Voyage au cœur du labyrinthe textuel de J`habite
Contents
1. autre conception de la r alit Oublier qui il est vrai ment annihiler son sens critique et se d finir par un formatage t l visuel afin de se mouler au rythme compulsif du capitalisme et abandonner son cerveau aux lois de l offre et de la demande La t l r alit devient pour Delaume une sorte d exp rience de rencontre avec des figurines des rencontres o l impr vu est contr l et o la cr ation d un nouvel organe dans le cerveau du t l spectateur JHT 112 est provoqu e Son raisonnement se d veloppe autour d une r flexion sur Videodrome le film de David Cronenberg qui ne fait pas seulement figure de fiction mais galement de dispositif cr par la soci t Spectacular Optical qui est dirig e par le leader d une organisation politique d extr me droite dont le but est d assujettir terme un maximum d individus l chelle 10 Ma vie n est plus que rendez vous beaucoup de gens s adressent moi ils ne prononcent jamais mon nom mais je suis le t moin et la partie prenante Des liens se cr ent se tissent et se resserrent Je reconnais les arch types et les profils des figures qui me donnent rendez vous dans la t l vi sion Je pr f re parfois leur pr sence celles qui me sont impos es dehors en dehors du salon et donc parfois tr s loin de la t l vision JHT 94 Voyage au c ur du labyrinthe textuel de J habite dans la t l vision m moire musement et r2. fait sienne la voix de la t l vision Le sujet ne pense plus il s cr te D sormais il para t JHT 97 Delaume rend donc compte de cette ouverture de l espace priv du spectateur des sentiments et des associations aptes l industrie de la publicit Hammer et McLaren 1992 24 la fois par l utilisation d un vocabulaire scientifique riche et par la description des effets qu elle ressent suite son exp rience accentuant ainsi l effet de r el de sa narration Mais par l explication et la d monstration elle tente surtout de combattre le pouvoir d homog n isation et d unifica tion que produit la t l vision qui par une forme de double encodage rehistoricise et r duit l h t rog n it et l instabilit des m moires pro fondes et des associations une correspondance mim tique avec le r el Hammer et McLaren 24 Afin d intensifier son propos et de d montrer comment l industrie t l visuelle proc de pour alt rer le r el en le manipulant le transformant et en l adaptant au jeu de la s duction l auteure utilise en exemple une fabrication exclusive au petit cran la t l r alit Il s agit effectivement d une illustration de la mani re dont la r alit peut tre d form e car sa version t l visuelle tente de mettre en spectacle la vie quotidienne afin que le t l spectateur puisse se reconna tre travers l cran et troquer son reflet pour une
3. images elle prouve les diff rentes facettes du neuromarketing celui que Patrick Le Lay pr sident directeur g n ral de TF1 l poque met en application sur cette cha ne J habite dans la t l vi sion devient alors un v ritable carnet de bord qui informe d abord le lecteur de l avanc e de son exp rience mais qui devient galement un espace de savoirs Delaume y int gre de nombreuses sources scientifiques permettant de d voiler le jeu de la classe poss dant des int r ts commerciaux qui utilise la publicit comme moyen d assurer la r ussite de ses activit s commerciales Pour ce faire elle rapporte directement les propos de divers sp cia listes comme ceux du professeur Clinton Kilts qui utilise des tech niques issues des avanc es de la neurotechnologie afin d agir directe ment dans le cerveau des consommateurs en stimulant leur zone de march JHT 31 Par agencement de ces affirmations des expli cations d ordre anatomique Delaume s occupe galement de restituer le savoir s effritant au contact du discours publicitaire cette partie du cerveau humain tant convoit e par les publicitaires se nomme le cor tex pr frontal m dian une terminologie qui leur yeux ne doit s em ployer que dans un contexte scientifique Il leur est donc n cessaire de traduire ces termes en un langage qui leur est propre afin de lassimiler l univers du neuromarketing mais qui en contrepartie l l
