliquant le graphe d intervalles du math maticien hongrois Haj s au cycle des visites des huit femmes chez le duc et en d couvrant une inconsistance dans ce graphe il d masquera infailliblement la seule coupable possible La logique suppl
292. etter le d s qui libre entre textes de cr ation dont aucun ne d passe vrai dire l criture de Fourcade m me et articles th o riques que l on souhaitait bien plus nombreux N emp che que la le on de ce num ro sp cial ne laisse pas d tre clair Ce qu apprend Tava Fourcade c est que le d passement des formes ressass es de l avant garde ne conduit pas n cessairement la r activation plus construites des anciennes formes fixes c est le parti pris qu on pourrait pour l instant attribuer voire repro cher Formules mais que l aven COMPTES RENDUS ture de la contemporan it absolue doit non moins tre toujours tent e For mules 4 qui comportera un article sur la prosodie ne manquera pas de se faire largement l cho de ces d bats o notre revue est plus que partie pre nante Java vient d obtenir le prix de cr ation pour les revues J B propos de Hesp ris num ros 1 et 2 1998 Paris Rome d Memini Cette nouvelle revue nous r serve d embl e une vraie surprise Outre quelques beaux textes surtout en prose elle a d j donn en l espace de deux num ros pourtant assez courts un chantillon tout fait convaincant de pol miques exemplaires de tout point de vue commencer bien s r par celui du style souvent juteux Gr ce surtout au directeur de la publication Pierre Jourde qui signe entre autres un tr s gracquien La litt rature sans
293. eul des six mots clefs de cette sextine qu on rel ve galement dans la premi re sextine du Canzoniere mais c est aussi le soleil noir nervalien qui ne peut ici que s clipser on est dans la lumi re de lamour Et tout le roman est roman du soleil le mot absent c est le roman tout entier Mots tes vous des mythes et pareils aux myrtes des morts 7 Il s attendait un d bordement et trouverait une occasion d agir D ici l honneur la daube une 33 daube sans anchois et sans vin Beaux Inconnus c est une op ration culinaire savoureuse o l on m le des saveurs emprunt s des livres A Nerval mais aussi la daube ne peut manquer d y ramener Jacques Rou baud puisque Pierre Lartigue est pr sent en tant que personnage au chapitre 35 de L Enl vement d Hortense roman qui ne saurait se lire si l on ignore tout de la sextine et c est pr cis ment pour y livrer la recette de la 230 daube sous la forme d une sextine La r f rence est en r alit plus complexe qu il n y para t Car Jacques Roubaud nous semble son tour figurer dans le roman de Pierre Lartigue sous la figure de La Cepp de qui compte les barreaux des grilles les lames du cube les marches des maisons les pav s de la cour les carreaux des fen tres Rien n chapple ce go t forcen qui d vore les livres et s assied toujours dans la bilioth que la pl
294. evenons donc notre num ro 3 et ses Proses contraintes qui r unit un grand nombre d auteurs L on conna t d j la place centrale qu occupe la contrainte dans l uvre de Jean Lahougue de Jean Ricardou ou des membres de l Oulipo mais on ignore encore trop ce que doivent l criture contrainte des auteurs comme Antoine Bello Renaud Camus R gine Detambel Pierre Lartigue ou Antoine Volodine que l on retrouvera tous en ces pages en compagnie d autres auteurs tout aussi remarquables mais moins connus et pour cause certains publient ici pour la premi re fois Dans un premier temps en plus des textes de cr ation nous avions song offrir aussi un panorama raisonn des proses contraintes des vingt derni res ann es Mais rapidement au vu du grand nombre d uvres qui correspondent cette d finition cette t che s est av r e peu r aliste et pour tout dire impossible dans le cadre troit d un seul volume Loin de toute exhaustivit donc nous n avons retenu que tr s peu d articles sur des uvres r centes pour mettre en relief la vari t des contraintes utilis es Parmi les textes contraintes qui se construisent partir du mot comme l ment nous offrons ici une courte tude sur Tom roman monosyllabique de Ren Droin mais nous avons laiss de c t regret La Mod liste roman en mots de genre f minin de R gine Detambel Djinn d Alain Robbe Grillet qui jou
295. fallu choisir Mais l horizon d un choix surgit toujours l omission Alors soyons francs Nous avan ons trois points bon an mal an car nous voyons dans chacun un trait agissant sur l Ou lipo qui va conditionnant sa production harmonisant tout discours contraint l instar d un Chant royal ou d un Chant nuptial mais parfois nous laissant sinon contrit du moins baba d admiration Oulipo un paradis du mot un nirvana du narratif un ouvroir tous azimuts o l on coud maillons bout bout quasi l infini ouvrir 168 ANTECEDENTS NOTES 1 L Oulipo pour tous fut d abord fourni pour l ACFAS Association du Canada Fran ais pour l Amplification du Savoir au Canada UQTR 12 mai 1997 Poccasion d un forum d un jour sur lPOulipo J avais donc a priori con u la communication dans un but oral Il a fallu pour la publication approfondir ou rassortir un point ici ou l J ai fait l adaptation nihil obstat sans pour autant trahir l initial but du propos Notion qui aboutit la publication d un bouquin part il y a un an quasi jour pour jour l instigation du Hollandais Rodopi qu on pourrait au moins parcourir pour la comparaison Au cas o nous n aurions pas compris l allusion voir La Disparition p 29 4 II faut voir aussi dans la livraison d avant lattrayant Un Gus pur jus suivi par l accrochant Whizz Kid pondus par un
296. fet que la braise de son savoir mais l ignorant lecteur pourra malgr tout la d celer dans le chaos de glaces et de nuit du p le enlumin e comme les dix mois dis moi de la nuit rouge Il est donc encore possible de lui arracher quelques secrets en se laissant guider par les fleurs ouvertes les clochettes mouvantes tout ce qui relie les lys et les liserons sur le pr des sons mais la Re ine Sorci re a si bien r duit en cendres certaines pierres splendeurs invisibles que nous ne pourrons plus jamais les entrevoir eur ka pour Henrika mais pas pour Eucharis qui tient distance les fut s Il semble que Rimbaud en d fiant son lecteur s amuse l avance de l inanit de certaines recherches et des pi ges qu il a tendus de l effet d lib r ment garant voire d l t re des r v lations dans de nombreux autres passages de son uvre il anticipe litt ralement sur ce genre de d couvertes et pense d une part qu elles seront tr s longues venir d autre part que le surgissement de l arri re fond sexuel provoquera la stupeur de la plupart et causera une satisfaction irr pressible pour les amateurs sup rieurs Le Rimbaud que l on a voulu donner voir ici est davantage un artisan de la formulation qu un chercheur du lieu et de la formule Dans son autre grand texte en prose Une saison en enfer il n appara t
297. ghers 1990 Rappelons que les permutations de la sextine se font selon l ordre suivant 123456 615243 3 64 1 2 5 5 3 26 1 4 45 1 3 6 2 2 4653 1 Jacques Roubaud Le Grand Incendie de Londres La Boucle Math matique Seuil 1989 1993 1997 Le v ritable titre du premier volume est Destruction c est dire la Branche 1 du Grand Incendie de Londres 1 Agn s Vaquin Un monument d criture La Quinzaine litt raire n 620 16 au 23 mars 1993 pp 12 13 Compte rendu de La Boucle La pluralit des proses de J Roubaud Entretien de Florence Delay avec Jacques Roubaud Quai Voltaire n 10 hiver 1994 p 19 Rou baud on peut se demander si les rats qui construisent eux m mes le labyrinthe dont ils se proposent de sortir ne se sont 221 Guy Lelong Le domaine d Ana un r cit textuel de Jean Lahougue Ainsi que le rappelait le premier ditorial de Formules l initiative c d e la forme plut t qu au contenu est sans doute le trait majeur de ce qu il est aujourd hui convenu d appeler la modernit litt raire Toutefois cette exploration de nouvelles formes de l criture peut s effectuer selon au moins deux modes principaux la r duction l int gration Le premier mode a probablement trouv avec l uvre de Samuel Beckett l un de ses accomplissements les plus exemplaires Michel Gauthier lisant pour 2 Beckett l abstracteur de Pascale Casanova a m
298. gneuse Ce fut le cas par exemple avec ce bell tre rencontr au hasard d un cocktail Je ne sais plus tr s bien qui nous avait pr sent s mais ce qui est s r c est que cet individu au teint mat et la voix travaill e se faisait passer dans le monde de la haute couture pour le repr sentant du renouveau de la mode hindoue Il disait s appeler E ram et ce nom exotique que pour ma part je trouvais totalement d nu d int r t produisit un effet inexplicable sur Marie qui en parut toute retourn e Avec force gestes inspir s il dessinait des volutes autour de ma femme et d faut de talent de mod liste montrait des dispositions pour le cabotinage Il se proposait de cr er pour elle un sari unique exceptionnel qui j imagine allait faire du bruit dans le Landerneau des tailleurs d toffe Je ne saisissais pas quelle raison obscure poussait Marie pr ter attention aux propos insignifiants de cet homme mais les voir si bien ensemble fut certainement la cause de mon ivresse ce soir l Lorsque l importun nous proposa de nous raccompagner ma riposte fut imm diate je lui r pondis vertement par cinq lettres et je me souviens tr s bien que mon intention premi re avait t de le gifler Laisse le il est compl tement saoul viens C est ce qu avait dit Marie avant de partir avec ce type J avais certes l esprit embrum par l alcool mais je voyais d sormais Marie telle qu elle tait une mid
299. haleine se condensait au point de former de grosses gouttes qui parfois coulaient Et puis J ai pleur j ai pass la langue sur ce t l phone j y ai pos la bouche je me suis m me caress et je me souviens de mon d sarroi la premi re fois que j ai fait glisser doucement le t l phone sur mon sexe Je me sentais seul Heureusement sa voix me guidait Il tait devenu ce t l phone une maison d habitation pour couple passionn A la fin de la semaine quand nous avions bien v cu travers lui quand nous avions pris nos repas ensemble et ri et parl et fait l amour je nettoyais Quand elle a raccroch la derni re fois quand je ne l ai plus entendue autant dire quand elle m a quitt j ai nettoy le t l phone Et les trous taient pleins d ordures comme l vier quand j tais petit L vier tait toujours bouch par des peaux de petits pois du riz cuit un morceau de tendon pris dans la bonde qui g naient l vacuation et bouchaient le tuyau Ma m re rep chait les ordures avec des aiguilles tricoter et versait de l eau bouillante pour faire fondre les d chets gras Il y avait aussi des 64 CREATIONS pluchures de pomme et des fils de haricots verts moisis C est moi qui les avais jet s dans l vier Alors ma m re me les faisait enlever Pour ma punition elle ne me donnait pas de gants Et je tirais en fermant les yeux jusqu ce que remonte sous mes ongles les ble
300. i re du th tre n avons rien trouv pour l instant ce qui ne veut pas dire que rien n existe Que les auteurs pratiquant l criture contraintes dans le domaine dramatique se signalent nous en parlerons une prochaine fois s il y a lieu Notons simplement que certaines pi ces de Jacques Jouet sont tout fait susceptibles d tre mont es par les enfants notamment ses 3 fois 3 v ux ou certains de ses Sphinx d du Limon 1996 et 1998 et que le M tro m pas tro de Yak Rivais peut aussi tre repr sent par petites sc nes successives nous Nous voici arriv s au coin du bois suivant vocation en citant pour tous ceux qui voudraient savoir tout de m me quelles sont les contraintes en litt rature pour enfants mais c est aussi pour adultes La com die des mots de R gine Detambel Gallimard 1997 Page nous terminerons donc cette 235 PROSES A CONTRAINTES 236 Blanche recueil de ses articles pour La Gazette de Montpellier puis pour Encres Vagabondes Le num ro 5 de la revue Texte en main publi au printemps 1986 par Claudette Oriol Boyer m lange de textes sur ou de litt rature enfantine Conclusion provisoire On laura vu on laura compris il ny a pas de contraintes sp cifiques dans la litt rature enfantine sauf celles impos es par les diteurs dits pour enfants tous leurs auteurs textes courts s ins rant dans une collection vocabulaire sim
301. i fondent en profondeur la force des couleurs Souvent couleurs teintes tons moires enluminures touches lumineuses situent les objets et les endroits bauchent les silhouettes et canalisent les images derri re les lunettes noires A diverses occasions les mots disant la couleur signalent du dynamisme du texte C est d abord le cas pour l interp n tration des couleurs et de la musique des expressions comme mouvement chromatique 24 et ascension chromatique 31 jettent les ponts L espace de leur rencontre serait par exemple l op ra Le Combat de Tancr de et de Clorinde tout d abord premi re grande c r monie totale du d chirement amoureux de l occident et de ses projections fantasmatiques op ra qui hante Compact comme premi re tape aussi d une tragique et d risoire ducation sentimentale menant de la princesse lointaine la poup e gonflable Orph e chante ici surtout aussi les lois ETUDES D UVRES CONTEMPORAINES galement bien s r et on voit passer Lohengrin la recherche de son destin Mais cette t te pleine de voix qui hallucin la violence la jalousie et la solitude est aussi sans doute celle du soldat Woyzeck la repr sentation de l op ra d Alban Berg au Muziektheater d Amsterdam avril 1998 coordonn e par H hnchen o des cadres noirs en s rie emprisonnaient de plus en plus Woyzeck d chirant l or du ciel avec un avant go t de la guillotine d
302. i par l objet m me de cette lecture qu en termes journalistiques et moins anti mallarm ens qu on ne pourrait le penser vu les multiples rapports dixit Pascal Durand entre l criture la plus pur e et l universel reportage des mass media naissants on devrait qualifier de scoop de l ann e Crises propose la microlecture d un diptyque avec d un c t la conf rence anglaise sur Manet et les impressionnistes publi e Londres en 1876 et de l autre Crise de vers ensemble de textes vari s d entre 1885 1890 environ mais ayant connu divers assemblages avant d tre repris finalement dans Divagations de 1897 Le second volet est c l brissime cit tort et travers et au fond jamais lu en tant que texte complet le second est pour ainsi dire ignor du grand public COMPTES RENDUS lettr puisque non retenu dans l dition Mondor des uvres compl tes Donnant lire in extenso l une et l autre de ces pi ces essentielles le livre de Durand constitue d j lui seul un v nement ditorial Les lisant toutes deux au plus pr s et l une par rapport l autre l une en filigrane de l autre il est non moins un v nement critique L apport de Pascal Durand dont il ne faut plus rappeler les qualit s d ex g te se situe plusieurs niveaux L articulation des deux textes offre en effet une possibilit de relecture qui arrache les prises de position th oriqu
303. i salie par le mensonge une fois ou deux c est vrai Qu on me comprenne bien Nous parlions des heures d elle de la forme de ses seins et je faisais semblant de les toucher Tu es douce je lui disais Et mes doigts se refermaient sur ma paume et c est ma peau que je touchais alors qu elle m avait promis la petite pointe douce de ses seins J en avais assez de refermer les bras sur mes paules moi et de rencontrer la laine de mon pull over quand j aurais voulu me pencher sur elle Pour qu elle n en sache rien je faisais l amour avec les femmes que je rencontrais au bureau Elles parlaient Je ne les en emp chais pas Elles taient bavardes et leur voix sans filtre contre mon oreille me d go tait singuli rement Maintenant admettons que je sois assis au t l phone Il y a de la bu e grasse l endroit o je parle Mon oreille droite transpire couter rendrait la peau sale Je vis l au t l phone Il est donc normal que je le salisse Comme on macule la table quand on d jeune comme on froisse les draps du lit C est vrai qu il y avait sur mon t l phone une pluie de pellicules fines Mais comment faire autrement J y passais six heures d affil e souvent plus le combin contre la tempe Elle elle devait mettre du rouge et salir pareillement La vie du corps laisse des traces La voix en laisse des traces dans un t l phone autant qu un animal rampant un escargot par exemple Mon
304. ibes de petits morceaux de cette unit qui faisait de notre appartement un magasin d antiquit s une merveille que nos amis venaient voir et dont elle tait fi re ma femme m me si elle devait pousseter et cirer et nourrir les bois et prendre soin des parchemins au moins une fois par semaine Mais sit t s par s tous ces objets perdirent leur valeur affective et m encombr rent Heureusement ils avaient une importante valeur marchande je le savais Le quatorzi me jour on posa le t l phone Au quinzi me jour je confiai le texte suivant un journal sp cialis dans les petites annonces class es de particulier particulier Vends cause d part meubles anciens bibelots vaisselle jouets objets de curiosit verrerie bronzes livres d art Au dix huiti me jour je d crochai Je me rappelle avoir sursaut au point de disperser les feuilles multicolores du bloc notes La sonnerie n y tait pour rien elle est habituelle et machinale C tait la voix La voix et sa complexit formidable accumulation de mille autres voix sans expression sensuelle c est dire cherchant plaire mais pass e une forme sup rieure d expression capable d accepter tout ce que je penserais d sormais assez forte pour me renvoyer au fond d terminer mes mouvements venir me gouverner m alimenter Je serais un morceau de p te mall able qu elle allongerait ou r duirait Je ne pourrais plus jouir d un instan
305. ienne et les glogues en sabots grognant dans le verger Le savant mot grec qui signifie petit po me pastoral se trouve chauss des sabots du paysan et ce renversement classique du plus haut en plus bas de la t te gav e d rudition par les ma tres en rude cul bouseux d livr dans la horde induit le mot verger qui contient lui m me le mot verge ce renvoi au double apprentissage du jeune Arthur se d roule la faveur d une obscurit qui n emp che toutefois pas la Lune de l entendre en mati re d ambivalence elle en conna t un rayon Mais cette irruption de la part la plus authentiquement biographique et lumineuse du texte pr c de sa phase phrase la plus nigmatique Puis dans la futaie violette bourgeonnante Eucharis me dit que c tait le printemps Le nom propre qui figure ici 180 semble li aux nombreuses occurrences du mot charit dans l uvre la dynamique donc de la Gr ce et de la merde une allusion amicale Dela haye serait trop longue tablir et l on se contentera de sugg rer que PR constitue l autre fleur qui sourd des pr s d Apr s le D luge en sept c est dire autant d exemplaires qu ta dans l ordre suivant aPR s dans le titre PRi re dit sa pri re l arc en ciel Pr cieuses Oh les pierres pr cieuses com PRis compris des girouettes PRemi res
306. ige dont le front dur et l int rieur des joues blanc et raide la sciaient L lastique qui passait sur ses oreilles la cuisait Ses narines ne co ncidaient pas avec les trous du masque Alors elle respirait bruyamment par la bouche contre le carton blanc Son haleine tout de suite se changeait en eau Elle d goulinait Par les yeux du masque trop largement fendus en amande je la voyais jusqu aux pommettes Sa voix sortait je ne savais d o et elle m effrayait comme un fant me J avais cinq ou six ans C tait il y a longtemps il y a presque trente ans C tait la premi re fois que j aimais une voix t l phonique Quelques heures furent d abord employ es d crire les objets que je proposais la vente J habite loin me disait elle je n ai pas l habitude de me d placer pour rien Je lui r pondis que je comprenais Bien s r je viendrai voir les toiles dit elle Je r pondis qu on n ach te pas sans toucher Le jour o il fallut organiser officiellement une visite nos horaires ne concord rent pas D ailleurs elle eut un ton outr quand je proposai j tais rouge rouge d aller la voir moi m me chez elle le soir vers onze heures La voix tait digne assez distante Je pris l habitude de ses revirements d acheteuse mal d cid e Elle ne savait plus combien co tait le cheval de bronze elle n avait pas le temps de passer en ce moment elle voulait r fl chir mes propo
307. ille de contraintes Patrice Hamel Emergences de lettres une lecture cognitive Guy Lelong crit par son support Bemardo Schiavetta Comment je me suis mis a crire le LIVRE Notes de lecture Formules n 2 1998 1999 DOSSIER TRADUIRE LA CONTRAINTE Le laboratoire des traducteurs Umberto Eco Introduction Exercices de style de Raymond Queneau Henry Gil Traduire Siles Sjef Houppermans La traduction en n erlandais des Nou velles Impressions d Afrique de Raymond Roussel Jacques Lajarrige Les nouveaux habits de P trarque traduction et containte chez Oskar Pastior Marc Parayre La Disparition Ah le livre sans e El Secuestro Euh un livre sans a Ant c dents Dominique Buisset Fradtie la contrainte isops phe de L onides d Alexandrie Heather Williams Taliesin l Alexandre gallois le retour de la cynghanedd Autour de la traduction David Bellos Le D mon de l analogie Dou glas R Hofstadter Extraits de Le Ton beau de Marot Alain Chevrier Du sonnet au ha ku les ori Pour recevoir Formules Envoyer pour chaque num ro command un ch que de 120 FF port compris 50 FF pour les envois hors France jusqu deux num ros par envoi l ordre de Reflet de lettres et l adresser Formules 79 rue Manin 75019 Paris gines de l ha ka sation chez Raymond Queneau Guy Lelong La double entente mallarm enne Pratiques Traductions possibles ou impossibles de grands textes par Philippe
308. illement luminescent de la boule sonnerie mais il pressent n anmoins avec nettet la pr sence de sa visiteuse 139 PROSES A CONTRAINTES G oma tre sonde par l il le c ur Pesprit celle qui d livr e de la pesanteur et de ses inqui tudes flotte l g re au sein de son antre ouat laiteux comme du yaourt la cr me fra che et sirop de groseilles G oma tre d s cet abord a compris qu il s agissait d un probl me de distance et que gr ce la myriade de dipl mes qu il collectionna jadis avec brio il r soudra ce r bus g om trique avec une facilit mirobolante G oma tre dit alors d une voix de saxophone Avant tout dormez et r vez laissez l image de vos tourments s imprimer sur l cran bleu des feuilles de mes palmiers anglais afin que mon diagnostic soit sollicit G oma tre regarda donc en lui en ses souvenirs en son jardin int rieur et vit s quence apr s s quence le vertige d Ursule dessiner son territoire depuis son premier chagrin jusqu ce vide qui pr sentement la tourmente G oma tre arpenta cet inventaire de temps et de lieux avec l acuit sereine de l expert asserment aux filtres et aux grimoires charg de r gler ce que le destin ne parvient parfois assumer seul G oma tre observa une silhouette perch e sur une butte assur ment celle d Ursule fixant une ombre sur le sable assur ment celle d un tr s jeune homme en train de s loigne
309. immense empire interplan taire Cette vision syncr tiste explique l exceptionnelle densit des trois volumes r unis en un coffret de quatre pages intitul Z Zu ne put d ailleurs r sister la tentation de pr ter son personnage un destin la 26 CREATIONS mesure de son cr ateur Dans le premier tome Gen se Z le primate d couvre le feu peint les murs des grottes de Lascaux aff te les premi res fl ches et fabrique un chariot monoplace sorte de voiturette en bois qui se r v le tr s commode pour aller la chasse Dans le deuxi me tome Paternit Z le pr sident des Etats Unis r sorbe le d ficit budg taire met au point un vaccin contre le sida fait un enfant sa femme et rebouche le trou de la couche d ozone Dans Disparition Z le vieillard occupe ses journ es r fl chir sur le sens du monde Une vie bien mouvement e au total On ne sait ce qu il faut admirer le plus dans cette trilogie l ellipse magnifique qui nous m ne en trois pages de la naissance la mort de Z de l aube de l humanit jusqu son cr puscule La pr cision quasi m dicale qu apporte Zu dans la peinture de ses personnages La qualit de sa r flexion sur la mort L audace de sa plume quand elle fulgure travers les si cles Sa puissance imaginaire Sur un plan strictement objectif Zu se rapproche du terme de sa qu te Gen se fait 395 mots Avec Paternit 244 mots un roman tient pour la
310. inette allumeuse rou e irr m diablement go ste Loin de m tre d un quelconque secours Marie m enfon ait Marie m humiliait Si dans les premiers temps elle avait repr sent pour moi la muse dont r ve tout crivain au point que je lui devais la plupart des id es originales de mes romans j avais peu peu senti les mots se rar fier jusqu 127 PROSES A CONTRAINTES voir mon imagination tarie J ai attendu Marie toute la nuit et j ai continu boire J ai pens tous les crivains qui s taient tir une balle dans la t te et je suis all chercher le revolver sur la derni re tag re de la penderie Je crois que si elle n avait pas dit fous moi la paix tu me d go tes je n aurais pas press sur la d tente Et puis il y avait ces vers qui me rongeaient le cerveau de leur musique infernale Souvent femme varie Bien fol est qui s y fie Je ne sais plus tr s bien combien de temps je suis rest h b t avec cette sensation tr s nette de toucher le fond mais ce qui est s r c est que je demeurai fascin par ce tableau lamentable dont j tais l auteur Marie tait renvers e sur le tapis Un filet de sang coulait de sa bouche entrouverte et formait sous son visage une petite flaque En tombant elle avait laiss chapper son livre qui gisait ferm c t d elle 128 CREATIONS Chantal Robillard romance en mer sereine cume nacr e en mer ser
311. infirme qui me fait la lecture toujours impatiemment attendue de votre int ressant journal La rubrique Comment se sont ils connus en particulier est d une richesse qui ne se d ment pas et j aimerais y apporter ici ma modeste contribution Conscient des contraintes qu entra ne mon handicap je me suis orient vers une profession o celui ci deviendrait au contraire un avantage c est ce qui m a amen entreprendre une formation de go teur d eau min rale l Institut des jeunes aveugles install depuis peu au 15 de la rue Mayet Paris dans le T arrondissement J ai pris l habitude de m y rendre par le m tro Je descend la station Duroc et je m engage dans la rue de S vres pour tourner dans la premi re rue droite qui est justement la rue Mayet Je chantonne souvent en marchant afin que les pi tons distraits me remarquent et m vitent Je reprends ce succ s de jadis malheureusement tomb trop t t dans l oubli Ses yeux perdus voient le ciel Et je sais qu ils voudraient m y conduire Auraient ils sans cela ce sourire Surnaturel Et c est en fredonnant ainsi qu un jour je me suis trouv face face et m me nez nez avec une jeune fille aveugle elle aussi et qui n avait pas pu m viter j appris plus tard qu elle tait sortie du m tro Vaneau o elle avait donc travers la rue de S vres Un passant qui n avait pas remarqu nos cannes blanches
312. intenant sur le pourtour du t l phone Qui j tais se r sumait s appauvrissait et s enclenchait comme un r flexe J tais celui qui disait Oui c est moi All je vous coute Puisque j tais l appel l esp rant tre appel puisque j tais l h te perp tuel je ne me nommais plus Elle m envahissait elle entrait l comme chez elle et je r ponda is la voix sans r bellion Pourtant avant que nous ne vivions ensemble avant que nous renoncions d finitivement raccrocher le combin quand elle m appelait de temps en temps pour me faire un petit signe comme elle disait je ne voyais dans notre relation que le chagrin de la parcimonie sa pr sence avare ses ponctuelles r apparitions qui me remplissaient de bonheur Peu peu elle dit notre vie commune avec lyrisme Le regard baiss je lui demandais parfois de me laisser le num ro o je pourrais mon tour la joindre Et puis au moins son pr nom pour que je sache un peu que je me la repr sente mieux Aussit t elle se fermait Elle parlait de ma mesquinerie Ma confiance tait vulgaire grossi re Elle me dit que je ne devais rien exiger d elle sans risquer de corrompre le bonheur qu elle concevait de ses appels presque quotidiens Et quand par maladresse je lui reprochais un manquement une promesse de conversation non tenue une heure qui n avait pas t respect e quand j expliquais que j avais hier attend
313. interrogation sur l essence de Phomme la pr occupation linguistique Court de Gebelin la pr occupation politique Lukacs la pr occupation m taphysico religieuse Talmud et Zohar On ne s tonnera donc pas que notre commentaire ait t appel se situer alternativement ou conjointement dans ce triple champ Le fils de l homme C est ce que va nous montrer l analyse du nom du premier des personnages du r cit Andras MacAdam Longuement attendu puisqu il n appara t qu apr s la description de sa remarquable et extravagante tenue le nom du premier h ros voqu par Perec dans son r cit m rite quelque attention On sait avec quel soin Perec choisissait ou plut t fabriquait les noms de ses h ros C est un des points sur lesquels la filiation voire Pidentit plusieurs fois revendiqu e avec Kafka est la plus vidente Qu voque Andras MacAdam La premi re id e qui vient est de rapprocher ce nom de celui de John Loudon McAdam 1756 1836 Ping nieur cossais qui inventa un syst me de rev tement des routes Or ce nom pour un oulipien averti comme Perec ne peut manquer de renvoyer cette remarque de Louis Auguste Commer son 1802 1879 Si j avais une sta tue lever Mac Adam je ne le repr senterais pas assis je le ferais de boue Mais cette premi re approche pour clairante qu elle soit sur le plan intertextuel ne saurait suffire Andras Ma
314. ion qui elle est fait face une r ponse vide quelqu un au moins un une qui soit invite le lecteur parcourir un trajet de sens sans cesse remis en cause Le jeu de d portement des figures et de d charge des formes r pond la logique du d sir all gorique il s agit de multiplier les possibles sans qu une image stable ne puisse tre identifi e de d multiplier les lignes de sens sans qu une signification univoque ne puisse tre s lectionn e Ce pourquoi l v nement mis en sc ne dans la derni re partie de L Anna ne peut tre qu v nement de langage l av nement d un espace de parole 51 PROSES A CONTRAINTES d mocratique ouvert et pluriel qui d lie les langues et superpose les prises de position les plus diverses appara t comme la seule condition de possibilit d une communaut de paroles et de gestes Que d aventure les personnages ne pr sentent d autres aspects que mouvants le locuteur d autre identit que d faite ne saurait nous tonner le mouvement de renversement carnavalesque des pouvoirs lorsqu il est port par des jeux libres de langages oppos s et de figures prolif rantes aboutit un irr m diable proc s de d tronisation des personnages et de disparition locutoire du sujet de l nonciation preuve de d paysement du lecteur L Anna questionne l criture et la lecture ces m canismes insens s sans cesse la traque d un
315. iques Luc tienne 1908 1984 fut surtout un vivant pilier du Coll ge de Pataphysique o il cumula les charges dignitaires de R gent du Contrepet et de Chef des Travaux Pra tiques de Versification Holorime et Bouts Rim s ce titre il a pratiqu de multiples jeux langagiers que l on retrouve parmi les contraintes d cri ture utilis es au sein de l Oulipo qu il rejoint en 1970 Ainsi il a t l un des premiers s int resser au palindrome allant jusqu inventer le palindrome phon tique phrase identique lorsqu on l coute dans les deux sens de d file ment d une bande magn tique Mais pour beaucoup Luc tienne reste le g nial responsable de 1953 1984 de L album de la Comtesse la r jouissante rubrique de contrep te ries du Canard encha n Il a d ailleurs consacr un indispensable ouvrage L Art du contrepet la m thode minutieuse du d calage des sons Luc Etienne ing nieur du langage est un livre indispensable pour qui sou haite enrichir sa connaissance du domaine oulipien On pourra cepen dant lui reprocher une conception d en semble plut t confuse la bibliogra phie comme la table des mati res s vertuent distinguer dans les activi t s de l auteur des secteurs qui se recoupent en grande partie ou s av rent pratiquement impossibles d limiter les Jeux du langage sont artificiel lement s par s des Travaux ouli piens
316. irer mon voile noir J ai tout de suite compris o tait mon devoir et gr ce ma petite pension je l aide d sormais dans ses recherches rudites sur l uvre de Kierkegaard je suis enfin une femme combl e NOTES II s agit du n 58 Trente quatre brazzles du n 71 Biblioth ques invisibles toujours et du n 86 Chu dans mer sale publi sous ma signature mais dont la documentation provenait de la liasse laiss e par Paul Braffort Un couple d entiers m n est dit de Perec qui introduisit ce concept en signalant les propri t s du couple 37 73 sin 2m 1 metn tant tout deux premiers Elle s nonce ainsi il n existe pas d autre couple de Perec que le couple 37 73 Les nombres premiers irr guliers p sont tels que le nombre de classes de diviseurs de Q p est divisible par p est une racine primitive de l unit de degr p Il en d coule que ces nombres doivent diviser le num rateur de l un des p 3 premiers nombres de Bernoulli II s agit de rechercher le nombre minimum de puissances n i mes dont un nombre entier donn est la somme 44 CREATIONS Alain Chevrier Un gars qui a trop bu Tu n as plus dans ton stock que les mots les plus courts et qui n ont qu un seul son en gros C est fou mais vient de ce que tu vas tr s mal Plus mal que le gars qu on voit dans Un mec qui dort pour ceux qui l ont lu et ils sont peu
317. is un grain de la voix Et j en voudrais un autre et un autre encore pour qu ils constituent une piste ou tout au moins de quoi me confectionner un chapelet ou un kombolo pour m occuper les mains maintenant qu elles ne reposent plus l une sur le combin l autre sur le cadran gris tremblantes comme si j avais eu sa t te dans les mains Elle est partie Je ne connais pas son visage vivant Je porte un deuil frais le deuil d une voix et je suis v tu de gris Pourtant une voix ne fuit pas ainsi ne se suicide pas bien que cette id e m ait travers l esprit l id e qu elles s taient suicid es elle et sa voix une voix ne br le pas dans sa propre chevelure Depuis j attache une tremblante superstition la sonnerie du t l phone Je la per ois avec la m me horreur que le bleu du t l gramme que le facteur avait apport un jour de gel ma m re et qui annon ait la mort de sa grand m re Et ma m re comme cela se faisait insistait pour que le facteur accepte de boire un verre de liqueur de quetsches avant de reprendre la route Pendant qu il buvait je me demandais qui allait nous manquer soudain Depuis je confonds le son et la couleur dans une pr monition de trag die Je ne me souviens pas du visage du facteur qui tendit moins de dix huit mois plus tard un autre t l gramme commandant ma m re d appeler Addis Abeba pour raisons graves Et ma m re appela Pour ne pas tre se
318. is coquin souvent cynique mais quel humour dans ces variations Le mariage politiquement correct du petit chaperon rouge de Pierre L on d du Gref Toronto 1989 Pour adolescents et adultes ou comment stigmatiser le ridicule du politiquement correct qui s vit aux Am riques et ne va pas tarder d barquer chez nous avec ses ils ou elles obligatoires ses chaperonnes ses techniciens du bois conomiquement d favoris s A lire de toute urgence pour ne pas mourir idiot l or e du bois du XXI si cle Pour m moire bien que non francophone Politiquement correct de James Finn Gamer Grasset 1994 recueil auquel r pond Pierre L on cit plus haut EE Contes modernes Les apparaissent maintenant au coin de notre bois S en suivra ci dessous une s lection Conte d Apothicaire et L arbre palabres de R gine Detambel Gallimard 1998 En voil une auteure ou une auteuse ou une crivaine on ne sait plus comment f miniser les mots en restant politiquement intelligence en voil donc disions nous une femme de lettres et de l tre qui p tille de dr lerie de style de panache On ne peut citer tous ses livres pour la jeunesse mais ils ont tous quelque chose d ind finissable un fond de m lancolie sous l humour d capant qui n appartient qu elle Le Conte d Apothicaire est un peu son Petit v lo guidon chrom L Arbre
319. is dans l histoire Suis je l en figurante En actrice En tapis Ou plut t en tache de tarama sur le tapis Et Jules alors que vient il faire l Oui je sais l amour mais encore La guerre Le pied de grue On n a pas assez d une vie pour l histoire des souvenirs du souvenir ce qui je pense est dommage car si on pouvait s en souvenir on en tirerait peut tre des vies l infini ou du moins quelque chose comme un fort sentiment d ternit qui pourrait tre bien agr able quand j y songe Entrafnerait peut tre un autre parcours par exemple trajet de Jules x Quand je suis arriv au croisement j ai vu que la route tait barr e Il tait impossible de continuer tout droit D apr s le policier qui r glait la circulation il tait interdit de faire demi tour Tout conducteur devait faire un choix exclusif et d finitif apr s quoi il n tait plus permis de revenir en arri re ni de bifurquer Sans savoir pourquoi j ai pris gauche J ai souvent pens par la suite que si j avais tourn dans la direction oppos e ma vie aurait t toute autre et ma personne sans doute transform e Les actes sont irr versibles mais non la pens e dont le renouvellement est in puisable L histoire plut t que la vie est peut tre un songe 91 CREATIONS Centon tir du n ant Le centon de la page pr c dente que je recommande de lire en coutant 4 33 de John Cage est compos
320. ite en misant sur la puissance de relation des rythmes et des figurations narratives Une phase d ceptive o l ordonnancement des langages est parodiquement renvers et leurs stratifications dispos es en une texture tensionnelle en misant sur la puissance d alt ration du montage et du collage narratifs L espace litt raire devient ainsi le lieu d une mise en sc ne du mouvement d origination plurielle et divis e des langues le th tre d un impossible av nement du ogos en une langue derni re et surd termin e et la sc ne d une interminable diss mination des repr sentations en des langages marqu s culturellement et historiquement Est ce dire que la fiction reproduit le mouvement ambivalent du don des langues et de la dispersion des langages qu elle est orient e par un projet de r activation d une langue archa que du cri et une conomie de circulation de langages d s nonc s Il semblerait pourtant que la fiction ne se r duise pas une entreprise d ordre mythologique qui reconduirait les mythes expressifs li s aux avant gardes L uvre de Cl mens repartant sans cesse du dernier sol atteint et d senfoui s ouvre progressivement la narration Son ancrage de plus en plus mondain renvoyant successivement la po tique du n gatif h rit e de Mallarm Un coup de d faire d go aux exp rimentations formelles 48 CREATIONS men es autour de la revue TXT Op ra des xris au d t
