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Le cursus scientifique d`Abraham Moles

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1. une v ritable Th orie de la communication qui outrepasse la distinction banale entre communication dite de masse ou de diffusion et la communication interpersonnelle r sultat d un choix r ciproque proche d une interaction authentique Des crit res ont t d finis dont la lointaine origine se situe dans l enseignement que nous avions re u de Moreno fondateur de la Sociom trie la New York University avec lequel nous avions largement collabor dans les ann es 50 C est sur la base de ces crit res que des mots succ s tels que cologie des communications prenaient un sens celui d interaction de types de communications distinctes l int rieur d un domaine aux ressources limit es le budget temps de l tre l espace des territoires la capacit de la machine c r brale traiter les informations la gamme des ondes herziennes etc Par l on pouvait l tudier exp rimentalement muni d une doctrine s re et en particulier exploiter largement en les interpr tant de fa on signifiante les masses normes de documents statistiques qui s accumulaient partout dans les grandes institutions officielles capables de les collecter les minist res les postes et communications de tous genres les instituts de recherche japonais les institutions priv es telles que certaines grandes universit s am ricaines et les instituts de statistiques mais semble t il souvent peu capables des les interpr
2. Utrecht Il est certain que cette activit plus compatible avec la t che d analyse critique et de recherche th orique qu avec un travail strictement exp rimental de longue dur e a contribu renforcer une vocation interdisciplinaire qui avait t amorc e par notre formation de base Ces nombreux s jours en Allemagne en Suisse et en Italie ont t provoqu s entre autres par le contact avec des chercheurs int ress s par les concepts que nous avions nonc s dans les ouvrages Th orie de l information et de la perception esth tique et Les Musiques exp rimentales Frank Schnelle Gunzenhauser von Cube et qui cherchaient d velopper des applications sp cifiques Ainsi en est il de la mesure de la complexit d une structure de r les sociaux dans un groupe ou une entreprise et information du Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles sociogramme correspondant qui a donn lieu un travail de d veloppement syst matique de von Cube Ceci nous a conduit reprendre et d velopper l analyse des ph nom nes culturels sous l angle structuraliste en mettant en vidence l existence d atomes de culture cultur mes mis en circulation par les mass media un chimiste dirait volontiers mis en libert par le processus de dissociation des messages culturels convoy s par ces m dias dans une masse sociale compos e d individus distincts et sans lien organiques les uns avec les aut
3. Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles Texte in dit crit par A Moles et E Rohmer Publi dans le Bulletin de Micropsychologie nrs 28 et 29 mars et juillet 1996 Les intertitres ont t r dig s cette occasion par Elisabeth Rohmer De l homme seule compte l oeuvre Telle tait la position d Abraham Moles une d claration illustrative de sa r ticence voquer son identit son histoire et de fa on g n rale aborder sa personne toutes choses qu il cantonnait dans le registre priv Parmi l ensemble des textes in dits en notre possession se trouve cette autobiographie r dig e avec Elisabeth Rohmer Comme l explicite son titre officiel le cursus scientifique d Abraham Moles elle ne concerne que la dimension publique de l oeuvre intellectuelle de son auteur V S Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles SOMMAIRE 1 L acc s au savoir 2 Le laboratoire porte magique de la connaissance 3 La repr sentation tri dimensionnelle du ph nom ne sonore 4 Une science acoustique renouvel e et les premiers contacts avec la philosophie 5 L id e de climat sonore 6 Les m canismes d identification de la voix 7 L influence de la musique contemporaine 8 Une r flexion sur l activit de cr ation 9 Les m thodes de la pens e cr atrice 10 Le principe d inc
4. Espace Elles soulignent l opposition entre privatisation et communaut d j amorc e par Chermayeff et d gagent un certain nombre d axiomes d origine sociologique au sujet des comportements de l tre dans l espace elles montrent aussi que l homme n accepte la soci t que dans la mesure o il est susceptible de la refuser et que la fonction de l urbaniste ou de l architecte est de r aliser ce jeu permanent de concentration ou de dispersion qui est la signification psychologique de la ville Avec la limitation du capital Temps Espace dont dispose l ensemble de la masse sociale ce jeu dialectique se fait de plus en plus difficile r aliser l homme n accepte plus la soci t mais la subit la soci t est erreur 25 Vers un syst me social En fait la psychologie sociale montre qu en de nombreuses instances la soci t n est plus la chose publique res publica elle est le cadre n cessaire de l existence il n y a 16 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles pas proprement parler de soci t mais un syst me social d l ments atomiques plus ou moins importants individus groupes familiaux groupes de pression entreprises minorit s vari es r partis dans l espace du champ social parcourus par un r seau de services et un r seau de contraintes dont le fonctionnement provoque sur chacun de ces l ments la s cr tion d une opinion ou d une attitude s
5. importance voisine entre lesquelles l individu doit avoir fait le juste choix sans tre capable d en d finir la justice Le simple recensement de situations de ce genre est en soi tr s clairant Dictionnaire des micro v nements dans la conduite automobile L analyse des services par la voie du Co t g n ralis et du B n fice g n ralis que l tre en tire d montre que la notion r gulatrice de prix est tout fait inad quate l approche de la d cision d agir et donc qu elle doit tre en tout cas repens e Le probl me n est plus alors de changer les fondements du syst me politique ou social il est bien plus et d abord de voir ce syst me fonctionner ad quatement par rapport ses objectifs et ses valeurs affich es avec s curit sans attentes et sans fausses manoeuvres Cet aspect est si consid rable en pratique qu il sugg re dans une tude demand e par l UNESCO une s rie de valeurs alternatives introduire dans l environnement quotidien tel qu il est secr t actuellement par la soci t des contr les des sanctions et de m canismes administratifs qui sont charg s de g rer les besoins En bref la micropsychologie d nonce un nouveau type d ali nation qui n est pas ou gu re politique auquel tous les tres participent comme une sorte d imp t non dit sur l action ou la satisfaction des d sirs Dans certains cas le micropsychologue y fournit des solutions et
6. trouver ind pendamment de leur contenu des dimensions g n rales des messages Parmi ces dimensions la complexit aux diff rents niveaux de la hi rarchie des supersignes nous tait d j apparue comme la plus importante Mais une autre dimension a merg sp cifiquement de l tude des message visuels c est celle de l iconicit inverse de 19 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles l abstraction caract re d une image d tre image de quelque chose elle se rapproche de facteurs g n raux bien mis en vidence au Royaume Uni par Pickford sous le nom d exactitude photographique comme un d terminant de l appr ciation de l image Si penser c est sch matiser comme le dit Goblot quand on repr sente par un message visuel mat rialis un petit fragment du monde de la vision par une exp rience vicariale qui relie soit au monde r el comme le pr tend la photographie documentaire soit au monde imaginaire mais en tout cas imaginable le processus de communication visuelle repose sur une abstraction un quelconque degr 32 De l chelle d iconicit au sch ma On peut explorer entre le monde communicationnel de signes purement conventionnels dont le r pertoire a t chang au pr alable par l metteur et le r cepteur et le monde de l illusion imaginaire ou iconique tout un continuum parfaitement coh rent le monde de la sch matisation ou de l
7. Dunod 1952 155p M thodes d essai acoustique normalis es d un immeuble insonore Colloque international d Acous tique architecturale 1959 156 160 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles avons effectu s souvent en collaboration avec la petite quipe de chercheurs et de musiciens du Studio de musique concr te devenu plus tard une institution autonome Une part de nos travaux de cette poque a port sur les m canismes d identification de la voix au t l phone partir de l analyse statistique traduite par les histogrammes de niveau sonore et d autres caract res m triques de la s rie d objets sonores que constitue le discours Nous avons contribu la formation d un certain nombre de chercheurs tels que E Leipp qui devait plus tard apr s la th se qu il a soutenue sous notre direction devenir directeur scientifique du Laboratoire d acoustique musicale de la Sorbonne Helmar Frank devenu ensuite directeur de l Institut de cybern tique de Berlin Andreas Zalisniak l poque en stage en France devenu plus tard directeur du Laboratoire de linguistique de l universit de Moscou Stockhausen Pierre Henry qui a t le principal compositeur de musique concr te d s son d but et qui a largement utilis la th orie des ph nom nes de r action acoustique ou effet Larsen que nous avions mise sur pied d s 1950 au laboratoire du CNRS Tous ces chercheurs participaient aux s min
8. abstraction progressive Les diff rents degr s de ce continuum constituent ce que nous avons appel l chelle d iconicit Nous avons t conduits dans des travaux amorc s d abord Ulm puis d velopp s dans des s minaires Paris d finir cette chelle par comparaison propos de tout un ensemble de messages pratiquement ignor s jusqu pr sent par les chercheurs universitaires celui du Sch ma industriel ou technique pour lequel nous tions bien pr par s par nos tudes d ing nieur il fournit un exemple presque parfait d un message visuel caract re fonctionnel extr mement r pandu l une des bases communicationnelles de notre soci t technique dans lequel tous les niveaux d abstraction ou d iconicit se trouvent pratiquement repr sent s nous en avons recueilli un corpus important Apr s diverses tentatives infructueuses ces tudes se sont traduites par l organisation avec un groupe de personnes sensibles l importance de ce th me d un enseignement sommaire la nouvelle Universit Technique de Compi gne Affiche sch ma image documentaire image artistique sont donc ins r s dans le m me r seau d analyse dimensionnelle et la communication dans la mesure o cette derni re se veut efficace c est dire productrice de r actions d finies chez le r cepteur de celle ci doit optimiser les caract ristiques du message dans les diff rentes dimensions en fonction de cel
9. il y a entre autres ceux propos s par Osgood pour la mesure des connotations dans ses analyses psycholinguistiques auxquelles nous avions largement collabor un stade ant rieur On doit retenir par exemple les crit res de grandeur de valeur personnalis e d activit ou de passivit A ces crit res s ajoute toute une s rie d autres la complexit de l action la masse de celle ci c est dire la grandeur de l influence qu elle exerce sur d autres tres environnants sujet objet ou t moin de cette action la quantit de coh rence degree of consistency par laquelle elle s ins re dans une cha ne orient e vers un but etc beaucoup de ces crit res nous taient apparus dans une courte tude d j cit e sur l v nement Nous avions commenc ces travaux sur l action en collaboration avec l cole d Organisation Scientifique du Travail l poque o celle ci tait plac e sous la pr sidence de G Berger au moment o il fondait la Prospective et nous les avions poursuivis en tant que conseiller scientifique de diverses entreprises malheureusement un peu au gr des circonstances de l action que ne l ont fait la th orie du rendement ou de la productivit industrielle qui nous paraissent encore extr mement sommaires Le cadre d un laboratoire de psychologie sociale se pr te assez mal au d veloppement d une th orie des grandes actions au sens quantitatif que nous avons t c
10. jusqu au paradoxe que tout acte ou chose du monde ext rieur a son prix sa valeur dans une unit universelle qu on appelle l argent l unit fiduciaire et qu il y a bien l une mesure imm diate brutale mais assez g n rale par exemple de la grandeur des actes dans leur rapport avec un salaire ou avec une occupation ou un plaisir Tout ceci a t bien d velopp au XIX me si cle et les conomistes ont poursuivi sur leur lanc e en construisant des doctrines math matiquement assez raffin es mais qui et c est ce sur quoi la th orie des actes nous a conduit porter attention acquiert une sophistication qui d passe de beaucoup le r alisme psychologique auquel tient tout naturellement l observateur du comportement Il est vident que l homme pour agir exploite bien d autres ressources que l argent dont il dispose mais ces ressources sont toujours un peu de m me nature Nous avons montr que tout acte humain tout acc s de l homme une source de gratification du champ des valeurs d crit par Kurt Lewin comporte un certain co t g n ralis qui pourrait tre consid r plut t que comme une grandeur scalaire comme l est le prix comme une grandeur vectorielle 5 composantes en g n ral qui sont le prix le temps pass pour effectuer lacte ou pour acc der la source du service l effort physique qui n est que rarement tout fait n gligeable contrairement ce que voudrait nous
11. scientifique On pourra dire qu il s agit l beaucoup moins de polydisciplinarit un mot dont les administrations scientifiques abusent que de descente en profondeur dans l analyse de situations disparates jusqu y trouver ce qu elles ont en commun C est une attitude g n rale de la science de toutes les sciences d injecter dans un domaine des concepts et des mani res de r fl chir qui proviennent d un autre domaine et d essayer par l d en prouver la solidit il y a souvent un risque mais il y a l aussi un programme Beaucoup de mots de la terminologie math matique champ s rie p les convergence int gration hyst r sis etc en raison de leur abstraction m me sont susceptibles de provoquer des r flexions partir d un domaine o ce sont les relations entre les choses plut t que les choses qui constituent la v ritable tude Il y a l une d finition des math matiques Un autre exemple les concepts imagin s par la d mographie pour tudier les populations restent tout aussi valables que ces populations soient des tres humains des bact ries des cit s ou des objets r partis dans des magasins inventaires listes courbes de fr quence natalit mortalit morbidit sont des concepts qui prennent un sens dans l tude par exemple des objets mat riels d un catalogue et qui proposent au lecteur des r flexions ou des suggestions Ce transfert de concepts sera en fi
12. tude des ph nom nes sonores transitoires consid r s comme une suite de formes plus ou moins isolables au cours du temps fut faite dans nos travaux de participation au Centre d tudes de Radio T l vision l organisme de recherche de la Radiodiffusion fran aise cette poque et qui nous servit pendant plusieurs ann es de laboratoire gr ce la bienveillance de son directeur Jean Tardieu Elle se fit dans le cadre de l quipe r unie autour de Pierre SchaeFfer qui cr a la musique concr te et c est dans ses studios que celui ci proposa le terme d objet sonore pour recouvrir cette notion de forme isolable que nous avions d gag e Nous y avons propos entre autres les l ments de ce qui a t appel plus tard le solf ge sonore avec une terminologie sommaire qui sera tr s longuement d velopp e ult rieurement par le Groupe de Recherches Musicales qui avec des moyens bien sup rieurs a publi un Trait des objets musicaux mais dont les premiers l ments se trouvent dans nos publications de la Revue Funk und Ton et des Cahiers d acoustique d s 1954 Nous y avons galement r alis une premi re description des objets sonores sur carte perfor e qui fut pr sent e au Congr s industriel d acoustique de Delft 6 Les m canismes d identification de la voix A l poque les studios de recherche de la rue de l Universit o se situait le Centre d tudes dans lequel nous travaillions taient le foy
13. un tr s grand nombre d institutions de mass media Une part de nos travaux se trouvait donc orient e l poque vers des aspects sociologiques et l autre vers des aspects informationnels et de psycho esth tique Ces derniers nous conduisirent essayer des applications plus pratiques de la th orie informationnelle de la perception en particulier au design 14 L influence sur le design industriel Apr s une s rie de conf rences la Hochschule fur Gestaltung Ulm h riti re en Allemagne de la tradition du Bauhaus de Weimar et fond e apr s la guerre par Max Bill et par un certain nombre d autres anciens du Bauhaus nous avons t appel 10 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles assumer un enseignement th orique au titre de professeur r gulier Ce fut le d but d une longue collaboration avec cette Ecole qui suivant en cela la tradition de son a n e fut ferm e en 1968 la suite de la crise universitaire en Allemagne mais qui avec des moyens tr s restreints a influenc de fa on profonde le design industriel en Europe Centrale puis en France et en Italie par la diss mination de ses professeurs et l ves et a t l un des principaux foyers de l art optique et g om trique issu de travaux de Huff Maldonado Albers Sugiura dans la Section Arts visuels Une grande part des tudes que nous avons faites l poque ont port sur l analyse de la complexi
14. y a pas dans le monde une infinit de paysages ou qu en tout cas cette infinit se d compose en des classes d importances si diff rentes qu il serait d pourvu de sens de 35 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles qualifier de paysage n importe quelle vue au hasard Tout au contraire il existe des points de vues en nombre limit fonction des int r ts des tres humains largement communs la plupart d entre eux et en cons quence un nombre limit de paysages dans le monde Il est donc possible d en dresser l inventaire par exemple pour le touriste et d en construire des r pertoires par exemple pour le Minist re de l Economie La g n ration m me de ces paysages repose sur des facteurs sociologiques et perceptifs mais elle r v le une v rification int ressante du cycle socio dynamique de la culture visuelle un paysage c est entre autres ce qui est souvent photographi souvent sujet carte postale sujet de livres d art ou de vues journalistiques et l on peut donc dire en bref que le paysage c est ce qui g n re des cartes postales ou des photographies Mais pr cis ment que sont donc les photographies ou l chelle de ce nouveau media les cartes postales Ce sont tr s pr cis ment des images int ressantes images du monde images de la nature qui sont pr lev es dans la continuit du courant de conscience parce qu un quelconque degr ell
15. Actes r soudre des situations en cr ant des objets Nous avons d fini ainsi le design situationnel celui pr cis ment dans lequel si une situation comportant un certain nombre de valeurs ins r es dans un paysage d actions se repr sente tr s fr quemment sur la trajectoire de vie de l individu ou des individus et si le micro environnement qui l entoure est constant alors il peut tre indiqu de sortir de cette situation en satisfaisant aux valeurs c est dire aux conditions du probl me th orie de la probl matique par la r alisation d un objet d fini d un outil ses avantages g n ralis s doivent tre sup rieurs aux inconv nients l objet pourrait ventuellement tre nouveau et se d couvrir un march si le syst me productif en est capable Ceci ouvre plusieurs perspectives 1 d abord une nouvelle m thode de cr ativit dans le domaine du design 2 d autre part une analyse statistique serr e des situations qui se pr sentent sur les lignes d univers de l tre et certes l il faut tre capable d chantilloner le nombre correct des tres le nombre de lignes d univers qu ils peuvent avoir parcourir et surtout le nombre de situations qui se d coupent au long de ces lignes 3 ensuite partant de cette analyse fr quentielle de questionner l univers technique pour savoir dans quelle mesure a ce qui existe d j peut y satisfaire c est douteux par d finition
16. Moles que les tudes sur les m thodes d tude du futur que nous avions eues faire pour le compte de groupes de recherche priv e sur le r le de l artiste dans la soci t contemporaine etc Un cours d un an intitul L image du Futur dans la Soci t contemporaine fait l poque o nous appartenions encore la chaire de sociologie contenait une premi re cat gorisation des m thodes par lesquelles l individu construit cette image du futur qui contribue le d terminer et comment il fait usage pour entreprendre des actions pr sentes qui prendront leur effet dans le futur d finition m me de la Prospective par G Berger Un des concepts que nous avions d gag cet gard li la fois la notion de libert et au concept de champ topologique de Kurt Lewin est celui de la cat gorisation des champs de libert de l individu par rapport des syst mes de contrainte vari s physique biologique juridique culturel etc de libert ce terme tant d fini au sens o Val ry l emprunte aux sciences de la m canique l exc s du nombre de param tres qui d terminent l tre sur le nombre de relations qui r gissent ses mouvements Nous avons montr qu il existe trois modes possibles de libert que nous avons appel s principale marginale et interstitielle cette derni re notion refl te le trajet imagin de l tre dans le champ des contraintes et des valeurs encombr et par
17. a t l analyse des objets quotidiens Depuis notre premier livre sur la Th orie des objets 1972 qui para t avoir jou un grand r le en Am rique latine nous n avons jamais cess de d velopper la notion d Objet dans une sorte de sociologie de ceux ci plus ou moins ind pendante des hommes qui s en servent Plut t que d enrichir la notion 43 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles d objet comme signe signe de statut signe de sup riorit mise en situation de l tre nous avons jug plus f cond d aborder une v ritable th orie g n rale de l objet tr s pr cis ment comme une chose cette fois au sens du sociologue d une histoire naturelle des objets En quoi cette science peut elle se rendre utile construire des objets nouveaux usage de matrices heuristiques dans le prolongement de nos travaux sur la cr ation scientifique usage de m thodes de variations exploitation du binome formes variations compatibilit des ensembles d objets sociom trie ou organisation de ceux ci l int rieur d un lieu fini comme l appartement le bureau la trousse outil le magasin Des tudes ont t faites sur ces lieux privil gi s que sont le magasin populaire Enderlin la vitrine Brunner l assortiment d un quartier de ville qui se pr sente comme un labyrinthe urbain Ladwein La plupart de ces recherches ont t orient es par nos relations troi
18. c est dire son contraste avec le fond de bruit ambiant Ces notions sont couramment reprises en informatique dans les proc d s d extraction de signal par rapport un bruit partir d artifices math matiques tels que le spectre d auto corr lation qui en apportent une v rification par un mod le devenu routinier 11 Au laboratoire de H Scherchen L une des fonctions qui nous ont permis de d velopper fortement nos travaux esth tiques dans le domaine sonore a t la charge que nous avons assum e de 1954 1960 avec de nombreuses interruptions de directeur de Laboratoire d lectroacoustique Scherchen situ dans le petit village de Gravesano en Suisse italienne et patronn par le chef d orchestre Hermann Scherchen l un des anciens pionniers de l quipe r unie autour de Radio Berlin jusqu en 1933 et qui dans une infatigable activit en faveur de la musique contemporaine a r v l successivement des compositeurs comme Berio Xenakis Maderna Luigi Nono Piccola Le Centre de Musique de Gravesano disposait d un appareillage relativement important quelque peu sous utilis et nous a permis de poursuivre gr ce la bienveillance de H Scherchen une s rie d exp rimentations mi chemin entre la musicologie la th orie de l information la psychologie et la psycho esth tique Citons entre autres les travaux que nous avions amorc s en 1952 sur la reproduction sonore dans l espace ce que