4. travail de cr ation est pour elle un laboratoire expo sant le lectorat aux formes kal idoscopiques de 1 Delaume Chlo S crire mode d emploi 11 p En ligne lt chloedelaume net ressources divers standalone_id1 cersiy pdf gt Dor navant les r f rences ce document seront inscrites dans le corps du texte et pr c d s de l abr viation ME Il en sera de m me pour J habite dans la t l vision et l abr viation JHT Deneault Marjolaine Voyage au c ur du labyrinthe textuel de J habite dans la t l vision m moire musement et r sistance dans l criture autofictionnelle de Chlo Delaume Corps et nation fronti res mutations transferts Postures 2014 p 127 138 128 Corps et nation fronti res mutations transferts l autofiction afin de prot ger son je multiple du grand tout col lectif homog n isant que l on retrouve dans la communaut des t l spectateurs de J habite dans la t l vision Il s agit de son exp rience romanesque 07 se d roulant sur une p riode de 22 mois et o elle se livre au grand flux de la t l vision JHT 9 pour observer les trans formations de son corps et de sa pens e l aide de sa narration propre un je fort et ind pendant qui tente de se distancier du discours anni hilant de ce m dia Avec le r ceptacle corporel qu elle met en place dans ce travail fictionnel et qui lui permet de se soumettre la log
5. OSSUR REVUE critique litt raire Voyage au c ur du labyrinthe textuel de J habite dans la t l vision m moire musement et r sistance dans l criture autofictionnelle de Chlo Delaume Marjolaine Deneault Pour citer cet article Deneault Marjolaine 2014 Voyage au c ur du labyrinthe textuel de J habite dans la t l vision m moire musement et r sistance dans l criture autofictionnelle de Chlo Delaume Postures Dossier Corps et nation fronti res mutation transfert n 20 En ligne lt http revuepostures com fr articles deneault 20 gt Consult le xx xx xxxx D abord paru dans Postures Dossier Corps et nation fronti res mutation transfert n 20 p 127 137 Pour communiquer avec l quipe de la revue Postures notamment au sujet des droits de reproduction de cet article postures uqam gmail com 5 D D m v E ay T Le Voyage au c ur du labyrinthe textuel de J habite dans la t l vision m moire musement et r sistance dans l criture autofictionnelle de Chlo Delaume e m appelle Chlo Delaume Je suis un personnage de fiction C est ainsi que se pr sente l auteure qui a choisi l criture pour se r approprier son corps ses faits et gestes et son identit ME 2 en utilisant un nom fictionnel emprunt Boris Vian la Chlo de L cume des jours et Antonin Artaud L Arve et l Aume Le
6. ce 15 27 en racontant l origine de cette 8 plusieurs reprises Delaume interpelle son lectorat en soulignant son inaction et son indiff rence face l empire t l visuel Vous dites je me d tends devant la t l vision Lascifs et d chauss s quand vous fixez l cran c est pour vous oublier Vous m mes oui votre corps votre esprit et la journ e subie La tension les soucis l usure de los de vos poignets votre contrat social Vous ne voulez pas voir vous ne voulez pas conna tre vous ne voulez pas y tre Vous voulez dire je ne sais pas je ne saurai pas nous ne savions pas Alors vous ne comprenez pas vous ne comprenez rien Votre t te est pleine d oiseaux morts et votre conscience prend le train JHT 18 J ai perdu la m moire comme j ai gagn le reste sans faire vraiment expr s JHT 76 Voyage au c ur du labyrinthe textuel de J habite dans la t l vision m moire musement et r sistance dans l criture autofictionnelle de Chlo Delaume expression et en soulignant la modification qu a apport e l Acad mie fran aise au mot oignon en supprimant son i En enlevant cette lettre la r f rence historique se trouve annihil e car l expression se base sur un duc du m me nom Delaume tente donc de r tablir la m moire de ces expressions en r action l oubli d finitif et l amn sie qui habitent la communaut des t l spectateurs Survivre au capitalism
7. de Chlo Delaume Bibliographie DELAUME Chlo 2006 J habite dans la t l vision Paris ditions Gallimard coll J ai lu Nouvelle g n ration 155 p DELAUME Chlo S crire mode d emploi 11 p En ligne lt chloedelaume net ressources divers standalone_id1 cersiy pdf gt GERVAIS Bertrand 1999 Manger le livre D s miotisation et imaginaire de la fin Prot e vol 27 n 3 p 7 18 2008 Le labyrinthe et l oubli Fondements d un imaginaire La ligne bris e labyrinthe oubli et violence Montr al Le Quartanier p 21 65 GERVAIS Bertrand et Anais Guilet 2001 Esth tique et fiction du flux El ments de description Prot e vol 39 n 1 p 89 100 HAMMER Ronda et Peter Mc Laren 1992 Le paradoxe de l Image Connaissance m diatique et d clin de la qualit de la vie Anthropologie et soci t s vol 16 n 1 p 21 39 137