321. its selon la terminologie d finie par G rard Genette dans Discours du r cit in Figures III Seuil Po tique 1972 p 67 267 Un tableau r capitulatif de l ensemble des situations narratives figure dans G rard Genette Nouveau discours du r cit Seuil Po tique 1983 p 88 CREATIONS Antoine Bello L ann e Zu Article paru dans ia Revue fran aise de Philologie n 143 novembre d cembre 1992 dans la rubrique Des id es pour les f tes L ann e qui vient de s couler aura t l ann e Zu 1992 aura vu la c l bration du dixi me anniversaire de la mort de l auteur la d couverte de son dernier manuscrit inachev et la parution du premier bulletin des Amis de Maximilien Mais il tait dit que nous n en resterions pas l Les ditions de la P pite profitent de la p riode des f tes pour sortir le premier tome des uvres compl tes dont la parution tr s attendue avait t diff r e plusieurs reprises Le myst re de la personnalit de Zu a toujours inspir les commentateurs Certains plus habiles que les autres se sont approch s tr s pr s de la v rit Apr s le succ s de son livre Krybolski comme un m t ore tentative de biographie non biais e Sergue Tiavolich s effor a de faire la part du mythe et de r tablir une v rit parfois d rangeante Son travail compl tait le num ro sp cial de Sociologica Zu un point final notre si cle qui a le m rite de cadrer
322. itures c est pour le plaisir Or concernant mon plaisir j ai surtout de l inclination pour le d s uvrement je pr f rerai toujours aller au cin ma ou au restaurant que de consacrer ma soir e la revue Je crains que cette inclination ne soit partag e par mes comp res En outre nous sommes ont pench s dans nos investigations professionnelles ou autres sur des objets d tudes qui limitent beaucoup nos capacit s nous porter vers d autres th mes de r flexions alors m me que nous serions enchant s de les aborder dans le cadre d un num ro de revue L chec du recueil consacr Virgile n 6 en apporte le t moignage il nous aurait fallu une culture latine autrement plus panouie pour parvenir transmettre notre go t r el et int ressant nous paraissait il interroger dans la contemporan it d autres lectures pour V n de Il n y a rien dans ces contraintes qui soit mati re se vanter tout le moins je suis heureux que le projet annuel de chaque num ro soit men son terme comme un bon diteur le ferait c est dire en d l guant le moins de t ches possibles des tiers sinon en assurant entre eux et nous une confiance parfaite Conditions relationnelles Celles l bien s r me viennent l esprit en dernier lieu parce que j ai peine concevoir l amiti qui me lie peu ou prou aux autres animateurs de la revue sous un registr
323. juscule Les raisons de ces d s quilibres sont obscures tait il vraiment impossible de motiver l association m tier aubes d une fa on plus simple et dans un r cit plus court La su de capitale ne pouvait elle vraiment engendrer qu un mince gant frapp d une majuscule Tout d pend sans doute du scripteur et des relations qu il per oit entre les l ments en jeu On peut cependant aventurer que les couples s av rent d autant plus producteurs que l imagination a du mal concevoir pour le r sultat de leur union un r f rent extra linguistique Le rapprochement d un morceau de tissu et d un chiffre dans queue chiffre ne para t pas tr s trange et ne requiert pas une longue et tortueuse explication en revanche l assemblage du mou de veau et des rails de chemin de fer dans mou rail offre une r sistance vidente que le r cit doit s efforcer de vaincre Roussel aurait ainsi trac travers ces s ries d associations les contours de l imagination humaine et des rapports qu elle tablit entre le langage et le monde Impressions ne r pond donc pas un programme d criture rigoureux mais une production tag e la base de laquelle se situent le cadre fictionnel de Parmi les noirs et les couples g n rateurs obtenus partir de ses matrices L difice se poursuit par l application g n ralis e du proc d amplifi 199 PROSES A CONTRAINTES charg
324. l cher itou sans frein son futal et il copula Berlioz du cland Listz pour dames Miro du grand d sir fou avec brio Nu dans le lit mou draps en chiffons rut calm il souffla enfin jouant Pesprit fort Un cave Gino Un as j te dis Soulag Gino 12 Un drame Gino un as s bingo Quand petit jour p le il toussa et prit son pull pas de bisoux sal s ni d ondulante Lison Quatre fils d or sur drap de lit troublants et fins touchante fin pour l ange si doux lard si choquant vertigo du sang de dix coups d hache Gino crut clamser Shit Pouls glac il boucla le giron du drame fit pour sa Cendrillon un ange l impro d un grand merci Courant enfin pour avertir S O S Un drame il toucha le bingo un car de flics 87 PROSES A CONTRAINTES 13 Journal de Gino Un an en prison Un rat crit pour baver Gino tu m as ben mis K O but atteint coupable ils m ont cru As de flics Mouchard mis pour a en prison tu parles Ils ont cru ce filon nul Sans mentir pour a c est Riton s r La pension l usa sec L intox nullarde si coupable il mourra en prison l usa sec itou a le mit down Un an se fit Or quand enfin on buta le vil coupable filou baij de Lison un an pris on dut par cet impromptu l cher Gino 14 Un rade Lipo butant le ripou Dans le fin fond d u
325. la pr sence de la contrainte exige du lecteur une attention redoubl e Car par la r duction qu elle impose au vocabulaire elle oblige l auteur enfermer dans chacun des mots permis une pluralit pour ne pas dire une infinit de sens et de messages Ce qui est notons le au passage d apr s La Rochefoucauld la marque des grands esprits Comme c est le PROSES A CONTRAINTES caract re des grands esprits de faire entendre en peu de paroles beaucoup de choses les petits esprits au contraire ont le don de beaucoup parler et de ne rien dire Mais ce qui est aussi et surtout dans la pure tradition cabalistique telle qu elle s exprime dans cette phrase du Livre du Zohar supr me jusqu au plus infime degr de la cr ation tout sert de v tement quelque autre chose et cette autre chose sert de v tement une chose sup rieure et ainsi de suite 19b 20a Notons au passage que cette de v tements qui se superposent en couches successives pourrait bien tre l origine de la technique perecquienne dite de la double couverture A partir du myst rieux point image What a man constitue un cas extr me voire exemplaire o un strict monovocalisme a engendr un foisonnant polys misme Mais ce polys misme est d celable seulement qui sait regarder les mots perecquiens de toutes les fa ons possibles qui se souvient que Perec se pr sente comme s inspirant d un
326. la peur de la perte Une autre note Je n ai pas pu vous appeler hier mais je tiens cette reliure bien que je ne l aie jamais vue Vous en parlez merveilleusement Il se d gage de ces deux phrases une impression particuli re motion qui n a aucun rapport avec l espoir de me d barrasser de la reliure Je suis simplement heureux d tre appel Je suis l h te Elle avale souvent avec un petit bruit de glotte Elle boit du caf pendant qu elle me parle ou bien un verre d eau Je me doute que je vous d range Ma voix est alt r e je proteste que non le silence est agit A la fin je suffoque et je d clame des vers latins ceux qui sont inscrits sur le parchemin Je raccroche en disant brutalement que quelqu un sonne ma porte et qu elle doit me rappeler demain En v rit j ai la gorge s che et peur d une quinte de toux celle qui donne une voix de fausset et fait pleurer Le 17 avril tard dans la soir e Je serai au Danemark pour un mois Je pose sur la table une ancienne carte dor e intitul e Nova totius terrarum orbis geographica ac hydrographica tabula Les u s inscrivent comme des v au dessus d un char tir par deux licornes presque enti rement immerg es Un Neptune au trident menace la chevelure d une femme v tue d une robe rouge et qui se d fend en portant bout de bras un bouclier bleu Puis je ne vois plus que le mot Septentrion et ce qu il implique de noir d
327. laves mortif res assez d enfer je vocif re pour me d faire aux regards je me fous de vos argumenteurs amour ou haine des visages pour prononcer le verdict il nous faut bien le dire plaisir de lumi re ne dure qu une image vous voulez voir tout est voir et c est tout vu a nous regarde voil l aloi le regard de la loi pas d interdit des images fort bien condition d entredire d faut de langues plus d entrevoir et fa on d introduire l obscure conclut si tout le monde peut en conter n importe qui force de temps et de hasards que devient la gaiet des naissances jouir du fini des visions se m sentendre pour vivre au libre des litiges partager des fractions sensibles oser d sengendrer pour engendrer Demeurent les partisans de la sique crivent Vous le savez quoi QUE A LEUR RESTE DA NS LA GORGE quoi qui mal embouch s a que a les interdit rend pantlants loqu s pli s en quart os au coin col de leur haine a qui leur reste qu i ls restaurent l envers enjapant de la t te les g igots agit s de non non au non a qui se d gorge vouloir ou pas ce qui vouloir ou pas se fait ce qu i nous aura fait en pire si on le veut pas et m me s i politique on croit vouloir devoir pouvoir nou s appelions a l histoire Avale la carne Eux enr 56 CREATIONS edemandent des histoires ah peaufin es confin es dans les papiers hygi niques de leurs romania
328. le de ces uvres l dans une forme qui corresponde vrai ment leurs propri t s scripturales ce serait un beau d fi dont on peut gager d j qu il ferait date dans l histoire des rapports litt raires entre l Europe et l Am rique J B propos de Quaderno n l amp 2 printemps 1998 d MeMo Nantes D clar e morte voire irrecevable la po sie t moigne depuis plusieurs ann es d un dynamisme r jouissant Illustr e d abord par les tenants de la po sie traditionnelle par exemple dans le cadre du nouveau lyrisme la reprise est devenue manifeste aussi du c t des crivains soucieux d exp rience litt raire L aventure de la Revue de Litt rature G n rale fut peut tre ph m re mais elle a sans aucun doute jou un r le catalyseur pour permettre une appr ciation plus avertie des efforts d une maison comme P O L et soutenus par plusieurs revues forte ment engag es dans la m me voie telle que Java Quaderno que dirige Philippe Beck s inscrit directement dans cette tradition du moderne qui est en France on le sait une tradition de l ab solument moderne Seulement et c est l que cette nouvelle revue rompt intel ligemment avec certaines impasses de l avant garde d antan modernit ne rime plus avec d r glement et sabotage syst matiques Certes l axe contesta taire du discours po tique n est pas rejet mais il s exerce surtout l g
329. le que d aucuns ont pu caract riser de mal larm enne le lien avec Mallarm se pr cisant d ailleurs travers une commune sensibilit chromatique Maurice Roche de sa part souligne surtout la parent avec Henri Pichette et ses Epi phanies pi ce cr e en 1947 par G rard Philipe musique de Maurice Roche dans leur pr sentation tablie par Pierre Faucheux aux ditions K De toute mani re cette mise en page dessine une spatialit marqu e c est dire o les pleins et les vides du texte les silences les absences les manques taches aveugles et trous noirs naines blanches et yeux crev s s talent fleur de peau s exhibent en rase page par disposition superficielle Mais plus fondamentalement distinguant essentiellement ici des autres aspects typographiques ou plut t en les englobant comme l orbite ench sse l il mergent les couleurs Ce chromatisme est imm diatement musical souffle des profondeurs qui se module en notes m lodies harmonies dissonances cacophonies sympho concernent endroits bien se ETUDES D UVRES CONTEMPORAINES nies plain chant madrigaux blues Les couleurs constituent la respiration du texte systole diastole compact dif fus inspiration expiration zigzag entre cr er et mourir Dans ce sens l on peut tr s bien comparer cette composition avec les Nouvelles Impressions d Afrique de Raymond Roussel dont j ai parl dans le num ro
330. lement ce cumul et telle est la raison pour laquelle il n a point t recens ci dessus avec les autres ne ressortit aucunement si l on regarde mieux la crue lipogrammatique par agglom rats r p titifs En effet ce qui est l uvre avec lui cette fois c est non point la r p tition erratique au fil d une repr sentation vou e l emprise lipogrammatique de certains vocables qui permettent l absence du e mais bien la r it ration structur e d un suf 195 PROSES A CONTRAINTES fixe favorable La r it ration structur e Oui En effet mobilisant pour des id es incluses dans un m me domaine celui des aspects du roman si l on veut une suite de mots titulaires chacun d une m me terminaison cette redite suffixale accentue sur son registre en la soulignant la coh rence repr sentative Ou si l on pr f re elle concourt de fa on structur e une crue lipogrammatique selon l expressivit D s lors la corollaire additive n cessairement m taprogramma tique ici on l a not reviendrait prescrire dans le prolongement de la particularit construite certaines occurrences propres enrichir Peffet expressif ce qui aurait en outre l avantage de faire ressortir par contraste l absence ailleurs des r p titions erratiques Or cela il est loisible de le saisir d une fa on moins vague En textique et la suite des sp cifications pr c de
331. les Donnons quelques exemples car comme le faisait observer si justement Georges Perec il faut toujours donner des exemples 34 3 1 1 Fortement al atoire Prenez une carte Michelin 81 Attribuez aux divers l ments topographiques localit s cours d eau accidents de terrain monuments isol s une valeur romanesque rencontre amoureuse pique nique agression r v lation divine Choisissez un personnage votre go t Posez une coccinelle sur Carpentras et notez soigneusement le chemin qu elle va parcourir Chaque l ment rencontr vous donne une des p rip ties de votre histoire vitez de souffler dessus sinon elle s envolera 3 1 1 bis Si vous n tes pas press utilisez un escargot de pr f rence un petit gris H lix aspersa habitu au pays Vous pourrez vaquer d autres occupations pendant qu il se prom nera puisqu il travail CREATIONS laissera sur la carte la trace de ses volutions Et il ne s envolera pas m me si le mistral se l ve 3 1 2 Plus ou moins variable 3 1 2 1 La tourn e de votre facteur 3 1 2 2 La journ e de votre voisin qui est repr sentant de commerce 3 1 2 3 Les d placements de votre technicienne de surface dans votre a deux pi ces b trois pi ces c six pi ces d h tel e ch teau Pr cis ment donn s 3 1 3 1 Les voyages litt raires h ro que de Quichotte travers la Manche sentimental de Sterne en France et
332. les assouvir Affichant une all gresse atterrante Amanda appelle alors son acolyte Antoine Antoine attends moi L autre s arr te aussit t Elle arrive adorable apprivois e Ils s abouchent avec avidit avant de s asseoir nouveau sur leurs h ardis ale 13 PROSES A CONTRAINTES 14 zans d aluminium Albert aspire l ab me C est abject mais av r Amanda est amoureuse Amoureuse autant se l avouer cet adjectif est atroce L avenir un avortement d alexandrins Puis il en a assez Assez d tre assis apathique dans son Austin Assez de s tre avili attendre Il n attend plus S administre un Aspro un Armagnac et appareille vers Anny Ars Adieu Amanda Il acc l re Au dessus de l auto des arondelles de l archipel alangui dans son atlantique l astre affaibli s alite Et l amer d Ars s absorbe dans l azur assombri jusqu l aube d apr s H tellerie H l ne Hude est h teli re Ne le hurlez pas l h tel des Hortensias est un h tel honteux Elle l a h rit d un hurluberlu de Hambourg pour avoir re u ses hommages en des heures o cette hospitalit heurtait les plus humains d entre nous Les hordes de hippies les homosexuelles hommasses ou haschichins tous ceux que les autres h tels h sitent h berger si harass s soient ils sont donc pour les Hortensias L h tel n en est pas moins un havre qui a fait mon heur hor
333. lifi de splendide son texte D votion n a rien voir avec l exaltation heuristique et constitue sans doute aujourd hui la plus bouleversante motion qui puisse tre donn e un lecteur en d autres termes le Rimbaud qui appara t au fil de cette lecture n est pas un grand Voyant voyageur d tenteur de secrets r v l s travers les idoles en verre de la transparence Illuminations ANTECEDENTS actuelle bien plus humble et touchant murmurant du fond de sa nuit glac e pour tre et n tre pas entendu s av re ce castor de la plume ce chacal de la Langue L animal derni rement nomm pr sente beaucoup d atouts pour dissimuler Rimbaud d pouill de sa peau d crivain castor emploi du pluriel pour ces m tamorphoses constituant une belle all gorie du passage par l criture du je la multitude des autres rendu sa triste biographie le ChacaL dans l immense toile phonico s mantique de l uvre est li au CuL via la cath drale mot avec lequel il rime mais aussi de mani re moins vidente le cha cal est associ par sa premi re syllabe au chat des Monts Rocheux et aux chalets mot qu on trouve dans les Villes et dont l tymologie latine est CALAa abri sa seconde syllabe le relie aux CALCULS w et toute callosit comme durcissement de la peau prouv e par de longs frottemen
334. ller par les offices d une singuli re densit Or cela il est loisible de le saisir d une fa on moins vague En textique on l a pr cis le couple transparitif conjugue un diaph romorphisme et un diaph rochorisme Seulement ici videmment sa structure se trouve un peu singuli re et cela sous l angle non point trop du diaph romorphisme puisqu il s agit en somme d un isomorphisme en e mais bien du diaph rochorisme puisqu il s agit d un jeu non point de places pr sentes mais bien de places absentes dans la mesure o noter que telle lettre est absente en quelque site revient dire qu il n y existe aucune place pour elle D s lors tandis que le jeu des places pr sentes permet au diaph rochorisme d tre soit un isochorisme comme avec les rimes classiques soit un antichorisme comme avec les rimes en sym trie soit un paracho risme comme avec les rimes contigu s soit un hyperchorisme comme avec les rimes superpos es le jeu des places absentes quant lui voue le diaph rochorisme tre sp cifi comme un lipochorisme Par suite l on peut stipuler que le couple transparitif prodigue en l esp ce le cumul d un isomorphisme et d un lipochorisme 189 PROSES A CONTRAINTES L on distingue pour lors galement que ce couple transparitif est li un couple accr ditif En effet premi rement cette transparition paradoxale est ind
335. llimard 1997 collection Haute Enfance montrent tr s bien que pour Maurice Roche couleur graphismes et dessins ne constituent nullement un compl ment voire un habillage mais que c est par l que tout d bute et la d couverte que cela tient debout et projette un il Nul tonnement donc si le premier projet de publication de Compact retrouve cette g ographie d origine Dans cet espace compact o se sont pr cipit es les critures rochiennes pr c dentes celles des ann es 50 le r cit langagier s difie selon les impacts et les fulgurations du trait et de la couleur Dans Grande Humoresque opus 27 se lira l historique Apr s la publication dans la revue Tel Quel en 1964 et 1965 de deux fragments de Compact que Jean Pierre Faye m avait gentiment soutir s il fut d cid que je devrais donner rendre l int gralit de ce livre aux ditions du Seuil dans les plus brefs d lais Afin de retarder l ch ance j avais d abord song tomber malade mais n est pas malade qui veut ni quand il le veut Il me fallait user d un stratag me d un moyen dilatoire Je proposai donc Jean Pierre Faye Philippe Sollers et Marcelin Pleynet de pr parer moi m me la copie et de r aliser un tapuscrit parfait Pr ciser la mise en page ainsi que les changements typographiques ce qui simplifierait le travail de fabrication et de composition et permettrait de gagner du tem
336. lore hardiment le conflit du clair et de l obscur du d j compris et de l encore cemer Formules n 2 p 245 est une po sie abstraite qui analyse et sugg re les pourtant sensibles rudesses du quotidien p 244 Comme elle n est pas soustraction au r el mais d coupe l abstraction rythm e battue n est pas une solution intemporelle Elle doit avoir sa n cessit maintenant absolument et dans un livre public Il est trange et rassurant que la laideur per ue et mise entre guillemets par vous soit par d autres appel e beaut f t ce pour me la reprocher Cet ind cidable du beau et du laid ne permet pas de trancher en faveur de 242 la laideur que nous voyons tous les jours Les th ses induites du premier livre doivent encore s affiner La quinzi me th se concernant l puisement historique de certaines formes dit simplement qu elles sont incapables d impressionnantes versions nouvelles Il en r sulte de fait un sentiment diffus et populaire que la forme est vieille tort ou raison Cette th se est l une des plus risqu es mais j y tiens Ce qui ne m emp che pas d esp rer en la terza rima par exemple Je tiens galement la distinction de la po sie d avec la prose il y a un cart entre la po sie comme forme dont l horizon est toujours le vers quoique le vers ne suffise pas garantir la po sie et la prose comme v hi
337. lui sert ETUDES D UVRES CONTEMPORAINES galement d explication Le brazzle consiste donc restituer l nonc original hypotexte en remontant le cours des op rations d crites plus haut qui comportent une forte dose ludique et cryptique comme le trahit la note suivante la page 21 2 Ici l effort demand au lecteur est vraiment minime Il s agit donc bien de reconstruire le mod le ayant g n r le brazzle Exemple Le pic volaille 1 par Tristan Beyz de 2 s appuie sur les notes suivantes 1 c ur pique on sait aussi qu un gaz est volatil 2 tsar bey A Z p 23 Certes le pr nom de l auteur oriente nos supputations puisqu il s agit du C ur gaz de Tristan Tzara on notera que les pr noms sont tous intacts Le recueil atteint une densit certaine d autant plus que chaque glose qui accompagne un brazzle contient d autres titres encod s de la m me mani re 2 BO n 59 Rendre C zanne Marcel B nabou Le titre m me du recueil pr cise la contrainte C zanne C sar B nabou r crit des locutions en y ins rant chaque fois un ou plusieurs noms de peintres La d formation est une homophonie approximative suivie d une glose qui l amplifie en lui donnant une forte charge humoristique Exemple Quand Chagall n est pas l les Sou tine dansent p 22 3 B O n 68 Troll de tram Oulipo
338. lustre bien les d sastreuses cons quences de l arrogance herm neutique des t tes plus froides et savantes telles que celle de Claude Zissmann sont sensibles certains des proc d s utilis s mais se mettent Pabri du s isme heuristique en s accrochant une dualit simpliste la structure des Fleurs du mal et des tranches de biographie comme puits de v rit pour la th matique et en ignorant tout du caract re auto r f rentiel de l criture A l oppos de ces pratiques Alain Borer a choisi le parcours identificatoire avec le succ s que l on sait le livre de Comille en revanche constitue un magnifique exemple d une marche sur toutes les traces textuelles possibles du Voyant d un d lire ma tris mais cette r ussite litt raire s effectue dans les limites rigides et d j dat es de l interpr tation psychanalytique En ce qui nous concerne le champ du d part est beaucoup plus restreint La c l bre sommation au lecteur la fin du texte intitul H de trouver Hortense redoubl e par le d fi qui ach ve Parade J ai seul la cl de cette parade sauvage et la clau sule en forme d nigme de Guerre C est aussi simple qu une phrase musicale donnent des indices et offrent des cl s m me d ouvrir toutes grandes les portes du de certaines phrases ne nous appara t qu au terme d un long parcours des espaces les plus obs
339. me toujours travers la question Qu est ce que l homme DE Allons un peu plus loin N oublions pas que le mot what peut tre aussi bien exclamatif qu interrogatif Si on accepte de prendre ce mot comme interrogatif le titre perecquien pourrait se lire What a man qu on peut traduire par c est quoi un homme Allons encore un peu plus loin Il nous suffit alors d op rer un l ger d placement une de ces variations minimales que Perec affectionnait pour passer de cette interrogation une affirmation un homme c est quoi Ce qui nous permet de retrouver ici une trace de l ex g se talmudique qui d finit pr cis ment l homme comme qu est ce que On sait que cette ex g se classique s appuie sur Exode 16 7 o Mo se dit V nah nou ma Formule g n ralement et platement traduite par et nous que sommes nous mais o le Talmud propose de voir une affirmation d une tout autre port e nous sommes un un 153 quoi Ce que confirme d ailleurs le Zohar par un argument suppl mentaire la valeur num rique de ma quoi mem h 40 5 45 est gale celle de Adam homme aleph dalet mem 1 4 40 45 D s l nonc du titre le lecteur sait donc ce qui l attend Le monovocalisme en A appara t d embl e comme la forme litt raire originale choisie par Perec pour r concilier troitement autour d une exclamation
340. ment que sembla m adresser le destin cet instant pr cis puisqu un l phant barrit alors longuement et douloureusement Je ne sais plus tr s bien ce que j ai bredouill en guise d entr e en mati re mais ce qui est s r c est que la r ponse ne se fit pas attendre et qu elle contribua me laisser sous le charme Marie et toi Attends attends je vais deviner Voyons dans cet univers d animaux plus ou moins exotiques tu appartiens ind niablement la famille des porte plumes mais tu fais partie de cette esp ce d oiseau rare munie d un bloc sur lequel elle consigne diverses observations qu elle consulte ensuite bref on peut te classer sans trop d h sitations dans la cat gorie des linottes J aurais pu penser que pass ma tre dans l art de peindre des coups de foudre je me trouvais immunis contre toute atteinte de ce genre pourtant ce minuscule picotement dans la colonne vert brale cette agr able sensation de chaleur int rieure ce ridicule tremblement des doigts cet ind celable voile devant les yeux cette excusable torpeur g n rale enfin tout ce qui m arrivait prouvait que la d licieuse maladie m avait frapp et que Marie tait cause de tout cela Pourquoi Marie accepta t elle assez vite de partager mon existence de plumitif j avoue sinc rement ne pas m tre pos la question Sans doute parce que selon sa propre expression cela l amusait de vivre entre deux
341. mis cette horreur d un hall hyacinthe h riss d huiles de Hokusai En hiver H l ne Hude hiberne et l h tel aussi que hantent les housses Elle happe un H lderlin histori ou un huitain de Hugo H lo se ou Les Hauts de Hurlevent Seul Humbert Humbert un heimatlos de Harris burg qui habite le hameau des Herteaux la h le hebdomadairement A huit heures il harc le le heurtoir et la huche Elle n h site pas c est l heure H Ils se harpent la h te En hors d uvre ils ont des hu tres Sur la hi fi du Hindemith Ensuite du homard et un hochepot Le hussard h doniste rend H l ne d hom riques hommages elle est son harem son h ta re huguenote Il lui happe enfin les hanches Les hormones d H l ne l humanisent Son h vre se fait humide pour la hampe de cet herm neute hircin de son h r sie h teli re Il l honore l horizontale non sans habilet tandis que haletante elle s hallucine en hors bord Hawa ou sur l Himalaya en h licopt re Hors l h tel une haridelle hennit Dans un hangar un hi ratique hibou hulule Et les nuages hauts pendus hydratent la houle CREATIONS Moi Maurice Morin matricule 1205 Moi Maurice Morin matricule 1205 meurtrier d une m re qui fit monter tous les marins du monde dans sa maison de Muzillac Morbihan je me morfonds derri re les murs de Saint Martin En ce mardi de mars j y m che et rem che les menaces des matons de minables m
342. mpreinte d une foug re fossile 2 1 2 On a certainement remarqu que les sept territoires ci dessus mentionn s se r partissent en deux cat gories faciles d finir les habit s ou habitables i e par les tres humains et les inhabit s 2 1 3 Nous allons voir imm diatement que chacune de ces deux cat gories admet et impose parfois un certain type de parcours En effet 2 2 Les territoires habit s sont continuellement le si ge de parcours naturels ceux qui sont justement n cessaires leur habitation et que nous pourrons appeler concrets 2 2 1 Soit un territoire habit quelconque On peut le d finir par ses caract res r els ex plan d une abbaye cistercienne ou par des caract res cod s ex carte du Tendre 2 2 2 Les parcours naturels ou concrets s appliqueront ais ment aux territoires r els Les territoires cod s imposeront videmment des parcours non naturels ou abstraits 2 2 3 Un parcours abstrait sera obtenu en appliquant un territoire par le proc d que l on voudra une courbe orient e labyrinthe trajectoire d un mobile repr sentation graphique d une quation etc Il suffit alors d accorder une valeur romanesque arbitraire ou non chaque point du territoire et de relever dans l ordre les diff rents points rencontr s par la courbe Ce relev donnera une succession d l ments romanesques bien d finis et qui pou
343. n h ros gar tomb des pages d un livre une h ro ne et ils dansent l amour sur des rythmes de sonnet et de sextine m l s comme en ce seizi me si cle o l on h site encore faire pr dominer l une des deux formes o l on aime encore les juxtaposer bient t la France choisira Ils dansent l amour se retrouvent apr s 6 ann es de s paration en un beau mois de juin et leur amour s panouira en juillet le septi me mois en une maison retir e qui a elle aussi son escalier en colima on laquelle l on acc de apr s avoir compt trente six boucles sur la route en 229 PROSES A CONTRAINTES sortant de Lourmarin Ils y lisent Le Songe de Poliphile P trarque et La Belle Violante un ouvrage malicieux Le chapitre 65 s ach ve ainsi pour avoir une id e de leur vie le mieux est de recopier un fragment du journal que Simon tenait Les premiers mots se rapportent un 13 juillet Voici la page avec sa ponctuation particuli re Suit le dernier chapitre qui est une sextine Elle fait permuter les mots beau vent nuages souffle soleil et bleu Mais sextine inachev e d lib r ment imparfaite il y manque un mot dans la derni re strophe le mot soleil auquel on substitue lumineux comme pour mieux souligner l absence Et soleil n est pas n importe quel mot c est le s
344. n avait entendu L avocat ouvrit une porte V C est un retour de cimeti re au jour tombant dans une petite maison de la rue du Val de Gr ce Un soir de soleil couchant d air lointain de cieux profonds et des foules confuses des bruits des ombres des multitudes des espaces infiniment tendus un vague soir Le jour d clinait assombrissant les corridors de la grande demeure silencieuse mettant des crans de cr pe aux vitres La veilleuse dans un cornet bleu tre br lait sur la chemin e derri re un livre dont l ombre noyait toute une partie de la chambre Tiens il est neuf heures Fini c est fini a va finir a va peut tre finir Longtemps je me suis couch de bonne heure 9 80 CREATIONS Avec de grands coups de chapeau quelle carri re et l aimable collaboration de 1 Maurice Genevoix For t voisine et J D L art descriptif de Maurice Gene voix dans une page de For t voisine dans Cahiers d analyse textuelle 3 1961 Jules Vall s L Insurg J D La tendance impressionniste dans le roman fran ais au XIX si cle les Goncourt Vall s Daudet Loti Universit de Li ge th se de doctorat en Philosophie et Lettres 1961 3 Gaston Leroux Le Myst re de la chambre jaune J D Le roman policier ou la modernit Paris Nathan 1992 1 mile Gaboriau La Corde au cou J D Naissance du r cit policier dans Act
345. n est pas encore pour autant s agissant de contraintes tre all au bout de la logique l uvre En effet de m me l on a cru le faire saillir qu il existe une limitation de la pratique par insuffisance de la th orie de m me il existe une limitation de la th orie par insuffisance de la pratique C est que s agissant de l crit une analyse ne saurait tre dite accomplie comme telle tant que pour les ventuelles d fectuosit s aper ues elle n a point tabli titre en quelque sorte de diagnostic terminal si dans le secteur envisag de l crit elles appartiennent ou non au registre de l vitable Or ce diagnostic n est accessible videmment qu la stricte condition pour le th oricien de mettre son tour la main la p te Ou si l on pr f re l encha nement de la pratique et 194 de la th orie est non point un commode slogan ornemental telle poque ressass mais bien d s lors du moins qu on s en avise une exigence de l criture et de la th orie De l criture Oui puisque on l a observ plus haut l effort th orique relance l criture par ses analyses De la th orie Oui puisque on l a soulign l instant l effort scriptuel parach ve l analyse que la th orie permet C est le r sultat de cet effort un peu d fini que les texticiens appellent un RAPT c est dire un R crit Avis Par la Textique
346. n gatif et cela bien qu on les retrouve l uvre dans les textes strictement autobiographiques choisis pour illustrer la conception positive du langage Si elle laisse per plexe cette vision de l criture contrainte a n anmoins le m rite de relancer la r flexion dans ce domaine Un compte rendu publi dans d autres colonnes aurait sans doute mis en valeur d autres aspects de La po tique de Georges Perec Pour conclure je me contenterai d insister sur l l gance et la clart de l criture de J D Bertharion le caract re hautement syn th tique de certains chapitres de son livre la partie consacr e l exhibition du code est un mod le du genre et la finesse des analyses consacr es des textes longtemps n glig s Mireille Ribi re 266 propos de Anthologie du Noro t dition bilingue fran ais espagnol Montr al d du Noro t 1998 La litt rature qu b coise n tant plus gu re connue en France il faut saluer l initiative des ditions du Noro t une des principales maisons francophones du Canada qui diffuse une anthologie maison r guli rement mise jour et autre heureuse initia tive dot e depuis peu d un digest en version bilingue 50 auteurs 50 po mes qui offrent un joli aper u de ce qui s est fait au Qu bec depuis Refus global le mani feste antifolklorique de 1948 d but officiel de l ouverture du Qu bec au monde moderne En d
347. n seulement la plus productive l Ou lipo mais c est aussi celle qui produit les textes les plus longs Le cas de La Vie mode d emploi de Perec en est l arch type de par la complexit de ses quatre figures de construction et le d bat se poursuit quant savoir si de telles contraintes devraient tre cach es ou montr es L attitude de Perec cet gard est celle d un perfectionniste lorsqu il prend pour un compliment l aveu d un lecteur qui serait pass c t de la structure profonde de son livre c est dire de son chafaudage Dans les deux histoires polici res de Claude Berge et Jacques Jouet mentionn es plus haut la contrainte est expliqu e en marge du r cit Dans des textes plus longs elle est en abyme comme c est le cas pour le cycle des trois romans d Hortense de Jacques Roubaud b tis sur les permutations en escargot de la sextine forme po tique invent e par le troubadour Amaut Daniel L ordre de pr s ance parmi les Princes tait modifi chaque g n ration suivant une permutation fix e immuablement depuis le Xm si cle En outre plusieurs nombres de pr dilection 6 videmment 14 nombre de Roubaud 37 et 73 palindromes et nombres de Perec et 366 sont inscrits dans la trame du r cit en une programmation apparemment compliqu e Le nombre 6 est un peu dans la trilogie ce que le nombre 5 tait dans La Disparition de Perec le nombre cl
348. n vient de l apercevoir est exclu de ravager entre autres la repr sentation et d autre part d tre inf od es la repr sentation sous peine ce qui nulle peine le saisir serait incons quent d en promouvoir l exercice puisse inverser la tendance en rechargeant d une phosphorescence l crit que l op ration repr sentative clipse Or cela il est loisible de le saisir d une fa on moins vague En textique l on appelle effet de trans parition la possible insistance dans un crit des moyens mat riels notamment qu en son fonctionnement l ventuelle orthorepr sentation la fois mobilise et en son conjoint effet d occultation estompe Et Ton observe qu ils peuvent survenir ou bien de fa on directe ou bien de fa on indirecte L on montre que les effets de transpari tion directs ne peuvent s imposer eux m mes sans le jeu outre les arrangements orthorepr sentatifs de certaines liaisons suppl mentaires L on signale d s lors que ces effets de transparition directs peuvent soit se mettre au service de Tor thorepr sentation surgir par del T orthorepr sentation S ils se mettent au service de Porthorepr sentation et puisqu ainsi ils en renforcent l exercice ils sont dits contribuer Tortho hyper repr sentation S ils s imposent par del T orthorepr sentation et puisqu ainsi ils en outrepassent la vigueur ils sont dits concourir Torthom
349. n ethereal harp a sprinkling of dag gers dislocated a wishbone s tip Dangling above us l d elaborated sweet angel wings mirroring glints such that crimes in us reflected upon innocent godliness Below this showgirls and playactors now enacting a rehearsed comedy were seen in pleasant tableaux a breathless cascading rippled among pinked curved flesh compacted and the wide open spaces Fil remember till reason s death Frozen they breathed in the air twining ecsta tic relief lulling memories and a waking storm So darling I am fulfilled resembling a delicious omnipotent I said These scenes seem splendid Still nothing should overwhelm us you said rising laughingly Our life requires forces I personally will never fail for us Beyond images love unifies us I did not replicate but stared distinctly between an exotic declen sion of pure fantasies a girl a bi lay circled in that round theatre s magical shadowplay crisscross cheeks amidst handcuffed ankles and a merry troop prancing sideways I thought hard Midnight beckoned A break of reflection preceding an outrageous brilliant retum of violence an awakening of sheer lust everywhere Meanwhile I burbled a reply You forget that wedded delight stammers depending on which absurdity transcends and whether exub rance intervenes Fm now the missionary lover who personates which idea prevails Patterns of electronic rock echoed around music of
350. n rade Gino put armer Lipo un as des flingos gus d avenir pour branler Riton Quart de prix pour l arme il doubla le prix pour l agression Un calme Lipo Un sacr mi lourd carr Il s occupa de Riton buta le ripou attention Brutal Et Lipo Bruant de l impro br lante flingo fumant ventriloqua vers Riton du sang plein son pull Pasticot puant g t sous l abricot m r c est Lipo 15 Quatre vingt m Motusstrasse Dix jours apr s Gino put aller inconnu Berlin Soulag il loua et prit pour base 80 m sis Motusstrasse Il connut Ja Nein ou Ach mein Gott Du sagst Kein Bock Null Pas d espion Musarder Gino lut sans r pit ouvrant des Villon Dumas Cr billon Duras Levi Proust Gracq de Lillo du hard en philo Glucksmann Petitot du Marx des kilos un Sade introuvable Vie ou l Ar tin outrag 16 Fin touchante Fin poulpante Il trouva enfin son truc Berlin Motusstrasse il coucha en six jours par crit son dur pass Il formula ceci pour l avenir trouvant le filon d un bath r cit touchant Petits bouts par petits bouts a devint jouable Il boucla enfin l opus avec brio Quand le dit ouvrage si gros fut l le filou avertit J B Pouy 88 CREATIONS Michelle Grangaud Tristan Stein La vie je l ai souvent dit est une dr le d histoire Quand j ai commenc crir
