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La Conquête d`espace de vie par des femmes - unesdoc

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1. l agressivit la plus hont e Les dal l sont tant t proches et compr hensifs tant t patronisants et possessifs tant t exploiteurs sans vergogne ni regret tant t machos et m prisants Du c t des ouvri res se retrouvent les attitudes correspondantes tra ditionnelles de d pendance et de gratitude de service loyal et d at tachement de suj tion accept e et de serviabilit empress e f t ce avec des sentiments int rieurs de m contentement voire de col re r prim s touff s ou vite oubli s Les dal l ne trouvent finalement en face d eux que la soumission ou l inhibition ou s il le faut ils savent tarir toute vell it de riposte Hommes et femmes savent que tout esprit d insubordination impliquerait en fin de compte leur expulsion du march Endurer quoi qu il en co te devient une vertu impos e _ La suj tion f minine est finalement scell e par le respect et la crainte qu inspire le div nji que sa fonction aur ole d une as cendance sans faille 139 La supr matie des syst mes de communication sociale habituels se marque encore de fa on vidente dans divers processus qui ob issent une m me logique de renforcement des appartenances origi naires Un premier processus consiste se serrer les coudes plu sieurs se regrouper entre gens de la m me parent de la m me caste du m me village pour se d fendre et prot ger ses int r ts contre ceux qui semblent vouloir les me
2. 58 elles vont en groupe en p lerinage ou au village Une amie com mune Sindhu s est jointe leur bande elle habite un peu plus loin environ cinq cents m tres dans la m me all e Si elles mettent de l argent en d p t dans un groupe d entraide de cr dit bhish elles ne le font point avec des femmes coolies au march mais avec des voisines de la rue Deux belles soeurs KAMTE habitent l une pr s de l autre dans le m me immeuble ancien de Ravivar peth D autres belles soeurs habitent de l autre c t Elles s entraident et se rendent ser vice mutuellement Elles vont ensemble en p lerinage Alandi Pandharpur et se retrouvent au moment de f tes de c r mo nies et d autres occasions semblables Elles ont ensemble leur groupe de bhishi Voil cinquante ans qu elles sont Pune Elles viennent toutes de la r gion de Saswad Il leur est donc facile de maintenir les anciennes relations familiales Pune m me Des gens de leur caste habitent aux alentours dans le m me quartier et y r sident depuis de nombreuses ann es comme elles De sorte que les liens qui tissaient les rapports au sein de leur communaut au village se sont renou s ici en ville sans difficult Il en va de m me pour Yamuna bai dans le quartier de Nanapeth Sa belle soeur habite en face de chez elle la soeur de son mari d autres belles soeurs les femmes de beaux fr res ha bitent dans le quartier d c t elle n a pas eu sort
3. La salope elle me r torque Je ne me doutais pas qu elle tait si chameau L angoisse de la belle m re s origine essentiellement dans la peur que sa bru ne d tourne son fils d elle et le lui enl ve Bru et belle m re se querellent le fils coute la porte Tais toi Tais toi La vieille est une grande gueule dit il Le plus souvent ce sont des plaisanteries moqueuses Dans le jardin du jardinier la trigonelle a trois feuilles La bru est enceinte et la belle m re a ses r gles Les temps changent et les comportements aussi Les brus ne sauraient videmment manquer de se croire plus d lur es 194 O belle m re tu as pass ta vie dans l obscurit A notre poque on a l lectricit A notre poque est sortie un nouvelle voiture La bru mange du pain la belle m re balaie les go ts La complexit et les ambigu t s des rapports d hier pr valent de la m me fa on aujourd hui Jija UTTEKAR a un gar on et une bru Kalpana UTTEKAR qui est toujours sans enfant Elle en veut terriblement celle ci tant elle est d sireuse de voir la frimousse de petits enfants Sa bru n a droit aucun respect ni ne jouit la maison d aucune autorit Elle ne peut d cider de rien Elle travaille au march mais ce qu elle gagne elle le remet aussit t entre les mains de sa belle m re Elle ne dis pose d aucun paisa Une voisine l emmena un jour consulter un doc teur Sangamner sa belle m re remit t
4. lui donner Le marchand acheteur ne se pr occupait jamais du co t de production du produit agricole IL re courait par ailleurs divers stratag mes mensonge sur les tarifs fausse pes e d lai de payment frais de vente inexistants d compte sur la quantit etc Les comit s de march encore au jourd hui ont fort faire pour emp cher de telles pratiques Dans ces conditions beaucoup de paysans aux abois durent quitter la terre et venir s embaucher en ville comme journaliers pour sur vivre Voir ce sujet Les Comit s de march au Maharashtra leur statut et leur fonction sous la direction de J K Shinde publication du Gouvernement du Maharashtra Union coop rative des Comit s de march Pune 1977 z4 Un autre facteur d terminant doit tre signal ici c est le fait que fondamentalement l change des produits agricoles prit une forme institutionnelle qui donnait un r le crucial la fonction de l agent commissionnaire ou l interm diaire adti Que l on consi d re aujourd hui les ventes r alis es par des institutions coop ra tives elles m mes ou la vente de produits transform s ou encore les divers plans mis en oeuvre par l administration monopole d a chat achat par des organismes op rant au nom de l administration le r le central de l interm diaire n a jamais encore t vacu Les Britanniques r alis rent quel point le syst me des chan ges en cours l sait le p
5. Les p lerinages et les jeunes y pourvoient Belles m res contre brus Une fille n est bien form e que pour tre apte tre envoy e dans une maison trang re o elle doit faire preuve de la meilleure conduite possible Un souci pr occupe sa m re que ne lui reviennent jamais aux oreilles des plaintes relatives sa fille l accusant de ne pas s adap ter comme il se doit et selon les attentes de sa belle famille de ne pas travailler ou de s av rer incomp tente pour les t ches qu on attend d elle Une fois dans sa belle famille la relation 4a plus importante et d cisive qui caract rise son nuuveau milieu d existence est celle qui l unit sa belle m re Le rapport son mari est de second plan Les rapports entre bru et belle m re sont complexes Ils sont faits d affection de jalousie et de comp tition la fois Le r gne de l une aujourd hui passera aux mains de l autre demain La belle m re s efforce donc de retenir le maximum de pouvoir et de moyens de domination de son c t aussi longtemps que possible la bru de son c t s efforce d en grignoter autant qu elle peut C est comme un jeu de lutte la corde avec son agJressivit et ses violences L autorit et le pouvoir d une femme sur une autre et sa maisonn e sont les enjeux de ce conflit Des sentiments d antagonisme et de col re de frustration et de gratification 192 opposent les deux femmes L une tend garder pour elle tout ce qu elle d
6. marchandise d valu e p 95 La force de travailler seul gage d une place p 96 Les labeurs de la survie servitude f minine p 98 III LE MILIEU DE TRAVAIL SCENE D ENJEUX SOCIAUX Questionnement p 100 L embauche p 102 Les rapports humains p 104 Traits g n raux distinctifs p 104 Avec les employeurs p 105 Entre travailleurs p 109 Une exp rience d organisation p 117 La conscience de droits p 125 Le salaire et la gestion de argent p 130 Les salaires p 130 La gestion de l argent p 133 Conclusion p 136 De nouveaux atouts trs pour les syst mes de discrimination p 136 Le travail ouvrier N enjeu d une conscience pour soi p 140 III Les rapports interpersonnels de la d pendance l autonomie p 142 C LES RELATIONS IV L HORIZON URBAIN ESPACE RELATIONNEL ELARGI Questionnement p 144 La parent et l affinit p 145 Le milieu de la parent le p 145 Les alliances matrimoniales p 150 La caste p 155 Les dieux p 158 Les dieux du village et leurs assembl es p 158 Le culte et les je nes domestiques p 159 Les p lerinages p 161 Les transes de possession p 162 Le milieu urbain p 165 La langue p 165 L instruction des enfants p 167 Les biens d sir s p 169 Conclusion p 170 Les d rives relationnelles entre l enracinement et le d bordement p 171 Le terroir et le sang le respect et la r ussite P 174 La fondation de l identit soc
7. Je vous la rendrai lorsque j aurai retrouv mon argent dit elle son oncle Avec l argent qu elle a gagn en se privant de nourriture pour conomiser elle s est achet des bidons m talliques usag s de deux pieds sur deux pieds de c t elle les a d coup s pour se construire elle m me une hutte en les assemblant Elle n a chez elle en 1989 que le strict n cessaire savoir un r chaud alcool pour cuire les aliments trois ustensils en aluminium d un m tal de la plus mauvaise qualit tel que les Mahar en ont toujours utilis le cuivre tant pour les castes sup ri eures eux trois bocaux pour des conduments et autres den r es deux plateaux du m me aluminium servant d assiette un sceau eau un petit miroir deux sarees deux couvertures une petite malle m tallique pour ramasser le tout et une photo de la d vi laquelle Nila fait la puja Elle n a pas de plan chette pour p trir ses galettes elle les p trit sur la dalle de pierre au sol et tient ce que ses deux visiteuses parta gent son repas Vous tes comme ma m re Vous avez mang chez moi Revenez dit elle les larmes aux yeux Elle entre au travail comme coolie au march en 1986 Elle tom ba malade depuis et passa trois mois l h pital public de la ville Elle paya sa nourriture avec les conomies faites au paravant et d pos es en banque avant la maladie et en emprun tant Quand elle revint son poste au march on ne voul
8. dant la journ e Il est toujours en vadrouille Quand il rentre 188 le soir il n adresse pas un mot sa m re Il a 15 ans environ Sa m re craint que bient t il ne s adonne une vice ou l autre La so ci t le reniera et il sera perdu Kala LOKHARE veuve entretient des relations avec des amants Ses deux enfants sont encore jeunes en 5 me et 7 me ann es d cole Mais ils y vont irr guli rement A la maison leur langage est ar rogant Kamala MALEKAR entretient des relations avec un homme depuis qu elle est devenue veuve Un de ses gar ons se drogue Elle a d emprunter 30 40 000 rs pour lui Elle loue sa pi ce ses loca taires et habite elle m me une mansarde pour payer les dettes de son fils Il faut compter les relations extra maritales des m res comme une des principales raisons du d vergondage de leurs enfants Le gar on de Vimal YADAV une voisine de Kamala bai fume de la marijuana et se drogue Ces deux femmes sont en col re contre Shile RANJNE leur voisine pr sidente du syndicat qu elles accusent d avoir dessein incit leurs enfants fumer du chanvre Les enfants sont les premiers souffrir du m pris dont la so ci t couvre leurs m res Ils sont perturb s il leur est bien im possible de faire le partage entre les torts de leur m re et ceux de la situation dans laquelle elle se d bat et laquelle elle doit faire face On m dit beaucoup aussi au march et la ma
9. est la mauvaise conscience ou le sentiment de culpabilit qui affecte celles qui ont l audace de prendre leur libert avec un syst me qui les a flou es pour survivre dans de moins mauvaises conditions d existence L audace montr e pour agir l encontre des normes est violemment d nonc e par la rumeur mo queuse et r pressive de l opinion g n rale et du langage commun La force et la vision manquent pour s en prendre au syst me des valeurs et en instaurer un autre sur le fondement de sa propre ex p rience Celle ci d vie et se fourvoie par n cessit et par be soin par volont et par jouissance Elle ne s assume jamais pour se justifier et se comprendre elle m me en dehors de regards fi nalement r probateurs La non conformit est ressentie en fin de compte comme un handicap une d viation et une faute par celles m mes qui ne peuvent trouver qu en dehors des r gles et des nor mes une possibilit de survie de bien tre de plaisir et de r ussit La victoire ventuelle sur la d tresse mat rielle psycho logique et morale ne se transforme pas en celle d une contre cul ture qui s affirmerait sans honte d avoir enfreint les r gles de la tradition dans une revendication claire de sa l gitimit Les libert s prises se jugent elles m mes comme licence indue Le sys t me r affirme son h g monie de l int rieur de consciences qui ont pris la libert de le m conna tre dans leurs attitudes et leurs conduite
10. l ne s entendait pas avec une autre femme coll gue de travail son entrep t La pr sidente ne la laissait pas changer d entrep t Elle r solut son probl me en changeant de syndicat C est qu on ne peut changer d entrep t sans la permission d une pr sidente quelle que soit la raison parce qu on en a envie ou parce qu on ne s entend pas avec quelqu un Il faut par ailleurs se plier la d cision d une pr sidente en la mati re car il s agit d une au torit que lui conf re le syndicat Une pr sidente envoya un jour Ratna PAWAR travailler sur un autre entrep t quand elle rentra de quatre jours d absence en son village Ratna bai se plaignit du changement Il y avait moins de travail sur le nouvel entrep t Pourquoi me changez vous moi une veuve en fonction des entre p ts Il n y a rien dire faut que vous changiez r pliqua la pr sidente Vous transportez maintenant tant t plus tant t moins de marchandises votre ge Est ce qu on peut toujours gagner autant Le t moignage de Jija SHELKE soul ve la question du statut des femmes l int rieur m me du syndicat Le fils du dal l em loie des termes humiliants mon gard moi une femme de mon ge Je suis moi m me vice pr sidente mais la pr sidente ne veut pas prendre ma d fense Qu est ce que j en ai faire d un tel comit Au diable la pr sidente On ne dit rien quand il s agit de travailler dur mais nous femmes n a t on pas droit au
11. s assurer une vieillesse sans angoisse nous conduisent une derni re observation ce sujet Le deux profiles de Gita GHULE et de Dagada LONDE montrent que les incertitudes l ins curit et les al as de la vie ne sont surmont s que par un concours de travail acharn d habilet d propos de chances voire d insensibilit vis vis de proches dans le besoin sinon m me de roublardise et d exp dients cach s De m me que des incapacit s cumulent leurs efforts pour en forcer les plus faibles dans l impuissance et la d grada tion des hasards propices alli s l habilet personnelle l entregent et l astuce cumulent leurs effets d un ordre oppos Mais dans un cas comme dans l autre les comporte ments et les r sultats aussi diff rents soient ils renvui ent tous chacun leur fa on au m me contexte g n ral d in s curit d absence de protection en un mot d anomie ou de jungle sociale Le t moignage ci dessous montre comment cer taines fermes savent tirer avantage des circonstances ad verses dans lesquelles tant d atures e d battent en met tant en oeuvre des atouts personnels tel ici celui de re M z 90 lations troites et int ress es maintenues avec le dal l Les coll gues de Dagada bai la soup onnent d avoir r ussi dans la vie malgr les handicaps qui frappaient sa famille en rem plissant une fonction d interm diaire pour le dal l lui rec u tant des ouvri res sinon m me lui
12. tinuent d offrir les r f rences essentielles en ce qui concerne l ac c s un domicile le mode d occupation de nouveaux lieux la cui sine est par exemple qualitativement diff renci e du reste l ar chitecture et l am nagement la place d une femme dans la maison etc L instabilit l errance et l ins curit caract risent le non espace de la migrante mais celle sait t v sur des valeurs s res et fermes pour venir bout de 1 art ci rienter C est avec celles ci qu elle se fraye un che u oin modernit et sur monte les obstacles Elle construi un pirti ulie son habitat en prenant appui sur des rep res h rit s d ier Parmi ces syst mes il y a d abord celui de la parent avec l im portance du clan familial et des rapports de parent et d alliance comme source principale de l aide et du soutien requis Le syst me crucial de la caste et des clans familiaux internes celle ci est particuli rement d cisif dans la recomposition d un milieu de vie et de liens d appartenance d faut de la communaut de village La reprise de rapports de voisinage derni re dimension de la demeure reconstituer repose surtout sur la caste IL en va de m me des r seaux d assistance et de client le ant rieurs qui tendent leurs liens jusqu en zone p ri urbaine Les anciens rapports de voisinage et de patronage sont pr cieux Le syst me des valeurs relatives au r le et au statut de la fem me d finit celle ci
13. 205 la conduite sur son lieu de travail Les jours o il a fallu tra vailler plus dur elle revient harass e Son mari lui masse les jambes au retour le soir Leurs changes sont abondants et fruc tueux Contente et satisfaite elle n en travaille que plus all g rement Sa belle m re vient de temps autre s journer chez elle mais ne la tourmente point Ce r cit m rite d tre replac dan le contexte familial plus large qui le fait comprendre Le mari de Shaku travaillait auparavant Bombay dans une usine o un beau fr re tait d j embauch Ce dernier avait une formation techni que qui lui valut d tre embauch au Soudan par son entreprise Quand son mari laissa son emploi Bombay pour revenir au village que faire Elle le pr vint qu elle avait envie d acheter deux buf flesses pour les lever et d en mettre une dans le nom de son fils Cet levage se montra source de probl mes et sa sant en fut af fect e Elle vendit les b tes et recouvra la sant Son mari chan gea plusieurs reprises d emplois Pune dans de petites entre prises industrielles Il travaille aujourd hui Vithalvadi pour 400 rs par mois avril 1988 Le mari d une soeur install Bom bay aida aussi beaucoup Shaku bai Elle a pris elle m me l initia tive de se faire st riliser Elle travaille toujours pour le m me dal l depuis son entr e au march Ce sont les femmes qui travail lent chez ce dal l qui ont pris l initi
14. BOKAR n a pas d autre exp rience raconter C tait mon ca det il avait douze jours Je le mettais dans un panier et par tais au march en invoquant le nom du dieu Les gens autour de moi regardaient le petit avec des yeux carquill s Mangal ROKADE apporte aujourd hui encore son b b avec elle quand elle vient au travail quand le b b crie et que sa m re soit par tie charger un sac une autre femme s approche du b b et lui fait risette pour le rassurer et le consoler en causant avec lui Ratna PAWAR raconte que devenue veuve elle a d retirer de l cole ses trois filles Car qui pouvait d sormais payer les frais de scolarit et s occuper de la maison Ses filles taient en neuvi me septi me et cinqui me Elle ne les a ce pendant pas confin es dans la cuisine Laxmi BHAME avait aussi trois filles mais autre souci quoi bon les garder oisives la maison d autant plus qu elles taient jolies et proie fa cile en l absence de leur m re Elle chercha pour elles une maison de confiance o elles seraient sous bonne garde dans une famille recommandable dont elles seraient les servantes et qui les nourrirait tout en les surveillant et les h bergeant Elle mit ses filles dans des familles o elles restaient 24 heures sur 24 C tait des familles Brahmanes Donner le jour des enfants et les placer dans un foyer c est la m me chose qu tre st rile dit elle Paru INGULKAR n avait qu un gar on quand elle
15. Bhavani nagar etc Ils se retrouveront ensemble Ce leur sera plus facile aussi de se rendre au travail Bhoin bai a vendu sa t l vision pour verser sa cotisation Yamuna bai est plus r serv e Nous avons vers les dix mille roupees nous disent Yamuna bai et son mari Mais nous al lons les reprendre Personne ne sait quand le projet commen cera a fait beaucoup d argent bloqu Notre pi ce Datta vadi n est pas trop mauvaise Les voisins sont agr ables Le projet n a pas convaincu tout le monde Certains doutent qu il se r alise jamais Beaucoup ne peuvent verser la som me demand e Cinq d marches Entr es dans le monde des changes les femmes coolies ne pouvaient manquer de parvenir une certaine conscience de l exis tence de droits Celle ci n est pourtant point la m me chose que leur exercice Il y faut encore la volont de les mettre en oeuvre Il faut pouvoir trouver les moyens et les voies de leur r alisa tion effective et r ussir avoir gain de cause On peut de ce point de vue concernant le domicile soit comme lieu et terrain soit comme abri et maison distinguer chez les femmes coolies cinq types de perception qui motivent chacun leurs pratiques res pectives Ce sont cinq d marches de plus en plus volontairement engag es qui inscrivent dans l espace g ographique urbain les gains divers soit progressifs soit simultan s de leurs tactiques d in vestissement domiciliaire Cinq mots peuvent d
16. Il en va de m me de fa on g n rale aux divers moments du mouvement migratoire qui repr sente bien une forme de discontinuit importante de certains liens C est _ pr cis ment parce que ses d placements socio g ographiques repr sentent une s rieuse menace d isolement pour la personne que la dynamique d implantation de l identit collective dans les syst mes de statuts originaires prend une telle importance Il est na turel que l individu s appuie sur tous les atouts de sa localisa tion sociale fondamentale pour chapper aux dangers de perte dans un non lieu et une non identit Une dynamique d implantation structurelle originaire vient aussit t renforcer les appartenan ces l mentaires bien loin de laisser la migration les d struc turer ou de profiter des ruptures que celle ci provoque pour s en lib rer Une telle lib ration serait la mort sociale et culturel le et la d ch ance mat rieile La tradition sauve des dangers de la modernit urbaine dispersante et dislocante Une deuxi me dynamique na t du manque et du d sir de le com bler Elle est une dynamique d affirmation de la capacit de la personne r ussir vaincre le d nuement l chec et les mau vais traitements venir bout d un tat psychologique d impuis sance et d abandon faire face l anarchie et la sauvagerie de circonstances sur lesquelles aucun ordre n a prise Elle s ori gine dans une volont de relever le d fi de la non
17. Je n ai pas de probl me d argent depuis que je le d pose en banque ajoute t elle Il pleuvait le jour o j allais voir Hira BHOKAR chez elle Sa maison fuyait il lui fallait remplacer les t les Je vais faire r parer cette ann e dit elle Avec quel argent demandais je Croyez vous qu on vit comme l oiseau sur la bran che On a pens d avance aux difficult s Moi je fais de petits d p ts en banque Phula PAWAR a un carnet d pargne bancaire Chaque ann e selon ses besoins elle retire de l argent Une ann e elle a achet une TV une autre fait pl trer sa maison une aul e achet un chauffe eau KONDAVALKAR a une autre exp rience raconter l employ e de banque s est tromp e dans ses comptes et elle a moins touch qu elle n esp rait Je n ai plus confiance en eux je ne fais plus de d p t maintenant Yashoda KAMTE n est pas du m me avis Au lieu des groupes de bhishi qui se forment au march et o il est facile d tre attrapp e pour n importe quelle raison la banque c est mieux Dans les grou pes de bhishi il y a des querelles commente Girja DOMBALE TE Les groupes de bhishi sont une des formes les plus recherch es de d p t d argent disponible Elle a la faveur de toutes les couches de la soci t La pratique consiste en ce qu un nombre d fini de per sonnes forme un groupe dont chaque membre fait chaque mois un d p t d un m me montant le total des d p ts est remis chaque fois
18. L habitat est le bien le plus convoit le premier lieu de vient une sorte de t te de pont pour la famille que l on veut ins taller en zone urbaine D o l effort pour investir les lieux vou lus et s en assurer le contr le et la disposition Jija SHELKE et Mathu RAKHA ont l une et l autre deux lieux elles ou cherchent se les assurer la faveur des plans de relogement Mathu bai a obtenu une maison Bibv vadi Elle a pourtant cotis au fonds du syndicat comme Sinshu bai Jija bai aura la propri t de la pi ce o elle r side ac tuellement elle a pourtant cotis au fonds aussi Elle a en plus pris des pi ces la Colonie Janata Une seule raison cela elle a deux gar ons et elle veut les installer en deux logements diff rents M me si on ne peut devenir la propri taire de deux endroits la fois il faut toutefois arriver s assurer la place o installer les deux ou trois gar ons que l on veut voir r sider en ville Paru SUDARIK a lou une pi ce dans Ganjpeth son a n y r side Quand elle arriva il y a cinq ans elle acheta un bout de terrain Dattavadi sur lequel elle b tit une pi ce de dix pieds sur dix pieds Par la suite en face elle b tit en core deux autres pi ces de dix pie s sur dix Elle habite aujourd hui dans l une d elles et loge deux de ses fils dans les deux autres En cas de complet d nuement et d urgence extr me l occupa tion physique est la seule pratique qui reste
19. On ne met jamais de cadenas sur la porte C est 201 la bru qui a la charge de faire le march pour la maison ce que nulle belle m re ne laisse jamais ordinairement sa bru Hausa KADU n est point une femme traditionnelle d esprit El le a toujours fait preuve d audace et d intelligence pour faire face aux difficult s Elle est une des rares femmes qui n aient ja mais cherch refuge aupr s des dieux ni dans des p lerinages mais seulement dans sa capacit r fl chir et raisonner On s tonnera donc moins qu elle se comporte avec ses brus avec compr hension affection et enjouement Kala AMBADE Cambhar eut une bru Marathe Elle s effor a pourtant de la comprendre Celle ci repartit vite chez elle parce qu elle ne pouvait s entendre avec son mari Mais quand une deuxi me bru la rempla a la maison Cambhar cette fois Kala bai s entendit aussi fort bien avec elle Son gar on s est mis battre et maltraiter sa femme Cela d pla t Kala bai qui s en inqui te Si son gars gaspille l argent comment faire vivre la famille Elle a donc d cid d emmener sa bru avec elle au march Mais cela a d plu son gar on qui le lui a interdit Tara KAMTE est une femme simple et effac e Son gar on s enivre Il a quatre enfants Pour les lever Tara bai de retour du march aide sa bu plier des papiers domicile Elle s en explique ainsi Nous avion notre fleur de champak on a donc apport
20. On pourrait citer de nombreux exemples de maris qui se sont mis boire peu peu une premi re exp rience en entrainant l autre jusqu devenir un besoin irr sistible Les raisons de cette conduite varient selon les cas Mais l effet sur le m nage est le m me il sombre vite Le mari de Gavu BHAREKAR tait coolie dans l entrep t Thorat un des plus importants du march et des plus c l bres Pendant 4 ans il fut un employ exemplaire Sa femme tenait une pension dans sa propre maison Elle servit manger tant de gens qu elle 208 put se mettre sur le dos 35 tolas d argent soit 105 grammes Mais son mari se mit boire et peu peu toute la fortune accumul e par des ann es de travail disparut Gavu bai dut aller travailler au march comme porte faix Son fils a n se mit boire comme son p re Il travaille dans une imprimerie mais ne donne aucun argent la maison Le foyer sombre dans la d tresse Ce fut av si Gavu bai d y faire face Quand tout se d chire il faut bien trouver le moyen de faire des reprises Gavu bai n avait pas mis les pieds dehors jusque l Aller travailler au march lui fit honte Mais il n y avait pas d autre alternative Elle s y rendit au d but presque en cachette Maintenant c est une routine comme une autre Le 2 me gar on est chauffeur de rickshaw Malgr un s jour de tant d ann es Pune les enfants ne sont pas instruits Gavu bai croit dans tous les mauvais sorts
21. aida sa belle soeur Shaku PAWAR venir Pune Elle lui rigea une hutte c t de chez elle et la fit embaucher au march La s curit c st dire l assurance d un lieu s r est ce qui motive aussi souvent les pratiques Yamuna PAWAR par exemple a repris son argent pr c demment investi dans le com plexe immobilier pr vu pour les coolies pr s du market yard D une part son argent tait bloqu mais surtout elle ha bite un endroit qu cile trouve s r et se sent en s curit A quoi bon chercner encore quelque chose d autre Tous ses gens sont venus s installer Dattavadi autour d elle Des villageois de son village sont ses voisins A Bibv vadi il y a beaucoup de bagarres elle a deux jeunes gar ons Pour quoi donc aller l bas Ici elle ne craint rient Phula bai pense de m me R nu BHEGADE galament Toutes ont la m me r ponse quand on leur demande pourquoi elles n ont pris la place qu on leur offrait pour se reloger On ne se sent pas en s curit l bas Il y a toujours des batailles Nous femmes seules avec deux gar ons en bas ge on ne se voit A6 pas l bas Shakuntala PAWAR et Kala LOKHARE se sont cons truit une maison Appar Bibv vadi mais les gens jasent beau coup leur sujet Shakuntala a quitt son mari et a pris chez elle un autre homme Kala bai est veuve elle entretient aussi une relation avec un autre homme C est qu il n y a pas d au tre solution pour elles l
22. car le logement tait dans les d pendances du bungalow Mais le propri taire vendit sa maison il fallut gagner un taudis de Vedarvadi Finie l cole Le gar on apprit r parer les bicyclettes dans un atelier de r parateur de v los Au bout de quelques ann es il s installe son compte sur le trottoir r parer v los et r chauds alcool Plus tard il ouvre sa boutique pr s de Hirabag Ganpati La pi ce Vadar vadi est d sormais bien trop exigue pour une famille tendue o tous les fr res vivent ensemble On va s installer la Colonie Janata Pendant une dizaine d ann es Thaka bai est employ e comme cuisini re pr parer les galettes que vend la cantine du syndicat Hamal Panchayat A force de rester assise toute la journ e devant son r chaud sa sant se d t riore Il y a loin par ailleurs de la cantine la Colonie Janata beaucoup d ar gent passe dans les trasports Thaka bai rentre chez elle pen dant un an Vers la fin de 1988 apr s la f te de Divali elle ira travailler comme coolie au march BHUMBE bai de caste marathe est originaire de Vadgao Ch ry l or e de Pune Elle habite aujourd hui Appar Deux gar ons deux filles l une mourut br l e par son r chaud domestique l autre est mari e Un gar on mari est parti vivre dans la famille de son pouse L autre gar on a t plac dans un h tel de Bombay avez l aide de connaissances des gens chez qui elle allait faire le m
23. chez son fils et sa bru qu elle a install s dans la maison moderne qui a les latrines et les toilettes l int rieur elle n utilise pas elle m me ces faci lit s Elle sort au dehors dans la campagne environnante et va aussi loin que possible dans un terrain vague J ai connu la mis re noire dit elle Mais comme la d esse de la prosp rit Lakshmi l a prise en piti et qu elle d borde de reconnaissance son gard Je ne vais pas d shonorer Lakshmi r plique t elle Je dois me rappeler les mauvais jours d hier dont elle m a sortie Comment pourrais je tre insolente envers elle Le sentiment d un chez soi Cela peut vous sembler n tre qu un taudis mais c est notre maison entend on dire par bravade m me si le taudis est des plus mis rables Un espace m me minuscule et sans aucun confort devient un chez soi un lieu soi o on peut recevoir avec respect et hos pitalit GIRE bai du bidonville de Ambedkar nagar habite un abri d pourvu de toute facilit Il est litt ralement pos terre m me le sol Aux alentours des go ts des d chets de la boue et des d truits Voil son royaume L tonnement n est pas moindre si l ont fait attention aux mat riaux qui forment son abri des cartons des papiers des bouts de t le des feuil 2 51 les de plastique La hauteur du taudis est d environ quatre pieds les c t s de six pieds Pas de fen tre Une porte de planches cass es et rab
24. cole par peur des influences n fastes qui risquent de les attein dre et de les soustraire l autorit familiale s ajoutent aux normes traditionnelles du mariage dans la caste et des pratiques qui en r glent la c l bration en particulier la dot exig e des parents de la fianc e avec tous les frais de mariage par les pa rents du fianc 180 Un deuxi me niveau est celui du corps proprement dit Six types de fait sont l objet d observation Le premier est celui du surtra vail et du surmenage auxquels les pouses sont soumises parce que leur mari est handicap ch meur incomp tent oisif ou surtout bu veur et ivrogne comme c est souvent le cas et qu en plus il bat sa femme La m re doit assumer seule toutes les charges familiales y compris l entretien du mari Le deuxi me fait est celui de la pres sion socio culturelle et l thos patriarcal qui veut que les femmes soient l objet des volont s masculines et servent les desseins d une soci t m le dont les femmes ne sont que les instruments D o l exi gence pour elles d enfanter surtout des gar ons et en cas contraire la pratique courante de la polygamie 77 des femmes interview es ont une compagne co pouse de leur mari et l indignit voire le rejet de la femme stigmatis e comme st rile parce qu elle est sans en fant c est le cas de 77 des femmes coolies interview es Ces rai sons et d autres conduisent au rejet et l abandon de brus par leur belle
25. contre a d placer ses gar ons comme coolies au march tr s jeunes encore Les enfants devaient essuyer les vexations des adultes Mais qu importe du moment qu ils pouvaient gagner leur vie sans craindre la faim Il faut savoir endurer Le dal l de l entrep t est tr s agressif dit Ratna bai Il changea d entrep t maintenant tout va bien dit elle pro pos d un coolie qu elle conna t et qui ne pouvait s entendre avec lui Une autre ouvri re par contre est heureuse que son dal l ayant t coolie lui m me autrefois soit rest tr s correct avec nous Il arrive m me qu on entende des femmes vanter les m rites de ce dal l N prouve t on pas en effet un certaine fiert quand un travailleur sorti du m me milieu que soi a r ussi et n oublie pas les siens ni d o il est sorti par la suite M me r action d entraide et de compr hension bienveillante de la part d hommes coolies l gard des femmes qui ont entrepris de cr er leur propre syndicat part C est pas une raison pour qu on leur cr e des ennuis S il le faut on les soutiendra Le moment venu s il faut se battre on les d fendra Oui on est l Est ce qu on va se laisser tomber dit un coolie M KUMBHAR qui travaille avec sa femme dans le m me entrep t Lila bai prit un jour la d fense d une ouvri re qu un coolie avait agress e Qui es tu donc pour lui jeter des tomates dessus Je vais t apprendre gare toi Ne fais pas le malin On ne
26. crire tinrent la liste recueillirent les cotisations et assur rent d autres t ches n cessaires Un autre aspect positif est que les liens de ce syn dicat avec une organisation ouvri re de dimension nationale ame n rent ces femmes f t ce occasionnellement et modestement as sister des r unions politiques ou des manifestations sociales qui leur faisaient d passer le cadre des rapports et des ques tions imm diates du march 118 Rangu DIGHE Paru INGULKAR Shaku PAVAR et Kamala MALEKAR furent celles qui prirent la direction des initiatives en ce domaine C est nous femmes qui sommes all es dans les bureaux du Syndicat et le d partement de l enregistrement par l Etat C est nous qui som mes all es partout Est ce que nous femmes nous n y comprenons rien On a aussi montr ce qu on tait capables de faire dit Rangu bai Dans le syndicat majoritaire Chatrapati Shivaji hommes et fem mes oeuvrent de concert en particulier au sein d un comit directeur comprenant une quinzaine de membres repr sentants ou pr sidents de l organisation Les femmes de Bhumata ne tiennent pas de r union r guli re chaque semaine mais se retrouvent chaque fois que des questions se pr sentent selon les besoins Chatrapati Shivaji se r unit chaque lundi r guli rement En plus de ces r unions fixes on peut toujours trouver un pr sident ou un membre au bureav du syndi cat Bien qu enregistr es toutes les deux et soumi
27. d marche Les connaissances faites Pune offrent et montrent le che min de l audace Bien s r en de telles circonstances on ne manque pas pour autant de v rifier si la liaison des jeunes v rifie l exi gence l mentaire de liens d affinit ant rieurs M me en largis sant il importe toujours que la nouvelle alliance tisse son lien sur une trame de rapports d affinit d j tablis Les liaisons d cid es par les jeunes eux m mes sont rares Elles se comprennent pourtant ais ment dans un cadre urbain o les jeunes sont souvent laiss s eux m mes leurs m res tant absentes de la maison au travail et les jeunes parfois partis au cin me pour passer le temps Sakhu JORI et son mari sont Pune depuis 25 ans Son poux ne s entendait avec personne au village ni en famille Comment sa femme aurait elle pu s entendre avec quiconque quand son propre mari ne pouvait supporter les siens Elle retourne rarement au village Sa fille s est mari e avec un gar on qui habitait c t de chez elle Le p re du gar on a sans doute une situation qui n est pas mis rable mais il avait r pudi sa premi re femme pour en amener une deuxi me du Konkan Rien d tonnant que dans un tel contexte des jeunes d cident d eux m mes de leur mariage et que les parents soient naturel lement d accord La fille de Chabu NANGARE n a certes pas fait un mariage d amour on lui a donn un mari de sa caste mais sa belle famille ne lui offr
28. e il suffit que quatre jours plus tard quelqu un vienne vous annoncer avec conviction la d couverte d un docteur prestigieux pour s y rendre aussit t et en ramener nouveau une autre grande poign e de rem des selon sa prescription Cela mange beaucoup d argent mais peu importe La sant du coup est elle aussi comprise comme une simple af faire de rem des Une autre attraction irr sistible ce sont les photos avec leur album et un spparet photo Dans quelque maison qu on entre on montre aussit t dessein et avec empressement au mur les photos de mariage des gar ons des filles et des brus celles de la c r monie f tant les grossesses avec les banquets de ce jour en particulier les photos de puj de satyan r an etc Les 170 gar ons de beaucoup de femmes porte faix sont achet un appareil pho to Ils prennent videmment des photos en couleur et il ne faut pas leur parler de noir et blanc La m me convoitise porte sur les magn tophones les transistors avec lecteur de cassettes incorpnr s des armoires m talliques des lits en i r Ce sont 14 les biens es plus d sir s On fait des em prunts us taux tr s lev s pour se les procurer Des frais que l on fait avec entrain sont ceux de halls pour les mariages o ceux ci se c l brent et o ont lieu les banquets Ces derniers doivent comprendre beaucoup de plats et des mets co teux pour m riter les louanges des invit s Kala LOKHARE BHAME
