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Le concepteur et les matériaux de construction.

1. bien des gards la critique envisag e sur le mode imp ratif montre vraisemblable ment les signes d un certain puisement Comme le dit Latour avec une certaine ironie il y a comme un effet de d flation de la critique Celle ci serait devenue trop bon march trop peu engageante on peut se procurer une d sillusion baudrillardienne ou bourdieusienne pour presque rien une d construction derridienne pour trois sous Les th ories du complot ne co tent rien produire l incr dulit est facile la d mythification est enseign e en licence C est sans doute pour des raisons peu pr s semblables que Heinich et de nombreux autres enjoignent la sociologie d abandonner ses penchants normatifs et appellent les chercheurs en sciences sociales cesser d affirmer que la soci t devrait tre plus ceci ou moins cela Ce point de vue ce n est pas unanimement partag puisque certains auteurs maintiennent qu il faut tenir la critique C est un avis que je partage dans les grandes lignes condition toutefois d envisager la critique selon son versant plus subjonctif qui s av re quelque peu diff rent de cette premi re orientation imp rative En conjugaison le subjonctif renvoie un mode qui est employ selon le Gr visse lors qu on marque que le fait que l on nonce est situ non sur le plan de la r alit mais dans le champ des choses simplement envisag es non existan
2. Le chapitre pr c dent a montr l importance d un travail sur les dispositifs d articulation qui se d ploient tout au long de la trajectoire des mat riaux de construction Ce sont eux qui as surent la pr sence des mat riaux au sein des circuits de l conomie mat rielle Il a montr aussi que ces dispositifs cristallisent des enjeux normatifs et des projets politiques sensiblement diff rents voir divergents La pr sentation des cas de figure des mat riaux alternatifs a fait appa 199 Viollet le Duc Histoire d une maison 1873 pour l d originale Gollion Suisse Infolio ditions coll Archigraphy Poche 2008 p 74 75 Chapitre 5 Normativit s des dispositifs d articulation ra tre ce qui se pr sente comme un conflit entre des arri re plan normatifs contradictoires Ce chapitre va se plonger de plus pr s dans l claircissement de ces questions Et si les standards de l conomie mat rielle s adaptaient aux mat riaux alternatifs et pas l inverse Jusqu ici la construction du propos de cette recherche reposait sur l id e implicite que les mat riaux doivent tre quip s de fa on r pondre aux exigences r glementaires M me dans les exemples qui viennent d tre donn s sur la terre paille et la pierre massive et juste avant sur les l ments de r emploi il tait question de s int resser aux tactiques qu ont utilis les pro moteurs de ces mat riaux alternatifs pour rendre leur utili
3. Les dix pages de d veloppement permettaient bien s r de r pondre par la n gative le sapin blanc fran ais n a pas rougir face son homologue nordique Rouger F et Guinard D Les Bois scandinaves sont ils sup rieurs aux bois fran ais Quelle est la r alit Revue Foresti re Fran aise 2005 vol 1 pp 85 94 Le protectionnisme ne se joue pas uniquement dans une comp tition entre nations Des tensions similaires se retrouvent tous les niveaux de pouvoir parfois jusqu l chelle r gionale Ainsi une commission nationale du BNBA a t amen e discuter un point consistant modifier les crit res pour l pic a de Sitka en annexe C suite l largissement de l tude de caract risation de cette essence l ensemble de la France et pas seulement la Bretagne cf Bureau de Normalisation Bois et Ameublement BNBA et Institut Technologique For t Cellulose Bois construction Ameublement FCBA Structure en bois et bois de structure Rapport de situation de la normalisation op cit p 9 69 70 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle principe somme toute assez vague qui oriente plus ou moins fermement les d cisions qui se prennent lt sous les processus d harmonisation la disparit des int r ts gt Ce qui se joue aussi ici c est que les normes dites harmonis es ne le sont qu au prix d un tra vail intense Derri re l aspect liss
4. tesque r serve de ressources exploiter les groupes d tudiants amateurs de la nature ou encore les scientifiques qui tablissent les classifications botaniques de la flore tropicale Au cours de ses recherches Tsing a suivi certains l ments issus du paysage des Monts Me ratus son terrain de pr dilection travers toute la cha ne qui les transforme progressivement en marchandise En tant qu anthropologue ce qui l a tout particuli rement int ress c est de consid rer chacune des tapes de cette cha ne comme une ar ne de production culturelle sp cifique La coupe du bois dans la for t indon sienne donne lieu des pratiques et des agen cements bien particuliers qui ne sont pas tout fait identiques ceux de l entreposage ou du transport pour ne citer que trois instantan s pris sur l ensemble de la cha ne Dans une pers pective finalement assez mat rialiste elle tente de faire appara tre la marchandise comme le produit du travail et cherche montrer que ce travail est lui m me quelque chose d minem ment situ et travers par de nombreuses logiques largement d pendantes du paysage pour re prendre ses termes c est dire des agr gats d acteurs humains et non humains qui sont impli qu s dans la situation en question Pour Tsing bien que le capitalisme soit parvenu un degr de globalit probablement incomparable autrement dit que la marchandise ait tendu son r gne et sa logiq
5. cole d architecture de Grenoble 2005 FERRY Jean Marc Les grammaires de l intelligence Paris Les ditions du cerf coll Passages 2007 FLIPO Fabrice Nature et politique Contribution une anthropologie de la modernisation et de la globalisation Paris ditions Amsterdam 2014 FORTY Adrian Concrete and culture a material history London Reaktion 2012 FOSTER John Bellamy Marx cologiste traduit par BLANCHARD Aur lien GROSS Jos phine et NORDMANN Charlotte 2009 pour l d originale en anglais Paris ditions Amsterdam 2011 FOUCAULT Michel JI faut d fendre la soci t Cours au Coll ge de France 1975 1976 Seuil 1997 FOUCAULT Michel Histoire de la folie l ge classique Paris Gallimard coll Tel n 9 1976 GAILLARD Christian NICK Philippe VIDAL Monique et L VY GRANGE Mich le L architecte lui m me et les autres Presses Universitaires de Grenoble 1973 GARCIER Romain One cycle to bind them all Geographies of nuclearity in the uranium fuel cycle ALEXANDER Catherine et RENO Joshua dir Economies of recycling The global transformation of materials values and social relations Londres New York Zed Books 2012 pp 76 97 G B L an 01 On arr te tout on r fl chit et c est pas triste 1970 pour la premi re parution Paris Gallimard coll Folio 1975 GENARD Jean Louis Expliquer comprendre critiquer SociologieS 6 juillet 2011 G
6. comme le fran ais d Ile de France qui s est vu promu au rang de langue rel guant les autres langues parl es ailleurs en France au sta tut de patois tant t d un bricolage empruntant des fragments l ensemble des l ments pr existants comme dans le cas de l Esperanto un melting pot fabriqu de toutes pi ces partir des principales langues europ ennes Dans le cas de la r glementation sur la commercialisation des mat riaux de construction les l ments pr existants correspondent toutes les r glementa tions nationales qui taient en vigueur au sein des tats membres avant que ces comp tences ne soient prises en charge au niveau europ en C est entre autres partir d elles que le nouveau r glement a t mis en place dans une tentative de les harmoniser et de les appliquer l chelle de l Europe enti re Enfin une fois tout ce travail d harmonisation effectu il reste se mettre d accord sur un proc d permettant d en rendre compte C est ce que repr sente le marquage CE un cachet marquant litt ralement les marchandises et indiquant leur droit circuler l gitimement au sein des circuits europ ens de l conomie mat rielle Histoire d une poutre Pour explorer la fa on dont ce r glement formate les circuits de l conomie mat rielle euro p enne je propose de suivre un l ment de construction assez modeste Une poutre en bois me 55 La limite g ographique est ici plut
7. l inverse si le revendeur pr cise qu il s agit de briques de r emploi pour murs de parement il se pro t ge d un retour du client si celui ci rencontre un probl me en mettant autrement en uvre ces briques Le produit doit tre propre aux usages auxquels servent habituellement les biens du m me type Cette obligation tr s ouverte vise surtout se pr munir contre les v ri tables escroqueries Si un vendeur revend par exemple une chaudi re d occasion qu il pr sente comme fonctionnelle mais qui en r alit s av re n tre qu une plaque de t le imitant la fa ade d une chaudi re sur une bo te vide il y a videmment un vice de conformit 141 Service public f d ral conomie P M E classe moyenne amp nergie La garantie l gale Vous y avez droit Brochure d informations publi e par le service public f d ral conomie destin e renseigner les consommateurs sur leurs droits en mati res de garantie l gale 2013 115 116 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle Enfin le produit doit offrir les prestations et les qualit s auxquelles le consommateur peut raisonnablement s attendre eu gard la nature du bien et compte tenu des d cla rations du vendeur L encore il s agit d une formulation qui engage le vendeur tre la hauteur de ce qu il annonce sur un produit donn S il pr tend vendre des briques bonnes pour construire
8. Chapitre 7 De maillon en maillon jusqu aux concepteurs Rotterdam New York via Yaound Cette section de la recherche s int resse un n ud sp cifique des circuits de l conomie ma t rielle les concepteurs Maillon essentiel de la cha ne d actions qui m ne un mat riau de son site de production son site de mise en uvre les concepteurs ne touchent pourtant que tr s ra rement les mat riaux de construction en tant que tels En revanche ils exploitent une s rie de dispositifs qui ont rendus les mat riaux utilisables dans leur espace de travail Ce chapitre illustre ceci travers un r cit portant sur la trajectoire controvers e d un bois tropical lt divisions du travail gt La sc ne se passe Rotterdam dans une agence d architecture renomm e Assis une longue table occup e par une douzaine de postes de travail un jeune stagiaire s active devant son ordinateur Dans quelques heures aura lieu un mee ting avec toute l quipe en charge de l am nagement d un magasin de luxe New York Le chef de projet tr s occup en ce moment n a que quelques heures consacrer au suivi de ce projet La r union doit permettre d arr ter une s rie de d cisions afin que le travail puisse continuer Le jeune stagiaire se d p che de finir quelques photomontages Lors de la derni re r union d quipe on lui a confi la t che d effectuer une re cherche sur les mat riaux qui pourraient tre utilis s pour l
9. Encore une fois il semble n cessaire de garder cette pluralit en t te lorsqu on s int resse aux circuits de l conomie mat rielle sous peine de ne pas en comprendre toutes les subtilit s Lorsque Latour et L pinay remettent Tarde au go t du jour ils cherchent entre autres choses d passer une approche sociologique qui renverrait l en semble des actions de froids calculs d int r ts La notion d attachement permet de mieux rendre compte de l exp rience de l conomie de l change de la mise en mouvement qui im plique beaucoup de passions d motions de chaleur 205 Boltanski L et Th venot L De la justification op cit p 381 386 206 F d ration Fran aise du B timent et Conseil de l Artisanat Artisans de notre avenir Le manifeste des artisans du b timent Bouxwiller France Vetter 1999 p 28 33 207 Latour B et L pinay V A L conomie science des int r ts passionn s Introduction l anthropologie conomique de Gabriel Tarde ditions La D couverte 2008 208 Marx K Le capital Le proc s de la production du capital op cit p 56 81 209 Latour B Enqu tes sur les modes d existence op cit p 420 sq 171 172 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation cet gard les quelques exemples voqu s dans les chapitres pr c dents semblent bien indi quer que les circuits de l conomie mat rielle sont effectivement travers s par des int r ts des
10. LEGRAND Christian Quelles solutions pour le recyclage des d chets du b timent Questions et r ponses Les dossiers du CSTC troisi me trimestre 2005 vol 3 LESSIG Lawrence Free Culture The Nature and Future of Creativity New York Penguin Books 2005 LEVINSON Marc The box how the shipping container made the world smaller and the world economy bigger Princeton New Jersey tats Unis Princeton University Press 2008 LOUMAYE Fr d ric Les r gles de l art l innovation et le choix des mat riaux COLL GE DES EXPERTS ARCHITECTES DE BELGIQUE CEAB dir Le monde des finitions Table ronde le 6 mai 2011 Coll ge des experts architectes de Belgique 2011 pp 68 81 L wY Michael dir Qu est ce que l cosocialisme cologie et socialisme Paris ditions Syllepse coll cologie et politique 2005 pp 93 107 MANDEL Ernest Le troisi me age du capitalisme Paris Union g n rale d ditions coll 10 18 3 vol 1972 1976 MARCOM Alain Construire en terre paille Mens France Terre vivante 2011 MARTINEZ Daniel Carnets d un int rimaire Marseille France Agone coll M moires sociales 2003 MARX Karl Le capital Le proc s de la production du capital suite traduit par ROY J 1867 Bibliographie 311 pour l d originale en allemand Paris Alfred Costes diteur coll uvres compl tes de Karl Marx 1950 vol 2 14 MARX Karl Le capi
11. Les petites taches de calcites qui apparaissent la surface des pierres par exemple ne sont pas comptabilis es si la pierre est destin e un usage dans la cat gorie technique elles sont tol r es dans un b timent courant condition que chaque tache ne d passe pas 1 dm et que la somme de la surface de toutes les taches dans une surface carr e d 1 m de c t ne d passe pas 3 dm Dans la cat gorie des b ti ments exceptionnels ces chiffres sont plus stricts encore chaque tache ne peut d passer 0 25 dm et la surface totale des taches ne peut pas d passer 0 75 dm toujours dans un carr 167 En d autres termes en fonction de leurs taches de calcite des l ments d un m tre de c t en pierre appartiendront ou non au sous ensemble pierre bleue de Belgique dite petit granit d ge g ologique tournaisien destin e la construction de b timents exceptionnels L exemple des t ches de calcite n est qu un facteur parmi d autres influen ant la d finition de ces diff rents sous ensembles L apparition de traces de calcite la surface d une dalle est un ph nom ne totalement al a toire et impr visible Statistiquement sur un tr s grand nombre d chantillons la distribution des traces de calcite devrait se calquer grosso modo sur une courbe de Gauss cela signifie qu il y a un tr s petit nombre de dalles qui contiennent une quantit extr me de taches soit que la dalle en soit pratiquement recouv
12. mais aussi leur caract re contradictoire gt 172 lt et leur difficult tre bien repr sent s gt 173 Un point d inflexion dutravail sasinen iin aa aaia aiaa 175 lt ass mer la NormatiVt Srnie a a a ei 175 lt une orientation pist mologique critique gt 177 lt le versant subjonctif de la critique gt 179 Caract riser le r gime normatif dominant de l conomie mat rielle 182 lt rendre g n rique le sp cifique gt ss 182 lt les int r ts pr dateurs des voix qui en font taire d autres gt 185 lt la rationalit des indicateurs gt Des hackeurs tacticiens un d tour par les principes de l Open source 196 N gocier les dimensions r glementaires r gles de l art vs normes techniques 199 lt d finition juridique des r gles de l art gt lt les r gles de l art un outil contractuel mall able gt lt les normes techniques une pr cision double tranchant gt lt distribution des comp tences 1 gt ss lt rr bref flash back gt zassainnasnnniaMainennainninenminnthinaiiinann lt distribution des comp tences 2 gt iii lt les r gles de l art de l exp ri
13. pour nier les souffrances de la population ouvri re qui l entoure est aussi peu ou tout autant influenc dans sa pratique par la perspective de la pourriture de l humanit et finalement de sa d population que par la chute possible de la terre sur le soleil Dans toute af faire de sp culation chacun sait que la d b cle viendra un jour mais chacun esp re qu elle emportera son voisin apr s qu il aura lui m me recueilli la pluie d or au passage et l aura mise en s ret Apr s moi le d luge telle est la de vise de tout capitaliste et de toute nation capitaliste Si l on reprend les arguments d une telle critique une lourde responsabilit repose effective ment sur les paules de celui qui d clenche la mise en branle de toute la cha ne de correspon dance ici le bin me commanditaire concepteur Le cas de figure du z brano sugg re en effet que les d cisions prises lors de la phase de conception poss dent un caract re quasiment irr ver sible C est durant cette phase que se prennent des choix qui engagent tout le processus C est donc ce moment que le maximum de pr cautions devraient tre prises et que toutes les issues devraient tre examin es avec soin Ceci tant j ai tent de montrer que la cha ne de correspon dance qui m ne vers ce que les activistes appellent explicitement un crime est encore tr s t nue au moment de la conception Elle s actualise de plus en plus fermement lors de son passag
14. verken in halfsteensverband Voor deze stenen is wildverband het meest aar ewezen verbar Om er voor te zorger lat de aannemer de kwart halve en driekwartstenen die nodig zijn om het w erband uit te voeren niet allemoal 2 eten kappen hebben wij reeds bij bepaalde soorten een aantal kwart halve en driekwartstenen in de pakken voorzien mag niet gesorteerd worden Alles wat zich in de pakken bevindt zowel de k t halve driekwartstenen de me le dikke stenen alsook de ruwe en geschonden stenen moeten vermetst worden Slechts dan bekomt u hetzelfde resultaat als gezien en gekozen in onze toonzaal m de stabiliteit van de pakken niet in het gedrang te brengen worden de 1 4 de 1 2 en 3 4 stenen in het midden van d pakken voorzien waardoor deze bij de levering niet zichtbaar zijn Bij het niet toepassen var het wildverband en de zware voeg zal men dan ook de kwart de halve en de driekwart stenen venals de dikke en kromme stenen niet allemaal kunnen gebruiken De rgeli ke overschotten wegens het niet nakomen van nze verwerkingsadviezen worden nooit vervangen of teruggenomen Men zal dan ook niet alleen een overschot krijgen van de niet gebruikte halve driekwart dikke en kromme stenen maar ardoor k een tekort hebben van volledige stenen Tijdig bijbestellen is dan noodzakelijk een mooi reli f en een grillige vorm in het metselwerk te bekomen dat de klasse en de charme van het verlei ichtig rgech moeten er h
15. CINGOLANI Patrick Crise de transmission et renouvellements militants B ROUD Sophie et BOUFFARTIGUE Paul dir Quand le travail se pr carise quelles r sistances collectives Paris La Dispute 2009 pp 205 221 CNUDDE Catherine MAJOT Jean Pierre et HAROTIN Jean Jacques Pierres et marbres de Wallonie Archives d Architecture Moderne 1987 Collectif Le Catalogue des ressources Paris ditions Alternatives et Parall les 3 vol 1975 Bibliographie 303 1977 CONSEIL NATIONAL DE L ORDRE DES ARCHITECTES DE BELGIQUE R glement de d ontologie 1983 Disponible en ligne l adresse suivante http ordredesarchitectes be files 7713 8918 7547 Rglement_de_dontologie_du_16_dcembre_ 1983_tabli_par le _Conseil_national_de_1Ordre_des_Architectes pdf COPRO ASBL R glement d application d usage et de contr le de la marque Benor dans le secteur des granulats recycl s produits sur site fixe Copro Organisme impartial de contr le de produits pour la construction 2012 CORSANI Antonella et LAZZARATO Maurizio Intermittents et pr caires Paris ditions Amsterdam 2008 CRA TERRE DOAT Patrice HAYS Alain HOUBEN Hugo MATUX Silvia et VITOUX Fran ois Construire en terre Paris Editions Alternative et Parall les 1979 CUSSET Fran ois French theory Foucault Derrida Deleuze amp Cie et les mutations de la vie intellectuelle aux tats Unis 2003 pour l d originale Paris La D couverte 2005
16. Cambridge Mass tats Unis Blackwell 1989 HEINE Sophie Quel renouvellement possible de l articulation entre mat rialisme et id alisme Mouvements printemps 2011 vol 65 pp 160 175 HEINICH Nathalie Une ou plusieurs sociologies SociologieS 27 janvier 2012 HENNION Antoine Those Things That Hold Us Together Taste and Sociology Cultural Sociology 2007 vol 1 n 1 pp 97 114 HERMANT Emilie Clinique de l infortune La psychoth rapie l preuve de la d tresse sociale Paris Les emp cheurs de penser en rond 2004 HIRSCHMAN Albert O Les passions et les int r ts justifications politiques du capitalisme avant son apog e traduit par ANDLER Pierre 1977 pour l d originale en anglais Paris Presses universitaires de France coll Quadrige 2011 D HOOP Ariane Concevoir un lieu de soin en psychiatrie une construction collective titre provisoire Th se de doctorat Facult d architecture La Cambre Horta de l Universit libre de Bruxelles Bruxelles d p t pr vu en 2016 HORKHEIMER Max et ADORNO Theodor W La dialectique de la raison traduit par KAUFHOLZ liane 1944 pour l d originale en allemand Paris Gallimard 1983 HOUDART Sophie et THIERY Olivier Humains non humains comment repeupler les sciences sociales Paris La D couverte 2011 HOULSTAN HASAERTS Rafaella et LAKI Giulietta Les objets planologiques en d placement Vers une jurisprudence
17. Le sens commun 2010 vol 1 3 p 169 et 213 sq 177 178 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation peuvent effectivement tre associ es une grammaire des pronoms qui renvoient eux m mes diff rents types d investissements vis vis de l objet conna tre Ainsi la question pour quoi peut tre entendue de trois fa ons distinctes dans une perspective objectivante d iden tification des causes renvoyant au pronom Il dans une perspective de compr hension des rai sons et des motifs renvoyant au pronom Tu mais aussi avec un arri re plan normatif portant sur l engagement de la personne et renvoyant donc au pronom Je comme lorsqu on demande mais pourquoi as tu fait a en sous entendant pourquoi ne l as tu pas fais autrement Je pense que ton action n tait pas la bonne L int r t de ce passage par la grammaire des pronoms c est qu il montre que ces trois orien tations sont fondamentalement exclusives Il est par exemple impossible qu une m me r ponse la question pourquoi s inscrive en m me temps dans une orientation compr hensive et cri tique En ce sens la coupure le long d un m ridien qu effectue Heinich sur son planisph re des sociologies semble bien renvoyer cette antinomie qui sur un plan logique peut tre ramen e une diff rences entre les raisons et les causes entre une explication rationnelle ou normative des actions humain
18. Made by the Office for Metropolitan Architecture An Ethnography of Design 010 Uitgeverij 2009 Chapitre 8 Prescripteurs Monopoles disciplinaires et prescription Dans le d but de ce chapitre j ai d velopp cette proposition de consid rer les architectes comme des prescripteurs de mat riaux J y voyais une fa on de d crire une partie significative des activit s des concepteurs tout en ne figeant pas celles ci dans un mod le trop d fini ce qui tait une mani re de tenir compte des exigences amen es par le tournant pragmatiste dans les science studies et leurs prolongements dans la sociologie des pratiques architecturales Cela cor respondait une mani re de prendre acte de l ind termination croissante du r le de l architecte que les sociologues de l architecture se sont attach s montrer Dans la partie qui va suivre je voudrais explorer les versants plus critiques de cette proposition En insistant sur la dimension prescriptive de l activit architecturale je cherche galement attirer l attention sur les sp cifici t s de la position des concepteurs au sein d assemblages donn s Il est int ressant d effectuer un bref aper u historique de l mergence de cette figure profes sionnelle du prescripteur afin de mieux en mesurer les potentiels effets J ai d j eu l occasion de d velopper un pan de cette question dans un paragraphe de la section ant rieure o je montrais comment l apparition historique de
19. corce terrestre Chapitre 4 L laboration des dispositifs m diateurs lt crit res techniques crit res esth tiques gt C est dans une deuxi me partie du fascicule que l on retrouve une d finition plus pr cise du mat riau pierre bleue Elle y est en effet d finie comme un calcaire d origine s dimentaire r sultant de la fossilisation et de l accumulation d innombrables d bris d encrines et de crino des ciment s par une gangue microgrenne de vase calcaire le min ral dominant environ 96 est le calcite Les encrines sont un organisme particulier de la classe des crino des que l on voit donc r appara tre comme l ment constitutif dans la d finition du mat riau cette d finition du mat riau s ajoute un tableau reprenant quelques unes des particularit s d aspect de la pierre Au del des fossiles qui permettent l identification de la provenance de la pierre celle ci fait galement appara tre d autres traces comme des lim s blancs galement appel s veines ou fils ce sont des traces de fractures qui ont t ressoud es par des min raux en l occurrence de la calcite si la trace est blanche des taches de calcite blanches ou des terrasses qui sont galement un type particulier de fissure ressoud e dans la structure de la pierre Contrairement aux donn es de la premi re partie qui tablissaient des crit res d ordre tech nique les sp cifications touchent ici des qu
20. il ne peut pas vendre des l ments extr mement fragiles et friables Du point de vue de la garantie l gale s il sp cifie en revanche explicitement qu il vend des briques fragiles et friables non destin es la construction et que le consommateur est mis au courant de ce fait ce dernier ne pourra se retourner contre le revendeur pour vice de conformit Dans la mesure o la garantie l gale constitue avant tout une exigence de conformit entre ce qui est annonc et ce qui est effectivement vendu il n est pas si compliqu pour les mat riaux de construction d y r pondre Le tout est que les revendeurs n annoncent pas des performances trop ambitieuses auxquelles ils ne pourraient pas r pondre De m me ce cadre de la garantie l gale fonctionne bien lorsque les acheteurs sont directement les ma tres d ouvrage qui agissent titre priv et non des entrepreneurs professionnels qui agissent dans un cadre professionnel ou commercial Pour ces cas l ce sont les r gles de commercialisation des produits de construc tion que j ai d j voqu es qui s appliquent et sauf exception les mat riaux devraient tre mu nis du certificat CE Outre la garantie l gale les revendeurs peuvent galement offrir une garantie commerciale Celle ce ni remplace pas la garantie l gale mais peut tendre les avantages offerts aux consom mateurs Par exemple un revendeur peut offrir de reprendre les briques d une palette qui ne conviendraien
21. m me d appr hender la controverse en question Elle permet aussi de jeter un clairage particulier sur la fa on dont peut s envisager la notion de responsabilit dans ce type de configuration ces points sont d velopp s respectivement dans les parties Correspondances et Diluer ou concentrer la responsabili t Revenant sur cette position en bout de cha ne le chapitre 8 d veloppe l hypoth se selon laquelle cette partie des pratiques de conception rel ve d une posture prescriptive Le chapitre envisage d abord cette notion en regard de la litt rature portant sur l analyse sociologique des pratiques architecturales laquelle offre des ressources pour appuyer une telle hypoth se dans la partie Une facette de l activit des concepteurs Elle suit galement la fortune critique d une telle notion travers les commentaires critiques qu ont formul s certains auteurs proches de l cologie politique c est le point de la partie Monopoles disciplinaires et prescription En r ponse ce versant critique le dernier chapitre se demande s il est possible que les concepteurs prescripteurs d veloppent des prescriptions plus soign es Pour viter les r cup ra tions corporatistes de la notion de prescripteurs et les violences que celle ci est susceptible d entra ner qui sont reprises dans la partie Prescriptions usuelles le chapitre 9 d ploie une s rie de pistes prospectives m me d i
22. tout produit ou kit fabriqu et mis sur le march en vue d tre incorpor de fa on durable dans des ouvrages de construction et dont les performances in fluent sur celles des ouvrages de construction en ce qui concerne les exigences fondamentales applicables auxdits ouvrages Cette d finition tout en restant assez ouverte recouvre potentiellement l ensemble des mat riaux et des l ments susceptibles d tre mis en uvre sur un chantier de construction Son de gr de g n ralit n emp che pas cette terminologie de poss der une certaine effectivit Elle permet notamment d arr ter de grands axes r glementaires propos de la commercialisation des produits de construction dont les effets sur les acteurs du secteur sont bien palpables En se plongeant dans les r glements europ ens il y a galement moyen de mieux cerner en quoi consistent les circuits de l conomie mat rielle Cette premi re approche quelque peu g n rali sante doit ensuite tre compl t e par des approches plus sp cifiques orient es sur des mat riaux bien pr cis C est un point qui sera d velopp dans le prochain chapitre qui poursuivra le travel ling entam par le cas de figure du b ton pour s int resser aux cas d une poutre en bois de sec tion rectangulaire destin e tre mise en uvre dans une charpente et un tas de d chets inertes et la transformation de ceux ci en granulats de b ton concass 48 R glement
23. 30 Toulmin S E Cosmopolis The Hidden Agenda of Modernity 1990 pour l d originale en anglais University of Chicago Press 1992 31 Jbid p 108 32 Ibid p 143 43 44 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle pas Pour le dire en d autres termes ceux qu utilise milie Hache en s inspirant de Latour le processus d cologisation engage de nouvelles fa ons de faire cherchant prendre en compte les associations d tres qui composent notre collectif en s attachant faire attention ne pas les s parer de mani re tout terrain autrement dit aussi ne pas les maltraiter Et une mani re de ne pas faire preuve de maltraitance consiste montrer une certaine m fiance vis vis de la division cart sienne trop tanche entre l humain et le reste Finalement comme le rappelle Latour jamais nous n avons cess de construire nos collectifs avec les ma t riaux m l s des pauvres humains et des humbles non humains Dans le cas de figure d velopp ci dessus il semble assez clair que effectivement le ciment et le b ton sont pris dans des assemblages m lant quantit d humains et de non humains en plus de prendre dans le sens technique renvoyant au processus de durcissement du b ton Mais quels sont les enjeux d une telle d marche Il ne s agit pas simplement de dresser des listes telles que Borges ou Eco pourraient en dres ser dans leurs
24. DEBORD Guy uvres Paris Gallimard coll Quarto 2006 DELANY Samuel Ray About Five Thousand Seven Hundred And Fifty Word 1968 The Jewel Hinged Jaws Notes on the Language of Science Fiction 1977 pour l d originale New York Berkeley Windhover Book 1978 pp 21 36 DENEUFBOURG Fran ois DEFAYS Manu et FRERE Hugues Le marquage CE des bois de structure section rectangulaire et le classement pour leur r sistance Ressources Naturelles D veloppement Belgian Woodforum et Houtinfobois octobre 2011 DESCOLA Philippe Constructing natures symbolic ecology and social practices DESCOLA Philippe et GfsLf P lsson dir Nature and society anthropological perspectives Londres Routledge 1996 pp 82 102 DESMYTER Jan BLOCKMANS Sabine FRENAY Jean et ANCIA Philippe Granulats de d bris et b ton recycl r sultats et d veloppements r cents Partie 1 vers une am lioration de la qualit CSTC magazine 1999 vol 2 pp 14 22 DESMYTER Jan BLOCKMANS SABINE et DE PAUW Peter Granulats de d bris et b ton recycl r sultats et d veloppements r cents Partie 2 b ton recycl CSTC magazine 1999 vol 3 pp 11 19 DESPRET Vinciane En finir avec l innocence Dialogue avec Isabelle Stengers et Donna Haraway DORLIN Elsa et RODRIGUEZ Eva dir Penser avec Donna Haraway Paris Presses Universitaires de France coll Actuel Marx Confrontation 2012 pp 23 45
25. Dans certains cas il s agit de d tourner des dispositifs existants dans d autres d en cr er de nouveaux Dans tous les cas il s agit de propositions visant surmonter quelques uns des obs tacles caract ris s au chapitre pr c dent en rejouant de fa on plus situ e les relations entre ac teurs En d autres mots au lieu de se reposer sur des dispositifs d j pr format s il s agit de r ouvrir et de red ployer ce qui se pr sente comme autant de bo tes noires ferm es et condens es 195 196 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation Des hackeurs tacticiens un d tour par les principes de l open source Le principe de s investir dans l laboration et le d tournement des dispositifs m diateurs peut tre clair par un rapide d tour dans le domaine informatique Les principes de l open source en particulier aident identifier le type de posture qu adoptent et que pourraient adopter certains acteurs de l conomie mat rielle Lorsqu un informaticien travaille l laboration d un programme il doit patiemment crire le code de celui ci ligne apr s ligne Il utilise pour ce faire l un des nombreux langages de pro grammation existants Bien que tous sensiblement diff rents ces langages poss dent un certain degr d abstraction qui les rend assez proches d un langage humain En revanche l ordinateur ne peut pas les comprendre en tant que tels C est pourquoi il est n cessaire que l infor
26. Derri re le bardage en t le ondul se trouvent les services administratifs de l entreprise les espaces d entretien des machines ainsi qu une toute petite pi ce qui sert de laboratoire Ce qui se passe dans ce laboratoire a une influence d cisive sur les tas de gra nulats dispos s un peu partout proximit de la sortie du concasseur tambour C est l que l entreprise effectue une s rie de tests sur la mati re sortant de ses ins tallations Apr s un pr l vement al atoire dans les diff rents tas de granulats les tests sont relativement simples quoiqu ils doivent tre men s selon un protocole tr s strict Dans les grandes lignes il s agit principalement de v rifier que l chan tillon ne contienne pas trop de terre ou de sable des fractions parasites qui alt rent les qualit s du granulat mais aussi de s assurer que la distribution des granulats soit harmonieuse et corresponde ce qui est annonc C est dire que les va leurs extr mes dans les tailles de granulats ne peuvent pas tre sur repr sent es dans un chantillon Ainsi un chantillon d crit comme du 0 40 mm devra corres pondre une distribution normale des granulats il ne faudra pas trop d l ments trop petits proches de 0 mm ni trop grands proches de 40 mm Enfin divers tests chimiques dont un test au bleu de m thyl ne permettent de contr ler les pro pri t s des granulats en particulier de v rifier que le degr de carbonatation
27. L architecture et la crise de la science moderne 1983 pour l d originale en anglais Li ge Mardaga 1987 PIGNARRE Philippe et STENGERS Isabelle La sorcellerie capitaliste Pratiques de d senvo tement 2005 pour l d originale Paris La D couverte 2007 POLANYI Karl La grande transformation aux origines politiques et conomiques de notre temps traduit par MALAMOUD Catherine et DUMONT Louis 1944 pour l d originale en allemand Paris Gallimard 2009 PONTE Alessandra Art and Garbage Lotus international octobre 2006 vol 128 pp 9 21 312 Bibliographie POTTER Norman Qu est ce qu un designer Objets lieux messages traduit par SUBOTICKI Damien et ROUFFINEAU Gilles 1969 pour l d originale en anglais Paris Saint tienne B42 Cit du Design 2011 PRECIADO Beatriz Architecture as a Practice of Biopolitical Disobedience Log n 25 t 2012 p 121 134 QUERRIEN Anne et CERFI Devenir fonctionnaire et ou le travail de l tat Lectures hypoth tiques sur l histoire du corps des Ponts et Chauss es Paris 1977 RAFANELL I ORRA Josep En finir avec le capitalisme th rapeutique Soin politique et communaut Paris Les emp cheurs de penser en rond 2011 RAYMOND Eric Steven The cathedral and the bazaar Musings on Linux and Open Source by an Accidental Revolutionary Sebastopol California tats Unis O Reily Media 2001 ROTOR ASBL DEVLIEGER Lionel BILLIET Lionel
28. Marx n 49 2011 pp 60 72 BOURDIEU Pierre Les structures sociales de l conomie Seuil 2000 BUREAU DE NORMALISATION BOIS ET AMEUBLEMENT BNBA et INSTITUT TECHNOLOGIQUE FOR T CELLULOSE BOIS CONSTRUCTION AMEUBLEMENT FCBA Structure en bois et bois de structure Rapport de situation de la normalisation Bureau de Normalisation Bois et Ameublement BNBA janvier 2013 CALDER N Jos Angel et L PEZ CALLE Pablo Recomposition du capitalisme et r sistances d ouvriers pr caires Le cas espagnol B ROUD Sophie et BOUFFARTIGUE Paul dir Quand le travail se pr carise quelles r sistances collectives Paris La Dispute 2009 pp 271 287 CALLON Michel Some elements of a sociology of translation domestication of the scallops and the fishermen of St Brieux Bay LAW John dir Power action and belief a new sociology of knowledge London Routledge 1986 pp 196 223 302 Bibliographie CALVET Louis Jean Linguistique et colonialisme petit trait de glottophagie 1974 pour l d originale Paris Payot amp Rivages coll Petite biblioth que Payot 2002 CAMUS Christophe Pour une sociologie constructiviste de l architecture Espaces et soci t s 5 octobre 2010 vol 142 n 2 pp 63 78 CASSIRER Ernst La philosophie des formes symboliques Le langage traduit par HANSEN LOVE Ole et LACOSTE Jean 1923 pour l d originale en allemand 1972 pour la premi re traduction fra
29. NOG TE CONTROLEREN DOOR DE AFNEMER NIET LIMITATIEF C Oge NOR Naam De Meulenaere Migue Naam Micha l Van Schelvergem Datum 25 09 2012 Datum 25 09 2012 Handtekening COPRO vzw 2 1 Researchpark Kranenberg 190 8 1731 Zeltik Contactpersoon bij COPRO Certificaathouder 32 2468 00 95 059 80 22 91 info Versie 1 2 23 07 2013 Gecertificeerd Pagina 1 2 Versie 1 2 23 07 2013 Gecertificeerd Pagina 2 2 Illustration XI Exemple de fiche type d livr e par l organisme Copro en vue de certifier un produit recycl Ce document est indispensable pour que le produit en question puisse circuler au sein de l conomie mat rielle Source http copro eu Trajectoires passages et frictions La poutre en bois et les granulats de b ton pr sentent deux trajectoires d quipement des mat riaux de construction Elles montrent chacune comment diff rents mat riaux sont peu peu quip s pour r pondre des exigences tr s diverses Celles ci sont parfois formalis es de mani re tr s explicite comme lorsqu elles se cristallisent dans des r glements aux objectifs tr s clairement nonc s d autres sont plus implicites comme les exigences commerciales d un posi tionnement concurrentiel sur le march qui bien que d terminantes ne sont que rarement mises en avant Suivre de pr s ces deux cas de figure permet de montrer que ces exigences rel vent de registres tr s diff rents Il y a comme u
30. Penser gauche Figures de la pens e critique aujourd hui Amsterdam 2011 pp 466 485 J GOU Anne ABOUT DE CHASTENET C dissia AUGISEAU Vincent GUYOT C cile JUD AUX C cile MONACO Fran ois Xavier et PECH Pierre L valuation par indicateurs un outil n cessaire d am nagement urbain durable Cybergeo European Journal of Geography 4 d cembre 2012 JOUNIN Nicolas Chantier interdit au public Enqu te parmi les travailleurs du b timent ditions La D couverte 2009 KAHN Lloyd dir Shelter I Bolinas Californie tats Unis Shelter Publications 1978 KAHN Lloyd et EASTON Bob Shelter 1973 pour l d originale Shelter Publications 2000 KOSTOF Spiro The Architect Chapters in the History of the Profession 1977 pour l d originale New York Oxford University Press 1986 LAPOUJADE David William James Empirisme et pragmatisme Les emp cheurs de penser en rond 2007 LATOUCHE Serge Petit trait de la d croissance sereine Paris ditions Mille et une nuits 2007 LATOUCHE Serge D coloniser l imaginaire La pens e cr ative contre l conomie de l absurde Lyon Parangon 2005 LATOUR Bruno Enqu te sur les modes d existence Une anthropologie des Modernes La D couverte 2012 LATOUR Bruno Sur le culte moderne des dieux faitiches suivi de Iconoclash La D couverte 2009 LATOUR Bruno Changer de soci t refaire de la sociologie 2005 pour l d originale en anglais 20
31. UE n 305 2011 du parlement europ en et du conseil du 9 mars 2011 tablissant les conditions harmonis es de commercialisation pour les produits de construction et abrogeant la directive 89I106ICEE du Conseil Journal officiel de l Union europ enne 4 avril 2011 p L 88 10 49 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle lt tuyauterie gt toute premi re vue la trajectoire d un mat riau depuis son site de production vers son site de mise en uvre peut sembler tr s lin aire Apr s tout le mat riau de construction en tant que tel passe fluidement d une tape une autre usine importateur magasin chantier Si l on s en tient aux mat riaux proprement dits leur circulation semble vidente Suivre leur trajectoire consiste observer un processus de production plus ou moins complexe puis suivre des pa lettes ou des containers qui voyagent de site en site accroissant chaque tape la plus value po tentielle avant d aboutir finalement sur un chantier Il y aurait d ailleurs moyen de continuer les observations au del du chantier et de voir comment les l ments voluent s usent se trans forment avant d tre lib r s en tant que d chets Illustration Ill premi re vue le trajet d un mat riau de son site de production son site de mise en uvre semble assez simple Mais l introduction de ce travail montrait qu un mat riau est bien plus qu une certaine
32. aucune de ces caract ristiques n en affecte l aspect l apparence ni m me les propri t s physiques Il s agit de caract ristiques embarqu es qui ne se voient pas n cessairement mais qui jouent tout de m me un r le cl dans la trajectoire des mat riaux Une grande partie des circuits de l conomie mat rielle n existent que pour garantir le formatage des mat riaux conform ment ces cinq exigences De fait ces exigences p sent assez lourd sur la circulation des mat riaux de construction Elles ont tendance exclure une s rie de mat riaux qui n y r pondent pas directement Le cas de pierres tombales est clairant ce sujet bien des gards leur r utilisation semble pourtant une pratique favorable elles constituent une alternative l exploitation de ressources natu relles elles vitent ponctuellement une forme de gaspillage puisque les dalles vacu es fi nissent au concassage pour produire des gravats et dans ce cas pr cis elles auraient sans doute permis des travailleurs en formation d explorer d autres modes de mise en uvre poten tiellement plus valorisants ou du moins plus diversifi s puisqu ils auraient d travailler avec des l ments plus irr guliers que d habitude ce qui rend le travail moins r p titif Malgr ces caract ristiques le fait de ne pas pouvoir r pondre aux exigences fix es implicitement par les mat riaux neufs s av re tre un facteur excluant Au del de leu
33. bris et b ton recycl r sultats et d veloppements r cents Partie 1 vers une am lioration de la qualit op cit p 14 94 Le rapport s intitule Optimalisation du processus de purification s paration pour le recyclage des d chets de construction et de d molition Bruxelles CSTC Rapport final biennale 1996 1998 Je n ai malheureusement pas r ussi me le procurer 95 Desmyter J Blockmans S Frenay J et Ancia P Granulats de d bris et b ton recycl r sultats et d veloppements r cents Partie 1 vers une am lioration de la qualit op cit p 16 Chapitre 2 Papiers s il vous pla t provenant d une d molition d un building du centre ville s est d sormais transform en diff rents tas de granulats aux dimensions et aux caract ristiques contr l es Cette transformation il s agit tr s litt ralement d une transsubstantiation c est dire de la transformation d une substance des gravats en une autre des granu lats a t rendue possible par l extraction soigneuse de toutes les fractions pa rasites telles que le sable les morceaux de bois de plastique et de m taux puis par le broyage des morceaux de b ton en granulats aux tailles souhait es C est ce produit pur et retravaill qui est alors achemin la pelle m canique vers de grands tas o il s accumule avec ses semblables Ceux ci seront ensuite achet s par des entrepreneurs en construction pour des trav
34. c dent propos de la pierre bleue Celles ci d crivent avec pr cision des m thodes de mise en uvre D s lors qu un contrat en appelle ces dispositifs les m thodes de mise en uvre doivent se calquer sur les proc dures fix es par une instance tierce en l occurrence l ex Institut National du Logement dans le cas d une STS lt distribution des comp tences 1 gt Entre les r gles de l art et les normes techniques se joue une diff rence qui n est pas sans lien avec le contraste que mettait en exergue la th orie de l acteur r seau entre un dispositif m dia teur et un interm diaire Le premier le m diateur renvoie un dispositif dont les effets sont as sez larges et susceptibles de modifier significativement la situation dans laquelle il est pris Le second l interm diaire sugg re un contr le et une ma trise accrue de la situation Plus haut dans le texte j ai propos de consid rer que tous les dispositifs d articulation de l conomie ma t rielle sont des m diateurs c est dire qu ils sont susceptibles de transformer les situations mais de prendre note que pour la plupart des cas ils ont t assagis et contr l s partir des d finitions que je viens de donner respectivement des r gles de l art et des normes techniques il appara t que les premi res semblent bien tre des dispositifs m diateurs dont les effets ouvrent un grand champ d action tandis que les secondes seraient plut t des m diate
35. c est dire les travailleurs eux m mes lors du chantier proprement dit Cela lui permettait de tenir compte dans une certaine mesure de leurs exigences de leurs possibilit s voire m me de leurs envies Dans ce cas il s agissait de micro d placements concernant un poste ou deux de tout un cahier des charges Il s agissait par exemple de r fl chir avec certains corps de m tier la question des finitions d un b timent Les d cisions n taient jamais totales dans la mesure o certains aspects devaient tre arr t s en amont comme par exemple le prix du projet et donc les mat riaux ad quats et leurs quantit s Il s agit toutefois d une voie qui s oppose assez directement aux tendances dominantes de l conomie mat rielle pour qui il est n cessaire de cl turer toutes les discussions et de lever toutes les incertitudes avant de commencer les phases de construction du projet Plus radicales encore sont les exp riences men es dans les ann es 1970 par l architecte br silien exil en France S rgio Ferro Tout au long de sa carri re d architecte et puis d enseignant il a travaill sur de nouvelles formes d organisation du travail autour du chantier et de la mise en uvre des mat riaux Ses exp rimentations ont en commun la volont de surmonter la s para tion entre le dessin prescriptif et le faire du chantier en mettant l preuve des formes d inter actions bas es sur la libre coop ration Ce qu il crit c
36. ce sont au contraire l Jid alisme et la foi voire la passion qui pr dominent Mais selon Fr d ric Loumaye ces moments fonda teurs ne sont durent jamais tr s longtemps Dans le cas de la construction passive son expansion s est mise concerner de nouveaux acteurs qui n ont pas fait pas preuve de la m me abn gation que les pionniers il suffit souvent qu un des acteurs du triangle architecte ma tre de l ou vrage entrepreneur ne soit pas anim des m mes bonnes volont s passion et comp tence pour que toute la machine se grippe la premi re difficult Il faut tre conscient que derri re ce grain de sable se profile le plus souvent le meilleur ami ennemi de l architecte et de l entrepreneur savoir l avocat et son corollaire le proc s En somme d s que le cercle s tend il court de nouveaux risques et rencontre de nouvelles difficult s C est la question de sa consistance qui se pose alors Plus il devient grand et touche des acteurs moins concern s plus il risque de se d liter Ce constat pos par un professionnel de l institution judiciaire indique un point auxquels les promoteurs des mat riaux alternatifs doivent sans doute tre attentifs dans la constitution des circuits qu ils tentent de d ployer Tous les dis positifs qu ils mettent au point durant ces phases initiales doivent tre assez robustes pour r sis ter l largissement des circuits Cette remarque peut aussi
37. cessairement critique des perspectives que j labore dans ce travail j ai essay de ne pas recourir des postures strictement d nonciatrices Il me semble qu en poussant les raisonnements de cette recherche dans ses d veloppements les plus aboutis ceux ci impliquent des changements profonds et radicaux avec toute une s rie de pra tiques li es de pr s ou de loin la conception et la fa on dont est organis e aujourd hui l co nomie mat rielle Mais je suis galement persuad que cet appel la rupture et au changement ne pr sente aucun int r t et surtout n a aucune chance d tre entendu s il est ass n sur le mode imp ratif et cat gorique un mode pourtant dangereusement facile adopter depuis la position du chercheur universitaire Aussi ai je cherch favoriser un mode davantage proposi tionnel ou sp culatif qui m a sembl plus propice l instauration d un dialogue avec ces inter locuteurs concern s par ces changements de pratiques Malgr le caract re p rilleux de l entre prise et ses in vitables rat s cette recherche gagne tre lue comme une invitation une s rie d exp riences de pens e C est une proposition d exploration de trajectoires qui mon sens m Introduction ritent d tre mieux connues et qui constituent aussi des voies alternatives possibles Chaque lec teur qu il soit familier ou non avec les questions que j aborde ici qu il se sente ou non concern par le
38. cialis e autour d un mat riau exclusif la brique le fait d en traiter des quantit s tr s impor tantes et le fait d offrir une s rie de services suppl mentaires tels que la livraison ou la remise en tat ouvrent d autres types de d bouch s Les briques qui arrivent dans l entreprise F sont d une Chapitre 3 Quand les mat riaux nus s quipent certaine mani re nues dans le sens o elles ne disposent pas non plus tous les dispositifs pr vus par le fameux r glement n 305 2011 pas de d claration de performance ni de fiche technique ou d agr ments techniques pour ces briques qui proviennent grosso modo du m me type de sources que celles de Madame J c est dire des d molitions de b timents Mais toute l organisation de l entreprise F a pour objectif de r quiper ces mat riaux de leur conf rer une s rie de qualit s qui leur permettra de retrouver une destination dans les circuits de l conomie mat rielle y compris aupr s d acteurs ayant des exigences plus marqu es Le nettoyage le tri la manutention le packaging la quantit de briques trait es tous ces l ments permettent l en treprise F de r pondre la plupart des exigences que j avais identifi es pour les mat riaux de construction neufs ils sont disponibles et pr visibles ils b n ficient d une certaine appr ciation positive m me si ce n est pas forc ment d au seul travail de l entreprise F et jusqu un cer tain point
39. cifications techniques unifi es STS 04 bois et panneaux base de bois 70 Deneufbourg F Defays M et Frere H Le marquage CE des bois de structure section rectangulaire et le classement pour leur r sistance op cit p 18 25 63 64 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle ce cas l il humain et l expertise qui tend s accumuler derri re celui ci sont remplac s par des scanners qui analysent l apparence du bois et des logiciels de traitement de l information fournie sous forme de signal lectronique Ces logiciels sont configur s pour identifier les diff rents d fauts susceptibles de se pr senter et pour d cider en fonction de leur surface totale et de leur position sur la poutre s il constituent ou non des crit res de d classement ou de mise au rebut D apr s leurs fournisseurs de telles machines peuvent tre configur es au plus pr s des attentes des producteurs en mettant notamment en place des gammes de profils types qui permettent d adapter les exigences du contr le de qualit diff rentes situations des plus strictes aux moins strictes La derni re cat gorie est constitu e de machines mettant des rayons ionisants Ceux ci permettent d identifier pr cis ment la r partition de la masse volumique au sein d un l ment ce qui rend galement identifiables les ventuels d fauts Certaines machines combinent plu sieurs de ces caract ristiques pour fou
40. conomie mat rielle Si certains sont pr ts et s av rent parfois talentueux pour exploiter les marges de man uvre qu ouvre une interpr tation active des r gles ils sont sans doute moins nombreux vouloir s investir plus effectivement dans l laboration des r gles en tant que telles et c est m me sans parler des praticiens qui se sentent tout simplement prisonniers par les in jonctions normatives qui p sent sur leurs activit s De fait il y aurait sans doute une certaine confusion des r les imaginer que les concepteurs puissent se transformer soudain en l gisla teurs Par ailleurs il ne suffit pas d imaginer out of the blue une organisation de repr sentation des int r ts Il faut aussi se demander si un tel mod le de repr sentation est bien le plus propice Comme le sugg rait l analyse du versant critique de la notion de prescripteur une telle forme d organisation n est pas sans pr senter le risque d en revenir un certain corporatisme Si les in t r ts directs de la profession y trouveraient sans doute une opportunit pour s panouir il n est pas certain qu une telle forme soit favorable d autres int r ts et d autres acteurs sauf ima giner que tous les acteurs de l conomie mat rielle sans exception disposent d un organisme de repr sentation sous une forme ou une autre ce qui soul ve d autres grandes questions En somme s il s agit une fois encore d tablir les conditions d un
41. d originale en anglais Albin Michel 2010 259 Genard J L 40 ans d architecture et de politique De l impact des r f rentiels op cit Chapitre 5 Normativit s des dispositifs d articulation rationalit manag riale qui a recourt des dispositifs largement quantitatifs pour formater les caract ristiques des mat riaux de construction Or cette situation poss de un caract re quelque peu paradoxal D un c t la majorit des acteurs de l conomie mat rielle sont la recherche de tels dispo sitifs uniformisants cens s leur faciliter le travail Pour le dire avec les termes de Laurent Th venot beaucoup d acteurs sont int ress s par le fait d investir dans ces formes car elles portent la promesse de mieux r pondre certaines de leurs attentes et de faciliter leurs pratiques C est ce que j ai montr partir de l exemple de l architecte chez Viollet le Duc qui doit visiter les car ri res avant chacun de ses projets mettant en uvre de la pierre et qui est oblig de sp cifier chaque fois ses exigences aupr s du producteur La mise en place d une norme d une note d in formation technique d un article de cahier des charges standardis d un agr ment technique d une d claration des performance d un marquage CE ou encore d une attestation de conformi t est une fa on de r pondre globalement cette question D sormais l architecte n a plus se rendre chaque fois dans la carri re Il pe
42. des exigences particuli res L o les documents techniques tendent distinguer trois cat gories d usage technique courant et exceptionnel cette illustration distingue pas moins de 26 usages diff rents pour le m me mat riaux r pondant vraisemblablement autant d exigences sp cifiques Source Carri res du Hainaut brochure publicitaire c 1968 p 43 Chapitre 4 L laboration des dispositifs m diateurs L laboration mobilise des acteurs en prise directe avec les mat riaux Les choses sont diff rentes pour des mat riaux moins courants ou devenus moins courants comme la terre paille ou la pierre massive Ils constituent au contraire des cas o tous ces orga nismes tiers n ont pas encore v ritablement merg ou alors encore tr s modestement Ces cas de figure prolongent les r flexions entam es propos de mat riaux de r emploi Comme ces derniers ce sont des mat riaux qui ne peuvent pas compter sur des acteurs nombreux et puis sants capables de les quiper pour circuler largement et r pondre une multitude d exigences Ils sont port s par des praticiens plut t minoritaires qui sont convaincus de leurs qualit s mais doivent lutter pour les faire reconna tre par l ensemble du secteur de la construction Ces luttes se confrontent l inertie des circuits d j institu s Comme je l ai indiqu pro pos des granulats de b ton ou de la pierre bleue la mise sur le march d un nouveau mat r
43. e 42 LO EE AE ann At A ane fnac nd eee end 42 lt PONTIQUES sEr sr mb aA e i menti da 44 Rendre compte de l exp rience de la responsabilit 46 Approche de l conomie mat rielle par les r glements 49 Table des mati res lt UVAUTErIE re nn re nr nn ee Rat 50 lt IN TUHES EET T E E E tan sen SR RSR TA 52 lt se d connecter des CICUS gt naar ean a a a ei 54 Chapitre 2 Papiers s il vous pla t ssesunsunnnnnnunnnnnnnnnnnnnnnennnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnn 56 Histoir d une POUTTE 22 ses eme ararasan nereididae iaai iiia lt un cachet qui en dit beaucoup gt iii lt probl mes de d nominations gt ss lt classes de r sistances et protocoles de contr le 1 gt lt garantir la conformit des performances gt lt comit s de normalisation gt ser lt sous les processus d harmonisation la disparit des int r ts gt Des d chets inertes aux granulats lt SUr 165 pas d UNCONAINETS 222224 re nr nreenbanhamnt tra tin a Ea lt transferts de technologie gt is lt passer du statut de d chet celui de produit gt lt r ciis OIA r ETO Eer E EEEE ATA ram ir etier te rer ire enr ee RE lt positionnements concurrentiels gt nennen nnna lt protoco
44. elle s av re aussi tre la technique constructive la plus pratique dans la Chapitre 6 M nager des marges de man uvre plupart des situations aujourd hui Plus loin dans le livre on retrouve m me un plaidoyer contre les d mes qui taient pourtant devenus quelque chose comme l image de marque de la contre culture et en faveur de construc tions rectangulaires ossature bois tout ce qu il y a de plus conventionnel M me une s rie de pratiques aussi en d calage avec les circuits classiques de l conomie mat rielle a d mettre au point une sorte d quivalent aux r gles de l art leurs r gles de l art C est le r le que joue la compilation de Shelter II Cet ouvrage est une v ritable mine de conseils bas s sur la r colte pa tiente de centaines d exemples et de cas de figure De tous ces cas de figure merge quelque chose dont le principe est comparable celui de la notion juridique de r gles de l art c est dire une jurisprudence plus ou moins explicit e de standards l aune desquels il est possible d appr cier la qualit d une mise en uvre ou la pertinence d un mat riau Voil donc comment se m lent dans le cas de pratiques relativement marginales r gles de l art et innovation l inverse la question de l innovation se pose tr s diff remment pour un gros producteur de mat riau d sireux de mettre sur le march de nouvelles gammes de produits Celui l n aura pas trop de mal entreprendre
45. es lors de la phase de construction au moment o les grandes id es pr sentes durant le processus de conception vont tre mat rialis es Au fil de ces tapes le projet va conna tre quelques modifications mais durant tout ce processus la d cision d utiliser du z brano comme rev tement n est jamais remise en question C est donc ce mat riau qui se retrouve tr s pr cis ment d crit dans le cahier des charges r dig par le bureau d tudes dans un passage sp ci fiant les exigences minimales auxquelles devra r pondre le bois les normes tech niques que l entrepreneur devra veiller respecter et la fa on dont il devra tre mis en uvre C est galement de z brano dont il est question dans le descriptif des quantit s de mat riaux sur base duquel plusieurs entreprises seront invit es re mettre prix pour la construction du projet Et c est toujours de panneaux de z brano dont il est question dans l offre remise par l entrepreneur qui est finalement choisi pour ex cuter les travaux partir de l le z brano voit son destin se cristalliser dans un document contractuel liant formel lement les acteurs de la conception et ceux de la r alisation Si la r alisation du chantier entra ne in vitablement des adaptations mineures il n est plus question de remettre en question les choix pos s dans la phase de dessin En l occurrence l en trepreneur passera une commande aupr s d un fournisseur de bois pour une cer ta
46. gale Ils n ont pas failli un r glement qui leur tait impos et ils n ont pas manqu une obligation qu ils auraient implicitement ou explicitement contract e Les ques tions que soul vent les activistes new yorkais sont plut t d ordre moral Le principe auquel elles se r f rent ne donne lieu l heure actuelle aucune cristallisation juridique ou r glementaire majeure sauf peut tre pour les b cherons qui effectuent des coupes sauvages au Cameroun dont l activit est vraisemblablement interdite par l un ou l autre r glement international si ce n est pas par des lois locales 237 238 Section 3 Positions Les concepteurs embarqu s dans l conomie mat rielle Les principes auxquels en appellent les environnementalistes oppos s l utilisation du z bra no ne reposent pas sur une conception objectivante de la responsabilit pour le dire selon les termes de Jean Louis Genard qui renverrait au devoir et au savoir Dans le cas pr sent d un point de vue formel les protagonistes li s aux z brano ne devaient pas faire attention ces ques tions Dit plus pr cis ment aucun principe juridique ou r glementaire ne les obligeait prendre en compte cet aspect De fait l affaire ne s est pas jou e au tribunal devant un juge mais bien dans la rue dans la presse ou sur internet les choses auraient sans doute t un peu diff rentes si la justice disposait de principes formels l gaux ou jurisprudentie
47. galement sur une forme de confiance essentielle toute relation commerciale D une certaine mani re ils engagent bien s r leur responsabilit ne fut ce que par une forme de proximit qu ils tablissent avec certains de leurs clients r guliers ou proches On pourrait sans doute interpr ter ce caract re dialogal et cette proximit de fait comme les manifestations concr tes d une relation intersubjective Je Tu engageant une forme de responsa bilit vis vis d autrui pour reprendre les accentuations constitutives de la notion de responsa bilit propos es par Jean Louis Genard Et m me s ils ne sont pas n cessairement proches de leurs clients au sens o l on pourrait aller jusqu parler de commerce de proximit la plupart des revendeurs jouent plus ou moins explicitement d un registre propre l thos commercial qui implique toujours selon Jane Jacobs une forme de confiance pr alable Les commer ants ont invent des dispositifs pour faciliter la confiance entre des personnes trang res Ils l ont toujours fait Les quittances sont probable ment les formes les plus anciennes de documents d affaires Il y a longtemps les re us et les lettres de changes ont t utilis s dans le commerce comme s ils taient eux m mes les valeurs qu ils repr sentaient ils taient chang s comme de l argent Ce n tait possible que parce qu une forme d honn tet 131 cf paragraphe ci dessous lt caract ristiques
48. gles de l art Cela n emp che pas que selon les ju ristes sp cialis s dans ces questions on constate que les pouvoirs publics s immiscent de plus en plus dans le secteur de la construction en rendant des normes obligatoires Ainsi que le re marque Loumaye ces derni res ann es les architectes ont vu augmenter de fa on cons quente les contraintes l gales qui augmentent leur charge de travail sans qu il y ait une quel conque adaptation de leurs honoraires Ces deux remarques tendent nuancer la distinction que j effectuais entre des dispositifs aux effets assez ouverts ou au contraire plus format s Finalement les fronti res entre les normes et les r gles de l art tendent se brouiller et l on voit mal comment chapper aux contraintes po s es par l importance croissante du cadre normatif Il s agit toutefois de nuancer ceci en tenant compte du fait que ce cadre n est pas totalement fig Il est soumis au changement par la n ces sit de prendre en compte les innovations techniques Celles ci provoquent des boug s dans le r gime de la normalisation La question de l innovation technique dresse galement les fron ti res de la notion de r gles de l art lt les r gles de l art de l exp rimentation gt En th orie la souplesse de la notion de r gles de l art lui permet de couvrir l volution des techniques Puisqu elles ne d finissent pas a priori les d tails des proc dures mais seulement l oblig
49. https nicolettet wordpress com 2009 02 07 316 consult le 21 juin 2013 TSING Anna Lowenhaupt Friction an ethnography of global connection Princeton New Jersey tats Unis Woodstock Oxfordshire Royaume Uni Princeton University Press 2005 VIOLEAU Jean Louis Les architectes et Mai 68 Recherches 2005 VIOLLET LE DUC Histoire d une maison 1873 pour l d originale Gollion Suisse Infolio ditions coll Archigraphy Poche 2008 VIVEIROS DE CASTRO Eduardo La propri t du concept Cerisy la Salle pr sentation au colloque Gestes sp culatifs notes personnelles 30 juin 2013 VIVEIROS DE CASTRO Eduardo M taphysiques cannibales Lignes d anthropologie post structurale traduit par BONILLA Oiara 2009 pour l d originale Paris Presses Universitaires de France coll M taphysiques 2012 VYNCKE JOHAN Remploi des gravats et d chets de construction sous forme de granulats dans le b ton Circulaire du d partement Environnement amp Infrastructure de la Communaut flamande CSTC magazine 1993 vol 4 pp 39 44 WIGNACOURT Alex Peut on caract riser et valuer ensemble les performances techniques conomiques et financi res des co mat riaux DESHAYES Philippe et DE MEDINA Heloisa V dir D veloppement durable et intelligence des mat riaux Regards franco br siliens sur les pratiques du b timent et de la construction Paris L Harmattan coll L esprit co
50. il fallait consid rer que cette diff rence tait franchissable au moins localement Dispositifs m diateurs Pour le dire avec les termes de l ANT les circuits de l conomie mat rielle assurent une cer taine coh rence la trajectoire des mat riaux gr ce toute une s rie de dispositifs m diateurs L ANT s est efforc e d tablir une distinction entre la notion d interm diaire et celle de m dia teur Dans la terminologie de la sociologie de la traduction les interm diaires sont consid r s comme de simples transmetteurs de signification ou d intention ils n ont pas la possibilit de changer le cours des actions dont ils font partie Au contraire les m diateurs sont la fois plus complexes et plus riches dans la mesure o ils transforment traduisent distordent et modi fient le sens des l ments qu ils sont cens s transporter Choisir de consid rer un l ment comme un interm diaire ou un m diateur peut sembler une simple question m thodologique mais pour l ANT elle est de la plus grande importance dans le second cas les choses peuvent prendre part l action dont elle font partie Elles y jouent m me un r le crucial lt m diateurs stabilis s gt La notion de m diateur permet d attribuer des r les plus nuanc s aux agents non humains Ils ne sont plus de simples moyens au service d une fin pr d finie simples r ceptacles d une in tention dirig e vers eux Dans l ANT ils ont gagn
51. ils sont descriptibles et garantis je reviendrai l dessus un peu plus bas Par cons quent les briques de l entreprise F int ressent galement des clients tels de plus grosses entreprises de construction Pour forcer quelque peu le trait on pourrait dire que l o Madame J est susceptible de revendre des briques la pi ces chez F elles partent directement par chargements de plusieurs palettes Et si certains clients de Madame J sont susceptibles Illustration XIV catalogue d un vendeur de briques et de tuiles d occasion et vieillies Le petit encadr dit Vieilles briques une soixantaine sortes de briques de r cup ration sont livrables de stock e a les vieilles briques de Beerse la klampsteen la paapsteen la derdeling les vieilles briques de Brugge Briques vieillies ces briques tant fabriqu es r cemment la fa on ancienne ont vraiment l aspect d une vraie vieille brique Source Kempische Bouwmaterialen 135 Cf les conclusions tir s de l exemple s minal d une exp rience de r emploi de mat riaux pierreux d velopp dans le paragraphe Le formatage des mat riaux de construction p 18 Cf galement Billiet L et Ghyoot M Rotor La r utilisation des mat riaux de construction A septembre 2011 vol 231 pp 70 74 111 112 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle d effectuer eux m me le nettoyage de quelques
52. inventer d autres dispositifs et d autres articula tions dans leurs modes de construction leur tour ils ont d mettre au point de nouveaux m diateurs plus en phase avec leurs aspirations La pr sente recherche ne s attardera pas trop longuement sur ces postures de rupture Elle propose d explorer plut t d autres pistes de reconfiguration au sein des circuits de l conomie mat rielle L id e est de s int resser aussi et peut tre principalement des cas qui n ont pas l ampleur de ces projets plus radicaux Alors que ces derniers rejetaient en bloc toutes les m diations de l conomie mat rielle pour en r inventer de nouvelles ce travail s int resse des cas o les dispositifs m diateurs existants sont pris en consid ration pour tre modifi s alt r s sub vertis et produire de nouveaux effets C est pourquoi il est si important d en passer par une ob servation assez fine de tous les circuits et de toutes les m diations existants L objectif n est pas de faire table rase de ce qui existe pour r inventer quelque chose partir de rien ou de quelques principes seulement mais de voir s il y a des l ments dans ce qui existe qui per mettent d initier de profondes reconfigurations Pour rester dans le ton et les r f rences de la contre culture des ann es 1970 on pourrait dire que ce travail se rapproche plus de l attitude de l an 01 de G b que de celles des communaut s libres de Californie Au slogan
53. jouer les impasses des grandes oppositions bi naires Le cyborg de Haraway est associ au trickster une autre figure politique importante in carnant les techniques de r sistance dans des contextes o la domination et la contrainte sont ex tr mement fortes Le trickster a t tudi notamment par l anthropologue James Scott dans ses recherches sur les pratiques de r sistance infra politiques Il affirme il serait difficile de trouver une soci t de paysans d esclaves ou de serfs sans une figure l gendaire de trickster qu elle se pr sente sous une forme ani male ou humaine Typiquement le trickster trouve sa voie dans des environne ments peupl s d ennemis perfides pr ts le vaincre ou le manger non pas par la force mais gr ce son intelligence wit et son habilit ruser cun ning En principe le trickster est incapable de remporter une confrontation di recte puisqu il est plus petit et plus faible que ses antagonistes Ce n est qu en connaissant les habitudes de ses ennemis en les trompant en tirant parti de leur avidit de leur taille de leur cr dulit ou de leur h te qu il parvient sor tir de leur emprise et remporter des victoires Parfois les figures de l idiot et du trickster se combinent et la ruse de l opprim peut consister jouer l imb cile ou tre si malin dans l usage des mots que l ennemi est induit en er reur Pour le tacticien rus le
54. l entrepreneur qui va le mettre en uvre savoir ce que lui en pense et s il a d j un peu d exp rience avec ce genre de proc d s I pourrait aussi aller rencontrer le revendeur et enqu ter un mi nimum sur la provenance de ce hangar pourquoi a t il t d mont quoi servait il de quand date t il S il veut essayer de minimiser les risques qu il prend il pour rait faire signer une d charge son client de fa on se mettre d accord sur le fait qu en cas de probl me avec ce hangar il ne se retournera pas contre son archi 167 168 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation tecte m me si ce dispositif ne dispense pas l architecte de ses devoirs de conseil et de contr le Il pourrait aussi pour en avoir le c ur net proc der des tests en laboratoire sur quelques profil s structurels en acier pour voir s ils sont encore sains Peut tre m me qu il pourrait trouver un bureau d tude qui accepterait d ex pertiser la structure et de d livrer une garantie de bon fonctionnement Il pourrait minimiser les d g ts ventuels en doublant chaque l ment structurel Il pourrait aussi d composer le probl me et se dire qu il peut sans trop de risque r utiliser les t les de la couverture mais que pour ce qui est de la structure il pr f re s en re mettre des profil s neufs totalement garantis Ici aussi peu importe les voies qu il choisira ce qui est s r c est que cet archi tect
55. l entreprise par exemple m riterait d tre tudi e de plus pr s C est malheureusement un point que je n ai pas eu l occasion de beaucoup approfondir dans le cadre de cette recherche Beaucoup des en treprises du secteur du r emploi sont de petites et moyennes entreprises qui sont g r es par des ind pendants parfois une ou deux personne Ce sont souvent des structures familiales qui per durent parfois depuis plusieurs g n ration Il arrive que certaines entreprises emploient des tra vailleurs salari s On rencontre aussi des entreprises qui subissent des modifications importantes dans le rapport au travail Certaines entreprises de plus grande chelle emploient notamment des travailleurs plus pr caris s engag s via des contrats dur e d termin e ou par des orga nismes d int rim Cette main d uvre plus fragile souvent constitu e de travailleurs ind pen 129 C est une hypoth se que semblent confirmer des recherches men es en anthropologie du travail qui s int ressent la fa on dont se d roulent les chantiers et qui s attachent souligner entre autres toutes les ruses de r sistances que d veloppent les ouvriers du b timent cf Jounin N Chantier interdit au public Enqu te parmi les travailleurs du b timent ditions La D couverte 2009 bien que celles ci ne soient pas bien entendu l exclusivit des chantiers de construction et peuvent se rencontrer dans d autres espaces de travail cf par
56. les concessions arrivent leur terme apr s 15 ans L id e de r employer ces l ments dans un projet d am nagement public a suscit de vives discussions quant l appr ciation de tels l ments Ce sont finalement des raisons pratiques tr s contingentes qui ont fait qu elles n ont pas pu tre r utilis es les diff rents services communaux n tant pas parvenu se coordonner pour leur stockage et leur transport Source ROtOr asbl sssssdnninmnineniniintennneentneeenntenieietiteeadeeredes 23 Illustration Il vue des cuves de pr paration des combustibles de substitution pour les fours ciment Source Rotor asbl 40 Illustration Ill premi re vue le trajet d un mat riau de son site de production son site de mise en uvre semble assez simple 50 Illustration IV Lorsqu on y regarde de plus pr s il s av re que ces trajectoires sont beaucoup plus complexes et que de multiples d tours de nombreux acteurs et beaucoup de dispositifs m diateurs sont n cessaires la circulation des mat riaux 51 Illustration V La question qui m int resse est celle de savoir s il est possible de reconfigurer quelque peu ces circuits Et comment 7 52 Illustration VI Estimation de la surface et de la r paration des n uds dans un profil structurel en bois Source Service public f d ral conomie P M E classe moyenne amp nergie Direction g n rale Qualit et S curit Qualit et Innovation Construction
57. loignons nous le plus loin possible des institutions existantes et reconstruisons notre soci t id ale dans le d sert il pr f re la proposition on arr te tout et on regarde ce qu on a en face de soi qu est ce qu on garde qu est ce qu on adapte et qu est ce ce qu on jette 51 Ponte A Art and Garbage Lotus international octobre 2006 vol 128 pp 9 21 52 Kahn L et B Easton Shelter op cit p 93 53 G b L an 01 On arr te tout on r fl chit et c est pas triste 1970 pour la premi re parution Paris Gallimard coll Folio 1975 55 56 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle Chapitre 2 Papiers s il vous pla t Le pr sent r glement fixe les conditions applicables la mise sur le march ou la mise disposition sur le march des produits de construction en tablis sant des r gles harmonis es sur la mani re d exprimer les performances des produits de construction correspondant leurs caract ristiques essentielles et sur l utilisation du marquage CE apposer sur ces produits C est en ces termes que s ouvre l article premier du r glement europ en 305 2011 r gissant depuis le 1 juillet 2013 la commercialisation des produits de construction dans les divers tats membres europ ens En y regardant de plus pr s il appara t que ce premier article r sume sa mani re toute la complexit d un document d une cinqua
58. p 15 Je souligne 219 220 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation expositions canines ainsi que les conomies pastorales multinationales autant d l ments qui ont jou un r le actif dans l histoire de cette esp ce Il s agit pour Haraway de ne pas jouer la carte de l innocence de ne pas fermer les yeux sur les tensions qui habitent le monde et qui animent les relations entre les esp ces mais au contraire de r investir ces h ritages et ces effets de connections pour composer activement d autres types de relations et ouvrir ainsi de nouveaux horizons Dans une perspective semblable les acteurs de l conomie mat rielle en passent eux aussi par des effets de connexion entre acteurs humains comme les relations parfois conflictuelles que j ai abord es propos des concepteurs des entrepreneurs des ouvriers mais aussi vis vis d acteurs non humains les mat riaux en premier lieu et puis leurs quipements mais aussi 8 J ai montr au tout d but de cette re tous les acteurs qui sont mobilis s par leurs trajectoires cherche propos du ciment que le fait de prescrire un m tre cube de ciment tait tout sauf anodin De tr s nombreux et tr s diff rents acteurs sont concern s par cette action L aussi il s agit d apprendre devenir plus responsable les uns envers les autres et s aimer de fa on moins violente Mais l galement il s agit de ne pa
59. r e aussi travers le cadre d un enga gement vis vis de l autre selon une relation je tu Il y a aurait donc eu au fil du temps un glissement depuis une responsabilit comme facult de commencer pens e partir des res sources de la subjectivit vers des figures o la responsabilit se sym trise et enfin avec l imp ratif de d centrement vers des figures dans lesquelles l autre devient le p le partir duquel construire la validit normative En ce sens la responsabilit s entend selon les accentua 285 Genard J L La grammaire de la responsabilit op cit Genard J L Communaut politique et transformations de la responsabilit tudes d thique chr tienne 2008 vol 4 pp 30 44 Genard J L Gen se de la responsabilit Genard J L Responsabilit individuelle ou d responsabilisation collective 286 Genard J L La grammaire de la responsabilit op cit p 98 287 Foucault M Histoire de la folie l ge classique Paris Gallimard coll Collection Tel n 9 1976 288 Genard J L La grammaire de la responsabilit op cit p 135 136 215 216 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation tions propres la relation je tu tre responsable c est r pondre l autre voire m me r pondre de l autre Mais Jean Louis Genard s attache ensuite montrer que de nouveaux ph nom nes propres la
60. r es gagnantes puisqu elles ont finalement abouti la protection l gale du titre et au monopole de l exercice de la profession dont les dates cl s sont 1936 et 1939 en Belgique et 1940 en France Une victoire non n gligeable pour le corps professionnel des architectes qui voit ainsi sa cr dibilit appuy e un niveau r glementaire L obtention de ce statut a toutefois eu des contreparties non n gligeables Tout d abord sa d finition a t le fait d une lite exclusive concern e par la seule construction de quelques pro grammes bien d finis et finalement assez peu repr sentatifs de toute la production de l environ nement b ti En Belgique la loi de 1939 rend les seuls architectes responsables de toutes les constructions d une certaine ampleur tandis que leur formation acad mique traditionnelle ne les pr parait quasiment qu des programmes de tr s grande ampleur palais mus es etc Ce d calage se retrouve dans ces quelques chiffres en 1906 Bruxelles sur 2500 demandes de permis de b tir seules 498 contiennent des plans dessin s par un professionnel patent En d autres mots il y a peine un cinqui me des mat riaux mis en uvre dans la ville qui ont t prescrits par des architectes patent s Le reste est le fait d entrepreneurs ou d autres pro fessionnels non patent s voire m me sans doute de particuliers Que les professionnels pa tent s aient pu ainsi quint
61. res qui forment les indicateurs peuvent porter sur des aspects tr s diff rents depuis des facteurs techniques par exemple la r sistance la compression en N mm comme dans le cas de la pierre ou le facteur de d perdition thermique en kWh m pour un mat riau iso lant jusqu des facteurs financiers comme le temps de retour sur investissement en jours ou en ann es ou le co t de main d uvre en passant par des param tres environnementaux comme l nergie grise n cessaire la production d un mat riau en kWh m ou les missions de CO qu il provoque en kg de CO par kg de mati re premi re vue tous ces indicateurs semblent porter sur des l ments quantifiables qui peuvent tre exprim es dans une unit donn e Dans le principe il n est pourtant pas impossible d imaginer des indicateurs non quantifi s fond s sur des approches qualitatives par exemple Il existe par exemple des syst mes de certification qui int grent des facteurs tels que le confort On voit mal comment celui ci pourrait tre d fini de fa on quantitative et pourtant il constitue l un des indicateurs prendre en compte pour d livrer ou non certains labels incitatifs Dans les faits il appara t pourtant que la plupart des r f rentiels appliqu s aux produits de construction en tant que tels ou aux b timents dans leur ensemble reposent largement sur des crit res quanti tatifs excluant de fait une s rie de pr occupations diffi
62. saisir du cyborg viendrait s ajouter la tentative de penser et de rendre compte de l exp rience des acteurs de l conomie mat rielle Si tout est une question de connections et d quipement alors les choix des dispositifs auxquels un acteur se connecte le type de relation qu il engage avec d autres acteurs et l attention pour les cons quences de ces connections sont effectivement au c ur de l action politique au sein des circuits de l conomie mat rielle Dans cette perspective la modeste marge de man uvre offerte par les r gles de l art semble pr f rable celle offerte par d autres dispositifs plus objectivants J ai effectivement montr que malgr leurs limites les r gle de l art sont susceptibles de tendre vers cette forme de r ciprocit dans les relations qu elles contribuent tablir et qu elles formatent Mais j ai galement montr que ce caract re r ciproque est loin d tre la norme dans les agencements de l conomie mat rielle Ceux ci sont plus souvent travers s par des effets de violence qui sont la fois sociaux avec quelque chose de l ordre du conflit de classe discursifs avec des discours qui s imposent d autres sur un mode in quitable et pist mologiques avec des registres entiers de connais sances qui sont d valoris s Sans doute faut il admettre que les positions relatives des acteurs de l conomie mat rielle sont largement contraintes Les acteurs semblent bel et bien pris dans
63. senter ces boues se sont peu peu transform es en une roche r sistante Alors que tout concourrait pour que le destin de ces prairies de crino des s ar r te l enferm es dans une gangue de min raux calcaire pour plusieurs ons voil que ces fossiles font leur r apparition durant les toutes derni res centaines d an n es de l re du C nozo que C est l une des plus jeunes esp ces vivantes courant la surface de la plan te qui en fera un usage tout fait singulier Par un hasard g ologique tout fait improbable il se fait que les bancs de roche calcaire dans lesquels sont ench ss s les crino des et toute sorte d autres min raux affleurent la surface du sol du territoire wallon Une fois extraite et d coup e cette pierre est utilis e par les habitants de ces r gions pour construire des abris dont la sophistication n a rien envier aux nids les plus complexes qu a connu l vo lution D un gris bleut et d une densit peu pr s gale deux fois et demi celle de l eau la pierre bleue que l on exploite aujourd hui contient de nombreuses traces de ces fossiles de crino des et d autres organismes remarquables mais plus rares comme des petites toiles de mer Ce sont d ailleurs ces indices qui permettent d identifier avec certitude la pierre bleue dite de Belgique de ses concurrentes avec qui elle pr sentent certaines similitudes mais dont les caract ristiques internes dif f rent parfois fortemen
64. t jusqu le d crire dans certains passages du texte comme l un de ces hackeurs bi douilleurs actifs dans le monde de l informatique open source Ces derniers ne se contentent pas 404 Tsing A L Friction an ethnography of global connection op cit p 77 283 284 Section 3 Positions Les concepteurs embarqu s dans l conomie mat rielle d un usage passif des outils qu ils manipulent Ils s approprient au contraire leurs outils et n h sitent pas les reconfigurer en fonction de leurs attentes et en fonction des exigences propres aux situations qu ils rencontrent l chelle d une pratique individuelle ces bricolages et bidouillages prennent parfois des ac cents confidentiels Face l inertie des dispositifs m diateurs institu s il s av re souvent difficile de man uvrer Faire passer d autres int r ts que les int r ts dominants est une gageure parfois d courageante Dans ces cas l le prescripteur dont il est question ici n h site pas opter pour la ruse Ce qui ne passe pas lors d une confrontation frontale peut toujours essayer de se faufiler dans les interstices Encore plus que d une adaptation aux besoins de chaque situation c est alors d une v ritable subversion des dispositifs m diateurs dont il est ici question Ceux ci sont inves tis de telle sorte qu ils produisent des effets que l on ne soup onnait pas Ils provoquent des en gagements fixent des garanties et distribuent des r les q
65. tantes k Ces quelques lignes sur la terre paille indiquent assez clairement o se trouvent les blocages qui emp chent la terre paille de circuler plus large chelle ce sont pr cis ment les dispositifs m diateurs institu s par d autres mat riaux qu Alain Marcom regroupe sous le label mat riaux industriels qui emp chent les circuits de la terre paille de se d ployer pleinement En somme le challenge pour ce mat riau et ses d fenseurs est double Il s agit d une part de mener un travail finalement assez courant de promotion d un mat riau Cela engage des actions qui ne diff rent finalement pas tellement de celles que j ai d crites pour la pierre bleue Ici aussi il s agit de s organiser en f d ration de produire des recherches propos du mat riau et de ses qualit s de convaincre les autorit s publiques de s int resser la terre paille etc Mais il s agit aussi d autre part de d tricoter les jalons pos s par ce que Marcom appelle les mat riaux indus triels Et cela c est quelque chose de neuf Les mat riaux industriels appelons les ainsi pour le moment n ont pas eu affronter une telle situation Dans leur cas les effets de concurrence se jouaient surtout sur le d passement de standards impos s par d autres plus performant moins co teux plus facile d crire plus disponible etc Les mat riaux tels que la terre paille la 174 Ibid p 57 155 156 Section 2 N
66. tel que t grit professionnelle et la comp tence technique requise dans le domaine concern d finit l article 43 du r glement UE n 305 2011 Le m me article insiste sur le fait que les or ganismes notifi s doivent tre impartiaux comp tents et ind pendants des parties qu ils sont amen valuer Dans le cas de la formation du classeur visuel le CTIB ne prend pas en charge la formation mais d livre par contre l agr ation et les ventuelles quivalences pour des tra vailleurs form s dans d autres pays Le classeur visuel doit poss der une connaissance tr s fine de tous les petits d fauts suscep tibles d tre pr sents dans le bois C est sur base de ceux ci de leur taille et de leur position qu il tablira les classes de r sistance Tout l aspect th orique de cette mati re est condens dans un document de sp cifications techniques unifi es publi par le service public f d ral conomie PME classe moyenne et nergie la STS 04 1 bois de structure Ces connaissances concernent uniquement les conif res les feuillus et les bois exotiques n ont pas encore fait l ob jet d une telle th orisation au sein des organismes de certification Bien entendu la connaissance de toutes les informations contenues dans la STS 04 1 ne dit encore pas grand chose du poste de classeur proprement dit Une chose est de conna tre sur le bout des doigts les terminologie et les op rations de calcul mental effectuer po
67. ton Ce monopole sur l ensemble de la cha ne lui permet d viter les ph nom nes de concurrence entre les diverses tapes C est galement dans un objectif d ind pendance vis vis des ressources ext rieures que l industrie du ciment a li son destin une s rie de produits plut t inattendus Pour fabriquer du ciment il faut en effet cuire de tr s hautes temp ratures de l argile et du calcaire Port es une temp rature de 2 000 C ces substances se combinent pour former du clinker qui une fois broy deviendra de la poudre de ci ment Pour atteindre de telles temp ratures les cimentiers sont d pendants de sources de combustibles hautement calorifiques Depuis la seconde crise p tro li re l augmentation constante du prix des nergies fossiles les a pouss se tour ner vers des combustibles de substitution L une des solutions couramment adop t e aujourd hui consiste br ler des d chets tels que des solvants souill s des huiles usag es des r sidus de peinture des hydrocarbures des boues d pura tion des d chets agricoles des pneus de voiture ou encore des farines animales Une entreprise du groupe cimentier se charge de collecter tous ces l ments et de les pr parer afin de leur conf rer un aspect physique homog ne et de les rendre aptes tre introduits dans les fours ciment La capacit faire dispara tre ces l ments a conf r aux fours ciment une aura d oubliette ulti
68. tre interpr t e a posteriori en ce qui concerne les mat riaux d j bien tablis D une certaine mani re on peut dire que ceux l ont n goci avec succ s ce passage les dispositifs m diateurs dont ils ont t munis ont t as sez r sistants pour garantir l accroissement de leurs circuits Le prochain chapitre aborde de plus pr s la question des arri re plans normatifs dont sont charg s les mat riaux de conseil aux diff rents stades du projet et l issue de celui ci Coll ge des experts architectes de Belgique CEAB dir Le bilan du passif Journ e d tude 21 octobre 2011 Coll ge des experts architectes de Belgique 2011 p 1 196 Ibid 197 Ibid 198 Ibid Chapitre 4 L laboration des dispositifs m diateurs 163 blocs de coupe Construire avec des blocs de pierre bruts carri re de pierre naturelle d claration ge d claration de performances d coupe des blocs de pierre traitement des surfaces manutention de la pierre de construction documentation technique informations amp instructions bloc de a coupe produit de construction marquage CE tablissement des performances rapport de recherche centres de recherche laboratoire conc pteur TN 2 g concepteur assureur chantier de construction professionnel Illustration XXI En court circuitant le processus de production habituel de la pierre de taille en
69. uvre de leur c t les ma tres d ouvrages se cr ent la possibilit de disqualifier des ouvrages qui ne satisfont pas aux exigences demand es en fixant les crit res permettant d valuer et parfois de quantifier ces exigences Les crit res qui se cristallisent dans les NIT ou les STS n ont pas de poids l gal en tant que tels En cela ils diff rent sensiblement des normes qui poss dent elles un poids r glementaire influant la possibilit m me de mettre un produit sur le march Les NIT et autres STS se contentent c est d j un fameux travail de fixer les exigence minimales qu un ma tre d ouvrage est en mesure d attendre de la part de ses fournisseurs et r ciproquement qu un four nisseur s engage livrer ses commanditaires Si les STS ou les NIT sont des ingr dients im portants dans l alchimie qui lie ces diff rentes parties ce qui apporte la dimension contractuelle cette relation ce sont bien s r les contrats pass s entre ma tres d ouvrage et constructeurs ou entre constructeurs et fournisseurs de mat riaux Ce n est que dans la mesure o ces contrats se r f rent des documents de r f rence fixant en long et en large les exigences relatives aux mat riaux fournir et placer que les documents en question deviennent des liants cruciaux dans ces relations contractuelles Les NIT et les STS ont t mis au point pour tre invoqu s dans des re lations contractuelles qui sont toutes d
70. uvre se sont montr s plus rev ches que pr vu Le m diateur assagi a eu une petite pique de r bellion D un point de vue plus prospectif cette petite anecdote invite penser des formes de trans mission de l information qui soient moins unilat rales Tr s clairement le concepteur a voulu faire passer ses intentions inchang es depuis sa planche dessin jusqu la r alisation d finitive mais le dispositif prescriptif du cahier des charges n a pas t suffisant pour accomplir cette mission Une premi re attitude face cette situation consiste dire que le passage d instruction aurait d tre plus accompagn Les seuls documents prescriptifs n ont pas suffi transmettre l intention il aurait fallu les accompagner par d autres l ments des incitants financiers des p nalit s en cas de ratage ou d autres types de motivation Mais une seconde attitude est gale ment possible pour les concepteurs Celle ci consisterait l cher davantage prise et s aventurer plus franchement sur le territoire du constructeur quitte ce que cette incursion dans un do maine qui n est pas exactement le sien affecte en retour ses intentions En d autres mots une fa on de r aliser ce d tail aurait consist impliquer plus rapidement et plus explicitement le constructeur de fa on ce qu il puisse faire passer ce qui compte et ce qui est possible pour lui plus t t dans le processus En nourrissant davantage ces franchissemen
71. uvres litt raires pour l amour de l exhaustivit et des associations surprenantes qui en d coulent et en faisant prolif rer des acteurs dans tous les sens Ce processus recouvre galement des enjeux politiques lt politique gt L un des enjeux de ces d marches de suivi des ces tres hybrides est de parvenir produire de meilleurs compte rendus d une s rie d exp riences Il s agit d clairer des ph nom nes et des processus auxquels les cadres d interpr tation modernes peinent faire honneur parce qu ils ne disposent pas des proc dures m me de les d crire dans toute leur complexit et leur richesse C est en r ponse cet appel prendre en compte les tres hybrides et les non humains dans les affaires du monde que nombre de chercheurs se sont mis litt ralement repeupler les sciences sociales Tout d un coup sont apparus des travaux sur des entit s aussi vari es que des objets techniques des outils des animaux des v g taux des substances chimiques des fi gures religieuses et bien d autres choses encore Les fa ons de suivre ces tres varient beaucoup depuis l analyse des controverses auxquelles ils donnent lieu jusqu au suivi de leur fortune cri tique sous forme de v ritables monographies en passant par l analyse des relations et des agen cements d acteurs auxquelles ils donnent naissance ou qui leur donnent naissance La pr sente recherche s inscrit assez explicitement dans ce courant e
72. Bureau de Normalisation Bois et Ameublement BNBA et Institut Technologique For t Cellulose Bois construction Ameublement FCBA Structure en bois et bois de structure Rapport de situation de la normalisation op cit p 3 Chapitre 2 Papiers s il vous pla t Hout Info Bois et Belgian Woodforum est galement intervenu dans les sessions de travail du TC 124 pour plaider en faveur de l assouplissement de la norme EN 14081 afin crivent ils d en faciliter l application Ce que montrent ces quelques exemples qui sont choisis parmi beaucoup d autres c est l entrem lement des int r ts qui se rencontrent et se discutent au sein de ces comit s techniques Pour le coup ceux ci portent assez mal leur nom puisqu ils constituent des sortes d ar nes des forums plus ou moins hybrides pour reprendre les termes de Yannick Barthe Michel Callon et Pierre Lascoumes o se croisent en fait toute sorte de registres et d enjeux Si les enjeux tech niques y sont bien pr sents comme le montrent entre autres les pr occupations li es au classe ment des poutres en bois selon leurs propri t s physiques ils ne sont pas les seuls tre mis sur la table On y rencontre aussi des enjeux commerciaux comme ces repr sentants de secteurs sylvicoles nationaux qui de bonne guerre plaident pour les int r ts de leurs membres des en jeux environnementaux des enjeux sociaux etc La question qui se pose
73. C est d ailleurs l un moyen de reconna tre les contrefa ons maladroites Chapitre 2 Papiers s il vous pla t cat gorie bois de menuiserie pour laquelle priment surtout des aspects li s l apparence La classe de r sistance renseigne sur le comportement d une section moyenne de bois divers types d efforts physiques tels que la flexion la traction dans le sens des fibres du bois et perpendicu lairement celles ci la compression dans le sens des fibres du bois et perpendiculairement celles ci le cisaillement etc Selon sa r sistance toutes ces contraintes le bois est plac dans l une ou l autre des classes Plus exactement il existe une norme europ enne la norme NBN EN 337 qui d finit des tableaux g n raux fixant la valeur des contraintes admissibles pour tous ces efforts physiques et associent celles ci des classes donn es partir du moment o un pro ducteur de sections rectangulaires de bois de structure parvient d montrer que ses produits r sistent aux contraintes indiqu es dans la norme il peut l gitimement indiquer dessus la classe de r sistance correspondante et fournir ainsi une indication pr cieuse pour les entrepreneurs et les concepteurs qui sont bien videmment directement concern s par cet aspect La norme europ enne qui d finit les diff rentes classe de r sistance est la norme NBN EN 14081 Elle s applique depuis 2011 l ensemble des tats membres de l
74. Dans ces cas il faut inventer de nouvelles fa on de r pondre aux probl mes que les assemblages en vigueur r solvaient jusqu alors Pour conti nuer sur l exemple de l approvisionnement en eau il est plausible que certains habitants de la ville se d clarent insatisfaits de ce syst me pour toute une s rie de raisons et qu ils partent la recherche de dispositifs alternatifs r pondant mieux leurs int r ts parce qu ils appr ciaient les rencontres la source par exemple ou parce qu ils ne souhaitent pas d pendre d un syst me de distribution centralis sur lequel ils n ont que peu de prise ou encore parce qu il leur semble 49 Le terme d investissement renvoie la tr s utile notion de Laurent Th venot sur les investissements de forme qu il d finit comme une op ration de mise en forme dont le rendement est associ un accroissement futur de la stabilit d un assemblage Th venot L Les investissements de forme Th venot L dir Conventions conomiques Paris Presses Universitaires de France coll Cahiers de Centre d tude et de l Emploi 1986 pp 21 71 53 54 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle ind sirable de d pendre de r servoirs aliment s par des sources d eau souterraines alors qu ils pourraient plut t utiliser directement l eau pluviale l chelle de l conomie mat rielle dans son ensemble un mat riau tel que le ciment s es
75. Fiction 1977 pour l d originale New York Berkeley Windhover Book 1978 pp 21 36 224 Ibid p 31 Chapitre 5 Normativit s des dispositifs d articulation sp culent anticipent mais pour que a prenne ils se doivent de prouver une certaine plausibili t Il ne suffit pas que le r cit soit coh rent en tant que tel il se doit aussi d tre coh rent vis vis d une connaissance donn e de certains l ments du monde r el ce que ne doit pas faire ou dans une tr s moindre mesure la fantasy par exemple Une autre critique litt raire Joanna Russ rebondit sur cette exigence propre la SF dans un article qui r pond celui de Delany Selon elle le grand apport de la SF la litt rature et la proposition peut vraisemblable ment tre entendue au del des tudes litt raires consiste faire exister la possibilit que les choses pourraient tre autrement que ce qu elles sont on se trouve bien sur le plan du subjonc tif et explorer ce qui ne s est pas pass fout en se gardant d inventer des choses qui ne pourraient pas se passer ou n auraient pas pu se passer Cette derni re voie celle des his toires totalement d connect es de ce qui existe ou de ce qui est susceptible d exister correspond ce qu elle appelle la suite de Samuel Delany une subjonctivit n gative Le type de sp culation en jeu dans la SF n est donc pas la fantaisie elle vise plut t une f
76. Hantal FAURE Eco Umberto 44 D Eichmann Otto Adolf 239 240 Barthe Yannick 69 Engels Friedrich 223 B rard Aristide nent adieu RE Boltanski Luc 160 169 172 Ferro SOIO ean E EE 213 Borges Jorge Luis 44 Peay TMe NN 178 Flipo Fabrice 219 Callon Michele 69 Foucault Michel 159 160 206 Camus ChriStOPhe 250 D Cassirer Ernst 177 G D nn RAR es ets 55 lisses nn ni 187 i a e gt o Genard Jean Louis 108 177 179 215 216 POMER uen 238 240 290 Champy Florent 247 249 254 f Chiapello EN 169 Ginzburg Carlo 190 191 PR ON NE Gorz ANAT nr 158 255 Ga 38 de Certeau Michel 198 Gramsci AntOniO 187 Debord GUY 187 GT VISSE nn rrrrrrs rss esse senneressssse 179 181 Delany Samuel 180 181 Descartes Ren 43 298 Habermas J rgen 188 Hache Emilie 28 44 289 Haraway Donna 28 29 176 177 219 223 260 264 275 283 288 292 293 Hardt Michael 89 Harvey David 187 Heidegger Martin 206 He delbergCement 38 Heinich Nathalie 175 179 181 Herschel William 191 Holcim se rte ts a LE 38 40 Horkeimer Max 290 Ilich Ivan 254 257 296 Tacobs Jane 55e mn te 108 Jameson Frederic 187 Kuhn Thomas 190 Las
77. M nager des marges de man uvre cas ce sont les dispositifs les plus assagis qui sont les plus utiles il n est pas vain de r ouvrir de temps en temps ces bo tes noires et d explorer les autres effets de ces m diateurs Toute la question est de savoir si cette accentuation de la responsabilit Tu tendue tous les tres de l conomie mat rielle est compatible avec les dispositifs engageant plut t un type de responsabilit o les acteurs se rencontrent tendanciellement la troisi me personne Il Jus qu quel point la cohabitation entre ces deux logiques est elle possible Les l ments d velop p s jusqu ici indiquent qu aucune logique n est absolue et d finitive Dans les faits si l on prend le temps d analyser les situations au cas par cas il appara t clairement que toute situation met en jeu une vaste s rie de logiques et de registres axiologiques Les grandes cat gories trac es ici sont donc plut t des accentuations par lesquelles comprendre des situations plus emm l es Ce sont des outils d analyse qui permettent d interpr ter les situations mais ce sont aussi des hori zons vers lesquels des acteurs d j en mouvement pourraient tendre 225 Section 3 Positions Les concepteurs embarqu s dans l conomie mat rielle 227 SECTION 3 POSITIONS Les concepteurs embarqu s dans l conomie mat rielle 228 Section 3 Positions Les concepteurs embarqu s dans l conomie mat rielle
78. On pourrait en effet comprendre que le r glement europ en se d veloppe autour de la conception selon laquelle les produits de construction sont tous issus de l industrie Il exclurait donc de facto tout le secteur de la production artisanale De fait il serait quelque peu absurde d appliquer les m mes exigences des l ments produits en masse qu des mat riaux plus sin guliers issus d un mode de production plus ancien Cette interpr tation pourrait tenir la route et offrir ainsi une certaine marge de man uvre l gale aux mat riaux de r emploi si le r gle ment europ en n tait pas aussi clair sur sa port e comme je l ai d j montr il ambitionne bien de r glementer l ensemble des produits destin s la construction d ouvrages architecturaux Ceci se comprend dans la mesure o ce r glement porte notamment sur des aspects li s la s curit des ouvrages et des personnes Il semble effectivement judicieux que ces facteurs soient transversaux tous les types de mat riaux quelle que soit leur origine Pourtant en assimilant de facto tous les produits de construction des produits industriels ce r glement tend exclure du march de la construction des l ments tels que les mat riaux de r emploi malgr que Chapitre 3 Quand les mat riaux nus s quipent ceux ci puissent souvent pr tendre r pondre aux exigences g n rales en mati re de s curit des ouvrages et des personnes Cette te
79. REVCLOUD td D204B 2602 tatin A teens E aient ie rte etai ie a letters 202 Illustration XXIV Diagramme repr sentant le processus de conception et de construction d un projet d tudiants de l cole d architecture de Sheffield En orange les dispositifs li s la conception En bleu fonc les mat riaux issus de sources informelles En turquoise les mat riaux issus de sources formelles En vert les dispositifs r glementaires Le diagramme montre que la plupart des mat riaux proviennent de sources locales Il indique galement une grande perm abilit entre les diff rentes phases la conception a t nourrie au contact des savoir faire des acteurs li s la r alisation sine pen ne iineniinnieapene 274 Ce texte est compos avec les fontes OpenType de la famille GNU FreeFont suivantes FreeSerif et FreeSans Cette recherche a t r alis e en utilisant des syst mes d exploitation et des logiciels libres et open source principalement Ubuntu LibreOffice Writer Gimp GNU Image Manipulation Program et Inkscape Table des illustrations 321
80. Seule une indication crite se laisse lire facilement et semble in diquer le nom d une scierie ou d un quelconque site de production d o pourrait pro venir cette poutre et ses semblables En partant de cette tiquette v ritable s same pour acc der au march euro p en il est possible de remonter toute la proc dure de certification pour aboutir in fine la r glementation europ enne voqu e ci dessus Si cette trajectoire prend a posteriori la forme d une courbe harmonieuse et continue qui fait se correspondre l tiquetage individuel de chaque produit aux ambitions g n rales d un r glement europ en c est au prix de bien des passages et de nombreux formatages En l oc currence avant d tre jug e conforme la poutre de bois de section rectangulaire a du franchir beaucoup d tapes et surmonter quelques situations des plus com plexes En reprenant les inscriptions du cachet de la poutre en bois de section rectangulaire apr s l importance du logo CE ce qui saute aux yeux c est le sigle C24 Celui ci indique deux choses Le C indique qu il s agit d un bois de conif re Coniferous les feuillus tant indiqu s pour leur part par la lettre D Deciduous Le chiffre 24 renvoie quant lui une classe de r sis tance C est un facteur essentiel pour les bois de structure pour qui comptent principalement les caract ristiques techniques Cette cat gorie bois de structure se distingue elle m me de la 57
81. Si l entreprise de Ma dame J fonctionne de fa on relativement horizontale avec peu d employ s et un couple de patrons actifs tous les postes la division du travail est beaucoup plus marqu e chez F Les briques proviennent de sources diff rentes des d molitions mais aussi des entrepreneurs ou des particuliers qui viennent d poser des 104 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle briques Elles sont nettoy es et tri es par des ouvriers affect s exclusivement ce poste Assis sur des chaises basses ils utilisent une sorte de hachette pour faire sauter les traces de mortier Les briques s lectionn es sont empil es sur des pa lettes qui sont ensuite emball es et stock es sur le site en attendant d tre r cep tionn es ou d tre livr es chez leurs clients C est de l que viennent les briques que rach te Madame J pour compl ter son stock et r pondre la demande de son propre client lt des modes d organisation hybrides gt Lorsqu on regarde chaque poste de la cha ne de traitement chez F il appara t que les tech nologies mobilis es sont assez simples L op ration principale le nettoyage des briques est r a lis e manuellement l aide d outils extr mement ing nieux dans leur adaptation l ouvrage au quel ils sont destin s mais qui ne sont pas du mat riel de pointe l avant garde de la technolo gie peu de choses pr s la petite hachette qui sert nettoyer
82. Sp cifications techniques unifi es STS 04 bois et panneaux base de bois 63 Illustration VII Cabine de tri manuel des fractions r siduelles d un flux de d chets inertes dans un centre de concassage Source Rotor asbl 72 Illustration VIII gauche un broyeur am ricain tel que pr sent dans une encyclop die des machines industrielles de 1870 droite un concasseur m choires verticales dans un centre de tri en 2011 74 Illustration IX gauche un crible secousse utilis pour le nettoyage du charbon tel que d crit dans un cours de l cole centrale des arts et manufactures en 1893 droite un jig utilis pour tablir la courbe granulom trique des granulats de b ton tel que d crit dans un article du CSTC en 1999 75 Illustration X photo montage repr sentant l effondrement du Campanile San Marco Venise en 1902 Les d bris ont servi de remblai pour l am nagement des Giardini Source Wikimedia Commons sise 77 Illustration XI Exemple de fiche type d livr e par l organisme Copro en vue de certifier un produit recycl Ce document est indispensable pour que le produit en question puisse circuler au sein de l conomie mat rielle Source http copro eu 85 Illustration XII exemple de panneau sandwich comportant une couche d isolant et un parement de fa ade Source Salon de la construction Batibouw 2013 102 Table des illustrations 319 Illustrati
83. Stengers mais j ai tent de montrer tout au long de cette recherche le caract re profond ment h t rog ne des entit s qui se voient mobilis es de gr ou de force dans la construction d un ouvrage b ti Or dans de nombreux cas c est comme si les praticiens s taient rendus insensibles tout ce quoi engagent de telles relations Pour toute une s rie de raisons que j ai essay de pr senter cette possibilit d tre troubl par le type de res ponsabilit qu engagent ces effets de connexion a comme d sert les rangs de la pratique archi tecturale ou alors elle prend des tournures qui sont au mieux passablement d sincarn es et au pire franchement n fastes Pour reprendre les termes de Stengers il y a beaucoup d abus et de mauvais traitement et semble t il finalement assez peu de praticiens qui en sont troubl s Ce n est bien s r pas le cas partout ni pour tout le monde j ai pass une bonne partie de ce travail relayer quelques unes de ces exp riences o des praticiens s av rent non seulement sensibles ces questions mais aussi inventifs quant aux fa ons d y r pondre mais de mani re g n rale cela ne semble pas tre une pr occupation majeure des acteurs de l conomie mat rielle En d finitive c est peut tre ce type de sensibilit particuli re que d crivent si bien des au teurs comme Haraway Stengers Tsing et bien d autres que j ai essay de susciter par ce tra vail Si je ne
84. Union europ enne Bien entendu les essences de bois les plus courantes dans le secteur de la construction n ont pas attendu cette date pour tre class es en fonction de leur r sistance une caract ristique qui int resse concepteurs et constructeurs depuis la nuit des temps ou du moins en croire le th ori cien de l architecture Laugier depuis que l humanit s abrite dans des cabanes faites de branches de bois ramass es en for t Sans remonter si loin il y a encore quelques ann es les m mes co nif res utilis s dans la construction qui r pondent aujourd hui aux caract ristiques de la classe europ enne C24 ceux qui sont en train d tre d charg s du toit de la camionnette arriv e entre temps sur le chantier o elle se rendait taient repris dans la cat gorie S8 de la norme belge NBN B 16 520 dans la cat gorie SS de la norme britannique BS 4978 dans la cat gorie ST I ou ST II de la norme fran aise NF B 52 001 dans la cat gorie S10 de la norme allemande DIN 4071 ou encore dans la cat gorie T2 du classement nordique INSTA 142 pour ne citer que quelques uns des cadres normatifs les plus r pandus 58 2005 pour certaines parties 59 L homme veut se faire un logement qui le couvre sans l ensevelir Quelques branches abattues dans la for t sont les mat riaux propres son dessein Il en choisit quatre des plus fortes qu il l ve perpendiculairement et qu il dispose en carr Au dessus il en met quat