351. ncore souhaitable pour les survivants Le ciel s assombrit le cycle des saisons perd toute signification la chronologie n est plus Seule l id ologie de refus des atrocit s capitalistes provoque encore quelques sursauts chez les uns et les autres Dans ce cadre se d veloppent les images oniriquement fondamentales du r cit sur ces images prennent place les personnages qui errent dans le r cit Varvalia Lodenko la tricentenaire qui assassine les rarissimes banquiers encore en vie dans le paysage d sert Will Scheidmann cr avec des chiffons par plusieurs grands m res et qui apr s avoir malencontreusement sign des d crets de r habilitation des dollars et de la mafia est fusill par ses g nitrices Khrili Gompo qui en apn e visite le monde des vivants Sophie Gironde que plusieurs hommes cherchent rejoindre pendant leurs r ves et qui lors de sa premi re apparition accouche des ourses blanches puis se met grossir et enlaidir Wulf Ogo ne un chien des d bris et des ruines et d autres par dizaines Ces anges mineurs ces compagnons de d sastre ces toiles ultimes font un geste et s immobilisent prononcent une phrase et se taisent Ils vivent devant nous quelques avares minutes et se taisent on est au centre du myst re post exotique en contact avec ce qui depuis toujours a t d crit par les crivains du post exotisme la qu te de l apaisement humble apr s la d faite la survie l int
352. nd sous sa seule facette litt raire Les canons du minimalisme sont maintenant bien tablis en partie gr ce aux travaux th oriques de No et Mi Le minimalisme repose sur un certain nombre de constats Pour reprendre la terminologie de No notre poque voit le triomphe de la logorrh e En ces temps de soi disant communication les mots sont galvaud s d valu s Parfois m me ils sont devenus inop rants Mi tire de ce pr ambule une conclusion vidente Pour avoir du poids les mots ont besoin d tre pes s Car celui qui puise sans discernement dans le lexique s expose au risque que son discours se confonde avec le vent Le minimaliste est un peseur de mots Il importe donc de choisir rigoureusement son vocabulaire Une deuxi me tendance du mouvement a voulu que l on condense le message l extr me C est ainsi que le minimaliste manie l ellipse comme d autres ont mani en leur temps la phrase creuse ou la platitude Pour lui dix ans s coulent en une virgule un destin se noue dans trois points de suspension A cette th orie fig e Maximilien Zu a ajout la dimension dynamique Il concevait son uvre comme une marche vers le sens ultime En r duisant constamment l ampleur de ses romans il esp rait aboutir un dernier texte qui serait un dernier mot Se m lent dans ce projet un grand nombre d influences Flaubert pour sa qu te perp tuelle de la beaut Platon pour son habilet rendre leur
353. nde et la n cessit d exp ri menter le d sastre de l criture trou 262 vent de tr s pr cis chos chez de nom breux crivains de Blanchot Chris tian Prigent en passant par Tel Quel et le tr s trop prolixe Jean Ricardou etc On aurait esp r qu une Po tique de l Oulipo esquisse au moins de tels rapprochements afin de pointer des chos de signaler des similitudes entre les divers questionnements litt raires et philosophiques qui ont marqu les der ni res d cennies cet gard on peut signaler que l Oulipo et Tel Quel ont la m me date de naissance 1960 et que les dispositifs antirepr sentatifs mis en place dans certains nouveaux romans et par exemple La Vie mode d emploi de Perec sont tr s proches Ce d faut de mise en perspective est le principal reproche que l on peut formuler l encontre du travail impor tant r alis par Marc Lapprand Ainsi il consacre un chapitre Chiffres et lettres l utilisation dans le proc s de l criture de certains chiffres et nombres lus par les Oulipiens pour leurs propri t s arithm tiques L ab c daire num ro logique qu il propose est un outil fort utile pour appr hender les textes construits sur des bases math matiques on pense en particulier Queneau Roubaud et encore une fois Perec Mais on aurait attendu un d veloppement plus cons quent sur la dimension cabalistique la qu te ini
354. ne corpor it dans son mouvement d extraction hors des discours utilitaires et id ologiques la fiction n appara t que d un travail sur la langue D autre part les jeux de r gles et de contraintes formelles sont sans cesse transgress s le monde fictif est constamment menac par un mouvement de distorsion de ses r gulations internes et de disruption de toute pr sence laissant d couvert le manque initial inaugurant la narration Fran ois Bovier 53 PROSES A CONTRAINTES L Anna fiction extraits de la troisi me partie L v nement Interloqu je cours les assembl es crans multipli s les prises de paroles les coups de gueule et les quolibets les haussements de ton et les basses les tenants et les opposants je l che ma part des choses la violence se transforme dans les langues si seules les langues transforment la violence mais les langues de la violence elles m mes transforment les transformations des langues car les d tours des langues violent aussi la langue et quoique les tours violents haranguent la violence du d tour pour que les tours de langues d tournent les violences alors que les formes si elles les tournent dans les langues ne d tournent pas d elles m mes les violences puisque les tours de la violence transforment invers ment les langues les formes d tourn es s efforcent tout de m me de transformer les tours violents des langues lagu es de telle sorte que si so
355. ne peut remplacer lautre Ursule le sait d sormais sans l autre elle est devenue incompl te creus e de toutes parts d esp rance Ursule la timor e l insaisissable fugitive des r ves inassouvis elle oui le typhon tranquille aux blessures mal caut ris es Ursule recentre en son regard le sourire de l aim tel qu il apparaissait au d tour d une fa ade Ursule son tour ourle ses l vres d un semblable sourire car elle s imagine le clone de l absent Ursule et lui qui les vit nagu re m tamorphos s par leur fusion avaient sembl d j plus fr re et s urs qu amants Ursule recr e tel furtif rendez vous pris un carrefour de sorbiers loin des regards d envieux incapables de comprendre un amour g ant Ursule r invente la sente o des p piements d oiseaux rythm rent la saveur de baisers pris donn s et repris hors temps pleine bouche Ursule mi r ve se redit les confidences re ues qui le livraient elle aussi vuln rable qu un agonisant en qu te d une impensable r surrection Ursule est maintenant entre les bras de celui qu elle a r invent qui elle doit la r v lation de sa femellit si longtemps interdite voil e Ursule a t elle encore pouvoir de trier fantasmes et r alit alors que son existence f l e se heurte aux espoirs corch s de jadis trop trop vite enfouis Ursule d sire ne plus supporter le vide des d parts pr visibles que
356. ne zone faisant contraste L on nomme effet orthorepr sentatif d occultation du coup le tendanciel effacement qu en son exercice l ventuelle orthorepr sentation inflige aux pr tendus moyens qu elle mobilise 185 PROSES A CONTRAINTES L on montre galement que ces deux effets conjoints surviennent quand se produit un change orthorepr sentatif c est dire chaque fois que cette s rie de grammes peut tre remplac e par une formule distincte de m me esp ce notamment sur la base d une quivalence d id e autre que celles qu on peut respectivement se faire d elles m mes En effet supposons une difficult repr sentative celle par exemple pour rester au plus simple que Ton rencontre avec un mot isol dont on ignore le sens Sa r solution demande les secours notamment soit d une personne cens e plus comp tente soit de certains instruments du savoir comme un dictionnaire de langue Or ce que Ton recueille dans les deux cas revient pour l essentiel une autre fa on de dire Par suite Ton peut admettre que l effet orthorepr sentatif survient sans peine quand le spectateur poss de notamment au sein de son r pertoire appris une formule qui peut tre chang e avec l occurrence en cause sur la base d une quivalence d id e autre que celles que Ton peut respectivement se faire d elles m mes D s lors l effet orthorepr sentatif d occultati
357. nhomme de chemin Sur sa couverture et le dos de ce petit livre rouge Tom s tale en lettres paradoxalement g antes Le titre entier Tom ou les mots les moins longs que suit un bref coup d il sur l art des mots qu on dit d un trait comporte une description autor f rentielle de la contrainte Le h ros de ce r cit un tre purement verbal au nom monosyllabique et palindromique de surcro t ne peut tre que court sur pattes Ce tom pouce se pr sente et interpelle le lecteur Mon nom est Tom Tom le Nain Tom c est en plus court le nom d un saint ce saint qui ne crut dans le Christ qui vainc la mort que quand il L eut vu de ses yeux et qu il eut mis son doigt dans le trou qu un dard a fait Son flanc droit et dans ceux que les clous ont faits dans Ses mains Quant Le Nain Au fait est ce que ce nom ne te dis rien Tu vois toi qui me lis je te dis tu toi dont je ne sais rien et qui ne sais pas plus de moi De quel droit Dans quel but Lis tu vas voir plus loin c est pour ton bien p 11 Ces adresses au lecteur autre trait de modernit viendront doubler le d roulement d une fiction alertement conduite Ren Drouin n ignore pas puisqu il la cite la tentative pionni re faite par Roland H li dans Un mec qui dort Montpellier Aux ditions CMS 1985 un ouvrage dont la diffusion tait rest e limit e au cercle des per eciens de la premi re heur
358. nifiant Stock 1995 p 86 nous comptons aussi aboutir un constat dont nous fournirons plus loin la validation Pour finir quand on lit l Oulipo nous participons pas mal la production du discours plus pour l Oulipo mon avis qu un banal propos non contraint car on n a pas d option Quand un contraint a b ti cahin caha un propos d Oulipo alors nous lisons loriginal discours gard nt toujours son contraint au travail sa praxis informant l initial construit du propos Informant mais ajoutant parfois mal formant Voil pour l introduction grands traits Nous visons la simplification car il faudrait tout un opus si l on voulait parcourir un tour total du motif PROSES A CONTRAINTES Donc appuyons nos propos J ai choisi trois points qui nous convaincront tour tour d un fait dont nous nous assurons D abord nous allons voir Vocalisations d Arthur Rimbaud apparaissant dans La puis What a Man discours monovocalisant fort connu puis Disparition un pour finir nous discourrons sur un fait non ambigu go t pour saturation dont l Oulipo nous fournit maint cas l inassouvi la Vocalisations A noir Un blanc I roux U safran O azur Nous saurons au jour dit ta vocalisation A noir carcan poilu d un scintillant morpion Qui bombinait autour d un nidoral impur Caps obscurs qui cristal du brouillard ou du Khan Harpons du fjord hautain Rois blanc
359. nn es sida il contient aussi de belles pages sur P criture d une langue le fran ais en pays tranger les tats Unis o l auteur est professeur dans une universit de la c te Ouest Les anecdotes et r flexions que fait alterner le volume doivent en effet autant aux ravages de la maladie qu au choc des langues et des cultures Albert Galtier tresse de mani re sensible ces divers registres et niveaux tout en captant avec un brio m lancolique les traits les plus communs d un quotidien vari On trouve ici des pages qui valent le meilleur Kerouac l auteur parvenant aussi plus d une fois ins rer dans ses fragments de journal le ton lyrique de Pasolini J avoue cependant tre moins convaincu par les inserts po tiques au sens classique du terme ou la structure un rien rel ch e de l ensemble L auteur a r pugn visiblement privil gier une des voix qui maintenant se disputent un peu inutilement la place d honneur t moignage journal vers libre lettre etc C est dommage car cet exc s de libert nuit par moments une criture en elle m me tr s surveill e J B COMPTES RENDUS propos de Jacques Henri Michot Un ABC de la barbarie d AI Dante Niok 1998 Voici un texte mi chemin de l ruption lyrique et du pamphlet jet la figure du monde tel qu il est bar bare donc explorant les virtualit s d une figure de composition qui tentera toujours les crivai
360. nnellement li s l espace c est dire qui rel vent d une repr sentation graphique 0 4 Un r cit romanesque ne pouvant sans perdre l essentiel de ses caract res faire totalement fi de la notion de temps on voit que la premi re question se pose peu pr s de la m me fa on comment introduire le facteur temps dans une uvre fond e sur l expression de Vespace 0 4 bis Nous n allons pas discuter ici d une d finition du roman pont aux nes des cuistres de la fin du XX si cle Disons innocemment que nous admettrons qu un roman puisse pr senter n importe quel aspect condition qu il utilise au moins un sens de lecture d fini par un d but un milieu une fin C est un postulat On utilisera avantageusement d autres mots pour d signer les autres formes de litt rature le mot po me par exemple est infiniment accueillant 0 5 Le proc d de transformation le plus simple d un espace en un temps est la r alisation d un parcours 1 Topographies itin raires 1 1 Ilexiste un tr s grand nombre de parcours possibles puisque nous passons notre vie nous d placer Mais on peut les ramener quelques grandes cat gories 1 2 Parcours oblig s Ils n admettent qu un seul itin raire pour se rendre d un point un autre point B Exemples tuyaux couloirs escaliers routes sans bifurcation canaux voies de chemin de fer ou de m tro entre deux corr
361. nous dit en premier lieu que la contrainte formaliste est sans valeur du point de vue de la cr ation post exotique et en deuxi me lieu que la contrainte formaliste est un des artifices essentiels de l esth tique post exotique Ce ne sont pas ici les contraintes formalistes qui remplissent le r le de brouillage ce sont les propos de Tarchalski On devrait pouvoir ne pas opposer les prouesses techniques que repr sente l architecture d un ouvrage comme Compagnons de d sastre par exemple et son contenu po tique Compagnons de d sastre d crit en quarante neuf s quences lyriques un monde d apr s cataclysme longtemps apr s le cataclysme les h ros et les h ro nes parcourent les paysages d sertifi s en qu te d amour et de m moire ils habitent les ruines et donnent du sens aux ruines leur parole cr e des petits morceaux de monde d histoire et de dur e sans ces anges ou ces fant mes il n y aurait plus rien Le cataclysme a t thermo nucl aire ou il s est agi d une r p tition de la Shoah ou d une destruction biologique L esp ce humaine ne se reproduit plus elle se divisera encore pour quelques si cles entre mortels l agonie et immortels en fin de course principalement des femmes dont l intelligence se d grade Dans les villes mortes ou au centre du monde au nord de la Mongolie les vieilles immortelles essaient de redonner vie l id e qu une pop e r volutionnaire reste e
362. ns ce cas si l on consid rera seulement le temps que je mettrai les r aliser ou si l on appr ciera plut t la mani re dont je r ussirai les int grer sans rompre la continuit de l encha nement g n ral Au moment de rejoindre la zone des couloirs en fin de journ e alors que l image du stade refl t e par la verri re est nettement plus vive qu elle ne l tait hier et que la luminosit des deux grands murs triangulaires d passe celle de la lumi re ext rieure les derni res oscillations du bassin emp chent de voir la partie du stade qui pourrait s y d doubler et des tra n es de sable s talent en quantit autour du bac 102 CREATIONS A mon retour le lendemain matin alors que l ombre de la verri re se laisse d j deviner sur le sol et que la teinte des deux grands murs triangulaires tend vers le blanc l eau du bassin est de nouveau immobile et tout d sordre de sable a galement disparu Ma vision chaque matin du bac sable dont le rectangle lisse se d tache de nouveau tr s nettement de son entourage caoutchout d barrass des traces que j y ai laiss es la veille me semble disposer une contradiction peut tre insoluble Car en l absence pr sum e de toute autre personne que moi dans les diff rents espaces du stade cet effacement syst matique des marques de mon entra nement me para t devoir r sulter du m me m canisme enti rement automatis qui affecte d j la
363. ns ambitieux l num ration Cependant comment lire ces listes plusieurs niveaux imbriqu s qui tant t semblent tir es du c t de la po sie visuelle certaines pages sont comme de petites affiches et tout le livre doit beaucoup aux jouets du traitement de texte et tant t sont proches du roman encyclop dique il y a dans cet ab c daire moderne un vrai d sir de tout dire en version compri m e comme en version longue Le probl me de l ouvrage est en effet celui de sa lecture qui n est permise que par bribes L nergie et la force r elles qu on sent travers les pages s mousse par cons quent assez vite et on finit par sauter de ci de l puis par perdre pied J B A propos de Myriam Tangi Encre nocturne mille et une L Harmattan 1998 Dans la lign e des textes con traintes dont le proc d est l anaphore comme remember Je me souviens ou C est l histoire d un type Myriam Tangi nous raconte en phrases num ro t es des nuits convoqu es chaque fois par le m me d but de phrase Elle renouvelle ainsi le genre du nocturne 251 Conscience de la po sie A propos de Jan Baetens 416 Heptasyllabes amp 416 en enkele grafkelders Dirk Van Bastelaere Louvain ditions P 1998 La pratique d une criture po tique consciente de ses d marches formelles soucieuse des parcours d am nage ment du sens qu elle instaure loin d tre le jeu litt raire gr
364. ns popa tiques de leurs plans rataplans o ils c ompriment ce qui d mange engorge et bouche et 1 es grime en commun dans leurs actes de constric tions sexuelles ergo d vorations tribales g nufl uxions pulmonaires immobiles post d confiture de leur course au caucus concocactus en larmes la queue leu leu du poupavoir pour 1 chocote m orale a qu ils r verb reraient bien jamais n s momi es de pr m tur s sans br lure ni chirure c qu ils veulent ranger sans d p digrer pr dig rersans chier pr dire sans le dire de mourir et s ans le rire dejouir a que nous faisons vouloir o u pas question de vie pas trop commune ou d mor t ce qui leur reste dans la gorge est disent LE DEGORGEMENT LE DEGORGEMENT l glossolalie et qui nie oui la d lie des langues la chose dans les langues hors les langues cacopholie et peinturlure d chet sublime oui oui sublime d chet creuset hors de terre hors de corps hors dedans entre dehors seule fa on de les tenir vif d vahir les grottes s aventurer prendre le temps la glotte voil Fr res et s urs et faux et fausses vous le savez que l exhumus des humours inhumaines c est les langues barbares et rares et que nous les avons faites face main et langues des langues et des cris excris des langues qu elles nous enrobent 57 PROSES A CONTRAINTES 58 si nous les d robons pour creuser tracer d figurer d bourber d ferler laisse
365. ns toucher aux traits essentiels du personnage Un dernier groupe semble tre peu repr sent en g n ral celui des essais contraintes du moins contraintes litt raires Pour cette raison nous sommes tr s heureux de publier ici les r jouissantes tudes de Marcel B nabou propos de What a man et de Marc Lapprand Trois points sur l Oulipo Toutes deux pourraient trouver leur place dans Essais d rudition fantastique un livre que nous pr parons actuellement avec la complicit de quelques savants fous Du reste la prose n est pas le seul domaine o se manifestent en dehors du champ mieux balis de la po sie les d fis et surprises de la contrainte Le th tre la bande dessin e le cin ma la peinture la sculpture et surtout la musique qui en un certain sens n est que contrainte bref toutes les pratiques artistiques permettraient d ajouter au territoire de la contrainte des contr es riches et nouvelles Formules se promet certes de les aborder un jour Ce sera l occasion de passer d une th orie restreinte c est dire textuelle ou litt raire une th orie de la contrainte plus vaste dont les pr sentes r flexions ne sont que les timides premiers pas EDITORIAL NOTES 1 Cf Bemardo Schiavetta D finir la contrainte document Internet consultable sur le site FORMULES chttp www 2 ec lille fr book formules gt On y trouvera une d finition de la contrainte comm
366. nsemble les enfants se glissent dans les gouts et m nent la chasse aux rats qui trottinent sous les rues de la capitale Parfois ils en attrapent un l apprivoisent et lui apprennent des tours Mais Louis est diff rent de ses camarades Un jour au beau milieu de la page 4 et de l ann e 1943 il surprend un dialogue entre deux rats et se m le sans r fl chir leur conversation Louis leur ouvre son c ur Avec ses mots d enfant il dit son amertume son impression de n tre pas aim son malaise enfin face une soci t barbare qui ne voit en lui qu un futur soldat La violence sourd dans la page 5 puis explose dans la page 6 Louis et ses rats montent l assaut de Montparnasse Ils d chiquettent les visages des passants et se repaissent de leurs entrailles Le dernier paragraphe volontairement ambigu laisse penser que Louis va se transformer en rat et rejoindre le monde souterrain On voulut voir dans Z brures une m taphore de la r cente occupation allemande et de l irr parable cicatrice qu elle laissa sur la face de la France Avec le recul cette explication semble tr s partielle pour ne pas dire anecdotique Elle laisse de c t tout l aspect infra terrestre qui occupait une place centrale dans le dessein de Zu Plus encore que le fond la forme d sar onna la critique Elle tait ce point ramass e qu il semblait qu on ne p t rien lui retrancher sous peine d amputer gravement le roman d une p
367. nt des pi ces ob issant une variable discr te ne saurait pr tendre une illusoire continuit Encore cette interpr tation est elle imparfaite et ne rend pas compte de la puissance du raisonnement Zu utilise galement le concept du n gatif Le blanc est le n gatif du noir Le p re de Maximilien Zu tait photographe II mourut quinze ans apr s Contrairement beaucoup d auteurs de son poque qui se marginalis rent par de vaines recherches formelles Zu ne perdit jamais de vue la fonction humaniste de l crivain Il lui arrivait de descendre dans la rue de h ler un passant et de lui demander s il tait un sujet sur lequel il aimerait que se penchent les grands esprits de son temps 1 Un jour disaient les mauvaises langues il sera possible d imprimer les romans de Zu sur la couverture m me du livre Et alors r pondait invariablement Zu 4 L enfance la paternit la mort le cycle de la vie est tout entier r sum dans ces mots C est le grand m rite de Zu de l avoir mis en lumi re 28 CREATIONS D o vient il cet extraordinaire Z D apr s Zu il serait sorti tout droit de son imagination A d autres moments aurait t un gar on qu il aurait connu dans sa jeunesse puis perdu de vue Voil en tout cas un myst re qui n est pas pr s d tre lucid Soulevant au passage une vive pol mique L adverbe au del compte t il pour un ou deux mots Les parti
368. nt au gr du vent qui les poss de dans toute l uvre de Rimbaud ces derni res images renvoient toujours au culte la c l bration crypt e de l homosexualit Enfin apr s avoir fait tat de ses affres et de son travail de son d ferlement inspir et de sa machinerie perverse avec d monstration l appui l crivain va nous r v ler le noyau br lant de son livre sa structure g n tique Outre la polys mie vidente de l image qui peut effectivement tout dire de l harmonie et des cimes la litt ralit de la phrase Madame tablit un piano dans les Alpes clate ce mot ainsi transcrit fait r f rence ce passage du texte D votion Ca madame Or la syllabe AM ouvre par deux fois cette sublime pri re pa enne ma s ur Louise A ma s ur L o nie et se retrouve encore deux fois dans un syntagme qui a fait transpirer plus d un herm neute son c ur ambre et spunk Je dis bien deux fois car le terme anglais signifie amadou bien que ce mot soit jug peu satisfaisant par certains qui en ont propos d autres en abusant du fait que l on ne dispose pas du manuscrit autographe on d couvre 177 PROSES A CONTRAINTES qu ainsi s est amorc e la d clinaison cr ative amadam amadou avec les frictions tincelantes de langue langue am I pers sing du pr sent de to be en anglais syllabe latine me en
369. nt investis dans leur combat contre Zu qu ils ne se relev rent jamais de son succ s Ceux qui lui tress rent des couronnes de lauriers le faisaient pour des raisons futiles qui n avaient rien 22 CREATIONS voir avec les m rites qu on lui accorde aujourd hui Surtout personne ne soup onna l importance qu allait rev tir le minimalisme par la suite Nul ne peut dire quand remonte exactement la premi re utilisation du terme de minimalisme On l attribue g n ralement Th odore Rousselle Rousselle tenait au d but du si cle une galerie de peinture rue de l chelle Il avait parmi ses prot g s un gar on du nom de Ra qui disparut dans d effroyables circonstances l ge de trente ans Bien qu il f t un travailleur infatigable Ra ne donnait que quelques toiles par an La plus c l bre a pour titre P pite Elle montre un caillou charbonneux sous lequel point lor C est son sujet et pour la d marquer de la mouvance socialo expressionniste laquelle tentait de la rattacher la critique que Rousselle parla pour la premi re fois de minimalisme La parent entre les uvres de Ra et de Zu tait vidente quoique transdisciplinaire Le mot de minimalisme connut la fortune que l on sait Pour des raisons euphoniques videntes le terme de zuisme fut beaucoup plus long s imposer Encore aujourd hui il n est que peu usit et semble r serv aux cas o le minimalisme doit tre appr he
370. ntem HORS DOSSIER porain un peu la mani re de certains po tes am ricains qui n ont pas peur d une parole tr s directe mais jamais platement orale Bien des textes de Beck lui m me participent de ce registre ici fort bien capt par un cycle remarquable de Pierre Alferi L esto mac des poulpes est tonnant d j paru dans Une anthologie de circons tance d Henri Deluy d Fourbis 1994 A l exception de sa derni re ligne qui fait un peu le on de morale le fragment d Alferi que voici r sume fort bien le programme que tente et que r ussit d j bien des endroits la revue Quaderno comme l envisage Philippe Beck Non lieu carrel blanc ouvert la nuit de plain pied sur la rue La po sie Lavomatic Les machines en rang identiques prennent tout ne laissent de trace Qu au fond au filtre du siphon poils et cheveux poussi re Tout mot mis en orbite un temps lav par la prosodie du tambour des su es intimes sociales Par l estomac des poulpes les enzymes de G nie Tout les mots oui n importe quoi except caoutchouc plastique de la tribu fusibles Perte des eaux us es n ons Qu il n ait d odeur un temps que de cette poudre fournie Son linge qu on veille en rang face l anti t l soixante quinze degr s qu on r cite et compte rebours lor gnant l identique voisin son linge Voyons danser nos slips dans la s cheuse Speed Queen p 65
371. ntes il est facile de stipuler d une part que la s rie en cause dans la mesure o elle provoque un effet d ortho hyper repr sentation est une ortho hyper scripture et d autre part que la force de cette surstructure p tit de la pr sence alentour des cinq cacofhypotaxo isomorpho textures pingl es puisque celles ci ajoutan des isomorphismes erratiques en parasitent le jeu D s lors et dans le cadre d une restructuration d ensemble la corollaire additive n cessairement m taprogrammatique en l esp ce on l a not invite selon une ortho hyper scripturog n se amplifier cette distribution Cependant bien s r et l instar des corollaires soustractives les corollaires additives ne sauraient pr tendre clore le proc s tant que chaque fois par les offices d un RAPT leur praticabilit n a pas t soumise l preuve Tel est donc l effort auquel ici il sied non moins de consentir Tou 196 tefois pour les motifs nonc s plus haut la r criture concernera non point le douzi me vers du sonnet de Mallarm la m tamorphose du couple d or v lin d j du reste ailleurs fournie mais bien et seulement le d but de Un roman lipogrammatique L ambition du plumitif son primordial souci command t il maints calculs ingrats fut sans faillir jamais quant au but d offrir un produit aussi original qu instructif issu d un postulat influant
372. nts de la fiction Ainsi dans le r cit des aventures de S il Kor p 152 162 on trouve plusieurs danses plusieurs voyages plusieurs le ons plusieurs examens et de nombreuses sc nes o les personnages se consacrent des t ches intellectuelles Les trois types d irr gularit s que je viens de signaler l absence d une r gle s v re pour la production des nonc s cible l in gale rentabilit fic tionnnelle des g n rateurs et la coexistence d au moins deux modes de production distincts pour les diff rentes cellules fictionnelles pourraient donner une bauche d explication pour les d s quilibres structuraux qui nuisent l ensemble du roman le manque de sym trie entre les deux parties la deuxi me charg e d ins rer dans une cha ne narrative les d fil s d images et d acrobaties de la premi re comporte neuf chapitres de plus que celle l et l ordre des r cits ne r cup re pas celui des sc nes l histoire de S il Kor est racont e d s le premier chapitre de la 201 PROSES A CONTRAINTES seconde partie alors que les tableaux de sa vie ne sont pr sent s dans la premi re qu au chapitre VI la redistribution dans la seconde partie du mat riau fictionnel en deux autres parties nettement diff renci es dont l une chapitres X XI rapporte l num ration des passagers du Lync e mise part l histoire familiale de Talou et de tous ceux qui s y voient m l s
373. nze Il est donc probable que la d marche formaliste se fixe pour principale t che de d vier l attention des analystes de la fourvoyer vers le champ des quations acrobatiques et des contraintes et en somme de contrarier l analyse litt raire du texte et m me de modifier la perception du texte Pourtant dans sa lettre J D Wolguelam Yasar Tarchalski a recours des attitudes mentales qui se contredisent et rendent moins s re cette hypoth se Il fournit les indications qui permettent d tablir que des contraintes ont t mises en uvre contraintes si discr tes que sans cette confession elles seraient jamais rest es imperceptibles Puis il met des objections sur l opportunit de traiter en public de la question Il s inqui te du risque que repr senterait une tude des m canismes cach s de l criture il redoute qu au deuxi me plan soient rel gu es les beaut s non cach es de la p te fictionnelle du post exotisme Il refuse qu on laisse de c t les illuminations amoureuses id ologiques et oniriques de Compagnons de d sastre Mais un peu plus tard dans son raisonnement il attribue au maquillage formaliste des vertus d fensives Bien prot g derri re la couche trompeuse du formalisme l objet post exotique pourrait mieux r sister au 146 CREATIONS parcours en milieu hostile il aurait plus de chances de conserver son int grit esth tique profonde Si on r sume Yasar Tarchalski
374. oe Conan Doyle Borges et Lewis Carroll deux personnages portent d ailleurs ce dernier patronyme L auteur campe en effet un univers presque cr dible de doux ou f roces monomanes dont la passion cens e s tre g n ralis e aux p riodes de crise se voit d taill e avec la curiosit jubilatoire d un connais 248 seur pince sans rire On y m dite sur la tentation du monochrome on discute l pineux probl me du puzzle le plus ardu on commente les coles coloriste morphologique le style des concurrents voire la philosophie du puzzle ici comme ailleurs pragmatiques traditionalistes et id alistes se disputent le terrain Le sommet de ces savoureuses sp culations est le co teux projet Gleaners dont le but est de rechercher partir de donn es et param tres strictement calcul s un mur de parpaings deux ouvriers dont l un d fait ce que l autre b tit rythme de travail une configuration d quilibre qui serait en somme la v rit du mur Mais ce livre vaut aussi et surtout par sa conception tendanciellement sp culaire Il fallait un texte puzzle L nigme le r cit proprement dit s intitule Le puzzle en 48 pi ces Quarante huit chapitres Le terme est impropre car il faut compter avec la grande diversit de formes mobilis es souvent fort peu narratives La pi ce 28 titr e loge de la pi ce manquante est un compte rendu extrait des Cahiers d
375. oi Je dois dire qu elle entretenait avec ses lectures un rapport tr s personnel tr s passionnel m me Je me souviens en particulier de la v ritable fi vre qui sembla s tre empar d elle lorsqu l entr e de l automne elle d cida brusquement qu il lui fallait lire tout Jarry Je ne sais plus tr s bien comment cette id e lui tait venue mais ce qui est s r c est que cette subite boulimie pour le p re d Ubu parut correspondre une n cessit une sorte d tape obligatoire dans sa vie Puisque nous parlons d tape je ne passerai pas sous silence l une des plus importantes de notre vie commune notre union l gitime la mairie du cinqui me Ayant r pondu oui la traditionnelle phrase voulez vous prendre pour pouse je devins comme vous auriez pu vous en douter le mari de Marie Notre luxueux voyage de noce dura pr s de cinq semaines et correspondit grosso modo un vaste tour s lectif des rivages m diterran ens L itin raire choisi suivait exactement l ordre tabli par Marie Maroc Alg rie Roumanie Italie Espagne A l occasion d un rangement je remis par hasard la main sur le manuscrit de l pop e romanesque du citoyen Dupr que j accusais les d m nageurs de m avoir sem Du coup je me replongeai avec fr n sie en 1789 et je relus non sans une certaine satisfaction quelques pages de description amoureuse particuli rement bien senties J invitai
376. olies pani res Quelle carte font ces app ts De quoi se retaper sans pets Le M me Monge n a nulle crainte de la d mence moisson tome les homards mains des Miss moule homo mo t lait moi rot mat m choui C est mince merci jolies mani res Quelle carte font ces amas de quoi se r tamer sans mets Le Pope Ponge est unique sans copie Ni groupes ni pension De la belle fripe Oui Le M me Monge est unique sans commis Ni groom ni mention De la belle frime oui P ris c est papa se pare en paix tient son chapeau passif dans la chapelle Port pieux Charpent lippu p le pas teint Son c ur survit gr ce un pontage 118 CREATIONS Maryse c est maman se marre en mai tient son chameau massif dans la chamelle Mords mieux charmante H lime Hue m le M tin son c ur survit gr ce un montage Hop tout se g te le pari empire patraque Homme tout se g te le mari en mire matraque Soup toi Putain stipule P ris pas poli Soumets toi mutin stimule Maryse M t molli Pourrir partir dit papa sombre pouvante un serpent dans son sein Quelle p leur Mourir martyre dit maman sombre mouvante un serrement dans son sein Quel malheur D part sans report dit P ris Qu elle perde pouah cette chipie D marre sans remords dit Maryse Quelle merde Moi cette chimie
377. omprendre volution que nous subissons autant que nous la faisons Le refus et le d passement de l ancienne prosodie n est pas en effet le simple refus du syst me des contraintes mais le choix imp ratif d un nouvel ensemble de r gles Admirablement situ par Pascal Durand le geste d mancipation de Mallarm est n cessaire pour mesurer ce qui nous tente dans le d sir de la contrainte Jan Baetens indispensable une propos de Prose Po sie Circulations ouvrage collectif Paris d Fourbis 1998 contributions de Henri Deluy Bernard No l Dominique Buisset Bruno Cany Jacques Darras Jean Michel Espitallier Didier Garcia Isabelle Garo Jean Michel Maulpoix Henri Meschonnic Bruno Montels et Anne Talvaz Ces diverses communications faites en guise de pr ambule la 4 Biennale Internationale des Po tes en Val de Mame ont sans exception le m rite d entrer dans le vif du sujet la contrainte de l extr me concision les textes comptent en moyenne entre quatre et cinq pages montre une fois de plus qu elle n emp che nullement de d velopper une argumentation solide bien au contraire Chaque participant prend en effet tout de suite posi 246 tion sur cette double question qui ne peut laisser indiff rent quiconque s int resse au jeu de l criture qu en est il de l opposition prose po sie d une part et que penser des circulations mises en jeu depuis que cette opposi
378. on des po mes Le N nuphar blanc A Girard et La D claration foraine M Sandras des retouches de La Musique et les Lettres A Holmes Cinq tudes F Yosano J P Lecercle et R de Gourmont heureusement republi ou prolongements M Etienne P L Rossi se centrent pour finir autour du laboratoire de prose que fut pour Mallarm La Derni re Mode En somme un volume qui par l originalit de son th me son s rieux et son unit figure d ores et d j parmi les meilleures c l brations de ce que Formules en d dicace de son premier num ro nommait le si cle Mallarm Daniel Bilous propos de Pascal Durand Crises Mallarm via Manet d Peeters Vrin coll Accent 1998 A quoi bon comm morations et comm morateurs si ce n est r crire sans cesse notre pr sent inachev Vue sous cet angle l ann e Mallarm n a sans doute pas donn ce qu on pouvait en attendre La bonne tenue moyenne des tudes sorties l occasion du centenaire n a en effet gu re dissimul l absence de v ritable v nement critique Parmi les trop rares exceptions il faut signaler avant tout Crises le nouveau livre de Pascal Durand son deuxi me cette ann e apr s le tr s beau petit volume sur les Po sies de St phane Mallarm dans la collection Folioth que de Gallimard L ouvrage de Pascal Durand est capital pour au moins deux raisons par la qualit de sa lecture bien entendu mais auss
379. on Nous avons pris cinq illustrations dans un roman La Disparition Nous allons voir qu il y a surtout saturation au plan du signifiant par accumulation Si la narration avait choisi d offrir un mot pris dans son isolation sans attrition on pourrait n y voir qu un cas banal du choix du mot opportun sa position point final Mais plus qu un fait si flagrant il y a l un souhait constant d offrir un panorama optimal sur un champ concis parfois ahurissant Pourquoi a t il fallu la narration agrandir un champ paradigmatisant l o un mot aurait suffi Faisant a la signification n a pas accru d un iota Pourtant la narration a choisi un lot tautologisant nous confondant parfois nous laissant pantois prouvant l optimal savoir du scriptor aurait dit Roland B d assidus sorbonnards qui mystifia plus d un individu A Poissons ou animaux marins Pingouins cormorans manchots albatros rorquals cachalots marsouins dauphins dugongs narvals lamantins p 69 B Nutrition fast food Sandwich proposa Romuald jambon cru jambon d York saucisson bacon boudin chipolata r ti froid livarot cantal port salut gorgonzola hot dog p 76 167 C Alcools Un scotch Un bourbon Un whisky proposa Augustus montrant tout un attirail pour barman Ouais fit Voyl pas convaincu Dugin Un cocktail Un bloody mary Un bull shot Un dry N
