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Philibert montre le son
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1. Auparavant tr s pr sent dans les diff rentes organisations telles que le SRF Soci t des R alisateurs de Films ou l ACID Association du Cin ma Ind pendant pour sa diffusion Nicola Philibert a mis un frein cet activisme pour laisser la place d autres ce qui ne l emp che pas d intervenir ponctuellement pour d fendre les dirigeants d une salle Art et essai le M li s de Montreuil ou le cin aste syrien Orwa Nyrabia emprisonn par le r gime d Assad Parmi les soutiens on a obtenu la participation de De Niro Deux jours apr s les ge liers ont d barqu dans la cellule d Orwa et lui ont dit Comment tu connais De Niro C est une blague ou quoi Mon ami tait partag entre la peur et le rire Le lendemain ils l ont lib r Aujourd hui il vit en Egypte o il termine un film sur la r volution et les femmes Nicolas Philibert continue tre aussi spectateur m me s il avoue aller moins souvent au cin ma Le dernier film qu il a vu est Camille Claudel 1915 de Bruno Dumont dont il a aim les paysages le beau rapport entre les arbres noueux le min ral et des personnages aux visages tordus par la vie un moment de notre conversation Philibert a perdu le fil d une id e essay toutes forces de s en rappeler sans bien s r y parvenir Si a me revient je te rappelle Il n a pas rappel Lapsus oubli b ance ellipse silence peu importe cela va
2. La Maison de la radio Les Inrockubptibles 3 avril 2013 Philibert montre le son par Serge Kaganski Dix ans apr s Etre et avoir Nicolas Philibert capte dans son nouveau documentaire les bonnes ondes de la Maison de la radio En coutant autant qu en regardant Mine de rien Nicolas Philibert s impose film apr s film comme un de nos grands cin astes un auteur de documentaires majeur de la trempe d un Frederick Wiseman ou d un Raymond Depardon On est toujours heureux de retrouver l acuit de son regard sans jugement sa science intuitive du montage la dimension romanesque et parfois comique de ses films pr lev s au d part dans le r el l heure o sort son dernier travail La Maison de la radio on se souvient qu il tait arriv il y a quelques ann es une chose peu banale cet homme discret son tre et avoir 2002 avait totalis 1 800000 entr es score de blockbuster rompant la tranquillit d un parcours de cin ma de plus de vingt ans jusque l exigeant et paisible Comment accueille t on un tel venement quand on est habitu un tiage commercial et m diatique plus modeste Le r alisateur de La Ville Louvre analyse avec son habituelle voix douce et une sereine r flexion le rapport entre succ s et d marche artistique On ne ma trise pas le succ s tre et avoir m est arriv alors que j avais d j 50 ans J ai d but dans le cin ma avec
3. tre frustr s mais cette absence d lib r e de fl chage est l une des diff rences essentielles entre le travail d un Philibert et l ordinaire du documentaire t l visuel J essaie de faire du cin ma Le documentaire est toujours victime d un malentendu sous pr texte qu on voit de vraies personnes ce ne serait pas du cin ma mais de l info Certains documentaires explicatifs sont passionnant je ne les rejette pas mais je recherche autre chose Trop souvent les docus sont regard s l aune de la fid lit un r el suppos Il faudrait que le documentaire soit repr sentatif conforme aux statistiques Je passe mon temps dire que mes films sont infid les et ce n est m me pas la question a veut dire quoi tre fid le au r el Mes films sont singuliers ce sont mes choix point Tr s sensoriel et musical La Maison de la radio n en pose pas moins un vrai regard sur le m tier de la radio et ses coulisses malgr l absence de mode d emploi Philibert n a pas non plus choisi le service public par hasard mais par go t personnel autant que par geste politique implicite Filmer le service public c est filmer une id e du cin ma et de la soci t dans laquelle l exigence du travail bien fait et du respect de l autre comptent plus que la rentabilit L homme du Pays des sourds 1992 l che cette belle phrase C est un film gr ce la radio plut t que sur la radio