85. a t d pos dans les facult s d architectures belges en avril 2013 accompagn de la dite documentation publicit l ensemble tait emball dans une petite valise roulette promotionnelle distribu e aux tudiants de master Je souligne Chapitre 8 Prescripteurs r le d ambassadeur pour l une ou l autre marque de mat riaux ceux l tentent alors d initier d autres types d interactions plus subtiles plus fertiles plus complexes aussi avec l industrie des producteurs de mat riaux C est bien s r le cas de Gilles Perraudin et de son travail autour des blocs de pierre massive bien qu il ne soit videmment pas le seul travailler en ce sens En y regardant de plus pr s on n est pas oblig de consid rer que tout ce qui mane de la profession et de ses institutions est prendre sous l angle de l action finalit strat gique Et quand bien m me cela serait le cas beaucoup d gards les acteurs sont aussi engag s par ce qu ils annoncent La notion de d sint ressement par exemple pour reprendre le cas que j voque ci dessus n est peut tre pas uniquement une strat gie de classement social l aspect vocationnel de la pratique architecturale malgr toutes les questions qu il soul ve par ailleurs poss de quelque chose de bien palpable Il suffit de se rendre dans une agence d architecture la veille de la remise d un gros concours pour un projet important pour s en rendre compte Ce qui pousse de nombreu
86. a aussi des situations o des briques de r emploi conviendraient tout fait Or c est comme si pour avoir la brique dans un projet il fallait prendre galement tout le contexte nor matif qui s est peu peu cristallis autour d elle et sans doute avec de tr s bonnes intentions la base Quelqu un qui voudrait de la brique sans avoir automatiquement ce cadre serait oblig de d tricoter tout cet amalgame et de faire le tri entre ce qui lui est toujours utile pr ciser par exemple le fait qu une brique ne doit pas tre g live ou que toutes ses ar tes doivent tre nettes et ce qui ne s applique pas n cessairement son cas pr cis par exemple le fait que le processus de production de la brique a t contr l de telle ou telle mani re Il faudrait ensuite retisser un nouveau cadre qui offre certaines garanties dans le choix des briques et notamment la possibili t de refuser des briques estim es dangereuses ou compromettant la stabilit de l ouvrage mais qui permettrait tout de m me de faire mettre en uvre un mat riau plus singulier comme notre fameuse brique de seconde main Cette action de d tricotage et de re tissage est cons quente Elle prend du temps de l ner gie et implique certains risques Aussi rares sont les concepteurs s engager dans de tels pro cessus Ils ont en g n ral d j bien assez de travail en se reposant sur les dispositifs existants Chapitre 3 Quand les mat riaux nus s q
87. accents emprunt s la sociolo gie des champs pour asseoir leur importance dans le champ concurrentiel de l conomie mat rielle les architectes ont constitu un corpus de connaissances qu ils ont associ leur profes sion et pour lequel ils ont pris en charge toutes les modalit s de production et de transmission notamment par la proximit de l enseignement et du monde professionnel Pour certains socio logues des professions ce ph nom ne rel ve en plein d un processus qui peut tre d crit comme ultimes d un march auto r gulateur les ann es 1930 ont connu quant elle un formidable retour de b ton se traduisant par l abandon de la production fond e sur des march s libres Ibid p 67 68 et le replis vers d autres formes d conomie davantage r gul es D autres cadres de lecture portent toutefois un clairage diff rent sur la question du renouveau corporatiste en ne l envisageant pas n cessairement comme une forme r trograde mais plut t comme un espace potentiellement progressiste Telle est notamment la lecture de Durkheim qui voit dans la corporation un terreau fertile l tablissement de formes de solidarit et de morale Cf notamment les le ons de sociologie sur la morale professionnelle dans Durkheim E Le ons de sociologie Physique des m urs et du droit Cours de sociologie dispens s Bordeaux entre 1890 et 1900 texte publi en 1950 et retranscrit dans la biblioth que des classiques
88. autres mots le revendeur s engage livrer un produit conforme une utilisation donn e laquelle est d crite avec beaucoup de d tails VERWERKINGSWIJZE EN METSELVERBAND VAN OLIVIERS GEVELSTENEN Het niet naleven van deze voorwaarden is op de verantwoordelijkheid van de uitvoerder Bijhetr tsen van een bestelling moet men er zorg voor dragen om genoeg stenen te bestellen zodat alles in nmaal kar jeleverd worden Indien achteraf stenen bijbesteld worden kunnen wij nooit garanderen dat dezelfde kleur zal geleverd worden Een verschil in kleur en formaat zal moeten aanvaard worden en kunnen wij daarvoor nooit aansprakelijjk gesteld worden Ingeval er te weinig stenen zouden geleverd zijn moet men zo viug m gelijk het tekort aan stenen laten bijleveren Jat ze kunnen gemengd worden met de voorgaande levering Verwerken met een zware voeg Om de maatverschillen de grillige vorm de kromme en de dikke stenen te kunner verwerken moet het metselwerk uitgevoerd worden in wildverband en met een zeer zware voeg vb Moeffen verwerken 30 mm Klinkers 66 mm Klompjes 63 mm Met deze zware voeg is ook rekening gehouden om het aantal stenen te bepalen Indien men een kleinere voeg toepast zullen er stenen te weinig geleverd zijn en moet men tijdig bijbestellen Bij twijfel is het aangeraden om inlichtingen te neme Verwerken in wildverband Door hun grillige vorm en maatverschillen is het bijna onmoge bepaalde soorten te
89. briques les clients de F sont pris dans des lo giques de travail qui font qu ils n ont pas envie de s emb ter avec de telles tapes Les briques doivent donc tre pr tes l emploi sinon les clients de F vont rapidement se tourner vers les vendeurs de briques neuves Ceux l bien s r offrent directement tous ces services En ce sens les briques de chez F se profilent donc plus explicitement comme des concur rentes aux briques neuves Par rapport ce produit elles se distinguent toutefois en mettant en avant leur aspect rustique Beaucoup de ma tres d ouvrages belges faisant construire leur maison appr cient la brique ancienne qu ils emploient en parement de fa ade tel point que certains producteurs de briques neuves se sont mis proposer des gammes de briques artificiel lement us es Il s agit de briques neuves sortant directement de l usine mais que les fabricants font passer par une tape suppl mentaire souvent un tambour rempli de petits objets conton dants qui vise donner aux briques un aspect irr gulier Ils s arrangent en quelques sorte pour inscrire en acc l r des traces sugg rant le passage du temps et des l ments sur ces briques ce que les anglophone d crivent gr ce la belle expression weathering qui renvoie l usure m t orologique des mat riaux La niche du faux vieux n est pas n cessairement en concur rence directe avec le secteur du r emploi Certains revendeurs ont d a
90. ces ambitions se trouvent dans un cahier des charges n est pas tellement tonnant puisque effectivement le fait d ouvrir le chantier des visiteurs ext rieurs ou d int grer des mat riaux inhabituels a une influence sur les activit s de l entrepreneur Celui ci doit donc tre pr venu d une mani re ou d une autre et prendre les dispositions qui s imposent Il est n anmoins remarquable que le cahier des charges se fasse le r ceptacle d une volont d ouver ture des acteurs habituellement peu pris en compte ici les usagers et les mat riaux habituel lement vacu s et impliquant des registres quelque peu trangers au registre technique auquel se cantonne usuellement un tel dispositif En ce sens il s agit bel et bien d une forme de d tour nement L architecte exploite la dimension performative du cahier des charges en vue de tra duire des int r ts qui initialement ne sont pas v ritablement cens s y figurer C est l que se trouve la ruse l architecte et son quipe ont fait preuve d une certaine intelligence technique pour donner consistance certaines contraintes auxquelles ils tenaient Le cahier des charges est alors devenu l un des terrains d action o se sont jou s ces tours de trickster qui ont permis dans une certaine mesure de reconfigurer les assemblages d acteurs au sein des circuits de l conomie mat rielle mobilis s pour ce projet l Si l int gration des l ves de l cole n a pas t u
91. cits fondateurs gt Dans la mythologie industrielle belge on trouve une sorte de r cit fondateur propos du d veloppement des installations de recyclage des d chets inertes Celui ci se passe au tout d but des ann es 1990 et met en sc ne un entrepreneur ayant r pondu un march public en remet tant une offre remarquablement plus basse que celles de ses concurrents L administration intri gu e par cette diff rence de prix convoque alors l entrepreneur pour en savoir plus Celui ci ex plique qu il a pr vu d utiliser pour ce poste des mat riaux recycl s moins chers que leurs qui valents neufs Tout en admettant la proposition d un point de vue technique l administration a d malgr tout carter l offre dans la mesure o le cahier des charges stipulait clairement l obli gation pour l entrepreneur de fournir des mat riaux neufs Pour viter de telles situations l ave nir l administration a toutefois charg un groupe de travail d laborer de nouveaux cadres juri diques techniques et administratifs permettant d accueillir ces produits recycl s Un groupe de travail a alors t mis en place au sein du d partement Environnement amp Infrastructure de la Communaut flamande pour plancher sur diff rents documents dont une circulaire d finissant les bases techniques pour ces nouveaux produits Si ce r cit converge bien avec les ambitions environnementales des politiques europ ennes ce qui y est mis en ava
92. compte pr cis de tout ce qui arrive sur le site Le chauffeur se dirige ensuite vers un hangar situ au fond du terrain o il d verse le contenu de sa benne sur un tas de gravats que lui in dique un op rateur partir de l les gravats vont suivre une longue trajectoire visant transformer ces d chets en une nouvelle ressource De machine en machine de zone de tri en processus de nettoyage ces gravats vont tre tri s concass s selon des granulo m tries tr s pr cises et transform s en granulats aptes r int grer le march des produits de construction C est d abord la pelle m canique que les restes d l ments en b ton encore vaguement reconnaissables sont bris s Le machiniste plac dans la cabine ma n uvre si habilement que quelques mouvements rapides lui suffisent arracher une bonne partie des ferraillages b ton Le reste de l acier sera enlev l aide d une bande magn tique plus loin sur la cha ne Ses propri t s magn tiques font de l acier un mat riau tr s facile trier En revanche les restes de m taux non fer reux de bois ou de plastique demandent plus d infrastructure Plusieurs machines vont tre n cessaires pour assurer le tri du flux de d chets inertes mais la m thode la plus efficace reste le passage par une cabine de tri manuel Quelques ouvriers sont plac s de part et d autre d une bande roulante dans une petite cabine situ e en hauteur Toute la journ e des d chets
93. conomie Mais on ne pourrait plus dire alors que la cha ne de correspondance entre l image textur e et le mat riau mis en uvre est tout fait fluide Autre cas de figure le fichier appel zebrawood png pourrait comporter une erreur et re pr senter en fait une autre essence de bois L aussi la livraison des panneaux sur le chantier aurait occasionn une dr le de surprise pour l quipe de conception Dans tous ces cas de figure il y a chaque fois une sorte de petite bifurcation litt ralement une correspondance rat e qui fait que le projet n aboutit pas exactement la destination pr vue Pour chaque projet de construction ces cha nes de r f rences sont uniques Il y a toutefois des l ments r currents qui interviennent et qui sont r utilis s de fa on syst matique pour viter de devoir toujours tout r inventer J ai sugg r cela l chelle de l agence d architecte elle m me notamment via les bases de donn es d informations qu elle accumule de projet en projet mais c est aussi le cas au del de l agence proprement dite entre plusieurs acteurs distincts de l conomie mat rielle On voit r appara tre ici les fameux m diateurs assagis dont j ai d j parl dans les parties pr c dentes Le stagiaire par exemple se base sur des ressources existantes ac cumul es au fil du temps par l agence d architecture les bases de donn es de texture les r f 313 Cf Latour B Enqu tes sur les modes
94. conomie mat rielle D autres cas de figure semblables seront examin s dans ce cha pitre Les chapitres pr c dents faisaient aussi appara tre une sorte de contraste entre diff rentes trajectoires de mat riaux de construction Ils insistaient sur le fait que les circuits les plus cou rants sont aussi les plus exigeants De ce fait ils entra nent des effets de disqualification pour toute une s rie de mat riaux qui sont pourtant dot s de vertus potentiellement int ressantes mais qui peinent trouver leur place dans ce type de march Il y aurait donc quelque chose comme des circuits principaux o circulent des mat riaux lourdement quip s et dot s de toutes les caract ristiques pour r pondre des sets d exigences cons quents et puis des circuits plus secondaires au statut ambigu parfois la fronti re de la l galit o se retrouvent toutes sortes de mat riaux qui n acc dent pas aux circuits primaires bien qu ils poss dent je le r Chapitre 4 L laboration des dispositifs m diateurs p te des caract ristiques galement int ressantes celles ci seront explicit es au prochain cha pitre Dans ce chapitre je propose de plonger au c ur de diff rentes ar nes o sont labor s cer tains de ces dispositifs pr vus pour accompagner la mise sur le march de mat riaux destin s la construction La premi re de ces ar nes s tale entre plusieurs sites mais tous les acteurs impliqu s so
95. conomie mat rielle n est assur 100 que les mat riaux qui y circulent aboutiront bien leur destination Il est toujours possible que les cha nes de corres pondance s interrompent pour une raison ou une autre lt des cha nes trop efficaces gt Mais comment comprendre alors la vague de protestation des cologistes new yorkais tra vers cette grille de lecture ax e sur la notion de cha nes de correspondance Leur m contente ment proviendrait il d une erreur de correspondance d un passage manqu quelque part Il me semble que c est pr cis ment l inverse qui se passe ici Ce qui a sans doute pos probl me ces activistes au del d une pure position de principe vis vis de l industrie du luxe et de son irresponsabilit c est le fait que la cha ne de r f rence ait t trop efficace Manifestement aucun moment il n y a eu l occasion de ralentir le proces sus pour se demander si le Z brano tait bien le mat riau qui convenait le mieux selon d autres points de vue que ceux envisag s La correspondance entre la texture virtuelle et le bois mis en uvre a plut t bien fonctionn Par contre elle est manifestement rest e imperm able aux as pects environnementaux et sociaux que les cologistes new yorkais auraient pourtant aim y voir figurer D une certaine mani re ils regrettent que certains int r ts et certains points de vue 315 Ceci nuance quelque peu l id e d une trajectoire rectiligne u
96. de cas ethnographiques Clara architecture recherche vol 3 para tre en 2015 HUYGEN Jean Marc La poubelle et l architecte vers le r emploi des mat riaux Arles France Actes sud coll L impens 2008 ILLICH Ivan Le ch mage cr ateur Postface La Convivialit 1977 uvres compl tes traduit par SISSUNG Maud Paris Fayard 2005 vol 2 2 pp 23 91 ILLICH Ivan La convivialit 1973 uvres compl tes traduit par SISSUNG Maud Paris Fayard 2004 vol 1 2 pp 449 580 INSTITUT BELGE DE NORMALISATION IBN NBN EN 13556 Bois ronds et bois sci s Nomenclature des bois utilis s en Europe Institut belge de normalisation 2003 JACOBS Jane Systems of Survival A Dialogue on the Moral Foundations of Commerce and Politics 1992 pour l d originale New York Vintage Books 1994 Bibliographie 309 JAMESON Frederic Le postmodernisme ou la logique culturelle du capitalisme tardif traduit par NEVOLTRY Florence 1990 pour l d originale en anglais Paris Les ditions de l cole Nationale Sup rieure des Beaux Arts coll D art en questions 2011 JAMES William Le pragmatisme Un nouveau nom pour d anciennes mani res de penser traduit par FERRON Nathalie 1907 pour l d originale en anglais Paris Flammarion coll Champs Classiques n 759 2011 JEANPIERRE Laurent Critique sociale et mancipation Entretien avec Luc Boltanski Collectif dir
97. de ces mat riaux qui b n ficient du support d un large secteur com portant des acteurs relativement nombreux De leur c t les promoteurs de la terre paille ou de la pierre massive travaillent beaucoup plus petite chelle Il s agit de petits groupes de mili tants voire d individus seuls Ils ne disposent pas du tout de la m me force de frappe pour faire reconna tre au secteur de la construction l int r t des mat riaux qu ils promeuvent Par ailleurs si la pierre bleue a d ploy ses circuits depuis un certain temps et qu elle y circule aujourd hui plut t ais ment pour reprendre l image de la tuyauterie d velopp e ci dessus les actions qui affectent ces circuits sont plut t de l ordre de l entretien que la construction la terre paille et la pierre massive ne disposent pas encore de tr s larges circuits Et l extension de ceux ci se confronte in vitablement aux infrastructures d ploy es par d autres mat riaux En ce sens les dispositifs m diateurs qui sont mis au point doivent peut tre plus encore que tous les autres apprendre n gocier avec l existant La fa on dont j ai choisi de th matiser les contrastes entre ces diff rents modes d laboration des dispositifs m diateurs touche la question des moyens d ploy s L une des grosses diff rences entre la pierre bleue de Belgique et la terre paille ou la pierre massive tient la quantit d acteurs que ces mat riaux parviennent mobi
98. de cette perspective minemment cologique Il y a moyen suppose t il que les modernes apprennent revoir leur relation au monde en ap prenant ce qui compte pour d autres collectifs Dans la cosmologie arawet les non humains finir avec la tol rance 1997 pour l d originale Paris La D couverte 2003 Latour B Enqu tes sur les modes d existence op cit 418 Viveiros de Castro E M taphysiques cannibales Lignes d anthropologie post structurale traduit par Bonilla O 2009 pour l d originale Paris Presses Universitaires de France coll M taphysiques 2012 p 20 419 Ibid 420 Viveiros de Castro E La propri t du concept Cerisy la Salle notes personnelles 2013 291 292 Conclusion La responsabilit l aune du d passement nature culture sont effectivement consid r s comme des personnes et par cons quent ce que la modernit au rait tendance voir comme une relation culture nature prend chez eux la forme de v ritables re lations sociales En ce sens il dresse lui aussi les contours d une forme d cologie qui a moins voir avec la pr servation de l environnement naturel avec la nature entendue comme une entit ext rieure qu avec la perspective d tablir des relations sociales fertiles entre les humains et les autres vivants avec qui ils composent des collectifs C est un point qui fait cho de nombreux d veloppements en anthropologie L int r t pour
99. de construction Certains auteurs ont vu dans ce d placement des comp tences les pr misses de la prol tarisation du secteur de la construction Selon eux les dispositifs qui ont permis la d composition du travail notamment les livres techniques et les devis prescriptifs sont embl matiques du passage du statut de l arti san disposant assez librement de son temps et de ses outils de production celui de prol taire d poss d de tout sauf de sa force de travail ultime recours pour sa subsistance L intervention massive des ing nieurs dans la construction c est la possibilit de passer outre les gr ves de compagnons par la mobilisation d une main d uvre non form e soldats ou indigents des campagnes mais fortement enca dr e qui tous les d tails des op rations sont dict s par une minutieuse pr pa ration l application des math matiques la construction Si l approche de ces questions par l tude des dispositifs disciplinaires propres au chantier renvoie explicitement aux travaux de Foucault la mobilisation du r f rentiel de la d possession voque quant lui une veine plut t marxiste Selon cette derni re approche le glissement des comp tences du registre indiciaire au registre rationnel serait indissociable d une situation conflictuelle entre des classes sociales Dans cette perspective les connaissances et leurs re gistres pist mologiques respectifs qui sont associ s divers types
100. de fines nervures plus fonc es et au dessin fort l gant zebrawood png c est le nom du fichier utilis Eh bien voil c est d cid Le rev tement des surfaces du magasin sera construit en panneaux de contre plaqu de z brano une texture qui voque les tableaux de bord des voitures de luxe d antan 229 230 Section 3 Positions Les concepteurs embarqu s dans l conomie mat rielle Quelques semaines plus tard le projet a bien avanc et la plupart des choix sont arr t s Les clients se sont montr s enthousiastes devant les images et les maquettes d taill es qu ont pr par es pour eux les architectes Le projet quitte alors l quipe de conception pour passer entre les mains du d partement tech nique Dans cette nouvelle phase l quipe sera charg e de mettre au point tous les documents techniques n cessaire la r alisation du projet Pour le stagiaire de Rotterdam et ses coll gues proches c en est termin avec ce projet Seule une quipe r duite assurera la coordination entre les commanditaires et le d partement technique Plus tard une troisi me quipe interviendra dans le processus Compo s e d architectes bas s New York elle sera charg e de suivre l ex cution du pro jet II n y aura plus alors qu une seule personne issue de l quipe de conception qui sera pr sente pendant les r unions de chantier Son r le consistera veiller ce que les intentions du projet soient bien conserv
101. de grandeur En ce sens ils auraient sans doute beaucoup gagner en pla ant leurs propres luttes sur le plan d un tissage d affinit s avec les autres luttes voqu es ci dessus Ce quoi sont confront s les promoteurs de mat riaux alternatifs n est pas tellement la fi gure du scientifique arrogant dont les ressources se pr sentent comme les seules habilit es r pondre aux questions d int r t collectif Ce qu ils ont en face d eux ce sont d autres fi 231 Stengers I et Drumm T Une autre science est possible Manifeste pour un ralentissement des sciences suivi de Le poulpe du doctorat La D couverte 2013 p 50 232 Stengers I et Drumm T Une autre science est possible op cit p 48 233 Ibid p 49 234 Cf aussi le chapitre 5 troubles l ordre public dans Stengers I La Vierge et le neutrino op cit p 119 151 Chapitre 5 Normativit s des dispositifs d articulation gures d autres dispositifs de capture h g moniques qui imposent une forme d int r t sur tous les autres Certains d entre eux sont d ailleurs abord s depuis longtemps par plusieurs des mou vements critiques qui maillent l histoire de la pens e occidentale Le r cit marxiste de l extension de la logique de la marchandise en est sans doute le repr sentant principal Marx s attache en effet montrer comment la logique interne de la marchan dise tend s tendre toujours plus entra nant dans son sillage de
102. de l ensemble des cha nes de marchandisation du capitalisme glo balis s applique galement l chelle des circuits de l conomie des produits de construction Au cours du processus qui les conduit jusqu leur mise en uvre et m me par la suite les ma t riaux sont appr ci s pour des propri t s diff rentes et sont amen s faire l objet de transfor mations en cons quence Pour reprendre l exemple de la poutre en bois on peut effectivement imaginer que l ouvrier qui la d charge depuis le toit de sa camionnette ne manipule pas tout fait le m me mat riau que le travailleur qui a effectu le contr le de qualit la sortie de la cha ne de production et ce mat riau l est lui m me sensiblement diff rent du mat riau que manipule le b cheron quelque part dans une for t ardennaise ou celui que tente de standardiser un organisme de normalisation europ en Tout comme Tsing parle de charbon le triable ou de charbon le combustible on peut imaginer qu un mat riau de construction passe par les divers tats de mat riau le produit fini mat riau le transportable mat riau le ven dable mat riau le descriptible mat riau le pr visible etc lt trictions gt Du fait du caract re dynamique des trajectoires tudi es le suivi des mat riaux permet de circuler travers diff rents univers axiologiques rassembl s autour d une finalit partag e Comme je l indiquais
103. de pratiques se voient th ma tis s travers le filtre d un rapport de force entre diff rentes classes sociales les soldats d mobi lis s et les indigents des campagnes associ s ici une forme de proto prol tariat contre les 273 P rez G mez A L architecture et la crise de la science moderne 1983 pour l d Originale en anglais Li ge Mardaga 1987 p 316 274 Plusieurs auteurs s attachent toutefois monter le caract re irr ductible du chantier une industrialisation totale de la production du b ti Cf par exemple Ferro S Dessin chantier op cit Bernard P Le chantier op cit 275 Querrien A et CERFI Devenir fonctionnaire et ou le travail de l tat Lectures hypoth tiques sur l histoire du corps des Ponts et Chauss es Paris 1977 Cit par Dupire A Hamburger B Paul J C Savignat J M et Thiebaut A Deux essais sur la construction op cit p 37 Chapitre 6 M nager des marges de man uvre ing nieurs plut t issus de la bourgeoisie Quoique tr s diff rentes dans leurs approches et leurs objectifs ces deux lectures ont en commun de pr senter une sorte de glissement des comp tence li es la mise en uvre des mat riaux depuis le savoir faire de l artisan vers les sph res de la conception c est dire vers les architectes et partiellement les entrepreneurs Ce que sugg re le mouvement de normalisation croissante des proc d s constructifs c est la mont e en im
104. de revenir un instant sur la d finition du r le des concepteurs dans l conomie mat rielle ce titre l illustration du chapitre pr c dent donnait aussi voir quelques pistes de r flexion potentiellement fertiles En l occurrence en pre nant le temps de d composer les diff rents maillons de ces cha nes j ai montr l importance de la position du d clencheur Ce sont effectivement les concepteurs qui initient la mise en branle qui va faire se rapprocher des dispositifs propres la conception et un mat riau de construction en tant que tel m me si comme je l ai indiqu dans d autres chapitres beaucoup d autres ac teurs sont impliqu s dans ce processus Dans la litt rature il n est pas rare que cette partie de l activit de conception soit d crite comme de la prescription Ce terme est int ressant dans la mesure o il permet d assez bien saisir les sp cificit s des activit s de conception et leurs sp ci ficit s actuelles certainement lorsqu elles sont vues depuis le point de vue des mat riaux de construction Il r sonne par ailleurs avec tout un corpus d auteurs qui se sont attach s pointer certaines limites des pratiques de conception et plus exactement encore de la division du travail qu elles impliquent Il me semble int ressant d tudier de plus pr s cette figure du prescripteur pour voir dans quelle mesure elle fait cho aux questions soulev es dans le chapitre pr c dent Par la suite Cha
105. des fractions de b tons ne soit pas trop lev Un r glement Benor pour norme belge encadre tr s strictement le mat riel n cessaire ces test et le d roulement exact de ceux ci Bas sur un cadre normatif assez dense constitu de textes r glementaires adopt s pour la plupart l chelle europ enne ces textes sont le r sultat de plusieurs ann es de travail au sein d un comit technique du Comit Europ en de Normalisa tion CEN La logique de contr le pour les granulats est assez semblable celle mise en uvre pour le bois de structure c est au fabricant de mettre en uvre les protocoles de contr le de la qualit de ses produits un organisme notifi se charge quant lui de v rifier si ces protocoles sont conformes aux normes tablies et dans certains cas proc de lui m me des tests sur des chantillons pr lev s au hasard Dans le cas des granulats recycl s en Belgique cet organisme s appelle Copro Il s agit d une asbl qui se d crit comme un organisme impartial de contr le de produits pour la construction Son champ d action se concentre fortement sur les granulats et sur le secteur du recyclage des inertes Ce sont eux qui d livrent finalement la marque Benor indis pensable passeport pour que les granulats puissent circuler sur le march de la construction Co 83 64 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle pro m ne galement un travail de lobbying en a
106. des attachements allant des passions les plus affect es aux int r ts les plus calcul s tous ces int r ts ne cohabitent pas n cessairement bien C est du reste un point que la sociologie des controverses aborde tr s frontalement Il est des situations o les pr tentions la justice des acteurs engag s dans un conflit ne peuvent pas tre rencontr es tout simplement parce que leurs registres de grandeurs respectifs ne parviennent pas s accorder L une des cit s impose alors aux autres ses propres conditions de f licit Et il est des cas o celles ci correspondent justement ce qui dans d autres cit s constitue des conditions d inf licit Si l conomie mat rielle est une marmite d int r ts passionn s il ne faut pas en d duire pour autant qu il s agit d une cologie d int r ts bien quilibr e o toutes les voix seraient entendues et prises en compte o il n y aurait ni violence ni abus Dans leur lecture de Tarde Latour et L pinay montrent bien que pour ce dernier l conomie n est nullement vid e des conflits Bien au contraire Les int r ts passionn s et la multiplicit des registres de valeur suscitent bien 210 L expression est prendre comme un clin d il aux travaux que Albert O Hirschman a men sur le glissement op r au 18 si cle depuis le r f rentiel des passions vers celui des int r ts glissement qu il pr sente comme un terreau fertile l mergence d un ce
107. des cosmologies non modernes jette un clairage particulier sur la fa on dont le naturalisme moderne est constitutif d un rapport de domination vis vis de l environnement mais aussi envers d autres cultures Dans cette nouvelle cologie compos e de relations sociales entre humains et non humains l identit m me des tres passe par un processus d alt ration au contact de l autre plut t que par une propri t essentielle d finie a priori et de fa on exclusive Pour ce type d ontologie les rela tions et les effets de connexions sont plus importants que jamais C est dans cette perspective que les travaux de Donna Haraway s av rent des plus int ressants La question de la responsabi lit pourrait bien en effet passer par une attention accrue aux connexions avec les entit s aux quelles les acteurs se lient au fil de leurs activit s Selon cette perspective l tablissement de la relation est central Et la relation en question met en rapport des h t rog nes dont le devenir passe pr cis ment par l tablissement de cette mise en relation Haraway offre ainsi un cadre d interpr tation qui permet de surmonter les limites de l pist mologie moderne en particulier sur le plan d une s paration entre nature et culture humains et non humains tout en maintenant la possibilit de pouvoir tre tenu responsable de ses actions C est un aspect de sa pens e que la philosophe Isabelle Stengers met particuli rement bien en lumi re
108. des entreprises de reventes et les mat riaux qui y s journent pour des dur es variables C est ce qui m a permis de poser ci dessus quelques unes des questions qui influencent directement la trajectoire des mat riaux de r em ploi En somme les formes qui assurent le transfert des responsabilit s et des instructions dans le contexte hyper r glementaire des circuits formels de l conomie mat rielle se d clinent diff remment dans les contextes moins formalis s o circulent la plupart des mat riaux de r emploi On y a notamment affaire des formes plut t orales qu crites Les rapports de confiance et de responsabilisation se rapportent des m diations quelque peu diff rentes qui valorisent des res sources telles que l exp rience le savoir faire et la long vit Tout cela a pour cons quence que les mat riaux disponibles dans une entreprise telle que celle de Madame J sont destin s circu ler dans des r seaux agenc s quelque peu diff remment que ceux pr sent s dans les exemples pr c dents Il ne faudrait toutefois pas en conclure qu il s agit l de deux secteurs tout fait tanches La fronti re entre ces diff rents contextes semble plus poreuse C est ce que vont montrer les mat riaux qui transitent par l entreprise F lt caract ristiques embarqu es 1 attractivit et qualit s techniques gt De son c t l entreprise F op re dans un contexte sensiblement diff rent Le fait de s tre sp
109. des faisceaux d injonctions qui font de l imp ratif le mode caract ristique des circuits de l co nomie mat rielle La question devient alors de savoir comment donner consistance d autres modalit s et par extension d autres types de responsabilit J ai sugg r dans cette section que travailler sur la reconfiguration des dispositifs m diateurs est peut tre une piste suivre Toute mesure gard e c est une approche qui permet de travailler au plus proche de ce que les contextes situ s exigent et qui prend garde de ne pas leur imposer des solutions g n ralisantes de type one size fits all C est galement une approche susceptible de d velopper des op rateurs de mise galit entre les parties concern es D une certaine mani re cela permet de desserrer quelque peu les treintes qui parfois tranglent les situations Enfin c est aussi une approche qui prend tr s au s rieux les effets susceptibles d tre produits par les dispositifs m diateurs Si dans beaucoup de 308 Dans la version originale des textes Haraway utilise le terme accountable plut t que le terme responsibility La nuance entre ces deux mots anglais ne pouvant tre rendue en fran ais en r gle g n rale il faut entendre responsabilit au sens litt ral obligation de rendre compte de ses actes de ses choix d en tre comptable N d T Haraway D Des singes des cyborgs et des femmes op cit p 191 Chapitre 6
110. diateurs celle de la STS se base sur un mod le math matique th orique vraisemblablement issu de re cherches en m canique des milieux continus qui fait de la r sistance la compression d un ma t riau une fonction de sa densit La courbe obtenue permet d obtenir pour n importe quelle pierre sa r sistance la compression pourvu qu on connaisse sa masse volumique ce qui de puis les bains d Archim de est assez facile obtenir exp rimentalement D ailleurs le m me ta bleau est repris dans une autre note d information technique du CSTC sur les pierres blanches naturelles dat e de juillet 1970 Bien qu il tait alors mentionn que ce tableau emprunt l AFNOR Association fran aise de normalisation tait en cours de r vision les r dacteurs de la note technique avaient jug utile de le pr senter en soulignant notamment sa qualit visuelle partir de cette courbe il est en effet possible de d finir des zones dans l espace cart sien du graphique qui correspondent des duret s de pierre s chelonnant entre les valeurs extr mes tr s tendre et froide en passant par demi ferme ferme et dure une d no mination qui permet de facilement caract riser la duret d une pierre L espace est galement ponctu de points qui repr sentent les types de roches les plus courants en France Ainsi un m me outil permet de pr senter les caract ristiques des pierres les plus courante
111. diateurs et datant de 1984 Auparavant le CSTC avait consacr d autres notes la pierre naturelle no tamment la NIT n 28 intitul e Le petit granit Fiche technique qui date de 1962 Cette m me note 28 avait t remani e en 1965 avant d tre remplac e par la NIT n 99 Le petit granit en 1973 D autres notes techniques se sont int ress es la pierre naturelle dans son en semble sans se focaliser exclusivement sur la pierre bleue La succession des titres de ces notes techniques montre un changement important dans la derni re version qui abandonne la d nomination petit granit au profit d une description plus pr cise de la pierre bleue Cet apport de pr cisions tient vraisemblablement une volont des acteurs du secteur de l extraction wallons de d finir plus pr cis ment leur produit face la concurrence de plus en plus internationale d autres fournisseurs de pierre La d nomination petit granit ne suffit pas la pierre bleue de Belgique pour se distinguer d autres pierres que rien n emp che d adopter galement cette d nomination Les d tails suppl mentaires devenus n cessaires mentionnent l ge stratigraphique de la pierre Il s agit en l occurrence de bancs da tant du tournaisien un terme qui ne renvoie pas seulement une poque g ologique du Carbo nif re inf rieur mais qui voque galement une r gion g ographique de la Belgique En cela la description scientifique de l
112. doit pas tre vue comme une tentative pour ajouter une couche suppl mentaire dans le d bat ni un essai suppos r soudre cette vaste question Comme je l ai dit pr c dem ment la prescription n est jamais qu un pan de l activit de conception Cela dit il me semble que cette proposition jette un clairage sp cifique sur la question du r le de l architecte et pour rait bien aider ancrer cette question dans le contexte du pr sent questionnement savoir les formes de responsabilisation des concepteurs vis vis des circuits de l conomie mat rielle En l occurrence la notion de prescription met en exergue ce d calage entre une phase o le projet s labore et celle o il est mis en uvre Prescrire est galement une action qui engage celui qui l effectue mais aussi ceux qui elle s adresse En ce sens on retrouve la sensibilit qui mergeait dans le chapitre pr c dent o l on devait tenir la fois la notion d individu susceptible d tre tenu responsable de ses actions et au fait que les actions en question s inscrivent dans des pra tiques assez complexes engageant d autres acteurs et une certaine dilution de la responsabilit qui dans ses d veloppements les plus extr mes peut m me mener des cadres d interpr ta tion d responsabilisants 343 Camus C Pour une sociologie constructiviste de l architecture Espaces et soci t s 5 octobre 2010 vol 142 n 2 pp 63 78 344 Yaneva A
113. du subjonctivit subjonctivity pour proc der l analyse d uvres litt raires Selon lui le label qui est associ une uvre litt raire informe la fa on dont elle est lue et dont sont per us les proc s qui y sont relat s dans leur rapport au plan de la r alit Il sugg re ainsi que lorsqu on lit un reportage journalistique une certaine tension anime notre lecture mot apr s mot Cette tension c est celle du c est arriv Le lecteur est inform dans sa lecture du reportage par le principe du a c est pass Voil pour Delany le niveau de subjonctivit auquel se place le journalisme Dans ce cas l c est en fait quasiment de l indicatif a c est pass comme a le proc s se d roule bien sur la plan de la r alit Par contre la subjonctivit d une suite de mots labellis s sous l tiquette de fiction naturaliste est d finie par la tension a aurait pu arri ver Certes les protagonistes d un roman n ont pas exist dans le plan de la r alit mais toute la fiction est construite sur l id e qu ils auraient tr s bien pu l tre Cet l ment informe la lecture qu on en fait Le genre de la fantasy quant lui se d roule un niveau de subjonctivit particulier puisqu il renvoie ce qui n aurait pas pu arriver could not have happened Enfin pour Delany le niveau de subjonctivit de la science fiction est encore tr s diff rent de tous ceux l Il se caract rise par une tension qui a
114. du temps Leur pr sence m me cach e permettra peut tre un jour un arch ologue du b ti de retracer l histoire d un difice en l tudiant litt ralement en profondeur Quoique parfaitement plausibles ces quelques exemples sont ici largement fictifs mais ils illustrent bien le processus d individualisa 123 Bien que ce mat riau pr cis soit assez rare en raison des difficult s d terminer s il est suffisamment r cent pour ne plus contenir de fibres d amiante couramment utilis es auparavant 99 100 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle tion que subissent immanquablement les l ments d une s rie industrielle une fois que celle ci se d lite le plus souvent au moment de la distribution ou du premier achat Ce processus de d litement des s ries et d individualisation des l ments exerce une certaine influence sur la raret des mat riaux et par cons quent sur leur valeur Si la majorit des dalles de carrelage en c ramique ont disparu en tant que d chet au fond des d charges une poque o elles ne suscitaient pas beaucoup d int r t les quelques l ments survivants devenus beau coup plus rares peuvent susciter de nouveaux attachements en vertu m me de leur raret Mais la raret n est pas le seul facteur d appr ciation Des l ments tr s courants et presque intempo rels comme les pav s ou les pi ces de pierre bleue sont tr s courants sur le march du
115. embarqu es 3 tre descriptible gt p 117 132 Genard J L La grammaire de la responsabilit Paris ditions du Cerf coll Humanit s 1999 133 Jane Jacobs ne semble pas s tonner que l argent lui m me repose sur une sorte de Chapitre 3 Quand les mat riaux nus s quipent pouvait tre pr sum e et que la vie commerciale s op rait sur base du principe qu il tait aussi disgracieux de frauder un tranger que de tromper un ami Si la confiance semble bien n cessaire toute transaction commerciale dans le cas de nom breux revendeurs elle ne passe pas uniquement par des dispositifs formels m me si bien s r toutes ces entreprises sont en r gle avec les diff rentes obligations auxquelles elles sont tenues de r pondre num ro de TVA tenue de registres divers etc mais aussi par la d monstration implicite d un savoir faire cons quent via certains l ments expos s dans le stock par exemple qui d montrent le savoir faire de l entrepreneur dans le traitement de tel ou tel mat riau par des preuves d une exp rience accumul e au fil des ann es par la long vit de certaines entre prises beaucoup d entre elles sont des entreprises familiales qui durent depuis plusieurs g n ra tions et s affichent comme telles ou par la transmission orale d une s rie d informations qui donnent penser au client que effectivement le revendeur en conna t un bout Ces quelques exemples rapidement ret
116. exemple Cingolani P Crise de transmission et renouvellements militants B roud S et Bouffartigue P dir Quand le travail se pr carise quelles r sistances collectives Paris La Dispute 2009 pp 205 221 Calder n J A et L pez Calle P Recomposition du capitalisme et r sistances d ouvriers pr caires Le cas espagnol B roud S et Bouffartigue P dir Quand le travail se pr carise quelles r sistances collectives Paris La Dispute 2009 pp 271 287 Bouquin S La question de la r sistance au travail dans la sociologie du travail fran aise Travail amp domination Paris Presses Universitaires de France coll Actuel Marx n 49 2011 pp 60 72 Chapitre 3 Quand les mat riaux nus s quipent dants trangers renvoie des tendances contemporaines la flexibilit de l emploi l intermit tence et la pr carisation En d finitive il semble que le secteur du r emploi se caract rise par une grande diversit de profils et de structures Celles ci prennent des formes assez hybrides qui empruntent diff rents r f rentiels parfois m me au sein d une m me entreprise Il est difficile dans l tat actuel de mes recherches d en dresser un portrait beaucoup plus pr cis Ce n est d ailleurs pas telle ment le but du pr sent chapitre Au del des diff rentes tendances qui traversent l organisation du travail au sein de ce secteur il est sans doute plus ais d val
117. fondamentalement un espace impr visible Il faut chaque fois effectuer de petits ajustements au cours des travaux improviser s adapter aux petites er reurs commises par les pr c dents corps de m tiers et prendre des d cisions importantes sur le moment m me Par cons quent l organisation du travail peut faire l objet de mesures discipli naires fortes elle peut tre parcellis e jusqu un certain point mais il y aura toujours un petit plus de marge de man uvre pour les travailleurs en comparaison avec d autres espaces produc tifs Cet l ment offre sans doute une explication partielle aux diff rences entre les deux mod les d organisation du travail que je d veloppe ici travers les entreprises J et F Dans un cas ce sont les marchandises qui circulent tandis que les travailleurs restent relativement fixes du moins en ce qui concerne les parties tri et nettoyage dans l autre c est la force de travail qui bouge continuellement d un chantier l autre la rencontre de la marchandise m me s il arrive que cette m me force de travail soit affect e temporairement un poste plus fixe pour la re mise en tat des mat riaux par exemple Outre l organisation du travail propre chaque entreprises parmi lesquelles celles de Ma dame J et de F constituent deux exemples dont j ai accentu dessein le contraste il serait in t ressant d analyser d autres facteurs La question de la relation des travailleurs
118. friction que le discours rencontre presque physiquement ce qu il tente d analyser Tout comme dans un assemblage m canique ce n est que lorsqu il y a de la friction que les l ments peuvent s adapter et s influencer les uns aux autres Comme dans une machine o les pi ces en mouvement doivent passer par une tape d usure pr alable le rodage pour assurer un bon fonc tionnement mais aussi comme dans les cas o la friction entre plusieurs pi ces d une machine finit par mener une alt ration irr versible de celles ci Dans le cas des travaux de Tsing il ne s agit pas tellement de m canique ou de tribologie la science des frottements et de l usure Il s agit par contre de prendre la mesure de la fa on dont diff rents acteurs interagissent entre eux dans un paysage donn avec une attention sp cifique aux frottements et aux petites zones d usure qui sont autant d occurrences d alt ration Tsing cherche nuancer un certains discours sur la mondialisation et la globalisation Elle prend en effet position vis vis d une s rie d ouvrages publi s dans la d cennie qui pr c de Friction et qui ont marqu le paysage intellectuel de son champ de pr occupation Elle cite no tamment Empire de Antonio Negri et Michael Hardt Modernity At Large Cultural Dimen sions of Globalization de Arjun Appadurai ou encore Globalization and its discontents de Sas ki Sassen Selon Tsing et malgr les diff rences videntes qu
119. gion il n est pas compl tement absurde de penser que ces centres de recherche aient vu une belle opportunit de valoriser les connaissances et les savoir faire accumul s depuis longtemps dans un secteur industriel l avenir plus prometteur L un des jalons de ce mouve ment de transfert peut tre trouv dans le rapport d une recherche men e conjointement par le CSTC et le d partement M tallurgie et Traitement des Minerais de l universit de Li ge visant d terminer dans quelle mesure les technologies provenant de l industrie mini re et du traite ment des minerais sont techniquement et conomiquement applicables l puration des granu lats de recyclage de C amp D lt passer du statut de d chet celui de produit gt Retour l installation de concassage et au chargement de gravats de b ton qui vient de sortir de la cha ne de traitement l issue de ce trajet et comme des mil lions de tonnes de minerais avant lui le chargement de gravats de d chets inertes Simons B et Vyncke J Les d chets de construction et de d molition Possibilit de recyclage sous forme de granulats dans le b ton CSTC magazine 1993 vol 1 pp 32 41 Desmyter J Blockmans S Frenay J et Ancia P Granulats de d bris et b ton recycl r sultats et d veloppements r cents Partie 1 vers une am lioration de la qualit op cit 93 Desmyter J Blockmans S Frenay J et Ancia P Granulats de d
120. gles de l art ont au contraire besoin d une certaine stabili t et d un mouvement de s dimentation lente et progressive des pratiques C est parce qu elles sont communes prouv es presque banales que des pratiques deviennent les r f rences de l tat de l art Par d finition des techniques tout fait novatrices ne pourraient donc pas tre assimi l es aux r gles de l art puisqu il y aurait alors comme une contradiction dans les termes Le droit a bien senti ce paradoxe le principe d exclusion des techniques non prouv es risque d avoir des effets pervers En effet s il ne tient compte que des normes en vigueur le praticien n introduira dans sa pratique aucune des r gles nouvelles tant qu elles n auront pas fait leur preuve en milieu r el par opposition au milieu exp ri mental Il aura ainsi adopt un comportement des plus prudents ce qui au plan individuel est certainement une solution satisfaisante mais ce faisant il ne participe pas la mutation des comportements qui cr e le progr s Cet extrait montre bien qu appr hender les r gles de l art comme un ensemble de standards fig s pose le danger de s opposer aux imp ratifs de progr s de l industrie mais aussi une cer taine volution des pratiques laquelle les concepteurs entendent souvent participer La ques tion de la capacit d un outil int grer la nouveaut et voluer avec le temps se pose gale ment dans le cas des nor
121. inhabituels J aimerais maintenant r aborder ces questions en les ancrant plus pr cis ment autour du travail des concepteurs prescripteurs La question centrale de ce chapitre et quelque part l aboutisse ment de toute cette recherche est la suivante est il possible de faire en sorte que les prescrip tions soient plus soign es Est il possible de conserver cette position de prescripteur tout en vitant les effets d l t res d crits jusqu ici des cha nes de correspondances trop rapides une dilution de la responsabilit ou encore un renforcement de tendances corporatistes Est il pos sible de s adresser aux mat riaux de construction et toutes les entit s qu ils mobilisent d une 261 262 Section 3 Positions Les concepteurs embarqu s dans l conomie mat rielle fa on moins violente plus m me de composer des assemblages quilibr s Et si oui par quels moyens par quels changements dans les pratiques Ici encore la plupart des d veloppe ments sont amorc s partir de pratiques qui chacune leur mani re accordent une certaine at tention et attachent un certain soin cette tape cruciale de la prescription Prescriptions usuelles Dans les sections pr c dentes et au d but de celle ci j ai aussi eu l occasion de montrer comment les acteurs du secteur de la construction collaborent l laboration de divers outils suppos s leur faciliter ensuite le travail Ce qui int resse plus sp c
122. int ress s des mat riaux d un type particulier En l oc currence le projet de r novation portait sur un b timent existant une ancienne structure pr fabriqu e en acier datant des ann es 1970 Lors du concours d archi tecture il n tait pas pr cis si le b timent pouvait tre d truit ou s il devait tre conserv C est ce second choix qu a fait l quipe d Alain Richard apr s consulta tion aupr s de leurs partenaires techniques et sur base de la conviction intime que les architectes ont assez d moli et que lorsque c est possible il est souhaitable de r nover ou de renouveler comme pr f re le dire Alain Richard Dans cet esprit de r cup ration et de r emploi les architectes ont cherch conserver un maxi mum d l ments originaux L encore l inertie des pratiques courantes du monde de la construction a fait qu il n a pas t possible de pousser ces ambitions aussi loin que l auraient souhait les concepteurs Quelques l ments ont cependant pu 395 Article 1 1 5 Visite du chantier la demande de l auteur du projet et selon un calendrier compatible avec l avancement du chantier celui ci sera rendu accessible au public afin d effectuer des visites par groupes encadr s de 25 personnes maximum Cet article comprend toutes les op rations de pr parations s curisation assurance et rangements n cessaire l ouverture au public du chantier pour une dur e limit e une journ e lors d un wee
123. juridique qui se voit explicitement mobilis e dans deux types de circonstances bien particuli res La premi re c est lors de l tablissement d un contrat entre deux parties Le recours aux r gles de l art a alors pour fonction de ratisser dans le champ contractuel toutes les obligations qui n ont pas t express ment vis es par le contrat Dans ce cas les r gles de l art interviennent donc a priori Elles sont un op rateur de mise au point implicite entre les parties propos des proc d s mettre en uvre dans la r a lisation d un ouvrage technique Le second type d occurrence o apparaissent les r gles de l art correspond des instances o des probl mes techniques sont survenus dans un ouvrage Lorsque les diff rentes parties impli qu es ne parviennent pas se mettre d accord l amiable elles en appellent la justice pour r gler leur diff rend Dans ce cas c est le juge ventuellement conseill par des experts qui devra d terminer si le praticien a bien suivi ou non les r gles de l art et dans quelle mesure l origine du probl me technique peut lui tre attribu e Le juge doit donc d terminer o se trouve la res ponsabilit du probl me Ce n est que dans ce second cas au moment o le juge statue que les r gles de l art prennent v ritablement leur consistance Le reste du temps elles existent seule 266 ment l tat latent comme une sorte de cristallisation implicit
124. jusqu ici font progressivement appara tre des oppositions normatives entre plusieurs registres axiologiques La fa on dont j ai amen progressivement cette situation n est pas anodine puisque dans ce jeu d oppositions j occupe une position par tiale et partisane Disant cela je m ne le d veloppement de mon propos vers un point d inflexion important Jusqu ici la pr sente recherche tait centr sur une approche plut t descriptive t chant de prendre la mesure des acteurs peuplant les circuits de l conomie mat rielle et de leurs r les res pectifs Ce faisant elle a fait appara tre des zones de friction des espaces de conflits Il est vi demment possible de rendre compte de ce type de conflit en restant dans le ton d une approche explicative ou compr hensive comme ce que fait pr cis ment la sociologie des controverses mais il se fait que dans les conflits en question j occupe de fait une position partisane qui en tra ne un investissement du propos sur un mode davantage normatif lt assumer la normativit gt L inflexion dont il est ici question doit aussi se comprendre du fait de l ancrage de la pr sente recherche dans un champ bien d fini disons pour faire bref celui de la recherche en architec ture dont on peut supposer que les exigences divergent quelque peu de celles de la discipline sociologique Puisque la pr sente recherche emprunte beaucoup d l ments la sociologie en les instrumentalisant
125. l mergence Pour en finir avec la tol rance 1997 pour l d originale Paris La D couverte 2003 STENGERS Isabelle L invention des sciences modernes 1993 pour l d originale Paris Flammarion coll Champs n 308 1998 STRATHERN Marilyn Partial Connections 1991 pour l d originale Rowman amp Littlefield Publishers Inc 2004 TAPIE Guy Professions et pratiques La redistribution des activit s des architectes Les cahiers de la recherche architecturale et urbaine 1999 vol 2 3 pp 65 74 TH VENOT Laurent L action au pluriel Sociologie des r gimes d engagement ditions La D couverte 2006 TH VENOT Laurent Les investissements de forme L TH VENOT dir Conventions conomiques Paris Presses Universitaires de France coll Cahiers de Centre d Etude et de l Emploi 1986 pp 21 71 THOMAS Katie Lloyd dir Material Matters Architecture and Material Practice Londres Routledge 2007 THOMAS Katie Lloyd Specifications writing materials in architecture and philosophy Architectural Research Quarterly d cembre 2004 vol 8 n 3 4 pp 277 283 Bibliographie 315 THOMPSON Robert Manufacturing processes for design professionals New York Thames amp Hudson 2007 TOULMIN Stephen Edelston Cosmopolis The Hidden Agenda of Modernity 1990 pour l d originale University of Chicago Press 1992 TOUSSAINT N The Devil Has Zebrawood Floors article de blog
126. l espace public d un quartier en cours de r novation Molen beek l une des dix neuf communes de l agglom ration bruxelloise Rotor travaillait donc comme sous traitant pour ce bureau La mission consistait aider les concep teurs identifier des mat riaux suffisamment r sistants aux intemp ries et un usage intensif dans l espace public Une mission d apparence assez simple et plu t t dans les cordes de Rotor au vu des recherches men es jusqu alors Partant de l avec un autre membre de Rotor avec qui je portais ce projet nous avons orient s nos recherches vers des mat riaux en pierre Ceux ci nous sem blaient r pondre techniquement ces contraintes tout en ne pr sentant pas de diffi cult sp cifique lors de leur mise en uvre Au contraire ils offraient m me de belles perspectives de formation ce qui arrangeait bien les ma tres de l ouvrage en l occurrence ici l administration communale qui souhaitaient que certains travaux puissent tre r alis s par des association d insertion socio professionnelle et si possible dans le cadre de l conomie sociale Nous avions d j quelques id es de pistes suivre pour se procurer de tels mat riaux en seconde main des chutes de marbreries des stocks communaux de bordures et de dalles de trottoir des travaux municipaux susceptibles de lib rer des l ments int ressants etc Bref nous pensions tre en terrain connu et pouvoir r gler cette mission rapide me
127. la profession d architecte moderne quelque part la Renais sance tait li e l mergence d un nouveau paradigme pist mologique J avais galement in sist sur la violence avec laquelle un tel paradigme s tait substitu d autres formes de connais sances qui sans dispara tre totalement s taient vues subordonn es un nouveau r f rentiel Au del des connaissances valoris es ou d valoris es l mergence de la profession d architecte s est galement accompagn e de structurations institutionnelles qui peuvent tre appr hend es d un point de vue historique L histoire de la constitution du groupe professionnel des architectes est une histoire de construction de limites fortes poss dant un grand pouvoir excluant Bien que le contexte actuel ait beaucoup chang par rapport aux conditions qui pr valaient lorsque cette fronti re discipli naire a t progressivement tablie les architectes restent les h ritiers de cette histoire L accent que je mets sur l aspect prescriptif de leur activit cherche insister sur cet h ritage Ici encore il ne s agit pas de produire une d finition qui se construirait uniquement par l exclusive Il s agit d accepter qu une certaine porosit et d ventuelles reconfigurations sont possibles Aborder la pratique architecturale comme une op ration de prescription de mat riaux ouvre aussi des pers pectives en ce sens notamment parce que contrairement d autres trait
128. la seconde autant que possible une autre lettre du nom g n rique bien que dans certaines circonstances cela ne soit pas possible Les troisi me et quatri me lettres font r f rence l esp ce Donc PC pour picea et AB pour abies Ce code essence ne figure pas toujours sur le cachet appos sur les l ments en bois de section rectangulaire mais il 61 http www woodforum be fr essences epic C3 A9 62 Quoique l esp ce d pic a locale diff re quelque peu de la version native d Europe puisqu il s agit du Picea sitchensis Cet arbre est galement plant exploit et commercialis en Europe sous l appellation commerciale d pic a Sitka 63 Service public f d ral conomie P M E classe moyenne amp nergie Direction g n rale Qualit et S curit Qualit et Innovation Construction Sp cifications techniques unifi es STS 04 bois et panneaux base de bois dition de 2008 rempla ant et annulant les STS 04 1 et STS 04 2 dition 1990 Bruxelles 2008 64 Institut Belge de Normalisation IBN NBN EN 13556 Bois ronds et bois sci s Nomenclature des bois utilis s en Europe Institut belge de normalisation 2003 Chapitre 2 Papiers s il vous pla t est par contre obligatoirement mentionn sur le document d accompagnement que le producteur doit fournir avec la marchandise qu il vend lt classes de r sistances et protocoles de contr le 1 gt Si le sigle C24 ou C16 C18 et
129. le prescriptif qui permet la fois d objectiver les attentes de tel mat riau ou de tel ouvrage et de choisir tr s en amont les proc dures susceptibles de r pondre ces attentes Enfin cette logique bas e sur un r f rentiel recourant des indicateurs objectivables exerce une influence consid rable sur le type de mat riaux susceptibles d tre mis en uvre dans un projet de construction Elle renforce un clivage entre d un c t des mat riaux pr visibles connus et bien format s et de l autre les mat riaux qui ne sont pas pass s par ces processus de formatage ou pas enti rement R appara t ici toute la diff rence sur laquelle ce travail s est d j longuement attard entre des mat riaux voluant dans les franges des circuits standards de l co nomie mat rielle tels que les mat riaux de seconde main ou la pierre massive et les mat riaux les plus courants qui peuplent les circuits conventionnels de l conomie mat rielle comme le b ton le bois de construction la pierre bleue ou les granulats concass s l issue de ces quelques consid rations on peut supposer que la normativit des circuits do minants de l conomie mat rielle se caract rise en grande partie par son imp ratif d uniformit qui garantit une extension optimale des trajectoires des mat riaux Cet imp ratif repose sur une 258 Sennett R Ce que sait la main La culture de l artisanat traduit par Dauzat P E 2008 pour l
130. le contexte est un peu diff rent Il faut imaginer qu un architecte et au moins un entrepreneur sont impliqu s dans le projet Comment ce hangar en Chapitre 5 Normativit s des dispositifs d articulation pi ces d tach es va t il alors influencer la distribution des responsabilit s entre ces diff rents acteurs Dans un contexte standard il y a fort parier qu un architecte lambda d conseillerait vivement cette option son client partir du moment o l architecte engage sa responsabilit il y a toutes sortes de questions administra tives qui mergent quid de la garantie d cennale de son assurance de sa res ponsabilit civile en cas de probl me etc D un point de vue strictement comp table il n y a pas grand chose qui pousse l architecte s engager dans une telle voie bien au contraire Illustration XXII hangar en pi ces d tach es vendre chez un fournisseur de mat riaux de construction de seconde main Comment un tel l ment oblige t il repenser les circuits de l conomie mat rielle Source Rotor asbl Mais poussons tout de m me l exp rience de pens e plus loin et imaginons que l architecte se prenne au jeu et d cide pour des raisons qui lui appartiennent d es sayer de tout faire pour int grer ce hangar son projet Comment pourrait il s assu rer de la fiabilit de ce dernier L aussi il devra faire preuve d un peu d imagina tion Il pourrait commencer par demander conseil
131. le pouvoir d influencer le cours d une action de fa on plus complexe En cela cette th orie s inscrit dans la perspective d une r flexion sur la notion d agency D un point de vue philosophique ce terme r sume les difficult s d finir l action et l poque contemporaine permet de penser l agir non plus en tant que cat gorie oppos e la passion comme dans la tradition aristot licienne mais en tant que disposition l action une disposition qui branle l opposition actif passif 144 Latour B Changer de soci t refaire de la sociologie op cit p 58 145 Balibar et Laugier S Agency Cassin B dir Vocabulaire europ en des philosophies dictionnaire des intraduisibles Paris Seuil 2004 p 26 Chapitre 3 Quand les mat riaux nus s quipent Cette voie a d ailleurs t explor e en architecture o certains auteurs parlent d agency pour repenser la notion d intentionnalit et prendre davantage en compte la fa on dont divers agents y compris non humains agissent de fa on tr s variable dans l laboration d un projet construc tif Dans le cadre de la pr sente recherche ce qui me semble le plus important est de se pla cer dans une perspective qui permette de penser le fait que les mat riaux et les dispositifs ac compagnant leur circulation ne sont pas uniquement des l ments bien format s par les inten tions de leurs auteurs M me s ils sont partiellement investis
132. les ma tres de l ouvrage n ont pas besoin d avoir acc s au processus d laboration des dispositifs m diateurs Ce qui les int resse avant tout c est d organiser au mieux la gestion des mat riaux et de leur mise en uvre Aussi longtemps que ces dispositifs m diateurs font leur office il n y a pas de raison d en changer Pourtant lorsqu un informaticien ou une quipe d informaticiens d cident de rendre leur code accessible tous ils posent un acte qui est loin d tre anodin D un point de vue tr s pratique ils laissent ouverte la possibilit que d autres personnes puissent modifier leur programme Cela signifie que si un programme donn montre ses limites dans une situation bien particuli re un usager pourrait lui apporter des modifications plus ou moins cons quentes de fa on lui faire remplir de nouvelles fonctions pour autant bien s r que l usager en question s y connaisse un minimum Par la suite rien n emp che cet usager de dif fuser les modifications qu il a effectu dans l id e qu elles puissent tre utiles d autres gale Chapitre 6 M nager des marges de man uvre ment La majorit des logiciels open source fonctionnent de cette fa on par une suite de petites additions et d am liorations Cet acte poss de aussi une port e plus politique Tout d abord rendre les codes sources ac cessibles c est aussi pouvoir contr ler ce que fait r ellement le programme Cela permet th ori quem
133. les marchandises au sein de l espace europ en comment savoir qu un pic a franco phone correspond un Norway spruce anglais un Fichten allemand ou un granslekten norv gien Cette question des botanistes se la posent depuis longtemps Dans ce domaine une solution fr quemment adopt e consiste attribuer chaque esp ce un nom scientifique en latin Ces d nominations sont galement associ es diff rents projets de classements botanistes qui per mettent de situer une essence en regard d essences proches Mais la solution imagin e par les comit s de normalisation travaillant sur l harmonisation du bois de construction a opt pour un autre type de solution ils ont tabli une nomenclature internationale des diff rentes essences Celle ci est encadr e par la norme NBN EN 13 556 intitul e Bois ronds et bois sci s No menclature des bois utilis s en Europe Selon cette nomenclature l pic a francophone connu sous le nom de picea abies pour les botanistes de faux sapin dans le Jura de gentil sapin dans les Vosges d pic a europ en ou de sapin blanc du Nord pour les cat gories commerciales ou encore d pinette pour les francophones du Qu bec s appelle PCAB Le PCAB fait partie du groupe WPCA Selon la norme NBN EN 13 556 les deux premi res lettres font r f rence au genre avec une combinaison distinctive pour chaque genre La premi re lettre est toujours la lettre initiale du genre et
134. les pratiques dont il est question n ont pas grand chose voir avec les acti vit s de l conomie mat rielle pour tre pr cis Stengers voque le cas de personnes ayant pra tiqu l levage et le dressage d animaux ou de mani re plus g n rale tant intimement pr occu p es par la question de leurs relations aux animaux Il y a pourtant une s rie de points qui font cho ce que j ai entrepris de d velopper ici Tout d abord il y a cet aspect important de la localisation Ce qui est en jeu n est pas un humain abstrait mais bien des situations toujours situ es Ce point de tension entre vision g n rique et approche situ e est un point que j ai abord plusieurs reprises dans ce texte J ai no tamment indiqu que pour Haraway il s agit l d une condition sine qua non l id e d tre tenu responsable de quelque chose On retrouve ici son invitation viter ces postures associ es aux gods tricks qui promettent une vision d ensemble sans que l on sache d o elles regardent Si res ponsabilisation il y a celle ci ne peut tre abstraite et g n rique La question se pose en re vanche de fa on criante d s que l on commencer situer les perspectives et les pratiques Ensuite dans une certaine mesure les concepteurs sont aussi amen s se lier des h t ro g nes dans leurs pratiques Il ne s agit bien s r pas directement ou pas majoritairement d ani maux comme dans le passage emprunt
135. march des granulats artificiels qui concurrencent ses propres produits extraits directement des carri res lt positionnements concurrentiels gt Voil le r cit fondateur qui se densifie et commence prendre les diff rents atours d une bonne trame narrative Tout d un coup un nouvel acteur surgit dans l histoire Il s av re que le nouvel espace brigu par le secteur du concassage pour couler ses marchandises est en fait d j occup Et bien entendu comme il se doit dans un syst me fondamentalement concurrentiel mais aussi pour les exigences d un bon r cit mythologique les int r ts respectifs de ces deux protagonistes rentrent assez directement en concurrence Ce qui s en suit est connu d avance et ne peut pas prendre d autre forme que celle d une lutte sans merci Dans ce cas la lutte qui commence sur un terrain strictement conomique apr s tout il s agit bien d une lutte pour l occupation d un march mobilise des discours nonc s dans plu sieurs registres lesquels entra nent galement de multiples cons quences et effets bien palpables pour tous les acteurs concern s de pr s ou de loin par l utilisation de granulats dans les travaux de construction D un point de vue rh torique la guerre commerciale que se livrent ces deux fili res se d ploie par la mobilisation de deux registres distincts Si les fili res de concassage ont pour elles l argument de ne pas entamer directement des ressource
136. mettre en uvre des mat riaux et proposer des formes d am nagement de l es pace en r ponse aux requ tes qui leur sont adress es Tous ces m tiers sont d ailleurs souvent amen s collaborer ce qui donne lieu toutes sortes d assemblages o sont chaque fois redis tribu s les r les les comp tences et les responsabilit s De mani re g n rale j ai parl jusqu ici des concepteurs pour voquer l ensemble de ces diff rents m tiers Le terme concepteur me semble renvoyer davantage une phase particuli re d un projet la conception sans pr juger 370 Pierre Bourdieu a montr que les transactions conomiques d un secteur comme le cl sur porte qui n est pourtant pas celui o l on s attend trouver le plus de passion de d sint r t ne relevaient pas uniquement d une rationalit conomique Beaucoup plus d aspects y sont en jeu Bourdieu P Les structures sociales de l conomie op cit 259 260 Section 3 Positions Les concepteurs embarqu s dans l conomie mat rielle des acteurs qui la prennent en charge La phase de conception pr c de g n ralement la r alisa tion qui dans la plupart des projets est le fait de l entrepreneur et de ses ventuels partenaires Il appara t cependant clair que tout comme la phase de conception n est pas strictement r serv e aux architectes la construction n est pas un monopole absolu des entrepreneurs D autres profes sions et d autres m tiers p
137. on largit la palette des acteurs susceptibles d tre concern s par et d agir sur les situations des entit s non humaines C est la notion m me de personne dans l expression personne responsable qui demande tre revue Dans un geste assez provocant l anthropologue br silien Eduardo Viveiros de Castro pr sente les ontologies am rindiennes comme une inversion rigoureuse des positions pist molo giques modernes Il indique que dans ces cosmologies le monde est compos d une multiplici 418 t de points de vue tous les existants sont des centres d intentionnalit Cela le pousse parler de multinaturalisme pour d signer un trait de la pens e am rindienne par rapport aux cosmologies multiculturalistes modernes alors que ces derni res s appuient sur l impli cation mutuelle entre l unicit de la nature et la multiplicit des cultures la premi re tant garantie par l universalit objective des corps et de la substance la seconde tant engendr e par la particularit subjective des esprits et des si gnifi s la conception am rindienne supposerait au contraire une unit de l esprit et une diversit des corps Viveiros de Castro n affirme pas ceci pour sugg rer un retour ou un repli vers les mytholo gies amazoniennes Il cherche plut t indiquer des pistes de r flexion quant la fa on dont l on tologie moderne pourrait tre questionn e partir
138. pas soumis des contraintes fortes au niveau des capacit s portantes des performances thermiques acoustiques etc 5 susceptibles d tre mis en uvre sur des march s publics 6 se situer dans une gamme de prix comparable l quivalent neuf pas d antiquit s architecturales En soumettant les principaux mat riaux rencontr s aupr s des revendeurs ces six crit res les cinq mat riaux sortants taient les suivants la brique le pav la bordure en pierre le klincker en terre cuite une sorte de dalle de pavement tr s courante en Belgique et le steenschot une sorte de panneau en bois massif souvent de l azobe ou en multiplex m lamin utilis dans les cha nes de production industrielles des blocs de b ton les panneaux servent de support au s chage des blocs en question c est un mat riau tr s pris des bricoleurs qui en appr cient la solidit et le faible co t Concr tement pour chacun de ces mat riaux il tait question de r unir autour de la table les revendeurs sp cialis s dans les domaines correspondants ces occasions Rotor leur soumettait un document pr paratoire sur lequel ils taient in vit s r agir Ce document tait compos partir d une analyse fine des articles des principaux cahiers des charges types sp cifiant les exigences relatives aux ma t riaux neufs Rotor effectuait une premi re transposition de ces articles destin s aux produits neufs partir
139. plus une injonction qui reste fort vague Il n est pas tonnant qu une telle d claration ait souvent pour seul effet de tomber compl tement plat manquant l opportunit d une mise au clair de ce que peut bien signifier l id e d un engagement politique de la part des architectes Dans cette recherche j ai t amen faire l hypoth se qu une voie d action peut tre plus fructueuse consiste prendre au s rieux la fa on dont certains praticiens parviennent n gocier tr s concr tement avec toutes ces contraintes En partant de ces pratiques concr tes de n gocia tion avec divers imp ratifs il y a peut tre moyen de r injecter une dimension politique et une forme d engagement dans le travail de l architecte Envisag sous cet angle la politique ne serait pas un imp ratif de plus comme une grande cat gorie qui se superposerait d autres mais de viendrait plut t une mani re de faire ou de ne pas faire certaines choses une attitude qui im pr gne l ensemble des actions La dimension politique du travail de l architecte se situerait donc dans la fa on dont ce dernier n gocie les heurts les frictions les grincements et les m contente ments que ne manque pas de provoquer la pr sence simultan e de tous ces univers axiologiques l image d un conducteur habile qui n gocie les obstacles qui se dressent sur sa route condition toutefois de consid rer que si le conducteur arrive bon port cela ne tient p
140. plus facilement que ce qu implique la domination Il ajoute toutefois apr s ce passage une pr cision de taille qui n est pas sans rejoindre ce que j voquais propos de la d connexion plus ou moins radicale des circuits de l conomie mat rielle videmment si on le fait dans le cadre normal la r cup ration est in vitable On doit rester dans l exp rimentation ou l introduire l o une autre soci t se pr pare d j Ce dernier point me semble claircir la fois les b n fices qui pourraient d couler de l usage de dispositifs m diateurs relativement souples tels que le sont les r gles de l art mais aussi leur port e relative en fonction des contextes Entre l tat de gr ce ou l exp rimentation radicale et le contexte compl tement cloisonn d un recours r current aux normes techniques il y a vraisem blablement des marges de man uvre interm diaires pour les praticiens d sireux de jouer un r le plus actif dans la d finition des r gles de leur art Les effets sur le type de responsabilit en jeu La partie pr c dente de ce chapitre explorait en d tail la notion de r gle de l art et la fa on dont sa mobilisation dans des circonstances donn es pouvait contribuer la cr ation d agence ments alternatifs au sein des circuits de l conomie mat rielle Cette partie tait d velopp e en accentuant dessein une opposition assez forte entre d un c t les r gles de l
141. pour une application g n rale des prescriptions STS aussi bien dans le secteur public que dans le secteur priv Cet appel aura connu une certaine fortune critique puisque 152 Schruben J H MASTERSPEC un Devis Descriptif National Industrialisation Forum Revue de construction recherche analyse syst mes 1973 vol 4 no 4 pp 9 22 153 http economie fgov be fr entreprises domaines_specifiques Qualite_construction Goe dkeuring_voorschriften 154 Service public f d ral conomie P M E classe moyenne amp nergie Direction g n rale Qualit et S curit Qualit et Innovation Construction Sp cifications techniques unifi es STS 45 Parach vement de sol int rieur R impression int grale d anciennes 137 138 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation en 2013 la plupart des cahiers des charges types font encore r f rence des STS Le Service Public F d ral conomie P M E Classes Moyennes et nergie qui a repris cette pr rogative l ex Institut National du Logement continue laborer des STS adapt es aux nouvelles tech niques La pierre bleue occupe un gros chapitre de la STS num ro 45 publi e en janvier 1979 et in titul e parach vement de sol int rieur La pierre bleue y est appel e petit granit en rai son de son aspect l g rement brillant qui la fait ressembler d authentiques granites Le fas cicule proprement d
142. produits La carri re de Leffe n a pas toujours appartenu Holcim Le d but de son ex ploitation remonte aux ann es 1950 Elle a t g r e pendant deux g n rations par une entreprise familiale du nom de Carri re Andr Michaux CAM En 1995 la car ri re est rachet e parts gales par deux soci t anonymes la S A Gralex et la S A Ciments Luxembourgeois Elle change alors de nom pour devenir la S A Car ri res de Leffe dont l actionnaire principal est la S A Gralex Le mercredi 9 juillet 2008 les deux actionnaires du groupe Gralex HeidelbergCement et Holcim se r unissent lors d un conseil d entreprise extraordinaire et dans une volont d auto nomiser leurs strat gies de d veloppement respectives d cident de scinder les ac tivit s du groupe Gralex La scission devient effective partir du 1 janvier 2009 et le site de Leffe passe alors sous la gestion exclusive du groupe Holcim Ce passage d une petite entreprise familiale vers de vastes conglom rats internationaux est un sch ma r current dans le domaine de l extraction des mat riaux pierreux en Bel gique o les entreprises actives tendent se concentrer dans les mains d un nombre d acteurs de plus en plus r duit De cette fa on les groupes cimentiers in ternationaux assurent leur ancrage territorial sur des fili res de production de plus en plus compl tes Ce sch ma est toutefois assez diff rent dans le cas des sites d extraction de pierr
143. qui aboutissent dans les circuits du secteur du traitement des d chets Mais ils ne sont pas moins int ressants Au contraire ces l ments qui chappent quelque part l tiquette d chet et aux cons quences que celle ci entra ne vont permettre d explorer des circuits de l conomie mat rielle sensiblement diff rents de ceux que j ai pu aborder jusqu ici Dans certains cas quelques uns de ces mat riaux pargn s parviennent m me p n trer nouveau les circuits de l conomie mat rielle dans des circuits parall les aux produits neufs Pour ces l ments de r emploi comme pour les produits neufs la mise en circulation ne se fait pas tout seul De nouveaux travaux de formatage de nouvelles al t rations de nouvelles frictions de nouveaux investissements vont tre n cessaires pour garantir l effectivit de leur r emploi Certains de ces mat riaux vont aussi voguer dans des eaux la 116 Source http glossary eea europa eu terminology sitesearch term waste Je souligne 117 Certains auteurs effectuent des distinctions savantes entre les termes r emploi et r utilisation cf par exemple Huygen J M La poubelle et l architecte vers le r emploi des mat riaux Arles France Actes sud coll L impens 2008 Pour ma part je les utilise ici comme des synonymes pour d signer une m me op ration consistant trouver un nouvel usage pour des l ments d j utilis s sans en
144. r sultats de processus de production industriels il est l gitime de se demander dans quelle mesure la d nomination de produit s applique des l ments comme 118 R glement UE n 305 2011 op cit p L 88 10 11 article 1 Chapitre 3 Quand les mat riaux nus s quipent de la pierre naturelle ou dans le cas qui nous occupe des mat riaux de r emploi Ne fut ce qu un niveau s mantique est il pertinent de dire qu on produit de la pierre ou qu on pro duit un mat riau qui a en fait d j t produit En ce qui concerne la pierre j aurai l occasion de montrer en d tail que ce qui est produit n est pas tant le mat riau lui m me qu un cadre juridique administratif commercial et tech nique permettant d assurer un certain contr le sur les propri t s du mat riau Ainsi la pierre est plut t extraite que produite mais la d finition des conditions qui permettent ce ma t riau de p n trer le march des produits de construction est quant elle bel et bien produite et grands frais Pour le dire un peu diff remment il s agit dans ce cas l de se doter des moyens c est dire de produire les dispositifs pour qu un mat riau tel que la pierre tende devenir aussi pr visible qu un mat riau sortant d une cha ne de production dont tous les para m tres sont contr l s M me si bien s r le fait que les param tres soient contr l s ne signifi
145. r sultats et d veloppements r cents Partie 2 b ton recycl CSTC magazine 1999 vol 3 pp 11 19 81 82 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle En somme il y a un vaste mouvement d intensification qui accompagne la mise sur le mar ch des granulats recycl s comme concurrents aux graviers naturels Ce mouvement s est incar n dans une multitude de nouveaux r glements de normes de prescriptions techniques de th ses de doctorat de m moires de fin d tude de groupes de travail nationaux et internatio naux de comit s techniques de mise en place de lobbys de tests en laboratoire d invention de protocoles de contr le de conseils d indications de pratiques de litt rature scientifique etc Sans tous ces l ments et bien d autres encore jamais les granulats recycl s n auraient pu conna tre leur expansion sur le march de la construction Si tous ces l ments sont videmment sp cifiquement orient s sur un mat riau posant ses propres exigences i e les granulats recycl s de tels prolif rations peuvent tre identifi es pour la plupart des mat riaux de construction disponibles dans les circuits de l conomie mat rielle Leur pr sence rel ve de combinaisons uniques mais toujours complexes de registres tr s divers La concurrence cono mique avec d autres acteurs du secteur les consid rations environnementales les dispositifs r glementaires les aspects techno
146. re moiti de cette recherche dont la port e est plut t descrip tive Mais elle ne s arr te pas ce stade Elle comporte galement une dimension plus prospec tive et critique Cette recherche propose en effet d explorer certaines pistes de reconfiguration au sein de ces assemblages Elle examine plusieurs questions touchant aux limites des circuits de l conomie mat rielle Par quelles modifications faudrait il en passer pour que des mat riaux actuellement exclus des circuits les plus courants de l conomie mat rielle puissent malgr tout y circuler Se pour rait il que les concepteurs aient un r le jouer dans ces processus de reconfiguration Et si oui comment D autres arri re plans axiologiques pourraient ils tre mis en jeu dans les circuits de l cono mie mat rielle Si oui comment envisager leur instauration partir ou plut t autour de la po sition des concepteurs La pr sente recherche repose sur l hypoth se que les concepteurs peuvent effectivement contribuer la transformation progressive des circuits de l conomie mat rielle Ils ont vraisem blablement un r le jouer dans la possibilit d ouvrir ces circuits de nouveaux mat riaux et de contribuer ainsi tablir des pratiques plus m me de r pondre aux enjeux cologiques et politiques auxquels sont confront s notre plan te et ses habitants Bien s r les concepteurs n ont Introduction pas l exclusivit de tels chan
147. re particuli rement h t rog ne des l ments qui appa raissent cette occasion dans la partie Les acteurs de l industrie cimenti re est clair par les apports de la th orie de l acteur r seau et ses prolongements en cologie politique dans la partie Peupler Tracer Ces l ments font galement appara tre la difficult de rendre compte de l exp rience des concepteurs en lien avec les circuits de l conomie mat rielle partie Rendre compte de l exp rience de la responsabilit une notion qui commence prendre forme la fin de ce chapitre La fa on de l aborder consiste l envisager d abord travers les r glements qui la formatent c est le propos de la partie Approche de l conomie mat rielle par les r glements Cette voie r glementaire est abord e de fa on plus pr cise dans le chapitre suivant Chapitre 2 Papiers s il vous pla t Alors que la premi re plong e aupr s des trajectoires de mat riaux donne l impression d une infinit d acteurs l approche r glementaire montre que la quanti t et le type d acteurs effectivement habilit s circuler est en fait assez r duite et tout le moins fait l objet d un contr le strict travers deux cas de figure celui d une poutre en bois de section rectangulaire et d un tas de gravats de d molition respectivement dans les parties His toire d une poutre et Des d chets inertes aux granulats le prop
148. reaux en bois ou souples La pierre naturelle est reprise dans les rev tements de sol en carreaux la rubrique 53 13 aux c t s d autres mat riaux courants comme les c ramiques 53 11 les mosa ques de marbre 53 12 le ciment color 53 14 ou le b ton 53 15 Notre concepteur ayant arr t son choix sur la pierre naturelle pour les rev tements de sol de son projet n aura plus qu supprimer les sections inutiles pour ne garder que la partie qui le concerne directement Rien n emp che un architecte de vouloir un type de mat riau moins courant il lui suffit alors de composer lui m me une ventuelle rubrique 53 16 Comme je l ai indiqu les gros fabricants qui mettent sur le march de nouveaux mat riaux four nissent g n ralement aussi des articles de cahier des charges tout faits qui n ont plus qu tre introduits au bon endroit par les architectes Mais dans mon exemple le concepteur ne se complique pas trop la vie il a opt pour une valeur s re en choisissant la pierre bleue de Belgique un mat riau qui a b n ficie d une longue exp rience en mati re de formatage et qui est port par des acteurs relativement puissants La pierre bleue s est impos e comme un mat riau incontournable dans la construction en Belgique et ce titre elle b n ficie d un passage qui lui est ex press ment consacr dans le cahier des charges standard Le concepteur n a plus qu conserver le poste 53 13 et supprimer tous le
149. recherche il y a un un l ment essentiel en retenir le monde de l informatique open source permet ses praticiens d adapter les pro grammes aux sp cificit s propres des situations qu ils rencontrent Un programme labor de fa on r pondre un type de probl me g n rique pourra tre adapt une version sp cifique de ce probl me moyennant la modification du code source Au del des mod les politiques et co nomiques que sous tend la culture de l open source c est surtout sa capacit s adapter aux exi gences propres d une situation qui doit tre retenue ici De fait ce principe de l open source illustre assez bien ce qui est ici en jeu propos des dis positifs d articulation de l conomie mat rielle Ceux ci sont travaill s un moment donn puis une fois mis au point c est comme s ils passaient par un compilateur qui les transforme en une forme strictement ex cutable Ils deviennent largement utilisables par un grand nombre d ac teurs mais leur code source lui n est plus v ritablement accessible Tant que les acteurs de l conomie mat rielle sont confront s des situations relativement g n riques ces dispositifs 260 Cf notamment Raymond ES The cathedral and the bazaar Musings on Linux and Open Source by an Accidental Revolutionary Sebastopol Californie tats Unis USA O Reily Media 2001 p 80 sqq ainsi que les principes g n raux disponibles l adresse suiv
150. relativement facilement des volutions techniques Au lieu de remettre jour l ensemble du cahier des charges chaque nouveaut technique il suffit de remplacer l ancienne r f rence par la nouvelle Et le travail des concepteurs se voit galement largement all g la limite le concepteur peut s en remettre ex clusivement aux formulations du cahier des charges y compris dans leur renvoi des documents externes sans qu il ne doive jamais lui m me consulter et encore moins modifier les documents ainsi r f renc s L imposant travail de formatage qui a permis de rendre un mat riau prescriptible et manipu lable se noie quelque peu dans la masse totale d informations que contient un cahier des charges partir du moment o tous ces facteurs de d finition et d exclusion se voient conden s s en quelques caract res l architecte un peu press pourrait m me ne pas se rendre compte qu il invoque en fait des l ments hybrides relativement complexes et non d nu s de cons quences Tout comme les cha nes de correspondances trop bien huil es emp chent de rectifier des choix pos s initialement le formatage des dispositifs prescriptifs s av re quelque fois trop efficace il devient impossible de tenir compte de l ensemble des dispositifs dont sont quip s les mat riaux si ceux ci se r duisent une r f rence tr s rapide lt une attention aux agencements gt C est ici que r apparaissent les propositions de Do
151. sa production et sa commercialisation La description tr s inspir e des travaux de l acteur r seau peut donner cette impression vertigi neuse de ne pas savoir par o commencer face la densit de tels assemblages Dans ce contexte la responsabilit devient difficile assumer Ou bien elle se fait submergeante tout cela cause de l instruction que je donne ou bien elle se dilue dans ces listes rallonge dont il est de toute fa on impossible de tenir compte je ne peux tout de m me pas porter sur mes paules l ensemble de ces l ments l vidence pour rendre mieux compte de cette exp rience de la responsabilit du concepteur il va falloir produire des r cits qui offrent plus de prise qui produisent plus de frictions pour utiliser les termes emprunt s Anna Lowenhaupt Tsing qui donnent voir des l ments auxquels il est possible de se raccrocher De tous les acteurs qui peuplent les circuits de l conomie mat rielle certains s av rent plus int ressants tudier que d autres car ils permettent justement ces prises Face la vision presque vertigineuse qui se d veloppait partir de deux minuscules tentacules de l industrie ci menti re il va falloir encore un peu ralentir encore un peu zoomer Ce faisant il appara t que si les circuits de l conomie mat rielle semblent premi re vue illimit s ils sont tout de m me 46 Stengers I Au temps des catastrophes R siste
152. situations comme des tats de gr ce des moments privil gi s au cours des quels des innovations se mettent en place Il identifie par exemple les premiers temps de la construction passive en Belgique comme l un de ces tats de gr ce une v ritable lune de miel entre ma tres de l ouvrage architectes et entrepreneurs Ces moments sont plein d mulation 191 Boltanski L et Th venot L De la justification op cit 192 Sur la fascination de certains concepteurs et acteurs de l conomie mat rielle des ann es 1970 pour l poque pr industrielle cf Ghyoot M Notes sur la port e politique un savoir technique Ou Une lecture travers trois p les des ann es 1970 Les cahiers d hortence 2010 vol 2 pp 23 55 193 Dewey J Le public et ses probl mes traduit par Zask J 1927 pour l d originale en anglais Folio coll Essais 2010 194 Latour B Enqu te sur les modes d existence Une anthropologie des Modernes ditions La D couverte 2012 p 131 156 195 Loumaye F La fin de l tat de gr ce Les risques juridiques de l innovation le devoir 161 162 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation et d enthousiasme Les acteurs concern s anim s d un esprit pionnier empreint d id alisme et de bonne volont s investissent pleinement dans les exp rimentations Lors de ces tats de gr ce l esprit n est pas la judiciarisation des changes
153. sont pas pr s de l oublier 387 Sur la notion d fat de gr ce et la fa on dont des contextes d exceptions essaiment leurs r ussites vers des contextes plus standards cf le paragraphe Le potentiel politique des dispositifs m diateurs p 159 273 274 Section 3 Positions Les concepteurs embarqu s dans l conomie mat rielle Trajectoires locales des mat riaux et nouvelles interactions dans un projet p dagogique de l cole d architecture de Sheffield organismes PE bois d valuation e technique OET A id forgeron vendeur de scierie locale mat riaux g r es par la ville de Sheffield j 7 CES pe efta marquage C j informations amp bois de coupe ces instructions pi ces de chevrons et fixation planches garde forestier chutes de bois tudiants mod le de d coupe Ecclesall Wood Sawmill Site 2 briques de r cup ration commanditaire gestionnaire du Ecclesall Wood Sawmill Site tudiants de l cole d architecture de Sheffield Chantier du projet mod le CAD maquette 1 20 garde forestier prototype 1 1 Illustration XXIV Diagramme repr sentant le processus de conception et de construction d un projet d tudiants de l cole d architecture de Sheffield En orange les dispositifs li s la conception En bleu fonc les mat riaux issus de sources informelles En turquoise les mat riaux issus de so
154. sordides Ou alors le respect des nouvelles normes en mati re de performances nerg tiques appelle des travaux qui ne sont pas compatibles avec les r glements en mati re de protection du patrimoine Ou encore l agenda esth tique de l architecte prend le dessus sur des principes constructifs comme dans ces villas c l bres qui ponctuent les antholo gies d histoire de l architecture et qui posent souvent de nombreux probl mes constructifs Voire m me les exigences normatives en mati re d isolation combin es aux exigences budg taires strictes obligent le concepteur recourir des mat riaux particuli rement polluants pour garantir la performance de l isolation thermique La liste de ce type de contradictions pourrait tre allong e l infini En y regardant de pr s il est vraisemblable que chaque b timent chaque projet aurait son lot d anecdotes livrer pour allonger encore l num ration Si l on prend la peine de mesurer le degr d imbrication de ces situations il appara t que les architectes et les autres acteurs du secteur de la construction font finalement preuve d un degr 1 Dewey J La formation des valeurs traduit par Bidet A Qu r L et Truc G 1939 pour l d originale en anglais Paris Les emp cheurs de penser en rond 2011 Austin J L Quand dire c est faire traduit par Lane G 1962 pour l d originale en anglais Paris Seuil coll Points Essais 1991 2 Boltanski L et Th veno
155. sortent du site et les bons de livraison que les chauffeurs sont oblig s de remplir l issue de ces proc dures de contr le des installations Copro d livre une fiche technique pour chacune des sortes de granulats produites sur le site Celle ci sp cifie chaque fois de quel produit il s agit sa d nomination et ventuellement sa destination par exemple b ton recycl On y trouve galement les caract ristiques techniques du produit sa classification sa granulari t sa masse volumique r elle sa teneur en mati res humides et les r sultat de l essai au bleu de m thyl ne Enfin la fiche s ach ve par l authentification Elle se conclut sur les termes suivants l aide de cette fiche technique Copro d clare que l autocontr le du fabricant est contr l se lon TRA 10 BENOR 1 0 Le titulaire du certificat d clare que la livraison du produit est conforme cette fiche technique Au bas de ce paragraphe se trouvent les signatures du titu laire du certificat et celle du repr sentant de Copro Encore une fois ces fiches sont le s same et la condition n cessaire pour que les granulats recycl s puissent tre remis en vente aupr s des entrepreneurs en construction Sans ce docu ment ou s il s av re lors d un contr le qu il y a des d calages entre ce qui est annonc sur la fiche technique et ce qui est constat lors des essais tous les entrepreneurs qui viennent s appro visionner en granulats aupr s d
156. structures conomiques organis es autour d un mode de production qui peut tre assimil de l artisanat cette caract ristique est loin de s appliquer l ensemble du secteur On y trouve aussi un certain nombre d entreprises au caract res r solument industriel Les diff rences entre ces deux modes ne sont d ailleurs plus toujours si claires Le secteur des mat riaux de r emploi en particulier pr sente des entreprises organis es selon des mod les hybrides Si on y trouve des structures qui poss dent une certaine stabilit travers le temps il est aussi tra vers par des mutations beaucoup plus r centes qui affectent l organisation du travail lt transactions entre acteurs du r emploi gt Les briques de la petite villa d mont es et transport es jusque sur le terrain de Madame J ont t tri es et nettoy es Elles s empilent maintenant sur des palettes d environ 1 m Elles n attendent qu tre rachet es pour tre remises en uvre dans un parement de fa ade dans un muret ou pour des am nagement de jardin 124 Et la situation est probablement identique au moins dans les grandes lignes ailleurs en Europe J ai par exemple eu l occasion de mener un workshop avec des tudiants de l cole d architecture de Toulouse sur ces questions en leur proposant d tudier le secteur du r emploi dans l aire m tropolitaine toulousaine Les r sultats qu ils ont rapport s montraient des profils d entreprises assez sem
157. sud de la France o des ferrailleurs les utilisent comme l ments pratiques pour cl turer diff rentes zones de leurs terrains Plut t que d utiliser des l ments pierreux finement travaill s et donc assez chers Perraudin s est mis au d fi de travailler avec ce type blocs de grande dimensions environ 2 x 1 x 0 5 m et aux finitions tr s brutes bien meilleur march Contrairement la pierre bleue longuement voqu e ci dessus ces blocs sont simplement d coup s pour tre extraits de la carri re Ils ne subissent pas de d coupes suppl mentaires ni de traitements sur leurs surfaces Utiliser de tels blocs revient en quelque sorte court circuiter la trajectoire habituelle de la pierre De tels l ments obligent modifier consid rablement les pratiques constructives En l oc currence Perraudin s est passionn pour la red couverte de techniques constructives tradition nelles bas es sur des principes d empilement assez simples Au d part tr s confidentielles limi t es de petits projets et dans des contextes de proximit ses r alisation ont peu peu pris de l ampleur en taille en importance et en complexit Avec cette prise d ampleur sont arriv es des questions tr s semblables celles que j ai pos dans tout ce qui pr c de et qui concernent l quipement d un mat riau non industriel pour des march s a priori d velopp s autour de mat riaux industriels Comme pour les mat riaux de r empl
158. suis pas parvenu mes fins vis vis de mes confr res et coll gues sur cet objectif j aurai au moins r ussi clarifier quelque peu mon trouble initial Je pense maintenant pouvoir dire qu une partie de l engagement politique de l architecte vis vis de l conomie mat rielle peut effectivement passer par un travail intensif sur les dispositifs m diateurs qu il manipule f Affirmer que l engagement politique des architectes passe par un travail sur les effets de connexion n est cependant pas prendre comme une perspective exclusive 293 294 Conclusion La responsabilit l aune du d passement nature culture Il s agit d une affirmation qui est avant tout intimement li e aux choix effectu s dans le cadre de cette recherche En l occurrence j ai inscrit ce travail dans la perspective d une r flexion sur les pratiques quotidiennes des concepteurs Je me suis principalement int ress aux marges de man uvre que poss dent les praticiens en situation pour initier des changements dans leurs n gociations au jour le jour avec les circuits de l conomie mat rielle J ai galement choisi le point de vue de la circulation des mat riaux pour aborder ces questions Face ces choix d ancrage il tait presque in vitable que ce soient effectivement des collectifs composites qui mergent de l enqu te Par extension le caract re h t rog ne de ces assemblages invitait re mettre au travail les notions de re
159. t th orique Il est clair que les flux de marchandises traversent assez all grement la plupart des fronti res En pratique pour les producteurs internationaux il est clair que l expression des performances doit tre compr hensible au del de l Union europ enne et qu elles gagnent tre compatibles avec d autres cadres normatifs 56 Comme le fait remarquer Louis Jean Calvet ce qui fait qu une langue est consid r e comme principale ou comme mineure tient non seulement son usage mais aussi et surtout aux dispositifs plus ou moins puissants que ses locuteurs mettent en place pour la promouvoir Ainsi il aura fallu en passer notamment par l tablissement de l Acad mie fran aise par la mise au point de dictionnaires et par la centralisation r publicaine du r seau d enseignement pour que le fran ais s impose comme la langue principale de la nation fran aise un statut que n ont pas obtenu les autres langages parl s sur le m me territoire ce qui leur a valu d tre rel gu s au rang de langues secondaires des patois Cf Calvet L J Linguistique et colonialisme petit trait de glottophagie 1974 pour l d originale Paris Payot amp Rivages coll Petite biblioth que Payot 2002 57 58 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle permettra de montrer comment de tels dispositifs r glementaires prennent corps pour ainsi dire l chelle de la trajectoire d un simpl
160. tant qu article de cahier des charges etc En repr sentant quelques uns de ces espaces et des ac teurs correspondants sur le deuxi me dessin on constate que les circuits de l conomie mat rielle s tendent et se complexifient largement De nombreuses relations suppl mentaires doivent tre mises au point auxquelles correspondent autant de dispositifs m diateurs qui assurent la coh rence de l ensemble Chapitre 1 Immersion dans les circuits de l conomie mat rielle Chaque mat riau entra ne des relations qui lui sont sp cifiques bien qu il y ait un certain nombre de r currences et de dispositifs m diateurs dont la port e est plus g n rale Aussi ai je fait le choix ce stade ci du d veloppement du propos de les repr senter toutes par de gros tuyaux quelque peu abstraits Si ceux ci ne permettent pas de caract riser la nature des relations qui s tablissent cette repr sentation refl te en revanche assez bien le caract re construit de ces relations Pour que tout circule il faut bien que ces tuyaux soient construits d une fa on ou d une autre Des accords des discussions des contrats des travaux et bien d autres choses encore sont n cessaires pour leur tablissement Et les construire ne suffit vraisemblablement pas il faut galement les entretenir r guli re ment Si certains d entre eux sont tr s robustes ils ne sont jamais totalement l abri d une fuite pour rester dans le champ lexical de l
161. traces laiss es par lesdits acteurs Celles ci peuvent tre de formes tr s variables selon ce qu on traque mais elles devraient toutes permettre de suivre le cours d une action au plus pr s de toutes les transformations de tous les glissements et passages qui la caract risent et lui permettent de s tendre En ce sens le chasseur qui traque une proie n est pas sans ressemblance avec le d tective qui traque un criminel Dans les deux cas il s agit d tre capable d interpr ter les indices qu il faut aller chercher au plus pr s du ter rain celui ci pouvant parfaitement tre un fonds d archive une s rie d entretien ou m me un ensemble d artefacts il n existe pas de d finition a priori des formats o recueillir ces traces ni m me de d finition donn e une fois pour toute des formes que peuvent rev tir ces traces Le traqueur doit capturer une suite d instantan s qui permettent de comprendre ce qui est en jeu dans une action donn e ou dans un processus quel qu il soit Les vis es largement descriptives de l ANT ne l emp chent pas d aborder des dimensions plus prospectives rejoignant ainsi les questions soulev es par les tenants de l cologie politique Dans ses ambitions de base la sociologie de la traduction se pr sente en effet comme un pro gramme qui permet de repenser certains pr suppos s de la discipline sociologique Elle s op pose en particulier l id e que le mot social puisse d signer un type sp cif
162. uds Investir les dispositifs d articulation pierre massive ou les l ments de r emploi s engagent pour leur part dans une tentative de mo difier les registres axiologiques par lesquels sont appr ci s les mat riaux de construction Il ne s agit plus seulement d tre meilleur sur le m me plan ou sur un plan tr s proche comme le type de concurrence qui s tablissait entre les granulats naturels et les granulats concass s il s agit de transformer les crit res m mes par lesquels on juge du mieux et m me du meilleur C est un point qui appara t de fa on tr s claire dans un autre cas de figure concernant cette fois la pierre massive Je vais voquer ici le cas de la construction en blocs de pierre massive un proc d dans lequel s est beaucoup investit l architecte fran ais Gilles Perraudin lt pierre massive gt Connu et reconnu en France dans les ann es 1980 et 1990 pour une architecture durable plut t high tech Gilles Perraudin s est quelque peu retir du devant le sc ne architecturale pour se consacrer l enseignement et la viticulture Il est toutefois retourn peu peu vers des ques tions de construction mais selon une approche beaucoup plus modeste et low tech que dans les projets acclam s des d cennies pr c dentes Perraudin s est pris d une v ritable passion pour la construction en blocs de pierre naturelle extraits de mani re tr s brute des carri res qu il a d couvert le long des routes du
163. un autre c t j ai t ch de montrer que ce travail d quipement et ces processus d harmo nisation constituent une menace pour certains des int r ts qui accompagnent les mat riaux de construction alternatifs Car il ne s agit pas de promouvoir un mat riau tout prix Il s agit aussi de prendre au s rieux tout ce dont il est investi c est dire des pratiques situ es des connais sances et des savoir faire des structures conomiques des horizons normatifs etc Comme je l ai indiqu il existe des mat riaux et des pratiques qui ne peuvent pas tre totalement uniformi s s De nombreuses situations exigent une plus grande attention leur sp cificit s respectives Et sous l influence de dispositifs g n riques et tout terrains les acteurs concern s perdent la 193 194 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation possibilit de d ployer autour d une situation donn e les dispositifs les plus ad quats la situa tion y compris si des dispositifs tout fait sp cifiques doivent tre invent s Les acteurs de l conomie mat rielle qui interviennent sur la trajectoire d un mat riau doivent affronter ce paradoxe Ils doivent la fois assumer la n cessit de recourir des disposi tifs bien format s et aux effets pr visibles La trajectoire fluide des mat riaux en d pend Mais ils doivent aussi s ils veulent prendre au s rieux les exigences politiques soulev es par les mat ri
164. un disposera de ce qu on cherche et pas l autre Les mat riaux de r emploi ne cessent d tre jug s par une s rie d acteurs dont les exigences quoique diff rentes de celles en vigueur dans les circuits plus officiels ne sont pas moins impor tantes Les personnes qui s occupent du d mant lement est ce d montable facile transporter confiance pr alable des diff rentes parties qui doivent tre pr tes lui reconna tre une valeur d quivalence g n rale pour toutes les marchandises mises sur le march qu il s agisse d un bien de consommation d un service ou de sa force de travail L o Jacobs voit une acte de confiance initial toute relation commerciale Marx aurait sans doute tendance interpr ter cette attitude sous l angle d une forme d ali nation au caract re f tiche de la marchandise 134 Jacobs J Systems of Survival A Dialogue on the Moral Foundations of Commerce and Politics 1992 d originale New York Vintage Books 1994 p 35 109 110 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle pas trop fragile ai je les outils ad quats Les revendeurs s agit il d un mat riau qui a du suc c s va t il tre rapidement revendu ou encombrer mon stock pendant des ann es quel est sont prix sur le march comment doit il tre stock ai je de la place sur mon terrain Les ache teurs est ce qu il convient mes vis es est ce qu il repr sente une bonne affaire
165. un n ologisme qui traduirait la notion d above ground mining Ce serait alors l ensemble de la production b tie en b ton ou en ma onnerie qui constituerait autant de sources futures pour le secteur du recyclage des inertes Ce n est donc sans doute pas tout fait un hasard si les tech niques de traitement de la mati re qui sont utilis es dans ce domaine proviennent en droite ligne de l industrie mini re MES ARTS di Fig 218 EEA 4 Illustration VIII gauche un broyeur am ricain tel que pr sent dans une encyclop die des machines industrielles de 1870 droite un concasseur m choires verticales dans un centre de tri en 2011 Les concasseurs verticaux m choires par exemple qui sont utilis s aujourd hui dans la cha ne de traitement des d chets inertes juste apr s leur passage par la cabine de tri manuel ne sont pas sans ressemblance avec ce broyeur am ricain d crit par un ing nieur fran ais dans une encyclop die des machines de 1870 dans la section machines d exploitation des mines Celui ci le pr sente comme une copie de la m choire humaine compos d une plaque fixe une sorte de maxillaire sup rieur et d une plaque mobile l quivalent d un maxillaire inf rieur qui permet d craser les minerais d s que ceux ci sont extraits du puit de la mine et avant de commencer les trier plus finement 86 Sampat P Scrapping Mining Dependence The Worldwatch Institu
166. une volont de prendre en charge de fa on encore plus compl te encore plus m l e une diversit d entit s et de destins Cette d marche Bru no Latour l un des porteurs de ce projet l associe un processus d cologisation tout en pr cisant qu un meilleur terme serait trouver Pour lui cologiser veut dire cr er les proc dures permettant de suivre un faisceau de quasi objets dont les liens de subordination demeurent incertains et qui obligent donc une activit politique nouvelle adapt e leur suivi Quoiqu elle ne s y r duise pas cette proposition n est pas sans lien avec l environnementa lisme un claircissement de la derni re citation va permettre de le montrer Le terme quasi objet que Latour utilise ci dessus renvoie l une de ses propositions selon laquelle la distinc tion moderne entre nature et culture doit tre revue Selon lui cette conception moderniste s av re en effet incapable de prendre en compte de nouveaux ph nom nes hybrides inclassables 97 26 Latour B Moderniser ou cologiser la recherche de la 7 cit op cit p 17 27 Ibid p 27 Chapitre 1 Immersion dans les circuits de l conomie mat rielle dans cette grille de lecture trop binaire Incidemment c est l cologie comme activit scienti fique autant que comme mouvement militant qui a attir l attention sur bon nombre de ces hy brides et par extension sur les