29. e des dynamiques socio culturelles que ces pratiques nouvelles induisent ou r v lent S agit il de volont de cr er de nouveaux tissus relationnels S agit il d initiatives spontan es de la part de femmes d sireu ses de s aventure en des espaces relationnels in dits S agit il d une d rive induite par la force de circonstances contraignantes qui obligent malgr soi explorer de nouveaux types de pr sence et de rapports dans la soci t S agit il de comportements inno vatifs dessin En tout tat de cause l analyse essaiera de re p rer les clivages relationnels ou les pressions caus es dans un espace donn par les conduites consid r es sur les syst mes de va leur de pouvoir de prestige ou d autorit sociale r v lant du m me coup ces tendues d espace social que les femmes veulent peuvent ou ne peuvent pas occuper La troisi me question d ordre plus g n ral et global porte comme dans les analyses pr c dentes sur la forme du rapport en tre tradition et modernit l oeuvre dans les dynamiques affec tant plus particuli rement ces niveaux de syst mes de communica tion et de relation La parent et l affinit Le milieu de la parent le Lorsqu on demande Dvarka KANDHARE comment elle emploie son samedi jour de fermeture hebdomadaire du march et chez qui el le se rend ce jour l elle r pond en d crivant l ensemble de son espace relationnel habituel Nous ne sommes que tous les deux
30. es IL d nonce de fa on absolue la loi sur les entreprises Shop and Establishment Act de 1948 comme ne s appliquant pas aux rapports qui le lient 4 ses coolies Il nie entretenir avec elles des rapports particuliers cf p 8 Parmi des op rations laborieuses autres que les t ches du march certaines impliquent une fatigue qu il faut souligner et qui s ajoute celle des travaux au march Le travail de pr pa ration de condiments par exemple demande de rester assises pen dant quatre ou cinq heures au m me emplacement pour p trir et rou ler la p te en forme de galettes Il faut que chacune d elles ait exactement la m me forme ronde et le m me poids Sinon elle sera refus e par la compagnie coop rative qui se charge de leur vente Ce travail implique aussi des d placements surpl mentaires pour aller chercher chaque matin la farine au centre coop ratif et livrer les produits termin s et s ch s recueillis dans un sac la veille au soir Pour s cher les condiments il faut les tendre sur des papiers au dehors en plein soleil apr s les avoir p tris et roul s Cela demande qu on se penche et se plie terre Il faut aller les retourner de temps autre Il faut les surveiller pour que rien ne vienne les salir et que rien ne tombe dessus et les ab me Le soir il faut les recueillir et les resserrer dans un sac pour les livrer au centre le lendemain matin en reprenant de la farine Lessives et vaisselles demandent qu on
31. es par la d tresse des fem mes en dernier recours vont pourtant le voir tant la vie est de venue insupportable Donje est environ 20 km l ouest de Pune C est la visite du d sespoir en quelque sorte Kusum THOPATE ne peut s attendre aucun soutien ni de sa fa mille install e Pune d j bien mis rable ni de sa belle famille Son mari tait irr prochable au d but mais se mit tout coup s enivrer sans aucune retenue Kusum bai dut s imposer un double travail elle va chez des particuliers apr s le matin au march El le a peine le temps de manger entre les deux Elle n a qu un fils Voil un an que son mari s tait arr t de boire elle tait all Donje Le mari tait retourn travailler dans son usine d usten siles de cuisine Quand nous sommes all s chez lui il offrait ce jour l sa femme un nouveau sari On vient d apprendre qu il s est remis boire et que tous les traces ont recommenc comme hier man que d argent coups etc Kusum bai trouve un r pit temporaire dans la d vi qui la poss de Chandra UBHE enfanta 9 enfants dont 5 moururent 3 gar ons et 1 fille demeurent vivants Elle est au march depuis longtemps Sa belle m re qui y travaillait avant elle l y avait amen e Elle y vint avant m me d avoir ses r gles Elle n a cess depuis lors de s y rendre Elle y a amen son tour sa 2 me bru qui est sa ni ce La belle m re de Chandra bai intervint et d cida de lui
32. fourr es au sucre de canne et aux pois chiches Rien ne doit manquer Kamala MALEKAR a mis des lo cataires dans une de ses pi ces pour rembourser les dettes de son fils mais ce jour l bien que la pi ce fut lou e d autres occu pants elle y revient et y installe Gauri Une nouvelle pratique mar quante s impose partout lors de cette f te celle de d corer Gauri de guirlandes d ampoules lectriques et de jeux de lumi re que l on fait installer par un lectricien On y ajoute un magn tophone avec des cassettes de chants la mode g n ralement ceux que le cin ma com mercial de langue hindi a le plus popularis s Leurs rythmes sont em prunt s aux danses modernes occidentales type rock and roll Les fem mes se retrouvent entre elles aussi ce jour l pour des jeux physi ques des rondes et des danses ainsi que des chants traditionnels at tach s ces danses En r alit c est la place qui manque pour ces festivit s dans les bidonvilles Si l on veut vraiment jouer et dan ser des rondes il faut se rendre au market yard ou souvent y re noncer La deuxi me f te importante est navar tra Pendant neuf nuits cons cutives il faut installer un ghat pot eau disposer des lumi res et je ner ces neuf jours C est une f te que toutes les fem mes observent Dans le cadre du culte r gulier puj arc la liturgie plus so lennelle de Satyan r yan prend place d sormais dans presque toutes les familles habituel
33. le mariage du gar on a eu lieu dans la belle famille Le mariage a t d cid par la paren t dit elle Quand son mari l invite maintenant rentrer elle r pond Quand j tais jeune mon corps avait besoin du tien Ma jeu nesse est morte d sormais Je suis rest e je n A quoi bon revenir 223 maintenant Les enfants viendront eux et resteront Quand mon poreon aura un fils il ira installer sa famille Pashan Tout e m nage de sa bru a t ramen de chez elle armoire y comprise et entrepos la maison de Pashan dans ce but en attendant ce jour faste couronnement de ses luttes Toutes ces femmes sans mari qu elles aient t r pudi es par leur mari qu elles aient quitt ce mari et leur belle famille d elles m mes ou que les circonstances les aient loign es d une belle famille qui condamait leurs yeux leurs enfants encore plus qu elles m mes la d sesp rance toutes sans exception une fois en dehors du seul lieu d appartenance ou du seul monde duniy selon leur terme o leur existence puisse acqu rir sens identit et raison d tre refusent pour cette raison m me sans doute d abandonner les signes d coratifs symboliques de leur tat de femmes fortun es saubh gya c est dire avec mari M me si le mari nous a rejet es nous on n arr tera jamais de porter le_ collier de mariage mangalsutra et le point de poudre rouge kumku au front On continuera toujours les uti
34. les deux ans Il amassa une petite fortune cela va sans dire qu il d pensa vite au retour en boisson Mais il acquit de la terre de la famille de sa femme et ses gar ons ont un emploi IL a donc une si tuation Le s jour l tranger a donn au beau fr re une certaine largeur d esprit Le mari d une soeur de Shaku bai habite aussi Bom bay o il acquit un bon niveau d instruction Ce beau fr re aide beau coup Shaku bai Elle fit elle m me six ans d cole et apprit la cou ture Des femmes telles que Kamal POTDAR Hira GIRE Tulsa PAWAR Bayda PILANE Chabu SHINDE ont m me franchi les fronti res de la pa rent le en rompant avec les liens de la parent Elles n ont pu man quer en cons quence d entrer dans un large cercle de rapports soci aux Elles n avaient pas d alternative Que faire en effet une fois que ses propres parents brisent les liens des rapports familiaux Bien qu elles se soient vu refuser le propre soutien de leurs parents ces femmes ont cependant mis borme peine retisser les fils cass s de leurs rapports de parent originaires avec une tenacit qui sou l ve la piti Quels fils pourtant peut on tre jamais s r de tenir fermement Ce faisant d autres rapports nouveaux plus larges se sont au moins tiss s Sindhu SHELAR habite Bhavani peth C est un quartier populeux et cosmopolite Une dizaine de familles musulmanes habitent c t de chez elle Les femmes musulmanes l invitent au repas du Ramad
35. me mariage Chaque pouse st rile est si consciente de l importance de son devoir d enfantement d un en fant m le que la solution de tol rer voire d amener son mari une co pouse lui vient spontan ment et naturellement l esprit quoi qu il lui en co te par ailleurs Mais son remords de faillir son devoir en n enfantant pas de te est le sentiment qui la torture au plus fort degr La soci t ne saurait voir d objection ce qu un mari priv de descendance masculine chercue y pourvoir en prenant une deuxi me femme Jana KHENGARE n avait pas d enfant depuis longtemps sa soeur beaucoup plus g qu elle et coolie depuis longtemps aussi la fit venir de chez elle apr s avoir eu du mal convaincre son propre fr re comme co pouse de son mari Celui ci est employ dans une usine Tout le monde la maison raffole par ailleurs de dieux la maison est pleine de leurs photos on je ne beaucoup on consulte les devrishi La grande soeur est particuli rement pr occup e de ces pratiques Elle vient d emmener le fils a n de Jana bai au village parce qu il a un gros abc s signe vident de la pr sence en lui de Motht b t Elle l emm ne consulter un devrishi au village pour qu il l en Iib re Par ailleurs on a tout Ia maison jusqu la TV et le gaz Les deux soeurs retournent souvent au village participer la culture des champs R pudi e et sans mari Le Seigneur Ramchandra le grand dieu exemplaire de
36. ment donn e de leur recours au bhagat Parmi elles PAWAR DOMBAIE UTTEKAR MALEKAR VARAL HARANAVLE etc Maintenant quand j irai au village j irai consulter le bhagat confie Subhadra HONMANE Elle est veuve son mari alcoolique mourut d un cancer il fr quentait d autres femmes Avez vous t consulter le bhagat quand votre mari tait atteint de cancer demandai je Que peut le bhagat ce genre de maladie r torque t elle aussit t ainsi que son gar on Girja DOMBALE est battue par un mari alcoolique Je vais voir le bhagat pour a mais je ne le paierai que quand je verrai le r sultat Revu BHEGADE s tait entich e d un bhagat que poss dait Kalu bai Il lui prescrivit une foule de d marches qui lui co t rent 2000 rs Cela lui fit perdre confiance Elle ne se laisse plus prendre par aucun bhagat PAWAR a un mari qui ne r side pas avec elle elle souffre beaucoup d une tumeur dans la gorge Pourquoi n allez vous pas chez un bhagat dans une situa tion pareille Aujourd hui o trouver un vrai bhagat En reste t il encore Ils sont tous vouloir faire des sous Mais c est l une r action inhabituelle Toutes les femmes s empressent de courir chez le bhagat d s qu elles souffrent de ne pas avoir d en fant qu un enfant ne survit pas que le mari boit Un autre recours commun ment pratiqu est la c r monie appe l e j garan gomdhal que l on fait accomplir chez soi par ceux et celles qui en sont le
37. ment douze mardi de suite ou huit jeudi successifs sur la recom mandation de quelqu un d autre D autres je nent plut t les jours des p lerinages d Alandi et de Pandharpur les onzi me jours du mois lunaire pendant les quatre mois sacr s pendant Shravan La pratique du je ne ne conna t pas de limite Il y a encore le je ne pendant les neuf jours de navaratra Multiples sont les sortes de je nes Bien rares seraient celles qui pourraient pr tendre comme KONDAVALKAR ou BHEGADE que nous ne je nons jamais S il faut tra vailler il faut manger pour avoir de la force Seule KORPE bai fait chaque jour la puj au linga de Shiva dieu de sa caste Lingayat Vani Elle est sans doute ia seule de sa caste au march En plus de la puj et des je nes r guliers et perp tuels des f tes et autres liturgies sont aussi observ es un peu partout Les c r monies d Akhiti Pitar Dasara Diwali Sans krant Gauri et Ganpati sont maintenues par tout le monde Gaur 160 est la plus importante de ces festivit s Elle est c l br e aussi bien collectivement par des rites publics au march qu en priv chez soi La grand majorit des femmes c l bre Gauri la maison Ce jour l aussi pauvre ou mis rable f t on il faut absolument offrir gt Gauri un festin comprenant des plateaux de diff rents mets des sucre ries des fruits de l gumes etc dispos s en sa pr sence Ce jour l il faut pr parer des galettes de bl
38. ont rejoint leur belle famille mais l une d elle est deve nue veuve elle revint chez sa m re qui lui a donn une pi ce Gokhale nagar Sona bai ne peut s emp cher de prendre le chemin du march tant les besoins sont pressants Elle ne peut plus soulever de lourdes charges Elle rend pour tant de menus services transporte de petites charges de 5 ou 10 kgs Le dal l lui donne de temps en temps 4 ou 5 rs Elle tient se rendre au march malgr son ge qu elle en rapporte des l gumes Elle y va le matin avec tout le monde en tempo et revient par le bus Une vieillesse moins dure serait possible si son mari pouvait vendre le peu de terre qu il a Akol Jusqu maintenant on a r ussi par tous les moyens bien que r sidents en ville viter que la ter re ne soit ali n e cause de la r forme agraire qui donne la terre aux cultivateurs On l a sauv e en la faisant ex ploiter On en avait quelques sacs de grains On ne peut plus compter l dessus maintenant J ai deux fr res qui sont aussi install s Pune On a tous envie de vendre la terre et de vivre de l argent de la vente Mais des oncles qui ont le terres adjacentes ne laissent aucun client l acheter Ils veulent qu on la leur donne tr s bas prix Bhim GORGE et Narmada SONDKAR sont venues veuves Pune avec leurs gar ons qu elles y ont lev s dans l espoir de leur aide plus tard Mais GORGE bai perdit un de ses deux gar ons et l autre est un
39. quand elle accepte malgr elle d avoir avec son mari un rapport de co pouse Comment l pouse qui occupe la premi re place per coit elle la venue de la deuxi me C est l une situation dont les esprits au Maharashtra ont une image divine sous l exemple du dieu Malhari ou Khandoba la divinit de Jejuri le plus po pulaire des dieux du Maharashtra Chacun sait qu il prit une deu xi me femme Banu la berg re dans la caste des Dhangar alors qu il avait d j Fe Mhalsai la boutiqui re de la caste des Vani Un chant de la meule montre celle ci vex e Mhalsai parle moi je suis de la parent des Vani Je ne l ai pas laiss e monter les marches de la colline 212 Banu a son sanctuaire en contrebas du sommet de la colline o tr ne le dieu et sa premi re femme Celle ci sent 1a venue de l autre com me une menace et se d cide ne pas la laisser approcher Pourtant avec le temps s instaure un compagnonnage galit et la bonne en tente Femme Mhalsa parle Banu ma co pouse Au nom du dieu Malhari mangeons toutes les deux dans le m me plateau Mhalsa bai dut se rendre et s accommoder du sort qu on lui imposait Le mari de Hira KHENGARE avait un emploi industriel qui le fai sait souvent changer de ville de r sidence Phalgar Bombay Nasik et depuis 12 ans Pune Hira ba gagnait elle m me 250 300 rs par mois quand r sidant dans Bhavani peth elle travaillait dans une usine d ustensiles m nagers De
40. rale et qui sont essentiellement la caste la parent et le sexe En d autres ter mes la condition et l exp rience des ouvri res indui ent elles celles ci vouloir et provoquer des transformations dans le fonctionnement des grands syst mes de relations sociales qui les pr d terminent glohalement ou au contraire ces syst mes ne font ils que modeler et iryestir leur guise tout l espace sociale des relations de travail dans lequel elles entrent On a dit la particularit de cet espace eu gard aux rapports domestiques aux rapports de production agricole aux rapports de parent et aux rapports d change g n ralis ceci reste m thodologiquement 102 juste au plan de la d finition de l objet de l analyse mais ne pr juge en rien de la r alit de leur impact sur l espace social du tra vail des femmes ouvri res Bref maillon et moment particuliers et sp cifiques d un ensem ble de r seaux de relations socio conomiques et de syst mes de com munication sociale l enceinte du march comme espace social du tra vail est il le lieu o des femmes d bardeuses et balayeuses s av rent n tre simplement qu autant de mailles fortes de plus de ces r seaux et de ces syst mes Cherchent elles leur place et leur statut dans la soci t e acceptant que ces r seaux et ces syst mes les asser vissent leurs fins comme des mailles serr es de leurs filets ou bien comme de petites mailles qui filent tentent ell
41. s ils y cultivent un lopin de terre Mais les s cheresses le rendent st rile Son mari avait un magasin de vente en gros Barshi Mais quelqu un jeta un mauvais sort et la boutique fit faillite Ce fut la mis re Le beau fr re de Ahila tait parti le premier vers Pune Ahila et son mari l y rejoignirent Le mari de Ahila travailla quelques jours tenir les comptes dans une boutique Mais le choc de son chec tait tel qu il ne put continuer Depuis lors il reste la maison ne rien faire incapable de surmonter l preuve Le taudis de Ahila bai est minuscule trois pieds sur dix Comme le beau fr re habite la pi ce d c t et qu il est seul Ahila et sa fille s y tiennent r guli rement et y dorment Ahila pr pare les repas du beau fr re Comme elle et son mari ont con serv de bonnes relations avec le village il y a toujours beau coup de visiteurs de passage Ahila elle m me retourne au vil lage tous les trois ou quatre mois en particulier lors de la f te du village Les hommes dans sa caste sont stricts sur le maintien des traditions Elle et sa fille au moment de leurs r gles ne sauraient rester la maison Il leur faut se tenir l cart s asseoir au dehors Les hommes ne supporteraient pas qu elles cuisinent et manipulent les aliments ce moment l Ahila est incapable d une conduite aussi r pr hensible Son embarras est extr me quand ses r gles surviennent au mo ment o la maison d borde
42. s p nible on lui mettrait 14 points de su ture Elle rentra terroris e de la clinique Mais son mari l y ren voya et la d vi se tut D une fa on g n rale les maris n envisagent jamais de se faire st riliser Les hommes doivent soulever de lourdes charges dit OMBASE bai Mais n en faites vous pas autant demandais je Si nous sommes fatigu es nous autres nous mangerons aux frais du mari Si les hommes perdent leur virilit ils ne pourront plus porter de lourdes charges Or ce sont eux les chefs de famille les gagne pain le principal support Cette repr sentation et cette convic tion sont si iut rioris es que les femmes d elles m mes sont pr tes se faire op rer spontan ment La deuxi me raison qui les motive est la fatigue des maternit s r p t es qui les puisent Sur les 166 fem mes de cette enqu te 57 soit 34 Z se sont d j fait st riliser ou en ont d cid ainsi soit pour elles m mes soit ensuite pour leurs brus Si on ajoute ce nombre les 7 Z de celles qui ne peuvent avoir d enfant les 11 Z de celles qui furent r pudi es et ne se sont par remari ainsi que les 18 Z qui perdirent leur mari quand elles taient encore jeunes on obtient un pourcentage de 70 de femmes dont la f condit est prot g e selon le terme consacr 233 CONCLUSION Des d fis de la d tresse la menace d anomie Nous avons voulu prendre le corps et ce dont il est directe ment l enjeu l
43. se dit elle pour avoir une place dans la soci t retourner chez sa m re Quel mal y a t il cela Elle y ha bite depuis lors Thaku HAZARE quitta son mari pour une raison qu elle n a pas vou lu nous claircir et en prit un deuxi me Kamala KALE qui abandonna son premier mari pour vivre avec un Mang et rompit du coup les rapports de parent vit dans un taudis insalubre avec un mari ivrogne qui la bat sans cesse et la couvre de jurons orduriers qui l avilissent dans tout le quartier Quel re cours reste t il sinon celui de la transe de possession Revu BHEGADE dut prendre sa vie en main une fois chass e de la maison par sa belle m re cause de sa maladie de peau Elle recourut la protection d un ancien du village qu elle consid ra comme son p re Elle alla vivre chez lui quelques jours avant de gagner Pune o elle prit refuge chez son fr re quelque temps L tout c t de lui elle rigea son taudis Elle retournait au village tous les 15 jours voir ses enfants Un jour elle fit appeler sa fille de loin aupr s d elle ce fut l occasion propice qu elle attendait pour l enlever et la ramener avec elle Pune Sa belle m re ne dit rien mais n tait pas dispos laisser les gar ons se faire enlever leur tour En viron cinq mois plus tard usant du m me stratag me R vu bai enleva son fils a n La belle m re protesta Le cadet par contre dut rester encore 2 ans de plus Elle put le reprendre la
44. signer ces proces sus la famille le s curit l acquisition la loi et la pression sociale On a d j si souvent soulign la fonction d entraide que jouent les relations familiales lors de l acc s en ville et de la qu te d un g te que nous ne mentionnons nouveau ce r le que pour sp cifier le type de pratiques effectives qu elles soutien nent Les exemples suivants attirent l attention sur leur mode d op ration Celui ci consiste essentiellement dans un effort de regroupement de parent appel par des besoins et des difficult s personnelles particuli res Ratna PAWAR avait auparavant une place la Colonie Janata Trois filles et deux gar ons Son mari avait quitt son vil lage dans le canton de Parn r district d Ahmednagar par ce qu il ne s entendait pas avec son fr re IL mourut quand son dernier fils avait un mois Ratna bai abritait chez elle son propre fr re a n avec sa femme Quand elle r alisa qu elle pourrait obtenir une place Bibv vadi apr s obten tion d un certificat de r sidence et d une photo d identit elle fit habiter son fr re part dans un endroit diff rent mais l int rieur de sa propre maison afin qu il puisse obtenir tablis son nom ind pendamment un certificat de r sidence avec photo et une carte de rationement Elle et son fr re obtinrent ainsi chacun leur maison Bibv vadi Hausa KADU accorde g n reusement l asile de nombreux pa rents Elle r ussi
45. son autorit et celle des dirigeants du syndicat que les dal l con tr lent Les coolies n ont pas la t m rit de se rassembler plusieurs pour aller voir Baba Adhav car leurs dal l s y oppose rait ou regarderait la d marche avec suspicion y Voyant le ger me d un d lit d insoumission voire de r volte de leur part Les coolies hommes et femmes n ont pas la force de cette d marche ind pendante M me si M KUMBHAR et d autres coolies se disent pr ts apporter leur soutien une d marche commune le moment de l action venu les doutes vont envahir les esprits Qu en diront les dal l Ne faut il pas au pr alable leur demander leur avis Avoir leur permission Mais les coolies ne se sentent ni audacieux ce point ni capables d une r lle ind pendance Est ce qu on est nous ind pendants Ni libres de leurs d marches ni assur s de leurs convictions quoi bon d s lors se dire qu on devrait prendre des initiatives et faire quelque chose Ils savent tous clairement qu il faudrait s unir et s organiser 112 mais la peur de l autorit et des r actions des dal l les laisse in hib s et isol s Les esprits sont remplis de sentiments de solitude et d impuissance Un coolie s en explique ou s en justifie en liant ces sentiments une autre perception Nous avons beau tre coolies au march en fin de compte nous sommes des paysans Ce que nous touchons comme coolie ici ce sont les paysans producteurs
46. surv s 11 y avait une fleur de champak s y ajouta une eur trang re de jasmin C est avec grand plaisir qu on f licite la bru pour sa gr ce le jour de ses noces Sous le dais la porte pour les poux un tapis de poudre carlate Avec les empreintes des pieds de la bru et de leurs cha nettes grelots C est avec empressement qu on l entoure quand elle est enceinte en lui offrant des fruits appropri s gage d une heureuse gros sesse Qui leur a cueilli les fruits de jujubier Les femmes de mes fils sont enceintes Par ailleurs pourtant la m me belle m re ne peut viter d tre port e lui infliger vexations et humiliations s surv s ainsi que les brus s en plaignent si souvent O belle m re je pleure cause de vos bont s Quoi Vous avez fait des marques sur la corbeille pain La belle m re avait coch la corbeille la hauteur atteinte par la pile de galettes de millet dans la corbeille afin de v rifier si sa bru n allait pas en voler en cachette pour les manger pen dant la journ e Belle m re deis je raconter des histoires sur votre compte Je fais mon ouvrage mais je n ai pas d eau boire Le ressentiment de la bru est naturel Le matin l aube je frotte les plateaux p trir la farine Je me dis en moi m me qu il ne faudrait pas de belle m re la maison La belle m re d von c t se laiss2 emporter par des senti ments de vengeance La belle m re parle
47. t Mais maintenant elles sont puis es C est la crise qui arrive La situation de Yamuna JADHAV est toute diff rente beaucoup de marchandises arrivent sur son entrep t Elle gagne ainsi 40 50 rs par jour pendant 9 10 mois de l ann e Les mauvais mois le mini mum est de 15 20 rs par jour La paie minimum de Yamuna bai est gale la paie maximum de SATPUTE bai Une femme d clarait qu elle n avait jamais touch plus de 40 rs m me les meilleurs jours Cette ann e en f vrier pendant 4 jours cons cutifs je n ai touch que 1 r Habituellement la moyenne est de 10 15 rs Cette ouvri re travaille aux l gumes mais parfois des oignons aussi arrivent ces jours l la paie est meilleure Hira GIRE est pass e d un entrep t de l gumes un autre d oignons Mars et avril sont les gros mois pour les oignons Je touche 75 80 rs par jour Mais il m arrive aussi de devoir me contenter de 2 ou de 4 rs Gajra OMBASE aux meilleurs jours de la saison des mangues des pommes du raisin gagne 80 90 rs Pendant la saison des plui es par contre c est la chute Chabu VADKAR travaillait auparavant aux mangues Il y eut une bonne saison elle put rembourser tous ses emprunts Les diff rences sont dues l importance de l entrep t plus il est important plus il re oit de marchandises la saison car les denr es en d pendent Changer d entrep t n est point laiss au d sir des ouvri res il faut trav
48. tient au d part et elle d tient absolument tout afin d en priver l autre L autre vrai dire n a pas d autre issue normale que la soumission En fait la lutte s instaure comme on verra Par fois pourtant la haine se transforme en suj tion affectueuse et en bonne entente Toutes les nuances s observent de l opposition la coop ration Les chants de la meule ont clairement dress les prin cipales nuances de ces rapports Rappelons en quelques uns pour avoir devant les yeux les l ments fondamentaux du cadre dans lequel vo luent les rapports entre bru et belle m re Ce sont eux qui peuvent le mieux nous introduire aux t moignages des femmes que l on va rap porter La b n diction dont une belle m re gratifie sa bru la demande de celle ci sujette et reconnaissante dit la fois l unit de des tin qui unit les deux femmes dans le service et le maintien de la lign e et la d pendance d une bru inqui te qui sait que son devoir et sa raison d tre sont d enfanter pour satisfaire les attentes les plus ch res d une belle m re qui lui a donn ce qu elle avait de plus pr cieux au monde son fils la bo te de kumku dans ce but Bo te de kumku carlate la belle m re demande Maintenant ma belle fille qui jouit d une telle fortune O belle m re tes doigts sont d or Que ta b n diction fasse grossir mon ventre Immense est ma maison avec son fronton l arri re Ma belle m re fait la splendeur de
49. touchent elles par contre tant d argent pour pouvoir tant investir Cela reste une nigme Gajra OMBASE ne d pose d argent ni dans un bhishi ni en banque Dans le bidonville de Dandekarpul o elle r side un b b un homme d un certain ge qui jouit de la confiance des gens re oit des d p ts d argent de la m me fa on qu une banque et les rend selon les besoins Gajra bai a besoin d argent pendant la saison des pluies 135 car il y a beaucoup moins de travail au march cette p riode i et les salaires sont d autant r duits Banque et bhishi ne re oivent que les maigres d p ts que per mettent de bas salaires Ils n offrent pas en retour les aides fi nanci res souhait es en cas de besoins s rieux Il faut alors em prunter soit de particuliers sous forme d avance soit d usuriers sous forme de pr ts int r ts Mais d o emprunter Certainement pas du dal l car ce serait se rendre son empire Il faudrait alors aller chez lui selon son bon plaisir lui faire ses travaux domestiques et tomber compl tement en son pouvoir sit GilODKE bai Thaku NANGARE s oppose elle aussi l id e m me d emprunter du dal l A qui tendre la main Les coll gues du markot yard fussent elles de bonnes amies par ailleurs ne sauraient tre de grand se cours Kala LOKHARE parle d une femme coolie qui a pr t de l ar gent une autre un taux de 57 par mois Tara DHAVNE corrige l information c est un taux de
50. tresse elle s entend bien avec ses brus C est une de ses raisons d esp rer Le mari et le gar on de Saru VIRAL sont des ivrognes Elle a souvent envie de ne pas rentrer chez elle A la maison ce sont toujours des querelles et la paga lle Tel est son destin et celui de sa bru Que peut faire celle ci Faut il qu elle s occupe des enfants et du m nage ou qu elle aille faire des vais selles Le sort de sa bru l afflige Mais toutes les deux se d bat tent pour faire face KARLE bai a par contre une situation relative ment confortable L atmosph re est satisfaisante la maison Elle a install son fils et sa bru part Car tous ne peuvent tenir dans son petit r duit Mais belle m re et bru sont des amies qui se sou tiennent en cas de difficult Sakhu BAMGUDE a eu une existence peu ordinaire Co pouse d un premier mari qui meurt elle se remarie mais le deuxi me mari meurt aussi Elle a 2 gar ons elle habite chez l a n Le cadet vit part Mais Sakhu bai s entend parfaitement avec ses deux brus Quand elle habitait Paud Phata elle entra en contact avec une femme docteur qui l aida financi rement la conseil la et dont l influence la marqua Sakhu a d apprendre au fil de tant de d boires comment vaincre les difficult s et trouv dans l entente cordiale entre femmes de la m me maison un des secrets de l espoir Les relations entre maris et femmes Les t ches assign es une pouse par la soci t sont d une p
51. un des membres Tous tour de r le retrouvent leur d p t Si par exem ple le d p t mensuel est de 10 rs et que 12 membres forment le grou pe chaque mois un de ceux ci touche 120 rs Tous tour de r le tou cheront ainsi la m me somme une fois par an Konda SHEJAVAL Saru AINPURE Laxmi KUDALE Sindhu SHELAR Gau BHAREKAR Thaku HAZARE sont toutes des voisines du m me quartier Elles ont form un bhishi et ne vont jamais en banque Elles habitent depuis toujours Tes unes c t des autres et constituent un groupe d amies s res qui savent s entraider en cas de difficult s Ahilya HARANAVLE Rakhma TANPURE Tara KUDITKAR DARVATKAR ha bitent dans le m me bidonville o elles ont form un groupe de bhishi DARVATKAR est dans une situation qui ne lui permet pas d avoir un car net d pargne et de d poser 5 rs par jour Elle ne peut conomiser tous les jours cette somme car tous les soucis du m nage sont sa charge A Shukravarpeth Anusuya KUMBHAR Sakhu AINPURE Hausa KHI LARE forment un bhishi avec d autres femmes de leur quartier cha cune touche 2500 rs tous les deux ans KUMBHAR bai put ainsi une an n se construire une petite salle de bain dans sa maison une autre ann e s acheter un chauffe eau une autre acheter une bague pour sa fille etc AINPURE bai une ann e s est achet une table pour sa cuisine une autre un ventilateur une autre une armoire m tallique Kamal KALE utilise l argent de bhishi pour la
52. un Conseil de coolies soit constitu en fonction des Cat gories d emplois non prot g s et selon les zones o de telles cat gories existent Le Conseil se compose statutairement de repr sentants du Gouvernement des employeurs et des travailleurs des secteurs encore non prot g s La loi pr voit un nombre gal de repr sentants des employeurs et des travailleurs non prot g s ceux du Gouvernement ne devant pas exc der le tiers de l ensemble des membres du Couseil La pr sidence du Conseil est as sur e par un des repr sentants du Gouvernement Ce Conseil est in vesti de l autorit requise pour d cider des plans jug s capables de promouvoir les int r ts des travailleurs consid r s eu gard aux conditions de travail d emploi de r mun ration d assistance so ciale etc Selcn la loi de 1969 les dal l adt doivent remettre au Conseil un montant gal au tiers du salaire touch par les travailleurs percevoir sous formes de taxes sur les transactions qu ils r alisent avec les producteurs fournisseurs et les clients commer ants et des tin s pouvoir aux cong s pay s un fonds de pr voyance des primes des programmes d assistance en faveur des coolies La vil le de Pune a son Conseil du nom de Pune Mathadi Hamal and Other Manual Workers Mandal Cela permet Ia mise en oeuvre de la Ioi de 1969 depuis 1980 aux transactions du march central l exception du march aux fruits et l gumes Les 30 d
53. voire de l insteller leur go t On verra m me parfois com ment des femmes tirent profit des chances que leur offre une soci t de l change marchand qui fait de la maison et du lieu des marchan dises dont elles peuvent disposer Une telle pratique mesure la ra dicale diff rence qui distingue d sormais la maison urbaine de la demeure familiale de village Le d part Diverses raisons ont pouss les ouvri res du march franchir les fronti res de leur milieu rural pour migrer vers l espace p ri ph rique de Pune Leurs t moignages nous conduisent souligner en premier lieu de fa on tr s significative l importance et la nature de motivations psycho sociologiques qui d termin rent beaucoup d en tre elles fuir Vers un ailleurs Dvarka bai KANDHARE du bidonville de Dhankavdi de caste Marathe est originaire d Akole canton de Mulshi Elle gagna Pune avec son mari voil six ans en 1982 apr s huit ans dans sa belle famille Sans enfant sa belle m re la harcelait Les deux premi res ann es de mariage son mari se mettait de la partie n coutant que la belle m re il la battait une fois en plein jour il l avait ross au milieu du champ Sa belle m re ne lui donnait pas manger sa faim ni ne l habillait correctement Elle avait beau travailler de toutes ses forces on lui r p tait qu elle n avait rien fait Un jour c en fut trop elle et son mari partirent vers Pun n emportant avec eux qu
54. 12 5 d un petit vendeur voisin au march Mathura bai lui a d fendu de rentrer la maison tant qu il n aurait pas tout repay Beaucoup de femmes d posent la fois en banque et en bhishi de sorte qu elles se trouvent souvent 4 court d argent pour faire face aux besoins quotidiens de la maison Comment assurer les fins de mois Mais comment par ailleurs retirer l argent du bhishi ou de la banque Le remboursement des dettes est un casse t te qui torture en permanence l esprit des coolies C est une des principales pr occupations qui leur ronge l existence Sakhu BAMGUDE a une situation satisfaisante maintenant mais el le explique ainsi le dilemme de toutes IL faut aider les enfants installer leur m nage Une m re est toujours d sireuse de faire plaisir ses enfants et petit enfants Comment en plus de cela mettre de c t pour d poser en bhishi ou en banque Ce n est pas bien de retirer de l argent d j d pos Mais je me demande si on ne fait pas le malheur des enfants d poser aujourd hui de l argent Pourquoi donc faire des d p ts Mais si on prive les enfants au jourd hui on peut mettre de c t pour eux demain Mais faut il les rendre moins heureux aujourd hui pour autant Conclusion De nouveaux atouts pour les syst mes de discrimination Allant du plus englobant au plus particulier en fait de r seaux de rapports sociaux r pondons d abord la troisi me question que nous nous tions pos e
55. B nar s et de Kedarnath une compagnie prend 5500 rs Je n ai pas de probl me d argent je peux verser la somme mais je cherche un couple de compagnes pour venir avec moi Mangal BORKAR prit elle m me l initiative de louer un petit car de dou Ze places et de partir pour un p lerinage de quinze jours dans le nord divers lieux saints Elle chargea de la farine du riz etc et les ustensiles de cuisine requis pour faire soi m me la cuisine en s journant dans des dharmashala auberges pour p le rins Dhonda BORADE tait du voyage Shile RANJNE a fait ainsi le p lerinage aux C ri Dh m quatre lieux saints situ s aux qua tre coins du pays et fait chaque ann e Alandi et Pandharpur Mangal bai et Shile bai sont par ailleurs toutes les deux pr si dentes du syndicat f 162 Chabu SHINDE a t admise dans le groupe acukpanth groupe de stricte observance de la secte ancienne Mahanubhav Elle porte le collier des d vots de la bhakti Elle se rend une fois par an Phal tan si ge de sa secte Elle en rencontre les saints et les gurus qui elle fait des offrandes Cela repr sente 100 200 rs de d pen ses La secte exige qu elle renonee la viande et tout rituel er l honneur des dieux Elle compte se retirer Phaltan dans sa vieil lesse l les gens de sa secte lui serviront manger Elle avait autrefois quitt son propre mari pour s occuper de ses parents et tenir leur m nage Ses fr res et soeurs