380. on la intense o t l lrecep teur TM gr ce o rep res indiciels que je lui aurai transmis autorisant des op rations 2 reconstructions perceptives amp 2 r appropriation lucides actives ayons pr sent ici quelques modules d une m me s rie certains de s ries distinctes 1 hors s rie gt here s la situation du sife la date de janvier 1999 gt 70 carr parution autumn nineteen ninety ninev automne quatre vingt dix neuf now please follow these connections and enjoy your surfinGames 136 CREATIONS St phane Susana Nier est effet serein Et l axe tre bilat ral ce d cor tar mani r se trace se rue me damne et se r v le rumeur apparue p le Moi dilu servi en gnole Rire cari Boue vase vers e fatras n ici gamme Dialecte sec Ne r ver rien n oser Et ni tas r unis ni sens Tome d g t nom crit abyssal gel en nos inutiles actes N espace l art Nom tiol nu Sa c sure Mots r futer Vie tu perdras Ah Et se relever mu Ab ti d sir Ce jeune va salue sert Et g d c de Car gare factice recel sinueuses traces lan s user Vive ride Sel fig Ni art ni faste et rep rage serr Lis Et n de tes ellipses lu verso en arc refl t le trac trompa Cap mort cartel tel fer cr ne os r vuls s pill s et dent s il erre s gare Perte Et sa fin tra ne Gifle Se dire
381. on politique je d couvris avec stupeur que je poss dais d sormais l ouvrage de r f rence de Pierre Frank les Congr s de la V Internationale titre ma akovskien qui p trifia le trotskiste qui somnole encore en moi Et que penser du petit point Seuil La r volution russe de 19187 Les cassettes vid o avaient elles aussi t contamin es Je poss dais d sormais 2002 Odyss e de l Espace un Kubrik palindromique ce qui ne constituait gu re une consolation et un Godard d cal 3 ou 4 choses que je sais d elle J aurais aim voir les Huit samoura s mais je les avais pr t s Quant mon petit gar on il aurait d sormais droit condition de manger tout son jambon quelques Walt Disney trop peu connus comme les 102 Dalmatiens ou Blanche Neige et les huit nains Tout tait l avenant Je d couvris m me non loin du Macintosh le r ve de tout adorateur du traitement de texte un manuel d utilisation de Word 7 Abattu j aurais bien voulu vous voir ma place je m assis de nouveau sur le tapis avec la main les Nouvelles en quatre lignes de F lix F n on Machinalement je l ouvris Stupeur ces nouvelles poss daient le nombre de lignes annonc es en titre et donc mais faut il le pr ciser une 109 PROSES A CONTRAINTES ligne exc dentaire Le texte d ailleurs me paraissait moins dense que dans mon souvenir Qu en d duire Que le nouveau titre imposait un nouveau contenu l
382. on s explique de la fa on suivante Si l effet orthorepr sentatif provoque le tendanciel effacement des pr tendus moyens qu il mobilise c est que selon l change orthorepr sentatif il provient d un remplacement inachev non seulement d esp ce mentale celui ci n a pas lieu noir sur blanc mais encore d ordre virtuel il suffit qu il soit ressenti comme loisible Bref d un c t la premi re occurrence celle qui est inscrite tend dispara tre puisqu elle ne saurait tre orthorepr sentative qu tre remplac e et d un autre c t la seconde celle qui est requise ne vient gu re para tre puisque pour concourir T orthorepr sentation elle n a pas besoin d tre actualis e Serait on en train de pr parer ici une r cusation de la technique repr sentative Aucunement En effet ce que l on met en cause pour l heure c est non point l accomplissement repr sentatif en lui m me dont d in 186 nombrables r sultats soutiennent la pertinence mais bien exclusivement l obscurantiste sensation qui l accompagne laquelle avec l ustensi litaire effacement des concours requis porte sans cesse perdre de vue les contraintes l uvre et les probl mes qui en d coulent Quoi qu il en aille un rien d attention en sus permet d apercevoir que la repr sentative d ch ance des contraintes peut tre battue en br che de fa on positive
383. ond Paradoxalement malgr cette vidente incompatibilit entre sa m thode et son projet d auteur faire des romans la mani re de Jules Verne la r action de Roussel n est pas d abandonner le proc d mais d en faire une contrainte plus stricte qui n explore plus le double sens des mots mais ses possibles alt rations phoniques et grammiques Ainsi partir de l apparition du proc d volu au cours m me de la r daction d Impressions l criture de Roussel avance vers un mat rialisme croissant qui atteint avec Nouvelles Impressions d Afrique son expression la plus achev e ETUDES D UVRES CONTEMPORAINES PROSES A CONTRAINTES Jan Baetens Enjeux enfin Renaud Camus et l criture contraintes Les premiers textes de Renaud Camus rassembl s dans le cycle inachev des glogues appartiennent visiblement au domaine de l criture contrainte La r gle de la surd termination r ciproque de tous les l ments par virtuellement tous les autres l ments du texte est une contrainte tr s forte qu il est possible d tudier en d tail dans les quatre volumes publi s Cependant l entreprise de Renaud Camus s est distingu non moins imm diatement des deux mod les d criture contrainte pratiqu s au d but des ann es soixante dix au moment de la gen se des glogues d une part la radicalisation du Nouveau Roman dans le courant dit Nouveau Nouveau Roman q
384. onfectionner une nouvelle absolument identique cette infime diff rence pr s et su la recoller sans que rien ne trahisse la subtilisation Je remarquai alors sur l tag re inf rieure un norme Dumas Les quatre mousquetaires L encore il ne pouvait s agir de l uvre d un faussaire le quatre s imprimait bien en d fonce sur l illustration de la couverture sans bavure sous le pelliculage brillant qui s effilochait un peu Saisi d une sueur froide je parcourus les titres au dos des livres La t te se mit rapidement me tourner Jules Verne n avait jamais crit Un capitaine de seize ans ou le Tour du Monde en 81 jours Aucun livre de Zweig ne s appelait Vingt cinq heures dans la vie d une femme et le papier n a jamais pris feu spontan ment la temp rature de Fahrenheit 452 C tait insens Ici Harry Mathews avait compos 21 lignes par jour ici le dernier livre inachev de Perec s appelait d sormais 54 jours Un peu plus bas entre Henry James et James Joyce un certain Jacques Jouet avait crit 108 mes Au sein de l tag re Roubaud car il faut au moins une tag re pour Jacques Roubaud je d couvrais Autobiographie chapitre onze 108 CREATIONS Voir imprim au dos d un livre de James M Ca n Le facteur sonne toujours trois fois ne m arracha m me pas un sourire pas plus qu Une orchid e pour Miss Blandish Saisi d un vertige la vision de Joconde jusqu
385. ons commerciales Pai longtemps r fl chi qui d dier mon premier livre Pour les filles qu on aime il est trop pragmatique Les l ves l tudieront de toute fa on Les amis me soutiendront sans cela Les ennemis attaqueront quand m me Voici un gros volume o j ai dit sans rh torique sans passion sans calcul sans flatterie ascendante ou descendante mon humble sentiment sur les grandes affaires de la vie Pour commencer je veux me d fendre de poss der les dons d imagination et d expression qui m auraient permis de cr er de toutes pi ces pour l amusement du lecteur le personnage qui s appelait Il est possible que ce texte soit imprim et lu quelque part Il n est pas non plus interdit de penser qu l tat de manuscrit il dorme de longues ann es silencieux dans un tiroir En g n ral l auteur d un livre d introduction a le choix entre deux m thodes d exposition la m thode synth tique et la m thode analytique Pourtant dans le cas pr sent il n y avait pas de choix l application de la m thode analytique s imposait Pl t au ciel que le lec 38 CREATIONS teur enhardi et devenu momentan ment f roce comme ce qu il lit trouve sans se d sorienter son chemin abrupt et sauvage travers les mar cages d sol s de ces pages sombres et pleines de poison Aujourd hui je recommence tenir mon journal forc ment interrompu pendant ma maladie ma grosse m
386. ores Faite de mots du calame Antique venus renforts 252 Tordus aux affres de l me Comme en cho au Coup de d s mallarm en Rien n aura eu lieu que le lieu il est affirm que les flammes Ne sont juste qu elles m mes idem Le po me s offre une double lecture l identification de l apparente description r f rentielle d un incendie sugg rant en effet imm diatement de par la polys mie cultu rellement charg e du mot flammes qui ouvre sur le registre de la po sie amoureuse grande consommatrice de clich s un d codage situ sur un autre plan o l criture parle cette fois d elle m me Le po me n est plus vou transcrire les affres de l me l instar des flammes les mots ne sont juste qu eux m mes et le chemin qu ils tracent doit tre lu dans le seul espace du texte Pareille lecture duplice est sollici t e plusieurs reprises Ainsi lorsque Jan Baetens reprend l image tradition nelle de la navigation comme m ta phore de l aventure po tique il la r oriente implicitement dans cette direction o le dire po tique ne se r f re qu lui m me Entre tous les mots quel mot Choisir pour nommer le gu Qu ils traversent et cette eau p 20 La syntaxe tr s tudi e de la phrase instaure un rejet qui m tatextuelle ment d signe le seul et unique gu que la ligne de mots peut traverser hors de
387. ort ma foi quoiqu on die Tu ne te vois pas sous le gris de ta peau du vrai cuir ton foie est tout vert plein de trous Tes yeux sont pleins de stries Tu vois tout en flou et tu vois tout deux par deux Tu ne vois pas plus loin que le bout de ton nez En fait tu as tout le temps un coup dans le nez Tu n a plus de flair Tu ne sens plus rien Tu n as plus de go t Tu n as plus de go t rien Tu as le c ur gros le c ur lourd Vois ta main tiens la bien droit tes doigts sont tout le temps pris d un va et vient Tu as les nerfs fleur de peau Tu ten mords les doigts Tes poils s en vont un un Et la toux qui te 45 PROSES A CONTRAINTES fait mal Le ver dans le fruit Le fer dans la plaie La mort qui fait le guet Ce n est pas gai du tout Tu perds le sens du temps Tu ne sais plus le lieu o tu es d o tu viens o tu vas Ni o et quand tu es n Tu n as plus le sens du bien et du mal du vrai et du faux du beau et du laid C est le break down le black out Quand on te dit qu est ce que c est que un chien ou un chat Tu ne sais pas Tu ne dis plus un mot tu te tais On te plaint on te prend par la main Des scouts font leur B A A quoi bon Pour moi dans ton cas on n a plus grand choix ou on met le gaz fond ou on prend de la mort aux rats ou on se pend ou on se noie Et pas dans du vin ou dans tes pleurs ce que tu fais Ce que j en dis c est pour ton bien Ton
388. ortera le mieux l adh sion du jury J carte en tout cas l ventualit d un d part de dos qui s il simplifierait la transition avec l preuve de course m emp cherait de me voir entrer dans le contenu du bassin qua drangulaire et dissocierait ainsi ma vision de la sensation parall le d un changement soudain de milieu Puis me demandant si je n aurais pas d affecter plus d une longueur de bassin cette preuve je m efforce en toute logique de donner l illusion d une piste plus longue en accentuant d mesur ment le ralenti amorc avec l preuve pr c dente Projetant mentalement sur le sol ce d coupage des quatre preuves en quatre phases demi tour roulade roue saut p rilleux course d lan appel suspension r ception placement d part allure de course arriv e plongeon nage sous l eau nage en surface arr t je remarque aussit t que l image de ce damier ne co ncide pas avec celui form par l ombre de la verri re puisqu il n int gre pas les marges qui entourent les pistes Ce d faut apparent de mesure ne l emp che pas de livrer une tout autre vision du stade si l on renverse le sens de sa lecture Ainsi l encha nement des cases qui longent le mur triangulaire du fond programme une preuve qui pour n tre gu re orthodoxe est toutefois ex cutable un saut p rilleux menant au d part d une course presque aussit t arriv e destination et imm diatem
389. ose les connaissances pr alables du lecteur ne laisse pas pour autant intact l espace litt raire le ph nom ne de surd termination et de surstructuration du texte ouvert l al a et la surprise contraint le lecteur assister la prise et la d prise successives des proc d s les plus h t roclites qui ne peuvent finalement que le conduire la m prise L Anna dans son geste de fragmentation de la mati re textuelle dans sa disposition de micronarrations qu aucun lien unifiant ne soude s appa 50 CREATIONS rente tout au plus au genre des anas le mod le du recueil d anecdotes est renvers par une fiction qui diss mine les v nements et les r cits pour affirmer comme seul r el une situation au monde d termin e par le langage mais qui peut en retour tre transform e et renouvel e partir de la travers e dans la langue de la violence sexuelle et amoureuse politique et technique D o ce double proc s de d sautorisation de la langue de violence exerc e l encontre des langages pr construits et de n gation de l identit des sujets de d ni de leur encha nement une fonction identifi e et un fondement assur Anamorphose des personnages et disparition locutoire de l auteur L objet de la narration Anna est une figure prot iforme Cherch e comme premi re jamais engendr e femme de r ve d une enfin sans p re il fallait bien une au moins une foi
390. ournable Tous les auteurs de roman policier savent que le probl me du Comment l emporte sur celui du Qui Or chez tout Jules le Qui insiste L identit donc fr n tiquement r glait nos rapports o chacun campait sur sa position Quant la crampe les m decins vous diront que c est une question de circulation sanguine Ce que j aimais chez Jules c tait ce pr nom pluriel Il ne pratiquait gu re lui le pluriel L amour ses yeux tait traiter comme un rituel processus tortueux incluant la notion d interdit Jules avait dans un visage ordinaire le regard sombre intense de Kafka Mais pourtant pourtant il montrait des dispositions certaines pour faire l amour C est bizarre finalement Pamour p tillant et vulgaire comme un demi de bi re amer pareillement trop rarement r ciproque On s aime tour de r le et seulement par moiti 89 PROSES A CONTRAINTES Le physique n est pas tout dans le sexe la m moire aussi fonctionne comme un corps conducteur Du temps de ma grand m re c tait pire para t il Chacun devait se conformer aux m mes r gles on ne pouvait jamais rien faire de diff rent Par exemple on ne pouvait sortir sans porter un chapeau m me dans un meeting ouvrier On n avait pas le choix Le chapeau symbolisait l tat d amour conjugal cette poque obligatoirement exclusif Rencontres arrang es par les familles amoureux ou pas on s pousait et
391. ournement des signes d sancr s de l am ricanisme De r tour et finalement l exemple historique de mai 68 jou contre l re du simulacre L Anna indique une tentative de sortie hors de l espace d une criture autofond e et autor f rentielle La distance qui s pare les fictions po tiques reposant sur un geste de remod lement de la langue et d appropriation d un espace de parole second de L Anna retra ant les diff rentes originations d un personnage f minin marque un changement ou un retournement de perspective la fiction narrative dans son mouvement d appropriation d une figure de l alt rit ne se referme pas en un dispositif circulaire qui rapporte et relie la langue elle m me ne se fige pas en un pas de suspens qui retient et relance les langages Interrogeons donc L Anna qui int gre et d place les uvres pr c dentes dans l espoir de ressaisir la logique de cet espace potentiel de jeu tendant au ph nom ne mais laiss ouvert et inachev qui caract rise la narration L Anna ou la logique de l analogie L Anna subdivis en trois parties engage autant de strat gies et de proc dures d criture diff renci es autant de positions lectoriales et de trajets de sens disjoints La structure de la narration r pond au sch ma de l analogie des glissements de signifiants et des d rivations lexicales qui affectent d abord le nom propre du d sir Anna s
392. ous commenterons dans notre prochain num ro 243 HORS DOSSIER La Prose et Mallarm A propos de Mallarm et la Prose La Licorne n 45 1998 Le po te rare qui intitule sobrement Po sies le recueil o enfouir sa gloire fut comme on sait un prosateur abondant en tous les genres nombre d articles une revue onze volumes de correspondance des traductions des contes et des po mes en prose Il est aussi celui qui t che de porter au plus loin la r flexion sur ce partage peut plus conventionnellement depuis P Antiquit Il y a la po sie et il y a la prose tre le admis et il y a une opposition tourniquet qui d j fait liti re d une th orie si l une se d finit comme tout ce que l autre n est point d s lors on n a plus le choix qu entre deux r les comiques ma tre de philosophie ou monsieur Jourdain Cette p nible alternative le superbe num ro dirig par Henri Scepi que La Licorne consacre ce probl me chez Mallarm pourrait bien nous l pargner A travers quelque dix sept contributions la revue de l Universit de Poitiers tente de cerner dans un renvoi mutuel et probl matique la fois les th ses de Mallarm sur la prose et sa pratique si singuli re de l criture prosa que tant dans le pros me mot de Michel Deguy que dans les articles traitant de mode ou de critique Le c ur des r flexions demeure le sens qu il faut donner des form
393. ous plaira pr sent s par Jean Pierre Morph e et il nous apprend que Jean Pierre Morph est l un des anima teurs de Qui tes vous un entretien avec un crivain ou un artiste mi chemin de la psychanalyse et de l in terrogatoire policier Et il ajoute que Mauriac avoue lors de cette mission Je crois que la foi d un L on Bloy que la foi d un Bernanos est d une qua lit tr s sup rieure la mienne Bonne anecdote qui n explique peut tre pas ce Je me souviens mais qu importe Et comme le dit Roland Brasseur lui m me Je ne me suis pas refus le plaisir de d border un peu ou beaucoup Entreprise d bordante celle de Je me souviens de Je me souviens tait d s l abord une entreprise de comblement il fallait rassembler le maximum d in formations il fallait tout expliquer Elle pourrait alors sembler paradoxale si l on consid re le projet de l uvre perecquienne elle m me La trace n est elle pas toujours dans cette uvre trace d un vide d un blanc d une absence Pour Roland Brasseur quand Perec se souvient de Farre bique ou de la myxomatose il se sou vient de bien autre chose que de leurs noms Et c est cet autre chose COMPTES RENDUS auquel Je me souviens de Je me sou viens s int resse Cette hypoth se peut tre oppos e celle de Christelle Reg giani Lors du s minaire Georges Perec du 16 janvier s in
394. p 211 La concep COMPTES RENDUS tion n gative voire dysphorique des pouvoirs des mots illustr e par l exp rimentation po tique de Perec notam ment le dossier P A L F la po sie h t rogrammatique et les variations homo phoniques ainsi que l exhibition du code dans La vie mode d emploi Un cabinet d amateur ou 53 jours serait opposer une vision positive du lan gage un besoin du sens manifeste dans les textes n s d une interrogation essentiellement autobiographique tels le projet inabouti de Lieux W ou le souvenir d enfance Je me souviens et R cits d Ellis Island Cette bipartition a l avantage d tre claire mais trop accentuer les contrastes l analyse perd parfois de sa finesse Certes J D Bertharion prend soin de souligner qu il ne s agit pas de d couper artificiellement l uvre de Perec en deux p riodes succes sives clairement rep rables Nous essayons plut t de d gager dans son criture deux grandes tendances qui nous paraissent avoir co exist dans le temps deux orientations qui s quilibrent se compl tent mutuel lement pour laisser merger une rela tion originale et complexe avec le fait litt raire avec les signes Notre tude n est donc pas tant chronologique que logique 0 c p 204 Elle tend n anmoins instaurer une coupure et une hi rarchie entre les deux p les en illustrant chacun par des uvres diff rentes
395. p de pilou gants nets il troqua enfin son pull ras et prit pour passer inconnu dans les mil jours venir pour blaze Pitou Ange Pitou 5 Ange Pitou travesti Boulanger impromptu Cam dissolu Apr s l impro du casse Pitou travesti s occupa de filons plus calmes il loua des silos usag s invoqua le mitron du Pape si bon bulla se fit boulanger prit pour l affection un ne gris joua Et si soulag il go ta le si doux appel d inconnus cachets il connut l apr s flip ouat fin so lante 6 Riton sur Arte Pitou chass Il tourna des sitcoms nuis avec Sim Pour Arte il joua le fils d Horus dans des films courts rat s d incongrus navets Il doubla les Simpson sur France 3 filon durable dit on Quand le filon s usa et Pitou avec il s outra et invoqua des pistons nullards le dirlo dut chasser Pitou Pas de fric chomdu sans le RMI o aller Il toqua chez Gino 7 Un cave Pitou va chez Gino Quand le p tit mouchard le vit son futal devint coulant Esprit obtus grave il douta Cet impromptu l C est Riton tu parles si l occupant en fit son truc sans fr mir Couard n Gino suant de frissons jura enfin mon cul d armer Riton Tu tu as l le le fric Tip top O K Un cas ce Gino truand et si con Un cave Riton scruta le lit tout blanc en fit son plumard et prit son d 8 Dans des bistrot
396. par deux m canismes intelligibles la coercition accrue Pexaltation autonome 2 Coercition transparitive De fa on positive Oui En effet l on ne saurait infliger la repr sentation d excessifs saccages puisque d une part ce qui serait lors contest avec eux c est non point ainsi qu il sied l obscurantiste id ologie li e la repr sentation mais bien pernicieusement le fructueux exercice repr sentatif lui m me et puisque d autre part ce qui serait lors obtenu avec eux c est non point ainsi qu il sied une solution du probl me mais bien malencontreusement le fallacieux retrait de la question La coercition accrue Oui En effet si le succ s technique incite selon le diptyque de la fin se subordonnant des moyens une id ologique d ch ance des contraintes en vigueur alors nulle peine saisir que l adjonction aux astreintes dont la repr sentation joue et se joue de suppl mentaires obligations puisse rebrousser la tendance en rechargeant d une vertu coercitive l crit que l id ologie techniciste minimise sous cet angle L exaltation autonome Oui En effet si le succ s repr sentatif conduit par lui m me une occultation des pr tendus moyens requis alors nulle difficult comprendre que l ajout de suppl mentaires accentuations du moins si celles ci vitent d une part d tre d fectueuses sous peine ce qui l o
397. parcours po tique Des m lodies non math matiques gouvernent les chos les variations les r pons les reflets allant de texte en texte d un narrat l autre C est une donn e profonde et intuitive c est cela qui domine toutes les tapes de fabrication du texte La contrainte arithm tique au contraire est un masque formaliste pos sur le corps intransfigurable de notre cri une couche de fard superficielle qui ne touche aucun l ment signifiant de la chronologie ni de la masse symphonique et narrative Il faut comprendre cette application d un masque comme une op ration d corative qui intervient plut t comme une technique de protection suppl mentaire Les techniques formalistes sont pour nous un bouclier pas un squelette 1 Prenons par exemple 3333 trois mille trois cent trente trois compte t il pour UN mot pour SIX mots ou en raison du trait d union pour CINQ mots Etc 145 PROSES A CONTRAINTES Les chiffres ont une beaut comptable tr s relative 111 est beau mais 112 ne manque pas de charme et 110 est un d lice nos oreilles Notre esth tique post exotique n a rien voir avec les nombres elle se moque des frissons des num rologues Elle s attache avant tout produire des images et charpenter des refuges construire les domaines de notre exil les structurer magiquement comme nous avons d j expos cela mille fois par ailleurs Notre esth tique post exotique se r f re
398. pare aussi en modifier les repr sentations d ordinaire admises en projeter des vues tout autres Ainsi en est il de ce stade dont le plan est d sormais suffisamment tabli pour que je puisse y entrer 96 STADE GENRE TITRE CONTENU concept 6 7 ETABLISSEMENT projet de livre Perec pr sentation de ce Projet de roman tableau r cit d enqu te sc nario Borges La mort et la ENTRAINEMENT d couverte du stade boussole r cit textuel d criture Faulkner Le bruit eATHLETISME PCN e t trathlon la fureur dition ns us ATLAS Let r cit spatialis s ance de projection Ollier Fuzzy Sets PROSES A CONTRAINTES Entra nement2 Rabattant derri re moi la porte de la cabine o je viens de me changer et continuant suivre le couloir par lequel je suis arriv j atteins un espace vide de base rectangulaire Ses deux grands c t s desservent seulement de multiples couloirs dont celui que je viens d emprunter Les deux autres plus petits sont constitu s de deux murs enti rement blancs l exception de l inscription qui figure sur la porte d entr e du stade lui m me Le sol est un rectangle de tr s vastes dimensions allong dans le m me sens que l espace vide pr c dent Quatre pistes d gale largeur le divisent La premi re sur ma gauche est enti rement couverte d un rev tement caoutchout blanc La seconde s par e de la pr c dente par une fine ban
399. pas futiles elles expriment l une de nos fiert s en ce qui concerne critures et certainement aussi une partie de ce qui constitue son projet esth tique g n ral Je ne sache pas que ce soit si banal ni trivial Gr ce Mallarm nous avons un illustre devancier pour se soucier de ce que les lettres sont faites en chair de papier au dans les 239 HORS DOSSIER Condition institutionnelle La revue critures est n e au sein de l Universit de Li ge plus pr cis ment elle est r alis e par le Cercle Interfacultaire de Litt rature le C IL qui aujourd hui n a gu re d autres activit s que cette publication Je crois que les premiers num ros datent des ann es 50 J en ai vu quelques uns des ann es 60 lorsque Philippe Minguet en tait l animateur principal Ils avaient d j cet aspect l g rement rebutant verd tre qui est galement celui de nos num ros et ils affichaient ce nom banal critures que nous essayons de concilier et d actualiser avec notre projet Pour le reste il n y a aucune continuit entre les anciens num ros et ceux pour lesquels nous avons entam une nouvelle s rie partir de 1991 Je me suis retrouv ma tre du destin du C I L et du budget que lui alloue l Alma mater alors que j tais encore tudiant un moment o personne ne s en souciait plus J ai r uni des amis il n en reste qu un de cette poque de fondation avec le proje
400. pas susceptible d tre major e par quelque coefficient que ce soit Apr s le placement au sol contre les deux cales triangulaires situ es en bord de piste son d roulement impose trois autres tapes le d part qui permet la mise en action de la course l allure de course avec laquelle la vitesse maximale est atteinte et enfin l arriv e Bien que cette derni re phase puisse empi ter sur les marges du stade la longueur de piste m appara t maintenant l g rement trop courte tant donc la premi re preuve que je doive resserrer elle me conduit dans l hypoth se d un jugement qui porterait moins sur la vitesse de mes foul es que sur leur galit diminuer mon allure Et si la piste en para t d autant plus longue je ne peux m emp cher de penser qu une prise de vues diffus e au ralenti parviendrait plus simplement au m me effet perceptif Apr s le plongeon initial qui trouble aussit t l image r fl chie de la verri re l preuve de natation dont le type de nage est laiss mon initiative fait se succ der une phase de nage sous l eau une phase de nage la surface de l eau et enfin mon arr t contre l extr mit du bassin proche du 104 CREATIONS mur d entr e Si cette d composition pr serve la possibilit qu une simple translation suffise raccorder ma sortie de l eau avec le demi tour de l preuve initiale elle ne permet toutefois pas de savoir quel type de nage remp
401. passage d une preuve l autre s effectue toujours l aide d un demi tour un commencement par cette simple figure donnera l impression que le d but de la premi re preuve s encha ne avec la fin de la quatri me Impliquant videmment que je me pr sente de dos devant la ligne de d part ce premier mouvement me permettra la fois d entrer sur la piste et de me retrouver face au jury situ l autre extr mit du stade S il ne constitue pas une figure acrobatique part enti re il pr pare en tout cas le second mouvement une roulade avant qui est en effet la mani re la plus simple d ex cuter l id e de rotation D veloppant cette id e la roue qui suit engage un contr le plus 103 PROSES A CONTRAINTES minutieux des diff rents aspects musculaires mis en jeu Enfin le saut p rilleux avant auquel aboutit cette premi re preuve s il conserve l id e de rotation me fait quitter pour un bref moment le sol caoutchout blanc et ainsi prendre en compte la dimension de l espace Bien que ce dernier mouvement puisse tre pr c d d une l g re phase de course c est avec cette preuve que la longueur de piste para t le plus surdimensionn e tant donc celle que je dois le plus distendre elle me conduit intercaler des s quences de marche entre chacun de ses mouvements puis dans l hypoth se d un jugement qui porterait aussi sur ma vitesse d ex cution effectuer tr s r
402. passage oblig de tout texte contrainte avec la nourriture qu est la description du corps f minin Un long cou de tr s beaux yeux pers les seins hauts et bien ronds fais au tour des traits fins Un fond de teint lui tient lieu de fard Tour de cou en or fin il de chat en strass sur col en skunks moins que ce ne soit du vair Tr s B C B G tr s sport bref du chien Bath mais pas vamp du tout Ni bas bleu non plus Je la suis des yeux et pas de loup je viens plus pr s et lui fais de l il p 38 On peut go ter sur ce fragment l ing niosit de l auteur qui permet de tourner l obstacle en recourant des mots puis s dans des stocks lexicaux multiples mots anglo saxons argot abr viations and so on Il a recours galement des p riphrases qui excitent l esprit comme autant de devinettes un plaisir rare que les lecteurs de po sie avait perdu depuis l abb Delille Certaines ruses sont subtiles comme de num roter trois bis le chapitre quatre crire la g de bois d composer les mots de plus d une syllabe l aide de tirets ou d une transcription holo phrastique en monosyllabes Comme dans La disparition l auteur a ins r des po mes un lai de son cru qui est fort beau comme on dit en monosyllabien et une traduction d un po me de Victor Hugo Mon dad cet as au ris si doux La derni re partie p 9
403. pit des gauchis sements in vitables dans ce genre de publications la s lection effectu e per met de se faire une id e assez juste de cette production qui est souvent rest e une criture de la r volte la po sie traditionnelle tant pour ainsi dire absente au niveau de la culture litt raire l gitime au Qu bec Toutefois on ne doit pas en conclure trop vite que le souci de la contrainte n y joue plus aucun r le Les auteurs qu b cois exp rimentaux sont beaucoup plus attentifs aux exigences et possibilit s de la contrainte que ne laisserait croire cette seule anthologie dont les imp ra tifs conomiques un auteur et un po me par page avec traduction espa gnole en regard offusquent malheu reusement ce qui repr sente un p le majeur de l criture contraintes au Canada l invention de nouvelles formes au niveau de la maquette des livres notamment au niveau des rap ports entre texte et image Ces aspects sont ici litt ralement supprim s ce qui enl ve pas mal des textes ici r unis l essentiel de leurs qualit s Il y a donc manifestement erreur sur le genre car le choix de ce type particulier d antho logie conduit fatalement une vision de la po sie comme cri comme chant comme bribe comme expression de soi au m pris de ce que s efforcent de d couvrir avec intelligence beaucoup des livres d artistes r alis s par les po tes qu b cois Quant faire une anthologie fid
404. ple syntaxe r duite au minimum etc Les contraintes litt raires utilis es sont les m mes que pour les adultes en moins d velopp les diteurs jeunesse rechignant publier des auteurs trop difficiles et refusant les textes o le second degr est visible Il faut souvent qu un texte soit accept malgr ses contraintes et ses pastiches par les comit s de lecture pour qu il puisse arriver entre les mains du public jeune via les rayonnages des librairies et ceux des biblioth ques On m ditera sur cette regrettable erreur de strat gie d diteurs frileux alors que le march de la litt rature enfantine est en pleine expansion et que les diteurs que l on rencontre sur tous les salons du livre ne cessent de se plaindre qu ils ne trouvent pas d auteurs On notera enfin que nous avons soigneusement vit de classer les titres par tranches d ge contrairement a la pratique s curisante des diteurs et la demande de bien des libraires et des biblioth caires HORS DOSSIER HORS DOSSIER Rectificatifs Dans le chapeau de l article de Marc Parayre dans Formules 2 la traduction espagnole de La Disparition a t port e son seul cr dit En fait il s agit d une entreprise collective Ce chapeau nous a valu deux correspondances rectificatives Le Chapelier Fou auteur du chapeau incrimin a t livr la justice de S M la Reine des C urs Pour cette raison Formules ne portera plus l
405. plir la vocalisation dans son tout usant tour tour cinq signaux vocaux du fran ais A un I U O dont la fin fournit la confirmation du SARTINULOC soit du signal vocal plus commun au moins commun dans la diction du fran ais courant non dans la gradation figurant dans tout bon dico a b c d Mais poursuivons nos insinuations sur l Oulipo Voyons pour lors What a Man What a Man a a pas mal d allant Partant l abracadabrant ana amalgamant Stars tant d actants sans hasard grand cas va ahanant L apparat pas banal d Andras Mac Adam balan ant lacclamant vantard d Armand d Arta gnan Pas d hapax dans l ana a va Max Panar sans tact aggravant la saga a va Armand clamant Abracada bra D ac l armada rabattra a sans taratata What a Man d alpha gamma Andras gaga Alcatraz Max raplapla Armand fada Plus qu un dur gugus un sur duc plus s r du cursus d un guru nul crut qu un Kung Fu punk put dur dur sur un turf Vu Tu lus qu un ubu brut put bluff turlututu sur un vulgum du summum Tu sus qu un rush du punch fut d Un cumulus un flux un bluff ludus pur du rhum brut sur un punch turc But un lupus chu un Kung Fu sur tumulus un sur duc sur humus Zut Nous avons lu dans un micro bouquin voulu par cinq individus sous l administration d un actif Mama bou dont nous mot valisons la nomination sans raison sous l
406. poids aux mots enfin toute une s rie d crivains po tes et philosophes parmi lesquels Heidegger Mallarm Trackl Fagot et Blanchot qui firent longtemps avant Zu du langage le r v lateur du monde Zu s inscrivait donc dans une prestigieuse lign e Il sut ne pas tre indigne de ses pr d cesseurs En 1954 Zu publia sa seule uvre sociale Waki raconte la trag die du massacre du peuple indien par l arm e am ricaine Waki est un mot comanche difficilement traduisible qui d signe peu pr s la tra n e de 23 PROSES A CONTRAINTES fum e que laisse dans le ciel la balle meurtri re Waki s tale sur plusieurs g n rations de comanches de l arriv e de Christophe Colomb jusqu Little Big Hom Sous le titre du livre et sur le conseil de son diteur Zu fit figurer le mot fresque qui souligne l ampleur du projet et le grand souffle pique qui le traverse Waki tient tout entier sur quatre pages et 940 mots Mais le livre n est qu un demi succ s car trop ambitieux Le nombre de g n rations qui se succ dent tout au long du roman onze au total en comptant le fils mort n de Femme assise est manifestement trop lev On ne s attache que peu aux personnages Le plus sympathique d entre eux un gar on du nom d Oiseau de profil dispara t au bout de quinze lignes au moment m me o le lecteur commence s initier sa nouvelle technique de p che Son petit fils Homme tenant sa barb
407. posthumes de Raymond Roussel sur ce qu il appelle son proc d volu ont d voil en partie les secrets de sa fabrication Dans ce dernier exemple il y a bien une contrainte d criture isol e qui ne produit pas de texte contrainte proprement dit Par ailleurs une autre possibilit assez inattendue peut encore se pr senter d s que l on consid re le cas des interpr tations all goriques isol es Dans les all gories proprement dites il est habituel que l auteur exprime clairement soit dans le corps de l uvre soit dans quelque annexe que son all gorie repr sente terme terme une r alit parall le comme dans le commentaire en prose que St Jean de la Croix a crit propos de son Cantique spirituel Ici la contrainte d criture all gorique appelle une contrainte de lecture all gorique d un texte contrainte all gorique Cependant dans le domaine du commentaire textuel il n est pas rare de trouver certaines surinterpr tations Il s agit souvent de lectures all goriques ou d autres types d interpr tation appliqu es des textes dont il est impossible de prouver mat riellement qu ils ont t crits dans une intention de ce genre Or une contrainte de lecture all gorique peut toujours tre invent e et appliqu e un texte quelconque Ce dernier fait lui seul d termine la possibilit inattendue dont nous parlions l existence de contraintes de lecture isol es sans
408. proc d amplifi exhibe sa rentabilit en multipliant le nombre de couples g n rateurs et la quantit de cellules fictionnelles parses mais il ne trace aucune voie permettant d int grer le tout dans un projet narratif global C est que le proc d amplifi n est pas une contrainte au sens o l tait l tape pr c dente quand les matrices contenaient en elles m mes tout le r cit qui allait se d velopper et celui ci tait enti rement au service des exigences de la formule de d part La production d Impressions d Afrique ne r pond pas une r gle aussi stricte le roman n est pas engendr partir d une liste de g n rateurs fix e l avance que la fic tion serait charg e de souder comme elle devait tendre un pont entre les matrices des Textes gen se Il faut ici parier pour une production beaucoup plus anarchique dont les phrases polaires de Parmi les noirs forment le socle Le conte de jeunesse engendre d une part le cadre fiction nel de base les aventures de naufrag s europ ens retenus par une tribu de noirs que doivent alimenter les productions des nouveaux g n rateurs et d autre part les premiers accouplements de mots unis par la pr position blanc donne blanc colle homme blanc et punition bandes donne bandes reprises groupe et r p titions suivies queue donne queue chiffre tra ne et chiffre Sur cette base le proc d se g n rali
409. ps Je repris donc mon manuscrit et nous nous m mes Violante do Canto et moi le taper la machine en caract res de couleurs diff rentes p 140 Et l auteur pr cise dans une note Un extrait en couleurs parut vers cette poque accompagn de dessins d Albert Bitran Par quel miracle Le jour o je lui donnai ce fragment j avais d boire plus que de coutume Bandes de couleur et vagues cyclothymiques s entrelacent troitement jusqu au jour o On vint enfin bout du monstre dont il ne restait plus selon Jean Ricardou qu transposer dans le registre typographique les diverses couleurs discriminantes du dactylogramme polychrome C est bien dit forc ment mais comme le joli monstre a d en p lir Toutefois le cam l on reviendra sur sc ne comme on verra Compact est donc publi en 1966 dans la s rie Tel Quel aux ditions du Seuil sous la couverture marron s v re Les couleurs y sont remplac es par des variations typographiques Seule la belle photo de Maurice sur la quatri me de couverture fait infraction ETUDES D UVRES CONTEMPORAINES ouvrant une autre perspective en diagonale ray e chatoyante si l on veut au centre brille le regard du fid le f lin Compact tel quel s impose et restera la pierre d angle de l uvre de Maurice Roche qui se d pliera sur maint registre Selon une r gularit remarquable l dition reviendr
