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1. galement Francis Dupuis D ri L esprit antid mocratique des fondateurs de la d mocratie moderne infra p 95 4 Ce vent punitif qui vient d Am rique Le Monde diploma tique avril 1999 voir galement La mondialisation de la tol rance z ro infra p 127 et Les Prisons de la mis re Raisons d agir 1999 5 La Revue socialiste n 1 printemps 1999 p 34 et 142 6 Esprit Le pari de la r forme mars avril 1999 Hannah Arendt dressait pour les ann es 1930 un constat trangement actuel Le d velop pement prodigieux de toutes les forces industrielles et conomiques entra na l affai blissement constant des facteurs purement politiques tandis que simultan ment les forces purement conomiques pr dominaient de fa on toujours croissante dans le jeu inter national du pouvoir Le pouvoir devint syno nyme de puissance conomique devant laquelle les gouvernements devaient s incli ner Telle tait la raison pour laquelle ces gou vernements m avaient plus qu un r le totale ment vide d nu de repr sentation et sombraient de plus en plus ouvertement dans le th tre voire l op rette L op rette avec les batailles de polochons autour de la mairie de Paris les escarpins de Roland Dumas ou la guerre des paillotes on y est en plein Et on sait d exp rience quoi aboutit cette re des d politisations Car la propri t priv e des moyens de2. Destra e Sinistra le philo sophe italien Norberto Bobbio faisait de cette revendication galitaire ultime crit re de par tage entre la gauche et la droite Si l on s en tient une d fense purement axiologique de l id e de gauche ce crit re est pourtant bien fragile et incertain lui r pondit en substance Perry Andersen 13 A s en tenir au crit re de Bobbio la gauche sous h g monie social d mocrate n est d j plus tout fait elle m me Son ralliement un lib ralisme temp r l individualisation salariale la flexibilit multiforme et la privatisation de la protec tion sociale fait tourner plein r gime la ma chine in galitaire broyer les solidarit s L appropriation sociale Il y a juste cinquante ans dans le premier num ro de la Monthly Review am ricaine Albert Einstein crivait Le moteur du pro fit li la comp tition entre capitalistes est responsable de l instabilit dans l accumula tion et l utilisation du capital qui conduit des d pressions de plus en plus s v res La concurrence d brid e provoque un norme g chis de travail Je suis convaincu qu il y a une seule voie pour liminer ces graves plaies c est dire l tablissement d une co nomie socialiste accompagn e d un syst me ducatif orient sur des priorit s sociales Dans une telle conomie les moyens de pro duction seraient poss d s par les soci
3. compens s et la social d mocratie a t associ e au fordrisme et la m diocrit au lieu d incarner la cr ativit la di versit et la performance Un emploi pour la vie enti re cette notion est d pass e Les sociaux d mocrates doivent r pondre aux exi gences de plus en plus grandes de flexibilit et en m me temps maintenir des normes so ciales minimales Le niveau des d penses de l Etat a plus ou moins atteint les limites de acceptable Les sociaux d mocrates mo dernes reconnaissent que quelques r formes fiscales et des baisses d imp ts peuvent contri buer grandement r aliser leurs objectifs en mati re sociale Les entreprises doivent avoir suffisamment de marges de man uvre Les march s du travail du capital et des biens doi vent tous tre flexibles Un syst me de s curit sociale qui finit par entraver les capaci t s trouver de emploi doit tre r form C est une v ritable d claration de guerre sociale en pr vision du choc de la r cession venir Le discours d un Lionel Jospin tel qu il est repris dans le premier num ro de la revue th orique du Parti socialiste appara t d un 17 Le Monde 11 mai 1999 18 Alain Touraine Comment sortir du lib ralisme Fayard 1999 Esprit Le pari de la r forme mars avril 1999 19 Henri Weber Troisi me voie o sont les divergences Le Monde 20 juin 1999 20 Sur les mirages et les