56. C est ce qui fait que je m y connais Son mari apprit la soudure Il travaille comme soudeur la maison son compte Quand il avait fallu obtenir un comp teur de la municipalit pour l lectricit c est Laxmi bai qui avait fait les d marches voulues dans les bureaux de la mairie jusqu ce qu elle obtienne gain de cause 150 Les alliances matrimoniales Les relations d affinit se fondent sur les liens matrimoniaux les mariages assurant ensuite la permanence des r seaux de parent Les alliances matrimoniales sont d une signification cruciale dans la d termination des r seaux d change et de communication sociale Quand o avec qui se marier Des r gles strictes r pondent ces questions La premi re est de veiller accorder les liens dh g dor julne c est dire contracter mariage dans les seules fami Ties avec lesquelles existent d j une parent d alliance l exclusion des maisons avec lesquels aucun lien d affinit n a jamais t nou IL faut ensuite cette occasion tenir son rang c est dire soutenir le prestige dont on jouit et montrer que l on tient conserver sa place au pays IL faut encore s assurer le consentement des anciens Il ne faut pas aller contre la volont du village de ses chefs et de ses notables IL faut par ailleurs s empresser de faire le mariage d une fille avant qu elle chappe au contr le de ses parents Autant de coutumes et de normes qui s imposent
57. DALVI de m me p trit et aplatit en forme de galettes la farine de condiments qu elle rapporte de la coop rative quand elle rentre du march l apr s midi Son mari est un buveur chronique souvent absent du foyer Deux jeunes enfants vont encore en classe Le mariage des deux a n s a entra n des frais Elle habite dans un r duit pr s de la pi ce de sa m re pour lequel elle doit payer un loyer de cent cinquante roupies par mois Kusum THOPATE a aussi recours au m me travail suppl mentaire car son mari travaille bien dans une usine qui manufacture des ustensiles de cuisine mais c est un buveur inv t r qui ne rapporte aucun argent au foyer et bat sa femme D s qu elle rentre la h te du march en avalant bien vite sur le pouce dit elle une galette de millet qu elle a emport e avec elle le matin elle se rend chez des particuliers faire des lessives et vaisselles Sa m re est d c d e et son p re s est remari elle ne peut attendre aucun secours de sa propre famille Sa belle famille a un peu de terre mais le beau fr re la cultive et en vit peine Tara KAMTE est veuve et bien avanc e en ge maintenant Elle eut cinq filles et deux gar ons L a n de ceux ci est mari il a lui m me quatre filles et un gar on et s est mis boire quand il perdit son travail l usine de textiles Raja Bahadur quand celle ci dut fermer en 1987 Le cadet gagne sa vie mais son salaire ne peut suffire faire vivre ta
58. Dankavdi qu elle habitait avec son 2 me mari et prit le chemin du march avec les nombreuses femmes de ce bidonville qui s y rendaient chaque matin Elle se lia avec un coolie du march Elle en devint objet de ris e au milieu de toutes ses coll gues Son coolie venait la voir de temps en temps lui soutirait de l argent et la battait Il ne lui tait d aucune aide par ailleurs Ii l exploitait unique ment Le coolie quitta le march la liaison fut termin e Mangal bai se retrouva seule nouveau Un de ses voisins Dankavdi avait en lev une jeune fille Brahmane qu il entretenait apr s avoir abandon n sa propre femme Il en eut trois enfants Mangal bai se lia lui et en eut une fille L homme vient de la rejeter Elle reste seule maintenant avec une fille lever et personne dans son taudis pour la garder quand elle va au travail Elle emm ne donc le b b au mar ch o elle le garde ses c t s pour jouer avec elle Sur elle p se jamais le stigma de la d bauche Les siens et la soci t l ont to talement reni et renieront sa fille de la m me fa on Le mari de DARVATKAR bai tait attard C tait la mis re dans sa propre famille ses parents ne purent lui donner un mari normal un idiot dut faire l affaire Mais comment lever une famille avec un mari impotent Ell revint chez ses parents toujours aussi d mmis Que faire Elle quitte donc d finitivement son mari et prend le che min de Pune Il y
59. L espace particulier du march comme lieu de travail salari est sp cifiquement constitu avant que les ouvri res n y entrent Il se pr sente elles comme un micro cosme socio culturel et so cio conomique d j r gi par un syst me pr cis de rapports inter nes qui assigne d embl e ceux et celles qui y p n trent un sort et une place d finie C est un enclos Celles qui y sont admises doivent se soumettre ses habitudes en exclusivit Tout autant qu elle assure un gagne pain l embauche ins re dans un micro sys t me organis et sp cifique de form s de rapports sociaux d termi n s de normes de valeurs de comportements et de langage Les ouvri res n y entrent point pour le d noncer ou le changer mais s y conformer et y rester sans faux pas qui les d servirait A vrai dire cette sp cificit n est point celle d un monde part et en soi Cet enclos est constitutionnellement travers de part en part par d amples r seaux de rapports de production d change et de pouvoir social conomique et politique Dans ce contexte compte tenu des buts de cette tude visant les dynamiques socio culturelles d affirmation de soi de la part de femmes de basses couches sociales trois types de questions offrent la trame des analyses qui suivent titre de guide de lec ture et de compr hension Le premier est relatif l espace du travail comme enjeu so cial Il consiste se demander dans quelle mesure les femmes ou
60. La femme de l un d eux est une ni ce de Gita bai la fille d un fr re Le mari de Gita bai tait un ivrogne que l alcool emporta C est parce qu elle ne pouvait survivre au village qu elle a pris le chemin de la ville avec ses six enfants Le fr re a n de son mari l y avait pr c d avec sa femme et ils travaillaient tous les deux comme coolies d j La femme du beau fr re cadet vint elle aussi s embaucher comme coolie Sa belle famille ayant un peu de terre au village elle s y rend tr s fr quemment pour l exploiter Quand elle arriva en ville avec ses six enfants sa situation tait telle qu elle ne put faire instruire aucun de ses enfants elle allait travailler de nuit et attendait l arriv e des premiers camions pour le tri d s que les mar chandises taient d charg es Elle rentrait chez elle vers midi et se reposait l apr s midi pour regagner le march le soir vers six heures et y passer la nuit Le soin de la maison et des en fants en bas ge l absorbaient enti rement Elle fit ce travail pendant de nombreuses ann es pour le m me dal l elle n en chan gea jamais Elle d veloppa ainsi de si bons rapports avec son dal l qu il lui assure aujourd hui une paie de vingt cinq rou p es par jour m me s ii lui arrive de ne pouvoir se rendre au travail une fois ou l autre Il a m me tellement confiance en Gita bai qu il lui a confi la surveillance des op rations de son entrep t Entretemps elle est devenue propri
61. Les coolies avaient d cid de fermer le march ce jour l pour aller au meeting que pr sidait le ministre Les mar chandises allaient s ab mer et les paysans producteurs y perdre object rent les dal l Mais le ministre ne les couta pas et les coolies vinrent en grand nombre au terme d un d fil soumettre leurs demandes au ministre Celui ci promit qu apr s Diwali no vembre la loi serait mise en application Il n en fut rien La lutte dut continuer Le Mathadi Board ne peut d cr ter l application de la loi tant que certains de ses mewbres soul vent des objections non r solues Jusque l les dal l et le Comit de march maintenaient leurs vb jections Les dal T pr tendent pour l heure au d but de 1991 avoir retir les leurs et ne plus s y opposer Il reste au Comi t de march se convaincre que ses objections sont sans raison Il va de soi que rien n autorise penser que les dal l ne d men tiront pas leurs promesses de consensus et leurs d clarations de non objection Depuis le 13 octobre 1990 une r union se tient tous les 15 jours au market yard celle d un comit d action de repr sentants de toutes les organisations ouvri res du march central qui s est form sous la pr sidence de Baba ADHAV lui m me Les 12 13 janvier 1991 ce comit organisa une manifestation de coolies devant les bureaux des autorit s de district Le 20 mars deux mois plus tard une manifestation a lieu Bombay
62. PAWAR Dattavadi dans une belle pi ce spacieuse on voit un grand emplacement pour le bain une paillasse avec une dalle de Kadappa de nombreux ustensiles robustes un pot pour la r serve d eau une armoire m tallique un lit de fer une cocotte minute la TV etc J ai tout ce dont j avais en vie dit elle Il faut d poser de l argent en banque et chaque ann e acheter quelque chose avec cet argent dit Phula PAWAR Des pots des cruches une armoire un chauffe eau en cuivre pour ile bain etc elle a to t cela Elle en a entrepos autant au village Comme elle s y rend de temps autre ne faut il pas aussi un m nage l bas 55 Paru INGULKAR vint Pune car son mari ne s entendait pas avec son oncle peu apr s son mari mourit d alcoolisme Elle ha bitait au pied de Parvati Elle fut d log de son bidonville par la construction du pont route d acc s la colline C est ce qui lui valut d tre relog e Gokhale nagar Elle y cons truisit quatre pi ces pour lesquelles elle paie 121 roup es par mois Voil vingt ans qu elle paie ce loyer qui la rend propri taire de sa maison Elle a beaucoup de facilit s chez elle une paillasse le gaz etc Elle s est fait installer un bassin pour avoir de l eau toute la journ e la maison A la mort de son mari son beau p re vint chez elle reprendre tous les ustensiles et les emporter au village Nasrapur pr s de Van shvar Elle se fit aider par des ge
63. Pune chez sa femme Mais la maison tait devenue trop troite pour neuf person nes Jija bai tait all e dans le bidonville de Dhankavdi pr s de l ashram de Shankar Maharaj Elle y obtint deux hut tes contig es elle habite dans l une sa fille Mangal BORGE vit dans l autre Malan KARANJKAR veuve vint depuis le d but habiter Dhan kavdi C est un bidonville particuli rement insalubre Les bagarres le rendent peu s r Malan bai avait grand peur Elle appela sa parente Sindhu CHAVAN venir l y rejoindre avec son mari Elle lui rigea une hutte juste c t de chez elle Shindu bai habitait avant dans le bidonville de Dandekarpul avec son gendre mais elle d sirait habiter part Les deux femmes trouv rent la solution la plus satisfaisante leurs yeux Le bidonville n est pas tout aussi malsain qu il tait Comme par ailleurs le bruit court que les plans d am liora tion de taudis vont tre mis en oeuvre Dhankavdi comme ils l ont t ailleurs il s agit de ne pas laisser passer cette chance Les deux femmes s accrochent fermement la place qu elles occupent en d pit du climat d ins curit et de l insalubrit Phulabai PAWAR qui tait Bombay avec son mari ouvrier dans le textile fut ramen e Pune par son soeur Hirabai qui r sidait avant elle Dattavadi Elle lui a fait obtenir une pi ce c t d elle pour l avoir comme voisine Elle l a fait embaucher au march Phula bai son tour
64. S il faut manifester on ne r culera pas Hira DONDKAR et Subhadra DARVATKAR se disent aussi totalement dispos es pren dre part des manifestations Le neveu de Hira bai et de jeunes petits fils de Subhadra nous coutaient assis c t Quand nous 128 primes cong tous nous invit rent revenir tenir une r union dans leur bidonville Ils taient pr ts organiser une manifestation Indu PANSARE hier apr s son travail au market yard s tait rendue selon son habitude Bhavani peth pour d charger des camions de noix de coco C est ainsi que je suis devenue membre de Hamal Panchayat Elle participe toutes les manifestations de ce syn icat Haru SULE me dit avec un sentiment de grande fiert Mon gars est un militant de Hamal Panchayat Il pleuvait torrents le jour o nous sommes all es chez elle Quand la pluie s arr tera on r unira les femmes du quartier Vous viendrez nous informer de la loi me disait elle Au retour du march les femmes vont couper de l herbe pour la vendre ou travailler comme ouvri res dans des champs de cultures mara ch res non loin de chez elles Elles sont tr s mal pay es pour ce travail Un jour toutes avec tous les travailleurs on a fait la gr ve Mais celle ci n a encore donn aucun r sultat Guidez nous Conseillez nous De temps autre on entend dire sur le march aux fruits et l gumes que la loi de 1969 devrait aussi y entrer en vigue
65. aille de maison en maison pied qu on monte des escaliers d immeubles C est une t che qui se fait dans l eau Si la patrone donne du bon savon le travail est plus agr able sinon la manipulation de d tergents chimiques ab me les mains Balayer et ranger chez des particuliers u est pas non plus d pourvu de tracan Une seule t che est ais e celle de la vente des l gumes rapport s du march C est la raison pour laquelle la plupart des coolies s y adonnent sans h siter Aucun effort suppl mentaire n est requis pour rapporter les l gumes chez soi en revenant nul besoin d une course de plus pour les d poser la maison et les vendre aux voisines qui se pr sentent pour les acheter pendant que l on vaque aux t ches domestiques Il n est pas non plus p nible de s asseoir sur la rue pendant une ou deux heures et de les vendre aux passants Trois soucis Llancinants Trois soucis majeurs tourmentent les femmes coolies pendant leur travail de fa on plus p nible que la fatigue du labeur dont elles tirent aussi fiert Une triple anxi t leur assaille l es prit celle des enfants nourrir et lever celle de la vieilles se prot ger ct celle de la sant garder Les enfants L aigle s lance dans le ciel ne pensant qu ses petits dit un dicton L oiseau peut du moins poser ses regards per ants 84 sur le nid de ses petits Les femmes coolies doivent bien souvent laisser les leurs derri re elles en
66. au march depuis une dizaine d ann es Vous avez d y faire embaucher plusieurs 113 autres femmes lui dis je Comment Je n entretiens de re lation avec aucune autre femme repartit elle Saru bai Gavu bai et Sindhu bai travaillent ensemble comme coolies depuis l ancien march et continuent de faire aussi le m me travail dans le nouveau market yard Pourtant disent eilles nous n avons aucune sorte de rapport avec les autres femmes ouvri res ici Ni bhishi ni rapports occasionnels li s des op ra tions bancaires ni les m mes dieux ni les m mes f tes de village A quoi bon tablir des relations avec ces femmes l Nous avons tabli de nombreux liens d amiti l o nous habitons et l seule lement Les deux belles soeurs KAMTE entretiennent d troites re lations de voisinage depuis trente ou quarante ans Elles vont en semble partout Mais elles n ont jamais cherch tablir d autres liens partir des rapports et des connaissances du march Elles ne recherchent le soutien que des amies de leur groupe de voisines Cet isolement l int rieur des cercles de parent et de voi sines amies n est pas le seul type de comportement ni de rapports que recherchent les ouvri res Lila bai pense au contraire que toutes les femmes porte faix devraient se retrouver et chercher tre ensemble pour faire cause commune Paru ba aussi pense qu il faut chanter ensemble jusqu ce que le coeur d bord
67. aussi Shila RANJNE dont le mari perdit son travail l usine textile de Pune quand elle ferma Shile bai est pr sidente du syndicat et traite les autres femmes avec beaucoup de hauteur et d arro gance et encore plus d injustice Les ouvri res sont en col re contre ses fa ons de faire Shila bai est tr s fi re de son pos te et n ignore pas la col re rentr e de ses compagnes Quelques autres pr sidentes entrent en transe galement comme elle Kalu bai poss de encore Kala AMBADE Cambhar veuve dont le fils a n boit norm ment rosse sa femme et ne gagne rien Il avait d abord pous une fille Marathe qui s tait vite enfuie chez 164 sa m re Il s tait remari avec une fille Cambhar Les deux belles soeurs KAMTE ont fit une grande place chez el les pour Kalu bai Les enfants de la belle m re ne survivaient pas Elle avait fait un voeu Kalu bai Depuis lors c est elles de continuer il faut chaque ann e aller voir la d vi Mandar Le mari de Yashoda est aussi poss d par Kalu bai Aux pleines lunes de Paush et Ashad il faut offrir un banquet des femmes brahmanes ma ri es et une fois par an au moins aller offrir un chevreau en sacri fice la d vi de Mandar Lila KARALE est poss d e par Moth i b et sa fille par la d vi de Tuljapur Celle ci a dix ans et va en classe Pourtant i faut aussi faire toutes les d penses qu implique la ve nue de la d vi Chaque ann e il faut aller T
68. autre coup le qui elle remet l argent qu elle gagne et qui s occupe de son b b Elle l ve une ch vre qui vadrouille en libert pendant le jour et rentre le soir au logis La m re de Kamal POTDAR tait Pune depuis longtems d j Comme elle n avait qu une fille son mari se d sint ressa d elle et prit une autre femme avec qui il alla vivre Barsi Elle vint r sider Dand karpul chez son fr re Elle lui fit pouser sa fil le Kamal Elle vint Dankavdi travailler dans une briqueterie habitant tout c t sur le terrain du propri taire Sa soeur qui travaillait au march l emmena avec elle Apr s un d saccord avec le propri taire celui ci les envoya s installer sur un bout de terrain au flanc de la colline o elles rig rent leur taudis Les soeurs du Sonar avec lequel elle s est li e n acceptent pas cette liaison Il cessa de venir la voir pendant 3 ans apr s qu elle eut mis une fille au monde Elle alla prier le Mhasoba de Kharavde la liaison reprit Elle enfanta un gar on Elle se fit st riliser apr s la naissance d un 2 me gar on Elle avait auparavant aval de nombreuses pilules pour avorter mais sans r sultat Sa grande fille s occupe des 2 petits gar ons Son Sonar vient r guli rement chez elle chaque jour passer l ou 2 heures avec elle le soir puis retourne chez lui Il lui donne chaque mois 250 rs Il est dis pos l pouser r guli rement Il fait suivre un cours priv la fill
69. beaux parents o l on se rend si souvent Les migrantes dans leur grande majorit quel que soit le nombre d ann es qui les s parent de l exode initial gardent l me attach e la terre des anc tres Elles r sident en zones urbaines mais leur esprit est sans cesse hant par le dieu du vil lage dieu du terroir par excellence et non d une religion univer selle L assembl e annuelle avec la visite au dieu du village est un des plus forts d sirs qui les habitent et les meuvent Le ter roir et le sang sont leur lieu d lection permanent Vers eux con vergent leurs r ves Elles je nent pour la prosp rit de leur des cendance et l honneur des dieux qui la prot geant Une autre vis e essentielle est celle de la pr servation de l identit culturelle collective qui se pense en termes de cou tumes de caste et de marathi dharma ceci couvre toutes les d ter minations culturelles possibles depuis le v tement et la cuisine jusqu aux dieux et leurs rituels Concernant les processus de la d rive de d bordement les es paces et les biens vis s servent l intention cruciale de prendre pied part enti re dans l espace urbain o elles ont atterri et d y tre reconnues Cette vis e n est point antith tique de la premi re qui tendait maintenir son enracinement dans le terroir et le sang des anc tres Il s agit une fois qu on a quitt le vil lage et la terre de s assurer aussi une implantation comme membre part e
70. celle des strat gies psycho culturelles qui commandent des desseins par fois contrast s Quelle logique interne en fait l unit Il va de soi que cette logique unitaire est comprendre en r f rence la tension qui oppose des femmes en tat de d tresse aux d termina tions socio culturelles de l ensemble de leur cadre de vie Cel les ci sont les seuls l ments avec lesquels il leur faut cher cher construire leur existence On peut distinguer la source des processus dont nous vou lons rendre compte trois ordres de pr occupations fondamentales directement engendr es par une d tresse initialement multiforme et cumulative Trois soucis cruciaux suscitent trois imp ratifs vitaux qui engendrent trois ordres d intentionalit ou trois dy namiques caract ristiques de l identit collective des femmes in SR Ce sont l trois ripostes un triple manque essen tiel La premi re pr occupation est celle de la s curit ou de l as surance du maintien de sa propre vie physique et de celle de la famille conjointement Ce stuci engendre lc recours la st ri lisation des d penses parfois inconsid r es en rem des et en docteurs des d p ts d argent parfois cach s aux autres membres de la famille des conomies en PEETA chez les femmes Dhangar la fuite hors de la belle famille pour chapper aux 240 mauvais traitements d une belle m re ou au d sespoir d un mari in capable d lever sa fami
71. celle de leur famille laquelle elles identifient leur destin de femme en un mot leur place d tre hu main en ce monde elles ne peuvent la devoir qu la vigueur de leur labeur Il n y a pas pour elles d autre alternative la d ch ance et la mort Seuls les travaux peuvent leur assurer une place quelque part physiquement et moralement comme leur chant l exprimait d j Je suis all e au travail le labeur ne tue personne Je ne suis pas indigne de mon illustre p re Les t moignages suivants ont t choisis pour montrer l es prit de d termination dont tant de femmes font preuve au milieu des al as tragiques de leur existence de coolies qui leur permet de pouvoir effectivement tenir quelque part La pauvret obligea Rangu DIGHE quitter le village et la ferme Elle avait d j vendu ses trois cents soixante gram mes d or et le fr re de son mari l avait pr c d e Pune o il avait trouv un emploi la municipalit Il avait aussi vendu un peu de terre pour que son fils aille l cole Rangu bai habite aujourd hui Appar Je n ai jamais eu peur du travail dit elle Elle a deux gar ons et une fille Elle se plait en ville Quand elle y arriva il y a quinze ans c tait avec ses deux petits et treize roup es Elle habita d abord la Colonie Janata et travailla dans une cli nique comme employ e de salle C tait d incessantes que relles Un jour une inspection de la municipalit vint in te
72. cid de reloger les habitants du bidon ville pour arr ter la pollution de l eau potable Avec cer tificat et photo les r sidents sont relog s Bibv vadi Mais cela ne signifie pas que le bidonville dispara t Au con traire il s agrandit Bien qu elles aient obtenu une maison Bibv vadi beaucoup de femmes comme Narmada bai n ont pas voulu abandonner leurs droits sur les lieux qu elles occu pent la Colonie Janata Chabu SHINDE par exemple apr s avoir fait le tour de divers bidonvilles a rig il ya quatre ans sa hutte la Colonie Janata Aujourd hui elle s y construit une maison en dur La raison en est que les leaders du quartier ont d cid que le bidonville continu erait d exister Chabu bai n a aucune crainte qu on vienne un jour l vacuer Une demeure Qu elles arrivent ou non se construire une maison les femmes coolies sont emport es de ce point de vue par deux fortes tendances irr sistibles l une tr s traditionnelle l autre toute moderne qui en r alit se conjuguent et ne font qu une La premi re r pond la repr sentation fondamentale qu elles ont d elies m mes comme ma tresses de maison et qui les entra ne consid rer celle ci comme l attribut par excellence de leur r le de m nag re La maison est en cons quence pour des migrantes qui ont quitt leur foyer au village l objet d un d sir intense Elle est voulue et peu peu appropri e comme le symbole l men taire et dir
73. circonstances quelle tait leur condition ant rieure et d o elles sont parties Ce n est plus la qu te d un pied terre par d autres qu elles m mes cette fois qui les pr occupe mais le fait que la maison peut tre un moyen de gagner 64 de l argent un instrument de profit et de r ussite L habitat est l objet d une pratique int ress e dans le contexte d un syst me de rapports et d changes lib ral capitaliste qui met profit le man que extr me de logements p ri urbains L importance et la valeur de l habitat comme preuve de la r us site se retrouve aussi dans le fait que les femmes coolies connais sent bien le projet immobilier du syndicat Elles en changent et en discutent en connaissance de cause Elles enqu tent aupr s de ses responsables elles sont au courant de ses r glements et de ses avan tages possibles Des rep res anciens pour des d marches modernes Le chaos et la crise ne s affrontent pas sans le recours des rep res et des jalons qui jouent le r le d appui temporaire de se cours assur s ou de soutien permanent selon les circonstances La sortie de syst mes de rapports domestiques protecteurs le rel che ment de contraintes familiales imp ratives voire la rupture de liens d appartenance et de d pendance ont beau eu gard l habitat mettre les migrantes dans des situations souvent incertaines et critiques des syst mes de valeur fondamentaux et de rapports traditionnels con
74. compte que par son interm diaire On a vu que si beaucoup de femmes ne peuvent log r leurs fils mari s sous le m me toit elles s effor ent de l installer aussi pr s que pos sible pour ne pas perdre de vue le meilleur atout de leur autorit dans la vie Ind pendamment du gar on une m re jouit aussi de son pouvoir domestique comme ma tresse de maison elle laisse rarement sa bru g rer la maison la rigueur elle consentira des d penses pour sa fille et des biens seront achet es par celles ci mais la ru n aura pas la permission de faire des achats qui s ils sont faits ne le seront pas pour elle L acuit des tensions et des con 241 flits entre belles m res et brus dit quel point la qu te de pou voir est un des soucis essentiels des femmes interview es Le d ploiement des dynamiques psycho culturelles l oeuvre dans les processus d crits n est donc pas cat goriser en termes d opposition entre tradition et nouveaut ancien et moderne C est l un faux dilemme Car ces deux registres se situent sur le m me plan eu gard aux vrais enjeux quoi qu il en soit par ailleurs de la diversit des atouts qu ils offrent Le vrai probl me est celui d un triple manque crucial et essentiel et d un triple souci la survie physique d cente le respect social et l affirmation d un pouvoir Chaque femme met en oeuvre le meilleur de ses nergies et de ses capacit s pour combler ies manques dont elle souffre ces
75. d touffe que l on pose sur la t te entre celle ci et la charge Selon P NSARE bai personne ne se soucie de personne au market _ yard Les femmes ici se tirent les vers du nez les unes les autres mais aucune n a de sympathie pour personne comme on dit On s enquiert en pleurant on d bine en rigolant Nila KAMBLE va peindre la hutte qu elle s est construi te de ses propres mains J ai mis quelques sous de c t Faut il d penser sans compter tout ce qu on touche Faut il tout manger et s essuyer le cul la main Que les dal l et ham l prennent le parti des femmes ou s y opposent leur parler reste celui qui a moul leur langue la cam pagne Paru INGULKAR est une pr sidente qui parfois cr e des em b tements Jana NIVANGUNE Mais celle ci ne se laisse pas faire elle ne se rend pas Le dal l lui m me le reconaa t Notre Jana bai ne s abaissera pas aux pieds de cette feuille de restes souil l s grande feuille s ch e sur laquelle on prend son repas et que l on rejette ensuite souill e par les restes impurs du repas sur le tas d ordre pour tre br l e Avec cette comparaison le dal l fait allusion au fait que les moeurs rel ch es de Jana bai d fraient les conversations Les dal l en particulier emploient fr quemment sans retenue un vocabulaire ordurier l adresses des femmes C est un des mo yens dont ils usent ais ment pour faire sentir leur pression et imposer leur autorit Cet usag
76. dans la rue Khadakmal et lui montra le chemin du march par un mari qui travaille r guli rement comme coolie de puis toujours Le travail tenace pour sa famille et l isolement par rapport aux coll gues de travail et aux voisins du quartier ont concentr toute l attention sur le succ s du m nage La com pr hension le soutien et la bonne conduite du mari offrent le bonheur de surcro t Un chant de la metle donnait d j le secret du contentement qui tait accord aux m nages dont la bonne en tente permettait de faire face aux al as du sort Mari et femme de jour et de nuit se chamaillent Dame Lakshmi dit Je vais vite m chapper d ici 206 Ces exemples montrent que c est bien dans le large espace ins citu par l ensemble des repr seriations qui constituent le concept les normes les rapports et les repr sentations du grihastha dharma que ces femmes ont atteint aux termes de leurs efforts en confor mit aux injonctions du mod le ls fois le succ s dans leur m nage et leur famille et la satisfaction mentale d avoir t fid les l image qu elles se faisaient d elles m mes et de leur r le Ivrognerie handicaps et maladie Avec un mari faible doit exister l change Elle ne doit pas revenir vivre chez ses riches parents Les pouses ont re u cette le on et l ont faite leur Elles sont pr tes la mettre en oeuvre Le mari peut tre faible et impotent l essentiel est geal soit pr t l c
77. de gens Il lui faut chercher refuge l ext rieur au del du seuil de la porte dans un recoin de la ruelle Il y a par ailleurs beaucoup de musulmans dans son bidonville Ils viennent chez elle pour lui acheter des l gumes qu elle a rapport s du march Elle n a pratiquement pas de relations avec les femmes musulmanes en dehors de ces rapports d change commercial Ahila partage avec les hommes de sa communaut une forte conscience de caste elle tient sauvegarder et affirmer la fiert et l honneur singulier de sa caste Ranghu DIGHE s est soulag e d un poids qui la tourmentait in t rieurement en construisant ses deux pi ces L une est d sormais consacr e la cuisine et l autre sert de s jour La cuisine se fait dans un lieu ind pendant o elle est chez elle l cart des all es et venues de tous et de tout danger de pollution Dans son pr c dent taudis c tait un capharnaum Il fallait tout y faire au m me endroit la cuisine les re pas le coucher etc M me si on manque de beaucoup de facili t s tout le moins la cuisine doit tre faite part Thaku NANGARE est de caste Vanjari Elle a sans doute aujour d hui atteint soixante cinq ans Elle travaille au march de puis son enfance elle y tait coolie avant d avoir ses r gles Elle est d une sant remarquablement bien pr serv e Elle a toujours la force de transporter des charges Sa fille est venue la rejoindre elle veille ce qu au
78. de produc tion agricole familiale qu elles ont abandonn e en s installant en p riph rie urbaine R gi sp cialement en ce qui les concernait par des rapports de production de type patriarcal o leurs soeurs pa rentes et ccnnaissanres rest es la campagne compargnt leur statut de travailleises des champs celui de b tes de somme leur travail de la terre en faisait pourtant objectivement des productrices de biens agricoles Au march elles ont perdu ce r le qui les liait fortement physiquement affectivement et mentalement ces biens elles ne les manipulent plus d sormais que comme les marchandises des autres Ce r le de productrice agricole elles le comprenaient et elles le remplissaient dans le cadre d un syst me de parent pat riarcal qui le leur assignait fonctionnellement Leurs employeurs au march ne leur assignent point de r le comparable et leur salai re les soustrait en soi l emprise des rapports de parent qui ne leur offraient point de r mun ration p cuniaire pour leur travail aux champs Quant aux rapports d change dont les op rations commer ciales qui se r alisent au amrch sont un maillon et un moment ils leur passent par dessus la t te Elles n en sont que les instruments muets et aveugles Ils ne les concernent point en tant que tels Ce n est point leur business Elles ne sont que d bardeuses Voir Inde Village au f minin op cit p 175 177 kk Op cit p 203 215 101
79. de rickshaw il y a quelques ann es Depuis ce temps elle souffre du pied Cela l obligea abandonner le march car elle ne pouvait plus sans peiner soulever les charges l entrep t Le besoin d ar gent l obligea aller faire lessives et vaisselles Elle faisait cela en 17 maisons particuli res pour 300 roup es par mois En 1989 elle dut retourner au march Il lui est p nible de soulever les sacs de l gumes mais il le faut bien car il lui faut gagner de l argent Tara KAMTE est coolie depuis 35 ans Elle avait auparavant travaill au march au bois Elle y transportait de grandes planches Tara JADHAV s est r cemment embauch comme coolie Maintenant qu elle va habiter Appar Bhavani peth o elle travaillait la cantine du syndicat est trop loin par ailleurs le r chaud o elle cuisait les galettes depuis tant d ann es lui d teriorait la sant Le mari de Gavu BHAREKAR tait coolie Elle ouvrit une pen sion chez elle a marchait bien Mais son mari se mit boire il lui fut impossible de continuer les pensionnaires ne venaient plus Cela l obligea aller comme coolie Yamuna JADHAV est coolie depuis toujours En fait son mari tait tellement soup onneux qu elle dut quitter son travail au march Elle se fit employ e de salle dans un h pital Mais comme elle ne gagnait pas assez elle dut revenir au march Rangu DIGHE transportait des paquets de cannes sucre dans un d bit de jus de ca
80. de ses beaux parents Mais pour les autres elle chercha loin des r seaux d affinit Chez ses parents quatre soeurs et pas un fr re Chez ses beaux parents un beau fr re dont elle ne peut attendre aucun secours R tif toute aide il ne met du moins pas d entraves aux mariages qu elle d cide c est son bon c t Dans de telles circonstances il ne reste qu une alternative se lib rer aussi des r gles concernant les liens d affinit M me situation dans le cas de Ratna PAWAR Son beau fr re faisait obstacle syst matiquement ce qu elle en visageait Son fr re qui vit Pune l y aida Elle maria sa fille avec un gar on qui habite dans la maison voisine de celle de son fr re Sona MARATHE KADU bai et Narmada SONDKAR pour des raisons sensiblement diff rentes mais aussi sous la pression des circons tances et de la n cessit ont d accepter des compromis en fait de coutumes d alliances Indu TAGULE a huit filles et un mari alcoolique et oisif Que faire sinon consentir les donnes un vagabond de rencontre selon les termes d un chant de la meule d hier La tradition se vois d bord e Kala AMBADE est Cambhar Peu de familles de sa caste 154 d artisans intouchables r sident encore de nos jours dans les villa ges de sa r gion d origine Tous cherchent des alliances un peu plus loin chaque jour Mais Kala bai a largi plus que d autres encore l horizon de ses alliances Dagada ABNABE Cambhar aussi eut la m me
81. de son mari Phula PAWAR AINPURE bai fut amen e au march par une soeur de son mari qui s embaucha avec elle Gavu BAREKAR Goja PAKAR y fit embaucher deux soeurs Jai AINPURE 13 et Tai MANKAR Hausa KADU 63 y fit entrer ses deux soeurs Anu SALEKAR et Jija UTTEKAR 96 et fit prendre le m me chemin ses trois filles Kala SHELAR 64 Sula SONDKAR 89 et Mathura Jija UTTEKAR 60 y fit son tour embaucher sa bru Kalpana UTTEKAR et sa fille Mangala BORGE 97 C est BHAME bai qui prit l initiative de diriger vers le march ses deux voisines SABLE bai 41 et BHUMBE bai 21 en insistant de fa on p remptoire Allez venez Je vous fais embaucher au march Hira BHOKAR y conduisait aussi sa voisine SHIRKE bai La voisine qui fit venir Rangu DIGHE au march n tait pas de sa caste c tait une femme de caste intouchable Mahar d c d e maintenant Rangu n aurait pas mang ni pris un verre d eau chez elle mais quand il s agissait d emploi la fra ternit r gnait entre elles On peut r sumer les voies de l embauche au march dans le tableau suivant en se basant sur les r ponses des femmes in terview es la question concernant la fa on dont elles a vaient pris le chemin du march Qui vous a indiqu cet em ploi de coolie Une Gens de Belle Femme du Soeur voisine sa m re fr re du Mari du M re caste mari mari N 68 17 15 2 11 9 17 A 41 10 9 1 7 5 10 Soeur Autres i De Amie parents soi m me connai
82. des particuliers tout en allant occasionnellement travailler comme coolie Elle vient de s y rendre maintenant conme ouvri re r guli re Elle a ar rang une partition dans son taudis sombre de dix pieds sur douze avec des bouts de carton cela lui donne deux pi ces Elle en loue une C est un calcul conomique et une intention de profit sup pl mentaire qui motivent d autres femmes qui n ont pas faire face une telle mis re Bhim CORGE Yashoda RANJNE et Hira DALVI toutes les trois r sidentes de Gokhal nagar se sont construit des pi ces suppl mentaires ont agrandi leur maison ou se sont am nag une i ce part l int rieur de leur demeure pour les louer et en tirer un revenu Une autre pratique semblable est en train de se g n raliser parmi des femmes coolies Elle consiste r sider dans un taudis et accueillier des locataires dans une autre pi ce acquise dans ce but dans le m me bidonville ou dans un au tre L exemple le plus typique est celui de SONDKAR bai Flle s est acquis deux pi ces Bibv vadi sans tage pour l instant Au lieu d y r sider elle m me elle y loge son fils et sa bru Elle continue de r sider dans le bidonville en face de Sai baba Elle a lou les pi ces qu elle s est b ties la Colonie Janata Elle envisage maintenant de vendre pour 15 ou 20 000 roup es la pi ce qu elle occupe Sai baba d utiliser cet argent pour se construire une ar ri re pi ce Bibv vadi
83. dominante tous points de vue puisqu elle concentre les atouts de la sup riorit conomique de la domination sociale et du con tr le politique On comprend donc ais ment qu elle d finisse les modalit s socio culturelles des rapports qu elle entretient par 106 ses dal i avec les femmes porte faix et les hommes coolies sur le march au m me titro que dans les villages Ces repports sont complexes on s en doute et non univoques Le dal l est de notre village dic Chabu NANGARE Vanjari On se sent donc proches de lui Auparavant on tait toujours ex ploit par le dal l chez qui on travaillait Maintenant on est lib r de cette crainte Ahilya HARANAVLE Dhangar est au tant rassur e pour la m me raison Le dal l est de notre caste dit elle Elle a donc pleinement confiance en lui Comme il habite pr s du market yard et qu ayant cravaill dans une cantine elle est bonne cuisini re son dal l 1 envoie chez lui l occasion pour qu elle lui fasse sa cuisine Gita GHULE Marathe relate une m me exp rience d entente et de coop ra tion Ses rapports avec son dal l sont emprunt s d une confian ce gagn e au terme de nombreuses ann es de travail dans le m me entrep t au sesvice du m me patron Au point que celui ci lui confie une certainc responsabilit dans la gestion des op ra tions dans son entrep t Il s en remet souvent elle C est la raison pour laquelle clla ne s implique pas dans les acti