167. uvre Les r flexions entam es jusqu ici semblent indiquer que les r gles de l art sont une notion as sez g n rale dont l usage n a finalement pas tre discut Elles constituent implicitement une exigence contractuelle m me si elles ne sont pas mentionn es en tant que telles dans le contrat entre les diff rentes parties La question qui se pose est plut t celle de savoir si une simple men tion aux r gles de l art est suffisante ou s il est n cessaire de pr ciser d autres aspects dans les documents qui feront office de contrat La r ponse cette question d pend bien s r des situa tions D un point de vue strictement juridique et de mani re g n rale plus le concepteur pr cise ses exigences en se r f rant des normes notamment plus il se prot ge en cas de probl me Il engage en effet sa responsabilit professionnelle dans le d roulement des travaux et doit ainsi r pondre un triple devoir devoir de conception de conseil et de contr le Les normes consti tuent des dispositifs m diateurs redoutablement pr cis qui permettent de r pondre de la fa on la plus claire possible cette triple obligation du concepteur Pourquoi alors vouloir s en d tacher Je l ai montr le recours des dispositifs d articulation tels que les normes techniques induit une forme de glissement dans la ma trise des comp tences et par cons quence du d roulement des travaux Dans ce cadre il existe des concepteurs qui
168. vo qu s ci dessus ont en commun de questionner les configurations actuelles de l conomie mat rielle et de sugg rer des boug s des d placements et des reformatages Si l on en revient au cas des briques de r emploi les diff rences entre le type de clients de l entreprise de Madame J et ceux de l entrepris F montraient d j quelques uns des change ments d attitude qui d coulent de l utilisation de ces mat riaux quip s diff remment Il appa raissait par exemple que les acheteurs des briques de Madame J taient souvent des personnes pour qui les phases de conception et de construction sont troitement li es l inverse les briques de l entreprise F sont achet es pour circuler dans des contextes o la s paration entre les deux phases est nettement plus marqu e C est d ailleurs pr cis ment parce que ces deux phases se sont loign es l une de l autre qu il devient n cessaires de recourir des dispositifs prescriptifs beaucoup plus formel tels que les articles de cahier des charges et autres instruc tions Mais imaginons un instant l inverse Imaginons que ces briques n aient pas t munies de cet appendice suppl mentaire et que les clients habituels de l entreprise F c est dire des acteurs voluant des contextes assez formels souhaitent n an moins les utiliser Que cela impliquerait il D une mani re ou d une autre le concepteur et le constructeur devraient arriver se mettre d accord Pe
169. 06 pour l d fran aise La D couverte 2007 LATOUR Bruno Reassembling the Social An Introduction to Actor Network Theory Paperback 2005 pour l d originale Oxford University Press 2007 310 Bibliographie LATOUR Bruno Mixing Humans and Nonhumans Together The Sociology of a Door Closer 1988 BRAHAM William W et HALE Jonathan A dir Rethinking Technology Reader in Architectural Theory Oxon New York Routledge 2007 pp 308 324 La version originale de l article est parue sous le pseudonyme de JOHNSON Jim dans la revue Social Problems vol 35 n 3 juin 1988 p 298 310 LATOUR Bruno Moderniser ou cologiser la recherche de la 7 cit cologie amp politique 1995 vol 13 pp 5 27 LATOUR Bruno Nous n avons jamais t modernes Essai d anthropologie sym trique La D couverte 1991 LATOUR Bruno et L PINAY Vincent Antoine L conomie science des int r ts passionn s Introduction l anthropologie conomique de Gabriel Tarde La D couverte 2008 LAUGIER Marc Antoine Essai sur l architecture Observations sur l architecture dition int grale des deux volumes 1755 pour l d originale Bruxelles Li ge Mardaga 1979 LAW John et HASSARD John Actor Network Theory and After Wiley Blackwell 1999 LEFEBVRE Henri Le droit la ville suivi de Espace et politique 1968 pour l d originale du Droit la ville Paris Seuil coll Anthropos 1972
170. 3 262 Thomas Katie Lloyd 265 Toulmin Stephen 43 289 Tsing Anna Lowenhaupt 28 48 86 90 134 160 188 232 283 293 Viollet le Duc 182 183 193 Viveiros de Castro Eduardo 291 Vonnegut Kurt 12 Yaneva Albena 250 Bibliographie 299 Bibliographie 300 Bibliographie ABENIA Tiphaine CHAPEL Enrico GHYOOT Micha l et LASSERRE Benjamin Programme Tolosa Exploration du secteur du r emploi des mat riaux de construction en r gion toulousaine Plan Libre Le journal de l architecture en Midi Pyr n es octobre 2013 vol 114 pp 5 8 ABRAM Joseph Du chaos la croissance 1940 1966 Paris ditions Picard coll L architecture moderne en France 1999 vol 2 3 AGENCE DE L ENVIRONNEMENT ET DE LA MA TRISE DE L NERGIE ADEME Pr venir et g rer les d chets de chantier M thodologie et outils pratiques op rationnels Paris Le Moniteur coll M thodes 2009 Anonyme Into the mixer The economist 12 avril 2014 Anonyme R glement UE n 305 2011 du parlement europ en et du conseil du 9 mars 2011 tablissant les conditions harmonis es de commercialisation pour les produits de construction et abrogeant la directive 89 106ICEE du Conseil Journal officiel de l Union europ enne 4 avril 2011 pp L88 5 L88 43 APPADURAI Arjun Apr s le colonialisme les cons quences culturelles de la globalisation traduit par BOUILLOT F
171. 4 Quelques pistes pour des pratiques prescriptives plus attentives 267 lt 1 re piste la pratique est risqu e l chec toujours possible gt 268 lt 2 me piste surmonter les divisions disciplinaires gt 270 lt 3 me piste des prescriptions rus es gt nene 275 lt 4 me piste reproduire des r ussites locales gt 280 Une figure composite du prescripteur responsable 283 CONCLUSION LA RESPONSABILIT L AUNE DU D PASSEMENT NATURE CULTURE 287 INDEX nn en re AEE E nu E E ace een rende rennes een een 297 BIBLIOGRAPHIE 2 22 40e cree ne raca a na aaa 299 TABLE DES ILLUSTRATIONS merrrrererrnnnenrenemnnnnnnnenennennnenenennenennnennenenenennenenennnnnnnnnen etes 317 REMARQUE Si les citations r dig es en fran ais dans le texte font r f rence des ou vrages qui ne sont pas crits en fran ais cela signifie que les traductions ont t effectu es par mes soins Dans la mesure du possible j ai essay de me procurer les traductions fran aises mais cela n a pas toujours t possible Introduction 11 Introduction 12 Introduction Objet et objectifs de la recherche Write to please just one person If you open a window and make love to the world so to speak your story will get pneumonia Kurt Vonneg
172. 6 M nager des marges de man uvre lt accentuations objectivantes gt Le recours aux normes et aux arsenaux d indicateurs dans un engagement contractuel corres pond une fa on d objectiver les attentes mais aussi d attribuer les responsabilit s respectives en cas de probl me Ces responsabilit s sont ainsi ramen es une s rie de crit res rendus objectifs Une grande partie de la profession d architecte et du m tier d entrepreneur pour continuer sur ces deux figures se construit autour d une telle conception de la responsabilit via des disposi tifs tels que les normes mais aussi plus significativement encore les polices d assurance profes sionnelles ou les garanties qu ils s engagent fournir et dont la garantie d cennale est sans doute la repr sentante la plus connue du c t des architectes Modalisations Objectivantes Subjectivantes Virutalisantes Devoir Vouloir Actualisantes Savoir pouvoir possibilit Pouvoir capacit Table I Tableau des modalisations Corollairement et devrais je dire r ciproquement il y aurait une tendance claire qualifier d irresponsables des praticiens qui ne souscriraient pas de tels dispositifs bien que des r gle ments rendent obligatoire le recours certains de ces dispositifs au caract re objectivant J ai notamment montr quel point les normes et les indicateurs poss dent ce caract re d ontique qui les imposent comme le stan
173. 70 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation plus ou moins pacifiques Comme l indiquent d j ces deux exemples ces controverses peuvent se passer des chelles tr s diverses allant d une altercation entre deux acteurs rassembl au tour d un projet bien sp cifique jusqu des controverses engageant toute une profession Dans tous les cas les arguments mobilis s par les protagonistes peuvent tre renvoy s aux cit s vo qu es ou pourquoi pas d autres cit s plus sp cifiques que ces situations inviteraient mettre au point Mais il n y a pas que lors des controverses que l on peut retrouver des r f rences aux cit s Les dispositifs m diateurs qui assurent la coh rence des circuits de l conomie mat rielle sont eux aussi investis des ordres de grandeur propres aux diff rents cit s Plus exactement la plu part de ces dispositifs sont g n ralement le r sultat d une articulation plus ou moins r ussie entre plusieurs cit s Les dispositifs m diateurs constituent autant d ajustements ce qui a pu un moment donn s exprimer comme une friction et qui gr ce ces dispositifs a r ussi trou ver une forme d apaisement plus ou moins satisfaisante Ainsi par exemple le r glement UE n 305 2011 qui r gule la commercialisation des produits de construction en Europe affiche claire ment ses intentions d s les premi res lignes puisqu il s inscrit dans un processus de r formes r g
174. 8 16 ED L industrie des carri res d veloppe la biodiversit B ton d cembre 2012 vol 217 pp 36 44 http biodiversite wallonie be fr 107 devant bouvignes html IDD 251659541 amp highlighttext Devant Bouvignes amp IDC 1881 17 http www artistones1 be collection_j_evlard calcite belgique leffe leffe htm 37 38 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle qui ont lieu dans d autres sites de la m me entreprise r partis un peu partout en Belgique et dans le reste monde Holcim le groupe cimentier a qui appartient au jourd hui la carri re de Leffe s est impos comme l un des plus importants au monde avec des activit s dans pas moins de 70 pays ce qui repr sente une pro duction de 200 millions de tonnes de ciment par an et un personnel de 85 000 per sonnes En Belgique l entreprise poss de 32 sites dont les activit s se concentrent sur la production des mati res premi res destin es l industrie de la construction le ciment les granulats et la pr paration de b tons pr ts l emploi tant donn qu il s agit de mati res premi res relativement lourdes et peu ais es transporter sur de longues distances le b ton frais par exemple ne peut pas s journer plus de quelques heures au grand maximum dans le r servoir du camion malaxeur sous peine de durcir le groupe cimentier tente de regrouper g ographi quement les diff rentes tapes n cessaire la fabrication de ses
175. 8 Section 3 Positions Les concepteurs embarqu s dans l conomie mat rielle que le voyaient les architectes malgr qu ils n aient pas toujours obtenu le r pon dant qu ils attendaient de la part des autorit s scolaires En phase de conception ils ont tenu garder cette possibilit ouverte et pour cela ils ont entrepris de tra duire cette volont d ouverture aux l ves de l ath n e dans les modalit s propres au langage des cahiers des charges d tournant quelque peu ce dernier de sa fonc tion strictement li e la mise en uvre Lors de la r daction du cahier des charges nous avions r dig un ar ticle sp cifique pour demander l entrepreneur de nettoyer et de pr pa rer le chantier en vue d organiser des visites adress es au grand public ainsi qu aux l ves de l ath n e Il tait galement pr vu que le conducteur du chantier puisse pr senter aux l ves les moments les plus spectaculaires du chantier l accroche des panneaux de fa ade ou le placement du grand porte faux Nous avons entre autres propo s aux professeurs des cours d lectricit de venir voir avec leurs l ves certaines phases du chantier le placement des compteurs lectriques le c blage des interrupteurs etc Dans le d roulement de ce projet les l ves et leurs professeurs ne sont pas les seuls acteurs que le bureau d architecte a tent d impliquer au plus pr s du proces sus lls se sont galement
176. 9 160 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation permet d expliquer toutes les situations ce qui correspond exactement ces approches descen dantes que d nonce Foucault Il plaide au contraire pour qu on tudie avec la plus grande atten tion les moyens par lequel le pouvoir se constitue s exerce se d place en bref se d ploie et se red ploie Dans ce m me passage l occasion d une note de bas de page Latour mentionne explicitement Foucault en saluant son g nie et sa pr cision effectuer une d composition ana lytique des petits ingr dients dont le pouvoir est constitu tout en soulignant que cet as pect a t compl tement perdu lors de sa traduction transatlantique pour Latour cela prouve encore une fois qu il faut combattre la notion d explication sociale tr s nerg tiquement m me le g nie de Foucault n a pas suffit emp cher une telle inversion Avec cette trange alliance de Foucault et de Latour il est possible de poser l hypoth se se lon laquelle le pouvoir d un mat riau ou plus exactement le pouvoir des acteurs qu il mobi lise autour de lui passerait par le genre de dispositifs d articulation que j ai longuement d crits dans les pages qui pr c dent En tout cas il semble bien que ces dispositifs aient le pouvoir de formater les circuits de l conomie mat rielle de telle sorte qu ils incluent ou excluent certains mat riaux Mais
177. DESROSI RES Alain La politique des grands nombres Histoire de la raison statistique 1993 pour l d originale Paris La D couverte 2010 304 Bibliographie DEVLIEGER Lionel CAHN Livia et GIELEN Maarten ROTOR dir Behind the Green Door A Critical Look at Sustainable Architecture Through 600 Objects Oslo Oslo Architecture Triennale 2014 DEWEY John La formation des valeurs traduit par BIDET Alexandra QU R Louis et TRUC G r me 1939 pour l d originale en anglais Paris Les emp cheurs de penser en rond 2011 DEWEY John Le public et ses probl mes traduit par ZASK Jo lle 1927 pour l d originale en anglais Folio coll Essais 2010 DIDELON Valery Retour la pierre Criticat septembre 2010 vol 6 pp 4 17 DORION C J Exploitation des mines cours de l cole centrale des arts et manufactures Paris Baudry 1893 DORLIN Elsa dir Black feminism Anthologie du f minisme africain am ricain 1975 2000 L Harmattan 2008 DORLIN Elsa et RODRIGUEZ Eva dir Penser avec Donna Haraway Paris Presses Universitaires de France coll Actuel Marx Confrontation 2012 DOUCET Isabelle et CUPERS Kenny Agency in Architecture Reframing Criticality in Theory and Practice Footprint Delft School of Design Journal printemps 2009 n 4 pp 1 6 DOUCET Isabelle CUPERS Kenny LASH Scott PICON Antoine et CRAWFORD Margaret Agency and Architecture How to Be Critical F
178. ENARD Jean Louis A propos du concept de r flexivit BERGILEZ Jean Didier GUISSE Sabine et GUYAUX Marie C cile dir Architecture et r flexivit Une discipline en r gime d incertitude Bruxelles La Lettre vol e coll Les Cahiers de la Cambre Architecture n 6 2006 pp 10 21 GENARD Jean Louis La grammaire de la responsabilit Paris ditions du Cerf coll Humanit s 1999 306 Bibliographie GENARD Jean Louis propos des Ordres professionnels BURNIAT Patrick et PESLEUX Marcel dir Un Ordre d mocratique dans une Belgique f d rale Institut Sup rieur d Architecture de la Communaut Fran aise coll Documents d architecture n 1 1996 pp 23 36 GENARD Jean Louis Habermas et l thique de la discussion Entre vues 1990 vol 8 pp 18 46 GENARD Jean Louis Gen se de la responsabilit texte communiqu personnellement GENARD Jean Louis Responsabilit individuelle ou d responsabilisation collective texte communiqu personnellement GENARD Jean Louis 40 ans d architecture et de politique De l impact des r f rentiels A juin 2013 vol 242 pp 29 32 GENARD Jean Louis Communaut politique et transformations de la responsabilit tudes d thique chr tienne 2008 vol 4 pp 30 44 GENARD Jean Louis et LHOAS Pablo dir Qui a peur de l architecture Livre blanc de l architecture contemporaine en communaut fr
179. Modernity publi en 1990 En effectuant un minutieux travail de contextualisation historique de l poque de Descartes lui aussi s attache montrer les impasses de la conception cart sienne du monde qui oppose le mental soit le domaine des actions et des exp riences humaines au mat riel soit le domaine des ph nom nes physiques naturels et pr visibles Pour Toulmin un tel contraste devient de plus en plus difficile tenir d s lors qu une compr hension plus fine des mod les co logiques ne permet plus d ignorer l engagement des humains dans les processus causaux de la nature En d autres mots pour Toulmin galement l environnementalisme et l cologie ont jou un r le crucial dans la remise en cause de la distance que la modernit cart sienne n a ces s de dresser entre nature et culture Pour en revenir la d finition de l cologisation propos e par Latour il faut donc la comprendre comme un appel se donner les moyens d appr hender et de composer avec de nouvelles entit s hybrides ni tout fait naturelle ni compl tement sociale d passant les cat go ries usit es d objets et de sujets et n glig es jusqu alors par la pens e moderne Ces enti t s ne sont pas sans lien avec les pr occupations environnementales mais elles ne s y r duisent 28 Latour B Nous n avons jamais t modernes Essai d anthropologie sym trique ditions La D couverte 1991 29 Jbid p 22
180. T Micha l ROTOR Le ciment A avril 2012 vol 235 pp 86 87 BILLIET Lionel et GHYOOT Micha l ROTOR La r utilisation des mat riaux de construction A septembre 2011 vol 231 pp 70 74 BILLIET Lionel ROTOR Opalis 2 Rapport final document de travail Bruxelles Bruxelles Environnement IBGE BIM 2013 BINAM Jean Pierre et DE DONCKER Christophe Guide de gestion des d chets de construction et de d molition Bruxelles Bruxelles Environnement IBGE BIM 2009 BIREMBAUT Arthur L industrie mini re DAUMAS Maurice dir L expansion du machinisme Paris Presses Universitaires de France coll Histoire G n rale des Techniques 1968 vol 3 5 pp 562 585 BOLCER Julie Prada s new cut Rainforest stripped for Soho showcase The Indypendent The newspaper of the New York City independent media center f vrier 2002 p 7 BOLTANSKI Luc De la critique Pr cis de sociologie de l mancipation Paris Gallimard 2009 BOLTANSKI Luc et CHIAPELLO ve Le Nouvel esprit du capitalisme Paris Gallimard 1999 BOLTANSKI Luc et TH VENOT Laurent De la justification les conomies de la grandeur Paris Gallimard 1991 BORASI Giovanna et ZARDINI Mirko D sol plus d essence Corraini 2007 BOUQUIN Stephen La question de la r sistance au travail dans la sociologie du travail fran aise Travail amp domination Paris Presses Universitaires de France coll Actuel
181. UNIVERSIT LIBRE DE BRUXELLES Facult d Architecture La Cambre Horta Le concepteur et les mat riaux de construction l ments de r flexion pour une reconfiguration des circuits de l conomie mat rielle par les pratiques architecturales contemporaines Micha l GHYOOT Th se pr sent e en vue de l obtention du grade acad mique aspirant du FRS FNRS de Docteur en Art de b tir et urbanisme sous la direction du Prof Jean Louis GENARD Membres du Jury Messieurs et Mesdames Professeur Jean Fran ois COT UQAM Lionel DEVLIEGER Rotor Professeur Doina PETRESCU University of Sheffield Professeur Marcelle STROOBANTS ULB Judith LE MAIRE ULB Ann e acad mique 2013 2014 Le concepteur et les mat riaux de construction l ments de r flexion pour une reconfiguration des circuits de l conomie mat rielle par les pratiques architecturales contemporaines Micha l GHYOOT Th se r alis e au sein de la Facult d architecture La Cambre Horta de l Universit libre de Bruxelles dans le centre de recherche de niveau 2 Clara Centre des Laboratoires Associ s pour la Recherche en Architecture et dans les laboratoires de niveau 3 Sasha Architecture et Sciences Humaines et hortence Histoire Th orie Critique PHa hortence Architecture amp Sciences Humaines GLATA sS Remerciements Remerciements Ce travail doit norm ment aux conseils avis s et l accueil toujours chaleureux de mon p
182. a grande majorit d entre eux ont t produits un moment de l histoire certains dans le cadre d un processus artisanal comme les pierres taill es par exemple d autres l issue d un proces sus industriel ou d une manufacture organis e selon des principes pr industriels Les briques de la villa par exemple sortent tr s certainement d une briqueterie situ e non loin de la petite vil la si ce n est pas d un four install sur le chantier m me comme il tait d usage de produire la brique une certaine poque Ou encore les dalles de carrelage en c ramique de la cuisine de 119 Cf paragraphe lt produire une d finition de la pierre gt p 147 120 Shewhart W A Economic control of quality of manufactured product 1931 pour l d originale Milwaukee Wisconsin tats Unis American Society for Quality Control 1980 121 Ce qui explique la tr s grande vari t des types de briques existants Aujourd hui 97 98 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle la villa viennent elles aussi plus que probablement d une usine toute proche Un collectionneur sp cialis devrait pouvoir les identifier sans trop de difficult si par hasard la marque de fa brique n tait pas explicitement apparente sous les dalles lt exploiter les articles d rogatoires gt Ce statut quelque peu ambigu de mat riau d j produit semble s accorder assez mal aux dis positions fix es dan
183. a pierre rejoint les int r ts commerciaux de ses revendeurs qui de puis une trentaine d ann es mettent en avant le caract re r gional de leur produit lt la NIT 220 une complexification des crit res de s lection gt Comme le faisaient les STS la NIT 220 s ouvre par la composition du groupe de travail res ponsable de sa r daction Sous la supervision d un ing nieur de la division Mat riaux du CSTC le groupe se compose de repr sentants du milieu universitaire d organisations telles que la R gie des B timents ou le Minist re wallon de l quipement et des Transports MET de f d ra tions comme la F d ration des producteurs de Pierre Bleue Petit Granit ou l a s b l Pierres et Marbres de Wallonie d un bureau de contr le technique pour la construction ainsi que de trois entrepreneurs tailleurs de pierre Le document en lui m me couvre assez largement les diff rents aspects techniques de la pierre bleue Il comporte galement une bibliographie com portant principalement des r f rences tout l arsenal normatif qui encadre ce mat riau les pro c dures d essai ou les sp cifications de sa mise en uvre Par rapport la STS 45 les caract ristiques techniques de la pierre bleue exprim es dans la NIT 220 sont plus nombreuses Des essais ont t r alis s en 2000 dans le cadre d une homolo gation de la pierre bleue Soixante huit chantillons ont t pr lev s dans les diff rents bancs de pierr
184. a plus jamais du bois de la m me mani re parce qu il a eu l occasion de suivre de pr s sa trajectoire on entre aper oit de quelle fa on les live projects peuvent faire la diff rence l chelle p dagogique mais aussi au del Enfin un contexte d exception tel que les live projects rel ve vraisemblablement de ces tats de gr ce voqu s plus haut Tout en reconnaissant le caract re prot g et particulier de ce genre de contextes il n est pas exclu que ceux ci influencent des contextes plus standards Ce n est pas une piste que j ai eu l occasion de suivre propos du projet des tudiants pour l Ecclesall Wood Sawmill Site mais c est un type d effets que j ai d j mentionn propos d autres cadres La remarque sur le caract re d exception de ce projet m rite toutefois d tre entendue et le pro chain paragraphe examine des cas o les concepteurs confront s des situations nettement plus contraignantes sont oblig s d adopter d autres postures 386 Ce qui tait le cas du gestionnaire de l Ecclesall Wood Sawmill Site quelques semaines apr s la fin du projet une temp te a fait s crouler le prototype des tudiants Ce genre de d convenues fait partie du jeu et la le on en tirer n est pas qu il faut arr ter ce type de collaborations mais bien qu il faut toujours prendre garde l effet de d pression produit par le vent qui fait s arracher les couvertures Cette le on l non plus les tudiants ne
185. a tuyauterie De m me certaines parties de ce vaste r seau peuvent devenir obsol tes On peut alors les remplacer par de nouvelles canalisations moyennant des travaux plus ou moins importants On peut aussi les d doubler par de nouveaux r seaux qui se superposent aux anciens tuyaux Li Illustration IV Lorsqu on y regarde de plus pr s il s av re que ces trajectoires sont beaucoup plus complexes et que de multiples d tours de nombreux acteurs et beaucoup de dispositifs m diateurs sont n cessaires la circulation des mat riaux En bref ces tuyaux ne sont pas fig s Ils sont susceptibles d tre modifi s adapt s tendus ou d vi s en fonction des besoins et des exigences Ce point est particuli rement important dans la perspective d agir sur les circuits de l conomie mat rielle C est ce que sugg re le dernier diagramme p 52 sur lequel apparaissent de nouveaux trac s en orange Certains prolongent les canalisations existantes d autres s y superposent ce stade ci ces nouvelles relations ne sont pas encore v ritablement caract ris es De m me les natures exactes des dispositifs m diateurs garantissant ces nouveaux circuits pas plus que celle 51 52 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle des acteurs pr sidant ces reformatages ne sont encore pr cis es pour l instant ces acteurs sont repr sent s de mani re tr s imag e par la figu
186. able et ses d clinaisons dans le monde de la construction L conomie mat rielle n chappe pas cette logique Dans de 244 Genard J L Habermas et l thique de la discussion Entre vues 1990 vol 8 pp 18 46 245 Salais R La politique des indicateurs Du taux de ch mage au taux d emploi dans la strat gie europ enne pour l emploi SEE Zimmerman B dir Action publique et sciences sociales Paris ditions de la Maison des Sciences de l Homme 2004 246 Ibid 247 Wignacourt A Peut on caract riser et valuer ensemble les performances techniques conomiques et financi res des co mat riaux P Deshayes et de Medina Chapitre 5 Normativit s des dispositifs d articulation nombreux cas l valuation des mat riaux passe par des logiques d indicateurs Ceux ci font of fice de benchmarks vers lesquels doivent tendre les performances des mat riaux ce qui induit comme le dit Robert Salais une logique de score permettant in fine d op rer des classe ments entre mat riaux Une fois le crit re objectiv il devient assez ais de comparer plusieurs solutions un m me probl me consid rer bien entendu que les proc dures d objectivations soient identiques il suffit de comparer deux analyses de cycle de vie appliqu es des mat riaux diff rents et r alis es par des bureaux d tude diff rents pour se rendre compte de l ampleur des diff rences Les crit
187. actions vont se jouer conjointement sur le plan technique travers la mise en place d une s rie de re cherches pouss es visant tudier et valuer les caract ristiques des granulats et des b tons dans lesquels ils sont incorpor s mais aussi sur le plan r glementaire via un lobbying soutenu visant faire adopter par les autorit s des normes et des r glements autorisant et m me favori sant l usage du b ton recycl partir des ann es 1990 prolif rent une s rie d initiatives rela tives aux granulats de b ton recycl s et port es par les acteurs du secteur dont des centres de recherches techniques des universit s des industriels et des entrepreneurs Les contempteurs des granulats recycl s leur reprochent d avoir une porosit plus importante que les granulats na turels du fait des traces de mortier qui y restent accroch es Une tude technique pouss e va entreprendre de montrer que cette caract ristique n emp che pas leur emploi dans la production de b ton condition d adapter quelque peu les proportions d eau de g chage et les techniques de mise en uvre On leur reproche une granulom trie trop variable Une autre recherche montrera que celle ci peut tre parfaitement contr l e par des dosages ad quats et que son in cidence sur les performances techniques peut tre ma tris e en red finissant au passage la no tion m me de granulom trie exprim e d sormais sur base du pourcentage volumiqu
188. acturi re puis dans l organisation indus trielle de la production Dans ces contextes le travailleur parcellis se voit riv pour toujours une op ration de d tail En tant que membre du travailleur collectif le travailleur parcellaire devient d autant plus parfait qu il est plus born et plus incomplet L habitude d une fonction unique le transforme en organe infaillible et spontan de cette fonction tandis que l ensemble du m canisme le contraint d agir avec la r gu larit d une pi ce de machine En ce sens et bien que les entreprises de r emploi ne disposent assur ment pas de la m me machinerie que les usines que d crit Marx les ouvriers qui travaillent dans l entreprise F sont probablement assez proches de ces travailleurs parcellaires Ils sont effectivement riv s pour toujours ou du moins pour quelques heures par jour et pour une dur e quivalente la suc cession de leurs contrats dur e d termin e une chaise basse et voient d filer dans leurs mains des centaines de briques par jour Ils doivent nettoyer chacune d entre elles d un m me coup de hachette R p titif et de d tail ce travail l est assur ment Si l on pousse plus loin la comparaison avec les travailleurs de l entreprise J il appara t que leurs occupations sont plus diversifi es S il leur arrive aussi de passer quelques heures ou quelques jours nettoyer des briques la cha ne selon des m thod
189. acun des acteurs impliqu s Le simple recours aux r gles de l art permet au concepteur de se prot ger dans le cas ventuel d un probl me me nant une r solution juridique Mais il faut pour cela que les articulations entre les acteurs tiennent d autre registres que les stricts aspects juridiques Il faut qu il y ait en jeu une certaine forme de confiance ou d estime mutuelle entre les acteurs Dans ces cas l un dispositif tel que la notion de r gle de l art semble suffisant pour formaliser l aspect juridique de la relation qui tient par ailleurs gr ce d autres liens solides Politique dans le sens o cette posture de d placement des comp tences tend instaurer une certaine horizontalit dans les relations entre les acteurs Il y a l quelque chose de l ordre de l cologie des pratiques au sens o Isabelle Stengers utilise ce terme D placer certaines prises de d cision depuis l espace du bureau de conception vers le chantier c est une fa on de contrer les ph nom nes de d possessions et de d qualification que je mentionnais plus haut G n rale ment les concepteurs qui acceptent de prendre ce risque on pourrait presque dire qu ils tra vaillent sans filet le font pour des postes assez pr cis et localis s J ai eu l occasion de rencon trer un architecte qui il arrivait de ne pas d tailler les modes de mise en uvre en amont pour pouvoir prendre cette d cision avec les principaux int ress s
190. aires gt p 270 327 Sur la question des concours d architecture cf notamment Genard J L et Lhoas P dir Qui a peur de l architecture Livre blanc de l architecture contemporaine en communaut fran aise de Belgique Bruxelles La Lettre vol e 2004 328 Sur cette analogie r currente entre la profession d architecte et celle de m decin cf 245 246 Section 3 Positions Les concepteurs embarqu s dans l conomie mat rielle que se sont cristallis es les principales institutions qui encadrent la profession d architecte en Belgique et dans d autres pays occidentaux Cette figure de l architecte comme expert s ma eu tique un accoucheur de d sirs latents est toujours d actualit Il suffit de se pencher sur une r cente petite brochure distribu e aux visiteurs d un c l bre salon de la construction par l ordre des architectes pour s en convaincre Au fond tout commence l vous avez une id e un projet Vous trouvez l occasion le temps et les moyens de vous lancer dans un processus de construction ou de r novation Ou simplement vous prouvez l envie de concr tiser enfin un d sir latent depuis longtemps N h sitez pas ce stade tracer vous m me un premier plan sur un bout de papier num rer les ques tions mat rielles techniques et administratives que votre projet pose m me si elles vous semblent na ves m me si vous ne poss dez aucune formation ad hoc toutes
191. ait int ressant de travailler ces questions dans le cadre d une conception non pr datrice et subversive de l identit professionnelle Pour un d but de r flexion ce propos cf notamment Preciado B Architecture as a Practice of Biopolitical Disobedience Log n 25 t 2012 p 121 134 295 296 Conclusion La responsabilit l aune du d passement nature culture des architectes dans une perspective corporatiste mais non pr datrice pour faire cho aux cri tiques et aux inqui tudes formul es notamment par Ivan Illich ou Magali Sarfatti Larson Voici esquiss es en quelques lignes rapides quelques unes des tr s nombreuses pistes suscep tibles de prolonger ce travail Elles mettent en vidence la fa on dont certaines des approches qui ont t mobilis es dans cette enqu te sur les circuits de l conomie mat rielle pourraient clairer d autres questions qui mergent du trouble initial l origine de ce travail Manifeste ment la question de l engagement politique des concepteurs peut prendre des orientations tr s diff rentes Quant l exploration des circuits de l conomie mat rielle elle n a pas fini de s tendre dans des directions parfois inattendues Index 297 Index Adomo Theodor Wine 290 Pidelon Val ry ess nn 157 Apel Karl Otto 177 Dyer Whiteford Nick 197 Appadurai ATjUN 89 P A Hannah 239 240 290 Teridt
192. alisation quatre ing nieurs actifs respectivement l universit technologique de Delft Pays Bas la Technical Uni versity of Denmark au d partement material testing de l universit de Stuttgart Allemagne et la Linn us University Su de le manager d un bureau d tude allemand sp cialis dans les questions relatives au lamell coll le Studiengemeinschaft Holsleimbau e V le manager d une entreprise anglaise sp cialis e dans le traitement du bois contre les attaques biologiques Burt Boulton amp Haywood et une personne travaillant pour un centre de recherche subsidi par la Soci t Autrichienne de Recherches sur le Bois appel Holz Forschung une sorte d qui valent autrichien du CTIB ou du CSTC en Belgique Derri re ces pr sidents se retrouvent beaucoup d acteurs et d organes repr sentant des ac teurs Dans le cas du bois de structure l un des participants aux activit s du TC 124 est l institut technologique fran ais For t Cellulose Bois construction Ameublement FCBA Il s agit d un organe fran ais qui l AFNOR a d l gu toutes les questions relatives la normalisation dans le domaine du bois au sens large construction et ameublement Il regroupe en son sein et repr sente de tr s nombreux producteurs et vendeurs de bois fran ais Outre les activit s du TC 124 cet organisme s investit aussi dans des groupes de travail l chelle nationale et internationale dont notamment l o
193. alors est celle de sa voir qui sont exactement les porte paroles de tels enjeux Si les ing nieurs et les directeurs d entreprises semblent bien pr sents et constituent n en pas douter de fid les repr sentants pour les int r ts techniques et commerciaux des acteurs du secteur du bois il est l gitime de se demander si les autres enjeux b n ficient de la m me repr sentativit On peut se demander par exemple comment la communaut pourtant identifi e comme l une des parties prenantes prend consistance et fait entendre sa voix dans les r unions de travail si ce n est comme un 80 Deneufbourg F Defays M et Frere H Le marquage CE des bois de structure section rectangulaire et le classement pour leur r sistance op cit p 5 81 Ibid 82 Barthe Y Callon M et Lascoumes P Agir dans un monde incertain Essai sur la d mocratie technique Paris Seuil coll La couleur des id es 2001 83 Ce qui appara t ici en filigrane c est la tension peut tre proprement europ enne entre un horizon largement lib ralis d ouverture des march s et des tendances plus protectionnistes qui cherchent am nager les cadres juridiques et r glementaires en faveur de certaines chasses gard es Un exemple r v lateur parmi tant d autres le m me M Rouger qui pr side le TC 124 publiait en 2005 un article intitul Les Bois scandinaves sont ils sup rieurs aux bois fran ais Quelle est la r alit
194. amen s par les acteurs directement concern s par lesdites situations Il sera galement question dans cette recherche d un type de r ussite bien particulier qui tient ce que diff rents registres parviennent se faire entendre au sein d assemblages o s imposaient des registres axiologiques dominants Dans ces cas ind pendamment de ce sur quoi portent les registres en question l chec ou la r ussite de l agencement provient de sa capacit prendre en compte une diversit d univers axiologiques Cette orientation n a pas pour but de mener un pluralisme un peu plat duquel la critique est exclue au nom d un relativisme mou mais consiste plut t en une opposi tion des registres de valeurs qui construisent pr cis ment leur grandeur sur la d valorisation d autres registres j utiliserai leur propos l expression d int r ts pr dateurs emprunt e la philosophe Isabelle Stengers Face un int r t pr dateur il s agit de faire preuve d un certaine engagement pour faire compter d autres int r ts pour ne pas laisser ce quoi l on tient se faire craser par des arguments ass n s au rouleau compresseur Le formatage des mat riaux de construction Parmi tous ces acteurs que les architectes sont amen s prendre en compte et envers les quels ils sont susceptibles de s engager les mat riaux de construction sont envisag s centrale ment dans cette recherche ce propos je ne peux pas faire au
195. an aise de Belgique Bruxelles La Lettre vol e 2004 GHYOOT Micha l Entre conviction et n gociation entretien avec Alain Richard COHEN Maurizio dir L ath n e royal Riva Bella Braine l Alleud Bruxelles Communaut fran aise Wallonie Bruxelles coll Visions Architectures publiques n 9 2013 pp 56 64 GHYOOT Micha l Relayer la critique de l expertise technocratique l heure des indicateurs le cas de la gestion des d chets de construction et de d molition Ecole Nationale d Architecture Paris Val de Seine Universit Paris VIII Paris 2012 GHYOOT Micha l Notes sur la port e politique d un savoir technique Ou Une lecture travers trois p les des ann es 1970 Les cahiers d hortence 2010 vol 2 pp 23 55 GHYOOT Micha l Aper u des pratiques de r utilisation des d chets dans la construction Possibilit s opportunit s et limites M moire de fin d tude DECUYPERE Thierry promoteur Institut sup rieur d architecture de la communaut fran aise La Cambre Bruxelles 2009 GINZBURG Carlo Mythes embl mes traces Morphologie et histoire traduit par AYMARD Monique PAOLONI Christian et BONAN Elsa 1989 pour la premi re d fran aise ditions Verdier 2010 GIULIANO Jean Bois essences et vari t s ditions H Vial 1996 GORZ Andr Ecologica recueil de textes paru titre posthume Galil e 2008 GORZ Andr Capitalisme socialisme col
196. andeur de l conomie mat rielle et quels moments ils s av rent violents l gard d autres formes de grandeurs Ce sont ces carac t ristiques qui permettront de sp culer en compagnie de toute une s rie d acteurs d j actifs en ce sens des alternatives plausibles qui soient la hauteur de la subjonctivit voqu e ci dessus lt rendre g n rique le sp cifique gt Les cas d tude du b ton des granulats concass s du bois de structure ou avec plus de d tails celui de la pierre bleue poss dent un aspect en commun Tous semblent pourvoir circuler gr ce au fait d tre munis de dispositifs poss dant une port e tr s g n rale et d tach e des situa tions singuli res Ceux ci tirent pr cis ment leur efficacit de leur caract re g n rique et par tant reproductible dans un grand nombre de situations Tous ces dispositifs sont aussi des r ponses des situations de dispersions C est pr cis ment en r action une situation o chacun bricolait ses propres dispositifs dans son coin que des instances tierces se sont mises en place pour harmoniser les pratiques Le cas des STS unifi es produites par des instances gouverne mentales illustre bien cela Leur objectif premier tait de r pondre une dispersion et une multiplication des supports de prescription ce qui posait une s rie de probl mes au moins du point de vue de ces instances On pourrait opposer ce travail d harmonisation et de g
197. ant s approvisionner directement dans les r servoirs pour autant qu un r glement ou une cl ture ne l interdise pas En pratique pourtant ces m thodes alternatives repr sentent une plus grande complication en regard de la facilit d un robinet d eau courante Vouloir se passer des robinets sup pose de combattre une grande inertie Par rapport cette question de l inertie des syst mes il est possible de dessiner un spectre de positions qui s chelonneraient entre deux postures extr mes D un c t il y aurait la posture consistant s inscrire dans les assemblages existants en ne modifiant en rien leur tat Cette po sition est la plus vidente et la moins co teuse Il a bien fallu investir dans la cr ation des dis positifs ce qui repr sente souvent d j un gros travail mais une fois ceux ci format s il n y a plus qu les laisser faire leur travail et jouir de l investissement r alis tout en esp rant qu ils ne tombent pas subitement en panne ou que de nouvelles contraintes ext rieures ne viennent pas les rendre caduques en reposant sous une forme nouvelle la question qui semblait jusqu alors r solue Pour le dire de fa on imag e une fois le navire construit et affr t on le laisse naviguer sur son erre en esp rant que rien ne vienne entraver sa route l extr me inverse diverses raisons peuvent pousser refuser les assemblages de dispositifs et chercher s en d connecter au maximum
198. ante http opensource org docs osd 261 Dyer Whiteford N Cyber Marx Cycles and circuits of struggle in high technology capitalism Urbana Chicago University of Illinois Press 1999 p 203 197 198 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation standards montrent tout leur int r t Mais d s qu ils se trouvent dans une situation quelque peu diff rente s ils souhaitent par exemple travailler avec des mat riaux alternatifs ces disposi tifs ne conviennent plus si bien Dans ces cas l il serait souhaitable qu la mani re des logi ciels open source les codes sources de ces dispositifs puissent tre accessibles et modi fiables Si les dispositifs standards sont bien rod s pour assurer un type d articulation bien pr cise et standardis e entre les acteurs de l conomie mat rielle il est int ressant dans de nom breux cas de laisser une plus grande marge de man uvre Celle ci permettrait de rejouer ces articulations de remettre les acteurs concern s en contact direct et de les laisser se mettre d ac cord sur la fa on dont ils souhaitent travailler et sur les outils qui conviennent leur situation La figure du hackeur qui se d gage de cette r f rence aux pratiques de l open source caract rise assez bien les promoteurs des mat riaux alternatifs pr sent s jusqu ici Comme les bi douilleurs informatiques ils travaillent souvent l chelle individuelle tout en s inscr
199. ar les mailles des tamis suivent une boucle de feedback et repartent vers les broyeurs pour un nouveau tour lt transferts de technologie gt La plupart des machines qui composent la cha ne de purification s paration des fractions existent depuis longtemps Avant d tre employ es pour le concassage des d chets inertes elles ont t invent es et perfectionn es pendant de longues ann es dans le secteur de l extraction mi ni re et plus exactement en min ralurgie le secteur industriel qui reprend l ensemble des op ra tions n cessaires au traitement des minerais premi re vue les probl mes qui se posent dans ces deux domaines la min ralurgie et le concassage des inertes semblent assez semblables Dans les deux cas il s agit de traiter des ma ti res brutes extraites en vrac et dont on cherche isoler une fraction sp cifique la res source proprement dite Dans les deux cas galement ces op rations impliquent un travail in tensif de traitement et de tri de la mati re elles g n rent au final deux types de flux d un c t les ressources finalement extraites et de l autre les diff rents coproduits c est dire les ma ti res non d sir es g n r es lors du processus de tri La plus grande diff rence entre ces deux secteurs tient au fait que l un travaille traditionnellement avec des mati res neuves directe ment extraites des sous sols de la terre tandis que le second travaille avec d
200. aragraphe Et si les standards de l conomie mat rielle s adaptaient aux mat riaux alternatifs et pas l inverse p 165 401 La question de la repr sentation est galement abord e dans le paragraphe lt et leur difficult tre bien repr sent s gt p 173 281 282 Section 3 Positions Les concepteurs embarqu s dans l conomie mat rielle l actuelle situation de distance entre les praticiens et les sites de production de leurs outils tient des aspects structurels li s la fa on dont s organise leur travail Pour les promoteurs de pratiques alternatives il semble que la possibilit d intervenir en amont sur les dispositifs prescriptifs devrait passer par une organisation m me de repr senter leurs int r ts Le regroupement effectu selon un crit re professionnel n est probablement pas la meilleure fa on de rassembler toutes les personnes concern es j y reviendrai mais m me cette chelle on voit d j poindre les difficult s d une telle op ration en croire les socio logues de la d professionnalisation qui indiquent quel point les architectes prouvent des diffi cult s s organiser collectivement il semble bien que cette voie pr sente de grosses difficul t s Par ailleurs beaucoup de praticiens mais pas tous les exemples voqu s jusqu ici le montrent bien ne voient qu un int r t mineur mener un exercice r flexif sur leur position au sein de l
201. ardisation des dispositifs d articulation induit une certaine forme d inertie Je montrerai dans le prochain chapitre que en soi la r f rence tous ces dispositifs n est pas toujours obligatoire Dans l absolu il est souvent permis un concepteur de bricoler son propre cadre de r f rence et d exigences Mais dans les faits l existence et l usage intensif de dispositifs pr format s tend s imposer presque naturel lement comme la seule mani re de proc der Vouloir faire sans eux complique assez nettement la tache des acteurs de l conomie mat rielle au point de menacer l mergence d autres fa ons de faire lt les int r ts pr dateurs des voix qui en font taire d autres gt Les imp ratifs de g n ricit et les processus de formatage des dispositifs de l conomie ma t rielle renvoient ce qu on pourrait caract riser comme des int r ts pr dateurs Cette expres sion est emprunt e Isabelle Stengers pour d crire un type de violence o un int r t un ordre de grandeur se pr sente comme le seul valable Cela s accompagne souvent d une propension de cet ordre se d finir en opposition d autres registres de valeurs d s lors rel gu s l arri re plan Les int r ts pr dateurs sont un point auquel les chercheurs euses f ministes se sont montr es particuli rement sensibles Une bonne partie de leurs luttes sont en effet dirig es contre la possi bilit que de tels points de vue surplombants pu
202. art et de l autre les normes techniques quoique les derniers paragraphes invitent nuancer quelque peu cette opposition Cette nouvelle partie du chapitre revient sur cette opposition Elle tente de tirer certaines conclusions en mati re de responsabilit Il a t dit plus haut que les normes constituaient des sortes de filets de s curit pour les praticiens qui engagent leur responsabilit dans les projets 283 Ferro S Dessin chantier op cit p 141 284 Ibid Chapitre 6 M nager des marges de man uvre Dans ce qui suit je montrerai que les diff rences qualitatives entre les dispositifs m diateurs voqu s jusqu ici supposent galement des accentuations tr s diff rentes de la responsabilit lt les substrats linguistiques de la responsabilit gt Je me baserai ici sur les travaux de Jean Louis Genard qui s est int ress de tr s pr s l mergence historique de la notion de responsabilit en occident Ses travaux s attachent montrer comment la responsabilit s est progressivement impos e comme un cadre d interpr ta tion de l action rempla ant peu peu d autres mani res de pr ter du sens ce qui se passe telles que le destin l intervention divine le hasard l astrologie la providence le fatum etc Petit petit alors que le concept de responsabilit prenait progressivement le sens ou plus exac tement les sens qu on lui attache aujourd hui il devenait galemen
203. artir desquels les sociologues ont extrait leur grammaire des cit s mais aussi plus largement pour comprendre des situations o diff rents registres sont en jeu Il serait possible d tendre quelque peu cette grammaire des cit s pour aborder les types de contradictions qui se jouent entre les diff rents registres d int r ts les diff rents processus de valuation que mobilisent les acteurs de l conomie mat rielle Comme le montre la sociologie des controverses d velopp e par ces auteurs ces registres d int r t peuvent se manifester l occasion de conflits C est l exemple quelque peu caricatural d un entrepreneur et d un architecte qui se disputent propos d une solution laquelle l archi tecte pr te une certaine grandeur esth tique renvoyant la cit inspir e mais que l entrepre neur trouve inefficace renvoyant la cit industrielle Ou encore c est le cas lorsqu un archi tecte publie dans la presse une lettre ouverte d non ant la mont e en puissance des cadres r gle mentaires relevant de la cit civique qui empi tent sur les possibilit s de produire de l archi tecture innovante et r solument contemporaine selon les crit res de la cit inspir e Dans ces cas les acteurs de l conomie mat rielle produisent des discours engageant des controverses 201 Dewey J La formation des valeurs op cit p 33 202 Boltanski L et Chiapello Le Nouvel esprit du capitalisme op cit 169 1
204. as unique ment son habilit si grande soit elle mais aussi une s rie de conditions ext rieures li es par exemple au v hicule proprement dit l tat de la route au fait que d autres sont pass s par l avant lui aux ouvriers qui entretiennent r guli rement le rev tement aux panneaux signal tiques etc Cette pr cision a pour objectif d viter de reproduire un point de vue qui placera it l architecte aux commandes totales d un projet la fameuse posture mythique de l architecte comme chef d orchestre qui provoque encore au mieux des petits sourires g n s et au pire des soupirs de nostalgie mus de la part des praticiens actuels partir du moment o l on admet que l architecte se trouve entour d une multitude d ac teurs certains tr s dociles d autres plus rev ches certains porteurs de revendications tr s claires d autres de motivations plus latentes certains dispos s collaborer d autres pris dans des logiques univoques certains humains d autres non humains certains vivants d autres inertes certains puissants d autres beaucoup plus faibles etc lorsque l on prend la mesure de tous ces acteurs il en d coule que le caract re politique d un projet de construction pourrait bien d pendre avant tout de la fa on dont tous ces acteurs sont pris en compte de la fa on dont les praticiens s engagent ou non en leur faveur Reste bien s r pr ciser ce qui est sous entendu par l expressio
205. at riaux les contextes o ils aboutissent Ceux ci couvrent un vaste spectre de situations depuis les cadres les plus r glement s objectiv s et formalis s jusqu des destinations plus informelles dans le cadre domestique ou de relations proches Ce sch ma indique aussi l importance du tra vail effectu sur la mise au point de ces dispositifs C est ce quoi va s attaquer la prochaine section afvalstoffenmaatschappij voor het Vlaamse Geweest OVAM 2002 Dumont A Jacquet A Bourge C E Gosselin P Ingelaere B Legrand C et Mertens C Guide des d chets Management des risques environnementaux dans les m tiers de la construction MARCO 2004 Legrand C Quelles solutions pour le recyclage des d chets du b timent Questions et r ponses Les dossiers du CSTC troisi me trimestre 2005 vol 3 Binam J P et De Doncker C Guide de gestion des d chets de construction et de d molition Bruxelles Bruxelles Environnement IBGE BIM 2009 Ghyoot M Aper u des pratiques de r utilisation des d chets dans la construction Possibilit s opportunit s et limites m moire de fin tude Institut sup rieur d architecture de la communaut fran aise La Cambre Bruxelles 2009 Agence de l environnement et de la ma trise de l nergie ADEME Pr venir et g rer les d chets de chantier M thodologie et outils pratiques op rationnels Paris Le Moniteur coll M thodes 2009 Rotor asbl D
206. ation Il va effectivement falloir harmoniser une d finition de la pierre bleue mais aussi har moniser les outils qui permettent de la prescrire ou encore la terminologie propre ce mat riau et les crit res de s lection en fonction de ses usages toutes ces interactions correspondent des dispositifs bien pr cis qui permettent aux acteurs de travailler de concert la mise en uvre de la pierre bleue dans un b timent Ce sont ces processus que je vais d crire dans les pages qui suivent Le choix de la pierre bleue pour voquer cette dimension de l conomie mat rielle n est pas tout fait anodin Si tous les mat riaux courants font l objet de tels processus d harmonisation le cas de la pierre bleue est particuli rement parlant Il s agit en effet d un mat riau dont le pro cessus de production bas principalement sur une activit d extraction comporte un carac t re al atoire tandis que les exigences qui p sent sur ce mat riaux sont relativement grandes Comme indiqu plus haut dans le texte l industrie cherche ma triser au maximum les proces sus de production La ma trise totale et absolue correspond un id al inatteignable mais il y a des processus qui permettent plus facilement que d autres de s en approcher Dans le cas de l ex traction de pierre bleue les producteurs ont g rer un certain nombre de facteurs al atoires li s aux contingences de la qualit du sous sols De ce fait le travail d har
207. ation croissante du r le des architectes Loin de l image traditionnelle de l architecte lib ral elles attirent au contraire l attention sur les signes d une complexification du m tier Ces th ories r centes envi sagent toutefois l ind termination du champ professionnel de l architecture selon des perspec tives quelques peu diff rentes Pour le sociologue Florent Champy le flou qui entoure d sormais le r le de l architecte serait embl matique d un processus de d professionnalisation qui toucherait les architectes de plein fouet Incapables de mettre au point en interne une d finition claire de leur r le et de leurs attributions ceux ci se verraient concurrenc s par d autres m tiers sur des terrains qu ils occupaient auparavant de fait si ce n est de droit L approche de Champy dans ses travaux les plus anciens reste ax e sur le mod le traditionnel de l exercice de la profession d architecte en tendu comme un professionnel lib ral ex cutant une mission de service aupr s de ses comman 331 Ibid p 7 332 Champy F Vers la d professionnalisation L volution des comp tences des architectes en France depuis 1980 Les cahiers de la recherche architecturale et urbaine 1999 vol 2 3 pp 27 38 Champy F Sociologie de l architecture ditions La D couverte 2001 247 248 Section 3 Positions Les concepteurs embarqu s dans l conomie mat rielle ditaires Cela se traduit notammen
208. ation de suivre les meilleures pratiques les r gles de l art recouvrent ais ment les grands mouvements d volution lente et progressive des techniques Par contre elles semblent moins 277 Loumaye F Les r gles de l art l innovation et le choix des mat riaux op cit p 72 278 Ibid p 74 Chapitre 6 M nager des marges de man uvre bien quip es pour servir de dispositif m diateur dans des pratiques exp rimentales plus auda cieuses Celles ci sugg rent en effet une forme de rupture avec les pratiques et les proc d s usuels Elles se pr sentent g n ralement comme un d passement de ce qui se faisait auparavant Ces pratiques novatrices invalident ainsi implicitement les pratiques pr c dentes qui deviennent tout d une coup r trogrades l aune des standards v hicul s par les nouvelles techniques On peut lire ce ph nom ne dans les exemples de la terre paille ou de la pierre massive qui se veulent des pratiques novatrices beaucoup d gards notamment d un point de vue environne mental et social Dans ces deux cas il y a galement rupture au niveau de crit res d appr ciation des mat riaux Tant les tenants de la terre paille que les projets en pierre massive de Perraudin ne promeuvent pas seulement un mat riau mais aussi un nouvelle rh torique propos de ce qui importe dans le choix des techniques constructives l inverse de ce processus d innovation par la rupture plus ou moins franche les r
209. au centre de ma recherche correspond bien cette volont de ne pas isoler ces questions les unes des autres C est au contraire une pos ture qui oblige les aborder frontalement en analysant en quoi elles s alimentent mutuellement plut t que d tre des domaines s par s les uns des autres C est en particulier le cas de la cat go rie l ments naturels qui m rite quelques claircissements Comme je l indiquais au d but de la 409 Haraway D Les promesses des monstres politiques r g n ratives pour d autres impropres inappropri es 1992 op cit Conclusion La responsabilit l aune du d passement nature culture recherche en me r f rant Bruno Latour et Stephen Toulmin la s paration moderne entre na ture et culture pose un certain nombre de probl mes pist mologiques Elle emp che notam ment de prendre en compte des ph nom nes hybrides qui rel vent d une interaction troite entre les activit s humaines et des aspects plus strictement g ologiques climatiques ou biologiques Que l h lianth me des Apennins et le c t rach mosan aient eu besoin des actions simultan es d une organisation bureaucratique europ enne et de l une des plus grosses entreprises de ciment au monde pour retrouver son habitat naturel des berges calcaires de la Meuse est sans doute l illustration la plus parlante de ce fait Dans la construction peut tre plus encore qu ailleurs les l ments dits na
210. aussi surtout sur les processus de mises en uvre les plus courants Elles se pr sentent sous la forme de fascicules num rot s chaque num ro aborde un aspect des travaux bien pr cis avec une r partition qui correspond dans les grandes lignes aux interventions des diff rents corps de m tier lors d un chantier Les STS poss dent un caract re g n ral et sugg rent des mises en uvres standards en ce sens elles laissent ouverte la concur rence entre plusieurs mat riaux et plusieurs techniques pour un m me poste Elles ne sont pas destin es d crire des solutions sp cifiques celles ci faisant l objet d un cahier des charges sp cial et dans le cas de solutions industrielles d une proc dure d agr ment technique adapt e au cas par cas Une fois les STS mises en circulation il suffit aux architectes de s y r f rer dans leurs articles de cahiers des charges pour s assurer d tre aussi proche que possible des r gles de l art en cours Les premi res STS sont sorties des groupes de travail sp cialis s en 1964 Dans la logique mise en place par l Institut National du Logement les STS peuvent voluer en parall le aux techniques Les changements mineurs se font sous forme d addendum aux fiches existantes tan dis que les transformations technologiques majeures entra nent la publication de nouvelles STS abrogeant les versions ant rieurs Lors d une r union du Conseil Sup rieur le 28 juin 1977 un appel est lanc
211. aux alternatifs s am nager des marges de man uvre pour laisser chaque situation la possibi lit de faire passer ce qui compte pour elle C est ces marges de man uvre que s int resse le prochain chapitre Chapitre 6 M nager des marges de man uvre Chapitre 6 M nager des marges de man uvre Le chapitre pr c dent a tent de caract riser les arri re plans normatifs qui accompagnent les mat riaux de construction et les dispositifs dont ils sont munis Tout au long de ce chapitre qui s appuyait sur des cas d tudes pr sent s dans les chapitres pr c dents j ai t ch de faire ap para tre une sorte de contraste entre d un c t la n cessit et l int r t de recourir des disposi tifs bien format s et standardis s et de l autre l int r t politique de reconna tre des situations la possibilit de faire compter leurs sp cificit s J ai indiqu quelques cas o cette injonction contradictoire donnait lieu des formes de violence Dans le pr sent chapitre je voudrais exa miner par quels moyens il est possible pour un acteur de l conomie mat rielle de n gocier entre ces diff rentes exigences la suite des cas de figure d ploy s autour des mat riaux labellis s jusqu ici comme alter natifs ce chapitre tudie quelques pistes par lesquelles les acteurs de l conomie mat rielle sont susceptibles d investir eux m mes les dispositifs d articulation qu ils sont amen s mobili ser
212. aux au sein de l conomie mat rielle La question se r sout bien entendu tr s diff remment selon l chelle laquelle elle se pose Par exemple ce que je racontais propos de la construction en terre paille me semble ex ploiter une strat gie bien particuli re Dans les extraits cit s ci dessus il appara t que les pro moteurs de ce mat riau vont puiser dans l histoire une s rie de cas exemplaires sugg rant que la technique de la construction en terre paille est prouv e et a fait ses preuves Autrement dit ils reconstituent quelque chose comme des r gles de l art en mettant jour une v ritable jurispru dence suffisamment fournie pour d gager des principes de bonnes pratiques Dans ce cas bien pr cis l innovation ne passe pas tant par le progr s technique ou les volutions de l indus trie mais plut t par la red couverte de proc d s anciens Il y a beaucoup de pratiques inno vantes au sein de l conomie mat rielle qui exploitent cette veine et pour qui la constitution d une jurisprudence parall le joue un r le crucial Dans tous ces cas il s agit de rassembler suffi samment de preuves que les pratiques en question sont fond es m me si et c est ici que se joue proprement parler l innovation elles n ont manifestement pas t incluses dans le lent processus de s dimentation qui a aboutit la constitution des r gles de l art dominantes L exemple le plus remarquable de cette strat gie est
213. aux de remblai ou de fa on plus exigeante pour la fabrication de nouveaux b tons D ailleurs sur le m me site l entreprise de d molition et de concassage poss de elle m me une petite centrale b ton pour laquelle elle utilise les granulats issus du traitement des d chets de d molition L utilisation de ces produits recycl s sur le march de la construction n est pas une pratique proprement contemporaine Pour tre exact elle est en fait tr s ancienne Selon les arch o logues les Romains eux m mes auraient utilis s des granulats recycl s de ma onnerie dans la composition de leurs mortiers notamment pour l aqueduc passant au dessus du Gard De tout temps les gravats produits la suite des d molitions ou des catastrophes entra nant la destruc tion des b timents tremblements de terre bombardements etc ont trouv s de nouveaux usages sous forme de remblai pour des fondations ou dans la stabilisation de voies de circulation La petite colline qui consti tue le seul point de relief dans le paysage des Giardini v nitiens est en fait compos e par l accumulation des gravats du Campa nile de San Marco suite son effondrement en 1902 Dans le m me ordre d id e la plupart des grandes villes allemandes poss dent un ou plusieurs Schuttberg c est dire des collines artificielles form es par les restes des d molitions provoqu es par les bombardements strat giques de la seconde guerre mon diale Plus pro
214. bien s r mais elles doivent aussi b n ficier d une appr ciation positive Elles doivent se rendre d sirables La mise en avant de leur caract re rustique est une r ponse cet imp ratif et d un point de vue commercial cela semble ne pas fonctionner trop mal lt caract ristiques embarqu es 2 garantie gt Si les briques de l entreprise F sont disponibles de fa on relativement pr visible si elles se pr tent techniquement et conomiquement un r emploi et si elles exploitent une niche de mar ch relativement appr ci e elles doivent encore r pondre deux autres exigences pour circuler librement sur le march des produits de construction Elles doivent b n ficier d une forme de garantie et elles doivent tre descriptibles dans le langage des concepteurs En ce qui concerne les formes de garantie accompagnant les briques de r emploi elles ne diff rent pas tellement de celles qui ont cours dans les contextes plus formels L aussi d faut de pouvoir se reposer sur des protocoles de test et de contr le certifi s les revendeurs doivent mettre en avant des arguments tels que leur exp rience leur bon sens et leur savoir faire tech nique M me une chelle plus importante que dans les entreprises du type de celle de Ma parfois changer le statut de l objet Ce qui tait jug inint ressant dans un tas d autres objets m lang s dans une caisse devient tout d un coup digne d int r t d s qu un ve
215. blables la Belgique y compris dans leur diversit depuis des petites structures familiales jusqu de plus grandes entreprises en passant par des initiatives caritatives Cf Abenia T Chapel E Ghyoot M et Lasserre B Programme Tolosa Exploration du secteur du r emploi des mat riaux de construction en r gion toulousaine Plan Libre Le journal de l architecture en Midi Pyr n es octobre 2013 vol 114 pp 5 8 101 102 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle Dans la villa toutes ces briques occupaient une fonction structurelle Ma on n es les unes aux autres elles constituaient les pais murs porteurs de la maison En un gros si cle les modes constructifs ont connu quelques changements est tr s rare qu un entrepreneur b tisse encore des murs porteurs partir de briques pleines Il utilisera plut t des parpaings de b ton une ossature en b ton ou ven tuellement de grosses briques de terre cuite creuses dont les poches d air offrent une protection thermique r pondant mieux aux exigences actuelles en mati re d isolation des b timents Par contre les briques sont toujours appr ci es en pare ment de fa ade Dans certaines communes les r glements d ur banisme obligent m me utili ser ce mat riau Les fabricants de mat riaux produisent aujour d hui des panneaux composites qui sont constitu s d une couche d isolant souvent du po lystyr ne ou de la mous
216. ble En d autres mots le travail des acteurs de 316 L id e m a t souffl par un ami et coll gue de chez Rotor Lionel Billiet Merci lui Chapitre 7 De maillon en maillon jusqu aux concepteurs l conomie mat rielle est rendu d autant plus facile que le passage entre les diff rents maillons de la cha ne de correspondances s av re ais fluide et rapide Diluer ou concentrer la responsabilit D s lors que les cha nes de correspondances se pr sentent comme verrouill es difficiles faire d vier trop co teuses r ouvrir la question de la responsabilit de tous les acteurs im pliqu s dans le processus devient d licate saisir Qui doit tre tenu responsable de la situation surprenante survenue autour du cas de ce rev tement de sol en z brano Est ce le commandi taire autrement dit la cha ne de produits de luxe comme semblent l indiquer les activistes new yorkais qui ont pris cette derni re comme principale cible de leurs interventions Est ce l entre preneur qui aurait d mieux v rifier le sour age du mat riau qu il s appr tait mettre en uvre Est ce l architecte assez clairement l instigateur de cette proposition qui a failli son devoir de conseil en sugg rant son client d opter pour un mat riau quelque peu inad quat en tout cas du point de vue cologique Est ce le stagiaire qui aurait mieux fait de se renseigner davantage sur le z brano plut t que de prendre uniqu
217. blouissantes et donc aveuglantes Les points de vue assujettis sont privil gi s parce qu ils semblent promettre des r cits du monde plus ad quats plus soutenus plus objectifs plus transformateurs Mais apprendre voir d en bas requiert au moins autant de savoir faire avec les corps et le langage avec les m diations de la vision que les visualisations technoscientifiques les plus lev es Ibid p 119 Ce passage est en fait une mise en garde adress e certaines d rives du f minisme qui auraient tendance s associer un peu trop rapidement et par d faut la position de l opprim Pour Haraway cette position ne va pas de soi Au contraire s y r f rer trop rapidement c est retomber dans le mythe d une identit politique pure incapable de prendre en compte les subjectivit s faites de fusions multiples d identit s marginales C est une pr occupation qui tait d j pr sente dans le manifeste cyborg o elle affirme que les f minismes et les marxismes ont but sur les imp ratifs pist mologiques de 221 222 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation peine de ne pouvoir tre tenues responsables de ce qu elles produisent C est cela que Haraway dramatise travers une formulation percutante dont elle a le secret et qui se demande avec le sang de qui mes yeux ont ils t fa onn s Dans cette perspective tre tenu responsable c est pouvoir r p
218. c mentionne la classe de r sistance il ne r v le encore pas grand chose des proc dures choisies pour d terminer les valeurs correspondantes En m canique des milieux continus la m thode la plus fiable pour d terminer la r sistance d un mat riau consiste soumettre celui ci la contrainte tudi e et mesurer la force qui est appliqu e au moment o l l ment pr sente des d formations trop importantes puis se rompt Ainsi la valeur maximale de r sistance tel ou tel effort appara t de mani re implacable Si de tels proc d s produisent des r sultats la pr cision incomparable appliqu s trop syst matique ment ils laissent le producteur face une situation quelque peu embarrassante o il doit parve nir vendre des clats de bois dont il peut garantir avec certitude la r sistance mais qui risquent fort de ne plus int resser grand monde Des m thodes non destructives de d termination de la r sistance s av rent n cessaires Dans le secteur de l industrie du bois deux types de m thodes de classement coexistent La premi re est visuelle la seconde est effectu e par des machines C est d ailleurs une indication qui appara t sur le cachet de la tranche de la poutre de bois de structure section rectangulaire la pr sence d un petit M indique qu il s agit d un classement machine Dans les deux cas ces m thodes se basent sur des classements pr existants qui ont tabli pour chaque essen
219. ccurrence il se pourrait bien que le prix payer soit celui d une certaine d possession des savoir faire d tenus par les praticiens au profit d un syst me de connaissances plus fig es et d termin es d en haut par ces fameux or ganismes para tatiques Ou plus exactement pour ne pas utiliser une chelle haut bas on pourrait dire que ces connaissances sont labor es en dehors des situations auxquelles elles sont pourtant suppos es s appliquer Comme je le montrais dans le chapitre pr c dent c est plut t cette distance qui peut poser probl me lorsqu on souhaite r pondre le plus subtilement possible aux exigences d une situation ou lorsqu on cherche y faire exister d autres int r ts que ceux contenus dans les normes lt un bref flash back gt Ce type glissement des comp tences n est pas sans pr c dent dans l histoire Certains au teurs se sont attach s montrer que la naissance de la profession d architecte est li e de tr s pr s au d placement d une s rie de savoir faire de type indiciaires vers un r gime de connaissance plus rationnel li par exemple la description encyclop dique des mat riaux et des techniques de mises en uvre C est parce que ces savoir faire ont t d compos s rationalis s et d crits dans un m dium relativement facile diffuser les livres que les archi tectes qui taient alors encore confondus avec les ing nieurs ont pu merger comme
220. ce face avec chevron le sci chevron le ponc chevron l assem bl et avec les garde forestiers et les charpentiers de l Ecclesall Wood Sawmill Site En accompa gnant le mat riau tout au long de ses diverses trajectoires depuis sa repr sentation la plus vir tuelle dans un mod le 3D jusqu sa version la plus mat rielle pleine d chardes et de sciure dans un atelier de menuiserie les concepteurs ont travers des zones de frictions et sont entr s en contact avec d autres logiques qui mon sens ont enrichi le projet C est d ailleurs l avis de certains tudiants galement qui ont admis qu ils ne concevraient plus jamais un projet avec du bois de la m me mani re Le diagramme de la page 85 tente de r sumer les interactions du projet Il est assez tentant de consid rer que tout ce projet malgr son int r t rel ve d un cadre pri vil gi et particuli rement pargn par les contraintes qui p sent sur des projets plus complexes Chapitre 9 Vers des prescriptions plus soign es Il serait m me assez facile de consid rer que ce qui s est pass l rel ve d un cadre d exception propre au monde p dagogique bien diff rent du monde r el Il faut bien s r reconna tre le caract re assez exceptionnel d un tel projet mais me semble t il il serait dommage de le faire sur un ton d daigneux Tout d abord parce que ce cadre d exception n est pas l par hasard Il est le r sultat d exp riences p da
221. ce des corr lations fortes entre la section d un l ments de bois et sa r sistance aux diff rents efforts Ce qu il s agit de v rifier chaque fois ce ne sont donc pas tellement les valeurs de r sistance mais bien plut t de d terminer si la poutre tudi e ne pr sente pas de d fauts majeurs suscep tibles d alt rer ses propri t s m caniques pr suppos es En fonction de l endroit et de la fa on dont les troncs d arbres sont d bit s en fonction aussi bien s r des essences dont il est ques tion le bois pr sente de petits d fauts comme des n uds des fentes des flaches une partie de la surface du tronc rest e visible sur l ar te de la poutre etc Suivant leur position dans l l ment consid r et en fonction de leur importance ces petites alt rations peuvent compromettre plus ou moins s rieusement la r sistance du bois Les tableaux de classement de la r sistance connaissent donc les propri t s d une poutre moyenne obtenues par des proc dures de test ef fectu es sur un tr s grand nombre d chantillons Il s agit en quelque sorte d un bois id al ty pique qui est l ensemble des poutres en bois ce que l homme moyen de Quetelet tait l ensemble de la population un pur produit de la raison statistique Le r le des producteurs de poutres ou des importateurs europ ens est de v rifier jusqu quel point les l ments indivi duels qu ils produisent et manipulent s cartent de la situa
222. ce obligatoire Les moda lit s subjectivantes se voient donc quelque peu subsum es aux modalit objectivantes et la type de responsabilit qui en ressort porte les traces de cette accentuation l inverse dans tout ce que j ai mis en avant jusqu ici depuis les explorations autour des mat riaux quelque peu outsiders jusqu aux r flexions sur des dispositifs m diateurs aux effets plus ouverts c est une toute autre accentuation de la responsabilit qui est sous entendue L ho rizon normatif que je tente de d ployer ici engage plut t une forme de responsabilit Tu large ment tendue Lorsque les promoteurs de la terre paille en appellent une responsabilit colo gique devant l environnement et les g n rations venir lorsque Perraudin indique vouloir sortir des rapports sociaux de la sph re marchande et se montrer plus conome vis vis des mati res premi res il n est pas exactement question de la m me responsabilit que celle qui se cristallise 293 Conseil national de l ordre des architectes de Belgique R glement de d ontologie 1983 Chapitre 6 M nager des marges de man uvre dans les dispositifs objectivants Il s agit plut t d une accentuation de la responsabilit o les ac teurs se voient somm s de pouvoir r pondre de tous les dispositifs et tous les autres acteurs de l conomie mat rielle Une telle conception a pour horizon l tablissement de relations intersub jectives quitable
223. ce petit opus tente d tablir une d finition commune aux diff rents m tiers du design depuis les c ramistes jusqu aux typographes en passant par les architectes les concepteurs de produits ou encore les concepteurs techniques et informatiques L un des en jeux pos s par ce livre est de surmonter une s paration institutionnelle qui tendait alors se marquer de plus en plus nettement dans le contexte britannique et en particulier dans le paysage de l enseignement Aussi pour l auteur un dipl me ou un titre de reconnaissance officielle ne suffisent pas d finir l identit d un designer S inscrivant dans une perspective nourrie par une activit militante au sein des gr ves et des occupations tudiantes des ann es 1960 l auteur se m fie fortement des processus d identification professionnelle qui se r duisent un caract re strictement institutionnel ou anim d ambitions corporatistes j voquerai cette question plus loin Potter s int resse plut t la fa on dont s organisent les activit s des diff rentes branches de la conception et aux points communs qu il est possible d y retrouver tout en admettant bien volontiers que cette recherche d un plus grand d nominateur commun ne doit pas clipser les sp cificit s propres chaque pratique et que sans aucun doute certains praticiens ne se recon naitront pas toujours exactement dans un spectre d activit s aussi large Il parvient n anmoins d gager une descripti
224. cer comme des positions qui promettent une vision gale et enti re sous tous les angles la fois mais d on ne sait o Investir toute son nergie dans la production de compte rendus les plus fid les possibles ne devrait pas tre un pr texte pour s pargner la question de savoir o l on se situe lorsqu on les produit et quels effets on en attend Pour les chercheurs euses f ministes ces ques tions rel vent pourtant en plein de la responsabilit du chercheur Comme le dit Marylin Stra thern dans un essai d anthropologie intitul Partial Connections 213 Cf le paragraphe Passer du trouble la question quelques ingr dients p 15 214 Haraway D Savoirs situ s la question de la science dans le f minisme et le privil ge de la perspective partielle 1988 Des singes des cyborgs et des femmes La r invention de la nature traduit par Bonis Oristelle 1991 pour l d originale en Anglais Paris ditions J acqueline Chambon 2009 p 337 Chapitre 5 Normativit s des dispositifs d articulation l ethnographe ne peut plus pr tendre tre un vecteur neutre transportant de l information sa propre participation dans la construction des narrations doit tre rendue explicite C est galement ce que sugg re Donna Haraway dans son projet de situer les savoirs qui est avant tout une question de positionnement partiel et partial Elle le pr sente comme un projet qui ne l che ni l ambition de pro
225. ces donn es seront plus tard utiles dans la discussion avec l ar chitecte car elles constitueront pour lui autant d l ments indicateurs de vos souhaits et de la mani re dont vous voyez les choses La figure d architecte qui se d gage de ces quelques lignes est bien celle d un expert confort dans sa position de d tenteur de connaissances m me de guider le commanditaire de lui r v une clarification effectu e en 1973 d j dans Moulin R dir Les architectes M tamorphose d une profession lib rale Paris Calmann L vy 1973 p 25 329 C est peut tre par cette notion de d sir que l on peut expliquer que des cours de psychanalyse se soient invit s dans certaines options du cursus de formation des architectes Je me souviens en particulier d un cours o le professeur lui m me psychanalyste insistait pour que lorsque nous serions devenus architectes nous prenions garde ne pas r aliser trop vite ni trop explicitement le d sir de nos futurs clients Il fallait disait il toujours r pondre un petit peu c t de ce qu ils demandaient puisque bien s r selon les paradigmes psychanalytiques les commanditaires ne sont pas conscients de ce qu ils d sirent vraiment J ai repens cet pisode beaucoup plus tard lorsque j ai pu suivre le d roulement d un petit projet d am nagement d int rieur Le commanditaire tait venu voir les concepteurs car il voulait une nouvelle tag re de biblioth que
226. ces questions que je fais la proposition d envisager des prescripteurs plus soigneux et des prescriptions plus soign es dans le prochain chapitre 371 Haraway D Manifeste des esp ces de compagnie Chiens humains et autres partenaires op cit p 15 Chapitre 9 Vers des prescriptions plus soign es Chapitre 9 Vers des prescriptions plus soign es Dans le d veloppement des deux premi res sections de cette recherche j ai longuement in sist sur tous les dispositifs qui sont invent s pour assurer la circulation des mat riaux au sein des circuits de l conomie mat rielle Dans un premi re temps je me suis int ress aux trajec toires proprement dites des mat riaux Dans un deuxi me temps je me suis int ress des n uds des espaces o divers int r ts se rencontrent et tentent de s accorder Dans un troisi me temps je me suis pench sur un positionnement pr cis au sein des assemblages de l conomie mat rielle la figure des prescripteurs Dans ce dernier chapitre j aimerais explorer en quoi et comment la figure du prescripteur pourrait investir d une fa on plus responsable certains des dispositifs m diateurs qu elle est ame n e manipuler J ai esquiss jusqu ici quelques pistes de r flexion g n rale propos de la fa on dont les acteurs de l conomie mat rielle peuvent initier des reconfigurations dans les trajec toires de mat riaux en particulier en ce qui concerne des mat riaux quelque peu
227. ceux ci pouvant en effet relever de registres tr s diff rents Les travaux men s par Th venot et Boltanski sur l conomie des grandeurs invitent distinguer diff rents mondes aux quels correspondent diff rents ordres de grandeur diff rentes mani res d envisager ce qui est une condition de f licit ou au contraire une forme d insatisfaction Partant de l analyse de controverses ils constatent que les acteurs plac s en situation de devoir se justifier utilisent des ressources correspondant des registres tr s diff rents Th venot et Boltanski en viennent alors esquisser ce qu ils appellent une grammaire des cit s o chaque cit r pond des mod les de justice et de grandeur bien particuliers Chacune d entre elles repr sente un univers axiologique aux r f rences partag es Dans un premier ouvrage ils en distinguent six la cit inspir e la ci t domestique la cit marchande la cit de l opinion la cit civique et la cit industrielle Dans un ouvrage ult rieur Boltanski et Chiapello ajouteront cette liste la cit par projets plus m me d accueillir les int r ts et les ordres de grandeurs propres un certain ethos post fordiste qui ne leur semblait rentrer dans aucune des cit s d j mod lis e Entendue comme une proposition heuristique cette grammaire des cit s poss de une cer taine efficacit pour interpr ter des conflits et des controverses qui sont les terrains p
228. che de nous on trouve des traces de ces pratiques d utilisation des d bris pour la fabrication de b ton de moindre RETRO Les y y ZAS res Minis vietata propr ANTON DE PAGG VENEZIA qualit et devant r pondre des exigences minimales dans diff Illustration X photo montage repr sentant l effondrement du Campanile San Marco Venise en lemande DIN 4163 de 1951 ou le cahier des charges type 104 1902 Les d bris ont servi de ans J remblai pour l am nagement des Entreprise de travaux des b timents tablissent les prescrip Giardini Source Wikimedia Commons rents dispositifs normatifs de plusieurs pays Ainsi la norme al 96 Simons B et Vyncke J Les d chets de construction et de d molition Possibilit de recyclage sous forme de granulats dans le b ton op cit p 35 36 77 78 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle tions techniques pour ces pratiques Ce qui est par contre nettement plus r cent c est le fait d utiliser ces granulats dans des applications plus exigeantes telles que la production de nou veaux b tons de plus haute qualit S il s agit l d un r sultat somme toute assez pr visible des politiques de recyclages mises en avant par les pouvoirs publics depuis la fin des ann es 1980 plusieurs autres moteurs rentrent en compte pour expliquer ce ph nom ne et le complexifier au del du strict enjeu environnementaliste lt r
229. chniques tend au contraire boucher Le chapitre s ach ve par une r flexion sur les diff rentes accentuations de la responsabilit qui sont en jeu entre ces deux approches c est le propos de la partie intitul e Les effets sur le type de responsabilit en jeu C est sur ce point que s ach ve la section 2 et sa plong e dans les n uds d articulation de l conomie mat rielle Si les deux premi re sections correspondaient respectivement une ap proche par les trajectoires et par les n uds d articulation la troisi me section s int resse des positions relatives au sein des circuits de l conomie mat rielle En l occurrence elle se penche de plus pr s sur la position des concepteurs Elle cherche caract riser celle ci en regard de toutes les entit s mises en lumi re dans les deux premi res sections mais aussi vis vis des ho rizons normatifs d velopp s dans la section 2 Le chapitre 7 propose de consid rer que les concepteurs sont situ s l extr mit d une cha ne d actions qui a pour objectif d apporter un mat riau donn sur un chantier pr cis Cette question est abord e par le biais d un cas de figure mettant en sc ne une controverses autour d un bois tropical le z brano mis en uvre par un concepteur et son commanditaire dans la partie Rotterdam New York via Yaound Cette situation permet de d ployer la notion de cha nes de correspondances qui offre une grille d interpr tation
230. cilement quantifiables Toutes les dimen sions de l cologie politique pour revenir sur cette perspective s accommodent assez mal d une traduction strictement quantitative Dans ces cas l les indicateurs repr sentent au mieux une H V dir D veloppement durable et intelligence des mat riaux Regards franco br siliens sur les pratiques du b timent et de la construction Paris L Harmattan coll L esprit conomique 2011 pp 79 100 J gou A About de Chastenet C Augiseau V Guyot C Jud aux C Monaco F X et Pech P L valuation par indicateurs un outil n cessaire d am nagement urbain durable Cybergeo European Journal of Geography 4 d cembre 2012 Ghyoot M Relayer la critique de l expertise technocratique l heure des indicateurs le cas de la gestion des d chets de construction et de d molition cole Nationale d Architecture Paris Val de Seine Universit Paris VIII Paris 2012 Genard J L 40 ans d architecture et de politique De l impact des r f rentiels A juin 2013 vol 242 pp 29 32 Devlieger L Cahn L et Gielen M Rotor dir Behind the Green Door A Critical Look at Sustainable Architecture Through 600 Objects Oslo Oslo Architecture Triennale 2014 p 16 sq 123 128 248 Salais R La politique des indicateurs Du taux de ch mage au taux d emploi dans la strat gie europ enne pour l emploi SEE op cit p 2 189 190 Sectio
231. commandes auxquelles font face les architectes en particulier dans les march s publics rel vent davantage du second cas c est dire de situations beaucoup plus contraignantes o les marges de libert du concepteur sont r duites tr s peu de chose Cette opposition entre deux figures de l architecte refl te un d bat qui anime non seulement les organes de r gulation professionnels et les praticiens eux m mes qui restent les principaux concern s mais qui se retrouve aussi dans des travaux de sociologie de l architecture ou de so ciologie de la profession d architecte Au del d approches parfois fort divergentes ces travaux cherchent en g n ral caract riser le r le jou par les architectes dans la soci t en g n ral et pour certains dans les assemblages de l conomie mat rielle en particulier Ils cherchent gale ment d terminer ce qui distingue les architectes d autres acteurs actifs dans le champ de la construction En ce sens il est int ressant d effectuer un petit d tour par certaines de ces re cherches afin d valuer dans quelle mesure elles pourraient aider pr ciser cette notion que je propose d associer au r le des architectes celle de prescripteur de mat riaux lt une complexification du m tier gt Des recherches sociologiques relativement r centes et principalement ancr es dans le pay sage universitaire fran ais s attachent souligner l ind termination et l hybrid
232. conomie mat rielle Il arrive que des concepteurs y soient repr sent s mais ce n est pas leur fonction premi re Ces groupes de travail tiers permettent d externaliser les op rations de formatage en dehors du travail que m nent les concepteurs au jour le jour Leur fa on d accro tre la stabilit des assemblages de l conomie mat rielle consiste livrer des outils pr ts l emploi Et ce sont ces outils que les concepteurs rencontrent dans leur travail courant Tout le dur labeur de la mise au point de ces dispositifs tout l inves tissement dispara t d une certaine mani re derri re des d nominations tr s simples que les ar chitectes n ont plus qu invoquer durant les diverses phases du d veloppement de leurs projets En fait ce travail de formatage rend m me ces dispositifs tellement efficaces que les architectes ne se rendent g n ralement pas compte de tout ce qu ils repr sentent ce qui m ne des situa tions telles que celles que j ai d crites propos des cat gories de la pierre bleue ou du z brano Une bonne partie du travail des concepteurs et sp cialement lors des phases prescriptives repose donc sur des dispositifs plus ou moins standardis s et harmonis s mis en forme par des 372 Th venot L Les investissements de forme op cit Chapitre 9 Vers des prescriptions plus soign es acteurs tiers Ces dispositifs types poss dent une certaine marge de man uvre qui permet au conc
233. construction de b timents soient men s de fa on prendre en compte la s curit des individus tant pendant la phase de construction que lors des phases d usage Les commer ants et groupes de consommateurs Des m thodes de test standardis es et des sp cifications constituent un moyen commode de r guler la communication entre les acheteurs et les vendeurs et de clarifier les attentes des clients Les autorit s publiques Elles ont un int r t l gislatif dans le domaine dans la mesure o les standards sont souvent li s aux Eurocodes et aux codes de la construction des tats membres 74 Pour technical committee 75 Les Eurocodes sont des normes et des sp cifications sp cialement orient es autour de la conception de structures Ils ne concernent pas directement les mat riaux et produits de construction mais fixent des exigences en mati re de construction 76 CEN TC 124 CEN TC 124 Business Plan Comit europ en de normalisation CEN 16 septembre 2010 67 68 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle Dans les faits si l on examine l organigramme du TC 124 il appara t que toutes ces parties prenantes ne sont pas repr sent es directement au sein du comit Le comit r partit ses t ches en sept groupes de travail chacun tant pr sid par une ou deux personnes Parmi tous ces pr sidents on retrouve un responsable de l association fran aise de norm
234. coumes Pierre 69 Latour Bruno 28 42 46 123 159 161 171 173 176 179 234 266 289 295 Laugier Marc Antoine 59 Lefebvre Henri 187 L pinay Vincent Antoine 171 173 Lessig Lawrence 198 Loumaye Fr d ric 161 162 207 208 212 Luk cs GYO usunn esan 187 nr Mandel Ernest 187 Marcom Alain 154 155 Marcuse Herbert 187 Marx Karl 87 104 105 171 187 223 238 Michaux Andr Carri res 38 Mumford Lewis 190 EE Nathan Tobie 266 267 Negri AntONIO 89 Perraudin Gilles 156 158 172 174 209 218 259 Potter Norman 243 256 259 Pouillon Fernand 157 C Rafanell i Orra Josep 267 Richard Alain 277 278 280 284 Rotor 18 20 22 26 27 119 121 126 ROOT rs ner er miettes 21 Rouger Fr d ric 67 Russ Joana 181 D Salais Robert 189 190 Sampat Payal 73 74 Sarfatti Larson Magali 254 296 Sassen Saskia 89 Scott James dun hier 275 276 Sennett Richard 192 Shewhart Walter 97 Simonnet Cyril 54 Stengers Isabelle 18 181 185 186 213 292 293 Strathern Marylin 176 Tapie GUV re tnt reines 248 Tarde Gabriel 171 173 Th venot Laurent 160 169 172 19
235. cuits relativement confortables pour eux au sein de l conomie mat rielle Peut tre qu un jour ces m mes dispositifs se verront concurrenc s par la mont e en puissance de nouveaux produits autour desquels mergeront de nouveaux dispositifs qui red fi niront notoirement les circuits de l conomie mat rielle En attendant les granulats recycl s ont trouv leur place sur le march du b ton aux c t s des graviers naturels lt protocoles de contr le 2 gt Toutes les op rations de tri de nettoyage de fractionnement et de classement d crites jusqu ici propos du chargement de gravats d sormais devenus des gra nulats pr ts la revente occupent la majorit de la surface du site de l entreprise Ces activit s n cessitent une infrastructure extr mement lourde consid rablement Chapitre 2 Papiers s il vous pla t nergivore et passablement co teuse Transformer des gravats de b ton et de ma onnerie en granulats de construction engage un travail dantesque sur la mati re Le site lui m me s appr hende l chelle du paysage un paysage dans lequel le relief serait largement artificiel le r sultat du d placement successif de hauts tas de mati re inerte tout au long de la cha ne de transformation Pourtant le destin de toutes ces op rations d pend de ce qui se passe dans une toute petite partie du site l int rieur d un b timent modeste de deux tages si tu non loin de l entr e
236. cyborg ou le trickster la puissance d agir ne passe pas par les formes de repr sentations traditionnelles de l action publique Elle se joue sur un plan davantage 388 propos des tacticiens oppos s aux strat ges cf le paragraphe Des hackeurs tacticiens un d tour par les principes de l open source p 196 389 Scott J C Domination and the Arts of Resistance Hidden Transcripts New Haven Londres Yale University Press 1990 p 136 182 390 Haraway D Manifeste cyborg et autres essais op cit 391 Scott J C Domination and the Arts of Resistance Hidden Transcripts op cit p 162 275 276 Section 3 Positions Les concepteurs embarqu s dans l conomie mat rielle micro politique au sein d assemblages pr cis ment situ s et en abandonnant certaines des grandes cat gories associ es aux luttes politiques occidentales traditionnelles Ces figures politiques de la subversion situ e aident d crire le type d attitudes que peuvent adopter des concepteurs pris dans des contraintes fortes Ces contraintes sont videmment in comparables avec la situation extr me des esclaves ou des soci t s f odales pour reprendre les cat gories de Scott Pour commencer elles ne s incarnent pas dans la figure d un ennemi ou d un antagoniste clairement identifi qu il serait possible de nommer et de combattre mais plu t t dans une somme de tendances plus diffuses qui se cristallisent ventuellement dans des
237. d Green capitalism the god that failed Real World Economics Review 11 mars 2011 n 56 pp 112 144 314 Bibliographie SPIVAK Gayatri Chakravorty Les subalternes peuvent elles parler traduit par VIDAL J r me 1988 pour l d originale en anglais Paris Editions Amsterdam 2009 STENGERS Isabelle Penser partir du ravage cologique HACHE milie dir De l univers clos au monde infini Bellevaux ditions Dehors 2014 pp 147 190 STENGERS Isabelle et DRUMM Thierry Une autre science est possible Manifeste pour un ralentissement des sciences suivi de Le poulpe du doctorat La D couverte 2013 STENGERS Isabelle Fabriquer de l espoir au bord du gouffre Collectif dir Penser gauche Figures de la pens e critique aujourd hui Paris Amsterdam 2011 STENGERS Isabelle Au temps des catastrophes r sister la barbarie qui vient Paris Les emp cheurs de penser en rond 2009 STENGERS Isabelle La vierge et le neutrino les scientifiques dans la tourmente Paris Les emp cheurs de penser en rond 2006 STENGERS Isabelle Cosmopolitiques 1 La guerre des sciences L invention de la m canique pouvoir et raison Thermodynamique la r alit physique en crise 1997 pour l d originale Paris La D couverte 2003 STENGERS Isabelle Cosmopolitiques 2 M canique quantique la fin d un r ve Au nom de la fl che du temps le d fi de Prigogine La vie et l artifice visages de
238. d existence op cit et tout particuli rement le chapitre 3 p 79 104 314Le jeu de mot sur la correspondance vient lui aussi de l enqu te sur les modes d existence de Latour C est m me le titre du chapitre 3 un p rilleux changement de correspondance Chapitre 7 De maillon en maillon jusqu aux concepteurs rences de la biblioth que etc Le d partement technique lui aussi n en pas douter r em ploie des parties de cahiers des charges d j existants Et s il ne poss daient pas d articles concernant le z brano ils auront vraisemblablement trouv ce qu ils cherchaient aupr s d un centre de recherche d un institut de normalisation voire m me d un vendeur de bois tropicaux qui ont eux d j effectu ce travail ant rieurement De m me l entrepreneur choisi pour le pro jet n a pas d aller chercher lui m me le z brano dans la for t camerounaise Il a pu se reposer sur des r seaux pr existants pour la commercialisation du bois exotique Malgr le recours ces m diateurs pr format s le passage d tape en tape requiert toujours de petits ajustements plus ou moins cons quents d ailleurs selon la fa on dont sont format s les dispositifs d articu lation et selon les intentions des protagonistes concern s L aussi il y a de la friction des petits grincements qui font que d un poste l autre le passage n est pas d office garanti Aussi lubrifi soit il aucun circuit de l
239. d par traditionnel un processus de production qui n a plus cours aujourd hui alors les briques ou les dalles de carrelage rentrent bien dans ce cas de figure Les briques moul es la main ne sont plus vraiment d actualit dans le secteur de la production de la brique qui travaille plut t avec des l ments extrud s De m me les dalles de carrelage en c ramique ont presque toutes t remplac es par des dalles en ciment moins co teuses produire la poudre de ciment qui est utilis e dans ce processus est un coproduit de l industrie du ciment Pourtant les stocks de revendeurs proposent fr quem certains mod les de brique sont particuli rement recherch s Pour donner un petit aper u du ph nom ne il est int ressant de relater l exemple d une grosse entreprise belge sp cialis e dans la r novation de b timents anciens Celle ci poss de un vaste entrep t o sont stock es des briques sur palette provenant de toute la Belgique et class es en fonction de leur origine D s qu un b timent de moindre ampleur doit tre d moli l entreprise essaie d en r cup rer toutes les briques Elle les r utilisera le jour o elle devra travailler sur un b timent de la m me r gion qui fait l objet de travaux de r novation 122 R glement UE n 305 2011 op cit p L 88 12 article 5 Chapitre 3 Quand les mat riaux nus s quipent ment quoique ce ne soit pas la majorit de leurs produits des mat ria
240. dans un petit espace de bureaux Apr s une visite sur place les concepteurs sont arriv s la conclusion que la biblioth que actuelle n tait pas si mal sans tre particuli rement originale elle remplissait plut t bien sa fonction de ranger livres et revues En revanche les concepteurs se sont tonn s de la pi tre qualit de l clairage dans cet espace ainsi que de la disposition peu pratique des bureaux Finalement le commanditaire qui souhaitait une nouvelle tag re a re u un ing nieux syst me d clairage adaptable une nouvelle configuration de ses bureaux Et il semblait tr s satisfait du r sultat y compris de son ancienne biblioth que sur laquelle il portait un autre regard plus clair sans mauvais jeu de mot J ignore toutefois ce qu un psychanalyste pourrait conclure de cette histoire 330 Ordre des architectes Conseil francophone et germanophone L architecte Brochure d information distribu es gratuitement aux visiteurs du salon de la construction Batibouw Bruxelles 2013 13 Chapitre 8 Prescripteurs ler ses attentes voire m me de transformer ses aspiration Si les organes de r gulation professionnels continuent v hiculer cette figure il est difficile de ne pas se demander si ce n est pas en grande partie une forme d aspiration ce que cette image se r alise un wishful thinking plut t qu un reflet des conditions effectives dans lesquelles la profession exerce La plupart des
241. dard atteindre et obligent ceux qui les invoquent s y tenir renvoyant ainsi bien la modalit du devoir Dans le cas de l architecte ce caract re irrespon sable est galement pr venu par des instances comme les ordres professionnels qui ont pour ain si dire t cr s cette fin L ordre des architectes de Belgique pour citer la principale institu tion a t mis sur pied dans l optique de fournir aux ma tres d ouvrage la garantie que les archi tectes qu ils engagent sont comp tents Fondamentalement il s agit donc d un organe de pro tection des consommateurs plut t que d une instance de protection de la profession m me s il est clair que la protection de la profession passe aussi d une certaine mani re par une forme de cr dibilit publique ce qu entend pr cis ment garantir l ordre des architectes Dans le chef de ces instances professionnelles la responsabilit ou l irresponsabilit de l ar chitecte praticien n est pas rapport e uniquement des modalit s objectivantes a t il respect telle norme savait il qu il y avait un vice tel endroit etc Le recours la d ontolo gie renvoie galement des modalit s subjectivantes plus directement li es la volont et la capacit des praticiens Sa responsabilit sera galement valu e travers ces filtres l a t il voulu bien faire pouvait il faire autrement etc Selon cette accentuation la
242. de cette mani re ils produisent aussi un certain nombre d effets en retour De fait certains objets jusque l bien dociles et plus proches du r le d interm diaire peuvent soudain se transformer en m diateurs et produire des effets tout fait inattendus sur la situation dans laquelle ils interviennent Latour avance souvent l exemple de la panne qui trans forme un objet bien sage en quelque chose de beaucoup plus rev che et potentiellement probl 147 matique l inverse des situations complexes et toujours changeantes peuvent faire l objet d un processus de stabilisation et de mise en forme qui les assagit c est dire qui en fait des l ments plus faciles manipuler par la suite Par exemple jusqu il y a peu il existait de tr s nombreux dispositifs de manutention pour assurer le transport et l entreposage des marchan dises Chaque format donnait lieu une logistique sp cifique au niveau des engins de levage de la taille des transporteurs de l organisation des entrep ts etc D s qu un format de container est parvenu s imposer sur le march tous les engins logistiques s y sont adapt s et cette standardi sation a t un l ment crucial pour l intensification du commerce mondial Dans ce cas l des objets plut t impr visibles ont t format s et transform s en interm diaires bien temp r s 146 Cf Doucet I Cupers K Lash S Picon A et Crawford M Agency and Arc
243. de construction et de d molition d filent sous leurs yeux Leur travail consiste ter le maximum de fractions parasites 71 72 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle Pour cela ils doivent manipuler les morceaux de b ton encore assez gros ce stade et v rifier que rien ne se cache en dessous Toutes les fractions qu ils r cu p rent sont jet es dans des containers plac s sous la cabine et remplac s r guli rement La vitesse de d filement et la concentration n cessaire rendent ce travail fort prouvant Les conditions climatiques le bruit et la poussi re omnipr sente n am liorent pas la situation 750 2 A PU E7 a a P 2 vg Illustration VII Cabine de tri manuel des fractions r siduelles d un concassage Source Rotor asbl flux de d chets inertes dans un centre de Il y a quelques ann es encore les travailleurs affect s ce poste taient des employ s de l entreprise de d molition et de recyclage Entre temps le march de l emploi s est sensiblement modifi sous l effet de diverses tendances dont la lib ralisation des prestations de service dans l Union europ enne Aujourd hui les per sonnes effectuant le tri des d chets de d molition se pr sentent souvent sous le statut d entrepreneurs ind pendants lls viennent tous de l tranger le plus souvent d Europe de l Est Largement livr s eux m mes pour la d fense de leurs droits so ciaux ils constit
244. de participation Mais comme le dit Alain Richard la posture du concepteur n est pas forc ment la mieux plac e pour tablir ce type d interactions Constituer un partenariat positif autour d un projet public me semble toujours vital et n cessaire Pour le projet lui m me d abord mais aus si plus largement pour la ville Cela tant ce n est pas toujours simple concr tiser Par rapport aux diff rents acteurs les politiques les techniciens de la ma trise d ouvrage ou encore l cole les auteurs de projet ne disposent pas toujours de beaucoup de moyens Dans le cas de l ath n e de Braine l Alleud les principaux usagers taient bien s r les l ves et le corps enseignant C est dans cette optique que le bureau d Alain Richard s est lanc dans une s rie d op rations visant impliquer ces derniers au cours du chantier L une des id es du bureau tournait autour du fait que l ath n e propose un programme de formation technique notamment dans le domaine du b timent Avoir un chantier dans les murs de l cole constituait donc une belle oppor tunit pour d velopper une s rie de projets p dagogiques En tout cas c est ainsi 394 Ghyoot M Entre conviction et n gociation entretien avec Alain Richard M Cohen dir L ath n e royal Riva Bella Braine l Alleud Bruxelles Communaut fran aise Wallonie Bruxelles coll Visions Architectures publiques n 9 2013 p 60 61 277 27
245. de ses propres connaissance du secteur du r emploi L objectif de ces rencontres tait d amener les revendeurs r agir sur ces docu ments depuis leur propre expertise de la question Suite leur exp rience en la ma ti re ils poss dent une connaissance tr s pointue des opportunit s mais aussi des 143 Billiet L Rotor Opalis 2 Rapport final document de travail Bruxelles Bruxelles Environnement IBGE BIM 2013 p 19 20 121 122 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle limites de leurs activit s Les entrepreneurs ont donc pu mettre une s rie de re marques et adapter les dispositions arr t es par ces documents au plus pr s de leurs propres possibilit s Ce travail de rencontre avec les revendeurs correspondait une tentative de transposer une s rie de crit res implicitement pr sents dans le secteur du r emploi vers des formes plus proches de celles pr sentes dans les circuits les plus formels de l conomie mat rielle Dit autre ment il s agissait de mettre au point des dispositifs formalis s en l occurrence ici des articles de cahier des charges m me d assurer la circulation de certains mat riaux de r emploi dans des contextes dont ils sont habituellement exclus Pour rendre cette transposition possible il fallait commencer par pr supposer que dans les faits les circuits jug s moins formels n taient pas si loign s des circuits les plus formels Ou du moins
246. des ajustements ou des frictions entre des cit s et leurs ordres de grandeur respectifs Il serait videmment r ducteur de consid rer que chaque m tier de l conomie mat rielle est associ une cit Un m me acteur peut parfaitement habiter plusieurs cit s dans le cours de son activit J ai par exemple d j mentionn la quantit impressionnantes d univers axiologiques auxquels font face les architectes dans le cours des projets qu ils m nent Je pourrais galement mentionner le cas de ces entrepreneurs qui tentent de combiner un certain rendement conomique propre la cit marchande et un v ritable amour du m tier qui ren 203 R glement UE n 305 2011 op cit p L 88 5 6 204 Cf le d but du paragraphe L injonction politique p 15 Chapitre 5 Normativit s des dispositifs d articulation voie plut t des grandeurs issues de la cit domestique telle que l exp rience le tour de main ou la transmission du savoir par des personnes plus g es Parfois ce sont m me presque toutes les cit s qui sont mobilis es en m me temps comme dans ces petits extraits d un mani feste des artisans du b timent en France paru en 1999 Notre m tier c est notre vie nous en sommes fiers Nous en tirons l essen tiel de nos satisfactions Notre m tier ce sont les mat riaux un monde d odeurs et de sensations particuli res pensez au bois du menuisier l ardoise du couvreur o
247. des g n ralit s le deuxi me d veloppe des consid rations sur la nature des mortiers et des colles utiliser Viennent ensuite deux grands chapitres consacr s respectivement aux mosa ques de simili porcelaine et de verre section 45 2 et aux pierres na turelles section 45 3 Apr s une description des g n ralit s portant sur les pierres naturelles savoir le calcul des surface la d finition du prix unitaire et les indications pour la pose viennent des rubriques portant sur les grandes cat gories de pierres granit 45 31 pierres calcaires s dimentaires pierre blanche jura Solnhofen petit granit marbre 45 32 et pierres s di mentaires classiques gr s ardoise quartzites 45 33 Dans ces rubriques sont d crites une s rie de performances minimales atteindre Les principaux crit res repris pour la pierre bleue sont la r sistance minimale la compression en N mm les tol rances pour les joints entre les dalles les crit res de plan it et la r sistance l usure publications STS 1979 pour la premi re diffusion Bruxelles 155 D un point de vue g ologique ces deux pierres diff rent totalement puisque les granites sont d origine magmatique issue du refroidissement et de la solidification du magma en profondeur tandis que la pierre bleue de Belgique comme tous les calcaires est d origine s dimentaire issue de l accumulation et de la compression de s diments la surface de l
248. des sciences sociales de l Universit du Qu bec Chicoutimi Le texte est disponible sur internet l adresse suivante http classiques uqac ca classiques Durkheim_emile lecons_de_sociologie Lecons_soci o pdf 349 Smet M dir Resurgam La reconstruction en Belgique apr s 1914 Bruxelles Cr dit Communal 1985 Abram J Du chaos la croissance 1940 1966 Paris ditions Picard coll L architecture moderne en France 1999 vol 2 3 350 Violeau J L Les architectes et Mai 68 Recherches 2005 351 Gutman R Architectural Practice A Critical View Princeton Architectural Press 1988 253 254 Section 3 Positions Les concepteurs embarqu s dans l conomie mat rielle la mise en place d une chasse gard e exclusionary shelter propre la construction d une identit professionnelle Outre les savoirs dont la possession contribue l tablissement de la discipline architectu rale la mise en place de ces chasses gard es passe galement par la constitution d un ethos propre la discipline Dans le cas des professions lib rales la sociologue des professions Magali Sarfatti Larson pointe l importance de valeurs comme le d sint ressement dans les processus de constitution des professions lib rales Elle voque en particulier le cas des architectes qui ont fait valoir des principes non mercantiles un d sint ressement propre la mentalit de noblesse oblige de la ha
249. des terrains plus exp rimentaux en investissant de fa on tr s situ e les dispositifs m diateurs ou en travaillant avec des mat riaux moins format s ils se placent sur un plan plus incertain et potentiellement plus risqu En particulier s ils sont amen s travailler dans des cadres o les interm diaires sont nombreux comme lorsqu il y a de longues cha nes de sous traitants De m me le syst me assurantiel dans lequel sont pris les praticiens impose une s rie de for matages la notion de responsabilit Davantage bas s sur une accentuation objectivante de la responsabilit de tels formatages sont difficilement compatibles avec les pratiques plus exp ri mentales qui con oivent la responsabilit dans une perspective plus subjective C est un l ment qui apparaissait explicitement dans le cas de la terre paille La mise en uvre de ce mat riau tait en effet rendue probl matique non pas pour des raisons techniques ou conomiques mais bien parce que le syst me assurantiel imposait des contraintes auxquelles la terre paille ne pou vait pas r pondre En ce sens les praticiens qui se lan aient dans cette aventure avan aient dans un certain flou juridique avec peu de garantie pour couvrir leurs arri res dans l ventualit d une situation qui les am nerait suivre une proc dure judiciaire Par ailleurs il n existe sans doute aucun praticien suffisamment na f pour croire qu il lui suffit de se r f rer
250. dis positifs bien pr cis Dans ce contexte si les postures d opposition frontale n ont que peu de chance de fonctionner ce n est pas parce que l ennemi serait plus puissant plus fort ou plus grand mais tout simplement parce qu il n y pas un ennemi Malgr tout l ensemble des disposi tifs peut mener des situations o les marges de man uvres sont fort troites presque inexis tantes touffantes Et c est en ce sens que les concepteurs qui veulent faire passer ce quoi ils tiennent ont peut tre quelque chose apprendre des tricksters et de leur esprit exp rimental et de leur capacit tester et exploiter les lacunes les ambigu t s les silences et les manque ments qui se pr sentent eux Pour cela travailler l int rieur des outils prescriptifs les plus courants ou dans les failles de ceux ci semble un bon point de d part Ces dispositifs peuvent en effet tre investis par des nou veaux int r ts et produire des effets parfois surprenants rarement spectaculaires mais souvent significatifs Le cahier des charges constitue l un de ces outils de choix Ici encore il faut replacer ce dis positif dans son contexte c est dire le consid rer comme un l ment mobilis dans une rela tion contractuelle entre le concepteur et le constructeur Par d finition cette relation contrac tuelle tablit une s rie de contraintes entre les parties prenantes Celles ci tablissent un contrat qui d fi
