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1. l auteur l La p riode entre des ann es 1935 et 1939 est consid r e comme la p riode du gionisme de l engagement pacifiste et de la d fense des valeurs rustiques p riode marqu e par la publication des textes de combat Refus d ob issance en 1937 Lettre aux paysans sur la pauvret et la paix en 1938 Pr cisions et Recherche de la puret en septembre 1939 o il est arr t pour ses crits pacifistes D ailleurs Giono est lib r le 11 novembre 1939 En ao t 1944 accus de collaboration 1l est arr t de nouveau et emprisonn au camp de Saint Vincent les Forts pendant cinq mois Ensuite le 9 septembre 1944 il est inscrit sur la liste noire du Comit national des Ecrivains organisme issu de la R sistance Citron 1995 98 99 L uvre de Giono avant et apr s la guerre rupture ou volution 123 1 1 Les th mes Nous pouvons consid rer la nature comme le th me dominant dans les deux romans d avant la guerre par rapport laquelle d autres th mes communs prennent sens comme la violence et la cruaut la destruction et la mort Au fait dans Que ma joie demeure et Batailles dans la montagne nous sommes devant une nature jouant le r le d un des personnages principaux du roman rivalisant m me avec eux et poss dant enfin une force et un pouvoir inou s De m me 1l est indispensable de noter que dans ces deux romans le narrateur ne se contente pas seulement de repr senter la nature plus2. 127 De plus ajoutons que la pr sence du narrateur dans les trois romans est d sign e par les pronoms personnels comme on et nous La valeur du pronom on tr s utilis par Giono varie chaque fois dans ces romans Parfois on d signe la troisi me personne du singulier ou du pluriel 1l ou ils tant t on a une valeur g n rale et le pronom incarne le narrateur principal mais quelquefois l ind fini d signe la premi re personne du pluriel le nous et c est le cas o le narrateur homdi g tique parle N anmoins contrairement ces romans polyphoniques o nous rencontrons la multiplicit des points de vue dans No nous avons un seul narrateur qui raconte plusieurs histoires Ici c est Giono qui semble parler continuellement en disant je Or bien que dans ces trois romans le point de vue interne l emporte sur le point de vue externe No nous pr sente un point de vue omniscient se rapprochant d un roman autobiographique o le narrateur s introduit en disant je Mais il arrive parfois que Giono brouille les pistes et d route ses lecteurs en rapportant par le style indirect ce que l un des personnages du roman lui a racont Alors nous pouvons exprimer qu part le narrateur omniscient d autres narrateurs homodi g tiques existent galement dans No mais leur pr sence n est pas tout fait explicite 2 1 Une description panoramique et les parenth ses Dans s
3. des rouille Puis ce sont des buffleteries des fourrag res des paulettes des devantiers des cuirasses qu il se pend et qu il se plaque partout et tout a est fait de ce que le monde a de plus rutilant et de plus vermeil Enfin le voil dans ses armures et fanfreluches compl tes de pr tre guerrier qui frottaille de petites cr celles de bois sec M 312 n est pas en reste Lui ce sont des aumusses qu il se met des soutanes de miel des jupons d v ques des toles couvertes de blasons et de rois de cartes Giono 1947 36 Parall lement cette vision n gative et tragique se refl te dans No travers les descriptions o nous voyons le vocabulaire incarnant la guerre et ses atrocit s Je commence voir une sorte de triangle inscrit autour d une roue dent e au dessus d un troph e compos de deux tubes de canon crois s au centre d une sorte de foudre faite avec des ba onnettes tal es en palme Les ombres qui venaient assaillir les tripes fumantes du sacrifice d Ulysse arrivaient avec leurs armes encore teintes de leur sang Des villes fumantes lan ant des flammes rondes dans les bl s comme des brasiers car il fallait absolument que je m vade de cette prison la Piran se dans laquelle j errais travers les g missements les t n bres et les rayons poussi reux venus de je ne sais quelles lucarnes qui d couvraient dans les niches des murs des entrem lements des t te
4. devient immorale voire incitatrice parce que nous pouvons entendre d elle des invitations cyniques qui provoquent la cruaut des personnages tel est l exemple de M V fascin par la beaut du sang sur la neige incit ainsi aux enl vements et aux L uvre de Giono avant et apr s la guerre rupture ou volution 125 assassinats Alors la nature ce malfaiteur des gros romans se transforme en provocatrice qui pousse les humains au meurtre dans les chroniques D autre part il faut signaler qu Un roi sans divertissement est galement un livre de violence o le mal est int rieur l homme Autrement dit la violence n est pas seulement celle de la nature qui s acharne sur l homme mais celle de l homme sur autrui Par exemple Langlois le protagoniste ex cute violemment M V l assassin ainsi qu il met fin la vie du loup En effet la chasse au loup et plus tard la d capitation des oies sont en quelque sorte pour Langlois des r pliques des remplacements de la chasse l homme De m me le th me de la cruaut et l int r t pour verser du sang existe dans Un Roi o M V un sadique et un maniaque sanguinaire ventre les gens aussi bien que les animaux pour son plaisir Sa violence et sa cruaut contaminent enfin Langlois qui fait gorger une ole pour contempler son sang Pourtant nous devons ajouter que la cruaut est li e la mort un autre th me pr sent dans Un Roi parce que l homme provoque la mor
