LA PRISE DE RISQ}JES DANS LES RELATIONS SEXUELLES
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1. de relations que les participants des f tes entretiennent entre eux Le pr servatif n est certainement pas mis de fa on syst matique du moins n est il pas associ au m pris de l autre 6 Pour l usage r cr atif en particulier dans le mouvement techno voir la synth se des travaux de recherche de HENDERSON S E Types and Dance Divas Gender Research and Community Prevention in RHODES T et HARTNOLL R eds AIDS Drugs and Prevention op al La prise de risques dans les relations sexuelles 143 Les jeunes des cit s En France au del des messages adress s la population en g n ral le milieu homosexuel et le mouvement techno ont t les seuls laborer des messages sp cifiques en mati re de pr vention sexuelle Rien n a t fait dans ce sens en direction des jeunes des cit s alors que dans les cit s o la pr valence du sida est lev e les jeunes connaissent personnellement des usagers de drogues contamin s leurs partenaires sexuels peuvent appartenir aux m mes r seaux relation nels C est sur la base de ce constat que Nelly Boullenger Patricia Bouhnik et moi m me avons entrepris de d crire les relations et la circulation de l information dans ces groupes La question de d part portait sur les r actions de jeunes dans l environnement des usagers de drogues et si nous avons refus d exclure ceux qui consomment des drogues c est pour des raisons en partie pragmatiques il n tait p2. 9 LA PRISE DE RIS DANS LES RELATIONS SEXUELLES Peu d usagers de drogues ont adopt le pr servatif leur comportement est comparable celui des groupes sociaux auxquels ils appartiennent au del de l univers des drogues qu ils soient jeunes des cit s qu ils appartiennent aux classes moyennes ou la jeunesse dor e Exp rimentation des relations affectives et sexuelles et exp rimentation de l usage de drogues ou d alcool vont souvent de pair aujourd hui L usage de drogues participe de la culture dance ou techno pour les filles comme pour les gar ons Des actions de pr vention ont t men es dans ces mouvements Dans les cit s le pr servatif est spontan ment r serv aux relations non investies affectivement Pr vention et ducation sexuelle sont des urgences COMPRENDRE CE QUI D TERMINE LA HI RARCHIE DES risques permet d expliquer pourquoi les injecteurs ont pu adopter des comportements de pr caution concernant la seringue et pas pour le pr servatif Premi re question y a t il une sp cificit dans le compor tement sexuel des usagers de drogues Au regard des tudes quantitatives la r ponse est non Les usagers injecteurs tudi s en prison ou dans les programmes d change de seringues ne se diff rencient de la population g n rale ni par la fr quence des relations sexuelles ni par le nombre de partenaires ni par le type de relations qui est souvent le couple stable Leur utilisa tion du pr serva
3. as toujours ais de savoir a priori qui consommait quoi et comment Majoritairement ces jeunes pouvaient se d finir comme des usagers r cr ationnels mais quelques uns taient abstinents totalement d autres consommaient tr s intensivement du cannabis et ou de l alcool certains consommaient par p riode et parfois intensivement d autres drogues h ro ne ou coca ne et peut tre certains taient ils d pendants tous appartenaient aux r seaux relationnel des jeunes de la cit apparte nance qui a t le seul crit re de recrutement Les deux enqu tes de terrain ont port en partie sur l observation des relations entre filles et gar ons en partie sur leur discours Le premier constat est celui de la division sexuelle des r les marqu e dans l observation et r affirm e fortement dans le discours Les filles ne fr quentent pas les gar ons de leur cit au risque d tre consi d r es comme des filles tout le monde elles doivent pr server leur r putation obligation morale qui est la condition de leur s curit Une fille qui ne se respecte pas peut tre soumise des violences voire des viols La s paration des sexes peut aussi s observer dans les tablissements scolaires Les copains les plus proches des gar ons sont des gar ons et les plus proches des filles sont souvent des copines mais au del de l tablissement scolaire proprement dit les bandes deviennent mixtes m me si elles sont sou