84. du Gouvernement pour enfants de castes intcuchables Des sacrifices ne sont pas consentis seulement pour les gar ons les filles en b n ficient aussi Je ferai beaucoup instruire ma fille Je ne la marierai pas en vitesse Faut pas qu elle ait souffrir le moment venu comme nous du manque d instruction dit Ma thura bai Yamuna JADHAV est m me all e jusqu envoyer sa bru en classe Je ne permettrai pas qu on marie ma soeur trop t t Il faut qu elle aille au moins jusqu en 12 me dit le fils de Shaku PAWAR dont la fille va en classe WADKAR bai fut r pudi e par son mari Elle n a qu une fille en 10 me pour l heure dont elle veut faire une institutrice Ma fille doit pouvoir se suffire elle m me La fille de Jana MORE tudia jusqu 12 me elle travaille Sassoon aujourd hui KONDAVALKAR bai fait tout ce qu elle peut pour l instruction de ses deux filles Elle se battit avec les di recteurs d une cole ouverte pr s du bidonville de Parvati pour les forcer prendre ses deux filles qu ils ne voulaient pas inscrire Lila KARALE fit instruire sa fille jusqu en 10 me A NPURE fit ap prendre la couture sa fille et lui acheta une machine coudre avant maintenant de la donner en mariage Laxmi GORADA me disait que si on ne faisait pas instruire une fille il serait difficile de la marier ensuite En r alit les femmes Dhangar ne font gu re instruire leurs filles Mukta JADHAV et Gita YEVALE bien que veuves ont
85. elle la mal traitait La 2 me mit au monde une fille elle la tortura parce qu elle n avait pas enfant un gar on Elle repartit aussi chez sa m re avec sa fille Elle amena de m me une co pouse son cou sin DHANVE celui qui entre en transe sous l empire de Khandoba car sa premi re femme Tara DHANVE est st rile La co pouse lui donna 3 gar ons Sindhu bai est fermement convaincue que c est le droit le plus absolu d un mari d avoir des gar ons lumi re de la lign e et le devoir d une pouse d y pourvoir par tous les moy ens Elle d ploie dans ce but la m me nergie et le m me esprit d entreprise qu elle eut pour divorcer au d part travailler et gagner sa vie se construire et s am nager une belle maison et un m nage complet investir dans le projet immobilier du syndicat maintenir les contacts avec le village d origine o elle maria son fils afin que celui ci mette un jour la main sur les terres de la 222 famille du premier mari La m me volont de triomphe et d ascendance la fait harceler aujourd hui sa bru Celle ci son tour comme elle m me hier fuit pour r ussir sa vie menac e Mais cette fois la bru n est plus seule Son mari l accompagne pour se sauver avec elle Chabu VADKAR pr f ra quitter sa belle famille d elle m me plu t t que de supporter une co pouse les vexations de la belle m re le reproche de n avoir pas de gar on et l attente anxieuse d en met tre au monde Mieux valait
86. en rien aux heures difficiles et s tre empress de l oublier voil que 225 lorsqu elle a r ussi sortir de la mis re laquelle on l avait abandonn e par ses propres forces on se souvient d elle pour s approprier les fruits de son labeur et de son courage solitaire M me conduite chez les beaux parents de Kala LOKHARE et Laxmi BHAME Comment d s lors trouver soutien et s curit Kala bai a la r putation d une femme dissolue l instar de DHANVE bai sa qm pagne de quartier Elle se lan a Dandekarpul dans diverses occu pations Elle entretint une liaison avec un Mang qui venait r gu li rement chez elle mais que la propre femme des belles soeurs et d autres femmes du voisinage mont rent contre Kala bai au point qu il finit par la battre et l emmena au poste de police la faire battre par la police aussi Elle entretint une 2 me liaison avec une homme plus g qu elle qui la trompa et l exploita Pour l instant elle a une liaison avec un homme originaire du Konkan qui vit chez elle en permanence Elle dut prendre l initiative d ar ranger le mariage de sa fille car son fr re est tr s pauvre IL est souvent chez elle car elle en attend le soutien Ses autres _ parents ont peu de rapports avec elle Ses beaux fr res sont tous des ivrognes qui ont mauvaise r putation au village Elle a mari sa fille avec un gar on d un canton loign du sien Khed Shiva pur avec l aide de connaissances de Pune Les g
87. en son pouvoir de m re atrocement possessive Son gar on avait deux ans quand elle se d cida habiter s par ment avec lui en abandonnant son mari Elle divor a selon les r gles au poste de police de Paud Mais qu elle ait alors divorc officiellement ne lui fut d aucun secours pour avoir droit au respect aux yeux de quiconque dans la soci t Qui sauverait de son sort une jeune bru tortur e pouse d un mari oisif et incapable totalement soumis sa m re Arriv e Pune elle se fait entretenir par un vieillard dont elle vole les us tensiles de cuisine avant de la chasser de chez lui Puis elle se remarie Elle enfante neuf enfants dont aucun ne survit Les deux derniers taient des jumelles Apr s elles elle se fit enlever l ut rus pour 10000 rs en 1989 Elle se dit que toutes ces morts sont imputer au dieu Mhasoba enterr dans les champs de la famille BHOINE son 2 me mari Nul dans sa belle famille n est pr t faire les d penses voulues pour le d terrer l installer et le v n rer comme il se doit Il se venge Elle n a pas elle m me les ressources pour entreprendre cette installation Pour contrecarrer les mal fices de Mhasoba elle a recours au Khandoba qui prend possession de son cousin DHANVE elle lui fait des off randes Elle je ne fait des p lerinages prot ge sa maison avec des photos de dieux Elle a aussi amen 2 co pouses son 2 me mari en plus d elle La l re s enfuit tr s vite tant
88. espace r sidentiel du s jour quotidien et social des rapports sociaux L ailleurs se mani feste avant tout dans des lieux d expression oniriques architectu raux artistiques dramatiques conflictuels etc Il se d finit com me fonds de culture novatrice et condensateur de vie sociale alterna tive Un contexte Cette enqu te se situe dans un contexte dont les dimensions en marquent et en motivent l ensemble En tant que projet de recherche trois aspects sont noter Premi rement le contact pris et maintenu avec les femmes coolies est priori per u par les autorit s et notables du march comme une in trusion pouvant comporter les risques d une mise en cause Ceci rend la recherche un peu difficile mais aussi plus pertinente Cette dif ficult est elle m me lieu de savoir en ce qu elle r v le des points so ialement n vralgiques Deuxi mement cette enqu te prolonge trois sortes d tudes poursuivies depuis environ cinq ans celles sur les dynamiques culturelles manant de cat gories sociales r prim es et en particulier de femmes paysannes celles sur les formes et les con ditions de processus de d veloppement culturel parmi des femmes mar ginalis es et celles sur les dynamiques socio culturelles dans les migrations Troisi mement cette tude se veut le volet indien d une m me enqu te men e en pays musulman des fins d tude compara tive de l thos patriarcal Au del et pr cis ment cause de
89. essentiellement comme une m nag re tout autant aujourd hui qu hier Les symboles les plus significatifs du rapport des sexes par exemple le lit de fer pour le chef de maison et les repr sentations les plus fondamentales concernant la femme restent des jalons socio culturels inentam s Trois repr sentations sont par ticuli rement d terminantes celle de la ma tresse de maison comme Lakshmi d vou e corps et me sa maisonn e en t utes circonstances surtout les plus p rilleuses et d sesp r es un mari ivrogne et ir responsabie malade ou absent ch meur ou impotent etc celle de l impuret des r gles avec la pratique domestique de l isolement symbolique de la segr gation sociale de l pouse et de la femme celle de la femme de maison comme marqu e pcur l int rieur cui sine enfants m nage maintien de la demeure et pourvoyeuse de bien tre pour la maisonn e et ses h tes 65 Nous ne voyons pas de contradiction en ce sens entre la mo dernit de la maison d sir e par la migrante m nag re d un foyer en zone urbaine et l anciennet d autres valeurs et pratiques quoi qu il en soit du contraste apparent entre certains l ments de l architecture de l am nagement et de l occupation des lieux Le statut d une femme a toujours t li ses t ches de ma tres se de maison Sa demeure int rieure est son partage au point d en devenir l attribut de son identit C est donc tout naturel
90. est tr s pauvre elle ne peut en attendre aucune aide Mangal bai est une forte t te Elle est l aise maintenant Les gens jasent beaucoup sur elle d o tire t elle l argent qu elle a Mangal va construire une petite boutique pour sa belle soeur derri re sa maison celle ci y vendra les l gumes qu elle rapportera du march Cette belle soeur a fait sept ans d cole En plus des op rations que l on vient de d crire il faut aus si au march tre aux ordres du dal l pour des services plus person nels Le dal l les envoie ais ment faire des courses un th aller chercher des beignets rapporter Autant de corv es qui ne sont pas compt es parmi les t ches r mun r es Une autre op ration n entre ja mais non plus dans les t ches pay es les coolies remettent dans des sacs les l gumes invendus du jour et les montent l tage dans une pi ce am nag e au dessus de l entrep t qui appartient au dal l comme salle de s jour et bureau Le matin on les redescend Il faut ren dre ce service de bon gr et spontan ment gratuitement Chaque jour il faut ainsi ramasser les restes et remettre l entrep t en ordre D une fa on g n rale il faut bien se dire que dal l et coolies ne 83 sont pas L un par rapport aux autres comme un patron et des em ploy es 11 ne s agit pas d un rapport de commissionnaire porte faix Le d lal a toujours refus de consid rer ses femmes coolies comme des ouvri res salari
91. et de venir loger la Colonie Ja nata Elle y prendrait comme autrefois quand elle y a habi t une ch vre qui s av ra de grand profit Kala AMBADE Dattavadi est de caste intouchable Cambhar Originaire de Mancar Mahalunga mari e Otur district de Nasik elle a deux gar ons et une fille Celle ci fut donn e Karmala district de Sholapur son gendre y tient une boutique Elle s est construit quatre pi ces dans le bidonville en prenant des avances d argent de futurs loca taires Elle a pris 35 000 roup es en 1984 d un tel loca taire la somme est rembours e sous forme de loyer Elle 46 touche actuellement 200 roup es par mois de loyer Deux pi ces sont lou es Ses deux garcons ont abandonn leur m tier tradi tionnel de cordonnier Ils sont charpentiers Le mari est mort dans un accident Le fils a n boit il fut mari une fille de caste Marathe qui le quitta Les deux gar ons vivent s pa r ment dans le m me bidonville Kala bai met tout son argent dans les frais de la maison Il ne lui en reste plus pour en d poser en banque Une autre fa on de tirer profit de sa maison de fa on fructu euse consiste y accueillir quelques pensionnaires ou passagers Il s agit toujours en ce cas de parents de gens du village ou de la r gion d origine du pays Ces pensionnaires sont des jeunes non en core mari s qui ont trouv du travail Pune ou des jeunes r cemment mari s mais qui a ont
92. et humiliants sont le pain quotidien Que quel qu un vienne de l ext rieur organiser une rencontre au mar ch diff rente des r unions habituelles celles qui se di rigent vers le lieu de la rencontre seront vite apostroph es O est ce que vous allez encore Qu est ce qui vous prend comme le rapporta un jour Anjana YAMGHAR Il en va exactement de m me au march en de telles circons tances qu au village hier autant qu aujourd hui souvent quand une femme se met participer des r unions qui ne sont pas faites pour elle de l avis des notables du village Un jour je demandais son dal l pr sent dans l entrep t O est Yamuna bai j eus pour r ponse des propos d sob ligeants Ces femmes dirigeantes ont beaucoup de temps pour se promener Elle sera partie quelque part L assistance se met pouffer de rire en coeur de fa on entendue Quand Yamuna arrive la t che qui la retenait termin e chacun l envie se fait l cho de la conversation qui a eu lieu afin qu elle comprenne la le on Les dal l sont des maqueraux commente Hira DONDKAR Ce sont des salauds aucun d entre eux ne se pr occupe de nous ni ne fait rien pour nous C est un fait que les femmes coolies n empruntent jamais d argent du dal l quand elles sont dans un urgent besoin d argent comme le souligne GHODKE bai Qu il s agisse de Tara bai Ratna bai ou de Shashikala bai toutes ont beau se rassurer en se disant plus de cent fo
93. et son esprit d entreprise tenace sauve de la mis re et de la solitude vers les quelles pourrait la pousseur un mari qui boit Ses coll gues pr tendent qu elle le bat sans retenue quand il rentre saoul A Pune depuis 25 ans diverses occupations lui ont permis de maintenir la famille avant de s embaucher au march il y a 4 ans En 1982 el le acheta une premi re pi ce pour 1200 rs Dand karpul Elle vient de s en acheter une deuxi me pour 800 rs un taudis en t les Elle y a mis des murs Depuis qu elle va au market yard chaque jour elle fait un d p t en banque aupr s d une employ e de ban a qui vient sur le march Avec ces conomies elle a mari sa ilie cela a co t 1800 xs Les beaux parents de la fille habitent aussi Dandekarpul Ils sont originaires de Pomgao Le beau p re travaille Chinchvad et gagne 2500 rs par mois 1988 Le gar on par contre ne fait rien on ne sait trop si son p re perdit sa premi re femme ou s il la r pudia Sa deuxi me femme dont on ne sait s il l a pous e ou la garde comme une ma tresse a t ame n e du Konkan Le mari de Sakhu boit et ne cesse quand nous le rencontrons de chanter les louanges du dal l En tout cas dit il depuis qu il est coolie au march c est les veaux jours ici pour lui La situation de Sakhu bai s est aussi am lior e depuis qu elle s est embauch e au march Les lessives ne rapportaient que 40 ou 50 rs par mois Le march offre davantage
94. et temporaires voire tout fait occa sionelles De t ches en t ches toutes al atoires et insuffi santes pour nourrir la famille elles ont fini par atterrir au march avec un certain soulagement le travaii de coolie s a v rant proportionnellement mieux r mun r et surtout certain et permanent en fait sinon en droit A mon arriv e ici j ai pris ce qui se trouvait pour me mettre quelque chose dans le ven tre dit Shashikala bai Tant d autres tiennent le m me langa ge telle SUTAR bai On a fait le travail qui se pr sentait avant celui de coolie au march s r Cependant l encore pour obtenir ces t ches domestiques comme pour les travaux dans une cantine ou la pr paration de condiments il a fallu l aide d une interm diaire de connaissance une parente ou une voisine pour trouver ces chances de travail et en montrer le ch2min Seuls des emplois exceptionnels et particuli rement occasionnels tel celui de manutentionaire au service d un ma on sur un chantier de construction ne n cessitent point l aide d interm diaire Mais de tels travaux si al atoires ne sauraient occuper que les premiers jours de l arriv e en ville en attendant que les conseils d une interm diaire de connaissance mettent sur le chemin d un emploi moins al atoire 103 Rappelons titre d exemple le t moignage de Shaku PAWAR qui fut introduite au march avec des amies par une belle soeur qui y travaillait d j la femme du fr re
95. eut 2 en fants Tant que Tara bai a encore la sant et la force elle tra vaille au market yard et tout va bien Mais qu en sera t il d elle quand les enfants de la co pouse auront grandi Que feront ils d elle Ne l abandonneront ils pas sa solitude une fois qu elle aura vieilli La maison d Apar est inscrite sous son nom Elle fait par ailleurs des d p ts en banque Elle ne dit personne qu elle est membre d un Pnisi au march Sinon son mari s approp rierait tout pour boire Elle ne maintient aucun r pport avec BHOINE bai Quand elle s arr te et s coute penser une foule d id e inavouables lui assaillent l esprit Mais que faire Il faut ravaler sa souffrance et continuer en silence Si Khandoba 214 le dieu polygame prend possession de son mari les M vl y de son pays natal la font entrer en transe Elle fait de grosses d penses en pratiques religieuses Sa belle m re se met aussi en grands frais pour que les dieux lui donnent des enfants Avec l argent du bhishi du march elle a rendu les emprunts s est construit une pi ce pour 15000 rs et son mari a pu faire marcher sa boutique de r paration d v los S il lui reste un peu d argent elle en pr te 107 au mois d autres femmes du march J ai l esprit compl tement absorb par ces affaires Elle envisage d installer une boutique de bonbons et de biscuits Elle a pr vu l emplacement du kiosque boutique elle va construire une pi ce rur la maiso
96. f te de Gauri qui oc casionne beaucoup de d penses pour installer Gauri pr parer les mets etc Indu TAGULE est tr s pauvre avec un mari indigne qui ne fait rien Bhishi lui permet de toucher 130 rs par an A chaque fois cela lui sert rembourser des dettes ant rieures Cette fois ci par con tre elle a consacr cette somme un cadeau de bracelets pour ses filles ainsi qu une pi ce d toffe pour leurs corsages Elle n avait jamais encore pu leur faire plaisir depuis leur naissance Une fois a moins f t on mis rable il faut bien faire quelque chose pour ses illes Tara DHAVNE a deux groupes de bhishi l un sur le march et l autre Appar Bibv o elle habite Son mari et sa co pouse sont au courant du deuxi me groupe mais pas du premier Elle le leur a cach Avec l argent du bhishi du march elle s est construit une pi ce arri re et a pourvu aux soins de son mari malade Si celui ci apprenait l existence de ce bhishi tenu secret il s approprierait aussit t tout l argent et le d penserait en boisson Tara bai envi EE aussi d ouvrir un petit commerce de bonbons et de biscuits chez elle Hira GIRE Tulsa PAWAR Babda PILANE Chandrabhaga TEMKAR Chabu SHINDE Mathura bai travaillent toutes sur le m me entrep t Toutes sont dans des situations comparables personne chez elles ne se pr occupe d elles ni n en a souci Toutes sont membres de deux groupes de bhishi et font encore en plus des d p ts en banque D o
97. famille laissant de jeunes femmes sans soutien ni protection avec toute la charge d lever leurs enfants 137 des coolies inter view es sont dans cette situation La m me supr matie masculine con duit au m pris des veuves et leur lutte solitaire pour lever leur famille 25 des coolies interview es le veuvage met de soi hors espace social Trois autres ensembles de faits sont sources de processus nou veaux 34 des femmes rencontr es se sont fait d elles m mes st ri liser tubectomie et 7 ont d j fait st riliser leur bru C est l un important pourcentage compte tenu du fait qu il s ajoute aux 252 aux 137 et aux 77 autrement mentionn s Ce fait indique une forte d rive vers la ma trise de la conception chez les femmes du march Une d rive semblable vers la ma trise du corps se remarque dans la forte fr quentation spontan e des docteurs et le recours d ailleurs abusif aux rem des modernes le souci de la sant est au centre des pr occupations Il implique l attention au corps propre pr c demment refus e La pratique de relations extra maritales de compagnes coo lies est parmi les sujets le plus abondamment et le plus vivement d battus au march et dans les groupes de coolies entre elles On ne peut dire si celles ci sont effectivement plus fr quentes en ville qu en campagne m me si on peut le supposer compte tenu de la situa tion souvent dramatique dans laquelle les femmes coolies se trouvent veu
98. faute aucune est le signe le plus pr cieux qu elle puisse arborer car son mari est le lieu fondamental et crucial d ancrage de sa vie quelque part Un m nage heureux Les attentes entretenues par une femme apr s son mariage sont en g n ral les suivantes avoir plusieurs enfants assurer l un animit de pens e entre mari et femme parvenir r aliser les am bitions qu elle nourrit pour sa femille accomplir ses devoirs de remme et de ma tresse de maison au mieux des exigences prescrites 204 par le grihastha dharma le code des devoirs des poux la maison Ce mod le comprend en particulier les traits suivants les devoirs de l hospitalit envers les parents les gens de la caste et les h tes une bonne ducation impartie aux enfants selon les conditions de la soci t l change et le partage entre les membres de la mai sonn e pour le soutien mutuel de tous et de chacun et leur capacit surmonter ensemble les difficult s qui se pr sentent eux tous Le mod le projette l image d un foyer uni capable de r sister aux al as de l existence et de r ussir r aliser ses voeux de succ s et de bonheur Ceci n implique aucunement le concept de couple mais d finit le cahier des charges des poux l int rieur d un r seau de rapports plus larges La relation des poux n est qu un l ment aus si important et crucial soit il l int rieur de cet ensemble Elle ne peut tre consid r e en elle m
99. forme des rapports nurement contractuels donc partiels et libres du march comme lieu de travail salari induit naturel lement f t ce inconsciemment des types de rapports entre sexes fond s sur des ententes elles aussi contractuelles libres et au tonomes ind pendantes de toute autre all geance entre des indi vidus motiv s par leur d sir leurs besoins leurs int r ts Ces rapports sont diam tralement oppos s ceux qu implique l inser tion organique dans une famille dans un village et dans la soci t Les allusions voil es aux sources occultes de l argent dont disposent des ouvri res dont chacun conna t par ailleurs les res sources personnelles ou familiales renvoie la m me dimension d changes contractuels mercantiles et anomiques entre les sexes L ampleur des discours ce sujet peut exag rer leur importance r elle elle mesure en tout cas l attrait et le d sir refoul qu veille l id e de rapports sexuels libres soustraits toute norme La d tresse effective conduit d ailleurs un bon nombre et femmes des liaisons libres sous les yeux de tous par besoin urgent et irr pressible de compagnon d aide de pr sence humaine et 236 et de soutien dans la vie Les libert s que certaines femmes ou leurs enfants prennent au vu de tous avec les normes r glant les rapports entre sexes t moignent de leur capacit et de leur audace n cou ter que leur volont et leur d sir pour
100. gagna Pun Son p re l y avait pr c d cinq mois plus t t IL l aida s y installer avec ses deux gar ons Son mari la rejoignit par la suite Elle eut ensuite trois filles Hira bai BHOKAR de caste Marathe est venue d Osmanabad re joindre son mari qui l avait pr c d Pune Le peu de terre et la s cheresse de 1962 l avait chass de chez lui Il est coolie au march depuis ce temps Une premi re femme lui avait donn deux filles mais pas de gar on Hira bai avait t don n en mariage par son fr re cet homme d j d un certain ge comme deuxi me pouse pour lui donner un ce Hira bai n a jamais pardonn son fr re de lui avoir g ch l existence en la mariant ainsi Pendant vingt ans elle refusa d adresser la parole son fr re Une fois arriv e Pun elle suivait son mari au march mais celui ci soup onneux 1 gard d une deuxi me femme plus jeune que lui ne lui permettait pas de l accompagner Il la maltrai tait ne lui laissait pas manger la nourriture qu elle avait cuisin e la for ait rester assise dans le coin et il la battait y Hirabai allait certains jours au march Elle vendait en ville avec son mari sur une charrette des i gumes ou bien elle les transportait dans un panier sur la t te de rues en rues apr s les avoir pris au march Elle habite Dande karpul Ce sont des voisines qui l ont fait embaucher au mar ch aux fruits et l gumes Bhimbai
101. glorifier chez sa voisine en lui racontant l pisode en d tail et avec fiert ex pliquant pourquoi et comment elle a ross ses brus Celles ci n ont videmment pas un mot dire Ses gar ons n ont pas la permission de dire quoi que ce soit ce sujet Comme je lui faisait remar quer que dans sa vieillesse ce serait ses brus qui prendraient soin d elle et qu il importait qu elles gardent plut t un bon sou venir d elle elle me r pondit que tant qu elle aurait encore la force de remuer ses bras et ses jambes elle s en servirait pour imposer son pouvoir on verrait la suite en son temps Elle trouve la s r nit et la force de l esprit en allant une fois par mois en p lerinage Alandi et une fois par an Pandharpur avec les v r kari Il s ensuit que quiconque vient chez elle se fait un pieux devoir de commencer par tomber ses pieds en v n ration pour la p lerine assidue Le marathi dharma et la caste sont les sujets dont elle aime tirer honneur et les r f rences de sa vie Si les M vl y lui ont cr des ennuis elle le reconna t c est qu elle ne les a pas trait es comme elles le m ritaient Elles la punirent lors de son quatri me accouchement par de s rieuses br lures De puis elle leur fait des offrandes chaque ann e D une fa on g n rale dit elle Je n ai gu re d amies Le fils de Vimal YADAV fume du chanvre indien et a voulu r sider part avec sa femme Son vice lui a fait perdre son trava
102. il a r ussi soumettre le commerce ses r glements Il est clair que ce Comit est loin de contr ler le n goce de tou tes les denr es m taux mat riaux de construction hois et m me grains et sucre de canne sont encore entre autres vendus dans les quartiers de Bhavanipeth Nanapeth Ganjpeth Gurvarpeth Juni Shikravar etc Denr e Date de sa r gle Date de son transfert mentation sur le market yard Sucre de canne 3 avril 1959 31 mars 1976 Condiments curcuma pices piment 25 avril 1967 31 mars 1976 C r ales lentilles ler janvier 1972 26 janvier 1981 Fourrage 15 ao t 1972 Fruits l gumes oignons pommes de terre 9 f vrier 1976 16 avril 1979 Le Comit de march des produits agricoles de Pune comprend seize membres Trois sont nomm s et treize lus pour une dur e de cinq ans Le maire de Pune le directeur des services agri coles du Conseil de district et un membre du Conseil de canton de Pune sont membres nomm s Trois membres sont lus par l ensem ble des conseillers municipaux de toutes les communes du canton Sept membres sont lus apr les membres des Soci t s coop ratives de cr dit et de services agricoles du canton Trois repr sentants sont lus par les marchands dont les op rations sont soumises au contr le du Comit Tout r cemment les organisations ouvri res ont r ussi obtenir que sur seize membres ur soit un repr sen tant choisi parmi les coolies et que son entr e
103. il faut bien l entreposer l int rieur Comme on ne peut faire la cuisine pr s de la porte o tout le monde va et vient le foyer est install dans le coin oppos la porte moins inauspicieux Entre la porte et le foyer pour isoler le foyer de l ouverture de la porte elles ont empil leurs cruches comme un mur protecteur Shakuntala KORAPE est Lingayat Vani Elle observe avec ri gueur les r gles de puret habituelles Dans une des deux pi ces de sa maison elle a install une boutique qui donne sur la rue Dans l autre dans le coin oppos l ouverture de la porte elle a install le foyer pour que l ombre des visiteurs et des passants ne tombe pas sure les aliments qu elle pr pare au risque de les souiller R vu BHEGADE a une pi ce de cinq pieds sur cinq Elle eut une fille et deux gar ons l a n est mari Pour ce couple elle a fait installer trois planches dans le mur hauteur d homme pour qu on puisse se tenir debout dessous sans se heurter et en a fait la chambre coucher de son fils et sa bru BHAME bai a une pi ce o elle a fait installer un lit de fer Son gendre couchait sur le lit et tous les autres terre quand il s journait chez elle Sona MARATHE a deux pi ces Gokhale nagar et Mavi peth Elle a install une bru veuve dans l une des deux pendant qu elle m me son mari et la deuxi me bru veuve aussi s journent dans la premi re IlL n y a qu un seul lit de fer sur lequel dort son
104. ils sont satisfaits des oracles de Paru bai Sa bru voudrait aller travailler l ext rieur mais son mari s y oppose et elle aussi C est pas pour les jeunes filles d aller travail ler au march Les coolies et les dal l se comportent mal avec les femmes Elle rentre tard du march elle se rend au retour chez d autres femmes de connaissance Le milieu urbain Le milieu urbain ne favorise pas seulement l expansion des rapports institu s par les syst mes de communication r gnants il propose aussi ses propres r seaux fond s sur d autres valeurs et d autres fins Nous ne pr sentons pas ici une observation ex haustive des messages ou des repr sentations ni des formes de comportement r pandus par les syst mes de communication et de rap ports urbains Nous n en prendront que trois exemples pour essa ye de comprendre comment ils affectent les ouvri res du march et coment celles ci r agissent leur gard Plus encore que l tendue imm diate de l impact urbain ce sont ses formes et ses motivations en ce qu elles ont de dynamique qu il importe de sai sir Car ce sont elles qui nous permettront d valuer l ampleur des d rives accept es subies ou voulues La langue Ce n est pas parce qu on a migr Pune qu on oublie aussi t t la langue parl e hier au village On l emploie toujours entre soi tout en se mettant au nouveau vocabulaire urbain sans aucune difficult sinon en le d formant son aise On m le des
105. imposer une co pouse Son mari est coolie aussi Il s enivre L autre co pouse 211 vit s par ment Le mari depuis 2 ans r side chez cette co pouse Il n a plus de rapports avec Chandra bai Il revient pourtant de temps autre chez elle pour lui demander de l argent et la ros ser Elle retrouve son honneur et son rang dans le r le de pr si dente de syndicat Elle trouve recours dans des rites nouveaux l aff t de Leur efficacit Un beau fr re s est appropri de force les terres au village Ses 3 gar ons ont un travail chacun de leur c t Mais sa grande bru la femme de l a n a quitt la mai son elle s est enfuie laissant 3 enfants Sa fille a n e mourut il y a 4 ans C est sa belle m re qui l avait ensorcel e au nom du dieu Mhasoba pense t elle Elle en a recueilli la fille chez elle Tous la maison sont de fervents d vots de Santoshi m t la protection de laquelle ils se sont remis en lui faisant des voeux Voil 30 ans que les voeux tiennent Ils consistent ne prendre de th que le vendredi et faire la puj ce soir l sui vi d un bon repas Autrement je nes et p lerinages jusqu B na r s m me sans parler d Alandi et de Pandharpur chaque ann e et une fois par an l assembl e du village Elle se pr occupe de for mer ses petits enfants dans les bonnes traditions Elle a vers 1500 rs en banque pour obtenir un appartement du syndicat dont el elle est dirigeante Sa pi c
106. inexora blement et constituent le cadre oblig des syst mes de parent et d affinit La table ci dessous indique dans quelle proportion les femmes porte faix interview es les respectent Alliances matrimo Tentatives pour Femmes dont les enfants niales contract es chapper des en bas ge n ont pas en selon les normes coutumes ou des core t mari s traditionnelles normes N 71 32 63 166 42 19 39 100 Des 71 femmes qui ont tenu respecter les normes traditionnel les c est le cas de la grande majorit d entre elles 17 ont m me r ussi s assurer une notori t suppl mentaire en respectant une coutume hautement appr ci e celle qui consiste pour une m re avoir pour bru chez elle la fille de son fr re Des chants de la meule c l braiei t cet honneur et ce plaisir Je fais de mon fr re mon y hi en pr sence de mon d r Des clochettes au pan du ch le de mon moineau de bru Le y hi d formation du mot d origine sanskrite vy hi d signe le fr re comme beau p re de son propre fils d r est Ie fr re du mari qui joue le r le de t moin de l alliance contract e Le p re et le fils dans la m me belle famille Mon gars a fait son choix la fille de son m m Un agoran de parent patrilin aire et patrilignagier am ne l pouse vivre chez son mari c est dire dans sa belle famille Dans cette alliance entre cousins crois s son mari l am ne vivre chez son p re dont le foyer de
107. instal ler constituent le premier affrontement des femmes avec le monde sou vent hostile dans lequel elles entrent Il leur faut jouer des cou des pour s y faire une place et la tenir Errance et mouvance mal de vivre et ins curit inqui tudes et d marches marquent l entr e en zone urbaine Au cours de cette lutte pour un lieu soi o r sider les mig rantes conqui rent difficilement et lentement une demeure o l on est fier d habiter au fur et mesure qu on s en assure la possession in contest e et durable et qu on arrive l quiper et l am nager selon ses besoins et ses moyens Trois ordres de consid rations reviendront notre attention de ce point de vue j Voir Inde Village au f minin op cit pp 237 244 la maison de village cf Espaces des autres op cit p 101 110 155 176 177 188 19 Le premier a trait la situation de crise laquelle sont confront es les femmes migrantes en zone urbaine Le contraste est radical entre cette situation et l occupation tranquille de la mai son fournie au village par la belle famille Dans l environnement urbain souvent peu hospitali re la qu te d un lieu soi s impose comme un premier d fi pour les femmes migrantes qui en errant d m habitat un autre en zones p riph riques doivent prendre la me sure de leurs forces Un premier ensemble de question portera sur l esprit d initiative dont les femmes font preuve en ce domaine d s leur abord
108. interview es L instauration par celles ci d un rap port renouvel avec leur environnement sinon m me une prise en charge plus active de leur milieu font partie des motivations ul times de la recherche titre de prolongement organique de celle ci comme son d bouch naturel Le savoir sur la condition f minine que produit et construit ici la recherche existe comme savoir dans le mesure o ce savoir est savoir de soi et sur soi s originant dans la parole sur elles u mes des interview es Ce savoir est particuli rement m me de r v ler comment les femmes ouvri res int riorisent la place que leur assigne la soci t L objet de la recherche est le sujet La recherche s av re d autant plus valide et l gitime nos yeux que ses proc dures facilitent l exploration du sujet Notre m tho dologie est en ce sens totalement contenue dans notre sujet En d autres termes il faut reconna tre la dimension d objectivit de la subjectivit m me qui est ici l objet et le donn d investi gation Celui ci n est rien d autre que le sujet lui m me dans son monde La recherche et ses r sultats s av reront d autant plus authentiques et utiles que ses d marches favoriseront l approfon dissement de la subjectivit du sujet par ce sujet lui m me non pas en soi et part r p tons le mais en r f rence 4 son monde La pertinence scientifique et pratique la fois de la recherche repose sur cette circularit introspec
109. joue des rapports de force et on asservit les lois ses fins Le sort n a plus le dernier mot i 67 IL LES TACHES DU LABEUR LIEU DU GAGNE PAIN Questionnement D s l entr e en zone p riph rique apr s le pied terre et l abri le second besoin crucial est celui du gagne pain Un toit trouv il faut penser se mettre quelque chose dans le ventre Ces deux besoins sont aussi imm diats et imp rieux l un que l au tre Ils se pr sentent ensemble Pas plus que le premier le second ne saurait se r soudre de lui m me Il faut s y entreprendre Au cun des soutiens offerts par l accueil des premiers jours ne peut assurer le vivre pour longtemps ni offrir d emploi Parents et amis ne peuvent que sugg rer ou conseiller Le labeur du gagne pain se diff rencie aussit t du travail paysan ant rieur par deux ensembles de caract ristiques essentiel les L activit laborieuse la campagne n avait pas du moins subjectivement dans la conscience qu en avaient les paysannes cette dimension d urgence quotidienne pour la survie individuelle qu elle prend d s que les migrants arrivent en ville quittant la ferme et ses travaux Leur travail dans les champs tait une di mension int grante d un statut global Sa fonction et sa valeur taient d termin es par les rapports qu il entretenait avec les autres activit s et r les assign s la femme paysanne et ma tres se de maison dans l unit de production domestique
110. l pop e du Ramayan mod le des vertus priv es et publiques avait d j renvoy Sita son pouse la plus fid le des femmes mod le de d vouement et de suj tion pour mettre fin une rumeur qui circulait injustement parmi ses sujets au sujet de sa femme Cette tradition est maintenue par les hommes depuis lors en Inde Sur les 166 femmes de cette en qu te 23 ont t r pudi es soit 13 8 Z d entre elles Les raisons en sont certes nombreuses et vari es Mais de m me qu on n accusera jamais le dieu cr ateur de la mort de quiconque sur la terre car les accidents les maladies et la vieillesse en sont les raisons videntes on trouve et on indique de m me diverses raisons videntes pour rendre compte de la r pudiation d une femme et justifier la pra tique Pour la femme rejet e le fait reste toutefois gros de cons quences Il lui faut sortir de la maison qui tait son seul refuge son seul lieu possible d appartenance et d existence Elle y perd du coup son honneur de femme et tout droit au respect que seul un mari peut lui assurer 11 lui faut seule en porter la souffrance et le 217 Shaku bai fut rejet e par son mari dans sa premi re jeunes se Elle a un gar on M re et fils habitent part seuls depuis lors et forment m nage ensemble Elle travaille au march depuis toujours Sa m re habitait d j Pune TEMKAR bai fut rejet e par son mari parce qu elle n avait pas gar on Elle avait sans
111. l alcool meurtris par le soup on qu ils entretiennent que leur femme les trompe C est le cas en particulier de Malan PATIL que son mari enferme la maison comme dans une prison quand il s loigne et qui vient surveiller sa femme au march pendant le travail De nombreuses jeunes femmes entre 25 et 35 ans comme SHINDE bai KHAMKAR bai KINARE bai POL bai etc ont vu leur mari perdre leur emploi lors de la gr ve g n rale des usines textiles de Bombay ces derni res ann es La gr ve se prolongeait ind finiment Les hommes rentraient au village d soeuvr s et d sesp r s honteux aussi au sein de leur famille Ils ne devaient juste retrouver leur emploi Un sentiment d chec et d impuissance les blessait Plus d argent en poche Le d but d un go t pour l alcool en ville et d une habitude passag re ajout la frustration et l ennui au village les con duisit vers l alcoolisme pour oublier et tromper l ennui Dans de telles circonstances la responsabilit de chef de famille tomba sur les paules des femmes les for ant migrer ou trouver des t ches plus r mun ratives leur permettant d assurer la vie de la famille Certaines femmes vont prier le dieu de Donje pour que leur mari cesse de boire Tout le monde sait que ce dieu se sp cialise en ce domaine Mais c est une divinit particuli rement crainte Si leur mari se remet boire c est toute la famille que le dieu risque de faire sombrer en repr sailles Pouss