251. disponibilit de leur produit sur de longues dur es L observation de ce qui se passe chez de tels revendeurs montre avec pr cision comment on passe d un mat riau nu un mat riau qui embarque toutes ces ca ract ristiques invisibles Dans le secteur du r emploi de tels revendeurs sont plut t l exception que la r gle Peu de revendeurs cherchent concurrencer explicitement les exigences fix es par les produits neufs standardis s et agr s C est pourtant la seule mani re pour que ces mat riaux trouvent un usage dans le cadre de projets de construction relativement sophistiqu s c est dire grosso modo d s que le recours un architecte patent est requis La premi re section de cette recherche s int resse ces processus d quipement Elle explore les activit s de formatage effectu es sur les mat riaux afin de les rendre utilisables par les pro fessionnels Ces formatages ne sont pas sans cons quences ils impliquent des modes de pro duction et des int r ts bien sp cifiques Ainsi en travaillant avec des mat riaux standardis s l architecte se trouve de facto plong quelque part au milieu d un intense travail mobilisant de nombreux autres acteurs Dans les cadres les plus courants de la production contemporaine de b timents les l ments constructifs utilis s sont bien plus qu un amas de mati re Ils ont d suivre des trajectoires compliqu es pour se doter de caract ristiques m me de r pondre t
252. duction des dispositifs m diateurs montre qu il existe des espaces d arti culation qui rassemblent plusieurs acteurs concern s Qu ils soient plus ou moins bien institu s c est dans ces espaces que se discutent toutes les questions relatives l laboration des disposi tifs m diateurs dont doivent tre quip s les mat riaux Un processus tel que d laboration d une NIT du fait de la diversit des acteurs qui y parti cipe constitue en soi un espace o s articulent des exigences et des int r ts provenant d horizons divers C tait le cas aussi dans les comit s de normalisation europ ens que j voquais propos de la poutre en pic a Les configurations actuelles de l conomie mat rielle semblent donc pos s der un certain nombre de ces espaces d articulations o se rencontrent des acteurs concern s par la promotion de tel ou tel mat riau Qu il s agisse de la salle de r union d un centre de re cherche du lobby d un h tel quelque part en Europe du local d une facult d ing nierie euro p enne voire m me d un simple mailing permettant de mener des discussions sur internet de tels espaces constituent des n uds dans l conomie mat rielle des endroits o se rencontrent et s entrem lent des int r ts divers autour d un m me type de mat riau Quelque soit la forme que prennent les discussions au sein de ces espaces qu elles aboutissent une position unanime en tr s peu de temps ou qu elles donnent lieu au c
253. duire des descriptions fid les du monde r el ni l ambition que le chercheur puisse se responsabiliser pour les acteurs auxquels il se lie et pour les position nements partiels et partiaux qu il adopte in vitablement Il se pourrait bien que du fait de son caract re a priori plus op ratoire l architecture et plus singuli rement la recherche en architecture soit un terreau fertile pour la r ception des ces orientations f ministe des sciences sociales Je montrerai dans une prochaine section que les questions de savoir o l on se situe quoi on se connecte et quels effets on en attend se posent aussi vivement ou devraient se poser pour les praticiens ou ceux qui r fl chissent avec les praticiens Ce sont toutefois des questions qui m riteraient d tre labor es dans une recherche part enti re lt une orientation pist mologique critique gt L article de Heinich rejoue en fait un d bat qui occupe les sciences sociales depuis leur nais sance La division Ouest Est qu elle propose c est dire sociologie normative contre sociologie descriptive renvoie ce que Karl Otto Apel avait d j distingu entre d un c t des orienta tions pist mologiques tourn es vers l explication renvoyant la recherche de causes selon un mod le quasiment naturaliste et de l autre des orientations tourn es vers la compr hension renvoyant la recherche de motifs ces deux formes pist mologiques d
254. e g ne l industrie du b timent et dans une moindre mesure les pouvoirs publics En effet 175 Didelon V Retour la pierre Criticat septembre 2010 vol 6 p 13 14 176 Pouillon est un architecte fran ais actif dans l apr s guerre et un grand prescripteur de pierres massives Sympathisant de la cause communiste et du FLN en Alg rie il a connu lors de sa vie mouvement e la prison la radiation des listes de l Ordre des architectes et l interdiction de b tir en France Pour un parall le entre le rapport la pierre chez Pouillon et chez Perraudin cf Zerbi S Construction en pierre massive en Suisse Th se n 4999 2011 pr sent e le 15 avril 2011 la Facult Environnement Naturel Architectural et Construit laboratoire de Construction et Conservation programme doctoral en Architecture et Sciences de la ville pour obtention du grade de docteur s sciences cole polytechnique f d rale de Lausanne Suisse 2011 177 Didelon V Retour la pierre op cit p 13 178 Ibid p 17 157 158 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation Elle la construction en pierres massives n entre pas dans des crit res du d veloppement durable dont elle remet en cause l id ologie expansionniste Elle ne repose en effet ni sur l innovation technique ni sur la croissance cono mique L architecture en pierre massive est ainsi une alternative radicale un syst
255. e pas pour autant qu il n y a pas de surprises d accidents de rat s etc L industrie a investi et continue investir de gros efforts dans le contr le de ces erreurs Walter Shewhart le p re des principes du statistical process control int gre par exemple la no tion de rat s de production dans ses estimations de l efficience d un proc s de production Le proc s le plus efficient n tant pas n cessairement celui qui limine compl tement le d chet mais bien celui duquel sortent le plus grand nombre de produits conformes aux exigences fix es par le producteur Il sugg re que cette efficience maximale s atteint g n ralement en admettant une certaine marge de rat s un produit sur cinquante sur cent ou sur mille selon le type de produit et de mode de production En soi ce sont des principes issus de l industrie qui s ap pliquent galement un espace tel qu une carri re d s lors qu on l envisage comme un site de production Dans ces cas l il faut simplement int grer le fait que le pourcentage de produits non conformes aux exigences sera n cessairement plus lev que dans une cha ne de production classique tant donn le caract re plus incertain du proc s il est difficile de pr voir avec certi tude quelle partie du banc pierreux sera conforme aux exigences avant de l avoir d coup e et d bit e en tranches En ce qui concerne les mat riaux de r emploi la situation est plus ambig e Bien s r l
256. e j ai poursuivi deux objectifs Le premier tait de faire appa ra tre les entit s qui composent les assemblages rendant possible la circulation des mat riaux de construction Le second tait de questionner la position des concepteurs au sein de ces assem blages dans la perspective critique d envisager des praticiens plus responsables C est cette der ni re voie que j ai plus sp cifiquement abord e dans les derniers chapitres en allant jusqu pro poser quelques pistes d action bas es sur des retours d exp riences et des cas d tude L action de peupler les circuits de l conomie mat rielle fait appara tre des entit s finalement assez diff rentes les unes des autres En faisant merger tout ce qui participe la circulation d un mat riau de construction j ai fait appara tre assez classiquement des acteurs humains qui tablissent des relations entre eux les concepteurs les ouvriers les entrepreneurs les fabricants de mat riaux etc J ai aussi fait appara tre des dispositifs plus hybrides qui articulent une s rie de questions touchant des registres techniques juridiques administratifs ou commerciaux les d clarations des performances les cahiers des charges les maquettes les labels les cachets CE etc Enfin j ai fait appara tre galement des l ments non humains relevant de ce que les mo dernes identifient comme la Nature une cat gorie qu il faudra questionner Parmi ceux ci le z brano et to
257. e les exp rimentations men es par les promoteurs de mat riaux alternatifs donnent voir des r ussites locales Ils esquissent en quelque traits de pos sibles r ponses la question et si les standards de l conomie mat rielle s adaptaient aux mat riaux alternatifs Ils montrent aussi comme en n gatif le type d obstacles qu ils ont sur 225 Russ J Speculations The Subjunctivity of Science Fiction 1973 To Write Like a Woman Essays in Feminism and Science Fiction Bloomington Indianapolis Indiana University Press 1995 p 16 226 Ibid 227 Russ J Speculations The Subjunctivity of Science Fiction 1973 op cit 228 Stengers I Au temps des catastrophes op cit p 141 181 182 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation monter pour atteindre cet horizon Ce sont ces obstacles que j aimerais maintenant tenter de qualifier pour essayer de distinguer de possibles br ches par o s infiltrer pour faire compter d autres int r ts Caract riser le r gime normatif dominant de l conomie mat rielle Pour donner une port e sp culative au geste critique il est n cessaire de ne pas en rester des g n ralit s qui ne permettent pas de faire prise Il faut au contraire tenter de qualifier le plus pr cis ment possible le type d obstacles que rencontrent les promoteurs de mat riaux alternatifs ou dit autrement de caract riser quels sont les ordres de gr
258. e Catalogue des ressources Paris ditions Alternative et Parall les 3 vol 1975 1977 Kahn L et Easton B Shelter 1973 pour l d originale Shelter Publications 2000 Kahn L dir Shelter IL Bolinas Californie tats Unis Shelter Publications 1978 Borasi G et M Zardini D sol plus d essence Corraini 2007 Chapitre 1 Immersion dans les circuits de l conomie mat rielle construction Un extrait du c l bre manifeste californien Shelter qui a t et reste le livre de chevet d un grand nombre de candidats auto constructeurs rend explicite cette volont de rup ture Nous allons tr s loin avec nos mat riaux de construction Nous les transportons jusqu chez nous et les utilisons d une mani re qui nous est propre Nous fouillons les d charges Tout ce qui a une me nous est utile Nous ne sommes pas sur terre pour d penser de l argent Nous essayons de subvertir l industrie du b timent dans sa forme actuelle Le r le de ces struc tures inhumaines et impersonnelles sur la psych nationale est encore pire qu on ne l imagine Nous sommes conditionn s pour penser que nous n avons pas la capacit de cr er et de construire pour nous m me Ce passage illustre bien le type de revendications qui pr sidaient la volont de rompre avec les institutions existantes En s opposant tous les circuits de l industrie de la construction les mouvements de contre culture ont donc du r
259. e affaire en s adressant Madame J Elle pos s de justement ces tas de briques provenant de la petite villa qui conviendraient parfaitement aux exigences de l entrepreneur Le seul souci c est qu il n y a pas as sez de briques pour r aliser tous les travaux Qu cela ne tienne Madame J se fait fort de trouver rapidement de quoi compl ter son stock En l occurrence comme elle n a pas de chantier pr vu susceptible de lib rer de nouveaux lots de briques elle s adresse quelques uns de ses confr res du secteur de la revente Bien qu assez peu structur formellement il n existe par exemple pas de f d ra tion des revendeurs le secteur du r emploi fonctionne souvent de mani re relati vement organique Il n est pas rare que des mat riaux circulent d un revendeur l autre lorsque ceux ci doivent faire face de grosses commandes ou s il s agit de revendre un sp cialiste un mat riau bien pr cis Dans ce cas ci Madame J fait appel un tr s gros revendeur sp cialis dans la brique l entreprise F Illustration XIII ouvriers affect s au nettoyage des briques de r emploi Source Rotor asbl Si Madame J s occupe de chantiers assez vari s accumulant ainsi une grande vari t de mat riaux dans l entreprise F le seul produit trait est la brique Mais il est par contre trait en tr s grandes quantit s selon leurs dires tous les jours l quivalent d une petite villa transite par leurs installations
260. e au pr s de chaque acteur de chaque tape du processus Dans ce mod le une interpr tation sur re ponsabilisante du d clencheur de la cha ne risquerait bien de passer c t de ce qui est jeu puisque de fait ce qui m ne au r sultat d sastreux est un encha nement assez complexe d ac teurs et d actions I s agit ici de parvenir prendre au s rieux ces deux aspects potentiellement contradictoires D un c t il y a la mise en accusation de certains acteurs sur un ton finalement tr s juridique m me si l affaire en question est sans doute assez inhabituelle aux yeux de l institution judi ciaire S il y a crime alors il y a trouver un coupable et le sanctionner De l autre il y a le retour de l exp rience et la prise en compte plus pr cise de la trajectoire du z brano qui tend montrer que le ou les potentiel s coupable s sont eux m mes pris dans des dispositifs qui di luent d une certaine mani re leur responsabilit Aux yeux de la justice que le suspect soit seul en cause ou qu il ne soit qu une partie d un syst me plus vaste importe finalement assez peu Ces l ments sont prendre en tant que cir constances du crime mais la justice ne peut se satisfaire d une explication d responsabilisante qui renverrait les cons quences d une action une dilution totale de l acte individuel dans un syst me g n ral et englobant C est finalement un probl me assez semblable celui que Ha
261. e bleue belge afin d tre soumis une batterie de tests standards dont les proc dures sont encadr es par un appareillage de normes belges et europ ennes Entre 1979 et 2001 de nou velles caract ristiques valuer sont apparues Les tests entrepris par le CSTC comprennent par exemple des essais d exposition au dioxyde de soufre le SO est un agent polluant atmosph rique responsable notamment du ph nom ne des pluies acides ou des mesures de radioactivit tableau 5 p 23 141 142 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation L apparition de ces nouveaux crit res peut tre lue comme une cons quence de l mergence de nouvelles pr occupations dans le domaine de la construction Celles ci tendent se manifes ter de plusieurs fa ons Ces pr occupations peuvent se traduire par l apparition sur le march d une demande des consommateurs pour que les mat riaux qu ils se procurent r pondent ces nouveaux crit res Les autorit s comp tentes peuvent d ailleurs stimuler l ad quation entre l offre et la demande en mettant par exemple en uvre des logiques de labellisation Celles ci sont suppos es offrir un avantage concurrentiel aux entreprises qui parviennent obtenir ces la bels et renseigner les consommateurs sur les qualit s des produits qu ils ach tent D un autre c t les autorit s peuvent galement acter ces nouvelles pr occupations en les cristallisant dans des normes et des r glem
262. e ce nouveau secteur Dans le second r cit il y a un l ment moteur qui d passe le seul imp ratif de trouver des d bouch s aux marchandises pour r aliser la plus value qu elles contiennent sous forme latente Il s agit tr s pratiquement de trouver un mode de traitement ad quat pour g rer une externalit conomique plut t encombrante moins de construire des collines artificielles comme l ont fait les municipalit s allemandes au lendemain de la guerre et sauf arr ter le flux la source ce qui engage des questions hautement complexes il s agit pour la soci t de trouver une desti nation aux d bris qu elle produit en abondance D velopper le secteur du concassage tait une solution allant dans ce sens Dans une perspective capitaliste de r alisation de la plus value des solutions d immobilisa tion sont tout simplement inenvisageables D s que les gravats passent dans le r gime de la mar chandise leur immobilisation n est plus une option Cela reviendrait interrompre une cha ne d action o chaque passage implique n cessairement la cr ation d une certaine plus value Quoi qu ils soient appel s d chets au moment de leur arriv e sur les installations de concassage les mat riaux inertes n en demeurent pas moins des marchandises issues d un mode de produc 99 Le march des ouvrages en b ton m rite cependant un examen approfondi car c est celui qui offre les perspectives les plus valorisan
263. e ces mat riaux ne devienne pas une source de perturbations ou pire de danger Cette double v rification du c t des fournisseurs et des prescripteurs tait indispensable pour la survie du dispositif en train d tre mis au point Puisque celui ci ambitionnait pr cis ment de construire une nouvelle articulation entre des fournisseurs de mat riaux de seconde main et des prescripteurs il tait important que les deux parties s y retrouvent Dans le cas contraire le travail d quipement des mat riaux de r emploi propos par Rotor serait tout sim plement devenu inutile malgr la mise au point d un nouveau dispositif les mat riaux auraient continu ne pas pouvoir circuler dans certains contextes pour des raisons finalement assez contingentes Bien entendu le v ritable test reste mener Ces nouveaux articles de cahier des charges sont disponibles au t l chargement sur le site opalis be depuis le mois de d cembre 2013 Ils ont fait l objet d un travail de communication aupr s des principaux int ress s ma tres d ouvrages et concepteurs Il reste voir si ceux ci vont les utiliser Il reste aussi voir si le fait de prescrire de fa on d taill e la s lection et la mise en uvre de mat riaux quelque peu inhabi tuels dans certains circuits de l conomie mat rielle suffit assurer leur circulation effective Mais a il est encore trop t t pour en mesurer les r sultats Que racontent ces r cit
264. e couvrir des espaces relativement cons quents au moyen de chevrons en bois relativement r duits Leur id e tait de mettre au point un syst me assez ais monter qui puisse ventuellement tre r alis par des groupes de jeunes l occasion de stages d t Leur projet a rapidement pris la forme d une sorte de demi cylindre compos d un maillage de petites poutres en bois Celles ci s encastraient les unes dans les autres par un syst me d embo tement obtenu par la d coupe de deux entailles dans chaque chevron Afin de tester la viabilit de leur proposition les tudiants se sont lanc s dans la r alisation d un prototype l chelle 1 1 pendant les six se maines que durait le projet Ce prototype tait appuy contre l un des nombreux containers marins qui jalonnent le site et qui servent d espace de stockage pour les outils des garde forestiers L un des points int ressants de ce projet a t la relative dissolution des fronti res discipli naires Les tudiants taient actifs depuis la conception jusqu la r alisation Cela les a amen s travailler sur le site avec les outils pr t s par les acteurs sur place et avec une partie des mat g n ralement choisis parce qu ils sont a priori incapables de faire appel aux services des professionnels pour des raisons financi res ou li es la nature du projet par exemple De m me les commanditaires signent une sorte de charte fixant clairement les conditio
265. e d architecture l Of fice for Metropolitan Architecture OMA Rotterdam Son travail ne s int resse cependant qu la phase de conception des projets Et si elle pointe assez remarquablement tous les acteurs et leurs effets respectifs sur le d roulement de la conception en particulier pour les acteurs non humains tels que les maquettes les archives ou la disposition des tables de travail elle ne pro longe pas ses observations au del du bureau de conception Elle prolonge rarement leur suivi aupr s des quipes techniques des nombreux sous traitants des clients ou m me sur les chan tiers Dans un autre registre les travaux d Olivier Chadoin que j ai d j voqu s s inscrivent par tiellement dans une perspective semblable Au cours de ses observations il s int resse en effet aux interactions entre les architectes et les autres acteurs humains du secteur de la construction les promoteurs les commanditaires etc quoiqu il reste beaucoup plus que Yaneva largement tributaire d une approche li e la th orie des champs Ce bref aper u des tentatives sociologiques de d finir le r le de l architecte montre qu il s agit d une question assez ouverte vrai dire elle fait l objet de discussions parfois mouve ment es aupr s des praticiens eux m mes qui envisagent leurs pratiques selon des perspectives parfois tr s diff rentes La proposition de consid rer les concepteurs comme des prescripteurs de mat riaux ne
266. e des bonnes pratiques professionnelles Dans ce qui suit je m int resserai surtout au premier cas celui o la notion repr sente en core un potentiel tr s ouvert dans un contrat dress pr alablement la r alisation d un projet en l occurrence la mise en uvre de mat riaux de construction dans un ouvrage constructif selon certains proc d s techniques Dans ce cas l les r gles de l art correspondent bien ce que j ai appel jusqu ici des dispositifs d articulation ou de m diation Elles tablissent de facto une m diation entre les exigences respectives d acteurs divers ici l entrepreneur et le concep teur Mais ce premier type d usage de la notion de r gle de l art reste li au second cas celui de la r solution juridique du diff rend puisque ce n est qu ce moment l que les r gles de l art se voient formellement d finies Lors du recours en justice il s agit d claircir et de d terminer a posteriori ce qui n a pas fonctionn et pourquoi Ce qui appara t ici c est que les r gles de l art se d finissent principalement par la n gative ce n est que lorsqu il y a un probl me qu elles sont explicit es pour constater justement qu elles n ont pas t suivies Il faut signaler d embl e une sorte de biais li aux sp cificit s du domaine juridique Celui ci ne traite en effet que des checs En toute logique lorsque aucun probl me technique ne sur 265 Penneau A R gles de l art et n
267. e des diff rents l ments constitutifs On estime trop co teuses les machines permettant d obtenir des gra nulats de haute qualit Des concasseurs aux business plans audacieux prouveront le contraire en s appuyant sur une utilisation habile de labels verts et de subsides publics Des environnemen talistes s inqui tent des possibles probl mes hygi niques li s la dispersion de substances no cives par l emploi de granulats recycl s la provenance parfois inconnue Des r glements s la borent pour d terminer diff rents protocoles de contr le de la puret des gravats lors de leur ar riv e dans les installations de concassage et dans les produits qui en sortent Les cahiers des charges ne sont pas pr ts tre utilis s pour prescrire des b tons recycl De nouveaux articles et de nouvelles prescriptions seront mises au point pour r soudre cet aspect Les techniciens du b ton s inqui tent des r actions alcalis silices des b tons recycl s D autres techniciens ins taurent des mesures pr ventives partir d adjuvants pour viter certaines r actions chimiques in contr lables Et ainsi de suite 100 Si on se borne remplacer 20 du gravier il n est pas n cessaire de modifier la composition du b ton et les effets sur les propri t s du produit final s av rent la plupart du temps n gligeables Ibid p 37 101 Desmyter J Blockmans S et De Pauw P Granulats de d bris et b ton recycl
268. e devra trouver un moyen pour recr er de nouveaux dispositifs d articulation m me de clarifier la distribution des responsabilit s entre les diff rents acteurs en l occurrence ici il s agit de l architecte de l entrepreneur et du ma tre d ouvrage Il devra r inventer de nouvelles formules qui remplacent en quelque sorte les for mules standards actuellement en vigueur travers tous les exemples pr sent s dans ce qui pr c de il appara t qu il existe effective ment un certain nombre de dispositifs qui vitent aux acteurs de l conomie mat rielle de se po ser de telles questions chaque projets Ces dispositifs existants et standardis s offrent une r ponse g n ralement satisfaisante toutes ces questions Ils permettent ainsi chacun de gagner du temps dans le d veloppement des projets tout ne doit pas tre chaque fois r invent C est ce que d montrent par l absurde les exemples qui viennent d tre donn s autour de cas hy poth tiques o des architectes se mettent utiliser des mat riaux de r emploi De tels mat riaux obligent r inventer des formes d articulation que les dispositifs existants peinent prendre en charge Ce qui appara t ici en filigrane c est que ces dispositifs standardis s peuvent parfois s av rer contre productifs Ils peuvent devenir des sources d exclusion pour certains types de mat riaux C est justement pour cette raison qu on peut qualifier d absurdes les exempl
269. e enrob et le pav de porphyre est souvent fatale pour ce dernier qui se trouve ainsi immo bilis sous une gangue d asphalte Alors que le pav de porphyre tait traditionnel lement un l ment facile d monter et reposer il voit l son cycle de r utilisation quelque peu compromis Quoique la veine rocheuse qu exploite la carri re de Leffe ait t utilis e au moyen ge dans la production d ornements en pierre ce site pr cis ne doit son existence qu au d veloppement des fili res du ciment et du b ton Les gravats qui sont produits sur place sont destin s la production de b ton et aux travaux rou tiers ainsi qu des applications sp cifiques en m tallurgie M me si la carri re de Leffe travaille pour d autres clients une bonne partie de sa production est utilis e dans d autres sites de production du groupe Holcim Les gravats sont achemin s par voie d eau ou par route vers des centrales b ton lls y sont m lang s du 22 Cnudde C J P Majot et J J Harotin Pierres et marbres de Wallonie Archives d Architecture Moderne 1987 23 Ibid 39 40 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle sable et du ciment qui proviennent galement d entreprises appartenant aujour d hui Holcim lt combustibles de substitution gt Le conglom rat exerce donc un contr le sur une grande partie du r seau d ac teurs et de mati res premi res utilis es dans la production du b
270. e forme d horizontalit entre les acteurs de l conomie mat rielle le tout est de savoir quel niveau on se place Jus qu ici la figure du prescripteur responsable se d ployait davantage sur le registre du tacticien avec le trickster rus comme arch type Mais le d veloppement de cette id e de co construction des dispositifs et de pr sence au sein des d bats qui se tissent autour des mat riaux semble poin ter les limites d une approche strictement individuelle Si le concepteur invocateur peut r in vestir et m me subvertir les dispositifs qu il utilise il doit aussi dans certaines circonstances pouvoir s investir au sein des institutions o ces dispositifs sont mis au point 402 Champy F Vers la d professionnalisation L volution des comp tences des architectes en France depuis 1980 op cit 403 Sur les aspects mutilants de la prescription cf le paragraphe Monopoles disciplinaires et prescription p 251 Chapitre 9 Vers des prescriptions plus soign es Une figure composite du prescripteur responsable travers les quatre pistes voqu es ci dessus appara t une figure du concepteur quelque peu alternative Il se pourrait bien que cette derni re incarne en partie l id al de responsabilit sous lequel est plac ce travail Les quelques pistes d gag es des diff rents d tours effectu s dans ce travail composent une figure assez trange d routante par son caract re composite vraisembla b
271. e la cha ne La correspondance entre le mat riau prescrit et le mat riau mis en uvre est si rapide si bien huil e qu il n y a presque plus moyen de faire autrement que de suivre cette voie La cha ne qui s tablit entre le mat riau format pour circuler dans les espaces de conception et le mat riau finalement mis en uvre peut ventuellement rencontrer des obs tacles J ai voqu le cas de la rupture de stock ou celui du manque de pr cisions techniques Les acteurs de l conomie mat rielle doivent alors n gocier ces anicroches contingentes en trouvant un autre fournisseur ou en optant pour un autre mat riau par exemple Dans l id al la cha ne de correspondances doit toutefois tre la plus tanche possible aux bifurcations et aux changements L imm diatet entre les diff rents tats d un mat riau constitue en quelque sorte l horizon vers lequel tendre pour la majorit des acteurs de l conomie mat rielle Le r cit que je rapporte ici tend accentuer le passage par chacun des maillons de la cha ne de correspondance En r alit pour les protagonistes rassembl s autour du projet cette corres pondance est sans doute pour beaucoup plus imm diate Le projet avance vite et dans l cono mie globale d une agence d architecture le choix du rev tement de sol d un projet ne repr sente qu une toute petite partie de l immense travail accomplir Rares sont les agences o les concepteurs peuvent se permettre d inve
272. e la mati re prove nant de la d molition de constructions existantes Dans un article pour le Worldwatch Institute la chercheuse Payal Sampat tente de faire un tat des lieux de l industrie mini re l chelle mondiale Elle y indique que pour beaucoup de min raux la plus grande partie des gisements ne se trouve plus sous terre mais bien au dessus du sol above ground Par exemple la quantit d or en sous sol est estim e 50 000 t alors que pr s de 31 000 t dorment dans les coffres fort des banques et des institutions et que pr s de 65 000 autres tonnes ont t utilis es pour la production de bijoux Idem pour le cuivre dont 90 000 t gisent dans les sous sols tats uniens alors qu on estime 40 000 le nombre de tonnes 73 74 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle de cuivre enfoui dans les d charges Dans ce m me article Payal Sampat utilise la notion d above ground mining pour d signer les activit s visant retraiter d une mani re ou d une autre les mati res d j extraites que ce soit par le recyclage ou par l exploitation des d charges comme nouveaux gisements prospecter M me si le b ton n est pas directement une ressource naturelle dans le sens o il s agit d un produit composite d j manufactur bien des gards les activit s de recyclage des gravats de b ton peuvent s apparenter une forme de prospection mini re sur terraine pour utiliser
273. e mat riau Dans la suite de ce qui tait annonc dans le chapitre pr c dent l id e est ici de parvenir pr senter des l ments qui petit petit de vraient permettre aux concepteurs de faire prise sur les circuits de l conomie mat rielle et qui sait de trouver des moyens pour y devenir plus responsables lt un cachet qui en dit beaucoup gt Soit une poutre en bois de section rectangulaire Elle se trouve sur le toit d une camionnette dans un lot comportant plusieurs autres poutres identiques La ca mionnette appartient une petite entreprise de charpenterie Elle revient d un ma gasin de mat riaux et se dirige vers un chantier en cours la construction d une pe tite extension l arri re d une maison mitoyenne bruxelloise Les poutres y seront utilis es comme l ments porteurs pour la toiture Sur la tranche des poutres on peut lire un petit cachet imprim l encre ind l bile Au centre les deux lettres C et E sont inscrites dans une police de ca ract re tr s arrondie Les contours de chaque lettre pousent un arc de cercle l g rement plus grand qu un demi cercle si on les prolongeait leurs deux cercles res pectifs devraient se chevaucher partiellement Autour de ces deux lettres cen trales une s rie de chiffres et de lettres qui premi re vue semble fort abstraite pour qui ne ma trise pas le langage la fois commercial technique et r glementaire auquel elle renvoie
274. e mat rielle Aujourd hui r introduire ces mat riaux ne peut pas s envisager comme un simple retour une situation ant rieure Pour le meilleur ou pour le pire il faut tenir compte de ces modifications et admettre qu elles constituent les nouveaux standards d passer Parmi ces nouveaux standards les exigences r glementaires p sent lourd C est pr cis ment ce type d obstacles que sont aujourd hui confront s les militants pour le mat riau terre paille 168 Cf le paragraphe lt positionnements concurrentiels la p 80 169 CRA terre Doat Patrice Hays Alain Houben Hugo Matuk Silvia et Vitoux Fran ois Construire en terre op cit 153 154 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation lt terre paille gt Dans un ouvrage de synth se sur la question de la construction en terre paille paru en 2011 Alain Marcom fait le point sur l impact du contexte r glementaire encadrant l usage de la terre comme mat riau de construction Apr s avoir num r les avantages sociaux conomiques et cologiques de la terre il rappelle ses lecteurs que le contexte normatif n est pas une r f rence oblig e en France un concepteur a le droit de prescrire et mettre en uvre les techniques de son choix Le probl me estime t il se situe plut t au niveau de la garantie d cennale qui implique l intervention de compagnies d assurances Or ajoute Marcom celles ci tendent se re
275. e ou cristallise en fait des acteurs et des attachements assez divers Ce qui reliait le ciment l h lian th me des Apennins et aux encres usag es ce qui reliait la pierre bleue aux pratiques d extrac tion et leur contr le de qualit tout cela et bien d autres choses encore se trouvent quelque part condens es en quelques paragraphes En d autres termes je sugg re ici que si la prescrip tion est avant tout une affaire de mise en relation celle ci ne saurait se r duire aux trois p les 373 Thomas K L Specifications writing materials in architecture and philosophy Architectural Research Quarterly d cembre 2004 vol 8 no 3 4 p 282 Katie Lloyd Thomas est une chercheuse en architecture qui s est int ress e de pr s aux cahiers des charges Les questions qui l animent portent sur les diff rences que les philosophes et les architectes font entre les concepts de mati re mat riau et forme Inspir e par les travaux de Derrida elle utilise une approche d constructiviste de l outil cahier des charges pour tenter de faire appara tre des non dits et des non vus dans les discours architecturaux Elle s attache notamment faire appara tre l arri re plan conomique et culturel des mat riaux de construction Cf galement Thomas K L dir Material Matters Architecture and Material Practice New Ed Routledge 2007 265 266 Section 3 Positions Les concepteurs embarqu s dans l conomie mat ri
276. e que sous entend le processus d harmonisation se cachent des enjeux nettement plus rugueux faits de d bats de repr sentations plus ou moins repr senta tives et de questions touchant diff rents niveaux depuis le d bitage d un tronc dans une for t pr cis ment localis e jusqu des aspects influant les pratiques de toutes les scieries euro p ennes De m me la conformit que balisent de telles normes n a rien d abstrait ou d absolu Elle est le r sultat de constructions complexes et entrem l es qui rel vent en partie de facteurs contingents mais aussi de rapports de force plus ou moins violents Si la fameuse poutre en bois de section rectangulaire orn e du fameux cachet CE est justement de l pic a belge c est le r sultat d une longue cha ne d actions si longue et si ramifi e qu il serait impossible de l expliquer par une cause unique Elle implique aussi bien l ensemble du travail effectu tout au long de la cha ne de production depuis la gestion des for ts jusqu au fa onnage des poutres que des dis positifs de certification mis en place par le fabricant et l organisme notifi dont il d pend Les maillons de cette cha ne sont galement constitu s par le poids des traditions constructives d un secteur qui poss de une longue exp rience dans l utilisation de cette essence des fins construc tives Cette cha ne implique galement que un moment donn il s est trouv quelqu un pour d fendre dir
277. e recherche pourraient tre utiles pour aborder ces diff rentes questions dans un prolonge ment du pr sent travail Le choix de partir des pratiques existantes par exemple semble un bon point de d part pour aborder la question de l implication des acteurs extra disciplinaires dans le travail de conception spatiale Comme je l indiquais en introduction beaucoup de praticiens font d ores et d j montre d une certaine sensibilit dans leurs activit s quotidiennes Il n est pas rare qu ils par viennent n gocier des contraintes multiples et parfois contradictoires Le d passement des cl tures disciplinaires en direction des futurs usagers d un espace par exemple suscite depuis quelques d cennies des pratiques plut t innovantes un travail intensif sur les dispositifs de mise en relation et sur les relations elles m mes ainsi qu une belle r flexivit de la part des praticiens et des personnes engag es dans ces assemblages en plus de donner lieu une litt rature assez 424 Genard J L A propos du concept de r flexivit op cit Conclusion La responsabilit l aune du d passement nature culture abondante sur le sujet ainsi qu une prolif ration d initiatives semblables et plus ou moins abou ties L hypoth se de prendre au s rieux les dispositifs m diateurs par lesquels passe le pouvoir est un autre choix susceptible d clairer galement la question du rapport des syst mes technocra tiqu
278. e sont attaqu es la question de l h ritage des circuits existants de l conomie mat rielle L une des postures d ve lopp es cet gard peut tre l une des plus fr quentes consiste en une rupture radicale des circuits de l conomie mat rielle existants C est le cas notamment des projets associ s aux mou vements contre culturels et aux revendications sociales et cologistes des ann es 1960 et 1970 Ceux ci se caract risaient par une volont de rupture avec toutes les institutions existantes ce qui a donn lieu une certaine inventivit dans la d couverte de nouvelles techniques construc tives ou dans la red couverte prospective de techniques anciennes Leur volont de repenser l organisation de l espace et de la vie dans une perspective autonomiste et autarcique s est mani fest e plusieurs niveaux tant du point de vue de l alimentation que de celui de l nergie de l ducation ou de la construction Dans ce dernier cas ces projets se caract risent par l utilisa tion de mat riaux alternatifs souvent issus de circuits non industriels et donc largement d con nect s des dispositifs assurant la coh sion de l conomie mat rielle Dans d autres cas encore ce sont des mat riaux mis au rebut qui se sont vus consid r s comme d excellents candidats la 50 CRA terre Doat P Hays A Houben H Matuk S et Vitoux F Construire en terre Paris ditions Alternative et Parall les 1979 Collectif L
279. e sujet me semble jeter un clairage in t ressant sur ces notions de redistribution des comp tences et des responsabilit s Les cons quences positives de la libre coop ration des divers lots de produc 281 Stengers I La Vierge et le neutrino op cit p 227 259 282 Rencontre avec l architecte Pierre Bernard s minaire d cole doctorale th matique la Facult d architecture la Cambre Horta de l Universit libre de Bruxelles le 16 f vrier 2011 213 214 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation tion sont tr s nombreuses Plusieurs d rivent de l conomie g n r e par la rationalit interne des quipes autonomes Ainsi par exemple sont limin s les co ts importants des dysfonctionnements multiples n cessaires aujourd hui aux techniques de domination Sont r duits aussi les exc s de mat riau d s des prescriptions contraires leur logique D autres cons quences d coulent de l am lioration des conditions de travail limination ou r duction de produits nocifs employ s de fa on irresponsable par la production courante di minution des accidents de travail Et encore et surtout possibilit effec tive tant donn les conomies r elles importantes d une substantielle aug mentation des salaires Je r p te encore une fois cela n est pas utopie r ve ros d intello j ai pratiqu tout a c est possible aujourd hui on peut le faire
280. ectement ou indirectement les int r ts de l pic a belge pendant des r unions aux cours desquelles se discutaient quelques unes des normes exer ant une influence sur ce dernier Ainsi le destin de la poutre en pic a de section rectangulaire et de classe C24 anciennement S8 selon la STS 04 1 entretemps mise en uvre avec succ s dans la toiture d une petite exten sion d une maison bruxelloise s est sans doute partiellement jou dans le lobby d un h tel d une quelconque capitale europ enne qui accueillait pour l occasion une session de travail du TC 124 Des d chets inertes aux granulats lt sur les pas d un container gt La sc ne se passe une matin e d un jour de semaine ordinaire Le long du canal de Willebroek un camion sort de l agglom ration bruxelloise Il roule sur une route deux bandes en direction de Vilvorde Dans sa benne un chargement de gravats de b ton Ceux ci proviennent d un chantier de d molition qui se d roule quelque part dans le quartier europ en dans le centre ville de Bruxelles Une tour de bu 84 Complexe et Entrem l c est peut tre comme a qu il faudrait interpr ter le cachet CE 85 La d nomination de cet espace semble taill e sur mesure pour accueillir ce qui constitue effectivement une forme de lobbying Chapitre 2 Papiers s il vous pla t reaux des ann es 1970 est enti rement d molie pour tre remplac e par un nou veau projet d envergure une nouvelle to
281. egistre qui est avant tout celui de la technique Il peut donc sembler excessif de leur faire porter la d fense d int r ts qui d passent ce strict registre Mais j ai montr qu un processus tel que l laboration d une NIT se laisse tout de m me influencer par des pr occupations commerciales ou esth tiques J ai no tamment indiqu le cas o le recours une d finition scientifique du mat riau faisant intervenir le nom de la couche g ologique dont il est extrait permettait aussi un positionnement commer cial sur le march de la construction On peut donc se demander si un tel dispositif ou du moins l espace de son laboration pourrait aussi accueillir des arguments issus des principes de l co logie politique tels qu ils sont d velopp s par les promoteurs de mat riaux comme la terre paille la pierre massive ou d autres encore En ce sens les mat riaux alternatifs dont il est question dans ces derniers chapitres et leurs promoteurs se font les relais d une posture vocation critique dirig e contre des int r ts domi nants Qu il s agisse de la terre paille ou de la pierre massive ch re Gilles Perraudin j ai poin t quelques l ments discursifs qui semblent indiquer que des tels principes sont en fait profon d ment oppos es aux logiques dominantes de l industrie du b timent Chapitre 5 Normativit s des dispositifs d articulation Un point d inflexion du travail Les diff rents cas de figure voqu s
282. elle 40 Latour B Changer de soci t refaire de la sociologie op cit p 361 41 Ibid p 360 42 Ibid p 117 43 Ibid p 370 Chapitre 1 Immersion dans les circuits de l conomie mat rielle Le cas de figure du ciment voqu ci dessus est bien videmment lacunaire grossier et cari catural l exc s C est un point de d part qui va tre peu peu compl t par d autres cas de fi gure d autres tentatives de compte rendus et aussi quelques pistes de r flexion sur de pos sibles reconfigurations Pour le moment il n ouvre encore aucune marge de man uvre Il montre par contre par l absurde en quoi pourraient consister des compte rendus paralysants bloquant d finitivement toute possibilit d action toute tentative de faire prise sur les situations Un premier compte rendu de ce type serait la position manich enne qui accentuerait l ex tr me le pouvoir des holdings cimentiers Il y aurait moyen de mettre une emphase particuli re sur la nocivit de telles institutions les pollutions qu elles entra nent la dispersion de substances potentiellement dangereuses sur l ensemble du territoire la production de CO qu elles g n rent etc Sans parler du lobbying douteux qu elles effectuent aupr s des instances politiques pour faire reconna tre le co processing comme un mode de valorisation de la mati re et b n ficier de subsides pour cela la puissance financi re de tels groupes leurs politiques en
283. elle explicites commanditaire concepteur mat riau mais impliquent en fait des agencements nette ment plus peupl s dont il est parfois difficile de mesure l ampleur En ce sens mettre en parall le la prescription avec l invocation entendue comme une dispo sitif d adresse des tres peuplant des mondes invisibles pour le dire avec une belle expres sion emprunt e Bruno Latour n est peut tre pas un simple jeu de mots Le parall le peut sembler risqu mais il pourrait bien apporter quelques l ments int ressants dans la fa on d ap pr hender la prescription de mat riaux Telle est en tout cas le petit d tour que je propose d ef fectuer dans les paragraphes suivants Pour le dire avec le bagage de l ethnopsychiatre Tobie Nathan l invocation rel ve bien d un dispositif divinatoire et ce titre il s agit d un acte de cr ation qui institue rend pal pable puis pensable l interface des univers Dans l une des d finitions qu il en donne Nathan envisage ces actes dans une perspective pragmatiste qui s attache mettre en lumi re les effets 3 De fait il consid re ces actes comme des d clencheurs bien concrets qu ils produisent d une machinerie tonnamment complexe destin e cr er des liens un art consomm de la multiplication des univers L horizon de Nathan est celui des pratiques th rapeutiques relevant de la psychiatrie Au cours de son travail avec des popu
284. ement en compte sa simple apparence Est ce le gouvernement camerounais qui fait preuve d une certaine complaisance l gard des coupes sauvages perp tr es sur son territoire Dans cette affaire la responsabilit formelle semble se diluer au sein d une vaste constella tion d acteurs Le trouble qui a surgit au moment de l ouverture du magasin provient de ce que la somme des acteurs impliqu s est simplement rest imperm able un aspect bien pr cis la question de l origine du mat riau et ses cons quences cologiques Ce trouble a constitu une surprise d autant plus grande que beaucoup d autres gards le projet pouvait tre consid r comme une r ussite Il a fallu une forme d ext riorit cet ensemble d acteurs pour faire appa ra tre un autre principe en l occurrence la question de la pr servation des esp ces vivantes Ce sont ici les activistes new yorkais qui ont jou ce r le l aune de ce principe nouvellement ap paru c est tout le projet qui n cessite une r valuation Et devant ces nouveaux crit res d ap pr ciation tous les acteurs impliqu s peuvent tre consid r s comme fautifs Il est int ressant de noter que ce nouveau principe apport au d bat grand renfort de ma nifestations par voie de presse et via d autres dispositifs de communication ne se d ploie pas sur un plan juridique La faute commise par les acteurs impliqu s n engage pas directement leur responsabilit l
285. emploi Ce processus d acceptation et de mise au rebut n est pas le fait exclusif des carriers et des tailleurs de pierre qui sont les premiers en contact avec la mati re et qui sont donc les premiers pouvoir juger si un l ment peut tre vendu ou non Les architectes et les entrepreneurs y font galement r f rence dans leurs cahiers des charges pour d terminer les crit res d acceptation et de refus des mat riaux sur le chantier Le r sultat c est que certaines irr gularit s portent des noms tr s diff rents selon qu elles sont observ es par un architecte un ing nieur ou un tailleur de pierre certaines alt rations sont m mes absentes du vocabulaire de certains acteurs parce qu elles ne sont tout simplement pas pertinentes l chelle de leurs pr occupations C est pourquoi le CSTC a tent dans la NIT 220 d harmoniser toutes ces d nominations Les fissures rebouch es par des min raux que cer tains appellent fil blanc d autres poil et d autres encore lim blanc vicieux s ap pellent dans le vocabulaire du CSTC des veines blanches L apparition de joints zigzaguant dans la masse de la pierre que certaines appellent terrasses plages de stratification ou noirure est connu sous l appellation stylolithe dans la litt rature du CSTC l inverse la d nomination fossile suffit au CSTC pour d crire une famille dans laquelle d autres per sonnes distinguent une multit
286. emploi dans la strat gie europ enne pour l emploi SEE ZIMMERMAN B dir Action publique et sciences sociales Paris ditions de la Maison des Sciences de l Homme 2004 SAMPAT Payal Scrapping Mining Dependence THE WORLDWATCH INSTITUTE dir State Bibliographie 313 of the world 2003 The Worldwatch Institute 2003 pp 110 129 SARFATTI LARSON Magali propos des professionnels et des experts ou comme il est peu utile d essayer de tout dire Sociologie et soci t s 1988 vol 20 n 2 pp 23 40 SASSEN Saskia Globalization and its discontents essays on the new mobility of people and money New York New Press 1998 SCHRUBEN John H MASTERSPEC un Devis Descriptif National ndustrialisation Forum Revue de construction recherche analyse syst mes 1973 vol 4 n 4 pp 9 22 SCOTT James C Domination and the Arts of Resistance Hidden Transcripts New Haven Londres Yale University Press 1990 SEITZ Fr d ric Une entreprise d id e L cole sp ciale d architecture 1865 1930 Paris Picard diteur 1995 SENNETT Richard Ce que sait la main La culture de l artisanat traduit par DAUZAT Pierre Emmanuel 2008 pour l d originale en anglais Albin Michel 2010 SERVICE PUBLIC F D RAL CONOMIE P M E CLASSE MOYENNE amp NERGIE La garantie l gale Vous y avez droit Brochure d informations publi e par le service public f d ral conomie destin e re
287. en restant ce tr s haut niveau de g n ralit les mat riaux de r emploi pourraient parfaitement pr tendre faire l affaire Il n y a pas de doute ce sont bien des briques et tant que l nonc reste aussi vague il n y a aucune raison pour affirmer qu ils ne conviennent pas aussi bien Mais les prescriptions des concepteurs sont videmment beaucoup plus d taill es que a La plupart du temps elles se r f rent toutes sortes de protocoles de tests et de contr les ou des arsenaux de cadres normatifs hyper formalis s auxquels les mat 142 Cf section L laboration mobilise des acteurs tiers p 134 pour une description fine de cette mise en forme appliqu e la pierre bleue de Belgique 117 118 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle riaux de r emploi sont bien en peine de r pondre Sans doute qu une brique donn e r pondait toutes ces exigences lors de sa premi re mise en uvre m me si vraisemblablement les exi gences taient moins lourdes l poque de sa mise sur le march mais qui pourra garantir qu elle y r pond toujours apr s avoir pass quelques ann es incorpor e dans un b timent et sou mise diverses formes d usage plus ou moins intensives On peut envisager soumettre nou veau cette brique aux batteries de test en question pour r pondre aux inqui tudes bien l gitimes sur sa capacit r pondre aux attentes que l on place en elle Mais out
288. end un malin plaisir signifier l architecte ses erreurs Une anecdote significative voque un ma on qui aurait consciemment mur la baie d une cage d ascenseur car le plan de l architecte indiquait cet endroit un trait plein alors qu il aurait d utiliser un pointill Plus ironique encore est cette image l origine incertaine trouv e sur un forum d aide technique aux utilisateur d un c l bre programme de conception assist e par ordinateur On y voit l interpr tation tr s litt rale d un revcloud c est dire un symbole en forme de nuage destin indiquer une zone du plan qui doit tre r vis e Visiblement un entrepreneur aurait interpr t ce symbole la lettre en fo rant un trou de forme identique dans la chape de b ton L image est l gend e ainsi Please be careful when you put revision clouds on your drawings some of the contractors do not under stand Mais comment tre s r que ce n est pas plut t un cas o l entrepreneur a feint de ne pas comprendre pour faire comprendre quelque chose l architecte Si une certaine ouverture caract rise le recours aux r gles de l art dans un arrangement contractuel fort diff rentes sont les normes techniques Please be careful when you put revision clouds on your drawings some of the contractors do not understand 3 RAT Illustration XXIII Soyez attentifs lorsque que vous mettez des revclouds dans vos dessins certains entrepre
289. enedikte Zitouni qui m a convaincu de tenter l entreprise du doctorat et m a ouvert beaucoup de portes dans cette voie 5 Remerciements Je voudrais aussi remercier mes coll gues de la Facult d architecture de l Universit libre de Bruxelles en particulier les membres des centres de recherche Sasha et hortence D ann e en ann e ces centres deviennent des terrains de plus en plus fertiles pour mener nos recherches Puisse cette dynamique perdurer Un merci tout sp cial Ariane d Hoop Giulietta Laki et Pauline Lefebvre pour leur curiosi t et leurs conseils diverses tapes du travail C est un tr s grand plaisir de travailler et de voyager avec vous Merci toutes les personnes qui m ont accord un entretien lors de mes recherches Merci galement Vincent Brunetta et Jean Didier Bergilez qui m ont permis de m pa nouir dans cet trange milieu que sont les tudes d architecture Christine Schaut et Jean Louis Genard qui ont rendu les sciences humaines particuli rement attirantes mes yeux toute l quipe de la biblioth que de la Facult d architecture et sp cialement Anne Sophie Daout et Anne Sophie Marechal qui font de la biblioth que un outil de travail non seulement performant mais aussi et c est inestimable fort agr able et C cile Stas gr ce qui la plu part des questions administratives se transforment aussit t en solutions Merci tous les proches qui m ont s
290. enir au moins quelques ann es et surtout de projets qui prenaient place dans des cadres administratifs et juridiques plus contraignants L un de ces projets consistait conseiller un bureau d architectes pour les aider choisir et trouver des mat riaux de r emploi La mission pour laquelle eux m mes avaient t s lectionn s portait sur la conception et la r alisation de petits 5 ce moment je participais d j de tr s pr s aux activit s de Rotor et j ai eu l occasion de prendre une part active l laboration de plusieurs projets ce sujet notamment via une participation deux tudes importantes commandit es par l administration de l environnement bruxelloise Rotor asbl Devlieger L Ghyoot M et Gielen M Pr tude en vue de la cr ation d une fili re de mat riaux de d construction en conomie sociale Inventaire des mat riaux analyse des traitements et mod les logistiques possibles Bruxelles Institut Bruxellois pour la Gestion de l Environnement IBGE et cabinet de Marie ARENA ministre f d ral de l int gration sociale 2009 Rotor asbl Devlieger L Billiet L et Ghyoot M Ceraa asbl Thielemans B et Pierobon P Analyse du gisement des flux et des pratiques de pr vention et de gestion des d chets de construction et d molition en R gion Bruxelles Capitale Bruxelles Institut Bruxellois pour la Gestion de l Environnement IBGE 2011 19 20 Introduction am nagements dans
291. ensemble du territoire Aussi longtemps que ces mol cules restent 24 Billiet L et Ghyoot M Rotor Le ciment A avril 2012 vol 235 pp 86 87 25 L autre grand principe de traitement des d chets nocifs consiste au contraire rassembler les r sidus ultimes et les stocker dans des endroits bien connus comme des anciens puits de mines c est la m thode du confinement C est sur ce principe que sont notamment cens s tre trait s les d chets radio actifs ce propos cf Garcier R One cycle to bind them all Geographies of nuclearity in the uranium fuel cycle Alexander C et Reno J dir Economies of recycling The global transformation of materials values and social relations Londres New York Zed Books 2012 pp 76 41 42 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle stables et prises dans leur gangue de b ton elles ne posent en th orie pas de pro bl mes Mais certains scientifiques s inqui tent des risques de lixiviation ou des risques de lib ration de ces mol cules lors de nouveaux travaux de d molitions Peupler Tracer Un mat riau aussi essentiel pour l industrie de la construction que le ciment voit ainsi son destin li celui des moutons paissant sur les berges de la Meuse ou celui de l h lianth me des Appenins tout deux signes d une haute bio diversit mais se trouve aussi trangement li la trajectoire des d chets les plus rebutants souve
292. ent bien sortir ensemble et au m me moment de l usine et tre donc rigoureusement identiques d s qu elles sont incorpor es dans un b timent individuel la trajectoire de chacune des dalles devient unique Le moment o les dalles seront nouveaux lib r es par exemple est un facteur qui varie de fa on totalement contingente Les dalles qui servaient de rev tement de sol dans un b timent d moli dans les ann es 1970 gisent vraisemblablement au fond d une d charge moins qu un entrepreneur d brouillard ne les ait utilis es pour remblayer une ancienne citerne d eau de pluie Des dalles provenant de la m me s rie mais lib r es plus r cemment aboutiraient vraisemblablement dans un centre de concas sage tandis que d autres comme celles qui me servent d exemple pour la petite villa pourraient continuer leur trajectoire en passant chez un revendeur et en finissant dans la construction d une nouvelle fermette de style campagnard Des dalles de la m me s rie sont peut tre encore incor por es dans le sol d une autre habitation Peut tre sont elles m me encore visibles moins qu elles n aient t recouvertes entretemps d une chape de b ton poli ou d un rev tement de grandes dalles de granit br silien plus au go t du jour que les motifs color s des dalles en c ra mique Dans ce dernier cas ces dalles sont devenues l une des nombreuses strates qui com posent les b timents ayant subi de nombreuses transformations au cours
293. ent de d celer de petites fonctions comme celles qui compilent subrepticement des don n es sur les utilisateurs afin de les transmettre l une ou l autre entreprise pour qui cette infor mation repr sente une ressource de premier ordre Si ces fonctions sont parfaitement ind ce lables dans un programme dont le code source est gard secret elles sont th oriquement plus fa cile d celer dans un programme open source Par ailleurs en diffusant les codes sources les informaticiens posent galement un geste fort dans la construction d une alternative solide aux modes de diffusion marchands notamment parce qu elle repose sur une mise en commun des ressources plut t qu une privatisation de celles ci et qu il implique une forme d horizontalit capacitante puisque que tout un chacun est consid r comme tant susceptible de contribuer l am lioration des programmes Pour le dire avec l emphase de Nick Dyer Whiteford un n o marxiste tudiant les pratiques qui prennent place dans et autour du cyberespace ce qui a merg dans le cyberespace ce sont des collectivit s d utilisa teurs qui plut t que d tre subordonn es aux lois de la marchandisation se ca ract risent davantage par transgression obstin e et souvent joyeusement assu m e de ces r gles Il y a aurait beaucoup dire de ces postulats sur lesquels reposent toute la culture de l open source en informatique Dans le cadre de la pr sente
294. ent les circula tion des mat riaux dans la partie Dispositifs m diateurs Cet arr t sur un point particulier dans la trajectoire des mat riaux cl ture la section 1 consa cr e justement aux trajectoires C est comme si la cam ra qui faisait un travelling suivant minu tieusement le d placement d un mat riau travers diff rentes tapes s immobilisait soudain sur Introduction un point de d tail qui retient l attention Pour reprendre la m taphore cin matographique la section 2 entame pour sa part un mouvement de zoom Elle cesse de se d placer pour se rappro cher de plus en plus pr s de n uds particuliers des circuits de l conomie mat rielle o semblent se jouer des articulations importantes Le premier chapitre de cette deuxi me section revient sur ces fameux dispositifs m diateurs sur lesquels s achevait le chapitre 3 La question de leur laboration est pos e dans le chapitre 4 En repartant de nouveaux mat riaux la pierre bleue de Belgique dans un premier temps la terre paille et la pierre massive ensuite il distingue deux situations quelque peu diff rentes La premi re concerne des mat riaux dont les dispositifs d accompagnement sont labor s par des acteurs tiers tels que des centres de recherche des f d rations etc La seconde concerne des si tuations plus proches du cas des mat riaux de r emploi d j voqu o ce sont les acteurs en prise directe avec les mat riaux qui metten
295. ent particuli rement int ressant Il s agit d une sorte de dispositif m diateur qui volue la fronti re entre les formes informelles sic du secteur du r emploi et les circuits les plus formels de l conomie mat rielle Cet trange document a directement voir avec la possi bilit que des professionnels de la conception puissent prescrire des mat riaux de seconde main bien qu il ne s agisse pas d un article de cahier des charges conventionnel instrument l autre l o les gammes temp raments variables pr c demment en vigueur rendait cette action beaucoup plus ardue Chapitre 3 Quand les mat riaux nus s quipent 125 Il s agit d un document crit chose assez rare dans le milieu du r emploi par un reven deur Celui ci y nonce une s rie d instructions li es la mise en uvre des briques anciennes qu il revend ou des briques d aspect ancien qu il produit galement Lorsqu un client ach te des briques de seconde main aupr s de ce revendeur il re oit automatiquement ces instructions de mise en uvre Ce dispositif accompagne donc les briques dont il est suppos faciliter l usage Outre une s rie d aspects techniques qui condensent beaucoup d intelligence construc tive et de savoir faire ce document sert aussi de jalon dans la distribution des responsabilit s Il y est en effet sp cifi que le non respect de ces conditions engage la responsabilit de l ex cu tant En d
296. entations qui obligent les fabricants fournir des donn es relatives telle ou telle caract ristique Au moment o la NIT 220 tait en pr paration la question de l ef fet de d gradation entrain e par le SO par exemple faisait l objet d une pr norme anglaise ap pel e devenir une norme europ enne Elle a t compl t e en 2002 date partir de laquelle elle a circul sous la d nomination EN 13919 Natural stone test methods Determination of re sistance to ageing by SO avant d tre approuv e et int gr e par le comit europ en de normali sation en avril 2008 dans la norme EN 13755 intitul e dans sa traduction fran aise M thodes d essai pour pierres naturelles D termination de l absorption d eau la pression atmosph rique Le groupe de travail charg de la r daction de la NIT 220 s tait manifestement tenu au courant de l volution du cadre r glementaire et a anticip la demande normative pour l obten tion de cette caract ristique pr cise Mais ces nouvelles donn es caract risant la pierre bleue de Belgique ne sont pas le seul point de diff rence entre la STS et la NIT Des caract ristiques qui taient d j test es dans la STS 45 ont t modifi es dans la NIT 220 Par exemple la d termination de la r sistance la compres sion une caract ristique assez essentielle pour les calculs de r sistance des mat riaux a fait l objet pour la NIT 220 d une moyenne arithm ti
297. entreprise r pond bel et bien aux exigences fix es dans les normes harmonis es correspondantes Pour les produits pour lesquels il n existe pas encore de norme harmonis e europ enne il est possible de recourir des quivalences Les anciens agr ments techniques qui taient d livr s avant l entr e en vigueur du nouveau r glement europ en par exemple peuvent jouer ce r le De m me si un producteur parvient montrer que son produit est rigoureusement identique un produit qui valent pour lequel les normes existent il peut se pr valoir de l quivalence Dans le cas contraire le producteur peut engager une d marche d valuation technique aupr s d un orga nisme d valuation technique Il sera alors amen r aliser une s rie d essais de type initial pour conna tre et faire conna tre les propri t s de son produit Ensuite une fois que le contr le est effectu sur le produit type il s agit galement de mettre en place le contr le continu de la production en usine CPU Dans le cas du bois de structure par exemple ce contr le de qualit est li au classement visuel ou machinal des produits sortant de la cha ne de production Comme indiqu ci dessus ce contr le est mettre en place par le fabricant En revanche ce dernier doit faire appel un organisme notifi pour proc der une valuation du syst me de contr le mis en place En l occurrence pour les poutres en bois il s agit de v rifier q
298. ents en pierre taient une r ponse cette inqui tude dans la mesure o il s agit de mat riaux dont on peut voir rapidement s ils sont 24 Introduction en bon tat ou non Contrairement l acier par exemple o la pr sence de micro fissures invisibles l il nu pourrait compromettre la stabilit de l ouvrage la pierre affiche g n ralement ses d fauts Dans le cas de la pierre le r emploi est m me quasiment un gage de qualit Les pierres de r emploi ont en quelque sorte fait leurs preuves Le fait qu elles aient t utilis es pendant plusieurs ann es est finale ment le meilleur argument pour se convaincre qu elles tiendront encore quelques ann es de plus C est d ailleurs l une des raisons qui fait que la r utilisation des l ments en pierre est une pratique assez courante Il n est pas rare que des entrepre neurs conservent des pav s et des bordures lors de travaux de voirie ou que des l ments tels que des dalles des seuils des marches ou des couvre murs en pierre circulent dans les r seaux de mat riaux de seconde main Cependant dans le cadre de ce projet d am nagement il importait de savoir qui prendrait la respon sabilit li e la mise en uvre de ce mat riau A priori dans le cas d un mat riau appartenant au ma tre de l ouvrage il semblait logique que ce soit ce dernier qui se porte garant et puisse en r pondre Mais la division du travail au sein de l adminis tration communale renda
299. epteur d ventuellement y int grer des exigences plus sp cifiques aux cas qu il rencontre Tel est le cas d un outil prescriptif assez central le cahier des charges Tout comme les sp cifi cations techniques ont fait l objet d un travail d harmonisation il existe galement des cahiers des charges types utilis s pour la plupart des projets en Belgique Parmi ceux ci celui de la so ci t wallonne du logement S W L est l un des plus courants en tout cas pour les projets d habitation et de relativement petite chelle Disponible en ligne sous plusieurs formats di tables ou non il se compose de neuf cahiers reprenant chronologiquement les grandes tapes d un chantier depuis les travaux de pr paration du chantier TO jusqu aux travaux de peinture T8 Imaginons qu un concepteur se demande quel mat riau utiliser pour un rev te ment de sol et qu il finisse par opter disons pour de la pierre bleue de Belgique Lors de la composition de son cahier des charge ce concepteur la retrouvera dans le tome 5 qui est consacr aux finitions int rieures Gr ce la table des mati res bien structur e il sera tr s facile pour lui de retrouver les rev tements de sol int rieur au chapitre 53 entre le chapitre 52 chapes et sols industriels et le 54 portes amp fen tres int rieures Le chapitre 53 est lui m me subdivis en plusieurs sections qui correspondent aux trois grandes typologies de rev tements de sol en car
300. er correctement une description pourtant soigneusement r dig e Dans sa fa on de s exprimer il ressortait que pour lui l chec du d tail tait d un chec de communication l in tention du concepteur n tait pas bien pass e par les dispositifs prescriptifs L ar chitecte semblait sinc rement d u que les nombreuses lignes de son cahier des charges n aient pas eu une port e effective directe une d ception probablement accentu e par le fait que ces lignes condensaient beaucoup de labeur de sa part Dans son id e la description fine propre au langage du cahier des charges aurait d tre suffisante pour mener une ex cution impeccable Dans cette histoire c est peut tre pourtant le b ton qui s est av r le plus r fractaire S il s est laiss mettre en forme de toutes les fa ons possibles sur un cro quis un plan ou m me dans une description de cahier des charges il s est av r nettement plus difficile ma triser une fois qu il a fallu le couler pour de bon Une chose est de dessiner et de d crire un d tail id al une autre est de pouvoir ex cu ter ces instructions Beaucoup plus de conditions doivent tre r unies pour cela il faut disposer des bons outils des bons ouvriers du temps ad quat des bonnes conditions et d autres facteurs encore Cette anecdote met en exergue le risque inh rent tous les passages dans la trajectoire d un mat riau La prescription implique n cessairement un franc
301. ernatifs dont sont porteurs les mat riaux de construction ras semblent autour d eux des protagonistes aux horizons vari s La terre paille par exemple ras semble autour d elle des groupes compos s d artisans d usagers d auto constructeurs ou encore de concepteurs professionnels Pour Latour le propre du geste politique est pr cis ment ce mouvement circulaire qui parvient rassembler des int r ts a priori tr s divergents autour d un m me concernement pour le dire avec un accent tr s deweyen Tout l enjeu de la politique consiste maintenir et m me tendre ce cercle de concern s Au contraire l chec en poli tique c est lorsque ce cercle se d lite quand il ne parvient plus tre suffisamment f d ra teur Cette image du cercle fonctionne plut t bien pour illustrer ce qui se passe autour de ces mat riaux alternatifs qui parviennent mobiliser autour d un concernement commun des ac teurs assez h t rog nes l chelle de l conomie mat rielle dans son ensemble ces cercles sont assez minoritaires Ils peinent concurrencer l ampleur des assemblages qui se sont peu peu cristallis s autour de mat riaux beaucoup plus courants comme le b ton que j voquais plus haut Leur grande force par contre est que le concernement qui les rassemble est vif et intense Il est en tout cas suffisamment fort pour passer au del de petites divergences L avocat Fr d ric Loumaye identi fie ce type de
302. erte soit qu elle n en contienne quasiment aucune et que la plupart des dalles contiennent une quantit moyenne de taches Bien entendu ces caract ris tiques n apparaissent qu au moment de d biter le bloc de pierre en tranches Statistiquement tou jours seul un petit nombre de dalles ainsi coup es r pond aux crit res de la cat gorie excep tionnelle En d autres termes pour chaque plaque de qualit exceptionnelle c est dire des dalles la texture quasiment uniforme une quantit sup rieure de dalles de qualit courante ou technique sont produites 167 Tableau 28 de la NIT 220 p 42 149 150 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation Cette r partition en cat gories est une arme double tranchant Bien utilis e elle permet de trouver une destination un plus grand nombre d l ments produits puisque m me les l ments lt imparfaits peuvent tre mis en uvre dans des ouvrages o l on estime que l apparence joue un r le moindre Cette division part du principe somme toute de tr s bon sens que tous les es paces d un b timent et que tous les b timents ne r pondent pas aux m mes contraintes en terme d usage ni aux m mes sollicitations cf illustration XX p 152 D s lors il est int ressant de mettre sur le march des solutions plus subtiles et mieux adapt es la diversit des occurrences Il devient m me parfaitement envisageable de d passer les trois cat gori
303. ertise d j pr sente chez des acteurs existants D s lors il semblait pertinent de partir de l pour explorer des pistes de professionnalisation de ces acteurs plut t que d impl menter de nou velles initiatives en partant de z ro ce qui correspondait d une certaine mani re l attitude des pouvoirs publics Rotor a donc propos de travailler sur des pistes de renforcement des activit s existantes Le subside en question lui a t octroy Il a m me t renouvel une seconde ann e pour continuer explorer certaines pistes qui mergeaient des premi res approches Parmi les r sultats de ce travail de fond l un des r sultats les plus pal pables est certainement la mise en place d un site internet appel Opalis be qui se pr sente comme une sorte de guide du r emploi en Belgique presque la ma ni re d un guide touristique des grands restaurants Il recense la quasi totalit des acteurs conomiques actifs dans la revente de mat riaux de seconde main Cha cun d entre eux b n ficie d un descriptif d taill de ses activit s Le site fonctionne comme une base de donn es qui permet au visiteur de trouver des informations en fonction des mat riaux qu il cherche acheter ou pour lesquels il voudrait trouver acqu reur ainsi qu en fonction des localisations g ographiques des revendeurs Le site distille galement une liste de conseils l usage des personnes d sireuses de travailler avec des mat riaux de r em
304. es descriptions techniques des ca ract ristiques physico chimiques mais jamais les concepteurs ne touchent au bois proprement Chapitre 7 De maillon en maillon jusqu aux concepteurs dit sauf en avoir un petit chantillon bien format dans leur mat riauth que De l autre c t il y a des acteurs qui manipulent le mat riau dans ses tats les plus mat riels Les forestiers qui abattent les arbres et d bitent les troncs les travailleurs de la scierie qui le transforment en un panneau lamin les dockers qui chargent et d chargent le z brano des containers les ouvriers de l entrepreneur qui d ballent les palettes et posent les panneaux les menuisiers qui y d coupent les pi ces destin es produire les meubles etc Tous ces acteurs manipulent bien une version physique et pourrait on dire mat rielle du z brano Contrairement aux dessins et aux descriptions techniques ces acteurs peuvent faire l exp rience directe ventuellement m me douloureuse ou prouvante du z brano de son odeur de son poids de sa rugosit Pourtant le r f rentiel platonicien ne convient pas exactement ce qui me semble se jouer ici Ce n est pas comme s il y avait du z brano existant sous une forme essentielle i e le bois que l on peut manipuler et puis de simples repr sentations de celui ci p les ersatz de l original ie tout ce qui circulerait aupr s des concepteurs Il n y a pas non plus d acteurs qui se
305. es et une explication causale ou nomologique pour placer cette question sur un plan plus philosophique et en utilisant les termes employ s par Jean Marc Ferry L int r t d en passer par les pronoms c est aussi de quitter les dualismes et de s obliger penser par tir de trois p les et non plus de deux ce qui invite peut tre adapter le planisph re heinichien orthogonal pour en faire un syst me tripolaire plus m me de refl ter ces trois types d investis sements Pourtant et c est ici que l op ration d en passer par les pronoms se r v le particuli rement int ressante si les grammaires de l explication de la compr hension et de la critique sont bel et bien distinctes le langage courant permet tr s facilement d investir chacune de ces grammaires et de passer ais ment de l une l autre en fonction des situations Il suffit de pr ter attention la plupart des conversations m me les plus banales pour se rendre compte que les locuteurs manient avec talent et sans contraintes apparentes ces diff rents registres Diff rentes fa ons d investir le propos peuvent coexister pas en m me temps mais successivement tant t sur un mode compr hensif t chant d entretenir une grande proximit avec les choses observ es tant t sur un mode explicatif tentant de mettre jour certaines causes pouvant expliquer pourquoi les choses sont comme elles sont et tant t sur un mode plus critique C est u
306. es institu es des l ments qui seraient mis au rebut selon les crit res de ces trois cat gories pourraient malgr tout r pondre parfaitement certaines usages C est d ailleurs le cas de ces grosses cro tes qui sont syst matiquement d bit es au d but de chaque bloc extrait de fa on obtenir une surface de r f rence permettant de calibrer toutes les d coupes suivantes Ces l ments sont habituellement consid r s comme un dommage collat ral du processus de production un coproduit in vi table Ils sont pourtant parfois utilis s dans certains projets notamment comme rev tement pour des surfaces verticales o des effets de brutalit sont recherch s Dans la mesure o l une des faces de ces cro tes est syst matiquement plane leur mise en uvre ne pose en r alit par de complications suppl mentaires Cependant dans la mesure o ces cro tes ne sont pas d crites dans les STS et NIT il appartient l architecte de d finir lui m me ses besoins dans le cahier des charges cela l entrafnera vraisemblablement aussi entamer un dialogue plus soutenu avec ses fournisseurs moins d tre dans le cadre plus modeste d un projet qui ne n cessite pas l in tervention d un architecte D un autre c t si tout le monde se met vouloir des l ments de cat gorie exception nelle le reste de la production se transforme quelque part en d chet Et en l occurrence ces d chets sont produ
307. es ornementales Quoique ne repr sentant que 20 environ de la masse de pierre extraite ces l ments poss dent une beaucoup plus haute valeur ajout e du fait du travail intensif qu ils requi rent Les entreprises actives dans ce secteur sont g n ralement organis es autour de structures plus petites et familiales Bien que les m mes termes d industrie extractive d signent ces deux activit s celles ci 18 http www holcim be fileadmin templates BE doc press_pers Holcim_Ltd_2009 pdf 19 http www artistones1 be collection_j_evlard calcite belgique leffe leffe htm 20 http www heidelbergcement com NR exeres ABEBE100 31BF 4C62 8DC4 4706D68C700D htm http www gralex be 21 http cpdt wallonie be sites default files DT2_Secteur_7 pdf Chapitre 1 Immersion dans les circuits de l conomie mat rielle fonctionnent tr s diff remment L extraction de roches non ornementales travaille dans une logique de fractionnement des l ments pierreux qu elle transforme en granulats de diff rents diam tres La production de roches ornementales quant elle cherche conserver l int grit physique d l ments les plus grands possibles qu elle d coupe ensuite selon diverses formes seuils de fen tres dalles de sol marches d escalier etc et sur lesquelles elle applique diff rentes finitions Les deux secteurs sont cependant li s dans la mesure o les d chets de l un servent de ressource l autre En l occurrence la produc
308. es ou bureaucratiques En ne les consid rant pas dans une approche descendante qui les pr senterait comme des syst mes de pouvoir globaux mais en s int ressant au contraire aux disposi tifs locaux dans lesquels ils prennent corps il devient possible de faire prise sur eux C est vraisemblablement en partant de l qu il devient possible d initier des reconfigurations et des boug s L encore cela suppose une certaine attention pour les pratiques en train de se faire Il s agit d identifier les mille et un scripts pour reprendre l expression de Bruno Latour qui formatent une situation et de se demander qui proc de leur criture o cela se passe et com ment y faire compter d autres int r ts des questions qui renouent finalement avec une longue tradition d actions militantes et de luttes J ai tent de proc der de cette fa on dans le cadre d une r flexion sur les circuits de l conomie mat rielle mais une telle approche pourrait sans doute clairer galement d autres questions corollaires La vigilance aux effets d l t res des int r ts pr dateurs et la perspective d une cologie des pratiques sont d autres points d attention qui permettraient peut tre de reposer nouveaux frais la question de l expertise propre aux concepteurs Dans le cadre d une r flexion sur les sp cifici t s des pratiques architecturales il semble important de parvenir la fois d finir et circons crire celles ci to
309. es pr c dents dans les faits tout pousse ce que des mat riaux si mal quip s ne soient m me pas envisag s dans les contextes en question Dans ce cadre l la promotion active des mat riaux alternatifs doit effectivement tre lue comme un commentaire critique adress aux standards dominants de l conomie mat rielle lt reconna tre la pluralit des int r ts gt Les circuits de l conomie mat rielle sont travers s d int r ts diff rents et parfois contradic toires Les mat riaux traversent des registres axiologiques tr s diff rents tout au long de leurs trajectoires Au fil de toutes ces tapes ils sont appr ci s en fonction de multiples crit res Ils suscitent diff rents types d engagement et d attachements Ils passent en somme pour le dire 200 Th venot L L action au pluriel Sociologie des r gimes d engagement ditions La D couverte 2006 Chapitre 5 Normativit s des dispositifs d articulation en termes pragmatistes par de multiples processus de valuation qui correspondent autant de fa ons de leur accorder de la valeur Ce quoi nous attribuons de la valeur n est rien d autre que ce quoi nous tenons c est dire ce quoi ou qui nous manifestons concr tement notre at tachement travers nos attitudes actives nos comportements nos fa ons d agir Les courants pragmatistes de la sociologie invitent assumer un certain pluralisme dans ces attachements
310. es qui ne diff rent pas gran dement de celles en cours chez F il leur arrive galement de travailler sur des chantiers de d construction Les contextes de travail varient ainsi quelque peu De plus ils manipulent une re lativement grande diversit d outils et exercent une relativement grande diversit de t ches Certains auteurs ayant travaill sur la question de l organisation du travail sur les chantiers de construction sugg rent qu en tant qu espace de production les chantiers restent fondamentale ment irr ductibles aux formes les plus extr mes de l organisation industrielle du travail alors que des espaces tels que des usines se pr tent quant eux tout fait bien ces formes d organi sation Ces auteurs tayent leur hypoth se en affirmant que chaque chantier poss de des sp cificit s uniques De ce fait il y aurait toujours une s rie d l ments contingents qui influencent le d roulement des processus On a beau prendre toutes les pr cautions anticiper au maximum ce qui pourrait se passer confier aux concepteurs la responsabilit de dresser en amont tous les 126 Ibid p 251 127 Ibid p 257 128 Bernard P Le chantier Criticat septembre 2008 vol 2 Ferro S Dessin chantier ditions de La Villette coll cole d architecture de Grenoble 2005 105 106 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle plans d ex cution le chantier reste
311. es rev tements de sol du Chapitre 7 De maillon en maillon jusqu aux concepteurs magasin Les grandes lignes de l am nagement ont d j t d cid es mais il reste leur donner une mat rialit partir d une image issue d une capture effectu e sur le mod le 3D le stagiaire travaille dans un c l bre programme californien de re touche photo En jouant avec des calques il appose diff rentes textures sur les sur faces et donne ainsi diff rentes apparences l espace Mises c te c te toutes ces versions permettront de choisir un mat riau Cette m thode de travail est tr s encourag e dans le bureau La comparaison de plusieurs options permet de faire ressortir les forces et les faiblesses de chaque possibilit et de v rifier ainsi que la voie choisie est la meilleure possible C est une strat gie qui est galement exploi t e lors des interactions avec les commanditaires ce qui leur permet de se sentir impliqu s lors des nombreuses prises de d cision qui maillent le processus de conception Incidemment c est aussi une fa on particuli rement efficace de r partir le travail au sein du bureau les jeunes architectes et les stagiaires qui ne co tent pas trop cher explorent les diff rentes possibilit s pour que les chefs de projet dont le temps est plus co teux puissent ensuite rapidement effectuer les choix cru ciaux Mais le chef de projet n est pas encore l Pour le moment le stagiaire continue f
312. esponsabilit s et des obligations entre ces deux acteurs d une fa on relativement ouverte Un entrepreneur qui s engage mettre en uvre des mat riaux selon les r gles de l art garantit 267 Ibid p 9 5 6 268 Delvaux A et Dessard D Le contrat d entreprise de construction r pertoire notarial 1991 p 147 cit par Loumaye F Les r gles de l art l innovation et le choix des mat riaux Coll ge des experts architectes de Belgique CEAB dir Le monde des finitions Table ronde le 6 mai 2011 Coll ge des experts architectes de Belgique 2011 p 69 201 202 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation l architecte et au ma tre de l ouvrage que ses travaux ne pr senteront pas de d faut tout en se laissant un grand choix parmi les moyens mettre en branle pour r aliser lesdits travaux Le re cours la notion de r gles de l art repose sur le principe que l entrepreneur est un praticien com p tent et au fait des techniques les plus ad quates pour r aliser l ouvrage pour lequel il est enga g cet gard il est int ressant de constater que la notion de r gles de l art est r ciproque le concepteur est lui aussi tenu de respecter les r gles de son art Ainsi un entrepreneur est galement tenu de signaler un concepteur qu il ne respecte pas les r gles de l art Ce dernier cas de figure donne lieu des situations parfois cocasses dans lesquelles l entrepreneur pr
313. est ce que mes voisins vont le trouver beau sera t il facile mettre en uvre etc On le voit avant d tre rachet un mat riau de r emploi subit implicitement une s rie de tests Il est soumis une s rie d preuves qui p sent sur sa trajectoire Au cours de ce processus le franchissement de chaque tape depuis le choix initial de d manteler un b timent plut t que de le d molir jusqu au mo ment o les mat riaux sont effectivement remis en uvre implique un enjeu crucial pour le ma t riau s il ne parvient pas r pondre favorablement aux exigences qui p sent sur lui il sera tout simplement cart et redirig vers des applications de moins en moins exigeantes jusqu ventuellement devenir un d chet dont le propri taire souhaite se d barrasser d finitivement Dans les circuits formels de l conomie mat rielle la plupart des crit res de qualification et de disqualification sont objectiv s entre autres via des dispositifs tels que des r glements des d clarations de performances ou des fiches techniques Dans les circuits informels ou moins for mels ces crit res restent nettement plus implicites Ils sont davantage furtifs et changeants S il est sans doute impossible de les g n raliser chaque mat riau chaque revendeur engage son lot d exigences propres il est possible de capter certains de ces crit res l occasion de discussions avec les acteurs du secteur ou en observant le fonctionnement
314. estions d apparence Il est par exemple indiqu dans ce tableau propos des taches de calcite blanche galement appel es g odes que dans l tendue de tout carr de parement d un m tre de c t il ne peut se pr senter qu une ou plu sieurs de ces taches dont la surface totale n exc de pas 30 00 mm p 8 Autrement dit si un architecte fait r f rence la STS 45 dans son cahier des charges il invoque implicitement ce crit re qui lui permet le cas ch ant de refuser un rev tement comportant trop de taches de calcite Il s tablit donc dans ces STS une distinction entre des crit res techniques touchant l int grit structurelle des l ments qui permettent de disqualifier une pierre friable ou une pierre comportant des fissures mal rebouch es qui fragilisent la dalle et des crit res esth tiques En ce sens la d finition de la pierre bleue mise en avant par la STS 45 n est pas strictement scientifique comme le serait la d finition qu en donnerait un g ologue ou un p trographe Celui ci se baserait probablement sur la composition min rale de la pierre ses liants sa structure l age du banc dont elle est extraite ou la pr sence de tel ou tel fossile d organisme La d finition de la STS 45 refl te bien les int r ts sp cifiques d un groupement d acteur du secteur de la construction qui cherchent s accorder sur les caract ristiques d un mat riau convenant aux tra vaux de construction La d finiti
315. et GHYOOT Micha l CERAA ASBL THIELEMANS Beno t et PIEROBON Paolo Analyse du gisement des flux et des pratiques de pr vention et de gestion des d chets de construction et d molition en R gion Bruxelles Capitale Bruxelles Institut Bruxellois pour la Gestion de l Environnement IBGE 2011 ROTOR ASBL DEVLIEGER Lionel GHYOOT Micha l et GIELEN Maarten Pr tude en vue de la cr ation d une fili re de mat riaux de d construction en conomie sociale Inventaire des mat riaux analyse des traitements et mod les logistiques possibles Bruxelles Institut Bruxellois pour la Gestion de l Environnement IBGE et cabinet de Marie ARENA ministre f d ral de l int gration sociale 2009 ROTOR ASBL BONIVER Tristan DEVLIEGER Lionel GHYOOT Micha l GIELEN Maarten LASSERRE Benjamin et TAMM Melanie D HOOP Ariane et ZITOUNI Benedikte Usus usures Etat des lieux How things stand Bruxelles Editions Communaut fran aise Wallonie Bruxelles 2010 ROUGER Fr d ric et GUINARD Daniel Les Bois scandinaves sont ils sup rieurs aux bois fran ais Quelle est la r alit Revue Foresti re Fran aise 2005 vol 1 pp 85 94 RUSS Joana Speculations The Subjunctivity of Science Fiction 1973 To Write Like a Woman Essays in Feminism and Science Fiction Bloomington Indianapolis Etats Unis Indiana University Press 1995 pp 15 25 SALAIS Robert La politique des indicateurs Du taux de ch mage au taux d
316. et des crit res qui lui sont propres rien ne devrait emp cher que ces diff rents milieux puissent tablir des transactions mutuellement favorables Au contraire cette recherche fait le pari que des changes entre ces diff rents p les peuvent s av rer b n fiques pour chaque pratique Il semble toutefois n cessaire d apporter un certain soin au tissage de ces liens qui de fait ne coulent pas n cessairement de source Il y a plusieurs moyen de tisser des liens entre ces diff rents milieux Dans certains cas ils peuvent passer par les acteurs eux m mes Il arrive en effet que ceux ci combinent plusieurs pratiques de fa on chronologique ou simultan e dans leur parcours Dans une certaine mesure c est mon cas dans le cadre de cette recherche il appara tra au fur et mesure du texte que cer tains l ments qui y sont voqu s rel vent d une s rie d exp riences de premi re main que j ai eu l occasion d effectuer Les quelques incursions que j ai men es en tant qu acteur dans les cir cuits de l conomie mat rielle constituent une ressource importante de cette recherche Les changes peuvent aussi passer par des zones de friction des sortes d interfaces o se ren contrent des personnalit s porteuses de pratiques diverses Les coles d architecture constituent cet gard et des degr s divers en fonction de leurs traditions et de leurs orientations pr sentes des n uds d changes potentiellement f co
317. ette dimension prescriptive n est qu un aspect parmi de nombreux autres dans les activit s de conception Il ne saurait tre question ici de r duire l activit des concep teurs ce seul aspect au d triment de toutes les autres facettes qui composent leur pratique dont je montrerai d ailleurs combien elle est mouvante complexe et difficile d crire une fois pour toutes Dans le cadre de cette recherche c est pourtant cet aspect que je propose de m int resser dans la mesure o c est ce qui relie les concepteurs aux circuits de l conomie ma t rielle Par cons quent tout ce qui va suivre ne concerne que les concepteurs qui en passent d une fa on ou d une autre par la prescription Corollairement sont donc exclus des consid ra tions d velopp es ici tous ceux dont la pratique de conception se caract rise par d autres aspects comme pour les tenants de la paper architecture les architectes th oriciens ou encore une bonne partie des tudiants inscrits dans des facult s d architecture qui d veloppent rarement leurs projets au point d en arriver une phase prescriptive quoique certaines exp rimentations p dagogiques aillent dans ce sens lt sollicitations gt L un des points qui distingue la position des architectes de celle d autres acteurs de l cono mie mat rielle c est le fait qu ils sont les interlocuteurs privil gi s des commanditaires Ceux ci sollicitent les architectes selon des formes assez va
318. eur les conditions de mise en uvre et au producteur les exigences qui p sent sur le produit sans devoir r inventer celles ci chaque projet et surtout sans devoir conna tre en d tail les sp cificit s des activit s de ces deux acteurs Quelque part le CSTC a effectu une synth se de ces connaissances qui ont t condens es dans une note tech nique laquelle il suffit de se r f rer Mais ce qui se gagne en efficacit dans une perspective de standardisation se paie par le fait qu il devient beaucoup plus difficile que chaque situation fasse passer ce qui compte pour elle dans un cas bien pr cis En d autres mots la standardisation des mat riaux et de leurs exigences tend uniformiser les situations Cela n emp che pas que localement des acteurs donn s puissent d tourner dans une certaine mesure les dispositifs standards pour ouvrir leur champ d action d autres possibilit s C est ce qu illustre par exemple l utilisation des cro tes de pierre pour lesquels il n y a pas encore de norme de mise en uvre Un concepteur d sireux de faire mettre en uvre un tel mat riau devra produire un article de cahier des charges sur mesure Il ne pourra pas se reposer sur des dispositifs tout faits Mais globalement ce processus d unifor misation des dispositifs d articulation tend formater assez lourdement l agencement des cir cuits de l conomie mat rielle Cette uniformisation devient plus probl matique lorsque
319. euvent y tre actifs Dans des cas bien particuliers comme dans les projets auto construits les fronti res entre ces diff rentes phases tendent m me se brouiller et l on peut voir des concepteurs prendre part la r alisation De m me il existe des situations o la conception et la r alisation ne sont pas des phases tellement s par es l une de l autre il ar rive j en ai parl que le concepteur abandonne sa position de prescripteur et d place la prise de d cisions depuis les pages blanches de son agence vers les contingences du chantier ou de l ate lier La question qui merge de tout ceci devient la suivante en quoi consiste alors cette pratique de la prescription l vidence les r cits critiques des th oriciens de l cologie politique constituent de pr cieux apports pour dramatiser les effets potentiellement d l t res d une telle activit Mais tout aussi manifestement on ne saurait s en contenter En explorant ce que met tait en branle le fait pour un concepteur de prescrire des mat riaux je pense avoir montr qu il y avait bien plus de choses en jeu La question qui s impose alors est celle de savoir comment tenir toutes ces choses Par quels moyens les prescripteurs pourraient ils devenir plus respon sables dans cette posture qui est la leur pour faire cho la question que se posait Donna Hara way au d but de son manifeste des esp ces de compagnie C est pour r pondre
320. evlieger L Billiet L et Ghyoot M Ceraa asbl Thielemans B et Pierobon P Analyse du gisement des flux et des pratiques de pr vention et de gestion des d chets de construction et d molition en R gion Bruxelles Capitale op cit 129 130 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle Opalis assurer la circulation des mat riaux de r emploi dans des march s professionnels mati res roducteurs premi res le mat riaux usine de recyclage centre de tri d chets de construction et d molition incin rateur chantier de d molition briques de r emploi documentaQ marquage CE O technje d claration de QNS amp performances briques de r emploi tri nettoyage et manutention des briques an documentation articles de technique cahiers des charges informations sur la disponibilit Te projet Opalis met disposition des concepteurs et des entrepreneurs une s rie d informations techniques propos des mat riaux de r emploi Si ceux ci ne poss dent pas toutes les caract ristiques des produits neufs entrepreneur ces l ments permettent n anmoins leur pr sence au sein de certains march s professionnels particulier auto constructeur chantier de chantier de conan construction particulier professionnel Illustration XVIII Les mat riaux qui aboutissent dans le secteur du r emploi ne disposent pas des dispositi
321. faire se rencontrer l offre et la demande tiennent en grande partie des questions d information Des outils comme le site opalis be et des campagnes de communication aupr s des acteurs concern s permettent de surmonter partiellement ce type de blocages sans qu au cune des parties impliqu es ne doivent modifier profond ment ses pratiques De fait parmi toutes les entreprises actives dans la revente des mat riaux quelques unes d entre elles offrent d j des services susceptibles de r pondre aux attentes de la plupart des concepteurs et des constructeurs comme dans l exemple de l entreprise F pour les briques Mais dans d autres cas pour garantir certains mat riaux de r emploi de nou veaux d bouch s il est n cessaire que les revendeurs ajustent quelque peu leur offre aux exigences du secteur de la construction Bien s r le but du projet ne consistait pas transformer toutes les petites entreprises en supermarch s de la seconde main capables de r pondre aux attentes des acteurs les plus exigeants du secteur de la construction Comme je l ai indiqu travers l exemple de l entre prise de d molition et de revente de Madame J il existe un secteur aux fronti res des march s formels qui semble fonctionner plut t bien Les exigences de ces clients sont diff rentes et manifestement les revendeurs r pondent assez efficace ment ces attentes Dans ce cas l comme dans les changes entre particuliers il se
322. fs qui leur permettent de circuler dans les circuits professionnels Leur trajectoire les m nent toutefois vers de plus petits chantiers souvent men s par des auto constructeurs dans un cadre domestique ou informel Un travail tel que celui men autour du projet Opalis permet d quiper ces mat riaux de dispositifs m me d assurer leur circulation aupr s des professionnels du secteur Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation 131 SECTION 2 N UDS Investir les dispositifs d articulation 132 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation Chapitre 4 L laboration des dispositifs m diateurs Les chapitres de la section pr c dente faisaient appara tre l importance d un travail sur les dispositifs m diateurs pour permettre la circulation des mat riaux au sein de l conomie mat rielle Les dispositifs dont sont quip s les mat riaux ont une influence forte sur leurs destina tions leurs usages et le type d acteurs habilit s les manipuler Par extension un travail actif sur l laboration de ces dispositifs semble permettre d op rer certaines reconfigurations dans les circuits de l conomie mat rielle C est ce qu illustrait notamment le cas du projet Opalis au sein duquel sont mis au point des dispositifs destin s accompagner quelques mat riaux de r emploi courants de fa on ce que ces derniers puissent circuler aupr s des acteurs les plus exi geants de l
323. gements D autres acteurs peuvent et m me doivent participer de tels efforts Ce sont pourtant principalement les concepteurs qui retiendront l attention de cette recherche Il s agit dans ce cadre d explorer les conditions d un tel changement et ce tant d un point de vue m thodologique que d un point de vue pratique Le choix de se focaliser sur les concepteurs plut t que sur d autres acteurs tient en partie l ancrage de cette recherche labor e au sein d une facult d architecture Ce positionnement la place pourtant dans une position potentiellement inconfortable qui serait celle du manuel ou du guide directif labor en milieu universitaire et adress des praticiens avec toutes les ques tions et les cueils qui en d coulent quelle serait la l gitimit d un tel manuel Comment op rer le passage entre ces deux milieux qui ont un certain nombre de choses en commun mais aus si beaucoup de diff rences voire de divergences Comment viter les postures dissym triques qui institueraient ou ent rineraient un foss entre d un cot des pratiques de concepteurs pro fessionnels et de l autre des pratiques situ es dans le milieu acad mique Pour d samorcer ces potentiels obstacles il semble n cessaire d op rer d embl e quelques mises au point Il s agit premi rement de ne pas consid rer ces diff rentes positions comme exclusives Si chaque pratique est bien s r sp cifique et soumise des exigences
324. gogiques r fl chies et suivies Si les tudiants se retrouvent face des commanditaires plut t ouverts et pr ts s engager dans des exp riences parfois ris qu es c est parce qu il y a en amont un fameux travail de la part de l quipe p dagogique qui pr pare les commanditaires ce type de collaboration Au fil des ann es les projets pr c dents cr ent une sorte de jurisprudence sur laquelle se baser pour valuer la pertinence des fu tures collaborations Ensuite au del du type d interactions qui prennent ou ne prennent pas dans un projet don n il faut prendre en compte les effets de ce genre d exercice Si l on prend au s rieux la voca tion d une cole d architecture i e former des architectes il semble effectivement pr f rable que les tudiants qui y passent soient sensibilis s d une fa on ou d une autre ces interactions avec les acteurs de l conomie mat rielle ainsi d ailleurs qu avec d autres acteurs qui n y sont pas directement li s Il est impossible de pr voir ce que les tudiants pass s par l feront dans leur carri re professionnelle lorsqu ils seront confront s des contextes moins favorables ce qui risque bien d tre le cas pour la plupart d entre eux On peut toutefois pr sumer que le fait d tre pass s par un exercice du type live project les sensibilise davantage ces questions que s ils ne l avaient pas fait En ce sens lorsqu un tudiant d clare qu il ne prescrir
325. haut gauche du sch ma le concepteur se retrouve face un mat riau qui n est pas quip des bons dispositifs Il doit alors initier une boucle de feed back au centre du dessin en direction des assurances des centres de recherche ou encore des f d rations du secteur de la construction l issue de ces d tours le bloc de pierre brut est finalement muni des dispositifs ad quats Un tel mat riau oblige toutefois revoir consid rablement les techniques constructives employ es et l organisation du chantier Il influence aussi l apparence des difices 164 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation Chapitre 5 Normativit s des dispositifs d articulation Comment dit Paul reconna t on la pierre bonne b tir Cela n est pas toujours ais et il en est de ces connaissances comme de beaucoup d autres l exp rience doit confirmer la th orie Allez toucher ce roc vous verrez qu il vous restera aux mains une poussi re blanche C est ainsi n est ce pas D s lors la qualit de ce bloc est mauvaise et vous voyez en effet qu au dessous l herbe est jonch e de petites exfoliations de calcaires tandis que le gazon sous le bloc gros est pur de toute poussi re Il est donc tr s utile un architecte quand il veut b tir d aller voir les carri res et comment les bancs qui les composent se comportent l air libre or entre nous c est ce que nos confr res ne font gu re
326. he et fabriqu par une entreprise disposant de moyens suffisants pour entreprendre toutes les tapes de la promotion et de la reconnaissance y compris se lancer dans tout le volet normatif touchant aux exigences de contr le Ce n est pas tout fait un hasard si tous ces r cits assez concluants du point de vue des mat riaux en question concernent des secteurs industriels plut t bien tablis De telles success story auraient t beaucoup plus difficiles raconter si les h ros de l histoire avaient t des mat riaux artisa naux impr visibles aux caract ristiques non d montr es scientifiquement et promus par de pe tites coop ratives d artisans De fait l exemple de la pierre tombale et des pierres de seconde main voqu dans l introduction s est quant lui sold par quelque chose qui ressemble davan tage un constat d chec m me si au final un retournement inattendu de la situation a permis un d nouement plus favorable Les vertus de ces mat riaux alternatifs qu il reste pr ciser semblent peiner concurrencer les exigences r glementaires qui mergent des deux r cits de ce chapitre et de l analyse des r glements europ ens sur la circulation des produits de construction Dans le prochain chapitre j examinerai de plus pr s la trajectoire de mat riaux qui ques tionnent ces standards dominants et qui circulent aux franges des zones r glement es de l cono mie mat rielle Je montrerai
327. hissement une transmission d ins tructions d un monde celui de la conception vers un autre celui de la r alisation Ce hiatus a beau tre dot de tous les dispositifs d accompagnement possibles il repr sente toujours une sorte de pari qui parfois devient une source de d ception Tel tait le cas de ces deux archi tectes et de leur d tail de raccord qui n a pas pu tre r alis conform ment leurs intentions Jusqu la r daction du cahier des charges le projet tenait bon M me l tape d licate de la tra 269 270 Section 3 Positions Les concepteurs embarqu s dans l conomie mat rielle duction de leurs dessins sous la forme textuelle du cahier des charges a t habilement n goci e C est plus tard qu un franchissement s est av r fatal pour le d tail du projet Pour l exprimer du point de vue du mat riau on pourrait dire que les architectes ont consi d r le b ton comme un simple interm diaire suppos v hiculer leurs intentions sans les transformer En manipulant le b ton dans tous ses tats b ton le croquis b ton le dessin b ton le d crit ils ont pens avoir affaire un mat riau extr mement bien format et assagi Manifestement le b ton a beau tre effectivement l un des mat riaux les plus format s il n est pas compl tement l abri de susciter encore de temps en temps quelques surprises Finalement le b ton et les acteurs charg s de le mettre en
328. hitecture How to Be Critical Footprint Delft School of Design Journal printemps 2009 n 4 pp 7 20 Doucet I et Cupers K Agency in Architecture Reframing Criticality in Theory and Practice Footprint Delft School of Design Journal printemps 2009 n 4 pp 1 6 147 Voir par exemple son article sur les cons quences de la panne d un ouvre porte automatique D objet technique qui s efface en temps normal il devient soudain le centre d une activit intense m lant troitement de nombreux registres de valeur Latour B Mixing Humans and Nonhumans Together The Sociology of a Door Closer 1988 Braham W W et Hale J A dir Rethinking Technology A Reader in Architectural Theory Oxon New York Routledge 2007 pp 308 324 La version originale de l article est parue sous le pseudonyme de Jim Johnson dans la revue Social Problems vol 35 n 3 juin 1988 p 298 310 148 Levinson M The box how the shipping container made the world smaller and the world economy bigger Princeton New Jersey tats Unis Princeton University Press 2008 149 Exactement dans le m me sens o l on utilise l expression gamme temp r e pour parler de la la gamme temp raments gaux et d signer ainsi l op ration historique qui a consist diviser l octave en douze intervalles chromatiques rigoureusement gaux une op ration qui a notamment eu pour effet de faciliter ensuite les transcriptions d un 123 124 Sectio
329. hniques et se donne des instruments d intervention mat riels C est donc plut t une approche ascendante du pouvoir qu il convie les chercheurs Dans ce cas il s agit d identifier les dispositifs et les agencements sp cifiques qui font que le pouvoir circule qu il s exerce en r seau et ventuellement qu il finisse par se cristalliser comme par s dimentation dans des formes id ologiques plus globales Pour le dire avec ses propres termes il sugg re de partir des m canismes infinit simaux lesquels ont leur propre histoire leur propre trajet et puis de voir comment ces m canismes de pouvoir ont t et sont investis colonis s utili s s infl chis transform s d plac s tendus etc par des m canismes de plus en plus g n raux et des formes de domination globale En refusant d aborder le pouvoir comme une force transcendantale mais en le traquant au contraire dans ses manifestations les plus immanentes dans ses agencements les plus concrets la proposition de Foucault fait directement cho aux vell it s de l ANT Dans son ouvrage mani feste sur la sociologie de la traduction Latour s oppose l usage que font certains sociologues critiques de la notion de pouvoir Pour ceux l le pouvoir devient un terme fourre tout qui leur 184 Foucault M Il faut d fendre la soci t Cours au Coll ge de France 1975 1976 Seuil 1997 185 Ibid p 25 186 Ibid 187 Ibid p 27 15
330. i attend avec impatience son exten sion et l architecte qui voudrait que ce projet avance bien avant l hiver pour ne pas devoir y in vestir trop de temps au printemps et certainement d autres acteurs encore la poutre n aurait ja mais pu arriver sur le chantier si elle n tait pas munie de ce cachet du certificat de conformit d livr par l organisme certifiant sous format papier ou sur son site internet et de la d claration de performance tablie par le fabricant Sans ces deux documents aucune chance pour la poutre de pouvoir circuler dans les r seaux de l conomie mat rielle europ enne ou du moins dans ses r seaux formels car en mati re de mat riaux comme pour tous les produits il existe bien s r des zones grises ou m me franchement noires sur lesquelles j aurai l occasion de revenir lt comit s de normalisation gt Mais pour construire quelque chose fut ce un projet aussi modeste qu une extension de mai son bruxelloise il faut bien s r plus de mat riaux que les seules poutres en bois cet gard le r glement europ en est clair il s applique tous les produits amen s tre mis en uvre dans des projets de construction Les principes g n raux qui s appliquaient la poutre en bois ob tention d un certificat de conformit contr le initial du produit et contr le continu de la pro duction en usine d claration des performances marquage CE etc s appliquent l ensemble des mat riaux a
331. i convient le mieux leur situation en effa Chapitre 4 L laboration des dispositifs m diateurs ant les autres solutions propos es Depuis les ann es 1960 il existe m me des programmes in formatiques qui impl mentent cette proc dure Au lendemain de la guerre en Belgique il n existait pas de version de cahier des charges types qui fasse l unanimit De tr s nombreux mod les circulaient parfois tr s diff rents les uns des autres Tout cela cr ait une certaine confusion dans le secteur de la construction La solution cette dispersion viendra d un op rateur de la politique belge en mati re de lo gement l Institut National du Logement En juin 1960 l une de ses commissions se r unit dans le but de r fl chir une fa on pratique d harmoniser les diff rentes sp cifications techniques auxquelles ses fonctionnaires se r f rent C est dans cette perspective que sont n es les pre mi res Sp cifications Techniques Unifi es reprises sous l acronyme STS Sp cifications Tech niques Technische Specificaties Il s agit de documents r dig s par des commissions d experts suppos s tre repr sentatifs des diff rentes facettes du secteur de la construction sous la super vision d un repr sentant de l Institut National du Logement Les sp cifications portent la fois sur une d finition des caract ristiques des mat riaux sur les proc dures d essais qui permettent d obtenir ces caract ristiques mais
332. i s tablissent entre ces trois livres ces travaux ont en commun d voquer la mont e en puissance d une s rie d universaux et de nouveaux cadres de r f rence suppos s permettre de comprendre les nouvelles pratiques du pouvoir et de la domination l heure de la globalisation Pourtant pour Tsing ces livres restent trop silencieux quant la fa on dont ces universaux globalis s prennent corps l chelle locale Et c est donc l entreprise dans laquelle elle se lance en creusant son terrain et en suivant jus qu au bout la piste des acteurs qu elle y croise Dans cette perspective la notion de friction lui permet d illustrer le fait que les universaux ne r ussissent jamais totalement tre partout les m mes Au contraire cette m taphore de la friction lui permet de produire un livre qui raconte comment des universaux s laborent dans des endroits et des moments donn s en l occurrence au milieu de la for t tropicale indon sienne la fin des ann es 1990 110 Hardt M et Negri N Empire traduit par Canal D A 2000 pour l d originale en anglais Paris 10 18 coll Faits et causes 2004 111 Appadurai A Apr s le colonialisme les cons quences culturelles de la globalisation traduit par Bouillot F 1996 pour l d originale en anglais Paris Payot 2005 112 Sassen S Globalization and its discontents essays on the new mobility of people and money New York New Press 1998 113 Ts