4. part intellectuelle Contre les pi ges de la troisi me voie La naturalisation des rapports sociaux est une caract ristique majeure du discours lib ral Dans un entretien au journal Le Monde le politologue Jean Baechler d cr tait ainsi en toute simplicit politologique que la d mocra tie est le r gime politique naturel de l esp ce humaine Au lendemain de la d mission d Os kar Lafontaine Lib ration titrait de m me sur le ton de la jubilation La victoire de l co nomie 1 Ce fut alors un concert d auto congratulations triomphale Je f licite l Alle magne Wim Duisenberg pr sident de la Banque centrale europ enne On ne peut pas faire de politique contre la mondialisa tion Ludolf von Wartenberg secr taire g n ral de la f d ration de l industrie allemande Le temps des politiques de redistribution est r volu l conomie s est rebell e contre une politique en contradiction avec la comp tition internationale Gunter Albrecht conomiste des chambres de commerce allemandes en fin On ne peut pas faire de politique contre l conomie Gerhard Schr der chancelier du Nouveau centre A la diff rence de Tony Blair ou de Schr der Lionel Jospin ma pas son id ologue officiel son Anthony Giddens ou son Bodo Hombach Les lucubrations d une troisi me voie la fran aise wen sont qu leurs premiers balbu tiements Stimul par
5. appelle un capitalisme terminal et Michel Surya un capitalisme sans dehors un monde anthropologiquement et cologique ment inhabitable pris dans le carcan de plus en plus irrationnel de la mesure marchande une soci t postpolitique qui tend en finir avec la d mocratie au nom de la d mocratie 3 A l encontre de la mythologie lib rale la sauce Tony Blair l all gement de l Etat cono mique et de l Etat social ne signifie pas un largissement des libert s mais un renforce ment de l Etat p nal carc ral et policier en attendant la privatisation p nitentiaire et emprisonnement but lucratif Le discours anglo saxon sur la tol rance z ro conduit tout droit comme le souligne Lo c Wacquant aux obligations de la citoyennet et au sala riat forc la p nalisation et la criminali sation de la mis re 4 La tentation d un r pu blicanisme autoritaire disciplinaire sans ambition sociale n est au fond que l envers de cette spirale lib rale qu il pr tend combattre Qui poss de dirige Cette tendance lourde la privatisation lie troitement la question sociale la question d mocratique Elle a en effet pour corollaire le d p rissement de la vie publique dont 3 Jean Claude Mich a L Enseignement de l ignorance ditions Climats 1999 voir galement L Ecole du Capitalisme total infra p 143 et Michel Surya De la Domination Farrago 1999
6. juillet 1999 2 Voir Jean Paul Mar chal Quand la biodiversit est assimi l e une marchandise Le Monde diplomatique juillet 1999 Richard Lewontin amp Jean Pierre Berlan La menace du com plexe g n tico industriel Le Monde diplomatique d cem bre 1998 et La Privatisation du vivant Agone Editeur 2000 s tend tr s naturellement aux services tels que l ducation ou la sant Le rapport Attali sur l enseignement sup rieur exhorte ainsi les universit s l esprit d entreprise Dans la perspective de la r union de Seattle de lOr ganisation mondiale du commerce de novem bre 1999 Mre Charlotte Barshefsky repr sentante sp ciale du pr sident Clinton pour le commerce a demand la Coalition des indus tries de service de pr ciser ses desiderata pour pouvoir les soutenir dans les n gociations internationales La r ponse de ladite coalition a valeur de programme Encourager l exten sion de privatisations promouvoir la r forme des r glementations dans un sens qui favo rise la concurrence obtenir l acc s aux mar ch s et le traitement national permettant la fourniture transfrontali re de tous les services de sant enfin faire admettre le droit de propri t priv e trang re majoritaire dans les tablissements de service de sant La logique socialement d vastatrice de la privatisation ne s arr te pas en si bonne voie Elle s est d j propag e la mo