19. cis en soi mal d fini et ils sont chacun incompatibles l autre Pourtant il existe une recherche du co t g n ralis d un objet d un service ou d un acte qui tout le moins sert d une mani re quasi mn motechnique comme le fait une comptabilit ne rien laisser en dehors du jugement de l observateur sans qu il n ait au pr alable d d cider que tel l ment tait effectivement n gligeable Un autre outil dont nous croyons avoir eu une responsabilit dans son introduction dans les sciences humaines c est ce qu on appelle maintenant analyse syst mique reformulation plus rigoureuse des mod les cybern tiques auxquels nous avons largement contribu autrefois par exemple avec des chercheurs comme Grey Walter et Ashby Construire des mod les est une discipline quasi cart sienne sch matiser un 50 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles ph nom ne par des s ries de bo tes noires et de liaisons entre celles ci correspond tout fait la pens e de Leibnitz et de Descartes Le but y est essentiellement de comprendre le jeu des forces l mentaires assembl es de fa on trop complexe pour que l esprit humain puissse suivre cet assemblage la fois dans son d tail et dans sa totalit il doit ce moment se reposer sur un mod le un simulacre dont le comportement doit avoir un quelconque degr d analogie avec le ph nom ne duquel on est parti et q
20. cycle socio culturel etc Ces travaux bauch s d abord au Centre d tudes de Radiot l vision pr sent s l Institut de sociologie Solvay Bruxelles ont t tablis sur une base num rique au Service des relations avec les auditeurs en utilisant les tr s nombreuses donn es num riques dont nous disposions ils ont fait quelques ann es apr s l objet d un ouvrage Sociodynamique de la culture qui a t le r sultat concret de notre collaboration avec ce service de ORTF Nous y proposons une analyse pr cise de la notion de culture sous forme quantitative l id e de cycle socio culturel la description des cycles conomiques des id es dans diff rentes disciplines ou domaines l art la musique la science le th tre le vocabulaire l imprim le journal la t l vision mettant en vidence de fa on pr cise la notion de gate keepers voqu e par Kurt Lewin et Wright Mills et les cons quences des mod les de diffusion et de r tention sur les contenus et les formes de la culture de masse Nous y montrions galement que l hypoth se de d part et les pratiques que les gate keepers et les responsables des media adoptaient les conduisaient un certain nombre de doctrines culturelles que nous avons caract ris es sous les noms de doctrines d magogique dogmatique hi rarchique culturaliste dynamique la combinaison dans un cas r el de ces doctrines type rend compte de la politique culturelle d
21. d fini dans un travail effectu par les Cahiers de l ISEA dirig s par Fran ois Perroux Il y a donc une organisation de la sph re personnelle de l tre dans la r partition entre ses actes ses interactions avec les autres son travail et son repos tout de m me qu il y a une organisation d un territoire d un tat par les syst mes de relation qui s y construisent Ce sera l objet de cette nouvelle discipline l cologie communicationnelle de rendre compte de cette organisation et de l tablir sur des bases num riques 18 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles 30 L affiche et la programmation du champ autodidactique L un des aspects les plus concrets de cette id e de densit des messages re us par l individu au cours de sa circulation dans un territoire urbain par exemple c est la densification des images visuelles motivantes dont l affiche est l exemple le plus simple dans la soci t urbaine Nous avions depuis plusieurs ann es tudi et d velopp l analyse formelle de l image consid r e comme un message destin influencer l individu d une fa on contr lable et qui par l m me est objet de choix pour une tude scientifique de stimuli caract re esth tique Ces tudes nous conduisaient aborder l affiche dans une approche tr s diff rente de celle des m thodes caract re s miologique pratiqu es par Eco ou P ninou sous l angl
22. dans les loisirs forc s que causaient les v nements d abord les cours d Aim Forest et de J Chevallier en philosophie l Universit de Grenoble puis ceux de Gaston Berger l Universit d Aix ces derniers ont jou un r le d cisif dans notre orientation 3 La repr sentation tri dimensionnelle du ph nom ne sonore En poursuivant notre carri re scientifique ponctu e par une s rie de travaux publi s au Journal de Physique dans les comptes rendus de l Acad mie des Sciences et dans la revue anglaise Nature travaux qui portaient sur des probl mes d acoustique des salles d insonorisation de physique des sols qui pour nous constituaient le prolongement tout fait normal de nos premi res tudes dans un Laboratoire d essai des mat riaux nous avons tudi les r gimes sonores dans les chambres de r verb ration les techniques de r verb ration du champ sonore par des proc d s lectroacoustique en vue de r soudre le difficile probl me de la constance du champ vibratoire dans une salle Mais d s cette poque l aspect synth tique et conceptuel nous paraissait plus important que chacun des d veloppements particuliers r alis s pour r soudre un probl me d termin l exp rimentation sur les hauts parleurs ou les microphones par exemple ou la recherche des r gimes stables en chambre r verb rante et nous essayions de saisir les interactions entre les diff rents aspects du spectre d un ph
23. de leur nature particuli re de leur signification de leur but qu il doit tre possible de les classer de les cat goriser et de trouver des ressemblances entre eux En bref il existe une Th orie des actes et c est celle ci que nous avons abord e partir de 1974 un ouvrage sur ce titre a t publi en 1977 Nous y d taillions les crit res auxquels peuvent ob ir des actes totalement disparates dans leur nature et leur insertion dans un contexte signifiant mais qui poss dent de nombreux aspects pertinents estimables sur des chelles de grandeur relative Il y a un espace qualitatif ordinal des actions et dont nous en avons explor les aspects concrets par de nombreux exercices pratiques travers plusieurs th ses en particulier celle de Victor Alexandre Ainsi peut on distinguer la grandeur absolue d une action le pr l vement qu elle fait sur les ressources du sujet actant la complexit de cette action consid r e comme poss dant une structure atomique d assemblage de prax mes le degr d implication d une action sp cifique par rapport une autre le taux de r versibilit une grandeur tr s int ressante pour le psychologue l intrication sc nario c est dire l auto corr lation qui existe dans une s quence d ex cution avec telle autre action post rieure ou ant rieure une distance d termin e et bien d autres aspects 37 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifiqu
24. de plus en plus tendues du r el donn L individu r sout la tension r sultant d une situation par une action en faisant usage d un objet consid r comme un outil g n ralis c est dire li sa fonction comme l ment de r duction de la tension situationnelle 37 et son corollaire la th orie des actes Une th orie des objets conduisait donc aborder une th orie des actes qui reprendrait pour ces derniers les m mes crit res m thodologiques d crits pr c demment dans des domaines tr s diversifi s et qui nous paraissent d sormais relever d une m thode unitaire m thode provenant de l largissement progressif d une th orie informationnelle ou structurale base statistique La th orie des actes pour laquelle Kotarbinski a propos le nom de prax ologie n existe pas encore l exception de fragments tr s particuliers abord s par des individus aussi divers que les logisticiens de l art militaire et la recherche op rationnelle les metteurs en sc ne de th tre ou de cin ma les ing nieurs des services de rationalisation des postes de travail et dans une 22 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles certaine mesure les ph nom nologues ou les conomistes Nous croyons que l une de ses bases est l analyse des actions d une fa on aussi ind pendante que possible de leurs buts ou de leurs significations par une s rie de crit res descriptifs
25. des sciences humaines ce fut l une constante des programmes de chaque ann e un cours le premier r alis en Europe et croyons nous dans le monde sous un titre variant quelque peu d ann e en ann e mais dont les lignes directrices ont t constantes Cybern tique et sciences humaines puis Syst mique en sciences sociales puis Communications interactions et th orie des syst mes Celui ci reposait sur l id e d une Physique des sciences de l homme terme repris plus tard dans un livre qui nous a t consacr Ed Oberlin 1989 Il fut initi d j quand nous enseignions la sociologie en 1962 sur la demande de G Gusdorf Avec des contenus changeants mais un esprit commun Projet pour un homme il repr senta jusqu la fin de notre enseignement Strasbourg l une des constantes philosophiques de celui ci des fragments nombreux en ont t publi s dans des revues dans des encyclop dies Certaines des id es qu il proposait apport de la pens e cybern tique allemande notions de Zst Wert et Soll wert de H Schmidt ind pendance des aspects court terme et long terme crit res de r alisabilit des mod les crit res objectivables des feed back etc sont pass depuis dans le langage courant en particulier lors de la reprise d importance de la Th orie g n rale des syst mes vers 1978 C est l int rieur de ce cours que furent diffus es les notions de mesure de la quantit culturelle de
26. du r cepteur selon des r gles d termin es par sa capacit maximum d appr hender l information Tout message repr sente un certain type de jeu dialectique entre la banalit maximum d un syst me totalement intelligible et l originalit maximum qui serait voisine de l information de Shannon Nous en avons d duit l existence d une courbe d optimisation de la valeur des messages transmis entre op rateurs humains courbe qui a t plus tard retrouv e exp rimentalement par Berlyne l Universit de Toronto Insistant sur l assimilation de l op rateur humain un mod le de machine traiter l information celui ci doit poss der une capacit maximum que nous chiffrions entre 10 et 20 Bits sec notion retrouv e ind pendamment de nous par des chercheurs am ricains Bruner Miller et qui a fait l objet d un travail important qu un de nos chercheurs Helmar Frank poursuivant sa th se sous la direction de Max Bense et de nous m mes en a d duit les premi res r gles d application de la th orie informa tionnelle au processus p dagogique Par ailleurs notre travail sugg rait dans le domaine psychophysique Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles l existence de principe d incertitude de la perception montrant que la pr cision de la connaissance d une forme est inversement proportionnelle la pr cision avec laquelle est connue l intensit physique de celle ci
27. du r el pour le mettre dans sa poche L analyse de ph nom nologie sociale que nous en avons fait montre ceci tait d j connu que la photographie dite d amateur qui repr sente 80 de l activit de captation d images par la cam ra est essentiellement de l ordre du futile ou plut t du rite social ce n est m me pas un art moyen Bourdieu c est avant tout un habitus Pla ant un chercheur l extr mit de la cha ne de contr le de d veloppement des grandes machines de d veloppement et faisant une analyse statistique du tout venant de l amateur il est ais de se rendre compte de ce point Balea Ainsi tout ce que le monde intellectuel d signe sous le nom de Photographie entre autres la photographie d art le photo journalisme l anthropologie par l image ne repr sente qu une petite fraction d activit de la vaste industrie qui l alimente elle n en est presque qu un sous produit Ceci se retrouve nettement dans l analyse de la cr ativit photographique travers le mythe de Gyges ou le mythe du voyeur universel voir sans tre vu L tude plus d taill e de ce processus de concr tisation qui constitue un bon exemple d application d un imaginaire social la cr ativit technique montre plus encore que la captation photographique se cat gorise selon la nature de la r activit des tres ou objets vers laquelle elle se dirige il y a 1 les objets passifs 2 la cha
28. effectuait toute une critique de l esprit scientifique Merleau Ponty successivement la Sorbonne et au Coll ge de France nos travaux nous ont conduit une r flexion critique sur les relations entre le rationalisme n o positiviste l id ologie scientifique et la notion de m thode dans les sciences en particulier dans l activit de cr ation Ces tudes aliment es par nos contacts de travail et nos s jours dans des laboratoires divers dans des pays diff rents participaient de la vie de ce que nous commencions appeler la Cit scientifique une toute autre image de celle r sultant des id es rationalistes patronn es par Brunschwig encore en vigueur cette poque Elles devaient nous conduire les pr senter dans une th se de Doctorat d tat es Lettres Philosophie intitul e La Cr ation scientifique pr sent e la Sorbonne en 1954 publi e imm diatement apr s en Suisse qui a donn lieu depuis plusieurs ditions trang res 9 Les m thodes de la pens e cr atrice L essentiel de ce travail en dehors d une critique d aspect ph nom nologique de l activit scientifique et des motivations du chercheur mettait en vidence en utilisant Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles un grand nombre d exemples l existence d une s rie de m thodes de la pens e cr atrice souvent parfaitement objectivables et susceptibles en certains cas d tre d finies o
29. exemplaires Pour nous l ensemble de ces travaux constitue une autre branche d application des id es g n rales sur communication et information longuement labor e comme l une des lignes essentielles de notre d veloppement scientifique Vers la m me poque le Professeur Henri Lef bvre qui venait d tre nomm l Universit de Strasbourg nous a appel participer la r activation d une section de sociologie dont l impulsion initiale venait du philosophe G Gusdorf qui cherchait restructurer les sciences humaines Strasbourg Ce fut en fait notre premier acc s officiel l universit fran aise et nous avons continu notre carri re en tant qu enseignant et chercheur l universit de Strasbourg successivement en sociologie puis dans la chaire de psychologie sociale o nous avons cr e en 1966 l Institut que nous avons dirig jusqu en 1987 17 La th orie des syst mes ou cybern tique A cette tape importante de la vie d un chercheur marqu e par l entr e dans l universit fran aise nos travaux scientifiques se pr sentaient donc ainsi partir d une branche originelle de sciences exactes et techniques nous tions pass s progressivement des sciences de la nature physique math matique physique des mat riaux science des vibrations acoustiques et lectroniques vers la th orie psychophysique de la perception et la construction d une doctrine structuraliste de celle ci Cet
30. il souligne la valeur d quipements sociaux ou techniques que les managers du social regardent dans des 46 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles perspectives diff rentes quelquefois p rim es Par exemple on saisit dans l exp rimentation des microsc narios de divers services que contrairement ce que pense l opinion commune les hommes pr f rent la stricte condition qu il soit parfaitement ad quat simple fiable et rapide le service accompli par un automate au service humain traditionnel qui n est indiqu que dans des cas parfaitement d finis Mais pr cis ment les devoirs impos s l automate de fiabilit rapidit permanence facilit de domination cognitive peuvent s av rer si grands et si imparfaitement r alis s dans la pratique que l alternative automatis e la r alisation de la situation ne puisse entrer en ligne de compte et que l individu cherche d sesp r ment contourner l automate En fait souvent ce dernier fonctionne mal parce qu au lieu d tre con u partir d une analyse situationnelle suffisamment pouss e il l a t plut t partir de pr jug s de rationalit erron s de l ing nieur 62 Pour un design situationnel On saisit facilement ici la relation qui s tablit presque automatiquement entre micro psychologie et design puisque ce dernier veut au bout du compte comme le montre la Th orie des
31. leur donne leur statut nous apparaissait comme fascinant sous l aspect d une sorte de g n ralisation des vecteurs d information entre syst me social et individu ou des 20 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles individus entre eux La diversit des objets fabriqu s par la soci t industrielle est prodigieuse il serait vain d en vouloir dresser un inventaire exhaustif et ici comme pour les mots du langage l algorithme de Zipf rempla ant le concept d extension du vocabulaire ou d une liste close des types par le concept d extension du vocabulaire ou d une liste close des types par le concept de temp rature c est dire de pente de la caract ristique type token trouve l occasion de s appliquer Dans une br ve tude mise en circulation en 1965 nous d finissions la probl matique et les bases d une m thodologie de l tude des objets Celle ci devait tre conforme aux principes qui ont guid une grande part de notre action scientifique analyse ph no m nologique analyse caract re statistique int ress e plus aux ensembles aux groupements et aux typologies qu aucun des tres ou objets particuliers mise entre parenth ses du sens la signification d un objet c est sa fonction Il s agissait donc d introduire une distanciation de l observateur par rapport aux objets tudi s portant son effort sur des crit res d analyse de la fonction pl
32. nom ne sonore variable au cours du temps par une critique du concept m me de d veloppement de Fourier qui l poque restait la pierre d angle du raisonnement en acoustique C est cette analyse faite propos des ph nom nes transitoires tels que les explosions la parole et surtout la musique qui devait nous conduire une premi re bauche de la repr sentation tri dimensionnelle du son Cette laboration fut fortement influenc e de fa on indirecte par l enseignement de Philosophie et de Psychologie de Gaston Berger que nous avons suivi pendant pr s de sept ans et qui peut tre le seul en France cette poque faisait conna tre dans la calme universit d Aix la ph nom nologie de Husserl qui tait l un de ses travaux de th se la psychologie de la forme et ses lois l poque extr mement mal connue en France en d pit du petit livre de Paul Guillaume et en tout cas tr s mal accept e dans les milieux psychologiques nous r v lant toute une s rie de chercheurs dont nous avons plusieurs ann es apr s connu quelques uns directement Wellek Mayence Arnheim Michael Wertheimer A l poque l ensemble de nos travaux se faisaient dans la perspective d une th se de doctorat d tat sur La structure physique du signal musical et phon tique faite sous la direction de Ren Lucas Edmond Bauer H Pieron et du physiologiste Monnier Cette th se soutenue en 1952 la Sorbonne contenait les
33. pas vues auparavant Elle nous vient de la pens e juive et nous l avons apprise travers l enseignement de Neher entre autres elle participe aussi de l arsenal des proc d s de la ph nom nologie qui en fait tr s largement usage 66 Conna tre le monde et le transformer Il nous est apparu que le monde dans son tat imm diat tel qu il se pr sente l observateur distrait est un monde du vague et de l impr cis des quantit s de formes y mergent sur un fond mais elles sont la plupart du temps confuses difficiles cerner et chappent la r flexion claire Ce serait pr cis ment le but de la science de les saisir d en appr hender les contours avec des degr s d approximation ou disons d erreurs connues a priori Or cette op ration est lente et difficile elle requiert temps et effort l tre normal en situation n est gu re capable de l appliquer il vit donc continuellement avec quantit de formes et de ph nom nes vagues impr cis d analogies h tives de suggestions non fond es Pourtant tout l ensemble de ces causes de d sordres ne suffit pas faire du monde observ un brouillard gris totalement changeant et totalement impr visible Seul le hasard parfait pourrait donner cette apparence et nous savons que le d sordre parfait pas plus que l ordre parfait n existent dans la nature Ces r flexions nous taient apparues il y a bien longtemps dans la r alisation de no
34. premiers l ments de la Th orie de l Information appliqu e la perception une analyse critique du concept de p riodicit et l interpr tation informationnelle dirait on maintenant de toute une s rie d exp rimentations et de manipulations du signal sonore enregistr inversions d coupage modulation cr tage filtrage etc tr s difficiles r aliser l poque mais nous faisant prendre conscience d une m thode tr s g n rale celle de la d formation ou de la destruction syst matique d un signal pour y suivre m thodiquement la disparition des propri t s perceptives et par l en assumer l existence et l analyse Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles 4 Une science acoustique renouvel e et les premiers contacts avec la philosophie Un nouveau domaine s ouvrait nous semblait il faisant clater le cadre d une science acoustique qui apr s avoir longtemps march sur les traces des physiciens allemands et am ricains se pr occupait essentiellement de la courbe de r ponse des hauts parleurs du coefficient de r verb ration des salles de l affaiblissement apport par les murs la transmission du son ou du coefficient de nettet des lignes t l phoniques Nous d couvrions au contraire un domaine de ph nom nes sonores en continuelle variation mat rialis s par un enregistrement qui ne fournissait du r el qu une image distordue et partielle mais
35. son pouvoir social de l accomplissement en satisfaisant sa volont de r alisation de fa on ad quate une certaine conomie de l esprit Nous trouvons ici sur notre chemin certaines formules de Spinoza de Poincar et de Leibnitz On peut penser avec Bacon que cette situation reste la situation fondamentale de l homme dans la mesure o s liminent peu peu de son champ de conscience les erreurs les d tours et les obstacles internes lui m me Doit on penser aussi que le but de la science est de r aliser tout ce qu il est possible Ou que ce serait plus probablement l le but de la technique la science se r duisant un jeu perp tuel avec la nature des choses m par un esprit de conqu te qu elle soit intellectuelle ou mat rielle L homme n est pas en paix avec le monde d s que comme le dit Maslow il r alise les conditions minimales de sa survie et de son autonomie et qu il d couvre qu il reste des champs libres son activit il les explore alors dans la limite de son temps et de ses capacit s C est une attitude de combat de conflit comme l ont marqu des auteurs aussi diff rents que Hegel Nietzsche et Valery on ne cr e que contre 64 Itin raire personnel Dans un trajet qui est parti de la Physique math matique pour aboutir la Philosophie sociale et l analyse critique de la vie quotidienne nous avons poursuivi des domaines tr s divers et ceci appara t dans nos publicat
36. sonore dans des formes reconnaissables qu il s agissait d tudier suggestion qui entra na l acquisition du premier sonagraphe en France par R Cabarat au Conservatoire des Arts et M tiers 1 L emploi du sonagraphe dans la d termination de la qualit des instruments corde en collaboration avec E Leipp in Cahiers d Acoustique n 98 mai 1959 135 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles 5 L id e de climat sonore Beaucoup de ces analyses critiques qui nous avaient conduits la premi re bauche d une repr sentation tridimensionnelle du ph nom ne sonore partir d une anamorphose psychophysique hauteur niveau dur e dans la m me ligne que celle des travaux poursuivis la m me poque aux Laboratoires Bell mais plus orient s vers l aspect psychologique ont t publi es dans notre premier ouvrage Physique et technique du bruit Celui est rest pendant plus de dix ans le seul livre de langue fran aise sur ce sujet C est dans cet ouvrage que nous proposions de consid rer le ph nom ne de bruit ambiant comme un l ment d environnement au m me titre que le climat id e de climat sonore et que nous fournissions la premi re bauche de normes d insonorisation des immeubles bas es sur nos nombreuses exp riences en cette mati re partir d une communication au Groupement des acousticiens de langue fran aise La mise au point d finitive de cette
37. une analyse critique d une discipline qui nous para t essentielle et qui met en question notre avis le fondement de la pens e psychologique C est ce que nous avons appel pr cis ment micro psychologie Le nom que nous lui avons donn et la premi re publication datent de 1969 55 Refus d une psychologie de laboratoire L un des pr suppos s pist mologiques de celle ci c est de r agir contre ce qu on peut appeler la psychologie de laboratoire qui a connu sur les traces et souvent comme reflet de la psychologie empirique am ricaine un immense succ s dans toutes les universit s mais qui r duite l essentiel veut traiter les faits psychologiques comme des faits physiques comme l avaient comment Helmholz Weber et Wundt I na au si cle pass ceci en isolant le sujet dans une situation id ale de laboratoire et en cherchant par toutes les mensurations possibles d isoler des couples causes effets puis des corr lations multiples A la limite la psychologie empirique voudrait embrasser une vision totale de l tre humain qui serait proprement scientifique en recombinant ensemble dans un d lai lointain tout l ensemble de ces jeux de corr lation Or pr cis ment et ce fut l notre point de d part les tres humains sont tr s rarement dans une situation de laboratoire D abord parce que les variables qui sont autour d eux sont multiples et quelquefois incomptables ensuite parce que m m