4. ciales ceux que nous rencontrons Le choix du parte naire est justifi en fonction de cette carte du risque il y a ceux ou celles auxquelles on peut faire confiance et les autres rejet s au nom de crit res qui m lent morale et hygi ne Tu vois tout de suite si elle est malsaine c est une question de feeling Les jeunes disent aussi r duire le nombre de partenaires Dans le couple ils invoquent la fid lit et selon une r partition des r les sexuels qui n est pas propre aux cit s les filles s y r f rent plus que les gar ons Le pr ser vatif n a pas bonne presse il est v cu comme un signe de d fiance r serv aux relations occasionnelles ou d sinvesties affectivement Avec les filles qu on respecte le pr servatif n est pas de mise En g n ral je trouve des filles s rieuses qui aiment le naturel Le pr servatif un tiers dans la relation D s que la relation est investie le pr servatif est abandonn Ce comportement parfaitement irrationnel en termes de sant publique puisqu il fait courir les plus grands risques la personne aim e renvoie 8 Voir BOLTON R Mapping Terra Incognita Sex Research for AIDS Prevention An Urgent Agenda for the 1990s in HERDT G et LINDENBAUM S eds The Tone of AIDS Social Analysis Theory and Method Sage Publications New Park Londres New Delhi 1992 C est le seul exemple que je connaisse d observation participante des rela tions sexuelle
5. e moderne Le cannabis tait offert aux jeunes mari s sous forme de g teau le gug par les babas russes de boisson le bhang en Inde et de confiture le mhajun au Maroc Au pouvoir d sinhi bant des drogues de l alcool l h ro ne s ajoute l exacerbation des sensations par le cannabis ou par les psychostimulants cu la coca ne qui provoque une bullition des centres du plaisir Les golden boys de Bret Easton Ellis comme les crackeurs ont explor syst matiquement toutes les dimensions de l association sex and drugs les hommes pr tant aux femmes une fr n sie sexuelle qu leur tour elles leur attribuent Ils pensent avec leur queue dit Liz dans la crackhouse que d crit William Terry E e meer Ee A A na A ae e Va ce Mc La ab em Gr P kewa Jy Quand Ia drogue tape jonc see Drogue la jouis N Ga Tm quatre ans d engn tes an bout de la nuit Dagorao Paris 1992 La prie de risques dans les relations sexuelles 141 Les jeunes femmes dans la culture dance Le sexe d brid reste inqui tant comme le sont toutes les passions o le sujet s engloutit mais la recherche du plaisir n est plus l objet d une condamnation morale elle est au contraire devenue une sorte de norme laquelle doivent se conformer les gar ons comme les filles L exp rimentation des relations affectives et sexuelles s accompagne pour nombre de jeunes d exp rimentations d alcool et de drogues qui conduisent souvent minimiser le ris
6. ier de drogues est ressenti par les deux partenaires comme une menace dans la relation 1 L entretien de cette relation p rilleuse lais serait peu d espace l introduction d un changement quel qu il soit d faut d autres s curit s l usager peut garantir une fid lit que le pr servatif pourrait mettre en doute Au del du doute sur la relation les couples mentionnent les difficult s du mode d emploi Le manie ment tout d abord n en est pas si ais le pr servatif peut glisser ou clater En outre il doit tre mis au d but du rapport sexuel et retir quand le p nis est encore en rection Ces deux prescriptions que rappelle Isabelle de Vicenzi posent des probl mes techniques physiologiques mais aussi rclationnels Elles marquent nettement les trois temps de l acte sexuel un avant un pendant un apr s interdi sent les interm des ou le glissement insensible de l un l autre de ces temps suppriment enfin l rotisation du sperme Le pr servatif fait partie des outils de pr vention de la r duction des risques les kits comprenant des seringues contiennent toujours un pr servatif Sans grands effets les valuations montrent que les actions de pr vention men es dans le cadre de l usage de drogues par voie injectable ont peu de prises sur les comportements sexuels 10 RODHES T et QUIRK A Drug Users Sexual Relationship and the Social Organisation of Rik the Sexual Relationship as a Site of R
7. isk Management So S Med vol 46 1998 p 157 169 146 Peut on dviliser les drogues L adoption de la seringue individuelle est devenue une norme collec tive m me si des usagers peuvent y d roger Sur le pr servatif tous les discours sont tenus C est que les normes de comportements sexuels ne se construisent pas dans le monde de l usage de drogues mais dans les diff rents milieux sociaux auxquels les usagers appartiennent par ailleurs jeunes des cit s pour les uns classes moyennes ou jeunesse dor e pour d autres C est ce milieu qui doit tre la cible de la pr ven tion On ne conna t pas aujourd hui les progr s de l pid mie faute d un suivi des contaminations On sait seulement que en 1992 9 des personnes atteintes du sida l taient par la contamination h t ro sexuelle En 1998 le pourcentage se monte 36 La contamination h t rosexuelle ne cesse de progresser mais l avanc e de l pid mie plus lente que la contamination homosexuelle ou par voie injectable ne suscite pas les m mes inqui tudes Il faut se mobiliser affirment unanimement acteurs de sant militants associatifs et minist re de la Sant mais rien ne se passe Le mouvement techno s est investi dans des actions communautaires mais dans les cit s la menace du sida peu perceptible n a pas suscit de mobilisation spontan e L tat n a pas pr vu d actions sp cifiques et ce bien que la pr vention et l du cation sexuelle