7. la victoire lectorale des sociaux d mocrates allemands Henri Weber dans cet exercice de vulgarisation o il excelle r sumait en trois mots la r ponse marxiste classique aux aspirations la d mocratie politique l galit des chances et la ma trise collective de l avenir nationa lisation planification autogestion A ce triple d fi r volutionnaire la social d mocratie en sa grande sagesse historique aurait r pliqu par l conomie mixte lEtat providence et le soutien keyn sien la demande et l investis sement Cette vieille querelle serait d sormais obsol te Une troisi me r ponse une nou velle figure du socialisme d mocratique s la bore aujourd hui l affirmation d une nouvelle offre politique manant de la social d mocra tie 11 C est presque aussi pr cis que du Gid dens en personne De son c t Zaki La di reconna t volon tiers que le gouvernement Jospin a son actif davantage de privatisations que le gouver nement Jupp Il s en f licite chaleureuse ment car le r gime de la propri t n est plus aujourd hui essentiel et la mont e des fonds de pension dans la r gulation financi re sic est l pour souligner que le durcissement de la comp tition n est pas incompatible avec le d veloppement d un capitalisme populaire La propri t publique serait m me devenue un handicap la mobilisation des ressour ces Aussi e
8. limites du keyn sianisme voir Jacques Luzi Sauver le capitalisme ou se sauver du capita lisme infra p 63 classicisme d suet en regard du vent moder nisateur qui souffle d outre Manche Comme l crit Donald Sassoon ce qui est nouveau dans le nouveau Labour c est qu il ne remet tra pas en cause les dogmes de base du that ch risme non seulement rien ne sera rena tionalis mais il y aura davantage de privatisations et la stabilit des prix restera la priorit on pr servera la dissuasion nu cl aire l Otan sera d fendue Aussi Ga vyn Davies g rant associ de la grande banque Goldman Sachs peut il jubiler lorsqu on lui demande quel est ses yeux le plus grand acquis de l quipe travailliste de puis son arriv e au pouvoir D avoir laiss en place les r formes introduites par les conser vateurs entre 1979 et 1997 voire d en avoir accentu certains aspects 17 De m me que la rh torique de la citoyen net est d abord l indice d un manque celle de la r forme est le signe indubitable d un absentement d Alain Touraine la revue Esprit l heure est aux aventuriers de la r for me perdue 18 Pr pos au gardiennage id ologique du Parti socialiste Henri Weber s vertue ainsi pr senter la gauche plurielle comme le fleu ron du r formisme classique Pour nous une politique macro conomique active reste n ces saire pour assurer une croi
9. pro duction et d change n est pas un choix tech nique de gestion parmi d autres C est aussi surtout un rapport despotique de pouvoir dans l entreprise et dans la soci t Qui pos s de dirige nous a rappel l ditorialiste du Monde Jadis par del leurs divergences stra t giques les diff rents courants du mouve ment ouvrier libertaires communistes so cialistes de toutes nuances taient au moins d accord sur ce point La propri t c est le pouvoir Aujourd hui Lionel Jospin se per met de d clarer en toute qui tude Notre poli tique industrielle a d pass la question de la propri t des moyens de production Et Lau rent Fabius de pr ciser avec ce lyrisme de per choir qui caract rise sa rh torique dominicale Maintenant ce probl me malgr son r le central dans la pratique et la r flexion de la gauche au XX si cle est derri re nous m me si comme parfois la lumi re des toiles on continue en discuter alors qu elles ont dis paru depuis longtemps 5 Ni le postcommu nisme de Robert Hue ni l colib ralisme de Daniel Cohn Bendit ne se formalisent de ces adieux l appropriation sociale Ces renoncements s inscrivent en effet dans une tendance lourde l chelle europ enne Historien britannique du socialisme Donald Sassoon souligne ainsi que la troisi me voie th oris e par Anthony Giddens n a pas grand chose dire su