333. i transcende les pas sions particuli res Face ces postures Isabelle Stengers met en avant des situations plus r ussies dans lesquelles ce rapport privil gi des sciences aux questions d int r t collectif a t contest permettant d autres acteurs de poser d autres questions de faire passer ce qui compte pour eux Elle voque notamment le cas de la composition de jurys citoyens dans les affaires li es l implantation de cultures OGM en s emparant de cette question des citoyens l ont fait s chapper bien au del des murs du laboratoire et l ont amen e suivre une trajec toire qui n tait pas celle que le cours habituel du progr s avait anticip Ils sont parvenus faire compter d autres int r ts faire entendre d autres voix Le probl me a quitt les c nacles scientifiques pour devenir un sujet de concernement pour d autres personnes Ce cas de figure propre une situation bien sp cifique issu d un texte qui s adresse au champ des sciences et pas du tout celui de l conomie mat rielle pourrait malgr tout clairer ce qui est en jeu aupr s des promoteurs de mat riaux alternatifs Eux aussi d une certaine ma ni re se retrouvent dans des contextes o les exigences en vigueur font tout pour les exclure Eux aussi se retrouvent tenter de faire passer ce qui compte pour eux face des stakeholders peu enclins modifier leurs cadres de r f rences et adapter leurs ordres
334. iale part enti re est d abandonner toute r f rence la normativit pour se contenter d effectuer des descriptions de soci t s clairement situ es Elle plaide donc pour un 212 Heinich N Une ou plusieurs sociologies SociologieS 27 janvier 2012 175 176 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation franc d placement vers le Sud Est Elle rejoint en cela d autres plaidoyers tout aussi vifs comme celui du Bruno Latour de Changer la soci t refaire de la sociologie Heinich pr cise toutefois que se situer au Sud Est n emp che absolument pas d tudier des acteurs en train d noncer eux m mes des il faudrait tout comme d ailleurs Latour reste profond ment int ress par la fa on dont les collectifs parviennent s organiser pour cr er des mondes communs Pour Heinich les nonciations font partie int grante des exp riences et constituent donc des sujets d observation tout fait valables pour les sociologues de l h mi sph re Sud C est lorsque le chercheur nonce lui m me un il faudrait se situant ainsi dans la partie occidentale de la carte que son travail perd en pertinence scientifique Les acteurs eux font et disent bien s r ce qu ils souhaitent pour le plus grand int r t des chercheurs qui les observent Fort de cette distinction il semble assez clair que le pr sent travail se situe quelque part au sud de l quateur m me si sa longitude d
335. ialement les prescripteurs c est que les mat riaux soient format s et munis de dispositifs rendant leur prescription extr mement ais e J ai eu l occasion d illustrer ceci travers les cas de la pierre bleue belge et du z brano ces occasions j ai montr toute l importance d outils tels que les NIT et les STS les articles de cahier des charges mais aussi les chantillons les outils informatiques tels que les images de textures ou encore les catalogues Tous ces l ments sont bien le produit d une s rie de formatages op r s sur les mat riaux et sur leur d finition en vue de rendre ceux ci prescrip tibles manipulables et en quelque sorte habilit s circuler au sein de l conomie mat rielle auxquels s ajoutent bien s r les dispositifs plus strictement r glementaires voqu s dans les premiers chapitres d claration des performances cachet CE instructions lt investissements gt Tous ces dispositifs correspondent ce que Laurent Th venot appelle des investissements de forme c est dire des op rations de mise en forme dont le rendement est associ un accroissement futur de la stabilit d un assemblage Dans ce cas ci la mise en forme de ces dispositifs n est pas le fait des architectes dans leur pratique quotidienne Ils sont g n ralement mis au point je l ai montr par des groupes de travail sp cifiques qui en livrent des versions ex ploitables par les autres acteurs de l
336. iant de ce fait la relation entre les acteurs Dans ce cas la ruse consiste se baser sur le pouvoir performatif de la prescription par le cahier des charges pour performer d autres actions non pr vues dans les formes standards de cet instrument Dans la perspective d une pragmatique du lien d velopp e ici le cahier des charges peut donc devenir un dispositif producteur de nouveaux agencements impliquant d autres formes et d autres acteurs que ceux habituellement attendus Ils deviennent en quelque sorte ces fameux op rateurs de reconfiguration qui modifient les articulations de l conomie mat rielle Pour donner un exemple pr cis de ce type de ruse travers les failles ou les po tentialit s des dispositifs prescripteurs je pourrais parler d un cas particulier exp ri ment par l architecte li geois Alain Richard et son quipe dans le cadre d un projet de r novation d une cole secondaire Braine l Alleud De mani re g n rale leur atelier s attache impliquer un maximum les futurs usagers des projets qu ils con oivent Cette attention aux utilisateurs n est pas la seule pr occupation de l atelier mais elle occupe tout de m me une place impor tante dans leurs projets Il leur arrive d ailleurs r guli rement d exp rimenter divers dispositifs visant tablir des partenariats avec les acteurs concern s par les pro positions depuis de simples s ances d informations jusqu des proc d s plus in tensifs
337. iau s accompagne d un arsenal de recherches de tests et de contr les qui visent montrer que le mat riau en question convient bien l usage qu on veut en faire Il n est pas rare que ces activi t s modifient de fa on plus ou moins cons quente certaines d finition ou certaines r f rences Les recherches visant tudier les granulats de b ton ont par exemple t amen es red finir la fa on d valuer la granulom trie d un m lange en y int grant des l ments propres la compo sition des granulats concass s Ces op rations de promotion fixent de nouveaux standards d veloppent de nouvelles exigences placent des benchmarks qui d passent bien s r le seul mat riau concern Tous les mat riaux concurrents doivent en th orie int grer ces modifications On retrouve bien ici la notion d inertie des circuits les l ments qui finissent pas s actualiser par se cristalliser dans une forme donn e deviennent des jalons plus difficile n gocier que lorsqu ils n en taient qu un tat potentiel C est assez marquant dans le cas de mat riaux anciens tels que la terre paille D un usage tr s fr quent avant l industrialisation ils ont t remplac au fil des ann es par des mat riaux plus r cents issus de l industrie Ce faisant ces derniers ont fix de nouveaux standards de nou velles attentes de nouvelles exigences qui ont profond ment modifi l organisation des circuits de l conomi
338. icale des ci les gens toyens dans la prise en charge du monde v cu Tout comme d autres auteurs proches des cou rants de l cologie politique l image d Andr Gorz ce qui compte pour eux est la d fense d une sph re de socialisation v cue faite de formes de coop ration volontaire auto organis e 1 En ce sens toute pr tention l exclusivit des savoirs et des et d changes non marchands savoir faire s oppose ce droit qu ont les gens de se prendre en charge et de d terminer eux m mes leur environnement Pire chaque fois qu une entreprise ou un groupe professionnel cap turent des connaissances par l tablissement de brevets par la mise en place de dispositifs mo nopolistiques par l utilisation de technologies compliqu es dont eux seuls d tiennent les cl s etc cela ne fait que renforcer la domination de la rationalit conomique qui leur est propre au d triment du plus grand nombre et de l environnement Les perdants dans cette affaire ce sont donc tous les gens qui savaient comment r pondre leurs besoins comme se nourrir se d placer se soigner ou se loger et qui soudain se voient d poss d s de toutes ces connais sances ou de fa on plus pernicieuse du droit m me de les utiliser Les perdants ce sont aussi tous les tres qui se voient mobilis s contre leur gr dans ce projet sans avoir leur mot dire autrement dit tous les vivants toutes les ressources naturelles etc Corollaire
339. ie des sous sols de la Wallonie la pierre bleue de Belgique dite petit granit d ge g ologique tournaisien d signe la petite partie de ces bancs qui r pond aux besoins du secteur de la construction selon Chapitre 4 L laboration des dispositifs m diateurs les recherches effectu s par un consortium d acteurs suppos s tre repr sentatifs de l ensemble de ce secteur S il fallait le pr senter par un diagramme de Venn le mat riau pierre bleue de Belgique dite petit granit d ge g ologique tournaisien serait l un des l ments appartenant l ensemble plus vaste des pierres calcaires d origine crino dienne Il correspondrait tout simple ment cette partie des couches rocheuses qui peut tre exploit e par les acteurs du secteur de la construction lt aux marges de la d finition gt Quoique soigneusement construites les fronti res de ce sous ensemble ne sont pas absolu ment tanches Les documents de r f rence distinguent par exemple plusieurs classes d usages en fonction desquelles certaines caract ristiques des pierres peuvent ou non constituer des cri t res de refus Cela signifie que le sous ensemble des pierres aptes la construction comporte un nombre plus grand ou plus petit d l ments La NIT 220 par exemple effectue une distinc tion assez courante entre diff rentes cat gories de b timents Elle diff rencie les cat gories technique b timent courant et b timent exceptionnel
340. iens de citer partagent une certaine volont de transformation Ils partent du constat que les situations actuelles ne sont pas satisfaisantes pour une s rie d tres parce que ceux ci ne sont absolument pas pris en compte ou parce qu ils sont pris dans des rapports de domination destructeurs En ce sens ces deux voies cherchent articuler des propositions visant se rendre plus responsable dans nos relations avec ces tres C est autour de ce p le l que je vais trouver les ressources permettant d alimenter plus pr cis ment cette question de l engagement par la responsabilisation 8 Latour B Moderniser ou cologiser la recherche de la 7 cit cologie amp politique 1995 vol 13 pp 5 27 9 Hache et Collectif cologie politique Cosmos communaut s milieux ditions Amsterdam 2012 Hache Ce quoi nous tenons Propositions pour une cologie pragmatique Les Emp cheurs de penser en rond 2011 Hache Qu est ce qu une cologie politique de gauche cologie et capitalisme d cembre 2011 n 12 pp 61 70 10 Latour B Reassembling the Social An Introduction to Actor Network Theory Paperback 2005 pour l d originale Oxford University Press 2007 LAW J et HASSARD J Actor Network Theory and After Wiley Blackwell 1999 Callon M Some elements of a sociology of translation domestication of the scallops and the fishermen of St Brieux Bay Law J dir Power ac
341. ies non explici Chapitre 3 Quand les mat riaux nus s quipent tement formalis es qui reposent sur des notions difficilement quantifiables comme l exp rience ou le savoir faire le recours au r emploi semble plus ais lt caract ristiques embarqu es 3 tre descriptible gt Outre la question de la garantie il existe une autre limite la pr sence de mat riaux issus du secteur du r emploi dans des march s aux exigences formelles plus marqu es En plus de tous les dispositifs d j voqu s jusqu ici et auxquels certains acteurs du secteur du r emploi r pondent dans une certaine mesure pour qu un mat riau de construction aboutisse dans une construction il doit tre prescrit par un concepteur Il se dessine ici une nouvelle diff rence entre des projets relevant en tout ou en partie de l auto construction et des projets prenant place dans des contextes plus formels Dans le premier cas les constructeurs et les concepteurs sont souvent une seule et m me personne Ou alors ces deux postes travaillent avec une grande proximit En tout cas ils connaissent mutuellement les exigences propres aux diff rentes phases de l laboration d un projet Ces exigences ne doivent donc pas tre explicit es en long et en large Un auto constructeur qui visite le stock de Madame J n a pas besoin d un plan labor ou d un m tr pour savoir si oui ou non tel mat riau convient ce qu il envisage de faire Au contraire da
342. iff rentes Rien n oblige les parties prenantes se r f rer ces documents mais dans la plupart des cas leur existence est cens e faciliter grandement le travail de tout le monde Voil donc ce qu ont fait les comit s techniques charg s de mettre au point les versions suc cessives des STS et NIT ils ont transform un mat riau mat riel fait de crino des et de calcite en un mat riau beaucoup plus abstrait qui se manipule aussi bien dans les bureaux des concep teurs que sur les chantiers Tout comme obtenir un l ment de pierre bleue dans toute sa mat rialit demande un travail cons quent produire cette forme abstraite de mat riau demande aussi beaucoup d investissements Elle a effectivement n cessit de lourdes op rations il a fallu har moniser un vocabulaire faire le choix entre plusieurs m thodes de tests tudier la m canique des milieux continus anticiper des demandes futures pour de nouvelles caract ristiques 147 148 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation conna tre mettre les donn es jour proc der des tests sur des chantillons pr lev s au pr a lable prendre en compte les modifications qui s imposent s accorder sur une d finition qui em prunte autant la p trographie qu des dimensions plus op rationnelles etc Pas tonnant que des centres de recherches sp cialis s occupant de nombreux travailleurs sp cialis s aient t n cessaire
343. igences J ai m me indiqu des cas o ces acteurs parvenaient peser sur la mise au point des exigences elles m mes C tait le cas notamment des comit s de normalisation du bois auxquels parti cipent des producteurs concern s qui travaillent la d finition des crit res qui seront impos s leurs propres produits Dans ce qui suit je vais m int resser des situations quelque peu diff rentes Il s agira de suivre les trajectoires de certains mat riaux qui pour une s rie de raisons ne disposent pas tout fait des m mes moyens pour r pondre ou influencer les exigences pe sant sur les circuits de l conomie mat rielle 91 92 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle Je m int resserait en particulier aux mat riaux qui se lib rent des b timents auxquels ils avaient t incorpor s Dans certains cas qui constituent l exception plut t que la r gle ces ma t riaux sont r cup r s pour tre remis en uvre dans d autres projets Le travail sur les mat riaux de r emploi me permettra dans un premier temps d explorer d autres circuits de l conomie mat rielle Les trajectoires de tels mat riaux les m nent en effet quelque part aux franges des circuits les plus formels dans des zones o les dispositifs r gle mentaires p sent sensiblement moins lourds que dans le chapitre pr c dent Mais corollaire ment les nouveaux usages de ces mat riaux r cup r s sont e
344. illage lt harmoniser la terminologie gt La NIT 220 se montre galement particuli rement labor e dans la classification de toutes les particularit s de structure de la pierre bleue Comme tous les mat riaux extraits du sol les caract ristiques du petit granit d pendent de toutes sortes de facteurs li s l histoire g ologique du banc dont il est extrait Une tude de la coupe g ologique du banc exploit permet d antici per au moins dans les grandes lignes les parties qui seront utilisables des parties de moins bonne qualit qui seront g n ralement fournies l industrie cimenti re pour en faire du granu lat Chaque carri re d veloppe ce propos un vocabulaire tout fait sp cifique pour d signer ces couches Elles utilisent des d nominations tr s factuelles les couches du m tre 20 du m tre 40 ou du 3 m tres 10 d autres plus explicites quant la qualit de la pierre les couches mauvais mauvais 2 m tres bon 2 m tres m tre pincer etc et d autres encore plus po tiques les couches dites d lit la terre pas de loup cul du poupli premi re crasse grosse fine blanche tache ou encore noire lit e Cependant malgr une connaissance fine de ces coupes et des sp cificit s de chaque couche les caract ristiques d finitives d une pierre n apparaissent qu au moment o les gros blocs de pierre ont t ex
345. illeurs recours cet arti fice pour s assurer une plus grande pr visibilit dans leurs stocks Contrairement aux briques de r emploi dont l approvisionnement d pend de facteurs contingents tels que le rythme des d mo litions les briques artificiellement vieillies sont issues d un mode de production bien plus facile contr ler Il n est pas rare de rencontrer des revendeurs de mat riaux authentiquement vieux qui proposent aussi des l ments semblables mais dans une version artificiellement vieillie L importance du faux vieux dans le march de la construction est cons quente Il suffit de visiter un salon de la construction pour s en convaincre Le rustique l ancien et l us b n ficient d une appr ciation tr s positive en tout cas en mati re de briques la situation est sensiblement diff rente pour d autres mat riaux Je ne vais pas rentrer ici dans une enqu te approfondie sur cette question de l appr ciation Il y aurait l des pistes int ressantes investiguer avec les ap ports d une certaine sociologie du go t quelles techniques quels crit res utilisent les ven deurs et les amateurs de briques pour susciter des attachements vis vis de ce mat riau ou d autres mat riaux qu ils soient authentiquement anciens artificiellement vieillis ou au contraire qu ils jouent sur une glorification de la nouveaut Une telle recherche sort toutefois des limites du travail que je me suis propo
346. important la formulation des questions de cette recherche tient ma ren contre avec diverses r f rences th oriques Ces rencontres peuvent tre plac es dans un cadre conceptuel qui s tend entre trois p les largement interconnect s l cologie politique le f mi nisme et l ethnographie Dans la mesure o chacun de ces termes renvoie de tr s larges corpus et de nombreux auteurs il est n cessaire d claircir ici la fa on dont ces r flexions influencent la recherche et les auteurs qui y sont associ s 27 28 Introduction De fa on tr s r sum e ce qui relie ces trois courants c est probablement un int r t pour une s rie d tres qui peuplent nos collectifs et avec lesquels il s agit d apprendre composer et co habiter Chacun de ces p les partage avec les autres une s rie de pr occupations communes L cologie politique de Bruno Latour ou de Emilie Hache de m me que l ethnographie propo s e par la th orie de l acteur r seau ou des auteurs comme Anna Lowenhaupt Tsing cherchent des fa ons de repeupler les collectifs humains en mettant en vidence tous les tres qui participent leur composition Ces deux voies partagent entre elles une volont de mettre en place des dispositifs qui permettent de tracer les trajectoires et les fortunes critiques de tous ces tres y compris non humains Le f minisme d une auteure telle que Donna Haraway et l cologie politique des auteurs que je v
347. indiciaire serait tendanciellement celui des subalternes auxquels certains courants th oriques cherchent accorder une place dans des champs de connaissance dont ils sont tradi tionnellement exclus bien que Ginzburg lui m me n utilise pas ce terme cette intuition basse constitutive du savoir indiciaire est enracin e dans les sens tout en les d passant Elle est r pandue dans le monde entier elle n a pas de limites g ographiques historiques ethniques sexuelles ou de classes et elle est par cons quent tr s loign e de toute connaissance sup rieure privil ge d un petit nombre d lus Elle est le patrimoine des Bengalis expropri s de leur savoir par Sir William Herschel des chasseurs des ma rins des femmes Les mat riaux alternatifs pr sent s dans cette recherche ne sont pas sans lien avec tous ces aspects du paradigme indiciaire Ils jouent de la sp cificit beaucoup plus que de la g n ricit 253 Ibid 254 Ginzburg C Mythes embl mes traces op cit p 212 255 Pour un ouvrage de r f rence sur les subaltern studies cf Spivak G C Les subalternes peuvent elles parler traduit par Vidal J 1988 pour l d originale en anglais Paris ditions Amsterdam 2009 Pour une description de l mergence des subaltern studies dans le paysage intellectuel anglo saxon cf Cusset F French theory Foucault Derrida Deleuze amp Cie et les mutations de la vie in
348. ine surface de panneaux de z brano conform ment l offre de base et aux d tails du m tr lt prot ger microberlinia bisulcata gt galement appel zingana ou microberlinia bisulcata le z brano est un bois qui pousse principalement au Cameroun et au Gabon C est tr s vraisemblablement de ces for ts tropicales africaines que provient la mati re premi re utilis e dans la confection des placages des panneaux mis en uvre dans le magasin new yorkais Ces panneaux sont obtenus en collant entre elles plusieurs paisseurs de fines tranches de bois Si les couches int rieures peuvent tre constitu es de feuilles Chapitre 7 De maillon en maillon jusqu aux concepteurs d un bois de qualit moindre il est important pour des raisons d quilibre structurel du panneau que les deux faces ext rieures soient faites de la m me mati re Quelques semaines apr s l ouverture du magasin unanimement salu e par la presse sp cialis e la blogosph re bouillonne Les environnementalistes locaux d couvrent que le microberlinia bisulcata est repris sur la liste des esp ces prot g es comme une esp ce en danger critique d extinction Son exploitation en b nisterie et la d forestation li e l agriculture constituent des menaces majeures pour sa survie Dans ces circonstances pour les d fenseurs de la nature utiliser ce bois pour couvrir tous les planchers d un magasin de luxe constitue une provocation a
349. ing A L Friction an ethnography of global connection op cit p 10 114 Ibid 89 90 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle Pour Tsing cette mani re de donner corps une notion aussi vaste et g n rale que globali sation n est pas seulement une fa on de donner de nouvelles perspectives la discipline an thropologique C est aussi et principalement une mani re de faire prise de se donner les moyens d agir sur des processus qui autrement pourraient tout simplement chapper la com pr hension et partant l action Comme le dit Tsing Une attention aux frictions et aux articulations contingentes peut nous aider d crire l efficacit et la fragilit des formes capitalistes et globalistes mergentes Dans ces d calages h t rog nes il y a de nouvelles sources d es poir et bien s r de nouveaux cauchemars En ce sens l tude pr cise des trajectoires des mat riaux de construction aide montrer o il y a friction o les choses grincent frottent couinent Les cas de figure du ciment de la poutre en bois et des granulats de b ton concass s mettent aussi cela en vidence la somme de toutes les exigences auxquelles doivent r pondre les mat riaux a tendance favoriser un certain type de mat riau Le profil qui se d gage est celui d un mat riau industriel produit en s rie aux ca ract ristiques tablies par des centres de recherc
350. ion d assumer une posture critique et normative mais celle ci est envisag e selon un versant plus propositionnel et attentif relayer des r ussites plut t que strictement d nonciateur ou d mysti ficateur ce qui est th matis ici comme un versant subjonctif de la critique Le chapitre 5 s ach ve avec une tentative de caract riser le r gime normatif dominant de l conomie mat rielle en mettant l accent sur sa propension rendre g n rique le singulier Le versant plus propositionnel de la recherche commence prendre forme d s le chapitre suivant Chapitre 6 M nager des marges de man uvre Face cette tendance harmoniser des situations sp cifiques et situ es ce chapitre explore des voies possibles de r sistance Il s inspire de certaines postures des hackeurs informatiques pour imaginer des reconfigurations possibles dans l conomie mat rielle dans la partie Des hackeurs tacticiens un d tour par les principes de l open source Il tente ensuite de donner corps cette hypoth se en la traduisant dans un cas bien particulier celui des contraintes juridiques dans la partie N gocier les dimensions 31 32 Introduction r glementaires r gles de l art vs normes techniques Cette partie du chapitre explore l id e selon laquelle le recours la notion de r gles de l art est susceptible d ouvrir des espaces de n gociation et des marges de man uvre que le recours croissant aux normes te
351. ion un plus grand soin une plus grande res ponsabilit dans ces assemblages composites Le caract re hybride de ces assemblages oblige toutefois repenser quelque peu la notion de responsabilit La cat gorie finalement tr s moderne elle aussi de la responsabilit m rite d tre questionn e l aune de ce d passement pist mologique nature culture De fait la res ponsabilit dans sa version moderne envisage des personnes susceptibles de r pondre de leurs 410 Au sujet du d passement de cette s paration cf le paragraphe Peupler Tracer p 42 411 Sur l imbrication de ces v g taux et de l industrie cimenti re cf le paragraphe Les acteurs de l industrie cimenti re p 37 412 Hache Ce quoi nous tenons op cit p 19 413 Sur le d veloppement de cette orientation sp culative de l attitude critique cf le paragraphe Un point d inflexion du travail p 175 289 290 Conclusion La responsabilit l aune du d passement nature culture actes parce qu il est possible d en conna tre les cons quences Le cadre d interpr tation de l ac tion par la responsabilit fonctionne aussi longtemps qu il est possible de mesurer les effets d un acte Tout part de cette mesure Elle d termine la fois o sont les torts et jusqu quel point l auteur de l acte peut tre tenu responsable de ce qu il a fait Elle permet aussi de calculer d ventuelles compensations Dans le cha
352. ion de performances documentation technique informations et instructions label CE etc La question devient alors la suivante ces caract ristiques et ces dispositifs moins formalis s sont ils suffisants pour permettre aux mat riaux qui en sont quip s de circuler aupr s des ac teurs les plus exigeants de l conomie mat rielle La r ponse m rite d tre nuanc e Dans la plupart des cas elle est n gative de telles caract ristiques ne rentrent pas dans les exigences r glementaires de l conomie mat rielle Le paragraphe sur les d rogations du r glement n 305 2011 la page 98 discutait la possibilit d interpr ter ces articles en faveur de mat riaux quip s diff remment La conclusion semble tre que des produits tels que des mat riaux de se conde main ne rentrent pas dans le cadre de ces d rogations Pourtant un examen plus attentif 127 128 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle des activit s de certains acteurs de secteur du r emploi montre des processus au cours desquels des mat riaux sont quip s de caract ristiques et de dispositifs leur assurant une plus large cir culation Dans ce contexte quiper les mat riaux revient travailler activement sur les dispositifs m diateurs dont ils sont munis Dans le diagramme ci dessous on voit une palette de briques neuves qui dispose d une s rie de dispositifs tels qu une d claration de performances de la do c
353. ion en y ajoutant une partie de son propre site inutilis e depuis plu sieurs ann es Ces op rations ont permis de restaurer des pelouses s ches no tamment gr ce la r introduction de troupeaux de moutons Une faune et une flore rares typiques des pelouses calcaires comme l h lianth me des Apennins le c t rach des massifs de buis des fr nes des rables l pine vinette le cornouiller m le ou encore la viorne mancienne ont ainsi vu leur territoire prot g Ces op rations largement diffus es par la presse et par les services de commu nication de l entreprise s inscrivent dans une dynamique g n rale du secteur de l industrie extractive Celle ci s est lanc dans une campagne visant r duire ou compenser les nuisances li es l exploitation des carri res une activit tradition nellement d cri e pour les bruits les vibrations les poussi res et le trafic routier qu elle occasionne Sur les 115 hectares restant la carri re de Leffe continue produire pr s de 550 000 tonnes de concass s calcaires par an Ces produits sont essentiellement utilis s dans la production du ciment et des b tons pr ts l emploi deux activit s 14 http mineralsday eu sites mineralsday eu files Holcim_Granulats_Belgique__ sheep_re introduction_ pdf 15 ATECMA S L et Ecosystems LTD L extraction des min raux non nerg tiques et Natura 2000 Document d orientation Luxembourg Union europ enne 2011 p 13
354. ions Parenth ses 2005 Forty A Concrete and culture a material history London Reaktion 2012 Chapitre 1 Immersion dans les circuits de l conomie mat rielle tions de beaucoup d acteurs tr s diff rents Sans le vouloir et parfois m me sans s en rendre compte ils voient tout d un coup leur propre position li e toutes ces dimensions La fa on dont ces exp riences sont relat es la fa on dont tous ces acteurs sont mis en sc ne influence di rectement la fa on de se responsabiliser face de tels enjeux Les acteurs de l industrie cimenti re lt biodiversit gt Mai 2009 l une des plus grosses entreprises de ciment au monde organise une journ e porte ouverte dans l un de ses sites belges la carri re de Leffe L objectif de la journ e Pr senter au grand public les efforts entrepris par la soci t pour pr server la biodiversit Depuis quelques ann es 35 hectares parmi les 150 hec tares du site de la carri re ont en effet t confi s l organisation de protection de la nature Natagora Sous l impulsion de subsides europ ens pour la pr servation de la biodiversit le programme LIFE cette organisation met en place des pro grammes de pr servation et de restauration des milieux naturels large chelle Alors qu une r serve naturelle situ e non loin de la carri re est devenue une zone prot f e Natura 2000 en 2005 la soci t cimenti re a propos d tendre cette zone de protect
355. iori pas lui m me au contr le de la qualit des pro duits son r le consiste plut t v rifier que le producteur a bel et bien mis en place un syst me adapt de contr le des performances La validation de ce syst me de contr le par l organisme notifi garantit par extension la validit des d clarations des performances La conformit se d finit ici encore une fois en regard d une s rie de normes adopt es l chelle europ enne et en cadrant tr s pr cis ment tous ces aspects et les diff rentes proc dures de contr le Cela n em p che pas que par ailleurs les organismes notifi s puissent proposer leurs services aux entre prises de leur secteur pour les aider mettre en place des proc dures de certification C est un autre pan de leur mission Selon l usage pr vu pour les produits les performances attendues sont plus ou moins strictes Pour des produits qui ne jouent pas un r le structurel dans le b timent il n est pas n cessaire de proc der des contr les trop pointus En revanche pour un l ment tel qu une poutre de bois amen e assurer un r le essentiel pour l int grit structurelle d un difice les contr les sont plus rigoureux Pour les cas les plus critiques le contr le doit tre assur enti rement par les or ganismes notifi s Le contr le porte sur plusieurs aspects du processus de production Il s agit tout d abord de s assurer que le produit de base manufactur dans une
356. ique objectivante qui est de mise Plus rares sont les dispositifs par lesquels pourrait se d ployer un versant plus subjectivant de la responsabilit et de fait cette derni re pose un cer tain nombre de questions comme celle assez d licate de savoir qui peut faire parler le z brano et comment Si les principes auxquels en appellent les cologistes new yorkais dans leur campagne de communication ne reposent pas sur des r glements juridiques et des lois cela ne les emp che pas de traiter de l affaire de ce sol en z brano dans la rubrique Capital Crime de l Indypendant l organe de presse des journalistes ind pendants de la section new yorkaise de l organisation in 317 dymedia En arri re plan de cette accusation se trouve l id e selon laquelle des acteurs suscep tibles de produire des actions cons quentes sur le monde devraient tre oblig s d en assumer toutes les cons quences C est une accusation finalement assez classique Elle est notamment au centre de la critique marxiste l gard de la logique pr datrice de la marchandise et de son in capacit prendre en compte des aspects qui ne rel vent pas directement d une logique de pro fit Marx formule ce point avec une formule choc dont il a le secret 317 Bolcer J Prada s new cut Rainforest stripped for Soho showcase op cit Chapitre 7 De maillon en maillon jusqu aux concepteurs le capital qui a de si bonnes raisons
357. ique d assem blages dont la nature serait pr suppos e et connue d avance Ce faisant l ANT se pr sente ga lement comme une tape n cessaire dans une r flexion sur la composition d un monde collectif Si elle se montre si d fiante vis vis de la sociologie du social en g n ral et de la sociologie critique en particulier ce n est pas parce que ces derni res d clarent vouloir tre politiquement pertinentes mais plut t parce que selon les tenants de l ANT ces sociologies s av rent ne pas tre correctement outill es pour s attaquer une s rie d incertitudes par cons quent leur vo lont d tre politique ne peut qu tre vou e l chec C est un point que Latour aborde dans un ouvrage manifeste en faveur de la th orie de l acteur r seau il y reproche la sociologie cri 37 Latour B Changer de soci t refaire de la sociologie 2005 pour l d originale en anglais 2006 pour l d originale en fran ais ditions La D couverte 2007 p 191 38 Callon M Some elements of a sociology of translation domestication of the scallops and the fishermen of St Brieux Bay op cit 39 Il s agit du livre intitul Changer de soci t refaire de la sociologie Le titre de l dition anglaise est peut tre plus explicite sur ce caract re manifeste Reassembling the Social 45 46 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle tique de s tre obstin e dire que le
358. ir es f r ratsam nachstehend sine Liste der Namen zu geben die als A B C der Bauindustrie angesehen werden kann in Bezug auf Petit Granit OnmOowx T Q 270vLOZ2Er zx N Die S A Carri res du Hainaut 43 zuf hren Randstein f r Gehsteige Gehsteigbelag Garageneingangsschwelle Vorgarteneingangsschwelle Vorgartenpfosten ussere Gartenrandsteine Abdeckplatten f r Vorgar teneinfriedigung Gespaltete Bossensteine Cleave Face Innere Gartenrandsteine Unregelmassiger Bodenbe lag in opus incertum Eingangsstufen Eingangspfosten Garagenplosten Eingangsoberschwelle Garagenoberschwelle Bandgesims Verkleidungen Aussenfensterb nke Fensterumrahmungen Pfosten und Oberschwelle Balkongesims Balkonsockel Balkonabdecksteine Zwischenst ck Bandgesims Manuell bearbeitete Bos sensteine Abdecksteine mit Gef lle produziert j hrlich ungef hr 2 500 cbm Fertigarbeit bereit zum Verlegen Ihre Produktions kapazit t erm glicht es ihr alleine jeden Auftrag ganz gleich welchen Umfanges zu den g nstigsten Preisen und bei einem usserst kurzen Liefertermin in hervorragender Qualit t aus Illustration XX d nomination des diff rents types de pierre Cette image extraite d un catalogue publicitaire pour les Carri res du Hainaut montre les diff rents usages possibles pour de la pierre bleue chaque l ment correspond des sollicitations sp cifiques et par cons quent
359. issent imposer leurs vues tous les autres Il s agit bien l d une lutte typiquement f ministe une lutte en affinit profonde avec ce pour quoi des femmes ont lutt et luttent toujours une lutte pour que nulle position ne puisse d finir comme l gi time la mise sous silence d autres qui sont cens es ne pas compter Mais aussi 185 186 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation une lutte o l humour le rire la d rision envers le pouvoir des id aux abstraits sont cruciaux Ce type de lutte n est pas l exclusivit du f minisme C est au contraire une position qui cr e des affinit s profondes avec toutes les situations o s impose une forme ou une autre de mise sous silence C est pourquoi elle tisse des affinit s profondes avec l cologie politique qui lutte pour faire entendre la voix des vivants non humains suppos s ne pas compter avec l anti racisme qui lutte pour faire entendre la voix des personnes de couleur avec le socialisme qui lutte pour faire entendre la voix des classes opprim es ou encore avec les citoyens qui face la science cherchent faire entendre leurs pr occupations Les travaux de Stengers se situent pr cis ment la crois e de ces diff rentes luttes Dans plusieurs de ses textes elle aborde plus sp cifiquement la question des sciences et de leur pr tention occuper une position cruciale celle de servir un int r t qu
360. istinctes Jean Louis Genard propose d en ajouter une troisi me la critique qui renverrait quant elle des accen tuations plus normatives Pour effectuer ces distinction il propose d en passer par les substrats linguistiques qui sous tendent ces trois orientations En rebondissant sur les travaux de Karl Ot 218 gt to Apel ou de Ernst Cassirer ce propos il montre que ces orientations pist mologiques 215 Strathern M Partial Connections 1991 pour l d originale Rowman amp Littlefield Publishers Inc 2004 p 7 216 Haraway D Savoirs situ s la question de la science dans le f minisme et le privil ge de la perspective partielle 1988 Allard L Gardey D et Magnan N dir Manifeste Cyborg et autre essais Sciences Fictions F minismes traduit par Petit D et Magnan N Paris Exils diteur 2007 pp 107 142 Haraway D Savoirs situ s la question de la science dans le f minisme et le privil ge de la perspective partielle 1988 Des singes des cyborgs et des femmes La r invention de la nature op cit 217 Genard J L Expliquer comprendre critiquer SociologieS 6 juillet 2011 coll Exp riences de recherche 218 Cf en particulier Cassirer E La philosophie des formes symboliques Le langage traduit par Hansen Love O et Lacoste J 1923 pour l d originale en allemand 1972 pour la premi re traduction fran aise Paris Les ditions de Minuit coll
361. it cho aux principaux moteurs de cette recherche Dans le cas pr sent il s agit galement de peupler une pratique la construction d un projet d architecture en mettant en vidence les entit s qui y sont impliqu es Les entit s qui seront centrales ici sont les mat riaux de construction et tous les dispositifs qui les accompagnent pour assurer leur diffusion leur commercialisation leur normalisation ou encore leur mise en uvre De mani re g n rale la recherche s int resse la fa on dont les mat riaux sont produits et circulent mais aussi aux int r ts qu ils v hiculent Il s agit de se demander comment ces int r ts peuvent cohabiter s ils sont compatibles avec d autres ou non Partant de l il est aussi question d explorer de potentielles pistes de reconfiguration au sein de ces assemblages En ce sens la question de la responsabilit est au centre des pr occupations comment les architectes peuvent ils se rendre plus responsable vis vis des mat riaux de construction De quel type de respon sabilit s agit il pr cis ment Et comment tisser de nouveaux circuits de nouvelles articula tions de nouvelles affinit s avec ces entit s Enfin ce corpus offre aussi de ressources m thodologiques pour produire des comptes ren dus et des r cits sur ces tres mis en sc ne dans les pages de la pr sente recherche Pour tracer les trajectoires des mat riaux au sein de l conomie mat rielle mais aussi pour t
362. it cette prise de responsabilit pour le moins compliqu e En d finitive ce projet a t l occasion de se rendre compte d un fait important qualit s techniques gales et m me parfaitement remis en tat les mat riaux de r emploi soul vent une s rie de questions et posent une s rie de contraintes que les mat riaux neufs semblent viter Comme si du fait d avoir v cu une premi re vie ces mat riaux avaient perdus une s rie de ca ract ristiques qui seraient par contre pr sentes au moment de la vente d un mat riau neuf Quelles seraient alors ces caract ristiques Sur base du cas de figure voqu ci dessus il est possible d en dresser une rapide liste Les mat riaux neufs sont disponibles et pr visibles dans le temps Un magasin de mat riau poss de un catalogue pr cis et r guli rement mis jour Du fait de leur standardisation ils sont facilement descriptibles dans le langage d un cahier des charges D ailleurs les fabricants sont oblig s de fournir une notice d crivant les caract ristiques de leur produit Les mat riaux neufs disposent aussi g n ralement d une haute cr dibilit en mati re d appr ciation esth tique ou hy gi nique Celle ci tient en partie aux nombreuses publicit s accompagnant les mat riaux et jouant sur ces registres La narrativit dont ils sont porteurs est parfaitement contr l e par les fabricants alors que pour des mat riaux us s l apparence tend porter les traces
363. it se compose d une cinquantaine de pages tap es la machine crire et comportant de nombreux tableaux et sch mas de d tails techniques Dans les toutes premi res pages on peut lire la composition du groupe de travail ayant pr sid son laboration Celui ci illustre bien la diversit des acteurs concern s puisqu on y retrouve aussi bien des repr sentants de quelques grosses institutions comme la Soci t nationale des chemins de fer belges SNCB ou la Soci t nationale du logement SNL que des organismes techniques tels que l Institut belge de la normalisation IBN ou le Centre scientifique et technique de la construction CSTC On y trouve aussi beaucoup de repr sentants de f d rations petites et grandes dont la F d ration de l industrie du b ton Fe Be la F d ration belge des entrepreneurs carreleurs et mosa stes Fecamo l Union belge de la pierre blanche la F d ration de l industrie du Petit Granit l Union des carri res et scieries de marbres de Belgique l Union professionnelle des car ri res et scierie de marbre D vonien moyen ou encore la F d ration des architectes de Belgique FAB La liste est compl t e par une s rie d entreprises du secteur de la construction g n rale ment organis es en soci t s anonymes ou en soci t s priv es responsabilit limit e Le corps du document d taille plusieurs techniques courantes pour le parach vement des sols Le premier chapitre reprend
364. its de fa on exponentielle puisque chaque pierre exceptionnelle en tra ne de facto la production de pierres non exceptionnelles Les producteurs de pierre par viennent g n ralement trouver des niches de march pour couler malgr tout ces l ments comme ces dalles ab m es lors de la production qui sont commercialis es sous la d nomination dalles patrimoines une cat gorie plut t luxueuse qui joue sur toutes ces petites alt rations pour associer le produit des l ments anciens et patin s Cela n emp che que malgr la facili t de l invocation les concepteurs gagnent se montrer prudent lors de cette op ration Si un ar chitecte invoque trop rapidement la NIT 220 sans pr ciser la cat gorie de pierre qu il souhaite voire mise en uvre l entrepreneur pourrait consid rer que la qualit exceptionnelle s impose par d faut avec les cons quences voqu es ci dessus Le cas de la pierre bleue montre assez clairement qu une multitude d acteurs ont t peu peu enr l s dans les processus d laboration de dispositifs d articulations Les producteurs seuls au tout d but puis peu peu des regroupements d int r ts tels que des f d rations se sont mis en place En parall le des centres de recherche nouvellement apparus tels le CSTC ou des ad Chapitre 4 L laboration des dispositifs m diateurs ministrations gouvernementales fortes telles l Institut National du Logement ont e
365. ivant dans des logiques de r seaux comme cette tentative des acteurs promoteurs de la terre paille de don ner forme des organismes f d rateurs autour de ce mat riau Si les instances tierces qui for matent les dispositifs d articulation de l conomie mat rielle se trouvent dans une logique de strat ges pour rependre le vocabulaire de Michel de Certeau les pratiques de hacking ou la pro motion de mat riaux alternatifs engagent quant elles des arts de faire qui se rapprochent davantage de la logique des facticiens Alors que les premiers caract risent des sujets forts capables de produire d imposer et de d finir des espaces les seconds caract risent des sujets plus faibles mais qui parviennent n anmoins subvertir par de petites actions les r gles do minantes Un autre point commun qui rapproche les pratiques de l open source et la promotion de ma t riaux alternatifs c est leur n cessit de se m nager des marges de man uvre dans un contexte r glementaire qui leur est plut t hostile En ce qui concerne le monde de l open source cet argu ment est d velopp par Lawrence Lessig dans un ouvrage sur la free culture Il y montre que les nouveaux modes de transport de l information impliquent de nouvelles formes de propri t notamment intellectuelle mais que celles ci sont largement entrav es par des r glementa tions soutenues par de gros lobbys corporatistes qui tirent leu
366. ive de telles exp rimentations peuvent aussi servir d autres acteurs confron t s des situations sensiblement similaires Cependant si la ruse et les tactiques de fricksters permettent des reconfigurations locales dans des contextes fort contraints ne serait il pas pos sible d agir sur le contexte lui m me de fa on le rendre plus perm able ce type de pos tures C est cette question qu examine la prochaine piste de r flexion lt 4 me piste reproduire des r ussites locales gt Lorsqu un concepteur investit les failles d un dispositif prescriptif existant pour d ployer de nouveaux assemblages dans l conomie mat rielle il travaille quelque part avec ce qui est dispo nible Dans le cas de figure pr c dent l quipe d Alain Richard s est bas e sur un cahier des charges standard Les concepteurs l ont adapt ponctuellement leurs besoins en modifiant cer tains postes bien pr cis En parlant des r gles de l art j ai voqu le cas de concepteurs qui se Chapitre 9 Vers des prescriptions plus soign es passent tout simplement d un tel dispositif Ceux l d ploient leurs relations d autres acteurs 3 Une troisi me attitude dans des plans moins formalis s que les dispositifs prescriptifs usuels pourrait consister travailler plus en amont sur les dispositifs g n riques de fa on leur faire produire de nouveaux effets C est un cas de figure que j ai d j partiellement voqu dans la pre
367. k end ou d un jour f ri L encadrement des personnes est charge du ma tre d ouvrage Le prix reprend l ensemble des op rations relatives un jour d ouverture au public 396 Ghyoot M Entre conviction et n gociation entretien avec Alain Richard op cit p 60 61 397 Ibid p 58 Chapitre 9 Vers des prescriptions plus soign es trouver un nouvel usage dans le b timent r nov En particulier un grand nombre de cloisons int rieures ont pu tre d mont es stock es provisoirement et remon t es dans le nouveau projet Cette r ussite pour les concepteurs est le r sultat d un gros travail de n gociation avec l entrepreneur qu il a fallu convaincre de l int r t de cette d cision L argument conomique a bien s r jou un r le important dans ces tractations le co t du d montage et du remontage s est av r beaucoup moins le v que le prix pour des cloisons neuves mais celles ci n auraient sans doute jamais abouti si elles n avaient pas t soutenues galement par un travail sur les outils de communication technique Nous avons effectu un relev tr s pr cis pour comprendre l agence ment et le fonctionnement des pi ces de liaisons qui formaient le rac cord la structure Cette observation a permis de r diger un poste du cahier des charges qui expliquait de fa on extr mement d taill e com ment proc der pour d manteler stocker et remonter ces cloisons En soi le fait que
368. l tures m taphysiques de l identit L o aupara vant le projet critique se basait sur une vision identitaire de la subjectivit par exemple le prol taire ou le domin le cyborg en appelle une approche plut t bas e sur les affini t s les connexions les agencements Et c est dans cette approche faite de connexions partielles et partiales que la notion de responsabilit joue un r le si important chez Haraway D s le mo ment o le projet politique critique et transformateur se construit sur des agencements et des al liances toujours situ s avec des dispositifs toujours sp cifiques la dimension morale du projet en 306 Haraway D Politique sexuelle d un mot l entr e genre dans un dictionnaire marxiste Des singes des cyborgs et des femmes La r invention de la nature traduit par Bonis O 1991 pour l d originale en Anglais Paris ditions Jacqueline Chambon 2009 p 241 307 Ibid 223 224 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation passe par une attention accrue ces effets de connexion Plus exactement on pourrait dire que la dimension morale du projet passe par une certaine forme de responsabilisation vis vis de la fa on qu ont les acteurs de s investir dans ces connexions litt ralement d en r pondre En somme en plus des figures du hackeur et du tacticien d j voqu es ci dessus le person nage complexe et difficile
369. l faut tout de m me achever l histoire de ce petit projet d am nagement urbain Qu est il arriv l id e d utiliser des mat riaux de r emploi Finalement tout s est r solu plus plus facilement que pr vu quoique d une fa on totalement impr vue Face aux multiples difficult s pour faire mettre en uvre des mat riaux de seconde main les architectes en charge du projet conseill s par Rotor ont fini par indiquer Introduction dans le cahier des charges que ce type de mat riau tait privil gier Les entrepre neurs n taient pas oblig s de les utiliser mais il tait annonc que ce facteur un parmi de nombreux autres rentrerait en compte lors du choix de l attribution des travaux par la commune Face aux difficult s de g rer ces mat riaux il semblait in utilement compliqu et pr matur d imposer l usage de mat riaux de r emploi Ce qui semblait pertinent ce stade tait de favoriser leur usage Cette strat gie sem blait le meilleur compromis face aux difficult s rencontr es De leur c t les architectes avaient dessin les am nagements de telle sorte qu ils puissent tre r alis s indiff remment avec des mat riaux neufs ou de r em ploi La forme des am nagements tait suffisamment ouverte pour s adapter aux l ments qui seraient finalement trouv s De m me le ma tre de l ouvrage avait t sensibilis cette question et tait suppos ne pas s effrayer de voir soudain arriver des mat
370. lation sugg re la d finition m me des r gles de l art qui inclut une r f rence aux normes et aux re commandations techniques Dans ce cas leur violation entra nera une mise en cause de la responsabilit du profes sionnel fautif Cette assimilation des normes techniques aux r gles de l art a pour cons quence de rendre de facto obligatoires lesdites normes m me si le texte l gal donne une premi re lecture l impression contraire Par ailleurs en y regardant de plus pr s il semble que les normes et les r gles de l art ne s opposent pas frontalement Ce ne sont pas des voies exclusives Au contraire elles s in fluencent mutuellement La mise au point d une norme se base toujours sur un tat des lieux des pratiques les plus courantes Les normes sont une sorte de cristallisation formelle des pratiques habituelles autrement dit des r gles de l art implicites Dans leur laboration m me elles font intervenir des acteurs de terrain poss dant des connaissances et des savoir faire propres aux pra tiques en voie de normalisation R ciproquement prises dans leur ensemble les normes de viennent des jalons pour ces fameuses donn es contemporaines acquises de la science que mentionne la d finition des r gles de l art D s le moment o la connaissance est formalis e dis ponible et m me diffus e elle devient presque immanquablement une nouvelle ressource m me de donner consistance la notion de r
371. lations migrantes dans la banlieue parisienne il a t amen consid rer d autres pratiques th rapeutiques que celles apprises lors de sa formation En fai sant le choix de ne pas aborder ces pratiques traditionnelles sous l angle pr dateur d une opposi tion entre science et superstition qui aurait t t fait de disqualifier toutes ces approches et de compl tement passer c t de ce qu elles produisent effectivement mais en s int ressant plut t aux techniques mises en place et leurs effets il peut mesurer leur efficacit en mati re de gu rison Il constate notamment que les multiples modes d adresse aux tre invisibles sont au tant de m thodes plut t habiles pour reconnecter les malades une multitude d univers l o les pratiques th rapeutiques occidentales tendent l inverse les isoler de plus en plus dans leurs pathologies Il est tentant d essayer un geste semblable en ce qui concerne l invocation des l ments beau coup plus terre terre de l conomie mat rielle Apr s tout si les concepteurs ont si souvent t compar s aux m decins peut tre n est il pas si absurde de prendre au s rieux ce parall le entre 374 Latour B Enqu tes sur les modes d existence op cit p 189 190 375 Nathan T et Stengers I M decins et sorciers 1995 pour l d originale Paris Les emp cheurs de penser en rond 2004 p 20 376 James W Le pragmatisme Un nouveau nom pour d ancien
372. le manifeste cyborg qui a rendu Haraway c l bre comporte bien dans son titre f minisme socialiste la fin du XX si cle Dans son travail autour de l entr e genre pour un dictionnaire marxiste Haraway entreprend une relecture de la th orie critique d un point de vue f ministe Partant de Marx et de Engels elle inscrit son propre travail et celui d au teurs proches dans la lign e de ce projet tout en soulignant la n cessit qui a merg pour elle et pour d autres f ministes de th oriser l mergence et les limitations des nouvelles formes de subjectivit politique pour d velopper une politique engag e positionn e d barrass e des cl tures m taphysiques de l identit Malgr des prises de distance vis vis de certains aspects des mouvements marxistes Haraway s inscrit assez clairement dans l h ritage de ce projet cri tique Le manifeste cyborg serait une sorte de version contemporaine du manifeste communiste revu la hauteur des changements qui ont touch l organisation du travail et du capital eux m mes Son enjeu est crit elle d examiner la possibilit d une politique f ministe marxiste prenant en compte les positionnements des femmes dans les syst mes multinationaux sociaux culturels et techniques relay s par la science et la technologie En l occurrence c est la figure du cyborg qui incarne l mergence de cette nouvelle forme de subjectivit politique d barrass e des c
373. lement dans certaines propositions formul es par les sciences Je l ai voqu en m appuyant sur les travaux de Jean Louis Genard ce sujet En offrant des cadres d interpr tation de l action passablement d terministes certaines branches des sciences d nient la responsabilit individuelle aux acteurs qu elles examinent Cette notion se dissout dans une s rie de d terminismes aux vertus explicatives On retrouve l aussi une tendance propre l pist mologie des sciences modernes qui dans leurs manifesta tions les plus extr mes ont impos leurs ordres de grandeur de nombreux autres domaines re levant pourtant d un tout autre type d exp rience y compris dans l exp rience m me de faire de la science Si le registre explicatif trouve sa place dans le cadre des pratiques scientifiques 414 Arendt H Eichmann J rusalem Rapport sur la banalit du mal op cit p 497 415 Horkheimer M et Adorno T W La dialectique de la raison traduit par Kaufholz 1944 pour l d originale en allemand Paris Gallimard 1983 416 Arendt H Eichmann J rusalem Rapport sur la banalit du mal op cit p 498 417 Latour B Nous n avons jamais t modernes op cit Toulmin S E Cosmopolis op cit Stengers I L invention des sciences modernes 1993 pour l d originale Paris Flammarion coll Champs n 308 1998 Stengers I Cosmopolitiques 1 La guerre des sciences L invention de la m canique
374. lement travers e de contradictions et d imperfections Ce n est pas un mod le parfait sur lequel se calquer et dont on peut attendre des solutions concr tes transposables dans des routines et des protocoles g n riques C est d ailleurs une figure qui se m fie du g n rique elle lui pr f re la complexit la richesse et le caract re unique de chaque situation Cette figure est une propo sition une sp culation une sorte de Frankenstein constitu e par les alliances qu elle a pass e avec tous les acteurs en route vers une transformation plus ou moins radicale des circuits de l conomie mat rielle et dont l espoir secret est de trouver un moyen d honorer ces alliances Le concepteur responsable dont il est question ici est tout d abord un personnage particuli rement sensible et attentif tous les dispositifs auxquels il se relie Il investigue et explore active ment les r seaux dans lesquels circulent les entit s auxquelles il se connecte tout au long de ses actions Cela n implique pas n cessairement de brouiller toutes les fronti res disciplinaires et professionnelles dans un vaste continuum indiff renci mais cela implique de franchir r guli rement ces fronti res de s aventurer dans d autres domaines Ainsi la figure du prescripteur qui arr te sa mission la production d un set d instructions qui seront ensuite ex cut es par d autres risque bien de s av rer incapable de r pondre l appel responsabilisant for
375. lementaires visant supprimer les entraves techniques aux changes dans le domaine des produits de construction afin de favoriser leur libre circulation dans le march int rieur Ce qui se lit ici est un exemple de collusion assez fr quente entre les int r ts de la cit industrielle l efficacit technique ceux de la cit marchande qui tient pour grand l ouverture d un march et ceux de la cit civique d o mane traditionnellement l appareillage juridique Autre exemple un cahier des charges est une fa on parmi d autres de combiner les vell it s esth tiques des architectes relevant de la cit inspir e ou pour les plus connus d entre eux de la cit de l opinion aux pr occupations techniques de l entrepreneur relevant davantage de la cit in dustrielle Les publi reportages publi s par les fabricants de mat riaux propos de leurs pro duits sont un autre type de dispositif qui peut tre lu comme la rencontre de plusieurs cit s Tra ditionnellement on y trouve des arguments techniques renvoyant nouveau aux grandeurs de la cit industrielle m l s des arguments davantage port s sur l appr ciation et l esth tique des produits pr sent es renvoyant donc des crit res de grandeur issus de la cit inspir e Pour convaincre les mat riaux pr sent s doivent en effet embrasser ces deux aspects Ainsi condi tion de les lire comme tels les dispositifs m diateurs renvoient eux aussi
376. les d marches n cessaires la r alisation de son business plan Peut tre poss de il en interne un d partement de recherche et d veloppement m me d entre prendre les phases exp rimentales et des conduire ensuite celles ci vers les voies de certifica tions usuelles S il n en a pas en interne il pourra trouver des ressources aupr s des universit s ou des centres de recherche tels que le CSTC pour la Belgique Ce gros producteur dispose sans doute aussi d une bonne visibilit sur le march via sa participation des salons de la construc tion ses apparitions dans la presse ou lors de grands v nements regroupant les principaux ac teurs de son secteur Cette pr sence aidera diffuser les nouveaut s qu il propose Les re cherches men es en interne ou en partenariat pourront servir produire des documents tech niques joints aux mat riaux proprement dits et facilitant d autant leur usage par les concepteurs et les constructeurs ventuellement le producteur sera m me en bon contact avec des orga nismes de normalisation et pourra peser pour que les prochaines normes prennent en compte les sp cificit s li es son produit Pourquoi pas s il en a les moyens organiser des journ es de for mation pour les acteurs du secteur afin de les familiariser avec son produit Enfin l entreprise disposera sans doute aussi d un solide d partement juridique capable de r pondre toutes les questions que ne manque pas de poser l i
377. les de Contr le 2 gt 2 22428ssmeninanhiann nnnnenninsnmannnenahenn Trajectoires passages et frictions in cnaeie inea lt la marchandise dans tous ses tats gt lt TICLIONSS 25558 EE ent RE nl nina tr int aie den ares ea Chapitre 3 Quand les mat riaux nus s quipent 91 Les mat riaux de r emploi eisirean ENEE Ea EEA EAE eise 92 lt d maM eeM N ST ss sn Enr a a nn nee ue lt produit production industrielle gt lt exploiter les articles d rogatoires gt 98 lt transactions entre acteurs du r emploi gt 101 lt des modes d organisation hybrides gt 104 Diff rents dispositifs diff rents d bouch s 107 lt caract ristiques embarqu es 1 attractivit et qualit s techniques gt 110 lt caract ristiques embarqu es 2 garantie gt 114 lt caract ristiques embarqu es 3 tre descriptible gt 117 Dispositifs m diateurs lt m diateurs St biliS sS sssiserncsibesnrsnrnnnenennnenrenibenennennnnieien 122 lt un dispositif m diateur plut t rare gt ent 124 SECTION 2 N UDS INVESTIR LES DISPOSITIFS D ARTICULATION nnnnenerenrrrenennene 131 Chapitre 4 L laboration des dispositif
378. les de cahiers des charges Aussi sa transposition n a pas t trop compliqu e lors du travail de mise au point de documents prescriptifs men par Rotor Mais au del de son aspect utilitaire dans ce projet bien pr cis un document pareil est une belle preuve que les dispositifs m diateurs qui assurent la circulation des mat riaux au sein de l conomie mat rielle peuvent prendre des formes assez diverses S il existe des formes domi nantes plus largement r pandues d autres formes existent aussi peut tre plus marginales sans doute plus bricol es probablement moins puissantes que les formes les plus formelles mais aux effets non moins int ressants car potentiellement plus pr cis plus attentifs aux situations sp cifiques De mani re g n rale lors du travail men par Rotor l implication importante de l expertise des revendeurs sur la mise au point de ces nouveaux dispositifs tait une fa on de s assurer de ne pas fixer des exigences que les acteurs du secteur auraient t incapables de tenir Dans un se cond temps ces articles de cahiers des charges adapt s aux mat riaux de r emploi ont t relus par des concepteurs qui ont ainsi pu v rifier que eux non plus ne se mettaient pas en danger en recourant ces nouvelles r f rences D une certaine mani re il s agissait pour eux de v rifier que les nouveaux documents reprenaient malgr tout suffisamment d exigences pour que le choix et la mise en uvre d
379. les formats g n riques de par leur inertie deviennent des obstacles faisant violence aux sp cificit s des situations C est ce qu illus traient les cas des mat riaux de r emploi et de la terre paille Dans ces deux cas il s agit de ma t riaux d pendant de toute une s rie de facteurs contingents le rythme et la qualit des d moli tions dans un cas les caract ristiques locales du sol dans l autre Aussi pour ces mat riaux l exigence de g n ricit revient tout simplement les exclure des circuits de l conomie mat rielle ou les rel guer vers des pratiques plus marginales Le cas de la pierre bleue montre aussi que ce ne sont pas uniquement les dispositifs d articu lation qui font l objet d un formatage uniforme Ce sont aussi les mat riaux eux m mes Pour la pierre bleue par exemple il s agit bien de produire une pierre aux caract ristiques bien connues rentrant dans des cat gories d finies par ailleurs Autrement dit il s agit de produire une pierre qui correspond en tous points aux dispositifs qui permettent de l invoquer et de la faire circuler au c ur de l conomie mat rielle C est peut tre ainsi qu il faut comprendre la port e de ces processus de g n ralisation et d uniformisation l enjeu premier est d tablir une correspondance presque imm diate entre toutes les formes que prend la pierre bleue ou tout Chapitre 5 Normativit s des dispositifs d articulation autre mat riau de constr
380. les instances intervenant au sein des circuits de l conomie mat rielle re l vent de registres tr s diff rents quoique li s commercial technique normatif esth tique etc Ce qui ressort de cette mod lisation c est une figure r solument pluraliste de l conomie mat rielle Cette derni re est parcourue par des rationalit s tr s diverses Cette mod lisation se distingue d un type de lecture qui r duirait l conomie mat rielle un champ de forces travers exclusivement par une forme de rationalit instrumentale toute enti re tourn e vers la cr ation de profit cette chelle de g n ralit une telle repr sentation ne poss de pas de v ritable consistance logique puisqu il suffit d un contre exemple pour l infirmer il suffirait en effet qu il existe au moins un acteur qui ne soit pas guid uniquement par la rationalit instrumentale pour mettre mal le propos Or en y regardant de plus pr s on se rend bien compte que des tas 109 Ibid Chapitre 2 Papiers s il vous pla t d acteurs mobilisent des arguments relevant de plein d autres registres ou agissent guid s par d autres logiques Il s agit d une proposition qui rejoint nouveau les travaux de Tsing Elle labore en effet la notion de friction pour d signer la n cessit d adapter des grilles d analyse la complexit et l intrication des interactions observ es Dans son optique il est n cessaire qu il y ait pr cis ment de la
381. les traces de mortier aurait pu tre utilis e par des tailleurs de pierre sur un chantier du moyen ge En regard de cette installa tion somme toute assez sommaire quoique l entreprise F poss de galement des machines de manutention beaucoup plus r centes l entreprise de Madame J semble nettement plus qui p e Elle poss de en effet de nombreuses machines telles que des petits bulldozers des pelles hydrauliques ou l ensemble de l outillage main lectrique foreuses meuleuses scies sauteuses etc la rigueur on pourrait m me dire que les mat riaux que r cup re Madame J incor porent des technologies plus r centes que les briques anciennes qui circulent chez F Mais l avancement des technologies employ es n est qu un facteur parmi d autres pour d crire une entreprise Si l on s int resse au fonctionnement de ces deux entreprises elles m mes choisies dans le spectre d une tr s grande diversit de profils il appara t que l organisation du travail chez F s apparente un mode de production beaucoup plus industrialis au sens mar xien du terme que chez Madame J o la division du travail est peut tre plus organique Chez F chaque travailleur occupe un poste fixe Le processus de production a t ici d compos en plusieurs tapes isolant chacune des tapes En termes marxiens il s agit bien d un ph nom ne de parcellisation du travail qui s est d velopp dans l organisation de la manufactu
382. limites de l pist mologie moderne Si l on ne dispose que de deux cat gories exclusives la nature et la culture o classer un ph nom ne tel le trou dans la couche d ozone qui rel ve la fois de la nature et des activit s humaines Comment qualifier tous les processus caract ristiques de ce que certains g ologues ont appel l anthropoc ne une re g ologique qui verrait l activit humaine affecter durablement les structures g ologiques cli matiques et g ographiques de la plan te Terre Comment comprendre un mat riau tel que le ciment qui touche la fois des question de gestion des ressources naturelles et des aspects plus culturels comme l industrie auquel il donne lieu les usages qu il permet etc Pour Bru no Latour il s agit de sortir de ce type d impasse et pour cela il est n cessaire de forger de nouvelles cat gories politiques permettant d accueillir ces tres hybrides Celles ci devraient permettre tout d abord de se rendre capable d identifier ces hybrides que les modernes ont fait prolif rer foison m me si paradoxalement ils ne sont pas parvenus les accueillir dans leur ontologie pour ensuite repr senter officiellement leur existence c est dire leur donner une certaine consistance politique Cet appel Bruno Latour n est pas le seul le faire Le philosophe anglais Stephen Toulmin fait un constat similaire dans dans son ouvrage Cosmopolis The Hidden Agenda of
383. lique Et tout comme le paradigme indiciaire a t menac et cras par le paradigme galil en les formes indiciaires des pratiques de l conomie mat rielle sont elles aussi menac es et cras es par un autre r gime qui partage son tymologie avec le terme indice mais dont les effets sont tr s diff rents le r gime des indicateurs Les effets de ce r gime touchent notamment la composition et l importance relative des acteurs au sein du champ concurrentiel de l conomie mat rielle Sans encore rentrer dans les d tails il semble assez clair que les logiques d indicateurs ont permis certains acteurs de se cr er une place plus confortable dans le champ de l conomie mat rielle tandis que d autres ont vu leur position perdre de l importance Du c t des concepteurs il est possible de d celer ceux qui ont su s adapter la mont e de ce nouveau r f rentiel largement li la question du d ve loppement durable et ceux qui ont pris pour ainsi dire du retard en en restant d autres r f rentiels et d autres logiques L importance croissante des logiques d indicateurs entra ne aussi des effets pratiques sur la fa on d organiser un chantier notamment Dans la plupart des cas cette logique tend renforcer une s paration entre les phases de conception et les phases de r alisation obligeant la premi re a d terminer l ensemble du d roulement de la seconde Les indicateurs jouent alors un r
384. liser En l occurrence dans le cas de la pierre 133 134 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation bleue il y a toute une s rie d acteurs et d institutions qui se sont peu peu tablis entre le mat riau proprement dit et ses utilisateurs directs Il s agit de centres de recherche d organismes no tifi s de f d rations de producteurs etc Tous ces acteurs permettent des effets de repr senta tion La pierre bleue b n ficie de lobbyistes attitr s qui consacrent leurs activit s son quipe ment et l entretien de celui ci Les choses sont sensiblement diff rentes pour la terre paille et la pierre de taille Dans ce cas il n y a pas d organismes tiers Ce sont les producteurs les artisans les entrepreneurs les concepteurs et les usagers eux m mes c est dire tous les acteurs qui sont en contact assez di rect avec ces mat riaux qui en assurent aussi l quipement la promotion la reconnaissance ou la certification Pour le dire de fa on un peu caricaturale l laboration des dispositifs d articulation de la pierre bleue de Belgique est un processus plut t repr sentatif il y a une s rie d interm diaires d acteurs tiers entre le mat riau et ses utilisateurs directs Dans le cas de la terre paille de la pierre de taille ou des mat riaux de r emploi il s agit d un processus plus direct La distance entre les stakeholders et l laboration des dispositifs est beaucoup plus cour
385. lle le d lai entre le dessin d un projet et sa r ception provisoire peut tre particuli rement long ou g ographique de Rotterdam New York en passant par Yaound elle est aussi li e la multiplication des intervenants les stagiaires au travail la d cision du chef de projet les al lers retours avec le d partement technique l mission de l appel d offre la remise d offre de l entrepreneur la commande pass e au fabricant la production des panneaux de contreplaqu leur acheminement vers le chantier et finalement leur mise en uvre sans parler ici de tout ce qui suit c est dire de leur usage de l volution de leur tat dans le temps des op rations d en tretien qui seront men es ou non du choix de s en d barrasser un jour ou l autre de leur traite ment en tant que d chet etc Rien qu au sein du bureau de concepteurs la division du travail est telle que le mat riau passe par plusieurs postes On retrouve ici les fameuses ar nes de production culturelle ch res Anna Lowenhaupt Tsing et les frictions qui en d coulent Tout le petit r cit est construit autour du m me mat riau le z brano mais chaque tape le manipule dans un tat tr s diff rent Pour n en citer que quelques uns il y a Z brano la texture qui sert au stagiaires faire ses collages il y a Z brano l anc tre celui des panneaux de bord de voitures anciennes qui est invoqu comme argument lors des discussions inter
386. lleurs l institution juridique dans sa forme actuelle para t bien mal quip e pour traiter des non humains Je ne pr tends pas non plus que tous les diff rends de l conomie mat rielle doivent trouver une forme de r solution voire d apaisement de vant des tribunaux Il s agit plut t d en revenir de plus pr s aux pratiques des concepteurs et de chercher distinguer la marge de man uvre dont ils disposent pour viter que de tels crimes ou de telles situations insatisfaisantes ne surviennent Mon objectif si tant est qu on puisse le consid rer ainsi serait donc plut t pr ventif Plus pr cis ment encore il s agit de se demander en quoi et comment les concepteurs peuvent r pondre cette accentuation subjecti vante de la responsabilit Le cas du z brano les cha nes de correspondances qu il illustre et les quelques pistes de r flexion en terme de responsabilit que j en ai tir es me semblent obliger un r examen du r le que jouent les concepteurs dans l conomie mat rielle C est ce point que s attachent les prochains chapitres 241 242 Section 3 Positions Les concepteurs embarqu s dans l conomie mat rielle Chapitre 8 Prescripteurs Le cas de figure d velopp dans le chapitre pr c dent posait la question des diff rentes ac centuations de la responsabilit pour les concepteurs Pour d velopper cette question et en arri ver des consid rations plus pratiques il est n cessaire
387. logiques les modalit s li es la mise en uvre les dispositifs de prescription etc tous ces domaines v hiculent autant d enjeux auxquels le mat riau doit pouvoir r pondre Pour cela il doit enclencher des cha nes d action visant se munir de disposi tifs m me de r pondre de fa on satisfaisante ces multiples exigences tant entendu que chaque exigence pr sente ses propres versions de ce qui est jug satisfaisant Par ailleurs ici encore on voit appara tre la notion d inertie Une fois le mat riau muni de ces dispositifs accompagnant progressivement sa mise sur le march ces m mes dispositifs de viennent autant de jalons pour d autre mat riaux susceptibles de remplir les m mes fonctions et d occuper les m mes niches de march En d autres mots un mat riau qui arrive dans des cir cuits d j balis s par les dispositifs d autres mat riaux devra prendre ceux ci en compte C est exactement ce qui s est jou dans le cas des granulats recycl s Ils ont d surmonter grands frais les investissements pos s ant rieurement par les producteurs de gravier naturels D une cer taine fa on la pl thore d outils et d instruments dont se sont munis les granulats recycl s le fait galement qu ils ont t pouss s par la pro activit s de plusieurs acteurs bien d termin s mais pour des raisons parfois diff rentes les promouvoir a fait qu ils se sont am nag s en quelques ann es des cir
388. lorsqu elle voque les rela tions entre Haraway ainsi que d autres crivain e s et d autres vivants non humains Ce qui fait penser et crire celles qui ne se d finissent pas d abord comme humaines mais comme engag es par une pratique dont elles ont r pondre est l exploration de mises en rapport entre h t rog nes en tant que tels mises en rapport qui ne sont jamais r ductibles une g n ralit parce qu elles ne mettent jamais en sc ne l humain abstrait mais un humain dont la pratique le lie des h t rog nes en tant qu h t rog nes autres pratique par d finition non innocente car seul un humain peut innocenter un autre humain mais pratique qui suscite et nourrit une sensibilit vive la question de l abus ou du mauvais traitement gt 421 C est un point qui est repris et d velopp par Hardt M et Negri A dans Commonwealth traduit par Boyer E 2011 pour l d originale en anglais Paris Stock 2012 p 172 175 422 Cf par exemple Descola P Constructing natures symbolic ecology and social practices Descola P et G s P dir Nature and society anthropological perspectives Londres Routledge 1996 p 82 102 423 Stengers I Penser partir du ravage cologique E Hache dir De lunivers clos au monde infini Bellevaux ditions Dehors 2014 p 169 Je souligne Conclusion La responsabilit l aune du d passement nature culture Dans ce passage
389. loy s abondamment pour former les couches inf rieures des fondations des routes Cette fonc tion peu exigeante se satisfaisait d un produit de moindre qualit Par cons quent les concas seurs pouvaient se contenter d installations relativement simples Or il est arriv un moment en Belgique o la courbe de production des granulats issus des d molitions continuait d augmenter tandis que les travaux routiers avaient quant eux tendance diminuer Pour le dire de fa on quelque peu caricaturale on a commenc d molir plus d immeubles et de voiries qu on ne construisait de routes D un point de vue conomique la diminution des lourds travaux de voirie signifiait que les concasseurs risquaient de se retrouver dans la position inconfortable d une si tuation de sur production C est un probl me assez classique du mode de production capitaliste qui se rencontre lorsqu un producteur ne parvient pas trouver de d bouch s pour les produits qu il fabrique Cela signifie qu il ne peut pas r aliser la plus value contenue l tat potentiel dans sa marchandise faute de lui trouver un acheteur Ce probl me ne peut se r soudre qu en trouvant imp rativement de nouveaux march s C est exactement ce qu ont fait les concasseurs lorsqu ils ont investigu de nouveaux d bouch s pour leurs produits bien que dans ce cas cela impliquait aussi de nouveaux investissements pour d velopper leurs installations afin de r pondre aux exigences d
390. ls Elle laisse toutefois une certaine marge de man uvre aux concepteurs et aux construc teurs qui sont libres d opter pour les techniques qui leur semblent les plus appropri es pour at teindre les r sultats escompt s Concr tement pour ces normes de r sultats il importe peu que les b timents soient isol s avec de la mousse polyur thane recouverte d enduit ou avec de la cel lulose souffl e dans les caissons tanches d une ossature bois pourvu que les coefficients de d perdition thermique soient respect s Le choix des moyens des mat riaux et de leur mise en uvre est laiss l appr ciation des praticiens 269 Penneau A R gles de l art et normes techniques op cit p 37 41 270 Ibid p 103 142 203 204 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation Les normes dites de r sultat se distinguent des normes portant explicitement sur les moyens comme l taient par exemple les protocoles d essais pour tester la qualit des granulats recycl s ou ceux utilis s pour la classification des profil s de bois Les normes encadrant ces essais re posent sur des proc dures suivre tape par tape et portent de ce fait sur les moyens autant que sur les r sultats Il existe d autres dispositifs qui ne sont pas n cessairement des normes mais qui s apparentent tout de m me aux normes des moyens Il s agit par exemple des sp cifications techniques unifi es que j ai pr sent dans le chapitre pr
391. ls garantissant la prise en compte des int r ts du z brano et des vivants en g n ral et par extension si elle disposait d une nouvelle sorte d avocat m me de plaider la cause de tels clients Les acteurs ayant opt pour le z brano ne savaient pas non plus quelles taient les cons quences de l usage d un tel mat riau m me si selon le cadre normatif d ploy par les environnementalistes en tant que profession nels et d cideurs ils auraient d le savoir c est bien l le c ur de ce probl me pineux Ce quoi en appellent les activistes renvoie davantage une accentuation subjectivante de la responsabilit postulant que la relation entre mat riau commanditaire et concepteur devrait se d ployer sur le mode de l intersubjectivit Je Tu C est bien un engagement personnel ou plu t t interpersonnel une relation Tu qu ils en appellent Celle ci est d ailleurs tendue dans le cas pr sent un vaste ensemble d acteurs y compris non humains puisqu elle englobe parmi d autres acteurs une esp ce de bois tropicale Pour le moment les circuits de l conomie mat rielle et plus sp cifiquement les cha nes de correspondance qui lient un mat riau prescriptible un mat riau mis en uvre semblent peu arm s pour prendre en compte une telle accentuation de la responsabilit Comme j ai eu l oc casion de l indiquer dans la section pr c dente c est plus souvent une responsabilit formelle jurid
392. ls correspondent en effet une fa on de g n raliser et d uniformiser des pratiques singuli res C est pour que l ar chitecte n ait plus visiter syst matiquement les carri res que l on a mis au point tous ces dispo sitifs de standardisation et d uniformisation de la pierre C est pour que les carriers puissent or ganiser leur production le plus efficacement possible que l on a quelque peu uniformis les pro duits et leurs caract ristiques Et ainsi de suite En d autres mots dans une tentative de rendre plus efficaces au sens o l efficacit constitue une grandeur industrielle et commerciale les cir cuits de l conomie mat rielle Il s agissait aussi sans doute de r pondre une situation intenable qui faisait du concepteur le d positaire de l ensemble des connaissances li es de pr s ou de loin la construction La di 229 Il faut replacer cette conception dans le contexte de l poque et se rendre compte qu en parlant de l effritement des blocs de pierre et d une multitude d autres aspects techniques et constructifs Viollet le Duc pose un geste fort l encontre de l enseignement des Beaux Arts tr s pr occup par des questions esth tiques et formalistes et compl tement d connect selon Viollet le Duc des aspects constructifs Dans le m me ordre d id e Viollet le Duc participera de pr s la mise en place de l cole sp ciale d architecture qui se voulait ses d buts une alternative aux Beaux Art
393. ls se rassurent avec l argument du bon prix C est d cid ce sera l entreprise de Ma dame J qui se chargera de d molir la villa et de lib rer le terrain Lors du chantier les ouvriers de Madame J proc dent d licatement Il s agit ef fectivement de r cup rer ce qui peut l tre La patronne de l entreprise affirme que dans un b timent tout est r cup rable condition d y mettre le temps Sur cette villa particuli re le temps ne presse pas sp cialement Ce serait plut t l agen da de l entreprise J qui pousse ne pas s attarder excessivement Parmi les l ments qui sont soigneusement d mont s on retrouve des carrelages en c ramique encore en bon tat quelques l ments de pierre bleue qui servaient de seuils de baie des plaques de marbre qui formaient une chemin e quelques belles poutres en ch ne une surface importante de tuiles et surtout une quantit non n gligeable de briques anciennes Leur mise en uvre au mortier la chaux rend leur d mon tage relativement ais Les travailleurs utilisent une petite pelle hydraulique pour abattre des pans de murs qu ils placent ensuite dans des containers d di s Les parties irr cup rables c est dire les parties qui repr sentent trop de travail pour tre d mont es ou celles qui ne trouveraient pas d amateurs sont vacu es plus classiquement vers un centre de tri Dans le business plan de l entreprise J les frais de d p t des d chets e
394. master pendant la der ni re ann e de leurs tudes ce moment ils se mettent au travail comme sta glaire dans un bureau d architecture ou comme assistant d un architecte et de dre r 369 viennent ainsi l ambassadeur de votre entreprise et votre produit Ensuite lorsqu on se d place un niveau individuel il appara t que certains praticiens de l architecture sont tout fait dispos s remettre en question les relations qui d coulent de la structure institutionnelle de leur profession Certains concepteurs certes peu nombreux mais pas pour autant moins significatifs prennent par exemple un certain nombre de risques pour tra vailler en troite collaboration avec des commanditaires auto constructeurs par conviction de l int r t de telles m thodes D autres comme je l ai montr ne se contentent pas du tout de ce 368 Je donne un exemple de ces situations de sur accumulation qui pr viennent la r alisation de la plus value au paragraphe lt r cits fondateurs gt p 78 dans le chapitre intitul Des d chets inertes aux granulats 369 Extrait d un encart publicitaire proposant plusieurs fabricants de mat riaux de construction de rassembler des informations publicitaires et techniques sur leurs produits en vue de distribuer celles ci aux tudiants des facult s d architecture de Belgique Ce feuillet publicitaire a t r alis et publi par un organe de diffusion appel Edudoc www edudoc be Il
395. mati re d em ploi etc Il n y a pas de doute l industrie cimenti re g n re suffisamment d l ments charge pour produire un compte rendu diabolisant de ses pratiques Mais quels seraient les effets d un tel compte rendu Pour l industrie cimenti re sans doute pas grand chose Ce n est pas comme si les institutions du capitalisme globalis n avaient pas d velopp une r sistance extr me la critique voire m me une capacit absorber celle ci dans de nouvelles mutations Pour les concepteurs la situation serait encore pire s ils se donnent la peine de prendre connaissance d un tel compte rendu ils se verraient soudain culpabilis s d uti liser ce mat riau hyper courant quasiment indispensable leurs projets tout en ne poss dant pas de v ritables alternatives Il y a bien de quoi se sentir paralys L o le compte rendu peut devenir int ressant c est s il donne l une ou l autre indication au tour desquelles peuvent se former de v ritables groupes de concernement Ceux ci peuvent alors se lancer dans un travail militant et faire entre entendre leur voix contre certains aspects de cette industrie D une certaine fa on c est ce qu il s est pass autour des berges de la Meuse Celles ci ont vu se former une sorte de partenariat entre une branche locale du groupe cimentier l admi nistration de l environnement r gionale les autorit s communales des groupes d experts des b n voles des institutions eu
396. maticien une fois son code pr t le passe par ce qu on appelle un compilateur Celui ci va transformer toutes ces lignes de code crite dans un langage abstrait en un langage ex cutable par l ordina teur typiquement une suite de O et de 1 qui peuvent tre comput s par le hardware de la ma chine Cette tape permet de rendre le programme ex cutable par l ordinateur Il peut alors tre diffus aupr s de ses usagers qui pourront le faire tourner sur leurs propres machines Cependant une fois le programme compil les usagers n ont plus acc s au code source dans une forme compr hensible par un humain Tout ce qu ils auront s ils creusent un peu derri re le logiciel lui m me c est une suite de 0 et de 1 soit un type d information totalement incompr hensible leurs yeux Mais les choses peuvent tre diff rentes si l auteur du programme d cide d lib r ment de rendre son code accessible d autres dans sa forme initiale c est dire crit dans un langage de programmation compr hensible par les humains A priori dans la plupart des cas les usagers n ont pas besoin de voir les entrailles des programmes qu ils utilisent Ce qui les int resse en premier lieu c est que le programme ex cute les t ches pour lesquelles ils se le sont procur C est ici qu appara t le parall le avec les dispositifs m diateurs de l conomie ma t rielle Dans la plupart des cas des acteurs tels que les architectes les entrepreneurs ou
397. mble y avoir une sorte d quilibre qu il ne fallait surtout pas perturber Par contre dans quelques unes des plus grosses entreprises pr cis ment celles qui ont d j pour ambition de r pondre aux exigences les plus formelles des acteurs de la construction il suffit parfois d un petit changement pour am liorer ou pour consoli der des pratiques existantes En l occurrence l un des points faible qui avait t identifi tait cette absence de dispositifs formels permettant aux concepteurs de prescrire ces mat riaux Rotor a donc propos quelques uns des plus grands acteurs du secteur sp cialis s dans le traitement de quelques mat riaux courants de travailler avec eux Chapitre 3 Quand les mat riaux nus s quipent sur ces questions Le choix des mat riaux en question a t fait sur base d une s rie de crit res permettant d informer la s lection sans pr tendre pour autant l ob jectiver totalement Il s agissait avant tout d anticiper une s rie de contraintes sus ceptibles de bloquer ult rieurement le d veloppement des actions Les crit res re tenus pour choisir les mat riaux tester taient les suivants 1 Les mat riaux devaient tre pr sents de fa on constante sur le march du r emploi en Belgique 2 propos s par plusieurs revendeurs diff rents au minimum 3 3 avec un potentiel d upscaling le mat riau est encore produit ou en core lib r en quantit suffisante 4 n tre
398. mbray dans ce travail de formatage Des comit s hybrides se sont mis en place regroupant des acteurs pro venant d horizons divers et entretenant un rapport diff rent ce mat riau La longue histoire de la pierre bleue permet d observer comment tous ces l ments se sont progressivement mis en place et quelles sont les op rations d harmonisation qui ont t men es L une des cons quences lisibles de ce processus concerne l mergence progressive d acteurs tiers qui ne sont pas exactement les producteurs ni les entrepreneurs ni les concepteurs ni m me les usagers Ce sont des organismes qui sont concern s par une d finition assez g n rale de la pierre bleue et non par des l ments plus singuliers comme peuvent l tre des degr s divers les membres du quatuor producteur entrepreneur concepteur usager Et le niveau de g n ralit auxquels ils se d ploient joue un r le crucial dans l extension des circuits de la pierre bleue En en passant par des dispositifs tels que des STS des articles de cahiers des charges une terminologie harmonis e un arsenal normatif largement partag des protocoles de tests bien tablis et d autres l ments encore la pierre bleue voit effectivement son usage se g n raliser 151 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation BENENNUNG DER VERSCHIEDENEN STEINE Zur Vermeidung einer irrt mlichen Verwendung der gelaufigsten technischen Bezeichnungen halten w
399. me c est l qu ont par exemple t envoy s les poulets contamin s par des farines contenant Illustration Il vue des cuves de pr paration des combustibles de substitution pour les fours ciment Source Rotor asbl Chapitre 1 Immersion dans les circuits de l conomie mat rielle de la dioxine C est aussi dans les fours ciment que les autorit s font dispara tre les objets r colt s lors d une saisie comme des faux billets Certaines mol cules contenues dans tous ces l ments se lib rent lors de la combustion et se m lent au ciment pour lui conf rer des caract ristiques qui taient auparavant obtenues par l ajout de mati res premi res suppl mentaires Cette ca ract ristique est appel e co processing un terme largement port par l industrie ci menti re Elle l utilise pour d crire un mode de gestion des d chets pr sent comme plus int ressant que l incin ration En effet l incin ration se contente de r cup rer les calories contenues dans des d chets Le co processing par contre va lorise galement certaines mol cules pr sentes dans les d chets Il ne s agit plus d une valorisation indistincte des propri t s calorifiques de la mati re mais bien d un proc d qui profite de l incin ration pour r cup rer non seulement des calories mais aussi certaines mol cules se lib rant lors de la combustion Celles ci consti tuent des ingr dients de base dans la production du clinker En ce sen
400. me de production fond sur la transformation des mati res premi res en produits complexes et la multiplication des interm diaires sur les chan tiers bien des gards la construction en pierre massive ouvre la voie une architecture de la d croissance Il s agit d une position que Perraudin lui m me assume et revendique Dans un entretien r a lis quelques ann es plus tard pour une monographie sur son travail Perraudin affirme que son projet de construction en pierre massive est politique et social Disons que je suis la fois lib ral et anti capitaliste social et anti collecti viste Je crois que la plus value r alis e sur la marchandise et le travail devrait dispara tre parce qu elle est la source de notre malheur de notre incapacit tre heureux Je pense aussi que le d veloppement ne peut pas tre durable parce qu il implique une consommation d nergie et de mati re qui n est pas acceptable je crois qu on ferait mieux de construire avec ce que nous avons sous nos pieds plut t que de recourir des technologies sophistiqu es d voreuses d nergie et de mati re En utilisant la pierre nous pr servons l en vironnement et nous nous inscrivons dans une architecture de la d crois sance fl L arri re plan normatif qui guide le travail de Perraudin autour de la promotion et de l usage de la pierre massive est ici clairement affirm quoiqu il pui
401. me pas pertinente Peu peu l association s est aussi int ress e au monde de la construction et plus pr cis ment aux d chets de construction et de d molition C amp D se rapprochant ainsi de questions plus ar chitecturales quoique ces derni res taient envisag es sous un angle assez inhabituel L aussi les principaux axes de r flexion portaient sur les possibilit s de r employer certains l ments is sus de d molitions Rotor a effectu quelques tudes ce sujet pour le compte d organisations assez diverses depuis des bureaux d architectes jusqu l administration de l environnement de Bruxelles Capitale quelques reprises l association a men des projets de conception impli quant ces mat riaux mis au rebut et rencontr s lors des explorations l arri re des usines dans les containers des chantiers dans les centres de tri des d chets ou dans des espaces de stockage n glig s La plupart du temps il s agissait de projets petite chelle et temporaires ce qui per mettait d effectuer des exp rimentations qu il aurait t impossible de mener dans le cadre de projets plus long terme sur des chantiers plus contraignants ou pour des commanditaires moins ouverts ce type d approche d autres reprises Rotor a t confront des projets plus ambitieux Il ne s agissait pas n cessairement de projets plus grande chelle mais plut t de projets non temporaires ou du moins suppos s t
402. ment les gagnants sont les groupes qui tirent profit du fait de s tre rendus indispensables Face cette situation Illich affirme que seules les initiatives de citoyens qui par les technologies radicales contestent directement la domination insidieuse des professions mutilantes sont suscep tibles d ouvrir la voie au libre exercice de comp tences non hi rarchiques Et si cette domination des professions mutilantes est si insidieuse explique Illich c est parce qu elle joue sur plusieurs plans la fois Les professions ne se contentent pas de monopo liser les connaissances n cessaires la production d un produit et ce faisant d obliger les gens recourir leurs services cela dit il c est quelque chose que les gangsters et les mafias faisaient d j tr s bien les professionnels s arrogent aussi le pouvoir l gal de cr er le besoin que tou 359 Illich I Le ch mage cr ateur Postface La Convivialit 1977 uvres compl tes traduit par Sissung M Paris Fayard 2005 vol 2 2 p 72 360 Dans un autre de ses ouvrages Illich explique que le monopole radical appara t lorsqu un processus de production industrielle exerce un contr le exclusif sur la satisfaction d un besoin pressant en excluant tout recours dans ce but des activit s non industrielles Illich I La convivialit 1973 uvres compl tes Paris Fayard 2004 vol 1 2 p 514 C est dans le livre q
403. ment de l eau qui prend la forme d un r seau de tuyaux encore par tant de r servoirs situ s aux alentours de la ville vers chacune des habitations Il y a eu certainement un moment o la question de l approvisionnement en eau s est po s e et o plusieurs options ont t examin es par des groupes de personnes en charge de ces questions ce moment l chaque option existait en tant que pro Chapitre 1 Immersion dans les circuits de l conomie mat rielle jet il tait tr s facile de consid rer plusieurs possibilit s et de passer de l une l autre Par contre une fois que le choix s arr te sur une option et que les projets se r alisent une fois que les r servoirs et les tranch es sont creus s que les tuyaux sont plac s que les pompes les valves et les manom tres sont install s etc en bref une fois le syst me r alis il devient nettement plus compliqu d en changer La moindre modification se traduit par d imposants travaux et par l annulation d investissements pr c demment effectu s En passant de l tat virtuel l tat ac tuel les dispositifs ont donc acquis une inertie importante l image d un lourd car go dont le moindre changement de cap doit se faire sur de longues distances En th orie rien n emp che des citoyens potentiellement m contents de ce syst me d inventer d autres mani res de se procurer de l eau en r coltant l eau de pluie en l achetant une source tierce ou en all
404. ment montr son inad quation aux nouvelles conditions de production tant d un point de vue technique notamment en regard de l industrialisation croissante du secteur de la construc 349 tion que d un point de vue soci tal Cette rupture entre le mod le et les conditions effectives de la pratique professionnelle a entra n une s rie de crises et de remises en questions menant la fin des golden sixties l implosion du syst me Beaux Arts et son red ploiement dans de 350 nouvelles formes institutionnelles Le caract re tr s centralis de l enseignement par exemple a t remise en question et le contexte fran ais a vu alors appara tre un certain nombre d unit s p dagogiques parpill es sur l ensemble du territoire qui poursuivaient des objectifs et utili saient de m thodes quelque peu diff rentes de celles en cours aux Beaux Arts Il en a d coul un certaine pluralisme dans les fa ons d enseigner et par extension d appr hender le m tier de concepteur Cette trajectoire est toutefois quelque peu diff rente dans les pays anglo saxons Enfin comme je l indiquais ci dessus la construction de l unit professionnelle du m tier d architecte s est bas e la fois sur l exclusion parfois violente d une s rie de comp tences et de savoir faire relevant pourtant du domaine de la construction et sur la monopolisation tout aussi violente d un certain type de savoir Pour le dire avec des
405. mentation gt lt horizontalit s des relations entre acteurs gt Les effets sur le type de responsabilit en jeu lt les substrats linguistiques de la responsabilit gt lt accentuations objectivantes gt lt r pondre de ce quoi l on se connecte gt SECTION 3 POSITIONS LES CONCEPTEURS EMBARQU S DANS L CONOMIE MAT RIELLE 23 2 sue sn rannnnsannaen menton Aada Paaa aUa aae eii daadaa di ioatea Edaina ans enr 227 Chapitre 7 De maillon en maillon jusqu aux concepteurs 228 Rotterdam New York via Yaound nr 228 lt divisions du travail gt 10 Table des mati res lt prot ger microberlinia bisulcata gt 230 Correspondances EE EEE ET enter nds dis ns es Enr et lan nine RES tent i tn 231 lt faire se correspondre tous les tats du z brano gt 232 parcourir les maillons z e raean sens aiaa E ns ttes entente 233 lt d s cha nes trop eficaces 7 22 mnenenmeninmennineteshssannennientnnnnnmtinn 235 Une facette de l activit des concepteurs lt SOIICItATIONS gt retenir der frere te nu iea EEEo aA E E Erat ares een en dedans iaraa Netia Pr scribptionsUSURIleS sims a a dt he nds free e 262 lt INVeStiSSeMments gt sise din Msn ren eme RM R RER ten De dis 262 lt une attention aux agencements gt siens 26
406. mes Elles aussi peuvent figer des situations et bloquer les possibilit s d innovation en fixant des standards qui deviennent obsol tes Comme je l ai d j indiqu l iner tie qu acquiert un standard et l investissement qu il a repr sent rendent peu vidente la mise au point de nouvelles normes ventuellement plus au fait des nouvelles techniques ou des nouvelles exigences Dans le cas des normes il y a bien s r toujours la possibilit d effectuer des mises jour plus ou moins cons quentes Mais cela suppose un travail important de la part des orga nismes normalisateurs Face ce qui pourrait se pr senter comme une impasse le droit a bien d reconna tre la n cessit de laisser place l volution Pour cela il a admis que l exp rimentation elle m me pos 279 Penneau A R gles de l art et normes techniques op cit p 130 188 209 210 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation s dait ses propres r gles de l art m me d encadrer les pratiques Il y aurait donc quelque chose comme des r gles de l art de l exp rimentation une notion fleurant quelque peu l oxymore mais laquelle pourraient utilement se r f rer les praticiens d sireux de d velopper de nouveaux agencements au sein des circuits de l conomie mat rielle Mais comment se passe alors concr tement l innovation Comment faire en sorte d utiliser de nouvelles techniques de faire circuler de nouveaux mat ri
407. mi re partie de la recherche en parlant de la mise au point sur mesure d articles de cahiers des charges destin s des mat riaux de r emploi C est ce point que je voudrais reprendre ici De fait il appara t que bien qu tant les utilisateurs principaux des dispositifs prescriptifs standards les concepteurs n agissent que tr s rarement sur leur mise au point C est un aspect que j ai abord dans plusieurs passages de cette recherche J y ai montr que la mise au point d un dispositif prescriptif tel qu une note d information technique une sp cification technique une norme ou de tout autre investissement de forme m me d influencer l conomie mat rielle est un processus qui rassemble une s rie de repr sentants de diff rents secteurs Selon les dispo sitifs on trouve autour de leur laboration des ma tres d ouvrage des entreprises du secteur concern des ventuelles f d rations des centres de recherches ainsi que des repr sentants agis sant titre individuel ou au nom d un m tier particulier Chacune de ces parties est suppos e avoir voix au chapitre et int grer dans les documents des dispositions qui lui semblent impor tantes En ce sens il est correct d affirmer que des architectes participent la mise au point de ces dispositifs prescriptifs Il s agit toutefois d une participation plac e sous le mode de la repr sen 1 cet gard on peut se demander si la distance entre les praticiens conf
408. modernit dont le principe de diff renciation des sph res de validit tendent construire un regard objectivant qui se donne comme ambition d offrir des explications aux situations rencon tr es Celui ci va transformer les accentuations possibles de la notion de responsabilit Ce processus d mergence d un regard objectivant porte en lui la possibilit d entrer dans une relation autrui dans laquelle celui ci n est pas forc ment consid r comme un autre sujet dans lequel la responsabilit ne lui est pas for c ment pr suppos e et dans laquelle plut t que d tre rencontr la deuxi me personne Tu il l est tendanciellement la troisi me 11 Ce ph nom ne troitement li selon Jean Louis Genard l mergence des sciences sociales et plus particuli rement du complexe psycho m dical et du savoir statistique aura une lourde influence sur la mani re d envisager la responsabilit Il offre en effet la possibilit de porter un regard potentiellement d responsabilisant sur les actions men es par les acteurs sociaux Si la statistique par exemple pr tend offrir une explication tel ou tel ph nom ne l action men e par un sujet donn n a plus tre interpr t e travers le filtre des modalit s de la responsabilit Savait il ce qu il faisait Pouvait il faire autrement Voulait il m me le faire Non r pon dra le savoir objectivant des statisticiens il ne peut tre te
409. molition fera t elle de la place pour la construc tion d un nouvel difice En attendant la construction de ce nouveau b timent l agence de promotion im mobili re qui est propri taire du terrain juge bon de d j lancer les op rations de d molition Le projet venir sera plus facile r aliser si la parcelle est d j libre Rien n emp che donc de lancer rapidement un appel pour la d molition de la mai son quitte attendre encore un peu avant de lancer les travaux de construction proprement dits L agence immobili re se charge de contacter quelques entrepreneurs afin qu ils remettent un devis pour la d molition de la villa Les entrepreneurs avec qui l agence travaille d habitude ne se montrent pas particuli rement int ress s par la mission Ce sont des entrepreneurs g n raux lls sont d accord de prendre en charge le poste d molition mais condition que a ne repr sente qu une petite par tie d une mission plus compl te de construction Ce n est pas sur ce poste qu ils r alisent leurs b n fices c est pourquoi ils sous traitent souvent cette partie du tra vail d autres entreprises Ils estiment que leurs propres ouvriers co tent trop chers pour les affecter une simple d molition L agence doit donc partir la re barder une fa ade en disques de vinyle 33 tours construire une maison l aide pneus en caoutchouc remplis de terre utiliser des pare brises de voitures pour faire une fa ade vitr e e
410. monisation se pr sente ici de fa on particuli rement marqu e lt l enr lement des crino des gt Il y a environ 400 millions d ann es de petits organismes appel s crino des vi vaient les heures de gloire de leur esp ce dans les fonds marins du Pal ozo ques Ces petits animaux prolif raient dans les mers peu profondes et chaudes Leur tige les faisait ressembler une plante et leur t te tentaculaire filtrait l eau la recherche de nutriments Rassembl s jusqu constituer de v ritables prairies ils attiraient au tour d eux beaucoup d autres organismes avec lesquels ils formaient de v ritables 151 Plus grandes en tout cas que dans le cas de l extraction des granulats pour lesquels m me des bancs de pierre de moindre qualit peuvent tre exploit s Dans le cas de la pierre de taille du fait notamment de l usage qu on en fait et de la taille des l ments il faut trouver des veines qui pr sentent une grande homog n it dans leur composition physico chimique et j y reviendrai dans leur aspect Cf paragraphe lt biodiversit gt p 37 135 136 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation biotopes En mourant tous ces animaux ont produit de nombreux d bris qui se sont d pos s au fond des mers Ces d bris ont ensuite t recouverts par des boues calcaires Puis sous l effet de forces g ologiques incommensurables et pendant des dur es qu il est pratiquement impossible de se repr
411. mont en relayant les exigences du secteur aupr s des comit s concern s Dans le cadre de l obtention de la marque Benor Copro a dit un r glement reprenant tous 102 La mise les aspects r glementaires auxquels doivent r pondre les entreprises de concassage en place de proc dures de contr le est l un des principaux aspects Elle peut se faire en interne comme dans le cas de l entreprise suivie jusqu ici ou alors en externe en faisant appel aux ser vices d un laboratoire sous traitant Mais ce n est pas le seul l ment de ce r glement Pour ob tenir la marque Benor sur ses produits l entreprise doit galement se soumettre une s rie de visites de contr le plus ou moins pouss es et espac es dans le temps une visite toutes les 20 000 t de granulats produites avec un maximum de huit visites par an Lors de ces visites Copro entreprend de v rifier la validit des essais d autocontr le mais proc de galement des essais externes sur base du m me cadre normatif que celui qui encadre les proc dures d auto contr le Par ailleurs ce r glement fixe aussi une s rie de proc dures de pr vention au niveau du suivi de la provenance et de la destination des gravats et des granulats L objectif est de pouvoir tracer le plus pr cis ment possible l origine de chaque chargement de gravats avant de le disper ser nouveau sous forme de granulat C est notamment a que servent la pes e des camions qui entrent et
412. mplement suffisante pour justifier la vague de protestations qu ils tentent de mettre en branle Les militants organisent m me une manifestation devant le magasin pour souligner l aveuglement de l industrie du luxe face aux destructions cologiques dont elle se rend responsable Ces mobilisations obligeront la cha ne de magasins de luxe s engager formellement par voie de presse modifier sa politique envi ronnementale l heure actuelle le fichier image zebrawood png se balade toujours sur le ser veur du bureau d architectes et de nouveaux stagiaires continuent utiliser cette texture en toute innocence pour ses qualit s esth tiques ind niables Mais l agence a retenu la le on et ces propositions ne devraient plus jamais d passer le stade de la r union d quipe Correspondances Ce court cas de figure qui aurait pu se rencontrer dans n importe quelle agence d architec ture ou presque est clairant plusieurs gards Je vais d velopper ici quelques points particu li rement saillants quant la mani re dont tous les acteurs impliqu s dans la phase de concep tion sont amen s manipuler les mat riaux En l occurrence comme je le mentionnais plus haut il appara t que les concepteurs le jeune stagiaire et son quipe le d partement technique etc ne touchent jamais le mat riau proprement dit En revanche ils utilisent une somme de dispositifs qui d une fa on ou d une autre sont li s au mat riau Ces di
413. mul par Haraway La s paration conception ex cution doit tre remise en cause et les m diations qui lient les concepteurs aux mat riaux doivent tre plus activement investies Le passage d instructions ne devrait jamais tre totalement unidirectionnel Il faudrait que les principaux concern s par ce passage aient la possibilit de remonter la source pour rejouer d une mani re ou d une autre les questions qui y sont en jeu Autrement dit c est en investissant ces cha nes de dispositifs m diateurs qu il serait possible de d celer des marges de man uvre des sources d espoir et sans doute aussi de nouveaux cauchemars pour reprendre la formule de Tsing C est aussi un personnage quelque peu aventureux Se responsabiliser au sens harawayen pour les entit s et les dispositifs auxquels les concepteurs se connectent est une entreprise poten tiellement risqu e Elle se pratique sans filet et oblige dans certaines circonstances outrepas ser les dispositifs garantissant une approche objectivante de la responsabilit assurances garan ties formelles etc Voire m me et cela peut tre hautement probl matique cette attitude peut mener aux fronti res de l ill gal Dans ce cadre c est souvent au praticien de fabriquer ou d adapter ses propres dispositifs de protection ses propres formes de garantie En ce sens le portrait du concepteur qui se dessine ici comporte galement une dimension quelque peu brico leuse J ai
414. n prendre en compte ce qui engage un claircissement de l horizon norma tif sous entendu derri re l id e d un engagement Il sera galement n cessaire de d tailler quels sont exactement les acteurs qui sont concern s par cette prise en compte 17 18 Introduction Cette piste ne manque pas de soulever une s rie de questions Il s agit notamment d aborder la possibilit d valuer la qualit de la composition de ces assemblages h t roclites S il semble assez logique d admettre que certains assemblages sont plus r ussis plus qualitatifs plus harmonieux ou au contraire plus nocifs plus violents moins satisfaisants que d autres encore faut il pouvoir pr ciser les crit res sur lesquels repose une telle valuation En quoi exactement s agit il d une r ussite ou d un chec Et pour qui Les r ponses ces questions sont multiples et obligent au minimum clarifier d o provient l valuation Il peut s agir d une valuation externe dans laquelle les crit res d appr ciation sont apport s par un acteur tiers ext rieur aux assemblages qu il observe puis commente et value C est partiellement le cas de cette recherche qui emprunte une bonne partie de ses horizons normatifs aux r f rentiels de l cologie politique j y reviendrai Il peut aussi s agir d une va luation interne o les ordres de grandeur l aune desquels sont appr ci es les situations sont
415. n la recherche l enseignement de l architecture ou une quelconque combinaison de ces termes cette invitation peut relever de l vidence dans la mesure o leurs pratiques s orientent d ores et d j dans les directions esquiss es dans ces pages Toutes ces exp riences constituent des alli es importantes de cette recherche ne serait ce qu en lui fournissant de la mati re r flexion fort pr cieuse et parfois enrichie d une profonde paisseur historique lorsque les pratiques en question s inscrivent dans un certain continuum historique J ose esp rer que ce travail parlera tous ces praticiens engag s dans ces voies et qu ils pourront y trouver des l ments susceptibles de renforcer leurs propres recherches Pour d autres praticiens par contre il y a de bonnes chances que cette invitation soit inter pr t e sur un registre plus pol mique ou du moins comme n allant pas de soi Le type d ap proche qui se dessine ici implique en effet des ruptures plus ou moins radicales avec les m thodes de travail et les habitudes de certains praticiens Ces cas sont la fois les plus d licats mais aussi les plus stimulants Dans ces situations il s agit de soigner particuli rement le carac t re diplomatique de l invitation sous peine de couper court toute possibilit de dialogue et sans doute toute possibilit d instaurer des changements effectifs Tout en assumant pleine ment le caract re alternatif et donc n