5. glorieuse que l homme mais aussi comme celle qui s oppose toujours lui elle perturbe violemment la vie humaine et expose la faiblesse des tres qui restent sans issue devant la cruaut et le pouvoir d vastateur naturels Pour voquer le th me de la violence et de la cruaut on doit signaler que dans les deux romans tudi s le mal est plut t ext rieur l homme Autrement dit la plupart du temps le mal vient de la nature dans Que ma joie demeure le vent d vastateur souffle violemment contre les paysans et les fouette ou bien l orage cruel casse le pont et coupe le chemin aux paysans ou encore l inondation prend la vie des villageois dans Batailles dans la montagne o l eau pr sent e comme un monstre cruel et sauvage engloutit violemment tout tre vivant se trouvant sur son chemin D ailleurs cet acharnement de la nature contre l homme aboutit la destruction des biens de ce dernier et sa mort Par exemple dans Que ma joie demeure la pluie torrentielle d truit les champs emportant les graines de bl ou bien le printemps sauvage d molit la r colte par la chaleur et la fin du roman le personnage principal Bobi meurt foudroy De m me Batailles dans la montagne nous 124 Recherches en langue et Litt rature Fran aises Revue de la Facult des Lettres Ann e 6 N 9 pr sente une nature totalement destructrice o l eau envahit la terre et entra ne ainsi non seulement des d g ts financie
6. l action de la narration h t rodi g tique o le narrateur est tout fait ext rieur l histoire Genette 1972 285 En effet nous devons exprimer que Bafailles dans la montagne Que ma joie demeure et Un roi sans divertissement pr sentent tous les trois une pluralit de narrateurs o Giono semble s amuser passer quasi abruptement d un narrateur principal dirait on un autre et d engendrer ainsi une polyphonie Autrement dit pour faire avancer son r cit le 1 narrateur passe parfois le relais un autre personnage pour raconter l histoire tel point que le r cit et les propos des personnages s entrem lent Ainsi les voix narratives se multiplient elles diff rents moments Elles s encha nent selon le principe de Tench ssement A raconte que B lui a racont que C lui avait racont D cote 1986 54 56 Alors tout l art de Giono en ce sens r side dans le passage du point de vue du narrateur principal celui d un autre personnage qui raconte ce dont 1l tait t moin Il rend ainsi possible par cette polyphonie d embrasser tour tour la subjectivit d un personnage ou d un groupe de villageois Cf F Karimian La vision panoramique dans Un roi sans divertissement la polyphonie dans l uvre de Giono Actes du colloque Le dialogisme en litt rature et art Soxan T h ran 1390 pp 101 118 L uvre de Giono avant et apr s la guerre rupture ou volution
7. les uvres de Giono r dig es avant et apr s la guerre et surtout comment elle se fait sentir Ainsi notre article sera consacr de prime abord la v rification des quatre uvres de Giono du point de vue de th mes et de narration Que ma joie demeure et Batailles dans la montagne les deux romans appartenant l poque juste d avant la guerre Un roi sans divertissement et No publi es apr s la guerre Ensuite nous allons nous pencher sur la question de la vision du romancier pendant ces deux laps de temps 1 Les gros romans et les Chroniques Dans ses premi res uvres datant d avant la guerre de 1939 Jean Giono oppose la vie primitive au monde vou au machinisme et au progr s mat riel D couvrant une joie particuli re dans le contact direct de la main avec les objets 1l pr f re le malaise d une vie simple et naturelle au confort des villes De plus la publication de Que ma joie demeure en 1935 ouvre au public une p riode brillante au niveau de la publication des gros livres Apr s avoir termin ce roman contenant 504 pages il commence l criture du suivant Batailles dans la montagne qui comprend aussi son tour 630 pages Or ce qui a probablement L uvre de Giono avant et apr s la guerre rupture ou volution 121 amen Giono vers la cr ation de tels livres c est son int r t pour la description de la nature et la place primordiale qu il lui attribue dans ses crit