4. Ren Allio un cin aste qui est reparti z ro chacun de ses films qui n a jamais capitalis Aupr s de lui j ai appris qu il faut toujours arracher la libert artistique Je n ai jamais consid r que les choses nous taient dues Il faut travailler sur ses films se battre pour qu ils soient au plus pr s de nous de nos d sirs Si le succ s arrive tant mieux a fait videmment plaisir mais l important c est de suivre son chemin Philibert n est videmment pas insensible aux r actions des spectateurs et des critiques mais il les accueille comme un change voire un apprentissage et non comme un laurier ou une sanction Les r serves mises l int ressent autant que les loges du moment que a questionne et fait avancer son travail Apr s tre et avoir il avait sign l un de ses plus beaux films Retour en Normandie dans lequel il retrouvait les protagonistes du film Moi Pierre Rivi re de son mentor Ren Allio sur lequel il avait lui m me uvr comme assistant Aussi r ussi et passionnant fut il Retour en Normandie connut un chec commercial aussi brutal et injuste que le succ s d tre et avoir fut disproportionn De quoi rendre Philibert philosophe Retour en Normandie ne pouvait pas marcher Un cin aste qui revient sur les traces d un autre film peu connu sur un fait divers de 1835 sur lequel avait crit Foucault Tout cela est trop
5. compliqu trop lointain trop dissuasif pour le public Le petit nombre de gens qui y sont all s ont beaucoup aim mais l chec de Retour en Normandie tait trop comme le succ s d tre et avoir Au bout d un moment on ne sait plus pourquoi les gens vont voir un film Ils y vont parce que a marche Le succ s g n re du succ s par un effet boule de neige Mais je ne veux pas cracher dessus non plus ce succ s a permis de faire un film plus fragile plus personnel Je suis heureux et fier d avoir fait Retour en Normandie je ne regrette pas une seconde Apr s ce film qui tait aussi un hommage ceux qui l ont aid se construire comme cin aste Nicolas Philibert a encha n avec N nette 2009 sur une vieille guenon orang outan du Jardin des Plantes un film plus mineur plus libre et spontan d cid comme on commet un crime sans pr m ditation Une respiration une pause dans le d roul suppos ment lin aire et progressif d une carri re un peu comme quand Springsteen sort l aust re et d pouill Nebraska apr s le succ s massif de The River ou quand Houellebecq publie de la po sie entre deux best sellers Sauf que Philibert ne sortait pas d un succ s et que depuis l aveuglante lumi re d tre et avoir sa route semblait tre retourn e dans l ombre de la confidentialit La Maison de la radio le ram nera sans doute vers le pre
6. bien avec son thique de cin aste
7. mier plan de l actu cin ma ce qui pourrait sembler paradoxal avec un film sur la radio sujet suppos infilmable C est la dimension sonore sans image qui m a justement donn envie de faire ce film a paraissait absurde Et puis J ai r fl chi et je me suis dit qu il y avait peut tre justement l un enjeu de cin ma Comment faire un film sur la radio sans d truire le myst re de la radio sans trop montrer Comme son habitude Philibert est parti dans cette aventure avec peu de biscuits un projet d une douzaine de pages quelques certitudes sur ce qu il ne voulait pas filmer les patrons les comptables faire un docu didactique Avec sa tr s l g re quipe il s est immerg pendant des semaines dans la Maison ronde filmant tire larigot missions vari es pr sentateurs invit s journalistes r alisateurs salles de r daction couloirs accumulant plus de cent heures de rushes Ensuite l essentiel de la construction du film s est op r e au montage J ai t guid par la musicalit des voix les timbres les accents les pleins les d li s Le montage de ce film n est pas une op ration intellectuelle mais quelque chose de l ordre du sensible D une certaine fa on je suis plus sensible aux sons qu aux images Dans le film il n y a pas de commentaire de voix off de sous titres expliquant qui parle ou quelle mission on regarde Certains spectateurs en seront peut
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