416. n aise Paris Les ditions de Minuit coll Le sens commun vol 1 3 2010 CASTELLS Manuel La question urbaine Paris Fran ois Maspero coll Textes l appui 1972 CASTELLS Manuel Luttes urbaines et pouvoir politique Paris Fran ois Maspero 1975 CASTELLS Manuel et PFLIEGER G raldine De la ville aux r seaux dialogues avec Manuel Castells Lausanne Presses polytechniques et universitaires romandes 2006 CEN TC 124 CEN TC 124 Business Plan Comit europ en de normalisation CEN 16 septembre 2010 CENTRE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE DE LA CONSTRUCTION CSTC Note d Information Technique 80 Pierres Blanches Naturelles Juillet 1970 DE CERTEAU Michel L invention du quotidien 1980 pour l d originale Paris Gallimard 1990 CHADOIN Olivier tre architecte les vertus de l ind termination De la sociologie d une profession la sociologie du travail professionnel Presses Universitaires de Limoges et du Limousin 2006 CHAMPY Florent Nouvelle th orie sociologique des professions Presses Universitaires de France 2011 CHAMPY Florent La sociologie des professions Presses Universitaires de France 2009 CHAMPY Florent Sociologie de l architecture La D couverte 2001 CHAMPY Florent Vers la d professionnalisation L volution des comp tences des architectes en France depuis 1980 Les cahiers de la recherche architecturale et urbaine 1999 vol 2 3 pp 27 38
417. n ralisation la situation d crite dans l pigraphe qui ouvre ce chapitre Celle ci provient d un roman du c l bre architecte de la se conde moiti du 19 si cle Viollet le Duc Son Histoire d une maison met en sc ne un jeune homme Paul suivant de pr s l laboration et la construction d une maison de campagne Dans la veine des romans initiatiques ce jeune homme attir par l architecture est guid par un archi tecte exp riment Ce dernier n est pas avare de conseils et de recommandations et ne se prive pas de rendre explicite une s rie de principes adopter lors de la construction d un b timent La sc ne dont j ai extrait la citation voque l importance du choix des blocs de pierre utilis s pour la ma onnerie ce moment l architecte invite Paul en tant que futur architecte prendre le temps d aller visiter les carri res pour se faire une id e de la fa on dont les bancs qui les com posent se comportent l air libre Il ajoute que c est une tape que nos confr res ne font gu re Ce faisant Viollet le Duc avance une conception tr s holistique de la profession d archi tecte Celui ci est suppos conna tre intimement tous les d tails de toutes les activit s propre Chapitre 5 Normativit s des dispositifs d articulation l activit constructive jusqu au comportement pr cis des pierres et de la fa on dont elles s ef fritent Au del du c t architecte chef d orchestre
418. n 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle Dans les circuits les plus formels de l conomie mat rielle la majorit des dispositifs m dia teurs sont largement stabilis s Du point de vue de la circulation des produits de construction il y a effectivement tout int r t optimiser ces flux et pour cela l conomie mat rielle peut compter sur des dispositifs correctement format s et au r le pr visible Qu il s agisse de normes de r glements d instructions de mise en uvre d agr ments techniques de catalogues ou en core d chantillons tous ces l ments ressemblent premi re vue de simples interm diaires au sens de l ANT Pourtant lorsqu on y regarde de plus pr s le fait que ces l ments aient t format s pour jouer un r le bien pr cis ne garantit pas toujours que c est effectivement ce r le qu ils vont jouer Des glissements peuvent survenir et certains de ces dispositifs peuvent tre r investis Le fait que les normes voluent que certains produits ne remplissent pas leur fonction que des agr ments techniques p riment ou encore que des chantillons ne parviennent pas convaincre le destinataire d acheter le produit en question toutes ces situations donnent pen ser que la stabilit qu ont atteint ces dispositifs est toute provisoire Aussi il est int ressant de consid rer l ensemble de ces dispositifs comme des m diateurs dompt s ou des m diateurs assa gis tout m
419. n 2 N uds Investir les dispositifs d articulation r duction des principes v hicul s par ce r f rentiel au pire ils en galvaudent compl tement la port e Comme le pr cise Robert Salais dans le contexte des politiques publiques concernant l em ploi le choix des indicateurs la production des donn es et leur usage dessinent en creux en quelque sorte la trame normative des politiques impuls es par les autorit s comp tentes Or cette trame normative les pr c dents chapitres l ont bien montr ce sont les organismes de normalisation ou d harmonisation qui les mettent au point au moins dans les grandes lignes Sauf exception les acteurs en prise directe avec les mat riaux ne p sent pas lourd dans le choix et dans la mise au point des indicateurs travers lesquels seront appr ci s les mat riaux La sp cificit d une situation le caract re unique d un mat riau de r emploi ou la diversit de la com position d un sol en argile pour reprendre ces exemples peine tre traduite dans une logique d indicateurs D s lors que cette derni re devient pr dominante ce sont toutes les pratiques li es aux sp cificit s des situations qui se voient d valoris es les mat riaux eux m mes bien s r mais aussi les artisans qui les mettent en uvre leurs organisation conomique et leurs connais sances et savoir faire respectifs En ce qui concerne les connaissances et les savoir faire propres au
420. n centre de tri sont cens s tre compens s par le prix de la mission de d molition comme pour un entrepreneur classique mais aussi par les b n fices qu occasionne la re vente des mat riaux Il s agit d un quilibre d licat puisqu un d mant lement attentif occasionne aussi de plus grands frais de main d uvre De plus d un chantier l autre la qualit des l ments r cup r s varie norm ment Des briques assem bl es avec un mortier au ciment par exemple sont beaucoup plus difficiles r cu p rer que celles qui sont assembl es avec du mortier la chaux Au fil du temps Madame J a d velopp un grand savoir faire qui lui permet de reconna tre rapide ment un b timent susceptible de contenir des ressources int ressantes d un autre mais elle n est jamais tout fait l abri d une mauvaise surprise L un dans l autre bon an mal an elle parvient maintenir son entreprise flots et d gager m me des marges b n ficiaires Tous les mat riaux d mantel s sont achemin s vers le terrain de Madame J qui s tend autour de sa propre habitation R guli rement des clients passent la 95 96 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle voir et parcourent le terrain la recherche de tel ou tel mat riau Son stock a la r putation d tre un endroit propice aux bonnes affaires Il attire une client le assez disparate compos e de particuliers effectuant eux m mes leurs t
421. n glissement vers un registre plus explicitement critique que s appr te faire le d ve loppement de ma recherche 219 Ferry J M Les grammaires de l intelligence Paris Les ditions du cerf coll Collection Passages 2007 p 148 220 Genard J L Expliquer comprendre critiquer op cit Chapitre 5 Normativit s des dispositifs d articulation lt le versant subjonctif de la critique gt Lorsque j utilise le terme critique il me para t important de pr ciser le sens que je cherche lui donner Ici encore les ressources grammaticales vont permettre de faire sentir une nuance importance entre deux orientations possibles du terme Lorsque Genard associe le terme cri tique un investissement du pronom Je il sous entend l id e d un engagement et d une clarifica tion d un arri re plan normatif Mais cette clarification peut elle m me encore prendre des ac centuations modales tr s diff rentes Pour reprendre l exemple de la r ponse la question pourquoi as tu fait a investie selon une orientation normative c est dire avec une de mande d claircissement de l arri re plan normatif le sous entendu implicite peut contenir une dimension plus imp rative li e une id e de devoir c est tr s regrettable tu aurais vraiment d faire autrement mais il peut aussi comporter une dimension plus subjonctive li e une id e de possibilit c est dommage tu aurais pu faire autrement
422. n l occurrence le cahier des charges est un dispositif enti rement d di aux mat riaux L utiliser pour inclure de nouveaux mat riaux dans les assemblages de l conomie mat rielle constitue un d tournement relativement logique La prise en compte des acteurs humains passe vraisemblablement par d autres dispositifs qui appellent d autres tactiques et d autres ruses dans lesquelles certains concepteurs excellent d ailleurs Cela tant la tentative d Alain Richard et de son quipe tait loin d tre absurde De fait il devient de plus en plus courant que des cahiers des charges incluent des clauses sociales conjointement aux clauses plus techniques Ce faisant ce dispositif se voit donc investi par des int r ts plut t li s des enjeux sociaux comme les conditions de travail en parall le au registre technique plus traditionnel ee Le travail de d tournement d un dispositif m diateur l chelle tr s locale d un concepteur ici d une petite quipe de concepteurs semble permettre d effectuer certaines reconfigurations et mener des agencements locaux plut t r ussis Malgr leur caract re extr mement situ ces exp rimentations peuvent constituer une forme de jurisprudence Celle ci concerne les quipes directement impliqu es qui pourront capitaliser sur leurs propres acquis pour reproduire et ac centuer ce type d attitudes dans d autres contextes ventuellement pour autant que la commu nication soit effect
423. n peut dire que Tobie Nathan propose de fabriquer des ma lades ou plut t des maladies partir d un travail sur les attachements Son attention est donc davantage port e sur des artefacts techniques et sur leur ma niement par des th rapeutes engag s dans des mondes singuliers que sur les sujets o se loge id alement la souffrance d crypter Pour paraphraser cette description du geste propos par Nathan on pourrait dire que les concepteurs gagneraient eux aussi porter leur attention sur les artefacts par lesquels se d ploient les attachements qui les lient aux mondes des mat riaux de construction Dans le cas de la construction ces artefacts correspondent tous les dispositifs prescriptifs que j ai d j lon guement voqu Et dans le cas de la construction galement il y a une sorte de communau t d entit s qui se forme de fa on parfois temporaire et toujours situ e autour d un projet donn Celle ci m rite d tre pens e comme un ensemble se devant d tre satisfaisant pour tous les acteurs concern s Ce que je sugg re ici c est finalement de repenser les conditions de f lici t de l acte prescriptif L o les pratiques usuelles en attendent un r sultat effectif et bien d ter min i e obtenir un mat riau donn sur le chantier je propose de consid rer ici que la r ussite du geste tient sa capacit faire appara tre les enjeux et les attachements pr cis qui conce
424. n place pour valuer la r sistance du b ton Ceux ci pr conisent l usage d un appareillage compos principa lement d une presse hydraulique munie d une rotule Une s rie de petits chantillons aux dimen sions normalis es poss dant la forme de cubes ou de cylindres sont soigneusement plac s au 162 NIT 80 p 19 Cette NIT a t remplac e par la NIT 205 dat e de 1997 elle m me remplac e par la NIT interactive 228 pierres naturelles qui constitue le document de r f rence l heure actuelle 163 Institut belge de Normalisation NBN B 15 220 Essais des b tons D termination de la r sistance la compression Bruxelles 1990 143 144 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation centre de cette presse Une feuille de carton est intercal e entre les deux plateaux de la presse et l chantillon La presse produit alors une pression une vitesse de contrainte constante gale 1 0 5 N mm par seconde Il reste alors l op rateur prendre note de la pression laquelle tait soumis l chantillon au moment o celui ci rompt et r p ter cette op ration pour pro duire une moyenne valable LEE er jui s S SES ph MER EEEH 0 ER E eE Illustration XIX abaque repr sentant l chelle th orique des duret s types pour une s rie de pierres courantes L abscisse indique la masse volumique en kg m l ordonn e indique la contrainte de ruptu
425. n point de vue juridique il appara t que les normes techniques et les r gles de l art ne poss dent pas exactement le m me impact Comme l indique Anne Penneau le res pect des r gles de l art qui sont une s cr tion de la pratique et qui existent ind pendantes de toute formalisation est toujours imp ratif En revanche les normes techniques labor es par un organisme de normalisation n acqui rent en principe de force contraignante qu en cas de r f rence expresse du contrat En d autres mots qu on les mentionne explicitement ou non les r gles de l art en tant qu id al vers lequel tendre doivent en principe toujours tre suivies De leur c t les normes techniques n ont de force contraignante que si elles sont invoqu es ex press ment Ce caract re non contraignant est toutefois nuanc par le fait que certaines normes sont explicitement rendues obligatoires par les autorit s comp tentes auquel cas leur observa tion devient bien s r aussi obligatoire De plus ainsi que le souligne l avocat Fr d ric Loumaye dans l un de ses articles si les normes techniques ne sont pas n cessairement rendues obligatoires par la loi les autorit s judi ciaires consid rent souvent qu elles sont assimilables aux r gles de l art C est d ailleurs ce que 276 Penneau A R gles de l art et normes techniques op cit p 179 257 207 208 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articu
426. n r v lateur de cet aspect l architecte y est effectivement d crit comme l expert de r f rence poss dant les connaissances n cessaires la construction d un b timent sous entendant que les autres profes sionnels ou les commanditaires eux m mes ne les poss dent pas il s est rendu l galement in contournable pour la plupart des travaux de construction quand bien m me d autres personnes 363 Ibid p 53 364 Ibid p 55 365 Ibid p 58 366 Ibid p 59 367 Ibid p 55 Chapitre 8 Prescripteurs seraient capables de prendre elles m mes en charge la construction de l espace b ti la r gle mentation les en emp che dans les grandes lignes et sa profession met aussi en avant des int r ts d passant les commanditaires d o la n cessit du travail d accompagnement pour trans former les aspirations des commanditaires Comme le m decin la position institutionnelle de l architecte est bas e sur la prescription l ordonnance pour des m dicaments du m decin se substitue le tierc cahiers des charges m tr s et g om traux pour la mise en uvre des mat riaux de construction M me si comme je l ai montr diverses reprises l chelle individuelle certains prati ciens adoptent d autres postures et parviennent valoriser d autres formes d expertise leur situa tion institutionnelle ne les invite pas travailler en ce sens C est pourquoi beaucoup d gards une approche inci
427. naient que leurs ouvriers refusent de manipuler de tels mat riaux bien que ceux ci n aient pas t consult s Les architectes en charge de la conception avaient d cid de ne pas laisser d inscriptions apparentes afin de minimiser ce type de r actions qui n taient pas directement le propos du projet Leur proposition n insistait pas non plus sp cialement sur la provenance de ces l ments De m me ce n taient ni les architectes ni le travail de prospection de Ro tor qui tait l origine du d classement de ces s pultures Il s agissait quelque part d une op ration opportuniste de captation d l ments potentiellement r utilisables dans un flux existant par ailleurs Finalement l assembl e s est rang e l id e qu il s agissait effectivement d une bonne opportunit Il faut sans doute pr ciser que cette d cision a t quelque peu 6 Rotor asbl Boniver T Devlieger L Ghyoot M Gielen M Lasserre B et Tamm M d Hoop A et Zitouni B Usus usures tat des lieux How things stand Bruxelles ditions Communaut fran aise Wallonie Bruxelles 2010 p 74 75 Introduction 23 forc e par l intervention muscl e du bourgmestre de l poque qui se trouvait par hasard tre dans le camp des personnes favorables l id e d une r utilisation de ces dalles fun raires Quoiqu il en soit de telles discussions n auraient sans doute jamais eu lieu avec des mat riaux neufs Illustration l Un lot de pie
428. nce des r gles majoritaires pour faire compter des int r ts mi noritaires Voil trac s tr s gros traits les contours de cette figure du concepteur responsable telle qu elle ressort de son immersion dans les lin aments de l conomie mat rielle Il y aurait moyen d affiner ce portrait d aller plus loin dans chacune des pistes voqu es et d en ajouter d autres Il y aurait aussi moyen de choisir une tout autre entr e que celle des mat riaux de construction Au lieu de mettre la figure du concepteur l preuve des circuits de l conomie mat rielle on Chapitre 9 Vers des prescriptions plus soign es pourrait la confronter aux usages aux dispositifs manipul s en phase de conception et au de R aux usagers aux travailleurs charg s de mettre en uvre le projet ou bien d autres choses encore n en pas douter de telles approches feraient appara tre d autres exigences et induiraient d autres boug s dans leur travail Je m en tiendrai pour ma part ces quelques pistes voqu es ici J aimerais toutefois encore examiner comment cette figure composite du concepteur prescripteur et le type de r f rentiels auxquels elle renvoie obligent repenser la notion de responsabilit Ce point sera abord dans la conclusion 405 C est l une des dimensions implicites de la th se d Ariane d Hoop dans le cadre de l laboration des lieux de soins psychiatriques Cf d Hoop A Concevoir un lieu de s
429. ndeur l expose avec soin Le d placement suffit parfois susciter de nouveaux attachements 140 Le plaisir de la chine qui est l un des moteurs du secteur de la seconde main au sens large s oppose en tous point l argument de la disponibilit qui compte beaucoup plus dans le monde industriel Sur une brocante dans le monde dans antiquit s pour les collectionneurs d objets anciens c est pr cis ment parce que quelque chose est difficile trouver qu il prend de la valeur Il s agit l d une valeur tr s explicitement mise en avant dans tous les magasins d antiquit s architecturales qui repr sentent une grande proportion des revendeurs de mat riaux en Belgique Chapitre 3 Quand les mat riaux nus s quipent dame J la question de la responsabilit du revendeur vis vis de son produit ne se pose pas v ritablement en des termes plus formalis s Ce que je disais plus haut propos de la confiance qu un commer ant doit susciter vis vis de ses clients reste ici d application Le fait que le sec teur du r emploi soit un v ritable patchwork d entreprises aux profils divers aide pr venir des situations monopolistiques o une entreprise seule pr sente sur leur march dispose d une in fluence suffisante pour se permettre de baisser la qualit de ses services Dans le secteur des re vendeurs de mat riaux le s rieux et le professionnalisme restent des qualit s qui comptent D un point de vue l gislatif tout p
430. ndispensable d tablir des partenariats plus respectueux entre esp ces Elle choi sit ici les chiens et les humains m me si elle voque aussi d autres types de partenariats au fil des pages de ce court ouvrage et dans d autres de ses travaux Ce qui lui importe surtout c est de parvenir envisager un avenir commun plus radieux tout en prenant la pleine mesure des h ri tages f rocement conflictuels et toujours lourdement politiquement charg s qui caract risent les relations entre les esp ces Dans ce manifeste et dans plusieurs de ses autres travaux elle tente de tracer et de rendre vi sible certaines des connections qui relient les esp ces entre elles Elle s int resse par exemple ce qui la relie en tant que femme aux souris Onco modifi es g n tiquement pour devenir ul tra sensibles au cancer et servir ainsi la recherche contre cette maladie Elle s int resse gale ment aux connections qui s activent quand elle caresse le voluptueux Montagne des Py r n es i e une race de chien de sa voisine et qu elle touche en m me temps les loups gris canadiens et les l gants ours slov nes r habilit s l cologie restaurative internationale les 294 Flipo F Nature et politique Contribution une anthropologie de la modernisation et de la globalisation Paris ditions Amsterdam 2014 p 362 295 Haraway D Manifeste des esp ces de compagnie Chiens humains et autres partenaires op cit
431. nds Le pr sent travail a tr s clairement b n fici de discussions et d observations men es au sein de la Facult d architecture de l Universi t libre de Bruxelles mais aussi l cole d architecture de Sheffield o j ai s journ quelques mois Ce type d change ne se limite pas aux coles d architecture Cette recherche repose ga lement sur la rencontre diverses occasions et dans divers contextes de praticiens venant d ho rizons diff rents Qu ils soient formalis s ou non ces moments d changes r sonnent d une fa 13 14 Introduction on ou d une autre dans les pages de ce travail notamment sous la forme d un relativement large corpus de cas d tudes Cette recherche esquisse grands traits les contours d une figure du concepteur quelque peu diff rente des figures que l on rencontre usuellement dans le domaine de la construction ou dans celui de l enseignement de l architecture Dans les grandes lignes elle invite les concepteurs prendre davantage en compte toute une s rie d exigences qui apparaissent d s que l on se penche de plus pr s sur ce qui rend possible la circulation des mat riaux de construction Cette invitation dont la forme n est pas d finitive g n re un impact diff rent en fonction des personnes qui elle s adresse C est pourquoi elle m rite quelques pr cisions Pour certains praticiens que leur s pratique s aie nt par ailleurs voir avec la conceptio
432. ne finalit partag e par tous les acteurs amener tel ma t riau jusqu un chantier o il pourra tre mis en uvre mais les int r ts qui poussent tra vailler dans ce sens varient consid rablement Ces deux cas de figure font appara tre p le m le et de fa on non exhaustive des crit res juridiques commerciaux esth tiques techniques pra tiques environnementaux etc lt la marchandise dans tous ses tats gt Suivre les trajectoires d quipement des mat riaux est un processus dynamique Il donne voir des passages par diff rents registres Comme l indiquent galement les cas de figure vo qu s ici ces registres poss dent une certaine influence sur les mat riaux Ils affectent chacun leur fa on les mat riaux Non pas physiquement comme un processus de production affecterait 85 86 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle la forme m me d un l ment mais plut t du point de vue des caract ristiques qu ils em barquent Les mat riaux ressortent quip s de tous ces tours et ces d tours On savait depuis Marx que les marchandises sont une chose tr s complexe pleine de sub tilit s m taphysiques et d arguties th ologiques qui peuvent sembler triviales au premier abord mais qui d s qu on s y int resse d un peu plus pr s se livrent des caprices plus bi zarres que si elles se mettaient danser Marx voquait notamment cette prop
433. ne hauteur de pla fond d finie par la taille d un escalier en colima on d nich chez un revendeur etc Pour ces clients l peu importe que les mat riaux soient munis ou non de tous les dispositifs formels qui garantissent la circulation des marchandises au sein des circuits officiels de l conomie mat rielle Si ces mat riaux de r emploi peuvent effectivement tre qualifi s de nus en regard des exi gences r glementaires s appliquant aux produits de construction neufs cette nudit est toute re lative Comme je l ai indiqu ils sont par exemple profond ment charg s de toutes les marques de frictions physiques qui s y sont d pos es au cours de leur usage ou lors des op rations de d mant lement Ils sont aussi charg s des traces immat rielles de leur rencontre avec le savoir 130 Pour une analyse statistique de ces ph nom nes cf notamment Feld S La main d uvre trang re en Belgique Analyse du dernier recensement Louvain la Neuve Academia Bruylant 2010 Pour une analyse plus politique cf Martinez D Carnets d un int rimaire Marseille Agone coll M moires sociales 2003 Corsani A et Lazzarato M Intermittents et pr caires Paris ditions Amsterdam 2008 107 108 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle faire des travailleurs charg s de leur d mant lement de leur nettoyage et de leur revente Celles ci constituent autant de dispositifs accom
434. ne r ussite de l avis m me de l architecte les exp rimentations de r emploi semblent avoir mieux fonctionn Bien s r entre l horizon id al o tous les l ments du b timent sont r cup r s et remis en uvre dans le nouveau projet et le r sultat effectif l cart semble grand Beaucoup des mat riaux susceptibles d tre r em ploy s n ont pas pu l tre pour toute une s rie de raisons pratiques li es entre autres l inertie des pratiques du secteur de la construction Cela tant le projet offre tout de m me quelques 398 Ibid p 59 279 280 Section 3 Positions Les concepteurs embarqu s dans l conomie mat rielle beaux exemples de r ussites locales notamment au niveau des cloisons int rieures ainsi que dans la r utilisation de certains l ments de bardage Ce cas de figure est sans doute trop limit pour tirer de grandes conclusions mais il semble tout de m me ressortir de cet exemple qu un dispositif prescripteur tel que le cahier des charges s av re peut tre plus adapt aux acteurs non humains qu aux acteurs humains Les articles taill s sur mesure pour les mat riaux ont en tout cas entra n s des effets plus palpables que ceux labor s autour de l id e d int grer les l ves dans le processus Cela tient sans doute ce que la circulation des humains dans l conomie mat rielle passe par des circuits sensiblement diff rents de ceux emprunt s par les mat riaux de construction E
435. nes l agence il y a le Z brano du cahier des charges pour lequel sont pr cis es les caract ristiques techniques il y a le z brano du m tr qui est associ une quantit et un co t il y a Z brano l esp ce en sursis quelque part dans les for ts tropicales africaines qui se demande s il sera extermin par les coupes sauvages des forestiers ou s il sera sauv par le travail des organismes de pr servation de la biodiversit il y a aussi le z brano coup celui qui est assembl en panneaux de contre plaqu ou encore celui qui est empaquet sur des palettes et transport jusqu New York il y a encore Z brano la finition qui ajoute ce cachet chic au d cors de la boutique de v tements de luxe et enfin il y a Z brano le contest qui suscite des vagues d indignations de la part des en vironnementalistes new yorkais chacune de ces tapes chacun de ces tats ce sont des ca ract ristiques tr s diff rentes qui sont appr ci es D une certaine mani re le mat riau porte les traces de son passage par toutes ces ar nes de production culturelle Cette num ration montre aussi qu il y a tout de m me deux circuits assez distincts D un c t il y a des acteurs qui manipulent le mat riau dans ses tats les moins mat riels si je puis dire On pourrait presque dire que les concepteurs travaillent avec une version platonique du mat riau Celui ci est voqu par des dessins des textures d
436. nes mani res de penser traduit par Ferron N 1907 pour d originale en anglais Paris Flammarion coll Champs Classiques n 759 2011 Lapoujade D William James Empirisme et pragmatisme Les emp cheurs de penser en rond 2007 377 Nathan T et Stengers I M decins et sorciers op cit p 20 378 Hermant E Clinique de l infortune La psychoth rapie l preuve de la d tresse sociale Paris Les emp cheurs de penser en rond 2004 Chapitre 9 Vers des prescriptions plus soign es des actes divinatoires tels que l invocation et le travail de composition d un cahier des charges chez l architecte Ce que le m decin peut apprendre de l art ancestral du commerce avec les 379 q l diables tel que rapport par Nathan architecte peut sans doute y trouver aussi des pistes de reconfiguration pour ses propres pratiques En l occurrence le point commun entre le geste effectu par Nathan et celui que je propose ici concerne un m me travail sur les attachements et les agencements qui en d coulent Le psy chologue et militant Josep Rafanell i Orra parle du travail de Nathan en soulignant sa capacit ne pas construire des patients g n riques et prendre au contraire en compte la sp cificit de leurs attachements propres Pour ne pas capturer les humains dans l universalit abstraite qui les rend au jourd hui des proies de l autonomie solipsiste si proche du projet d un existen tialisme lib ral o
437. neurs ne les comprennent pas Exemple d un rat dans l articulation entre l entrepreneur et le concepteur Source http forums autodesk com t5 AutoCAD 2007 2008 2009 DWG REVCLOUD td p 2045269 Chapitre 6 M nager des marges de man uvre lt les normes techniques une pr cision double tranchant gt Dans le cas d une norme technique les proc dures suivre pour obtenir un r sultat donn sont tout fait formalis es C est m me l leur principale caract ristique Elles se d finissent en effet comme des donn es de r f rence r sultant d un choix raisonn en vue de servir de base la solution d un probl me r p titif Contrairement aux r gles de l art dont le contenu est formalis a posteriori les normes techniques se pr sentent comme des donn es clairement ta blies a priori la formulation de la r gle normative pr c de n cessairement la r alisation de l acte laquelle elle est applicable Mises au point par des organismes gouvernementaux ou para gouvernementaux tels que les comit s de normalisation ou les centres de recherche que j ai d j voqu elles prennent forme dans des documents pr cis et r f renc s que les diff rents ac teurs du secteur de la construction peuvent se procurer assez facilement et auxquels ils peuvent se r f rer En ce sens la norme laisse peu de place l initiative individuelle des acteurs Au contraire le recours express une norme dans un c
438. ni res d couvertes sur un forum sp cialis en parlant du magnifique pas de loup qu il a r cemment d couvert en se baladant dans une carri re abandonn e 166 Toutes ces d nomination sont reprises au tableau 6 de la NIT 220 p 24 Chapitre 4 L laboration des dispositifs m diateurs lt produire une d finition de la pierre gt En d finitive le r le du CSTC et d organes similaires consiste harmoniser et faire s en tendre des domaines assez vari s Bien s r certains de ces domaines sont plus concern s que d autres dans la mesure o un projet commun les rassemble celui d utiliser la pierre bleue des fins constructives en ce sens le collectionneur de fossile qui visite discr tement les carri res pendant les heures de fermeture n est pas directement partie prenante de ce projet Cette t che d harmonisation a t confi e des documents tels que des NIT ou des STS plus ou moins parpill s et plus ou moins concordants Ce sont eux qui d finissent les crit res permettant aux diverses parties impliqu es dans la construction de travailler ensemble malgr des int r ts par fois diff rents voire divergents Les NIT ou les STS ont pour vocation de faciliter le travail aux entrepreneurs comme aux ma tres d ouvrages en s impliquant dans la mise au point de telles sp cifications les fournisseurs et les entrepreneurs peuvent faire part de ce qui leur est techni quement possible de fournir et de mettre en
439. niforme du mat riau En r alit les producteurs de panneaux de contre plaqu n attendent pas qu un entrepreneur leur passe commande pour fabriquer les panneaux en question Comme pour de nombreux produits de construction ils produisent des l ments qu ils mettent sur le march en esp rant qu il y aura de la demande pour de ce produit quitte contribuer la produire Dans le cas tr s situ que je d cris ici qui concerne un panneau de z brano bien pr cis il y a tout une m me une certaine continuit qui a t tablie Et l ad quation de l offre la demande constituait pr cis ment l une des tapes franchir une rupture de stock une faillite des producteurs ou une loi interdisant la coupe du z brano auraient constitu autant de risques mena ant ce franchissement pr cis dans cette cha ne de correspondances 235 236 Section 3 Positions Les concepteurs embarqu s dans l conomie mat rielle n aient pas t pr sents lors des phases de s lection des mat riaux dans ce projet ni ult rieure ment Il peut effectivement sembler tonnant que parmi la multiplicit d intervenant ayant travaill sur ce projet il n y ait eu personne pour se poser la question de l impact cologique du z brano puisque c est principalement sur ce plan que les activistes new yorkais ont formul leurs cri tiques Une fois la d cision prise en amont c est comme s il n y avait plus moyen de bifurquer tout au long d
440. nime une suite de mots d crivant des v nements qui ne se sont pas pass s et on retombe bien l sur la d finition du subjonctif telle que la pr sente Grevisse partir de l indique Delany on retrouve plusieurs sous cat gories Il y a d abord les v nements qui pourraient arriver qui correspondent tous les contes de sociologie ou de technologie plus ou moins pr dictifs Il y a ensuite les v nements qui n arriveront pas ce sont les histoires de science fantasy qui incluent galement les v nements qui ne sont pas en core arriv s avec un ton d avertissement dans le pas encore autrement dit toutes les dys topies Et si l anglais avait un syst me de temps plus raffin ajoute Delany on pourrait bien sen tir que la subjonctivit de la SF inclut aussi les v nements qui ne se sont pas pass s dans le pas s ce qui couvre tous le champ des uchronies et des mondes parall les L une des particularit s du niveau de subjonctivit de la SF rajoute encore Delany c est que tout en se pla ant sur le plan des choses qui ne se sont pas pass es il doit malgr tout prendre en compte notre connaissance de l univers physique Il s agit d tre inform sur ce qui est physi quement explicable En d autres mots les r cits de SF se doivent d tre plausibles Ils imaginent 223 Delany S R About Five Thousand Seven Hundred And Fifty Word 1968 The Jewel Hinged Jaws Notes on the Language of Science
441. nis face aux multiples exigences qui p sent sur les mat riaux et les emp chent d initier des pratiques plus marginales Si cologique ment et politiquement il y a beaucoup d int r t utiliser des mat riaux quip s diff remment de ce qui constitue la norme d un point de vue juridique tout pousse les acteurs rester dans les chemins balis s par des indicateurs institu s J aimerais dans le prochain paragraphe voquer une piste possible de d passement de cette contrainte la rationalit des normes et des indicateurs je voudrais explorer les ventuelles marges de man uvres d gag es par le recours une notion peut tre plus susceptible d tre ac tivement investie les r gles de l art N gocier les dimensions r glementaires r gles de l art vs normes techniques Dans l optique de se doter de dispositifs m diateurs plus mall ables sans pour autant faire comme si aucun dispositif g n rique n existait le recours la notion de r gles de l art semble une piste prometteuse C est en tout cas celle que je vais suivre dans cette partie du chapitre Il s agit d une sorte d exp rience de pens e un exercice sp culatif dans le sens o j ai d fini ce terme Elle s appuie sur l exp rience de quelques praticiens qui dans certaines circonstances ont pris l habitude de se passer des dispositifs prescriptifs pr format s Il s agit souvent de pro jets relativement modestes et men s en collaboration avec un e
442. nit les termes de ce qui est attendu les moyens mettre en uvre pour y arriver les conditions de r ussite et les dispositions prendre en cas de manquement de la part des parties impliqu es Concr tement les cahiers des charges font donc partie d un ensemble de dispositifs permettant aux acteurs de la relation de formaliser leurs volont s et leurs int r ts vis vis de leurs partenaires temporaires En ce sens et pour le dire avec les termes du droit les cahiers des charges tablissent les conditions d un r gime synallagmatique de r ciprocit Usuellement dans le cas du cahier des charges ce r gime englobe essentiellement des attentes techniques Mais d s lors qu il est question de ruser rien n emp che l un ou l autre des partenaires d essayer d y int grer d autres registres Dans ce cas ce quoi oblige le cahier des charges peut tre utilis 392 propos du glissement d une politique bas e sur la construction d un sujet r volutionnaire pur vers une politique bas e des effets d incorporation et de connexion chez Haraway cf le paragraphe lt r pondre de ce quoi l on se connecte p 219 et plus sp cifiquement la note de bas de page n 303 p 221 393 Scott J C Domination and the Arts of Resistance Hidden Transcripts op cit p 138 Chapitre 9 Vers des prescriptions plus soign es pour largir les horizons de la relation en y faisant entrer d autres acteurs par exemple et en complexif
443. niversitaires de Limoges et du Limousin 2006 336 Cf galement la table ronde autour du travail d Olivier Chadoin organis e le 17 mai 2011 la Facult d architecture de l Universit de Li ge 337 Pour une mise en perspective historique particuli rement fouill e de la profession d architecte le recueil dit par Kostof S reste une r f rence The Architect Chapters in the History of the Profession 1977 pour l d originale New York Oxford University Press 1986 338 Bourdieu P Les structures sociales de l conomie Seuil 2000 p 235 256 Chapitre 8 Prescripteurs d un m tier ou d une profession Selon la perspective des premiers travaux de Champy la pra tique professionnelle de l architecture est un domaine qui souffre de d r gulations internes Celles ci le fragilisent et l emp chent de faire face de nouvelles conditions dans le champ de la construction o des groupes professionnels concurrents prennent de l ampleur Les travaux de Chadoin donnent quant eux une image moins dramatique du m me ph nom ne Ils pr sentent en effet les architectes comme des acteurs plut t bien arm s pour faire face leurs concurrents Loin de se r duire une portion congrue l activit architecturale s tendrait au contraire dans de nouvelles parties du champ gr ce sa capacit se diversifier La perspective du champ n a toutefois pas le monopole dans le domaine des approches sociologiques de la pratiq
444. nna Haraway sur les cons quences des ef fets de connexion Il semble que beaucoup de choses passent lors d une simple notification dans un cahier des charges Comment tenir compte de tous ces l ments C est ce qu il faut exami ner ici en t chant de prendre en compte la performativit de l acte prescriptif L un des effets at tendus le principal est de convoquer le mat riau voulu Mais ce faisant la prescription convoque galement tous les l ments tous les acteurs et tous les int r ts qui accompagnent le mat riau tout au long de sa trajectoire Le simple acte de prescrire tel ou tel mat riau mobilise donc des circuits relativement complexes et largement peupl s dont j ai trac les lin aments tout au long de cette recherche Ces circuits sont loin d tre anodins Il semble n cessaire de les consid rer et de les identifier pour pouvoir en r pondre De plus d un point de vue prospectif Chapitre 9 Vers des prescriptions plus soign es certains des l ments pr sents dans ces agencements constituent de potentiels vecteurs de recon figuration En ce sens leur prise en consid ration ouvre aussi des perspectives en mati re de transformation des circuits de l conomie mat rielle En somme il s agit d apprendre traiter avec tous ces l ments invisibles qui surgissent en m me temps que les mat riaux de construction proprement dits Lorsqu un cahier des charges en appelle des formes telles que des STS de
445. nnah Arendt d veloppe dans ses conclusions sur le proc s de Eichmann quoique le crime dont il est 319 question dans ce cas soit bien s r d une toute autre ampleur Alors que les avocats de l accusa tion et de la d fense n ont cess de d battre sur la taille du rouage Eichmann dans la machi 318 Marx K Le capital Le proc s de la production du capital suite op cit p 141 319 Je remercie vivement Jean Fran ois C t de m avoir mis sur la piste de cette r f rence lors de sa r action ma pr sentation de l affaire du z brano 239 240 Section 3 Positions Les concepteurs embarqu s dans l conomie mat rielle nerie bureaucratique nazie qui a rendu possible la mise en uvre de la Solution Finale Arendt affirme que pour la justice la question des dimensions exactes du rouage nomm Eich mann n a aucune importance Elle labore ce point plus longuement Le tribunal reconnut dans le jugement qu un tel crime celui d avoir organis les d portations puis l extermination de toutes les personnes jug es ind si rables par le r gime nazi ne pouvait tre commis que par une bureaucratie gi gantesque s appuyant sur les moyens que le gouvernement mettait sa disposi tion Mais dans la mesure o ce crime reste un crime ce qui est bien s r la condition d un proc s tous les rouages de la machine si insignifiants soient ils redeviennent dans un tribunal des c
446. nomique 2011 pp 79 100 WILLIAMS ROBINSON Julia The Form and Structure of Architetural Knowledge from Practice to Discipline WILLIAMS ROBINSON Julia et PIOTROWSKI Andrzej dir The Discipline of Architecture Minneapolis Londres University of Minnesota Press 2001 pp 61 82 WITH mile Les machines leur histoire leur description leurs usages Paris J Baudry coll Bibiloth que de l enseignement technique 1870 YANEVA Albena Made by the Office for Metropolitan Architecture An Ethnography of Design 010 Uitgeverij 2009 316 Bibliographie ZERBI Stefano Construction en pierre massive en Suisse Th se n 4999 2011 pr sent e le 15 avril 2011 la Facult Environnement Naturel Architectural et Construit laboratoire de Construction et Conservation programme doctoral en Architecture et Sciences de la ville pour l obtention du grade de docteur s sciences cole polytechnique f d rale de Lausanne Suisse 2011 ZITOUNI Benedikte With whose blood were my eyes crafted D Haraway Les savoirs situ s comme la proposition d une autre objectivit E DORLIN et E RODRIGUEZ dir Penser avec Donna Haraway Paris Presses Universitaires de France coll Actuel Marx Confrontation 2012 pp 46 63 Table des illustrations 317 Table des illustrations 318 Table des illustrations Illustration l Un lot de pierres tombales vacu es par un cimeti re communal lorsque
447. ns notamment financi res et les limites de la collaboration 385 Awan N Schneider T et Till J Spatial Agency Other Ways of Doing Architecture Routledge 2011 271 272 Section 3 Positions Les concepteurs embarqu s dans l conomie mat rielle riaux provenant du site notamment des chutes de bois issues des travaux d am nagement effec tu s par les garde forestiers ou par les charpentiers qui travaillent l Les tudiants ont donc peu peu tabli des contacts avec tous ces acteurs et progressivement intensifi les changes avec eux Par des changes verbaux mais aussi par des explications et des d monstrations in vivo la circulation des savoirs et des savoir faire tait effective Durant ce projet les tudiants ont port les casquettes des diff rents acteurs de l conomie mat rielle Actifs dans la phase de conception ce qui est assez classique dans une cole d archi tecture ils ont t amen s porter la casquette ou plut t le casque du charpentier Ils ont aus si d prendre en charge la prospection des mat riaux et le nettoyage de ceux ci pour les mat riaux d j utilis s Il me semble qu il ne faut pas voir ces phases comme des changements de r le complets aucun moment les tudiants ne se sont pris pour des charpentiers ou des four nisseurs de mat riaux Ils sont rest s des apprentis concepteurs tout au long du projet Par contre tous ces changements de r le ont t l occasi
448. ns des contextes plus formels ces phases sont clairement distinctes Ce sont des personnes diff rentes qui s en chargent et leur dialogue se r duit parfois au transfert d un set d instructions La proximit tant nettement moins grande le besoin de clarifier et de formaliser explicitement les mat riaux envisag s se fait sentir C est ce qui donne naissance des disposi tifs tels que les cahiers des charges les plans d ex cution et les m tr s D s le moment o de tels dispositifs entrent en sc ne et ils sont bien entendu monnaie courante dans la majorit des cir cuits de l conomie mat rielle les mat riaux doivent r pondre une exigence suppl mentaire ils doivent se laisser d crire dans le langage propre ces dispositifs Cette exigence la plupart des mat riaux neufs y r pondent De la m me mani re qu ils su bissent une phase de mise au point technique avant d tre mis sur le march ils sont munis d une s rie de dispositifs qui les rendront utilisables par les concepteurs tels que des articles de cahier des charges tout faits ou des descriptions techniques fines Ceux ci sont labor s par les producteurs eux m mes ou par des organismes tiers tels que des centres de recherche Mais une fois de plus les mat riaux qui chappent la d molition et aboutissent dans le secteur du r emploi se r v lent bien nus vis vis de ces exigences Si les concepteurs se contentaient de prescrire des briques en
449. ns la mesure o les mat riaux envisag s ne pr sentaient pas des ca ract ristiques standards il aurait pourtant t pr cieux de pouvoir discuter directe ment avec l entrepreneur pour voir dans quelle mesure les propositions lui sem blaient r alistes et r alisables Introduction Deuxi me contrainte les mat riaux choisis devaient tre descriptibles dans le langage d un cahier des charges La r gle pour les appels publics est de ne pas privil gier l une ou l autre marque afin de favoriser la concurrence entre tous les producteurs susceptibles de r pondre aux exigences En ce sens les descriptions d un cahier des charges pour un appel public doivent tre le plus neutre possible Les concepteurs sont invit s formuler leurs articles de fa on mettre surtout en avant les performances atteindre Les entrepreneurs sont libres de proposer en suite la solution qu ils jugent la plus adapt e face aux exigences ainsi pr cis es Cette mani re de proc der correspond une volont de susciter une certaine mu lation dans un cadre de libre concurrence Un fabricant pourrait mettre sur le mar ch de nouveaux produits r pondant aux m mes sollicitations qu un autre mais in novant sur certains aspects par exemple en utilisant un processus du production moins co teux Dans le cas des mat riaux de r emploi envisag s ici la n cessit de fournir une description g n rique tait une contrainte lourde Par d finition ce
450. nscrire cette activit dans les horizons normatifs et les ap pels la responsabilit d velopp s tout au long de ce travail Ces pistes sont d velopp es partir de cas d tude et d exp riences concr tes dans la partie Quelques pistes pour des pratiques prescriptives plus attentives Le chapitre s ach ve sur une tentative de dessiner le portrait d un Introduction concepteur plus responsable et mieux arm s vis vis des entit s et des exigences propres aux circuits de l conomie mat rielle La conclusion du travail esquisse quelques pistes de r flexion pist mologiques relatives aux accentuations de la notion de responsabilit La figure du concepteur qui merge des consid ra tions pr c dentes brouille en effet la fa on dont s envisage la responsabilit De m me les r f rentiels mobilis s et explicit s tout au long de la recherche invitent galement revoir les l ments sur lesquels repose une telle notion C est sur ces ouvertures que s ach ve la recherche 33 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle 35 SECTION 1 TRAJECTOIRES Les circuits de l conomie mat rielle E 36 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle Chapitre 1 Immersion dans les circuits de l conomie mat rielle En guise d introduction cette section je propose de commencer par une immersion dans l un des circuits de l conomie mat rielle les
451. nseigner les consommateurs sur leurs droits en mati res de garantie l gale 2013 SERVICE PUBLIC F D RAL CONOMIE P M E CLASSE MOYENNE amp NERGIE DIRECTION G N RALE QUALIT ET S CURIT QUALIT ET INNOVATION CONSTRUCTION Sp cifications techniques unifi es STS 04 bois et panneaux base de bois dition de 2008 rempla ant et annulant les STS 04 1 et STS 04 2 dition 1990 Bruxelles 2008 SERVICE PUBLIC F D RAL CONOMIE P M E CLASSE MOYENNE amp NERGIE DIRECTION G N RALE QUALIT ET S CURIT QUALIT ET INNOVATION CONSTRUCTION Sp cifications techniques unifi es STS 45 Parach vement de sol int rieur R impression int grale anciennes publications STS 1979 pour la premi re diffusion diffus es par le SPF conomie P M E Classes moyennes et nergie Bruxelles SHEWHART William A Economic control of quality of manufactured product 1931 pour l d originale Milwaukee Wisconsin tats Unis American Society for Quality Control 1980 SIMONNET Cyril Le b ton histoire d un mat riau conomie technique architecture Marseille ditions Parenth ses 2005 SIMONS Berthold et VYNCKE Johan Les d chets de construction et de d molition Possibilit de recyclage sous forme de granulats dans le b ton CSTC magazine 1993 vol 1 pp 32 41 SMET Marcel dir Resurgam La reconstruction en Belgique apr s 1914 Bruxelles Cr dit Communal 1985 SMITH Richar
452. nsforme en profit pour le producteur Si le produit de construction n est pas coul parce que la demande ne suit pas parce qu il a t concurrenc par un autre produit ou pour toute autre raison le producteur est confront une situation de sur accumulation o il devient impossible pour lui de transformer la plus value potentielle en profit pour le dire se lon une formulation tr s marxienne Bien s r du point de vue des producteurs de mat riaux le passage par le prescripteur n est pas le seul moyen de r aliser de la plus value Il y a des contextes socio conomiques qui se passent des concepteurs et qui n emp chent pas pour autant les vendeurs de mat riaux d couler leurs produits Mais dans un contexte o les concepteurs se sont peu peu positionn s comme des maillons indispensables dans les circuits de l conomie mat rielle ils deviennent de facto un passage incontournable C est probablement pour cette raison que les fabricants de mat riaux pr sentent souvent les architectes comme des ambassadeurs de leur entreprise et de leur produit Tel est le cas dans cette petite brochure adress e par un annonceur publicitaire une s rie de producteurs de mat riaux qui affirme le point suivant Les tudiants en architecture en derni re ann e sont tr s importants pour votre entreprise comme prescripteurs futurs Ils mettront leurs premiers pas dans la pratique apr s avoir r alis leur projet de
453. nt En court circuitant le processus de production habituel de la pierre taille le concepteur s est retrouv face un mat riau qui n tait pas quip des bons dispositifs ni d claration de performances ni sets d instructions et d information ni label CE Pour pouvoir l utiliser dans des projets plus cons quents que des exp rimentations tr s locales il a d initier une boucle de feedback en direction des assurances des centres de recherche ou encore des f d rations du secteur de la construction Ce passage a permis de munir le bloc de pierre brut des dispositifs ad quats sa circulation dans les march s les plus formels de l conomie mat rielle Dans un article sur le travail de Perraudin Val ry Didelon estime qu une des causes du blo cage de certains projets de grande ampleur de Perraudin tient ce que son approche construc tive s oppose trop frontalement aux int r ts de l industrie du b timent au niveau d une r alisation aussi importante il fait r f rence un projet de 10 000 m l utilisation de blocs en pierre massifs se heurtait de plein fouet aux int r ts de l industrie du b timent qui voyait dans ce proc d archa que 176 une concurrence pr judiciable Comme Fernand Pouillon en son temps Gilles Perraudin avait bouscul trop d habitudes et il en payait le prix fort 77 Plus loin Didelon continue dans la m me veine en affirmant qu un mat riau tel que la pierre massiv
454. nt Dans les faits tout s est av r beaucoup plus compliqu que pr vu Les as pects strictement techniques n taient que la partie merg e de l iceberg Ce que nous n avions pas vu venir et qui s est pourtant av r d terminant c est l ensemble des contraintes administratives li es la fa on dont sont men s les projets de construction dans le cadre de march s publics pour des ma tres de l ouvrage tels qu une administration communale Il est possible d identifier ces contraintes a pos teriori Elles mettent en vidence quelques sp cificit s propres aux mat riaux de construction Premi re contrainte le d calage conception r alisation Au moment de conce voir le projet le ma tre de l ouvrage n avait pas encore choisi l entrepreneur pour r aliser le projet Assez logiquement et conform ment aux r gles qui encadrent les march s publics la commune attendait que le projet soit labor avant de lancer un appel public pour identifier l entreprise qui prendrait en charge les travaux de r ali sation Traditionnellement cet appel est bas sur le m tr les plans et le cahier des charges fourni par le bureau d architectes qui ne peuvent tre r alis s qu une fois le dessin du projet bien avanc Or Rotor intervenait en pleine phase de conception Cela signifiait qu il tait impossible de discuter avec les entreprises qui r aliseraient les travaux parce qu elles n avaient tout simplement pas encore t choisies Da
455. nt concern s par le m me probl me celui de parvenir dompter de la pierre bleue de Bel gique et en faire un mat riau facilement utilisable par le secteur de la construction Il s agit d un r cit largement r trospectif dans la mesure o la pierre bleue a depuis longtemps acquis ses lettres de noblesses Son utilisation dans la construction est tr s fr quente et ce quelles que soient la taille et l importance des projets Revenir sur ce processus claire toutefois les enjeux li s l laboration de ces fameux dispositifs d articulation Les autres ar nes concernent des mat riaux moins tablis la terre paille et de la pierre massive beaucoup d gards ce sont des mat riaux encore largement confidentiels quoiqu ils renvoient des traditions constructives plus largement r pandues autrefois En tout cas leur usage contemporain est plut t rare Ils ne b n ficient pas non plus des m mes moyens pour as surer leur promotion Pouvoir les utiliser dans la construction n est pas gagn d avance Ils se heurtent beaucoup d obstacles dont les principaux sont d ordre r glementaire ZN Z Ces diff rentes ar nes renvoient implicitement au contraste d j tabli dans la section pr c dente entre les circuits tr s formalis s et ceux aux exigences moins clairement tablies Ce qui se joue ici touche la fois une diff rence de moyens et la question de l inertie Il est clair que la pierre bleue est l un
456. nt est avant tout l enjeu conomique Il part du principe que les granulats recycl s repr sentent une belle opportunit pour r duire les co ts de toute une s rie de travaux Ce serait pr cis ment cette opportunit de faire baisser les co ts qui aurait pour ainsi dire mis la puce l oreille de l administration Il est possible d identifier un autre l ment moteur qui permet de mieux comprendre ce mouvement d largissement des usages auxquels sont affect s les granulats recycl s Celui ci donne lieu un autre r cit et offre ainsi une autre explication au d veloppement du secteur du concassage Il n est pas question ici de devoir d cider lequel des deux r cits s av re le plus va lable ou le plus vrai mais au contraire de les envisager dans une relation de compl menta rit o la pr tention l objectivit se construirait dans la multiplication des points de vue sur un m me objet 97 Vyncke J Remploi des gravats et d chets de construction sous forme de granulats dans le b ton Circulaire du d partement Environnement amp Infrastructure de la Communaut flamande CSTC magazine 1993 vol 4 p 40 98 L anecdote est rapport e dans Ibid p 39 Chapitre 2 Papiers s il vous pla t Ce second r cit le voici avant d tre utilis s pour la production de b tons neufs les granu lats concass s servaient principalement dans le secteur de l industrie routi re o ils taient em p
457. nt labellis s comme nocifs Ce petit exemple donne un aper u de la fa on dont un l ment a priori assez banal et courant comme le ciment implique en fait une multiplicit d acteurs tr s diff rents et parfois franchement contradictoires le petit r cit produit ci dessus accentue videmment dessein ce caract re presque manich en Si l on veut rendre compte de ce que repr sente l action de mettre en uvre du b ton il semble bien qu on ne puisse pas se contenter de parler des acteurs humains et institu tionnels tels que les multinationales la t te des entreprises assurant toutes les tapes de la tra jectoire de production du mat riau mais qu il faille aussi prendre en compte d une fa on ou d une autre des acteurs premi re vue plus modestes tels ces paisibles moutons broutant le long de la Meuse ou ces huiles usag es pr par es en vue d alimenter les fours ciment lt cologie gt Faire appara tre tous ces l ments troitement li s au destin du b ton est une premi re tape dans le sens d une approche se revendiquant de l cologie politique Le terme cologie ne se r duit pas ici une signification uniquement tourn e vers la protection de la nature au sens o par exemple les programmes Life ou Nature 2000 voqu s ci dessus peuvent tre consid r s comme des programmes environnementaux L cologie politique dont il est question ici se d fi nit un niveau plus g n ral comme
458. nt s adapter pour prendre en compte les exigences propres ces mat riaux En quoi des mat riaux alternatifs tels que les mat riaux de r emploi ou de la terre paille obligent ils repenser les exigences qui p sent sur les configurations de l conomie mat rielle Au lieu de chercher rendre ces mat riaux descriptibles garantis et pr visibles si on se demandait plut t comment seraient affect es les pratiques des acteurs de l conomie mat rielle d s lors qu ils doivent travailler avec des mat riaux relativement durs d crire peu vidents garantir et diffi ciles pr voir En particulier les pratiques des concepteurs quoi devraient elles corres pondre pour s adapter aux exigences sensiblement diff rentes qui sont celles de ces mat riaux Prendre au s rieux de tels mat riaux et les int r ts qui sous tendent leur promotion oblige se poser de telles questions En ce sens on peut voir dans ces diff rents mat riaux un haut po tentiel heuristique et r flexif ils obligent s interroger sur le fonctionnement actuel de l cono mie mat rielle et imaginer partir de l de possibles reconfigurations Et plus que de la pure sp culation la prise au s rieux de tels mat riaux m ne aussi de v ritables tentatives d exp ri 165 166 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation menter et de mettre l preuve ces possibilit s de reconfiguration nouveau les exemples
459. ntaine de pages Ce dont il est question c est de mettre sur le march des produits de construction et plus exactement de s assurer que tous les produits mis sur le march r pondent une s rie d exi gences Dans la mesure o le secteur de la construction engage des effets et des cons quences importantes en mati re de s curit des personnes notamment il est n cessaire de s assurer que tous les mat riaux ne puissent pas tre utilis s n importe comment et dans n importe quelles cir constances C est pourquoi il faut s entendre sur les performances que lesdits mat riaux doivent atteindre 54 R glement UE n 305 2011 op cit p L 88 10 Chapitre 2 Papiers s il vous pla t Avant m me de pouvoir poser la question des performances encore faut il que celles ci soient exprim es d une fa on compr hensible l chelle de toute l Europe Pour cela il est n cessaire de mettre au point un langage harmonis encadrant la circulation des marchandises La plupart du temps de telles tentatives d harmonisation du langage ne partent pas de z ro Elles s appuient sur une s rie d l ments pr existants partir desquels se dessine plusieurs options Une possibilit extr me consiste abroger purement et simplement les l ments anciens au pro fit d une cr ation largement originale Mais le plus souvent ce qui se passe rel ve tant t de l im position d un langage pr existants sur tous les autres
460. ntative d interpr tation des articles d rogatoires comprend par ailleurs une autre faille S il est vrai que beaucoup des pratiques du secteur du r emploi s apparentent des modes de production qui rel vent bien des gards de l artisanat il existe dans ce secteur une grande vari t de pratiques et de modes d organisation du travail Certaines entreprises du secteur fonc tionnent selon des configurations beaucoup plus proches d un mode de production industriel En somme les d rogations du r glement n 305 2011 semblent d cid ment ne pas s appli quer aux mat riaux qui circulent aupr s des revendeurs belges Si certains de ces mat riaux sont bel et bien produits selon des proc d s traditionnels on y retrouve aussi des mat riaux beaucoup plus contemporains ou du moins des mat riaux produits selon des proc d s qui ont toujours cours Si certains mat riaux de r emploi sont bel et bien des pi ces uniques aux carac t ristiques singuli res le ph nom ne de s rie n est pas compl tement absent du secteur On y trouve des tentatives plus ou moins pouss es de reconstituer des lots qui ne doivent leur valeur et leur succ s qu au seul fait que les diff rents l ments qui les composent pr sentent une cer taine uniformit m me si cette uniformit est souvent le fruit d une mise en forme bien sp ci fique Enfin si certains des mat riaux pr sents dans le secteur du r emploi sont effectivement trait s dans des
461. ntrepreneur que le concepteur conna t bien Dans ces cas l une simple charte de bonnes pratiques avec un recours explicite ou implicite aux r gles de l art suffit formaliser la fois la relation contractuelle et les exi gences g n rales du projet J ai galement eu l occasion de discuter de ces pratiques avec un avocat sp cialis dans les questions li es la construction Ces discussions et la litt rature la quelle elles m ont donn acc s ont t des ingr dients importants dans le d veloppement de ce chapitre Bien entendu la fa on dont je m ne ici cette exp rience de pens e le recours au r gle de l art permettrait une articulation plus souple entre divers acteurs de l conomie mat rielle se limite un argumentaire textuel Si cette forme me permet de mettre en lumi re les opportuni t s et les limites de l hypoth se il est clair qu une telle proposition ne pourra se v rifier que par un retour l empirie Ce retour empirique d passe toutefois le cadre d un travail de recherche tel que celui que j ai entrepris Aussi les prochains paragraphes sont prendre comme une pro 199 200 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation position encore assez ouverte qui s inscrit dans la suite du propos avanc jusqu ici mais devrait donner lieu des prolongements dans d autres cadres lt d finition juridique des r gles de l art gt Les r gles de l art sont une notion
462. ntroduction sur le march d un nouveau produit En somme ce gros producteur l est plut t bien arm pour faire face aux d fis que repr sentent les cadres juridiques et normatifs Mais tous les producteurs de mat riaux ne disposent pas du m me arsenal D ailleurs les en jeux d innovation ne se posent pas forc ment que pour des producteurs Certains concepteurs et ou ma tres de l ouvrage peuvent aussi l gitimement souhaiter mettre en uvre des mat riaux ou des techniques inusuels tout comme des entrepreneurs peuvent souhaiter mettre en uvre des techniques sp cifiques Certains enjeux se jouent donc des chelles beaucoup plus r 280 Kahn L dir Shelter IL op cit p 3 211 212 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation duites pour des projets de moindre ampleur et disposant de moins de moyens Pour ceux l le cadre normatif p se beaucoup plus lourd et s en distancier demande bien d autres moyens d au tant plus si les pratiques en question se veulent innovantes et ne b n ficient donc pas directe ment de la faible marge de man uvre qu offre le recours la notion de r gles de l art lt horizontalit s des relations entre acteurs gt l aune de toutes ces r flexions peut on en conclure que les r gles de l art constituent bien un dispositif d articulation offrant une plus grande marge de man uvre aux praticiens qui y ont recours Et en quoi consiste cette marge de man
463. nu responsable de se trouver dans telle partie d une r partition statistique Le m me type de s mantique d responsabilisante pourrait tre d ploy e dans un discours tenu par un psychologue par un chercheur en neuros ciences Voire m me par un sociologue quelque peu positiviste Bien qu il propose une lecture historique de l instauration progressive de ce cadre d interpr tation sp cifique qu est la notion de responsabilit le travail de Jean Louis Genard n a pas une vis e t l ologique selon laquelle les accentuations de la responsabilit se succ deraient les unes aux autres rendant caduques celles qu elles remplacent Au contraire diff rentes accentuations constitutives peuvent cohabiter plus ou moins confortablement dans les institutions qui s en sont empar es Bien souvent ces accentuations sont des sujets de controverses ou de discussions dont les issues ne sont pas toujours claires norm ment de dispositifs sociaux oscillent au sein d une continuit entre le dualisme responsabilit irresponsabilit En somme les diff rentes accentua tions de la responsabilit s ne sont ni fig es ni limit es leur spectre pourrait tre tendu Elles doivent avant tout tre consid r es comme des outils permettant de mettre l accent sur des glis sements significatifs et interpellants qui se jouent dans la soci t 289 Ibid p 167 290 Genard J L Gen se de la responsabilit op cit p 13 Chapitre
464. obilis Plus encore apr s avoir suivi de tr s pr s le proc s de Eichmann elle semble convaincue que la justice est un es pace peut tre m me l espace par excellence o ces pr tentions la justice peuvent tre ren contr es ce qui explique peut tre le ton parfois amer de ses propos lorsqu elle sent que la justice d borde ses attributions et perd ainsi quelque part sa pertinence En ce sens les activistes new yorkais se placent dans une perspective semblable Pour eux aussi il ne saurait tre question de diluer la responsabilit des acteurs impliqu s Au contraire ils insistent pour que ces derniers ici les commanditaires prennent explicitement leurs respon 320 Arendt H Eichmann J rusalem Rapport sur la banalit du mal traduit par Gu rin A et Leibovici M 1963 pour l d originale en anglais Paris Gallimard coll Folio Histoire n 32 2002 p 497 321 Ibid p 497 498 Chapitre 7 De maillon en maillon jusqu aux concepteurs sabilit s ce qu ils finiront d ailleurs par faire en annon ant bon gr mal gr une refonte de leur charte environnementale Dans le d veloppement de mon propos la question se pose toutefois sous un angle sensible ment diff rent Il ne s agit videmment pas ici de faire le proc s des concepteurs ni de quelque autre acteur de l conomie mat rielle Il n est m me pas tellement question dans ce qui va suivre d en rester un plan juridique D ai
465. ocessus de conception arr tera des choix plus cette cha ne de correspondance deviendra pr cise et resserr e Finalement dans le cas du magasin new yorkais la cha ne est solidement tablie entre un fichier num rique dont l information repr sente une texture de bois exotique et un panneau de bois contre plaqu mis en uvre dans un magasin de luxe Le z brano a fini par tablir une cha ne de correspon dances fluide entre ces diff rentes tapes de l conomie mat rielle lt parcourir les maillons gt J ai montr avec le cas de la pierre bleue dans la section pr c dente qu un travail intensif est men afin de faire se correspondre les divers tats sous lesquels se pr sente un mat riau de construction tout au long de sa trajectoire Du point de vue de l conomie mat rielle il s agit bien d tablir une correspondance troite entre toutes ces tapes Le cas de figure que j ai pr 233 234 Section 3 Positions Les concepteurs embarqu s dans l conomie mat rielle sent ici l illustre assez bien Il y a comme une cha ne de r f rence pour reprendre un terme propos par Bruno Latour qui a t tablie entre la texture virtuelle mod lis e dans le fi chier zebrawood png et le panneau de contreplaqu finalement install sur le sol d un magasin new yorkais Lorsque cette cha ne est effectivement tablie et j ai insist dans la pr c dente section sur le fait qu elle ne se construit pas
466. oeken en stukken van de stenen zijn Indien men het ruwste uitzicht wenst moet de stenen met de meest grillige en de meest ruwe kant lang s de zichtzijde vermetsen Indien men een minder ruw uitzicht wenst moet men dan de stenen met de minst gr llige en de minst ruwe kant langs de zichtzijde vermetser Illustration XV Mise en uvre et appareillage des briques de parement Olivier Cette image est extraite d un document fourni par un revendeur de briques d occasion Olivier ses clients Il y sp cifie une liste de conseils techniques et pr cise que leur non respect engage la responsabilit de l ex cutant Source http olivier be bien des gards un document de ce type est ce qui se rapproche le plus d une d claration des performances ou d une fiche technique dans le contexte pourtant relativement peu formalis du secteur du r emploi Il joue le m me r le de distribution claire des responsabilit s entre les diff rents acteurs de l conomie mat rielle Il offre le m me type d informations quant aux per formances du mat riau Et il joue m me le r le d une sorte d article de cahier des charges sup pos faciliter la communication entre un ma tre d ouvrage et ou un concepteur et l entrepreneur 126 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle charg de mettre en uvre les briques Finalement un tel document est assez proche du langage bien particulier utilis pour la r daction d artic
467. ogie Galil e 1991 GRAMSCI Antonio Gramsci dans le texte Paris ditions Sociales 1975 Bibliographie 307 GUTMAN Robert Architectural Practice A Critical View Princeton Architectural Press 1988 HACHE milie Ce quoi nous tenons Propositions pour une cologie pragmatique Les emp cheurs de penser en rond 2011 HACHE milie Qu est ce qu une cologie politique de gauche cologie et capitalisme d cembre 2011 n 12 pp 61 70 HACHE milie dir cologie politique Cosmos communaut s milieux ditions Amsterdam 2012 HARAWAY Donna Les promesses des monstres politiques r g n ratives pour d autres impropres inappropri es 1992 DORLIN Elsa et RODRIGUEZ Eva dir Penser avec Donna Haraway traduit par AGUITON Sara Angeli Paris Presses Universitaires de France coll Actuel Marx Confrontation 2012 pp 159 229 HARAWAY Donna Manifeste des esp ces de compagnie Chiens humains et autres partenaires traduit par HANSEN J r me 2003 pour l d originale en anglais Editions de l clat coll Terra Cognita 2010 HARAWAY Donna Des singes des cyborgs et des femmes La r invention de la nature traduit par BONIS Oristelle 1991 pour l d originale en anglais Actes Sud 2009 HARAWAY Donna Savoirs situ s la question de la science dans le f minisme et le privil ge de la perspective partielle 1988 Des singes des cyborgs et des femmes La r in
468. oi ou la terre paille les blocs en pierre de Perraudin ont t confront s des exigences di verses pour lesquels ils n taient pas sp cialement arm s exigences en terme d assurance n cessit d offrir des garanties obligation de r pondre des exigences li es aux performances thermiques du mat riau etc Au fur et mesure que l chelle des projets et le nombre d acteurs impliqu s augmentaient Perraudin a d user de ruses de plus en plus fines pour int grer la pierre brute dans des projets publics et des b timents importants Chapitre 4 L laboration des dispositifs m diateurs Pour pouvoir construire d importants b timents publics en pierre il fal lait Gilles Perraudin faire preuve de davantage de p dagogie aupr s des ma tres d ouvrage travailler en amont avec les entreprises et s impliquer profond ment dans la r vision de r glementation Sur ce dernier point les dif f rents acteurs de la fili re pierre au premier rang desquels les carriers al laient bient t faire r aliser plusieurs tudes techniques visant d montrer les vertus sp cifiques du mat riau Une fois encore on voit comment un mat riau doit faire l objet d un quipement bien sp ci fique pour surmonter les obstacles pos s par les dispositifs existants ou dans ce cas ci par la pr sence d int r ts contradictoires Le diagramme de la page 163 r sume la situation laquelle Perraudin tait confro
469. oin en psychiatrie une construction collective titre provisoire Th se de doctorat Facult d architecture La Cambre Horta de l Universit libre de Bruxelles Bruxelles n c 406 Sur la question de l importance des objets planologiques dans la relation entre les concepteurs et d autres acteurs concern s par l am nagement de l espace cf notamment Houlstan Hasaerts R et Laki G Les objets planologiques en d placement Vers une jurisprudence de cas ethnographiques para tre Clara architecture recherche 2015 vol 3 407 Sur la question des d placements chez les architectes li s la prise en compte des usagers cf notamment Genard J L A propos du concept de r flexivit Bergilez J D Guisse S et Guyaux M C dir Architecture et r flexivit Une discipline en r gime d incertitude Bruxelles La Lettre vol e coll Les Cahiers de la Cambre Architecture n 6 2006 pp 10 21 408 Les liens entre concepteurs et travailleurs du b timent ont t abord s de fa on plus explicite dans cette recherche cf notamment le passage sur S rgio Ferro dans le paragraphe lt horizontalit s des relations entre acteurs gt p 212 285 Conclusion La responsabilit l aune du d passement nature culture 287 Conclusion La responsabilit l aune du d passement nature culture 288 Conclusion La responsabilit l aune du d passement nature culture Tout au long de cette recherch
470. oment pour une raison ou une autre ils sont susceptibles d agir autrement que ce pour quoi ils taient pr vus initialement Cela implique aussi qu ils sont susceptibles et suscep tible indique bien qu ils peuvent le faire mais ne le feront pas n cessairement de modifier la tra jectoire d un mat riau et de reconfigurer les assemblages qui s taient cristallis s autour de lui dans les circuits de l conomie mat rielle Ici encore cette distinction n est pas une simple touche d l gance m thodologique Il s agit au contraire d un point crucial dans cette enqu te Dans la mesure o celle ci se veut attentive aux possibilit s d effectuer certaines reconfigurations au sein des assemblages de l conomie ma t rielle il est important que les dispositifs qui en assurent la coh rence ne soient pas d finitive ment fig s Si c tait le cas il deviendrait inutile d esp rer instaurer de nouvelles configurations Par contre en consid rant que chacun de ces dispositifs est susceptible d tre r ouvert et red ploy il devient galement possible d imaginer de nouvelles articulations lt un dispositif m diateur plut t rare gt Tr s concr tement dans le cas de ce travail sur la professionnalisation des revendeurs de mat riaux de seconde main il y a eu investir diff rents dispositifs m diateurs existants pour leur faire produire des effets sensiblement diff rents Lors de ces recherches est d ailleurs apparu un docum
471. on Cela posait malgr tout la question du d calage temporel comment garantir que tous ces l ments identifi s en phase de conception soient encore disponibles au moment o commencent les travaux vraisemblablement quelques ann es plus tard Et qui allait se charger de les entreposer et les conserver Le fait qu ils appartiennent la commune ne ga rantit pas encore que les diff rents services communaux pourront se coordonner entre eux pour g rer cette t che De plus parmi toutes les sources identifi es cer taines taient relativement pr visibles comme les pierres tombales dont on pou vait pr voir l avance et avec une certaine pr cision lesquelles seraient jet es et quand mais aucune n offrait de r elle certitude quant sa disponibilit future 21 22 Introduction Chaque chantier est d j un exercice compliqu de gestion des contingences Si l avancement d un chantier se met d pendre intimement du bon d roulement d un autre la t che devient quasiment insurmontable Quatri me contrainte l appr ciation des l ments de seconde main Si tous ces mat riaux appartenant de fait et de droit la commune de Molenbeek r pondaient aux attentes techniques c tait sans compter sur les r actions parfois fort peu en thousiastes de certains interlocuteurs Le projet pour lequel Rotor avait t appel se d roulait dans le cadre d un programme de r novation urbaine qui impliquait la concertation de
472. on XIII ouvriers affect s au nettoyage des briques de r emploi Source Rotor Illustration XIV catalogue d un vendeur de briques et de tuiles d occasion et Vieillies Le petit encadr dit Vieilles briques une soixantaine sortes de briques de r cup ration sont livrables de stock e a les vieilles briques de Beerse la klampsteen la paapsteen la derdeling les vieilles briques de Brugge Briques vieillies ces briques tant fabriqu es r cemment la fa on ancienne ont vraiment l aspect d une vraie vieille brique Source Kempische Bouwmaterialen 111 Illustration XV Mise en uvre et appareillage des briques de parement Olivier Cette image est extraite d un document fourni par un revendeur de briques d occasion Olivier ses clients Il y sp cifie une liste de conseils techniques et pr cise que leur non respect engage la responsabilit de l ex cutant Source http olivier be 125 Illustration XVI Une brique neuve est munie d une s rie de dispositifs qui garantissent sa circulation au sein des circuits de l conomie mat rielle d claration de performances documentation technique informations et instructions label CE etc 127 Illustration XVII Une palette de briques de seconde main ne dispose a priori pas des m mes dispositifs quoiqu elle soit tout de m me munie d une s rie de caract ristiques Celles ci lui permettent de circuler dans des circui
473. on assez fine des m tiers de la conception Un premier l ment soulign par Potter est le fait qu un concepteur travaille g n ralement pour quelqu un Il est sollicit par un commanditaire qui vient le voir avec une question sp ci fique Le concepteur doit essayer de cerner la teneur de cette question en claircir les enjeux et 322 Potter N Qu est ce qu un designer Objets lieux messages traduit par Suboticki D et Rouffineau G 1969 pour l d originale en anglais Paris Saint tienne B42 Cit du Design 2011 243 244 Section 3 Positions Les concepteurs embarqu s dans l conomie mat rielle effectuer une bonne valuation des moyens disponibles pour r pondre la sollicitation Le deuxi me l ment qui ressort de sa description de l activit des concepteurs est le fait que ceux ci travaillent g n ralement de mani re indirecte il admet qu il y a des exceptions ce qu il avance l leurs cr ations celles des designers prennent au final la forme d instructions qui s adressent des entrepreneurs des fabricants et d autres ex cutants Ces instructions peuvent se composer de caract ristiques techniques de notes de synth se et autres documents crits de plans d ex cution d taill s de des sins de pr sentation destination des clients de maquettes et parfois de proto types grandeur nature Dans la mesure o le designer ne s implique pas davan tage dans la production pr
474. on d tablir des interfaces avec d autres ac teurs et d autres logiques Lorsqu ils sont pass s du mod le 3D la maquette 1 20 puis aux di vers prototypes 1 1 avant de se lancer dans la construction du prototype d finitif ils ont d se confronter de nouvelles exigences apprendre utiliser certains outils conna tre les caract ris tiques du bois aff ter leur regard pour d tecter les points de faiblesse d un chevron etc Ces questions ont merg par la proximit des tudiants et des acteurs du site aguerris toutes ces questions La prise de connaissance de ces diff rents aspects a influenc l laboration de leur projet avec des aller retours assez nourris entre la phase de conception et celle de la r alisation Dans le cas de ce projet le bois qui a t utilis pour construire le prototype a t envisag simultan ment travers ses diff rents tats Les chevrons utilis s proviennent d une scierie lo cale qui munit ses mat riaux de tous les dispositifs r glementaires n cessaires documentation technique information d claration des performances etc Ce ne sont toutefois pas ces disposi tifs qui ont jou le r le le plus important dans le d roulement du projet Ils taient sans doute une condition sine qua non pour que ces morceaux de bois arrivent jusque sur le site mais les concepteurs ne s y sont pas limit s Ce qui a permis aux tudiants d avancer dans leur projet c est plut t leur rencontre fa
475. on scientifique du mat riau se m le donc ici de fa on exemplaire des aspects plus op rationnels touchant d une part des crit res techniques et d autres part des crit res d apparence Cet entrem lement d approches autour de la pierre bleue est encore plus accentu dans un autre document technique galement invoqu dans la plupart des cahiers des charges types la note d information technique 220 NIT 220 156 Service public f d ral conomie P M E classe moyenne amp nergie Direction g n rale Qualit et S curit Qualit et Innovation Construction Sp cifications techniques unifi es STS 45 Parach vement de sol int rieur op cit p 7 09 12 139 140 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation lt mutualiser les centres de recherche et d veloppement gt Les notes d information techniques sont produites par un centre de recherche dans le do maine de la construction le Centre Scientifique et Technique de la Construction CSTC Ce lui ci a t fond en 19597 dans la lign e d un projet initi par Paul De Groote qui tait alors ministre des affaires conomiques et formul dans un arr t loi de 1947 cette poque Paul De Groote a mis en place l architecture de la structure juridique et administrative pour encoura ger l tablissement d instituts de recherches dans diff rents domaines industriels Sa volont tait de mutualiser les efforts afin de perme
476. oncassage en Belgique au d but des ann es 1990 et pr s de 90 en 1999 soit deux fois plus Sources 75 76 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle ton a commenc se d velopper fortement Ce transfert de technologie n est bien s r qu un as pect parmi d autres avoir accompagn l intensification du d veloppement de ce nouveau sec teur qui s est jou e d autres niveaux que d un point de vue strictement technologique Parmi les op rateurs de ce transfert il est certain que le Centre Scientifique et Technique de la Construction CSTC et le Centre de Recherches scientifiques et techniques dans l Industrie Cimenti re CRIC ont jou un r le crucial Mais il n taient pas seuls s attaquer aux questions techniques juridiques et organisationnelles d un tel processus ils ont travaill sur toutes ces questions avec un laboratoire de recherches sur le b ton de l universit de Gand ainsi qu avec le d partement M tallurgie et Traitement des Minerais de l Universit de Li ge La pr sence de ce dernier n est certainement pas anodine dans l histoire de ce transfert technologique puisque les d partements scientifiques de l universit de Li ge sont r put s pour avoir accompagn de pr s le d veloppement industriel de cette r gion notamment autour de l extraction mini re de la sid rurgie et de la m tallurgie En r ponse aux ph nom nes de d sindustrialisation qui touchent cette r
477. ondre du choix de ses positionnement et des dispositifs auxquels on se lie pour produire certaines visions certains savoirs certains agencements mat riels suis je tent d ajouter Ces consid rations sont prises dans une pens e politique extr mement riche qui multiplie les appels des effets de connexions et de responsabilisation Au d tour du pli d un autre texte de Haraway on retrouve explicit e cette th matique de la construction de la vision et de la respon sabilit dont l horizon normatif est peut tre davantage pr cis encore les caract ristiques optiques de ma th orie diminutive ne sont pas construites pour produire des effets de distance mais des effets de connexion d encorpora tion et de responsabilit pour un ailleurs imagin que nous pourrons peut tre bient t apprendre voir et construire ici Je crois que la vision peut tre reconstruite par les activistes et les d fenseurs se s engag e s dans une lutte contre les filtres politiques Nous pourrions alors voir le monde tra vers les perspectives rouges vertes et ultraviolettes c est dire travers les perspectives d un socialisme encore possible d un f minisme d un environne mentalisme antiraciste et d une science pour le peuple Le cadre normatif de Donna Haraway se r v le ici assez limpidement Il ne s agit plus seule ment de plaider pour une attention en g n ral aux diverses pi ces d quipemen
478. ont envoy s vers le secteur du traitement des d chets selon des trajectoires qui chappent quelque peu au cadre de la pr sente recherche Quelques mat riaux r cup r s aboutissent dans le sec 150 Pour un aper u g n ral des questions li es la gestion des d chets de construction et de d molition cf entre autres De Baets H dir Bouw en sloopafval Openbare Chapitre 3 Quand les mat riaux nus s quipent teur du r emploi Ils subissent l une s rie de traitement plus ou moins cons quents tri net toyage manutention ce qui leur permet d acc der g n ralement de petits chantiers souvent men s par des auto constructeurs dans un cadre domestique ou informel autrement dit en de hors des pr rogatives des concepteurs patent s Ces mat riaux ne disposent a priori pas des bons dispositifs pour assurer leur circulation au sein des circuits professionnels de l conomie mat rielle Pourtant dans certains cas comme dans le cadre du projet Opalis ou chez certains revendeurs sp cialis s les mat riaux se voient quip s de nouveaux dispositifs susceptibles d as surer leur pr sence dans les circuits les plus formalis s Ce sch ma r sume le propos de cette section consacr e aux trajectoires des mat riaux de construction Il met en vidence l indispensable travail d quipement qui rend possible la circu lation des mat riaux et qui influence en fonction des dispositifs dont sont munis les m
479. ont d pendrait selon Heinich son ventuelle perti nence scientifique reste encore passablement floue Il me semble que cette ambigu t provient d une sorte de double inscription de ma recherche la fois dans un contexte scientifique et en lien proche avec une s ries d exp riences plus personnelles aux vis es plus op ratoires Ce sont d ailleurs l deux des ingr dients qui taient la base du trouble ayant suscit la pr sente d marche d enqu te Si le chercheur explorateur du Sud Est que d crit Heinich semble claire ment distinct de son objet d tude dans le cas pr sent il semble bien que le chercheur soit plus mouill dans les affaires qui le pr occupent Pour Heinich cette situation potentiellement schizophr nique ne semble pas se poser aussi vivement C est un cas de figure qu elle r soudrait vraisemblablement en faisant appel au prin cipe de neutralit axiologique dont elle fait une condition n cessaire de la scientificit des compte rendus Mais cette fa on d vacuer la question ne me semble pas tout fait satisfaisante dans la position que j occupe qui s av re plus floue que celle qui semble caract riser les pos tures des scientifiques auxquels pense Heinich De plus cette attitude ressemble un peu trop l un de ces god tricks qui surabondent dans la rh torique scientifique et que les recherches f mi nistes en g n ral et Donna Haraway en particulier s attachent pr cis ment d non
480. ontraire d interminables querelles il finit tou jours par en sortir une s rie de dispositifs qui exercent ensuite une influence d cisive sur la tra jectoire des mat riaux de construction De tels dispositifs cristallisent les discussions qui ont t men es et les int r ts qui se sont exprim s autour de la table Il est clair que ces processus de discussion aussi repr sentatifs pr tendent ils tre ne par viennent jamais repr senter tous les stakeholders li s un mat riau De m me tous les mat riaux ne b n ficient pas ou pas encore de telles espaces de discussion et de mise en relations d acteurs concern s S il s agit pour ainsi dire de r unir des acteurs vari s autour de la table la 211 Latour B et L pinay V A L conomie science des int r ts passionn s op cit p 75 173 174 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation taille de cette derni re pose une sorte de limite mat rielle la repr sentativit des personnes concern es Il en d coule donc que les dispositifs d articulation qui en ressortent ne cristallisent pas n cessairement tous les int r ts susceptibles d tre li s un mat riau ou une probl ma tique donn s De m me rien ne garantit en soi que l issue de ces discussions fasse l unanimit Chacun de ces espaces poss de ses propres r gles et il est plus que probables que certaines d ci sions arr t es ne plaisent pas tous les repr
481. ontrat d termine explicitement la fa on dont les op rations techniques devront tre men es de rares exceptions pr s c est en s cartant du protocole normalis que les praticiens commettraient une faute professionnelle susceptibles de leur valoir de lourds d sagr ments En ce sens galement les normes sont cens es faciliter la r solution des ventuels litiges D s le moment o tout est d crit minutieusement il est fort facile de d terminer si un ventuel probl me provient de ce que l un des acteurs n a pas suivi scrupu leusement le protocole Ceci dit toutes les normes ne portent pas sur des moyens mettre en uvre Certaines se contentent de fixer et d objectiver les r sultats atteindre Ce type de normes joue alors un r le assez similaire aux r gles de l art en ce sens qu elles fixent un id al vers lequel tendre ceci pr s que les normes objectivent d une fa on ou d une autre ces id aux alors qu ils restent impli cites dans le cas des r gles de l art Ces normes portant sur les r sultats laissent davantage de marge de man uvre aux praticiens pour d cider de la meilleure m thode utiliser afin de r pondre aux exigences et aux contraintes propres aux situations qu ils rencontrent La r glemen tation sur la performance nerg tique des b timents est un exemple de ce type Elle repose sur des dispositifs normatifs impliquant l obtention de certains r sultats et unifiant les m thodes de calcu
482. ootprint Delft School of Design Journal printemps 2009 n 4 pp 7 20 DUMONT A JACQUET A BOURGE C E GOSSELIN P INGELAERE B LEGRAND Christian et MERTENS C Guide des d chets Management des risques environnementaux dans les m tiers de la construction MARCO 2004 DUPIRE Alain HAMBURGER Bernard PAUL J C SAVIGNAT J M et THIEBAUT A Deux essais sur la construction Li ge Mardaga 1981 DURKHEIM mile Le ons de sociologie Physique des m urs et du droit Cours de sociologie dispens s Bordeaux entre 1890 et 1900 texte publi en 1950 et retranscrit dans la biblioth que des classiques des sciences sociales de l Universit du Qu bec Chicoutimi Disponible l adresse suivante http classiques uqac ca classiques Durkheim_emile lecons_de_sociologie Lecons_socio pdf DYER WHITEFORD Nick Cyber Marx Cycles and circuits of struggle in high technology capitalism Urbana Chicago University of Illinois Press 1999 ED L industrie des carri res d veloppe la biodiversit B ton d cembre 2012 vol 217 pp 36 44 Bibliographie 305 F D RATION FRAN AISE DU B TIMENT et CONSEIL DE L ARTISANAT Artisans de notre avenir Le manifeste des artisans du b timent Bouxwiller France Vetter 1999 FELD Serge La main d uvre trang re en Belgique Analyse du dernier recensement Louvain la Neuve Academia Bruylant 2010 FERRO S rgio Dessin chantier ditions de La Villette coll
483. oprement dite il est essentiel que ces instruc tions soient parfaitement claires compl tes et tous points de vue acceptables pour ceux qui les utilisent comme base de travail Dans le cadre de cette recherche c est bien cette phase de prescription qui m int resse en premier lieu Cela tient au point de vue que j ai choisi de suivre ici celui des mat riaux de construction Du ce point de vue le concepteur fait bel et bien office de d clencheur C est lui qui formellement du moins d cide de l utilisation de tel ou tel mat riau face une situation donn e m me si bien s r cette d cision est g n ralement inform e par l implication d autres acteurs commencer par le commanditaire et jusqu un certain point par les mat riaux eux m mes et leurs dispositions r pondre telle ou telle sollicitation Le concepteur ordonne ex press ment via des outils de communication fonction prescriptive tels que les plans d ex cu tion les cahiers des charges ou encore les m tr s que soit mobilis e une certaine quantit de mati re et qu elle soit mise en uvre d une fa on tr s pr cise que ces outils sont justement charg s de d crire en d tail L acte d ordonner express ment un traitement correspond bien la d finition la plus courante que l on peut faire du terme prescription Dans un parall le illustratif qui n est pas aussi anodin qu il n y para t j aurai l occasion d y revenir on p
484. orme de critique constructive nourrie par une analyse fine de ce qui est Finalement les liens semblent assez troits entre un travail de description fine des choses correspondant l orientation Sud Est chez Heinich ou celle de l ANT et une description des choses comme elles pourraient tre Entre les deux il n y aurait qu un pas franchir un pe tit peu de dynamisme de l me pour le dire avec les termes quelque peu d suets du Gr visse un brin de sp culation Conform ment ce qui est annonc ci dessus la pr sente recherche investit le propos selon diff rents modes y compris sur ce mode critique sp culatif Le d tour qui vient d tre effectu par la grammaire et la th orie litt raire devrait avoir permis d claircir ce que j entends par le terme critique la pr sente recherche ne comporte pas exclusivement une vis e d nonciatrice uniquement ax e sur le d voilement et la d construction elle cherche galement faire une place l imagination l espoir que les choses pourraient tre autrement que ce qu elles sont Pour le dire avec la tr s belle expression d Isabelle Stengers s il y a quelque chose h riter des Lumi res ce n est pas tant de la critique comme une fin en soi une croisade pour porter la lumi re l o r gne l obscurit mais plut t ce go t pour la pens e et l ima gination en tant qu exercices d insoumission e Dans cette perspective plus sp culativ
485. ormes techniques Paris Librairie g n rale de droit et de jurisprudence LGDJ coll Biblioth que de droit priv n 203 1989 p 28 30 266 Ibid p 103 142 Chapitre 6 M nager des marges de man uvre vient c est dire lorsqu on peut supposer que les r gles de l art ont bel et bien t respect es il n y aucune raison d en faire une affaire judiciaire De ce point de vue ce sur quoi portaient exactement les r gles de l art n a pas tre explicit elles ont jou leur r le dans la fixation d un horizon vers lequel tendre et manifestement celui ci a t atteint ou du moins la situation s en est rapproch e de fa on satisfaisante En revanche du point de vue des mat riaux de construction il y a tout int r t consid rer aussi les succ s c est dire toutes les occurrences o ils ont effectivement t mis en uvre selon les r gles de l art C est pour cette raison que je vais surtout m int resser ce moment pr alable du contrat o les r gles de l art sont d j mobi lis es mais ouvrent encore toutes les issues possibles les potentiels checs qui obligeront expliciter ce qui se cachait derri re cette formulation mais aussi les potentiels succ s par les quels la notion se r alise en quelque sorte pour le dire avec un certain accent h g lien tel point qu il n est plus n cessaire de l expliciter En d autres termes je m int resserai aux r gles de l art en tant
486. os s tend alors en d tail sur les diverses exigences qui r gissent la circulation des mat riaux Celles ci sont clair es par des consid rations plus th oriques propos des cha nes de circulation des marchandises et de la fa on dont celles ci sont affect es par leur passage de maillon en maillon dans la partie Tra jectoires passages et frictions c t de ces mat riaux hyper format s et particuli rement bien quip s pour traverser les circuits standards de l conomie mat rielle il existe d autres mat riaux qui ne disposent pas de tels dispositifs C est ceux l que s int resse le prochain chapitre Chapitre 3 Quand les mat riaux nus s quipent Il prend comme cas d tude quelques mat riaux issus du secteur du r em ploi dans la partie Les mat riaux de r emploi Ceux ci permettent de faire sentir une s rie de contrastes entre les exigences les plus formelles et puis les Zones moins d finies de l cono mie mat rielle Ce contraste touche notamment aux exigences qui sont en jeu mais aussi sur tout la fa on dont celles ci s incarnent dans des dispositifs tr s diff rents En fonction de la fa on dont sont quip s les mat riaux leurs d bouch s s av rent eux aussi tr s contrast s Tel est l objet de la partie Diff rents dispositifs diff rents d bouch s Le chapitre 3 et avec lui la section 1 s ach vent par un examen attentif des dispositifs m diateurs qui assur
487. ouiller au sein d une large base de donn es d images de textures Au fil des pro jets le bureau a accumul de nombreux fichiers soigneusement regroup s dans un dossier consacr sur son serveur Tous les ordinateurs du bureau ont acc s au m me mat riel Celui ci est fr quemment augment par le t l chargement de banques de donn es d images qui circulent en ligne sur des sites payants et dans les r seaux de peer to peer Le dossier textures contient des centaines d images repr sentant des autant de mat riaux diff rents Dans le cadre de ce pro jet les contraintes qui se posent ne sont pas trop astreignantes Le budget n est pas un obstacle majeur et le rev tement ne joue pas un r le structurel Ce qui compte principalement c est de trouver un mat riau qui en jette original mais chic tout fait dans la lign e des collections de v tements vendues par le com manditaire Pour s aider dans ses recherches le stagiaire dispose galement d une grande biblioth que o livres et revues constituent de pr cieuses sources d inspira tion ainsi que d une mat riauth que assez bien fournie qui regroupe des chan tillons envoy s par des producteurs de mat riaux situ s un peu partout dans le monde partir de la base de donn es il peut d j imprimer une petite dizaine d essais Lors de la r union l quipe se met rapidement d accord sur une option qui se d marque des autres une texture de bois clair z br par
488. oupables c est dire des tres hu mains On peut longtemps discuter et avec profit du r gne de Personne qui est la v rit de la forme politique connue sous le nom de bureaucratie Il faut seulement avoir l esprit que la justice ne peut prendre ces facteurs en consid ration que dans la mesure o ils constituent des circonstances du crime Il est vrai que la psychologie la sociologie modernes sans parler de la bu reaucratie moderne nous ont bien habitu s vacuer la responsabilit de l ac teur pour ses actes en les expliquant par tel ou tel d terminisme Mais ce qui est hors de discussion est qu aucune proc dure judiciaire ne serait possible sur ces bases En d autres mots Hannah Arendt th matise ici les risques d une interpr tation d responsa bilisante de l action qui par le renvoi des facteurs d terminants et objectivables permettrait de d douaner les acteurs individuels de leurs actes Ce point rejoint les constatations d velopp es dans le chapitre pr c dent o j indiquais suite aux proposition de Jean Louis Genard que les accentuations objectivantes de la responsabilit pouvaient quoiqu elles ne le fassent pas syst matiquement mener ce versant d responsabilisant De fait lorsque de tels cadres d interpr ta tion sont en jeu la pr tention la justice ne peut tre rencontr e Arendt semble convaincue que la justice n a de sens que si un cadre responsabilisant peut tre m
489. our l d originale en anglais Paris ditions Amsterdam 2011 Smith R Green capitalism the god that failed Real World Economics Review 11 mars 2011 no 56 pp 112 144 187 188 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation d gards les imp ratifs de profit p sent lourd dans les circuits de l conomie mat rielle Ils exercent une grande influence sur le type de mat riaux m me d y circuler mais aussi sur la marge de man uvre dont disposent les acteurs d sireux de travailler autrement Dans le m me ordre d id e les travaux men s par Habermas d gagent une autre forme d in t r t qui se serait impos e beaucoup d autres celle de l action finalit instrumentale ou stra t gique au d triment d une sph re de socialisation communicationnelle C est ce qu il nomme la colonisation du monde v cu par les institutions sociales objectiv es telles que les administra tion la bureaucratie l conomie etc Cet aspect l n est pas absent non plus des circuits de l conomie mat rielle Les mat riaux de construction sont eux aussi confront s des situations o des syst mes bureaucratiques par exemple en viennent d velopper une logique propre de venue peu peu compl tement imperm able d autres logiques cette liste encore assez g n rale sans doute m me trop g n rale pour voir par o faire prise et comprendre comment de tels r f rentiels prennent co
490. ourrait dire que l o le m decin ordonne fermement son patient de suivre tel ou tel traitement qu il lui prescrit un rem de via une ordonnance l architecte sugg re fermement son commanditaire de proc der d une fa on sp cifique l am nagement de l espace dont il dis pose Et pour cela il prescrit la mise en uvre de certains mat riaux via les dispositifs vo qu s Dans les deux cas la position de prescripteur suppose un certain pouvoir et s accom 323 Ibid p 18 324 L expression est de Potter Ibid p 140 Pour ma part je parlerai plut t de dispositifs prescriptifs pour rester dans le vocabulaire que j ai utilis jusqu pr sent 325 Le parall le avec l activit m dicale est galement voqu explicitement par Potter La m thodologie du design peut utilement s inspirer de la m decine en distinguant les proc dures li es au diagnostic de celles li es la prescription bien que seul un consultant en design exerce de fa on aussi noble Le designer moyen pour sa part en vient administrer le traitement et cumule ainsi les r les d infirmier de pharmacien et d assistant social en assurant la totale gu rison de son patient L id e d un diagnostic et Chapitre 8 Prescripteurs pagne galement de formes sp cifiques de responsabilisation C est ce qui apparaissait implicite ment dans les accusations formul es par les militants cologistes au chapitre pr c dent Il est vident que c
491. outes les attentes qui p sent sur eux Ces trajectoires les m nent travers une s rie d actions et d acteurs dont l assemblage forme les circuits de l conomie mat rielle Ces circuits ne sont pas fig s et surtout ils donnent lieu des configurations tr s diff rentes en fonction des mat riaux qu ils concernent Les mat riaux non standards appelons les ainsi pour le moment r apparaissent un plus loin dans la recherche Les tudier de plus pr s permet de faire sentir un contraste entre les configurations dans lesquelles ils parviennent circuler et celles plus standards des circuits officiels Dans la mesure o les mat riaux non stan dards engagent d autres modes de production d autres dispositifs de m diation et d autres int r ts ils donnent galement lieu d autres formes d engagement de la part des concepteurs Celles ci sont pr cieuses dans la mesure o elles offrent de belles ressources pour repenser la place et le r le des concepteurs dans l conomie mat rielle Le cas de figure finalement assez modeste des pierres tombales cristallise assez bien les prin cipales questions de cette recherche Il en montre galement les enjeux prendre au s rieux les caract ristiques des ces mat riaux non standards oblige repenser les pratiques de la conception mais aussi repenser l conomie mat rielle plus grande chelle Telles sont bien les lignes di rectrices de ce travail I
492. ouv leurs qualit s et leur bonne tenue dans le temps Comme il le fait remarquer non sans humour bien avant les coles d ing nieurs et les laboratoires officiels les normes ISO 9000 l assurance d cennale et les logiciels de calcul les productions des charpentiers de la r gion toulousaine taient fiables et durables dans les deux sens du terme Il finit par conclure qu au del d une reconnaissance tr s locale le mat riau terre paille doit continuer faire l objet d un effort de documentation et de description pouss afin de garantir une reconnaissance plus officielle de 170 J en profite pour remercier ici l architecte et enseignante Isabelle Prignot avec qui j ai eu l occasion de discuter de nombreuses reprises sur tous ces aspects Sa connaissance largie de la terre paille tant dans sa mise en uvre que dans sa promotion a t une ressource fort pr cieuse dans mon travail 171 Marcom A Construire en terre paille Mens France Terre vivante 2011 p 50 172 Ibid p 51 173 Ibid p 55 Chapitre 4 L laboration des dispositifs m diateurs son ad quation aux exigences contemporaines du secteur de la construction L auteur termine ce chapitre en citant quelques exemples d initiatives qui leur fa on contribuent ces investisse ments en recherche et en r daction Il se sert de ces exemples pour faire un appel aux pouvoirs publics en leur demandant de soutenir ce type de d marches qu il es
493. ouvernement exerc par un congr s qui fonde ses d cisions sur les opi nions expertes de telles professions peut tre un gouvernement pour le peuple mais jamais par le peuple Or toujours selon Illich la cause l origine de ce basculement est pr cis ment chercher dans le caract re prescriptif de ces professions devenues dominantes ou mutilantes Il prend lui aussi l exemple du m decin pour affirmer cette hypoth se Le m decin est devenu docteur lorsqu il a abandonn le commerce des rem des au pharma cien et gard pour lui leur prescription Il acqu rait d s lors une autorit nou velle et triple autorit sapientiale pour conseiller instruire et conduire au torit morale pour conf rer ses prestations un caract re non seulement utile mais obligatoire autorit charismatique pour en appeler au nom de la m de cine un int r t supr me des clients qui surpasse la conscience et parfois m me la raison d tat Ce que Illich montre chez le m decin s applique finalement assez bien l architecte Norman Potter qui tisse d ailleurs un dialogue r current avec Illich dans son ouvrage sur les designers ne disait pas autre chose D une certaine mani re le concepteur en g n ral l architecte en parti culier disposent effectivement de la m me triple autorit nouveau le petit extrait de la bro chure publicitaire pour les architectes en Belgique que je citais plus haut est un bo
494. pagnant la circulation de ces mat riaux au sein des cir cuits alternatifs de l conomie mat rielle E Comme je le montrait pour les mat riaux neufs beaucoup de dispositifs assurant la circula tion des produits de construction au sein des circuits de l conomie mat rielle servent principa lement formaliser le transfert des responsabilit s de chaque acteur Dans le cadre de circuits moins formels cette question n est pas absente mais elle se d cline diff remment La question de la responsabilit ne tient pas tant des dispositifs tels qu une d claration de performance ou un feuillet d instructions de mise en uvre Elle repose sur d autres formes Une notion telle que le bon sens par exemple y joue un r le important Une pierre ayant surv cu un d montage et ne pr sentant aucune fissure apparente sera jug e par toutes les parties le revendeur et son client comme bonne l emploi sur base d une inspection visuelle attentive La transmission d instructions ne passe g n ralement pas par des documents crits mais plut t au cours de dis cussions m me si dans des cas exceptionnels certains revendeurs couchent quelques conseils par crit Dans ces discussions l expertise est pr suppos e pr sente chez chacun des interlo cuteurs toi tu d montes des briques moi je les re ma onne Nous partageons donc une ex p rience et sans doute un savoir faire comparables Certains revendeurs jouent
495. passer par une transformation physico chimique aussi intensive que la valorisation mati re recyclage du bois concassage du b ton etc ou la valorisation nerg tique incin ration priori je m int resse aussi plut t un r emploi qui n implique pas le d tournement c est dire l invention d un usage in dit pour un mat riau donn 93 94 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle limite des territoires formalis s de l conomie mat rielle dans des zones qui chappent quelque peu l emprise des l gislations et des contraintes qui p sent sur les march s formels Je propose de suivre ici le cas d une petite quantit de briques provenant d une maison en d molition qui vont tenter de re p n trer le march de la construction Le r cit que je vais en faire servira explorer progressivement les zones moins formelles de l conomie mat rielle dont il y a beaucoup apprendre pour repenser les configurations de l conomie mat rielle et le r le qu y jouent les concepteurs L histoire commence dans une petite villa quatre fa ade comme la Belgique en compte tant lt d mant lement gt Construite la fin du 19 si cle quelques kilom tres d une agglom ration ur baine elle est vide depuis quelques temps et sa d molition vient d tre program m e par les propri taires du terrain L ancienne maison est jug e inadapt e aux usages contemporains aussi sa d
496. passions des attachements des processus de valuations finalement assez nombreux Il suffit d entendre un revendeur de mat riau parler de ses produits pour se rendre compte qu il n est pas juste en train d essayer de vendre une marchandise avec du b n fice la cl Il suffit de lire les d clarations de Gilles Perraudin pour sentir la passion l engagement mais aussi sans doute la col re et le d sarroi lorsqu il voque son travail sur la promotion des pierres brutes M me la Mecque du mat riau standardis et des gros producteurs que repr sente un salon de la construc tion comme Batibouw est finalement un march assez vivant o les passions et les d sirs trouvent leur place lt Mais aussi leur caract re contradictoire gt Que ce soit dans la veine d velopp e par Th venot et Boltanski ou dans celle qui reprend les travaux de Tarde la sociologie pragmatique invite acter un pluralisme des int r ts qui accom pagnent les mat riaux dans leurs circuits respectifs De fait ces diff rentes grilles de lecture per mettent de rendre assez justement compte d une s rie d exp riences que peuvent faire les ac teurs de l conomie mat rielle Il y a pourtant un point important ne pas oublier pour coller de pr s l exp rience de l conomie mat rielle on trouve dans ses circuits des attachements et des int r ts qui s av rent parfois contradictoires ou mutuellement exclusifs Si les mat riaux sus citent
497. perspective partielle que peut tre pos e la question de la responsabilit dans la production des connaissances une perspective partielle peut tre tenue responsable autant des monstres prometteurs que des monstres destruc teurs qu elle engendre L inverse s affirme ici galement une vision non situ e ne pourrait donc mener qu des posture irresponsabilisantes Dans la suite de son texte Donna Haraway insiste sur cette question de l quipement de la vision et de la responsabilit qui s y attache Car aucun point de vue n est anodin Tous de mandent un certain quipement qu il soit mat riel organique ou comme elle le dit s miotique Il n y a pas de vision neutre et d tach e Tout est affaire d quipement M me les visions de ceux que Haraway appelle les assujettis les moins puissants auxquels selon elle le f minisme se lie peut tre parfois un peu trop rapidement doivent tre localis es et localisables sous 300 Haraway D Savoirs situ s la question de la science dans le f minisme et le privil ge de la perspective partielle 1988 Des singes des cyborgs et des femmes op cit p 334 301 Haraway D Savoirs situ s la question de la science dans le f minisme et le privil ge de la perspective partielle 1988 Manifeste Cyborg et autres essais op cit p 117 302 Ibid 303 Les assujettis ont une chance convenable d ventrer le truc divin et ses illuminations