8. tape de l histoire sociale Y Tadi 1987 156 Selon Lukacs le grand crivain est celui qui reproduit la r alit de son poque dans toute son paisseur En d autres termes l uvre litt raire est l expression d une vision du monde de l crivain Mais cette vision ne se refl te pas n cessairement la surface de l uvre et au niveau superficiel du contenu explicite Il faut essayer de L uvre de Giono avant et apr s la guerre rupture ou volution 131 l atteindre dans la structure profonde de l uvre o se refl tent les grands probl mes de l poque Kahnamouipour et Khattate 1383 161 Ainsi dans l exemple de L Education sentimentale de Flaubert le critique rep re la crise r volutionnaire travers une description d lirante de la for t L Histoire se raconte ainsi travers une sorte de tourbillon d images et de m taphores folles flamme temp te jaillissement extase convulsion ce sont des indices cach s dans le spectacle de la nature qui rappellent les troubles de l meute dans les rues de Paris Cf 1987 157 158 De plus Lucien Goldmann a d velopp et raffin la th se de son ma tre Lukacs la vision du monde n est pas selon lui le point de vue d individu mais repr sente le syst me de pens e d un groupe social Ainsi pour Goldmann l crivain refl te dans son uvre les structures mentales du groupe social auquel l appartient Cf 1383 164 Il poursuit cette id e
9. Recherches en langue et Litt rature Fran aises Revue de la Facult des Lettres Ann e 6 N 9 L uvre de Giono avant et apr s la guerre rupture ou volution Azadeh Pilehvarian Doctorante en litt rature fran aise branche des sciences et des recherches Universit Azad de T h ran Farzaneh Karimian Ma tre Assistante Universit Shahid Beheshti R sum Les critiques contemporains contestent souvent la pr sence d une unit dans les uvres de Giono Autrement dit ils insistent sur le fait qu il y a une rupture assez claire entre ses uvres crites l poque qui pr c de la seconde guerre mondiale et celles publi es apr s la guerre Toutefois l tude de plusieurs uvres de Giono appartenant aux p riodes cit es nous a encourag d montrer qu aux points de vue de th mes narration et vision du monde il existe des convergences ind niables entre ces uvres Ainsi avons nous t men contester l id e de la rupture dont parlent les critiques et prouver le contraire Mots cl s Guerre narration unit th me vision Giono 1391 9 23 gl axb 41391 1 23 Jo amp b E mail azadeh_ pilehvarian yahoo com E mail f _karimian yahoo fr 118 Recherches en langue et Litt rature Fran aises Revue de la Facult des Lettres Ann e 6 N 9 Introduction Le XXe si cle se pr sente comme une funeste p riode des guerres mondiales qui ont laiss leur impact direct su
10. dans ses livres comme Le Dieu cach tude sur la vision tragique dans Les pens es de Pascal et le th tre de Racine 1955 et Pour une sociologie du roman publi en 1964 o il affirme que le tout premier probl me qu aurait d aborder une sociologie du roman est celui de la relation entre la forme romanesque elle m me et la structure du milieu social l int rieur duquel elle s est d velopp e c est dire du roman comme genre litt raire et de la soci t individualiste moderne Cf 1964 34 35 Alors en analysant les uvres de Malraux dans cette uvre il a essay de prouver l volution de la vision de Malraux travers ses romans Mais pourrions nous trouver la m me volution dans la vision de Giono t Alors que dans les deux premiers romans Les Conqu rants et La Voie royale Malraux met en sc ne la violence des forces r volutionnaires face aux soldats qui d fendent leur pays dans Les Noyers d Altenburg et Les Voix de silence il d crit la condition des gens qui tendent donner un sens leur vie et affirmer par cela leur dignit Aussi les r volutionnaires la fois intellectuels et hommes d action ne 132 Recherches en langue et Litt rature Fran aises Revue de la Facult des Lettres Ann e 6 N 9 Etant pacifiste Giono avait horreur de la guerre Apr s la premi re guerre mondiale 1l a tent tout prix d emp cher la deuxi me et pour ce faire il a multipli les messages l
11. du romancier qui n arrive pas emp cher la guerre Bobi non plus ne parvient pas r aliser son but qui voulait sauver les villageois de l ennui qui les entourait De plus Giono refl te dans ses descriptions la condition affreuse de ses contemporains pendant la guerre employant des champs lexicaux et une tonalit p jorative pour d crire des d cors et recourant une terminologie de guerre comme la blessure la flamme la bataille des verbes tels que se d chirer s craser saigner g mir blesser entre autres et il multiplie ainsi un champs lexical illustrant les massacres la violence etc 134 Recherches en langue et Litt rature Fran aises Revue de la Facult des Lettres Ann e 6 N 9 Il le vent creusa la vall e et chaque fois ces longs corridors de vent taient pleins du vol tement des nuages et presque tout de suite le vol des nuages crasait le vent Alors comme une roue qui tourne en faisant face partout il creusa la vall e et brusquement ce fut comme le grondement d un chaudron de cuivre quand on le frappe Mais tout de suite les nuages touff rent le bruit sous des battements et des battements d ailes souples lourdes couvrant la vall e comme un nid Cf 1937 74 De m me la vision n gative de la g n ration de guerre se refl te dans les chroniques de Giono crites apr s la deuxi me guerre mondiale Dans Un roi sans divertissement la ha