38. vision et d ducation de pr ciser l usage d institutions tr s diverses les id es de base de la th orie des communications Ce terme de communications mergeait en effet cette poque 1965 1970 comme l un des concepts carrefour d une nouvelle approche de sciences sociales Des universit s ou des centres de communication se cr aient un peu partout dans le monde en regroupant ou en d veloppant des approches assez disparates sciences sociales cin ma t l vision journalisme arts graphiques publicit ducation qui en fait n taient souvent r unis que par la force des circonstances une certaine volont de r organisation et un mot tr s g n ral souvent assez mal d fini la communication 17 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles 27 Les premiers l ments d une science des communications Dans une s rie de travaux effectu s partiellement Strasbourg partiellement en Am rique du Sud lors d une mission pour l UNESCO dans des universit s br siliennes puis au Canada l Universit Laval en tant que professeur invit en Espagne au universit s de Madrid et de Barcelone nous avons t conduit synth tiser et int grer les notions issues de l analyse de la situation de communications Cette analyse r sulte d une part des travaux de Shannon Wiener et Meyer Eppler de l autre de cette mise entre parenth ses syst matique de la significat
39. 0 bits sec structuration par supersignes comme strat gie de perception lois de la Gestalt dans le domaine o pr cis ment elles avaient t d couvertes concepts de redondance et d intelligibilit dialectiquement oppos s aux concepts de nouveaut et de changement temps de r action minimal seuils etc Mais dans ce domaine nouveau se proposaient des r sultats nouveaux Ils essayaient de couvrir dans ce nouveau travail bien plus largement le domaine que nous avions largement abord dans notre livre L affiche dans la soci t urbaine qui a t voqu plus haut Ils proposaient par exemple une matrice de traduction rh torique prenant largement en compte les conditions toutes sp cifiques de l image dans un lieu public dans une situation toute diff rente de celle du laboratoire o l esprit humain qu il le veuille ou non n a gu re le temps de r fl chir d puiser l image de fa on logique mais au contraire se trouve dans une situation br ve une micro situation o les contraintes de faible dur e et donc de faible capacit d analyse l induisent suivre d autres r gles que ce que proposent g om trie ou logique des r gles dont nous avons donn l bauche sous le nom d infralogiques visuelles Elles ne sont pas logiques car elles n ont pas de validit logistique et pourtant les inductions qui en r sultent ne sont pas totalement arbitraires il y a une communaut de r action d
40. a chimie il n y a pas de distinction cat gorique entre le Microcosme et le Macrocosme dans les relations causes effet qui sont l objet de l investigation entre le petit le tr s petit aux limites m mes de la perception et le grand ou le tr s grand grandes transactions humaines r activit des groupes et des entreprises etc Ceci peut tre mis en parall le avec la discussion qui s est impos e vers cette poque entre micro conomie et macro conomie propos des actions humaines et de leurs valeurs mais se passe sur un registre totalement diff rent 40 Une universit frileuse o l administration prend le pouvoir L ensemble de notre programme de recherche entre 1978 et 1985 se trouvait ainsi conditionn par l effort d int gration que tout directeur de laboratoire doit faire pour concilier des contraintes diverses par la proposition du th me de recherche qui veut aboutir quasi normalement un doctorat susceptible de prolongements ult rieurs ainsi que d ouverture sur le reste de la discipline et de r alisme vis vis des sujets propos s qu un tudiant en trois quatre ou cinq ann es d tudes doit tre capable de mener son terme mais sans que pourtant il se trouve dispers par rapport une ligne de conduite bien d termin e sur le plan des id es car cette ligne repr sente le projet conceptuel du laboratoire Cette situation tait rendue particuli rement aigu par la fragilit insti
41. actuellement une th orie structuraliste de la perception Dans la ligne qui succ dait notre th se sur le signal musical notre travail rendait compte de l ensemble des lois de la th orie de la forme en termes informationnels et proposait entre autres une analyse hi rarchique des r pertoires et le concept fr quemment repris depuis de super signe Nous y avons soulign entre autres qu une forme est ce qui appara t l observateur comme n tant pas le r sultat du hasard Elle est le r sultat d une redondance dans la r ception d un message Les formes qui mergent aux diff rents niveaux des hi rarchies de signes et de super signes dans un message sont en principe ind pendantes les unes des autres elles ob issent des lois de contrainte diff rentes qui peuvent se classer en diff rentes structures d ordre selon les distances moyennes auxquelles elles exercent leur action 10 Le principe d incertitude de la perception La perception esth tique repose sur l appr hension d un message superpos au message s mantique qui lui sert de base faisant usage du champ de libert qui existe toujours autour de chacun des signes ou l ments du r pertoire et du code servant construire le message s mantique Message s mantique et message esth tique combinent leurs actions des proportions diff rentes aux diff rents niveaux de la hi rarchie des signes et des super signes pour tre int gr s par le cerveau
42. aires informels et aux travaux pratiques organis s tant t par le Studio de musique concr te tant t par le Centre d tudes de Radiot l vision 7 L influence de la musique contemporaine Nous travaillions pendant cette p riode dans la difficile situation de chercheur libre effectuant ses recherches sur contrat tant t avec des firmes industrielles tant t avec des organismes d tat souvent avec des universit s trang res ou avec des organismes priv s Deux bourses de la Fondation Rockfeller nous permirent au cours d un s jour assez long aux USA dans le cadre de l Universit de Columbia au d partement de musique dirig par Ussachevsky de d velopper les l ments d une th orie informationnelle de la perception du ph nom ne sonore qui tait bauch e dans notre th se de science Elle fut r dig e sous la forme d un rapport pour la Fondation Rockfeller et publi e quelques ann es plus tard dans un livre Musiques exp rimentales dont le contenu partiellement republi dans des revues scientifiques allemandes a exerc une influence notable sur les mouvements de musique contemporaine utilisant les proc d s lectroniques ou lectroacoustique 8 Une r flexion sur l activit de cr ation A cette poque influenc par l enseignement de Gaston Berger qui proposait une philosophie dynamique inspir e de Ernst Bloch Gaston Bachelard dont nous avions suivi pendant plusieurs ann es l enseignement et qui
43. ales auraient volontiers tendance laisser de c t comme en dessous de leur dignit Il n tait pas toujours facile d appliquer ces crit res dont certains sont partiellement contradictoires Il fallait au sens le plus rigoureux du terme les imposer l esprit des chercheurs exer ant une censure s v re contre ce danger qui menace tous les enseignements des sciences sociales tout particuli rement ceux de la communication ou des interactions entre les tres le danger de l id ologie politique laquelle les tudiants sont si naturellement enclins et dont nous avons pu noter dans nos enseignements et nos directions de recherche en Am rique latine l influence f cheuse li e la situation de la recherche universitaire dans ces pays Dans un Institut de recherche reconnu du bout des l vres par les cadres administratifs sans acc s aux sources normales de financement auxquelles ont eu si facilement plus tard recours des institutions comme l IDATE l IREST ou le STS donc sans avoir la possibilit d imposer r ellement aux chercheurs rien qui ne passe par la cr dibilit du professeur et de l quipe c tait l une t che difficile Le nombre croissant r guli rement de ces chercheurs surtout ceux venant quelquefois de tr s loin para t avoir t une preuve de la v rit de cette d marche 42 Psychologie de l espace et th orie des labyrinthes La Psychologie de l Espace a attir tr s naturellement be
44. amiliaris notre enseignement et nos s minaires la Hochschule f r Gestaltung il s agissait bien dans le design de faire des objets pour des hommes de voir comment ils s en servent ou comment ils les d sirent En bref depuis une dizaine d ann es beaucoup de nos recherches ont fait usage de ce concept de co t g n ralis ont cherch l affiner le rendre op rationnel et en donner de multiples exemples Plusieurs de nos chercheurs Schwach Alexandre et al en ont fait sous notre impulsion un outil assez commode dans la pr vision des rapports entre l homme et l environnement ce concept commence p n trer dans d autres domaines tels que la micro conomie politique car en fait il recoupe bien certaines des pr occupations des conomistes qui se sont bien rendu compte que le prix n est pas la mesure de toutes choses Perroux La th orie des actes appara t logiquement comme une autre discipline des sciences sociales dont le sujet humain ou le groupe voire l automate sont les actants Elle 39 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles serait la science d organisation du flux comportemental Car si l on peut discuter la th se que l tre n existe que par ses actes celle ci constitue n anmoins une excellente hypoth se de travail Pourtant elle n a t dans la d marche de notre travail qu une g n ralisation acquise peu peu en particulier par
45. aminer sur le plan informationnel de multiples exemples Les principes de la th orie des communications tels que nous les d veloppions l poque s appliquaient aussi aux langages compl mentaires speech surrogates en particulier aux langues siffl es qui ont fait l objet de toute une s rie d tudes r parties sur pr s de dix ans avec l quipe de Busnel Dans une exp dition ethnologique en Turquie du Nord organis e l aide de la Fondation Wenner Gren de New York nous avons pu tudier une langue siffl e assez d velopp e pratiqu e extensivement dans une zone de montagne communications difficiles rapportant de nombreux documents et mettant en vidence conform ment l attitude g n rale de nos travaux la corr lation nette entre d veloppement d un syst me linguistique vocabulaire aptitude siffler facilit de reconnaissance et de compr hension et cadre socio culturel g n ral ensemble des objets des actes et des situations que le groupe d individus peut conna tre ceci tait pour nous une premi re approche concr te des inventaires de la vie quotidienne que nous avons d velopp s par la suite Plusieurs publications ont t faites ce sujet et en particulier nous avons en utilisant les documents recueillis dans cette exp dition mis sur pied un dictionnaire fr quentiel d environ 300 mots siffl s construit sur bande de magn tophone et qui n a t diffus qu en tr s peu d
46. atis e On retombe sur l id e du rapport entre la t l pr sence et la pr sence et d un certain isolement des tres qui s ignorent les uns les autres sauf pour n gocier des relations fonctionnelles pour le plus grand b n fice de tous et n entretiennent plus gu re de rapports avec la notion kantienne de biens communautaires comme l ont bien montr les r flexions de Hardin et les travaux exp rimentaux de Edney Dans ces conditions le c blage social repr senterait bien une mutation de ce qu on appelle les soci t s avanc es et justifier les rapports humains privil gi s que constitue la rencontre l int rieur du milieu social comme l ont soulign Martin Buber et Simmel Que seraient ces nouvelles valeurs qui r giraient une soci t c bl e o la loi prox mique est mise en cause par la t l pr sence et la t l action Quelles y seraient les pulsions vitales et les pulsions de plaisir Il para t bien qu il y ait l un champ d investigation qui appartient la Psychologie sociale mais tout autant la Philosophie Fuente original http micropsy ifrance com moles textes_de mol96 02 html 52
47. aucoup d architectes autour de ce faisceau d enseignements o la diversit apparente des sujets les portes comme lieux troits le d veloppement des fils de fer barbel s dans les pays d sertiques psychologie 28 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles de la fen tre la th orie des portes se conjuguait avec une coh rence affich e des attitudes que ressentaient parfaitement les auditeurs au bout de quelques semaines des premiers enseignements Elle a attir tr s vite galement les philosophes nous croyons qu elle constituait en fait l un des rares enseignements de ph nom nologie appliqu e dans les pays de langue latine qui mettait les tudiants en contact non seulement avec les enseignements traditionnels en Europe Centrale de la th orie de la forme mais aussi avec l outil important que constitue la premi re r duction ph nom nologique de Husserl Einklammerung la mise entre parenth ses et l effort syst matique pour amener spontan ment les choses aux mots Heidegger Ceci a constitu peu peu une m thode d tude d passant l opposition conventionnelle entre propri t s objectives celles d une topologie par exemple la cellule le corridor et celles subjectives la recherche des propri t s imaginaires et donc imaginables des les des places publiques des rues nous avons particip la cr ation d une Acad mie des Arts de la Rue L un des con
48. aux v nements et o pour la premi re fois tait mis en cause le sens m me de l tude et de la science devant la soci t Pourtant l poque avec quelques uns des ma tres les plus c l bres de la pens e math matique et physique fran aise Jean Delsarte Marcel Brelot Jean Favard Marcel Cotton Louis Neel F lix Esclandon Ren Gosse nous tions frapp s par l esprit des tudiants ou tout au moins d une bonne part d entre eux souvent r fugi s de tous les pays d Europe Pour nous tous intuitivement videmment le simple fait d tre autoris s en payant des droits universitaires presque symboliques couter celui que nous appelions encore entre nous un Ma tre d velopper sa pens e que nous arrivions la suivre ou non ce fait nous paraissait un privil ge tellement exorbitant que nous nous sentions appartenir de toute fa on aux favoris s Quitte passer beaucoup de nuits essayer de comprendre cette pens e dans l intervalle qui s parait deux cours sinon nul n tait certain de reprendre pied pour le reste de l ann e nous avions acc s au savoir et nous le sentions Ainsi il tait donc possible en tant inscrits l Universit de recevoir directement la pens e scientifique de ceux m mes qui la faisaient et la porte tait ouverte si l on voulait bien travailler pour acc der n importe quel niveau de celle ci il suffisait de vouloir Comment si le peu de moyens ma
49. bjectivables cartographiables voire mesurables conomiquement principe du tourisme de d terminer quels sont les l ments qui contribuent rendre ceux ci plus valables plus attractifs ou moins valables par exemple plus pollu s par une analyse cat gorielle des formes de la pollution et de leur retentissement social On parvient ainsi l id e d une capacit d absorption des touristes paysage donn capacit limit e quelquefois petite dont les g rants de la soci t doivent am nager les utilisations et les exc s En fait ce qu on appelle syst mique d riv de la th orie g n rale des syst mes a repris beaucoup d importance dans la pens e scientifique en futurologie en conomie politique et surtout en cologie Le mod le du Club de Rome que nous avons enseign r guli rement nos tudiants depuis nos cours 1967 de futurologies publi s et les contacts que nous avions avec certains des collaborateurs du Club malgr tous ses d fauts avou s le mod le r git actuellement le probl me des rapports avec nos milieux environnants et pose finalement le probl me d une nouvelle thique la recherche de nouvelles valeurs C est dans cet esprit que nous a t demand e une recherche devant s ins rer dans un des programmes de l UNESCO La confrontation des limitations qu apporte le milieu environnant l ensemble des actes humains qui est la base de l cologie a des implications di
50. cepts les plus importants qui ont t d velopp s dans ce cadre d investigation se centre autour de l id e de labyrinthe Le labyrinthe est une conjonction de lieux troits les corridors les all es voire les routes fait d une mani re impr visible pour celui qui les parcourt ou en tout cas suffisamment complexe pour d passer le champ de ses repr sentations mentales L individu s y perd et s y retrouve pas toujours et la complexit des corridors conjoints dans un tr s faible volume r el g om trique architectural des parcours qui peuvent tre tendus incertains nouveaux impr visibles Dans ces parcours chaque individu se trouve pour ainsi dire isol ou en tout cas en situation de tr s faible densit Une image facile sera celle d un d sert en conserves une part des repr sentations mentales de l tre qui y erre appartient la quasi solitude pourtant l ensemble pour le manager de l espace le constructeur l architecte est un bloc d limit dirions nous peu encombrant Le labyrinthe est un des arch types il rev t de multiples formes 2 3 ou 4 dimensions et de multiples natures de parois opaques transparentes dures flexibles etc Mais elles ont toutes des probl matiques voisines Elles constituent une sorte de solution topologique l une des dialectiques fondamentales de la psychologie de l usage de l espace la dialectique entre communaut et privatisation Chermay
51. communicationnelle ce sera la fois une nouvelle conomie et une nouvelle g ographie Ce sera une Economie au sens o les valeurs trait es et transport es par l acte de communication sont les v ritables d terminants les vraies marchandises qui occuperont d sormais la main invisible du march Adam Smith ce sera une nouvelle fa on de voir la face de la Terre avec les hommes qui la peuplent en fonction pr cis ment des valeurs qui int ressent ces hommes au premier chef Les r seaux de communication les c bles de toute esp ce l image de la cit ou de la soci t c bl es reconstruiront les contours des nations et des continents dans une structuration topologique qui commence se faire jour dans l esprit du g ographe Quelles en sont les lois par quels m canismes un mode de communication r agit il sur un autre ainsi que sur le groupement humain qui le forme ce qui nous apparaissait jusqu pr sent sous la forme de villes de villages et de d serts On rejoint ici des consid rations d velopp es par la psychologie de l espace sur la cit le tissu urbain comme nouveau cadre de vie le cadre principal ou en tout cas le cadre dominant tous les autres les d serts les campagnes la nature qui sont des cadres r cessifs des r sidus d volution des fonds qui s opposent la figure principale le paysage urbain mais n en constituent d j plus une alternative statistiquement valable Des travau
52. ctions ont t consid r es trop l mentaires dirions nous trop vulgaires pour m riter l attention du psychologue Dans une recherche sur le th tre il y a d autres applications que nous poursuivons l action fictive des acteurs tous pr sents sur une sc ne dans un lieu troit o ils sont cens s proposer des juges public l illusion le simulacre d actions r elles qui se sont produites dans d autres lieux en d autres temps voire dans un espace imaginaire mais qui ob issent cependant certaines lois de coh rence Peut on construire une th orie de l action th trale La th orie des actes ainsi entendue partir de leurs crit res objectivables a encore d autres applications tr s concr tes non seulement un certain type de recherches artistique voire surr aliste peut on imaginer des actions qui n existent pas encore mais dont on peut d crire un bon nombre de crit res ceux que nous avons nonc plus haut et qu il serait possible souhaitable l actant ou l artiste d effectuer Il y a l une branche de recherche sur la cr ativit artistique qui para t assez congruente avec les activit s r centes de l art sociologique de l art corporel du happening etc Mais il y a semble t il aussi des applications elles restent en cours de d frichement dans des domaines tels que la th orie de l agenda quotidien celle de l organisation des entreprises de l agencement
53. cycle sociodynamique de la culture C est l que nous avons amorc le passage progressif de la th orie de l Information objet de notre premi re th se de Doctorat de Sciences vers une conception plus ample mais certes l poque beaucoup plus vague dans le public semi cultiv la notion de Science des Communications Peu peu dans la r flexion sur la notion m me de Psychologie sociale une liaison s tablit avec la ph nom nologie de l espace architecture urbanisme et tourisme elle tait en germe dans l id e de consid rer l espace comme une mati re premi re de la vie Enfin la r flexion et la recherche qui nourrissent les s minaires donnera lieu la Th orie des actes et la Micropsychologie dont nous croyons qu elles repr sentent au 24 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles sens fort du terme des sciences nouvelles avec leur d finition leurs lois leur terminologie et leurs applications entre autres la vie quotidienne Aucune discipline au sens pr cis du terme ne correspondait cette psychologie de la vie quotidienne un th me souvent voqu par la sociologie philosophique mais peu travaill dans le tissu imm diat de l environnement de chaque jour La Micropsychologie est inspir e entre autres par l affirmation philosophique et quelque peu scolastique qu en sciences humaines en tout cas au contraire des sciences de la physique ou de l
54. de se former rigoureusement des disciplines exigeantes de neutralit dans leurs m thodes Il y a l un autre tat d esprit La distanciation est une vertu difficile Or justement nous croyons qu il y a toujours une erreur vouloir s int resser l actuel ce qui est important en tout cas pour un laboratoire petit quant aux moyens dont il dispose Au contraire l homme psychologue 27 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles doit s parer soigneusement le sujet et l objet son objectivit c est la qualit d un regard pos sur les fragments du monde comme des objets Et plus un domaine est d actualit exemple analyse du contenu de photos du Liban faites par un libanais plus la subjectivit et l implication faite par l tre devient un danger permanent dans sa recherche C est le r le du directeur de recherche par son autorit scientifique et sa volont d tre responsable avec toutes les restrictions qu implique la pens e rationnelle de ce que dira le chercheur dans son r sultat de freiner de circonscrire de limiter la tendance la subjectivit Par exemple encore le futur psychologue ou sociologue ne sont pas des hommes politiques ou des hommes d action quitte le devenir apr s tre sorti de l universit Et pourtant le chercheur doit savoir cr er la passion et la maintenir sur un sujet qui appara t petit mais qui peut avoir des implication
55. des automatismes de la s curit des syst mes Ici certains travaux de Herbert Simon de Gallanter Miller Pribam nous ont fourni quelques perspectives qu eux m mes n ont pas poursuivies mais qui devraient faire prochainement l objet d un travail important Alexandre L analyse ph nom nologique que propose la th orie des actes conjugu e ou confront e avec l int r t la vie quotidiennne l cume des jours et des petites actions aux conflits microscopiques qui se r solvent en perp tuit au champ de conscience pour agir nous a conduit entre autres reprendre et critiquer tout en l acceptant sur le fond l attitude behaviouriste ou conductiviste un arch type de la psychologie universitaire On peut r duire cette attitude assez ais ment avec toutes les critiques que ceci entra ne l acceptation du fait que les tres humains agissent en g n ral quand les avantages visibles de leurs actions sont plus grands que les inconv nients perceptibles qu entra nera cette m me action il y a l une sorte d utilitarisme pragmatique dont il serait vain de d nier l importance quotidienne 38 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles 54 La grandeur d une action et son co t La recherche difficile de ce que peut signifier la grandeur d une action il y a bien une r ponse simple qui a t fournie par l conomiste l id e qu ils ont pouss e