8. e d dale de ses r flexions qui aimerait bien r ussir la mise mort du Minotaure Ogre Face cette impossibilit Delaume demeure toutefois prisonni re du labyrinthe t l visuel ce qui a pour cons quence de laisser le plaisir son lectorat de d coder le message qu elle lui offre M me si elle conteste son statut de prisonni re car elle arrive circuler librement dans les crans gigognes du lever au coucher JHT 27 elle a tout de m me fait le choix de la mort symbolique afin de se s parer du grand tout collectif et amn sique La derni re pi ce du r cit semble d mon trer que le labyrinthe est sans issue En effet le premier paragraphe de la pi ce 27 27 rappelle celui de la pi ce 1 27 puisqu il reprend la m me structure phrastique ce qui donne l effet d une boucle textuelle N anmoins l appel change alors que Delaume utilisait la narration au vous dans la premi re pi ce elle se rabat sur le je dans la der ni re confirmant la r ussite de son projet autofictionnel L criture lui a permis de se r approprier son corps ses faits et gestes et son iden tit ME 1 au lieu de les laisser sombrer dans la masse uniformisante Avaler sa langue et perdre le mot Le caract re fragmentaire de cette fiction se manifeste galement dans la forme m me de la mati re crite Plusieurs parties sont brouil l es certaines phrases sont coup es des mots sont laiss s seuls et des vo
9. e en usant de la m moire pour combattre l amn sie Ce laboratoire textuel comporte une dimension minemment politique qui pose avant tout des questions sur les rapports que la soci t entretient avec la t l vision et son industrie Delaume propose des r flexions int ressantes sur la mise en spectacle du corps les tech niques publicitaires et la relation avec le syst me capitaliste Rev tant une forme hors de l ordinaire son roman provoque le lecteur pour le faire sortir de son espace de confort et le forcer la r flexion pour quoi en sommes nous rendus au point o l existence du neuromarke ting est tol r e voire justifi e Est ce parce que nous sommes trop longtemps rest s indiff rents au mouvement de colonisation de la bo te noire dans nos vies quotidiennes ou est ce les affres du syst me capi taliste qu il faut bl mer Certes par ses pratiques autofictionnelles et par la construction d un personnage revendicateur l auteure s attaque un probl me de soci t et invite son lecteur ne pas demeurer dans l indiff rence Le c t politique de l uvre informe et d nonce mais permet galement de faire acte de m moire en usant de subversion aupr s du lecteur prouver de fortes marques de pathos provoque le souvenir et oblige la m morisation de ces r v lations Tout au long de J habite dans la t l vision Delaume multiplie les exemples pour d montrer les manipulations perp tu es
10. es fichiers est donc synonyme d une perte de m moire et d un lagage d information Voyage au c ur du labyrinthe textuel de J habite dans la t l vision m moire musement et r sistance dans l criture autofictionnelle de Chlo Delaume les voix les images et les repr sentations s entrem lent pour laisser 9 place une m taphore de l oubli La forme labyrinthique du r cit se donne lire par les multiples intertextes et le m lange des paroles t l visuelles avec le je de Delaume Par exemple la pi ce 4 27 fait tat d une s rie de notes qui oscillent entre des r flexions sur le pass du personnage sur son exp rience d habitante de la t l vision et sur son identit propre alors que plusieurs autres pi ces sont structur es sous forme de notes ou de commentaires Chacun de ses fragments textuels se superpose donc un sch ma qui saute d un r el un autre que ce soit celui de la t l vision ou d un m dium distinct Le texte est rarement lin aire lais sant l impression au lecteur d avancefr sans savoir o il va Gervais 2008 37 et de vivre dans la logique de l instant qui renvoie plut t l imm diatet de l oubli et au flottement de l merveillement 58 Le lecteur a alors impression d accompagner le personnage tra vers une qu te motiv e par l oubli positif celui qui permet l v ne ment et inattendu 60 Il suit Th s e Delaume dans l
11. ique du flux t l visuel Delaume d voile la dialectique entre m moire et oubli qui caract rise les d rives d une soci t celle du roman o les amn siques se complaisent devant le spectacle t l vis et o les non spectateurs se d responsabilisent en ignorant le pouvoir h g monique de cette industrie Son exp rimentation divulgue au reste une criture hybride et r sistante instaurant un contre discours m moriel au babil lage ali nant mis en place par les dirigeants des entreprises qui uti lisent la t l vision comme instrument de vente Il s agira pour nous d explorer cette dialectique permettant la mise en marche de la prose delaumienne et s inscrivant en porte faux de la conception du monde v hicul e par la soci t de consommation Surfer sur dans le pli du flux Habiter dans la t l vision c est tre confront au mouvement inces sant des images des sons et des id es En se soumettant aux flux t l visuels le sujet d tude Chlo Delaume se retrouve envahie par des images et assujettie des fluctuations constantes de signes Gervais et Guilet 2001 90 Elle se situe donc au c ur d un rhizome deleuzien qui la pousse exp rimenter diff rents mouvements de relations et de connexions fonctionnant sous une dynamique que l on peut associer l oubli positif 90 Ce type d oubli diff re toutefois du sens premier que l on attribue ce terme car il pousse plut t l agir au mu