12. e sa g n ration d crivains ne sont gu re chang s Sa relation avec son milieu naturel et social reste presque identique Le monde lui semble avant et apr s la seconde guerre ambigu et cruel Le constat de tant de points communs essentiels contre quelques faibles diff rends existant nous am ne renforcer l avis de l auteur lui m me au sujet de l unit de ses crits et d carter l affirmation des critiques qui y distinguaient plut t une rupture Ainsi est il plus exact d voquer l id e d une unit ou mieux encore d une volution entre les id es et les livres gioniens et rejeter l appellation des uvres de premi res et de deuxi me mani res pour affirmer ceci Je ne nie pas proclame Giono la seconde mani re qui commence avec Un roi sans divertissement je dis Simplement qu il n y a pas changement brusque mais une volution dont les causes remontent tr s haut cit par Citron 1995 70 Mais si les critiques parlent d une sorte de rupture entre les deux mani res de Giono ce serait peut tre partir de No d but d un 138 Recherches en langue et Litt rature Fran aises Revue de la Facult des Lettres Ann e 6 N 9 nouveau roman qui commence se distinguer plus ou moins des crits ant rieurs surtout au niveau de la narration pour suivre les tendances de l poque tout en gardant encore son affiliation ceux ci comme cela a t dit Par ailleurs par
13. es manifestes et les t l grammes il a m me rencontr Hitler afin de lui proposer l id e d un d sarmement total Cependant la deuxi me guerre mondiale se d clare le 3 septembre 1939 Comme l indique Pierre Citron le d clenchement de la guerre choque profond ment Giono M me s il s y attendait plus ou moins consciemment Giono la ressent comme un choc profond est elle pour l humanit comme il le craint et m me le croit le d clenchement d une apocalypse totale Pour lui en tout cas c est la fin de ses espoirs pacifistes Il est tr s troubl int rieurement Cf 1995 78 Ainsi pouvons nous exprimer que compte tenu des id es de Goldmann et de Luckas les crits de Giono refl tent dans l ensemble sa vision n gative et de sa g n ration contemporaine leur haine et leur panique de la guerre du massacre et de la cruaut Par exemple dans Batailles dans la montagne nous assistons soit un combat entre l homme et la nature soit une brutalit entre les hommes Au fait l inondation incarne la guerre o participent deux arm es l arm e de la nature violente concr tis e par les inondations et celle des hommes Mais malgr la puissance d cha n e de l eau qui font ils dans cette perspective qu aider les hommes prendre conscience des aspirations naturelles enfouies au fond d eux m mes Alors il est vident que la vision de Malraux volue dans ses romans d apr s les conditions soc
14. es quatre uvres aussi bien dans les gros romans que dans les chroniques Giono se sert de la description si abondante et minutieuse que le lecteur pense regarder un tableau ou un film D apr s la d claration de Christophe Pradeau en d crivant les objets Ce je situ dans sa propri t priv e o il a v cu pendant toute sa vie et c est ce niveau l que la chronique se v t d un aspect quasi autobiographique 128 Recherches en langue et Litt rature Fran aises Revue de la Facult des Lettres Ann e 6 N 9 ou les lieux le regard de Giono ressemble une vue cavali re ou une vue panoramique Cela signifie la repr sentation des objets ou des lieux comme vus d un endroit lev Il explique que le format panoramique a quelque chose de prom th en l homme essaie d embrasser le monde de le dominer en l enfermant dans le champ de son regard Cf 1998 68 69 Alors Giono voit de haut un monde Tout en regardant d un endroit lev il d crit d une mani re d taill e tout ce qu il voit comme s il les regardait de pr s Ainsi l impression qui nous domine la lecture des descriptions panoramiques de Giono est un acte d amour envers la beaut l immensit et la diversit du monde D autre part l instar de ses gros romans Giono emploie dans ses chroniques les parenth ses mais il outrepasse cette fois les limites de l criture en les employant beaucoup Comme le signale juste t
15. ie dans l uvre de Giono Actes du colloque Le dialogisme en litt rature et art Soxan T h ran 1390 Maurel Anne La critique Hachette coll Contours litt raires Paris 1998 Pradeau Christophe Jean Giono th mes et tudes Editions marketing Paris 1998 Tadier Y Critique litt raire au XX si cle Belfond 1987