10. Daniel Bensa d Droit de d tresse et appropriation sociale Initiatives citoyennes rencontres citoyennes et m me entreprises citoyennes ce jargon de la citoyennet porte t moignage d un man que L espace public r tr cit comme une peau de chagrin Une logique de privatisation g n ralis e vide le jeu politique d enjeu Il y a bien s r la privatisation des entrepri ses En septembre 1998 Jean Claude Gayssot ministre communiste des Transports d cla rait au Grand jury RTL Le Monde Le gouver nement n a pas comme d marche en tout cas exprim e une logique de privatisation Ce qui ne veut pas dire qu il ne privatise pas dans tel ou tel cas Il ne s en est pas priv Il aura privatis en deux ans une valeur de 175 milliards en francs constants dont 65 mil liards en 1999 soit plus que les gouverne ments Balladur et Jupp r unis respective ment 113 milliards et 32 milliards France T l com Thomson CIC Gan Air France A rospatiale Cr dit lyonnais etc Il faut y ajouter les ouvertures de capital terme consensuel pr parant le terrain de nouvelles privatisations comme EDF Lau rent Fabius le dit tout net Tout ce qui est concurrentiel a vocation terme tre priv Puisque la loi du march est celle de la concur rence le reste coule de source Dans une soci t qui entend faire marchan dise de tout cette logique de privatisation 1 Le Monde 17
11. de la puissance publique comme la r quisition des locaux des moyens de trans port des moyens de production 15 On d montrerait sans difficult que les atteintes multipli es l int grit et la dignit des personnes par la pr carit et l ex clusion justifient aujourd hui un tel tat d ur gence Les revendications des sans sans logis sans emploi sans papiers sans rien illustrent bien cette opposition entre deux logi ques et deux droits L tat d urgence sociale ne ferait donc que r activer un principe reconnu par le droit public fran ais selon lequel le droit de propri t n est pas un droit absolu mais seulement une libert qui s exerce dans les limites compatibles avec les besoins de la collectivit Ce principe est au fondement du droit des services publics et de appropria tion sociale De m me alors que en 1998 3 5 du produit int rieur brut soit 17 du budget sont all s au paiement des seuls in t r ts annuels de la dette publique alors que en 1999 pr s de 240 milliards vont aux mar ch s financiers quand le budget de la sant et de la solidarit ne d passe pas les 80 milliards et celui de la politique de la ville le mis rable milliard le droit de d tresse justifierait am plement l adoption d un moratoire sur la dette publique et la suspension des remboursements sur les missions de titres faites par les gou vernements pr c dents Retour du s
12. e Monde 1 septembre 1998 13 Voir la correspondance Anderson Bobbio in New Left Re view n 231 1998 14 R dit l occasion du 50 anniversaire de la Monthly Review mai 1998 des leviers de politiques publiques Oui les compagnies des eaux Vivendi de l nergie des transports des communications doivent tre socialis es pour garantir par la p r quation tarifaire un service de qualit gale prix gal pour toutes et tous et pour conduire une politique de d veloppement durable Oui la subordination de l conomie la citoyen net de l int r t priv l int r t g n ral des profits aux besoins collectifs implique toujours une d mocratie participative d en bas du contr le populaire et de l autogestion les dix ans d exp rience des budgets participatifs au Br sil montrent que ce n est nullement irr a liste Oui la redistribution des richesses et la d finition des priorit s sociales d duca tion ou de sant qui r pondent des besoins non solvables en termes marchands exigent une planification d mocratique moyen terme des objectifs et des ressources En y renon ant la social d mocratie glisse par la troisi me voie vers le nouveau centre Elle est encore de gauche sans doute de gau che h las serait on tent ajouter dans la mesure o elle recueille les suffrages popu laires et se r clame encore de l galit Dans son livre de 1994
