Entre le rêve et la douleur
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1. fantasme qui Vhabite Sans doute aimerait il tre cru sur parole tout en sachant qu il n est pas plus qu un autre libre de sa parole Il n est pas s r qu on puisse faire autrement et ce livre ci n chappe pas davantage aux disparit s de style Il comporte des pages qu on pourra trouver trop litt raires d autres trop savantes des chapitres o le m canisme de la condensation est trop actif d autres o l laboration secondaire est trop pr gnante Je ne crois pas qu on puisse se placer tout fait l abri d une telle critique mais peut tre est elle moins fond e qu elle ne para t La production crite d un psychanalyste se situe aussi dans l entre deux entre ceux qui nourrissent sa pens e d abord ses patients et ce qui peut maner de son propre fonds entre I asso ciation libre contraignante et des structures mentales dont bon gr mal gr nous sommes tous les h ritiers entre la th orie et le fantasme entre le savoir et l ignorance Dans la mesure o ce livre envisage une pluralit d espaces psychiques du r ve et de l illusion du fantasme et du soi o il indique leur entrelacs comme e t dit Merleau Ponty entre le masculin et le f minin la mort et la vie le transfert et le contre transfert dans la mesure enfin o son interrogation sous jacente porte sur ce qui fonde cette s paration en lieux il s interdit2. la publication J B PONTALIS Entre le r ve et la douleur Le titre donn cet ouvrage indique d abord l ordre de suc cession des textes qui n est pas un ordre logique mais le trajet d une pens e au travail sur ce qui tout la fois la nie et la r clame l exp rience psychanalytique Entre le r ve et la douleur c est aussi ce qui pourrait d finir le champ de cette exp rience dans son oscillation permanente entre ce qui peut se dire ou se repr senter et ce qui doit se taire ou se crier pour tre entendu il y a du non dit qui n est pas simple gommage de ce qui se serait dit ailleurs ou autrefois A un p le le r ve prototype des formations de l inconscient o les v ux contradictoires de l enfance peuvent s accomplir et se donner d chiffrer le r ve objet d angoisse et de ravisse ment de nostalgie et d analyse A l autre p le la douleur qui brouille les fronti res du corps et de la psych la douleur aux limites de l analyse mais au centre m me absent de notre parole br che colmat e que l preuve du deuil ou de la folie peut toujours rouvrir Chacun pourra choisir d autres rep res pour marquer cette bipolarit et en changer avec le cours de sa r flexion Mais il est rare qu elle soit absente On trouvera ici d crites les principales modalit s de ce que Freud dans une de ses toutes premi res d finitions de la psycha nalyse a appel le royaume interm diai
3. pour rep rer les tapes du processus de la d cou verte Or chacun s accorde pour reconna tre dans le s jour de Freud la Salp tri re un moment tournant Il est facile en effet d en d signer la cons quence massive le virage de la neurologie la psychopathologie mais plus pr somptueux d en d finir les d terminants Je me bornerai a une indication La rencontre Freud Charcot fut d cisive mais faut il dire mais ou parce que limit e dans le temps quelques semaines et circonscrite dans un espace tranger Freud ne fut pas le prot g de Charcot ni m me son l ve Il luti lisa en spectateur attentif et r serv pour en apprendre En apprendre quoi On est frapp quand on lit le Rapport scientifique r dig au retour de Paris par un ton personnel tout a fait inhabituel dans ce genre d exercices Cette impression se confirme avec le texte crit l occasion de la mort de Charcot Freud lui m me semble vouloir faire entendre aux autorit s et par del nous m mes il m est arriv l quelque chose de tr s important qui change tout C tait vraiment tr s bien et pas du tout ce que vous croyez Bien s r nous devons recenser les apports th oriques imm diats d gagement de la n vrose hyst rique du fourre tout des maladies nerveuses d monstration de l existence relativement fr quente de cas d hyst rie masculine ce qui lib re l hyst rie de l tiol