16. ine et la panique de cette g n ration envers la guerre s incarnent travers la cruaut humaine La situation tragique de l homme tant victime d un ennemi sanguinaire M V la pr sence du sang de la couleur rouge des cadavres et la terreur des villageois des disparitions tout au long de la premi re partie du livre semblent r v ler des sc nes de la guerre En outre cette cruaut se voit galement dans la prolongation d Un roi dans No o le sang de Langlois explose partout D ailleurs dans Un roi les deux champs lexicaux qui dominent la description de la for t automnale incarnent la guerre D abord le champ lexical militaire d signe les arbres voquant des guerriers recouverts de leurs harnais buffleteries paulettes devantiers etc Ensuite le champ lexical religieux pr sente les arbres comme tant les pr tres guerriers soutanes jupons d v ques toles Or si le pr tre est rapproch du guerrier c est parce qu il pratique comme lui le sacrifice Les guerriers sont des bourreaux Ainsi la for t automnale sugg re t elle un spectacle de violence et de beaut L uvre de Giono avant et apr s la guerre rupture ou volution 135 Ce matin comme vous ouvrez l il vous voyez mon fr ne qui s est plant une aigrette de plumes de perroquet jaune d or sur le cr ne et il ne s agit d j plus d aigrette mais de tout un casque fait des plumes rares des roses des grises
17. iocritique notamment celle de Lucien Goldmann auteur du Dieu cach 1955 et de Pour une sociologie du roman 1964 D apr s lui on ne peut d couvrir la signification objective d une uvre philosophique ou litt raire qu en la repla ant dans l ensemble de l volution historique et de la vie sociale De plus ce sens objectif peut fort bien contredire la pens e consciente et avou e de son auteur Si Descartes est croyant le rationalisme cart sien est ath e L auteur cesse donc d tre cet interm diaire r el et n cessaire entre la soci t et l uvre et 1l est remplac dans cette fonction par un nouveau concept celui de vision du monde que l uvre exprimerait Sans que son auteur en ait toujours une conscience claire cit par Maurel 1998 52 53 120 Recherches en langue et Litt rature Fran aises Revue de la Facult des Lettres Ann e 6 N 9 Cependant dans les entretiens d apr s guerre Giono conteste lui m me l image que les critiques avaient de son uvre Il cherche privil gier l id e d une continuit entre ses uvres Pradeau 1998 19 Nous voici donc cartel s entre ces avis bien contradictoires D un c t Giono qui affirme l unit de son uvre et de l autre la confirmation commune des critiques qui distinguent deux Giono Alors la question principale qui se place au c ur de notre probl matique est de savoir s il y a une rupture ou une continuit dans
18. iopolitiques de l poque o 1l vit Cf Goldmann Lucien 1964 Pour une sociologie du roman Paris Gallimard coll Tel L uvre de Giono avant et apr s la guerre rupture ou volution 133 massacre beaucoup d hommes violemment c est elle qui est vaincue la fin du roman Alors ce d nouement montre la condamnation de la cruaut et du massacre pendant les guerres Encore faut il ajouter que la panique des villageois entour s d eau symbolise l horreur de cette g n ration de la guerre Les survivants ont peur de la mort S ils ne trouvent aucun moyen pour s vader ils mourront bient t de manque de nourriture et cause des maladies De m me la pr sence des ruines des massacres des amput s et des survivants dans le roman sugg re assez bien la sc ne de la guerre Au reste les ravages de l eau qui d truisent la r colte des paysans de Que ma joie demeure et leur r action n gative envers ces d g ts nous r v le galement la haine de la g n ration contemporaine de Giono envers la violence de la guerre Cependant la forme subjonctive du titre du roman exprime bien le souhait d une g n ration malheureuse qui esp re la fin imm diate de la guerre mondiale Aussi faut il ajouter que l ennui qui g ne les paysans du roman symbolise l ennui et l absurdit de la vie face la mort N anmoins 1l semblerait que Bobi le protagoniste de Que ma joie demeure joue le r le de Giono lui m me A l instar
19. itre Denis Labouret les parenth ses ont plusieurs port es elles sont narratives de r gie informatives exclamatives et testimoniales Colloque du centenaire 1999 vol IT 245 D apr s le critique la parenth se proprement narrative contient une ou plusieurs s quences qui composent l arri re plan un r cit second g n ralement tr s bref sous la forme d un r sum d une courte analepse ou d un compl ment d informations sur des actions de moindre importantes Ibid Par exemple dans Un roi sans divertissement c est une parenth se qui compl te ainsi le r cit de la visite de Langlois l glise L ils rest rent mettons peu pr s vingt minutes et on sait ce qu ils y firent monsieur le Cur ouvrit le tabernacle et lui montra l ostensoir un point c est tout Langlois regarda et apr s avoir L uvre de Giono avant et apr s la guerre rupture ou volution 129 regard s en alla Vingt minutes puis Langlois sortit de l glise et un peu apr s monsieur le Cur aussi Giono 1947 103 104 Toutefois la parenth se narrative est moins fr quente que la parenth se informative ou explicative qui ne se limite videmment pas aux textes romanesques Quand un auteur crit JDrillon prouve un besoin passager de pr ciser d expliquer d ajouter une information ou un commentaire il suspend sa phrase et place une parenth se C1 1999 246 Par exem