13. e entre les lib raux libertaires et les radicaux r volutionnaires paradoxalement d accord pour faire croire que le capitalisme et la d mocratie sont l envers et l endroit indis sociables d une m me toffe les premiers pour c l brer leurs noces ternelles les seconds pour rejeter la d mocratie en m me temps que le capital Si c est nous entre autres que ce discours s adresse il porte faux La d mocratie a son histoire ses m tamorphoses ses modalit s Et le capitalisme a les siennes Notre propos est au contraire de les dissocier de montrer que loin d tre le fondement natu rel de la d mocratie la logique intime du capi tal en est la n gation potentiellement totali taire La querelle renvoie il est vrai un probl me beaucoup plus vaste concernant l id e que l on se fait de la notion m me de d mocratie Mais la pr occupation d Alain Touraine ou d Olivier Mongin est plus imm diate Tous deux expriment la crainte de voir face aux cons quences d sastreuses des politiques li b rales pour la coh sion sociale un retour en force de la lutte des classes sous ses formes radicales L hiver 1995 a repr sent un coup de semonce confirm depuis par la r surgence de radicalit s sociales et politiques Comme l invocation sans mode d emploi d une sortie imaginaire du lib ralisme l apo logie du parti virtuel de la r forme n a d autre but que de conjurer le retour du sp
14. ectre r vo lutionnaire Pour Touraine rien de plus urgent que de bricoler la h te face la troisi me voie de centre droit une voie deux et demi de centre gauche L ventail des possibles se r duirait en somme d sormais au choix du juste milieu entre deux centres entre les demi teintes et les demi mesures entre les extr mes du centre Allez vous tonner dans ces conditions que la politique la citoyennet et la d mocratie soient affreusement malades Revue Agone n 22 1 septembre 1999
15. isme fran ais A y regarder de plus pr s cet action nariat salari dans les entreprises privatis es ne repr sente que 6 du capital dans le cas de la Seita 3 3 Rh ne Poulenc 3 2 France T l com 2 5 TF1 et 2 P chi ney Il n y pas de quoi bouleverser les rapports de pouvoir dans l entreprise L hymne la nou velle association capital travail remplit en revanche une fonction id ologique limpide convaincre le salari que en se licenciant lui m me en tant que producteur il soigne ses int r ts en tant qu actionnaire La dispersion des petits porteurs laisse en r alit un pouvoir quasi absolu aux action naires majoritaires Le th me d sormais la mode du gouvernement d entreprise la cor porate governance consacre ce pouvoir despo tique anonyme de l actionnariat qui diff re de la vieille propri t familiale comme du sim ple r gne des managers Pour leurs place ments les fonds de pension exigent ainsi un taux de rentabilit annuel de 15 minimum par an Ce fameux ROE retum on equity n est autre que le pseudonyme l gant de pro fit Les b n fices des trente premi res entre prises fran aises ont ainsi augment de 30 en moyenne en 1998 La BNP a vu bondir son profit net de 78 au premier semestre 1999 avec un profit net de 3 5 milliards de francs 7 Bref r sume le directeur des affai res financi res du Cr dit lyonnais le ROE est but et mes
16. juri diques allant des transferts purs et simples de propri t des conventions structurante sous autorit des pouvoirs publics en passant par la reconnaissance de droits r els nouveaux aux collectifs de salari s de consommateurs ou d usagers 15 Droit de d tresse amp puissance publique La crise qui dure la d voration lib rale de les pace public par le capital le d mant lement m thodique des acquis sociaux aiguisent la contradiction r v l e par la R volution fran aise entre le droit de propri t et le droit l existence Dans les Principes de la philosophie du droit Hegel soutient la primaut du droit de d tresse sur la propri t juridique La par ticularit des int r ts de la volont naturelle condens e dans sa simple totalit est l tre personnel comme vie Celle ci dans le danger supr me et dans le conflit avec la propri t juridique d autrui a un droit de d tresse faire valoir non comme concession gracieuse mais comme droit en tant que d un c t il y a une violation infinie de l tre et donc une absence totale de droit et de l autre la viola tion seulement d une existence limit e de la li bert Ce droit de d tresse implique limmu nit du d biteur lorsque son existence en tant que personne particuli re est menac e On lui laisse ses outils d atelier et ses instruments de culture pour autant que cela est consid r n cessaire pour ser