4. ar l hypnose reconstituer par suggestion telle paralysie ou telle anes th sie hyst riques renforcent ses prises sur l tranget du d lire sur le d moniaque de la n vrose Ce qu on a fait on peut toujours le d faire disait il propos de la suggestion hypnotique fantasme d omnipotence qu accr ditaient ses r sultats Pouvoir enfin sur son auditoire qui vient nombreux vari assister m dus aux performances hebdomadaires du Ma tre seigneur de l enseignement oral les Le ons Charcot est riche par son mariage Il habite un h tel particulier celui l et m me singulier par les pr tentions de son d cor boulevard Saint Germain Il donne ce qu on appelle de brillantes r ceptions Il est le m decin consultant des grands de ce monde Il demande des hono raires tr s lev s cela se sait L tonnant est que le c sarisme de Charcot le mot fut dit et la chose illustr e dans un roman Les Morticoles de L on Daudet son go t de la mise en sc ne son autorit magistrale et ce qu elle entra ne de cr dulit scientifique qui suscitaient d j des r serves dans le milieu m dical l tonnant est que tous ces traits ne frappent pas Freud alors m me qu ils n chappent pas aux fervents du Maitre Freud n en a cure Au contraire il souligne la modestie 4 G Guillain J M Charcot 1825 1893 Sa vie son uvre Masson et Cie 1955 2 L on A Daudet Le
5. cription f minine en fran ais du nom de Freud erreur sur les r ves diurnes qu il pr te ce personnage plut t fam lique qui alors qu il d ambule dans la ville s imagine Daudet l appelait du beau nom de l Imaginaire sauvant la vie quelque puissant devenant du coup son protecteur 1 D ot provient donc la r verie se demande Freud quelque temps plus tard qu il a faussement attribu e 4 Daudet Elle ne pouvait tre que mon produit personnel un r ve veill que j ai fait moi m me Paris alors que j avais tant besoin d aide et de protection avant que maitre Charcot m e t introduit dans son cercle Et il ajoute le passage fut supprim dans les derni res ditions de la Psychopa thologie de la vie quotidienne Ce qui me contrarie dans cette affaire c est qu il n y a gu re de repr sentations qui me r pu 1 Cf A Daudet Le Nabab Paris Charpentier 1878 14 Entre le r ve et la douleur gnent autant que la situation de prot g que la position d enfant pr f r favori J ai toujours ressenti un besoin excep tionnellement puissant d tre moi m me l homme fort Il n y a pas non plus que chez les hyst riques que se d ve loppe la disposition au transfert Mais mon propos n est pas de recueillir les miettes r ves souvenirs aveux que Freud nous a livr es de lui m me Nous n avons le droit me semble t il de ne nous en saisir que
6. e creuse sans cesse entre ce que la psychanalyse d couvre de notre fonction nement y compris celui de la pens e per oit de notre mode op ratoire effectif et le type de pens e que nous utilisons pour en rendre compte Nous continuons nous r f rer des cat gories mentales que notre pratique fait pourtant vaciller Les axes de notre discours sur l analyse et m me de celui qui se donne comme suscit par l analyse ne sont pas les axes de notre exp rience d analys et d analyste Cette exp rience est n cessairement d form e comme celle du r ve l est par le r cit Personne ne peut dire l analyse en v rit l crire moins encore Il y faudrait une r forme de l entendement et un bouleversement de l criture l o nous n inventons que des ruses n aboutissons qu des formations de compromis Les crits psychanalytiques 1 Zwischenreich dans une lettre W Fliess du 16 avril 1896 cit e par Max Schur La Mort dans la vie de Freud Gallimard 1975 10 Entre le r ve et la douleur oscillent souvent chez le m me auteur entre le style allusif ou d monstratif le graphe ou le po me la parole se fait pythique ou didactique en appelle au Maitre ou au v cu la mim sis du processus primaire alterne avec la logique de l argument Que d efforts parfois de la part du psycha nalyste pour s assurer et convaincre le lecteur que la th orie qu il d veloppe n est pas le produit d un