8. nication soutenir leur nergie Comme eux elles savent se les procurer La seule diff rence notable r siderait dans un plus grand contr le des doses et des fr quences elles sont seules aussi appr cier la baisse de poids dont elles parlent comme d un b n fice secondaire selon une norme collec tive o se marque le genre dans nos soci t s 6 Quant l ecstasy et aux autres drogues dans la relation sexuelle ils ne semblent pas jouer un r le particulier Les effets d sinhibant ou stimulant l exacerbation des sensations ou des motions peuvent tre utilis s dans les relations affectives et sexuelles comme ils peuvent l tre dans diff rentes acti vit s humaines mais l ecstasy pour ceux qui en consomment dans le cadre de la culture techno n a pas grand chose voir avec la pilule de l amour des m dias La drague n est pas ce qui est en jeu dans cet univers o l extase est collective o les identit s personnelles sociales et sexuelles se fondent Si les rencontres individuelles restent possibles elles ne sont pas recherch es en tant que telles et c est plus volontiers hors du contexte de la f te que se nouent les relations plus intimes Le mouvement techno a r agi rapidement face au sida Information et pr servatifs ont t largement distribu s non parce que les f tes sont des lieux de drague mais parce qu elles offrent l opportunit de toucher un large public Le message est int gr au style
9. que ou l oublier Comprendre la fonction du recours aux drogues et ou l alcool dans les relations sexuelles implique de comprendre les processus d engagement les attentes et les r les de chacun homme et femme les r gles de la communication verbale et non verbale la fa on dont les risques sont per us par les uns et par les autres selon la relation qu on cherche tablir Les recherches anglo saxonnes ont port particuli rement sur la place ct le r le de la femme ou de la jeune fille et sur sa capacit de n gociation condition de l adoption de nouveaux comportements Car le nouveau geste amoureux th me d une des campagnes de promotion du pr servatif n est pas qu un geste technique il introduit dans la relation une logique rationnelle qui exige une communication franche et directe o les deux partenaires changent part gale C est ce mod le de relation galitaire auquel renvoie la campagne men e en 1988 o un homme affiche son incertitude et sa maladresse Il para t que c est gal re mettre tandis que la femme la fois assur e et tendre clate d un rire complice La campagne tait bien optimiste Peu nombreuses sont les femmes afficher avec autant d assurance leur exp rience en mati re sexuelle La d mocratie amoureuse est certainement souhaitable d autant qu elle r pond mieux aux exigences de la sant publique l change reste on le sait largement in gal Les femmes sont plus expo
10. s es que les hommes au risque de contami nation parce qu elles sont moins m me d engager la discussion sur les relations sexuelles qu exige le recours au pr servatif Avant de s y aventurer elles se livrent une forme d analyse co t b n fice qui prend en compte ce qu elles pressentent des r actions de leur partenaire et de leur capacit de changement Le plus souvent elles pr f rent la menace lointaine du sida la menace imm diate d un d saccord5 5 CorreL A Femme et sida APART tude r alis e la demande du secr tariat d tat charg des Droits des fermes 1989 142 Peut on civiliser les drogues Ily a toutefois des changements qui sont peut tre aussi des modi fications de perspective du chercheur lui m me Traditionnellement la jeune fille utilisatrice de drogues est d crite comme une victime victime passive des hommes ou victime de sa personnalit d pendante addictive persomalib Les jeunes filles que d crit Sheila Henderson Manchester consomment occasionnellement ou r guli rement cannabis ecstasy ou amph tamines Ces consommations sont une des compo santes de la culture dance n e au milieu des ann es quatre vingt en Grande Bretagne et d finie par un style de musique de v tements de sorties et enfin de relations Dans l usage r cr atif des drogues les filles ne se distinguent pas des gar ons Comme eux elles les utilisent pour stimuler les perceptions favoriser la commu