56. dit plus haut mais en m me temps le cr ateur d images qu il soit photographe peintre ou caricaturiste cherche enrichir la figuration en visant obscur ment comme une pulsion quasi secr te le mythe de reproduire le r el en en faisant son simulacre Ce point s illustre remarquablement dans l tude de ces images d lib rement fonctionnelles que sont les sch mas techniques les repr sentations internes de machines d appareils les organigrammes de toutes esp ces qui peut on dire ont constitu l ossature s miologique de la r volution industrielle une poque o comme l avait montr Deforge la possession du sch ma de la machine tait la limite aussi pr cieuse que la possession de la machine elle m me Nous avons conduit ce travail en collaboration avec un brillant chercheur de l Ecole sup rieure d ing nieurs Feschotte L tude n a t que tardivement publi e dans une encyclop die espagnole que nous dirigions CIAC Barcelone 1990 48 et la photographie La photographie est une image tr s forte iconicit Plus que toute autre sauf peut tre la peinture figurative classique ou le portrait elle veut explicitement dans la quasi totalit de ses applications proposer un simulacre du r el color lumineux quasi vivant on voudrait entrer dans l image Une norme majorit des actes photographiques se situe dans cette volont de cristalliser de capturer un morceau
57. e d pendance logique entre le principe 36 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles g n ral d exploration point par point d une surface et la nature de la grandeur qu on cherche d celer en chaque endroit ou plut t en chaque zone de son territoire pixel en particulier ce qu on appelle la lumi re n est qu une contingence physiologique de l oeil proprement humain dont l intelligence n a pas reconna tre les limitations de l oeil En fait le principe d exploration scanning est un mode diff rent de connaissance du monde ext rieur par l interm diaire de tout syst me susceptible de remettre des pixels dans un ordre donn adresse savoir ce qu on appelle pr cis ment un ordinateur On peut donner cette remarque le nom de principe de visualisation th matique du monde au sens o les g ographes tablissent des cartes th matiques Simple observation philosophique elle a une tr s grande importance pratique le monde n est plus seulement le monde visible mais le monde repr sentable par la voie la plus ad quate aux sensibilit s sensorielles sur la base de n importe quelle grandeur que notre Physique est capable de d celer et d enregistrer de cristalliser dans une donn e Il y a l une perspective si g n rale qu elle doit tre int gr e dans l histoire des sciences 52 De la science des ph nom nes la th orie des actes L attitude p
58. e d Abraham Moles encore Tous ceux ci ob issent des crit res sommaires qualitatifs des juges diff rents peuvent les mettre en ordre de fa on identique en partant d une m me terminologie La Th orie des actes serait au confluent d une analyse structurale comme l est un langage ils sont faits avec des atomes assembl s selon certaines r gles de coh rence ils sont isolables ils r sistent au changement de contexte etc et en m me temps une ph nom nologie au sens l mentaire puisqu il peut exister des s quences reconnaissables du mouvement des tres et des choses sans que ces s quences soient affect es par le contexte particulier o elles se situent il y a une sorte de math matique des actes avec leur dur e dont le graphe des actions simultan es appel PERT en technologie n est qu un cas particulier 53 et ses applications Les applications sont multiples Elles correspondraient d une part une g n ralisation de ce qu on appelle recherche op rationnelle qui ne s est impos e dans la science contemporaine qu propos de tr s grandes actions celle des arm es celles des entreprises celles de la gestion des ressources etc Mais il n existe aucun quivalent de cette recherche op rationnelle dans la vie quotidienne dans le mode d emploi des objets dans le comportement du shopping de la m nag re Non pas qu elle ne puisse exister mais tout simplement parce que toutes ces a
59. e de la densit informationnelle d origine visuelle et de s dimentation de l ensemble des messages dans la m moire de l individu pour y constituer des fragments de culture sujets l oubli la distorsion au filtrage par des m canismes de censure etc et qui par cons quent repr sente une part importante d une culture dans la soci t consommatoire Partant de ces notions qui proviennent de la th orie infor mationnelle de la perception esth tique et des mod les de r tention culturelle nous avions effectu d abord la Hochschule f r Gestaltung puis l occasion de diverses th ses de doctorat poursuivies sous notre direction et des exp rimentations syst matiques en laboratoire Kientz Enel Meyer une tude de la r partition de stimuli visuels d ment cat goris s par leur pr gnance leur temps de pr sence leur complexit etc l int rieur de l espace urbain consid r comme une sorte de labyrinthe de murs de rues et d espaces plus ou moins contraints parcourus selon des modes th oriquement libres et en pratique partiellement routiniers qui contribuent donc par la r p tition ou l organisation des stimuli construire dans l esprit de ceux qui les subissent un syst me de valeurs et de motivations ce que nous avons appel un champ autodidactique qui est susceptible d tre plus ou moins bien programm par la conjonction des cr ateurs ou m diateurs d une part et des organisateu
60. e en supposant que ces variables soient mesurables au sens conventionnel de la psychom trique il n est pas du tout certain c est m me plut t le contraire que l tre humain prenne la peine de les mesurer et ne cherche pas plut t les estimer les jauger ou en ressentir directement les effets sans v ritablement y appliquer l algorithme m trique Le prix nous l avons vu aurait voulu chez les conomistes jouer le r le de l une de ces mesures et nous venons propos du co t g n ralis d en critiquer l universalit D autre part ces variables sont bien loin d tre lin aires causes et effets n y sont gu re proportionnelles m me si leurs relations sont objectivables c est ce que la cybern tique avait tr s pr cis ment appel bo te noire dans une volont de n o cart sianisme de la causalit Enfin et surtout ceci nous est tr s clairement apparu dans l tude des mod les syst miques dont plusieurs ont t r alis s notre laboratoire Arth Barracho Mathien l tre humain n a pas le temps de combiner et d ajuster dans son cerveau de capacit limit e ces multiples variables Des psychologues intuitionistes aussi divers que Carl Jung Osgood Taine et William James mais aussi des techniciens de la psychologie appliqu e tels que les publicitaires les motivationistes etc Pont bien montr L tre traverse dans sa ligne d univers toute une s rie de paysages d ac
61. e l analyse en termes s miologiques ou psycho analytique qui part d un imaginaire social global et cherche en dresser des inventaires puis des combinatoires utilisables pour construire le cahier des charges d un message publicitaire d une campagne ou d une image corporative 58 Premi res applications concr tes la banque et le design d objets Apr s un certain temps de latence quelques domaines se sont r v l s particuli rement int ress s Par exemple le secteur bancaire tr s pr occup de l usage qui est fait des outils qu il met la disposition du public en particulier la carte bancaire et des d fauts de l image qui en est per ue par le public il n est pas indiff rent par exemple qu un distributeur de billets soit situ en un lieu o l on puisse sans probl mes se garer en double position ni que les individus puissent dissimuler l cran dans une op ration qui leur est intime Ces l ments ont t bien d velopp s par Schwach dans une s rie de publications techniques et par nous m mes dans deux tudes sur a banque et la psychanalyse et sur un microsc nario particuli rement int ressant H n y a plus qu payer qui propose l examen critique attentif d un service qui paie l acte de paiement li aux probl mes de qualit de vie dont nous poursuivons l approche depuis bient t quinze ans Le second domaine qui a donn lieu un renouvellement par la micropsychologie
62. e la notion m me d autorit scientifique Le laboratoire y appara t souvent plut t comme le lieu g om trique de passage des diff rents chercheurs d le dernier crit re est la distanciation m thodique le plus d licat appliquer surtout vis vis de la majorit des tudiants c est l que l autorit scientifique plus ou moins reconnue du directeur du laboratoire officiel ou officieux doit jouer un r le d terminant Les sciences humaines s occupent de l homme comme fait scientifique mais nous sommes tous des hommes elles s occupent de faits conomiques de faits sociaux de faits r els qui envahissent les media et dont beaucoup constituent de l actualit ce quoi le public pense Les tudiants en sciences sociales y compris les plus s rieux ont souvent une tendance voir dans cette actualit m me un facteur d attraction Ils n tudient pas la psychologie sociale ou la science des communications parce que ce sont des sciences ou des technologies de rapports humains mais avec l espoir toujours d u et toujours renaissant de participer aux probl mes de l heure de fournir des solutions de r agir sur l actualit d une fa on qui pourrait se pr tendre scientifique Ceci se voit particuli rement en Am rique latine o nous avons beaucoup travaill et o le besoin des tudiants de trouver des solutions aux probl mes sociaux qu ils rencontrent est si grand qu il les rend incapables
63. e profession voire d une nouvelle vocation celle d un disciple des sciences sociales et quelquefois de l esth tique charg de r adapter le produit de l ing nieur dans le cadre de la vie courante avec les pr occupations de l usager du consommateur qui incluent entre autres la s duction le prestige mais aussi la fiabilit et ce concept que l informatique a r pandu user s friendly Le designer se fait l avocat du consommateur qui est lointain distrait qui s exprime peu ou mal aupr s de l industriel du chef de fabrication il d finit une forme ad quate une sorte de cahier des charges ce dernier poss de deux dimensions fondamentales la dimension de ce qu on appelle en g n ral la fonctionalit satisfaire la liste des fonctions objectivables et intelligibles rationnellement mais d autre part orthogonalement une dimension du d sir on parle quelquefois de design du r ve de la fantaisie d une cr ativit imm diate qui passe avant la rationnalit et qui est tout aussi n cessaire mais d esprit contraire la dimension fonctionnelle du design Nous avons pu montrer dans des travaux pr sent s en France en Espagne au Mexique en Chine et au Japon qu il y a l bien effectivement deux dimensions pour situer le monde du designer et d objets r aliser qui permettent une analyse claire de la situation respective de chacun de leur similarit ou de leur disparit elle renvoie u
64. e qu est une forme l une des m thodes les plus objectives c est de la d former de la varier de la d truire pour mettre en vidence de fa on analytique pr cis ment ce qu on est en train de d truire ce m me chercheur a mis au point une m thode tr s simple et tr s puissante d analyse des images quant leur contenu elle s applique tout particuli rement aux paysages Par des d coupages successifs et renouvel s d une m me image faites par un public de juges exp rimentateurs arm s de ciseaux on fait effectuer des s ries de recadrages et de variations qui partir d instructions vagues et quasi al atoires conduisent pourtant un r sultat final extr mement voisin conforme on peut dire universel qui constituerait le centre d int r t s miologique de l image De telles m thodes sont actuellement en cours d application chez certains de nos chercheurs l Universit autonome de Mexico 51 Visualisation th matique du monde Appliquant les raisonnements que nous propose l tude de l imagerie m dicale et d examen des mat riaux microscopie m tallurgique avec laquelle nous avions t familier dans notre jeunesse et en les rapprochant des techniques contemporaines de balayage appliqu es entre autres par le microscope de ce nom la t l vision l exploitation des images de satellites etc nous avons eu souligner et ceci est apparu d un grand int r t didactique qu il n y aucun
65. eff Alexander L un des apports concrets que nous ont propos toutes ces investigations dont beaucoup taient poursuivies par des architectes cherchant un compl ment de culture post dipl me en m me temps qu une valorisation professionnelle Cowenbergh Lef vre Friedrich mais aussi des tudiants en marketing en d coration Cluet quelques artistes des psychanalystes Groupe de Recherche sur l Imaginaire fut l tablissement d un m canisme de perception de l espace partir d un ensemble d oppositions pertinentes illustr es concr tement par des arch types soigneusement analys es quant leurs capacit s discriminantes dans une ligne qui notre avis prolonge la po tique de l espace de Bachelard et la ph nom nologie spatiale des philosophes allemands mais en y introduisant aussi des notions purement mat rielles voire techniques d finitions modes de r alisations variantes etc Ainsi distingue t on par exemple le d sert un arch type fondamental qui nous vient de l origine de l volution la cellule le corridor l le Se fonde ainsi sur une analyse ph no m nologique de la perception une s rie de propri t s subjectives mais objectivables car elles sont attach es au grand nombre des tres et li es la topologie propre de ces lieux En fait on peut dire qu il y a l une convergence avec la notion de pouvoir des lieux Genius loci de Norbert Schultze pour laquelle nous avo
66. ement des objets le livre la carte postale nous ont montr qu ils jouaient un r le essentiel dans la vie quotidienne et constituaient l un des modes majeurs de ce qu on peut appeler la communication esth tique Notre activit Strasbourg se d veloppait parall lement nos recherches sur la culture et vu les moyens limit s dont dispose en sciences sociales sur le plan exp rimental une universit de province m me importante nous nous trouvions conduits renforcer notre position interdisciplinaire et d analyse conceptuelle qui en fait s tait d j r v l e fructueuse sur le plan scientifique dans le pass H Lefebvre soulignait alors l importance de la vie quotidienne comme un syst me autonome chappant pour large part l tude des institutions qui depuis Durkheim est consid r e en France comme une des d finitions de la sociologie 24 La vie quotidienne travers le capital espace temps de l individu Notre passage la chaire de Psychosociologie nous a conduit reprendre cette id e et d velopper de fa on concr te ce que nous entendions par vie quotidienne dans les relations que l individu entretient avec la soci t C est ce qui peu peu devait former de plus en plus nettement le contenu essentiel de l analyse psychosociale telle que nous l enseignons aux tudiants de Strasbourg et aux chercheurs trangers qui sont venus se mettre au courant de ces d veloppements Nous avo
67. endroit de basse densit actantielle au sens o les actes qui y sont faits se situent dans un paysage d actions connu routinier qui requiert relativement peu d effort cr atif de l esprit par opposition au territoire cr atif de chasse territoire des aventures paysage d actions cr atif qui requiert de l tre attention effort et temps Une dialectique fondamentale s introduit alors en psychologie sociale celle entre les temps routiniers et les temps d information de nouveaut et de cr ativit La fa on dont cette dialectique se r soud d finit un des caract res essentiels des styles de vie l aventurier le chasseur le bureaucrate la ma tresse de maison styles de vie qui sont sous jacents ce que les th oriciens du marketing consid rent sous ce nom Des cas interm diaires nouveaux nous sont propos s par la technologie Il y a par exemple l analyse de la conduite automobile micro conjonction instantann e de la routine et de l aventure dramatis e par la puissance de la machine Il y a aussi et ceci est profond ment nouveau toute l influence de la t l communication de la relation distance avec des choses absentes dont l image le simulacre constitue bien la nouvelle cause efficiente Spinoza Nous avons appel comme un des l ments de la doctrine de la th orie de l espace sous jacente de l usage que l homme en fait loi prox mique et plus g n ralement prox mique tout l en
68. ent la passion Il en faut pour consacrer deux ans en th orie puis trois puis quatre et plus pour un chercheur avec une motivation purement acad mique sans contrat en bonne et due forme sans argent et sans fonds de recherche ou peu pr s Ce sont souvent des travaux qui se poursuivent sur le terrain dans les march s les gares les rues les magasins les chantiers il y a l une exigence difficile remplir Les causes de renoncement et d abandon sont 26 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles multiples il y a le second m tier qui avec ses exigences rapporte plus que le premier il y a la lassitude le travail fonds perdus le manque de reconnaissance etc Encore faut il faire l effort de p n trer sur le terrain d en comprendre le langage les us et rituels ainsi pour tudier l image photographique encore faut il savoir photographier etc Ce sont bien l toute une s rie d obstacles qui dans le dialogue entre le directeur de th se et l tudiant doivent pourtant d boucher sur la passion voire sur la fascination c est tr s pr cis ment le r le de ce directeur de la susciter et de l entretenir Nous sommes loin ici de la fili re ais e du grand laboratoire pourvu de cr dits aliment par des fonds de recherche et des contrats o la motivation la plus simple du chercheur repose sur son inscription dans une quipe d j partiellement institutionnalis e
69. er d une grande activit tant sur le plan scientifique que sur le plan litt raire et artistique L exp rimentation tait encore tr s difficile dans ces domaines qui taient cheval sur l lectroacoustique la psychophysique l esth tique la musicologie la phon tique Les moyens dont nous disposions studio d enregistrement magn tophones etc qui pour ces domaines taient certes bien sup rieurs tous ceux qu on pouvait trouver alors dans les laboratoires d acoustique ou de phon tique universitaires ces moyens restaient difficiles manipuler souvent instables ceci nous a conduit imaginer une s rie de techniques qui permettaient au moins les rep rages les comparaisons par des jeux de tests ou des combinaisons Certaines de ces techniques sont devenues pratique courante dans les laboratoires m thode des trois magn tophones pour la r alisation commode de discours interrompus selon un rythme d fini mise au point d un dispositif de commande distance par induction magn tique de quatre canaux sonores en vue de la r partition d effets sonores dans l espace proc d d acc l ration du discours par d coupage s lectif des voyelles tude sur la coloration minimale des bruits blancs emploi du sonagraphe dans la notation musicale etc Ces techniques se sont impos es tr s lentement au cours des ann es et beaucoup sont originaires de travaux que nous Physique et Technique du Bruit 1 vol
70. ertitude de la perception 11 Au laboratoire de H Scherchen 12 Une vocation interdisciplinaire 13 Les bases d une doctrine de la circulation des produits culturels 14 L influence sur le design industriel 15 Le renouvellement de la phon tique et ses applications 16 L tude des langues siffl es 17 La th orie des syst mes ou cybern tique 18 Cr ation scientifique et artistique un m me processus heuristique 19 Une chimie sociale 20 Enseignement et recherche deux domaines ins parables 21 Les trois libert s 22 Le cycle socio culturel et la circulation des denr es culturelles 23 Une tendance esth tique fondamentale le kitsch 24 La vie quotidienne travers le capital espace temps de l individu 25 Vers un syst me social 26 Le param tre de la communication 27 Les premiers l ments d une science des communications 28 L acc s au savoir et premi re encyclop die des communications 29 L cologie des communications un concept cl 30 L affiche et la programmation du champ autodidactique 31 De la th orie la pratique et de la pratique une nouvelle tape th orique 32 De l chelle d iconicit au sch ma 33 1965 les premiers l ments d une th orie des objets 34 Complexit structurelle et complexit fonctionnelle 35 La notion d assortiment 36 Le monde des objets sa th orie 37 et son corollaire la th orie des actes 38 La micropsychologie et ses applications 39 Un impor
71. es tres qui est bien l objet d une tude scientifique Nous nous sommes efforc de les explorer en restant quasi exclusivement dans le domaine de l image fixe qui exige beaucoup moins d appareillage lourd parce que l image anim e est totalement gouvern e par l action qu elle repr sente qui reste le facteur num ro un de sa variance l image est interpr t e travers le sens du mouvement et l action qu elle pr sente plus que par son d tail alors qu au contraire c est la substance et la texture de l image immobile qui en d termine la valeur communicationnelle 47 le sch ma Nous avons ainsi examin le r le fonctionnel de la cartographie et surtout le processus de la sch matisation d j abord par la voie de l chelle d iconicit d sormais bien 33 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles utilis e dans ces enseignements sur l image qu on pourrait appeler Iconologie et nous avons tabli aussi fermement que possible par de multiples exp riences cette dialectique iconicit abstraction ou si l on veut iconicit ou intelligence sensibilit ou raison un jeu subtil variant chaque instant et avec chaque image qui si tous les param tres taient fix s ce qui est bien rare se r soudrait dans une optimisation du degr d iconicit et du degr d abstraction Penser comprendre c est sch matiser nous l avons d j
72. es dont l homme est l objet ou le sujet Marquons simplement que la direction que nous avons plus particuli rement d velopp e favorise dans l organisation des codes et r pertoires une approche statistique laissant l al atoire une part plus grande qui nous para t plus conforme la nature des ph nom nes humains Il n y a de science que du g n ral nous croyons que ce principe est li un n o positivisme auquel nous marquons notre adh sion 18 Cr ation scientifique et artistique un m me processus heuristique C est la m me attitude qui nous confrontait dans nos travaux de sociologie qui devaient constituer ensuite nos premiers enseignements l Universit Nos tudes sur la cr ativit et l influence de nos contacts avec Moreno la fondation de l Association fran aise de sociom trie laquelle nous avons particip avec Anne Schutzenberger Madame Favez Boutonnier et un groupe de psychologues nous avaient convaincus d une part de la puissance dans les sciences humaines de la m thode des graphes dans laquelle nous voyons l application de la th orie des syst mes aux sciences sociales d autre part de la divergence profonde existant entre le comportement du chercheur scientifique et celui de l applicateur ou de l homme de la quotidiennet sur lequel se greffe l homme chercheur A cet gard nous avons nettement marqu et pu confirmer dans de nombreuses tudes de cas l troite ressembla
73. es mod les dont l aboutissement effectif s est chelonn sur une quinzaine d ann es 41 La recherche au quotidien Pour engager en plusieurs s ances d entretien cette d cision d licate qu est le choix d une th se de doctorat qui plus tard souvent en tout cas dans notre discipline va probablement orienter le chercheur et le conduire une situation concr te en d passant une simple ligne sur une carte de visite Quatre crit res s imposaient nous a le th me doit entrer dans ce qu on peut appeler le champ d int r t scientifique du laboratoire tel qu il est exprim en fait par son directeur Il y a certes l un arbitraire Mais nous avons vu dans les multiples universit s que nous avons fr quent es que les directions de recherche purement nominales dans lesquelles le directeur accepte tout ou peu pr s n importe quo i ne contribuent gu re faire sortir son laboratoire des sentiers battus et ne donnent autre chose qu un exercice acad mique sans port e sur le d veloppement social A cet gard il faut noter que les laboratoires des sciences dures qui poss dent ou gouvernent l acc s un mat riel lourd et co teux accompagn d une gestion responsable sont beaucoup mieux plac s pour exercer ce type de pression sur le candidat qu ils recrutent et dont nous pensons qu il appartient au bon sens g n ralis de la recherche Ainsi par la conjonction de diff rentes recherc