20. ment le premier roman qu il publiait depuis la fin de la guerre peu de gens auraient fait le rapprochement Encore aujourd hui Giono est l exemple rare sinon unique d un crivain qui a non pas un mais deux publics dont chacun s attache la moiti d uvre que l autre ignore ou rejette Lorsque L uvre de Giono avant et apr s la guerre rupture ou volution 119 quelqu un vous dit aimer Giono la premi re chose faire est de s assurer de laquelle de ces deux moiti s il s agit ce qu on traduit par lequel des deux Giono cit in Ibid 19 De plus ajoutons encore qu part Godard d autres critiques suivent galement son id e proclamant la pr sence de deux Giono Par exemple dans son uvre intitul e R volution et trag die dans les chroniques romanesques Jacques Viard parle d un Giono nouveau ou bien Robert Ricatte examine la question de deux Giono dans introduction g n rale des uvres romanesques compl tes cit in Ibid 22 Ainsi s attachant la formule de Marcel Proust exprimant que le style est une question non de technique mais de vision les critiques qui distinguent deux critures romanesques consid rent Giono comme tant un romancier deux visions D ailleurs pour qu il y ait deux Giono il est n cessaire que l emprise de la guerre se distingue sur la vision de l crivain Peut tre m me serait 1l efficace en ce sens l application d une approche plut t soc
21. nn e 6 N 9 autre exemple d Un roi o Giono ins re un discours dans un autre Taisez vous cria Saucisse je dis qu elle cria parce qu elle avait une voix raill e qui d tonnait dans l aigu quand elle for ait c tait un homme comme les autres La parenth se introduit alors de cette mani re le commentaire du narrateur Ainsi est il conclure de nouveau que les astuces narratives aussi sont quasi similaires et c est seulement leur mode d emploi qui modifie l g rement 3 Vision du monde Jusqu ici nous avons tent de traiter les convergences et les divergences des quatre romans de Giono du point de vue des th mes et de la narration Exemples et analyses l appui nous avons d montr que mis part quelques d placements d int r ts le r le de la nature et de l homme ainsi que le volume des crits pr c dant et suivant la guerre les distinctions entre les romans et les chroniques ne se font pas r ellement sentir Mais pour mieux continuer nos analyses 1l est indispensable d examiner si le regard du romancier port sur le monde varie d une poque l autre apr s avoir travers l exp rience de la guerre Peut tre serait il efficace en ce sens d appeler l opinion de George Lukacs qui propose d tudier dans une uvre litt raire le rapport existant entre l volution litt raire et l volution sociale et d expliquer comment chaque grande forme litt raire correspond une
22. ple certaines pr cisions de lieu dans No annoncent le souci d exactitude topographique la pi ce o je me tiens pendant que j invente a deux fen tres une en face de ma table sud une ma droite ouest De plus comme l indique J Drillon la parenth se de r gie renferme des indications sc niques qui accompagnent le discours rapport et pr cisent la mani re d incises ou de didascalies qui parle qui et comment Elle informe sur le ton les gestes et le comportement du personnage locuteur cit in Ibid 247 248 Comme cet extrait de No qui d voile certaines notes au lecteur la mani re d un metteur en sc ne Elle me dit qu elle ne louait pas de chambres mais que ce soir et elle appuya sur ce soir elle avait une et elle appuya sur une chambre louer Enfin Drillon explique que selon un emploi courant la parenth se marque une insistance une valuation un jugement du narrateur qui prend position et formule un sentiment cit in Ibid 249 250 Par exemple en intercalant la phrase je l entendis fort bien entre parenth ses l crivain offre la garantie de son t moignage dans No Et c est en t tonnant de cette fa on qu il arriva juste au dessus du cheval noir je l entendis fort bien c est l dessus qu il faudra construire le bongalove ou encore nous pouvons donner un 130 Recherches en langue et Litt rature Fran aises Revue de la Facult des Lettres A
23. r des crivains divers niveaux et Jean Giono en ce sens ne fait pas exception Cela dit certains critiques consid rent Giono comme l un des rares crivains qui semble avoir deux cat gories de lecteurs la premi re pr f re les romans crits avant la deuxi me guerre mondiale de 1929 1939 appel s les uvres de la premi re mani re la seconde privil gie les romans r dig s apr s la deuxi me guerre mondiale de 1947 1970 intitul s les uvres de la deuxi me mani re Pradeau 1998 18 Cette diff rence r side en g n ral dans le fait que dans les uvres d avant la guerre c est la nature qui est au centre de l uvre et l homme n y est qu un petit acteur essayant de trouver sa place dans le grand spectacle du monde alors que dans les uvres d apr s la guerre c est l homme qui occupe la premi re place et la nature situ e en place secondaire ne constitue qu une toile de fond Ainsi les critiques contestent 1ils souvent la pr sence de l unit dans les uvres de Giono Autrement dit ils insistent sur le fait qu il existe une rupture tr s pr cise entre les uvres d avant et d apr s la guerre de Giono C est le cas du critique Henri Godard qui va m me jusqu consacrer un livre la question des deux Giono intitul D un Giono l autre et qui explique ainsi ce propos Il y a beaucoup parier que si en 1947 Giono avait sign d un autre nom Un roi sans divertisse