17. nnaie l ind pendance des banques centrales par rapport aux pouvoirs publics revient en privatiser la gestion l information virtuose des r seaux Vivendi r investit dans le c ble les superpro fits r alis s dans la tuyauterie la ville on voit surgir comme en Am rique latine des quartiers ferm s pour riches avec cl tures gu rites et gardiens priv s la violence sous forme de mafias de milices et d un march s curitaire au droit avec la mont e en puis sance des arbitrages priv s r put s rapides et confidentiels le march du droit gagne du ter rain au d triment de la loi A la solidarit publique enfin travers l av nement annonc des fonds de pension sous le pr texte hypocrite de promouvoir un capita lisme populaire ce propos l ditorialiste du Monde saluant les succ s financiers des privatisations Jospin met clairement en vi dence l engrenage Avec intelligence avec habilet et avec parfois une dose certaine d hy pocrisie le gouvernement Jospin a donc achev en deux ans la privatisation de l ensemble des entreprises du secteur concurrentiel Un autre tabou doit maintenant tre lev pour favoriser la constitution d un v ritable capi tal car les investisseurs trangers disposent par le biais des fonds de pension notamment d un pouvoir leur permettant d imposer leur loi aux entreprises et d arbitrer les batailles bou
18. pectre r volutionnaire Au lendemain des lections allemandes de l automne 1998 la social d mocratie et ses alli s se trouvaient la t te de onze gouverne ments sur les quinze de l Union europ enne un social d mocrate hollandais se trouvait la t te de la Banque centrale et quelques mois plus tard Romano Prodi devenait pr si dent de la Commission europ enne On allait voir ce qu on allait voir apr s une cure d aus t rit impos e pour satisfaire aux crit res de convergence de Maastricht et pour parvenir l closion de l euro l Europe allait conna tre un virage keyn sien et un vent de r formes sociales On a vu A la veille des lections europ en nes de juin 1999 le sommet de Cologne a accouch d un souriceau social aucune mesure chiffr e pour l emploi aucun objectif de crois sance tout juste un vague projet de conf rences sociales annuelles sans pouvoir de d cision Pire d s le lendemain du sommet Tony Blair z et Gerhard Schr der rendaient public leur ma nifeste pour un nouveau centre europ en Ce credo social lib ral est une sorte d adieu solen nel l Etat providence L Etat doit soutenir les entreprises mais ne pas se substituer elles Dans le pass la promotion de la justice sociale a souvent t confondue avec l exigence de l galit Du coup le sens de l effort person nel et celui de la responsabilit ont t igno r s ou n ont pas t r
19. r la question de la propri t dans une conomie capitaliste Ce n est pas seulement que cette question est consid r e comme secondaire mais le Labour semble avoir accept l id e que l entreprise priv e est toujours plus efficace en d pit des perfor mances catastrophiques des compagnies priva tis es comme celles des chemins de fer 5 La loi du march n est pourtant pas une technique conomique mais un rapport social coh rent o la propri t priv e la concurrence impitoyable la course au profit et l exploita tion du travail font syst me Michel Rocard fit nagu re sensation en proclamant sans d tours devant un parterre patronal qu on ne biaise pas avec le march car sa logique est globale C tait en 1977 Quant Laurent Fa bius il exprimait d s 1988 un trouble identi taire profond S il est assur ment d mocra tique en quoi notre projet est il socialiste Pour le dire de fa on provocante que reste t il de l inspiration anticapitaliste du socialisme des origines et de notre propre programme de 1972 Contrairement ce que pr tendent les apo logies l nifiantes de l association capital tra vail par l actionnariat salari la diss mina tion des titres de propri t est parfaitement compatible avec la concentration croissante des pouvoirs qu elle conf re Le Monde du 2 mars 1999 titrait en fanfare Le succ s de lactionnariat salari bouleverse le capital