410. qu elle avait de sa force Alors je fis mon tour une tentative de tutoiement Je dis un Tu subtil intervenant comme un lapsus une erreur dont je feignis de m excuser Ce Tu elle le jugea comme une offense et m abandonna toute une semaine Cette semaine l je fis Pamour avec mes cahiers dans la posture adolescente du solitaire Elle m avait donn un avant go t de la d sillusion et de la rupture Je m interrogeai en vain sur cette voix qui me ch tiait pour des motifs vagues et vains Mais quelle revanche aurais je pu prendre Des journ es pass es ensemble des apr s midi clair s par la voix une vie couch e pr s d elle sans me pr occuper de l heure Le levier qui garantissait la perp tuelle ouverture de la trappe tait bien fragile La moindre chute le plus obscur sursaut une vibration trange et la branche se brisait ou glissait et la trappe se verrouillerait nouveau Nous nous tions promis de ne plus raccrocher aussi longtemps que nous supporterions la voix commune On n entendait jamais la sonnerie du t l phone Plus de coupure de solution de continuit De temps en temps de plus en plus rarement je l avoue je pensais que je me fermais ma famille mes amis qu Isabelle devait composer mon num ro chaque soir sans succ s Si par chance Isabelle ne me rendit pas visite c est qu elle vivait dans l angoisse de me d couvrir effondr sur le plancher le t l phone pendu au de
411. que figure d une femme Emiliana Assa tr s musicale en vers abondamment courtis e qui pr tendait six cent soixante six po mes dont soixante six sonnets en vers rapport s et une sextuple sextine consacr e ses yeux sur deux mots rimes Anagrammes vers rapport s mais aussi peut tre contraintes oulipiennes comme la belle absente ou la belle pr sente tout cela se resserre se focalise m me autour de la figure de l h ro ne Efigenia et ce d s sa premi re rencontre avec son futur amour Simon Simon leva les yeux il pensa na tre une nouvelle fois l clat Fr le l Ivoire Gracieux lanc Neige Iris e Amande mue Fra che Gorge paule Nue comme sur les Images Ah C est bien elle puisque aussit t elle d cline son identit Mon nom est Efigenia puisqu elle dit pour la troisi me fois ce nom qu il a d j prononc deux fois Nous vous devons la vie ajoute t elle Simon vient de les sauver elle et sa s ur de pillards 228 mais elle lui doit la vie bien plus encore parce qu il l a dite deux fois avant qu elle n ach ve de se faire na tre elle m me en pronon ant son nom de se faire na tre l amour comme lui pensa na tre une nouvelle fois ils sont n s l un de l autre dans l amour et dans le verbe Ils sont eux deux presque un sonnet comme on le verra Comme ils taient tous am
412. quilibre vita nova eden eden eden paradis voil les sexes les pas pub res putains nous sommes par chiemagim re 59 PROSES A CONTRAINTES 60 grands cacaphones et mains perdues ufs glottes et uvides peaux et sang de chien d porchers et babils des classes dangereuses et lutte des morts des h ros et des vies pornographiques portraits de dame hors du peep show oui nous sommes et de lectrices au champ contre chants glamour catastrophe sabots les abas pancrailles trifluorure hure peinte air d eau de l anguille nightwalker masques doublures voix de l crit le caca zorro de l criture op ra des xris de r tour d autres commencements CREATIONS R gine Detambel C sar fit faire un pont Il y a des millions de voix t l phoniques autant que d utilisateurs Mais ces voix peuvent se classer se diviser et se subdiviser en familles en cat gories esp ces et sous esp ces comme on range les papillons d Afrique les reptiles d Amazonie les l ments chimiques ou les situations dramatiques D abord l h te est celui qui re oit L invit est celui qui sonne Je me souviens que dans les contes l h te tait aussi bien celui qui re oit que celui qui s attable et je ne comprenais plus qui r galait qui Au t l phone l h te est d rang par la sonnerie et d croche L autre plus que l invit c est l appelant Les voix t l phoniques sont vibrantes d autres sont cour
413. r 1846 1847 La soci t humaine le monde l homme tout entier est dans l alphabet La ma onnerie l astronomie la philosophie toutes les sciences ont l leur point de d part imperceptible mais r el et cela doit tre L alphabet est une source A c est le toit le pignon avec sa traverse Parche arx ou c est l accolade de deux amis qui s embrassent et qui se serrent la main Voyage de Gen ve Aix 24 9 1839 Paul CLAUDEL a est la fois ouverture et d sir r union de l homme et de la femme ce qui exhale et inhale le souffle Id ogrammes occidentaux Ferdinand de SAUSSURE Nous crivons en fran ais la m me voyelle de quatre mani res diff rentes dans terrain plein matin chien Or quand cette voyelle est crite ain je la vois jaune p le comme une brique mal cuite au four quand elle est crite ein elle me fait l effet d un r seau de veines violac es quand elle est crite in je ne sais plus du tout quelle sensation de couleur elle voque dans mon esprit et suis dispos croire qu elle n en voque aucune enfin si elle s crit en ce qui n arrive qu apr s pr c dent l ensemble du groupe ien me rappelle assez un enchev trement de cordes de chanvre encore fra ches n ayant pas encore pris la teinte blanch tre de la corde us e En fran ais a c est dire voyelle a lettre a est blanch tre tirant sur le jaune comme consistance c est
414. r silence et jeter entre vert le jaune douteux contre courants et embouchures perte et que a fait fiction r citation pol mique la guerre des langues a lieu puisque vouloir ou pas n vite pas l expire jouteusement sonore des corps outill s d sorganis s des organes hiss s vocalis s jusqu aux armes inutil es si a le l cher le cracher qui fait mal des vagissements aux r clements a le fonce a le d monstre m me s il me manque si elle manque de mes mots de leurs images d langages m me si je r le parce que mes mots m taux sans percussion la fichent mal manquer d instruments si j enrage de ne pas entendre r sonner de ne pas sentir se jouer les musiques qui les tiendraient les ceindraient CREATIONS d ailleurs ils ne sont pas des mots d j rythmes voix de mimots mi tes mioches mi les soit dit par parenth ses Voil ce qui nous tient sans lien poings et pieds scand s l chine l aimer dans s trous des souffles coupe des griffes b ant b gayant z zayant z brant affam s de n tre pas de faire na tre haut et corps et cris bas bas de haut bas de bas au bal au cr ne du mal carnaval des pens es 68 moyen ge 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 deux mille et des pens es moins cent mille des anthropiens question d oser percuter r percuter d oser le cru la cruaut belle le corps rebelle et libre de son d s
415. r la stylistique rimbaldienne que l on pourrait qualifier dr lement d alittt ralisa de l all gorie d all gorisation phonico soumoise du litt ral plonge ici en ab me Et c est l envoi limpide bouleversant et narquois tion ou Car depuis qu ils se sont dissip s oh les pierres pr cieuses s enfouissant et les fleurs ouvertes c est un ennui et la Reine la Sorci re qui allume sa braise dans le pot de terre ne voudra jamais nous raconter ce qu elle sait et que nous ignorons Cela se lit sans difficult s quel crivain n prouve pas la nostalgie des cieux ouverts et ne sait pas combien les tristesses qui en d coulent la mise mort du petit moi sablonneux et le deuil des jouissances imm diates sont pr f rables l ennui ass chant de la sans crire Mais le labyrinthe subaquatique du castor est toujours vie aussi rigoureux pour finir sur les secrets enfouis du texte l auteur convoque en sym trie presque parfaite avec Dieu vs Barbe Bleue et dans le champ des contes dormir veiller initier le personnage de la Reine qui comme dans Blanche Neige se m tamorphose en Sorci re elle n utilise pas un miroir mais un pot de terre ANTECEDENTS o elle touille savante alchimie la pierre et la fleur les galets des vieux d luges et le gai venin des liserons De l amadou enfoui dans Madame ne subsiste en ef
416. r s Albert s angoisse Son me adolescente en appelle aux anciens ges Que n est il en armure aristocratique amant d une Ali nor d Aquitaine Il aurait l allure alti re l anath me agile de l audace ne s ankyloserait pas l anus dans une affreuse Austin Mais Amanda l affoleuse dont l anatomie ang lique Tard si abominablement est anglo saxonne adventiste et adepte d a robic Avec l attente les alarmes d Albert s augmentent d am res adjurations Qu elle ne l abandonne pas Qu elle ne s acoquine pas avec cet athl te angoumoisin dont les assiduit s sont avantag es par un anglais moins approximatif Qu Anny l amie d Amanda ait affabul pour l aguicher Tout ses anticipations Albert allume l auto radio C est un adagio d Albinoni archi videmment qu il amplifie Arrivent alors sur l all e ar neuse alas les amateurs d a rodynamisme annonc s par Anny Dans leurs atours acryliques antivol accroch s l arri re ils sont aplatis sur leurs haridelles d alu et d acier L athl te d Angoul me arquant des adducteurs aguerris ahane en avant de leur abject attelage Elle elle avance aussi auburn animale Elle son Aphrodite d Atmore Alabama Elle qui l avant veille alors qu ils s taient allong s dans l avoine et l aubifoin attisait ses ardeurs l aide d attouchements accord s sans aff terie aucune avant d accepter de
417. r sent s d paisseur in gale Alors je fais comme les crivains quand ils sont jeunes et contemplent un alphabet ou le clavier d une machine crire en disant Tous les livres sont l Il suffirait de savoir agencer les lettres et nous cririons le livre du si cle Ils disent tous a Ils sont heureux de savoir que Le Livre est inscrit sur ce clavier et ils s en contentent Ils viennent tout juste de refermer un ouvrage de Jorge Luis Borges Ils sont encore capables de s engloutir tout entier dans un alphabet Moi j ai dix chiffres combiner Puisqu ils le font ceux du loto ceux qui calculent pour gagner je pourrais le faire aussi j ai peut tre le temps avec l aide d un math maticien avec le secours d une calculatrice scientifique ou d un ordinateur 63 PROSES A CONTRAINTES J prouve une sorte de honte quand j avoue que cette voix appartient quelqu un que je ne connais pas Que je ne connais autrement que par sa voix Dont j ignore le corps dont je ne sais qu un organe Autant s inspirer pour entendre mon histoire de la pal ontologie qui dessine l animal disparu partir d un fragment de fosse Sa voix elle tait devenue si pr sente et si vivante que je la traitais comme une poup e Je l allongeais je pouvais la v tir l ab mer et m me la salir Et cette voix parfois je l ai ab m e en l interrompant ou en hurlant plus fort qu elle Et puis je l a
418. r engrenage il faut purement et simplement ignorer les mots mais les ignorer les laisse en disposition tels quels discr tion et ne peut d noncer leur inexistence donc les choses seules ne peuvent rendre les mots inexistants il y faut des mots bref les mots se font rocaille pour la racaille mots qui jouent des mots et rappellent voire appellent l existence des choses ainsi marquent d une fa on ou d une autre la coexistence des mots et des choses ce qui indique que m me si l on dit que les mots n existent pas ils insistent ou ils existent de mani re diverse car s ils n avaient pas du tout d existence comment les rencontrer et il en ressort que les choses ne sont pas les seules exister ou que les mots sont des choses autres sans n gliger que les mots n insistent ne persistent et n existent autres que lorsque les corps disent les mots invers ment que les corps mots autres que les corps sans mots n existent en tant que tels c est dire corps mots que gr ce aux mots or comme les corps mots existent aussi gr ce aux choses il en r sulte que les choses des corps mots existent en tant que telles avec l apport ou dans les transports des mots mais n est ce pas dire seulement que les mots font exister les mots li s aux choses des corps mots du coup seulement que les mots font exister les mots ce qui ne para t pas grand chose mais qui existe n anmoins sauf que les mots des corps q
419. r lui incluant son contraint non d abord son contraint ou sa construction puis lui sous produit d un contraint initial voulu par son scriptor utilisant ainsi un contraint ou plus d un dans un souci formalisant Pour illustration convoquons Alpha d un individu signant parfois d un surnom sinon original du moins son contraint avant lui a contrario monovocalisant Gargas Parac Nous avan ons pouvoir parcourir la totalisation du bouquin sans jamais avoir accomplir la consultation du construit initial vis vis du produit fini Plus nous l affirmons car Parac l aurait voulu ainsi il l a dit dans un propos non ambigu Roubaud quant lui a dit qu un discours accompli suivant un contraint dit sur son contraint f Aflas p 90 nous paraphrasons D accord nous trouvons a fort propos mais n y aurait il pas plus Pour nous un discours accompli fini suivant un contraint dit plus qu propos du contraint il dit aussi la narration d un tout fictif un tissu cousu d or fin parfois la passion d un amour inassouvi ou parfois la maldiction d un gargouillis stran gulant La loi du contraint va tout propos qu il soit discursif ou non l instar d un Roubaud qui affirmait grosso modo il n y a pas cinq ans qu un chant dit un truc commun ou banal dans sa signification donc un truc distinct ou additif par rapport au but initial inscrit dans son sig
420. r vers un invisible horizon G oma tre comprit voir les deux tres irr sistiblement cart s par une l zarde du temps qu il lui fallait agir vite vite sous peine d assister une double m tamorphose en roses de granit G oma tre en effet connaissait la l gende de ce pays de collines selon laquelle un premier amour contrari abolit tout jamais le moindre sentiment chez ceux dont le c ur devenait ornement fun raire G oma tre d une caresse d air stoppa la vision avant que l image tir e ne se d chir t provoquant l irr parable il avait besoin de plusieurs fragments temporels pour viter le pire G oma tre sonda son encyclop dique cerveau passant en revue solutions et slogans quations et cabalistiques m taphores mitonna ses mots les mieux transparents ceux qui expriment au del de leurs sons le r el G oma tre tra a le long de l imperceptible p rim tre de l imagination d Ursule un signe dansant semblable ces caresses de tramontane qu inventent les cr ateurs croyant en eux m mes G oma tre psalmodia l vres closes l incantation supr me reprise un iota pr s d un in folio inspir un certain Kodak sublime potentat licenci s p trification de temps coul G oma tre se concentrait car il n tait nullement vident que l acte d sesp r qu il avait l intention de tenter r ussirait perturber le cheminement des secondes G oma tre il est
421. ra donc cr er un espace textuel qui soude les deux univers fic tionnels que chacune des matrices consid r e s par ment est susceptible de produire Roussel explore les possibilit s du proc d primitif en crivant une vingtaine de nouvelles recueillies 198 dans Comment j ai crit certains de mes livres et il d couvre vraisemblablement que sa contrainte ne se pr te pas la r daction d un texte long Dans l volution de son criture une fois la m thode laquelle il allait rester fid le jusqu au bout d couverte l abandon du proc d primitif et sa transformation en proc d amplifi r pond donc au besoin tr s concret de passer des br ves fictions des Textes gen se au r cit romanesque Le choix de l adjectif amplifi pour d finir la deuxi me tape du proc d d signe la fois l expansion de la di g se puisque Impressions d Afrique d veloppe les aventures africaines rapport es dans Parmi les noirs et la g n ralisation des recherches sur les changements de sens des mots qui cr ent la mati re de l ouvrage Le premier roman proc d repr sente en somme une tentative d adapter le principe g n rateur des textes proc d primitif en l occurrence le rapprochement de formes relevant d univers r f rentiels h t rog nes l criture d un texte long conforme aux r gles du genre romanesque Or l essai aboutit un chec partiel puisque le
422. re verticale t moigne par fragment suivant p 117 en bleu excellence le Il se refl tait sur le plan sous verre d une immense photo de New York un tissu lumineux de couleurs fuyantes mauve violet jaillies saillantes de la rue et ayant p n tr par la fen tre gauche du plan ville moir e Il se composait l int rieur de cette mati re silencieuse des r seaux de mouvements imaginaires d termin s par les r seaux des structures dans la forme En relisant ou plut t en revivant dans sa version en couleurs suivant l imbrication des mouvements imaginaires et des r seaux formels on se rend compte qu on a faire un des tr s grands livres de notre modernit la douleur du texte engendre un r el bonheur de lecture Marc Lapprand Le point sur les proses contraintes l Oulipo De nombreux textes en prose sont n s de l Ouvroir de Litt rature Potentielle certains comme La Disparition de Georges Perec sont pass s au rang de chef d uvre connaissent une inextinguible vitalit sont traduits en diverses langues trang res avec respect de la contrainte lipogrammatique dans le cas cit d autres plus discrets circulent entre amateurs clair s et aficionados inv t r s tel est le cas des num ros de la Biblioth que Ouli pienne dont le tirage restreint 150 exemplaires pour le public limite forc ment l tendue de leur auditoire Quelques au
423. re ici un effort pour t cher d obtenir que les positions que je tiens importantes et presque assur es vous paraissent sinon certaines au moins soutenables 42 CREATIONS 6 Miscellan es A partir de ce jour le contenu des jours sera vers dans la dame jeanne de la nuit Le jour n est autre que la nuit continu e par d autres moyens La libert n est autre que la servitude continu e par d autres moyens Vivre libre ou voir Venise L ennui des longs couteaux auxquels manque le manche L union libre fait la force de l habitude La nuit du chasseur une maxime 7 mes gars Aussi incroyable que cela puisse para tre c est au cimeti re de Thiais que j ai connu celui qui devait me faire conna tre le bonheur Ce bonheur que tant de femmes s efforcent de trouver et que bien peu finalement rencontrent Mais il ne faut jamais perdre l espoir Il faut au contraire pers v rer dans la recherche de l id al et le pr server avec d termination lorsqu il se pr sente D s mon adolescence j avais fait l exp rience de situations d licates o j avais pu mesurer les m faits des pr jug s familiaux et la nocivit d une hypocrisie petite bourgeoise Plus tard l ve du Cours D sir j avais t l objet des r pugnantes assiduit s d une condisciple qui m avait promis son aide pour am liorer mes r sultats en th me latin La Directrice au lieu de prendre ma d fense voulut son tour abus
424. re la fonction m talin guistique et la fonction r f rentielle pour reprendre les anciennes cat gories de Jakobson En l occurrence elles auraient toutes deux la m me importance dans une pratique discursive donn e Bibliographie Bens Jacques Oulipo 1960 1963 Paris Christian Bourgois 1980 Brubat Philippe Un Gus pur jus Formules n 2 1998 pp 140 41 Calvino Italo Il barone rampante Milano Garzanti Editore s p a 1985 Esposito Far se Gilles Whizz Kid Formules n 2 1998 pp 142 43 Foucault Michel L Arch ologie du savoir Paris Gallimard 1969 Jakobson Roman Essais de linguistique g n rale Paris Minuit Coll Points 1963 Lapprand Marc Po tique de l Ou lipo Amsterdam Rodopi 1998 Oulipo Atlas de litt rature potentielle Paris Gallimard 1981 Perec Georges La Disparition Paris Deno l 1969 Perec Georges Galil e 1976 Perec Georges What a man Introduit et comment par Marcel B nabou Paris Le Castor Astral 1996 Roubaud Jacques m nage Paris Stock 1995 Alphabets Paris Po sie etc PROSES A CONTRAINTES Pierre Le Pillou r Caches de l Arche du sens litt ral d Apr s le D luge d Arthur Rimbaud Depuis longtemps d j les rimbal diens ne cessent de r p ter cette r ponse du fils la perplexit de la Mother propos A Une saison en enfer a dit ce que a dit litt ralement et dans
425. re potentielle 1981 pour porter l attention sur ceux de la derni re g n ration Trois tendances dominent dans la prose contrainte que l on peut ais ment classer de la plus la moins visible La premi re est repr sent e par la contrainte phon tique A l nonc est relativement court subit une succession de variations bas es sur l homonymie ou paronomase et s accompagne d une glose relativement longue dot e souvent d une forte charge humoristique La seconde est repr sent e par une contrainte purement th matique B ici la seule marque visible du texte est son caract re r p titif car celui ci proc de d un motif exploitant le souvenir la m moire ou l oubli voire des dialogues ou des pens es proches d anamn ses La troisi me enfin est l oppos e formelle de la premi re dans la mesure o le texte est assez la long paragraphe nouvelle roman et contient ventuellement une glose soit en pilogue soit en abyme qui sert d coder la contrainte structurelle C chafaudant le Les A et B sont massivement r gies par la mise en forme de listes alors que la contrainte texte contraintes 216 C est gouvern e par la combinatoire C est ainsi que les deux premi res sont plus visibles proc dent par num rations et que la derni re est moins visible car elle se fonde sur des permutations dont la loi op ratoire peut m me devenir totalement invisible chaqu
426. remi re fois dans le verbe s arr ta puis dans six autres mots du texte tals et tag e qui se suivent de pr s estaminet tablit tait tang Comme la cr ation s est faite en sept jours nous avons sept tats de cette lettre dont les deux derniers ne sont que visuels cf l avant dernier amp l injonction Sourds tang cette juxtaposition sarcastique est bien dans la mani re du Sieur il ne s agit ni plus ni moins que de la septi me lettre de l alphabet grec qui se prononce ta et s crit H Ainsi le titre de l nigme trouvez Hortense se cache t il d j dans l arche qui a surv cu au d luge il r appara tra en plus monstrueux dans celle de Mouvement De plus la lettre H est aussi l initiale de deux autres h ro nes des Illuminations H l ne et Henrika Les premiers mots du texte rec lent en fait une sorte de pri re d ins rer qui pourrait se traduire trivialement ainsi Apr s une p riode o une inspiration intense a r gn telle qu elle m a permis de signer du nom de Rimbaud un livre plein d enculages criants et b tes mais soigneusement cach s ma formule est puis e et je n ai rien offrir qu une belle toile fragile presque invisible Dans la phrase suivante il a recours l imparfait pour voquer la dualit de son texte au moment de sa gen se Oh
427. repris en volumes Ils sont ainsi port s la connaissance et la curiosit d un lectorat plus large qui ne conna trait de l Oulipo que les deux livres disponibles en Folio De m me les analyses sont toujours men es avec un gal souci de clart et de lisibilit Lapprand refuse d utiliser le vocabu laire souvent jargoneux des tudes lit t raires et de surcharger son texte de notes infrapaginales Rares sont les cri tiques qui m nagent ainsi leurs lec teurs surtout sur un tel sujet qui peut pr ter des consid rations souvent fort complexes La seconde qualit de l essai est sa pertinence globale Les cinq r gles fondamentales qui sont propos es ren dent compte de mani re convaincante du travail oulipien Chiffres lettres combinatoire Imagination con COMPTES RENDUS trainte libert conomie satura tion optimisation Transformation r criture anoulipisme Humour libert synthoulipisme M Lapprand op re des synth ses r ussies sur les tendances essentielles du travail ouli pien Ainsi il fait le point sur l apport de l ordinateur dans la cr ation tex tuelle depuis le groupe pionnier ALAMO jusqu aux sites Internet les plus r cents On pourra cependant esti mer que l informatique est un outil plus productif qu il ne l affirme surtout dans une perspective o le lecteur est sollicit comme co producteur des textes ce qui conduit repenser les
428. ressante qui associe la Gloire au Leurre titres des pre mier et dernier po mes qui proposent le m me sch ma rim C est par le maniement des leurres c est dire des mots ayant abandonn toute aspiration formuler une quelconque v rit atteindre le r el que le po te aspire la gloire laquelle il s adresse en ces termes Grime mon vers grise l heur Donne moi faste et bonheur Dispose les mots du leurre On peut videmment appr cier les po mes de Jan Baetens d une autre fa on go ter sa parfaite ma trise de l impair et la fluidit de sa phrase ou bien se laisser s duire par ses voca tions par touches pr cises et pr COMPTES RENDUS cieuses des paysages de Belgique Les 416 Heptasyllabes n interdisent aucun plaisir de lecture tout en pr servant l extr me coh rence de leur style et la rigueur de leur conception Et cela sans aucun doute parce que Jan Baetens a eu l intelligence de ne pas basculer du souci de la forme dans l herm tisme et la gratuit litt raliste Jacques Denis Bertharion 1 Jan Baetens L thique de la contrainte Louvain Peeters 1995 Ne pratiquant h las pas le n er landais et en l absence de renseigne ments sur la compl mentarit du tra vail de Dirk Van Bastelaere avec celui de Jan Baetens je ne commenterai ici que les po mes fran ais Je citerai tou tefois cet extrait du pri re d ins rer
429. revu son serin qui d ailleurs avait l air d autre chose une fois vomi par le chat C tait rose vif et humide sur le tapis une tache comme de tarama oui ma perception l dessus est nette une bouillie ros tre telle que personne n aurait cru qu elle avait t un serin quelques minutes auparavant Sans parler du chat immobilis sur le tapis comme saisi d un doute m taphysique sur la validit de l existence et ce qui l avait transform e La m tamorphose d un serin en tarama ressemble ce que les animaux subissent tant mang s De m me l action au fil des actes d une trag die classique aspire l un apr s l autre les personnages qui sont m thodiquement et proprement d soss s avant l jection finale au long d engrenages irr versibles Maintenant je me demande si ce n tait pas un canari Mais je ne suis s re de rien Comment v rifier un souvenir non personnel souvenir d un souvenir quand les n tres propres exc dent d j la capacit de m moriser Les animaux ont ils une forme de pens e Le chat gertrudsteinien pensait il en le vomissant au serin dont un canari serait l apparence et une tache de tarama sur le tapis l essence immortelle Comment en d cider tout tant un perp tuel renouvellement Entre le rose canari et le jaune tarama le chat reste le symbole de Gertrud et grand m re r unies dans un cycle in puisable Je me suis toujours demand ce que je fa
430. rier C cile De Bary Pascal Kaeser et Mireille Ribi re sur Antoine Bello Alexandre Albert Galtier Jan Baetens Paul Braffort Roland Brasseur Jacques Denis Bertharion Pascal Durand Luc Etienne Michelle Grangaud Jacques Jouet Marc Lapprand Armel Louis Jacques Henri Michot Gilles Tronchet l Anthologie du Noro t Prose po sie circulations et les revues Java Hesp ris La Licorne Quademo Texturas les Amis de Valentin Br 244 EDITORIAL La prose est n e d hier voil ce qu il faut se dire Gustave Flaubert lettre Louise Colet du 24 avril 1852 EDITORIAL Jan Baetens amp Bernardo Schiavetta Mais qu est ce enfin que la contrainte Certes intuitivement tout le monde le comprend Le terme m me est devenu courant voire oblig apr s que l Oulipo l eut repris l ancienne prosodie celle qui disait on soumettait les po tes aux contraintes du m tre et de la rime Ainsi contrainte vers et po sie sont des notions li es entre elles par le vocabulaire qui est le n tre Mais s agissant de l criture en prose un tel rapport irait il autant de soi Et son parangon contemporain le roman n est il pour beaucoup selon un paradoxe qu il est urgent d examiner le genre dont la seule contrainte serait de ne pas en avoir Notre num ro sur les Proses contraintes veut donc donner d abord quelques l ments concrets pour montrer que cette vision st r ot
431. rront servir de base la construction de l uvre d finitive 2 24 Un territoire habit peut donc tre parcouru de deux mani res diff rentes au choix du parcoureur 2 3 Les territoires inhabit s ne connaissent g n ralement pas de parcours naturels 33 PROSES A CONTRAINTES 2 3 1 On pourrait sans doute en cherchant bien en d couvrir course d une com te dans le ciel coups de pinceau du peintre trajet d un rayon dans un cristal ou de la s ve dans une plante etc Mais leur examen montre qu ils ne pr sentent g n ralement pas de grandes richesses d utilisation La question reste cependant ouverte 2 3 2 L exploitation la plus int ressante des territoires inhabit s est leur exploration par des parcours qui leur sont trangers et que nous avons appel s abstraits 2 3 3 La valeur romanesque de chaque point doit tre videmment consid r e au sens le plus large On pourra constituer ainsi un syst me comportant des l ments formels ou s mantiques des situations des personnages des sentiments etc 2 34 Un des proc d s les plus commodes d exploitation d un territoire inhabit par un parcours abstrait serait la superposition Mais on peut en imaginer d autres 2 4 Evoquons ici seulement pour m moire la troisi me dimension hauteur et profondeur dont les m rites et l utilit peuvent tre ais ment d duits des consid rations pr c dentes 3 Pratique 3 1 Exemp
432. s Je voulais dire trois li vres la fois Oui oui opina Lacan du bonnet lapsus int ressant vraiment tr s int ressant J avais les trois pieds dans le m me sabot le cul entre trois chaises je faisais les cent un pas comme deux lions en cage les quatre cent un coups enfin des conneries de jeunesse vous savez ce que c est Non pas vraiment fit Lacan J ai eu une jeunesse assez studieuse Ma m re voulait que je sois chirurgien mais moi j avais horreur du sang Excusez moi je m gare Vous me parliez de votre jeunesse Rien que de tr s banal je vous le disais Avec les filles a ne durait jamais bien longtemps Enfin vous savez ce qu on dit deux de perdues onze de retrouv es Oui On peut aussi le dire comme a Le psychiatre jeta un regard sa montre 113 PROSES A CONTRAINTES Abh je suis d sol mais notre quart d heure est coul C est mille francs dit le docteur Lacan Il ajouta en me tendant sa carte Si vous le voulez bien j aimerais vous revoir demain Votre cas me semble s rieux Plut t trois fois que deux Alors demain alors On s en sert six Pardon C est une expression Pour se serrer la main Comme euh la sixi me roue du carrosse ou les onze plaies d gypte vous voyez Pour la s ance de demain j aimerais convier quelques coll gues Votre cas les passionnera a ne vous d range pas
433. s La tendance Oui par une r duction des r p titifs agglom rats disons d un mot sur la fa on du roman d aujourd hui entre autres devenant qu il gauchirait partout au prix d un oubli nul selon un soin assidu optimum du roman sous nos climats 7 Corollaires additives Les corollaires additives Oui En effet si les astreintes corollaires incitent au traitement des contrecoups produits par les astreintes majeures il semble clair qu elles puissent y inviter galement selon une exploitation des ventuelles d fectuosit s ou des ventuelles particularit s ainsi produites Ainsi s agissant du sonnet de Mallarm la remarque pr c dente concernant le son moi la sixi me syllabe incline notamment examiner ce qui survient aussi dans toute la colonne des h mistiches Or sous cet angle au moins il est facile de noter au premier vers de chaque strophe la pr sence de l un des sons la rime d j et moire bat et grimoire fracas et ha l exception toutefois de l ultime tercet qui avec d or et v lin ne laisse pas de s inscrire en faux Dans ce cas la corollaire additive n cessairement m taprogramma que en l esp ce on l a not reviendrait prescrire au lieu de la d fectuosit une occurrence permettant de satisfaire la r gle construite en les autres positions identiques Or cela il
434. s Vous vivez dans l us rassurant Vous ne vivez pas dans l inqui tant inusit Vous vous simplifiez tout aplatis en sur 55 PROSES A CONTRAINTES face Vous ne d signez pas les autres dimensions aveugles au volume Vous vous excitez Vous n int riorisez rien Vous faites tout ressembler Vous ne savez pas assimiler Vous c dez vos transports Vous r sistez vos corps Vous croyez aux spectacles vous croyez l invisible Vous ne croyez pas au visible vous ne participez pas aux formes Koinographes terr s Concepteurs Laborieux de la croyance Idio phones errants Abstracteurs Paresseux de la jouissance Un docte tiers intervient circonscrire revient d j inscrire la ressemblance provoque la diff rence aucune similitude n identifie le r el assez de r sistances aux risques d nier emp che la transgression m me la vitesse de l instantan ne se passe pas de m diations l illusion ne croit pas aux images ou les voit sans division pas d images s par es pas d images isol es l autorepr sent voil Pinjuste l impartageable vive l infl chi Les femmes et les hommes s loignent en pens es combats suspendus s il y en a eu L Anna amaigrie revient la charge comme de para tre gonfl e enceinte elle prend son parti semble l cher un souffle vous voulez un tra tre vous en mourrez correcteurs tous sacrificateurs esc
435. s litt ratures contraintes et qu il semble plus ad quat peut tre pour se soustraire d une part une notion th oriquement incertaine sauf erreur la litt rature et d autre part l illusion qu un certain reste en serait affranchi de nommer l crit contraintes suppl mentaires OU si l on pr f re l crit surcontraint se trouve investi d un r le majeur En effet loin de se r duire esth tique pour d aucuns un aimable multimill naire divertissement de plumitifs et que ses profils op rateurs au fil des si cles l aient ressenti ou non l crit surcontraint se trouve contredire noir sur blanc par les offices d une inventivit persistante non seulement l obscurantiste id ologie tech niciste de la fin et des moyens mais encore l obscurantiste m canisme repr sentatif lui m me qui suppose mesure l clipse de ses propres traces Bref sous cet angle l crit surcontraint pourrait bien combattre ses fa ons une r gnante multiple force de m connaissance Ainsi sous cette vue l on ne saurait que suivre par exemple non seulement en g n ral les versificateurs de maintes ob diences mais encore en particulier la contemporaine entreprise intitul e Ouvroir de litt rature poten 188 tielle puisque celle ci s agissant de l crit voue nombre de ses travaux l invention de contraintes nouvelles et qu
436. s agit bien d un triangle dont l auteur passe en revue les sommets les ar tes et le centre de gravit un d sir de tout conna tre de tout relier assorti de l in vitable inqui tude que cela engendre Cet ouvrage aurait d s intituler Noces de la Science et de la Litt ra ture Mais tout n est pas rose entre les deux partenaires de la querelle r cur rente des vieux habits et des habits neufs sem e par le Petit Poucet au r cent cocktail Molotov de Sokal et Bricmont sans omettre la controverse entre le grand p re et le grand oncle 257 HORS DOSSIER d Aldous ni la bataille de boules de neige qui suivit la parution de The two Cultures il y a du monoxyde d hydro g ne dans le butane Paul Braffort ana lyse le grain de ces frictions qui n ont rien de simple Relevons quelques positions parmi les plus int ressantes Selon Charles P Snow ce qui manque tant au scientifique qu au litt raire c est une connaissance v ritable de l autre L opposition entre les deux cul tures demeure pr sente notamment dans la r alit scolaire Selon Victor Hugo la science et l art sont les deux versants d un m me fait mais la science est perfectible et l art non Selon Arthur Koestler les processus conscients et inconscients sous jacents aux trois domaines de l activit artis tique de la d couverte scientifique et de l esprit comique ont une m me structure fondamentale Je vois a
437. s frissons d anis riant ainsi qu un lis Dans un courroux ifiant I carmins sang vomi ou dans un alcool moi U scintillations ronds divins du flot marin Paix du p tis tissu d animaux paix du fin Sillon qu un fol savoir aux grands fronts imprima O finitif Clairon aux accords d aiguisoir Soupirs ahurissant Nadir ou Nirvana O l omicron rayon violin dans son Voir Arthur Rimbaud p 125 On voit qu l incipit du quatrain initial appara t tour tour un son vocal qui fait l association un ton pictural A noir On voit l un ton profond cinglant dont l opposition au blanc nous confond Noir rimant voir mais sans autorisation d y voir noir ou voir voil l opposition dont il nous faudra t t ou tard fournir la solution Mais allons y piano Un blanc Un blanc Mais o avons nous mis un blanc L avons nous omis Voil un truc pas banal I m totally missing it dirait on Victoria Bon Saisissons nous bras la corporation nous irons l plus 164 ANTECEDENTS tard car citons l opportun quatrain Nous saurons au jour dit ta vocalisation nous soulignons Poursuivons I roux I tout droit I carmins sang vomi nous dit plus loin l angoissant discours du troubadour nous y voyons un surplus d imbibition I l inou ici dit l infini l instar d un mal impuni avons nous saisi l allusion S r I dit plus I dit autant l imit
438. s les Phoc ens Massalia ou bien la c te se trouve rectiligne et pr sumer qu on le puisse on y produit une jet e ainsi nagu re les Am ricains en Normandie La premi re occurrence voque plut t la n cessit c est l endroit o 183 PROSES A CONTRAINTES 184 la c te se creusait en bassin qu on a install le havre La seconde sugg re plut t des pouvoirs c est par Pinterm diaire de mat riaux et d instruments qu on a tabli le port Ainsi avec le port naturel l accent se place sur les choses et les contraintes qu elles exercent les conditions auxquelles pour r ussir il faut ob ir L on jouit de l abri pour s tre pli une formation g ographique l endroit a t non point choisi par les navigateurs mais bien impos par le site Et avec le port artificiel l accent est mis sur l homme et sa libert une ma trise qui d ploie son champ d efficace L on jouit de l abri pour s tre muni de capacit s productives l endroit a t non point impos par le site mais bien choisi par les navigateurs Ou si l on pr f re l accroissement des techniques favorise un renversement de la perspective La contrainte tablie par les choses tend perdre sa force au profit d une volition d tenue par l homme Ce qui compte pour lors c est non plus trop les choses dans leur particularit contraignante puisque celle ci se fait moins
439. s paration Dans sa lettre J D Wolguelam Yasar Tarchalski r pond volontiers aux questions qui lui ont t pos es Il commente ses intentions po tiques il les replace dans l difice plus g n ral du post exotisme il insiste sur la recherche de la beaut mais au moment de r fl chir sur la charpente musicale de son texte il exprime soudain de violentes r ticences Selon lui une r flexion publique sur les techniques chiffr es de l criture post exotique attribuerait une trop grande importance aux contraintes formalistes et emp cherait d acc der la riche p te imaginaire du texte son contenu anecdotique et motionnel Plus loin dans sa lettre Tarchalski finit par accepter que certains proc d s soient diss qu s mais il exige que syst matiquement Wolguelam en att nue la port e les amoindrisse avec la d claration suivante Les contraintes formelles ne jouent aucun r le pertinent dans la po tique qui organise les narrats La trame apparemment arithm tique sur quoi s accroche le texte n influence le texte que de mani re indirecte et furtive et disons presque fortuite Dans le cas o elle s immiscerait de fa on n faste dans le processus po tique et le contrarierait ou le bloquerait nous nous r servons toujours le droit de passer outre Aucune contrainte formaliste n a jamais autorit pour modifier notre message Le travail consistant arithm tiser le texte n intervient qu en fin de