74. es sont conformes des valeurs historiques pittoresques ce qu on peut peindre ou romantiques Si l on assemble ces deux affirmations on parvient un cycle complet selon lequel les paysages sont ce qui g n re les cartes postales et les cartes postales sont ce qui g n re les paysages une sorte de cycle socio conomique ferm qu il est loisible de v rifier si dans certaines circonstances particuli res on peut modifier la distribution des images dans une population alors on modifie les flux touristiques ou r ciproquement Dans ses analyses Stefanou a bien d gag l importance d un facteur nonc par d autres sp cialistes de l espace Proshansky les esth ticiens de la peinture de chevalet du XIX me si cle et d autres le facteur de romantisme terme autrefois consid r comme exclusivement litt raire mais qui prend travers ces recherches un sens op rationnel on peut augmenter ou diminuer le romantisme d un paysage d un site d un territoire Il est int ressant de noter bien que le mot soit vague qu il a un caract re universel et qu il est parfaitement possible d en d couvrir des correspondances s mantiques dans d autres cultures civilisations cor ennes chinoises ou japonaises sans disposer du mot elles disposent de la chose et sont capables de l exprimer et de la ma triser A partir d une id e g n rale d esth tique exp rimentale selon laquelle pour comprendre c
75. es tr s particuliers que sont des march s tels que le march des tableaux le syst me de renouvellement du vocabulaire consid r comme un stock culturel mis la disposition de l ensemble social ceci a fourni dans le cadre de la socioesth tique un grand nombre d exemples de circulation de denr es culturelles justifiant l hypoth se initiale consid rant celles ci comme des produits analogues aux produits mat riels notion qui depuis quelques ann es est largement accept e 23 Une tendance esth tique fondamentale le kitsch Un aboutissement de ces tudes a t le concept de Kitsch terme qui tait pratiquement inconnu auquel nos travaux Ulm nous avaient familiaris s lors de la direction d une th se de Wahl Le concept sous jacent fut l objet d un cours public l Universit de Strasbourg en 1968 1969 provoquant son introduction dans le langage fran ais courant Nous l avons d velopp dans un livre qui fut tr s diffus ce concept qui int gre l id e de vulgarisation de m diocrit d anti art parall le l art comme absence d effort The Future oriented society in Futures December 1970 312 326 15 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles repr sente une tendance esth tique fondamentale de la soci t de consommation et plusieurs explorations successives faites l occasion de recherches esth tiques diverses sur la d coration le rang
76. faire croire une civilisation m canique le co t cognitif ou l effort mental dont les travaux de Zipf Mandelbrot et les psychologues montrent bien qu il est un sorte de capital dont on poss de chaque instant une certaine quantit mais jamais illimit e le co t de risque enfin un capital d affrontement du risque par l tre actant et qu il ne peut gu re d passer Certes il y a des compensations entre l un et l autre par exemple les compagnies d assurance ont essay de construire une th orie du co t du risque de m me que les entreprises essayent de construire une th orie du co t du temps humain Certes aussi ces grandeurs sont en principe ind pendantes elles sont les dimensions d un vecteur et non pas additionnables D ailleurs leur estimation est faite par le sujet d une fa on la fois intuitive et diffuse volontiers vague et subjective Tout ceci n emp che que la suite des recherches que nous avons faite sur les co ts g n ralis s des actes ceux de l usage des objets ceux de l emploi des services ceux des vastes comportements globaux de la psychologie conomique re oit un clairage tr s g n ral largement pr dictif partir de la notion de co t g n ralis Il est possible dans beaucoup de cas d en dresser des tableaux et d y estimer les valeurs que l on y porte Ceci nous a particuli rement servi dans le cas privil gi des probl mes de design auxquels nous avaient f
77. gue journaliste se rejoignent pour d couvrir la limitation de leur champ de v rit Il appara t et c est un point que nous avons retrouv dans d autres tudes qu il y ait une science des situations laquelle la photographie donne un acc s tr s particulier tr s concret mais dont la plus grande part nous restera perp tuellement inconnue C est un des arguments qui nous a conduit un peu plus tard r habiliter la notion d observateur partiel et partial celle d introspection celle d analyse de micro situations comme des l ments d une science nouvelle cr er la micropsychologie De fa on plus pratique on pourrait dire qu il n y a pas dans le monde des sc nes inter ssantes pour l ethno socio anthropologue mais qu il y a dans le monde des lieux privil gi s d o l on peut espionner ce monde le contempler en secret et par l b n ficier de sa connaissance Trois analyses particuli rement int ressantes ont largement contribu tablir ces notions d une fa on utilisable C est d abord la recherche sur l interpr tation de l image men e au Laboratoire par Michelle Veillard une v ritable photographe professionnelle et de presse interpr tation qui constitue nous semble t il un progr s tr s substantiel par rapport au travail ancien mais classique de Plecy sur la Grammaire de l image et de Gunter Die Fotografie als Waffe On cro t pouvoir disposer l d une doctri
78. h nom nologique la plus simple commence par une science des ph nom nes comme l avait d finie Hegel et se poursuit dans cet effort d licat de sensibilit au per u dans une mise entre parenth ses du sens que certains chercheurs saisissent facilement mais qui reste imperm able pour longtemps d autres elle conduit essayer de jeter un regard neuf sur l habituel sur le coutumier sur la substance la plus ordinaire de notre comportement et les choses qui nous entourent Ainsi par exemple reprenant quelques r flexions parses de Espinas un philosophe fran ais oubli du XIX me si cle les confrontant avec des objets aussi diff rents que l analyse des temps l mentaires des actions industrielles la gestion si possible math matique des actions dans une entreprise on est conduit souligner que les actes actes humains traduits par des gestes et effets sur l environnement actes collectifs s quences ordonn es d coup es dans la continuit du r el du devenir d une entreprise actes messages ou symboliques comme ceux d un acteur sur une sc ne d un danseur dans un espace de repr sentation etc tous ces l ments sont bien des formes temporelles avec un d but et une fin spontan ment isolables du contexte par des jugements parfaitement congruents d un public de juges en bref que les actes sont des choses du flux de conscience et de repr sentation qu on doit pouvoir les tudier ind pendamment
79. hes particuli res et limit es le laboratoire poursuit l tude d un domaine global exemple l attention la vie quotidienne ou l analyse ph nom nologique des objets ou des formes de l espace b le second crit re c est la notion de r alisabilit En science on commence par le plus facile c est ce qu il est facile de faire qui donne des armes pour affronter des choses moins faciles A notre avis toute recherche en sciences humaines et plus sp cialement dans le domaine th orique une fois termin e l tape perp tuellement provisoire d un doctorat doit pouvoir donner lieu une quelconque application concr te par un service une institution une entreprise un m c ne ou un manager Le th me doit donc tre suffisamment troit pour pouvoir tre embrass par le chercheur soutenu par son directeur de th se qui doit tendre presque toujours restreindre le champ plut t qu l augementer le jeune tudiant chercheur a souvent une inclination vouloir refaire le monde et en m me temps pouvoir tre appliqu avec des moyens raisonnables dans une situation conomique normale C est par exemple le crit re auquel nous avons cherch faire ob ir les quelques soixante travaux doctoratifs ou non qui ont t conduits l Institut pendant ces ann es sur l architecture l espace la rue l urbanisme l am nagement du territoire c l autre crit re fondamental c est tout simplem
80. i est fourni par la soci t l individu et besoins ce qui est demand par l individu la soci t Un certain quilibre entre les deux serait un des facteurs fondamentaux d une d finition de la qualit de vie qui serait quasi universelle mutatis mutandis Dans l analyse des fonctions auxquelles doit satisfaire l objet le regard que nous proposent les soci t s en voie de d veloppement est diff rent de celui que nous proposent les soci t s d j opulentes en objets telles que le Japon les Etats Unis ou l Europe en particulier dans le domaine de ce qu on peut appeler la fiabilit la confiance spontan e et imm diate que l utilisateur peut donner l objet la facilit de le main tenir en tat sa permanence par rapport non plus au d sir de changer mais au d sir de s curit point qui a merg pour nous clairement dans nos tudes publi es en Autriche et aux Etats Unis sur la garantie totale un concept nouveau que nous avions esquiss l UTC Il impose aux organismes soucieux de g rer les objets les services et les hommes l UNESCO l OCDE ou la CEE par exemple des conditions et une vision tr s diff rentes du r le de l industrie Au XIX me si cle encore au XX me on concevait l industrie comme un ensemble d entreprises qui se chargent de fabriquer des objets produits puis de les vendre sur un march en se disputant les parts de ce march l acte de vente y est l acte esse
81. inants g ographiques des soci t s humaines L ensemble des recherches et des enseignements faits dans ce domaine fut couvert administrativement en France par ce qu on appelle un dipl me d tudes approfondies DEA avec fili re de doctorat qui fut intitul Communication et espace un titre qui fut vivement critiqu comme trop troit et trop sp cial par les responsables de l universit et qui pourtant recruta tr s vite un grand nombre de chercheurs L autre branche de ce qui entre sous le nom tr s g n ral de communication et que les programmes des enseignements universitaires confondent all grement fut pr cis ment l analyse des messages eux m mes tous les messages l crit le sonore et l image toutes les manifestations sensorielles organis es qui transf rent une forme d un lieu ou d un temps un autre C est dans le domaine sonore que nous avions entre 1950 et 1960 d velopp nos travaux en particulier aux Etats Unis et en Allemagne La coh rence interne de ces recherches provient videmment du fait que s il existe une 32 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles th orie g n rale de l information c est dire du transfert des formes le champ d exp riences sur lequel repose cette th orie si elle est valide est secondaire par rapport aux r gles qu elle permet d en tirer que les exemples et les exp riences soient puis s dans le domaine so
82. ion qu effectuent aussi bien l analyse du contenu d origine am ricaine que l emphase mise sur l enveloppe et les aspects ext rieurs du message famili re aux arts graphiques au rewriting journalistique la production des programmes de media mise entre parenth ses soulign e dans notre analyse de la culture et dans nos divers travaux sur le concept d v nement Ceci nous a conduit constituer ce qu on peut appeler une approche formaliste de l tude des communications sociales d finissant le concept de communication partir de l id e d exp rience vicariale Tannenbaum comme le transfert d une modification de l environnement imm diat du r cepteur partir de celui de l metteur en utilisant ce que l un et l autre poss dent au d part en commun id es de code de r pertoire de culture 28 L acc s au savoir et premi re encyclop die des communications De cette situation de base qui a fait l objet de l ancienne th orie de l information et a donc donn lieu une tude tr s d taill e sur le plan math matique comme sur le plan pratique nous avons montr qu on peut passer toutes les situations pratiques rencontr es partir d une classification formelle entre communication proche ou lointaine unidirectionnelle ou bidirectionnelle inter personnelle ou de diffusion s miologique ou iconique charismatique ou fonctionnelle etc L ensemble de ces crit res fournit une gri
83. ions et dans les ouvrages Cette diversit ne donne pas leur auteur l impression de disparit mais celle d approfondissement Ce sont toujours les m mes outils intellectuels les m mes m thodes de pens e appris au d part des sciences de la nature qui seront utilis s dans des champs perceptifs dont la nature physique para t disparate Un exemple l application des profils de polarit que nous avons commenc e sous la direction de Osgood dans un champ o il poursuivait une analyse transculturelle en recherchant l unit des fa ons dont l homme raisonne dans des cultures tr s diff rentes travers une m thode psycho linguistique cette application a t utilis e finalement dans la recherche de profils d analyse de la valeur pour r aliser des objets mat riels ou industriels champs diff rents m me m thode Un 5 Il para t toujours curieux que l on puisse se livrer de savantes r flexions sur la photographie sans savoir se servir d une cam ra photographique Cette d marche nous laisse sceptique m me si nous reconnaissons la valeur de toute r flexion 48 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles autre exemple le concept de labyrinthe pr lev dans un terminologie d architecture antique se trouvant identifi au concept de graphe fournit une voie d acc s concr te l tude des actions ou des comportements dans un univers contraint entreprise cr ativit
84. l on appelle maintenant la st r ophonie ou la t traphonie la confirmation de la correction psychophysique de la perception des notes graves par l utilisation de murs radiants de haut parleurs de petit diam tre la d monstration musicologique du parall lisme entre le d veloppement de l histoire musicale et l exploration progressive de messages sonores taux d information de plus en plus lev les propri t s de codage psycho esth tique des filtres en peigne Kammfilter et les possibilit s de s parer exp rimentalement la partie s mantique et la partie esth tique du signal sonore Nous tions le r dacteur pour la langue fran aise de la revue Gravesaner Bl tter Un grand nombre de personnalit s du monde de l acoustique musicale et de la musicologie ce que l on pourrait mieux d crire par le terme de Monde du Son se sont rencontr es dans les Journ es les s minaires et les pr sentations organis es Gravesano qui a t l un des p les du monde musical contemporain 12 Une vocation interdisciplinaire Nous menions cette poque une vie scientifique qui du fait des circonstances nous obligeait travailler dans des endroits tr s diff rents du paisible Studio de Gravesano l Universit de Stuttgart o nous faisions une s rie de s minaires chez Max Bense de la direction scientifique d une maison d dition en Suisse des conf rences p riodiques l Universit de Bonn Berlin et
85. l r duit par des blocs d interdiction divers elle est particuli rement utilisable dans l analyse des strat gies d entreprise des comportements politiques et conomiques et des attitudes personnelles 22 Le cycle socio culturel et la circulation des denr es culturelles Une autre s rie de cours nous a conduits d velopper un certain nombre de domaines peu ou mal connus en sociologie de l art les th ories mani ristes d Athanasius Kircker l expressionnisme graphique allemand et son attitude comme antagonisme la civilisation bourgeoise les id es de Bauhaus avec lesquelles nous avions une grande familiarit travers notre enseignement Ulm l analyse du concept de labyrinthe et de ses rapports avec le surr alisme le circuit culturel et commercial des oeuvres d art dans la soci t la th orie du mus e comme syst me de communication de masse etc La th se sous jacente cet ensemble de cours publics Sociodynamique de la culture art et soci t sociodynamique de l art contemporain est la d monstration et l application m thodique de l id e de circuit socio culturel que nous avions bien tudi dans nos travaux ant rieurs qui avaient abouti au livre Socio dynamique de la Culture ouvrage traduit dans plusieurs langues et plusieurs fois r dit depuis Nous avons entre autres lucid dans le d tail les organigrammes de circulation des l ments culturels dans les r seaux sociom triqu
86. la description soigneuse de s quence d actes pond r s par ce que l on peut appeler un co t g n ralis qui fait entrer c t du prix tel que l ont imagin les conomistes du XIX si cle les consommations de temps d nergie et de franchissement de barri res psychologiques inh rent chaque individu dans un environnement donn Nous en avons fait diverses applications en particulier dans les domaines de d placement ou de transport et dans ceux de l obtention d objets ou de produits l int rieur de la soci t concept d objet retrieval celles ci montrent avec vidence que la valeur d un objet d un service ou d un produit dans la soci t doit tre analys e par le psychologue d une fa on tout fait diff rente du cadre qu en propose l conomiste conduisant des r sultats si diff rents dans l chelonnement des valeurs des produits des actes et des services qu on doit attendre d une micropsychologie une description des comportements plus fine et plus ad quate que celles que nous ont 23 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles sugg r e jusqu pr sent le jeu des m canismes conomiques La valeur de communication attach e un objet la valeur de raret effective dans un environnement donn la valeur d usage doivent tre d crites plus par le psychologue que par l conomiste si l on d sire savoir comment exactement se trouve m
87. la pens e cart sienne et positiviste de la culture fran aise et les influences diverses de la pens e d Europe Centrale et de l empirisme anglo saxon nous avons au cours d une carri re qui n a pris son plein d veloppement qu l Universit essay de composer ces influences pour le b n fice des sciences sociales celles qu on appelle ailleurs les Sciences de l esprit dans lesquelles nous voyons un nouveau dynamisme de la soci t comparable ce que fut l essor technique des Sciences de la Nature dans les d cennies de notre jeunesse La plus grande part de notre travail actuel tel qu il nous est renvoy en miroir dans les biographies trang res parait se classer et nous nous sentons d accord avec cette cat gorisation dans ce que l on pourrait appeler un structuralisme g n ralis de nature statistique issu d une synth se entre les attitudes ph nom nologiques provenant de la philosophie allemande et le mouvement n o positiviste de la th orie des Communications ou de l Information Notre formation de physique et de math matique a commenc par l obtention d un titre d ing nieur l Universit de Grenoble en m me temps que d une licence s sciences comme le faisaient cette poque beaucoup de jeunes tudiants avides de connaissances C taient les ann es difficiles Celles o les tudes taient ponctu es de difficult s mat rielles et administratives mais surtout li es
88. les du sujet r cepteur un op rateur humain plus ou moins sp cifi De telles consid rations sugg rent entre autres des m thodes pour classer un corpus d images une iconoth que et par l pour essayer de r soudre un probl me qui devient important dans le nouveau monde des images reproduites par les mass media l extraordinaire sous emploi des collections d images qui se construisent un peu partout dans le monde ceci comme pr liminaire une v ritable politique raisonn e de l image 33 1965 les premiers l ments d une th orie des objets Ainsi avec le petit groupe form ces id es soit en contact direct avec nous soit en liaison pisodique par l interm diaire de publications ou de direction de th ses se concr tise donc une sorte de programme qui peut s noncer comme l exploration syst matique des diff rents aspects par lesquels l tre remplit son environnement spatial et temporel et des rapports qu il entretient avec celui ci A c t des messages qui parviennent l tre comme d terminant de son comportement l un des aspects les plus importants dont nous nous sommes occup s d s 1964 l poque o nous cherchions donner un contenu op rationnel au concept de vie quotidienne tait tout le monde des objets dont la diversit l omnipr sence le caract re m diateur par rapport aux autres tres humains qui les ont fabriqu s ou vendus par rapport la soci t qui
89. lle d analyse du ph nom ne de communication adress e un large public r dig e avec l aide de notre quipe de Strasbourg sous forme encyclop dique ouvrage qui a t diffus dans un grand nombre d universit s o il est souvent utilis comme manuel d enseignement 29 L cologie des communications un concept cl La communication se situe dans l espace et dans le temps elle est l un des trois aspects fondamentaux des sciences sociales qu il est l gitime de restructurer en trois grands chapitres sciences des situations sciences des communications sciences des actes Si comme nous le marquions plus haut la quantit d espace et de temps dont dispose de fa on plus ou moins autonome l tre individuel ou la collectivit se trouve limit e notion de domaine propre d agenda de coquilles de l homme ou l oppos notion de territoire alors tout acte de communication quel qu il soit pr l ve n cessairement sur cette sorte de capital spatio temporel dont dispose l individu ou le syst me social s il en est ainsi chaque op ration de communication d interaction r agit n cessairement sur tous les autres puisqu il consomme une certaine quantit de temps ou d espace C est l id e de base d une cologie de communications d finie contre l interaction d esp ces diff rentes de communication l int rieur d un domaine restreint de l espace et du temps que nous avons
90. m Moles caract riser statistiquement son comportement partir d une complexit des besoins par rapport la complexit de l assortiment L tude des objets a t poursuivie en effectuant une s rie de monographies de caract re psychosociologique sur divers corpus fondamentaux le magasin le grenier l appartement le stock le mus e par exemple ceci montre l existence de cycles conomiques qui se trouvent en m me temps co ncider avec des cycles socioculturels entre le vieux et le neuf l objet jet et l objet conserv l objet nouveau et l objet traditionnel que nous avons analys dans quelques cas sp cifiques et incidemment ils rendent compte d un aspect important de la sociologie de la culture Parmi les m thodes exp rimentales d velopp es nous citerons la m thode des matrices de similarit m thode d tablissement d une distance s mantique entre les l ments d un ensemble relativement rapide et pr cise dans les ensembles petits et qui apporte des indications int ressantes sur la fa on dont l tre humain con oit le monde des objets Une grande part de ces travaux ont t r sum s dans notre livre Th orie des Objets 36 Le monde des objets sa th orie Les objets remplissent plus ou moins notre monde personnel les coquilles de l homme et il y a place pour toute une cologie des objets c est dire au sens propre l tude de l interaction de ceux ci dans un vol
91. mais ce n est pas impossible et l on peut inventer des d tournements d objets vers d autres fonctions inattendues b enfin s il est possible de faire le design d un objet partir d une sorte de cahier des charges tir de la situation Ce n est qu ensuite bien plus loin qu interviendrait apr s l exp rimentation pratique le projet de marketing pour ins rer cet objet dans une quelconque panoplie 63 Le regard du Philosophe sur Science et Technique Il est normal au cours de l volution d une carri re qui s est poursuivie l int rieur du vaste domaine scientifique et dont la trajectoire s est traduite essentiellement par un passage du champ des sciences dures celui des sciences dites humaines celles dont l homme serait l objet puis le champ plus g n ral encore des sciences de l impr cis que des perspectives g n rales mergent et ouvrent de nouveaux champs d int r t On pourrait pr tendre ce sujet que la r flexion philosophique doit venir la fin d une carri re de recherche plut t qu au d but car la mati re sur laquelle elle s exerce est ma tris e dans une pratique quotidienne Par exemple la terminologie dont on se sert devient sans ambiguit travers une pratique et l individu se sent capable chaque instant de remplacer chaque mot par sa d finition selon l exigence de Pascal C est 47 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Ab