498. peu au fur et mesure de l avancement des tra vaux en question Le pr sent travail n est pas parti d une interrogation bien d finie qui aurait progressivement trouv une r ponse articul e par un travail d claircissement harmonieux et ce quoiqu en laisse penser le format des demandes de financement qui suppose un d veloppement de recherche passablement lin aire ce stade il est n anmoins possible d identifier plusieurs ingr dients qui ont jou un r le important dans la formulation des questions auxquelles ce tra vail entreprend de r pondre L injonction politique Le premier de ces ingr dients touche la question de l engagement politique des architectes Loin d tre une nouveaut dans le champ de l architecture ce th me a donn lieu des d bats et des postures extr mement vari es Leur multitude m me constitue un obstacle l identifica tion de r ponses satisfaisantes L un des points communs beaucoup de ces postures est d en rester souvent au stade de grandes d clarations de principe Dans ce ce cas l insatisfaction des r ponses provient du fait que ces positions peinent prendre en compte la position de l architecte au sein d assemblages complexes caract ris s par la pr sence simultan e de plusieurs univers axiologiques Dans leur travail le plus quotidien les architectes sont en effet amen s r pondre une multitude d in jonctions venant d acteurs ext rieurs avec lesquels ils son
499. peut et en filigrane les modalit s li es un certain engagement volontaire notamment travers l id e de sauvegarder des valeurs essentielles valeurs qui restent d ailleurs particuli rement floues Ce petit extrait se trouve cheval entre d un c t une res ponsabilit envisag e sous l angle objectivant du devoir c est dire rapport une s rie de cri t res rendus plus ou moins explicites soit une sorte de responsabilit Il et de l autre c t une responsabilit envisag e comme un rapport intersubjectif entre le praticien et le milieu qui l en toure c est dire envisag e sur le mode d une responsabilit Tu tendue pour l occasion aux non humains Malgr la diversit de registre modaux qui se t lescopent dans cet extrait et de mani re plus g n rale dans des instances professionnelles telles que l ordre des architectes il semble que le registre modal de l obligation reste tout de m me pr dominant Si l architecte ou plus exacte ment le candidat architecte pr te serment avant de s engager dans l exercice de ses fonctions le r glement de d ontologie n en est pas moins rendu obligatoire par arr t royal et tout profes sionnel patent est tenu de le suivre L arr t royal du 18 avril 1985 portant approbation du r glement de d ontologie tabli par le Conseil national de l Ordre des architectes stipule en effet dans son article premier que le r glement de d ontologie a for
500. peut tre d une mani re qui d plairait aux sociologues il est int ressant de faire un petit d tour par un article r cent de la sociologue Nathalie Heinich Celui ci porte pr cis ment sur les exigences scientifiques des recherches caract re sociologique Dans cet ar ticle elle tablit une cartographie des diff rentes sociologies Elle les r partit selon deux axes orthogonaux d finissant quatre quadrants L axe vertical s tire entre deux extr mes au p le Nord se trouverait une sociologie la recherche du caract re universel de la soci t entendue comme une entit essentialis e au p le Sud se trouve plut t une sociologie de l exp rience qui affirme le caract re spatio temporellement situ des soci t s tudi es qui deviennent vi demment plurielles d s qu on leur reconnait une situation pr cise L axe horizontal s tablit quant lui sur une tension similaire entre l ouest une vis e normative o la sociologie non cerait des il faudrait que la soci t devienne et l est une sociologie qui se contente de produire des descriptions et des comptes rendus de ce qu elle tudie Arm de cette rose des vents conceptuelle il est maintenant possible d assigner chaque courant voire chaque tude sociologique une position quelque part dans l un des quadrants Dans son article Heinich affirme pour sa part que la seule fa on pour que la sociologie devienne une science soc
501. pitre 7 propos du z brano j ai indiqu en m appuyant sur les travaux de Han nah Arendt que ce cadre responsabilisant n tait pas le seul offrir une interpr tation de l ac tion Il peut tre remplac par des cadres d interpr tation tr s diff rents Arendt voque notamment l mergence du syst me bureaucratique moderne comme l une de ces menaces menant la dissolution totale de la responsabilit individuelle Elle affirme ce propos que c est le r gne de Personne qui est la v rit de la forme politique connue sous le nom de bureaucratie Dans les d clinaisons les plus extr mes du r f rentiel bureaucra tique des institutions telles que la justice l une des ar nes o sont cens es se d ployer les ques tions relatives la d termination de la responsabilit n ont plus lieu d tre Si le r gime bureau cratique est la forme moderne par excellence ce que Arendt la suite de Theodor Adorno et de Max Horkeimer dans le contexte de leur poque est vraisemblablement encline penser alors affirme t elle la justice n est pas du tout une institution moderne elle est m me tout fait d mod e et aurait elle pu ajouter c est pr cis ment la raison pour laquelle une telle institution m rite d tre pr serv e comme bastion de r sistance face aux tendances les plus ali nantes et totalitaires de la modernit Le cadre d interpr tation de la responsabilit dispara t ga
502. pitre 8 Prescripteurs cette figure permettra de faire sentir un contraste avec une autre figure peut tre plus m me de r pondre aux accentuations de la responsabilit que j investigue ici Une facette de l activit des concepteurs La proposition de consid rer qu une partie du travail des concepteurs consiste prescrire des mat riaux repose sur une constatation assez simple face au d roulement de la plupart des projets d architecture et de conception au sens large Les concepteurs sont g n ralement sollicit s par des commanditaires pour r pondre une question bien particuli re et dans l immense majorit des cas ils y r pondent par une solution impliquant la mise en uvre de mat riaux bien que cette r ponse ne soit videmment pas la seule possible ni m me forc ment la meilleure Dans le cas de la conception architecturale ces mat riaux sont agenc s selon une configuration particu li re dans l espace avec un impact sur la configuration de l environnement b ti Cet aspect pres criptif est l une des caract ristiques commune tous les m tiers de la conception malgr les in finies variations qui existent dans les sollicitations et dans les mani res dont chaque praticien y fait face La dimension prescriptive des activit s de conception a t bien soulign e par Norman Pot ter dans un ouvrage tr s stimulant qui se demande qu est ce qu un designer Publi en 1969 dans le contexte britannique
503. ploi qu elles soient professionnelles ou non Le site ne cherche toutefois pas offrir des services de particulier particulier ce que des structures plus connues comme Ebay ou Kapaza font d j tr s bien Le site est ax sur les acteurs professionnels notamment parce que ce sont eux qui sont susceptibles de travailler dans dans contextes plus formels 119 120 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle Outre la mise en place de ce site Rotor a galement effectu des recherches plus sp cialis es autour de quelques questions bien pr cises Toutes avaient pour objectif de renforcer des dynamiques existantes pour permettre certains mat riaux de conna tre de nouveaux d bouch s Dans certains cas les blocages taient li s une simple m connaissance mutuelle entre les acteurs certains concepteurs sont d sireux de travailler avec des mat riaux de seconde main mais ne savent pas tr s bien o les trouver l inverse des d molisseurs se d barrassent de mat riaux susceptibles d int resser des revendeurs Dans ces cas l c est simplement une connexion qui est absente D s que les concepteurs savent vers o se tourner la situation s claircit De m me il suffit que les entrepreneurs en d molition sachent qui s adresser et comment pour assurer une seconde vie certains mat riaux qui se lib rent sur leurs chantiers Dans ces sc narios les verrous faire sauter pour
504. plus al atoires du temps et de l usage Enfin les produits neufs sont fournis avec une s rie de garanties qui in diquent clairement o se trouvent les responsabilit s en cas de probl me Usuellement tant que 7 Dans certains cas ces traces sont appr ci es La patine d une vieille pierre ou d une poutre en ch ne est fort pris e Dans d autres ces traces constituent des facteurs r dhibitoires pour les potentiels acheteurs Qui est capable d appr cier la c ramique oxyd e d un ancien sanitaire Qui peut supporter de cohabiter avec les griffes d un plan de travail en inox Sur l usure et ses multiples appr ciations cf Rotor asbl Boniver T Devlieger L Ghyoot M Gielen M Lasserre B et Tamm M d Hoop A et Zitouni B Usus usures tat des lieux How things stand op cit Introduction les instructions de montage sont respect es le fabricant est tenu d assumer les ventuels d fauts qui auraient chapp s ses contr les de qualit En r sum la disponibilit la pr visibilit la possibilit d tre d crit avec pr cision l ap pr ciation esth tique et les garanties juridiques sont les cinq caract ristiques principales qui sont attendues d un mat riau de construction Il doit r pondre ces exigences pour pouvoir tre em ploy dans les situations les plus courantes de la construction Sauf dans le cas o d ventuelles traces d usage se marquent fleur de peau du mat riau de construction
505. plus complexes qui soit celui qui se d ploie autour d un mat riau devenu quasiment incontournable dans le monde de la construction le ciment et son acolyte de toujours le b ton d ailleurs appel ciment arm ses d buts C est un mat riau bien connu qui a fait l objet d une documentation importante et dont les aspects historiques techniques culturels et esth tiques ont t tudi s dans le d tail La pr sente recherche ne re prendra pas ici ces consid rations qui se d veloppent en g n ral sur un plan diachronique mais tentera plut t de faire sentir la complexit pr sente des configurations d acteurs de dispositifs et de registres axiologiques qui se tissent aujourd hui autour de ce mat riau ou plus exactement de ces mat riaux puisque la fabrication du ciment n cessite un certain nombre de mati res pre mi res L objectif de ce chapitre c est d offrir une premi re illustration des formes que peuvent prendre les circuits de l conomie mat rielle Quand un concepteur prescrit l utilisation du b ton pour l dification d une partie de b timent quand un constructeur se fait livrer une palette de sacs de ciment sur son chantier ou s il commande quelques m tres cubes de b ton frais un pro ducteur ces acteurs mettent en branle un r seau complexe qui tend ses ramifications en direc 13 Cf notamment Simonnet C Le b ton histoire d un mat riau conomie technique architecture Marseille dit
506. portance d un nouveau r gime celui de la normalisation Et ce dernier entra ne lui aussi de nouveaux glissements dans la distribution des comp tences et partant des responsabili t s et des obligations En l occurrence les concepteurs et les praticiens deviennent tous deux d pendants des organismes de normalisation au sens large lt distribution des comp tences 2 gt Mais quelles sont les cons quences de ce nouveau glissement du point de vue des mat riaux et des acteurs qui s attellent les mettre en uvre premi re vue le constat de d possession semble tre confirm par de nombreux prati ciens architectes et entrepreneurs qui expriment leur ressentiment face un contexte normatif consid r de plus en plus envahissant Se pourrait il que face cette situation oppressante un dispositif aux effets plus ouverts constitue une alternative offrant davantage de libert La r f rence aux r gles de l art permettrait elle de pr server un certain espace de libert pour les prati ciens face aux questions techniques pos es par les mat riaux Les r gles de l art en tant que dispositif d articulation sp cifique pourraient elles devenir un vecteur de redistribution plus quitable des comp tences l o la mont e en puissance du r gime normalisateur tend les condenser aupr s des instances de normalisations La r ponse ces question doit tre nuanc e par plusieurs remarques Tout d abord d u
507. poser de fa on exclusive sur des documents officiels tels que des r gles professionnelles des documentes techniques unifi s des avis techniques etc Les cons quences d une telle attitude s av rent d favorables aux mat riaux non industriels Nous avons en France un syst me assurance reconnaissance plut t flou concernant les techniques du patrimoine techniques tr s pauvres en textes de r f rences ou en documentation qui pousse discr tement au conformisme en direction des mat riaux contemporains de grande s rie parfaitement d crits Ce syst me est au final tr s favorable aux produits industriels claire ment d finis par les textes officiels Marcom poursuit son analyse en estimant que les processus de production de la terre paille ne se pr tent pas bien au type d uniformisation qui rendrait possible la mise au point d un avis technique d fini une fois pour toute Les caract ristiques des ressources en terre et en paille sont trop variables dans un territoire aussi vaste que la France pour atteindre le degr d uniformisa tion que requiert de tels documents Sans compter que l laboration de tels dispositifs implique des ressources financi res que les producteurs actuels m me en se rassemblant sont bien loin de pouvoir mobiliser Marcom continue son argumentaire en pr cisant que d un point de vue empirique les constructions en terre ou en terre paille ont pourtant d j maintes et maintes fois pr
508. pouvoir et raison Thermodynamique la r alit physique en crise 1997 pour l d originale Paris La D couverte 2003 Stengers I Cosmopolitiques 2 M canique quantique la fin d un r ve Au nom de la fl che du temps le d fi de Prigogine La vie et l artifice visages de l mergence Pour en Conclusion La responsabilit l aune du d passement nature culture sa g n ralisation ne permet pas de rendre compte d autres exp riences qui requi rent d autres cl s d interpr tation pour en produire de bons comptes rendus Tenir la possibilit de pro duire des interpr tations responsabilisantes de telle ou telle action s accorde assez mal ces perspectives d terministes qu elles soient le fait des complexes psycho m dical et statistiques au 19 si cle ou du d veloppement des neurosciences aujourd hui D une certaine mani re l hybridation des collectifs d humains et de non humains m ne ga lement une alt ration de la notion moderne de responsabilit J aimerais toutefois indiquer que cette alt ration se distingue des versants d responsabilisants voqu s dans les deux exemples ci dessus la bureaucratie moderne et les d terminismes explicatifs de certaines branches des sciences La conception moderne de la responsabilit repose sur une d finition assez claire des actants ceux ci sont envisag s comme des sujets humains autonomes Or cette d finition conna t quelques modifications d s que l
509. ppel s tre assembl s dans l extension de la maison ou d ailleurs dans tout autre projet de construction Toutefois les proc dures de contr le proprement dites les perfor mances atteindre et les crit res de conformit varient en fonction de l usage de chaque l ment On ne teste par une plaque de carton pl tre comme on teste une poutre en bois de section rectangulaire on n attend pas les m mes performances d un sol en linol um que d un linteau en b ton l impartialit de l organisme notifi n est pas n cessairement requise pour r aliser les es sais sur des pav s alors qu elle l est pour des poutres en aciers etc En ce sens si les directives g n rales sont d application l ensemble des produits de construction leurs cristallisations sont chaque fois diff rentes autour des produits sp cifiques Chapitre 2 Papiers s il vous pla t cet gard l apport des f d rations de chaque secteur est essentiel Elles assurent effective ment un poste pivot entre d un c t les entreprises d un secteur et de l autre les groupes de travail du Comit Europ en de Normalisation CEN qui dressent le cadre normatif g n ral Ce sont elles qui jouent ce r le d licat d op rer le passage entre des situations toutes singuli res et le niveau de g n ralit depuis lequel s nonce les normes et les r glements europ ens Ce sont g n ralement aussi ces groupements de repr sentants d acteurs du terrain q
510. qu une approche en termes strictement conomiques ne parviendrait sans doute pas sai sir correctement Les travaux de l ethnographe Anna Lowenhaupt Tsing sont int ressants pour prolonger les approches marxiennes Dans ses travaux elle s est int ress e la for t tropicale indon sienne que certains acteurs voient comme une gigantesque r serve de ressources exploiter Ses compte rendus cherchent relayer d autre voix concern es par le m me territoire mais l envisa geant sous un tout autre angle Ils pr sentent un paysage dens ment peupl par une multitude d acteurs depuis les tr s nombreuses esp ces animales et v g tales locales jusqu aux populations des montagnes en passant par les gigantesques entreprises d exploitation du bois les bucherons qui effectuent des coupes sauvages les mouvements environnementalistes qui s impliquent pour la pr servation de ces cosyst mes les investisseurs nord am ricains qui y voient une gigan 103 Marx K Le capital Le proc s de la production du capital traduit par Roy J 1867 pour P d originale en allemand Paris Alfred Costes diteur coll uvres compl tes de Karl Marx 1949 vol 1 14 p 91 92 104 Ibid 105 ce propos cf notamment les travaux r unis par Appadurai A dir The Social Life of Things Commodities in Cultural Perspective 1986 pour l d originale Cambridge Cambridge University Press 1988 Chapitre 2 Papiers s il vous pla t
511. quan tit de mati re physique Il embarque galement une s rie de caract ristiques qui ne se voient pas directement mais qui sont pourtant indispensables pour assurer la fluidit de sa trajectoire physique Avant d tre mis en uvre sur le chantier le mat riau doit effectivement r pondre de nombreuses exigences Il doit faire l objet d une s rie de v rifications et de tests Il doit tre muni de documents tels que des agr ments techniques ou des d clarations de performances Il doit avoir t format pour tre utilis par le concepteur dans les plans et dans les documents techniques Il doit avoir fait l objet d un minimum de promotion commerciale Et la liste de ces exigences est encore longue Le passage dans ces multiples registres ne se r alise pas par ma gie de nombreux dispositifs ont d tre invent s pour remplir ces t ches Les deux diagrammes qui pr c dent tentent d illustrer un sch ma des circuits de l conomie mat rielle Dans le premier dessin on retrouve la trajectoire lin aire d un mat riau de construc tion Celle ci repr sente le trajet effectu physiquement par un mat riau depuis son site de pro duction jusqu au chantier Mais pour que cette circulation soit effective le mat riau proprement dit doit tre muni d une s rie de dispositifs mis au point en d autres lieux et li s entre autres sa certification sa promotion commerciale sa documentation technique sa description en
512. que ces mat riaux disposent de leur propres quipements et que ceux ci obligent questionner la fois les configurations habituelles de l conomie mat rielle mais aussi les pratiques des concepteurs 115 Ibid p 77 Chapitre 3 Quand les mat riaux nus s quipent Chapitre 3 Quand les mat riaux nus s quipent Dans le chapitre pr c dent j ai pr sent deux trajectoires de mat riaux en montrant com ment ceux ci taient munis de dispositifs leur permettant de r pondre une suite d exigences assez clairement formalis es travers ces deux exemples j ai voqu plusieurs cas de figure sur l origine de ces exigences Certaines d entre elles se posent comme des crit res a priori C est le cas par exemple des exigences fondamentales stipul es dans le r glement europ en n 305 2011 Dans ce cas l il n y a pas discuter les producteurs de mat riaux sont oblig s d y r pondre D autres exigences mergent en m me temps qu un mat riau est mis sur le march du mat riau C est ce que j ai voqu propos des granulats de b ton dont l expansion a donn lieu des tudes qui ont red fini et impos certains crit res qui n existaient pas avant l arriv e des granulats de b ton ou du moins pas tout fait sous la m me forme Les deux exemples portaient sur des mat riaux port s par des acteurs disposant de moyens consid rables et capables de mettre au point des dispositifs r pondant toutes ces ex
513. que continue v hiculer une telle conception de la profession on voit aussi que la proposition de Viollet le Duc laisse une cer taine place la sp cificit des situations Il sugg re demi mots que l architecte aille chaque fois se rendre compte de ce qui se passe dans les carri res afin de s lectionner ce qui dans ce contexte pr cis repr sente la pierre la plus adapt e ses besoins Quoiqu elle ne mette pas sur un pied d galit le travail de l architecte et celui du carrier dans ce livre les pointes d admira tion que l architecte peut prouver ci et l pour le travail des artisans restent empreintes d une certaine condescendance quelque peu paternaliste cette posture implique tout de m me une forme d articulation entre diff rents acteurs dans ce cas ci l architecte et le carrier Par la bouche de son personnage Viollet le Duc sugg re que ces deux acteurs ont dialoguer et ta blir une forme sp cifique d articulation entre eux En l occurrence dans la plupart des sc nes du roman cette articulation est avant tout bas e sur le dialogue oral et l observation par l architecte des pratiques des diff rents corps de m tier Il me semble pourtant que les dispositifs que j ai d crit dans ce chapitre ne s opposent pas frontalement cette forme d articulation tr s situ e qui je le rappelle doit tre replac e dans son contexte historique Ils en constituent plut t une sorte de prolongement I
514. que dispositif contractuel c est dire comme dispositif d articulation entre plusieurs parties lt les r gles de l art un outil contractuel mall able gt Du point de vue du droit la notion de r gles de l art peut tre compar e celle de bon p re de famille Dans les deux cas il s agit de standards c est dire des sortes d id aux destin s normaliser des comportements mais qui ne sont pas proprement parler issus des sources du droit les plus formelles la loi la jurisprudence la doctrine etc Pour la juriste Anne Penneau de telles notions merge nt du magma jurisprudentiel pour devenir des standards permet tant aux juges de traiter des cas qui leur sont pr sent s malgr que ces standards ne soient ja mais mat rialis s ou explicit s a priori De fait pour la justice la d finition m me des r gles de l art s av re tr s ouverte r gles de savoir faire conformes aux donn es contemporaines acquises de la science et aux normes et recommandation techniques qui doivent tre res pect es par l entrepreneur et l architecte Au del des proc dures propres au droit cette ouverture de la d finition de la notion de r gles de l art va aussi provoquer des effets bien concrets dans la relation contractuelle qui lie ar chitecte et entrepreneur dans la r alisation d un projet En l occurrence au moment d tablir les t ches de chacun elle va organiser la distribution des r
515. que obtenue sur 338 prouvettes soumise des tests de compression Le r sultat moyen est de 157 9 N mm une pression moyenne au de l de laquelle le mat riau rompt Dans la STS cette m me donn e n est pas fournie telle quelle la STS se contente de pr senter un l gant abaque cf page 144 mettant en relation la masse volumique de la pierre et sa r sistance la compression tome 1 figure 2 p 5 charge de l architecte ou de l ing nieur de d duire la r sistance la compression sur base des donn es ob tenues par ailleurs chez son fournisseur ou aupr s d un organisme tiers tel que l Union des carri res et scieries de marbres de Belgique ou le CSTC Bien qu elles donnent assez logique ment des valeurs identiques ces deux m thodes diff rent pourtant fortement La premi re 160 En l occurrence selon les donn es avanc es par le CSTC la pierre bleue de Belgique du fait de sa faible porosit semble peu sensible l action des polluants atmosph riques comme le SO L apparition de cette nouvelle contrainte ne devrait donc pas entamer l excellente r putation de ce mat riau dans le domaine constructif 161 Dans ce cas les donn es sont heureusement coh rentes en se basant sur la masse volumique donn e dans la NIT 220 et en injectant celle ci dans l abaque de la STS 45 on obtient une valeur de r sistance la compression identique 160 N mm Chapitre 4 L laboration des dispositifs m
516. quelque chose dans un cahier des charges pour que automatiquement ce qu il a pr vu prenne consistance En cela la prescription se distingue de l invocation dans la pens e magique qui se conjugue pour sa part l imp ratif et pour laquelle la parole pronon c e doit faire loi Tous les praticiens savent que le geste prescriptif qu ils posent devra tre accompagn de nombreuses autres actions pour obtenir ce qu ils souhaitent depuis des heures pass es au t l phone jusqu de longues r unions de chantier en passant par de longues n gocia tions aupr s des diff rents sous traitants qui travaillent sur le chantier et souvent beaucoup de frustration lorsque les conditions emp chent m me de telles n gociations Une chose est de pouvoir se reposer sur un mat riau format de telle sorte qu il devient facilement prescriptible une autre est de r unir tout un chantier et ses acteurs Lors de mes recherches j ai eu l occasion d entendre beaucoup d architecte se plaindre de leurs entrepreneurs et vice versa L une des histoires qui m a t rela t e cette occasion portait sur une situation laquelle un architecte et son associ avaient t confront s Lors de l laboration d un projet ils avaient en t te une id e tr s pr cise de d tail de raccord entre une chape de sol en b ton et des baies vi 381 Ferry J M Les grammaires de l intelligence op cit p 126 Chapitre 9 Vers des prescriptions plus soign e
517. r la barbarie qui vient Paris Les emp cheurs de penser en rond 2009 47 Tsing A L Friction an ethnography of global connection op cit Chapitre 1 Immersion dans les circuits de l conomie mat rielle soumis une s rie de formatages de r gles et de dispositifs qui contraignent la fa on dont ils se d ploient et surtout les tres qui peuvent y circuler C est ces trajectoires et ces dispositifs que va s int resser le prochain paragraphe Approche de l conomie mat rielle par les r glements Autour de chaque mat riau de construction se d ploient des circuits tr s diff rents Les dis positifs qui assurent la circulation des mat riaux diff rent aussi de cas en cas Mais si les agen cements qui se d ploient autour des mat riaux de construction sont propres chaque occur rence la question de la circulation des mat riaux est aussi trait e par certaines instances des niveaux plus g n raux C est le cas par exemple des r glements europ ens sur la circulations des produits de construction l chelle de la l gislation europ enne les documents de r f rence sont oblig s d adopter un ton qui doit la fois exprimer clairement les intentions des r glementations qui se mettent en place tout en restant suffisamment g n ral pour s adapter aux sp cificit s normatives et tech niques de chaque tat membre de l Union europ enne Ainsi la notion de produit de construc tion d signe
518. r em ploi Cette question de l unicit d un mat riau de construction d velopp e dans le paragraphe a des d rogations la d claration de performance pourrait bien constituer une br che pour cer tains mat riaux de r emploi Il s agit toutefois d une interpr tation assez aventureuse de ce para graphe qui joue sur les termes employ s alors que l objectif du texte en question semble assez clair En outre le secteur du r emploi lui m me offre une s rie de contre exemples cette no tion d individualit des mat riaux En l occurrence certains revendeurs axent une partie de leur travail sur la reconstitution de s ries Des l ments tels que des dalles de carrelage d cor es de motifs font justement l objet de recherches intensives visant reconstituer des lots coh rents partir de sources vari es Beaucoup d entrepreneurs du secteur axent leurs activit s sur la re constitution de ces s ries d l ments identiques de fa on garantir leurs clients une certaine coh rence et une certaine uniformit une relativement grande chelle La joie de reconstituer des s ries force de recherches acharn es mais aussi avec l aide de la chance constitue proba blement l un des l ments centraux dans le plaisir d un collectionneur ce que tous les reven deurs et leurs clients sont dans une certaine mesure Une autre interpr tation possible de ces d rogations consisterait en revenir l esprit de la r gle
519. r les cas les plus critiques vers la mise au rebut c est dire tr s souvent les installations de chauffage de la scierie ou celles de ses employ s lt garantir la conformit des performances gt Le principe g n ral de ces certificats de conformit est le suivant un cadre r glementaire europ en fixe les performances minimales attendues pour un l ment ici une poutre de bois de structure du section rectangulaire les fabricants ou les importateurs de mat riaux produits en dehors de l Europe tablissent une d claration des performances de leur produit ces perfor 71 Cf par exemple la gamme Golden Eye du fabricant Microtec http www microtec eu fr solutions transformation solutions de systeme 72 ce sujet voir le tableau r capitulatif mis au point par diff rentes f d rations du bois belge dans la brochure consacr e au marquage CE des bois de structure Deneufbourg F Defays M et Frere H Le marquage CE des bois de structure section rectangulaire et le classement pour leur r sistance op cit p 22 23 Chapitre 2 Papiers s il vous pla t mances doivent bien entendu tre sup rieures aux exigences minimales fix es par les normes mais elles doivent aussi tre contr l es par un organisme notifi qui se charge de v rifier la co h rence entre ce qui est annonc par le fabricant et ce qui peut tre constat sur le produit lui m me L organisme notifi ne proc de a pr
520. r pouvoir d une conception an cienne de la propri t notamment l industrie culturelle Lessig d peint tout au long de son livre la fa on dont les dispositifs r glementaires ne sont pas adapt s alors que les pratiques elles continuent voluer largissant toujours plus le foss entre le bon sens et les lois Il montre aussi comment la culture libre s est mise peu peu inventer des dispositifs plus en ac cords avec ses horizons normatifs Face la pr valence du copyright sont par exemple apparues 262 de Certeau M L invention du quotidien 1980 pour l d originale Paris Gallimard 1990 263 Lessig L Free Culture The Nature and Future of Creativity New York Penguin Books 2005 264 Ibid p 8 Chapitre 6 M nager des marges de man uvre des formes de propri t s alternatives telles que les creative commons ou le copyleft Dans ces cas l l obstacle r glementaire p se assez lourd mais il n est pas ind passable et c est pr cis ment en s attaquant directement cette question que les usagers parviennent concr tiser des alternatives Les enjeux sont quelque peu diff rents en ce qui concerne les mat riaux alternatifs N an moins pour certains acteurs et certaines pratiques de l conomie mat rielle l horizon r glemen taire semble galement constituer une sorte de plafond de verre difficile d passer M me les plus tacticiens et rus s des praticiens peuvent se sentir d mu
521. rac s montrent bien que les mat riaux qui transitent par l entreprise J ou d autres structures semblables ne sont pas compl tement nus Ils sont simplement munis d autres types de passeports que ceux qui ont cours dans les circuits formels de l conomie mat rielle pour reprendre une illustration utilis e dans les pr c dents chapitres Ces dispositifs leur donnent acc s d autres types de d bouch s et d applications nouveau lorsque je dis de ces contextes qu ils sont moins formels c est uniquement par comparaison avec les exigences r glementaires appliqu es aux produits neufs Le fait d tre informel aux yeux d un tel r glement ne signifie pas le moins du monde qu aucune exigence aucune forme de grandeur ne s appliquent dans ces cadres alternatifs Il y a bien s r des mat riaux jug s int ressants et performants et d autres qui ne r pondent pas ces crit res Il y a des reven deurs jug s fiables bien fournis ou sp cialis s et d autres qui ne jouissent pas de la m me r putation Voil qui tend bien montrer qu il y a l toute une s rie de crit res d exigence qui circulent autour de ces mat riaux Et ce sont pr cis ment ces crit res qui permettent d effec tuer des distinctions cruciales par exemple entre une bonne et une mauvaise affaire et de prendre certains choix aller visiter le stock de tel revendeur plut t qu un autre par exemple en supposant que l
522. racer les contours d une nouvelle figure du concepteur le pr sent travail use d un certain nombre de dis positifs d criture Il int gre en particulier l apport de compte rendus issus d une s rie d exp riences assez h t rog nes Ces fragments proviennent de sources diverses entretiens exp riences de premi re main observations etc Ils occupent une place importante dans le d ve loppement et l articulation des diff rents points du propos Ces instantan s sont signal s par un changement de fonte les caract res en lin ales sans serif dans le corps du texte in diquent la pr sence de ces compte rendus et signalent le changement de ton qui les accom pagne Le reste du texte est compos avec des caract res empattements comme dans ce para graphe Plan de la recherche Le pr sent travail se structure comme un glissement progressif depuis un p le vocation plut t descriptive vers un p le plus critique et propositionnel Ce propos se d veloppe sur trois grandes sections recouvrant neuf chapitres Les principales tapes du raisonnement sont les sui vantes 29 30 Introduction Dans un premier temps la recherche s immerge dans un cas tr s concret mais aussi tr s complexe celui d un r seau d acteurs li s la production du ciment en Belgique Chapitre 1 Immersion dans les circuits de l conomie mat rielle Cette tape est une sorte de mise en bouche pour ce qui va suivre Le caract
523. raient dans l erreur ou dans l illusion en croyant manipuler du z brano alors qu ils n ont dans les mains qu une maquette en polystyr ne sur laquelle a t coll e l image grossi rement imprim e d une texture de bois chaque moment les protagonistes sont bien conscients de ce qu ils ont ou n ont pas dans les mains Personne ne prend vraiment du polystyr ne pour du z brano Plut t qu une opposition entre original et repr sentations de l original c est plut t un travail de mise en correspondance entre diff rents tats qui se joue ici C est bien de correspon dance qu il s agit lorsque quelques personnes regroup e autour d une maquette en mousse de polystyr ne parlent des tableaux de bords de vieilles voitures pour voquer un futur parquet Une s rie de liens se sont tablis entre dans ce cas ci la texture imprim e depuis la base de donn es d images l vocation du tableau de bord d une voiture ancienne et le panneau de z bra no qui sera finalement mis en uvre dans le magasin Bien s r cette tape pr cise du projet le choix du z brano n est pas encore tout fait arr t Il y a toujours d autres candidats en lice En ce sens les liens qui se tissent entre la maquette l vocation du tableau de bord et les arbres qui poussent dans la for t quatoriale sont encore tr s virtuels Ils doivent tre actualis s par une s rie de d cisions qui vont tre prises durant le processus Et plus le pr
524. ran oise 1996 pour l d originale en anglais Paris Payot 2005 APPADURAI Arjun dir The Social Life of Things Commodities in Cultural Perspective 1986 pour l d originale Cambridge Cambridge University Press 1988 ARENDT Hannah Eichmann J rusalem Rapport sur la banalit du mal traduit par GU RIN Anne et LEIBOVICI Martine 1963 pour l d originale en anglais Paris Gallimard coll Folio Histoire n 32 2002 ATECMA S L et ECOSYSTEMS LTD L extraction des min raux non nerg tiques et Natura 2000 Document d orientation Luxembourg Union europ enne 2011 AUSTIN John Langshaw Quand dire c est faire traduit par LANE Gilles 1962 pour l d originale en anglais Paris Seuil coll Points Essais 1991 AWAN Nishat SCHNEIDER Tatjana et TILL Jeremy Spatial Agency Other Ways of Doing Architecture Routledge 2011 DE BAETS Henri dir Bouw en sloopafval Openbare afvalstoffenmaatschappij voor het Vlaamse Geweest OVAM 2002 BALIBAR tienne et LAUGIER Sandra Agency CASSIN Barbara dir Vocabulaire europ en des philosophies dictionnaire des intraduisibles Paris Seuil 2004 pp 26 32 BARTHE Yannick CALLON Michel et LASCOUMES Pierre Agir dans un monde incertain Essai sur la d mocratie technique Paris Seuil coll La couleur des id es 2001 Bibliographie 301 BERNARD Pierre Le chantier Criticat septembre 2008 vol 2 BILLIET Lionel et GHYOO
525. ravaux mais aussi d entrepreneurs en construction de la r gion qui savent qu ils peuvent y trouver certains mat riaux en quantit suffisante Tous les l ments de la villa viendront donc s entreposer c t d l ments semblables dans un vaste bric brac Si la diversit des chantiers de d mant lement entra ne une diversit quivalente dans les mat riaux disponibles l entreprise J cherche tout de m me garantir une cer taine stabilit pour quelques mat riaux types en particulier pour les briques et les tuiles Faciles stocker en plein air celles ci s accumulent dans des grands tas sur le terrain de Madame J Lorsqu elle a le temps ou lorsque ses quipes ne doivent pas aller sur un chantier Madame J proc de au nettoyage et au tri de ces briques Il s agit de nettoyer les faces ciment es et de v rifier que la brique poss de au moins quelques face en bon tat Les briques disqualifi es sont mises de c t certaines serviront de remblai pour de petites applications peu exigeantes comme renforcer un chemin de terre battue d autres seront vacu es l occasion vers un centre de tri Les briques s lectionn es sont quant elles empil es sur des pa lettes pr tes tre rachet es Dans le cas de l entreprise de Madame J les mat riaux ne disposent d aucun des dispositifs que sont suppos s poss der les produits de construction mis sur le march d apr s les r glements europ ens cet gard les ma
526. rbon le triable charbon le transportable avant de fina lement devenir charbon le combustible Dans sa forme son co t et sa composition il est fabriqu dans les frictions de la cha ne de marchandisa tion 106 Tsing A L Friction an ethnography of global connection op cit p 51 107 Ibid 108 Ibid 87 68 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle Le charbon se d cline ainsi sous plusieurs tats r pondant directement aux sp cificit s des tapes qu il traverse M me si dans ce cas la composition mol culaire ne change pas v ritable ment un morceau de charbon pr lev au moment de l extraction ne se distingue pas v ritable ment d un morceau pr lev lors du transport le charbon se d cline pourtant diff remment tout au long de cette cha ne de marchandisation De m me si la finalit de la cha ne de production est bien celle d une transformation des ressources en marchandise avec la cr ation d une plus value la cl chaque tape poss de des sp cificit s qui lui sont propres D ailleurs en y regar dant de plus pr s toutes ces tapes ne s encha nent pas forc ment tr s harmonieusement Comme l affirme Tsing cette cha ne est travers e de frictions et finalement c est l conomie mondiale dans son ensemble qui doit s envisager comme une somme d conomies culturelles reli es souvent maladroitement Ce qui est vrai l chelle
527. re autres en travers et sur celles ci il en l ve qui s inclinent et se r unissent en pointe des deux c t s Laugier M A Essai sur l architecture Observations sur l architecture dition int grale des deux volumes 1755 pour l dition originale Bruxelles Li ge Pierre Mardaga 1979 p 9 60 Deneufbourg F Defays M et Frere H Le marquage CE des bois de structure section rectangulaire et le classement pour leur r sistance Ressources Naturelles D veloppement Belgian Woodforum et Houtinfobois octobre 2011 59 60 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle lt probl mes de d nominations gt Si la norme europ enne propose un classement cens correspondre dans les grandes lignes toutes ces cat gories nationales chacun de ces cadres normatifs poss dait tout de m me de pe tites nuances qui le diff renciait de ses homologues internationaux A nsi par exemple la norme belge ne faisait pas de distinction entre l pic a le pin le douglas et le m l ze Toutes ces es sences taient reprises sous la m me classe de r sistance En revanche la norme fran aise asso ciait une premi re classe de r sistance pour l pic a le pin et le douglas et une seconde pour le m l ze Pour passer au niveau r glementaire europ en il a fallu harmoniser de telles variations et parvenir s accorder D ailleurs puisque l ambition premi re est bien de faire circuler plus li brement
528. re avant de de venir une caract ristique essentielle de l organisation industrielle du produit individuel d un ouvrier ind pendant faisant une foule de choses la marchandise devient le produit social d une r union d ouvriers dont chacun n ex cute constamment que la m me op ration de d tail Cette parcellisation des t ches ajoute Marx n est pas forc ment n gative en soi Elle permet par exemple qu un artisan puisse d velopper une tr s grande dext rit dans son activit Il donne d ailleurs quelques exemples de soci t s traditionnelles il faut entendre pr capitalistes au 125 Marx K Le capital Le proc s de la production du capital suite traduit par Roy J 1867 pour l d originale en allemand Paris Alfred Costes diteur coll uvres compl tes de Karl Marx 1950 vol 2 14 p 240 Chapitre 3 Quand les mat riaux nus s quipent sein desquelles les aptitudes sp cialis es sont l apanage d un groupe social d une famille par fois et s y transmettent de g n ration en g n ration Un syst me qui dans nos r gions tait la base de l organisation du travail en corporation Mais dans ces cas l les artisans disposent d une certaine autonomie quant l organisation de leur temps et de leur m tier Et leurs t ches malgr leur sp cialisation restent en g n ral d une certaine complexit Or continue Marx ce n est absolument plus le cas dans l organisation manuf
529. re de Super Mario un c l bre plombier h ros de jeux vid os qui en connait un bout sur l exploration et la construction de tuyaux Ces recon figurations seront bien s r abord es de fa on beaucoup plus d taill e dans la suite de ce travail Illustration V La question qui m int resse est celle de savoir s il est possible de reconfigurer quelque peu ces circuits Et comment lt inertie gt Ce qui appara t galement dans ces diagrammes c est que si les modifications sont possibles elles ont un prix En l occurrence toute modification doit s envisager vis vis des circuits d j existants Si tout est th oriquement r ouvrable et re d ployable dans la pratique il n est pas toujours possible de r aliser ces op rations Certains dispositifs se sont rendus si utiles qu il en sont devenus quasiment indispensables D autres se sont impos s comme des incontournables et se sont pour ainsi dire tellement ancr s dans le paysage que s en passer repr sente une v ri table gageure Dans tous les cas chercher se passer de l une ou l autre relation de l un ou l autre dispositif m diateur c est tre oblig de r inventer d autres fa ons d assurer les m dia tions entre toutes ces tapes Un lourd travail assur ment Cette question de l inertie peut tre illustr e par un exemple simple Imaginons qu une municipalit se soit dot e un moment donn de son histoire d un syst me d achemine
530. re le fait que ces op ra tions viendraient fragiliser l quilibre conomique relativement pr caire des acteurs du secteur du r emploi il appara trait aussi que beaucoup de ces tests ne sont relevant que pour un mode de production donn comme ce que j ai indiqu dans l exemple de la poutre en pic a ou des granulats de b ton Dans le cas d un mat riau d j produit comme notre brique ce serait un contre sens total que de lui appliquer un cadre normatif portant disons sur le contr le de la production Si on retrouve ici des question soulev es au point pr c dent propos des garanties et de la responsabilit il semble bien qu un l ment suppl mentaire important soit apparu En l occur rence la fa on de prescrire un mat riau joue ici un r le cl Au moment o le concepteur formalise la fa on de prescrire de la brique pour rester sur cet exemple il met en branle un cadre normatif bien pr cis Celui ci a du sens dans certains contextes mais pas dans tous En l occurrence les exigences de ce cadre normatif semblent tout fait pertinentes pour choisir une brique neuve mais beaucoup moins pour une brique de se conde main Est ce que a veut dire que les briques de r emploi ne conviendraient pas du tout pour le projet envisag Peut tre Il y a des cas o il serait effectivement risqu ou contre pro ductif de travailler avec des briques de seconde main Mais ce n est pas n cessairement toujours le cas Il y
531. re par compression kg cm Source Centre scientifique et technique de la construction Note d Information Technique 80 Pierres Blanches Naturelles 164 Ce protocole d exp rimentation est d crit dans la NIT 205 p 10 Chapitre 4 L laboration des dispositifs m diateurs la diff rence de l abaque qui tait produit une fois pour toute et dont le format m me per met une diffusion ais e ces test n cessitent un appareillage nettement plus lourd Les centres de recherches ou les entreprises soucieuses de produire ces tests doivent non seulement disposer du protocole norm en question mais aussi de tout l appareillage sp cifique Ce faisant le caract re normatif de ces tests profite directement diff rents secteurs industriels comme celui des di teurs qui vendent les normes ou celui des fabricants de machines qui produisent tout l outillage n cessaire Si le principe de la presse est assez simple en lui m me les fabricants d outillage ri valisent de cr ativit pour proposer des produits de plus en plus sophistiqu s Aujourd hui la plupart des presses hydrauliques sont vendues avec toute une gamme d accessoires Elles sont galement munies de logiciels sp cialis s offrant une interface suppos e faciliter le travail de l op rateur et des possibilit s tendues de traitement des donn es La normativit des protocoles de test offre donc de beaux d bouch s commerciaux tout un secteur de producteurs d ou t
532. refusent de tout pr ciser l avance dans les documents prescriptifs pour d placer certaines prises de d cision au moment du chan tier Cette posture suppose une certaine confiance tablir entre l entrepreneur et le concepteur Un peu comme dans ces situations d tats de gr ce que d crivait Loumaye il est n cessaire que la relation entre ces acteurs se place sur un plan impliquant un minimum de proximit et de bonne volont Cette exigence de base tend donc exclure les contextes administratifs o le concepteur n a rien dire quant au choix de l entrepreneur comme dans les march s publics o les diff rents acteurs sont choisis par le ma tre d ouvrage suite des appels d offres publics Dans ces cas l plus encore que dans tous les autres il y a tout int r t ce que chacun assure ses arri res Le seul recours une notion aussi vaste que les r gles de l art semble mener des articulations particuli rement fragiles Par contre dans des cadres o le concepteur conna t et s entend bien avec le constructeur le fait de pouvoir d placer certaines prises de d cision peut constituer la fois un geste pratique et politique Chapitre 6 M nager des marges de man uvre Pratique dans le sens o le concepteur n a pas r diger tout un cahier des charges pour fixer ses exigences Une simple charte mentionnant que tout se d roulera selon les r gles de l art peut suffire Il en d coule un gain de temps pour ch
533. res politiques r g n ratives pour d autres impropres inappropri es 1992 Dorlin E et Rodriguez E dir Penser avec Donna Haraway traduit par Aguiton S A Paris Presses Universitaires de France coll Actuel Marx Confrontation 2012 p 160 161 Chapitre 6 M nager des marges de man uvre projet critique ventuellement red fini amend et d pass mais la vocation transformatrice clairement assum e La m taphore de la vision qui traverse ces diff rents passages fonctionne ici merveille la question choc qui demandait d o venait le sang qui a fa onn nos disposi tifs de vision r pond l image forte des filtres rouges verts et ultraviolets comme autant de dis positifs pour produire des visions diff rentes et qui sont autant de promesses d un devenir plus responsable Ces filtres ne sont pas sans lien avec ce que j ai rapport propos des promoteurs de mat riaux alternatifs qui de pr s ou de loin voient leurs actions travers des filtres sensible ment identiques Il y aurait beaucoup crire sur la fa on dont Haraway s inscrit dans la continuit d un projet politique aux ambitions transformatrices qui remontrait selon une lign e pas n cessairement rectiligne la critique marxiste et la th orie critique de l cole de Francfort et qui aboutirait non sans passer par de tr s nombreux m andres la critique cologiste post coloniale et f mi niste Apr s tout
534. responsa bilit n est pas qu une question de crit res objectifs ou d indicateurs fix s une fois pour toute Une certaine id e de l engagement personnel et volontaire y est bien pr sente C est ce que 291 Genard J L La grammaire de la responsabilit op cit 292 Genard J L propos des Ordres professionnels Pesleux M et Burniat P dir Un Ordre d mocratique dans une Belgique f d rale Institut Sup rieur Architecture de la Communaut Fran aise coll Documents d architecture n 1 1996 pp 23 36 217 218 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation montre assez clairement l article premier du r glement de d ontologie fix par le Conseil natio nal de l Ordre des architectes belge L exercice de la profession d architecte en exprimant les aspirations de son poque et en les transposant autant qu il se peut dans ce qui formera le cadre de vie et de l activit de l homme tend y sauvegarder des valeurs essentielles Quel que soit d s lors son statut l architecte r glant son comportement de fa on assurer au mieux sa mission doit t moigner d un respect constant de tous les facteurs qui ont une incidence sur le milieu Cet extrait est int ressant car il montre la fois les modalit s li es au devoir l architecte doit gt mais aussi tr s explicitement les modalit s li es la possibilit et la capacit autant qu il se
535. rganisation internationale de normalisation ISO La fonction d un tel institut consiste entre autres repr senter les int r ts de ses membres Ainsi il inscrit explicitement dans ses objectifs la volont de poursuivre les travaux visant va loriser les essences et les techniques fran aises au sein de ces comit s internationaux Il s agit en quelque sorte de s assurer que les normes harmonis es qui se mettent en place l chelle eu rop enne ou plus internationalement encore n entravent pas les activit s du secteur sylvicole fran ais Si possible il serait m me int ressant que ces normes favorisent d une mani re ou d une autre la position des membres de l institut Exactement de la m me mani re un regroupe ment de diff rentes f d rations du bois belges Ressources Naturelles D veloppement RND 77 Celui ci appara t dans un rapport de situation publi par le Bureau de Normalisation Bois et Ameublement BNBA une antenne de l institut technologique For t Cellulose Bois construction Ameublement FCBA Bureau de Normalisation Bois et Ameublement BNBA et Institut Technologique For t Cellulose Bois construction Ameublement FCBA Structure en bois et bois de structure Rapport de situation de la normalisation Bureau de Normalisation Bois et Ameublement BNBA janvier 2013 78 Huit en comptant un joint group qui tablit des ponts avec le travail du comit technique 112 consacr aux panneaux de bois 79
536. ri t bien particuli re la plus value qui provient du sur travail que l employeur extorque aux travailleurs venus lui vendre leur force de travail La plus value incorpor e dans une marchandise n alt re pas l apparence de celle ci mais elle la rend tout de m me tr s diff rente d un bien d apparence identique mais circulant dans un tout autre contexte une conomie bas e sur le don par exemple Les exemples de la poutre et des granulats de b ton montre qu une marchandise telle qu un mat riau de construction incorpore en fait de nombreux autres aspects non moins subtils et capricieux Tous les mat riaux sont quelque part format s physiquement et non physique ment par leur passage travers toutes les tapes dont j ai bross un rapide portrait Mais l o Marx attache beaucoup d importance au registre marchand en r gime capitaliste les cas de figure voqu s ici obligent largir quelque peu ce spectre Certes les mat riaux de construction sont des marchandises et chacune des tapes de leurs trajectoires visent directe ment ou indirectement augmenter la plus value qu ils sont susceptibles de r aliser Mais il se rait r ducteur de ne les voir que comme des marchandises ou plus exactement il serait mal heureux de r duire la complexit des marchandises ce seul aspect Ou pour le dire autre ment le fait qu ils soient des marchandises ne les emp che pas d tre format s par d autres re gistres
537. riables Les sollicitations peuvent tre di rectes lorsque les commanditaires s adressent directement aux architectes dans le cadre d une commande explicite ou indirectes lorsque les commandes passent par l interm diaire d un ap pel d offre mettant en comp tition plusieurs architectes comme dans les concours De m me les sollicitations du commanditaire peuvent tre plus ou moins clairement formul es selon les projets Dans certains cas le commanditaire approche le concepteur avec une question fort vague quelque chose de l ordre de l envie parfois m me encore non explicitement verbalis e Dans d autres cas le cadre de la mission est extr mement d fini et les concepteurs ne poss dent plus qu une faible marge de man uvre pour composer avec toutes les contraintes du cahier des charges que leur fournit leurs commanditaires Le premier cas correspond une figure du concepteur architectural relativement tradition nelle celle de l architecte comme professionnel lib ral investi d une mission ne se laissant pas circonscrire des int r ts mercantiles et qui consiste instaurer entre lui et son commanditaire 328 un colloque singulier l image du m decin et de son patient C est autour de cette figure d une prescription est tout de m me utile Ibid p 127 326 C est notamment le cas des Live Project que j aborderai dans un prochain paragraphe cf lt 2 me piste surmonter les divisions disciplin
538. riaux potentiellement disparates Peu d entreprises ont r pondu l appel Celle qui a remport l offre s est av r e assez ouverte l id e de travailler avec des mat riaux pierreux de seconde main Elle a pris contact avec Rotor pour obtenir quelques conseils et pr cisions qui lui a alors indiqu quelques endroits o acheter des chutes de d coupe de pierre bas prix Les entrepreneurs n ont pas d chercher trop longtemps avant de tomber sur un stock d l ments qui pr sentaient les dimensions et les caract ristiques voulues En d finitive tous les acteurs ont fini par y gagner l entreprise de construction a pargn sur le co t des mat riaux et quoique l g rement plus compliqu e que d habitude la mise en uvre est rest e tout fait dans ses cordes le ma tre d ou vrage s est av r globalement satisfait du r sultat et les architectes ont pu r aliser ce qu ils souhaitaient Reste voir comment ces l ments vont voluer dans le temps et sous l effet de l usage et comment ils vont tre re us par les habitants et les usagers du quartier Mais a c est une toute autre histoire Rencontres th oriques Au del de ces deux ingr dients une volont de repenser l engagement des architectes en prenant davantage ou autrement en compte les acteurs avec qui ils travaillent et une curiosit in tense pour tout ce qui se passe autour du formatage des mat riaux de construction un troi si me ingr dient
539. rnent le mat riau en question et son usage dans le projet C est me semble t il un point de d part indispensable pour produire de nouveaux attachements et de nouveaux assemblages plus responsables Quelques pistes pour des pratiques prescriptives plus attentives ce stade du d veloppement j aimerais aborder quelques pistes concr tes pour nourrir cet id e d un travail sur les dispositifs prescripteurs pour produire des agencements plus respon sables dans l conomie mat rielle 379 Nathan T et Crapanzano V Du commerce avec les diables Paris Les emp cheurs de penser en rond 2004 380 Rafanell i Orra J En finir avec le capitalisme th rapeutique Soin politique et communaut Paris Les emp cheurs de penser en rond 2011 p 249 267 268 Section 3 Positions Les concepteurs embarqu s dans l conomie mat rielle lt 1 re piste la pratique est risqu e l chec toujours possible gt La premi re piste de r flexion est plut t un point d attention plus g n ral propos du risque inh rent la prescription Si la condition de f licit du geste est bien qu un mat riau ad quat soit mis en uvre rien ne garantit a priori le succ s de l op ration Dans les pratiques les plus courantes les dispositifs prescriptifs pr format s servent pr cis ment r duire ce risque et augmenter la certitude que le mat riau ad quat soit effectivement mis en uvre Lorsque les praticiens s aventurent sur
540. rnir des r sultats de haute pr cision Comme l annonce l un des fabricants il s agit bien d arracher au bois ses caract ristiques les plus secr tes Bien entendu les m thodes d obtention de l information ne sont qu une fa on parmi d autre de classer toutes les machines de contr le pr sentes sur le march On pourrait galement s int resser leur rendement le nombre de m tres lin aires trait s la minute aux dimensions admissibles des l ments qu elles peuvent traiter leur forme et leur encombrement au fait qu elles sont reprises ou non dans les normes encadrant ces protocoles de contr le ce qui facilite ventuelle ment les agr ations futures ou encore leur prix un ensemble de crit res qui rentrent en compte lorsqu une scierie doit opter pour telle ou telle machine Qu il soit visuel ou machinal le contr le des l ments sortant de la cha ne de production est l une des tapes essentielles dans l obtention du certificat de conformit et par extension du fa meux marquage CE Toutes les poutres utilis es par le charpentier sur le chantier de la petite extension ont t test es individuellement d une fa on ou d une autre C est ce qui leur a permis d obtenir leur cachet et d tre mises sur le march Il est probable que certains l ments faisant partie du m me lot n ont pas pass avec succ s ces tests Ceux l ont alors t d vi s vers des lots de classe moins lev e voire pou
541. roduit mis sur le march est automatiquement muni d une garantie l gale pour autant que le vendeur soit un professionnel et l acheteur un consommateur titre priv Les l ments de seconde main n chappent pas cette r gle Dans les grandes lignes cette garantie porte sur la conformit entre la description d un produit et son tat r el au mo ment de la livraison par l acheteur Il existe quatre crit res pour appr cier la conformit d un l ment vendu ou revendu Le produit doit tre conforme la description donn e par le vendeur En ce sens le vendeur ou le revendeur est tenu par la publicit qu il fait d un produit S il en donne une description tr s pr cise le produit effectivement livr doit tre conforme tous les points repris dans la description l inverse s il n en donne qu une description vague briques de r emploi par exemple il se laisse une certaine marge par rapport l tat des briques livr es avant que le consommateur puisse faire un recours Le produit doit tre propre l usage recherch par le consommateur L aussi le vendeur est tenu par la publicit qu il fait S il vend des briques de r emploi sans pr ci ser quelles fonctions elles peuvent remplir il prend ventuellement le risque qu un client mettant en uvre ces briques dans des circonstances particuli res un mur por teur par exemple puisse se retourner contre lui en cas de probl me
542. romoteur Jean Louis Genard Il a galement b n fici du suivi pr cieux des membres de mon comit d accompagnement Lionel Devlieger Judith le Maire et Marcelle Stroobants Leur r le tait d autant plus d licat qu ils ont marqu leur accord initial sur base d un projet qui s est nor m ment modifi en quatre ans Je suis particuli rement heureux que les lecteurs externes de mon jury aient pu suivre mon projet diff rentes phases de son laboration Je voudrais remercier Jean Fran ois C t pour ses conseils bienveillants lors de nos rencontres et la confiance qu il a accord ce projet et Doina Petrescu pour tous nos changes et son support depuis maintenant quelques ann es mais aussi pour l excellent accueil qu elle m a r serv l universit de Sheffield l hiver 2012 Cette recherche doit aussi beaucoup aux projets men s au sein de l association sans but lu cratif a s b l Rotor L mulation intellectuelle de toute l quipe est un vrai stimulant et un compl ment de premier choix face certaines rigueurs du monde acad mique Merci Koen Berghmans Tristan Boniver Lionel Devlieger Maarten Gielen Renaud Haerlingen Benjamin Lasserre M lanie Tamm et Adeline Van Hoof avec qui j ai eu l occasion de collaborer sur l un ou l autre projet J ajoute un merci tout particulier Lionel Billiet qui a toujours port un regard de grande valeur sur mon travail depuis bien avant l aventure Rotor et B
543. ront s au jour tation le jour ces entit s invocables et les repr sentants invit s aux comit s de travail pr sidant leur laboration n est pas trop importante pour que s tablissent les conditions effectives d une co construction de ces dispositifs En d autres mots les concepteurs et sp cialement les concep teurs investis dans des pratiques de reconfiguration sont singuli rement absents d une s rie d ar nes o se jouent pourtant des l ments qui les concernent directement Le cas de la terre paille et de la pierre massive mettaient jour quelques uns des aspects pratiques qui expliquent les difficult s tre pr sents dans les ar nes de d cisions Cette ques tion soul ve plus largement des aspects li s de pr s l organisation de la profession quelles possibilit ont les architectes praticiens de s organiser pour tre repr sent s dans les sph res de d cision Comment peuvent ils s impliquer dans l laboration des dispositifs m diateurs en g n ral et des dispositifs prescriptifs en particulier En somme ce qui est sugg r ici c est que 399 propos de ces concepteurs qui se passent de cahier des charges et s en remettent aux r gles de l art cf le paragraphe N gocier les dimensions r glementaires r gles de l art vs normes techniques p 199 400 Cette question est abord e dans le paragraphe Diff rents dispositifs diff rents d bouch s p 107 et plus loin au p
544. rop ennes et d autres stakeholders encore Un compte rendu met tant une certaine emphase sur le caract re finalement tr s immanent du pouvoir consid rable qu exerce un acteur tel qu une industrie cimenti re poss de plus de chance d initier de possibles 44 l heure o je relis ces lignes l actualit r cente vient encore accentuer cette puissance puisque deux des plus grands groupes cimentiers mondiaux Lafarge et Holcim sont en train de pr parer un accord de fusion Si cet accord est sign le nouveau conglom rat deviendra de loin le leader du march avec une entreprise estim e 43 milliards d euro une capacit de production de pr s de 400 million de tonnes de ciment par an et une couverture mondiale leur permettant d absorber les effets des baisses de consommation locales Anonyme Into the mixer The Economist 12 04 2014 45 Boltanski L et Chiapello Le Nouvel esprit du capitalisme Paris Gallimard 1999 47 48 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle transformations Un r cit qui n glige certains l ments risque au contraire de priver certains ac teurs de ressources pr cieuses Les compte rendus peuvent avoir une dimension jurispruden tielle les r cits de r ussites locales peuvent alimenter d autres projets semblables l inverse les r cits strictement apocalyptiques sont rarement de bonnes ressources pour affronter ce qui est en train de se passer Un
545. rps l chelle locale pour re prendre des expressions emprunt es Tsing il faudrait ajouter l imp ratif d uniformisation et de g n ricit Celui ci merge de la lecture que je propose de faire des dispositifs d articulations quipant les mat riaux de construction l vidence pour certains mat riaux cet imp ratif se comporte comme un v ritable int r t pr dateur lt la rationalit des indicateurs gt L imp ratif de g n ricit et de reproductibilit s accompagne d une importance de plus en plus grande accord e des organismes tiers qui prennent en charge ces questions pour une s rie de mat riaux Les dispositifs standards et harmonis s qu ils produisent imposent une rationalit fond e sur une logique d indicateurs qui se traduisent par des dispositifs tels que des normes techniques des proc dures harmonis es des r sultats quantifiables Les indicateurs proviennent des th ories de management de l entreprise Ils servent objecti ver les pratiques qui rendent une entreprise performante de fa on pouvoir implanter celles ci 245 dans l organisation d une entreprise concurrente De tels dispositifs ont toutefois largement d pass le seul cadre des techniques manag riales pour devenir des outils centraux dans bien d autres contextes comme dans le cas des politiques publiques sur le ch mage notamment et de fa on tendancielle dans le r f rentiel du d veloppement dur
546. rres tombales vacu es par un cimeti re communal lorsque les concessions arrivent leur terme apr s 15 ans L id e de r employer ces l ments dans un projet d am nagement public a suscit de vives discussions quant l appr ciation de tels l ments Ce sont finalement des raisons pratiques tr s contingentes qui ont fait qu elles n ont pas pu tre r utilis es les diff rents services communaux n tant pas parvenu se coordonner pour leur stockage et leur transport Source Rotor asbl Au del du cas des pierres tombales la proposition d utiliser des mat riaux de seconde main suscitait aussi quelques inqui tudes quant l tat des l ments Certains interlocuteurs trouvaient inopportun que de tels mat riaux soient associ s un programme de r novation d un quartier d j fragilis au niveau socio cono mique associant ainsi mat riaux d j utilis s et pauvret en faisant sans doute un amalgame un peu trop rapide entre les termes utilis usag us et d pr ci Encore une fois ce sont des formes d appr ciation que les mat riaux neufs ne suscitent pas ou dans une bien moindre mesure Cinqui me contrainte la responsabilit juridique En admettant qu il tait pos sible de trouver des l ments surmontant les difficult s pr c dentes il restait une grosse question en suspens celle de la prise de responsabilit vis vis de ces mat riaux Implicitement les l m
547. rs avantages av r s ou potentiels les pierres tombales vacu es du cimeti re communal et les autres candidats au r emploi n taient manifestement pas quip s des bons dispositifs Cette situation d exclusion ne concerne pas que les l ments fun raires du cimeti re de Mo lenbeek De nombreux mat riaux pr sentant pourtant une s rie de vertus au plan environnemen tal ou social pour ne citer que ces deux perspectives ne sont pas habilit s circuler dans les circuits standards de l conomie mat rielle Les exigences de l conomie mat rielle semblent les exclure et les confiner des circuits parall les souvent proches de l conomie informelle C est cette sorte d inad quation entre les mat riaux les attentes qui p sent sur eux et les horizons co logiques et sociaux qui se trouve au c ur de ce projet de recherche En creusant davantage le sujet il appara t que certaines de ces caract ristiques propres aux mat riaux neufs peuvent malgr tout tre conf r es aux mat riaux de r emploi ou d autres candidats exclus des circuits de l conomie mat rielle Il existe par exemple des vendeurs de briques de seconde main qui effectuent un important travail sur ces l ments Ils les nettoient les inspectent et parfois fournissent m me toutes les garanties n cessaires en mati re d int gri 25 26 Introduction t structurelle Leur d bit est galement suffisant pour pouvoir garantir la
548. rtain type de justification vis vis de l conomie de march capitaliste Cf Hirschman A O Les passions et les int r ts justifications politiques du capitalisme avant son apog e traduit par Andler P 1977 pour l d originale en anglais Paris Presses universitaires de France coll Quadrige 2011 Chapitre 5 Normativit s des dispositifs d articulation videmment des frictions et d cha nent des passions L o Tarde dans la lecture qu en font La tour et L pinay se r v le particuli rement int ressant c est qu il ne s en remet aucun principe transcendantal pour d finir les issues de ces frictions Il ne cherche pas tout ramener un type de valeur qui r glerait tout En s en tenant une immanence au plus proche de l exp rience il chappe galement la logique organique qui verrait le march comme une entit auto r gul e capable de trouver ses propres quilibres Comme le disent Latour et L pinay Cela ne veut pas dire que les conflits n existent pas Au contraire ils font la moiti du livre i e la psychologie conomique de Tarde Jamais il Tarde ne se confie aux d lices d une cologie harmonieuse qui ferait appel pour en finir avec la bassesse humaine la grande paix de la nature Les conflits sont par tout mais rien ne les m ne aucun optimum ne garantit la survie des plus aptes lt et leur difficult tre bien repr sent s gt L analyse de la pro
549. rto 2006 237 Mandel E Le troisi me age du capitalisme Paris Union g n rale d ditions coll 10 18 3 vol 1972 1976 238 Castells M La question urbaine Paris Fran ois Maspero coll Textes l appui 1972 Castells M Luttes urbaines et pouvoir politique Paris Fran ois Maspero 1975 Castells M et G Pflieger De la ville aux r seaux dialogues avec Manuel Castells Lausanne Presses polytechniques et universitaires romandes 2006 239 Lefebvre H Le droit la ville suivi de Espace et politique 1968 pour l d originale du droit la ville Paris Seuil coll Anthropos 1972 240 Gramsci A Gramsci dans le texte Paris ditions Sociales 1975 241 Harvey D The condition of postmodernity an enquiry into the origins of cultural change Oxford Angleterre Cambridge Mass tats Unis Blackwell 1989 242 Jameson F Le postmodernisme ou la logique culturelle du capitalisme tardif traduit par Nevoltry F 1990 pour l d origniale en anglais Paris Les ditions de l cole Nationale Sup rieure des Beaux Arts coll D art en questions 2011 243 Gorz A Capitalisme socialisme cologie Galil e 1991 L wy M Qu est ce que l cosocialisme cologie et socialisme Paris ditions Syllepse coll cologie et politique 2005 pp 93 107 Gorz A Ecologica op cit Foster J B Marx cologiste traduit par Blanchard A Gross J et Nordmann C 2009 p
550. ruction Pour Chadoin cette ind termination constitue donc la fois la caract ristique et la grande force des architectes En des termes purement conomiques elle leur permet de multiplier le nombre et la nature des commandes auxquelles ils sont susceptibles de r pondre Toutes ces recherches ont en commun de signaler la fin d un mod le unique d exercice de la 337 profession si tant est que ce mod le ait jamais eu une existence effective Elles ont gale ment en commun de s inscrire de fa on plus ou moins affirm e dans le cadre d une th orie des champs Les r les qu occupent les professionnels y sont envisag s selon des rapports de force et de concurrence vis vis d autres acteurs Ces derniers peuvent s av rer mena ants lorsqu ils cherchent occuper des fonctions qui taient peu peu devenues les pr rogatives exclusives 333 Dans des travaux plus r cents Champy revient sur certaines de ces positions Cf Champy F La sociologie des professions Presses Universitaires de France 2009 Champy F Nouvelle th orie sociologique des professions Presses Universitaires de France 2011 334 Tapie G Professions et pratiques La redistribution des activit s des architectes Les cahiers de la recherche architecturale et urbaine 1999 vol 2 3 pp 65 74 335 Chadoin O tre architecte les vertus de l ind termination De la sociologie d une profession la sociologie du travail professionnel Presses U
551. s actes mais qu elles partagent ces pr rogatives et ces responsabilit s avec d autres entit s En continuant encore un instant envisager les choses d un point de vue institutionnel il ap para t que la position de prescripteur n est pas toute puissante Elle n est pas pargn e par des ph nom nes qui la menacent en retour bien des gards en d l guant les aspects mat riels d autres secteurs industriels l industrie pharmaceutique pour la m decine les producteurs de mat riaux pour les architectes ces professions prescriptrices se sont galement d charg es de la possibilit de contr ler de nombreux aspects de leur travail De fait si l on se place dans la perspective de l industrie des fabricants de mat riaux l archi tecte n est finalement rien de plus que l un des maillons de la longue cha ne d op rations permet tant de r aliser une plus value sur la vente d un mat riau Un maillon important certes parce qu il garantit quelque part que les mat riaux produits trouvent une destination Si l on reste dans 257 258 Section 3 Positions Les concepteurs embarqu s dans l conomie mat rielle le registre conomique o l ordre de grandeur est la cr ation de profit il appara t que les concepteurs remplissent cette fonction de passage d une situation o les mat riaux produits contiennent en eux une plus value potentielle vers une situation o cette plus value se r alise effectivement et se tra
552. s tr es Sur le dessin le d tail tait d une grande l gance Il exploitait les propri t s de mall abilit du b ton pour produire un raccord d une grande pr cision Les ar chitectes sentaient pourtant que cette mise en uvre ne serait pas si simple ex cuter en pratique Pour mettre toutes les chances de leur c t ils ont d cid de d dier tout un poste de leur cahier des charges ce d tail afin de bien faire com prendre l entrepreneur ce qu ils souhaitaient Dans la mesure o aucun d tail standard ne leur convenait ils ont d essayer de traduire leurs dessins dans un lan gage qu ils esp raient compr hensible par leur interlocuteur Manifestement ils ont investi beaucoup d nergie et de temps sur ce poste en y joignant m me des des sins et des croquis chose plut t inhabituelle dans un cahier des charges Aussi les architectes ont ils t tr s d pit s devant le r sultat fini qui n tait pas la hauteur de leurs attentes Alors que l histoire s tait pass e il y a un certain temps d j je sentais la frustration de l architecte remonter au fur et mesure qu il se rem morait ce triste passage en me le racontant Il semblait surtout d sappoint par le fait que malgr l effort fourni en r digeant cet article sur mesure le r sultat n ait pas t la hauteur de leurs attentes Mon interlocuteur semblait assez remon t contre son entrepreneur qui n avait pas t capable d interpr t
553. s de poursuivre Aussi je me contenterai pour l ins tant de prendre acte du fait que les briques anciennes ou du moins une partie d entre elles g n ralement les plus anciennes quoique les distinctions puissent devenir assez subtiles b n fi cient d une haute appr ciation de la part d un certain public 136 Mostafavi M et D Leatherbarrow On Weathering The Life of Buildings in Time Cambridge Mass tats Unis The MIT Press 1993 137 Hennion A Those Things That Hold Us Together Taste and Sociology Cultural Sociology 2007 vol 1 no 1 pp 97 114 Chapitre 3 Quand les mat riaux nus s quipent Qu une telle appr ciation existe est un crit re aussi indispensable que les dispositifs voqu s jusqu pr sent pour permettre la circulation d un mat riau au sein de l conomie mat rielle En effet dans un contexte o les marchandises sont abondantes et peu co teuses produire une bonne partie des ressorts de l conomie ne reposent pas tant sur des dispositifs techniques le fait d tre facile produire par exemple que sur des questions d appr ciation et d attractivit Qu ils le veuillent ou non c est une dimension que les mat riaux de construction de r emploi sont amen s rencontrer Le fait d tre techniquement int ressants d tre faciles d monter et r cup rer par exemple est une condition n cessaire mais non suffisante R pondre ces as pects ne garantit pas encore que le
554. s le co pro cessing se profile comme une pratique plus proche du recyclage dans le sens o elle vise ramener les d chets leur tat de mati re premi re et r utiliser celle ci dans de nouveaux processus de production Le fait de faire reconna tre les vertus du co processing par les autorit s comp tentes permet l industrie cimenti re de toucher certains subsides li s la r duction des d chets Cela lui permet gale ment de se profiler galement comme un acteur concurrentiel dans le secteur du traitement des d chets Si certaines mol cules contenues dans ces pr parations de d chets dangereux sont effectivement utiles la production du clinker d autres s av rent potentielle ment plus probl matiques Les sites de pr paration des combustibles de substitu tion veillent garder la quantit de ces substances dangereuses sous des seuils fix s par la r glementation De longues pr parations sont n cessaires pour produire des m langes stables et dont la combustion ne lib re pas trop de gaz probl ma tiques Toutefois m me si ces seuils sont scrupuleusement respect s cette orga nisation reste bas e sur un mod le de dispersion dans lequel les substances dan gereuses sont dilu es dans des substances moins dangereuses Chaque m tre cube de b ton qui est coul quelque part contient donc une petite fraction de ces substances potentiellement dangereuses de sorte que les concentrations sont r parties sur l
555. s mat riaux sont presque toujours sp cifiques singuliers et situ s et se pr tent donc assez mal une description standardis e et neutralis e Troisi me contrainte le d coupage temporel des projets La contrainte pr c dente semblait pouvoir tre surmont e en distinguant plusieurs lots dans l appel d offre Rotor avait imagin s parer l appel en deux points D un c t il y aurait eu un poste pour la fourniture des mat riaux et de l autre un poste pour leur mise en uvre Ce n est que ce dernier point qui aurait fait l objet d un appel public Le pre mier point aurait t la charge de l administration communale qui aurait alors utili s des mat riaux d j en sa possession comme lorsqu un particulier demande son architecte de concevoir un projet partir d un escalier qu il aurait achet sur une brocante Bien s r restreindre le champ d investigation aux seuls mat riaux en possession de la commune limitait fortement le choix Fort heureusement la commune de Molenbeek comme beaucoup de municipalit s poss de un certain nombre de mat riaux dans les b timents qu elle g re ou via les travaux de voirie qu elle effectue Une filon cons quent avait m me t rep r au cimeti re commu nal Chaque ann e celui ci se d barrasse des concessions non renouvel es et jette donc une quantit importante de pierres tombales Ces dalles en pierre taient de bons candidats pour les travaux dont il tait questi
556. s tout en per mettant de d duire ces m mes informations pour des pierres moins courantes Il poss de donc une souplesse d utilisation assez remarquable Dans la seconde m thode celle de la NIT le caract re universalisant de l abaque a t abandonn au profit d un chantillonnage empirique tout fait sp cifique la pierre bleue L o le mod le math matique permet de placer potentiellement toutes les pierres dans le second cas les tests ne concernent plus que la pierre bleue Si l on voulait obtenir des valeurs compa rables avec d autres pierres il faudrait soumettre ces derni res des tests identiques lt changer de m thode recourir aux normes gt Pourquoi l abaque a t il t abandonn au profit d une m thode plus empirique Il est quasi ment impossible de r pondre de fa on univoque cette question Une hypoth se plausible est que ce mod le math matique ait t jug peu fiable pour les valeurs extr mes de l abaque D autres indices de r ponse sont peut tre trouver du c t des proc dures de test Dans la NIT 220 il est indiqu que les tests ont t effectu s selon le protocole d crit dans une norme mise au point par l Institut belge de normalisation et dat e de 1990 Il y a donc un moment don n des personnes qui ont jug utile de normaliser ce protocole En l occurrence la norme utili s e pour tester la pierre est issue d une s rie de protocoles qui ont d abord t mis e
557. s NIT ou des normes en g n ral le prescripteur s en remet des l ments externes qui lui permettent d obte nir le mat riau ad quat Ce faisant il convoque galement des univers propres des acteurs tr s diff rents C est un constat qui est formul par la chercheuse anglaise Katie Lloyd Thomas dans ses recherches sur les cahiers des charges lorsqu elle affirme que les cahiers des charges pr servent la complexit des relations entre les ma t riaux et l industrie de la construction Ce sont des documents constitu s par des op rations d additions d incorporation et d amendement M me le NBS National Building Specifications la version la plus standardis e et homog ne des cahiers des charges au Royaume Uni mais c est une r f rence internatio nale en la mati re a t form par l assemblage d une documentation tr s va ri e issue de diff rentes branches de l industrie de la construction et rend vi sible son arri re plan complexe dans la diversit des clauses et des d finitions qui y sont incluses L o les trac s des g om traux unifient les parties d un difice comme si elles taient homog nes et produites par une seule main les sections d un cahier des charges avec leurs langages tr s diff rents refl tent les traces et les identit s des diff rents secteurs industriels qui en sont les au teurs Un article de cahier des charges harmonis et de prime abord assez unitaire condens
558. s am nagements spatiaux Lorsque le contexte s y pr te si la situation ap pelle ce type d attitude ils travaillent plut t la conception d agencements entre acteurs via l organisation de tables rondes l occasion de r flexions plus programmatiques ou encore par la mise en vidence de r seaux d acteurs pouvant coop rer Dans le projet que j ai suivi les tudiants devaient intervenir sur un site forestier regroupant diverses fonctions Il sert avant tout de stock et de quartier g n ral pour les garde forestiers de la ville de Sheffield mais il s est enrichi au fil des ann es d autres usages On y trouve notamment des ateliers pour des entrepreneurs lo caux travaillant le bois ou encore un petit centre de congr s et un p le d information sur les m tiers du bois Sur le site sont galement organis es des formations et des stages de d couvertes propos du travail du bois adress s diff rents publics Toutes ces activit s fonctionnant plut t bien le gestionnaire du site souhaitait aug menter les surfaces de b timents Il a donc demand aux tudiants de r fl chir une sorte de plan d ensemble pour le d veloppement du site Au cours de cette r flexion il est apparu que l un des besoins principaux tait le manque d espaces d ateliers pour les diff rentes quipes d artisans Les tudiants de l cole d architecture de Sheffield se sont alors lanc s dans la conception d une m thode constructive permettant d
559. s autres devenus inutiles Le poste 53 13 est lui m me divis en plusieurs sous sections La premi re porte sur une description des caract ristiques techniques de la pierre naturelle la deuxi me sur les modes d ex cution la troisi me sur le contr le du mat riau et la derni re est r serv e la description des dimensions modulaires et des quantit s 263 264 Section 3 Positions Les concepteurs embarqu s dans l conomie mat rielle n cessaires pour le projet en question En pratique c est surtout ce dernier point qui requiert l attention de l architecte Les dimensions utiles tant videmment propres chaque projet il n est pas question de recopier celles ci de cahier des charges en cahier des charges En revanche tous les autres points de cette ru brique c est dire ceux consacr s aux sp cifications techniques proprement dites ne sont pas tr s longuement d velopp s lls se contentent de renvoyer aux docu ments externes que sont la sp cification technique unifi e 45 STS 45 et aux notes d information techniques correspondantes NIT 220 Voil donc quoi servent tous les investissements de forme entrepris au sein de l conomie mat rielle par des acteurs tels que l Institut du Logement et le CSTC dont on retrouve ici des traces dans un poste consacr la pierre bleue En faisant de ces sp cifications des outils ext rieurs aux cahiers des charges ils s offrent la possibilit d int grer
560. s circuits de l conomie mat rielle reste pleinement ma tre de poursuivre ces explorations en se les appropriant ou au contraire de les juger totalement inop rantes et de les laisser l o elles se trouvent actuellement couch es sur les pages d un gros tas de papier parmi de tr s nom breux autres gros tas de papier qui devraient rendre l oubli tr s ais Si ce travail peut susciter une bauche de dialogue entre des postures tr s diverses quitte ce que ce dernier se d ploie sur le mode du d saccord et du conflit il aura d j r alis une bonne partie de ses ambitions Passer du trouble la question quelques ingr dients Selon le philosophe pragmatiste am ricain John Dewey tout projet d enqu te repose sur un trouble qui appelle une clarification Dans le cas de la pr sente recherche ce trouble provient d une s rie d exp riences tr s concr tes Elles peuvent sembler quelque peu disparates pre mi re vue mais leur identification a jou un r le cl dans le processus de clarification et de construction de l objet d enqu te C est pourquoi il me semble int ressant d en retracer le fil comme une fa on d effectuer une premi re saisie des enjeux de l enqu te Le trouble l origine de ce travail de recherche est assez flou et raconter son histoire a pos teriori rel ve forc ment d une certaine forme de reconstruction Les questions d velopp es dans la pr sente recherche se sont construites peu
561. s citoyens La question de l appr ciation a merg avec beaucoup d intensit l occasion d une session de pr sentation de l avancement des projets devant une assembl e compos e de repr sentants des services communaux et des citoyens L id e d utiliser les pierres tombales mises au rebut y a suscit de tr s vives discussions Certains jugeaient l op ration d un point de vue tr s pragma tique estimant qu il y avait l une sorte de gaspillage auquel l intervention de Rotor apportait une solution partielle Apr s tout il est effectivement dommage que de si grands l ments de granit poli une finition qui s av re par ailleurs hautement ner givoref finissent en gravats apr s seulement quinze ans de bons et loyaux ser vices De plus les pierres tombales ne sont pas particuli rement sollicit es au ni veau de leur usage Elles ne jouent que tr s rarement un r le structurel et su bissent somme toute assez peu de passage et de contact Dans l absolu elles s av rent donc parfaitement capables de servir bien au del d un usage d une du r e de quinze ou vingt ans Pour d autres interlocuteurs par contre le caract re sacr d une s pulture tait un l ment qui comptait norm ment L id e d utiliser des pierres tombales d clas s es a provoqu quelques r actions de rejet parfois indirectement comme ces chefs d quipe du service des travaux qui personnellement n y voyaient pas d in conv nient mais qui craig
562. s de l identit discipli naire architecturale cette caract ristique n est pas une pr rogative unique des architectes Cela d samorce en quelque sorte le risque de retomber dans des perspectives corporatistes lt le lourd h ritage de la professionnalisation gt Lorsque je parle du lourd h ritage de la constitution de l unit professionnelle des archi tectes je fais r f rence une s rie de cons quences li es au processus de professionnalisation On peut montrer dans les grandes lignes quel point la construction sociale juridique et institu 345 Cf paragraphe lt un bref flash back gt p 205 251 252 Section 3 Positions Les concepteurs embarqu s dans l conomie mat rielle tionnelle du statut d architecte correspond une strat gie d un groupe pr cis et en fait assez res treint qui cherche se diff rencier se distinguer d une s rie d autres groupes et d autres m tiers impliqu s dans la construction les ma ons les tailleurs de pierre les charpentiers les in g nieurs les g om tres les entrepreneurs les d corateurs les tapissiers etc Sans entrer dans des classifications trop pr cises on peut faire remonter ce processus au remplacement du sys t me corporatiste par une conomie de march et une privatisation des moyens de production Pour continuer faire tr s court on peut dire que les strat gies de lobbying men es par le groupe professionnel des architectes se sont av
563. s entre les tres qui peuplent les circuits de l conomie mat rielle y compris de ceux venir si on prend au s rieux les arguments de la commission Brundtland qui engagent les g n rations futures ainsi qu une solidarit des choses vivantes pour reprendre les beaux termes de Fabrice Flipo lt r pondre de ce quoi l on se connecte gt Le recours aux r gles de l art mais aussi de fa on plus g n rale tous les dispositifs m dia teurs dont les effets sont plus ouverts implique une autre accentuation de la responsabilit que celle v hicul e par les dispositifs caract re objectivant Cette accentuation pourrait bien faire cho la responsabilit telle que l envisage Donna Haraway lorsqu elle affirme que l Janalyse f ministe s vertue comprendre comment les choses fonc tionnent qui participe l action quelles possibilit s leur sont offertes et par quels moyens les acteurs de ce monde pourrai ent ils devenir responsables les uns envers les autres et s aimer de fa on moins violente Ce passage extrait du Manifeste des esp ces de compagnie articule dans une belle expression une ambition de compr hension tourn e sur une tentative d claircissement du fonctionnement des choses avec une ambition transformative tourn e vers une modification des situations en pr sence La question qui anime Haraway dans ce petit manifeste touche la possibilit maigre mais pourtant i
564. s et une tentative de r duire l cart alors en train de se creuser entre d un c t les ing nieurs techniciens et de l autre les architectes d corateurs Cf Seitz F Une entreprise d id e L cole sp ciale d architecture 1865 1930 Paris Picard diteur 1995 230 aucun moment du livre Viollet le Duc ne donne d indices quant la fa on dont les activit s de l architecte pourraient tre per ues par les diff rents corps de m tier Comme si cette question n avait pour eux aucune importance C est aussi cette dissym trie qui me pousse dire que Viollet le Duc ne place pas les diff rents protagonistes sur un plan d galit 183 184 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation versification et la sp cialisation de plus en plus accrues de toutes les techniques a rendu compl tement illusoire l id e qu une seule position puisse tout ma triser Il a donc fallu trouver des fa ons de synth tiser certaines connaissances pour les rendre manipulables par les diff rents ac teurs C est assez clairement la mission d un centre tel que le CSTC qui dispense une s rie de conseils techniques ses membres apr s avoir fait le tour d une question et en avoir produit une synth se Le processus d laboration d une NIT illustre bien cela Une fois ce dispositif en place un article de cahier des charges peut y faire r f rence La note en question permet alors l architecte de sp cifier l entrepren
565. s groupes professionnels Il a propos la notion de professions mutilantes pour d crire ces situations o des professionnels se pr sentent comme les seuls pouvoir r pondre une s rie de besoins Il se cr e alors ce que Illich nomme 352 Sarfatti Larson M propos des professionnels et des experts ou comme il est peu utile d essayer de tout dire Sociologie et soci t s 1988 vol 20 no 2 pp 23 40 353 Williams Robinson J The Form and Structure of Architetural Knowledge from Practice to Discipline Williams Robinson J et Piotrowski A dir The Discipline of Architecture Minneapolis Londres University of Minnesota Press 2001 pp 61 82 354 Sarfatti Larson M propos des professionnels et des experts ou comme il est peu utile d essayer de tout dire op cit p 25 355 Ibid 356 cf note 348 357 Champy F La sociologie des professions op cit p 163 358 M me si bien s r le statut de gagnant n est jamais d finitif comme le montre le fait que les architectes qui ont obtenu quelques victoires dans l histoire se retrouvent aujourd hui dans une position nettement plus fragilis e Chapitre 8 Prescripteurs un monopole radical qui advient lorsque les professions substituent un produit industriel ou un service professionnel aux activit s utiles auxquelles se livrent ou souhaiteraient se livrer 830 L horizon politique de Ivan Illich est celui d une autonomie rad
566. s impliqu s D une certaine mani re lorsque des normes techniques entreprennent de recouvrir des domaines laiss s auparavant l appr ciation plus floue des r gles de l art il y a comme un glissement dans la possession des savoir faire ce qui tait auparavant suppos par d faut une comp tence des entrepreneurs devient la pr rogative ex plicite d un organisme ext rieur Bien s r je l ai galement indiqu dans son organisation celui ci inclut la repr sentation d un certain nombre de praticiens Le glissement n est pas total Ce n est pas comme si du jour au lendemain les praticiens taient r put s ne plus poss der au cune connaissances aucun savoir faire Mais il y a tout de m me une sorte de d calage qui se cr e d s lors qu un praticien s en remet des comp tences et des connaissances que sont en quelque sorte externalis es Ce d calage qui s explique notamment par la n cessit de travailler avec des cha nes de plus en plus longues de sous traitants entra ne des cons quences sur la question de la distribution des responsabilit s je l illustrerai plus loin Si les normes techniques constituent des investissements de formes offrant des avantages non n gligeables dans la travail des praticiens compatibilit des produits protection des consomma teurs facilit de comparaison clarification des attentes etc il faut galement prendre en compte les autres cons quences d un tel dispositif En l o
567. s le r glement europ en n 305 2011 Celui ci fixe bien une s rie de d roga tions qui dessinent un ensemble de produits chappant ces exigences mais il semble peu coh rent d y inclure les mat riaux de r emploi Ces d rogations sont d crites en d tail dans l article 5 du r glement Elles d terminent plus exactement les situations dans lesquelles il n est pas n cessaire de munir un mat riau d une d claration de performances un dispositif dont j ai mon tr la ramification des implications Ces d rogations concernent a le produit de construction fabriqu individuellement ou sur mesure selon un proc d autre que la production en s rie b le produit de construction fabriqu sur le site de construction en vue d tre incorpor dans l ouvrage de construction respectif c le produit de construction fabriqu d une mani re traditionnelle ou adapt e la sauvegarde des monuments selon un proc d non industriel en vue de r nover correctement des ouvrages de construction officiellement prot g s comme faisant partie d un environnement class ou en raison de leur valeur ar chitecturale ou historique sp cifique Il serait ventuellement possible d interpr ter le paragraphe c en faveur de certains mat riaux de r emploi Celui ci stipule bien que des d rogations s appliquent aux produits de construction fabriqu s de mani re traditionnelle Si l on enten
568. s m diateurs 132 L laboration mobilise des acteurs tiers lt l enr lement des crino des gt lt harmonisation des documents prescriptifs gt lt crit res techniques crit res esth tiques gt lt mutualiser les centres de recherche et d veloppement gt 140 lt la NIT 220 une complexification des crit res de s lection gt 141 Table des mati res lt changer de m thode recourir aux normes gt 143 lt harmoniser la terminologie gt ss 145 lt produire une d finition de la pierre gt 147 lt pour pouvoir ensuite l INVOquer gt sisi 148 lt aux marges de la d finition gt sn 149 L laboration mobilise des acteurs en prise directe avec les mat riaux 153 lt terre palll gt ssesssruen laine dre Rene mention diner fete tie dent lt pIerre MASSIVE ANR NT TE RAA ROLE M E A E TE Le potentiel politique des dispositifs m diateurs Chapitre 5 Normativit s des dispositifs d articulation Et si les standards de l conomie mat rielle s adaptaient aux mat riaux alternatifs et pas l INVErS A E RAM ne a ST AEAEE S EEEE sde res ets es SE t UT te 165 lt reconna tre la pluralit des int r ts gt 168 lt
569. s mat riaux vont rencontrer du succ s ou qu ils vont r pondre une demande Ils doivent pouvoir jouer sur d autres registres ceux du go t et de la satisfac tion des d sirs Dans certains cas de figure les dimensions techniques d un mat riau c toient un crit re d at tractivit conomique Ce qui fait qu on appr cie un mat riaux touche bien s r au fait qu il r pond aux attentes techniques qu on en a mais aussi au fait qu il est sensiblement moins cher que son quivalent neuf Pour certains clients ces deux facteurs combin s suffisent clipser quelque peu le caract re attractif Offrir du solide et pas cher est un cr neau largement ex ploit y compris dans le domaine des marchandises neuves Mais d s qu on sort de ce cr neau la question de l attractivit reprend son importance Il s agit d ailleurs d une dimension que le secteur de la seconde main a tr s bien comprise Il ne suffit pas de se profiler comme une alter native moins ch re m me si pour une partie de la client le cela reste probablement l argument principal il faut galement rassurer les clients quant au fait que ce qu ils ach tent va fonction ner correctement et il faut rendre les produits un minimum pr sentables Tout qui a un jour ten t de revendre de vieux objets sur une brocante ou de placer une annonce sur un site comme Ebay ou Kapaza sait bien qu un certain effort doit tre fait pour rendre ces objets attirants qu est ce q
570. s mettant en sc ne des briques de r emploi vis vis des autres cir cuits de l conomie mat rielle pr sent s dans le d but de cette section Chapitre 3 Quand les mat riaux nus s quipent Alors que les cas du ciment du bois de structure et des granulats de b ton montrent des cir cuits dont les exigences sont tr s formalis es le cas des mat riaux de r emploi donne voir par contraste des circuits aux exigences beaucoup plus floues Celles ci ne sont toutefois pas com pl tement absentes Les circuits de la seconde main ne sont pas le royaume du n importe quoi Il faut au contraire interpr ter la relative vivacit et la relative stabilit de ce secteur comme un in dice de la qualit des services qu il propose et des mat riaux qui y circulent En prenant le temps de s y pencher on r alise que les cinq caract ristiques essentielles pour un mat riau de construction sont bien pr sentes mais sous des formes diff rentes que dans les circuits les plus formalis s Les mat riaux de r emploi ne sont pas aussi nus qu on aurait pu le croire en les comparant tr s rapidement aux mat riaux neufs CE label informations amp technical instructions declaration of documentation f performances producer E U technical committee R amp D dpt Illustration XVI Une brique neuve est munie d une s rie de dispositifs qui garantissent sa circulation au sein des circuits de l conomie mat rielle d clarat
571. s naturelles puisables r pondant ainsi aux exigences du registre environnementaliste leur concurrent direct leur reproche de ne pas tre capables de garantir l approvisionnement d un produit stable pr visible et de suffisamment bonne qualit pour tre incorpor dans des ouvrages sophistiqu s et la pr paration du b ton est certainement de ceux l Ce faisant le d bat glisse sur un plan plus strictement li au re gistre technique De fait le secteur du concassage reste tributaire de la qualit et de la quantit des gravats provenant des d molitions de b timents dont le contenu varie norm ment en fonc tion de l ge ou de la taille du b timent d moli ce qui se r percute ventuellement sur la qualit du produit recycl ou du moins sur la stabilit de cette qualit dans le temps De leur c t les carriers n ont pas ce probl me puisque les veines qu ils exploitent sont pr visibles au moins Chapitre 2 Papiers s il vous pla t dans les grandes lignes Ils r pondent donc aux exigences du registre technique En revanche face l argument portant sur l utilisation raisonn e des ressources soit un ordre de grandeur issu du registre environnementaliste ils peinent davantage justifier leurs activit s Chacune des fili res va donc devoir entreprendre une s rie d actions visant accro tre sa l gitimit sur le plan pour lequel elle s av re le plus faillible Pour le cas des granulats ces
572. s pour prendre en charge toutes ces op rations lt pour pouvoir ensuite l invoquer gt Gr ce cette activit f brile de mise en forme les architectes peuvent d sormais tr s facile ment invoquer de la pierre bleue dans leurs projets Il leur suffit de se r f rer aux documents ad quats pour s assurer qu ils parlent bien d un mat riau que le producteur sera capable de four nir et l entrepreneur de mettre en uvre selon des modalit s connues de tous ou du moins comme la loi que nul n est cens ignorer suppos es connues de tous Bien s r cette invocation ne garantit pas que comme par magie le chantier se d roulera sans encombre La phase de r a lisation appelle ses propres rituels pour conjurer les obstacles qui lui sont tout fait sp cifiques L invocation du cahier des charge n est pas l non plus pour expliquer l entrepreneur comment faire Ce n est pas un mode d emploi suivre tape par tape l image de ces instructions de montage qui accompagnent les meubles en kit ou les bo tes de jouets lego les entrepreneurs connaissent g n ralement bien assez leur m tier pour ne pas devoir recevoir des instructions de la part des r dacteurs de cahiers des charges Ce qu entra nent par contre les invocations la STS 45 ou la NIT 220 c est la fabrication d un mat riau tout fait hybride appel aujourd hui pierre bleue de Belgique dite petit granit d ge g ologique tournaisien Mis au poin
573. s se laisser submerger par le caract re vertigineux de l inventaire de tous ces acteurs En ce sens il y a beaucoup apprendre des tra vaux de Haraway qui abordent cette question avec beaucoup de finesse Il s agit toutefois ici encore d effectuer une sorte de transposition dans la mesure o ses terrains ne sont pas directe ment ceux de l conomie mat rielle les effets de connexion ne sont pas tout fait identiques entre la caresse d un Montagne des Pyr n es et la prescription d un m tre cube de b ton frais Cette question de la responsabilit est centrale dans les travaux de Haraway sur la rencontre entre le f minisme et les sciences C est un point qu elle aborde notamment dans un texte consa 299 cr ce qu elle appelle les savoirs situ s et plus particuli rement dans un chapitre intitul la persistance de la vision Dans ce passage elle s interroge sur la question de l objectivit et 296 Ibid p 108 297 Despret V En finir avec l innocence Dialogue avec Isabelle Stengers et Donna Haraway Dorlin E et Rodriguez E dir Penser avec Donna Haraway Paris Presses Universitaires de France coll Actuel Marx Confrontation 2012 pp 23 45 298 Cf le chapitre consacr aux lin aments de l industrie cimenti re et plus particuli rement le paragraphe Rendre compte de l exp rience de la responsabilit p 46 299 Je travaille ici sur base de deux traductions sen
574. s transformations majoritaire ment n fastes dans les rapports sociaux L extension capitaliste peut tre interpr t e comme la mise en avant d un int r t particulier la cr ation de plus value pour le capitaliste au d triment d autres int r ts l autonomie la libert la possibilit de s auto d terminer etc C est ce que cristallise notamment la tension qu il identifie entre une valeur d usage se rapportant des be soins factuels et situ s et la valeur d change qui ram ne tout un quivalent abstrait devenant l talon permettant de juger de toutes choses Les cons quences de cette extension toujours croissante et quasiment imparable de la sph re marchande n ont pas fini d alimenter des travaux ayant pris au fil du temps des direc tions tr s diverses sur la conscience par exemple comme chez Gy rgy Luk cs Herbert Mar cuse ou Guy Debord sur l organisation du travail comme chez Ernest Mandel 238 Sur l urba nisme comme chez Manuel Castells ou Henri Lefebvre sur la culture chez Antonio Gram sci ou bien plus tard chez David Harvey ou Frederic Jameson ou m me sur l environne 23 beaucoup ment entre autres via tous les travaux li s de pr s ou de loin l cosocialisme 235 Pignarre P et Stengers I La sorcellerie capitaliste Pratiques de d senvo tement Paris ditions La D couverte 2007 236 Debord G uvres Paris Gallimard coll Qua
575. sans doute celui de la publication de Shelter II J ai voqu plus haut le premier ouvrage Shelter qui servait de bible tous les innova teurs d sireux de se couper radicalement des circuits standards de l conomie mat rielle dans les mouvements de contre culture des ann es 1970 La premi re dition de ce livre se pr sente comme un catalogue de techniques toutes plus exp rimentales les unes que les autres Les exemples partent dans toutes les directions depuis la construction d habitats dans des d mes jusqu l utilisation de mousses de polyur thane dans lesquelles les habitants sculptent eux m mes leur environnement En revanche dans le second opus publi en 1978 il y a comme un retour au vernaculaire et des techniques prouv es Les auteurs ont pris la mesure de tous les probl mes que posaient les innovations techniques les plus radicales Sans changer d un pouce la critique sociale et environnementale dont ils se faisaient les porteurs ils proposent tout de m me d adapter les strat gies constructives en cessant de vouloir r inventer la roue et en s ins pirant plut t de l existant et des pratiques traditionnelles D s l introduction ils annoncent la couleur en affirmant que Les ossatures en bois constituent la technique la pus courante pour la construction des maisons dans ce pays i e les Etats Unis depuis que les scie ries se sont mises produire des pi ces de 2x4 s et 2x6 s au milieu du 19 si cle
576. sans frictions trop importantes pour reprendre le terme de Tsing Et pour que tout roule les m caniciens le savent bien il faut que les pi ces de la machinerie s ajustent au plus pr s soient bien rod es et parfaitement lubrifi es Si ce n est pas le cas de petites d gra dations vont se former qui peuvent mener de gros d g ts La m taphore du m canisme fonc tionne assez bien pour d crire ce qui est en jeu ici Les producteurs de pierre bleue et tous les acteurs qu ils mobilisent autour de leur projet vont mettre en place petit petit des dispositifs Chapitre 4 L laboration des dispositifs m diateurs qui assurent qu en tout point de l conomie mat rielle on puisse faire r f rence la m me pierre bleue Autrement dit il s agit de mettre au point un mat riau dont les propri t s per mettent tous les acteurs de l conomie mat rielle de s entendre par del les sp cificit s propres leur activit Cette ambition implique un double projet D un c t il y a produire une pierre bleue qui convient tous les acteurs de l conomie mat rielle De l autre il s agit de mettre au point tous les dispositifs qui assureront le passage fluide du mat riau travers toutes les tapes de sa trajec toire du producteur l entrepreneur du producteur au concepteur du concepteur l entrepre neur du producteur aux dispositions r glementaires etc Ce travail l c est un travail d harmo nis
577. sation possible dans des contextes o ils sont absents D une certaine mani re cette fa on de parler de ces mat riaux repose sur l id e que les exigences r glementaires r gissant les formes de l conomie mat rielle constituent de facto une sorte de jalon une r f rence incontournable vers laquelle il faudrait tendre De fait les diff rents exemples ont montr des acteurs mobilis s autour de certains mat riaux et cherchant par tous les moyens quiper ces derniers des bons dispositifs Les exemples ont insist sur les techniques utilis es par ces acteurs pour aboutir leur fin adaptation ou sub version de dispositifs existants mise en contact de diff rents protagonistes concern s produc tion d une jurisprudence de situations r ussies lobbying aupr s des pouvoirs publics etc Mais les derniers exemples voqu s ne parlent pas seulement de ces ruses et de ces marges de ma n uvre qui permettent de d ployer de nouveaux int r ts Ils sugg rent aussi que ces mat riaux alternatifs impliquent un potentiel de reconfiguration dirig vers les exigences m mes qui for matent les circuits de l conomie mat rielle En d autres termes on pourrait effectuer un v ritable retournement dans la construction de l argumentaire et si ce n taient pas les mat riaux qui devaient s quiper pour r pondre aux exi gences appliqu es aux produits neufs mais bien les pratiques g n rales de l conomie mat rielle qui devaie
578. se passe en grande partie du r le du classeur pour s en remettre des tests effectu s par des machines Quatre types de machines existent Ils se distinguent par les m thodes qu elles emploient Le premier type de machines effectue des tests de flexion Il s agit de soumettre la poutre une l g re contrainte et de mesurer l ampleur de la d formation partir de ce d placement il est possible d extrapoler la r sistance g n rale de l l ment consid r sans devoir aller jusqu la rupture Le pr sence de d fauts majeurs au sein de l l ment se signale par une d formation plus importante voire par la destruction de l l ment au niveau de son point de faiblesse Le deuxi me type de machine est bas sur une mesure de la propagation d ondes dans la mati re Les ondes en question sont des ultrasons ou des ondes d impact produites par un petit coup de marteau Cette analyse rend possible l identi fication d ventuels d fauts au sein de la mati re La troisi me m thode est une m thode d ana lyse optique C est la m thode qui se rapproche le plus du r le du classeur visuel sauf que dans projection des n uds sur la surface de projection Illustration VI Estimation de la surface et de la r paration des n uds dans un profil structurel en bois Source Service public f d ral conomie P M E classe moyenne amp nergie Direction g n rale Qualit et S curit Qualit et Innovation Construction Sp
579. se poly ur thane sur laquelle sont col l es des fines lamelles de briques dispos es comme dans un mur ma onn L paisseur de la brique d passe rarement 2 cm mais l apparence du pan neau donne penser que le mur a t v ritablement assembl partir de briques individuelles b Illustration XII exemple de panneau sandwich Ces panneaux sont attach s les comportant une coucnedisolant et un parement de uns c t des autres sur les fa fa ade Source Salon de la construction Batibouw 2013 ades de fa on ce que les raccords dans les dessins de brique passent inaper us Ce proc d permet l entrepreneur de gagner beaucoup de temps lors de la construc tion tout en r pondant aux exigences r glementaires ainsi qu aux attentes esth tiques de leurs clients Malgr ces nouveaux proc d s constructifs probablement plus efficients les briques anciennes restent appr ci es par certaines personnes Madame J est justement en n gociation avec l un de ses clients Un entrepre neur en construction souhaite r aliser une s rie de parements en briques an ciennes pour plusieurs petites maisons Il est donc la recherche d une quantit re lativement importante de briques Avant de se tourner vers des produits neufs imi tant les briques anciennes un produit assez populaire il voulait s assurer qu il n y Chapitre 3 Quand les mat riaux nus s quipent 103 avait pas moyen de r aliser une bonn
580. second type de compte rendu paralysant serait celui qui l inverse submerge son lec teur sous une avalanche d acteurs agissant dans tous les sens Lorsqu un concepteur mentionne le mot ciment dans son cahier des charges ou sur un bon de commande il mobilise de facto une longue cha ne d actions qui le relie p le m le aux h lianth me des Apennins au c t rach mosan l pine vinette ou au cornouiller m le mais aussi aux financements europ ens qui portent ces projets aux ouvriers de la carri re de Leffe qui extraient le calcaire l histoire de celle ci et ses propri taires successifs aux huiles usag es aux farines animales ou aux saisie d objets ill gaux qui permettent la cuisson du ciment aux ouvriers du four ciment qui manu tentionnent le produit aux chauffeurs et toute l infrastructure qui l apportent sur le chantier aux ouvriers qui vont le m langer du sable et de l eau pour faire le mortier aux r glements eu rop ens sur les produits de construction aux laboratoires qui testent les propri t s de ce mat riau aux groupes de recherche qui tentent d en am liorer les propri t s etc Une telle liste pour rait tre allong e l infini S il est tr s facile aux concepteurs de prescrire l usage du b ton il est par contre beaucoup moins vident d imaginer comment ils pourraient avoir une influence sur les assemblages qui se tissent derri re ce mat riau et les int r ts qui pr sident