440. s qu eut cette p riode sur le psychisme de l auteur Mais l on peut dire que Zu effleura le vide l espace d un instant Cette confrontation lui fit prendre brusquement conscience de la fragilit de son uvre 1962 fut par contrecoup une ann e prolifique Elle vit la sortie du cinqui me roman de Zu Quadrille L action se d roule dans le monde du spectacle La ravissante Lina danse tous les soirs sur la sc ne du Mirage Elle pr sente avec sa camarade l trange et mal fique Dora un fascinant num ro o les deux jeunes femmes jouent sur leur ressemblance physique pour semer la confusion dans l esprit du spectateur L ambigu t savamment entretenue tout au long du roman finit par menacer l quilibre mental de Lina La tension culmine dans l pisode dit de la f te foraine lorsque Dora chappe la vigilance de Lina et s engouffre dans un labyrinthe de miroirs Le dernier paragraphe montre la malheureuse Lina aux prises avec son reflet tandis que r sonne ses oreilles le rire cristallin de Dora De l avis de tous ses admirateurs Quadrille constitue la plus grande r ussite de Zu Il y r alise un v ritable exploit Il condense encore la forme par rapport ses pr c dents romans Quadrille n occupe que 690 mots soit peine trois pages Mais la mati re est encore plus fournie qu l habitude 25 PROSES A CONTRAINTES Par le jeu des miroirs et des artifices propres au monde th tral
441. s une dont penser juste elle qui elle est au moins elle si d y venir ferait conna tre qui quelqu un au moins un une qui soit que je puisse tre si de l inventer longtemps longuement de toutes pi ces de bric de broc d une coul e continue de temps lent si de la fondre et de la changer la r citer oui a lui ferait enfin savoir un peu plus puzzle p 38 Les reformulations successives les h sitations et les t tonnements de la phrase diffractent une figure dans l espace de la narration aucune image ne peut tre accroch e sur le personnage Cette absence de consistance du sujet qui vide Anna de toute dimension psychologique se r percute sur la figure de l crivain Le texte multipliant les nonc s m tanarratifs en indexant les proc d s de Vinventio et de la r citation m diatise le mouvement d autodestitution et de cong diement de l auteur li l exp rience litt raire Je locuteur se confondant avec l objet de son d sir un une qui soit que je puisse tre est entra n dans la dynamique trouble de l anamorphose la qu te de l alt rit et le projet de structuration de l autre ne conduisent qu un savoir incertain si d y venir si de l inventer si de la fondre et de la changer la r citer oui a lui ferait enfin savoir un peu plus puzzle Le texte dans sa strat gie de sens pos et d u de d robement des rep res attendus la quest
442. s apprend par c ur et les dit ensuite dans l ordre sans ordre en sautant les multiples de neuf en soulignant les nombres premiers Le joueur se sert de l annuaire comme d une martingale et table sur la loi des s ries Le pervers les truffe de fautes de frappe et la communication devient un tumulte un d lire une absolue confusion Je n ai jamais pris le moindre annuaire dans mes mains pour y chercher son nom et ses chiffres Je sais qu il est l son nom m me si j en ignore jusqu l initiale Je sais que je pourrais le tenir Mais je ne le chercherai pas Et puis il me faudrait combien d ann es pour appeler tous les abonn s jusqu ce que j entende la voix J ai compt qu il faudrait environ dix secondes pour composer le num ro cinq secondes de recherche en moyenne et encore sept autres secondes c est dire le temps de trois sonneries avant que l h te ne d croche J ai multipli ce r sultat par le nombre d abonn s en France Elle m avait parl un jour d un livre qu elle aimait C tait Cent mille milliards de po mes de Raymond Queneau J ai ri avec elle de cette ternit de ce livre farceur impossible finir crit pour les dieux Je ne savais pas J ignorais galement que Les Vies Parall les de Plutarque deviendrait mon livre de chevet Quand j attends au guichet de la poste je jette un coup d il envieux aux piles d annuaires Tous les d partements sont rep
443. s des quotidiens grand public du Figaro Lib ration ou des hebdomadaires Le Canard encha n r cemment Plus encore l ouvrage a t s lectionn pour le prix M dicis essais De fait ce travail suscite la sympa thie et l admiration L auteur ensei gnant en maths sp Troyes en indique l origine dans sa pr face Le 20 janvier 1989 au th tre Mogador il a assist la lecture des Je me souviens par Sami Frey Je me souviens du plaisir que j ai prouv sentir le plai sir des autres spectateurs Et de mon inqui tude que peut comprendre le lecteur ou le spectateur de vingt ans Je me suis dit Je vais leur expli quer D o une recherche colossale travers les Paris Match les fichiers de la BN les cartons des brocanteurs J accumulais les images les photos les publicit s Astra et les buvards La Vache s rieuse Encore des pages de livres des revues des journaux Des livres consacr s au m tro Marie Bes nard Malcolm X Les romans et les disques dont parle Perec Premier de cord e et Dario Moreno et les m moires de Moustache Roland Brasseur a ainsi prouv le bonheur de la traque que connais sent bien les collectionneurs Et ce bonheur se transmet bien s r au lecteur D autant que l auteur a su choisir des anecdotes amusantes propos du Je me souviens 339 Je me souviens des programmes de radio Comme il v
444. s girouettes des clochers tout ce qui se TOURNE et par ses cloches tous les orifices vas s qui font du bruit ceci qui m riterait d tre d velopp donne une id e tr s pr cise du CULte dont il peut s agir et nous sugg re quel genre de premi res communions on peut bien c l brer ces cent mille autels Juste avant le jeu homopho nique majeur sur ce dernier mot le d part des caravanes renvoie au champ s mantique du d sert de cette aridit qui a pr c d le d luge mais galement la th matique rotique pour qui n a pas oubli le chant XXVI des Fleurs du mal et en particulier l avant dernier vers du second quatrain Quand vers toi mes d sirs partent en caravane Quant au Splendid H tel b ti dans le chaos de glaces et de nuit du P le il n est rien d autre que le texte culte l autel fondateur intitul D votion et dont nous avons d j vu l importance on y lit en effet juste apr s l expression ambre et spunk pour ma seule pri re muette comme ces r gions de nuit et pr c dant des bravoures plus violentes que ce chaos polaire o s affirment entre autres toute la violence et le scabreux dont le refoulement conscient l enfouissement p trifi va engendrer les L illumination prouv e et programm e par l auteur lorsque l on comprend que Rimbaud crivain avouant sa fiert de b tisseur a qua
445. s gluants Le Disco Club Chass Gino dut aller grigou dans des tripots puants des bistrots gluants des zincs pourraves il toucha le fin fond du bas De fins soulards en virons buvant des litrons d un sacr vino br lant c est fin so l cam intox qu avec l info d un naze il trouva le Disco Club Grande Rio rumba jerk hip hop funk 86 CREATIONS 9 Grande Rio Un rade bidon Un tas de VIP croulants Br sil o a Et Rio Tu parles Gino crut atterrir o d hab des gringos du 3 ge gris font du plat tels Michou des inconnus sap s string Roulant des biscos un grand mec l importuna et Gino dut calmer l importun Assez Fi Houla le mignon Tu t casses sinon Quand le mignon fut lass il gloussa tel l hibou palm Gino jura d pit ou rage Disco Club a merci Non tu gaves 10 Frissons Bluffante intouchable Lights vous avez Flirt ou pas esprit Don Juan ce si doux appel ci toucha net Gino M par d sir louchant de sit t sur l ange il globula et vit dos nu strass et bijoux bas tr s fins troublants seins obus jambes Dim trouant le lin moulant LE chic top ultra sex introuvable intouchable Intouchable 11 Cris Oh du brave Brio du cave Six clops plus tard des lights ouf l ange si troublant d fit jouant ses zips Sous sa pression br lante Gino dut
446. s o et quand elle travaille elle regarde la t l vision elle porte un uniforme etc Simple aveuglement po me des curiosit s qui restent sans fondements et des illusions Je n admettrai rien dont je ne sois presque s r ne tol rerai pas de b tir en silence et dans l ignorance Le chat blanc les disques la pierre de bague je m en soucie comme de vantardises Pourtant je l admets ce d cor est r confortant se double d une adresse donne en quelque sorte la position du naufrag en fonction du palmier sous lequel il s allonge de la source qui l alimente et du fruit qui le d salt re Mais je le r p te inventer le corps d une femme que je n ai connue que par la voix n est ni mon propos ni mon souci et m embarrasser d un complaisant mensonge ne donnerait rien de plus Pallais d m nager Ma femme avait demand le divorce Je dormais seul les bras le long du corps Je n embrassais plus la main d sormais ennemie qui tirait tout de m me chaque matin les draps du lit Ma femme dormait sur le canap mais elle prenait soin de la maison C tait moi de partir pour un appartement o la poussi re monterait sur mes livres et s y coucherait J avais des amis au bureau quelques commer ants avec qui j aimais discuter C est un brocanteur je crois qui a rapport ma photo avec le petit cadre Il l avait ramass e dans une bouche d gout devant la maison Puisque nous tions mari
447. s plus intrigantes D un c t certes il partage avec ceux qui cherchent innover le go t des mots et troque volontiers les mirages de l inspiration contre les pistes ouvertes tout instant par la langue en action De l autre c t cependant il ne s est jamais refus au plaisir de la fable Les trouvailles formelles se prolongent toujours d une traduction narrative qui fait de Jean Lahougue un conteur on ne peut plus rus Et cette contradiction s en adjoint une seconde La r conciliation de l exp rience formelle et du r cit le plus classique n est cependant pas le seul paradoxe de l uvre de Jean Lahougue Tout aussi curieuse est la conjonction d une recherche stylistique tr s raffin e Lahougue crit vraiment bien et de l abandon voire du rejet de toute griffe personnelle ce que fait Lahougue ce n est pas du Lahougue 222 ETUDES D UVRES CONTEMPORAINES En effet les quatre derniers livres de Jean Lahougue se r f rent tous un auteur de la biblioth que le plus souvent populaire Agatha Christie pour Comptine des Height 1980 Georges Simenon pour La Doublure de Magrite 1987 Ren Descartes Vladimir Nabokov Andr Hardellet et Jean Henri Fabre pour les quatre nouvelles de La ressemblance et autres abus de langage 1989 Mais il s agit moins pour Jean Lahougue d imiter le style et les mani res d un auteur que de les redistribuer en en fais
448. sans de la premi re hypoth se font valoir que Zu n aurait jamais choisi un titre de deux mots Leurs d tracteurs en profitent pour d placer le d bat en posant une nouvelle question le titre fait il partie du texte Autrement dit Disparition compte t elle 89 ou 90 mots Cette interrogation en appelle une autre plus fondamentale Car si le titre devait tre int gr au texte quoi ressemblerait le dernier texte de Zu Il lui faudrait choisir entre se passer de texte ce qui est ennuyeux ou se passer de titre et encore sans titre compte pour deux mots Le probl me para t insoluble La publication de ce premier tome des uvres compl tes pr c de la parution du journal de Zu qui s tend sur huit tomes de mille pages num rot s de II IX Le discours prononc par Zu lors de la r ception du Prix Nobel sera le tome X Le d pouillement de la correspondance n est pas encore achev L ann e Zu ici publi e avec l autorisation des ditions Gallimard fait partie du recueil de nouvelles Les Funambules ditions GALLIMARD 29 PROSES A CONTRAINTES Jacques Bens amp Jacques Jouet Conqu te de l espace 0 Des mod les 0 0 Au d but des ann es soixante s est affirm e la n cessit de composer des uvres romanesques au mod le c est dire dont la construction pouserait celle d un ouvrage pr c dent 0 1 La premi re id e qui vient l esprit naturellement est d adop
449. scl e dont le maillot moule la matrice Et moi si mal n que j ai maudit ma m re au matin je me masserai le mandrin avec une mome m thode Je me masturberai sans m nager ma monture de mis re jusqu m riter le m diocre myst re non d une mar e miraculeuse mais d une morve montant maigrelette au m at mis rable mouillure qu un mouchoir muera en mucus m lancolique Et moi moi le m cr ant je ne materai ni Monique ni Martine ni Moll ni Marl ne mais dans ma main cette m daille de la Madone que ma m re y a mise avant de mourir Miserere La pension Poitiers Pourquoi peine ses parents auraient ils pass le pont pour se perdre vers leur pitoyable paroisse serait il prisonnier de cette pension de Poitiers Un prisonnier qui n aurait pu pousser la plus petite plainte pendant que la parent le pl ni re palabrait sous les persiennes en un ping pong de paradoxes pontifiants peine un pauvre pourquoi puisqu ils l avaient pr venu 15 PROSES A CONTRAINTES 16 Philippe c est la premi re pension de la province par ses prestations p dagogiques Si bien que son patriarche de p re l avait pri de ne pas pleurer Philippe Pff quelle propension poltroniser Lui avait perdu pied mais pourtant pourquoi passerait il le porche de ce p nitencier plant sur le plateau pictave Pourquoi devrait il y avoir de nouveau cette pr histoire d eux proscrits p les dans leurs paletots
450. se dans son tat original comprend 37 sections qui sont elles m mes divis es en paragraphes 73 au total Il s agit donc d une occurrence de plus dans l uvre braffort ienne du fameux couple de Pered qui fit l objet d une conjecture de Jacques Roubaud et P B lui m me conjecture arithm tique qui demeure encore ouverte ce jour Compte tenu des limitations propres la publication d une revue comme Formules il fallait videmment effectuer un choix dans la liasse A mon tour je me suis donn pour constituer l chantillon une contrainte num rologique bien entendu arbitraire en ne conservant que sept sections que l on peut regrouper en trois parties Les nombres trois et sept sont donc encore pr sents ici et l int rieur m me de plusieurs sections comme on pourra le v rifier Je me suis efforc aussi de respecter le th me palindromique qui marquait fortement le texte int gral mais n a pas t sans me poser quelques probl mes Bien entendu j ai pris soin en effectuant ma s lection de conserver une trace des allusions nombreuses que j avais relev es dans le texte initial peut tre certaines m ont elles cependant chapp On reconna tra au moins sans peine la pr sence de L on Chwis tek de Max Jacob de Rex Stout et de Stefan Themerson 36 CREATIONS Premi re partie 1 Ah le fat Chers amis de Confidences Je suis aveugle de naissance et c est mon p re lui m me
451. se et il fait preuve d une grande inventivit pour cr er les associations de mots les plus tranges le fameux palmier restauration associe le domaine de la botanique celui de la politique cithare ver assemble la musique et les invert br s mou rail rapproche l art culinaire et les chemins de fer Cependant les couples g n rateurs qui engendrent le roman ne sont pas obtenus par l application de r gles strictes au calcul des sens de sortie S il cherche et il obtient parfois l loignement maximal entre le premier sens et le sens second Roussel se contente aussi souvent de sens figur s comme pour le couple roue caoutchouc o l objet et la mati re du premier sens aboutissent dans le texte une acrobatie r alis e pr s d un arbre parfois l auteur a m me recours des solutions de facilit se bornant transformer le mot de d part en nom propre par exemple pour tulle du couple Tulle pois ou tripoli du couple martingale Tripoli Aux irr gularit s linguistiques dans ANTECEDENTS le calcul des sens de sortie r pond sur le plan fictionnel l in gale productivit di g tique des couples g n rateurs Certaines associations engendrent des machines d une grande complexit telles que le m tier aubes ou la meule bottes d autres en revanche ne fournissent que des l ments tr s ponctuels tels que la su de capitale cr atrice d un banal gant porteur d une ma
452. sens dans son mouvement de flux et de reflux de signifiants le texte emporte le lecteur dans un espace hypoth tique o l identification de la sc ne narrative est sans cesse invers e en une preuve de d paysement du lecteur et o la puissance d effraction de la sc ne se retourne son tour en un espace reconnaissable La narration r pondant une double logique de mobilisation et de cong diement du lecteur est structur e sur le mod le d un espace de multiple codage toute hi rarchie et liens de causalit entre l ments articul s sont r cus s la fiction ne se joue que dans un mouvement de d claration et de transport interne la langue la donation d un sens n a lieu que sur le mode de liens internes l uvre qu il s agit d articuler et de disposer Cet espace conditionnel o se nouent et se d nouent des relations quivoques d samorce la part de ma trise critique du lecteur le texte dans son affirmation d un in narrable d sir de narration n offre d autres prises que les tracements qui d forment et rompent la constitution d un autre l analyste s engageant dans une narration morcel e qui ne respecte pas le principe de non contradiction perd pied et rep res La part mondaine du lecteur est d stabilis e dans le m me temps le texte dans son conomie de circulation de signifiants ne propose d autre exp rience qu un parcours des limites et des seuils qui s parent la di
453. sentatif se trouvent non plus seulement d chus en moyens mais de plus amenuis comme tels dans l op ration elle m me Ainsi pour s en tenir au tr s banal quand tel crit suscite un effet de repr sentation et mesure de leur efficace la courante vanescence au fil de la lecture des mots qui le produisent Or escompt e par le lecteur puisque c est un effet de repr sentation le plus souvent qu il esp re et oubli e force d habitude puisque tel est le propre d un automatisme cette clipse pour peu qu on s en avise semble passible au moins d un examen sur trois registres Ou bien sur le registre constatif avec par exemple cette observation de Paul Val ry Le livre peut sugg rer mes yeux de s engager dans un mouvement r gulier qui se communique et se poursuit de mot en mot le long d une ligne rena t la ligne suivante apr s un bond qui ne compte pas et provoque dans son progr s une quantit de r actions mentales successives dont l effet commun est de d truire chaque instant la perception visuelle des signes pour lui substituer des souvenirs et des combinaisons de souvenirs Ou bien sur le registre semi analy ANTECEDENTS tique avec par exemple certains propos de Jean Paul Sartre A nsi sachant que ce qu il vise ici avec la parole ou parler c est en fait l crit en prose le philosophe observe d une part
454. sitions D un jour l autre elle se contredisait J avais pris l habitude de ses atermoiements Je restais calme heureux de l entendre Elle rappelait apr s cinq jours s excusait de son silence un proche qui lui causait du souci un mal de t te Elle me demandait de lui garder encore un peu les pi ces qu elle m avait fait mettre de c t Bien s r que je les gardais A tous les autres coups de fil que ma petite annonce suscita je r pondis s chement que c tait vendu Que m importaient pr sent le marchandage la cruaut des acheteurs de souvenirs l immobilit sournoise de l antiquaire qui sent l affaire presque conclue C est elle que je voulais entendre Des mois j ai v cu men en bateau par cette fausse acheteuse par cet amateur excentrique Je suis rest couch entre ma bouche et mon oreille J ai eu mal au bras et l paule force de tenir le combin Parfois je pensais ma femme au bonheur qu elle m avait donn en m abandonnant avec ces quelques objets qui faisaient le lien entre la voix et moi et qui 69 PROSES A CONTRAINTES firent les frais de nos premi res conversations Un jour cause de la Liste de livres lire j eus l id e de prendre des notes quand elle parlait D abord insipides anonymes elles ont gagn en consistance peu peu Je la suivais je la perdais J crivais aussi mes remarques personnelles Qu est ce qu elle a la
455. sivement distendre le d part de cette derni re preuve je me demande s il ne vaudrait pas mieux que je renonce d finitivement au port des lunettes ou m me plus radicalement que jJ adopte la m me tenue pour 101 PROSES A CONTRAINTES l ensemble des preuves en l absence au moins de toute chaussure ce qui entrafnerait videmment une modification importante dans le dessin des empreintes form es peu peu sur le sable voire dans la fa on dont celui ci se r pand autour du bac Mais plus le d roulement de l preuve se pr cise dans ses multiples aspects plus je m interroge sur la fa on dont je vais tre jug Le fait d abord que je sois seul m entra ner ici signifie t il que je le serais galement le jour de l preuve ou cela n indique t il pas au contraire que mes choix pourront ainsi tre compar s ceux d autres concurrents soumis ailleurs la m me proc dure d isolement Dois je m attendre ensuite ce que les quatre preuves soient jug es ind pendamment les unes des autres ou plut t en fonction de leur coh rence d ensemble Dois je enfin penser qu une m me valeur est attribu e chacune d elles ou me faut il au contraire supposer qu en fonction de la place plus ou moins grande qu elles laissent mon initiative un coefficient diff rent leur est affect Ce coefficient serait alors maximal avec l encha nement de gymnastique dont je dois concevoir tous les mo
456. sme et la fiction dans une criture autonomis e La troisi me partie L v nement emprunte la forme du roman de science fiction ou plus pr cis ment d une cyber fiction Ce dernier horizon d attente qui repose comme cadre r f rentiel l re post modeme de l informatique et le mode du virtuel derniers avatars du r gne du visible inscrit comme principal s dimentage intertextuel les essais philosophiques de Cl mens et en premier lieu La fiction et l appara tre qui cherche rendre compte du mouvement de ph nom nalisation de la langue dans l exp rience litt raire Le th me investi l exp rience du pluriel dans l action politique la rencontre entre diff rentes voix et instances discursives qui se prolongent dans la sc ne violente de l meute permet de faire re surgir un v nement et un pr sent dans ce non monde et ce non lieu la d couverte d un langage de l action qui prend revers les langues du savoir et du pouvoir relance le temps et l espace hors toute assignation fonctionnelle et tout arraisonnement technologique L Anna en mettant en jeu des contrats de lecture qui s excluent mutuellement en suivant les inflexions d un th me conducteur qui s ouvre diff rents possibles fait clater les cadres et les limitations internes des genres Ce jeu sur les codes g n riques ce travail de subversion men l encontre des conventions romanesques s il pr supp
457. spension Je reprenais mon souffle J avais peur de perdre le souvenir de son registre et la lumi re qui clairait parfois jusqu la page que je couvrais La nuit je comblais les espaces que j avais laiss s blancs en faisant de merveilleux efforts de m moire Je m criais Elle a dit a Et j crivais aussit t dans la marge verticalement la pr cieuse phrase qui me revenait Pardonnez moi de vous appeler aussi tard Et cela suffisait et je r vais de ce pardon Et puis ces questions immenses pr cieuses comme je les ai copi es Vous n abandonnez personne cause de moi Vous n tes pas table au moins Je r ponds que je suis en cong mon domicile qu il est possible de m y joindre n importe quelle heure En disant cela j approche les l vres du t l phone Et puis les phrases du tout d but celles qui concernaient la petite annonce Le marbre est rose n est ce pas On entend des rires derri re elle et un bruit d eau chasse Lave vaisselle Machine laver Un enfant ou plusieurs qui joue nt dans la baignoire Un chien une chienne qui s broue sous la pluie devant la porte ouverte Est ce qu elle vit la campagne J avais ce d faut de vouloir savoir Et j tais si timide que je ma tri 70 CREATIONS sais ma curiosit presque sans effort Mais ce qui sonnait l dans mes notes dans les phrases que je recopiais c tait d j
458. ssance et la fid lit du disciple de l autre la connivence et la complicit du compagnon de route Toute libert ayant t laiss e aux auteurs en ce qui concernerait la forme la teneur le ton et le genre de leur texte je pris la r solution de construire une mosa que aussi coh rente et masqu e que possible partir d incipits de romans ou de po mes comment s par Jacques Dubois au cours de sa carri re J indique au passage que si comme en fait foi l intitul ces incipits sont aussi des instantan s c est que Jacques Dubois a consacr sa th se de doctorat et son tout premier livre l esth tique instantan iste des romanciers de l poque symboliste dans son ensemble comme dans son apparence clat e le texte constitue donc ce titre une mani re de pastiche ou de parodie de ces romans o ainsi qu il l a montr le flux narratif proc de par coups fragments descriptifs courts chapitres visions br ves notations discontinues Choisis de mani re couvrir l ensemble du parcours critique accompli par Jacques Dubois de l analyse textuelle la sociologie du texte litt raire de Vall s Proust les incipits retenus ont t ordonn s selon deux 83 PROSES A CONTRAINTES principes conducteurs Premier principe g n rique le destinataire de Phommage ayant donn en 1992 un grand ouvrage sur la gen se sociale et le fonctionnement du roman policier dont il es
459. ssements sont utiles tous avant et apr s On pourrait dire 241 HORS DOSSIER les choses ainsi l invention rend savant Le savoir ne rend pas automatiquement inventif Ce qui vaut pour le savoir vaut aussi pour l amour Il n y a pas d invention sans savoir Ce qu on apprend on est dispos l apprendre on en conna t un morceau L esclave sait sans le savoir ce qu est un cercle g om trique Ce que vous appelez le v cu du mot mot Formules n 2 p 244 c est le v cu de ce qui est l et qui s imprime dans la langue courante ou pas ce qui est l doit tre v cu et rev cu Est d j v cu Mais comme ce qui vient sous nos yeux qui cherchent y voir n est pas facile voir les hommes sont au tunnel de l poque o pratiquer des br ches op radiques on ne fait pas ce qu on veut dans le temps o on vit Au mieux on est de son temps Ce qui signifie qu tre de son temps et non pas mieux que lui ce n est pas faire comme lui mais le capter l analyser ou entrer dans sa finesse et vivre ainsi la complexit ou la s rier Le compos est naturellement voir sous le simple il est d jouer Ce que H lderlin nomme l autre clart est plus fondamentale que la nouvelle obscurit attendue Ou plut t l obscurit est le canal de certains pour acc der la premi re C est pourquoi en effet je re simplifie ou commence le faire La po sie qui exp
460. ssonnent ces fleurs blanches Il faut alors revenir au dernier vers du premier quatrain pour bien saisir la mat rialit de la cache du LYS en m me temps que son obsc nit et entendre le frisson qui sonne dans une expansion assez classique du s me puret vs impuret Les Lys ces clyst res d extases PROSES A CONTRAINTES Comme on le montre ici en soulignant le lys se cache dans les clyst res et resurgira de bien d autres fa ons tronqu et anagramm dans de nombreux vers du po me mais aussi d un crayon encore plus gras et blasph matoire dans clysopompes de l Album zutique Et maintenant il faut remettre en route l H lice qu elle tourne et retourne 1 les Apr s le D luge Apr s D luge constitue paradoxalement le texte le plus all gorique et le plus litt ral des Illuminations la r solution de cette tension en un croisement violent de l Image et de la Lettre bien sonn e t moigne d une sid rante virtuosit stylistique laquelle on n acc de qu en se laissant former tout au long du livre tel un apprenti alchimiste par un ma tre tant t goguenard tant t exalt et parfois d sabus Enfin traduite accessible tous les sens donc au sens le plus propre le plus litt ral la premi re page du chef d uvre donne plus qu ailleurs et avec des accents bouleversants la parole l crivain il nous y offre
461. ssus de mon corps fixe Je vivais l aff t Un cho un bruit r percut un r flexe malencontreux une phrase un peu vive et vexante et je perdrais la voix Je chuchotais Tu es l Elle s merveillait Un ami technicien avait bricol un amplificateur pour mon vieux poste gris cadran rond parce que je refusais de changer de t l phone Je ne voulais pas d un appareil haut parleur r glable comme celui qu elle poss dait et qui lui transmettait ma voix J y tenais ce vieux poste gris C tait l appareil qui avait re u son premier appel Je me devais de le conserver ne f t ce que par reconnaissance Et puis surtout je craignais qu un nouveau poste ne change t sa voix la rend t plus m tallique moins duveteuse Les m lomanes ont ces m mes phobies au moment de changer de platine Les amplificateurs de nos appareils nous livraient avec le souffle ancien des gramophones les heurts du d jeuner et du d ner que nous prenions d sormais ensemble l eau de la toilette la porte qui claque cause 75 PROSES A CONTRAINTES des courants d air le volet grin ant au lever Je prenais mon bain pendant qu elle ouvrait son courrier J avais soin le matin de ne pas laisser sonner trop longtemps le r veil Elle dormait plus tard que moi Je l embrassais Je rentrais vers midi D s qu elle entendait le trousseau des cl s secou es elle s asseyait avec un verre pour me raconter sa matin
462. stinction de l indistinction la diff renciation de l indiff renciation le lecteur r el ne peut rapporter les mutations du personnage et du locuteur qu une double preuve d appropriation d une figure de l alt rit et de d sappropriation de l identit du sujet Le lecteur retra ant un monde ventuel partir de faisceaux de sens relier lit l autre en un texte qu il s approprie Mais projet dans une aire transitionnelle qui diss mine trac s et figures il est encore lu par un autre qui le d sapproprie de sa propre consistance et identit La lecture ne peut tre li e un point d attache ni l uvre reli e un contexte extra litt raire 52 CREATIONS De la langue de la fiction et de la narration Si la fiction po tique repose sur une technique seconde de langue la narration se pr sente comme une fiction la puissance seconde comme un espace de jeu qui creuse un cart entre langues et langages signifiances et ph nom nes et qui d cart en cart relance le mythe de l expression et de l origine de la symbolisation et de la cr ation jusqu s tendre en un lieu qui d fait toute logologie et ph nom nalit Il n y a pas pr valence du mythe sur la critique mais expansion infinie de la narration qui fait fond sur des donn es de tout ordre le lecteur plac face un ph nom ne d ind cidabilit est libre de ses mouvements et faux pas Sch
463. sujet ni un petit personnage de th tre Voil des mois que j attends J ai chapp au suicide par le 77 PROSES A CONTRAINTES rasoir et par la corde Mes bons amis me serinent des disciplines optimistes Ils m interdisent de fixer le cadran comme on interdit de fixer le soleil Ils veulent se cotiser pour m offrir un t l phone touches carr es Je leur souris et mes yeux posent sur leur visage le reflet de dix cercles crevass s Je n ai pas quitt mon emploi Au bureau je joue l indiff rent et le fataliste mais je souffre avec toute la vitalit possible Je vais souvent m asseoir au caf pour couter les hommes se plaindre Cependant je ne peux pas m asseoir avec eux aux tables tragiques Pour se m ler bravement aux hommes qui pleurent pour glisser dans leur plainte un Je me souviens un moi aussi il faut au moins une preuve Sans cicatrice on n a l air de rien Je b gaie un petit peu c est tout Mes cauchemars je ne me les rappelle pas au r veil Pour le reste la fa ade est intacte Et puis mon chagrin est trop sommaire pour mouvoir Elle a rompu le pont sonore qui nous liait Au lyc e on r citait Caesar fecit pontem C sar fit faire un pont Le pont sonore qui nous liait elle l a rompu C est comme a qu il est mort mon p re parce qu un pont en Afrique s est rompu Il tait Ing nieur des Travaux Publics Il travaillait en Ethiopie Il est tomb S il y avai
464. sur le livre Le travail des quatre autres membres de l quipe hi rarchiquement rel gu sur un plan secondaire se trouve de la sorte minimis par rapport celui du directeur que vous instituez Nous tenons pour notre part signaler que l quipe de traducteurs de El Secuestro n a jamais nomm ni reconnu en son sein l existence d aucun directeur que la qualit de cette traduction si toutefois on la lui reconna t tient en grande partie au fait que chacune de ses pages est le r sultat des comp tences combin es de plusieurs personnes Tout privil ge accord au travail d une personne ne saurait par cons quent se faire qu aux d pens de celui des quatre autres Nous croyons donc qu une rectification de votre part dans le sens que nous indiquons serait la bienvenue Nous vous renvoyons l article du Monde du 19 12 1997 qui croyons nous explique assez bien la r alit de cette traduction dans la chronologie et dans le processus de sa r alisation Bien cordialement Marisol Arbu s Merc Burrel Regina Vega Hermes Salceda P S de la r daction l article du Monde dit Au d part un atelier d criture dirig l Universit autonome de Barcelone par un professeur de fran ais Marc Parayre qui a lui m me fait sa th se sur La Disparition propos d critures sous la contrainte Jan Baetens m a demand de pr senter la revue critures en pr cisant ses rapports
465. t la tentation soit de requ rir tel autre idiome soit de r p ter les mots qui la bannissent et d autre part du c t des lettres permises et d autant plus qu elles sont fr quentes selon la statistique la tendance d erratiques r p titifs agglom rats Par exemple et au plus bref l on ne saurait faillir d apercevoir dans l crit de Perec et la tentation et la tendance La tentation Oui avec ce qu il semble licite d appeler une crue lipo grammatique en trompe l il puisque la fabrication du lipogramme se fait et l au plus simple soit avec ce qu il est loisible d appeler une complaisance joycienne le polyglot tique recours au latin Scriptor soit avec une r it ration des vocables qui ont d j permis d en fabriquer son souci son souci constant et un produit un produit qui aurait ainsi que disons son souci disons d un mot La tendance Oui avec ce qu il para t loisible d appeler une crue lipo grammatique par agglom rats r p titifs puisque le refus de la lettre e suscite obligatoirement une inflation des autres voyelles lesquelles favorisent le voisinage de certains des groupements qu elles permettent Ainsi la promiscuit des on son propos disons son souci son souci constant et un degr moindre mais perceptible cause de la redite pr c dente disons fa on gt des da
466. t plus dans la premi re est en Quelqu un l a dit un jour avant nous le bon dieu est dans les d tails Ou le diable qui d fait nos puzzles de mots en moins Daniel Bilous propos de Michelle Grangaud Etat civil Paris RO L 1996 tat civil est une entreprise litt raire de grande ampleur qui demande de nouveaux modes de lecture pour le plus grand plaisir du lecteur Pour reprendre les sous titres de ses pr c dents ouvrages en prose apr s les narrations de Geste 1991 et la chronique de Jours le jour 1994 Michelle Grangaud propose ici des inventaires avec lesquels elle prend au filet les deux mondes de la Nature et du Verbe Une contrainte g n rale de type pantoumisation ordonne les th mes ou les modes d expression 249 HORS DOSSIER Les th mes ne sont rien moins que le corps le monde Dieu la grammaire les lettres les chiffres dont les transz ros le temps la mort and so on Ils sont trait s avec la na vet du philosophe et la subtilit du po te Sans oublier la distance de l humoriste ainsi pour le sexe et la conjugaison Le projet est encyclop dique mais le ton assertif de ses nonc s clairs et raisonn s le style du Code civil fait que le lecteur ne sait sur quel pied danser s il faut suivre le propos ou en sourire Moderne Shei Shonagon l auteur garde un ton modeste propos de toutes ces choses Il
467. t d autre part pour tre directe outre la repr sentation l exaltation demande que les occurrences concern es soient titulaires d au moins une relation sp ciale en surcro t Et cette n cessit programme essentiellement une coercition quant la forme l exaltation directe ne saurait surgir en l crit pour l essentiel qu avec la venue en certaines places respectivement sp ciales de certaines formes respectivement sp ciales Or cela il est loisible de le saisir d une fa on moins vague En textique Ton appelle param tre cho rique l aspect de la place param tre morphique l aspect de la forme et dia ph risme le caract re sp cial qui peut affecter une relation L on pr cise galement qu une transparition directe survient avec le cumul nomm couple transparitif d un diaph rochorisme et 187 PROSES A CONTRAINTES d un diaph romorphisme Puis on montre qu un couple transparitif ne saurait tre orthom tarepr sentatif que s il est li un couple accr ditif c est dire s il se trouve d une part ind pendant de l orthorepr sentation bref constitu outre ses exigences et d autre part int gr l orthorepr sentation ce qui suppose selon un retournement que ce soit T orthorepr sentation au contraire qui s tablisse en lui ob issant 3 Contraintes suppl mentaires Or s il en va un peu ainsi ce que l on intitule parfois le
468. t d une revue la mani re donc de Quai Voltaire Nous faisions ce qu on nous avait appris faire de la critique litt raire et nous voulions le faire autrement qu on nous l avait appris c est dire surtout pas la mani re des universitaires Encore que l volution de num ro en num ro soit manifeste nous en sommes encore ce stade du d sapprendre dont parle si bien Barthes dans sa Le on Mais le stade suivant celui de la sapientia nul pouvoir un peu de savoir un peu de sagesse et le plus de saveur possible commence de se faire esp rer La contrainte institutionnelle fait alors dans notre projet un retour positif qui me surprend et me r conforte Il me semble en effet que la personnalit 240 d critures parmi les revues litt raires l ambition critique s tant peu peu estomp e est due en partie cet ancrage dans une universit Une certaine conscience des enjeux symboliques que Jacques Dubois nous a enseign s dans les critures bourdi vines et une m thode certaine dans l investigation d un sujet et de ses ressources humaines la fameuse tradition philologique li geoise marqu le ton g n ral de la revue Conditions de temps conditions intellectuelles Pen viens pr sent des limites concernant directement les personnes qui animent cette revue Nous avons des emplois et des activit s qui r clament du temps et des soins cons quents cr