11. s s 9 LAGRANGE H et LHOMOND B L Entr e dans la sexualit Le comportement des jeunes dans le cmtexte du sida La D couverte Paris 1997 La prise de risques dans les relations sexuelles 145 une logique de la relation Quand on aime on ne se prot ge pas on partage Mettre un pr servatif c est introduire un tiers dans la rela tion Ou bien l acte sexuel est consid r comme une rencontre privi l gi e ou bien la relation est banalis e s inscrit dans une s rie o surgissent tous les hommes et les femmes du pass et du futur La r gle est quasi g n rale Elle a t observ e dans les recherches sur les jeunes les femmes les groupes ethniques En tant que groupe les homo sexuels ont t les seuls imposer le pr servatif syst matique comme norme la menace de la maladie les y a contraints Quelques recherches qualitatives ont explor plus particuli re ment les relations de couple des usagers de drogues couples mixtes usager non usager ou couples homog nes usager usag re Les femmes usag res de drogues vivent plus souvent que les hommes dans des couples homog nes Dans les couples mixtes usager non usager le pr servatif est plus fr quent il est beaucoup plus rarement utilis lorsque le couple r unit deux usagers et ce y compris lorsque le couple est s rodiscordant Selon Tim Rhodes si les couples form s avant la menace du sida ont rarement adopt le pr servatif c est que l usage r gul
12. soient des urgences qui ne se limitent pas au sida Les m dias viennent de d couvrir les tournantes les viols collectifs Ceux ci doivent tre sanctionn s ils t moignent aussi de la n cessit d une ducation sexuelle
13. tif est comparable la population g n rale c est dire qu ils l utilisent peu l exception de ceux qui ont t contamin s par 140 Peut on dvi les drogues le virus du sida qui l utilisent davantage jusqu 68 dans une tude men e New York mais c est un maximum Ces tudes quantitatives vont l encontre de deux ensembles de croyances sym triques celles qui font du toxicomane un tre asexu incapable de relations sexuelles et celles qui en font une b te de sexe Ils ne seraient ni l un ni l autre selon les statistiques L un ou l autre de ces comportements peut cependant s observer En moyenne les injecteurs ont une vie sexuelle comparable la moyenne il reste que si l abstinence ou au contraire le surinvestis sement de la vie sexuelle peuvent chapper aux tudes statistiques ils n en sont pas moins attest s dans des contextes ou des types d usage bien pr cis d crits dans une longue s rie de recherches quali tatives Les histoires de vie d h ro nomanes ou de coca nomanes t moignent du d sinvestissement des relations sexuelles lorsque l abus est r gulier m me si ce d sinvestissement n est pas syst ma tique ou s il est v cu seulement par p riodes Quelques recherches commenc es la fin des ann es soixante en Californie d crivent a contrario l association troite d une culture des drogues avec une culture du sexe Le pouvoir aphrodisiaque des drogues n est pas une d couvert
14. vent fond es sur les rela tions entre gar ons les filles s introduisent dans les bandes de gar ons sans tre les principaux supports Dans les cit s la mixit 7 COPPEL A BOULLENGER N et BOUHNIR P Les R seaux d change sexuels et de draulation de l information en mati re de sexualit chez les jeunes des iers ris an jeunes des quartiers risques GRASS 14 Paut on civiliser les drogues semblait inconnue Sur le mod le m diterran en il y avait la fille bien et la vicicuse Peut on observer une volution dans le r le de la femme Nelly et Patricia qui j ai pos dix fois la question m ont assur que non Sans doute certaines filles parvenaient elles person nellement imposer un autre style de relation mais le discours des jeunes ne laissait aucun espace de changement On peut aussi s inter roger sur la r alit des pratiques o peut tre s exp rimentent des relations plus galitaires mais dans le domaine de la sexualit obser vation des pratiques pose quelques probl mes m thodologiques quasi insurmontables 8 ve Si les jeunes des cit s se caract risent par le type de division sexuelle des r les en revanche les strat gies face au sida n ont rien de particulier Comme tout un chacun ils proc dent une valuation personnelle du risque qui se fait partir d une sorte de g ographie sociale que nous avons en t te et o nous pla ons selon nos affinit s culturelles et so
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