112. la dif f renciation des cultures l attention se portera sur la sp cificit n Dissent and Cultural Dynamics Three Voices from Among the Ovpres sed Rapport de recherche Unesco novembre G Poitevin et H Rairkar Section des Politiques Culturelles Inde Village au F minin G Poitevin H Rairkar L harmattan Paris l Conditions and Forms of Processes of Cultural Development Amon Marginalised Rural and Urban Women in India Rapport de recherche Unesco 1988 Section des Politiques Culturelles Syst m s de Relations et Dynamiques Socio culturelles dans les H rations la P riph rie du Centre Urbain de Pun Inde M harashtra Rapport de recherche Unesco 1986 Section des Politiques Culturelles kkk ire des logiques de rapports sociaux patriarcaux l hypoth se tant que les d rives anthropologiques qui structurellement les g rent ne sont pas r ductibles aux composantes des syst mes socio cono miques et socio culturels qui pr valent dans chacune des soci t s consid r es L thos patriarcal forme une constellation sui generis que nous voulons discerner par une approche comparative de deux aires socio culturelles diff rentes Il va de soi qu il fait appel aux composantes des syst mes sociaux et culturels de ces aires par ticuli res pour se justifier s imposer voire les fa onner ses fins Mais c est sa logique sp cifique que nous voulons par compa raison analytiquement expliciter C est l
113. la soci t s Tr maintient les veuves Toutes ne sont certes pas dans une situation aussi d sesp r e que Lila KAMBLE d j pr sent e ou que Thaku HAZARE Celles ci sont pourtant encore des veuves sans enfant Thaku bai tait n e Pune o ses parents r sidaient depuis toujours Elle s tait enfuie de la maison de ses beaux parents Bheds canton de Mawal en rejetant le mari qu on lui avait donn pour se marier avec quelqu un d autre Son deuxi me mari mourut aussit t Il tait aussi de Bhedse Thaku bai revint Pune o elle alla faire des lessives et des vaisselles pour vivre C tait chez des Brahmanes ce sont des gens bien dit elle Ne gagnant pas assez elle alla au march comme coolie sur la suggestion de Sindhu SHELAR Elle habite aujourd hui Nanapeth un taudis couvert de t les Elle a d pens trois mille roup es pour am liorer sa pi ce avec des murs en t les Sa m re veuve habite maintenant avec elle Personne n aide les pauvres dit elle surtout pas dans une situation comme la sienne IL faut gagner sa cro te soi m me ct vivre de ce que l on gagne Quand le mari est mort et que les rapports avec sa propre famille d origine sont sinon coup s du moins plus rares et moins cordiaux compte tenu du stigma qui marque une veuve m me chez ses propres parents et qu il y a plusieurs enfants lever m me si la famille peut parfois aider par piti plus que par affection la situation es
114. la terre glaise dont elle remplissait des moules briques elle montait sur des camions charg s de briques pour les d charger etc Plus tard elle fut embauch e pour des travaux de terrassement du canal au pied de Parvati En compagnie d une vieille femme qui tait sa voisine dans le bidonville de Dand karpul elle se rendit au market yard o on l embaucha il y a vingt ans Sakhu JORI travailla d abord des travaux de terr sement l usine de m dicaments ayurv diques de Karv Road Quand ces travaux furent finis je me mis vendre des past ques et des l gumes sur le trottoir mais a ne rapportait pas assez dit elle J ai t faire des vaisselles et des les sives Mais je gagnais peu et je devais y aller deux foix par jour La patronne tait emmerdante Comme le travail au march est mieux pay je me suis embauch e ici Bhim GORGE dut quitter son travail dans une cantine publique quand celle ci ferma au bout de nombreuses ann es C est ce qui l obligea s embaucher au march 70 Mon mari tait un ivrogne confie Hira DALVI IL ne gagnait absolument rien et me battait Elle se r fugia chez sa m re Mais celle ci n appr ciait pas que sa fille aille faire des les sives et des vaisselles Je ne supporterai jamais que chez nous on passe sa vie vider les ordures et faire les sales boulots des autres lui dit elle Comme des voisines se rendaient au market yard Hira bai les y accompagna et
115. le jasmin des autres la maison IL nous faut tre compr hensif son gard Anusuya BARDE ne s entend pas elle m me avec sa bru elle essaie pourtant de la comprendre Jija SHELKE est une femme inform e avis e et raisonn e De m me que l on exi ge qu au march les ouvri res aient leur place et soient respec t es il faut aussi penser leur accorder la place et le respect la maison auxquels elles ont droit en tant que brus Elle remet elle m me la gestion domestique de sa maisonn e sa bru Elle ne se plaint ni ne r crimine jamais contre sa bru celle ci se com porte donc avec elle avec affection Jija bai est une femme entre prenante qui ne manque pas d exp rience ni d entre gent y compris dans le domaine des tractations immobili res Le mari d une de ses soeurs tait chauffeur chez Tata Son mariage put ainsi tre ar rang avec un autre chauffeur de Tata qui ne savait toutefois ni lire ni crire Elle en fit un leader et un militant du syndicat il s opposa la direction en r clamant en particulier du mobi lier pour le bureau du syndicat Ses patrons m contents le d nonc rent comme voleur la police Il fut mis en prison et perdit son emploi Il se mit ensuite boire Il put trouver un emploi temporaire dans une laiterie par la suite C est ce moment que la famille quitta le Camp pour venir habiter Navi peth C est un bon environnement o les enfants peuvent acqu rir de bonnes ha bitudes Les d
116. les envo tements et le mauvais oeil Le mari de SONDKAR bai est gardien de nuit Fergusson College Le jour o il se mit boire il se rendit irr guli rement au tra vail et commen a de battre sa femme De l avis de certaines ouvri res Sula bai n est pas d une fid lit au dessus de tout soup on C est sans doute la raison du comportement de son mari Le mari de Kamal KALE est Mang Son travail consiste l h pital public d pecer des cadavres t che d intouchable par tredition Sans doute est il difficile de s adonner sans r pit pareille t che sans vou loir oublier son d go t Il s enivre but sa femme et l insulte KONDAVALKAR a un mari qui boit depuis toujours et dont le vice n a pu que s aggraver avec les incertitudes de la vie Il travaillait au d but dans une usine d ustensiles de cuisine Le manque de mati re brute l obligea arr ter IL trouva s embaucher au march au bois Le feu emporta le magasin et son patron ruin dut le renvoyer Main tenant il fait n importe quel travail qu il peut trouver Il trans porte des marchandises sur une charrette bras Peu d espoir qu il s arr te de boire dans ces conditions et que le taudis de son foyer ne soit pas semblable celui de l exil de Sita comme dit sa femme Elle ne se laisse pourtant pas abattre car le sort de la famille repose sur elle Elle dut s embaucher au march apr s l incendie Voil 20 ans qu elle y travaille Elle obtint une place
117. les hommes 1 r Aux l gumes c est moiti moins Paru KOTKAR se souvient des tarifs depuis 1950 et Hausa KADU depuis 1955 Pour 45 sher dans ce temps l on avait 1 p isa dhab une pi ce de cuivre puis est venu le paisa trou Dans les 35 ou 40 derni res ann es on en est arriv 60 paise les 100 kg C est 60 depuis 1988 c tait 40 avant Les ouvri res protest rent et organis rent de petites r unions et des manifestations Il y eut une augmentation de 20 paise IL est clair que si on compare cette augmentation sur plusieurs d cennies avec l infla tion qui a pr valu dans la m me p riode la r mun ration des coo lies hommes et femmes est loin d avoir suivi le prix de la vie et le taux d inflation l index des prix Ces tarifs ue peuvent toutefois indiquer combien une ouvri re touche en r alit chaque jour ou chaque semaine selon que le dal l paie la journ e ou au bout de quelques jours Le montant de la r mun ration journali re effective varie norm ment Les raisons de ces normes diff rences sont videntes et ni les coolies hom mes ni les femmes porte faix n ont aucun contr le sur elles Tous 132 se sont convaincus de consid rer le montant de la paie qu ils re cevront chaque jour comme un coup du destin qui leur chappe compl tement et qu en cons quence il leur faudra rentrer chez eux soit heu reux d une bonne paie soit tristes d une mauvaise selon que le sort en d cidera
118. les produits dont ils approvisionnent le march elles ont pourtant quelques rapports avec eux quand ces fournisseurs sont sinon de leur propre village du moins de leur pays Est ce que Anusuya a accouch Mon fr re voulait faire faire une c r monie religieuse puj est ce qu il n en a pas fait passer le message Nouvelles et messages s changent Pour peu que les porte faix en oublient de d barder les l gumes les fournisseurs vont chercher que 109 relle au dal l et celui ci reportera sa col re sur les femmes em ploy es Les clients sont tous ceux qui viennent se pourvoir en l gumes l entrep t du dal l de qui ils les ach tent Ce sont des commer ants grossistes et d taillants qui en de nombreux points de vente de l agglom ration se chargent de la revente aux consomma teurs ce sont aussi des marchends ambulants qui assurent cette re vente non plus partir d un lieu fixe magasin ou place attir e sur le trottoir mais partir d une charrette bras mobile qu ils poussent de ruelles en ruelles jusqu la porte du consomma teur parfois voire atteignent ceux ci le papier de l gumes frais sur la t te Ce sont aussi ceux qui viennent de plus loin que de Pune avec un camion ou un tempo charger ces v hicules de l gumes et fruits pour des d taillants et des consommateurs plus loign s Le rapport des coolies avec ces clients est m diatis ind pendamment de la prestation de la t che de manu
119. m thode est plus qu une simple observation participante dans la mesure o elle sert une intention d intervention Le projet de recherche est motiv par le d sir d tablir avec les femmes comme cadre m me de la recherche une forme de contact et de rapport qui brise avec les contraintes et les inhibitions auxquelles elles sont soumises crainte et d pendance vis vis des maquignons suj tion aux interm diaires de diverses sortes foss culturel et linguis tique entre l intervenante et les ouvri res contr le des hommes et pression des maris discrimination de castes isolement et divisions internes etc Par l appel une parole franche et libre dans des conditions d changes propices une expression spontan e la recherche veut devenir d une part auto analyse et introspection chez les inter view es Elle promeut d autre part l audace d une parole autonome Par les questions ouvertes et progressives de l intervenante l autorecherche tend devenir analyse coop rative et souvent col lective compte tenu du fait que les interviews sont rarement af faire priv e L articulation des questions et de l auto analyse sur les pro bl mes quotidiens l exp rience et les conditions de vie concr te LS ES des femmes consid r es fait de la recherche une d marche d inves tigation anthropologique appliqu e orient e vers des transforma tions ventuelles des fa ons de voir des attitudes et des com portements des
120. mais qui ne lui ont jamais refus leur assenti ment ni encore moins os lui intenter un proc s de l gitimit La justice du syst me reste enti re Il prend m me sa revanche en stigmatisant au dedans les consciences de celles dont il a tol r la licence jusqu un certain point Car la licence ne peut tre que celle du sexe f minin une existence masculine ne connaissant jamais de tare La permissivit ne tol re que ies entorses faites par des femmes aux normes tablies Les hommes ne sauraient tre fautifs Cette conscience de faute claire ou confuse aig e ou 238 larv e emp che en tout cas toute r valuation des normes tout dou te leur sujet Elle emp che que des exp riences d anomie puissent jamais se percevoir comme l amorce ou le voeu d une nouveaut socio culturelle Cela implique une dualit de la conscience partag e entre son exp rience et les valeurs d une tradition h g monique L me en d t resse devient une conscience fautive Elle se rach te semble t il en partie si elle en prouve le besoin comme c est souvent le cas par le recours aux dieux aux p lerinages aux je ns ou la transe Le m rite que la pratique des dieux conf re compense le d m rite social de conduites contraires aux normes Du manque la gratification des strat gies psycho culturelles Les conclusions pr c dentes soul vent deux ensembles de ques tions Premi rement comment rendre compte d
121. mari les autres terre Bayda PILANE a une pi ce o elle r side avec son gar on Son mari l a renvoy e Elle a achet un lit de fer et ins tall un placard dans le coin Le gar on dort sur le lit et elle terre Le placard sert garder les habits et les livres de son gar on qui tudie dans un institut de techno logie Il r ve d tre ing nieur Ces t moignages pe mettent de mesurer quel point la fier t que l on tire de l am nagement de latrines et d une salle de 250 bain l int rieur de la maison donc tout pr s de la cuisine et du foyer repr sente au niveau des repr sentations et des pratiques un changement d attitude et de perception de grande importance sym bolique Le prestige qu on y gagne est un tel gain social que le sta tut qu il conf re balaye d un coup les r ticences que le syst me des repr sentations relatives la pollution par ailleurs vivantes et d terminantes comme on vient de la voir ne pouvait de toute viden ce viter d engendrer dans un tel cas Les l ments essentiels de ce syst me tiennent le refus de l accueil l int rieur de la maison d une autre femme de caste intouchable Mahar et l installation du foyer loin de la porte pour viter que m me l ombre d un individu de caste impure ne souille les aliments ainsi que le s jour au dehors pendant les r gles sont les pratiques les plus significatives du syst me traditionnel de l intouchabilit en tant que cad
122. mari et en prit un deuxi me un Mang Jija bai n ira pas chez sa voisine prendre f t ce un verre d eau Les portes des deux mai sons se font face litt ralement mais Jija bai prend bien soin qu aucun courant d air ne l effleure en provenance du Mang d en face apr s l avoir effleur M me comportement en ce qui concerne les deux soeurs Jayashri BHOSLE et Kamal RANE Ce bidonville de Dhankavdi me disent elles est envahi par toutes sortes de castes Nous on n entre en rapport avec personne On ne mange pas avec des Mahar Mang Rangu DIGHE la Colonie Janata vivait c te c te avec des Mahar Mang M me point d eau pour tous On remplissait leurs cruches en transvasant l eau des n tres Des gouttes d eau rebondissaient de leurs pots sur les n tres On se sentait souil l Maintenant Appar Bibv elle s est construite une maison grande comme un beau bungalow plus question de se souiller Tout en tenant ce langage elle reconnaissait cependant qu elle devait son embauche au market yard sa voisine de la Colonie Janata qui tait Mahar Bien qu au march travaillent des gens de toutes cas tes confondues l esprit de caste est toutefois profond ment ancr dans les esprits Selon DIGHE bai Je suis al e hier au bureau du Comit de march Mr Kale que je rencontrais me disait que main tenant on voit des femmes Mahar poser des demandes pour tre em bauch es comme coolies Jusqu ici ces femmes taient tol r es com
123. me car elle ne se suffit pas elle m me ni n a sa fin en soi Elle n est pas une valeur en soi et pour soi Elle vise d autres buts qui constituent et tablissent les modalit s et les conditions de leur succ s et de leur contentement Certaines femmes s estiment satisfaites d avoir r ussi de ce point de vue r aliser leurs voeux Thaka JADHAV a deux enfants infirmes Le travail de cuisini re l a physiquement affect e et celui de porte faix est p nible Mais mari et femme ont les m mes sentiments L entente fait porter le poids de la vie Ils donnent leu s enfants les tra tements vou lus et arrivent faire vivre leur famille avec ce qu ils gagnent Si les enfants donnent du souci c est ensemble et avec l aide des dieux que tous assument Leur destin Anusuya TANDALE a un m nage heureux Son mari a un emploi Si la premi re entreprise o il travaillait ferma par manque de tra vail iJ a trouv un emploi journalier Il ne jouit plus d aucun avantage social Ni fonds de pr voyance ni prime Le m nage est ins tall Appar Bibv vadi depuis 1987 o il s est construit une pi ce arri re pour un montant de 15000 rs IL faut envoyer un peu d argent la maison o vit un beau fr re attard et o les beau parents qui en prennent soin ont besoin d aide La terre a t mise sous le nom du beau fr re car la terre celui qui la cu tive telle est la loi du jour Le couple retournera au village une fois l d
124. me balayeuses Qu est ce qui leur prend de vouloir tre coolies Jija SHELKE repartit ainsi en col re en entendant M Kale Tout le march est maintenant rempli de ces salopes r mda Autrefois du temps de Thorat on ne prenait pas une femme Mahar au march Haru SULE Dhangar est log e sur une plate forme Bibv IL y a des Mahar ici ou l dans ce bidonville dit elle IL faut al ler chez eux lors des mariages Comment pourrait on y chapper Voyez ce qui se passe de nos jours Il faut alors prendre une tas se de th un repas mais celui ci est pr par par des cuisiniers brahmanes Il n y a donc aucune difficult y manger Shaku KORPE est Lingayat Vani On ne respecte pas les r gles de caste nous On ne croit pas qu on est pollu par d autres Mais malgr ces rapports on ne se marie pas avec eux Jana NINVANGUNE a pour voisine Kamal POTDAR Mahar de naissance qui a maintenant des rapports avec un homme SONAR Janabai va chez elle y boit et y mange y fait entrer ses enfants Elle l aida beaucoup lors de son dernier accouchement Shaku PAWAR nous fit entrer chez Kala AMBADE Cambhar On y prit th et rafraichissement Quand il s a git de repas je ne fais pas attention aux castes dit elle Paru INGULKAR de m me a ne me fait rien de boire un th chez un Ma har Hira GIRE entretient d excellents rapports avec tous Mahar 158 Mang Cambhar Vanjari etc Paru bai a pour voisine Sona MARATHE dont un
125. me en rapprochant l Inde de l Occi dent que les march s commencent de prendre la forme que nous leur connaissons aujourd hui avec leur comit de gestion Les Britan niques avaient grand besoin de ses mati res premi res Ils favori s rent donc la formation de march s centraux leur permettant de trouver ensemble sur le m me lieu les diverses marchandises dont ils avaient besoin Places de march et classe marchande se d ve lopp rent de concert Des comit s de march se fond rent pour as surer l quipement et la gestion de ces centres d change Des agents interm diaires dal l ou commissionnaires adt se multipli rent en lien avec les classes marchandes Des manutentionaires ns embauch s comme coolies ham l pour d barder et charger les enr es Les marchands r ussirent vite controler leur avantage les changes de marchandises agricoles dans la mesure o d une fa on g n rale ils tenaient la paysannerie sous leur emprise Les pay sans producteurs tomb rent en leur pouvoir Ils avaient deux fa ons de vendre leur produits Mais dans un cas comme dans l autre le marchand prenait soin de faire en sorte que le paysan reste sa merci soit qu il vienne chez le producteur lui acheter sa r colte encore sur pied dans le champ ou tout autre produit pr t vendre et emporter soit que le paysan transporte son produit chez le marchand et se contente en retour de la somme que ce der nier tait dispos
126. mettre profit Parfois aus si l atmosph ie de libert qu elles trouvent tout coup dans ce nou ne milieu n est sans les marquer et des carts de conduite sont aciles Suman SONAVNE devint veuve toute jeune Elle a une fille Les gens jasent sur ses moeurs le fait qu elle vive chez sa m re et son fr re est un bon point en sa faveur qui temp re les propos Chabu SHINDE l entendre dut d cider de revenir r sider chez ses parents pour s occuper de sa famille mais ses fr res par la suite la d lais s rent Elle se trouve seule Elle entretient chez elle un div nii dit on Le mari de Shakuntala SHINDE est un ivrogne atteint de tuber culose Il habite au village Sa femme est encore bien jeune Cer 187 tains n ont pas une haute id e de sa vertu Le t moignage de Man gal BORKAR ressemble celui de Chabu bai elle tint le m nage de ses parents dans le besoin et se d sint ressa du sien Elle doit maintenant porter le d shonneur de cette conduite r pr hensible Bien qu elle soit une dirigeante du syndicat elle n arr te pas les langues qui jasent sur son compte Indu JADHAV perdit son mari tout jeune dans un accident alors qu elle avait deux enfants Elle a pris un homme chez elle qu elle entretient Cela d plait ses parents qui pour cette raison maintiennent peu de rapports avec elle Kamal POTDAR Mahar s est mari e avec son oncle maternel qui l abandonna ensuite et ne s occupe plus d elle Sa m re autr
127. mise en oeuvre de leur force de travail comme ouvri res porte faix Deuxi mement ces rapports assument des dimensions et des for mes qui varient naturellement selon le r le des acteurs consid r s dans le proc s de production et d change avec lesquels elles en trent en contact titre de coolies On peut en distinguer deux types IL y a ceux qui s instaurent avec les quatre agents conomi ques qui sont les acteurs d terminants et majeurs du micro syst me d changes dans lequel elles sont impliqu es savoir le dal l le div niji les fournisseurs et les clients Et il y a ceux qui pr valent avec les autres acteurs subordonn s qui comme elles et avec elles se trouvent l au titre de leur force de travail les autres coolies hommes et femmes Troisi mement ces nouveaux rapports sp cifiques du sous sys t me des changes marchands de produits agricoles dont le market ard est l picentre non seulement appartiennent en aval un en semble qui chappe totalement aux femmes coolies ils ne peuvent 105 galement se comprendre en amont ind pendamment des rapports qui pr valaient ant rieurement la migration et l embauche dans l ensemble des r seaux de relations du village Ces derniers ne sauraient de toute vidence que continuer de pr valoir simultan ment et en dehors des syst mes et sous syst mes de relations dont elles sont directement et imm diatement partie int grante au mar ch
128. mod les pourvoyeurs de mauvaise conscience Contre les p uss es et les infractions patents les valeurs traditionnelles r sistent et m me se renforcent Les normes de con duite les valeurs et les principes re us et profond ment int ri oris s par les femmes elles m mes se r veillent au fond de la conscience de ces derni res et les mettent sur leur garde contre les incitations les menaces et les exemples d inconduite notoire ui s talent si ouvertement dans le langage et les comportements q gag P Rappelons les principales formes de ces imp ratifs int rieurs qui engendrent une sorte de mobilisation sur divers fronts pour arr ter les pouss es de l anomie et du d sordre Ce sont la forma tion strictement traditionnelle donn e aux filles la r ticence les emmener au march et les laisser sortir f t ce pour aller trop longtemps l cole en compagnie de gar ons leur mariage dans la parent arrang par leurs parents m me quand ceux ci ont eux m mes autrefois pris des distances vis vis des r seaux de paren t l acceptation du dharma traditionnel d une pouse m me si le mari est le pire des alcooliques l acceptation f t ce avec peine de l tat de co pouse la conviction indiscut e de l importance primordiale du gar on lumi re de la lign e etc Le fait essentiel et le plus significatif de la force des sys t mes tablis et de la profondeur de leur int riorisation par les femmes du march
129. moment de ses r gles celle ci se tienne au dehors Comme le taudis est minuscule il lui faut chercher refuge dans un recoin de la ruelle Elle revient le soir tend un sac de jute dans le coin de la porte au del du seuil et s tend dessus pour dormir Jayashri BHOSALE a trois filles et un gar on Sa pi ce fait dix pieds sur quinze Dhankavdi Elle est mal tenue tout traine partout Elle fait la cuisine dans un coin de la pi ce 49 Dans un autre elle a install une grande statue de la d es se Kalubai qui tient tout le coin Kalubai vient prendre pos session de Jayashri bai qui en est une grande fid le Deux de ses filles encore adolescentes vivent avec elle Au moment de leurs r gles elles s installent sur un sac la porte pour dormir ensemble Elles sont si press es les unes contre les autres qu on ne reconna t plus les membres entrem lel s dit elle Ambu KOKARE et Saru SARGARE sont toutes les deux de caste Dhangar originaires de la r gion d Atpadi et de Sangli El les habitent le bidonville situ pr s d Appar Bibv vadi C est avec Ambedkar nagar le plus insalubre des bidonvilles Leurs taudis sont de minuscules r duits Elles sont trop pau vres pour s acheter un cylindre de gaz pour ia cuisine ou m me un r chaud k ros ne Elles vont la corv e de bois loin dans l2 campagne environnante o elles vont aussi faire pa tre leur ch vres Un coin de leur taudis est consacr au bois car
130. mort de sa belle gt m re Elle a toujours veill maintenir d elle m me l image d une femme de caract re droite et d termin e Elle leva ses gar ons avec soin l a n fit 7 ans et le cadet 10 ans d cole Bien qu on l ait expluls e de chez ses beaux parents elle n a point rompu avec sa belle famille Elle se dispose maintenant renvoyer un gar on au vil lage Elle a mari sa fille Chandivli avez un gar on qui habite Pune L a n est aussi mari Sa bru a fait 8 ans d cole Elle n est pas pr te par contre l envoyer travailler hors de la maison Elle deviendrait trop f t e sortir Mon gar on est tr s articul par na ture Sa femme prendrait le dessus et le dominerait Son d sir est que la bru garde sa place Son beau fr re et sa belle soeur emp ch rent un premier mariage en parlant de maladie de peau Elle trouva un deuxi me mari et fit un beau mariage pour lequel elle avait mis de l argent de c t et emprunt d une banque A la maison ni paillasse ni armoire Mais bien en vidence les photos de mariage en couleur Comme pour beaucoup d autres femmes l album est un point d honneur et un plaisir d importance L argument de la satisfaction Nous aut res on peut aussi avoir de belles photos comme les autres Son mari est un alcoolique mais vrai dire plut t un simple d esprit Il ne s est jamais remari Aujourd hui il revient chez elle de temps en temps Il vit chez lui Pashan o
131. ne peut gu re gagner d argent au march car elle n a plus la force de travailler Tous les gains vont pour les d penses du jour aucune conomie n est pos sible La vieillesse et la fatigue rongent les forces d hier au bout de 40 ou 50 ans de labeur au march Quand il faut pourtant encore s y rendre par manque de soutien ou simplement pour subvenir au moins quelques menus besoins quotidiens l ex emple de Anusuya BARDE ou de Dhonda BORADE le gain est bien maigre et il faut en plus essuyer les moqueries du dal l qui ridiculise des vieilles femmes incapables de soulever des sacs et des cageots Dhonda BORADE n est pas vrai dire dans le besoin comme d au tres Elle travaille depuis 40 ans au march mais elle a eu trois gar ons dont l un a un emploi Pune un deuxi me est paysan au village et le troisi me chauffeur de rickshaw Dhonda bai avait d quitter le village avec son mari parce que son beau p re la harassait tous les deux ont toujours travaill comme coolies Leur maison est confortable aujourd hui Bha vani peth Mais quoi bon rester oisives la maison Elle va donc au amrch mais les dal l et les autres coolies hommes et femmes ne peuvent supporter les anciennes au march Ce n est pas Leur place Ils nous insultent Les vieilles sont bonnes rien Il faut supporter en silence Son gar on cons truit une maison au village o elle se rend souvent Des anciennes l exemple de Dho
132. ouvrier enjeu d une conscience pour soi On a dit plusieurs reprises comment le travail f minin devient d valoris dans son isolement en perdant les attaches fonctionnelles et organiques et les connotations socio culturelles qui le qualifiai ent structurellement la campagne Trois processus l affectent ici en profondeur sa r duction l tat de simple force physique appli qu e des t ches fort limit es re requ rant que force brute son instrumentalisation au service de rapports de pouvoir sa r ifica tion comme objet d change marchand Cela conf re aux femmes porte faix le statut d ouvri res salari es et soumet le travail marchan dise la loi de l offre et de la demande Celle ci seule en d ter mine d sormais la valeur sur le march du travail Or le travail paysan d valoris par sa r ification en marchandise se retrouve une fois plac sur le march comme objet d change nouveau d valu en tant que marchandise de vil prix peine demand e et dont on pourrait m me la rigueur se passer Un paradoxe frappe aussit t A la campagne en se plaignant d un statut de b te de somme la paysanne affirmait que son labeur qu elle savait tre plusieurs titres une des fondations essentielles de l unit familiale de production agricole n tait pas en r alit re connu pour tel Sa valeur ou son importance restait socialement in visible dans le non dit tue obnubil e La paysanne se compara t
133. particu li rement insalubres s y rigeaient J y tais entr e chez Ambu KOKARE Elle repartit Soeur qu est ce que vous tes all e fai re l bas Voyons Est ce que Ambu bai est de n tres C est une Dhangar Des femmes Dhangar de leur c t tiennent le m me lan gage Ah Laxmi Elle est des n tres Les femmes Vanjari qui sont relativement nombreuses au march entretiennent par contre d troits rapports avec les femmes Marathes D une fa on g n ra 116 le on peut consid rer que la discrimination de caste loin d tre n gligeable n est ceperdant pas d une intensit soutenue Une ature discrimination d importance secondaire marque encore les rapports c est celle qui diff rencie les coolies selon leur pays d origine Les fermes du pays de Mawal r gion montagneuse sont celles qui viennent non seulement du canton de Mawal mais encore de ceux de Mulshi V lha Bhor et Purandar S en distinguent les femmes originaires des zones de plaines l est de la ville les aires pla tes de Purandar le canton de Shirur et d autres sans collines Les coolies de Sholapur sont celles qui viennent des environs de cette ville mais aussi de Bhid Osmanabad etc Hira bai elle m me ori ginaire des r gions plates de Shirur r agit une fois tr s agressi vement contre les ouvri res originaires de Sholapur qu elle consi d re tout simplement comme peu recommandables On embauche partout maintenant au march ces salo
134. permettait d obtenir un traitement et des re m des Une fois gu rie d go t e du travail la clinique qu elle trouvait sale elle retourna au march C es alors qu elle glissa et tomba en se cassant des dents Elle dut fai re des travaux suppl mentaires l apr s midi comme femme de salle dans une cole maternelle puis aller faire des vaissel les avant de rentrer chez elle Le fr re de son mari vendit de la terre au village mais garda les 70 000 roup es qu il toucha refusant toute part sa belle soeur La propri taire de la pi ce qu elle avait lou e apr s son expulsion et occupait de puis lors voulut la mettre la porte et lui cr a tous les ennuis possibles coupure de courant etc Son fr re habite c t d elle mais se d sint resse totalement de sa soeur Son gar on vient d obtenir un emploi d lectricien wireman C est son meilleur espoir La fiert ou la honte On ne demande certes point aux femmes coolies quels services elles sont pr tes ou d sireuses de rendre ni comment elles envisagent de les rendre encore moins ce qu elles pensent de l organisation de la division et des conditions de travail au market yard Elles peu vent du moins appr hender leurs t ches avec des sentiments et des jugements qui refl tent des syst mes de repr sentation et de valeur qui ont cours ce sujet dans leur milieu en disant la fa on dont elles se per oivent comme coolies au march central de Pune D une f
135. possible Hira GIRE de caste Marathe avait rig une hutte de bouts de ferraille et de planches dans le bidonville d Ambedkar nagar Elle se lia d amiti avec des intouchables Elle as siste aux r unions d un leader mahar influent Elle a r ussi obtenir une deuxi me pi ce encore plus d labr e Arany shwar Aucune de ces pi ces n est sa propri t Elle ne paie pas non plus de loyer pour le terrain Ambedkar nagar Mais elle tient coucher dans les deux endroits la fois tour de r le un jour sur dex Son taudis Arany shwar est sur le bord d un ruisseau qui se gonfle en saison des pluies jusqu monter la hauteur de son taudis Un jour la police au moment de fortes pluies est venue l avertir du danger et lui ordonner de ne pas rester dans sa hutte la nuit pour de simples raisons de s curit Mais Hira bai n a pas voulu a bandonner son g te Cette m me nuit elle dormit dans sa hutte au risque d tre emport e par une cr e soudaine du ruisseau C est qu elle tient ne pas l cher la place Elle veut se river aux deux endroits Elle ne pouvait supporter son premier mari Elle s enfuit de chez ses beaux parents Son deuxi me mari est mort maintenant On comprend que ni ses propres parents ni ses beaux parents ne veulent la revoir Elle avait un gar on que son fr re leva Ses deux filles elle les mit dans un orphelinat chr tien La soci t l a compl tement rejet e BARDE bai travaill
136. poste de pr sidente de syndicat d o l on apostro phe les autres avec autorit un habitat d o l on habite dans la so ci t un quipement m nager et des p lerinages co teux ou de grosses d penses m dicales qui prouvent qu on a les moyens de l importance laquelle on aspire IL ne s agit pas essentiellement de confort m nager du plaisir de voyager de divertissement culturel avec la TV et des cassettes tonitruantes Il s agit de l clar social que pro jettent immanquablement le montant lev des d penses et des pr ts que l on ne saurait cacher la voix assourdissante des m dia lec troniques et les jeux de lumi re poustouflants des reposoirs des dieux IL faut pater et stup fier avec la force des d cibels bien plus que jouir de la m lodie il faut en jeter plein la vue et sou tirer des cris d admiration plus que jouir des effets de lumi re soi m me il faut jouer la petite bourgeoise en se faisant transporter par son fils sur son scooter aux assembl es de village pour jouir de l effet de surprise sur les hommes et les dieux Avec succ s et ces r ussites des femmes pauvres seules abandonn es veuves maltrait es d valu es ignorantes st riles assujetties battues tout simplement d consid r es parce qu elles sont porte faix au market yard accabl es par les d boires familiaux et tout particuli rement un mari ivrogne et oisif affichent la face de la soci t ce qu elles m mes avec leu
137. pour elles Soit qu elles s ins rent avec bonheur dans ces cer cles soit qu elles en soient meurtries et se rebiffent contre leur pression toutes cependant en ont int rioris l ordre et les valeurs au point que cet ordre op re comme une dynamique d finissant fonda mentalement les objets et les formes de leur volont d identit so ciale l mentaire et les lieux de l obtention du bonheur pour elles m mes et leurs enfants S en fussent elles loign es tant soit peu pour chapper une belle m re m chante ou un marj honni elles veil 177 lent y resituer leurs enfants pour leur viter les ordalies so ciales que des tentatives d ind pendance am nent aussit t Cette dynamique n est si forte et d terminante que parce qu elle accorde d embl e la s curit et la stabilit d un statut so cial reconnu Elle assure une place depuis toujo rs r serv e et assign au sein des syst mes de communication tablis Nulle mig rante ne se trouve ainsi jamais perdue dans un vide de rapports sociaux clat s fussent ils distendus ou bris s en des points don n s Le r seau ne se rompt jamais Seule la mort pr coce du mari et surtout la r pudiation laissent une femme sans feu ni lieu En core est il que ces ruptures ne sauraient rejeter compl tement en dehors du r seau moins que l on s en mette au ban soi m me En r alit dans de telles situations ce sont d autres l ments du r seau qui parent au pire
138. pour l ensemble du Maharashtra devant le Parlement de l Etat en session avec la coop ration de nombreuses autres organisations et groupes d action dont Garib Dongari Sanghatna engag s aux c t s des ouvriers non organis s Les femmes porte faix du march aux fruits et l gumes en sont Le 20 mars 1928 Babasaheb Ambedkar avait organis le satyagraha de Mahad Ce jour l Bombay des ouvriers avaient manifest dans le m me esprit Il s agissait le 20 mars 1991 ann e du centenai re de la naissance du leader des intouchables de mettre profit cette date pour continuer le combat dans un contexte historique largissant les esprits et les perspectives de fa on unir dans une m me action tous les ouvriers de la ville et des campagnes pour lesquels aucune protection n existe Les 20 et 21 mars 1991 32 femmes sur les 750 que compte le market yard depuis janvier 1991 particip rent l action collective de Bombay Sur 2200 em ploy s masculins 700 jeunes contr leurs des pes es et 1500 coo lies 93 y participaient Cela repr sente un pourcentage gal de 4 dans les deux cas Tous rest rent deux jours dans la capitale du Maharashtra sur le trottoir manifester Kamala MALEKAR rep portait la forte impression faite sur tous par les chants et l nergie des repr sentants de GDS et SSM qui participaient aussi la m me action Venez apprenez nous ces chants Aidez nous composer aussi des chants sur notre condition i