581. secteur de la construction tant notoirement compos d une multitude de petites structures tr s clat es le r le d un organe comme le CSTC n en devient que plus important Financ en partie par l tat et majoritairement par ses membres plus 70 000 entreprises du secteur de la construction le CSTC poursuit des travaux de recherche en vue de produire des informations techniques et de stimuler l innovation Cette mission se traduit notamment par la r daction de notes d information techniques NIT Tout comme une STS une NIT est un docu ment qui peut tre partiellement ou totalement abrog en fonction de l volution des techniques du secteur Ainsi la NIT 220 intitul e la pierre bleue de Belgique dite petit granit d ge g o logique tournaisien et dat e de juin 2001 remplace la NIT 156 intitul e Le petit granit 157 De Pauw C et Lenaers R Le CSTC c l bre ses 50 printemps CSTC Contact janvier 2009 vol 21 p 1 158 Rapport fait au nom de la commission des finances et des affaires conomiques par M Hotyat au s nat de Belgique le 2 d cembre 1997 Compte rendu de la session p 3 Document 1 776 2 disponible en ligne http www senate be www webdriver MltabObj pdf amp MicolObj pdf amp MInamOb j pdfid amp MItypeObj application pdf amp MIv alObj 16777914 Le document reprend aussi une liste des principaux centres De Groote actifs en 1997 159 Ibid Chapitre 4 L laboration des dispositifs m
582. sentants en pr sence De plus il existe certains in t r ts qui se pr tent mal un type de repr sentativit discursive telle qu elle a lieu dans les es paces d articulation d int r ts que je d cris Pensons par exemple l int r t souvent invoqu des g n rations futures Quoiqu il est assez facile de les voquer il n est pas si vident de faire en tendre leur voix un moment donn dans un contexte bien pr cis Ou encore on pourrait vo quer la place qu y occupent des repr sentants syndicaux ou de simples amateurs clair s de la pierre bien qu on puisse supposer que les repr sentants des diverses organisations effectivement repr sent es sont des passionn s de la pierre L encore il faut en passer par des proc d s de repr sentation qui ouvrent beaucoup de questions On peut donc se questionner sur la possibilit que de tels espaces deviennent de v ritables agoras o se jouent des questions d int r ts collectifs et non des ar nes o sont mis mort tous les int r ts divergents Or ce qui semble merger des observations men es jusqu pr sent c est que de tels espaces d articulation s av rent incapables de prendre en compte les int r ts de certains acteurs comme ces promoteurs de mat riaux alternatifs Certaines logiques appa raissent particuli rement pr datrice l gard d autres types d attachements Bien s r la plupart de ces dispositifs d articulation se d ploient sur un r
583. siblement diff rentes du m me texte l une parue dans la traduction fran aise de Simians Cyborgs and Women The Reinvention of Nature effectu e par Bonis O pour les ditions Jacqueline Chambon op cit l autre reprise dans la collection de texte Manifeste cyborg et autres essais Sciences Fictions F minismes tablie par Allard L Gardey D et Magnan N aux ditions Exils 2007 Chapitre 6 M nager des marges de man uvre tente de montrer comment celle ci serait avant tout une affaire de vision situ e une corpor i sation bien particuli re l objectivit s affirme comme une affaire d encorporation particuli re et sp cifique et plus du tout comme la vision mensong re qui promet de s affran chir de toutes les limites et de la responsabilit Cette vision mensong re et d responsabilisante Haraway l associe dans ce passage ce qu elle nomme les trucs divins god tricks Ceux ci ont voir avec le fait de pr tendre offrir une vision unitaire et compl te sur une situation ou corollairement de pr tendre que tout se vaut que tous les points de vue seraient identiques une sorte de relativisme duquel la critique serait absolument exclue Contre ces trucs divins Haraway plaide pour une reconnaissance du caract re situ de chaque production de savoirs et de connaissances chaque fois la vision doit tre construite et quip e Ce n est que sous l angle de la
584. sive comme celle de Illich m rite d tre entendue Elle montre encore une fois mais sous un angle quelque peu diff rent que la prescription n est pas une activit anodine Elle appelle cependant aussi quelques nuances mon sens les propos de Illich ne doivent pas tre compris comme une remise en cause la notion d expertise en tant que telle Ils sont diri g s contre des situations plus pr cises qui se caract risent par une capture de l expertise par un petit groupe restreint L expertise devient alors un dispositif de domination ou de d possession imposant son registre de valeur propre d autres formes de rationalit s En ce sens l horizon de Illich n est pas l abandon de toute forme d expertise ce qui serait contre productif tous les gards et certainement dans le cas de la reconfiguration des circuits de l conomie mat rielle mais plut t celui de l tablissement de conditions permettant une co construction plus horizon tale de l expertise ce qu ils th matise entre autre travers sa notion de convivialit lt professions mutil es gt L approche de Illich montre galement certaines limites dans sa difficult prendre en compte ce qui menace des professions mena antes Autrement dit ce qu il advient lorsque de mutilante les professions deviennent mutil es Ou pour le dire d une autre mani re encore lorsque de telles professions ne sont plus seules prendre les d cisions et r pondre de leur
585. social ne se compose que de quelques types de partici pants ce faisant les sociologues critiques ont sous estim la difficult du rassemblement comme de la composition Ils n ont pas pris le soin d observer que la politique avait peu de chances de succ s si la liste des membres habilit s composer le monde social se trouvait l avance drastiquement r duite Face cette r duction beaucoup trop rapide du monde social le programme de l ANT pro pose de distinguer plus clairement trois tapes Premi rement il s agit d identifier attentivement les nouveaux participants qui entrent dans les affaires sociales Il s agit ensuite de coller la fa on dont les acteurs eux m mes stabilisent ces incertitudes en construisant des formats des standards des m trologies adapt es ces nouveaux arrivants Il s agit notamment par le compte rendu de reproduire artificiellement l tat de crise qui a pr sid la naissance des machines des outils des instruments et d autres dispositifs encore Ce n est qu apr s avoir effectu ces deux tapes qu il est possible d ouvrir la discussion quant la mani re dont ces nouveaux assemblages peuvent tre incorpor s dans les collectifs o nous vivons Bien que les deux premi res t ches soient clairement du ressort du scientifique social Latour affirme que la derni re tape doit tre laiss e aux acteurs eux m mes il ne revient pas aux sociologues de r
586. soudre les controverses qui portent sur les mat riaux dont le monde social est compos mais ses futurs partici pants Les sciences sociales par la production de comptes rendus peuvent ventuellement aider rendre ces controverses visibles et accessibles mais elles ne doivent pas confondre trop h tive ment leur mission empirique qui consiste d ployer tracer et rendre visible les acteurs et une potentielle mission r formatrice de la modernit Tel est en tout cas l amalgame trop h tif que r fute l ANT en t chant de distinguer les diff rentes composantes de l enqu te Rendre compte de l exp rience de la responsabilit Dans le cas de cette pr sente recherche l un des objectifs consiste produire un compte rendu et une s rie de pistes de r flexion propos de la fa on dont les concepteurs peuvent agir dans et sur les circuits de l conomie mat rielle Si ce compte rendu ne fait pas appara tre toute la complexit des r seaux et des tre hybrides qui y circulent il y a de bonnes chances qu il ne collera pas l exp rience qu en font les acteurs directement concern s Et si cette tape l choue alors toute possibilit de r fl chir des ventuelles pistes de reconfiguration se voit presque automatiquement bloqu e L enjeu de peupler les compte rendus des exp riences est donc aussi d ouvrir certaines marges de man uvre pour les concepteurs et les autres acteurs de l conomie mat ri
587. sponsabilit et d engagement politique l aune d une prise en compte plus fine de ces l ments largement non humains Pour autant ce point de vue ne substitue pas d autres approches Des conceptions plus classiquement modernes si je puis me permettre un tel oxymoron de la responsabilit et de l engagement politique restent tout fait valables et m me indispensables pour r fl chir d autres aspects de la pratique architecturale qui engagent des relations plus strictement inter humaines La question de la collectivisation des architectes celle des rapports de force induits par des lobbys industriels celle de la confrontation des syst mes bureaucratiques ou technocratiques celle de la prise en compte d acteurs extra disciplinaires dans les phases de conception ou en core celle de l organisation du travail dans le secteur de la construction ont t voqu es indirec tement ou en creux dans ce travail N tant pas l objet principal de cette recherche elles n ont pas t d velopp es plus avant ici Il semble toutefois clair que de telles questions posent avec autant de vivacit la question de la responsabilit et de l engagement politique des concepteurs Et il semble tout aussi clair que de telles questions supposent leurs propres cadres d interpr ta tion et leurs propres exigences m thodologiques Il est vraisemblable que certaines orientations m thodologiques mobilis es dans le cadre de cett
588. spositifs permettent d tablir une cha ne de correspondances entre le mat riau en tant que tel et son existence dans des tats qui le rendent manipulable au sein des espaces de conception Ces cha nes de corres pondances sont susceptibles de susciter une s rie de d viations et de changements dans la trajec 309 Thompson R Manufacturing processes for design professionals New York Thames amp Hudson 2007 p 190 193 310 http nyc indymedia org en 2002 01 9420 shtml Bolcer J Prada s new cut Rainforest stripped for Soho showcase The Indypendent The newspaper of the New York City independent media center f vrier 2002 p 7 Toussaint N The Devil Has Zebrawood Floors https nicolettet wordpress com 2009 02 07 316 311 http www iucnredlist org details 30441 0 http www globaltrees org cameroon htm http www rainforestrelief org documents Guidelines pdf 312 Giuliano J Bois essences et vari t s ditions H Vial 1996 p 120 231 232 Section 3 Positions Les concepteurs embarqu s dans l conomie mat rielle toire d un mat riau en fonction des mille et unes contingences qui ne manquent pas de survenir dans un tel processus lt faire se correspondre tous les tats du z brano gt Ce qui appara t en premier lieu c est la quantit d tapes qui s parent le choix d un mat riau et le moment de sa mise en uvre La distance entre ces deux postes n est pas uniquement tem pore
589. sse sembler encore un peu n buleux ce stade Dans d autres passages il affirme galement s int resser de pr s la pr servation de savoir faire ancestraux et aux techniques assez simples de l exp rience v cue que l indus trialisation du b timent aurait compl tement colonis s Ce type d attitude le rapproche d une forme d cologie politique telle que pourrait la th matiser des auteurs comme Andr Gorz Ces propos illustrent galement ce que je mentionnais ci dessus propos des changements de r f rentiels initi s par les promoteurs de ces mat riaux alternatifs Leurs actions sur les dis positifs d articulations de l conomie mat rielle ne sont pas simplement destin es faire circuler de nouveaux mat riaux pour l amour de la circulation des mat riaux C est une d marche qui s inscrit clairement dans une perspective politique aux vis es transformatrices assum es L alter 179 Ibid 180 Nussaume Y et Didelon V Gilles Perraudin Dijon Les Presses du r el coll Architecture 2012 p 118 181 Jbid p 118 119 182 Ibid p 120 183 Gorz A Ecologica Galil e 2008 p 49 Chapitre 4 L laboration des dispositifs m diateurs native ne se joue pas seulement entre diff rents mat riaux mais aussi entre diff rents mod les politiques Le potentiel politique des dispositifs m diateurs C est ici que commence appara tre le potentiel politique d un travail actif sur les disposi
590. stir autant de temps dans les d tails d un projet et de prendre le temps d analyser les implications de chacun des maillons Pour les praticiens de la conception les exigences temporelles et financi res induisent une cadence soutenue On pour rait presque imaginer un ratio qui serait le r sultat du temps investi par des concepteurs sur un projet par rapport la quantit de mati re que ce dernier mobilise exprim en quivalent temps plein investi par projet par tonne de mati re mise en uvre Cette m thode permet trait de faire un classement assez vocateur entre diff rents profils de concepteurs une extr mit du classement il y aurait des concepteurs artisans qui passent des jours et des jours sur le dessin de quelques d tails pr cis l autre bout il y aurait sans doute l une ou l autre grosse agence chinoise qui fait construire des milliers de km de surface de b timents en y investissant un minimum de temps Les multiples pressions exerc es sur le secteur de la construction et les imp ratifs de rendement auxquels sont soumis les acteurs de l conomie mat rielle tendent vrai semblablement pousser la majorit des agences de conception dans le sens d une minimisation de ce ratio autrement dit passer moins de temps pour construire plus Dans ces conditions g n rales il est n cessaire que les cha nes de correspondance qui s tablissent pour chaque fi li re de mat riaux soient les plus efficaces possi
591. stration distingue pas moins de 26 usages diff rents pour le m me mat riaux r pondant vraisemblablement autant d exigences sp cifiques Source Carri res du Hainaut brochure publicitaire c 1968 p 43 152 Illustration XXI En court circuitant le processus de production habituel de la pierre de taille en haut gauche du sch ma le concepteur se retrouve face un mat riau qui n est pas quip des bons dispositifs II doit alors initier une boucle de feed back au centre du dessin en direction des assurances des centres de recherche ou encore 320 Table des illustrations des f d rations du secteur de la construction l issue de ces d tours le bloc de pierre brut est finalement muni des dispositifs ad quats Un tel mat riau oblige toutefois revoir consid rablement les techniques constructives employ es et l organisation du chantier Il influence aussi l apparence des difices 163 Ilustration XXII hangar en pi ces d tach es vendre chez un fournisseur de mat riaux de construction de seconde main Comment un tel l ment oblige t il repenser les circuits de l conomie mat rielle Source Rotor asbl 167 Illustration XXIII Soyez attentifs lorsque que vous mettez des revclouds dans vos dessins certains entrepreneurs ne les comprennent pas Exemple d un rat dans l articulation entre l entrepreneur et le concepteur Source http forums autodesk com t5 AutoCAD 2007 2008 2009 DWG
592. sym triquement et c est l que l approche ascendante laquelle invite Fou cault prend tout son int r t investir ces dispositifs situ s et localis s permettrait aussi de faire compter d autres arri res plans normatifs d autres int r ts d autres horizons Si le pouvoir d un secteur industriel dans son ensemble d un conglom rat de producteurs de mat riaux ou encore d un holding cimentier en passe par des instruments d intervention mat riels alors il devient crucial de s int resser ces derniers dans la mesure o c est en passant par eux qu il y aurait moyen d op rer une s rie de reconfigurations plus ou moins cons quentes Pour reformuler cette hypoth se avec des termes emprunt s Anna Lowenhaupt Tsing il se pourrait bien que les espaces o s laborent les dispositifs m diateurs constituent ces fameuses zones o s op re des frictions Par extension investir ces espaces se lancer dans un travail sur ces dispositifs d articulation est aussi une mani re de faire prise sur l conomie mat rielle C est par l que passerait la possibilit de se saisir et de transformer les arri re plans normatifs des assemblages qui se d ploient autour des mat riaux ee En somme la pierre massive mais aussi la terre paille et d autres mat riaux encore sont por t s par des acteurs collaborant l tablissement de nouveaux arri re plans normatifs C est un type d innovation bien particulier qui se distingue d une innova
593. t C est ainsi que les crino des vont r appara tre dans un projet qui l chelle des temps g ologiques semble tout fait insignifiant mais qui pour le monde de la construction repr sente une somme d efforts consid rables et poss de une in fluence d terminante l tablissement de crit res techniques unifi s pour les ac teurs du secteur de la construction lt harmonisation des documents prescriptifs gt Aux d buts des ann es 1960 les concepteurs qui veulent mettre en uvre des mat riaux dans leurs projets doivent en pr ciser les modalit s via un cahier des charges Celui ci d crit les l ments qui vont former le futur b timent et sp cifie leurs m thodes de mise en uvre respec tives Ce document est ensuite fourni l entrepreneur en construction qui se basera dessus pour remettre un prix et organiser les travaux et notamment se procurer les mat riaux demand s Dans l absolu rien n emp che un architecte d crire lui m me de bout en bout toutes les sp ci fications du cahier des charges De cette fa on il pourrait tre certain de formaliser exactement ce qu il a en t te Cependant la plupart du temps les architectes se r f rent des documents types afin d tre certain de ne pas manquer certaines informations cruciales Quand il existe plusieurs solutions standards pour un m me poste la plupart de ces cahiers types le signalent et les architectes sont alors invit s s lectionner ce qu
594. t clairement impos comme l un de ces l ments incontournables Sauf dans des contextes bien particuliers il est plut t rare qu un concepteur proc de l am nagement de l espace b ti sans faire mettre en uvre du ciment sous une forme ou sous une autre Cela n a bien s r pas tou jours t le cas L un dans l autre le ciment est une invention assez r cente et sa prolif ration dans la construction ne remonte pas une p riode tr s loign e Dans un ouvrage extr mement fouill sur la question Cyril Simonnet montre toutes les tapes et toutes les op rations par les quelles le ciment d en passer pour s imposer de la sorte Entre les exp rimentations de quelques inventeurs les risques pris par les investisseurs les strat gies balbutiantes de promo tion commerciale l accroissement de la connaissance technique son sujet et bien d autres as pects encore le ciment a peu peu d ploy ses circuits embrigadant dans son sillage un nombre sans cesse croissant d entit s En d autres mots les circuits du ciment sont devenus si concrets qu il n est plus si facile de s en passer Implicitement tout mat riau qui voudrait concurrencer le ciment devrait trouver comment faire avec tous ces circuits d j bien ancr s En th orie il est assez simple de l imaginer Dans la pratiques c est une toute autre affaire lt se d connecter des circuits gt Pourtant l histoire montre quelques exemples de cas o des personnes s
595. t dans une sorte de mouve ment retour une ressource affectant les forces illocutionnaires et performatives mobilis es par les interactions sociales En d autres mots partir du moment o la notion fait son appari tion dans un cadre bien pr cis elle devient aussit t une ressource pouvant tre utilis e dans d autres cadres s imposant ainsi de plus en plus largement C est ainsi par exemple que la notion de responsabilit a t abondamment mobilis e d s le 18 si cle dans les discussions portant sur la distinction entre fous et criminels dont on se demandait alors s ils taient aptes ou non r pondre de leurs actes afin de d terminer s il fallait les envoyer plut t l asile ou en prison Pour prendre la pleine mesure des multiples accentuations constitutives de la notion de res ponsabilit Jean Louis Genard se penche sur les substrats linguistiques qui sont mobilis s lorsque cette notion est invoqu e En particulier la grammaire des pronoms je tu il et celle des modalit s devoir vouloir savoir pouvoir lui sont d une grande aide pour nuancer les di verses fa ons dont s est constitu e et a t interpr t e la notion de responsabilit Il montre par exemple que la notion m me de responsabilit est indissociable de l mergence et de la construction progressive d un sujet autonome qui se cristallise donc autour du je Mais peu peu la responsabilit en viendra tre consid
596. t riaux qui aboutissent chez ce revendeur semblent tr s nus par rapport ceux qui ont t pr sent s jusqu ici et dont j ai montr les processus d habillage pour ainsi dire D un point de vue strictement r glementaire les mat riaux qui arrivent chez Madame J ou dans d autres entreprises similaires occupent un certain flou juridique Le r gle ment europ en n 305 2011 concerne la mise sur le march ou la mise disposition sur le mar ch de tous les produits de construction Un produit de construction y est d fini comme tout produit ou kit fabriqu et mis sur le march en vue d tre incorpor de fa on durable dans des ouvrages de construction priori ceci concerne donc aussi des mat riaux de r emploi mis ou plus exactement remis sur le march lt produit production industrielle gt Cette d finition juridique centrale dans le r glement europ en n 305 2011 se construit au tour de la notion de produit renvoyant elle m me l id e d un processus de production Le pro duit comme aboutissement d un processus telle est l id e sous jacente dans ce texte l gal Dans les faits tout ce r glement assimile l ensemble des produits de construction des produits is sus de l industrie C est effectivement le mod le de la production de masse qui pr domine dans la fa on dont sont formul s les diff rents articles Si beaucoup de mat riaux de construction ac tuels sont effectivement les
597. t L De la justification les conomies de la grandeur Paris Gallimard 1991 3 C est le cas de cette maison d une sfarchitecte c l bre d j class e au patrimoine alors que la p riode de garantie d cennale n tait pas encore achev e Cela a donn lieu un cas trange peut tre le premier du genre lorsqu il a fallu payer pour les r parations des nombreuses fuites dans l tanch it Traditionnellement des probl mes survenant end ans la p riode de garantie d cennale sont attribu s au concepteur qui peut ventuellement se d charger de sa responsabilit en mettant en cause des manquements de l entrepreneur Mais dans le cas de b timents class s ce sont les services du patrimoine qui paient pour tout ou pour une partie des travaux d entretien Dans ce cas ci finalement ce sont eux qui ont pris en charge les travaux Introduction de coordination qui force l tonnement Que des b timents puissent tre rig s quotidiennement rel ve beaucoup d gards du miracle et de beaucoup de labeur aussi bien s r C est pr cis ment cet aspect l que la plupart des approches strictement critiques de la posture de l architecte ne parviennent pas toujours prendre en compte Ces approches ne font finalement qu ajouter une injonction suppl mentaire la longue liste des choses auxquelles les architectes sont invit s plus ou moins brutalement faire attention soyez politiquement pertinents Voila de
598. t amen s rentrer en contact ou d eux 15 16 Introduction m mes des exigences techniques a doit tenir des restrictions conomiques c est trop cher des agendas personnels mon uvre doit marquer les esprits des ambitions co logiques utilisez des mat riaux recyclables des contraintes d usages n oubliez pas les personnes mobilit r duite des pr occupations patrimoniales pr servez les fondations du 17 si cle et bien d autres encore Les sollicitations de leurs commanditaires ne sont ja mais univoques elles s accompagnent toujours d une multitude d imp ratifs Chacun de ces imp ratifs constitue en quelque sorte une couche qui appelle ses propres conditions de f licit ses propres ordres de grandeur pour utiliser un vocabulaire emprunt aux courants pragmatistes de la philosophie et de la sociologie sur lesquels je reviendrai plus loin Parvenir combiner toute ces conditions constitue un exercice de haut vol qui am ne celui qui s y risque faire face des situations potentiellement contradictoires ce qui explique sans doute pourquoi certains praticiens pr f rent carr ment laisser tomber certaines de ces injonc tions avec des cons quences plus ou moins heureuses Un b timent peut par exemple tre livr temps dans un tat qui satisfait pleinement le commanditaire tout en ayant eu des conditions de chantier particuli rement
599. t au point les dispositifs charg s d assurer leur circu lation Le chapitre s ach ve avec une s rie de consid rations sur le potentiel politique d un tra vail actif sur ces dispositifs et sur les diff rences qualitatives entre ces deux approches Ce faisant le chapitre 4 s encha ne avec les pr occupation du chapitre suivant Chapitre 5 Normativit s des dispositifs d articulation Ce dernier d veloppe cette question des normativit s pr sentes dans les dispositifs d articulation Jusque l toute la r flexion des premiers chapitres portait sur l id e de munir les mat riaux de dispositifs leur permettant de rencontrer les exi gences officielles de l conomie mat rielle La premi re partie du chapitre 5 inverse cette id e et se demande si ce n est pas plut t aux standards de l conomie mat rielle de s adapter ces pra tiques alternatives dans la partie Et si les standards de l conomie mat rielle s adaptaient aux mat riaux alternatifs et pas l inverse Ce faisant il touche un point d inflexion plus g n ral du propos Il oblige en effet d velopper une position claire vis vis de tous les int r ts qui entrent en jeu dans les dispositifs d articulation ainsi que vis vis des effets qu il serait souha i table que ceux ci produisent Tel est le propos d velopp dans la partie Un point d inflexion du travail C est l qu est v ritablement explicit e la posture de la recherche Il y est quest
600. t de s parer en diff rentes fractions des granulats de b ton afin d en tablir la courbe granulom trique Illustration IX gauche un crible secousse utilis pour le nettoyage du charbon tel que d crit dans un cours de l cole centrale des arts et manufactures en 1893 droite un jig utilis pour tablir la courbe granulom trique des granulats de b ton tel que d crit dans un article du CSTC en 1999 Il y a donc un v ritable transfert de technologies qui s est op r entre le secteur relativement ancien de la min ralurgie et celui naissant du concassage des d chets inertes Pour la Belgique ce tournant a eu lieu dans le courant des ann es 1990 date partir de laquelle les installations de concassage se sont multipli es et l utilisation des granulats recycl dans la production de b 89 Birembaut A L industrie mini re Daumas M dir L expansion du machinisme Paris Presses Universitaires de France coll Histoire G n rale des Techniques 1968 vol 3 5 p 575 90 Dorion C J Exploitation des mines cours de l cole centrale des arts et manufactures Baudry Paris 1893 p 520 91 Desmyter J Blockmans S Frenay J et Ancia P Granulats de d bris et b ton recycl r sultats et d veloppements r cents Partie 1 vers une am lioration de la qualit CSTC magazine 1999 vol 2 p 21 92 D apr s les chiffres il y aurait eu une quarantaine d installations de c
601. t en des endroits multiples chez les carriers sur les chantiers dans des laboratoires de tests dans les bureaux des services publics etc ce dernier poss de l tonnante capacit d tre manipulable la fois dans l espace de travail de l architecte traditionnellement le papier du cahier des charges ou du plan dans celui de l entrepreneur tra ditionnellement le chantier et dans celui du producteur traditionnellement le fond d une car ri re et sa ligne de production Ce mat riau hybride correspond il un mat riau r el mat riel dans toute sa substance physique Oui et non Non parce que c est un mat riau dont la d finition est labor e en vue de d passer ses strictes propri t s physiques sa d finition lui permet de poss der une existence dans des espaces de repr sentations aussi codifi s que les lignes manuscrites d un cahier des charges ou les traits codifi s d un plan d ex cution Mais ce n est pas uniquement un mat riau symbolique qui se substituerait int gralement un repr sent bien mat riel pour le dire selon des termes issus de la s miologie Dans sa mise en forme m me il renvoie explicitement une finalit bien mat rielle la construction d une partie d un d ouvrage b ti La pierre bleue de Belgique dite petit granit d ge g ologique tournaisien ne d signe pas l ensemble des bancs de roche form s par la s dimentation des restes de crino des et qui constituent une part
602. t l exemple du ciment voqu ci dessus en donne un tr s bref avant go t 33 Hache Ce quoi nous tenons op cit p 19 34 Latour B Nous n avons jamais t modernes op cit p 156 35 Houdart S et Thiery O Humains non humains comment repeupler les sciences sociales Paris ditions La D couverte 2011 36 Ibid p 11 Chapitre 1 Immersion dans les circuits de l conomie mat rielle De mani re g n rale la notion de r seau telle qu elle a t mise au point par les th oriciens de l acteur r seau est fort utile dans ces travaux qui suivent la trace une diversit d entit s comme dans le cas de figure ci dessus le ciment La notion de r seau ne se limite pas l tude des l ments en forme de r seaux dans le sens o l on mod liserait par exemple le fonctionne ment d Internet d un r seau d gouttage ou d un r seau routier Latour insiste l dessus la th orie de l acteur r seau est un outil qui aide d crire quelque chose et non ce qui est d crit C est pourquoi il est possible de rendre compte en termes d acteur r seau de sujets qui n ont aucunement la forme d un r seau au sens technique du terme Ce qui compte pour la th orie de l acteur r seau ANT pour actor network theory galement appel e sociologie de la traduction c est de traquer litt ralement les acteurs dans le cours d une action Pour cela la fa on d un chasseur il s agit de relever les
603. t par le fait que Champy choisit de recenser le nombre d ar chitectes exer ant en France sur base du nombre d architectes inscrits l Ordre assimilant de facto l activit des architectes leur inscription un organe professionnel Face cette vision le sociologue Guy Tapie montre pr cis ment que de nombreuses trajectoires professionnelles d architectes ne passent plus par l affiliation un organe de r gulation professionnelle ni par l exercice lib ral de la profession Il voque cet gard les multiples processus d hybridation qui chamboulent totalement les comp tences traditionnellement d volues aux architectes Les re cherches de Tapie mettent en vidence qu on a aujourd hui affaire de multiples mod les d exercice de la profession En r action ces deux lectures la proposition du sociologue Olivier Chadoin amp consiste consid rer que l ind termination du r le de l architecte loin d tre un probl me comme chez Champy serait en fait une caract ristique forte de la profession Elle t moignerait de la capacit qu ont les architectes d user de plusieurs casquettes pour d finir leur r le et leurs pr rogatives par rapport aux autres m tiers de l conomie mat rielle En invoquant d une fois l autre et parfois m me simultan ment des dimensions artistiques culturelles ou techniciennes les architectes parviennent red finir en permanence leur position parmi les autres acteurs de la const
604. t pas l acheteur pour autant que l acheteur puisse prouver que les briques ne se sont pas alt r es apr s l achat L encore le vendeur est l galement tenu par ce qu il annonce Le vice de garantie provient plut t d une promesse non tenue que d un v ritable accident impos sible pr voir Dans les faits cette question de la garantie appos e aux mat riaux de construction de r em ploi reste relativement floue Elle constitue un obstacle pour la professionnalisation du secteur du r emploi En l absence de dispositifs formels m me de s assurer contre d ventuels recours et en d pit des garanties mises en avant par les revendeurs certains acteurs de l conomie mat rielle vitent les mat riaux de r emploi du fait de l impr cision qui flotte sur la distribution des responsabilit s respectives D autres cependant se lancent dans l aventure en estimant que les formes de contr le d velopp es par les revendeurs et les garanties qu ils offrent sont suffisantes pour engager leur responsabilit sans prendre trop de risques Assez logiquement les projets les plus formels comme ceux qui passent par des appels d offres et des march s publics sont ceux o l usage de mat riaux de r emploi s av re le plus compliqu l inverse dans des circons tances o le nombre d acteurs impliqu s est relativement r duit et o ceux ci disposent d une marge de discussion cons quente et d un espace m me de valoriser des garant
605. t qui construisent les postures et les points de vue il s agit aussi de s inscrire dans la continuit d un l Occident qui am nent construire le sujet r volutionnaire dans la perspective d une hi rarchie de l oppression et ou en adoptant une position latente de sup riorit morale d innocence et de plus grande proximit avec la nature Les perspectives partielles sont peut tre consid rer comme une r ponse cette construction simpliste du sujet politique et comme une r ponse l mergence des travaux sur l intersectionnalit en particulier ceux qui proviennent du black feminism Haraway D Un manifeste cyborg science technologie et f minisme socialiste la fin du XXe si cle Des singes des cyborgs et des femmes La r invention de la nature traduit par Bonis O Paris ditions Jacqueline Chambon 2009 p 309 312 Dorlin E Black feminism Anthologie du f minisme africain am ricain 1975 2000 L Harmattan 2008 304 Haraway D Savoirs situ s la question de la science dans le f minisme et le privil ge de la perspective partielle 1988 op cit p 121 Zitouni B With whose blood were my eyes crafted D Haraway Les savoirs situ s comme la proposition d une autre objectivit Dorlin E et Rodriguez E dir Penser avec Donna Haraway Paris Presses Universitaires de France coll Actuel Marx Confrontation 2012 pp 46 63 305 Haraway D Les promesses des monst
606. tal Le proc s de la production du capital traduit par ROY J 1867 pour r d originale en allemand Paris Alfred Costes diteur coll uvres compl tes de Karl Marx 1949 vol 1 14 DE MONTLIBERT Christian L impossible autonomie de l architecte sociologie de la production architecturale Strasbourg France Presses Universitaires de Strasbourg 1995 MOSTAFAVI M et D LEATHERBARROW On Weathering The Life of Buildings in Time Cambridge Mass tats Unis The MIT Press 1993 MOULIN Raymonde et al Les architectes M tamorphose d une profession lib rale Paris Calmann L vy 1973 MUMFORD Lewis Technique et civilisation traduit par MOUTONNIER Denise Teresa 1934 pour l d originale en anglais Paris ditions du Seuil 1950 NATHAN Tobie et CRAPANZANO Vincent Du commerce avec les diables Paris Les emp cheurs de penser en rond 2004 NATHAN Tobie et STENGERS Isabelle M decins et sorciers 1995 pour l d originale Paris Les emp cheurs de penser en rond 2004 Z NUSSAUME Yann et DIDELON Val ry Gilles Perraudin Dijon Les Presses du r el coll Architecture 2012 DE PAUW Carlo et LENAERS Rob Le CSTC c l bre ses 50 printemps CSTC Contact janvier 2009 vol 21 p 1 PENNEAU Anne R gles de l art et normes techniques Paris Librairie g n rale de droit et de jurisprudence LGDJ coll Biblioth que de droit priv n 203 1989 P REZ GO MEZ Albert
607. tc Quoique tr s int ressants ces exemples sont g n ralement le fait d une exp rimentation assez unique difficilement reproductible et d ailleurs rarement reproduite ou alors dans des conditions tr s singuli res comme pour les abris en pneus comme solution possible de relogement suite des catastrophes naturelles Dans ce qui va suivre je m int resserai une forme de r emploi la fois plus courante et de prime abord plus simple qui consiste r utiliser une brique de terre cuite en tant que brique une porte en ch ne en tant que porte ou un pav de porphyre en tant que pav J aurai l occasion de montrer que ces op rations sont d j fameusement complexes et dans la plupart des cas elles ne manquent absolument pas de cr ativit Chapitre 3 Quand les mat riaux nus s quipent cherche de nouvelles entreprises qui accepteraient cette mission Quelques coups de fil des coll gues un rapide coup d il dans les pages jaunes et elle se re trouve rapidement en possession d une petite liste d entreprises sp cialis es dans la d molition acceptant de remettre prix pour cette mission Parmi les quelques offres qu il re oit l une se distingue quelque peu des autres par son prix l g rement plus attractif mais aussi par le fait que l entrepreneur en question Madame J se propose de proc der la r cup ration d une partie des mat riaux Ce dernier l ment intrigue les responsables de l agence mais i
608. te Cette diff rence qualitative et ses cons quences politiques seront analys s plus longuement dans le prochain cha pitre Pour l instant je propose de plonger au c ur de ces ar nes L laboration mobilise des acteurs tiers Dans le chapitre pr c dent je concluais en affirmant que pour mieux comprendre le fonc tionnement de l conomie mat rielle et les possibilit s de reconfiguration de cette derni re il tait n cessaire de se plonger dans les situations o sont mis au point les dispositifs m diateurs les dispositifs qui assurent les articulations entre les acteurs de l conomie mat rielle Il est question ici de la pierre bleue de Belgique un mat riau qui est employ depuis longtemps dans le construction Il est concurrenc aujourd hui par des pays comme la Chine et le Br sil qui coulent en Europe des pierres plus ou moins semblables du moins superficiellement et sur tout un peu moins ch res Dans les pages qui suivent il sera beaucoup question d harmonisation Il s agit en effet d ins crire la pierre bleue dans un r seau d acteurs aux exigences vari es C est pourquoi il est n ces saire de tisser toute une s rie de liens entre le mat riau proprement dit et tous les acteurs appe l s le manipuler sous une forme ou sous une autre Il s agit en quelque sorte pour les produc teurs de pierre bleue de s assurer que toute la trajectoire de ce mat riau se d roule sans en combre sans heurt
609. te dir State of the world 2003 The Worldwatch Institute 2003 p 125 87 With Les machines leur histoire leur description leurs usages Paris J Baudry coll Bibiloth que de l enseignement technique 1870 p 267 88 Ibid Chapitre 2 Papiers s il vous pla t De la m me mani re les jigs utilis s aujourd hui par les laboratoires de test pour d terminer la granulom trie des granulats de b ton concass s ne sont qu une ni me variation d une tech nique mise au point dans la premi re moiti du 19 si cle par un certain Aristide B rard Selon des historiens des techniques c est ce dernier qui eut l id e en 1833 de transformer en bac piston un crible secousses op rant dans l eau Il donna ainsi une impulsion d cisive au lavage du charbon le charbon laver arrivait une extr mit du bac et l autre le charbon lav et le schiste taient vacu s s par ment Si de tels proc d s se sont ensuite constamment am lio r s leur principe de base n a pas tellement volu C est ce que montre la comparaison entre une illustration extraite d un support de cours de l cole centrale des arts et manufactures de 1893 et une image publi e dans une revue du CSTC plus de cent ans plus tard la diff rence pr s qu il ne s agit plus pour le CSTC d purer toutes les substances parasites dans un chargement de charbon comme c tait le cas l origine mais bien de purifier e
610. technique Il caract rise cette derni re entre autres par une d gradation des sens d exp rience et par un retour vers ce qu il appelle le milieu prot g de l imprim 249 Ibid p 7 250 Ginzburg C Mythes embl mes traces Morphologie et histoire traduit par Aymard M Paoloni C et Bonan E 1989 pour la premi re d fran aise ditions Verdier 2010 251 Mumford L Technique et civilisation traduit par Moutonnier D T 1934 pour P d originale en anglais Paris ditions du Seuil 1950 p 167 252 Ibid Chapitre 5 Normativit s des dispositifs d articulation Le mus e prit la place de la r alit concr te le livre du guide rempla a le mus e la critique rempla a la peinture la description crite rempla a la construction la sc ne rempla a la nature l aventure l acte v cu Cela exag re et caricature l tat d esprit pal otechnique mais ne le fausse pas enti re ment Ginzburg sugg re qu entre ces deux pist mologies ne se joue pas seulement une opposition strictement conceptuelle entre deux mani res de connaitre le monde mais qu elles d notent aus si une opposition politique Il va jusqu parler d acculturation pour d signer une v ritable offensive culturelle de la bourgeoisie qui s approprie une grande partie du savoir indiciaire et non indiciaire des artisans et des paysans Plus loin il conclut son article en insinuant que le savoir
611. tellectuelle aux tats Unis 2003 pour P d originale Paris La D couverte 2005 256 Ginzburg se r f re ici un passage ant rieur du chapitre o il explique qu en Asie et au Bengale en particulier il tait d usage d encrer le bout des doigts et d utiliser ces empreintes dans des pratiques assez complexes de divination qui tait habitu d chiffrer des critures myst rieuses dans les veines des pierres ou des bois dans les traces laiss es par les oiseaux ou dans les dessins imprim s sur le dos des tortues devait arriver sans effort consid rer comme une criture les lignes imprim es par un doigt sale sur une surface quelconque Ginzburg explique ensuite qu un administrateur anglais Sir William Herschel s est inspir de ce savoir indiciaire des fins de gestion de l empire britannique en le d barrassant de toutes ses dimensions autres que purement pratiques offrant ainsi un bel exemple d acculturation du savoir indiciaire par une certaine rationalit manag riale Ginzburg C Mythes embl mes traces op cit p 287 257 Ibid p 294 191 192 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation ils privil gient souvent l oral l crit je l ai montr dans le cas des mat riaux de r emploi ils font la part au savoir de la main pour reprendre la belle expression de Richard Sennett et une forme de savoir faire qui ne rel ve pas exclusivement d une objectivation symbo
612. tes ou non encore existantes et pens e avec un certain dynamisme de l me volont d sir regret joie crainte etc Le subjonctif 221 Latour B Sur le culte moderne des dieux faitiches suivi de Iconoclash ditions La D couverte 2009 p 165 222 Cf notamment Boltanski L De la critique Pr cis de sociologie de l mancipation Paris Gallimard 2009 Jeanpierre L Critique sociale et mancipation Entretien avec Luc Boltanski Collectif dir Penser gauche Figures de la pens e critique aujourd hui Amsterdam 2011 pp 466 485 Heine S Quel renouvellement possible de l articulation entre mat rialisme et id alisme Mouvements printemps 2011 vol 65 pp 160 175 179 180 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation semble donc assez loin des modalisations du devoir que l on associe usuellement la critique Il renvoie bien davantage aux modalit s de la possibilit de la projection dans ce qui pourrait tre Au del de l aspect strictement grammatical les notions de subjonctivit et de sp culation sont utilis es par certains th oriciens de la litt rature dans leurs analyses du genre litt raire de la science fiction C est par ceux l qu il faut maintenant passer car ils pourraient bien offrir une belle d finition de cette autre orientation du geste critique Dans ses travaux de et sur la science fiction le th oricien et auteur Samuel Delany propose le terme
613. tes pour la r cup ration de ces produits 1 e les granulats recycl s Il permettrait par ailleurs de soulager la construction routi re qui frise terme la saturation si l on consid re qu elle absorbe aujourd hui le double de la quantit des d chets qu elle m me produit Cit par Simons B et Vyncke J Les d chets de construction et de d molition Possibilit de recyclage sous forme de granulats dans le b ton op cit p 33 79 60 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle tion capitaliste et destin es le rester En ce sens ces mat riaux v hiculent avec eux les exi gences propres la marchandise C est ainsi une double n cessit la fois pratique et cono mique qui a pouss le secteur du concassage explorer de nouveaux d bouch s pour des l ments Mais ces r cits montrent aussi qu il ne s agit pas seulement d opter pour le moins cher ou de trouver de nouveaux d bouch s la marchandise encore faut il que les cadres techniques ad ministratifs et juridiques soient pr ts ce que le secteur de la construction utilise ces nouveaux proc d s fussent ils effectivement meilleur march Or ce cadre tait jusqu alors taill sur me sure pour l utilisation de produits neufs c est dire de granulats dits naturels soit des l ments pierreux extraits des carri res Ce secteur industriel voit videmment d un tr s mauvais il l arriv e sur le
614. tifs m diateurs de l conomie mat rielle Les promesses de reconfigurations commencent prendre une certaine consistance m me si on voit aussi poindre un certain nombre d obstacles l hori zon Il est possible de th matiser ce travail sur les m diateurs comme une fa on de redistribuer des effets de pouvoir et de faire compter d autres int r ts que ceux qui dominent habituellement l conomie mat rielle Sur ce dernier point la r flexion sur les m diateurs telle qu elle est me n e par l ANT converge de fa on peut tre tonnante avec les travaux men s par Michel Fou cault sur les dispositifs de circulation du pouvoir Cette th matique est explicitement d velopp e par Foucault lors de son cours du 14 janvier 1976 au Coll ge de France dans lequel il aborde frontalement la notion de pouvoir et les fa ons d tudier celui ci Selon lui il est important de ne pas adopter une vision descendante des ph nom nes de pouvoir Cette derni re consisterait partir de faits g n raux pour en d duire des cas plus particuliers ce qui am nerait presque immanquablement d couvrir que ces der niers s accordent syst matiquement l axiome de base Foucault s attache souligner le manque d int r t et d efficacit d une telle m thode Au contraire il invite les chercheurs saisir le pou voir dans ses formes et ses institutions les plus r gionales les plus locales l o il prend corps dans des tec
615. time indispensables au rayonnement de la terre paille Le tissu des professionnels encore actifs sur l utilisation de la terre n a pas les ressources suffisantes pour financer la recherche pas plus que ne les avaient les professionnels de la reconstruction d apr s guerre pour financer la recherche d alors sur le b ton Cette implication de la puissance publique serait donc une mesure quitable l gard d un mat riau modeste social et valid par l his toire On peut se demander si Marcom ne surestime pas quelque peu la puissance publique qui n a sans doute plus grand chose voir avec le contexte d apr s guerre mais la comparaison avec le b ton a le m rite d tre parlante L enjeu consiste bien munir un mat riau donn pr sent ici comme plus social et plus cologique plus responsable l gard de l environnement et des g n rations futures de tous les dispositifs assurant sa diffusion et l largissement de son usage dans les circuits de l conomie mat rielle La formulation de Marcom permet galement de bien mettre en vidence que l utilisation d un mat riau repose sur des dispositifs m diateurs qui doivent tre construits impl ment s et entretenus Cette op ration de construction n est donc pas fig e une fois pour toute et il n est pas absurde bien au contraire de vouloir l entre prendre pour d autres mat riaux condition de prendre en compte l inertie des structures exis
616. tion and belief a new sociology of knowledge London Routledge 1986 pp 196 223 11 Tsing A L Friction an ethnography of global connection Princeton New Jersey tats Unis Woodstock Oxfordshire Royaume uni Princeton University Press 2005 12 Dorlin E et Rodriguez E dir Penser avec Donna Haraway Paris Presses Universitaires de France coll Actuel Marx Confrontation 2012 Stengers I Fabriquer de l espoir au bord du gouffre Collectif dir Penser gauche Figures de la pens e critique aujourd hui Paris Amsterdam 2011 Haraway D Manifeste des esp ces de compagnie Chiens humains et autres partenaires 2003 pour l d anglaise ditions de l clat coll Terra cognita 2010 Haraway D Des singes des cyborgs et des femmes La r invention de la nature traduit par BONIS O 1991 pour l d originale en anglais Actes Sud 2009 Haraway D Manifeste cyborg et autres essais Sciences Fictions F minismes Exils diteur 2007 Introduction Enfin le travail de Donna Haraway et les recherches ethnographiques que je viens d voquer partagent un soucis quant la production de r cits autour de ces tres Il s agit d explorer les re lations qui se tissent entre eux mais aussi entre eux et ceux qui s en font les porte parole Pour ces auteurs la fa on de rendre compte des tres participe d j d une d marche minemment po litique Cette sorte de matrice trois p les fa
617. tion d l ments pierreux ornementaux occasionne une production lev e de d chets Ceci est li au fait que des couches rocheuses moins solides doivent tre d blay es pour arriver aux veines de meilleure qualit les processus de production proprement dits occasionnent aussi beaucoup de chutes et de restes De ce fait des entreprises de concassage sont g n ralement pr sentes sur ces sites afin de traiter ces fractions r siduelles qui re pr sentent entre 50 et 80 de la masse extraite Cette relation entre deux sec teurs industriels proches mais au fonctionnement diff rent est sens unique il n ar rive quasiment jamais qu une carri re exploit e pour ses gravats soit soudain ex ploit e pour des l ments plus labor s En revanche la r ciproque est tr s fr quente et de nombreux sites historiques d extraction de pierre de taille ne pro duisent plus que des gravats destin s la fabrication de b tons ou d enrob s rou tiers C est le cas notamment des carri res de porphyre situ es Quenast Autre fois r put es pour leur pav s routiers elles ne produisent plus aujourd hui que des granulats lroniquement ceux ci comptent parmi les quelques ingr dients n ces saires la fabrication d enrob s asphaltiques qui sont utilis s dans la construction routi re arrive fr quemment que ces enrob s d asphalte soient pos s directe ment sur des voiries pav es de porphyre Cette rencontre entre le porphyr
618. tion d finie comme moyenne 65 Desrosi res A La politique des grands nombres Histoire de la raison statistique 1993 pour l d originale Paris ditions La D couverte 2010 61 62 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle L inspection visuelle est l une des deux m thodes pour valuer cet cart En Belgique la for mation de classeur visuel est organis e par le Centre Formation Bois CFB une asbl qui prend en charge une s rie d aspects li s l emploi dans le secteur industriel du bois Outre l organisa tion de formations sur l ensemble du travail du bois de la pr paration des mati res premi res au contr le de qualit du produit fini en passant par la manipulation et l entretien des machines le fa onnage et l assemblage des diff rentes pi ces etc cette association prend aussi en charge 6 Le statut de classeur visuel des questions relatives la concertation sociale dans ce domaine est d livr par un organisme notifi appel le Centre Technique de l Information du Bois CTIB qui s occupe de la recherche et du d veloppement autour du mat riau bois mais g re aussi des aspects plus r glementaires li s la certification des produits Il s agit de l un des orga nismes notifi s par le comit europ en de normalisation pour ex cuter les t ches relevant de la proc dure d valuation et de v rification de la constance des performances avec la plus haute in
619. tion envisag e sur un plan stric tement technique Sur ce plan un retour des techniques pass es une red couverte de m thodes traditionnelles constitue une sorte d absurdit L ordre de grandeur du monde industriel pour reprendre l expression de Luc Boltanski et de Laurent Th venot dans leur travail sur les 188 Latour B Changer de soci t refaire de la sociologie op cit p 122 123 189 Ibid p 123 190 Ibid Chapitre 4 L laboration des dispositifs m diateurs conomies de la grandeur est en effet davantage tourn e vers le futur dans le sens d un pro gr s technologique Or ce qui est en jeu avec ces mat riaux alternatifs ne touche pas unique ment des questions techniques ou technologiques m me si in vitablement tous les mat riaux de construction engagent ces questions d une fa on ou d une autre Si des acteurs s chinent rendre de tels l ments manipulables dans le contexte actuel ce n est pas par amour d un pass archa que plus ou moins mythifi m me s il est possible que certains acteurs id alisent quelque peu la p riode pr industrielle Leurs actions doivent tre envisag es sur un plan plut t poli tique comme des approches alternatives aux configurations actuelles des circuits de l conomie mat rielle Des approches qui en l occurrence passent par des voies assez exp rimentales en prise directe avec des questions assez complexes Ces projets politiques alt
620. tissement la trajectoire des mat riaux Sur les sch mas que j ai fait de l conomie mat rielle c est aussi vers ce moment singulier que convergeaient tous les circuits Dans les faits les choses sont plus compliqu es que a Un b timent constitue toujours un assemblage temporaire de mat riaux Si ceux ci y sont incorpor s pour une certaine p riode quelques semaines pour l am nagement int rieur des magasins de pr t porter ou quelques si cles pour les monuments particuli rement r sistants tous les projets d am nagement de l es pace au sens large finissent par subir des modifications plus ou moins consistantes sous l action du temps et de l usure des choses ou via des interventions plus r solues ces occasions il ar rive videmment que certains mat riaux se lib rent des difices tandis que d autres y sont nou veau incorpor s La plupart des l ments ainsi lib r s sont consid r s comme du d chet et suivent une s rie de voies bien sp cifiques Certaines parties de ces flux sont isol es pour tre valoris es C est le cas de la plupart des d chets inertes qui partent vers des centres de concassage o ils sont trans Chapitre 3 Quand les mat riaux nus s quipent form s en granulats C est aussi le cas de certains m taux de certains plastiques et de certaines sortes de d chets de bois Ces derni res sont alors utilis es pour la fabrication de panneaux d agglom r D autres fractions du fl
621. toute seule il devient assez facile pour le mat riau de suivre une trajectoire fluide travers les circuits de l conomie mat rielle Qu un maillon de la cha ne vienne manquer ou se rompre et c est le drame Si le d par tement technique par exemple se trompe dans ses prescriptions ou s il ne trouve pas les carac t ristiques techniques pr cises du z brano l issue du projet pourrait tre toute diff rente En l absence de ces donn es essentielles ils pourraient par exemple d cider d opter pour du simple agglom r lamin avec une photo repr sentant la texture du z brano Au moins avec cette solu tion ils sont s rs de ma triser la classe de r sistance l usure et d autres donn es techniques tout aussi importantes Le commanditaire pourrait sans doute s indigner du caract re inauthentique de cette solution lui qui s attendait pouvoir caresser du bout des doigts la fine texture d un bois tropical il se retrouve avec une vulgaire photo imprim e sur des d chets de bois reconsti tu s Par contre les environnementalistes locaux pour leur part n auraient rien eu redire au projet Ou encore si les pr cision fournies par le d partement technique sont impr cises l en trepreneur pourrait tre tent de mettre en uvre une autre essence de bois ventuellement moins ch re mais r pondant tout de m me aux exigences fix es par le cahier des charges Ce se rait pour lui l occasion de faire une petite
622. traits de la carri re et d bit s en tranche par les machines ce moment l seulement les carriers peuvent finalement juger l apparence des l ments et d cider si oui ou non ils conviennent l exploitation certains d fauts majeurs apparaissent plus t t dans le processus et de gros blocs qui ont t d bit s dans le fond de la carri re ne sont m me pas remont s les d fauts qu ils pr sentent ne justifient pas cette op ration co teuse en nergie Autour des l ments quasi finis ils n attendent plus que d tre recoup s dimension pr cise et d tre trait s en surface un vocabulaire tout fait sp cifique s est galement d velopp au fil du temps et en fonction des r gions o sont implant es les carri res Une vaste terminologie est 165 Toutes ces d nominations proviennent de la coupe dans les Carri res du Hainaut s a pr sent e dans la NIT 220 p 7 145 146 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation employ e pour d signer toutes les petites alt rations qui peuvent appara tre sur les blocs de pierre Pouvoir d crire et nommer ces petites d formations de la pierre est une condition n ces saire pour d cider ensuite lesquelles d entre elles entra nent d office la mise au rebut pour des raisons structurelles lesquelles peuvent entra ner la mise au rebut pour des raisons d apparence et lesquelles font partie int grante de la composition d une pierre apte l
623. trement que d int grer certains l ments biographiques pour justifier cet int r t Depuis la fin de mes tudes je me suis en effet investi dans les activit s d une association bruxelloise appel e Rotor Bien que certains des membres soient architectes d autres proviennent d horizons diff rents et les projets qui y sont men s sont fort vari s Ils touchent aussi bien la conception d am nagements spatiaux qu la r alisation d tudes pros pectives en passant par le commissariat la conception et le montage d expositions la r alisation 4 Stengers I La vierge et le neutrino les scientifiques dans la tourmente Paris Les emp cheurs de penser en rond 2006 Introduction de publications ou encore lors de missions de consultance Ce qui relie les personnes et les pro jets chez Rotor est une grande curiosit pour les flux de mat riaux dans l industrie et la construction Les toutes premi res recherches de l association consistaient par exemple visiter des usines en Belgique et l tranger et voir tout ce qui en sortait les produits finis par la grande porte mais aussi les chutes et les rat s par les containers l arri re des fabriques Pour tous les membres de l association ce sont ces derniers qui s av rent les plus passionnants parce qu ils posent la question d un potentiel nouvel usage en tout cas en principe dans les faits leur r utilisation est loin d tre toujours possible et parfois elle n est m
624. trine suffit 113 114 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle Les mat riaux qui transitent dans une entreprise comme celle de Madame J par exemple et de mani re g n rale tous les biens qui circulent dans les circuits de seconde main jouent d une mani re ou d une autre sur le registre de la bonne affaire Dans ce contexte les caract ris tiques d une bonne affaire ce sont des arguments comme le co t r duit par rapport au neuf ou le fait de d nicher la perle rare Que les mat riaux ne soient pas munis des dispositifs formels qu ils soient parfois us s ou que leur disponibilit soit plut t impr visible ne constituent pas des d fauts r dhibitoires dans ces contextes bien pr cis Les pratiques des personnes pour qui ces opportunit s repr sentent effectivement de bonnes affaires n ont g n ralement aucun mal surmonter ce qui dans d autres contextes constituerait par contre un crit re d exclusion Pour donner un contre exemple un gros entrepreneur mandat dans le cadre d un march public pour un projet de grande ampleur n a pas la possibilit de partir chiner aupr s de vingt revendeurs diff rents pour trouver des briques ou des carrelages de seconde main Dans le cas des briques de l entreprise F par contre les registres de valorisation de la clien t le sont quelques peu diff rents Les briques doivent r pondre une s rie de caract ristiques techniques
625. tructions largement contingentes et ces efforts de maintien C est le tournant initi par les science studies et la sociologie pragmatique qui est la source de ces nouvelles approches dont la caract ristique est d envisager toute une gamme d op rations de montage de reconstitution d assemblage d chafaudage d agr gation par lesquelles s op re la prise de consistance Sans surprise le travail des architectes comme objet d tude n a pas 339 Moulin R dir Les architectes M tamorphose d une profession lib rale op cit Gaillard C Nick P Vidal M et L vy Grange M L architecte lui m me et les autres Presses Universitaires de Grenoble 1973 de Montlibert C L impossible autonomie de l architecte sociologie de la production architecturale Strasbourg France Presses Universitaires de Strasbourg 1995 Champy F Sociologie de l architecture op cit 340 Chadoin O tre architecte op cit p 87 341 Ibid 342 Houdart S et Thiery O Humains non humains op cit p 12 249 250 Section 3 Positions Les concepteurs embarqu s dans l conomie mat rielle chapp ces approches qui d apr s Christophe Camus peuvent tre labellis es comme constructivistes De nombreux travaux sont apparus dans cette veine Parmi ces travaux les plus embl matiques sont probablement ceux d Albena Yaneva qui a men de v ritables enqu tes ethnographiques au sein d une c l bre agenc
626. ts il y a sans doute moyen de brouiller les fronti res disciplinaires et professionnelles et de garantir ainsi un accom pagnement plus cons quent du mat riau Ce point est d velopp dans la deuxi me piste lt 2 me piste surmonter les divisions disciplinaires gt Lors de mon s jour l cole d architecture de Sheffield l automne 2012 j ai eu l occasion de suivre une exp rience p dagogique offrant de belles ressources pour repenser les agence ments de l conomie mat rielle Depuis quelques ann es les tudiants des derni res ann es sont invit s r aliser des projets pour des commanditaires r els le plus souvent issus de la soci 1 t civile ou du secteur associatif local Pendant quelques semaines par quipes d une dizaine 382 Sur la diff rence entre interm diaire et m diateur cf le paragraphe Dispositifs m diateurs p 122 383 Sur les diff rents tats d un mat riau cf la paragraphe lt la marchandise dans tous ses tats gt p 85 384 Pour viter des effets de concurrence d loyale vis vis des professionnels l cole d architecture a mis au point une s rie de principes Les commanditaires sont Chapitre 9 Vers des prescriptions plus soign es les tudiants r pondent ces sollicitations et formulent une s rie de r ponses possibles Dans certains cas ils vont jusqu la r alisation de leur proposition Mais toutes les solutions ne sont pas n cessairement de
627. ts moins formalis s mais pas dans les circuits principaux de l conomie mat rielle 128 Illustration XVIII Les mat riaux qui aboutissent dans le secteur du r emploi ne disposent pas des dispositifs qui leur permettent de circuler dans les circuits professionnels Leur trajectoire les m nent toutefois vers de plus petits chantiers souvent men s par des auto constructeurs dans un cadre domestique ou informel Un travail tel que celui men autour du projet Opalis permet d quiper ces mat riaux de dispositifs m me d assurer leur circulation aupr s des professionnels du secteur 130 Illustration XIX abaque repr sentant l chelle th orique des duret s types pour une s rie de pierres courantes L abscisse indique la masse volumique en kg m l ordonn e indique la contrainte de rupture par compression kg cm Source Centre scientifique et technique de la construction Note d Information Technique 80 Pierres Blanches Naturell s5 25 tire snnetu sue dentaire en nil aiia 144 Illustration XX d nomination des diff rents types de pierre Cette image extraite d un catalogue publicitaire pour les Carri res du Hainaut montre les diff rents usages possibles pour de la pierre bleue chaque l ment correspond des sollicitations sp cifiques et par cons quent des exigences particuli res L o les documents techniques tendent distinguer trois cat gories d usage technique courant et exceptionnel cette illu
628. ttre aux petites et moyennes industries et entreprises d avoir leurs propres d partements de research amp development R amp D qu elles ne pouvaient se permettre de financer titre individuel Paul de Groote en appelait la cr ation de centres de recherche collective qui ont rapidement t appel s centres Paul De Groote Plusieurs d entre eux sont n s suite cet appel dans des domaines aussi vari s que les travaux d infrastructure routi re l industrie du bois les domaines de la brasserie et de la malterie l industrie cimenti re l industrie diamantaire le textile et bien s r celui qui nous int resse ici la construction Cin quante ans apr s la publication de l ar t loi en 1997 lors d une discussion portant sur les mo dalit s de financement de ces centres au S nat belge un intervenant d crit ces centres comme l un des fleurons de la politique belge de promotion de l conomie Il argumente en expli quant que gr ce ces centres des P M I ou des P M E qui individuellement seraient tout fait incapables de faire un effort de recherche significatif b n ficient quand m me du d veloppement de R amp D dans leur secteur Ainsi de la m me mani re que les STS taient une r ponse la n cessit d harmoniser le secteur de la construction le CSTC a t cr dans un effort de mise en commun des efforts de l ensemble des petits et moyens acteurs de ce secteur industriel Le
629. turels se retrouvent imbriqu s dans des assemblages dont il est impossible de rendre compte si l on en reste une grille de lecture fond e sur l opposition entre nature et culture En ce sens c est l appel cologiser formul par Bruno Latour et repris pas milie Hache qui r appara t ici le processus d cologisation engage de nouvelles fa ons de faire cher chant prendre en compte les associations d tres qui composent notre col lectif en s attachant faire attention ne pas les s parer de mani re tout ter rain autrement dit aussi ne pas les maltraiter l vidence la construction d un b timent est un processus qui engage un collectif d tres hybrides qui dans la plupart des cas sont largement maltrait s J ai tent au cours de cette re cherche d voquer et de d crire un certain nombre de violences perp tr es leur encontre bien que je n ai pas men cette approche de fa on exhaustive ni m me forc ment syst ma tique J ai en effet essay de ne pas en rester au portrait sombre et apocalyptique d un milieu en ti rement ravag m me si beaucoup d gards tous les ingr dients pour composer un tel por trait sont l Il me semblait plus porteur de chercher relayer des r ussites fussent elles encore fragiles minimes ou confirmer Ce faisant j esp re avoir indiqu quelques pistes pratiques par lesquelles pourrait passer une plus grande attent
630. u la pierre du ma on C est notre march tout autant que notre savoir faire qui nous permet de d velopper ou non l entreprise L volution des techniques renouvelle elle aussi nos march s outils de mesure et de manutention qui changent les conditions de travail mat riaux plus nom breux plus vari s qui largissent la palette de choix du professionnel comme du client outils de communication chantier si ge de l entreprise architecte client donneur d ordre De nouveaux march s apparaissent du fait de nou velles r glementations environnement protection de la sant s curit 1 Une approche similaire visant elle aussi acter la pluralit des registres de valuation est celle que d veloppent Bruno Latour et Vincent Antoine L pinay dans leurs travaux sur les ou vrages de Gabriel Tarde En relayant une expression qu ils empruntent eux m mes Tarde on pourrait dire de l conomie mat rielle qu elle est un chaudron bouillonnant d int r ts passion n s Cette perspective permet sa mani re de sortir d une conception de l conomie ici mat rielle comme un milieu guid par une rationalit unique Dans l conomie des int r ts pas sionn s de Tarde la notion de valeur n est pas r duite la simple quantification mon taire elle recouvre des occurrences beaucoup plus diversifi es que la fantasmagorique quivalence argent que Marx d crit en d tail dans ses travaux
631. u centre de concassage seraient oblig s de se tourner vers d autres fournisseurs des installations de concassage concurrentes mais en r gle avec le mar quage BENOR ou des fournisseurs de graviers naturels 102 Copro asbl R glement d application d usage et de contr le de la marque Benor dans le secteur des granulats recycl s produits sur site fixe Copro Organisme impartial de contr le de produits pour la construction 2012 Chapitre 2 Papiers s il vous pla t TECHNISCHE FICHE SNELCODE 0547 001 2 ECHNISCHE FICHE SNELCODE 0547 0012 CERTIFICATIE VAN IBENOR Proemio mmeo fae fa ui GERECYCLEERDE GRANULATEN o e pvas AE PUINGRANULATEN VASTE LOCATIE E iS T C 2 ras 100 tranet cop T a 10 2 Ra 0 5 O Rg o 2 ER sicco ve ES s i S 0547 0012 1 2 23 07 2013 GECERTIFICEERD FA ms eronicreznen cernrcasmanner oraaa Danay a fanns PRODUCT OFFICIELE BINAMING commercie senang BETONGRANULAAT 4 31 5MM E5 GEBROKEN BETONPUIN 4 31 5MM OPSCHRIFT OP HET PRODUCT Geen Zie gegevens op afleveringsbon NEN EN 1097 6 Naim NBN EN 1097 6 TOEPASSING Conform aan s8250 waie22 VLAREM Buas Roc sarsie 30 PTV 406 EN 12620 2002 A1 CCE Qualimutes 12011 2008 NBN EN 1744 1 10 ss0 2 0 02 NBN EN 1744 6 min no o 10 Gebruik CONFORM NBN EN 12620 TOELICHTINGEN AANDACHTSPUNTEN
632. uction lors de son passage par les diff rents postes de l conomie mat rielle Tout d calage survenant entre disons ce qu indique une sp cifications technique unifi e invoqu e dans un cahier des charges et la pierre effectivement livr e sur le chantier se pr sente comme un cueil un espace inqui tant et mena ant d incertitude Du point de vue des exigences en vigueur dans l conomie mat rielle ces espaces d incerti tude sont consid r s comme des checs Ils repr sentent le risque que s interrompe subitement et de fa on non ma tris e la circulation d un mat riau vers son lieu de mise en uvre En cela ils menacent quelque part ce que j ai identifi comme la finalit des circuits de l conomie mat rielle c est dire l arriv e d un mat riau sur le chantier Concr tement de tels d calages prennent les mille et une petites formes de frustrations qui contrarient le d roulement d un chan tier et se r percutent sur sa dur e son co t etc Si la pierre livr e ne correspond pas ce qui est demand dans le cahier des charges pour donner un exemple illustrant cette id e il va falloir la renvoyer au producteur attendre une nouvelle livraison retarder tout le chantier etc Les cons quences de cette inad quation se r percutent sur tous les acteurs en jeu dans le projet qui font d s lors leur maximum pour viter ces d sagr ments C est peut tre de ce point de vue aussi que la tendance la stand
633. udes de typologies diff rentes gaillet pas de loup tache de calcite coquillage polypiers syringopora nids d abeilles etc M mes les crino des r pondent plusieurs appellations alors qu ils semblent pourtant constituer le plus grand d nominateur commun dans la d finition de la pierre bleue belge Si ce terme suffit pour produire un consensus autour d une d finition scientifico technique du petit granit il reste fort vague pour un botaniste qui voudra sans doute conna tre l esp ce exacte dont il est question Pour ce dernier la diff rence est grande entre un woodocrinus macrodactylus et un agaricocrinus americanus Les m mes termes deviennent franchement inutile pour la per sonne qui se trouve pr pos e au d coupage des blocs de pierre et qui sera plus inqui t e par la pr sence de zones friables dans la pierre que par le nom exact des fossiles qui la pars ment Les crino des redeviennent par contre cruciaux pour le repr sentant commercial d une carri re belge qui essaie de mettre en avant la sp cificit de son mat riau face la concurrence des pierres trang res Toutefois dans un soucis de clart didactique indispensable toute transaction com merciale les crino des seront d sign s par des d nominations plus courantes qui les reprend sous la grande cat gorie des coquillages ou des fossiles Enfin un collectionneur f ru de fossiles partagera peut tre ses der
634. ue architecturale l largissement des r les des architectes corres pondent galement une s rie de glissements m thodologiques Alors que les premi res re cherches sur le m tier d architecte cherchaient d finir celui ci partir des comp tences qui lui sont associ es et aboutissaient ainsi la plupart du temps des constats de d professionnalisation du fait des nombreux gliss s dans la distribution de ces comp tences des recherches plus r centes prenant acte de la diversification des r les de l architecte se sont int ress es pour leur part l activit des architectes en tant qu elle est prise dans un jeu d interd pendances avec d autres professions Il en d coule une approche qui place au centre de son attention les glis s s en question et qui ce faisant replace le fait professionnel dans un espace de pratiques et d interactions lt qui appelle de nouvelles approches gt Cette approche des interactions dans lesquelles sont pris presque au jour le jour les archi tectes s inspire des d veloppements pragmatistes de la sociologie Dans cette optique les situa tions auxquelles s int ressent les sociologues sont suppos es en construction permanente Leur maintien dans le temps ou leur reproduction ne vont pas de soi un certain effort est n cessaire pour parvenir conserver une stabilit qui est au mieux provisoire Les chercheurs portent d sormais leur attention sur ces cons
635. ue les machines de contr le sont conformes et ou que le classeur visuel dis pose bien de l agr ment du CTIB 73 Ibid p 7 65 66 Section 1 Trajectoires Les circuits de l conomie mat rielle Si ces deux conditions sont remplies valuation du produit et du dispositif de contr le de la production le fabricant re oit de la part de l organisme notifi un certificat de contr le gale ment appel certificat de conformit ou certificat CE Celui ci ne prend toute sa valeur que s il est accompagn d une d claration des performances tablie elle par le fabricant Une fois ces deux documents r unis le produit du fabricant peut tre marqu par le cachet CE Dans le cas du bois celui ci r sume les caract ristiques essentielles du produit sa classe de r sistance mais aussi le fait qu il a t ou non class sec c est dire dans des conditions o l humidit moyenne tait inf rieure 20 et les ventuels traitements de pr servation qu il a subi contre les attaques biologiques Le cachet renseigne aussi le num ro d identification de l organisme cer tifi notifiant et l ann e o le cachet a t appos Voil la signification de toutes les indications qui entourent le C et le E centraux sur la tranche de la poutre Bien que ce soit l l ment de bois dans toute sa mat rialit qui int resse avant tout le char pentier mais aussi par cons quent le ma tre d ouvrage qu
636. ue si particuli re avec une ampleur telle que Marx lui m me aurait eu du mal imagi ner les cha ne de marchandisations restent profond ment travers es de frictions et cela mal gr le fait que les caract ristiques m mes de la marchandise font que celle ci semble merger comme intouch e par ces frictions L o Tsing pousse son concept un point qui int resse directement le pr sent travail c est lorsqu elle propose de consid rer que la marchandise se transforme en profondeur lors de son passage travers divers sites de production culturelle Pour Tsing il n y aurait pas que la forme et le co t de la marchandise qui se modifient d tape en tape mais aussi son identit m me Cela tient au fait qu chaque tape ce sont des propri t s diff rentes qui sont appr ci es Elle d veloppe cet aspect autour de l exemple du charbon dont elle a pu suivre certaines tapes de production Tout au long de ce trajet ce tas de charbon est du charbon Pourtant chaque tape il est appr ci pour des propri t s diff rentes s il veut rester dans la cha ne de marchandisation il doit tre pr t rencontrer des demandes vari es Il requiert plus qu une vague et transcendantale charbonitude coalness mais plut t une n gociation tape par tape des possibilit s en jeu pour l extraction le tri le transport etc Il est transform en charbon l ex tractable cha
637. uent de facto une main d uvre mall able et bon march pour l en treprise de concassage tr s contente de trouver l de la force de travail pour la quelle elle n a pas assumer directement de charges sociales la p nibilit du travail vient donc s ajouter une haute pr carit de l emploi M me si certains sont l depuis quelques mois voire quelques ann es les contrats qui les lient l entre Chapitre 2 Papiers s il vous pla t prise de concassage sont toujours de courte dur e et donc susceptibles de n tre pas renouvel s si la quantit de travail diminue ou si de nouvelles machines ve naient remplacer la force de travail vivante Plus loin sur la cha ne le flux de d chets passe par d autres machines conti nuant le nettoyage Un bassin d eau permet de s parer les restes de bois qui fottent des inertes qui coulent des ventilateurs permettent de d vier les frac tions les plus l g res comme les papier ou les petits bouts de plastique qui au raient chapp s la vigilance des ouvriers Pour des fractions qui doivent tre par ticuli rement pures un passage par une seconde cabine de tri manuel permet de peaufiner le travail de s paration des fractions Le flux d inertes ainsi nettoy passe alors dans de gros concasseurs qui r duisent la mati re en petits morceaux Ceux ci sont ensuite pass s au crible afin d obtenir des granulats de la taille escompt e Les l ments qui ne passent pas p
638. uer les types de mat riaux qui y circulent et leurs d bouch s les clients ainsi que les travaux o ils aboutissent Ce sont nou veau les entreprises de Madame J et de F qui vont servir de cas de figure pour rendre compte de ces diff rences qualitatives dans les circuits de l conomie mat rielle Diff rents dispositifs diff rents d bouch s Du point de vue des mat riaux eux m mes les deux mod les d entreprises d velopp s ci dessus sugg rent des d bouch s quelques peu diff rents Dans le premier cas celui de l entreprise J les mat riaux remis en circulation aboutissent principalement sur de petits chantiers souvent dans le cadre de projets auto construits Un type de client fr quent pour eux sont les personnes qui ne disposent pas de moyens financiers impor tants mais qui ont par contre le temps de chercher la bonne affaire Ceux l trouvent aupr s des revendeurs au prix de patientes recherches des sources de mat riaux potentiellement int res sants et souvent moins chers que leurs quivalents neufs Ces constructeurs qui portent d ailleurs fr quemment aussi la casquette de concepteurs sont assez flexibles Ils sont capables d adapter leurs travaux ce qu ils d couvrent Ainsi c est parfois autour d un objet trouv au d tour d un stock de revendeur que s labore un projet de construction ou une partie de celui ci Une baie de fen tre qui tire ses dimensions d un ch ssis achet d occasion u
639. ui fait office de postface La convivialit qu il largit cette d finition aux services professionnels et s attache plus pr cis ment tudier l impact de la constitution de corps professionnels 361 Gorz A Capitalisme socialisme cologie op cit p 46 362 Illich I Le ch mage cr ateur Postface La Convivialit 1977 op cit p 46 255 256 Section 3 Positions Les concepteurs embarqu s dans l conomie mat rielle jours selon la loi ils seront seuls habilit s assouvir Ce d placement vers le domaine de la d finition des besoins constitue pour Illich la fois la grande nouveaut et le plus grand danger des groupes professionnels C est en effet dans ce mouvement que les professions commencent glisser dans le domaine de la morale puisqu on leur attribue une objectivit unique en son genre celle de d finir le statut moral d un manque et par extension de se profiler comme ce que ce manque exige dans tout domaine o peut tre invent un besoin humain ces nouvelles pro fessions mutilantes s arrogent le statut d experts exclusifs en bien public D s le moment o les professionnels se mettent en t te de r pondre aux besoins de la soci t dans son ensemble ils se mettent tablir des classes et des cas g n riques qui constituent dans l optique d Illich une terible violence vis vis des individus et de leur capacit d action Le g
640. ui n taient pas n cessairement ceux at tendus Plus un concepteur se lie des mat riaux loign s des standards officiels de l conomie mat rielle plus il va devoir faire preuve d un v ritable savoir ruser face aux standards et aux exigences pr format es Lorsque le concepteur parvient tablir ces partenariats pour reprendre le mot d Alain Ri chard avec d autres acteurs autour d un concernement bien pr cis la situation peut se caract riser par un certain fat de gr ce Ces situations temporaires et souvent fragiles sont n anmoins cruciales Elles permettent en effet de mettre au point une s rie de jalons qui peuvent potentiel lement perdurer au del de la situation proprement dite En d autres mots ces moments rares d mulation et de convergence des int r ts peuvent cr er une sorte de jurisprudence qui sera pr cieuse pour nourrir le travail d autres acteurs ailleurs ou plus tard Enfin lorsque des pratiques marginales commencent se solidifier le concepteur peut tre amen rev tir le costume du n gociateur Il peut se faire le m diateur d une s rie d int r ts au sein d institutions tierces Partant du principe que les tables de discussion des divers comit s techniques r gionaux nationaux europ ens sont a priori ouvertes l coute de consid rations multiples il n h site pas donner une certaine consistance ces consid rations autres C est un diplomate il use de sa connaissa
641. ui se chargent d im pl menter pratiquement les normes adopt es aupr s desdits acteurs par la diffusion de docu mentation ou par des activit s de conseil La mise au point des normes europ ennes est une mission du Comit Europ en de Normali sation Cet institut regroupe plus de cinq cents corps et sous comit s techniques rassembl s par secteurs industriels Les comit s techniques sont eux m mes ouverts tous les acteurs des sec teurs concern s d sireux de s investir dans la construction du cadre r glementaire Le bois de structure fait l objet d un comit technique lui tout seul le TC 124 Depuis le 1 avril 2010 la pr sidence de ce comit a t confi e la France et plus exactement un membre de l asso ciation fran aise de normalisation AFNOR M Fr d ric Rouger Dans un document r sumant le business plan du TC 124 il est fait mention des principales parties prenantes concern es au premier plan par ce qui se passe au sein de ce comit et en par ticulier par les normes qui y sont tablies Celles ci sont au nombre de cinq Les industries Des producteurs et utilisateurs de bois de structure qui ont un int r t technique et commercial pour les sp cifications de standards harmonis s Les ing nieurs consultant Ils ont un int r t principalement technique dans ce domaine La communaut Il en va de l int r t de la communaut que les travaux structurels et la
642. ui va faire qu un badaud s arr te devant mon tal plut t que celui du voisin qu est ce qui va faire qu un internaute cliquera sur mon annonce plut t qu une autre Difficile de r pondre de mani re ferme ces questions mais il est certain qu un effort de pr sentation ne peut pas faire de mal Il suffit d avoir un jour visit le march aux puces de Bruxelles pour consta ter qu entre les caisses d objets d pos es en vrac m me le sol et les petits magasins qui bordent la place du Jeu de balles et les rues adjacentes les diff rences de prix s expliquent sur tout par des questions de pr sentation Dans le premier cas les objets sont tr s bon march mais ils ne font l objet d aucune pr paration Il faut fouiller dans des caisses en vrac pour esp rer trouver son bonheur Dans le second on paie le fait qu on brocanteur a d j effectu une pre mi re s lection et a mis en valeur certains objets susceptibles de plaire sa client le 138 Pour une lecture tr s critique sur la manipulation du d sir comme dimension essentielle de l conomie contemporaine cf les travaux men s par certains tenants de la d croissance En particulier Latouche S D coloniser l imaginaire La pens e cr ative contre l conomie de l absurde Lyon Parangon 2005 Latouche S Petit trait de la d croissance sereine Paris ditions Mille et une nuits 2007 139 Avec des effets rebonds int ressants la mise en pr sentation dans une vi
643. uipent pour ne pas s emb ter en inventer ou en adapter de nouveaux m me si bien entendu il existe aussi des concepteurs qui s aventurent dans ce domaine et interviennent plus ou moins profond ment sur les outils qu ils manipulent Pourtant dans certains cas ce travail permet traient d ouvrir de nouvelles perspectives certains mat riaux de r emploi notamment C est une hypoth se que j ai eu la chance de voir mise l preuve dans le cadre d un projet men au sein de l association Rotor En guise de projet pilote l association s est lanc e dans un travail de mise au point d un de ces nouveaux dispositifs rendant prescriptibles des mat riaux tels que la brique le pav ou certains types de panneaux de bois de seconde main En 2012 Rotor a d pos une demande de subside aupr s de l administration bruxelloise de l environnement pour mener une recherche sur le secteur du r em ploi des mat riaux de construction en Belgique Avant ce projet l association avait d j r alis plusieurs tudes pour le m me commanditaire sur des questions proches mais elle n avait jamais eu l occasion de d finir par elle m me le cadre des missions D poser une demande de subside ponctuel tait une mani re de pouvoir d finir tous les param tres de la recherche En l occurrence le projet pro posait de mener une analyse fine du secteur du r emploi belge L hypoth se sous jacente consistait postuler l existence d une forme d exp
644. uivi et soutenu dans ce travail en particulier mon p re Jean Michel Ghyoot pour ses relectures attentives et ses suggestions pertinentes Merci Gr gory d Hoop pour nos discussions et nos changes nourris depuis toujours Et merci Sophie Ghyselen et Mina videmment Table des mati res Table des mati res REMERCIEMENTS ncmd sa nrceeeiineinntsinnenn innnenet inensetrennenne annee dansante nn mn sn 5 TABLE DES MATI RES s50srce0mdtasfarentertaianse rat nee te a nee ar se te haaa aeaaea Stan non nantes 7 INTRODUCTION issisinc an nrassnriaie di tesnrn unten des me denen tenta nn sn memes et E etes ts ane dos ste ni te 11 Objet et objectifs de la recherche ss 12 Passer du trouble la question quelques ingr dients 15 L injonction politiqu 248 srsar reminnemeneenenreseanntnenennannrnnintintentenndee 15 Le formatage des mat riaux de construction 18 Rencontres th orique Sinse huserede iene a Ereuna er A EEA EE EEA ETES 27 Plan dea reee O O E rte Re aa raa a a a a a et 29 SECTION 1 TRAJECTOIRES LES CIRCUITS DE L CONOMIE MAT RIELLE ssssssusssusss12 35 Chapitre 1 Immersion dans les circuits de l conomie mat rielle 36 Les acteurs de l industrie cimenti re ss 37 oloo LEIET E EAEE AT ATE Minis ee E AR A Et ES 7e 37 lt combustibles de substitution gt ss 40 Peupl r Tracers sratrmmmenennamhsrannlinre late etre n
645. umentation technique des informations et des instructions un label CE etc De tels dispositifs sont la fois mis au point et rendus n cessaires par des acteurs tels que des d partements de re cherche et d veloppement des comit s techniques des acteurs politiques les producteurs eux m mes etc l inverse une brique de seconde main ne dispose d aucun de ces l ments Elle dispose pourtant d autres caract ristiques comme le fait d tre vendue par un sp cialiste qui peut offrir une s rie de conseils et de garanties orales une exp rience parfois consid rable et des savoir faire importants priori cela ne suffit pourtant pas pour p n trer les circuits princi X paux de l conomie mat rielle qui requi rent plus de dispositifs formels inforfatns amp in tructNos 9 exp know how experience a advices ot PA Illustration XVII Une palette de briques de seconde main ne dispose a priori pas des m mes dispositifs quoiqu elle soit tout de m me munie d une s rie de caract ristiques Celles ci lui permettent de circuler dans des circuits moins formalis s mais pas dans les circuits principaux de l conomie mat rielle Pourtant ce sch ma ne correspond pas tout fait ce qui passe dans le secteur du r emploi Dans les faits les choses ressemblent davantage au prochain diagramme la page 130 On y voit en haut gauche un immeuble en d molition La plupart des l ments qui se lib rent s
646. une pro fession de synth se capable de d crire l avance le d roulement pr cis d un chantier en se basant sur le r gime de la prescription 271 J emprunte l opposition indiciaire rationnel l historien Ginzburg C Mythes embl mes traces op cit 272 Dupire A Hamburger B Paul J C Savignat J M et Thiebaut A Deux essais sur la construction Mardaga 1981 205 206 Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation Les cons quences d un tel d placement ont t analys es travers plusieurs prismes au cours de l histoire et en fonction des arri re plans m thodologique des auteurs qui se sont int ress s cette question Une lecture inspir e par les travaux de Martin Heidegger par exemple s est int ress e ce glissement en le th matisant sous l angle d une ali nation de l architecture au r gime de la science et de la technique Selon les tenants d une telle approche en effectuant ce glissement vers un syst me technicien l architecture aurait perdu sa capacit remplir sa mission de r conciliation de l tre dans l Ici et le Maintenant Il s ensuit qu il faudrait pour les tenants d une telle approche en revenir une architecture de la poesis d barrass e des influences de la science moderne Une autre lecture d inspiration plus sociale s est int ress e aux cons quences de ce glisse ment pist mologique sur l organisation des chantiers
647. upler leur champ d actions en deux d cennies est assur ment une belle r ussite face aux m tiers non patent s et non organis s en professions Ensuite le statut d architecte s est construit sur base d un syst me institutionnel passablement d pass qui garantissait une certaine coh rence entre l enseignement les syst mes de cons cra 347 tions et la pratique Ce syst me mis au point tout au long du 19 si cle n a t reconnu juri diquement qu assez tardivement dans les ann es 1930 et 1940 et de surcro t dans un contexte 48 TI a donc tr s particuli rement r trograde sous Vichy et le renouveau corporatiste en France 346 Heymans V Les dimensions de l ordinaire L Harmattan 1998 p 192 347 C est en tout cas l une des hypoth ses de base de l ouvrage de Raymonde Moulin Les architectes M tamorphose d une profession lib rale op cit 348 Plus largement l apparition des organes de r gulation professionnels dans le contexte des ann es 1930 40 est un ph nom ne qui peut tre interpr t travers l hypoth se mise en avant par Karl Polanyi dans La grande transformation aux origines politiques et conomiques de notre temps traduit par Malamoud C et Dumont L 1944 pour P d originale en allemand Paris Gallimard 2009 savoir si les ann es 1920 ont vu les derni res tentatives de la doctrine conomique du lib ralisme pour tablir les conditions Chapitre 8 Prescripteurs rapide
648. ur plus haute et plus performante Apr s avoir enlev tous les l ments superficiels comme les cloisons l g res les faux plafonds et les ch ssis de fen tre les quipes de d montage ont c d leur place aux engins de d molition Depuis quelques jours des petites pelles m caniques suspendues des grues s attaquent la structure porteuse en b ton D autres bull dozers plac s aux tages ratissent les gravats et remplissent rapidement de vastes containers Malgr des conditions difficiles propres aux gros chantiers urbains manque de place voisinage proche nuisances r duire au maximum les tra vailleurs sont bien rod s et la d molition avance un bon rythme Si les quipes ne rencontrent pas de probl mes inattendus le chauffeur aura encore le temps de faire quelques trajets pour aller chercher des containers pleins d ici la fin de la jour nee Bient t le camion arrive hauteur d un vaste terrain qui s tend sur la gauche L entr e est marqu e par une barri re ouverte En s engageant sur le terrain le chauffeur adresse un signe de la main la personne install e dans une petite ca bine en verre juste en face de l entr e D un autre geste de la main celle ci invite le chauffeur du camion s engager avec son v hicule entre deux parois de b ton et s arr ter l sur une gigantesque balance Tous les v hicules sont pes s charg s l arriv e et vide lors de leur sortie Cela permet de tenir un
649. ur estimer l ampleur d un n ud et en d duire sa r partition au sein de la mati re une autre est de se trouver au bout de la cha ne de production et de devoir examiner un par un tous les l ments qui sortent un rythme cadenc pour d cider le plus rapidement possible si oui ou non les d fauts apparents constituent une atteinte la qualit structurelle du bois D autant que parce qu ils sont agr s par un organisme notifi les classeurs visuels engagent leur responsabilit quant la classification des l ments qui passent sous leurs yeux et dont ils d cident du statut Le fait d tre en quelque sorte les d l gu s de l organisme no 66 http www och cfb be 67 R glement UE n 305 2011 op cit p L 88 24 68 http www ctib tchn be page php m 10 amp s 11 amp c 68 amp p 13 amp I FR 69 Service public f d ral conomie P M E classe moyenne amp nergie Direction g n rale Qualit et S curit Qualit et Innovation Construction Sp cifications techniques unifi es STS 04 bois et panneaux base de bois op cit p 11 27 Chapitre 2 Papiers s il vous pla t tifi au sein de l entreprise avec toute l impartialit li e ce statut ne les emp che pas d tre pris malgr tout dans les logiques de rendement propres aux cha nes de production industrielles qui poussent souvent privil gier la quantit la qualit L autre m thode d inspection des l ments
650. urces formelles En vert les dispositifs r glementaires Le diagramme montre que la plupart des mat riaux proviennent de sources locales Il indique galement une grande perm abilit entre les diff rentes phases la conception a t nourrie au contact des savoir faire des acteurs li s la r alisation Chapitre 9 Vers des prescriptions plus soign es lt 3 me piste des prescriptions rus es gt J ai voqu plus haut les tactiques rus es auxquelles doivent parfois recourir les promoteurs de mat riaux alternatifs dans leurs projets de reconfiguration des circuits de l conomie mat rielle Face aux contraintes mat rielles r glementaires et organisationnelles ce sont parfois les concepteurs qui sont amen s adopter de telles postures Dans la mesure o les projets ne rassemblent pas toujours des acteurs de bonne volont anim s des m mes int r ts c est presque un euph misme de le dire il est parfois n cessaire de recourir des ruses des astuces et des tours bien pens s Dans une accentuation extr me de cette posture les tactiques de micro reconfigurations passent par un registre infra politique Elles prennent la forme de petites ruses de micro sabo tages d am nagement d espaces de libert presque infimes soit un certain art du d guisement politique Ce type d attitude rappelle le cyborg de Donna Haraway une figure qui s empare de l ironie de la ruse et de l impertinence pour d
651. urs aux effets tr s d termin s J aurai l occasion de montrer plus loin que ces deux notions ne peuvent pas tout fait tre compar e sur un m me plan Pour le moment je m en tiendrai toutefois cette distinc tion Cette diff rence d effet entre les deux notions implique une s rie de cons quences notam ment en ce qui concerne la distribution des connaissances mais aussi des responsabilit s quant la mise en uvre des mat riaux Comme je l indiquais se contenter d en r f rer aux r gles de l art sans d finir outre mesure les moyens qu il convient de mettre en uvre c est supposer une figure du praticien laquelle on reconna t des comp tences de la r flexivit et du savoir faire Les acteurs sont envisag s comme tant en pleine possession de leurs moyens y compris dans la mise jour de leurs connaissances sans qu il soit pour autant n cessaire de formaliser explicite ment ces connaissances Pour le dire avec les termes du droit ou des math matiques avec les r gles de l art les comp tences des praticiens sont r put es pr sentes De leur c t comme je l ai d j mentionn partir de l exemple de la pierre bleue les normes d placent quelque part ces connaissance et ces savoir faire vers les organismes qui les mettent au point et en assurent la diffusion En ce sens il y a comme un boug dans les comp Chapitre 6 M nager des marges de man uvre tences respectives des diff rents acteur
652. ut Cette recherche s int resse aux mat riaux de construction et aux architectes Elle explore les circuits le long desquels circulent les mat riaux et tudie les dispositifs dont ils sont munis pour rendre cette circulation possible Elle se penche sur les r les que jouent et sur ceux que pour raient jouer les concepteurs au sein de ces circuits et en regard de ces dispositifs Ce travail s inscrit dans le cadre d une r flexion sur la pratique de l am nagement de l espace b ti Au cours de son trajet entre son site de production et celui de sa mise en uvre c est dire le chantier de construction et m me au del lorsqu une transformation lib re des l ments constructifs un mat riau passe par de nombreuses tapes Parmi toutes celles ci le pas sage par le moment de la conception est un l ment central de cette recherche m me si d autres tapes seront galement explor es au fil de pages de ce travail Quels r les les concepteurs jouent ils au sein de ces vastes assemblages d acteurs et de dispositifs qui se d ploient le long des trajectoires des mat riaux de construction Comment les concepteurs sont ils affect s par ces assemblages et comment peuvent ils les affecter en retour R pondre ces questions engage une exploration des principales trajectoires des mat riaux de construction et un examen attentif des dispositifs dont ils sont munis au fil de ce processus C est ce quoi s attache la premi
653. ut tre qu un architecte pointilleux se lancera it lui m me dans l criture d un document quivalent qui fixerait par crit les exigences relatives ces briques Peut tre qu un autre concepteur ferait confiance son entrepreneur en partant du principe que ce dernier dispose de suffisamment d exp rience et de bon sens pour faire du bon travail Une autre attitude pour le concepteur pourrait consister effectuer lui m me la v rification des briques et tre pr sent sur le chantier lors de leur mise en uvre Quoiqu il en soit ce qui est certain c est que pour pouvoir utiliser ces briques les parties en charge respectivement de la conception et de la construction devraient trouver de nouveaux dispositifs d articu lation pour se mettre d accord Prenons un autre cas de figure Imaginons qu un ma tre d ouvrage trouve chez un revendeur toutes les pi ces d un hangar en acier qu il aimerait utiliser comme car port dans la nouvelle maison qu il est en train de faire construire Il en parle son architecte et essaye de le convaincre d int grer cet l ment dans le projet qu il est en train de dessiner S il n y avait pas ce nouveau projet le ma tre d ouvrage au rait sans doute simplement achet le hangar qu il aurait lui m me mont dans son jardin avec l aide de quelques proches un tant soit peu bricoleurs Si un jour le han gar devait poser un probl me le ma tre d ouvrage n aurait pu s en prendre qu lui m me Mais ici
654. ut en vitant que cette d finition ne s op re sur un mode exclusif ou violent l gard d autres pratiques et d autres r f rentiels Il s agit l de questions qui se posent avec une grande actualit dans le cadre de l enseignement de l architecture et par extension dans la fa on dont s organise la profession Imaginer que la d finition de la figure de l architecte ne se fasse pas a priori mais se construise au contraire dans les relations m mes qu il tisse avec d autres ac teurs ouvre des perspectives palpitantes en mati re de p dagogie Par extension une telle at tention aux attitudes potentiellement pr datrices de la construction d une identit architecturale attention que j ai associ e dans ce travail aux appels la vigilance formul s par les f mi nistes permettrait peut tre de repenser la question de la collectivisation et de la solidarit 425 Latour B Enqu te sur les modes d existence op cit p 381 440 426 C est ce qu illustrait notamment l exemple des Live Projects men s l cole d architecture de Sheffield Cf paragraphe lt 2 me piste surmonter les divisions disciplinaires gt p 270 427 La construction d une identit non exclusive et subversive est une th matique qui se retrouve de fa on peut tre encore plus centrale dans les th ories queer Celles ci envisagent en effet des productions alternatives de la subjectivit en opposition aux normes et aux identit s dominantes Il ser
655. ut se reposer sur des dispositifs qui m diatisent une fois pour toutes les diverses occurrences de cette relation Et ces dispositifs format s fonc tionnent d autant mieux qu ils sont g n ralement le r sultat d un travail intensif men par des sp cialistes au sein d instances d di es cette activit Ils b n ficient en d autres mots d un d ploiement de moyens qui les rend particuli rement efficaces Des praticiens plus isol s peinent concurrencer de telles mobilisations des ressources M me les mat riaux alternatifs ont besoin de tels dispositifs Il est n cessaire de condenser un minimum l information Il faut que les diff rents protagonistes concern s puissent s entendre sur des caract ristiques et des exigences de base C est en ce sens que je posais le probl me au d but de ce chapitre comme une sorte d alternative entre un processus d upgrade des mat riaux alternatifs pour les faire rencontrer les principales exigences de l conomie mat rielle un pro cessus dans lequel sont du reste engag s tous les promoteurs de tels mat riaux et un processus de downgrade desdites exigences un travail d une ampleur encore bien plus consid rable Bon gr mal gr les mat riaux alternatifs doivent en passer par ces processus d quipement Leurs promoteurs doivent travailler la mise au point de dispositifs ad quats et un minimum harmo nis s sous peine d en rester des occurrences tr s confidentielles D
656. ute bourgeoise Mobilis par les architectes au climax de leur processus de professionnalisation durant la premi re moiti du 20 si cle cet argument aurait t une fa on pour eux de se distinguer de leurs concurrents directs c est dire des entrepre neurs et des constructeurs qui taient d crits comme des acteurs anim s d une rationalit stric tement mercantile Pour Sarfatti Larson l argument du d sint ressement est l une des raisons id ologiques et intellectuelles qui intervient dans la construction d un projet profession nel En d autres mots cet argument serait mobilis par les architectes pour affirmer leur place dans un march o le laisser faire conomique commen ait montrer ses limites Ou encore pour relayer les propos de Florent Champy le projet professionnel est certes formul au nom de la d fense du consommateur mais il vise avant tout permettre certains professionnels de 357 s lever socialement et en prot ger d autres du d classement Sous cet angle quelque peu d terministe la notion de d sint ressement s av re nettement plus int ress e Et dans cette conomie de mise en concurrence des int r ts s il y a des gagnants il y a forc ment aussi des perdants lt professions mutilantes gt Le th oricien de l cologie politique Ivan Illich s est int ress quelques uns de ces per dants vaincus par la mont e en puissance de
657. utes les esp ces menac es par les activit s humaines les pierres de taille les d chets dangereux les plantes sauvages des prairies calcaires les ressources naturelles en g n ral etc la suite de Donna Haraway et de bien d autres chercheurs j ai adopt une position large ment intersectionnelle qui refuse de diviser trop rapidement ces diff rents domaines comme des choses distinctes et qui consid re au contraire que tous ces l ments sont li s dans une pers pective conjointe de lutte Je pense avoir montr qu un projet de construction vu travers le prisme des mat riaux qui le constituent n est pas qu un ensemble complexe de diff rents l ments constructifs C est avant tout un fameux conundrum qui renvoie de tr s multiples ques tions S int resser aux mat riaux c est rencontrer dans un m me mouvement que j ai associ ici des trajectoires dans des circuits des questions environnementales li es eux effets de la pro duction et de la mise en uvre des mat riaux sur les cosyst mes des questions sociales li es par exemple la fa on dont les transformations contemporaines du travail d terminent les rela tions sociales entre les acteurs du secteur de la construction des questions plus li es aux poli tiques publiques li es notamment la fa on dont s laborent des dispositions r glementaires et bien d autres encore Le choix de placer les mat riaux et leurs quipements
658. ux aussi passablement contraints Cette exploration sera l occasion de montrer que les dimensions les plus strictes de l conomie mat rielle ne s appliquent pas partout de la m me mani re J irai m me une tape plus loin Je poserai l hypoth se que ces pratiques informelles ou plut t formalis es diff remment j aurai l occasion de pr ciser la nuance constituent d int ressantes sources d exp rimentation pour r fl chir aux articulations qui composent actuellement les circuits de l conomie mat rielle Si ces pratiques alternatives peuvent dans certaines conditions concurrencer les pratiques cou rantes elles constituent surtout un fabuleux espace d exp rimentation l aune duquel il est pos sible de repenser en profondeur l conomie mat rielle en g n rale et la place qu y occupent les concepteurs en particulier Ce qu il y a moyen d apprendre partir du secteur du r emploi en mati re de reconfiguration des articulations de l conomie mat rielle sera l objet de la prochaine section Section 2 N uds Investir les dispositifs d articulation Les mat riaux de r emploi Pour beaucoup d architectes les circuits de l conomie mat rielle aboutissent g n ralement l assemblage particulier de mat riaux que constitue un b timent Dans les grandes lignes la mis sion des concepteurs s arr te effectivement la livraison d un ouvrage architectural Cette tape constitue de fait une sorte d abou
659. ux sont dirig es via un ventuel passage par des centres de tri plus ou moins fins vers des centrales d incin ration ou vers des centres d enfouissement tech nique c est dire des d charges Les mat riaux qui se lib rent lors de la transformation ou de la d molition d un b timent perdent une grande partie de leur valeur d usage C est d ailleurs sur cette perte de l usage que les textes l gaux europ ens construisent leur d finition des d chets entendus comme des mat riaux qui ne sont pas des produits premiers c est dire fabriqu s en vue de la vente qui ne trouvent plus d usage aupr s du producteur que ce soit des fins de production de transformation ou de consommation et dont il d sire ou doit se d faire Dans le meilleur des cas le b ton qui constituait le squelette d un b timent va devenir du remblais pour des fondations De m me des boiseries qui servaient de d corations raffin es vont devenir des particules de bois servant la fabrication de panneaux d agglom r La plupart des d chets ne sont plus consid r s que sous l angle de leur valeur d change soumise aux fluc tuations d un march assez complexe Leur valeur d usage se r sume une quantification calori fique incin ration ou mat rielle recyclage Il existe pourtant quelques mat riaux qui chappent cette issue Il faut dire qu ils sont assez rares surtout si on les compare au nombre de tonnes de d chets
660. ux tout fait contem porains tels que des profil s en acier des panneaux de polycarbonate des plaques de fibro ci ment des panneaux de bois contre plaqu recouverts de m lamine des lamin s sous haute pression high pressure laminates voire m me des installations lectriques des chaudi res ou des poign es de porte en nylon pour ne citer que quelques cas de figure La d rogation du para graphe c ne recouvre donc que tr s partiellement l ensemble de tous les mat riaux de r emploi Elle constitue par contre une br che que pourraient exploiter assez ais ment les revendeurs d antiquit s architecturales On pourrait la rigueur interpr ter dans un sens tr s large le terme fabriqu utilis dans le paragraphe a Pas plus qu il ne produit des mat riaux le secteur du r emploi ne fa brique v ritablement des produits de construction puisqu il travaille avec des l ments qui ont d j t fabriqu s En revanche l id e qu il puisse travailler avec des mat riaux individuels est s duisante De fait beaucoup d l ments pr sents dans le secteur du r emploi poss dent des caract ristiques uniques du fait de leur trajectoire singuli re M me s il existe probablement dans la r gion d autres dalles de carrelage ventuellement sorties au m me moment de l usine que celles de la petite villa aucune ne poss dera exactement la m me patine ou les m mes traces d usage Une s rie de briques peuv
661. vention de la nature traduit par BONIS Oristelle 1991 pour l d originale en anglais Paris ditions Jacqueline Chambon 2009 pp 323 353 HARAWAY Donna Un manifeste cyborg science technologie et f minisme socialiste la fin du XXe si cle Des singes des cyborgs et des femmes La r invention de la nature traduit par BONIS Oristelle Paris ditions Jacqueline Chambon 2009 pp 267 321 HARAWAY Donna Politique sexuelle d un mot l entr e genre dans un dictionnaire marxiste Des singes des cyborgs et des femmes La r invention de la nature traduit par BONIS Oristelle 1991 pour l d originale en Anglais Paris ditions Jacqueline Chambon 2009 pp 219 253 HARAWAY Donna Savoirs situ s la question de la science dans le f minisme et le privil ge de la perspective partielle 1988 L ALLARD D GARDEY et N MAGNAN dir Manifeste Cyborg et autre essais Sciences Fictions F minismes traduit par PETIT Denis et Nathalie MAGNAN Paris Exils diteur 2007 pp 107 142 HARDT MICHAEL et NEGRI Antonio Commonwealth traduit par BOYER Elsa 2011 pour l d originale en anglais Paris Stock 2012 HARDT Michael et NEGRI Antonio Empire traduit par CANAL Denis Armand 2000 pour l d originale en anglais Paris 10 18 coll Faits et causes 2004 308 Bibliographie HARVEY David The condition of postmodernity an enquiry into the origins of cultural change Oxford Angleterre
662. x architectes investir leur temps leur nergie et leur capitaux dans leur pra tique ne peut pas s expliquer uniquement par une vision critique Finalement ce qui se joue peut tre ici et ce que ma proposition d clairage tente en tout cas de refl ter c est la tension qui peut se d velopper entre la d finition institutionnelle d une profession et une pratique Cette tension est d ailleurs au c ur du tournant m thodologique pragmatiste lorsque ses tenants cherchent ne plus produire de d finition exclusive et institu tionnellement fig e de ce que peuvent tre les activit s professionnelles mais tentent au contraire de caract riser celles ci dans le vif du sujet en prenant acte de leurs multiples variations C est du reste une posture de ce type qu adopte Norman Potter dans sa descriptions des desi gners bien avant que le pragmatisme n ait fait son come back dans les travaux de sociologie fran aise Ce faisant ces recherches s loignent des d finitions fig es du r le des praticiens lt r les partag s gt Glisser du point de vue institutionnalis sur la profession des questions de pratique permet galement de ne pas placer les architectes dans une case vide Les d crire comme des prescrip teurs de mat riaux c est leur conf rer des pr rogatives que d autres m tiers partagent avec eux Les professionnels du design de l urbanisme de la construction ou de l ing nierie sont gale ment amen s
663. x mat riaux alternatifs on peut faire l hypoth se qu ils rel vent en partie de ce que l historien Carlo Ginzburg th matise par l expression paradigme indiciaire D velopp e dans un article de 1979 cette derni re permet de conceptualiser une forme de connaissance laissant une certaine place l intuition au savoir faire l interpr tation fine de petits indices Du chasseur du n olithique capable de tra quer sa proie au m decin de la Renaissance attentif une multitude de sympt mes pour identi fier la maladie en passant par le d tective ou l historien de l art capable de d celer un faux ta bleau la forme des oreilles des personnages qui y figurent Ginzburg trace les grandes lignes d une g n alogie de ce savoir li la forme s miologique de l indice Il montre que ce savoir s est cristallis de fa on plus ou moins heureuse dans une s rie de disciplines scientifiques Mais Ginzburg montre aussi qu un autre r f rentiel un autre paradigme pour reprendre les termes qu il emprunte lui m me Thomas Kuhn s est construit l aube de l poque moderne dans une opposition assez frontale au paradigme indiciaire c est ce qu il nomme le paradigme gali l en l inverse du r f rentiel indiciaire celui ci d signe un type de connaissance bas sur le symbole et ambitionnnant une port e universalisante et g n ralisante Lewis Mumford constate un glissement similaire dans son analyse de l re pal o

Le concepteur et les matériaux de construction.

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