12. ix ext rieures s entrem lent la parole de Delaume emp chant ainsi une communication ad quate de la trame narrative 7 J ajoute que Je suis je dis un globule rouge rouge comme la robe de Nicki JHT 39 131 132 Corps et nation fronti res mutations transferts Est ce qu Apollinaire pouvait proph tiser rang es de blancs ch rubins est qu Apollinaire pouvait des figurines remplacent dessiner les contours est ce qu Apollinaire et balancent savait d j au fond pour la t l vision Les corps ensapinn s ils vont offrant leurs bons onguents quand la mon tagne accouche J ai un rongeur au fond du cr ne et des limbes fr tillent l ombilic JHT 100 Bon nombre de phrases demeurent incompl tes laissant le lecteur libre d interpr ter la fin en regard des quelques mots que l auteure d voile Passer son samedi soir devant ou c t de la t l vision est une activit qui fait sens au point de constituer en soi une information signification quant JHT 47 Tant dans le brouillage que dans les incompl tudes phrastiques l absence de mots ou de sens t moigne d une parole d traqu e d un acc s au langage qui ne r pond plus aux interpr tants habituels Les mots paraissent marqu s d une inqui tante tranget d une alt rit irr ductible Des contenants vid s de leur contenu ou pour mieux dire d s miotis s Gervais 1999 7 Pour le lecteur il est donc difficile d effectue
13. laume se construit un je bien distinct 19 en Le 136 Corps et nation fronti res mutations transferts un je sentinelle un je mort mais dans le r el et qui peut conserver sa narration propre avant qu il ne soit trop tard JHT 155 Le laboratoire romanesque que forme J habite dans la t l vision est donc un lieu de prise de conscience pour le lecteur delaumien o Chlo Delaume personnage de fiction guide son lecteur dans le d voi lement d une r alit qui lui chappe Elle y dompte la litt rature et la met son service afin de porter un message politique et formateur mais galement pour raviver la m moire collective et veiller les indi vidus passifs car face l autofiction le lecteur ne peut pas juste se divertir il ne peut tre d tourn des pr occupations qui doivent rester pour lui les plus fonda mentales M me s il s identifie il est en parall le actif invit lui m me savoir o est son Je comment il se positionne et comment il d fend lint grit de son individualit dans une soci t qui sait en aplanir toutes les asp rit s pour mieux la contr ler Delaume ME 11 Construire un je fort un je en marge et ainsi prendre les r nes de notre r alit voil le message de Delaume et de son travail autofictionnel Voyage au c ur du labyrinthe textuel de J habite dans la t l vision m moire musement et r sistance dans l criture autofictionnelle
14. llective impos e et fabri qu e par les disciples du capitalisme c est tre capable de r sister l as servissement g n ral et l amn sie sociale qu elle per oit L auteure en fait d ailleurs tat dans S crire mode demploi crire le Je ne rel ve en rien du narcissisme mais de l instinct de survie dans une soci t o le capitalisme crit nos vies et les contr le Delaume ME 3 J habite la t l vision appara t comme une prise de parole forte et d nonciatrice dans une soci t o les t l spectateurs demeurent devant la bo te noire sans se poser de questions sur les processus subjacents ce m dia et o les intellectuels font preuve de mauvaise foi en se fermant les yeux devant cette r alit qui n en est pas une En effet la narratrice les accuse directement d s les premi res pages du roman Vous ne regardez pas alors vous ne voyez pas je crois que a tombe sous le sens Le vrai du vrai non impossible m me quand vous essayez la c cit perdure Alors vous retournez aussit t dans le faux on conna t du mensonge le confort obs quieux JHT 12 Ces lecteurs que Delaume accuse d embl e de mauvaise foi consomment galement les produits culturels et sont prisonniers au m me titre que la com munaut des t l spectateurs dont il est question dans J habite dans la t l vision de ce qu elle consid re comme une grande fiction collective Suivant sa prise de position De