469. t ressant au statut des noms propres dans Je me souviens et leur opacit constitutive elle concluait l opacit dans Je me sou viens ne me para t pas pouvoir tre consid r e comme une cons quence accidentelle et par l secondaire de l criture nostalgique d une m moire g n rationnelle qui pourrait de fait d finir le projet du texte Elle me semble bien au contraire premi re et devoir tre comprise comme la vis e m me de l criture du livre Ces remarques toutefois n emp chent pas de constater l utilit de l ou vrage de M Brasseur On y trouvera des informations indispensables par exemple propos des erreurs de Perec et de leur statut On y trouvera aussi des rapprochements citations d autres uvres de Perec ou non ren vois d un Je me souviens d autres Ainsi Je me souviens de Moustache n 342 est rapproch du n 60 Je me souviens des G 7 avec leurs vitres de s paration et leurs stra pontins parce que Moustache est n dans un de ces taxis Mais quel lecteur le sait si ce n est celui des notes pour Je me souviens Le livre de Roland Brasseur fournit donc plus que des informations comme il le dit lui m me des explications c est dire une lecture Et de ce point de vue c est mon seul vrai regret j aurais aim que l auteur explicite davantage ses choix Si certaines citations sont par ell
470. t de repos Elle ne cesserait de me d truire et de me recomposer et de me poursuivre infatigablement Mais je l ignorais comme j ignorais que nos voix s allieraient d sormais pour former une puissance un ensemble impossible isoler Et j ignorais que je me dirigerais pour lui parler vers le t l phone d abord ponctuellement puis tous les jours enfin d finitivement Ses propos taient un peu raides ses attitudes oratoires fig es C est normal elle appelait pour la premi re fois Elle avait lu la petite annonce Elle tait connaisseur Je n entendais que le filtre du t l phone la l g re dis 68 CREATIONS torsion induite la respiration satur e le rire pur par la distance Je ne cherchais pas recr er la voix nue me demander comment elle sonnerait sans tout ce r seau de c bles et d ondes Je me disais que j aimais cette voix que Pamour que je ressentais pour cette voix avait t imm diat et que j adorais une voix t l phonique Ainsi tait sa nature une voix t l phonique J tais d j tomb amoureux comme tout le monde des voix radiophoniques Je me souviens de l accent d une princesse palermitaine qui me poursuivit longtemps Des voix t l vis es aussi je suis tomb amoureux par exemple j tais fou de la voix de M lina Mercouri Et puis je me souviens l instant de la voix cach e d une petite voisine Carnaval elle portait un masque de Blanche Ne
471. t grand consommateur ces phrases d attaque ont t agenc es de mani re former une sorte de r cit d nigme minimal avec contrat pass aupr s d un tueur gages cadavre enqu te et faible r solution du myst re si nigme a son mot elle peut apr s tout avoir sa rh torique Faut il le dire J D cumule dans ce texte tous les r les la fois commanditaire du crime et victime travestie la fois auteur du forfait et d tective la fois narrateur et narrataire Second principe di g tique les phrases formant le corps du r cit et le corps du d lit ont t distribu es en cinq s quences r pondant la succession des heures de la fin de matin e la tomb e de la nuit et des saisons du printemps l hiver Deux autres contraintes locales furent observ es d une part celle de placer au d but de la mosa que en guise d introduction deux citations des r cits policiers les plus embl matiques comment s par Jacques Dubois dues Gaston Leroux et mile Gaboriau lequel a donn impulsion au d coupage en s quences num rot es en chiffres romains d autre part celle d achever le texte en marquant m tatextuellement sa fin mais aussi l impossibilit de le boucler comment d ailleurs achever un texte par un inci pit de la m me mani re que le d part la retraite n est que le d but d une seconde carri re dans le cas de Jacques Dubois ce n est pas l
472. t un championnat du monde de solitaire j en serais le tenant du titre Tout je sais tout faire maintenant Le Monde L Ap tre Le Lecteur au Milieu de son Auditoire et m me Le Puits Sans Margelle les yeux ferm s J ai invent une figure nouvelle que j ai nomm e La Voix Et chaque soir l assis sur mon canap je reconstruis La Voix Les billes force de les scruter pour inventer La Voix ont probablement modifi mon regard Ce soir je regarde le t l phone gris mais c est le cercle que je distingue Je donne sa forme un volume de plus en plus puissant J en fais tourner dans l espace la circonf rence Je place l index dans un trou du cadran et je tourne jusqu ce qu il bute contre la griffe m tallique Le po me irrationnel copi sur la page d colier vient au devant de moi pour se d finir peu peu Je lis Je caresse la p riph rie du cadran Pi est l initiale de cette p riph rie Que j aime faire apprendre un nombre utile aux sages C est un vers primitif crit sans le souci de plaire rudimentaire sans anecdote mais le mieux taill au monde Que j aime faire apprendre un nombre utile aux sages Utile ordonn mesur On a pens les lettres de chacun des mots qui le composent Trois lettres pour le premier une pour le second quatre pour le troisi me Mon index se courbe Je traduis sur le cadran le premier vers de mon quatrain Que j aime faire apprendr
473. te l ordinaire au fil de la repr sentation ne laissent point en vertu d une r sonance si l on veut de p riodiquement transpara tre Or cela il est loisible de le saisir d une fa on moins vague En textique l on aper oit sit t dans cet crit un couple transparitif puisque pour rester au plus simple les rimes conjoignent un diaph romorphisme ou plus pr cis ment ici un isomorphisme et un diaph rochorisme ou plus pr cis ment ici un isochorisme En effet avec elles d identiques sonorit s voire le plus souvent d identiques grammes se trouvent en identique position la fin des alexandrins L on aper oit galement que ce couple transparitif est li un couple accr ditif En effet d un bord cette transpari tion directe est ind pendante de l orthorepr sentation puisque celle ci ne demande aucunement que les mots vou s la satisfaire ob isse la n cessit de r partir des sons identiques toutes les douze syllabes et d un autre bord que cette directe transparition ind pendante est int gr e la repr sentation puisque celle ci manifestement s est tablie en d f rant cette exigence m me Ainsi la structure des rimes satisfait bien aux crit res de l orthom tarepr sen tation Sachant qu en textique l on appelle orthoscriptures les structures par lesquelles survient un effet d orthorepr sentation et orthotextures les structures par lesq
474. te dix sept gouttes de pluie taient tomb es sur l appui de la fen tre depuis son d part J avais achet un nouveau carnet d adresses pour qu elle y figure en premi re position quelle que soit la lettre initiale de son nom le jour o je saurais qui elle est J avais achet un jeu de solitaire un vrai au plateau octogonal perc de trente sept trous On dit qu il fut invent par un embastill qui la longueur des jours tait insupportable Leibniz crivit que le solitaire sert perfectionner l art de m diter J ai donc commenc apprendre les plus tonnantes figures de ce jeu La Croix Le Lecteur au Milieu de son Auditoire Le Corsaire l Octogone Le Monde tr s difficile Le Calice Les Ap tres et m me La Lettre E J aimais particuli rement Le Lecteur au Milieu de son Auditoire parce que les billes occupent tous les trous du pourtour et dessinent un cercle ferm Mais la combinaison que je pr f rais celle qui n cessite le d placement des billes les plus audacieuses impossible atteindre si l attention d faille c est Le Puits sans Margelle une figure vertigineuse dans laquelle un grand cercle enferme un petit cercle et qui simule effectivement une t te pench e sur un puits J avais aussi class mes livres en suivant l ordre alphab tique inverse Je pensais m me avoir le temps d crire un roman de mille pages qui n apprendrait rien personne Je n tais pas initi la
475. tement d couverte et lui faut il par exemple atteindre le dernier chapitre pour que puissent tre d crits l allure g n rale des principaux protagonistes les particularit s de leur visage la couleur de leurs yeux le mouvement de leur chevelure La quatri me tape sans laquelle un roman ne saurait voir le jour est l dition Si ce stade ultime de l laboration avec lequel sont fix es la maquette et la mise en pages est g n ralement du ressort des diteurs certains crivains tentent d eux m mes fa onner l image finale de leurs ouvrages Outre que cette annexion permet l crivain d acc der la seule profondeur qu il puisse vraiment conna tre celle form e par la superposition des pages le volume une fois rouvert appara t d autant mieux se pr ter des recherches d ordre graphique telles que la spatialisation des mots dans la page Ainsi dans la premi re version de Fuzzy Sets qui termine la suite fictionnelle en huit volumes de Claude Ollier intitul e Le jeu d enfant plusieurs s quences de ce r cit spatialis forment des figures g om triques Et ces figures que dessine la disposition des pav s de texte visualisent au point de parfois co ncider avec elles les projections de quadrilat res de cercles ou d toiles parall lement observ es bord du vaisseau spatial o se d roule cette histoire de science fiction 95 PROSES A CONTRAINTES De ce processus d laboration
476. temps servi comme d un signet Cette page provenait d un cahier d avant les guerres une page quadrill e de violet et de jaune sur laquelle un gosse avait crit une liste de titres Il faut voir la pieuse anarchie de l orthographe la calligraphie surprise des mots qu elle doit tracer toute l inattention qu il y a dans cette page et par moments l application Au recto la page dit Liste des livres lire Je la donne elle est si belle Le Corsaire Mazeppa Iliade Iliade est crit avec un H dipe colonne pas de majuscule Colonne Roland furieux Le Prince Iphig nie Iphig nie est crit avec un H initial Conte de Grim un seul conte et un seul m Guerre de Trente ans Wallenstein La Chanson de Roland La Farce de Ma tre Patelin sans h pathelin comme un village Le Roman du Renard sic M tamorphose au singulier En ide Les Supplice pas d s supplice Catilinaire Histoire troisi me d cade Lettres choisies Pline Alexandre le grand Tacite extrait Au verso la m me plume avait copi quelques vers que je connaissais qui sont un excellent moyen mn motechnique pour retenir la valeur de pi J aime ce po me malin bien au del des besoins et des capacit s scolaires et qu avait d fournir un ma tre d cole fou et inspir Chaque mot du po me par le nombre de lettres qui le compose repr sente une des d cimales de pi Que j aime faire apprendre un nombre utile au
477. ter comme mod le une autre uvre litt raire Deux possibilit s se pr sentent alors limitation et l adaptation 0 1 1 L imitation est une technique connue c est celle qui s applique l int rieur des genres quand le mod le initial est devenu arch type trag die classique roman noir etc 0 1 2 L adaptation peut donner des r sultats plus nouveaux On pourrait ainsi prendre Madame Bovary pour mod le remplacer Emma par un jeune homme ambitieux et ses deux amants par deux femmes dont le h ros chercherait se servir L histoire se d placerait de la Normandie en Dauphin le bon docteur deviendrait directeur de conscience le suicide primitif s aggraverait en une ex cution capitale etc 0 1 3 Mais il est videmment plus excitant d aller chercher ses mod les l ext rieur du domaine litt raire 0 2 La premi re exp rience r alis e partir d un th me musical a paru suffisamment int ressante pour nous donner envie de poursuivre 30 0 2 1 On remarquera que ce premier essai a b n fici d une propri t que litt rature et musique poss dent en commun savoir une construction li e au temps CREATIONS 0 2 1 bis Laissons momentan ment de c t le cas tr s minoritaire dans l histoire des litt ratures et musiques combinatoires encore que l on ne puisse s rieusement les dire ind pendantes de la dur e 0 3 Il fallait donc tudier le cas des mod les traditio
478. tes int ress es confuses Certaines balbutient D autres au contraire sont puissantes D autres s touffent ou bien crient J ai un vieux t l phone gris cadran au m canisme circulaire et douloureux l index qui tourne autour d une vis cruciforme Pour appeler je dessine des cercles concentriques autour de l h te comme font les rapaces au dessus d une proie Avec les t l phones touches on se contente de petits signes du bout du doigt comme un ami sur l omoplate pour qu il se retourne enfin Sur ce t l phone gris j ai r pondu une voix trouble et cruelle mais l ordre intim tait si imp rieux mon imagination si heureuse d ob ir que j ai voulu viter qu elle ne s teigne Je me suis laiss fasciner C est elle elle qui m interdit de raccrocher elle encore qui brancha l amplificateur de son t l phone pour que j apprenne mieux le bruit de ses pieds nus sur la moquette Moi je gardais contre l oreille le combin j coutais de toutes mes forces et je n ai pas cherch la vaincre cette voix ni m me monter plus haut la gronder la briser l interrompre Cette voix je l ai perdue oui mais d abord je l avais poss d e Son extinction m a toujours tonn Pourtant je n avais pas la certitude qu elle vivait j h sitais quant son accent je la fr quentais par d fi peut tre galement par d pit Mais ces deux sentim
479. teurs se sont distingu s dans leur ma trise de la prose contrainte Perec Queneau Calvino Roubaud et dans une plus modeste mesure Bens B nabou Jouet Berge Braffort Foumel Duchateau et Le Tellier S il est vrai que la po sie se d coupe la portion du roi des animaux dans la production oulipienne les incursions de lOulipo dans le domaine de la prose n en demeurent pas moins productives mais avec des r sultats nettement plus discrets tant il est vrai que la prose tend celer la contrainte alors que la po sie tend l exhiber Par voie de cons quence il est possible voire in vitable de lire des textes en prose contrainte en ignorant la les contrainte s v u cher l auteur de La Vie mode d emploi alors qu il n est gu re possible de passer c t quand on lit un po me contrainte car le 215 PROSES A CONTRAINTES po me en principe affiche sa prosodie et son rythme En outre le p ritexte joue un r le incontournable chaque volume de la Biblioth que Oulipienne proposant a fortiori un texte ou du m talangage oulipien il sera impossible d en effectuer une lecture non avertie Je propose ici un essai de classification des textes en prose contrainte l Oulipo ainsi qu une r flexion sur plusieurs cas embl matiques de leur production la plus r cente Par souci d actualisation j carte d lib r ment les textes en prose contenus dans Y Atlas de Litt ratu
480. texte qu on vient de lire a r pondu diff rentes contraintes d criture Le genre d ouvrage collectif index l universit au registre des M langes a ses propres r gles avec lesquelles il a fallu la fois transiger et ruser Il s agit d ordinaire de saluer le d part la retraite d un professeur par un floril ge de textes sign s par ses coll gues ses pairs et ses disciples g n ralement pr c d par une pr face rappelant sur un ton plut t compass sa trajectoire universitaire et ses apports la discipline dans laquelle il s est illustr en l occurrence la rh torique du texte et la sociologie de la litt rature Vu les fortes pr ventions que Jacques Dubois avait exprim es l gard de ce type de projet pr ventions ayant pris l aspect d un interdit intim par avance ceux qui auraient pu l ourdir son insu il ne pouvait tre question ni pour les ditions Labor ni pour les auteurs pressentis de c der cette tonalit et cette tournure acad miques Le volume pr par dans le plus grand secret devait donc chapper au c r monial et faire place exclusive l amiti admirative aux d pens de l hommage guind Collaborateur de Jacques Dubois depuis plus de quinze ans devant ma carri re universitaire la confiance qu il m a faite je me trouvais particuli rement soumis cette double contrainte qui veut que d un c t s expriment la reconnai
481. th matique litt rature peinture tramway car elle permet de constituer un ensemble homog ne pour chaque cas en le saturant Cependant c est bien la contrainte phon tique qui pr side l laboration de ces textes B Contrainte th matique 1 BO n 82 m moire Jacques Jouet Jacques Jouet offre quatre vingt dix neuf variations en comptant d dicace Perec de Je me souviens qu en 1978 Georges Perec a publi un livre intitul Je me souviens par le biais de manipulations syntaxiques et Exercices de la la 217 PROSES A CONTRAINTES lexicales tr s vari es Exemple S il est un livre qui a vraiment pour moi l accent du souvenir c est bien celui que Georges Perec a publi en 1978 intitul Je me souviens p 12 Le nombre total des variations pose le recueil comme un hommage aux Exercices de style de Queneau 2 BO n 84 Un sourire ind finissable Herv Le Tellier C est en quelque sorte une palette de tableaux d un tableau puisqu il s agit de Mona Lisa vue sous cinquante trois jours diff rents C est le regardant qui caract rise le point de vue mais le regard ne change pas Le recueil contient en l occurrence une tentative po tique l occasion du point de vue du moraliste l mentaire o le point de vue est pr cis ment exprim sous forme de morale l mentaire po me de forme fixe invent par Queneau Ailleurs l
482. th oriquement l affaire tait r gl e termin e plus rien que conjugalit c tait d finitif Surtout pour les femmes Plus question d amour ni de changement apr s le mariage Charmant disait ma grand m re autant dire la mort quoi L tat conjugal remplissait le tout de la vie si bien qu il n y avait plus de place pour autre chose et qu on n tait rien La vie ne s arr tait pas ne continuait pas non plus Comme si on interdisait la conduite automobile aux d tenteurs du permis Les r calcitrantes taient punies ce qu on justifiait en invoquant l tat de nature Grand m re la cuisine le racontait tout en faisant revenir les petits l gumes dans l huile d olive Et maniant la cuill re en bois elle voquait les coiffes bretonnes les femmes viol es sur l arri re des arm es elle m me ne pouvant pas supporter cette vie ni s en extraire avec garde d enfants malades deuils et enterrements pots de confiture finissant force d efforts l aveuglette par arriver bifurquer Elle est devenue quelqu un d autre un tre part enti re Sans relations ni cursus universitaire elle s est li e avec allez donc savoir les hasards de l existence Gertrud Stein faillit rencontrer Tzara mais pourquoi pas Elle admirait Gertrud la consid rait comme une personne sup rieure J ai pourtant mis assez longtemps rassembler Gertrud avec Stein et pris Gertrud
483. ticipa cette occultation ne d fendant plus nulle part son manuscrit et feignant de l avoir oubli Tarchalski partageait avec ses camarades la m moire de Maria Clementi il prouvait son gard les m mes sentiments la m me affection Mais il trouvait p nible de se s parer de l univers qu il avait cr dans Des anges mineurs En 1993 dans deux romances Plan te pour un homme vide et Le chant des naines rouges il ins re des narrats extraits de son livre au titre maladroit Je suppose que la d cision d crire une trilogie fut prise ensuite pour ressusciter les images pr cieuses que v hiculait le premier recueil Au milieu des ann es 90 un deuxi me recueil Compagnons de d sastre passa l ext rieur de la prison o il b n ficia d une diffusion normale si cet adjectif a un sens en ce bas monde je veux dire dans l enfer ext rieur Il eut une diffusion normale aupr s d un public de sympathisants du post exotisme Rendons gr ce ici au pr te nom qui permit cette man uvre J D Wolguelam et aux ditions Off Shore qui assum rent les risques d une publication Environ trois cent soixante personnes acquirent l ouvrage ce qui place Compagnons de d sastre parmi les best sellers du post exotisme Ultimes toiles est paru au troisi me mill naire longtemps apr s l ex cution de Yasar Tarchalski et sans que l accord de l auteur e t t exprim concernant sa circulation l ext rieur de
484. tion a t contest e d autre part S il fallait r sumer ici l essentiel des r ponses deux l ments au moins devraient tre soulign s D abord la reformulation de la question car si opposition il y a elle ne joue pas entre prose et po sie mais entre prose et vers comme le disait d j Aristote et comme le rappellent ici la quasi totalit des intervenants quelle que soit du reste Pesth tique particuli re dont ils se r clament Ensuite la reformulation des changes entre les deux r gimes discursifs car les va et vient entre vers et non vers a un tout autre statut que ceux entre po sie et prose l o le brouillage entre prose et po sie est une op ration molle qui n engage gu re s interroger sur les formes de l criture la contestation de la limite fig e entre vers et non vers oblige se pencher sur les questions fondamentales relatives la technique du mixte qui sont de nos jours un vecteur d innovation essentiel La diversit des r ponses et des auteurs aidant ce volume repr sente une belle synth se des convictions mais aussi des pratiques malheureusement il manque la parole des prosateurs ou de ceux tiquet s tels La conscience historique dont t moignent en plus la majorit des contributions et leurs videntes qualit s litt raires font de ce recueil une pi ce importante dans un dossier fort controvers l re finissante du vers libre et du po me en prose
485. tion litt raire du postexotisme qui faisait suite l emprisonnement de Maria Clementi La co ncidence entre le titre du livre de Tarchalski et le titre du romance de Maria 142 CREATIONS Clementi n tait pas un l ment en sa faveur elle entretenait une confusion pr judiciable une bonne r ception de l ouvrage Les crivains du post exotisme ont fr quemment chang leurs noms permut leurs pseudonymes et leurs titres affichant par l des attitudes de fraternit et une forte attirance pour l action collective et l anonymat mais ma connaissance Des anges mineurs restait pour eux une r f rence litt raire intouchable au contenu trop charg d histoire pour tre l objet d un jeu de miroir Yasar Tarchalski r alisait l un hommage Maria Clementi dans la tradition des hommages postexotiques et son initiative ne fut pas ouvertement critiqu e mais elle provoqua un malaise Inconsciente ou non cette g ne conduisit d laisser le livre Le silence entoura Des anges mineurs la plupart des incarc r s s arrang rent pour ne jamais en faire mention parmi les productions repr sentatives du post exotisme Les deux copies du livre de Tarchalski disparurent Le titre en revanche persista renvoya de nouveau sans ambigu t au romance de Maria Clementi et lui seul la beaut physique de Maria Clementi ses mondes po tiques sa beaut morale son sacrifice Yasar Tarchalski lui m me par
486. toute la trame du po me la parti pris d une cri ture m tamorphique en congru ence avec la th matique dominante du r cit Du reste l analyse du r cit dans les M tamorphoses est confront e sans cesse aux correspondances de donn es similaires qui contestent lor ganisation proprement narrative y introduisent selon Tronchet une logique h t rog ne De la sorte le po me se trouve marqu par une ambi valence fondamentale qui confronte la lin arit de son d roulement comme r cit unitaire avec un r seau de corr la tions transversales Plus g n ralement la po tique ovi dienne rel ve de l hybridation des formes d une inspiration plurielle qui promeut le m lange des motifs et des sources De bien des mani res elle contrevient donc aux r gles qu Horace avait dict es peu auparavant dans son Art Po tique R fractaire l ad quation exig e entre le ton et le sujet comme au respect des diff rences entre les genres Ovide se d marque sciem ment des pr ceptes horatiens auxquels il n a pas manqu de faire quelques allusions ironiques soulign es par Tronchet bien r v latrices selon lui de la po tique ovidienne Non que les M tamorphoses chappant aux cat gories traditionnelles r cusent pure ment et simplement l h ritage des cri vains ant rieurs bien au contraire elles s inspirent la fois de presque 256 tous les types de po sie pr existants
487. traintes davantage que sur les r sultats c est dire les textes actualisant les contraintes Le r quilibrage de la relation critique propos par M Lapprand est salutaire il ose affirmer que les textes oulipiens ne sont pas la propri t intellectuelle exclusive de leurs concepteurs que leurs lecteurs sont libres de les inter pr ter comme ils l entendent Mais le travail de M Lapprand on l a vu concerne galement la produc tion des textes Le projet d orienter l tude de l Oulipo du c t de la r cep tion en accordant la priorit au texte entre ainsi en contradiction avec le titre et l organisation interne de l ouvrage Le projet de lecture de 1 Oulipo rel ve pleinement d une esth tique examiner les strat gies de lecture face aux textes et se place ainsi en d calage avec la d marche qui structure l essai qui elle rel ve bien d une po tique annonc e en titre d gager les princi pales proc dures d criture ouli piennes constitutives d un projet artis tique Le critique semble h siter entre deux d marches qu il a parfois du mal articuler Cette remarque m thodologique mise part le travail de Marc Lap prand est remarquable par plusieurs aspects La premi re qualit de l ou vrage est son constant respect du lec teur M Lapparand tudie le plus sou vent des textes publi s dans La Biblio th que oulipienne et qui n ont pas for c ment t
488. tres quatre parties de sept chapitres chacune Tant dans Le Grand Incendie de Londres r cit bas pour une large part sur l anamn se et la piction c est dire une image de l auteur enfant dans son avant vie mais dont il n a aucun souvenir que dans la trilogie d Hortense r cit de type policier qui promet para t il une suite la raison num ro logique appara t d une telle complexit et l auteur demeure d un tel herm tisme ce sujet que l on peut se demander s il n existe pas une certaine quantit de duperie par rapport au r el encodage structurel num rolo gique Les nombres se suivent en une vertigineuse s quence mais leur lien est parfois impossible tablir faute d indications ou de rep res manifestes Cela n te videmment rien l inventivit de ces proses et leur c t franchement attachant mais cela pose le ETUDES D UVRES CONTEMPORAINES d une mani re aigu le statut des contraintes NOTES qui affectent de les g n rer Lorsque la contrainte tait phon tique Certes les 62 premiers ou th matique le texte arborait un rythme num ros sont repris en quatre volumes et cela a sans doute largi leur diffusion mais dans des proportions qu on ne 1 qui donnait la contrainte un certain degr de transparence La prose romanesque D PE P P que saurait tablir avec pr cision arythmique par essence permet peut tre de Cf
489. ts Ce reliement ANimAL du chacal au cul comme essence la plus cach e du sujet Arthur permet de saisir l importance du personnage shakespearien de Bottom pour Rimbaud son nom signifie derri re et il se transforme en ne c est dire en embl me de l ANalit Enfin cette m tamorphose lui offre l occasion de revitaliser le clich du chien ou du loup hurlant son d sespoir la Lune pour aborder la fin du d luge de l inspiration et Pon est loin de l apaisement esp r Depuis lors la Lune entendit les chacals piaulant par les d serts de thym Il faut entendre le dernier mot de 179 PROSES A CONTRAINTES cette phrase depuis sa source tymologique le grec thumos c est dire le souffle qui a d sormais d sert l crivain Le verbe piauler s il est ici parfaitement adapt pour qualifier le cri du chacal rec le tout de m me une fleur qui teinte le pia no elle conduit au mot d origine latine pia CULaire je le mentionne ici car signifiant exPlAtoire il vibre dans les fameux pialats ronds de Mes petites amoureuses et l hydrolat lacrymal qui y lave les cieux n est pas on le voit sans entretenir des relations formelles avec l objet de cette tude Le syntagme suivant est int ressant car en insistant sur la th matique du rendu au sol il formule bien la dualit de l criture rim bald
490. ts signifiants distribu s sur la m me surface Jean Louis Baudry criture fiction id ologie in Tel Quel Th orie d ensemble ouvrage collectif Le Seuil 1968 Tel Quel p 136 Pascal Quignard a r dig un tr s bel essai intitul Petit trait sur M duse in Le Nom sur le bout de la langue 1993 Gallimard coll Folio 1995 L individu m dus incapable de s exprimer comme p trifi dans un hurlement de terreur est pour lui la figure embl matique du po te dans son combat avec une r alit qui se d robe au langage sid r dans son face face avec la femme M duse qui symbolise notre impensable origine l avant vie impossible treindre dans les mots Nous avons un blanc notre source Nous prouvons l impossible pens e de l originaire p 70 Plus pr cis ment le po te est celui qui tente de d passer de conjurer ce mutisme en acceptant d affronter cette d faillance du langage et tente de retrouver les mots manquants La po sie est la parole vraie qui vainc le chaos dans l attraction d un au del des mots Sans cesse un au del inattin gible nous tire lui l int rieur du lan gage comme un vase communicant Il ne peut tre atteint par le langage C est ce dont la parole veut parler qui se tient sans cesse sur les l vres mais n appar tenant pas la parole se d robe son attraction p 77 On comprendra l cart
491. u Zodiaque zizi zoomorphe entre les pans zipp s de sa chemise en z nana Il se sent les zygomatiques en berne Zigouiller tous ces zombies nom de Zeus Mais au lieu de faire le zigoteau zizaniaque il revient son zinc et son assiette de zakouski Vivement Zonza se zozote t il A Zonza il aura son zarf kawa ses canettes de zython sa Z U P zinguer la z zette de sa zozotteuse de Zo Puis il zigouille son steak de z bu moins de douze zlotys Zou 17 PROSES A CONTRAINTES 18 G rard Assayag L alternateur Je ne comprends pas Comment savoir ce qu il pense Et comment comprendre sans savoir Il vient d entrer Affable comme au premier jour Sinc re Il me tend sa main franche Tout est d j en place Avant et la suite Ce qui n est pas l c est ce qu il pense L espace d form Il me prenait la main comme chaque fois Il aurait bien aim savoir Mon visage tait affable imp n trable comme toujours Comment aurait il pu savoir Je lisais en lui comme livre ouvert Les corps cessant leurs ondulations Son air de savoir d avoir toujours su de comprendre Comme s il pouvait Le compromis ren goci chaque jour tu feins de me conna tre et je feins de le croire Comme chaque fois non comme toujours son petit air sup rieur pointe sous le masque enfantin Les volutes filandreux du premier compte rendu tournoyant d j entre les corps Les corps install s dans leur portion d espac
492. u d nigmes sont aussi troublantes que celle du temps Il n en est gu re d aussi d natur es Aux immenses difficult s d appr hender un ph nom ne qui se pr sente la fois comme la trame de tous les changements du monde ext rieur et de nos pens es s ajoutent les d formations de l anthropomorphisme et les pi ges du verbalisme Il n est que de renoncer au fant me de l esprit une fois pour toute le reste suit sans l ombre d un doute f t ce au c ur du chaos Ainsi apr s bien des ann es je me retrouvais chez moi J ai longtemps h sit avant d entreprendre le r cit de mon voyage Lorsque cette histoire commence je me retrouve sur la route qui va de Bou Jeloud Bad Fetouh en longeant les murs de la ville Il a plu Des flaques d eau refl tent les derniers nuages Nous levons l ancre qui se balance l avant les grandes voiles se gonflent les bonnettes donnent plein les trois cacatois s incurvent sous la brise qui nous poursuit au large comme une chienne hurlante 39 PROSES A CONTRAINTES Deuxi me partie 4 Ponip l Ponip la Dialogue m taphysique Cardinal Poniflet Le plus petit nombre premier irr gulier m int resse je l ai command au P re No l Cardinal P latio Mais que pensez vous du probl me de Waring Cherchez vous en additionner les puissances Ou comptez vous sur l assistance du P re No l Cardinal Poniflet Pour les puissances cinqui m
493. u inutilement qu elle m avait retenu chez moi alors que j avais un rendez vous de travail dont je lui avais pourtant longuement parl quand je me plaignais de son retard ou de sa paresse composer mon num ro elle me raccrochait au nez m usait me mettait au supplice l gendaire du pain sec et de l eau Et j attendais et j touffais chaque fois que je devais parler avec ces voix veules dont mon m tier me commandait d couter les confidences sans trembler sans d go t Je savais d j qu aucune rencontre autre que vocale ne nous unirait Je savais que j tais condamn rester devant le t l phone devant sa roue trou e devant le butoir m tallique en forme de griffe qui arr te l index Elle ne m attendrait jamais dans un caf ou sur les marches d un op ra Nous ne ferions jamais l exp rience famili re du premier d ner en ville Un jour o je l invitai sa voix devint distante et lasse elle 74 CREATIONS m adressa toute la soir e des remarques tranch es et am res Je ne savais rien d elle Elle ne se pr occupait pas de moi Mon pr nom elle ne le demanda m me pas C est moi qui le lui donnai dans un sursaut d orgueil Mais elle continua m appeler Vous Plus tard pour me montrer combien elle tenait moi elle me rebaptisa Tu Je me souviens du d sordre joyeux entra n dans mes cahiers par cette nouvelle identit Je devins si fier que j oubliai de m nager l opinion
494. u moins trois bonnes rai sons de lire en le mesurant le volume de Paul Braffort il foisonne d infor mations riches et pertinentes il plaide pour une qu te difficile inachevable et d nu e de tout dogmatisme de l unit il donne des id es aux cr a teurs de tous bords qu ils s occupent de b tons de chiffres ou de lettres Deux petites r serves de trop nom breuses coquilles imputables l di teur et non l auteur et quelques noms propres dont je regrette l absence Alphonse Allais Charles Cros Dou glas Hofstadter et Paul Watzlawick notamment Le compl ment potentiel d un tel livre serait videmment une anthologie monumentale de textes amalgamant science et litt rature J en r ve Pascal Kaeser 258 propos de Roland Brasseur Je me souviens de Je me souviens notes pour Je me souviens de Georges Perec l usage des g n rations oublieuses Castor astral coll L Iutile gt 1998 302 p Le r cent livre de Roland Brasseur a rencontr un tr s grand succ s cri tique Rappelons que de nombreux articles ont salu son entreprise alors m me que ses r sultats taient publi s compte d auteur dans une premi re version La Quinzaine litt raire par exemple demandait son dition Le Nouvel Observateur lui consacrait une double page Sa parution en juin der nier au Castor astral a entra n une multiplication de compte rendus tous logieux dan
495. u premier volume Que neau de la Pl iade J B propos de Texturas num ros 8 9 Somptueusement publi e Vitoria l initiative d Angela Sema la revue Texturas continue jouer en Espagne et ailleurs son r le de pionnier dans le d frichage des rapports entre texte et image De plus en plus monographique et cette fois ci m me doublement puisque le num ro comporte la fois un dossier sur Jonesco et sur Huidobro la revue est en train de s imposer comme une v ritable ency clop die de l avant garde occidentale La po sie visuelle s y taille la part du lion mais pas au point d effacer les autres traditions du moderne J B Formules n 1 1997 1998 Ouverture Ecrivains encore un effort pour tre absolument modernes R flexions Jacques Bertharion Entre rh torique et r conciliation la po sie J sus Camarero La nouvelle critique des ann es 90 Didier Coste Le retour d Alexandre Sur le vers m trique contemporain Pol miques Jacques Jouet Ma M re Grand que vous avez de grands dogmes Jean Lahougue et Jean Marie Laclavetine Correspondance Ant c dents Daniel Bilous Aux origines du mail art les Loisirs de la Poste de Mallarm Giovanni Pozzi La tradition de la po sie visuelle Composi tions Textes de cr ation de Jan Baetens Marcel B nabou Michelle Grangaud Herv Lagor Pierre Lartigue Daniel Marmi et Gilles Tronchet Mixtes Jacques Roubaud Pr paration d une fam
496. uatri me point et que la figure du triangle se d double donc en losange un difice lui m me enti rement d doubl La troisi me phase r duite une pure transcription de l histoire ou au contraire pens e de fa on autonome par rapport au sens est l criture Si la mise en valeur de ce stade d laboration tient parfois au minimalisme de l histoire elle peut aussi conduire doter d une organisation particuli re tel aspect donn du texte comme la lettre le son le rythme le phras ou tout trait constitutif de la narration Susceptible d atteindre l ensemble de ces aspects ou de jouer successivement sur chacun d eux ce principe d criture permet d envisager la formation de r cits parcourant des tats changeants du texte Le bruit et la fureur de Faulkner est un exemple d un tel r cit textuel r alis dans un registre principalement narratif Combinant en effet le degr de compr hension croissant que les narrateurs successifs ont des v nements qu ils rapportent avec la prise en compte progressive de l ordre temporel dans lequel ces m mes v nements sont cens s s tre produits les quatre chapitres de ce roman parcourent des tats narratifs graduellement chang s Aussi l histoire qui commence par un monologue interrompu au gr des seules sensations de son narrateur pour voluer vers un r cit lin aire que la conscience d aucun personnage ne vient plus filtrer n est elle que len
497. ued C est le d but d une histoire potentiellement infinie Le nombre de lettres dans chaque mot est d termin par les d cimales de pi mais 0 devient 10 pour des raisons videntes Le texte ici pr sent va jusqu la huit centi me d cimale 117 PROSES A CONTRAINTES Didier Nordon P le m le Papa g re une cr perie Pau non loin du Pont des Trois Piles Maman g re une cr merie Meaux non loin du Mont des Trois Mille Papa fournit le restaurant Le Poulain du Palais rue des Perles o pousse la pente forte Papa fournit aussi un parent un parrain pais rue du Parc Point toutefois le restaurant que tient rue des Carpes le Pope Ponge un tre pur aux dr les de pipes en ses poches L enseigne p tale fatigu pas rond porte Au pot de Pau Maman fournit le restaurant Le Moulin du Malais rue des Merles o mousse la menthe forte Maman fournit aussi un marrant un marin aim rue du Mark Moins toutefois le restaurant que tient rue des Carmes le M me Monge un tre m r aux dr les de mimes han c est moche L enseigne m tal fatigu marron morte Au mot de Meaux Hupp le restaurant du Pope Ponge Il ne saurait puer Humez le restaurant du M me Monge il ne saurait muer Le Pope Ponge n a nulle crainte de la d pense poisson taupe l opard pain d pice poule au pot poulet poireaux p t p ches oui c pes pinces persil J