92. n de compte l gitim par les r sultats qu on pourra en tirer 65 Une oeuvre s appuyant sur trois grandes m thodes Les deux grandes m thodes qui nous ont servi dans nos investigations celles que nous avons essay de faire comprendre par des exemples nombreux aux tudiants ont t appel es dans la litt rature des trente derni res ann es m thode ph nom nologique et m thode structurale La m thode structurale c est nous l avons dit l application de la th orie atomique un ph nom ne quelconque elle recherche les l ments composants qui apparaissent dans une forme observable elle r duit ces l ments au minimum compatible un certain degr de repr sentation elle fait la typologie de ces atomes avec la recherche des lois qui permettent de les recombiner en vue de retrouver la forme initiale ou tout au moins saisir en quoi elle diff re de ce qui a t reconstruit La m thode ph nom nologique nous l avons dit proc de d une fa on plus intuitive cherchant retracer le ph nom ne en soi plus ou moins ind pendamment de la signification qui y est attach e par l actant Restant au niveau d une science des ph nom nes d une cat gorisation de ceux ci d un effort de compr hension directe qui s oppose volontiers celui d explication comme l a remarqu Dilthey la m thode ph nom nologique renouvelle le point de vue d analysant qu offre la vie quotidienne Elle est la reche
93. nce entre cr ateur scientifique et cr ateur artistique entre lesquels nous ne voyons en fait aucune diff rence ni dans la mentalit ni de l attitude sociale l un et l autre mettant en question l tat de choses qui existent au profit d un tat de choses possibles ils recodifient le monde ou une portion de celui ci d une fa on originale et susceptible de donner lieu des applications dans un quelconque champ ph nom nal C est la d finition m me que nous donnions de la cr ativit dans une tude d application de notre ouvrage La Cr ation scientifique aux probl mes de la cr ation industrielle ou sociale 19 Une chimie sociale Dans nos travaux sur la sociom trie syst matiquement poursuivis pendant plusieurs ann es nous avons cherch d velopper titre de m thode de travail fondamentale le parall lisme entre groupements d tres humains et syst mes m caniques ou chimiques La sociom trie appara t comme une chimie sociale dont les tres humains sont les atomes les groupes en seraient les mol cules les entreprises les macromol cules etc Ce parall lisme est extr mement fructueux et dans nos travaux sur ce sujet loi d activation de la matrice sociom trique compar e la loi d action de masse en chimie structures en cha nes structures centr es d veloppement cristallin agr gats et syst mes ordonn s etc nous avons donn de nombreux exemples de ce parall lisme de structu
94. ne d interpr tation de l image figurative li e la fois au mouvement des yeux au d chiffrage s mantique et la volont rh torique certains des artifices qui y sont propos s se traduisent dans la matrice de traduction rh torique quand elle tablit la correspondance entre le signifi verbal et le signifiant formel manipul dans l image 50 Vers une th orie du paysage Les deux autres tudes se sont int ress es elles aussi l image fixe mais cette fois une image du monde tel qu il est l image des paysages Deux travaux fondamentaux en rendent compte d une part l analyse factorielle des matrices de similarit des cartes postales men e par nos collaborateurs Luckel Ribey Naud notre Laboratoire qui a fourni des crit res d analyse et de classification des paysages confirmant bien la notion de Genius loci ce pouvoir des lieux voqu plus haut Par ailleurs aux limites entre la Psychologie de l espace et la recherche sur l Image un brillant architecte Stefanou professeur l Ecole polytechnique d Ath nes a fait sous notre direction une tude sur la th orie des paysages tels qu il se pr sentent travers les cartes postales comme un t moin socio conomique important Sur ce mat riau il a fait d abord toute une cologie commen ant par une sorte de cartographie des sources de paysages Il en ressort entre autres que contrairement ce que le sens commun voudrait croire il n
95. ne compl mentarit accept e par toutes les Ecoles de pens e du design qui depuis la perte ou le d clin du fonctionalisme rigide du Bauhaus se sont pos es en ennemies post modernes de celui ci ce qui est philosophiquement peu acceptable 44 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles Dans diverses publications ces id es ont t d velopp es sous le nom de design n o fonctionaliste c est dire d une Ecole de pens e qui sans jamais refuser la raison fonctionnelle et l existence des objets veut prendre en compte une fude rationnelle de l irrationalit de l homme une d finition que nous avions donn e de la psychologie Le n o fonctionalisme que nous avons pr sent au Canada et au Japon prend en compte galement l norme diff rence qui existe dans les positions des citoyens de la soci t de consommation et d opulence o l assortiment des objets et services est toujours largement sup rieur la capacit des tres les utiliser et des soci t s du manque souvent des soci t s sous d velopp es dans lesquelles le probl me essentiel est l acquisition d un objet le plus ad quat possible la liste la plus rationnelle possible des fonctions en un lieu d muni il est dans cette situation le d sir fondamental De m me que nous avions autrefois propos une carte des objets nous proposons une carte des soci t s bas e sur ce rapport entre assortiment ce qu
96. nore message phon tique musical message des bruits ou des paysages sonores ou qu elles soient dans le domaine visuel message de l image de la photographie de cette image minemment rh torique et pratique qu est le message publicitaire ou tout autre encore tactilit peu importe En principe les m mes lois les m mes r gles les m mes proc d s d utilisation vont s imposer C est le caract re d une grande th orie ses lois sont universelles mutatis mutandis les textures physiques des l ments que l exp rimentateur emploie l appareillage dont il se sert sont devrions nous dire taient cette poque 1970 1980 en songeant d sormais la digitalisation universelle comme principe conducteur de la technologie les m mes 46 Les travaux sur l image Les travaux successifs effectu s sur l Image fonctionnelle ont t des illustrations de cette remarque l image fonctionnelle La seule justification sociale reste la communication qu elle apporte entre les tres le comportement action ou r action qu elle provoque ce qui laisse de c t une grande part de l art contemporain puisque l image y est volontairement consid r e sous l angle d un simulacre plus ou moins illusioniste ou plus ou moins sch matique Les interactions stimulus r ponse ou metteur r cepteur r v lent les m mes lois capacit s de l esprit r cepteur de traiter l information fortement limit e 16 2
97. ns fourni des chelles de profils de polarit 29 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles 43 Les coquilles de l homme et prox mique Dans la r alit perceptive l homme organise sa vision de l espace qui se veut toujours domination ou tout le moins domination cognitive sur la base d une structuration de celui ci par rapport lui m me intuitivement consid r comme le Centre du Monde Il d compose nous avons pu fournir des chelles et des crit res pour cette d composition ce monde depuis le Jci et maintenant des philosophes jusqu aux limites de lunivers en une s rie de coquilles concentriques les coquilles de l homme un terme maintenant enseign dans beaucoup d Ecoles d architectures ou de facult s de philosophie Pour chaque coquille la typologie de ses comportements est diff rente le genre d efforts le temps pass la programmabilit les ressources sont distinctes et peut donc tablir par l une typologie diff rentielle tr s utilisable Cette analyse fut poursuivie de fa on tout fait ind pendante des travaux de Hall sur la sph re personnelle mais elle n est nullement en contradiction avec ces derniers au contraire elle les englobe dans une s rie homog ne dont on peut donner de nombreux exemples d application La maison machine habiter Le Corbusier lieu des habitudes univers du familier et donc du routinier reste par sa constance m me un
98. ns repris l analyse des concepts de Kurt Lewin sur le champ topologique des repr sentations et des valeurs sous l angle d une ph nom nologie de l espace et du temps conforme aux lignes directrices de la philosophie allemande Husserl Heidegger Scheler Nos tudes ont t orient es et concr tis es par une s rie de recherches sur la psychologie urbaine ou sur l environnement li es ce que nous avions fait Ulm Ces id es proposaient partir d une ph nom nologie de l espace centr sur l individu un type d analyse de ce que nous avions appel en 1965 les Coquilles de l homme souvent repris depuis en particulier par Edward T Hall ind pendamment de nous Cette analyse situe l tre dans une s rie de domaines concentriques s tendant jusqu aux extr mit s du monde chacun d fini par des caract res distinctifs aux yeux du psychologue elle se situe en contraste avec la division uniforme et rationnelle de l tendue que l architecte propose ou impose l tre de raison qu il croit voir dans les individus La psychologie appara t alors comme l tude rationnelle de l irrationalit de l homme d finition qui garde au psychologue son adh sion de principe l univers scientifique de la raison mais le place en opposition dialectique avec l tre humain qu il tudie L ensemble de ces tudes a t r sum dans un travail fait en commun avec Elisabeth Rohmer Psychologie de l
99. nt directement sur les m canismes de la perception c est dire sur la fa on dont le spectateur voit ou coute l oeuvre qui lui est propos e Nous avons eu fr quemment l occasion de l appliquer la critique d art dans une s rie d tudes dispers es qui nous ont permis d approfondir les d tails de ph nom nes tels que l opposition figure fond le ph nom ne de fascination l id e de s rie et de diff renciation minimale la notion du rythme utilis e de fa on si laxiste par les musiciens Un autre domaine d application important est le m canisme de la cr ation de l oeuvre d art ou plus prudemment de la cr ation d une oeuvre esth tiquement satisfaisante pour un public donn concept de public cible dont il est possible partir de raisonnements de sociologie de la culture de formaliser la d finition cadrant ainsi l op ration esth tique de fa on accessible l exp rimentation objective La th orie structuraliste ou informationnelle est la base de tout effort de synth se tel qu il a t essay de divers c t s d s que l ordinateur est devenu un outil accessible et tous les travaux effectu s en ce domaine tels que nous les avons d taill s et d crits dans notre ouvrage Art et ordinateur se r f rent implicitement ou explicitement la notion d atome ou de morph ne de grain de son ou d l ment soit sous l angle d une statistique conomique d riv e de la th
100. nt au tiroir des inclassables tous les ph nom nes vagues ceci ne peut jamais vouloir dire qu ils n existent pas Il y a l notre avis une question d pist mologie non trait e 57 La Micropsychologie La micropsychologie se propose justement de montrer qu il existe un grand nombre de r gularit s dans la vie quotidienne des faits scientifiques flous qui apparaissent volontiers l esprit trop form aux sciences de la Nature comme irrationnels mais qui sont au contraire pourvus d une certaine rationalit au sens de la logique d ductive dans la mesure o celle ci s tablit l int rieur du cerveau de chaque individu avec ses propres valeurs diff rentes de celles du voisin Comme le dit Burke on ne peut taxer un esprit d tre d irrationalit s il agit en fonction de ce qu il croit tre vrai L un des obstacles principaux ce microscope psychologique cette attention soigneuse voire m ticuleuse aux d tails du comportement aux interf rences des valeurs dans le champ de conscience qui n a pas trop le temps de r fl chir et dirions nous n en a cure c est justement la projection que les tres humains tous quels qu ils soient y compris les scientifiques font de valeurs qui nous viennent d un monde m canique qu ils ont d j construit rationnellement autant que faire se peut par l id e de n gligeable de sans importance de futile sans avoir aucun moment d fini ce que vo
101. ntiel et l objet se d tache de la vision de l industriel partir du moment o il a quitt le magasin pour p n trer dans la sph re personnelle des consommateurs 60 Le concept de garantie totale On doit d sormais mettre cette conception en question D j en certains domaines des produits de consommation merge la timidit des tres humains affronter des objets d une technologie de plus en plus complexe et dont ils se sentent incapables de dominer le fonctionnement interne Ils se trouvaient par cons quent soumis lors des pannes ou incidents de marche une nouvelle ali nation puisqu ils se d couvrent esclaves de ces esclaves techniques ou entrepreneuriaux que sont les entreprises de d pannage ou les services d apr s vente Les industries avaient compris qu il fallait apporter une garantie une assurance concept d sormais banal et parfaitement utilis mais dont le sociologue qui l examine saisit la fragilit pratique Or on peut penser on pense d j dans certains domaines que l Industrie contrairement ce qu elle pense elle m me ne fabrique plus des objets pour des consommateurs mais assume des fonctions qu elle d livre au consommateur Fonctions services sont cristallis s dans l objet qui leur sert de support Sil y a garantie efficace dans ces conditions comme le montre l analyse du co t g n ralis alors cette garantie doit porter sur la fonction et non pas sur l objet Ou pl
102. o il trouvera ses r les ses t ches et son secr tariat Cette passion peut certes s alimenter la fois par le jeu des s minaires dont la forme relativement libre conduit saisir le g n ral dans le particulier et apercevoir des perspectives non d velopp es mais d veloppables Mais elle se trouve surtout dans une disponibilit du directeur de recherche ses chercheurs disponibilit qui utilise norm ment de temps puisqu elle va jusqu une certaine psychanalyse du chercheur dans ses motivations et elle a priorit absolue sur toute r union administrative ou conseil des autorit s quelles qu elles soient m me si ces lieux sont ceux o l argent des cr dits se distribue Par exemple ceci impose une option th orique forte comprendre mod liser juger plut t qu une option exp rimentale et empirique qui exige au d part du mat riel des techniciens de la maintenance un secr tariat donc de fait une institutionnalisation et une reconnaissance officialis es qui ne s obtiennent gu re que par le jeu des demandes r p t es et des strat gies de votes point auquel nous nous sommes souvent heurt Dans un petit laboratoire des contraintes de ce genre sont normes et prennent un style tout fait diff rent des traditionnelles heures de r ception que les sciences dures situent l universit alors que le plus simple en sciences humaines sera qu elles se situent en priv puisqu elles r sultent d
103. omm s et int gr s par les syst mes d opinion et de contenus qui eux m mes vont r agir sur les structures de service et de contrainte Cette description est en fait une application de la th orie des syst mes g n raux un ensemble particulier le syst me social qui nous est apparue comme une g n ralisation de nos premiers travaux sur la macro sociom trie Ainsi l individu appara t comme dot d un certain capital d espace et de temps et nous avons notre Institut de Strasbourg essay d en faire analyser des aspects divers selon la m thode ph nom nologique largie qui peu peu s est affirm e pour nous comme une des approches essentielles des sciences sociales car elle nous para t r concilier heureusement l imm diatet philosophique et l apport de donn es ou de m canismes pratiques par la technologie Plusieurs tudes ont t faites dans ce sens sur la psychologie de l espace industriel Fischer sur la perception de l habitat Ekambi Schmitt sur les transports verticaux Schwach sur les places publiques Korosec sur le centre ville Jonas donnant lieu un noyau d activit s sur la psychologie de l espace et la psychologie urbaine qui commence tre connu dans diff rents pays Congr s de Psychologie urbaine en 1976 26 Le param tre de la communication La liaison s imposait alors pour nous entre ces tudes sur la psychologie de l espace et les m canismes de communica
104. onduits attribuer ce terme Par contre il nous est apparu que l tre membre de la soci t l ment de cet agr gat qui constitue la substance du syst me social tel que nous avions t conduits la d crire partir d une analyse g n ralis e des communications cet tre est ins r en permanence dans sa vie de travail et de loisir dans un r seau d objets et d actions l mentaires souvent de faible envergure ou de faible port e qui constituent le tissu de cette vie quotidienne et dont pourtant les uns conditionnent les autres ne serait ce qu cause des limitations du budget temps ou du volume d action de l tre La trame de tout ce jeu d interactions n a jusqu pr sent jamais t tudi e tout au plus voqu e par quelques grands crivains et quelques th oriciens de la nouvelle litt rature ou de la psychanalyse 38 La micropsychologie et ses applications Nous croyons qu il y a l un tout nouveau domaine que nous d signons sous le nom de Micropsychologie dont l objet est d analyser aussi rationnellement que possible le jeu des interactions des valeurs des choix des micro d cisions qui se trouvent impliqu s dans une action globale donn e ou dans un flux de comportements Harris Un certain nombre de nos r cents travaux sont orient s dans cette direction L analyse des micro comportements l nonc rationnel des facteurs psychologiques qui les conditionnent
105. ont le sch ma de l organisme constitue un exemple pertinent Ils sugg rent deux dimensions fondamentales du monde des objets complexit structurelle et complexit fonctionnelle que nous avons d finies dans le principe d s 1959 lors de conf rences l Universit de Stuttgart Ces deux notions ont t largement diffus es d une part la Hochschule fur Gestaltung d autre part en Italie et en Espagne Ueber konstruktionnelle und instrumentelle Komplexit t in Grundlagenstudien aus Kybernetik und Geisteswissenschaft Stuttgart 35 La notion d assortiment Nous avons appliqu ces concepts d s 1965 l autre aspect du monde des objets celui des objets en groupe con u comme un chapitre d une sociologie des objets parall le mais distincte de la sociologie des tres qui les font les manipulent ou les vendent l assemblage des objets dans une vitrine un tiroir ou un talage peut tre appel display du r pertoire plus ou moins vari des types d objets accessibles ou propos s l attention du sujet Nous avons d fini l assortiment comme une grandeur la complexit de l ensemble des usages des diff rents types qui constituent un display En face de ce display dont le march est l exemple le plus tendu se situe l individu avec des besoins variables fr quents ou rares triviaux ou tranges et il est possible de 21 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraha
106. ontr le social par le c blage et la t l pr sence l inutilit de vastes masses de ceux qu on appelait autrefois travailleurs ouvriers lib r s par la permission de leurs fonctions li e l automation des processus seraient les nouveaux l ments du paysage social en train de se r v ler Toutes ces choses taient d j pr sentes sur la sc ne intellectuelle il y a trois d cennies mais maintenant elles apparaissent comme des cons quences in luctables des facteurs d analyse sur le futur entra nant de nouvelles formes de soci t Ce n est ni notre r le ni notre comp tence de les noncer Mais il est bien conforme une pens e scientifique de proposer des sch mas et des mod les qui aident faire comprendre au moins certains l ments de ce que pourraient tre ces mod les sociaux L un des plus importants qui va de pair avec l urbanisation de la plan te avec l limination des d serts la concentration dans les lieux troits c est par le ph nom ne de communication et de t l pr sence de t l action et de t l l id e d une soci t c bl e qui recherche ses quilibres moins travers des syst mes de gouvernements qu au travers d une reconsid ration des rapports entre Homme l Autre et ce qu on appelait autrefois la Soci t qu il conviendrait plut t d appe ler syst me social de gestion des biens et des forces conomiques ou productivess une pure m canique t l m
107. orie de l information soit sous l angle d une th orie structuraliste explicite comme beaucoup de travaux de la nouvelle litt rature C est ce que nous avons soulign dans ce livre qui a t pour nous le prolongement logique de la th orie de l information dans lequel nous avons analys les diff rentes strat gies de l artiste devant les possibilit s de l informatique 20 Enseignement et recherche deux domaines ins parables Dans les sciences humaines enseignement et recherche ne sont jamais s parables Enseigner signifie mettre en forme syst matiser d finir montrer ou d montrer parall lement au travail de r flexion personnelle d exp rimentation d information de mise au courant de travaux voisins ou contradictoires Notre enseignement Strasbourg d abord effectu en sociologie a tr s rapidement comport un cours public reprenant en cela l esprit original de cette institution l exposition un public plus large que celui des tudiants de licence de questions sur lesquelles on se trouve avoir apport soi m me des d veloppements 21 Les trois libert s Nos cours publics pendant des ann es ont port successivement sur la sociodynamique de la culture sur la sociologie de l art sur la Prospective pour laquelle nous nous trouvions pouvoir transmettre la formation re ue de notre ma tre Gaston Berger ainsi 14 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham
108. otiv s les tres humains dans le flux de leurs comportements On entrevoit ici des applications aux probl mes de design et de marketing de m diation publicitaire ou d cologie des communications que nous cherchons tablir Elles permettraient de replacer la science des interactions entre les tres dans un cadre plus solide que les approches diverses qui en ont t faites tant t sous l angle exclusivement technique tant t sous l angle de l usage des M dias pr parant une tude de cette vaste interconnexion de la Soci t qu voqua Paul Val ry 39 Un important programme de recherche D s 1976 nos recherches comme il est normal dans le monde universitaire ont t largement conditionn es par la marche de l Institut que nous dirigions Entre autres l orientation donn e aux th ses de doctorat dans la ligne des disciplines d j tablies et auxquelles pr parait tout un enseignement une approche de la psychologie sociale aussi proche que possible des applications dans une attitude conductiviste mais largie par la notion de champ de K Lewin th orie des valeurs styles de vie fonction publicitaire strat gies de la conviction cr ativit des individus et des groupes etc Une part substantielle a t d volue d s le d part vers 1965 aux math matiques dans un programme qui se voulait accessible aux tudiants de formation litt raire ou philosophique surtout par des exemples pris dans le cadre
109. qui en recr ait pourtant plus ou moins bien l effet sur l auditeur le signal occupant simultan ment ou dans une rapide succession une plus ou moins grande partie des faisceaux nerveux de l appareil auditif et sans tre jamais p riodiques au sens du math maticien tablissait pendant un court instant un r gime de pr vision provisoire du signal par le r cepteur C tait la premi re amorce d une th orie quantitative de l information mergeant du laboratoire d acoustique et nous avons t fortement influenc s dans la suite par les travaux de Shannon et Wiener que nous avons rencontr s au MIT et qui nous ont fortement encourag poursuivre la voie ainsi trac e Nous explorions par des exp riences l poque extr mement laborieuses car des outils aussi simples que le magn tophone n taient pas encore r ellement disponibles toutes les m thodes de manipulation du signal sonore le renversement dans le temps l inversion du spectre le d coupage cr tage des ph nom nes sonores et leurs possibilit s tous les m canismes de masques et de brouillage dont nous nous efforcions de dresser un inventaire et une liste de propri t s dans la voie qu ont trac e aux USA des chercheurs comme Miller Licklider et Pollack en RFA Grutzmacher Erwin Mayer etc Ici l unit de ce travail ne venait pas du spectrographe ou de l oscilloscope mais du r cepteur humain avec ses propri t s sa capacit de reconstit
110. r novation il y a quelques ann es de l Institut de Phon tique D autre part ils ont servi la mise en place en France de tout un enseignement nouveau d audiophonologie auquel nous avons largement contribu son d but et qui correspondait lui aussi un besoin celui de la formation au niveau sup rieur de sp cialistes de la proth se auditive et de l analyse des probl mes de la boucle audition phonation Parmi les travaux scientifiques concrets que nous avons pu d velopper dans ce domaine nous citerons la direction de la th se de Odette Mettas qui a t finalement 11 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles soutenue l Universit de Strasbourg sur Les techniques de la phon tique instrumentale dans l tude de l instrumentation qui comportait entre autres une application syst matique de la m thode des filtres peigne et de la technique des trois magn tophones que nous avions mises en point au Studio de Gravesano 16 L tude des langues siffl es Beaucoup de ces probl mes de signal sonore en tant que vecteur d information s appliquaient tout aussi bien aux langages parl s conventionnels ce qu on appelle par extension le langage animal plus correctement traduit par l expression de syst mes de signaux intersp cifiques et intrasp cifiques dont en collaboration avec le Laboratoire de Physiologie animale de R G Busnel nous avons eu l occasion d ex