7. eurologue d ja confirm fraichement nomm Privat Dozent vient Paris comme l on va un rendez vous pour d couvrir ce qu on ne conna t pas mais que l on pressent de sa vocation Il sait qui s adresser Charcot Il est venu pour lui Quel contraste entre les deux hommes Charcot en 1885 est au fa te de sa gloire gloire que nous avons d autant plus de peine imaginer aujourd hui qu elle correspond une p riode d acm du pouvoir m dical Ce pouvoir Charcot l incarne et l exerce dans tous les domaines Dans celui 12 Entre le r ve et la douleur du savoir le sien est immense pr cis novateur notons que dans la recension de ses travaux par Guillain les recher ches sur l hyst rie occupent un chapitre sur quinze 1 La pre mi re chaire mondiale de Clinique des maladies nerveuses vient d tre cr e pour lui Pouvoir combin du professeur et du mage vis vis de ses l ves qu il fascine et qui le servent avec z le et talent dans la construction de son difice Pou voir combin du thaumaturge et du zoologiste vis vis des malades de son service j allais dire de sa collection car il classe les esp ces diff rencie les p riodes photographie ou grave les mouvements et les poses afin de rendre toujours plus visibles les tableaux cliniques tableaux qu il fait d river de mod les id aux allant de la grande hyst rie aux formes frustes Les possibilit s offertes p
8. l unit de l espace de l criture Tout au plus peut on chercher rendre le lecteur t moin du trajet suivi comme le Rousseau des Confes sions qui tait lui un crivain et sans doute m me celui qui fonda l criture de soi alors que pour un psychanalyste crire n est jamais qu une cons quence et m me un rat de ce qui le travaille 31 d cembre 1976 Entre Freud et Charcot d une sc ne l autre Il ny a pas que les hyst riques qui souffrent de r minis cences Un matin d octobre 1885 Freud arrive Paris I descend dans un petit h tel quidistant du Panth on et de la Sor bonne Il y vivra cing mois Pauvre il n a pour ressources que sa bourse d tudes Chaste en d pit du clich de l poque qui associe Paris et aventures faciles Solitaire il se prom ne dans une ville dont il ignore la langue parl e dont les usages et la foule le d concertent Il passe parfois de longs moments r fugi en haut des tours de Notre Dame Il va au th tre ah la voix de Sarah Bernhardt avec un ami m decin russe qu il a retrouv par hasard Il visite les salles d Anti quit s du Louvre ah les statuettes Il crit de longues lettres sa fianc e tout tour m lancoliques et exalt es Qu est il done venu chercher Du nouveau Il veut je le cite apprendre du nouveau qu il dit ne plus atten dre de l Universit germanique Ce m decin de vingt neuf ans n
9. mage de ce qui se serait dit ailleurs ou autrefois A un p le le r ve prototype des forma tions de l inconscient o les v ux contradictoires de len fance peuvent la fois s accomplir et se donner d chiffrer le r ve objet d angoisse et de ravissement de nostalgie et d analyse A l autre p le la douleur qui brouille les fronti res du corps et de la psych du conscient et de l in conscient du moi et de l autre du dehors et du dedans la douleur aux limites de l analyse assur ment mais au centre m me absent de notre parole br che colmat e que l preuve du deuil et de la folie peut toujours rouvrir Chaque psychanalyste pourra choisir d autres rep res pour marquer cette bipolarit et en changer avec le cours de son exp rience et de sa r flexion Mais il est rare qu elle soit absente Chez Freud en tout cas on la retrouve toujours l uvre mais chaque fois dans un contexte th orique diff rent Pour n en donner que quelques chantillons c est d abord l opposition sans doute trop radicale mais fermement soutenue tout au long entre les n vroses actuelles qui t moignent d un d faut d laboration psychique et les psychon vroses qui supposent l instauration d un espace sc nique o se joue le conflit ce sera plus tard l oppo sition entre la rem moration et la compulsion de r p tition et celle qui lui est corr lative entre une n vrose de trans fert reduplicati