498. uelles survient un effet d ortho m tarepr sentation il est clair que le syst me des rimes rel ve d une orthotexture Cependant comme dans cette discipline ces structures sont sp cifi es de mani re principale sur le param tre de la place et subsidiairement sur le param tre de la forme l on stipule qu il sagit d une ortho isochoro texture isomor phique Si l on consid re maintenant par exemple ce d but d un crit de Georges Perec L ambition du Scriptor son propos disons son souci son souci constant fut d abord d aboutir un produit aussi original qu instructif un produit qui aurait qui pourrait ANTECEDENTS avoir un pouvoir stimulant sur la construction la narration l affabulation l action disons d un mot sur la fa on du roman d aujourd hui l on distingue assez vite bien s r d une part qu il s agit d un crit contraintes suppl mentaires puisqu il ob it l exigence de ne point comporter la plus fr quente lettre des crits fran ais le e et d autre part qu il est m me si moins nette qu avec les rimes le si ge d une exaltation laquelle s av re offrir deux faces d un c t la curieuse exaltation du e qui en vient pour ainsi dire briller par son absence d un autre c t la conjointe exaltation du reste qui se prend f t ce de mani re diffuse et l on y reviendra bri
499. ui augmente en effet au cours de la journ e et me fait surtout comprendre que la lumi re en ce moment diffus e dans le stade provient enti rement de ces deux murs qui en l absence de tout sys 105 PROSES A CONTRAINTES t me d clairage interne d tectable m apparaissent restituer la lumi re ext rieure dont ils doivent se charger depuis le lever du jour A mon retour le lendemain matin alors que l ombre de la verri re se d coupe tr s nettement sur le sol blanc et que les deux grands murs triangulaires semblent d j diffuser leur lumi re me serais je encore d cal une partie du stade appara t enti rement bascul e dans l eau du bassin immobile et toute tra n e de sable s est de nouveau retir e Mais la date imminente de l preuve me laisse encore moins le temps qu hier de me consacrer la r solution de cette nigme Ayant aujourd hui prioritairement pour projet de r gler l encha nement g n ral il me faut d abord d terminer la fa on dont je vais int grer le changement de tenue qu implique ma plong e dans l eau quadrangulaire du bassin Et comme l effectuation compl te de ce changement juste avant l preuve de natation nuirait trop fortement la continuit de l encha nement g n ral je me d cide finalement en chelonner les diff rentes tapes lors des passages d une piste la suivante La tenue compl te maillot slip et chaussures est donc r serv e
500. ui existent gr ce entre autres aux choses qui existent des corps mots ces mots ne font pas exister que les mots et coexister que les choses ils peuvent dire aussi et disent des choses qui n existent pas et les font exister en tant que mots des corps mots parmi les choses ce qui change certaines des choses qui existent sans mots en choses qui existent parmi les mots des choses qui n existent pas ce qui complique tout Le dernier soubresaut porte l embl me du dernier dieu les Dules et les Clastes relancent la querelle des images se contrent sur un champ de bouillies crans puces et claviers pil s feuillets d chir s et plumes cass es Iconophiles Iconophobes Iconodoules Iconoclastes Vous croyez aux idoles Vous n inventez pas d images Vous les adorez V n rer n est pas adorer vous profanez la v rit Briser l illusion n est pas profaner vous tes dupes de la pr sence Vous l tes de l absence Fascination manipulation soumission M morisation transition information Vous d sirez des mirages Vous ne d sirez plus Vous vous imaginez voir Vous n imaginez plus l vocation Lisez les mots de l criture Voyez les couleurs des peintures Les luminances n existent pas en soi Les chrominances existent pour tous Vous ne progressez que dans l adoration du r ve ancien Vous r gressez dans l oubli des figures nouvelle
501. ui frappait surtout par sa contestation active des structures du r cit d autre part l exploration de l criture nomm e textuelle du groupe Tel Quel d o l horizon narratif avait compl tement t radiqu Contrairement ces deux exemples Renaud Camus remettait en valeur des aspects de l criture paraissant mille lieux de toute r flexion s rieuse sur l criture contrainte d abord le travail sur la phrase plus particuli rement le travail sur le rythme la souplesse en un mot sur la beaut de la phrase et du phras ensuite l attention port e au plaisir de la lecture et un rapport autre que strictement p dagogique avec le lecteur devenu chez Camus partenaire 204 s duire autant que double muet du scripteur omnipr sent enfin le d sir de ne pas rompre les liens entre les mots et les choses ce que l auteur manifestait non sans provocation travers son go t tr s vif des biograph mes et de l histoire en g n ral Plusieurs des livres subs quents de Camus ont pu laisser croire que l auteur s tait loign des questions de la contrainte Impression fausse du moins en partie comme nous le rappellent une s rie de publications r centes de premi re importance l inclassable RA petite annonce synth se provisoire et non r concili e du c l bre Journal et de l ancienne d marche avant gardiste la version lectronique de ce livre Vaisseaux br les en exp
502. ui me permettrait de la r soudre g re plusieurs figures que je sais ex cuter le demi tour la roulade la roue le saut p rilleux le plongeon Mais j ai beau continuer m entra ner malgr la lumi re ext rieure d j largement d clinante je ne parviens qu me retrouver tendu de tout mon long sur le dos chaque fois plus tourdi du bruit de mes chutes successives Ainsi tendu sur le sable le haut du corps retomb du c t de la planche situ e au d part du bac quand j ai soudain l impression de voir pivoter autour de moi l ensemble du stade dont l image diffract e brille plus vivement que jamais dans les deux panneaux de la verri re je crois d abord une persistance de cet tourdissement Mais comme le ph nom ne s accentue et que le couloir de natation dont le contenu ne se d verse pas entre m me dans mon champ visuel gauche je prends alors conscience que c est le bac sable qui bascule autour de son grand axe Mais outre le fait que cette solution ne laisse pas plus de place mon initiative que si la sensation de ce mouvement r sultait de la diffusion de diff rentes prises de vues raccord es apr s coup au montage mon corps dans cette hypoth se aurait d j d glisser Or je repose toujours la surface du sable qui lui ne se d verse pas davantage Il faut donc que je sois plut t suspendu quelque contradiction sinon insoluble du moins contraire aux lois de la gravit
503. uivante qui marque quasiment la fin du dizi me chapitre Un souffle de vent soul ve la chevelure d couvre la nuque Quelle chance songe t il quelle chance pour celui qui d fera l corce de cette robe Et il se met soulever la chemise en pens e d couvrant P clat Fr le Ivoire Grain lanc Neige Iris e Amande croquante Simon qui l on semble avoir fait lire Flaubert mais il n est pas Fr d ric invente Efigenia il l invente par les mots les lettres et il la reconna t car elle est cette potentialit des mots de lamour faite chair 19 231 PROSES A CONTRAINTES 3 L Carroll La Chasse au Snark texte fran ais de J Roubaud Paris Gen ve Garance Slatkine 1981 II 3 Beaux Inconnus p 82 7 Ibid p 86 Nous soulignons 28 O sont nos amoureuses le premier vers des Cydalises dernier po me des Odelettes de Nerval figure explicitement dans La Jolie Morte p 44 ce po me constitue assur ment l une des matrices du roman qui d veloppe lui m me un certain nombre d l ments figurant d j dans Beaux Inconnus les portraits le tulle la danse Simon conduit son cheval hors les murs Apr s l avoir d gourdi au trot il le met au galop Lorsqu il sent ses membres assez d li s il le retient sous le plus doux appui de la main pour l emp cher de se pr cipiter ou de s abandonner et trace ainsi un cer
504. ule elle me donna l couteur J entendis le la de la tonalit et puis apr s le 19 un grondement que J assimilai aux chutes Victoria que mon p re avait vues d avion en parcourant P Afrique et qu il me d crivait aux vacances C est ainsi alors que je pensais aux chutes Victoria l arc en ciel temel qui les enjambe qu on nous annon a la mort accidentelle de mon p re De l annuaire je ne pense rien D ailleurs il ne porte aucune trace de mon nom Mon pr nom y figure souvent Il appara t au moins trois ou quatre 62 CREATIONS fois dans chaque colonne L annuaire me rappelle simplement une tr s longue journ e de peinture Nous avions emm nag ma femme et moi c tait quelques jours apr s notre mariage dans un appartement qu il fallait repeindre La pile de journaux que ma femme avait rassembl s en pr vision de ces travaux tait puis e La peinture avait tout bu Il fallut couvrir les bras du canap et les touches du piano avec les pages d un annuaire p rim Mes doigts taient noirs d avoir feuillet pour le d chirer ce livre des voix et je me souviens que j ai laiss une trace noire au plafond un bout de doigt noir Les indicatifs t l phoniques d partemental Paris l international respectent une constante g ographique et n ont apparemment aucune autre signification Que dire des chiffres de l annuaire sans p cher par exc s de pr tention math matique Le fou le
505. ules toujours abruptes En v rit il n y a pas de prose R ponse J Huret savoir que la forme appel e vers est simplement elle m me la litt rature que vers il y a sit t que s accentue la diction rythme d s que style Crise de vers Le vers est tout d s qu on crit Style 244 versification s il y a cadence et c est pourquoi toute prose d crivain fastueux soustraite ce laisser aller en usage ornementale vaut en tant qu un vers rompu jouant avec ses timbres et encore les rimes dissimul es selon un thyrse plus complexe La Musique et les Lettres Il est tentant de lire en ces axiomes le d cret d annexion unilat rale de la prose au vieux g nie du Vers Dans une premi re partie Perspectives les auteurs M Deguy J Ber retti M Bowie J Ph Saint G rand H Scepi D Oster montrent l envi que la th orie mallarm enne de la prose ne peut se r sumer aussi simplement Mallarm invente bien une prose fastueuse dont la complexit largit plus qu elle ne dissout les possibilit s structurales du po tique un terme qu il faut entendre au sens le plus strictement tymologique criture de cr ation ou art Une s rie de Lectures o l on retrouve les signatures de B Marchai et J L Steinmetz auxquels on doit le colloque de Cerisy en 1997 poursuit ce questionnement partir notamment des articles sur Manet J Dalan
506. un arc en osier versus corso vain accessoire vacarme cur e corso courrouc ivre assomme massacre visc re corso assassine ses six successeurs mais aussi son amour suave sa si rousse sir ne corso s ensauve vacue sa caverne en coraux vasion sous ce roc une sir ne a v cu a cru asservir un corsaire en a crev avec ses sir neaux menues innocences ravies mar e vaseuse naus euse carcasses sans vie en errance sur ces eaux encarmin es cume minium cruor e mars rancunier a vaincu v nus en rive corse assise son mac cerise a vu ceci sur son cran en a souri corso va me revenir mer amie ram ne moi mon mari rame mon corso reviens moi sois mon mari marin sois encore mien aimons nous encore nenni corso n en a cure ravis une occasion ce corsaire a vu errer un ancien cano au service sur son vaisseau oui cerise corso a ram mais vers ces mers ressacs ces oc ans cieux iroise ces anses crasseuses ressources en or en amours en vins ironie voici son r ve envoi ceris en mis en uvre ce coureur sera nouveau un viveur un noceur cerise cume non sans rire ce vicieux a r ussi se revirer ce corse a os vacuer ses mi vres amours surann es si ex cr es occire ses six m mes en vain non non ceci ne sera cerise s vira vex e cerise nonce ses v ux avec aversion vrai corso s enivre en cosse via via sur mon me
507. une au narratif la construction la narration et l autre au fictionnel l affabulation l action NOTES 1 Paul Val ry Les deux vertus d un livre uvres II ditions Gallimard Biblioth que de la Pl iade Paris 1960 p 1246 2 Jean Paul Sartre Situations II ditions Gallimard Paris 1948 p 64 Ibid p 70 4 Jean Ricardou Intelligibilit structurale de crit document r serv aux participants du S minaire estival de tex tique au Centre Culturel International de Cerisy la Salle 1998 700 pages D finition UF 3 10 Renseignements CCIC 27 me de Boulainvilliers F 75016 Paris France 5 Ibid Proposition UF 3 5 Ibid Argumentation UF 3 6 7 Ibid Argumentation UF 3 12 8 Ibid D finition UF 3 13 Ibid Argumentation UF 3 15 10 Thid Proposition OMRG 14 9 Argumentation OMRG 14 10 Exemple OMRG 14 10 1 1 Du grec chora lieu limit Du grec morph forme 3 Du grec diapherein tre diff rent d o ici sp cial 14 Ibid Proposition Argumentation OMRG 2 7 15 Ainsi le p riodique Formules sous titr revue des litt ratures contraintes De OMRG 2 6 ANTECEDENTS 16 St phane Mallarm uvres compl tes ditions Gallimard Biblioth que de la Pl iade Paris 1945 p 71 r dition Paris 1998 p 39 et 99 Georges Perec Un roman lipo grammatique in Oulipo La litt rature potentielle
508. ur e de bruitages divers nous menant vers la fin du texte au bord des Catacombes au seuil du caveau Le couple qui vient de se constituer y prend figure de cr ne suivant les l ments de la description et le livre se termine par Une texture de signes de cicatrices un tissu tactile se survient nous ces mots en marron d compose C est d ailleurs une diff rence essentielle avec le texte de Roussel o toutes les couches colori es s ouvrent et se referment successivement pour retrouver leur origine Chez Roche c est une torsade de couleurs qui serpente au fil des pages pour mieux se perdre finalement et initialement apr s maintes partouzes et accolements Chez Raymond Roussel l aube de la modernit l errance se conclut sur un arr t que d ailleurs l instabilit g n ralis e des vers ench ss s pervertit singuli rement Chez Maurice Roche entre chien et loup dans les parages du postmodeme la dispersion radicalis e ne saurait s immobiliser m me pas pour la photo Couleur de nuit couleur du d sir sans repos nuance d horizon infini verdeur de trotteur violet des viols et des violations jaune d orient et de jalousie marron de l ultime d chet blanc du linceul et des os etc il n est pas interdit de chercher un certain symbolisme des couleurs mais cette dimension reste secondaire selon moi Cherchons plut t dans les mots du r cit certaines indications qu
509. ur la reconna tre Et l nigme r soudre dans la fiction passe par six tableaux qui font videmment sept le dernier de peintre inconnu donc sans appartenance donc tout le monde qui s en empare pour le r utiliser pour le repeindre est une toile rapi c e une toile palimpseste o derri re l image peut se lire une autre image ballet de mort et de vie Quant Luce autre nigme sa mani re elle semblait tomb e df une branche la dix neuvi me ou la premi re ce qui se r crit ais ment en 6 x 3 1 1 Nous voil bien dans l h lice d crire dans la mise en fiction de la sextine po me de six strophes de six vers o les six mots refrains ob issent une permutation telle qu une septi me strophe reconduirait l ordre de la premi re gt f o les six strophes font attendre et laissent en suspens la septi me lui substituant g n ralement une tomada o sont resserr s tous les mots refrains La structure du roman joue de la m me contrainte et r f rence dix huit chapitres pr c d s d une ouverture qui est d j tout le roman comme dans la fiction les supports picturaux de l nigme six tableaux d abord num r s dans un certain ordre sur une feuille adress e au personnage principal puis rencontr s par celui ci dans la fiction dans un ordre diff rent Et le sixi me tableau qui est aussi le septi me va s incarn
510. ur laquelle se d ploie la sextine en prose et le 3 ce que l on dit trois fois est Simon crit 3 fois Je vous aime je vous aime Simon c est donc vrai et une tomada a d ordinaire 3 vers Pour que les choses soient plus claires encore c est dans le chapitre 35 que Simon re oit un message cod l nigme toujours d Efigenia quatorze lignes d une criture ind chiffrable qu il parvient d chiffrer gr ce notamment au mot soleil qu il reconna t Quatorze lignes dans ce chapitre o s ach ve le jeu sur le sonnet de Nerval Efigenia 8 lettres aime Simon 5 lettres et le roman constitue un autre couple possible Ermeline et C sar 13 lettres encore eux deux et Emiliana Assa elle seule compte encore 13 lettres Est ce la treizi me qui revient encor la premi re r f rence nervalienne r f rence au sonnet et r f rence la sextine qui joue du retour la disposition initiale des rimes Ou bien est ce presque quatorze Les personnages f minins ont souvent pour initiale ce E qui est la cinqui me lettre de l alphabet Les signes ne laissent pas d tre r currents puisque aussi bien l on est dans un roman o tout est signe O tout part du blanc retourne au blanc pivote autour de la page blanche situ exactement et sans aucune angoisse au milieu du livre On redonne voix aux beaux inconnus on fait revivre u
511. ur une troisi me o il s accrochait par un pied et rebondissait enfin sur une plate forme o se massait un bon nombre de ses cong n res Le temps d adresser une chiquenaude l un d eux d esquiver le geste vengeur de sa victime et le voil qui venait saluer invitant d ailleurs en donnant lui m me l exemple le public applaudir Ses yeux ronds guettaient avidement les friandises si justement gagn es mais qu il devait pourtant disputer prement certains de ses semblables peu scrupuleux Voil de fa on d sordonn e peut tre mais incontestable l clatante d monstration que le travail du singe n est pas appr ci sa juste valeur La jeune personne qui venait ironiquement de formuler pareille sentence qu on pouvait difficilement vous en conviendrez prendre la lettre se tenait l g rement en retrait par rapport au groupe de curieux agglutin devant le grillage Mince alerte rieuse insolemment l gante cette brune aux cheveux longs attira mon regard et le retint prisonnier Confus ment je sentis qu il ne fallait pas mariner dans ma ridicule timidit et qu engager la conversation devenait indispensable Cette rencontre bouleversante rima v ritablement pour moi avec le d but d une nouvelle inspiration mais aussi comme vous le verrez par la 124 CREATIONS suite cela devait marquer la source de mes maux futurs J aurais d ailleurs d comprendre l avertisse
512. us entra ner dans des directions oppos es rigolade d un c t art de l autre Mais nous savons bien qu il s agit l d un proc d cher Perec qui se pla t d livrer en m me temps des messages contradictoires Ici le choix judicieux de son premier mot lui a permis d enfermer et en cinq lettres seulement l essentiel de la double le on contenue dans ces d clarations de Raymond Queneau j cripa pour anmi l Imond et Y a pas que la rigolade il y a aussi Part Pour conclure sur ce mot rappelons que R my de Gourmont signalait que smart pas moins de treize significations diff rentes qu il prend soin d num rer C est sans doute en souvenir de cette remarque que Perec c dant son penchant bien connu pour la saturation n a pas craint d ajouter ce mot d j lourdement polys mique quelques significations suppl mentaires li es son r cit Ainsi Flaubert Mallarm Queneau et m me l inattendu R my de Gourmont se trouvent conjointement voqu s et cela d s le tout premier mot du texte n a Le v tement d Andras Ce premier mot est explicit par une s rie de notations qui d crivent avec une assez grande pr cision le h ros Chacun sait que les r gles qui dans un crit r gissent la description des personnes en d autres termes l art du portrait d rivent de la rh torique dite pidictique laquelle fut codifi e d s le Moyen Age
513. us l aiguillon des langues les violences s aiguisent anguilles fragiles elles languissent leur tour jusqu ce que par l aiguille les langues agiles ne s lancent sans faire l ange D crispation isol mais pr sent 1 Anna d barrass e l ch e au hasard me piste m enregistre en tapimini Se d lacent les m moires se d lient les bouches le soup on gagne l ignorance des langues prend le temps Je dis que nous n entendons pas n entendons pas que nous entendons je parle d couter ce qui jamais n a t entendu m me apr s qu il e t t prof r m me apr s la premi re entente la premi re coute J harangue pour quitter P tirement l loignement des mots aimants des monuments des mensonges insus pas s rs ni vus ni connus vidanses la phrase de l immonde dit que les mots ne sont pas les choses que les choses sont ce qui existe que les mots donc n existent pas d s lors sa puissance vient de ce qu elle travestit le jeu sur les mots pour ne plus exister en tant que tels et se laisser traverser par les choses qui n existent pas comme eux mais son impuissance vient de ce que les n gations des mots ne peuvent se dire que par des mots plus encore que les choses elles m mes ne peuvent tre dites exister que par les mots ou alors pour chapper cette contradiction mais comment le savoir sans l avoir dit d abord et tre d j 54 CREATIONS entr dans leu
514. us le titre Projet de roman le concept de La vie mode d emploi Il y d finit un ouvrage devant d crire les pi ces d un immeuble parisien et les activit s qui s y d roulent selon un ensemble de proc dures formelles dont les seuls nonc s lui semblaient avoir quelque chose d all chant poly graphie du cavalier pseudo quenine d ordre 10 bi carr latin orthogonal La seconde tape qui peut tre distingu e est le sc nario Son objet tant la constitution de l histoire il ne forme un stade d laboration part enti re que dans la mesure o celle ci est effectivement fix e avant d tre racont e Cette d termination pr alable n emp che pas le sc nario d tre par la suite largement transform voire vacu mais il est g n ralement pr serv en tant que tel dans la plupart des r cits d enqu te Les nouvelles de Borges apparent es ce genre se r duisent m me presque enti rement 94 CREATIONS leur tat sc naristique Ainsi le bref r cit de La mort et la boussole ne fait il gu re plus que pr senter les v nements n cessaires la r alisation de cette id e trois crimes commis en trois endroits formant entre eux un triangle quilat ral en sugg rent un quatri me composant un losange avec les trois premiers Si le protagoniste de cette histoire ignore qu il enqu te ainsi sur sa propre mort il n est en revanche pas surpris de d couvrir quand il atteint ce q
515. us p les d une feuille de laitue d ploy e et pourrie envelopp e autour de la tuyauterie Mais je commence par la fin Je parle des vestiges de huit mois de vie commune Et comme je suis bless j en parle avec rudesse je me complais dans la salet Il ne faut pas me croire Ce n tait pas ainsi Sa voix au contraire purifiait Au d but je ne savais pas quoi dire Alors je chuchotais Je t embrasse ou J aimerais t offrir un verre je voudrais te voir manger je veux passer l index sur tes dents Un jour oui ses dents ont heurt le combin pour la premi re fois Et j ai eu l impression vraiment que ses dents heurtaient les miennes dans un baiser Alors je suis rest muet Mais de cogner ses dents elle ne lavait pas fait expr s Elle s tait pench e pour attraper un cendrier sur la moquette Sa main celle qui tenait empoign e ma voix ne s tait pas cart e assez t t du visage qui allait sa rencontre Elle m a dit en exag rant Je me suis fendu la l vre Elle a menti parce que sa voix ne changea pas Si effectivement la l vre avait t bless e elle aurait gonfl se serait tum fi e Les s et les fboursoufl s Mais ce n tait pas le cas La nuit suivante j ai r v de son sang Je pr f re avouer que je ne pourrai pas suivre la r gle absolue des histoires Je conte mon r cit certes mais je suis incapable de fournir les pr cisions auxquelles on s attend a
516. ush corruption a hit of graveyards fragrances Cadaverous scent smells familiar I am insured I said lying to myself Now Cuban cigars exfoliated flurries of clouded colours irisated mists Feeling peckish I ate bits of curried m ats tasting pickled garlicky marinaded mutton gelati nous conserves I thought why nobody was dancing a cracked fandango cra zily or a wild cancan Gleaming your eyes questioned everybody every thing I am no fool Establish which you pick you proclaimed I then firmly hiked your miniskirt after stroking shyly its tassels A motivation which instigated subtler fingering of an organic sensation Dances movingly restarted in timed rhythmic imitations of our laced legs No h sitation I whispered caressing below skirts l d we d be virginity incamated if I requested better promptings Midnight chimed then everything was firm When a decision s taken fancy withering inherits a sad memory of infini ty s horizons Reeling then faintly limping I was undergoing mutation s ecstasies Sinews stiffening madly I squeezed nothing rationally seizing on a I was your sweetness masterdom bloodless quenching toothsome endeavour Suddenly you falling on pattemed matting vanished undemeath some cavorting cr atures whirl a variegated moody screaming dervish mob I brushed off my trousers I kissed everybody s crimsoned cheeks and I departed after showering To be contin
517. uvements lev avec l preuve de natation dont la r alisation n est r gie par aucun type de nage r duit avec le saut en longueur dont seule la phase de suspension comporte un choix de mise en uvre et non pertinent pour la course de vitesse qui toute dessin e d avance ne laisse en effet aucune place mon initiative Le rapprochement de deux preuves chronom tr es course de vitesse et natation avec deux autres qui ne le sont pas gymnastique au sol et saut en longueur me semble en tout cas produire une contradiction peut tre insoluble Car m me si j admets que les quatre preuves peuvent tre not es par des points selon diff rents syst mes d quivalences il n emp che que les crit res utilis s qualit de r alisation performance mesurable vitesse d ex cution peuvent tous trois s appliquer l ensemble du parcours et qu il ne me faut donc pas exclure dans ces conditions que chaque preuve puisse tre jug e sur des crit res la fois quantitatifs et qualitatifs Quant aux pisodes ne faisant pas partie de l encha nement proprement dit mais devant s y ins rer les transitions entre preuves le changement de tenue qu implique ma plong e dans l eau quadrangulaire du bassin l tirement ou la compression que je vais devoir infliger celles des preuves qui ne semblent pas disposer d une longueur de piste ad quate comment savoir s ils seront eux m mes pris en compte et da
518. ux on voit que la s mantique est bien ind pendante de tout id alisme ainsi parlait Lord Raymond 40 CREATIONS Cardinal P lat o en transe Un amateur s imagine Que ce triolet est beau S il est fait la machine Un amateur s imagine Crachant une encre de Chine Au dessus du lavabo Un amateur s imagine Que ce triolet est beau Cardinal Poniflet Et si l on revenait au probl me de Waring mais ce sont les puissances sixi mes qui m int ressent maintenant je cherche alors la plus grande valeur de d pour laquelle l anneau des entiers du corps quadratique Q Id est euclidien Troisi me partie 5 Nouveaux fragments d une biblioth que ald hyde Le 23 septembre 1926 au d but de l apr s midi un cantonnier trouva sur un sentier de montagne en Autriche un cadavre bien v tu en complet fonc assis le dos cal contre la paroi verticale d un rocher la main droite tenant encore le pistolet avec lequel l homme s tait br l la cervelle On signalait une d pression au dessus de l Atlantique elle se d pla ait d ouest en est en direction d un anticyclone situ au dessus de la Russie et ne manifestait encore aucune tendance l viter par le Nord C est donc ici que les gens viennent pour vivre Pour se convaincre de sa singularit le genre humain ou la partie du genre humain qui s arroge le droit de parler en son nom l ve des barri res autour de soi se pose
519. ux et l histoire savamment modul e entre fiction et fonction c de la place l trange r cit d un texte un savant Oserai je dire qu compter de ce jour notre existence se r duisit une explication de texte Survivre signifiait chaque pas de nos promenades que nous sachions rep rer la PROSES A CONTRAINTES parcimonieuse v rit comestible parmi les purs effets du verbe d gager le fond de la forme en somme le v cu du fictif comme e t fait l tudiant en lettres de deuxi me arm e auquel on apprend que le style se mesure V cart Z C est la d couverte des r glages du texte qui permet la lev e de l nigme Autrement dit comme l a d clar Jean Lahougue il s agit d un roman policier dont le langage est l assassin Sans doute ces r glages n acc dent ils pas directement la perception et la recherche des textes inscrits l int rieur des autres exige un d chiffrage trop fastidieux Conscient de l exercice quasi comptable ainsi r clam au lecteur Jean Lahougue a d ailleurs finalement publi l ensemble des textes d riv s dans le cahier des charges de son roman Cette relative impasse perceptuelle ne remet toutefois pas en cause le projet du livre En effet les derni res pages de la fiction voquent suffisamment ce principe de d rivation textuelle pour que le lecteur comprenne que le texte qu il est en train de lire en est lui m me affect
520. uxquelles on pourrait se fier pour me suivre Je n ai pas de r ponses m me provisoires aux pourquoi comment depuis quand o Ce serait r confortant si j inventais sans doute si je soutenais qu elle est blonde avec un menton en V des cheveux boucl s les yeux bleus du maquillage Ce doit tre un bonheur que d couter une histoire dans laquelle on peut se refl ter Mais je ne peux pas le fabriquer de toutes pi ces ce visage A moi aussi il a manqu il manque Et je ne peux m me pas assister mon r cit de quelques paysages pr cis parce qu elle ne m a jamais renseign sur ce qu elle voyait depuis son balcon Sa maison ou son appartement je ne sais pas donnait elle sur un lac une rue un immeuble Si je l inventais ce cadre il serait hypocrite et fausses les terrasses Je ne joue pas Je n ai aucune arri re pens e de costumier ou de romancier Parce que quelqu un voudrait en savoir plus sur elle il faudrait que je mente Si je mentais cela pourrait donner une histoire comme celle ci Je dialogue avec une voix inconnue et que j aime Un jour je la rencontre Elle vit loin d ici travaille au guichet d un a roport cinq jours par semaine de huit heures trente dix sept heures On l imagine assise dans son uniforme bleu agitant des billets r clamant des pi ces d identit se taisant pour comprendre ce que disent les touristes trangers et rentrant chez elle en autobus une fois son hor
521. vait invent un curieux personnage de r sistant il avait le pouvoir de porter Poccupant nazi des coups s v res en plusieurs endroits en m me temps et ce gr ce aux ressorts qu il avait dans ses talons et qui lui permettaient de se d placer une tr s tr s grande vitesse Ce h ros dont efficacit redoutable s appuyait donc sur son ubiquit avait t baptis PERAK NOTES j Georges Perec What a man Le Castor Astral 1996 Ces d fauts n avaient d ailleurs pas chapp au sourcilleux recenseur qui les avait ici m me d nonc s avec une grande vigueur Voir B Schiavetta Traduire oulipiennement Gargas Parac et Lewis Carroll Formules 2 1998 1999 241 2 Je suis en effet persuad que la discipline nouvelle que je propose d appeler whatamanie n en est qu ses d buts j Georges Perec Les revenentes Jul liard 1972 r cit marqu par le d r glement des sens et l entrem lement des sexes pr s de l v ch d Exeter 5 Notons que cet ultime monovocalisme encore in dit a t r dig en anglais au cours du s jour de Perec en Australie 6 Sur la quatri me de couverture de l dition des Revenentes 7 Voir la phrase perp tuellement cit e par la cohorte sans cesse grossissante des commentateurs je fus comme l enfant qui joue cache cache et qui ne sait pas ce qu il craint ou d sire le plus rester cach tre d couvert in IV 14
522. vement d Hortense et L exil d Hortense Seuil coll Points Une m me h ro ne pour trois romans d aventures o la sextine pointe le bout de son nez et pourrait bien figurer parmi les coupables Signalons au passage la s rie chez Gallimard Jeunesse des livres dont vous tes le h ros romans choix de lecture multiples genre sur lequel nous reviendrons dans un prochain num ro R f rences litt raires et Po sie pour enfants Il tait une autre fois la po sie pour enfants et l le champ est plut t en friche Mis part les Chantefables chantefleurs du regrett Robert Desnos qu on trouve avec une cassette audio assortie il n y a ma connaissance que M Goodman r ve de chats de Jacques Roubaud Gallimard 1994 folio cadet or po sie une blouissante variation sur les chats Lisez le r ve de la souris et tout l humour roubal dien vous appara tra en condens Les animaux de tout le monde et Les animaux de personne du m me Roubaud Seghers coll Volubile On appr ciera particuli rement la finesse des rimes du Microbe et les fac ties du Lynx Sans oublier la Linotte Enfin J habite un po me de Roland Causse Seuil 1993 petit point des connaissances est une bonne initiation la po sie en g n ral et aux jeux po tiques l auteur sugg rant la fin de chaque po me des pistes explorer pour cr er soi m me les siens Th tre Dans la clair
523. vrai h sitait puisque jusqu pr sent il n avait d avoir recours ce grand flash gommeur de distances renoueur de liens distendus G oma tre cependant se savait suffisamment surdou pour d jouer les collets pos s par le rationnel le g om trisme cart sien le raisonnement rigide des incr dules insensibles aux surprises G oma tre fixa Ursule dans le rose de ses paupi res closes et ferma ses propres yeux afin de capter le si fluide duo des silhouettes 140 CREATIONS G oma tre le voici pr t casser pour cette fille et ce gar on le fil du temps sans perturber le monde ext rieur eux G oma tre une ultime fois refit en sa m moire l inventaire des actes mettre en uvre sans possibilit de retour en arri re G oma tre prit inspiration dans l air embaum d encens qui tapissait les horizons de son antre atti di par des m lop es estivales G oma tre laisse imploser en lui toute l nergie qu il avait accumul e depuis l arriv e d Ursule l amoureuse inqui te G oma tre sent l clair zigzaguer travers la pi ce et les dunes des souvenirs voqu s par le r ve ursulien G oma tre sent entre ses doigts la duret moite et poisseuse d un rectangle de carton noir et blanc G oma tre exulte la certitude de sa r ussite attend que le polaro d soit tout fait sec G oma tre tend alors la photo la jeune femme qui doucement aborde les rivages du r veil G oma
524. x sages Immortel Archim de artiste ing nieux Qui de ton jugement peut priser la valeur Pour moi ton probl me eut de pareils avantages Enfant j en connaissais le premier vers C est mon p re je crois qui m avait expliqu comment on utilise ce code Tu vois il y a trois lettres dans que cris 3 une seule lettre dans j apostrophe cris 1 quatre lettres 67 PROSES A CONTRAINTES dans aime cris 4 Et tu as 3 14 Maintenant si tu continues tu obtiendras les autres chiffres de pi Depuis mon p re est mort pr cipit du haut d un pont dont il avait lui m me trac les plans Il tait ing nieur et b tissait des arches Voil pourquoi je pris ce signet dans la biblioth que de ma femme En attendant d aligner des rayonnages pour mes livres je l avais pos sous le t l phone dans le salon Je le contemplais de temps en temps Liste de livres lire Que j aime faire apprendre Et je souriais Au dixi me jour de mon installation dans mon nouvel appartement j eus faim d ouvrir mes cartons pour revoir les objets que nous avions aim s ma femme et moi La bo te musique s tait rompue Le reste n avait plus aucun clat Je ne m tendrai pas plus sur mon d pit Disons simplement que ces objets n avaient de valeur pour moi qu au temps o ils formaient une famille avec d autres pi ces que j aimais aussi que le divorce avait d coupl es Ma femme m avait distribu des br
525. xploiter fond comme r sultant du choc de deux masses extr mes les extraordinaires croisements frictions f condes entre les fleurs et les pierres de revitaliser les arch types narratifs idiots et les aveux impensables par un insolent travail du son Apr s cette br ve et significative utilisation de l imparfait Rimbaud revient au pass simple qu il ne l chera plus jusqu aux invocations de l avant dernier paragraphe pourtant la rupture majeure interviendra un peu avant 175 PROSES A CONTRAINTES marqu e par la pr position Depuis lors gt Il s agit de ce fait de la partie la plus inextricable du texte le grand architecte le d miurge a proc d des coupes de frise et des accidences g ologiques ont min le terrain autre image encore plus b te il est difficile d empoigner la toile de l araign e pleines mains pour Poffrir aux non voyants Deux th matiques majeures se d gagent en d pit de leur interp n trabilit celle de l crivain au travail aux prises avec son livre puissance du constructeur fiert d autant plus grande du b tisseur qu elle est soigneusement cach e on observe un crescendo vers une pr sentation de plus en plus vidente des Illuminations proprement dites celle de la d bauche homosexuelle et de ses affres fureur et effondrement post co tum redoublent s rement aussi l all gorie diluvienne de l
526. xtine de Trissino cause d une particularit typographique qui l meut l auteur a remplac les e et les o par des epsilons et des om gas de sorte qu il voit danser devant ses yeux le corps d Efigenia w le cheveu le frwnt les yeux le nez la beuche 26 le chapitre 25 o s engage un autre jeu sur un autre sonnet Je suis l amant le plus malheureux du monde se disait il Simon car de la grande lumi re me voici jet au plus bas au plus t n breux sans avoir eu le temps de conna tre le bonheur qui me transformait On m a vol mon me Veuf d un amour dont j ai si peu serr la p leur sur mon c ur foudroy par l absence je reste Pinconsol Chacun aura reconnu le premier vers d El Desdichado dont tout le premier quatrain est ici redistribu et comme rapport au sens des vers ainsi qualifi s en l espace de trois paragraphes le dernier mot du chapitre et de toute cette deuxi me partie tant m lancolie Bien s r on cherche la suite et l on trouve le deuxi me quatrain objet du m me jeu au chapitre 30 puis les deux tercets la fin du chapitre 35 qui cl t la troisi me partie Chapitres 25 30 35 pas de hasard Trois chapitres pour redistribuer un sonnet en l espace de 11 chapitres de 25 35 inclus ainsi sont bien conjugu es les r f rences au sonnet au 11 qui est comme la strophe s
527. yp e de la prose comme criture non contrainte ne correspond nullement l activit r elle de nombreux crivains de nos jours Par ailleurs le th me de ce dossier co ncide heureusement avec une actualit litt raire o plusieurs romans contraintes ont t tr s remarqu s par la presse loge de la pi ce manquante Gallimard roman puzzle d Antoine Bello Le Domaine d Ana Champ Vallon roman cryptogramme de Jean Lahougue et 30 jours tuer France Loisirs roman scripteurs multiples n d une exp rience interactive de Yann Queff lec en collaboration avec Jo lle Ecormier Marceline Breton Patrick Sickersen Christophe Tissier Louis Olivier Dupin et Christophe Sancy Certes nous aurions souhait donner une tendue plus ample dans ce dossier aux discussions th oriques sur le concept et le statut de la contrainte mais cela ne peut se faire que dans le cadre d un dossier sp cifique Ce sera la t che de notre prochain num ro qui traitera de la d finition et de la classification des contraintes Toutefois pour vous en donner l avant go t nous dirons d j que nous op rons une distinction entre le texte contrainte en tant qu objet et la contrainte textuelle en tant que proc d ce dernier aspect se divisant son tour en contrainte d criture et contrainte de lecture Ce distinguo premi re vue anodin r serve n anmoins quelques surprises Mais consid rons d abord ce triple aspe

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