24. rieure de Giono Si le po te conteur est devenu cet observateur qui met en lumi re la m chancet de l homme c est cause de l exp rience am re de la prison et des accusations sans fondement qu il a subies pendant la Seconde guerre Cependant il est curieux de souligner souvent dans tous ces quatre livres la constance des m mes th mes comme la cruaut la violence et la mort De plus part No la narration de ces trois autres livres reste galement invariable Autrement dit la pluralit des personnages et la L uvre de Giono avant et apr s la guerre rupture ou volution 137 polyphonie pr sentes dans les gros livres se retrouvent parfaitement dans Un roi et de fa on quelque peu diff rente dans No D autre part nous avons aper u que la vision tragique de la condition humaine ainsi que la cruaut travers ces champs lexicaux et ces figures forment l arri re plan des crits gioniens avant et apr s son silence c est dire avant et apr s la deuxi me guerre mondiale Peut tre que pour les deux gros romans aussi Giono avait il d j exp rience de la premi re guerre mondiale dont 1l avait encore des souvenirs bien pr sents l esprit Alors nous pouvons constater qu en repla ant ces quatre livres dans l ensemble du contexte historique et social des individus cette poque la vision du monde de Giono ses id es et sentiments qui n taient d ailleurs pas seulement les siens mais ceux d
25. rs mais surtout des disparitions humaines Dans un pays noy les maisons sont d molies les arbres sont cass s et nous ne trouvons aucune trace de for ts ni de routes Tout est en train de s crouler et de dispara tre En un mot le monde est boulevers c est un d cor apocalyptique Toutefois alors que dans les romans d avant guerre tous les th mes prennent sens en rapport troit avec la nature dans les chroniques tout se situe autour d un centre un autre c est dire l homme Ainsi les simples paysans des gros livres toujours victimes de la brutalit naturelle se transforment dans les chroniques en des malfaiteurs et accomplissent eux m mes des actes violents ce propos Claudine Chonez explique ainsi Le th tre de la cruaut au sens o l entendait Antonin Artaud tait jadis vu par Giono au sein de la nature m re admirable mais terrible vivante donc capricieuse En face d elle la simplicit du groupe humain Maintenant dans les chroniques les individus se jouent eux m mes ce th tre devant la nature qui reste impassible l arri re plan m me quand elle offre joies ou maux Ils sont bien plus forcen s qu elle bien plus obstin s cit in Ibid 116 Par cons quent le changement de r le se fait davantage sentir et se pr cise le passage de la violence de la nature la cruaut humaine De plus 1l est curieux d exprimer que la nature galement pr sente dans Un roi
26. s En effet comme l indique Christophe Pradeau si auparavant le paysage servait mettre en valeur l homme et ses histoires d sormais c est l homme qui va jouer un r le secondaire et qui servira valoriser les somptuosit s du paysage CT 1998 56 Toutefois apr s la deuxi me guerre mondiale l int r t de Giono pour les gros livres diminue petit petit o 1l n crit que de brefs r cits appel s les Chroniques N ayant ni fortune ni revenus la seule solution qui lui permet de subvenir ses besoins et de faire vivre sa famille c est l acte d crire C est ainsi qu il abandonne le projet de gros livres temporairement pour se consacrer aux Chroniques livres plus courts qui se publient plus vite Au fait les deux premi res chroniques que Giono a publi es sont Un roi sans divertissement 1947 et No 1948 avant de se lancer dans une s rie de douzaine termin e par l Jris de Suse Avec la premi re publi e en 1947 Giono revient la litt rature apr s dix ans d interruption De plus apr s avoir crit Un roi sans divertissement Giono commence imm diatement la r daction de la chronique suivante No publi e en 1948 qui est l un des livres les plus personnels et les plus riches de Giono et son int r t r side en partie dans le fait que les cinquante premi res pages du livre racontent la gen se d Un roi D ailleurs apr s l exp rience am re de la guerre et les preuves qu il a