139. pr pare un toran une guirlande de cinq noix de coco at tach es ensemble et on va en p lerinage au sanctuaire de Talj d esse qui habite sur la colline de Dhankavdi et de Caturshrin gi une autre importante d esse de Pune sur Senapati Bopat Road pr s de l Universit Les femmes coolies s y rendent en proces sion en portant solennellement les toran Sur le chemin certaines se trouvent poss d es par la d esse et entrent en transe Cette procession prend beaucoup de temps Mais toutes y participent jusqu au bout tant il est important d en tre Cette c l bra tion rev t une telle signification qu aucune ouvri re ne garde la maison ce jour l Portefaix et hommes coolies tous y prennent part ensemble Les hommes s enivrent et dansent mais personne ne s y oppose L existence du syndicat et le fait d en tre membre et de participer tant soit peu ses activit s ne peuvent cependant pas ne pas provoquer certains changements dans les attitudes et les perceptions des ouvri res fussent ils mineurs L entr e en rap port avec des personnes externes au milieu quotidien de travail et de relation et les efforts de celles ci pour transformer quel que chose dans la soci t sont des v nements qui provoquent in vitablement des r actions Le fait de joindre le syndicat une fois emhauch e sur le march peut aussi r veiller et raviver chez certaines l impact d une exp rience faite ailleurs et dans un au tre contexte
140. quoi qu elle ait fait c est moi qui l ai port e Mais j ai grand peur de notre caste Vanjari Notre cousin Baban Nangare vice pr sident du Conseil de Canton de Mulshi a tu et hach sa cousine en petit morceaux Il s en est d barrass Parce qu elle s tait mal conduite La m re de cette cousine n a jamais dit un seul mot Moi que puis je apr s a dans ma situation Une fille de Sona MARATHE a pous un inspecteur de police Ma har apr s avoir abandonn son premier mari Sa m re maintient des rapports avec elle car sa fille l aide un peu financi rement mais aucun autre membre de la famille ne garde de rapports avec elle Rapports extra maritaux Les mises en garde pour maintenir secr tes toutes d rogations aux normes r glant les rapports entre les sexes au nom de l honneur de la Maison qui ne tol re aucune tare n emp chent point les incar tades voire les entorses et des relations adult res entretenues en connaissance de cause A vrai dire rien de nouveau ni d exception nel en cela Mais il se trouve que le simple fait de travailler au march attire spontan ment sur les femmes porte faix un regard de convoitise dit PANSARE bai Quoi qu on dise ou fasse c est le march Aux yeux de l opinion l image des ouvri res est par na ture trouble Elles sont venues travailler au march pour un salai re de survie leur permettant de faire face la crise qui les menace C est une situation que certains savent
141. rapports des sexes dans la soci t rurale IL s agit tant t de rap ports familiers et cordiaux qui ont pour motivation l appartenance la m me caste ou au m me village une confiance scell e par des ann es de rapports et de services loyaux et une d pendance tradition nelle Cette familiarit devient m me en quelques cas un r el encou ragement de la part d hommes bien intentionn s une promotion f minine voire une conscience des droits et de la lutte pour leur ob tention Plus souvent toutefois sinon la plupart du temps le compor tement du dal l r pond au type contraire de domination masculine dont les atouts sont ceux de toujours labeur impos et surveill inti midation voire r pression verbale et humiliation C est dans ce con texte que prend toute sa valeur le fait que les femmes coolies n em pruntent quasiment jamais d argent de leurs dal l Ceux ci r ont d ailleurs aucun souci de leurs employ es et leur refusent toute aide b n vole Celles ci en retour vitent d en devenir les oblig es L honneur offens rejette au moins symboliquement la suj tion d une obligation personnelle qui deviendrait servitude Dans le sillage et l ombre du dal l le deuxi me p le d ter minant des rapports est le div nji le comptable un des atouts ma jeurs de l employeur dans le 1e de rapports de travail l entre p t Celui ci est le lettr le clerc celui qui sait lire et crire et tient les comptes
142. re disait elle encore pour d noncer l arrogance d une autre femme Kamala MALEKAR disait A quoi bon cr ner quand on travaille dans la terre plein de terre vous rentre dans le cul quand on s asseoit terre Hira BHOKAR con fiait ses mis res Si vous coutiez le r cit de mes d boires les larmes vous vindraient aux yeux tant j ai eu d preuves J ai souf fert comme Sita en exil dans la for t Mais le d nuement s loigne un jour La chaleur du soleil tombe sur vous un temps puis se re tire et l ombre vous recouvre sa place C est ainsi qu il en est Il nous faut donc continuer trimer dur Les jours passent et ne se ressemblent pas litt ralement les jours tournent Un chant ne dit il pas Femme ne te laisse pas abattre par ton d nuement Je te le dis a s en ira la tache sur la lune Hira bai avait fait de ce chant la v rit de sa vie Mohit SUTAR nous disait J ai beau tre musulmane je suis une femme comme les autres C est ce que je dis ces femmes les castes d partagent mais les moeurs d partagent ils Pourquoi est ce que vous me repoussez comme une gamine parce que mon mari a deux femmes 167 Des dictons reviennent aussi spontan ment la bouche Me voil vieille mainterant dit BARDE bai Je ne peux plus travail ler mais un peu d ouvrage offrirait un petit soutien au m nage Je ne soul ve plus les cageots mais au moins je veux tre utile au coussinet pais morceau
143. re Hausa KADU a su et pu compter Je suis si d munie J ai quatre filles Elles sont tr s jolies mais n ont aucune instruction Je les ai plac es depuis le d but au march Ma soeur aussi y travaille Elle peut veiller sur elles toutes Cela l a certes sauv e d un souci grave mais elle a en core cherch consolider cette assurance d une entraide familia le par une alliance Cette soeur est maintenant la belle m re de sa fille les deux soeurs ont mari respectivement leur gar on et leur fille l un l autre selon une pratique tr s appr ci e au Maharashtra Hausa bai a tabl sur deux sortes de rapports qu el le a renforc d un m me coup ceux du compagnonnage au march et ceux de la parent par eilleurs Mais ce sont ces derniers qui 114 offrent essentiellement la base et le fondement des liens d entraide qu elle attend dans son d nuement C est en un mot le syst me des rapports de parent et d alliance qui est le plus significatif et crucial Les rapports de travail au march n alt rent en rien la for me des rapports de parent traditionnels ni leurs modalit s quotidi ennes Laxmi bai et Haru bai sont belle m re et bru et toutes les deux porte faix Mais pas un instant on ne saurait observer que leur com portement traditionnel en soit un tant soit peu chang du fait des op rations de travail au march Leurs rapports restent ce qu ils sont au foyer et en famille Il en va de m me de celles qui sont b
144. relative la marque et l impact des sys t mes de relations sociales et des r seaux de communication qui structurent habituellement les rapports humains dans la soci t glo bale sur les enjeux que repr sentent les rapports de travail au march Dans la perspective de cette tude sur les dynamiques cul turelles et les espaces de vie que celles ci tendent se tailler l initiative des actrices sociales ici consid r es cette question implique que l on prenne aussi la mesure des p rim tres d autonomie que les ouvri res sont capables de d sirer et ventuellement d in vestir en provoquant des transformations voulues dans les champs de rapports d termin s d avance par les syst mes de communication soci ale qui de l ext rieur mod lent d embl e leur condition de femmes porte faix Si le vore poge imm diat devient important en tant que support des d marches d embauche il n op re que comme une enclave l int rieur des rapports traditionnels de clan de parent et de caste Il tisse ses fili res d embauche l int rieur des syst mes de caste et de parent de fa on significativement pr pond rante Les entorses leur empire de la part de quelques ouvri res sont des exceptions d autant plus ais ment tol r es qu elles n affectent en rien leur domination 137 La raret de ces derni res ne d ment point cependant la r el le valeur indicative et symbolique qu il faut reconna tre deux pratiq
145. rurale de style patriarcal Le travail en zone urbaine se situe dans un contexte qui lui fait perdre en grande partie les connotations et les va leurs qui en amrquaient l int gration avec les autres dimensions structurantes de l unit de production agricole Le labeur urbain est directement li l imp ratif de s assurer quotidiennement un moyen de survie L activit physique p nible et soutenue qu il implique devient une n cessit vitale Il l tait d j sans doute la campagne mais pas d une fa on aussi particularis e et imm diate Cette n cessit se m diatisait alors par les rapports de coop ration qui liaient ensemble les producteurs paysans dans l u nit de production domestique Elle se m diatise d sormais de fa on ponctuelle quotidienne et sp cifi e par le salair 2 Le travail n tait qu occasionnellement salari hier au village Ce n tait pas l un aspect structurant du syst me des rapports de production dans l unit de production domestique rurale si du moins nous laissons de c t les paysans sans terre ne vivant que de leur tra vail salari Le salaire devient chez les femmes coolies la dimen sion d terminante de l activit laborieuse Celle ci est le moyen du salaire quotidiennement requis pour survivre C est ce qui le particularise c est dire l isole en tant qu entit sociale part et l instrumentalise c est dire lui donne une fonction secondaire Un deuxi me ensemble de carac
146. s y embaucha Gajara OMBASE put facilement s embaucher comme coolie parce que beaucoup de gens de sa caste Vanjari travaillaient d j au march Il en alla de m me pour Chandra UBHE de Nandivli vil lage dont la plupart des homes depuis quarante ou cinquante ans viennent s embaucher comme coolies Saru AINPURE fit lessives et vaisselles pendant beaucoup d an n s mais elle ne pouvait joindre les deux bouts avec ce qu elle gagnait Elle avait des ennuis avec ses patronnes Elle en chan gea quelquefois Il lui fallait chaque fois se faire l hu meur de chacune sans rien dire et se soumettre leurs volont s C en tait trop Elle revint chez elle et y roula des condiments pendant six mois Puis elle s embaucha dans une cantine publi que Elle gagnait soixante roup es par mois faire des galet tes de pain chapati Cela ne suffisait pas Son mari tait compl tement oisif Une belle soeur la fit embaucher au march comme coolie Anusuya TANDALE relate la m me exp rience Lessi ves et vaisselles chez des particuliers ne lui rapportaient pas assez Il fallait en plus se plier aux ordre d une patronne sans mot dire Les patronnes cr ent beaucoup d emb tements C est mieux de travailler au march que sous les ordres d une patron ne conclut elle GHODKE bai fit aussi vaisselles et lessives avant de s embau cher dans un d bit de jus de canne sucre sur la rue Elle se fit coolie ensuite Ahilya HARANAVLE fit
147. se d me ner et trimer pour lever la famille avec son seul travail et ses seules forces prenant la place d un homme d faillant ee le disait d j un chant de la meule qui leur montrait a voie Je suis all e travailler sans mesurer mes forces Sans mesurer mes forces je me sens l nergie d un home 78 Shile RANJNE a deux gar ons et deux filles Son mari perdit son travail l usine textile Raja Bahadur quand elle ferma voil deux ans Ce fut la crise Shile bai va et vient entre Pune le march et le villag Sa belle famille a des champs elle va en surveiller l exploitation Les terres ont t partag es entre son mari et son beau fr re Elle a lou une pi ce de sa maison un institutrice du village Son mari vend des l gumes sur le trottoir Le d fi devient encore plus p nible et lourd quand le mari qu il reste au village ou habite en ville se met boire sans retenue et en devient incapable de tout travail Sa femme la maison doit en plus du reste s occuper de lui en prendre soin voire le soigner Tel mari devient tuberculeux un autre souffre du ventre tel autre tombe malade C est aux pouses de trouver la solution Il est fr quent que des maris ivrognes battent leurs femmes et leurs enfants et fassent des sc nes insupporta bles en toute autre circonstance C est la situation de Shaku SHINDE SABLE bai et de nombreuses autres A vrai dire les maris peuvent tre des buveurs du moirs ils son
148. sont leurs marques sur la ligne de d part d une longue marche de reconqu te d un statut social pour leur travail et de reconnaissance d une insertion sociale nouvelle pour elles m mes Elles n ont sans doute au d part pour atout et ressources dans ce but que leur force physique fragile et menac e dans un tat de d r liction statutaire manifeste au sein d une soci t p riph rique capita liste Cette soci t n est cependant pas totalement sauvage Pour le moment il importe de souligner que la r duction de la force de travail des femmes coolies l tat de pur labeur physique qui ne trouve place sur le march du travail qu en ver tu de la valeur d change que lui conf rent ses qualit s d ner gie purement biologique vendue au plus vil prix contre une sur vie imm diate plus qu mand e que n goci e se pr sente pourtant objectivement et est v cu subjectivement comme une premi re d marche d investissement d un espace de vie nouveau conomique et p ri urbain La valeur d change de cette force de travail de femmes coolies pour minimale qu elle soit n est point nulle Elle mesure qualitativement et quantitativement l acc s certain dans un nouvel espace de rapports sociaux de la part des coolies f t ce titre d esclaves d un ordre et d un syst me de rapports sur lesquels elles sont loin d avoir prise Il faut aussi souligner qu en marge et parall lement au tra vail de coolie les ouvri res du mar
149. t che mais embauche son tour pour la besogne des je nes qui il remet un quinzaine de roup es en leur faisant accomplir par contre toute l op ration Remarquons que cette pratique de sous traitance d une t che ou de sous embauche n est pas sp cifique du march aux l gumes 111 et fruits Elle est couramment pratiqu e dans la construction im mobili re Des maquignons et commissionnaires d un nouveau genre naissent spontan ment sous la pression de la n cessit M Bh gad fait tat d un autre souci qui le pr occupe et t moigne d une autre forme de discrimination prenant appui sur une diff rence socio culturelle Ce que j ai dire c est que les fem mes du pays de Mawal sont d j si nombreuses ici est ce qu on a encore besoin que des femmes viennent de Sholapur s embaucher au march Celles ci n ont rien faire ici Sinon ce sera la pa ga lle ici Le fait est que les coolies originaires jusqu ici en grande majorit du pays de Mawal taluka de Vadgaon Paud et Velhe et de la r gion de Purandar et Bhor consid rent le march comme tant leur p re et m re m yb p c est dire leur gagne pain pro videntiel exclusif et attitr Tout nouvel arrivant originaire d un autre pays non encore repr sent devient vite un intrus voire un voleur et un agresseur Ce sentiment n est certes pas aussi expli citement articul mais il est latent quelque part dans l esprit des groupes premiers occupants Ceux ci
150. tallent au village o elles ach tent des terres Elle ven dia de la terre et investira l argent dans le projet immobi lier du syndicat On comprend que des femmes veuves qui ont r ussi se cons truire une maison Bibv vadi se montrent particuli rement fi res de ce succ s Cela entra ne m me parfois des ten sions avec des beaux fr res dont le prestige est en jeu quand de surcro t elles font preuve d une ind pendance in attendue lorsqu elles d cident d investir dans leur propre maison en ville plut t que dans des d penses familiales exi g es par la famille des beaux parents BHAME bai par exem ple n a pas aid financi rement son beau fr re lorsqu il maria ses filles celui ci voulait qu elle vende sa maison pour faire les frais du mariage de ses filles Ratna PAWAR est veuve aussi Son mari est mort d une attaque cardiaque Il tait coolie aussi Le beau fr re de Ratna bai lui en veut il voudrait que sa belle soeur lui ob isse Mais la veuve de son fr re a n lui tient t te et n en fait qu sa guise Ratna bai a h rit d un peu de terre Il exige qu elle la vende et utilise l argent pour couvrir les frais du mariage de sa fille Ratna bai s y oppose Il me dit de vendre mes terres et mes pi ces et de revenir au village travailler chez lui Ratna bai n y est pas dispos e Elle vendre son lopin de terre le moment venu pour payer les frais du mariage de sa propre fille et am liorer sa maison en insta
151. trouve seule Elle mous invitait entrer chez elle mais le temps nous manquait pour nous attarder plus longtemps Hira bai rencontr e 185 quelques jours plus tard nous dit quel point elle s tait mise en col re contre Jana bai parce que celle ci ne nous avait pas servi manger Est ce l notre fa on de vivre Beaucoup d ouvri res s offusquent et se scandalisent qu on emm ne des jeunes filles travailler au march o l ambiance est si rel ch e et mauvaise Ces filles souilleront l honneur de la mai son craint on M me des veuves ou des femmes r pudi es comme TAN PURE bai ou Gita POLEKAR ne sont pas dispos es y amener leurs filles Elles leur cherchent autre chose Il faut se faire et rester quoi qu il en co te dans la maison o on a t donn e Voil une le on fermement incrust e dans l es prit de toutes force d tre rab ch e depuis la plus petite en fance Depuis des si cles le message a t tant chant et r p t qu il n a pas pu manquer d atteindre celles Adrade Le il tait destin P re et m re disent fille passe ta vie o t es donn e Je te dis paysame le bois du foyer doit br ler pour le foyer Suman PAMGARE a 25 ans Son mari est un ivrogne qui n habite pas avec elle Quand a lui chante de temps autre il revient et il la bat Le beau fr re de Suman bai ne se soucie point d el le Mais ses fr res et soeurs la soutiennent Pourquoi dans ces conditi
152. un animal muet son apport tait immense et inali nable mais comme des boeufs sans parole la paysanne devait offrir son labeur en si lence en personne d autre sinon par feinte n levait la voix pour s en faire le porte parole Son labeur diffusait tous les plans de l unit familiale mais sa valeur n tait point l objet d estime expli cite ni de reconnaissance articul e Elle se d vouait en silence et dans l oubli de soi pour la maisunn e La prosp rit de tous tait sa seule r tribution La t che salari e du march devient un travail reconnu visible compt estim expos et vendu Mais elle perd sa valeur diffuse et implicite Ce n est point l par ailleurs un travail assign et at tendu Au moment o le travail acquiert une valeur marchande d finie et articul e elle apparait dans le syst me de communication capita liste comme marchandise d lest e au maximum de toute valeur C est aux ouvri res d sormais qu in incombe de placer cette marchandise quelque part f t ce vil prix bien loin de pouvoir en n gocier le co t Placer sa force de travail c est au moins lui assurer le sta SL tut de marchandise et s assurer un statut d ouvri re Le travail r mun r le f t il par un salaire de mis re assure l entr e dans un syst me de rapports qui conf re un r le et un statut IL n y a pas d alternative la pure et simple disparition de la marchan dise et de l ouvri re la fois C est la raiso
153. un sentiment d appartenance un m me pays loign Quelques exemples choisis parmi les plus significatifs per mettront de saisir le jeu de ces r seaux de relation au milieu des al as de la vie Sindhu BHOINE est originaire de Savargao et sa pr sente bel le f mille de Vithalvadi pr s de Paud canton de Mulshi Mari e pr c demment Cal sa belle m re la maltraitait trop pas d habit pas de nourritur pas d huile pour sa chevelure un mari soumis la belle m re Celle ci s ar range pour envoyer son fils travailler Pun mais celui ci s y montre incapable de gagner sa vie Il revient la mai son C est un oisif Les belles soeurs et le beau fr re pren nent le parti de Shindu Mais les vexations restent les m mes Cf Syst mes de Relations op cit p 169 171 182 565 Sindhu intente un proc s son mari l ann e o son gar on avait deux ans Je connaissais la loi Je suis all e moi m me en justice J obtins le divorce J avais souffert pendant trop d ann es Apr s a pourquoi laisser mon mari me rejeter impun ment Le p re et la m re de Sindhu avaient auparavant v cu Pun Narayan peth Sa m re travaillait au march et son p re dans une usine de papeterie Mhasoba gate Rentr s chez eux au vil lage Sindhu les rejoint C est alors qu elle obtient le divor ce Mais Savargao ne la nourrit pas sa faim Sa m re l emm ne alors Pune et la fait embaucher au
154. ussi acqu rir de la terre dans le bidon ville et faire venir de Delhi une permission de construire leur maison sur ce terrain Elles se disent donc d livr es de tout souci Personne ne peut plus d sormais nous jeter affir ment elles avec confiance et fiert manifeste Ces femmes vont une fois par mois assister des r unions du Congr s la Con gress House de la ville Quand il y a un programme particulier du parti toutes mettent leur beau sari blanc pour s y rendre Elles ont fait des voyages en Orissa au Madhya Pradesh Delhi au nom et aux frais du parti Le soutien du parti au pou voir est la chose la plus importante leurs yeux Kala SHELAR Laxmi MORE et Anu SALEKAR habitent au pied de la colline de Parvati Sur un terrain qui appartient un musul man pour lequel elles paient le loyer et sur lequel elles ont construit leur maison Elles ont obtenu le service d eau et des cartes de rationnement Kala bai est la fille de Hausa KADU et Anu bai sa soeur On maria Laxmi bai avec un mari infirme Ses parents veillent ce qu elle ne revienne pas chez elle Si tu viens on t attachera pas les pieds et les mains et on te jet tera dans le lac de retenue de Khadakwasla La peur la fait rester avec son mari Celui ci habite la rue Khadakmal Ghorpade peth Il y travaille dans une maison de tabac priser hit C est un buveur qui se plait de surcroi injurier les gens du quartier Le propri taire l
155. valeur et de la m sestime de soi que la soci t voudrait imposer comme des stigmas sur la femme et tout particuli rement la femme migrante ouvri re porte faix au market yard Il ne faudrait pas prendre cette dynamique pour une recherche d ind pendance selon les ter mes d une perspective f ministe IL ne s agit en rien de cela Il s agit seulement de manifester sa capacit son aptitude et son intelligence oeuvrer efficacement en toute autonomie sans tre toujours l in gale des hommes et des hasards d sesp r ment flou e par la vie voire les siens Il s agit donc de d marches qua litativement diff rentes de simples tentatives de socialisation Ce terme n est certes pas d plac ici si l on se met dans une perspective fonctionaliste et ne consid re que le r sultat du processus Mais ce serait l une approche trop statique dont le diagnostic ne dit pas la dynamique qui entraine les processus consid r s Cette dynamique est celle de la victoire voulue sur les frac tures de l existence les traumatismes psychologiques et les stig mas sociaux end miques qui blessent ces femmes par la mobilisa tion des nergies propres Le d ploiement de celles ci et l expo sition des r ussites la d monstration de ld force de lutter et 178 de vaincre agissent comme des titres de reconnaissance publics et pa tents de valeur propre et de capacit accomplir quelque chose qui compte par ses propres forces La transe de poss
156. vri res acceptent la place qui leur est faite dans le syst me de relations de travail qu on leur offre ou plut t leur impose Quels efforts font elles pour investir et conqu rir un espace social r pondant leurs voeux et leurs int r ts la faveur de leur position d ouvri res salari es sur le march central des fruits et l gumes l Le deuxi me est relatif l espace relationnel que le labeur engendre sur le march comme r seau de rapports humains Il con siste comprendre l ampleur et le r le de relations telles que celles offertes par un syndicat des regroupements fins socio culturelles l ensemble spontan des rapports personnels entre femmes etc en un mot tous les rapports intersubjectifs et col lectifs qui s instaurent sur la base des liens nou s l occasion du travail que ce soit en fonction des besoins ressentis des d fis relev s ou d interventions ext rieures au milieu mais qu elles accueillent Dans quelle mesure ces rapports sont ils le lieu d une autonomie de r flexion et d action de prises de conscience et de pratiques neuves Quels dynamismes se r v lent dans ces rap ports Le troisi me est relatif aux r seaux de rapports xternes au lieu et aux rapports du travail salari sur le march Il consiste mecurer la marque sur les rapports institu s par les ouvri res l occasion de leur travail salari des syst mes de communica tion sociale qui les enveloppent de fa on g n
157. vu bai est diff rente Sa belle m re l a vait chass e parce qu elle avait une maladie de peau Mais elle a conscience d avoir un droit sur la maison de son mari Pashan parce qu elle a deux gar ons Apr s le ma riage de l a n elle a fait venir sa bru avec son m nage et les ustensiles de cuisine qu elle avait re us Elle l a emmen e Pashan dans la maison de son amri Sindhu BHOINE dit qu elle ne mettra jamais sous le nom de son gar on sa maison de Bibv vadi ni la cotisation vers e au syndicat pour le complexe immobilier J ai un droit l gal sur tout cela Pourquoi y renoncer Si demain par AE mon fils ne veut plus me reconna tre que ferai je Anusuya TANDALE a acquis une conscience a g e de ses droits depuis qu elle est venue Pune Elle ne permet pas que l on donne la terre qu elle a au village cultiver quel sde qu un d autre Ses beaux parents sont la maison Elle s y rend elle m me au moment des travaux repiquage moisson car dit elle les lois sont telles que la terre passe tout de sui te celui qui la cultive Que faire s il n est possible ni d acqu rir la propri t d un lieu ni de s en assurer l occupation par quelque moyen que ce soit physique ou administratif Il ne reste que le recours la pression sociale collective et la protection de leaders influents avec les quels s tablit une relation de prot g protecteur de client patron Ambu KOKARE Sakhu SAR
158. 1 roup e selon le poids de la marchandise et la rapidit ou la h te avec laquelle la t che est ex cut e pour ob liger le client press Les ouvri res ne re oivent pas un paisa pour le rangement dans l entrep t des denr es qui y ont t d charg es le stockage des den r es invendues dans une pi ce l tage o il faut les monter par une chelle m tallique raide le balayage de l entrep t et de la pi ce l tage la mise en place des bascules pour la pes e Les ouv ri res ne peuvent quitter le march pour rentrer chez elles tant que les denr es que les clients ont achet es n ont pas t totalement enlev es et charg es m me s il faut attendre pour cela jusqu 3 ou 131 4 heures de l apr s midi Ce temps suppl mentaire d attente oisive n est jamais pris en compte Nous on est pour le travail te l en trep t Ne faut il pas qu on fasse tout le travail compl tement et parfaitement En vertu de ce principe s il faut rester au tra vail f t ce sans tre pay pour ce temps et sans avoir le droi de monter se reposer dans la pi ce l tage parce qu il y a l haut une photo du dieu les ouvri res ont consacrer toutes leurs force au travail qui leur incombe Le dal l par contre n est pas cens s en pr occuper Ceux des coolies qui vieruent d charger les camions le soir et pendant la nuit restent au travail jusqu au matin D autres y arrivent le matin Ils transportent les lourd
159. 107 par mois qu en g n ral les femmes se pr tent de l argent Ce peut m me parfois tre plus le v Girja DOMBALE vit dans des conditions mis rables son mari est alcoolique et la bat Elle doit faire face tout Elle emprunte d autres femmes du march des taux qui varient entre 5 et 12 Gita KHATAR est dans la m me situation Le mari et le fils de Tara KUDITKAR ont perdu leur emploi l usine Rajabahadur Le gar on se d bauche Tara bai ne voit qu un recours celui du dieu dont elle recherche la protection en fai sant de gros emprunts pour les d penses qu elle tient faire cet gard Elle emprunte d un usurier Mor de la r gion de Mutha qui travaillait aussi l usine textile de son mari Quand on rend en temps voulu de nouveaux besoins urgents se pr sentent aussit t Si l on veut rendre terme il faut en fait emprunter de quelqu un d autre Lors des mariages les frais de la f te la location d un en droit pour la c l bration les d penses religieuses les cadeaux etc obligent des emprunts in vitables des taux lev s Beau coup d argent est perdu pour les mariages mais il n existe pas d alternative l emprunt Le mari de DARVATKAR bai est un arri r mental Elle dut pren dre le chemin de Pune avec ses deux enfants Il lui fallut faire face tout trouver une pi ce dans le bidonville y amener des ustensiles de la maison Elle a agrandi sa pi ce elle a la TV une paillasse u
160. 25 ans plus qu elle Pendant les 20 ans qui suivirent son maria ge elle ne parla plus avec son fr re qui avait ainsi bris sa vie en la mariant de la sorte Le mari est un ivrogne jaloux Il la bat 215 et la tourmente IL la for a 10 jours apr s l accouchement re tourner vite au travail Elle doit acheter des l gumes au march et de retour du travail s installer les vendre sa porte M me 8i elle revient avec des pieds enfl s il ne saurait tre question qu elle se repose en rentrant Son mari est maintenant atteint de paralysie La co pouse est au village C est donc elle de 1e servir et de le soigner Or il n arrive pas faire le moindre mouvement par lui m me Il faut laver tous les linges souill s Elle se d voue ces t ches sans se fatiguer ni se plaindre C est notre dharma de femme Comment pourrait on s y soustraire dit elle Mais il n est pas question qu elle n glige tant soit peu les devoirs du patni dharma service du mari Sakhu BAMGUDE fut donn e en premier mariage un cousin Rav de Lakshmi la d esse de la Fortune entra avec elle dans la mai son Les terres familiales s agrandirent On construisit 6 pi ces Bombay Or une fois qu elle tait all e chez sa m re son mari pousa une 2 me femme Elle resta chez sa m re ne d sirant plus rentrer chez son mari Son beau fr re vint la rechercher de force elle dut accepter sa condition de co pouse Son mari l emmena B
161. Anu bai sont plus instruits que ceux des autres et ont un emploi L idylle entre fr re et soeur finit par un mariage entre cousins crois s le fr re devint le vy hi de sa soeur et celle ci la vihin de son fr re M me chose encore dans le cas de Shashikala sauf que l alliance est invers e Habituellement c est la fille du fr re qui est donn e au fils de la soeur Ici la soeur tait si pauvre qu el le d cida de donner sa fille au fils de son fr re Rakhma TANPURE du canton de Khed a donn ses filles des Dighe et des Gaykvad de Mutha et Kondur du canton de Mulshi qui sont tous des familles ou des maisons am res ghar ni kagdvi Son r seau de relations d alliance tait d j tabli avec d autres kagvi Le mot kadu kagv i au pluriel qualifie comme adjectif une exp rience bles sante un comportement mordant d un ennemi une affaire douloureuse source d amertume permanente le go t d sagr able d une plante ou d un fruit une vari t v g tale coriace ou grossi re eu gard d autres vari t s ou esp ces tendres et douces une terre impropre la culture pour cause de salinit et de tout autre d faut consti tutif Comme substantif le mot d signe la descendance d une esclave par op osition celle de l pouse premi re ou deuxi me qui est douce god D o l opposition des deux termes populaires gogv et kadv Le langage courant emploie tr s commun ment ce mot kagv pour es familles ou maisons
162. Appar Bib v vadi o elle se construisit son abri comme celui de Sita Elle d posa de l argent en banque et maintenant chez des particuliers Elle lutta pour l instruction de ses enfants Il arrivait souvent quand le p re battait leur m re que les enfants en pouvaient ap prendre ni ne purent passer leurs examens avec succ s Elle alla vi siter beaucoup de dieux mais en vain Elle a maintenant arr t La fille a n e a un emploi dans l lectronique Le mari de Hira bai est ma on Sa paie journali re est bonne mais elle passe surtout en boisson Chaque nuit c est un tumulte infernal la maison Coups querelles et cris Les voisins essayent de raisonner le mari mais il ne veut rien entendre Hira bai recourt beaucoup aux dieux pour que son mari arr te de boire des je nes et des p lerinages mais sans r sultat Elle n est cependant pas al l e Donje car C est un dicu f roce qui lui fait peur A la moin dre erreur si le mari en particulier r cidive apr s une am liora tion il se venge Le fr re du mari vit sous le m me toit mais n in tervi nt pas pour le calmer Hira bai a pendu beaucoup de citrons sa porte sans effet Hira bai s est fait st riliser Elle fait des d p ts en banque chaque jour Ses trois gar ons vont l cole Elle a tout la maison Elle se l ve 2 heures et demie le matin pour tout pr parer pour la journ e Je vis sans sommeil mais que faire 209 Le taud
163. CORGE de caste Marathe de Gokhal nagar soeur de SONDKAR bai originaire de Niv canton de Velh se trouve soudain veuve toute jeune encore avec quatre en fants en bas ge et l indignit qui s attache son tat de veuve r md v comme on l appelle Elle gagne Pune avec l as sistance de villageois Elle habita Nava peth On lui trou va du travail dans une cantine publique dans Tilak Road avant de la faire embaucher au march Elle n eut pas le moyens de faire instruire ses enfants Elle maria ses deux filles Le premier gar on qui travaillait comme menuisier dans une usine mourut t t avant d tre mari Elle est con vaincue qu on l a empoisonn Il avait un bourbillon il fut op r trait par de nombreux dispensaires mais en vain Le deuxi me gar on mari fait le m me travail que son fr re C est un ivrogne Mais Bhim bai a une belle fille qui est employ e la confection de condiments domicile dans une coop rative de production de Pun Elle en fait six ki los chaque jour elle a quatre gar ons Bhim bai a une fille veuve qu elle a fait embaucher comme coolie sur le march avec elle Apr s l inondation de son quartier en 1961 elle fut relog e Gokhale nager par l administration Elle ob tint deux pi ces Kala bai LOKHARE habitante de Appar Indira nagar Bibve vadi Marathe n e et mari e Khecare canton de Mulshi avait un mari qui travaillait Bombay dans une entreprise
164. Car ce sont en tout tat de cause les ouvri res qui les in pulsent Elles en sont la force motrice et les actrices C est donc partir de l intentionalit de celles ci que les processus sont maintenant observer Cette intentionalit repose sur divers ensembles de valeurs et de repr sentations qui la nourrissent Elle jaillit parfois comme une riposte la pression de contraintes externes impos es par les transformations externes des conditions de vie et les crises qu el les provoquent La migration est ici l v nement crucial Quelles qu en soient les causes objectives et les raisons qu on peut en trou ver dans les contradictions de l tat de vie mat riel des migrants et des migrantes celles ci sont toutes des d fis impos s par la for ce de circonstances externes incontournables aux marginalis s au moins dans l imm diat IL faut faire face Comment le fait on Dans quel esprit D autres ensembles de valeur et de fa ons de riposter s originent plus directement dans la volont ou le d sir des femmes et sont davantage de l ordre d attirances spontan es de besoins per us de go ts qui s affirment de vis es subjectives et autonomes voire d initiatives propres En tout tat de cause que la force des choses oblige faire face sur le champ ou que l on suive plut t des inclinations propres ou qu on se laisse porter par des fa ons de sentir et de percevoir v hicul es par le voisinage et le milieu les pratiques son
165. DE et Chabu VADKAR m re et fille font cela depuis plusieurs ann es Anusuya bai habite Pune depuis son enfance o elle tait venue avec sa belle m re A quatorze ans elle allait avec celle ci vendre des l gumes Son mari travaillait dans une scierie bois Ses beaux parents habitaient Bhavani peth Voil qua rante ans maintenant qu elle habite une pi ce Rameshwar chowk qu elle loua quand e quitta sa belle famille avec 82 qui elle ne pouvait s entendre Malgr son ge avanc et son incapacit soulever des caisses de fruits elle rend de menus services contre une petite r mun ration Elle est de celles qui continuent de passer tout leur temps jour et nuit au march Elle ne rentre chez elle que vers midi ou une heure et regagne le march vers dix huits heures apr s avoir pris son bain son repas un peu de repos et pr par son d ner du soir qu elle emporte avec elle Chabu bai sa fille n avait pas d enfant son mari prit une deuxi me femme Elle eut alors une fille mais quitta son mari et vint vivre avec sa m re elle ne pouvait rester avec la deuxi me femme de son mari Cette fille vient de passer l examen de dixi me ann e d cole Chabu bai se pr occupe de la mettre dans une cours professionnel car elle n a pas d assez bonnes notes pour en faire une institutrice Elle passe la nuit au march avec sa m re Anusuya perdit son gar on que l alcoolisme emporta en laissant cinq filles et un gar o
166. Doud o vit son mari pendant qu elle r side Pune Mes enfants sont tr s intelli gents confie t elle Elle les a bien fait instruire Pune Le cadet des gar ons suit les cours du Coll ge d ing nieurs il souf fre de maux de t te en ce moment et garde la maison Mais elle a envoy sa fille vivre Doud sur les terres avec son p re car il faut quelque un pour lui pr parer les repas et tenir la maison et le m nage ses temps libres la fille fr quente pourtant l cole en 7 me ann e pr sentement La race des femmes est faite pour tre m nag re Ahilya HARANAVLE Dhangar a retir sa fille de l cole en 9 me pour lui faire garder la maison Mon gar on n aime pas qu elle continue d aller l cole Les gar ons la chahuteront sur la route et le d shonneur en retombera sur son fr re Au lieu de cela ne vaut il pas mieux la garder la maison et que personne n ait aucune raison de jaser son sujet Quand elle va en classe son fr re la bat s il la voit causer avec quelqu un Sa m re a bien ressass en son esprit la le on que les femmes s enseignai ent la meule au village En croisant une r union d hommes je baisse les yeux sur les ongles de mes pieds Mon fr re en rougit d orgueil i beau comme un seigneur 184 Voil ce qu Ahilya bai s efforce d apprendre sa fille Elle ne la quitte pas des yeux Elle ne l envoie jamais au dehors de la maison m me pour aller au moulin faire moudr