10. nsid rer l affection d une fa on pour ainsi dire permanente car les vides qui se font avec le temps dans telle ou telle cat gorie sont bient t combl s Nous sommes en d autres termes poursuit il en pr sence d une sorte de Mus e pathologique vivant dont les ressources sont consid rables Espace plein par cons quent et quasiment in puisable qu il appartient au m decin de d couper Le d coupage en b timents au sein de ce lieu du grand renfermement Michel Foucault qu tait l origine la Salp tri re devait id alement coincider avec le d coupage en entit s soigneusement diversifi es par une inspection des signes cliniques toujours plus raffin e La sectorisation est ici nosographique Charcot h ritera du Quartier des pileptiques simples o coexistent avec les dommages que l on devine pour la th orie et pour les malades attaques pileptiques et crises hyst riques Voici donc Charcot enferm avec ses hyst riques Il en connait il en d piste parfois les simulations mais en m connait n ces 1 Cf J A Miller et coll Some aspects of Charcot s influence on Freud Journal of the American Psychoanalytic Association 1969 n 2 pp 608 623 2 Mots soulign s par moi 46 Entre le r ve et la douleur sairement les simulacres En effet ses malades sont soumises l acuit et au charme envo tant de son regard tant vant et par Freud lui m me il tait un carica
11. ogie ut rine traditionnelle conception de l hyst rie traumatique conjonction du trauma 1 Cf S Freud Rapport sur mes tudes Paris et Berlin 1886 S E vol I pp 3 15 2 Cf S Freud Charcot S E vol II pp 9 23 Entre Freud et Charcot 45 et d un tat naturel proche de l tat hypno de de Breuer dans l closion du sympt me etc 1 Mais l essentiel n est pas dans l ordre du savoir il ne tient pas non plus dans une relation qui ne fut jamais passionnelle sut rester de part et d autre distante Je dirai que l essentiel tient en ceci un nouvel espace s ouvre Freud Mais il s ouvre en creux car il ne figure pas chez Charcot qui en dessine les contours par exclusion Or c est pr cis ment dans cette exclusion que r side la collusion la connivence secr te des refoulements entre la m decine scientifique et la sympto matologie hyst rique J emploie dessein ce terme d espace Il est partout pr sent dans le projet de Charcot et il l est diff rents niveaux Espace de l h pital d abord Quand Charcot est nomm en 1862 m decin de l hospice de la Salp tri re qui renferme alors cinq mille personnes il en parcourt avec son ami Vulpian toutes les salles il prend des centaines d observations et il peut crire ces lignes tonnantes Les types cliniques s offrent l observation repr sent s par de nombreux exemplaires qui permettent de co
12. on de la n vrose infantile et d un agir o l infantile se pr sentifie plus qu il ne se repr sente c est Apr s coup 9 Popposition entre la libido d objet et la libido narcissique qui recoupe largement celle qu impose la clinique entre une probl matique cedipienne et une probl matique du moi entre la castration et la perte le manque et le vide Enfin l entrelacement des pulsions de vie et des pulsions de mort vient inscrire la bipolarit dans ce qu il y a de plus originaire Mais la pens e freudienne pens e dualiste s il en fut pens e du conflit et du couple d oppos s ne se laisse pas enfermer dans un ou bien ou bien Notre royaume est celui de l entre deux a pu dire Freud dans le temps m me o il inventait l analyse Les concepts sans quoi il wy aurait pas la moindre prise possible bougent dans l uvre parce qu ils renvoient effectivement une mobilit au sein de la r alit psychique C est notre propre difficult penser hors des cadres d une logique discursive qui fige les opposi tions De m me l orientation nosographique a beau tre indispensable pour d gager des structures hors d un conti nuum elle tend n cessairement accuser les traits des tableaux cliniques c est ainsi qu on parle aujourd hui de personnalit s narcissiques en m connaissant qu aucune personnalit ne saurait se constituer et se maintenir sans apports et stockages narcissiques L cart s