27. s sans corps et des corps sans t tes Giono 1961 88 89 99 136 Recherches en langue et Litt rature Fran aises Revue de la Facult des Lettres Ann e 6 N 9 Par cons quent l ambiance angoissante violente et sanglante qui se trouve jusque dans l emploi du vocabulaire des m taphores et des descriptions des crits que nous avons tudi s confirme le lien troit qui unit la vision d un crivain et de son art celui c1 s en nourrit et la refl te en retour comme le signalaient Lukacs et Goldman dans le cas d tude sociocritique de l Education sentimentale de Flaubert et des uvres de Malraux Au fait dans tous les quatre livres l exp rience des deux guerres avaient profond ment touch l auteur Conclusion Cette br ve tude conduit ce r sultat que malgr quelques divergences mentionn es les convergences entre les uvres de Giono les gros romans et les courtes chroniques m ritent une attention particuli re et cela sur divers plans En ce qui concerne les th mes nous devons exprimer que le changement n est pas tr s fondamental ce qui voque la distinction entre les deux genres c est la pr minence du th me de la nature sur le th me de l homme ou l inverse Au fond apr s ses deux gros romans dont l univers est centr sur la f rocit et la cruaut des forces naturelles Giono est pass vers la peinture de la brutalit humaine Ce passage semble se justifier par l volution int
28. subies dans les prisons Giono semble bien transform D une part il est pratiquement interdit de publication et sa position est celle d un exclu du champ litt raire D autre part il sort de l preuve de 122 Recherches en langue et Litt rature Fran aises Revue de la Facult des Lettres Ann e 6 N 9 l emprisonnement avec une vision nouvelle de l homme Pour Giono l homme a alors au fond de lui une part obscure n gative voire monstrueuse Ces livres sont d sormais concentr s sur l homme porteur du mal et il n est plus question de la nature et de ses forces devant lesquelles l homme doit lutter L univers de ces livres devient avant tout humain o les paysans et les artisans sont remplac s par des nobles des bourgeois ou des marginaux De plus en ce qui concerne la diff rence existant entre les gros livres et les chroniques nous nous r f rons l explication de Claudine Chonez Maintenant le fleuve la montagne le champ et le contemplatif qui les c l braient sont pass s au second plan Les tres agit s que Giono voyait comme une petite couche de gel e tremblotante sur le globe ont pris toute la place De plus le monde moderne n est plus banni de ces romans le moteur de camion de tracteur d auto de moto a droit de cit Cf 1956 111 Ainsi les composantes restent elles les m mes bien que changent leur priorit le temps de leur intervention et l int r t que leur accorde
29. t ses semblables par sa cruaut Cependant contrairement Un roi o nous voyons des th mes comme la nature la violence la cruaut et la mort No ne nous pr sente aucun th me bien pr cis tout y est mais sans tre vraiment et directement exploit l absence de l intrigue et du th me la pr sence des personnages silhouett s l absence des fronti res entre l imaginaire et le r el la mise en abyme et le caract re circulaire du r cit commencer et se terminer Manosque sont tous les facteurs qui nous permettent de penser rapprocher No des nouveaux romans Toutefois n oublions pas que de fa on quasi d tourn e la cruaut est pr sente galement dans la prolongation d Un roi dans No o le sang de Langlois jaillit partout dans le bureau du narrateur 126 Recherches en langue et Litt rature Fran aises Revue de la Facult des Lettres Ann e 6 N 9 2 Le syst me narratif En ce qui concerne le r le du narrateur nous supposons en g n ral la pr sence d au moins un narrateur et de plusieurs personnages de telle fa on que le premier narre les v nements dans lesquels les seconds se trouvent impliqu s Mais Giono d passe cette fronti re Ainsi dans ses quatre livres rencontrons nous une narration la fois h t rodi g tique et homodi g tique D apr s la terminologie de G rard Genette nous distinguons la narration homodi g tique o le narrateur Ss incarne dans un personnage de
30. t les convergences mentionn es ci dessus nous avons galement aper u d autres notions permanentes comme l ironie la musicalit et les r f rences bibliques dans les gros livres ainsi que dans les chroniques Cependant dans les limites assign es ce travail il nous a sembl impossible de les traiter au c ur de notre tude D ailleurs appuyant sur l ironie pour traduire la condition tragique de l homme Giono se rapproche du th tre absurde ce qui serait aussi int ressant d tudier L uvre de Giono avant et apr s la guerre rupture ou volution 139 Bibliographie Chonez Claudine Giono par lui m me Seuil Paris 1956 Citron Pierre Giono Seuil Paris 1995 Collectif Colloque du centenaire Giono romancier l Universit de Provence vol II 1999 D cote Georges Un roi sans divertissement Hatier coll profil litt raire Paris 1986 Genette G rard Figures III Seuil coll Po tique Paris 1972 Giono Jean Que ma joie demeure Bernard Grasset Paris 1935 Giono Jean Batailles dans la montagne Gallimard Paris 1937 Giono Jean Un roi sans divertissement Gallimard Paris 1947 Giono Jean No Gallimard Paris 1961 Goldmann Lucien Pour une sociologie du roman Gallimard coll Tel Paris 1964 Kahnamouipour Jaleh et Khattate Nasrin La critique litt raire Samt T h ran 1383 Karimian Farzaneh La vision panoramique dans Un roi sans divertissement la polyphon
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