167. Elle gesticule d couvre les manches de son corsage sur son bras Pourquoi les femmes d shonorent elles leurs beaux fr res On attend tout le moins que dans une situation de provoca tion masculine elles r torquent Je suis fille de grands plus piquante que le poivre Parle distance imb cile l honneur sera terni pour rien Vicieux d prav que tu es ton regard est pervers Je suis l pouse de quelqu un je ne suis pas pour toi De tels propos francs et directs sont n cessaires la sauve garde de son propre honneur et de celui de sa famille Sinon on ne manquera pas de dire La m re a mis au monde une fille vicieuse Elle a fait sombrer la fois sa famille et sa belle fam lle Les ouvri res porte faix disent que le d shonneur qui les mar que toutes est d aux moeurs relach es de quelques unes d entre elles comme le croyaient d j les paysannes de la meule d hier Le chant fait allusion celle dont l amant a d chir les v te ments dans son empressement la d shabiller pour satisfaire sa passion Le sari est d chir des lambeaux tra nent dans la rue C est ainsi que la femme qui fornique salit la vertueuse La r probation est parfois sarcastique L arbre p mg r a pouss haut dans le jardin La d voy e est tomb e malade son partenaire souffle des cendres sacr es Ce ne sont pas seulement des distiques de la mouture qui ren dent compte des libert s sexuelles d shonorantes dans l
168. GE et Suman KOKARE toutes femmes de caste Dhangar habitent Appar Bibv vadi un des bidonvilles les plus insalubres de la ville Que feriez vous si ce bidon ville tait ras leur demandai je Elles sourient de ma ques tion et me r pondent aussit t Oh Est ce l affaire seulement de trois ou quatre familles Mille mille cinq rents person nes habitent ici Comment expulser tant de gens Est ce qu il n y a pas nos leaders Ils ne peuvent se passer de nous Cha cun de nos votes leur est pr cieux Si on envisage de faire vacuer le bidonville ils interviennent tout de suite Mais il n y a aucune facilit dans ce bidonville Pas de lumi re pas de robinet ni d eau C est tout humide a restera combien de iours dans cet tat Un jour ou l autre si ce n est le gouvernement ce sera la municipalit qui vont nous donner une bonne place Il le leur faudra bien En ce moment on entend dire qu ils vont reloger les gens d ici quelque part c t d ici Padmavti Non Et supposez m me qu ils ne nous donnent pas d autre place il y a nos leaders non Ils nous obtien dront des facilit s ici non Il nous faut bien supporter les conditions d ici pendant quelques jours Sinon comment voir venir des jours heureux Shaku KORPE Mohit SUTAR et Shashikala bai habitent le bidon ville de Prem nagar Elles font partie du cercle culturel f minin Indira Ghandi Ce cercle est une cr ature du Parti du Congr s Ces femmes ont r
169. IL importe d tre sur ses gardes son gard Un mot de travers son adresse et les rapports avec lui risquent de se tendre au d triment de celles qui savent qu elles ne sont que des ignares souvent capables de ne signer que de leur pouce Le div nji n est point le propri taire ma tre des lieux Il n est qu un employ serviteur du dal l mais il ne prend point place du c t des travail leurs Il est I mule du kulkarni d hier le comptable de village de l poque f odale d avant T ind pendance Il en perp tue la tradi tion dans un autre contexte Il h rite du prestige qui marquait la comp tence et l autorit du kulkarni app d antan dont il a l aur ole aux yeux des ouvri res souvent illettr es Sans le dire tout haut ni en tre explicitement conscientes les femmes coolies restent hant es dans leur esprit par l effroi voire la peur qu inspiraient et imposaient hier au village trois personnalit s dont le savoir et le pouvoir taient indiscut s ainsi que le dit le dicton bien connu ee sonar Er EE E T le kulkarni app ne te m le eur compagnie app et b pp sont des suffixes de respect par ticulier et de distance sociale F Les fournisseurs sont les paysans qui apportent sur le march pour les vendre les marchandises qu ils ont r colt es Ces paysans viennent tant t de villages et de r gions dont les ouvri res sont originaires ou tant t de beaucoup plus loin Bien que les coolies ne font que d charger
170. L important est de souligner le fait que personne ni les ouvriers et ouvri res ni les responsables des syndicats n ont la moindre conscience f t elle fort confuse qu il pourrait en tre autrement ou que l on pourrait envisager de r fl chir des voies possibles de rem dier i cette difficult C est le deuxi me trait sp cifique qui marque les repr sentations relatives au salaire Qu y pouvons nous cette situation est la r ponse des leaders du syn dicat Selon SATPUTE peu de marchandises arrivent l entrep t o je travaille De toute l ann e il n existe pas un seul jour o je puis se me dire que j aurai la chance de me faire plus de 20 rs cette fois l Par contre je sais que souvent a tombe 2 rs seulement par jour Comment survivre avec a Je cherche changer d entre p t Sur l entrep t de Malan PATIL la paie est en g n ral de 10 15 rs par jour Le plus grand maximum monte 4 60 et 70 rs par jour pendant un mois de l ann e a peut descendre 4 rs ce qui ne suf fit m me pas payer le transport pour venir au march Le jour o je suis all e l entrep t o travaillent R vu BHEGADE et Kamala MALEKAR il y avait six mois que l entrep t recevait peu de marchan dises Elles touchaient alors 4 ou 5 rs les meilleurs jours Com ment pouvez vous faire face aux frais de la maison demandai je R vu bai Mon gar on gagne sa vie et me donne quelques sous J ai quelques r serves de c
171. Le matin on met la maison en ordre on fait la lessive et le net toyage On va au cin ma une fois tous les six ou sept mois Sinon la plupart du temps on va chaque samedi chez mon fr re Bhavani peth Je vais autrement rendre visite ma m re qui habite Akluj D s qu elle rentre du march Yanuma JADHAV prend d abord un bain avant de se rendre aussit t chez sa belle soeur femme du fr re 146 de son mari dont la pi ce est contig e la sienne avec son pla teau rempli la main pour prendre son repas en compagnie de sa bel le soeur Une soeur de son mari habite juste en face une autre dans une all e adjacente tandis qu une ni ce habite deux ruelles plus loin Toutes ces femmes vont les unes chez les autres C est un va et vient continuel car telle ou teile a toujours besoin de l aide d une autre Yamuna bai occupe tout son temps libre aller de l une chez l autre Qu une belle soeur tombe malade elle se rend chez elle f t ce par une nuit sans lune situation tr s inauspicieuse elle va agiter sur elle une bh kri galette de pain de millet qu elle jette au loin ensuite rite d exorcisme Quand le mari de sa ni ce fut victime d un mauvais oeil elle se rendit chez le bhagat saint hcmme devin et gu risseur pour le consulter et savoir comment conjurer le mau vais sort C est son travail et son decoir Quand quelqu un du vil lage descend chez elle elle accompagne le visiteur chez les parents qu il tient renc
172. Les syndicats eux m mes deviennent des atouts de pouvoir et donc des enjeux con voit s Rien d tonnant s ils se multiplient sans raison interne ou fonctionnelle li e leurs buts Tout devient raison de frac tionnement Sous le r gime de la raret des biens mat riels ici l empioi et le salaire surtout s ils sont convenables sociaux le prestige et l autorit des pr sidentes l ascendance des lea ders de syndicats culturels la supr matie masculine le pouvoir des pr sidentes sur les autres femmes une occupation jug e digne et politiques le pouvoir de contr le des syndicats par les dal l les atouts offerts par le milieu du travail une volont de pro motion deviennent des enjeux autour desquels on tend s affron ter Cet affrontement ravive les formes traditionnelles et tab lies de la diff renciation sociale que l gitimaient les syst mes de communication de la parent de la caste et du sexe pour faire des atouts qu offre le march des enjeux d une discrimination plus aig e qu auparavant les mod les de rapport traditionnels tendent donc la plupart du temps emp cher un largissement des loyaut s et des cercles d appartenance sur la base d une nouvelle percep tion de l identit des int r ts communs Cette persistance des formes de relations traditionnelles ne reud que plus significativement pertinentes les perceptions rela tives la n cessit d une organisation collective avec un leader s
173. Notre propos est donc d observer d une part l impact parti culier et permanent de ces anciens types de rapports sociaux en globants sur les rapports dans lesquels les femmes coolies se trou vent impliqu es et d autre part de mesurer les transformations qu ils subissent au plan des rapports des coolies avec les ac teurs de leur nouveau milieu de travail Quatri mement les rapports nou s l occasion du travail comme coolies se tissent deux niveaux la fois Ce sont d une part des rapports ouvriers c est dire qu ils s instagrent sur la base et en fonction de l activit de travail et d autre part des rap ports entre personnes humaines hommes et femmes c est dire des relations qui ont la nature de liens personnels et non seule ment de rapports de classes et d int r ts collectifs de cat gories sociales constitu es par une fonction d finie dans le proc s de production et d change L une ou l autre dimension peut pr va loir selon les moments et les circonstances Mais il est signi ficatif que ces deux dimensions s entrem lent continuellement des degr s divers dans le micro cosme des rapports que nous obser vons Cela tait sans doute in vitable eu gard l objet en cause ici et au plan d observation et d analyse auquel nous nous situons A ce niveau ces deux dimensions ne Peuvent se dissocier ni viter d entrem ler leurs dynamiques socilo culturelles respec tives de fa on troite On ne s tonnera donc
174. QA yare CLT DEC CP 007 LA CONQUETE D ESPACE DE VIE PAR DES FEMMES COOLIES Processus d innovation socio culturelle chez des femmes porte faix du march central des l gumes et fruits de Gult kadi PUNE Maharashtra INDE PAR HEMA RAIRKAR et GUY POITEVIN 1991 Ce document a t labor par Hema RAIRKAR et Guy POITEVIN la demande de l UNESCO Les opinions qui y sont exprim es sont celles des auteurs et ne refl tent pas n cessai CLT 92 Ww3 8 rement le point de vue de l Organisation INTRODUCTION Des femmes coolies Cette tude est un moment et une tape d un projet de recher che en cours depuis quelques enn es portant sur les processus mig ratoires la p riph rie du centre urbain de Pune Maharashtra Inde Ce projet n est point une enqu te statistique ni une ana lyse socio conomique ou d mographique dans la ligne de nombreux et excellents travaux d j disponibles sur les flux de population de la campagne vers la ville en Inde et les probl mes d emploi ou d urbanisme qu ils impliquent Notre investigation a pour objet sp cifique les groupes humains marginalis s qui ont migr il y a trente ou quarante ans et qui migrent encore aujourd hui d un mi lieu socio culturel rural d conomie familiale vers un espace ur banis ou du moins un espace de vie soumis des influences socio culturelles des centres urbains Au coeur et en arri re de d placements de population de leur mohilit de
175. Seule leur t che de ma nutentionnaires les d finit et les situe quelque part aux yeux des divers agents conomiques du march qu elles servent Cette r duc tion instrumentale facilite d autant leur asservissement par le da l l un patron employeur qui refuse de se consid rer comme tel pr cis ment pour refuser les devoirs qu il encourrerait en n entrer dans aucune consid ration des droits de ses travailleuses il ne les reconna t pas comme siennes un notable de caste dont on ne sau rait contester l autorit et le pouvoir sans attenter aux liens d ap partenance de caste que l on ne saurait impun ment affaiblir et un homme important qui d tient les moyens de la survie mat rielle par le travail qu il peut offrir celles qui n encourent pas son cour roux Le pouvoir du dal l se manifeste deuxi mement au plan du con tr le qu il exerce sur le syndicat au point d inhiber les vell it s d organisation autonome des travailleurs et travailleuses La domination du dal l se manifeste encore dans la vari t m me des rapports entre sexes que l on a observ La plupart des femmes sont Marathes ou Vanjari comme leurs employeurs On observe ainsi l int rieur de la caste tout l ventail des types de rapports qui pr valent entre notables sociaux ou conomiques et dirigeant d un c t et de l autre la population f minine de ces m mes castes Ces rapports oscillent au march comme au village de la plus grande familiarit
176. a on g n rale par comparaison avec le travail de coo lie les t ches domestiques ex cut es chez des particuliers essen tiellement les lessives et les vaisselles sont consid r es comme fastidieuses et inf riorisantes Toutes les coolies sont de l avis de TANDALE bai de JORI bai ou de Hira DALVI pour qui les t ches d employ es de maison sont sources de tracas de toutes sortes Il faut en effet supporter les fantaisies les lubies et les remontrances ou les remar ques des patronnes En plus de ces emb tements sources d irri tation ce sont des besognes sales qui ne portent que sur des d tritus et des rebuts Les restes des repas sort culturelle gfus ment parlant affect s d une d consid ration qui tient leur aspect de reliefs souillants leur indignit ne peut pas ne pas clabousser celles dont la fonction est d en d barrasser les demeures Il en va de m me des linges souill s Les fem mes coolies per oivent naturellement ces t ches de services comme socialement rabaissantes Ces sentiments sont sans doute att nu s chez celles qui ne les ex cutent qu occasi onnellement l apr s midi titre de besognes d appoint Il n en reste pas moins que ces t ches sont en un sens sources d humiliation pour des paysannes habitu es d autres tra vaux plus nobles Gita YEVALE pense la m me chose de son occupation comme employ e de salle dans une clinique Par comparaison les t ches du market yard sont moins servi
177. a 25 ans de cela Les gens de son village natal l aident en ville Pendant 2 ans sa m re l ve ses enfants A Pune elle r side chez l un et chez l autre Elle n avait que 2 gamelles d aluminium avec elle quand elle gagna Pune Elle cuisait quelques galettes chez des gens et les enveloppait dans un chiffon pour quel ques jours Elle y est toujours Elle a achet la pi ce o elle r side en empruntant pour l am nager selon ses voeux proprement et d cemment Sa bru faisait les galettes de pain de millet terre le jour o nous sommes all s chez elle malgr la paillasse car il y avait trop faire et la paillasse lui semblait peu commode L a n des gar ons travaille dans une usine d aluminium mais il vient de souffrir d vanouissements Sa m re a beaucoup d pens en rem de bhagat et dieux sans r sultat m me s il va mieux pour l instant Le cadet conduit un rickshaw Une bru est la maison Elle tient pen sion pour 3 personnes de qui elle prend 250 rs par mois DARVATKAR bai me confiait en quittant Nous femmes sans mari quelle que soit notre conduite les gens nous calomnient Que faire Sula SONDKAR bru de Narmada SONDKAR et fille de Hausa KADU quitta mari et belle famille pour gagner Pune apr s le premier gar on car son mari l en croire tait attard et il lui semblait impossible de vivre avec lui Ses 3 enfants sont coolies au march aujourd hui Sa belle m re l a fait st riliser Elle travaille a
178. a bai a t renvoy e par son mari qui vit s par ment Pune Sa belle m re couche les pouces devant son fils mais Mathura bai maintient pourtant d excellentes relations avec elle Elle a d ailleurs laiss un de ses ils chez sa belle m re qui vit avil lage Celle ci est g e mais avec l aide de l un ou de l autre el le exploite un lopin de terre Au village il y a le dieu la terre les fr res et soeurs Comment pourrait on les quitter C est un flux continuel de gens et de parents du village chez Phula PAWAR J ai beaucoup de parents a va et a vient ils s jourent ici Moi je suis une femme qui tient la parent le Laxmi MORE est veuve et seule Ses enfants habitent Pune mais loin les uns des autres Elle va chez chacun tour de r le le samedi J ai beaucoup de parents Ma maison en est toujours rem plie d border Certains habitent Pune Je suis sans cesse chez les uns ou les autres confie Lila BHEGADE Indu TAGULE a huit filles dont sept sont mari es C est la mis re chez elle Sa mai son est une ruine et son mari un ivrogne Mais aller et venir chez les uns et les autres et recevoir des visiteurs est pour elle une b n diction Haru SULE a pu mettre quelque argent de c t pour s acheter de la terre du c t d Atpadi district de Sangli son pays d origine en travaillant comme ouvri re Pune et en cono misant Elle est souvent en d placement entre Pune et le village l occasion de mari
179. a caste Les rapports traditionnels de parent et d alliance circonscrivent toujours aussi essentiellement le territoire des liens sociaux d terminant en dehors des sph res de l habitat et du travail l espace relationnel des femmes coolies Dans les limites de la caste ils constituent l univers d apparte nance et de reconnaissance sociale marquant et significatif Nous en d crivons ici les formes et les temps dans leurs lieux propres et montrons comment ils perdurent et fournissent le fondement de l iden tit personnelle et collective des femmes coolies Ce sont leurs r seaux de communication qui induisent les pratiques relationnelles les plus d cisives symboliquement parlant dj sers niveaux On les ob servera ici au plan de la caste de la pareut et de l alliance des rites et des observances religieuses des liens avec le village ses notables et ses assembl es Ils op rent pourtant dans un horizon urbain largi qui les d borde les ouvre et les alt re Cet horizon n a certes pas le r le et la fonction qu avait la communaut de village Il n a rien d une r f rence communautaire Il n est point l assise premi re et origi naire de la personnalit individuelle et sociale des femmes coolies Pourtant il empi te et mord sur les syst mes qui construisent celle ci De nouveaux r seaux de communication urbains projettent leurs re pr sentations et leurs valeurs et induisent des conduites modernes inconnues ou imp
180. a expuls avec sa famille pur cette raison Le mari de Hausa bai tait devenu l ami de ce lui de Laxmi bai avec qui il travaillait dans la m me usine Il le fit venir avec sa famille Parvati pour les avoir com me voisins Laxmi bai mit elle m me de ses propres mains des briques les unes sur les autres pour se construire une mai son Elle apporta beaucoup de pierres pour en faire le sol et acheta des t les pour la couverture Mais voil que de nouvelles difficult s attendent les trois femmes Une femme brahmane voisine a construit une cole Usant de son influ ence elle essaie de faire vacuer un ensemble de soixante maisons du bidonville les personnes concern es ont commenc s organiser tenir des manifestations Elles vont ren contrer les conseillers municipaux de leur quartier pour leur dire que la place leur appartient et qu elles peuvent le prouver avec des documents Elles entreprennent en ce moment de les recueillir pour en faire un dossier Le cas fait beau coup de bruit Les femmes sont absolument convaincues qu el les gagneront Mais pour l instant il faut courir de tous les c t s Laxmi MORE tait seule auparavant Maintenant ce sont soixante familles qui sont unies Toutes ensemble elles font face au d fi qui les menace Elles sont totalement s res du succ s La Colonie Janata est install e sur le canal qui am ne l eau potable Pune du c t de Parvati La municipalit et le gouvernement ont d
181. a meule portent aussi sur les relations extra maritales Retenons le fait d un grand nombre de dictons et de sentences portant sur les rapports sexuels le sexe et le corps f minins Le corps de la femme est le lieu du d shonneur du p ch et de la r probation pour cause de d pravation sexuelle IL est comme marqu et r serv pour l opprobre et l avilissement de la fautive et de sa fa mille l exclusion de l homme Tu riras tu riras illusion que ton rire Fausse est la vie de femme pas de stigmat sur celle de l homme C est l une conviction sociale profond ment ancr e dans l esprit de tous Si l on demande comment r agissent les maris dont les pouses ont ainsi les moeurs l g res la r ponse des femmes est que ceux ci ont appris manger de la merde au sens o ils vivent de ce que rapporte la famille le comportement licencieux de leur femme Ils ont s y faire et laisser faire Que peuvent ils d ailleurs en face de telles pouses Les sangles du palanquin sur l l phant sont cass es La femme est d voy e l homme n y peut rien On peut comprendre comment le mari reste sans recours pour plu sieurs raisons Ce peut tre la peur de la force brutale des d d meneurs muscl s du march ou du bidonville l absence d emploi et de gagne pain le manque d argent dans des situations de besoin pres sant IL faut trouver un moyen quelconque de faire marcher le m nage On ne pr tendra pas que
182. a motivation qui nous fait envisager une tude comparative men e en deux pays loign s l un de l autre tant de points de vue Du point de vue de la m thode notre d marche se veut ph no m nologique Elle privil gie les dires des personnes les r cits de vie le v cu l exp rience des femmes coolies telle que celles ci la formulent D o la n cessit de cr er une situation de re cherche reposant le plus possible sur le lien personnel et une cer taine implication de l intervenante La m thode d exposition des r sultats fera en cons quence largement appel aux exemples con crets choisis d une part pour leur valeur typique symbolique dans le micro social des d rives macro sociales et d autre part parce qu ils nous paraissent n cessaires pour rendre compte de fa on ad quate des d marches et des nergies personnelles dont un nonc g n ral ou th orique perd la substance qualitative Du point de vue des craie sociales r elles et de l agir des agents humains la recherche contribue sa fa on lib rer et motiver des d marches pratiques aux deux niveaux de l action syndicale et de programmes d action culturelle greff s sur les en tretiens d enqu te En tant que recherche elle n est qu un volet d une intervention qui se d ploie deux niveaux en assumant deux r les diff renci s ceux de l investigation et de l engagement actif Cette diff renciation ne fait pas de l intervention une en tit schizoph
183. a pr occupation qui les concerne au premier chef celle de leur s curit Il s av re que des veuves habitent pourtant Bibv vadi Un troisi me ensemble de pratiques r pond une d marche d ac quisition Le d sir de s approprier de la terre n est point chose nouvelle Rien n est sans doute aussi ancien Mais la nouveaut du milieu de vie dont les femmes coolies font maintenant l exp rience st que la terre y est devenue une pure marchandise objet d change commercial Deux aspects uarquent cet change marchand tous riches et pauvres sont irr sistiblement emport s par l envie de l appropri ation individuelle de terre f t ce un tout petit bout de sol et le commerce de ces terrains urbains porte sur des portions qui se me surent au pied carr dont les prix peuvent tre exorbitants Tout le monde la mesure de ses resources est partie prenante dans la course vers l acquisition d un morceau d espace urbain L exemple de Bhim bai CORGE montre comme l occupation de l es pace convoit par la construction d une maison puis par 1 ef fort pour tendre au maximum cet espace b ti est une premi re tactique d acquisition D clar e sinistr e par l inondation qui suivit la rupture du barrage de Panshet en 1961 Bhim bai obtint d tre relog e en deux pi ces Gokhal nagar Elle mit profit l espace vacant qui s parait sur un c t ses deux pi ces du bas de la colline qui les jouxtait pour construire quatre pe
184. a soci t d hier la langue abonde galement en dictons et sentences ce sujet En voici quelques unes titre d exemples Kamala MALEKAR me parlait d une ouvri re du march aux moeurs libres elle en vint me dire A la voir la fid lit m me et des milliers d amants sombr s dans son cul On a recueilli la salope sinon tous l auraient bannie A propos d une autre femme elle employa cet autre dicton Un nom de roi celui de son poux et manger en qu madant des amants puis cet autre En cachette la d rob e des quatre amants entretenus NIVANGUNE bai parlait d une 190 coll gue du march qui ses mauvaises moeurs rapportaient un norme montant d argent en me montrant quel point le dicton tait vrai On fornique sur la couche et on passe toute sa vie en la volant A propos d une autre elle citait cet autre dicton Le saffflovwer n a pas de ver ni la d prav e de remords On ne saurait trop souligner un fait celui qui consiste par ler des ouvri res qui entretiennent des relations adult res avec des ouvriers ham l ou d autres hommes du march ou d ailleurs en utili sant des dictons dont le nombre est foisonnant Un court message de deux mots son amant pour une grandeur immense Quand elle se met forniquer que ne fait elle pas aux gens Quand son cul a faim la voil qui envoie des messages de village en village Jena NIVANGUNE me disait que de nombreux chants de l
185. a une certaine conscience des lois et fait de plans en cons quence son avantage Elle veut installer ses garzons au vil lage apr s leurs tudes Elle se pr occupe des dieux avec la m me mod ration faisant proprement la puj une fois par semaine la maison et se f licitant surtout d entretenir des relations avec des gens recommandables qui vont et viennent chez elle Il ne faut qu une petite famiile de 2 enfants Cela est n cessaire si on tient avoir une maison en ordre et un m nage bien tenu avec les facilit s voulues C est impossible avec une famille nombreuse Elle se fit donc op rer apr s le 2 me gar on Elle veille avec s r nit ce que ses deux gar ons tudient bien Elle a certes envie d un m nage bien quip mais ne se laisse point emporter sans consid ration par la mode et la publicit Pourquoi accumuler sans raison Elle n ach tera pas de TV par exemple car elle veut utiliser son argent pour bien lever ses gar ons les faire instruire et les installer au Village Elle a d cid d investir son argent de fa on productive dans le d veloppement des champs du village SHINDE bai KHAMKAR bai Shanta KINARE et POL bai une ques tion sur le nombre d enfants qu elles avaient r pondaient toutes en commen ant par me dire qu elles se sont fait op rer en accouchant du dernier M me pas besoin de leur poser la question directement Des femmes qui ne sont pas encore fait op rer envisagent de
186. able on jettera cependant sur elles un regard d embl e r probateur Chacune de celles avec lesquelles nous avons convers tient le m me langage propos d elle m me Moi je suis irr prochable je r siste aussi personne ne me cr e d ennuis Mais les autres ne sont pas comme moi Leur comportement pr te objec tion Elles se comportent mal telle est l expression commune Que signifie ce bl me de mauvaise conduite L expression se r f re des comportements tels que ceux ci tre tu et toi avec les ba m l et les dal l se bousculer dessein entre hommes et femmes s insulter rechercher des occasions de contact physique se livrer ces conduites sans soulever d objection et aux regards de tous et 189 surtout entretenir une liaison irr guli res aux yeux des normes re ues Le droit de tutoyer les femmes appartient de soi naturelle ment aux hommes plus g s de la famille et du village ainsi qu au fr re et au mari Il devient une mauvaise conduite quand on le tol re de la part d trangers et entre des personnes trang res ces cercles Rire sous cape sourire de fa on entendue avec des hommes de l entrep t aller sans cesse prendre un th avec eux les fr ler et les toucher sont des comportements jug s mauvais Cha que femme sait que tels manques de retenue jettent le discr dit sur sa maisonn e et sa communaut C est contre quoi un chant de la meule mettait d j en garde
187. age la force de mes poi gnets IJ ne lui manque que la t l vision BHAME bai raconte comment elle vint Pune avec ses quatre enfants un couple de gamelles en aluminium et des pots m talliques Elle n avait rien d autre alors Depuis peu peu elle s est mont tout son m nage KONDKAR bai acheta aussi de l homme qui lui vendit son tau dis deux r cipients en aluminium un r chaud et des pots m talliques Maintenant qu elle a une maison Bibv vadi elle a toute une batterie de cuisine des cruches des plats des sceaux des verres des pots une armoire m tallique un ventilateur Il re lui manque aussi que la t l vision L ambition de KALE bai est encore plus notoire Dans une pi ce de dix pieds sur dix elle a un lit en fer une table pour faire la cuisine debout la TV un magn tophone et de nombreuses cassettes En plus de tous ces meubles un mari et quatre enfants vivent dans cette pi ce Quand je quittais sa pi ce elle appela aussit t sa fille Mets une cassette mets un chant pour la soeur terme habituel pour d signer une visiteuse Dvarka KANDHARE raconte comment sa belle m re ne l a pas laiss emporter un seul ustensile quand elle quitta sa belle famille Eile gagna Pune avec les seuls v tements qu elle portait sur le corps ce jour l Aujourd hui elle montre tout ce qu elle a dans sa maison un grand r cipient pour l eau des plats des sceaux des cruches etc Maintenant c e
188. age la m me mis re Le pire est l ab sence de proches parents Son mari tait un d vergond qui mourut d alcoolisme apr s lui avoir laiss cinq enfants Elle entreprit pourtant avec constance de sa cr er des liens avec des personnes qu elle r garda et respecta comne de vrais parents Le pr sident du conseil de canton de Mulshi M Raut devint son fr re une famme originaire de Kernataka devint sa m re une autre famille devint la sienne Elle habite chez un autre homme Elle fit entre 148 temps un voyage Baroda avec un autre compagnon chez des gens qu elle consid rait aussi comme tant de sa parent Ces nombreux d placements en font une femme inform e et exp riment e Une deuxi me preuve l attend maintenant le mariage de ses filles La femme qu elle regarde comme sa m re semble tre une devdasi femme consacr e la d esse et non mari e puisque consid r e comme l pouse du dieu Elle a arrang le mariage d une fille de MARNE bai avec son gar on Il est impossible d arriver comprendre comment MARNE bai a peu se laisser tromper dans l affaire mais il est fort vraisemblable que Kamala bai en ait retir un r el profit mat riel Le beau fr re de Shaku PAWAR alla travailler au Soudan Il en est maintenant de retour apr s dix ans de s jour Dans l usine o il travaillait il avait fait preuve d une comp tence technique qui avait conduit ses patrons l envoyer au Soudan Il revenait au pays tous
189. ages de p lerinages et d assembl es locales Elle peut aussi surveiller le travail des champs Haru bai n est pas la seule naviguer entre Pune et les champs du village On pourrait en citer beaucoup d autres en exem ple Saru AINPURE Hira CORGE Matha NIMBALKAR Hira DONDKAR Anu suya TANDALE Sakhu SALEKAR Lila DIGHE Jana KHENGARE Paru IN GULKAR Shile BANJNE Phula PAWAR Bhim CORGE Anu SALEKAR Tai MANKAR Indu UBHE etc Les liens avec le village les parents les gens de connais sance peuvent tre aussi serr s qu un noeud de fil de soie qui ne se d noue jamais les fils peuvent cependant s allonger Des re oi s tablissent peu peu en dehors des cercles de la paren t Hira DALVI et Shakuntala SHINDE sont originaires de villages tr s loign s les uns des autres et r sident loin l une de l au tre Pune Leur amiti est pourtant troite et solide O qu el les aillent c est ensemble qu elles y vont par exemple acheter un sari elles ach teront bien s r un sari de la m me couleur du m me tissu et de m me dessin Elles vont demeurer l une chez l au tre et visiter ensemble leurs villages respectifs Quand elles vont un mariage c est bien s r ensemble ou pas du tout Cette amiti s est construite depuis qu elles travaillent au march Kamala MALEKAR sait ce qu est le malheur Son p re mourut tr s t t et sa m re ne lui surv cut que quelques jours Une tante l leva Sa soeur unique part
190. agoniste ni destructeur des loyaut s traditionnelles m me s il en porte les ger mes et parfois le voeu La photo la radio la video l cole l ar moire m tallique les docteurs et leurs nombreux rem des les saris en nylon etc ne sont pas plus destructeurs des valeurs tradition nelles et des normes de caste ou de parent que les moyens de trans port modernes ne disloquent les rapports familiaux ou que l cole ne d truit la culture religieuse et la familiarit avec les dieux Les deux d rives opposent sans doute leur logique et les figu res de leurs pratiques L extension et le renforcement du m me dif f re de son d bordement et de l entr e dans de nouvelles aires de messages et de formes de rapports Mais ces deux d rives ne s oppo sent pas sauf exceptions dans les m mes domaines ni les m mes champs Elles peuvent donc coexister voire se renforcer la fa on dont les jeux de lumi re et des installations sonores modernes re haussent l clat des festivit s religieuses et proclament leur fa on l importance du dieu Le terroir et le sang Le respect et la r ussite Les processus vari s qui ob issent des d rives de formes op pos es sont comprendre non pas en fonction d un antagonisme qui n existe pas quant au fond ainsi qu on l a dit L innovation ne s origine pas dans leur conflit Les processus des d rives d enraci nement et de d bordement sont comprendre en fonction de ce qui les motive
191. ailler l o le d cidera le pr sident du syndicat Il faut se r signer sa d cision On voit le pouvoir que d tiennent les responsables de syndicat leurs leaders et leurs pr sidents Qu un ouvrier homme ou femme r ponde aux pr sidents et pr sidentes se r volte ou s y oppose la vengeance consistera aussi t t mettre la coupable dans un entrep t o la paie est mauvaise Il faut payer le prix de l acc s un entrep t o la paie est sup rieure 133 La gestion de l argent Bhim CORGE fait chaque jour un d p t de 10 rs Si on se casse un bras ou une jambe si un malheur arrive au temps de la vieil lesse il faut aussit t pouvoir disposer d argent dit elle Sa soeur Narmada SONDKAR est d m me avis Dvarka KANDHARE n a pas d enfant elle fait pourtant des d p ts en banque pour les be soins de son m nage et ceux de son mari Ces d p ts sont faits aupr s d une femme employ e de banque qui vient sur le march r aliser les op rations de r ception d argent Dvarka bai s est en plus ouvert un autre compte dans la Banque du Maharashtra quand le montant sera suffisant elle s ach tera un rickshaw qu elle et son mari feront exploiter par un chauffeur qui ils le confieront sous forme d un roulement deux tours par jour Un autre avan tage suppl mentaire de mon emploi comme coolie dit Sakhu JORI c est que depuis que je suis au market yard chaque jour une em ploy e de banque vient recueil
192. ais pas ne pas vivement ressentir un in luctable sentiment de diff rence de distance et d ali nation vis vis des femmes interview es la mesure m me de l effort fait pour tablir le contact le prolonger et l approfondir Etrang re je fis pourtant une exp rience surprenante celle de r ussir tablir un rapport de proximit Ce rapprochement s est av r plus troit avec certaines d entre elles L change devenait de plus en plus confiant au fur et mesure que cette familiarit croissait Mais cette relation privil gi e se r alisa en r alit gr ce la co op ration une enqu te qui se voulait la fois recherche et chance d expression et de prise de conscience de soi pour les ouvri res du march et ventuellement leurs voisines des animatrices rurales de Stri Shakti Mandal famili res d une telle approche Sid Insistons sur les raisons qui ont permis que s instaure un tel rapport Elles donnent l investigation les dimensions parti culi res d une recherche motiv e par des buts d un autre ordre Leur sp cificit donne cette enqu te un cadre d ensemble aux con notations qualitatives suivantes Les interviews taient conduites par des femmes moi comme inter venante externe aussi bien que les collaboratrices de GDS qui avaient ensemble au moment de l entretien comme en dehors de lui d autres int r ts communs que ceux de la simple enqu te en cours La rencontre tait conduite par
193. aisant fond sur les ordres de rapports et les r seaux de relations dont elles ont h rit la naissance Elle les mobilisent pour cette avanc e et les luttes quotidiennes de la survie Les migrantes install es en ville savent exploiter les fi li res de la parent et de l affinit Elles multiplient les ren contres qui se posent elles La migration devient de ce fait un atout pour l largissement de la convivialit au sein m me des r seaux relationnels d finis par la caste la parent et le village D une fa on g n rale les moyens de transport publics bien d velop p s dans l Etat renforcent en favorisant leur d ploiement les liens que la migration tendrait distendre soit entre familles apparen t es et alli es soit entre les migrantes et leur village Ce processus d expansion socio g ographique dans le cadre des syst mes de relation tablis est particuli rement vident et signi ficatif dans le cas des alliances matrimoniales La facilit des changes et des d placements permet de nouvelles rencontres on va chercher des poux ou des pouses de plus grandes distances et dans des r seaux d affins plus loign s Cette pratique est typique d un processus d expansion sans solution de continuit Des femmes ont d et pu trouver dans un largissement de l horizon des allian ces une solution aux contraintes et aux interdits ou l ostracis me qui les affectaient L largissement des cercles de connai