111. raham Moles peut tre la sienne propre elle peut diff rer dans le d tail de celle des autres mais la correspondance dans les concepts et dans les mots est pour Moi Ici Maintenant sans confusion Petit petit dans l tude de chacun des champs particuliers qui ont occup l auteur durant des p riodes notables de sa vie des oppositions pertinentes mergent et dynamisent le champ des concepts qu il s agisse d acoustique musicale ou de micro psychologie La ligne directrice de tous les travaux dont nous venons de faire une revue sommaire est claire il n y a rien qui soit en dehors de l appr hension de la pens e scientifique Il n y a qu une seule Science Carnap m me si ses langages sp cialis s sont tr s d termin s selon les mati res dont elle traite et le but de cette science est de conqu rir la pr dictivit dans les affirmations qu elle propose en tout cas une pr dictivit toujours meilleure Le scientifique n est pas le technicien le scientifique cherche noncer les principes fondamentaux La technique met ces principes en oeuvre selon des r gles et dans des buts qui eux n ont rien faire avec la science mais avec l esprit de r alisation de l tre humain Le technicien l ing nieur nous l avons t ne d termine pas les buts il ex cute des buts qui lui sont propos s fournis ou impos s en fonction des d couvertes scientifiques et 1l tire sa propre passion
112. rche de l trange dans l art comme dans la science elle est cet effort pour susciter l tonnement et ce sentiment de na vet que Nietzsche et Max Weber avaient bien vu comme tant condition n cessaire d une cr ativit renouveler la capacit d tonnement serait une formule applicable l attitude ph nom nologique Nous n avons aucun moment de notre vie scientifique vu une quelconque opposition de principe entre l une et l autre de ces m thodes Le choix de l une ou le choix de l autre s impose tout spontan ment l esprit dans un champ exp rimental ou dans une situation donn e Pour reconstruire le monde par l assemblage d atomes selon certaines r gles encore faut il conna tre la nature de ces atomes c est bien souvent une r flexion sur l trange l anormal le particulier voire le bizarre il y a une t ratologie en math matiques qui la fournira et qui pr ludera aux l ments d une typologie 49 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles Une autre m thode qui nous a t essentielle fut la m thode du commentaire Partant d un donn un texte une d finition une forme tablis d une quelconque fa on dans une formule dans une oeuvre artistique dans un objet dans une chose de la nature le commentaire se pr sente comme une glose spontan e illimit e qui peut tre oiseuse mais aussi faire d couvrir des relations qu on n avait
113. re proche ou lointaine Le monde des syst mes se pr sente en gros sous deux aspects 13 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles d un c t la structure elle m me de ces syst mes flux conomique flux relationnel message grandeur psychologique transmissible etc La compl mentarit de ces deux aspects nous tait d j apparue dans des travaux sur la possibilit d application de la th orie des communications et de l information dans les soci t s animales effectu s avec Busnel Sebeok Altmann entre autres au Laboratoire de physiologie acoustique de Jouy en Josas Nous avons t conduits les pousser dans l analyse des groupements humains du type entreprise leur appliquant les notions de feed back d auto organisation d expression de l opinion et montrer la constitution dans ces syst mes de processus ultra stabilisation et s gr gation spontan e de sous ensembles conformes aux lois g n rales de la th orie des syst mes Il y a l une voie extr mement fructueuse donnant l image des soci t s ou de la soci t comme syst me qui met en cause la th orie conventionnelle des institutions sociales Au cours de ces ann es deux branches fondamentales d application de la th orie infor mationnelle ou structuraliste de la perception esth tique sont apparues de plus en plus clairement L une y voit un algorithme g n ral d analyse de l oeuvre artistique reposa
114. rectes sur cette activit de cr ation des objets et des produits qui fut l une des lignes directrices de notre recherche Elle entra ne proposer des r gles concr tes pour un Ecodesign un design des objets prenant en compte leur devenir depuis leur naissance jusqu leur mort puis leur r cup ration ou leur disparition Comme il est apparu tout au long de ce texte les principales directions d investigations 51 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles psychologie de l espace psychologie sociale de l interaction th orie des objets th orie des actes micropsychologie de la vie quotidienne th orie des communications th orie des valeurs ne sont jamais vraiment s par es les unes des autres chacune interagit sur l autre et nous avons eu fr quemment dans les cours ou conf rences synth tiques ou dispers es qu un professeur m rite est conduit s adresser des publics de langues et de cultures diverses souligner voire tudier les rapports qu il y a entre ces domaines Il nous est apparu comme nous l avons bauch plus haut que la consommation d espace faite par une humanit dont Huxley ancien directeur de l UNESCO se demandait si elle tait le cancer de la plan te la consommation des ressources bien marqu e par le Club de Rome et l analyse micropsychologique des comportements des consommateurs l augmentation du c
115. res concept que nous avons pel culture mosa que 13 Les bases d une doctrine de la circulation des produits culturels Notre collaboration avec la Radiodiffusion se poursuivait cette poque comme conseiller scientifique du service des relations avec les auditeurs et ceci nous a conduit d velopper l aspect sociologique de la th orie de l analyse de la perception et de la r tention des messages dont nous avions tabli les grandes lignes dans nos travaux ant rieurs Cette analyse nous a conduit sur la suggestion en particulier de Meyer Eppler directeur de l Institut fur Kommunikations forschung de l Universit de Bonn et de Silbermann du D partement de sociologie de Cologne poser les bases d une doctrine de la circulation des produits culturels dans la Soci t mettant en vidence comment par le jeu des mass media id es ou messages nouveaux et originaux mis en circulation dans un micro milieu troit puis repris s lectivement par les syst mes de communication de masse qui leur font subir des modifications de contenant et de forme sont diffus s grande chelle et banalis s dans la Soci t et constituent cette culture de masse faite d un assemblage disparate mosa que de cultur mes ainsi devenus une poque donn e des mat riaux universels de la pens e ceux ci vont tre repris leur tour et combin s dans de nouveaux messages originaux fabriqu s par les cr ateurs un stade ult rieur du
116. res chemins par des jugements vagues et a priori par des projections de valeurs mal fond es par des inductions et non par des d ductions l tre humain est ondoyant et divers il appara t l observateur serein et distanc sociologue ou psychologue comme volontiers irrationnel fluctuant d sordonn impr visible en tout cas dans les situations courantes de la vie Pourtant disait encore Bachelard cette fluctuation g n rale cache mal une pauvret profonde il y a une tr s grande conformit des comportements humains dans la vie quotidienne 56 Observation des tres en situation vers une science des ph nom nes impr cis C est de ce point que nous sommes parti dans une volont d examiner la vie quotidienne des tres en situation dans la rue dans la maison au bureau voire au laboratoire o la rationalit pure occupe une place fortement limit e peut tre parce qu elle n est qu un id al une pulsion de l esprit largement combattue et souvent vaincue par d autres pulsions C est un des aspects les plus importants de la vie des tres et donc n cessairement de l explication pr dictive qu on veut en donner que le monde o nous vivons a un aspect vague incertain peu pr dictif ce qui ne veut pas non plus dire impr visible Nous agissons constamment sur la base d un grand nombre de ph nom nes et de formes vagues mais pourtant nous n agissons pas non plus au hasard et beaucoup de no
117. rosc nario qui s attache la pertinence des constituants de la microsituation pour voir la fa on dont celle ci se r soud L outil de rationalisation qui a rendu nos chercheurs le plus de services dans cette qu te microscopique de la vie quotidienne a t certainement l analyse des co ts gen ralis s d j voqu e et qui s applique de facon tr s claire dans cet univers de l apparemment n gligeable Quel est le co t nerg tique de d placer un lourd annuaire dont on a besoin d un rayonnage lev vis vis du b n fice escompt de cette communication t l phonique qu on pourrait volontiers remettre plus tard o l tre consommateur croit parce qu il n y a jamais r fl chi qu il dispose de temps et d nergie pour ces petites choses de la vie de tous les jours De multiples publications diffusion restreinte ont t faites successivement mais dans une forme voisine par l Institut de Psychologie sociale puis l Association Internationale de Micropsychologie qui comprend une centaine de membres de diff rents pays et y assume des enseignements partiels dans certaines universit s Ces publications ont port l attention sur la micropsychologie de la part d utilisateurs potentiels qui ont saisi qu il s agissait l d une alternative diff rente dans son esprit de l analyse statistique des comportements que proposent g n ralement le sociologue l conomiste du marketing et d
118. rs de l espace d autre part Cette notion a t labor e ult rieurement dans nos travaux effectu s pour l UNESCO programmation du champ autodidactique 31 De la th orie la pratique et de la pratique une nouvelle tape th orique Le monde de l affiche que nous avons tudi dans une collaboration troite entre universit et industrie au niveau des agences de publicit des graphistes et des concepteurs des organisateurs de campagnes publicitaires des administrateurs de supports et auquel nous avions consacr un cours public r sumant les principaux travaux effectu s notre laboratoire F Enel G Simard D Muzet ce monde tait pour nous une tape importante de l analyse du message visuel que nous abordions par la m thode informationnelle ou structurale sous l angle statistique selon un processus de pens e d ment lucid et troitement parall le celui qui nous avait permis d tudier les m canismes d esth tique et de la musique une dizaine d ann es auparavant Les m mes pr occupations devaient s y manifester analyse perceptive de caract re ph no m nologique n abordant la signification que le plus tard possible quand tous les autres facteurs ont t fix s m thodes bas es sur la th orie de la forme de modifications et distorsions syst matiques des images pour saisir les variations de leur pr gnance enfin souci de classification d analyse dimensionnelle cherchant
119. s actions sont pr dictibles r p tables g n ra lisables elles doivent donc qu il plaise ou non au pur rationalisme g om trique faire l objet d une science ou de sciences ce que nous avons appel Sciences de l Impr cis 1957 un terme qui fut repris dans une direction diff rente mais avec le m me sens par Zadeh d s 1960 les sciences de l impr cis sont assez oppos es dans leur style et leur domaine d application aux sciences dites dures celles qui veulent souvent se proposer comme des sciences du mesurable et du pr cis leurs triomphes remarquables ont peut tre clips quelque peu la volont d expliquer le monde dans toutes ses parties et dans tous ses aspects et pas seulement dans ce qui est hautement mesurable hautement pr cis hautement objectivable si nous voulons y comprendre ce que font en ce monde les tres ou les groupes Y aurait il l une sorte de faillite pist mologique bas e sur une id e fausse que nous nous faisons de la Science et de ses succ s C est la th se que nous avons soutenue dans notre dernier livre en l appuyant d abord sur une analyse critique de la notion de mesure ordinale et cardinale ensuite sur la distinction propos e dans notre ouvrage sur la Cr ation Scientifique 1957 entre science tablie un instant donn qui ob it des r gles qui veut en principe en exclure l erreur par la forme donn e aux propositions et dans les limites d
120. s comme tant inad quats certaines valeurs fondamentales pos es a priori par les philosophes imp ratifs cat goriques par exemple elle accepte ou para t accepter sans discussion un tat de la soci t qui se trouve tre in galitaire fond sur le pouvoir l argent l administration pour tablir l acc s de chaque tre ses sources d int r t Par exemple elle accepte sans la discuter l existence de la soci t de consommation Sa critique est autre elle r sulte de sa volont d tudier dans le d tail un flux de conscience de chacun et ce qui s y passe vis vis des valeurs propos es l avance et admises comme int rioris es mais quelquefois complexes les structures fausses de Sartre elle met au jour ces contradictions elle r v le les conflits entre une valeur et une autre elle montre par le sentiment de l absurde que celles ci sont rarement compatibles dans le champ clos d une situation Elle propose des probl mes au lieu de les r soudre Ceci se voit particuli rement bien dans l analyse du comportement automobile Comment s arr ter Moles un comportement majeur de la vie contemporaine qui se ram ne au niveau de l acte l interf rence complexe d un certain nombre d injonctions propos es ou impos es par le cadre social quelle qu en soient l origine ou la nature difficiles hi rarchiser dans le bref moment de la d cision ou de la routine assorties de sanctions d
121. s ne savons pas d cider sauf par un jeu de hasard apparent grande chelle pour l observateur lointain mais pas pour nous La micropsychologie a d abord fait l objet d un recueil d exemples d analyses de cas pr lev s dans la vie quotidienne et dont nous poss dons maintenant des v ritables dictionnaires Monographies de situations types Moles et Schwach Dictionnaire des micro v nements urbains Delagny Ces cas ob issent des r gles de s lection Ils 42 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles viennent tout aussi bien de l exp rience personnelle de cette introspection si d cri e par la psychologie am ricaine mais sur laquelle des auteurs comme Taine ou Tarde avaient pourtant op r De la litt rature aussi s il est une vertu sp cifique certains crivains c est leur capacit d observer et d analyser en mots des faits impond rables car trop complexes Quelquefois ils viennent de ph nom nes micro conomiques pourquoi les gens ne prennent ils jamais les passages souterrains sous les rues que les municipalit s leur construisent grands frais etc sur lesquels le raisonnement des ing nieurs se bute comme un myst re L analyse met en vidence des situations fausses des contradictions apparentes et cherche c est sa m thode les d crire avec pertinence dans une situation type un terme inspir de Max Weber traduite concr tis e dans un mic
122. s substantielles en faisant intervenir les lois m mes de la soci t Etudier la psychologie sociale du comportement des individus dans les ascenseurs peut ne para tre au jeune tudiant qui cherche son cr neau d originalit que bien trivial et bien mineur Il lui faudra un certain temps une travers e du d sert scientifique pour d couvrir que par l analyse comportementale des tres r unis fortuitement dans une cabine par la volont d utiliser un transport vertical s labore et s expose une mini situation o vont se r v ler quelques uns des instincts fondamentaux des individus les uns vis vis des autres et que ces situations sont bien effectivement des choses passionnantes en Psychologie sociale celles qui m ritent d tre r unies et connues et qui plus tard seront applicables d autres situations par exemple l analyse des files d attente dans la vie quotidienne dont les donn es sont tout fait diff rentes de celles du probl me trait sous le m me nom par la Recherche Op rationelle l Institut de Math matiques Comment conserver sa concentration sur un th me apparemment aussi futile avant de d couvrir qu il n est pas futile qu il y a une mani re passionnante et passionn e de l tudier mani re qui entre autres exige du chercheur de conna tre dans le d tail l outil technologique sur lequel cette situation est bas e une chose que beaucoup d tudiants en sciences soci
123. semble des actes humains qui se trouvent conditionn s par le fait que ce qui est loin en g n ral dans l espace comme dans le temps est a priori hi rarchiquement moins important moins charg de valeur toutes choses gales d ailleurs que ce qui est proche Cette loi r sulte tout simplement de l auto ducation de l homme la hi rarchisation des dangers qu il est susceptible de rencontrer dans un monde toujours mena ant elle est un produit d adaptation darwinienne au milieu Or cette loi prox mique est d une part une loi d airain un facteur du conditionnement ind finiment v rifi e dans toutes les exp riences de laboratoires tout aussi bien que dans l analyse de contenu des media la structure de l agenda de l homme d affaires ou des choses ausssi triviales que la signalisation urbaine d autre part et tr s pr cis ment dans notre civilisation elle est mise en question pour la premi re fois partir du concept m me de communication c est dire d action pr sente de choses lointaines par le simulacre de la t l communication ou la pr sence actuelle du document d actes pass s Serions nous c est une des questions cl qui a inspir certains de nos chercheurs une poque de l humanit o travers la t l communication la t l pr sence la t l action 30 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles l une des lois qui ont form no
124. sse photographique animale 3 les tres sur lesquels le photographe exerce sa dominance mod les famille 4 la r activit directe si nette dans les ethnies qui dictent une prohibition de l image enfin 5 la r activit contre ou pour le photo journaliste consid r comme voyeur indiscret volontiers encombrant ou dangereux 34 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles 49 Le cas particulier de la photographie sociologique On peut aller plus loin Si l on appelle photographies sociologiques l ensemble des images pour lesquelles des juges objectifs sociologues anthropologues par exemple fourniront avec une grande unit la m me l gende c est dire l expression en mots de ce que l image illustre alors le probl me de v racit de l acte photographique c est dire de l usage de celle ci pour tablir un fait scientifique humain s encadre dans un v ritable principe d incertitude photographique o il appara t d abord que les documents v ritablement authentiques d abord ne constituent qu un pourcentage infime 1 10 000 me des situations r elles et par cons quent qu ils ne pourront jamais proposer un chantillonage correct de ces situations D autre part les situations photographiables sont en nombre limit par rapport ce que le chercheur en sciences humaines appellerait les situations int ressantes Ici curieusement ethnologue sociolo
125. t des organismes et des syst mes ils ont servi de base ce que nous avons appel plus tard Th orie des objets Les tudes sur la perception conduisaient en principe une analyse de l optimisation des formes vis vis d un r cepteur particulier poss dant un bagage culturel donn Elles ont t pour nous l occasion d appliquer syst matiquement le cadre doctrinal de la th orie informationnelle de la perception telle que nous l avions bauch e et approfondie sur le mat riel sonore l univers visuel dans lequel c est ce qui a fait la force d une th orie g n rale les m mes concepts de base se retrouvent l id e d optimisation du message vis vis des capacit s du r cepteur l id e de compl mentarit ou de contrepoint entre le message s mantique et le message esth tique qui se situe lui m me dans l exploitation des champs de libert laiss s par le pr c dent C est galement Ulm que nous avons pu noncer les premiers l ments du concept de sch matisation comme syst me de message interm diaire entre les messages caract re morphologique ceux qui ressemblent aux formes dont ils sont cens s transmettre le contenu et les messages caract re s miotique bas s sur l assemblage de signes r sultant de conventions parfaitement arbitraires Le sch ma est un des aspects essentiels de la communication technologique il repose sur des conventions sociales d finies mais se lie d au
126. t riels n cessaires se trouvaient l aurait on pu le refuser 2 Le laboratoire porte magique de la connaissance L acc s au laboratoire c tait aussi la porte magique de la connaissance et si l on entretenait soigneusement des s ries d anecdotes pour en d mystifier le prestige ce n tait finalement que pour le renforcer Nomm Assistant au Laboratoire de Physique de M taux dirig d abord par le Professeur Esclangon puis par Louis Neel nous nous sommes initi aux techniques de la m tallurgie de l poque la manipulation souvent d licate de l appareillage lectrique et lectronique et en r digeant des rapports d essais de mat riaux ou d analyses techniques puisque c tait l une de nos fonctions nous voyions se profiler travers les conversations occasionnelles avec nos patrons ce que pouvait tre une science des mat riaux Quelques brevets quelques rapports sont pour nous la trace de cette poque pr alable apr s l poque troubl e de la fin de la guerre notre entr e au CNRS au Laboratoire d acoustique et de vibrations Marseille et au CRSIM Centre de Recherche Scientifique Industriel et Maritime h ritier d un Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles Laboratoire de la Marine Nationale qui devait quelques ann es apr s devenir un des Laboratoires d tudes M caniques du CNRS D s cette poque nous suivions de fa on irr guli re
127. tant programme de recherche 39 Un important programme de recherche 40 Une universit frileuse o l administration prend le pouvoir 41 La recherche au quotidien 42 Psychologie de l espace et th orie des labyrinthes 43 Les coquilles de l homme et prox mique 44 Ecologie communicationnelle 45 La th orie et les r gles qui en d coulent 46 Les travaux sur l image 47 le sch ma 48 et la photographie 49 Le cas particulier de la photographie sociologique 50 Vers une th orie du paysage 51 Visualisation th matique du monde 52 De la science des ph nom nes la th orie des actes 53 et ses applications 54 La grandeur d une action et son co t 55 Refus d une psychologie de laboratoire 56 Observation des tres en situation vers une science des ph nom nes impr cis 57 La Micropsychologie 58 Premi res applications concr tes la banque et le design d objets 59 Du design 60 Le concept de garantie totale 61 Un clairage nouveau sur l ali nation et une r flexion sur les valeurs 62 Pour un design situationnel 63 Le regard du Philosophe sur Science et Technique 64 Itin raire personnel 65 Une oeuvre s appuyant sur trois grandes m thodes 66 Conna tre le monde et le transformer Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles 1 L acc s au savoir Form simultan ment aux sciences dites exactes et aux sciences dites humaines ayant re u l apport de
128. te branche a donc t successivement marqu e par nos travaux sur la physique du bruit sur les musiques exp rimentales et concr tes sur la th orie de l information sur la th orie informationnelle de la perception sur la sociodynamique de la culture enfin Elle se 12 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles relie tout le mouvement d analyse que l on appelle maintenant th orie des syst mes et qui l poque a enflamm les esprits sous le nom de cybern tique qu on pourrait interpr ter comme un effort de synth se entre th orie globaliste originaire de l empirisme anglo saxon son l ment essentiel est l affirmation structuraliste de la possibilit ou de la volont de d composer le monde en l ments simples reconnaissables et non ables dont la vari t est limit e r pertoires et de reconstruire ensuite un mod le de ce monde en appliquant certaines r gles de combinaison que les th ories de la communication ont appel codes et que des chercheurs tels que Levi Strauss ont appel en partant d un autre champ exp rimental structures Sous ce nom elles ont donn lieu tout l ensemble de doctrines connues maintenant sous le nom de structuralisme Il ne nous para t pas abusif de consid rer l ensemble de ce mouvement sous sa forme informationnelle comme sous sa forme structuraliste comme tant l introduction de la th orie atomique dans les scienc