20. rsi res en cours ces fonds anglo am ri cains la France doit pouvoir opposer les siens proclame l ditorialiste anonyme soudain converti au souverainisme conomique Car conclut il avec un sens remarquable de la for mule qui poss de dirige Nous saurons nous souvenir de cette maxime du social lib ralisme triomphant Insatiable l app tit priv s empare aussi du vivant avec ce que le mouvement Attac d nonce comme un hold up des entreprises transnatio nales et l appropriation priv e du patrimoine naturel et g n tique mondial assimil sans vergogne une marchandise Dans les pays du tiers monde frapp s de plein fouet par la r cession y compris ceux qui comme le Br sil ou l Indon sie semblaient les mieux partis sur la voie du d veloppement cette marchandisa tion prend la forme triviale des ventes d or ganes et de sang du brevetage effr n des res sources naturelles Ce que Ricardo Petrella appelle le bien commun n est pas pargn Le ph nom ne n est pas nouveau en ce qui concerne la terre et la propri t fonci re Il l est davantage avec la privatisation de l eau ou avec la revendication am ricaine aux som mets de Kyoto et de Buenos Aires d instituer un march mondial des droits polluer per mettant aux pays riches gros pollueurs de ra cheter aux pays pauvres peu pollueurs leur part de nuisance sur lair commun Il en r sulte ce que Jean Claude Mich a
21. ssance forte dura ble respectueuse de l environnement et riche en emplois Cette d claration d intention a valeur d autocritique tant la politique r elle ment existante du gouvernement de la gauche plurielle la contredit terme terme Adepte de la m thode Cou le s nateur se contente de r p ter sans le d montrer ce serait difficile que sur le plan conomique le New labour est n olib ral le Parti socialiste n okeyn sien Il est vrai ajoute t il que ces opposi tions li es aux diff rences de situations natio nales renvoient des d saccords id olo giques 19 Et seulement id ologiques Car pratiquement tout s arrange et s accorde On sait en effet ce qu il est advenu du virage key n sien annonc apr s les lections alle mandes de septembre 1998 29 Devant cette spirale social lib rale Olivier Mongin et Marc Lazar s interrogent dans Esprit sur les forces et les faiblesses du parti de la r forme et appellent instamment penser la r forme L exercice se r duit vite la pens e virtuelle d un objet introuvable De Mitterrand Jospin la gestion loyale du capital a en effet produit un r formisme sans r forme Les socialistes de march se sont em ploy s discr diter la r forme aussi m thodi quement que les staliniens la r volution Aussi est il path tique de voir les ditorialistes d Esprit chercher d sesp r ment une voie m dian
22. st elle appel e dispara tre de la r gulation des rapports marchands Mais le march est un construit social imparfait re sic La gauche se d finirait donc d sor mais comme un mouvement qui accepte l co nomie de march mais refuse le glissement vers la soci t de march 2 Ces variations sur la troisi me voie ont en commun d va cuer la question de la propri t La r vision par le New Labour de Tony Blair de la fa meuse clause IV des statuts du parti visait notamment supprimer toute r f rence la propri t publique Contrairement ce que pr tendent Henri Weber et Zaki La di la crise sociale et l exclu sion manifestent un d r glement g n ralis de la mesure marchande fond e sur la pro pri t priv e et le profit La crise cologique t moigne pareillement de l incommensura bilit entre le temps long de l cologie et les arbitrages imm diats de la logique marchande La conjugaison de ces deux crises remet bel et bien sur le tapis la question br lante des rapports de propri t La d fense des principes du service public dans les gr ves de l hiver 1995 la question du bien commun et les d bats sur la protec tion sociale et les fonds de pension impliquent un largissement de l espace public au lieu de sa privatisation Oui les banques les assu rances renflou es comme le Cr dit lyonnais grand renfort de fonds publics doivent tre 12 L