13. paissa eg de e a L INCONSCIENT J B PONTALIS Entre le r ve et la douleur amp a KZ 4 8 Ons Gas Extrait de la publication Extrait de la publication Extrait de la publication COLLECTION CONNAISSANCE DE L INCONSCIENT dirig e par J B Pontalis Extrait de la publication J B PONTALIS Entre le r ve et la douleur arf GALLIMARD Tous droits de traduction de reproduction et d adaptation r serv s pour tous les pays ditions Gallimard 1977 APR S COUP D cider de rassembler en un livre quelques uns des textes qu on a pu crire au cours des ann es pr c dentes est moins contingent qu il ne para t Pour chacun d eux il est ais d invoquer la pression des circonstances un num ro de revue un congr s un colloque une pr face ce qu on appelle des travaux de commande m me si bien entendu celui qui passe commande et celui qui l ex cute sont au bout du compte le m me Mais un livre du moins pour l auteur c est autre chose surtout paradoxalement quand il est fait pour une large part de travaux d j publi s C est laisser entendre aux autres et soi qu un certain parcours s ach ve c est escomp ter qu un autre parcours qu on doit bien pressentir sans pouvoir le tracer par avance a des chances de s ouvrir Quand j aurai remis ce manuscrit l diteur je suis s r que je vais me mettre ranger En revanche le trajet effec
14. ppareil concret de refoulement a pour fonction de remettre la chose sa place De lui interdire pour un temps au moins d errer de se d placer et d exercer ses ravages Le primat du spatial intervient aussi faut il le rappeler dans la m thode anatomo clinique et dans la th orie des localisations c r brales qui triomphent l une et l autre en cette seconde moiti du si cle m thode et th orie dont Charcot fut un des ma tres dans ses travaux neurologiques et qu il tenta tout naturellement de transposer l tude des n vroses Elles guident sa cartographie des zones hyst rog nes pr figurant les zones rog nes points d excitation du corps de l hyst rique Il faut regarder conjointement ces planches topique sexuelle qu on pourrait servir au pervers comme mode d emploi face ventrale face dorsale Enire Freud et Charcot 47 c est tout programm et les admirables photographies publi es partir de 1876 dans l conographie photographi que de la Salp tri re r pertoire comme on dit r les du r pertoire des phases et attitudes de l hyst rique plastique de l rotisme Quelques titres tr s fin de si cle extase crucifiement supplication amoureuse appel menace moque rie Planches et photographies une fois mises en parall le nous donnent les deux versants perceptibles de l espace du corps de l hyst rique la surface la peau et le geste qui convo
15. que l autre dans le champ du regard L espace psychique est le grand absent I faudra que Freud parcoure tout un chemin avec ses obstacles ses emb ches et ses pi ges pour le constituer cet espace et pour le diff rencier Il lui faudra reconna tre dans la conver sion m taphore spatiale non pas comme on l a cru la forme effectivement pr valente de l hyst rie mais le mod le de son m canisme qu il y ait ou non sympt mes somatiques Cela supposait qu une conversion pr cis ment soit op r e dans l approche et le traitement de l hyst rie les ressorts n en seront plus cherch s directement dans les lieux du corps mais dans l agencement du fantasme avec ses lois spatio temporelles propres non plus dans le tableau gestuel offert et fig mais dans les positions identificatoires variables multiples et cach es Enfin Freud devra difier parall lement la topique de l appareil psychique et inventer la situation analytique Situation laquelle on a pu reprocher d tre rituel obsessionnel ou refuge phobique mais assur ment pas d tre provocation hyst risante Entre la sc ne toute visuelle de la consultation de Charcot et l Autre Sc ne invisible du cabinet de Freud entre l espace trop plein et l espace trop vide la rupture est consomm e Elle est irr vocable 4 Cf Bourneville et R gnard Iconographie photographique de la Salp tri re 3 vol Paris Delahaye 1873 1880 Extrait de
16. re Variantes de l entre deux ou de l entrelacs entre le masculin et le f minin entre le r ve objet et le texte r ve entre le savoir et le fantasme entre Penfant et l adulte entre la vie et la mort entre l absence et la pr sence Ce livre ne laisse gu re la parole la sorci re m tapsycho logie C est qu il voudrait contribuer renouveler l intuition sous jacente aux topiques de Freud et d apr s Freud celle d une pluralit d espaces psychiques aux fronti res mouvantes et la rendre sensible dans le vif du sujet nr 7 Be Extrait de la publication