15. ne r alit probl matique mais d codable car nous devons apprendre nous approprier ce flux dont l exp rience est marqu e par la variation la traduction la labilit et ultimement l oubli Gervais et Guilet 90 C est lui et nous par le fait m me de compl ter le processus de cr ation conceptuel que nous offre cette r v lation en devenant un point d arriv e du flux pour reprendre le vocabulaire de Deleuze et de faire cesser le mouvement continu de d filement des images et des phrases Gervais et Guilet 98 afin de redonner un sens l errance la d rive et au musement auxquels Delaume nous convie Fragmentation de la forme narrative une repr sentation de l oubli positif J habite dans la t l vision est un r cit dont la forme morcel e affecte directement la narration en raison notamment de l identit conflic tuelle qui anime l auteure personnage et sa d finition par le flux t l visuel Cette fiction est s par e en 27 pi ces d une forme irr guli re o la parole au je de Chlo Delaume personnage de fiction c toie des citations de Deleuze Baudrillard et Bourdieu Si ces diff rents changements de ton au fil des chapitres contribuent l esth tique du flux ils m nent galement le lecteur dans une sorte de labyrinthe o 6 En employant le terme fichier le corps r ceptacle de Delaume est m taphoriquement trans form en machine informatique Perdre s
16. oigne de son sens propre L expos scientifique amen par l auteure qui se concentre dans la premi re moiti du roman se combine des observations obtenues suite ses d rives dans le flux t l visuel au rythme des changements de cha nes et du bombardement incessant de messages s miotiques divers Son corps r ceptacle permet de d voiler son lectorat les effets de la strat gie publicitaire dans la suite de la trame narrative celle qui reproduit les activations c r brales correspondant aux crit res du plaisir JHT 35 Elle expose entre autres l effet r p titif et cyclique des bulletins d informations qui rythment son quotidien de mani re inconsciente sans la nourrir d actualit s in dites ce qui est pourtant leur fonction premi re Je l entends sans m me l couter je sais d j tout ce qu elle me dit et tout ce qu elle voudra me dire ce n est pas du tout en son discours qu elle me structure c est dans ses fondus encha n s JHT 85 La totalit de l organe t l visuel mime donc la forme et la fonction de la publicit pour se confondre dans un m me flux 4 Devant car une partie de son ee est tout de m me spectatrice elle interagit avec son mari ses chats et son appartement et en elle parce que l autre partie d elle m me se retrouve dans la t l vision son cerveau notamment 5 Le professeur Kilts est galement directeur scientifique de l Institut Prigione
17. par le r gne de la t l vision Ainsi elle d crit ce sentiment d envo tement qui Panime lorsqu elle ressent la stimulation de la zone de march dans son cortex pr frontal m dian Je ai senti vous saisissez senti imperceptiblement le cheminement du stimulus jusqu cette foutue zone du march le d tour en boomerang qui rebondit odieux sur le larynx jusqu se catapulter en mots par des sus les dents Le moment pr cis je ne sais pas Ce dont je suis certaine c est le vortex qui s ensuit Mon corps a faisait bien longtemps que je le savais perdu sold diss min hypoth qu vendu rayer la mention inutile JHT 34 Elle t moigne galement des changements qu elle subit au contact de la t l vision et ce m me si elle est consciente du jeu de manipulation qui 133 134 Corps et nation fronti res mutations transferts s exerce sur elle Elle succombe en revanche aux bombardements des publicit s et des images de croustilles alors qu la pi ce 12 27 elle explique le fonctionnement de la mol cule de la faim la ghreline sur son hippocampe son cerveau et sa m moire La pi ce 16 27 tente d objectiver ces r flexions en utilisant le il pour d crire les modifi cations du personnage de fiction En effet le sujet ne produit plus de pens e Il re oit et relaie des opinions Le sujet ne dit m me plus la t l vision Le sujet ne dit plus Il r p te Et il
18. r une op ration de d codage qui peut mener l mergence de la signification tant cart de ses rep res il erre la recherche du sens dans les pourtours du texte Est ce une manigance de Delaume qui vise faire r fl chir son lectorat qu elle accuse et m prise ou est ce le r sultat d instants d amn sie que la t l vision lui fait subir l oppos de ces garements as miotiques il est possible d obser ver des moments dans le r cit fictionnel o le processus de m moire est valoris En effet l int rieur de la pi ce 14 27 Delaume s arr te sur l effet dramatique de la disparition des mots car quand un mot n est plus prononc plus articul par personne il finit par s teindre JHT 79 Pour ce faire elle ouvre le cerveau des amn siques qui se retrouvent dans l impossibilit de r fl chir dans le but d y faire entrer de force l explication qu elle propose a ne sert rien de nier vous n avez pas compris et vous ne comprenez rien Laissez moi pratiquer la premi re extraction tout autour du squelette les petits vers s affairent opalins fam liques les plumes frissonnent s agitent ne pas m prendre r surrection et agitation du festin JHT 79 Elle combat donc les fabricants d amn sie en for ant la m moire des victimes se souve nir des sens oubli s Elle fera de m me avec l expression se placer en rang d oignons dans la pi