129. ter dans une vision sociologique coh rente 44 Ecologie communicationnelle C tait le moment o apparut comme fait d envergure une de ces donn es de la connaissance qui r agissent n cessairement sur la politique nonc e tout d abord par Meier et Porat repris et amplifi par nous m me quand il fut tabli que l activit de communication de pr s ou de loin crite ou parl e par l image ou par le texte par la lettre de commerce ou par le roman se trouvait chose dont on ne se doutait pas encore tre l activit majeure de l humanit volu e celle qui contribue pour la plus grande part au PNB Ainsi se trouvait confirm un fait entrevu de fa on fugace et totalement non formalis e par des membres de l Ecole de Francfort Fr d ric Pollock Martin Buber Walter Benjamin ce fait que l acte de communication est devenu l acte essentiel de l homme que c est lui qui domine l action elle m me qui l encadre et la sous tend et que l tre humain est renvoy de l re du travail l re de la perception de la d cision et de la pens e tous les autres actes qu il fait sont secondaires pour lui y compris ceux qu on avait appel le travail humain ce travail en miettes comme disait 31 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles Friedman vid de son sens o le travailleur ne diff rait de l esclave que par un surplus d ali nation Une cologie
130. tes avec les instituts et coles de design qui se multiplient actuellement et nous avons largement particip la fondation de l un des plus importants le D partement de design de l Universit Technique de Compi gne Beaucoup des m thodes que nous avions mises au point l Institut pour l tude de notions impr cises analyse de la valeur profils de polarit matrices de similarit s construction de sets d objets m thode de l absurde sont issus de nos enseignements de design Ulm r guli rement poursuivis PUTC depuis sa fondation puis repris l Universit de Firenze en Italie et l Universit Autonome de Mexico avec laquelle nous avons une participation r guli re 59 Du design En fait le design appara t bien comme un des lieux essentiels d application de la micro psychologie Le design poursuit le projet d ins rer des objets produits dans la vie quotidienne ou professionnelle c est dire dans des situations relativement d finissables en tant que telles dans leur alternance de paysages routiniers d habitude et paysages de nouveaut ils devront faire face par une activit imm diate aux stimuli nouveaux Le design est une science relativement r cente elle a quitt les mains des ing nieurs car ils cherchaient appliquer leur propre Raison des objets qui seront utilis s par d autres qu eux imposant ainsi leur propre rationalit pour venir entre les mains d une nouvell
131. tion Peu peu dans une approfondissement de cette th orie structurale des communications qui pour nous s est tendu sur la plus grande partie de notre carri re scientifique nous avions tudi l application des m canismes de communication et de la th orie des syst mes aux sciences sociales dans leurs diff rents aspects toujours attentifs au processus de perception depuis les m canismes esth tiques jusqu ceux de la perception de l espace ou du temps Tout ceci amenait consid rer que ces analyses de m canismes de la perception devaient conduire des r gles d application des sciences humaines aux probl mes techniques qui se posent soit dans l insertion des tres dans l espace l architecte l urbaniste le planificateur le designer le paysagiste soit dans la communication entre individus ou l action des mass media C est l proprement parler la t che de ce nouveau venu des techniques sociales l ing nieur en communication sociale l homme des m dia publicitaire analyste du contenu Le moment tait venu pour nous de franchir une nouvelle tape de g n ralisation et de syst matisation de ces deux disciplines celle de la psychologie de l espace et du temps et celle de l information et des communications Cette tape a t provoqu e indirectement par les nombreuses demandes re ues d organismes officiels UNESCO Conseil de l Europe gouvernements trangers organismes de t l
132. tions successifs il n y s journe que pendant un d lai extr mement court il y passe son flux de conscience change de contenu extr mement souvent Nous savons que la machine c r brale comporte deux aspects dirait on deux parties l une est le produit d une longue volution elle r agit tr s rapidement et nergiquement aux stimuli et ce qu on peut appeler le paysage imm diat d une fa on instinctive en tout cas fort peu rationnelle au sens o Platon Descartes ou notre psychologie scientifique voudraient parler d une primaut de la Raison L autre au contraire justement la partie analytique du cerveau bas sur un vocabulaire une terminologie des lois des cat gories analytiques enfin tout ce qui constitue l objet de la Science Mais penser scientifiquement c est toujours penser lentement laborieusement concentrer son esprit dans une s rie d intuitions remises en oeuvre par la critique rationnelle et ainsi de suite 40 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles et il se trouve que nous sommes rarement dans cette situation Elle est exceptionnelle dans ce qu on pourrait appeler un inventaire des situations Le monde n est pas un laboratoire il n est pas un lieu o l on a le temps de r fl chir devant la fluctuation ind finie des paysages d action En bref la pens e rationnelle est un luxe de l esprit mais cet esprit fonctionne bien souvent par d aut
133. tre premier livre sur la Physique du bruit elles nous sont apparues quasi identiquement dans le dernier Sciences de l impr cis avec une prise de position plus assur e si le but de la Science est de conna tre le Monde elle ne peut se contenter ce serait une faute de sa part d tudier surtout des formes nettes abstraites par l exp rimentation et la g om trie m me si ces derni res constituent une part essentielle de la pens e scientifique Notre r le est donc de les chercher il ne s agit plus d une simple constatation il s agit d une politique scientifique Mais pour celle ci il nous faut des proc d s et des techniques pour manipuler l impr cis sans vouloir le ramener de force aux seuls l ments pr cis Toute pr dictibilit rudimentaire si rudimentaire soit elle pourvu qu elle soit prouv e reste objet de science qu il plaise ou non ceux qui sont charg s de ces diverses disciplines Ceci pose entre autres le probl me de la mesure dans les sciences La mesure cherche certes fixer les choses dans leur nature Mais souvent elle est une pr occupation d assurer la forme de ces choses plus ou moins ind pendante de leur sens elle est la limite alors une distanciation et quelquefois une prise d ind pendance Les l ments de ce que nous avons appel co t g n ralis dans les sciences sociales et conomiques fournissent un bon exemple chacun de ces l ments est un concept impr
134. tre comportement inspir nos valeurs et nos d cisions cr des soci t s se trouverait mise en question sur le fond sinon p rim e le proche et le lointain restent des notions fondamentales de l ducation humaine la vie elle serait en passe de changer de statut et de diviser le monde entre monde actuellement actually pr sent et monde actuellement construit d images et de simulacres mais o la notion m me de distance est accessoire au comportement Y aurait il l une question majeure qui donnerait un contenu concret et substantiel un mot qui appara t si souvent comme creux dans les discours des media celui de civilisation communicationnelle Ceci a fait l objet d un grand nombre d tudes effectu es exactement comme nous l avons montr plus haut en discutant du fonctionnement de l institution dont nous avions la charge Il y a fallu les travaux de nombreux chercheurs d abord par la mise au point d un vocabulaire et d une th orie de la communication qui la s pare totalement de l id ologie avec laquelle on la confond trop souvent communiquez communiquez et vous serez sauv s et ce fut l l objet entre autres d un cours de plusieurs ann es puis d un Dictionnaire de communication tr s r pandu dans les Universit s m dit rran ennes et d Am rique latine puis d un livre que nous consid rons comme important car il a r sum notre volution depuis la Th orie de l information jusqu
135. tre part toute une application fonctionnelle des Arts graphiques qui trouvait parfaitement sa place dans l esprit du Bauhaus ou de la Hochschule fur Gestaltung 15 Le renouvellement de la phon tique et ses applications L un des d veloppements importants de la th orie de l Information que nous avons essay pendant plusieurs ann es de concr tiser en France tait tout ce qui se rapportait au discours parl et la phon tique vue sous langle informationnel En association avec quelques chercheurs Vallancien la Facult de M decine de Paris Didier au Conservatoire des Arts et M tiers nous avons organis plusieurs colloques de discussion et d information auxquels ont particip des chercheurs comme Class de l Universit de Glasgow Meyer Eppler de l Universit de Bonn Fry de l Universit de Londres Rosenblith du MIT La plupart des travaux correspondants ont t publi s ils ont contribu d une part poser en France la question du renouvellement de la phon tique exp rimentale par les m thodes d tude du signal et ont montr la n cessit de r aliser des syst mes de synth tiseurs domaine dans lequel la France tait rest e assez en retard par rapport aux autres pays surtout les Etats Unis la R publique F d rale d Allemagne et le Royaume Uni en fait ce besoin ressenti par un grand nombre de chercheurs n a du fait d interf rences administratives abouti que tr s tardivement lors de la
136. tutionnelle du laboratoire et de l Institut de Psychologie sociale Initialement celui ci fut aid par un Pr sident d universit particuli rement dynamique Mais les pr sidents passent et les laboratoires restent ou plut t cherchent vivre et il n est pas douteux que le refus dissimul derri re le brouillard de Commissions et de Conseils vari s d une grande universit orient e vers les sciences dures et la m decine mais quasi ignorante de la nature propre des sciences humaines a pes en ce temps l d une fa on consid rable sur le destin de ce laboratoire Comme nous avons eu l occasion de le mentionner l poque par crit en paroles en priv comme en public la v ritable construction d un laboratoire se fait sur la base de rapports personnels d engagements r ciproques par un change des forces et jamais r ellement par des Conseils ou des r glements Or il ne suffit pas qu une recherche ait du succ s qu elle attire des tudiants trangers de tous les coins du monde qu elle se fasse de surcro t avec des moyens tr s petits voire n gligeables mais avec l aide d un certain nombre de bonnes volont s pour que son effort soit sanctionn par les corps administratifs ce qu on peut appeler les pouvoirs financiers et gestionnaires Au contraire le fait par exemple que le laboratoire ait d passer progressivement de la recherche sur contrats priv s souvent trangers et ignor s d
137. u on avait ainsi sch matis La diff rence entre les deux fournit au syst micien exp rimentateur une sorte de signal d erreur pist mologique qui se traduira par une pulsion critique en vue d am liorer son mod le et de le perfectionner Nous avons avec notre quipe de chercheurs r alis de multiples mod les tant dans des travaux sur le processus de d cision dans les entreprises faits par des mod les analogiques que dans des mod les digitaux organisant la structure d un ordinateur en fonction des bo tes noires assembl es et voluant en fonction des param tres structuraux Deux exemples r cents sont en train de passer au stade des applications un mod le sur l emploi de l alcool comme psychotrope dans la vie quotidienne conduit fonder en droit une distinction claire entre trois tats l usage l abus et l addiction et non pas simplement deux de l usage l abus avec pour cons quence l addiction ce travail a t conduit sous notre direction par Arth avec l aide du math maticien De Palma et pourrait avoir des cons quences sur les strat gies d usage de l alcool ou d autres psychotropes dans la vie quotidienne Un autre mod le inspir des m mes id es justiciables des m mes traitements informatiques mais se r f rant un univers tout diff rent a t mis au point dans nos tudes sur les paysages par nous m me et Barracho en vue consid rant les paysages comme des choses o
138. u budget universitaire jusqu au statut audacieux pour un physicien ou un chimiste mais possible en sciences humaines de chercheurs b n voles qui donnent leur temps et leur effort dans la poursuite d un but scientifique qui certes ult rieurement leur rapportera des aspects tr s concrets tels que leur acceptation dans des firmes de publicit d conomie d urbanisme ou de design mais qui repr sente une structure totalement flottante vis vis des institutions Cette capacit de recherche sans cr dits contrairement ce qu on pourrait a priori penser non seulement n appara t pas comme une vertu d autant plus 25 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles louable qu elle est plus rare comment peut on faire de la recherche sans cr dits mais au contraire plut t comme un aspect n gatif en tout cas incertain L Administration qui a pris le pouvoir l Universit post rieurement aux v nements de 68 ne poss de aucun crit re de jugement sinon des rapports ou des citations publiques qu elle tient volontiers comme nuls et non avenus Pourtant au maximum de son action l Institut de Psychologie sociale des Communications titre qu il a pris vers 1980 a pu r unir jusqu 60 inscrits en DEA doctorats et doctorats d Etat ex cutant de fa on informelle en tout cas peu formalis e des recherches suivies de publications des contrats et amor ant des travaux et d
139. u expos es Certaines de ces m thodes la matrice de d couverte la m thode de sch matisation ou de recodification sont devenues depuis des applications banales faites par des cabinets d organisation des s minaires de cr ativit et des entreprises de formation de cadres C est l occasion de ces travaux que nous avons introduit en France le mot de cr ativit en l empruntant Moreno avec lequel nous tions en contact depuis plusieurs ann es En fait comme tous les travaux d pist mologie ou de philosophie m me susceptibles d application cette tude qui a t le premier th me de notre th se principale de doctorat de Lettres est pendant longtemps rest e pour nous une branche de r flexion sur la science et de critique pist mologique parall le de l ensemble des travaux de science que nous effectuions en m me temps dans des domaines de psychologie de la perception et d esth tique Nous avions choisi de les pr senter dans une th se secondaire de ce m me Doctorat es Lettres intitul e Th orie de l Information et perception esth tique Celle ci d s sa publication en 1958 a t tr s largement diffus e dans de nombreux pays sp cialement dans les pays de langue allemande car elle proposait un cadre th orique un probl me fondamental celui des m canismes de la perception par le cerveau consid r comme un syst me de manipulation de donn es Elle repr sente en fait ce que l on appellerait
140. uer le tout partir de la somme de ses parties d accepter les plus grandes distorsions ou les plus grands brouillages dans la mesure o il pouvait int grer dans son champ de conscience le signal qu il voulait recevoir dans un comportement actif tout en restant assez loin sinon en contraste avec l analyse psycho physiologique conventionnelle Tous ces aspects sont devenus depuis monnaie courante de la science des communications ils sont la base d une vaste industrie de la Haute Fid lit de la reproduction sonore de Haute Fid lit mais ils exigeaient l poque une s rie de changements de perspective de prises de conscience qui n tait pas facilit e par le lien trop troit que l tude du message sonore gardait avec une acoustique traditionnelle ax e sur la m trologie Dans divers travaux de physique math matique tude des fonctions de lissage analyse du concept de p riodicit tude du rythme publi s dans des revues diverses et dont la plupart ont t repris dans notre th se de science nous cherchions mettre en vidence l importance de la conception que l on appelle maintenant gestaltiste globale par rapport l analyse m trique de d tail des diff rents aspects du signal lectronique recueilli par un microphone ou dans un canal amplificateur C est par exemple ce qui nous a conduit sugg rer l emploi du sonagraphe comme syst me de repr sentation ou plut t de projection du signal
141. ulait dire important L homme politique ne s occupe gu re des petits d tails mais la Science sait m me si elle n en fait pas toujours usage que dans son domaine il n y a pas de petits d tails que tout compte jusqu aux limites o nous pouvons l appr cier le jauger le peser et que la moindre intuition si arbitraire soit elle vaut autant que toutes les affirmations cat goriques sur ce qui est n gligeable et ne l est pas Nous aurions besoin d un microscope social le psychologue veut il accomplir ce r le Dans certains domaines trop troits le psychanalyste a pr tendu le faire mais il n est pas certain qu il maie lui aussi choisi tr s arbitrairement ses domaines Y aurait il c est la proposition de la micropsychologie une analyse des petits d tails qui mergent puis sont submerg s nouveau dans le champ de conscience qui d terminent celui ci rationnellement aux lieux de bifurcation d un micro dilemme pour faire une micro d cision pour sortir d un micro conflit ou d une micro trag die Pour le savoir il faut l essayer et l une des cl s de cet acc s c est nous a t il paru l examen sensible et minutieux jamais tranger l attitude ph nom nologique de ces micro situations internes o l absurde fait irruption dans notre conscience comme la cons quence logique de deux ou plusieurs pulsions de l tre quasi galement fortes contradictoires entre lesquelles nou
142. ume limit partir de ph nom nes d interaction dont certains volume propre syst me de combinaison et de sym trie notion de set compl mentarit etc ont t nonc s et test s notre laboratoire Ces contraintes d interaction fourniraient une autre base d approche des processus de design li e troitement d un c t la sociologie et de l autre la construction de mod les puisant leurs concepts essentiels dans la science physico chimique cristallographie syst mes d ordre proche et d ordre lointain auto corr lation notion de covolume loi d action des concentrations sont toute une s rie de concepts imagin s par les sciences de la nature qu il nous para t propos d appliquer dans des disciplines qui paraissent relever des sciences humaines En fait comme il nous tait apparu clairement lors de la pr paration de nos cours publics sur la th orie des objets et l analyse de l affiche l tre humain est ins r dans trois types de monde un monde des situations un monde des objets et un monde des actes chacun de ceux ci devant tre tudi s par ment par les m thodes que nous proposent les sciences sociales analyse monographique d exemples bien choisis tude ph nom nologique listing et taxonomie mergence de typologies recherche de r gles d interactions structurales proposition d un ou de plusieurs mod les prenant en charge de fa on de plus en plus ad quate des portions
143. une pr cision d finie et science en devenir processus de la cr ation scientifique o la Raison joue l instant pr cis dans le champ de conscience moins de r le que l apparence de cette Raison une sorte de mur oppos au mouvement de la pens e mur avec lequel on joue et que l on contourne un labyrinthe du v cu cr atif Enfin ce m me livre a propos avec l exemple tout privil gi des sciences humaines notre carri re scientifique nous avait conduit les conna tre et les enseigner des exemples de m thodes pour traiter des faits impr cis m thodes qui ne visent pas y 41 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles liminer l impr cision mais au contraire progresser dans le champ de connaissance par l effort altern de l imagination et du contr le Les sciences sociales en font minemment partie elles ont t nos exemples les plus constants mais il n est pas dit qu un retour ne serait pas faire sur les sciences de la nature elles m mes Au sujet de ces derni res on pourrait pr tendre que les chercheurs scientifiques form s partir de la Renaissance et de Galil e l exp rimentation avec des variables limit es la pr minence des quations lin aires car elles sont plus intelligibles auraient s lectionn dans le vaste champ de cette Nature qui leur tait propos e ce qu il tait commode d tudier et de d crire en abandonna
144. ut t l objet par des artifices divers remplacement instantann doublage d dommagement de la perte de jouissance doit assumer une garantie illimit e en tout 45 Autobiographie d Abraham Moles Le cursus scientifique d Abraham Moles cas tr s largement proportionn e ce qu on peut appeler dur e de vie efficace de tous les l ments techniques du paysage d actions de l tre L industrie assurera la fiabilit de sa machine habiter Le Corbusier puisque dans la soci t dense et industrialis e tout ce paysage est quasi totalement artificiel et tend assumer la forme d une sorte de set de liste st r otyp e que nous avons appel e panoplie un concept qui merge tr s clairement des statistiques de la consommation des pays technologis s Schwach La th orie de la garantie totale para t de toute vidence difficile implanter dans le milieu social et industriel tel qu il a t form par la tradition commerciale Mais il semble bien que ce soit vers elle que se dirigent obscur ment les mouvements sociaux importants de notre temps ceux qu on appelle les ligues de consommateurs 61 Un clairage nouveau sur l ali nation et une r flexion sur les valeurs La micropsychologie se pr sente en soi comme une critique sociale partir de la vie quotidienne quand elle cherche saisir sa texture Au lieu de fonder sa critique sur l examen du syst me social dans son ensemble en critiquant ses principe
145. ut t que sur la fonction elle m me nous retrouvions ici une des bases de l analyse de Bauhaus Nous avons poursuivi ce travail pendant plusieurs ann es la direction r dactionnelle d un num ro sp cial de la revue Communication nous ayant donn l occasion de confronter nos points de vues avec ceux d autres chercheurs int ress s aux objets et nous avons poursuivi une s rie d tudes dans deux directions 34 Complexit structurelle et complexit fonctionnelle D une part il y a l tude des objets fabriqu s unitaires compos s de pi ces ou d organes assembl s selon certaines lois de contraintes qu on peut assimiler une sorte de message plus ou moins complexe de l entit fabricatrice l tre consommateur ou utilisateur les signes de ce message se trouvant tre les pi ces ou organes Par cons quent l ensemble poss de une certaine complexit que nous avons appel e complexit structurelle qui est ind pendante en principe de la complexit plus ou moins grande des actions ou op rations que l tre peut effectuer avec ces objets elle aussi susceptible de d finition avec certaines hypoth ses restrictives nous avons appel cette derni re complexit fonctionnelle Ces deux crit res r sultent une fois de plus d une th orie structurale et informationnelle dans laquelle est soulign le parall lisme entre un organisme assemblage d organes selon certaines r gles et un message d
146. x de chercheurs ont marqu les tapes de cette conceptualisation Mairot Le budget communicationnel de l homme Mathien Th orie syst mique des media Wendelbo Ecologie communicationelle des institutions Park Qualit de vie commu nicationnelle dans divers pays Pi uel Crit res de qualit du message m diatique Martin Serrano Ecologie de la construction des messages t l visuels Nous avons pu en donner les lignes principales dans un livre r dig dans l esprit d un cours de sociologie des communications pour les Instituts d enseignement et des t l communications Th orie structurale de la communication et soci t Trillas 1983 Masson 1985 45 La th orie et les r gles qui en d coulent De tout ceci r sultent naturellement des r gles pratiques et m me technologiques Par exemple l opposition pertinente essentielle la plupart des interactions entre communication charismatique M Weber et communication que nous avons appel e fonctionnelle r git ce qu on peut appeler la digestibilit disons l effet concret sur le ou les r cepteurs et elle est corr l e avec ce qu il est n cessaire d appeler le co t g n ralis de la communication c est dire en fait son efficacit sociale Cette opposition r sout dans son principe une alternative omnipr sente dans nos soci t s pour r gler une affaire on y va ou on t l phone et pr cis ment la r ponse ce probl me est un des d term

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