17. s Morticoles Paris Charpentier 1894 Entre Freud et Charcot 13 la sinc rit le respect de opinion d autrui dont ferait preuve Charcot Des ann es plus tard dans l Histoire du mouvement psychanalytique dans Autobiographie la dette de reconnais sance demeure inchang e C est le m me ton que celui de la notice n crologique de 1895 On a dit que Freud avait id alis Charcot et que cette id alisation lui avait servi 4 se d gager de ses premiers mai tres Br cke et Meynert on a sugg r qu il avait r trospec tivement embelli son s jour Paris pour mieux projeter dans Vienne parfois aux d pens de la r alit des faits le mauvais objet L ambivalence envers Charcot est en effet manifeste Freud donnera son fils a n le pr nom de Jean Martin mais il traduira les Le ons de J M Charcot en y annexant sans l en aviser des commentaires souvent fort critiques Que sa relation avec Meister Charcot ait t prise dans la configuration dipienne et soit donc riche de significations conflictuelles cela est indiscutable et fut discr tement r v l par Freud lui m me Je fais allusion ici la param n sie touchant un personnage d un roman de Daudet le p re cette fois qui tait un ami de Charcot roman intitul comme par hasard Le Nabab Dans L Interpr tation des r ves Freud commet une double erreur Erreur sur le nom il l appelle M Jocelyn au lieu de M Joyeuse trans
18. tu se laisse lui plus facilement d finir Le titre donn ce volume l nonce apr s coup Entre le r ve et la douleur c est d abord tout simplement ce qui correspond la succession des textes les premiers portant sur le r ve le dernier sur la douleur Cet ordre ne respecte pas la stricte chronologie des publications un tel respect m e t paru arbitraire le temps de l criture comme celui de l analyse n tant pas lin aire une spirale plut t mais qui irait se rapprochant de son point fixe Ob ir aux r gles d une exposition logique revenait faire un autre ro livre dont je suis incapable et qui e t t l oppos de 8 Entre le r ve et la douleur ce qu il peut y avoir dans ces pages de traces d une activit de pens e psychanalytique faite d intuitions qui s effacent et se retrouvent de reprises et de surprises la pens e au travail sur ce qui tout la fois la nie et la r clame Si plan il y a c est donc seulement celui qui a ma pr f rence et que je propose au lecteur Entre le r ve et la douleur c est aussi ce qui m apparait comme le champ de l exp rience analytique dans son oscil lation permanente entre ce qui peut se dire d plac censur ni mais se dire ou ce qui peut se repr senter travesti tronqu trompeur mais se mettre en sc ne et ce qui doit se taire ou se crier pour tre entendu il y a du non dit qui n est pas simple gom
19. turiste remarquable et un grand amateur d art mais Charcot ignore qu il est lui aussi soumis la mise en sc ne complaisante de leur d sir Et ce n est pas rien le d sir de l hyst rique surtout s il est d sir de rien Consid rons la fameuse Le on clinique du docteur Charcot peinte par Pierre Andr Brouillet en 1887 D un c t de la salle les assistants Freud n est pas du nombre de l autre entre Charcot et Babinski qui ruinera plus tard l difice du Ma tre la patiente surnomm e la reine des hyst riques Dans l angle sup rieur gauche du tableau une planche repr sentant la p riode de contor sions ici Parc de cercle de la grande crise hyst rique p riode que la patiente pr sent e est pr cis ment en train de vivre ou de figurer parfaite circularit de la sc ne o tous les personnages et jusqu aux feux de la rampe la lumi re projet e travers les hautes fen tres sont en place Qui ordonne qui agence la composition le ma tre glabre ou la reine des hyst riques d faillante et d nud e pr te r p ter la sc ne reproduire le tableau pourvu que ces Messieurs soient l Si les choses allaient trop loin il restait toujours la possibilit de recourir au compresseur d ovai res Apr s tout le professeur sait reconna tre bas bruit Pimpuissance de son savoir C est toujours toujours la chose g nitale Et le compresseur cet a
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