19. sement ou la fl nerie permettant ainsi l individu ou sa repr sentation fictionnelle dans le cas de Delaume de se rendre disponible la ren contre la cr ation l association libre et la d rive 91 Tout au long de son exp rience t l visuelle le personnage auteure est effectivement confront e plusieurs types d missions et de 2 D multiplier le Je en faire une trinit L auteur le narrateur le personnage central D cliner ces trois Je tenter de les combiner de les subdiviser pour obtenir des formes kal idoscopiques ME 2 3 Cet article s int resse d abord aux caract ristiques de ce que les auteur es nomment la fiction du flux il et elle d veloppent cette id e autour d exemples provenant du cyberespace et d uvres hyperm diatiques que l on retrouve sur support informatique Je reprendrai les attributs qui se d gagent de cette esth tique particuli re pour PE oo l univers t l visuel s inspirant d un mouvement semblable au flux cybern tique mais o l interactivit du sujet est peut tre moins grande sur la nature possible du contenu s offrant lui Voyage au c ur du labyrinthe textuel de J habite dans la t l vision m moire musement et r sistance dans l criture autofictionnelle de Chlo Delaume publicit s qui fluctuent devant et en elle l aide d informations recueillies et gr ce son apprentissage in situ dans le flux constant d
20. sistance dans l criture autofictionnelle de Chlo Delaume mondiale JHT 111 Ce ph nom ne t l visuel est d peint par la nar ratrice comme un objet politique qui a pour but d entrer dans le cerveau des t l spectateurs et de procurer un certain bonheur commercial par l utilisation de processus d asservissement et de domination Dans cette situation se faire sentinelle devient un geste de contestation il ne s agit pas seulement de faire une excursion dans la t l vision mais plut t de faire un p lerinage dans les cerveaux obnubil s par l image afin de comprendre les m canismes de manigance de ces industries conna tre leurs armes et en devenir une JHT 113 Delaume montre donc la t l vision sous ses mauvais jours ce n est pas seulement une bo te images inoffensive mais un instrument de domination politique qui d truit des vies il ne suffit que de penser au suicide du premier participant d une mission de t l r alit que Delaume donne en exemple Par ses diverses exp riences la narra trice transmet ces informations son lecteur par la voie d un savoir acqu rir En sa qualit d espionne elle se fait un devoir de d voiler les m canismes de cet instrument au service du capitalisme Par la forme m me de son roman soit l autobiographie fictionnelle Delaume fait preuve d un acte politique En effet crire au je dans un monde domin par cette grande fiction co
21. une firme de consul tants en strat gie commercial au service de multinationales telles que McDonald s et Coca Cola eN 130 Corps et nation fronti res mutations transferts Par ces fondus et ce bombardement d images Delaume erre entre toutes ces strates de donn es afin d en d couvrir l effet mais elle n est pas l abri de leurs effets d stabilisants qui la conduisent sur la voie de l oubli et de sa signification d notative Ce que je vois ce que j entends ce que je dis ce que je pense ce n est d j plus la m me chose On ne peut jamais fuir dans la t l vision a joue sur ma consommation et sur ma langue parfois JHT 64 Oubli de ses habitudes ant rieures oubli de ses actes mais galement oubli r v lateur d un effet psychique qui affecte le sujet qui adonne une coute de la t l vision En ne sachant plus grand chose et en perdant ses fichiers JHT 26 Delaume traduit un processus com plexe et insidieux en utilisant les outils de la fiction et elle donne un corps au rien qui s met et circule JHT 37 L oubli auquel elle s abandonne demeure toutefois r v lateur car m me si les images t l visuelles tentent de s infiltrer dans les replis de son cerveau et de rem placer ses souvenirs elle arrive produire un savoir qui s exprime par le biais de la trame narrative Le lecteur delaumien se retrouve ainsi devant la r v lation d u
Download Pdf Manuals
Related Search