23. t s elles m mes et utilis s de mani re planifi e Une conomie planifi e qui ajuste la production aux besoins de la communaut distribuerait le travail faire entre tous ceux qui sont en tat de travailler et elle garantirait l existence tout homme femme et enfant 4 Pas si na f le vieil Albert ajoutait que l conomie planifi e n est pas encore le socialisme car elle peut aller de pair avec la servitude per sonnelle Comment est il possible de prati quer cette rationalit d mocratique en cono mie en vitant la bureaucratie La question reste pos e Mieux vaut cher cher la r ponse que de supprimer la question Car seule la propri t publique permet de prendre correctement en compte les externa lit s de d velopper des strat gies d am nage ment d imprimer une volont politique ad ministration des choses Nous parvenons ainsi un nouveau stade du d veloppement du concept de propri t celui de l appropriation sociale Il tient compt de la diversification des finalit s du service public Il ne se r duit pas au transfert juri dique ma s implique la primaut de l int r t g n ral dans l organisation de la soci t ce qui signifie que l intervention d mocratique des travailleurs sur l organisation et les fina lit s du travail rev t autant d importance que le statut formel de l entreprise ou du service Il peut enfin recouvrir diverses formes
24. ure de tout 5 7 Les chos 11 mai 1999 8 Le Monde 25 mai 1999 9 C est uniquement pour am liorer le score Elf que son pr sident Philippe Jaffr annonce sans autre raison des sup pressions d emploi dans le B arn crivait Pierre Lebaube dans Le Monde 10 Le Monde 16 f vrier 1999 Lib ration 14 mars 1999 11 Le Monde 29 septembre 1998 Il est de bon ton aujourd hui de consid rer la th orie de la valeur travail comme une vieille lune Il faut pourtant bien expliquer le miracle moderne de la multiplication des pains ou des int r ts comment avec une croissance de 2 3 g n rer des plus values boursi res de 15 30 La r ponse n est ni nouvelle ni myst rieuse en flexibilisant et en intensifiant le travail en utilisant la pression de l arm e industrielle de r serve autrement dit en augmentant le taux d exploitation C est le sens des charrettes massives de licencie ments accompagnant les concentrations et fusions ou de la traque aux temps morts pour rapprocher le temps de travail effectif du temps l gal l occasion des n gociations sur les 35 heures ou encore du casse t te que constitue la mesure du temps de travail des ca dres Le temps de travail abstrait demeure en somme la mesure de toute chose sociale mais comme l avait pr vu Marx une mesure de plus en plus irrationnelle au fur et mesure que se d veloppent la socialisation du travail et sa
25. vir son entretien en te 15 Voir Anicet Le Pors Le Monde 23 septembre 1998 16 Fran ois Chesnais in Carr rouge n 10 janvier 1999 nant compte de sa situation sociale La d tresse r v le ainsi la finitude et par suite la contingence du droit aussi bien que du bien tre Il y a quelques mois les gazettes rapport rent le fait divers d une m re de famille ch meuse comparaissant devant un tribunal pour avoir vol de la nourriture l talage d un su permarch afin d am liorer l ordinaire de sa prog niture Il est peu probable que les juges de ce proc s aient eu en m moire ce 127 de la philosophie h g lienne du droit En vertu du code p nal en vigueur et de l tat de n ces sit qu il reconna t ils relax rent pourtant en premi re instance la m re coupable L affaire devrait avoir valeur d exemple Apr s des inondations un cyclone ou une forte gr le les pouvoirs publics d cr tent un tat de catastrophe naturelle Ils devraient pou voir d cr ter pareillement un tat d urgence conomique ou de catastrophe sociale lorsque plusieurs millions de personnes sont priv es de droit l emploi au revenu au logement ou aux soins La d claration d tat d urgence repr sente d ailleurs le fondement juridique classique du droit public fran ais autorisant dans des circonstances exceptionnelles l em ploi par un gouvernement de certains moyens d exercice
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