194. ait que la mis re et la faim Elle s enfuit Elle demeure aujourd hui Pune chez un jeune qui fut depuis toujours le voisin de sa m re On dit qu elle l aimait d s avant qu elle se marie Ce jeune tait Mahar et elle m me Vanjari Chabu bai a coup toute relation avec sa fille cause de cette diff rence de caste Kamal KALE a pr sentement un mari Mang mais a gard avec elle sa fille n e d un premier mariage qu elle emm ne avec elle au march Celle ci est tomb e amoureuse d un gar on qui travaille dans une gar gote du march La m re du gar on MOHOL BAI est aussi porte faix au march Son mari s enivre beaucoup et reste oisif la maison son beau fr re et son beau p re l oublient totalement elle n a absolu ment aucun soutien ses cousins se sont appropri de force la terre qui lui revenait du c t de son mari Comment se dire qu on a une place dans la soci t au milieu de tant de d nuement Le mariage des jeunes ne put avoir lieu Kala AMBADE laissa son gar on pouser de lui m me une fille Marathe qui habitait Dattavadi Cette union en r alit ne dura gu re Le mari de BHUNDE bai fur emport par l alco olisme Quart elle nul n en a souci ni sa famille ni sa belle famille Le peu de terre au village est aux mains d un cousin qui n en r colte m me pas de quoi manger sa faim Elle avait une mai son au village mais un commer ant Marvadi se l appropria Cela mar qua la fin des relations avec le
195. amal RANE ne peuvent compter sur le soutien ni de leur famille ni de leur belle famille tr s pauvres Leur bidonville est particuli rement insalubre leurs maris sont alcooliques On ne doit pas oublier ce contexte quand Kalu bai les poss de Jayashri a instal l chez elle une grande idole de Kalu bai Il leur faut faire le p lerinage de Mandar Elles s y rendent encore une fois par mois pour rencontrer un bhagat Elles v n rent la d vi avec des offrandes de noix de coco aux nuits sans lune et aux pleines lunes en particulier Le mari de Mathu RAKHA a deux femmes la d vi de Tuljapur la poss de Matha NIMBALKAR a perdu une fille Elle ne s en console pas Son mari et son beau fr re sont des fain ants qui hypoth quent sans cesse les terres au village Pour les r cup rer Matha bai s puise les cul tiver Il lui reste une fille unique que poss de Kalu bai Cela n est pas encore assez Elle installe des reposoirs de la d vi m md fait c l brer des j garan pondhal sans parler d autres rites encore Ce la lui co te rs Sa pi ce est minuscule 4 pieds sur 6 et rec le peu de biens m nagers Son gar on de 15 ans vient de finir avec succ s sa 7 me ann e d cole Flle se pr occupe de le marier Le mari de Paru PATNE avait auparavant un emploi Bombay Mais des querelles le firent migrer Pune Il s y installa voil 22 ans Il trouva s embaucher dans les services de la mairie Il fit alors venir sa femme du vil
196. an chez elles Elle les invite en retour Divali et Gauri venir chez elle c l brer ces f tes qu elle ont pr par s la maison J ai pu observer ces rapports d amiti et de gentillesse chez Konda SHEJAVAL au moment m me o ailleurs clataient des meutes entre hin dous et musulmans On s offrait alors des sucreries et des g teaux traiditionnels pr par s la maison Le fils de Anjana YAMGHAR fait m me le je ne du Ramadan avec ses nouveaux amis musulmans Ce n est pas seulement Pune que s instaurent ces liens lar gis Ils se tissent galement en dehors de la ville cosmopolite Nous tions all s chez Dagada ABNABE avec des animatrices de Stri Shakti Mandal du canton de Mulshi Moi aussi je me rends r guli rement ce canton dit elle parce que j ai quelqu un l bas que je regarde comme gurubhau un grand fr re Dagada bai est une femme intoucha ble Cambhar Elle n a pas h sit tablir avec un homme Marathe un rapport intime Elle va r guli rement chez lui Des chants de la meule c l braient d j de telles grands amiti s Je me fais un fr re dans n importe quelle caste Saravan ma fille tendre bouton de fleur 149 KUMBHAR bai du canton de Bhor AINPURE bai de Mawal et KHILARE bai de Mulshi habitent toutes les trois dans Shukrawar peth Elles font tout de concert le chemin du march l assistance aux mariage l change de corsages et de saris le partage des joies et des pei nes Par
197. andise avec la quantit achet par l interm diaire l tablissement de degr s de contr le sau de qualit du produit agricole l information de l administration et des paysans sur le prix des denr es sur le amrch Implanter des march s est un r le plus d licat car il impli que que des terrains soient disponibles ou lib r s dans ce but en zones urbaines que des fonds soient r unis pour l rection des structures et que les march s traditionnels soient transf r s dans un nouvel espace Malgr toutes ces difficult s 217 market yards ont t install s au Maharashtra La loi de 1963 dans sa clause 2la tablit la liste des produits agricoles qu elle veut voir entrer sous le contr le de ses r glements La notion de produit agricole comprend tous les produits transform s ou non de l agri culture fibres c r ales lentilles graines huile tabac sucre de canne de l horticulture fruits pices l gumes de l levage oeufs poulet b tail mouton ch vre laine beurre lait caill peaux fourrage aliments pour le b tail herbe de la pisciculture et de la for t Le Comit de march de Pune fut fond en 1959 et son market ard ouvert en 1976 Il couvre le territoire de la Municipalit ke Pune et le canton rural de Pune Hav li avec les places de march secondaires de Khadki Hadapsar Pimpri Chinchvad Monday Phule Mangalvar Peth Karve Road La table suivante indique les denr es dont
198. ans Il s a git de Mangal BORGE Jana NIVANGUNE est particuli rement fi re de ses quali t s de femme d action organis e et efficace Je suis venue Pune en ne comptant que sur mes seules forces J ai assur la prosp rit de la famille en relevant les d fis difficiles J ai travaill tr s dur moi m me telles sont les phrases qu elle a sans cesse la bouche Elle a deux brus elle les tient sous sa domination avec la m me fermet et la m me d termination Quand des visiteurs comme nous viennent chez elle ces deux brus ne doivent pas rester debout en leur pr sence ni prof rer le moindre mot Une fois qu elles ont en silence remis dans la main des visiteurs la tasse de th de l hos pitalit qu elles se sont empress es de pr parer elles regagnent vite l int rieur de la cuisine sans attendre une seconde l elles se tiennent debout derri re la porte aux aguets surveillant le mo ment o le visiteur aura fini sa derni re gorg e de th pour venir lui reprendre la tasse des mains et la remporter La fille de Jana bai est poss d e par la d esse de Tuljapur Il lui faut donc obser ver de strictes de mesures de puret en particulier lors des je nes de navar tra C est aux brus de laver toute la literie sur laquelle maris et femmes se sont unis sexuellement et ont donc souill e Si les brus ne s ex cutent pas prestement Jija bai leur envoie une 195 r cl e de coups de pied dont elle va aussit t se
199. ans des espaces nouveaux jusque l inconnus ou interdits mais dans lesquels l environne ment humain appelle entrer Les ouvri res porte faix s y pres sent dans l ensemble avec aisance et facilit sans inhibition ni peur avec d termination et enthousiasme Ces pratiques d in vestissement s observent principalement dans les quatre dom ines suivants l acc s au savoir par l instruction qu on veut donner aux gar ons et aux filles l attirance pour certains secteurs de communication culturelle de masse par l apprentissage de la lan gue urbaine la mise au go t ou mauvais go t du jour par la TV la radio les magn tophones et les video films la ferme d ter mination de se donner les moyens d un mieux tre par un quipe ment m nager moderne qui soulage le travail des m nag res et fa cilite l ordre et la propret de la maison le recours tout pre aux meilleurs docteurs l appropriation et l usage des sym oles et des preuves de l obtention d un statut social d cent comme le scooter le luna des cassettes de chants de films po pulaires les jeux de lumi re des reposoirs des dieux et des jours de f te les appareils photo les halls de ville pour les mariages l utilisation des rickshaw le port de saris en nylon etc 174 Ces processus ob issent de toute vidence une d rive de d bor dement des cadres relationnels et des syst mes de communication pra tiqu s au village Ce d bordement n est pas en soi ant
200. ans un milieu moderne soudainement diff rent de leur univers paysan Les proces sus de transformation et d volution des rapports des valeurs et des repr sentations se r alisent dans un chass crois de la tra dition et de la modernit Il ne s agit jamais entre les deux ni de pure continuit ni de simple rupture Le mode de la symbiose n est lui m me jamais uniforme Le rapport entre le pass et le pr sent n est pas lin aire ou univoque encore moins unilin aire Il n est point non plus purement discontinu ni clairement antino mique Il est habituellement plurivalent sans tre quivoque Les analyses particuli res de d tail montrent que le pass et le pr sent la tradition et le futur ob issent des logiques multiples qui sont en cons quence sp cifier en chaque cas sans qu il soit possible d tablir avec certitude une courbe unique de leur d marche d ensemble Une quation les int grant toutes comne leur r sultante risque de fourvoyer notre effort de savoir Les ripostes des individus ne peuvent pas ne pas tre motiv es par des conduites de l esprit diverses et contrast es On a vu par exem ple comment tant t le donn traditionel fonde l adaptation au pr sent ou du moins facilite efficacement celle ci la parent et la caste fraient les voies de l acc s au domicile comme au travail D autres fois il lui donne sens ou l assimile et s en trouve d au tant renforc l architecture de la maison r v e off
201. ari dont elle refuse l invitation venir le rejoindre Mon gar on viendra et y habitera Elle a trop souffert autrefois pour s abaisser revenir elle m me dans sa belle famille Son am PicLon s est toute report e sur le m nage de son fils et de sa bru Anusuya KUMBHAR travaille au march depuis trente cinq ans Elle y a suivi sa belle m re Son mari y est aussi coolie de puis seize ans De retour du march elle fait encore des vais selles et des lessives chez des particuliers ou trie des c r ales pour une picerie Elle travaille dur depuis toujours Sa maison n est pas des mieux am nag es Elle n a pas mis d argent dans le projet immobilier du syrdicat mais dans un fonds d en traide collectif du village qui assure 2500 roup es tous les deux ans en retour Une fois avec cet argent elle a agrandi sa maison une autre fois achet un chauffe eau ou d autres af faires J ai beaucoup d ustensiles dit elle Mais avec ma fille mon mari et moi m me il ne reste plus de pace ici pour les mettre J en ai rempli un sac et je les garde au village Ces r cits de succ s ne peuvent faire oublier des checs d s des trag dies de divers ordres MALEKAR bai par exemple conna t aujourd hui la mis re apr s s tre fait construire une belle maison elle a d vendre la maison pour payer les dettes de son fils mais elle a rempli un sac d ustensiles qu elle a d pos chez sa soeur o elle est partie vivre Chez Yamuna
202. art le maintien du m nage et de la vie domestique quotidienne le sams ra L pouse est ma tresse de maison dont la charge est le bien tre des membres de la maisonn e La procr ation de gar ons pour la continui t et l extension de la maison ghar n est son autre r le fondamental 203 Car c est de son sein que seul peut na tre la lumi re de la li gn e La bru est choisie pour ce service de la descendance patri lin aire et patrilignagi re Le syst me des valeurs caract ristiques de l tat d pouse bru se d finit par rapport ces deux fins essentielles Son du cation avant le mariage a eu pour but de l y pr parer et ses pa rents se sont anxieusement pr occup s de la marier d s la pubert toutes les femmes interview es ont t mari es entre 15 et 17 ans l exception des femmes Dhangar communaut o le mariage se d cide avant les r gles pendant l enfance Le premier imp ratif ca ract ristique du mariage est pour l pouse de rester dans la maison o elle a t donn e dans la fid lit absolue et exclusive son mari et sa belle famille et le souci de leur enfanter des fils et d en lever les enfants La fonction et le sens intime des relations maritales sont comprendre dans ce cadre d ensemble Une fois qu une fille a t donn e une maison une bru ne saurait envisager de pouvoir en sortir Cette r gle est profond ment int rioris e par toutes les femmes Il f
203. artit quelque temps avec elle au village apr s l avoir pous e Pendant ce temps la premi re pouse entretient une liaison avec un autre et revint en col re au village Le mari regagna Pune et Mathura bai s embaucha au march Elle eut une fille et deux gar ons apr s lesquels elle se fit op rer Elle maria sa fille un gar on du vil lage mais le manque de terre obligea ie couple regagner Pune o ils s embauch rent tous les deux comme coolies Mathura bai a plac ses deux gar ons dans une pension o ils tudient son plus cher d sir est qu ils s instruisent Sa co pouse est au village Mais ni l une ni l autre ne sont heureuses Le mari est un ivrogne qui gas pille l argent Mathura l abandonne ses dettes selon son principe que chacun doit vivre de son labeur Elle a recueilli chez elle sa soeur aveugle Elle l ve une ch vre dont elle vend les chevreaux Elle en donnera un un grand fr re guru bhau qu elle s est fait du c t de Mancar Elle a d pos de l argent dans le projet immobi lier du syndicat car il lui faut un jour avoir deux pi ces pour ses deux gar ons Elle s informe de la loi sur le coolies et assiste des r unions du syndicat La d vi de Tuljapur la poss de Chaque mar H vendredi elle va mendier en son honneur chez quelques voisins ogv a Le mari de Hira BHOKAR avait eu deux filles de sa premi re pouse Il prit donc Hira bai comme co pouse et en eut deux gar ons 11 a
204. asse autant ni m me re ram ne des l gumes pour vendre chez elle car cela ferait concurrence son mari et sa bou tique Elle exerce dans ce but une forte pression sur Hausa bai Ka la bai Mathura et Laxmi bai ses voisines du m me bidonviile On reconna tra ais ment que haua validit aux plaintes et aux accusations port es contre les pr sidentes Comment celles ci pour raient elles ne succomber en aucune fa on aux avantages inattendus que leur conf re leur poste quand leurs besoins et leurs d sirs sont si pressants et qu il en va ainsi tous les niveaux de la soci t Comment des femmes d munies et domin es depuis si longtemps r sis teraient elles aux tentations faciles qui se pr sentent elles de jouir de leur pouvoir et d en tirer profit Il serait faux de consid rer que le syndicat ne pr te at tention aucun autre probl me du march m me si le r glement des querelles est ce qui retient le plus de son temps et de ses nergies Quelques coolies ont r cemment pris part une manifestation orga nis e pour obtenir une petite augmentation de salaire Certaines ont aussi particip la manifestation et l assembl e organis es pour obtenir que leur travail soit soumis aux r glements d finis par la loi de 1969 Des paysannes de Stri Shakti Mandal r ussirent tenir des r unions avec des femmes de Bhumata Certaines d entre elles r pondirent volontiers l invitation des militantes rurales par
205. atchwork gratuite ment afin que ses enfants puissent s instruire Son d sir est vif qu ils puissent apprendre Bayda PILANE a t r pudi e par son mari Elle fait suivre le cours de l Indian Technical Institute son gars on elle lui a donn l envie de devenir ing nieur Hira BHOKAR malgr tous les d boires qu elle a souffert elle m me ne l sine pas sur l cole Elle veille ce que ses enfants y aillent L a n a pass avec succ s l examen de fin 10 me Les quelques femmes qui ont elles m mes eu la chance d aller l cole en comprennent l importance Hira NIMBALKAR depuis tou jours Pune a fait elle m me cinq ans d cole Son mari mourut t t elle n a pas voulu cependant n gliger l instruction de ses en fants KORPE bai a fait sept ans d cole malheureusement un seul de ses trois gar ons tudie un deuxi me s est enfui Bombay le troisi me garde la maison et refuse d aller en classe Maya KALE a fait bien peu d cole mais elle en sait l importance elle veille ce que ses enfants tudient bien Quatre femmes ont mis leurs enfants dans des foyers scolaires BHUNDE bai Bombay avec l aide de connaissances de la femme chez qui elle faisait les lessives GIRE bai n a pu viter de les placer dans une pension chr tienne mais ils y tudient bien RAKHA bai a t pouss e par son d nuement envoyer ses deux gar ons dans un foyer de Barshi Phule MALUSARE Mahar a mis les siens dans un foyer
206. ative l instigation de ce dal l m me de fonder un syndicat ind pendant Shaku bai en est pr sidente Elle avait d abord achet un taudis pour 3500 rs en arrivant Bombay Dattavadi En 1987 elle a fait 10000 rs de d penses pour l am nager convenablement Il y a tout chez elle maintenant Quand elle arriva Pune elle prenait son bain quo tidien l eau froide Mais force de tenacit et de courage el le a tout ce qu elle d sirait aujourd hui Son mari est compr hensif Il ne l a jamais battue Il est convaincu que l pouse est le pilier sur lequel repose toute la famille Il n a aucun vice La belle m re est bonne et coop rative Chaya BAGAL et son mari travaillent dur et conduisent leur m nage l unisson Les enfants vont r guli rement en classe Toute ia gestion du m nage est entre les mains de Chaya bai qui son mari remet tout l argent qu il gagne sans demander comme elle l a utilis IL a pour elle tout le respect voulu et enti re confiance Plusieurs autres exemples pourraient encore tre cit s montrant comme l entente de coeur et d esprit a permis de vaincre les difficult s tel celui de Lila BHEGADE ou de Kala KARLE Cel le ci fut aid e par sa belle famille qui du village envoie des sacs de riz par des connaissances qui lui indiquent l endroit o elle r side depuis plus de 25 ans le propri taire loua le ter rain pour 25 rs et permit d lever un taudis dessus par une tan te qui habitait
207. au contact d un mouvement social ou simplement rap peler des messages re us hier ce sujet Des prises de consci ence fussent elles diffuses se r lisent lentement C est ainsi que lors d une discussion avec Mr PANGARE le pr sident de Chatrapati Shivaji la demande d une ouvri re le conduisit se rendre compte d une chose Je ne veux pas travailler dans un 124 entrep t d oignons disait une ouvri re On rentre tard la maison Qui s occupera des enfants Profitant de l occasion je fis remar quer aux responsables hommes et femmes du syndicat pr sents devant moi ce moment l qu il ne s agissait pas l de la difficult d une seule femme mais que beaucoup d entre elles taient dans la m me si tuation Que l on mette donc par exemple les femmes coolies g es garder les enfants de plus jeunes m res cela r soudrait deux prob l mes d un coup d une part les anciennes coolies qui n arrivent plus soulever de lourdes charges auraient l une t che leurs for ces et d autre part les enfants seraient surveill s au soulagement de leurs m res Sans doute les dirigeants du syndicat ne pouvaient consid rer une telle proposition et chercher la mettre en oeuvre mais d une fa on ou d une autre une telle question ne pouvait man quer de pr parer les esprits Mr PANGARE me f licita pour le souci que je manifestais Je vous souhaite beaucoup de succ s dans vos ef forts parmi ces femmes conclut il D u
208. aut rester chez son mari quel qu il soit La porte de la famille d origine est close pour celle qui a t remise en ma riage par sa famille une belle famille Il est important dans ce contexte d observer les conduites de femmes qui se comportent dif r remment en quittant le domicile de leur mari d elles m mes par exemple pour quelque raison que ce soit et se font une vie part avec leurs enfants De telles pratiques impliquent elles des chan gements de valeur importants et significatifs au plan des repr sentations et des normes Celles ci sont elles contest es direc tement et explicitement indirectement et pratiquement de fa on notoire ou non ai Rappelons avec deux chants de la meule le cadre traditionnel des repr sentations des paysannes d hier ce sujet Le premier d clare que le mari est le seul gage de place et de s curit dans la vie Sans mari une femme n a ni feu ni lieu L appartenance un mari accorde l assurance de protection par les parents et les affins et conf re avec le temps un certain pouvoir m me s il n est pas sans conditions Un mari est le lieu d terminant d une femme Aussi ch tif soit il le mari ne dis pas Quel avorton P re et m re fussent ils riches n assurent point la vie jusqu la fin Ne m prise point l poux de tes pousailles Ce point de kumku rouge sur le safran jaune ne s obtient point m me prix d or Le point de kumku que toute femme porte au front sans
209. aysan producteur Un d bat s instaura pour trouver les fa ons d y r m dier En 1929 l administration nomma une Commission Royale de l Agriculture dans ce but Celle ci parcourut tout Le pays Elle s aper ut que sur les march s la classe des mar chands op rait comme sur un domaine de chasse gard e La Commission sugg ra des r formes radicales Elle articula ses recommandations en se r f rant la loi de 1897 sur le march du coton et des grains de B rar dans la Presidency de Bombay Bien que cette loi port t sur les grains et le coton pour en contr ler le march elle tait surtout appliqu e en r alit au commerce du coton L o il y avait des comit s de march ceux ci taient aux mains de membres lus L importante recommandation que fit la Commission en s appuyant sur cette loi de B rar fut d tendre toute l Inde la loi sur les Comi t s de march et d interdire statutairement tout agent commis sionnaire adt ou dal l le droit d tre lu comme repr sentant dans un comit de march Ces recommandations furent prises au s rieux et entendues El les devaient faire leur chemin d s 1937 lorsque le Congr s forma pour la premi re fois un gouvernement et surtout apr s l Ind pen dance en 1947 Auparavant d j dans l tat de Bombay tait en tr e en vigueur la loi de 1939 Bombay Agricultural Produce Market ing Regulation Act Selon cette Ioi trois Comit s soit un pour chacune des t
210. bai et Phula PAWAR me d crivaient avec un sentiment d honneur les mariages de leurs gar ons Un autre bien tr s d sir c est le scooter ou un luna On en par le sans arr t Le r ve ce sujet est de se voir assise sur le si ge arri re du scooter ou du luna de son gar on et de partir rendre vi site un dieu ou bien des parents Pune Quand elles sont au village nulle de ces femmes n est effray e de faire pied les 4 km qui s parent l arr t du bus du village On peut marcher deux heures s il le faut Mais Pune par contre on prendra aussit t un rickshaw co teux Une fois je me rendais pied au point de d part d une manifestation consistant er un d fil Tou tes les ouvri res me le reproch rent Elles m mes prenaient un rick shaw tcois pour se rendre au point de rendez vous pour le d part de la procession Au village on se contente de trois saris celui que l on porte celui qui pend au b ton et celui des f tes gard dans le coffre Mais une fois Pune la majorit des femmes en a sept ou huit S il faut aller voir quelqu un ou assister un mariage il faut mettre un sari en fibres synth tiques de 300 ou 400 rs Au retour du march Paru INGULKAR vint directement chez moi une fois Si j avais pu ter miner plus t t j aurais eu le temps de mettre un beau sari pour ve nir ne cessait elle de r p ter Conclusion Les chapitres pr c dents avaient d j fourni en fonction de leurs doma
211. bjet d n d sir qui taraude les migrantes depuis leur exode en ville Chass es par la pauvret l chec la solitude le d nigrement le m pris et le refus confron t es au malheur de la non entit er du non lieu en milieu urbain iu ne leur restait qu se prouver elles m mes et aux autres moins de tomber dans la d ch ance mat rielle et morale ce dont elles tai ent capables La hantise de r ussir devenait force motrice La m me vis e de force et de puissance se marque dans les ph nom nes de transes de possession On peut les comprendre comme des affirmations symboliques et rituelles de la force et d un statut qui manquent autrement ou dont on craint la perte La vis e est celle d une r habilitation de la part de femmes autrement d valu es et m connues et qui on ne saurait reconna tre la capacit de devenir un centre de pouvoir de rapports et d nergie autonome On peut voir la m me vis e dans les abondants rites religieux et les nombreux p lerinages co teux Ce sont des conduites qui permettent de se placer du c t du sacr donc de la force en un point socialement autonome et de forcer le respect que m ritent les dieux N est ce pas la m me force autonome le m me centre d nergie autour duquel se r organi sent les rapports que l on peut trouver dans le comportement de pr sidentes de syndicat parlant fort invectivant d cidant avec auto rit dans les bureaux de leur syndicat L
212. blables D autre part la plupart sont parents les uns des autres ou bien originaires des m mes villages ou des m mes fractions de castes locales L une fut amen e au market yard par son mari d s l arri v e en zone p riph rique une autre par d autres parents d au tres y introduisirent un fr re un neveu ou d autres parents Bien faible est la proportion de ceux qui ont gagn directement le march en venant de villages ou de r gions qui n y taient pas d j repr sent s et o par cons quent ils n avaient aucune rela tion ou connaissance Les rapports humains qui pr valent entre travailleurs au march sont donc semblables ceux qui pr valent entre gens de la m me caste du m me village et de la m me paren t de sang et d alliance en dehors du march avec les tensions l affection la proximit la d pendance et l entraide mutuelles que l on observe habituellement en d autres lieux et d autres circonstances 110 Un jeune coolie par exemple travaille dans l entrep t de Tara bai at R vu bai Sa soeur a t donn e en mariage Akol o sa belle famille se comporte mal avec elle Akol est un vil lage o habitent des animatrices du groupe d action culturelle La Force des femmes Tara bai et R vu bai se disent pr tes aller voir ces animatrices et discuter avec leur aide avec les beaux parents de la jeune femme Sinon disent elles qui l aidera ce jeune IL est encore bien jeune Jija bai par
213. c teur lui a dit d aller l h pital se faire faire une perfusion 91 Ce fut sans r sultat mais elle a cru qu elle se sentirait d finitivement mieux Anusuya BARDE souffre terriblement des genoux qui enflent Elle doit les envelopper dans des ban dages afin de pouvoir travailler Les ennuis de sant affectant plus particuli rement leur construction f minine sont aussi communs qu oubli s On n en parle d ailleurs qu demimot en se les chuchotant dans l oreille Le poids des charges le surmenage et la multiplicit des t ches qui demandent toutes une d pense directe du corps donnent des maux de ventre de hanches et de reins sans parler de troubles gyn colo giques Mais les femmes coolies n admettent point ais ment que des d rangements puissent tre d s au travail Le reconna trent elles d ailleurs que cette constatation leur serait de peu d utilit que pourraient elles changer la cause de leurs maux L accident est videmment un d sastre sans r mission MARNE bai a gliss en transportant des sacs et s est cass le col du f mur en tombant Voil six mois qu elle garde la maison Elle a eu quatre filles la derni re est encore la maison il faudra bient t la marier Des trois autres par ties dans leur belle famille une vient de rentrer avec son b b rejet e par son mari Elle va galement travailler com me coolie Le mavi de MARNE bai travaille dans une manufac ture d ustensiles de cuisi
214. caste ou tr s largement la culture au dharma de l Etat per u comme un facteur d identi fication collective L extension de la conscience collective fond e sur le marathi dharma se fait ais ment la faveur des p lerinages des dieux hin ous aux quatre coins du pays Les transports renforcent le r le de la religion comme ciment et fondement de la conscience collective Il en va de m me des pratiques de culte domestique Elles se mul tiplent et s intensifient la faveur du tissu des rapports urbains qui leur donnent une impulsion nouvelle et les moyens de regain de erveur 173 Le deuxi me type de d placement de pratiques l oppos d une d rive d enracinement concomitante de processus d extension et d intensification est une d rive de d bordement des fronti res socio g ographiques et d investissement de nouveaux espaces relationnels Pour satisfaire au besoin de pr senter des profils de figures tranch es et diff renci es on a oppos cette d rive la premi re comme sa contrepa tie Cela reste juste Toutefois certains processus de la premi re d rive peuvent aussi constituer un pas sage souterrain vers une deuxi me d rive qualitativement diff rente La figure particuli re de rapports que constitue l inten sification ou l approfondissement des liens d amiti entre fem mes au sein de petits groupes d entraide d change de confiance et de confidences tend ainsi par exemple par son
215. ch sont l aff t selon leurs ressources d ing niosit et les autres moyens dont elles peuvent et savent disposer de toutes autres voies de survie et d am lioration de leur condition L embauche au market yard est une chance parmi d autres essentielle mais non la seule ni tou jours la meilleure de conqu te d un espace de vie mat riel et so cial L tude des strat gies relatives l habitat a d j montr diverses autres d marches de cette conqu te Des chapitres sui vants en verront d autres se d ployer encore Du point de vue du labeur physique en tant que moyen de la survie comme force de tra vail salari e il faut souligner gelement le fait d une sembla ble vari t de tentatives En quittant les travaux de la ferme qui assuraient la s curit de la paysanne travailleuse et de ses enfants et la s curisaient elle m me la migrante entre dans un espace incertain et non prot g ouvert tous les risques mais aussi d autres exp riences d usage et d utilisation de sa force de travail Le travail salari par la vari t th oriquement pos sible qu il offre la migrante f t elle en r alit relative et restreinte de vendre sa force de travail et de l employer contre une r mun ration ou un profit lib re aussi un potentiel de forces propres et une capacit d initiatives F t ce sous la pression tragique de la n cessit les femmes interview es t moignent quel point il leur faut sans cesse faire pr
216. ci disait elle Les pr sidents des deux syndicats m invit rent galement reve nir au march avec les animatrices de SSM pour reprendre ces 130 chants Ceux ci s av r rent un des meilleurs moyens de communication de messages de changement social La prochaine fois dit MALEKAR bai nous essaierons d y aller en plus grand nombre Le salaire et la gestion de l argent L entr e dans le monde du travail r mun r marque aussi le d but de pratiques de gestion de l argent propre Avec le salaire il faut faire face aux besoins pr sents et futurs et honorer les dettes et les engagements financiers d hier IL faut calculer et tenir des comptes de fa on faire face aux responsabilit s financi res en cours Il faut se creuser la t te pour trouver les solutions disent les ouvri res Les comptes ne tombent jamais justes les re cettes et les d penses ne s galisent jamais En faisant ses calculs et ses plans il faut tenir compte la fois des besoins essentiels des difficult s particuli res d attraits irr sistibles des go ts et des envies des enfants et de nombreux autres impond rables Les salaires Un trait g n ral marque les salaires partout o des coolies sont employ s des t ches physiques le salaire des femmes est in f rieur celui des hommes On ne trouve aucune exception cette r gle sur l ensemble du march Les hommes touchent en gros au total le triple de ce que touchent les fem
217. cial La soci t ne r int grera jamais leurs filles dans les syst mes de rapports tablis Regard es d j comme des tres a sociaux ces filles ne pourront i plus demain quand elles le voudront se resituer dans les cercles autoris s Les familles de leurs m res sont la rigueur pr tes recueillir leurs fr res Les gar ons sont r cup rables Les filles ne sauront jamais tre que victimes Sur elles retombera le prix de la libert que les m res s octroient aujourd hui Ceci permet de comprendre une pratique si souvent rapport e le souci de beaucoup de m res en situation statutairement hors commun de chercher ma rier leurs enfants au village avec lequel elles s efforcent syst matiquement de maintenir les liens Bayda PILANE eut un gar on mais son mari de condition velati vement ais il a un commerce Pune la renvoya aussit t kiie re vint chez lui plusieurs reprises pour tenter de se faire reprendre et d y rester Mais chaque fois son mari la battit pour la d go ter de rester et l obliger partir Une fois il la frappa si fort qu elle tomba sans connaissance avec une blessure la t te la quelle il fallut des points de suture En d sespoir de cause elle d cida donc de vivre part Elle v cut d abord plusieurs ann es chez ses parents qui lev rent son gar on et n sa soeur tait ga lement revenue habiter rejet e elle aussi par son mari Mogarvadi Son mari s enivrait
218. ciente de la validit de leur s mantisme et de leur orientation La pertinence des devoirs le sens et le bien fond des formes de rapports traditionnellement institu s se r affirment dans la mesure m me o ceux ci se d ploient la fa veur de l largissement des rapports et des relations que provo que le milieu urbain en zones p riph riques Il s agit en quelque sorte de mettre profit avec une ampleur accrue les avantages AT qu ont toujours offerts les syst mes de communication tablis C est ainsi qu on voit les relations de parent le s intensi fier en ville d une part et entre la ville et la campagne d autre part du fait de la proximit des lieux de r sidence urbains et des facilit s de transport entre la ville et la campagne Les rap ports de parent et d alliance bien loin de se diluer dans le d versement et le m lange de populations de diverses origines soci ales castes et g ographiques en zones urbaines tendent au con traire se resserrer s intensifier et se consolider comme pied terre avant poste lieu d entraide milieu humain d ac cueil t te de pont pour des implantations ult rieures pointe avanc e des contacts de la famille et du clan avec les zones ur baines point collectif de l inter face entre la ville et le vil lage Les villageoises abordent la ville s y inscrustent y op rent s y accrochent s y maintiennent et rel vent les d fis qui 172 s imposent elles er f
219. comme d autres sans que personne ne lui demande de payer d abord un loyer Avec l argent mendi elle s est achet trois vieux sarees un march aux puces elle les tend sur des piquets pour s en faire une tente qui l abrite Elle trouve s embaucher au service d un ma on Elle fait la vaisselle et la lessive ches des particuliers Un jour chez un ma on en changeant avec un homme embauch comme elle pendant la pause pour le repas chacun se pr sente Quand elle r v le son compagnon le nom de son village d origine pr s de Sholapur l autre surpris lui apprend que sa propre soeur y avait t donn e en mariage mais qu el e tait morte aussit t apr s avoir donn le jour une fille et que de ce fait ni lui ni sa famille n avaient maintenu de contact avec ce village loign A quoi bon A qui l aviez vous donn e demande Nila L homme se souvient du nom du mari de sa soeur c tait le p re de Nila Nila se rendit parfois chez son oncle maternel Mais celui ci la trompa en lui empruntant de l argent qu il ne lui ren dit jamais Elle est en col re sontre lui depuis lors et ne veut plus lui rendre visite bien que sa tante se montre tou jours accueillante et l invite au moment des f tes Pour se 24 d dommager et satisfaire sa rancoeur Nila a emport de chez son oncle une cruche en cuivre d une valeur de trois cents roupees qu elle garde avec elle sur le chantier et au travail remplie d eau potable
220. conduire leurs vies en bra vant les interdits l opinion et les cons quences d une mauvaise r putation Sans doute cette libert n est pas mettre seulement en rapport avec le fait d un travail r mun r au march On ne peut ce pendant viter de marquer le contraste qui existe entre l accueil voire le refuge qu offre le march des femmes exclues et dans le besoin veuves st riles r pudi es maltrait es et montr es du doigt et auxquelles par ailleurs la soci t et leur famille m me souvent refusent une place s re et respectable Si le march ne constitute point un milieu englobant ni por teur de tous les nouveaux r seaux de rapports de ses ouvriers of frant que des rapports de travail salari la forme de ces rapports peut par contre Aire consid r e comme ayant un effet d entra nement au sens o ils facilitent l entr e dans d autres formes de rapports contractuels entre partenaires autonomes et libres Deux de ces rap ports sont importants ceux que des ouvri res entretiennent avec les banques au titre des d p ts qu elles y font d une partie de leur sa laire parfois l insu de leur famille et ceux que le syndicat ins titue et g re Ces deux types de rapports transcendent aussi les rap ports habituels des sexes R sumons nous La forme contractuelle libre et partielle tr s circonscrite dans le temps et l espace des rapports qu institue le march fa cilite l instauration hors les mur
221. confiance Des chants de la meule d hier disaient d j l entrelacement des deux dimensions qui font la trame de leur vie elles sont femmes et s adonnent comme tel les des t ches qui leur sont sp cifiquement assign es et qui les r unissent pour en tisser des rapports quotidiens particuliers Ceux ci ne sont pas des catalyseurs d cisifs d un sentiment d appartenan ce commune une m me cat gorie sociale Leurs rapports ne se fon dent pas de fa on d terminante sur la conscience d tre soeurs au titre d uu m me labeur partag Ils oscillent de l amiti la haine en suivant des clivages qui moussent leurs perceptions d tre sou mises pourtant au m me destin d ouvri res Elles chantaient hier Ses querelles j en ai par dessus la t te Faut encore que je la rencontre sur le chemin de l eau J en ai fait mon amie intime elle d une autre caste Au moment voulu elle accourt f t ce en pleine nuit Elle m a envoy promener ce rebut de caniveau Rebut de caniveau poussi re de mes pieds Les m mes fils tissent aujourd hui leurs relations au march De l avis de Kale bai c est la n cessit du gagne pain seule qui d termine les rapports qui s instaurent au march nul be soin d entretenir des liens qui d bordent cette n cessit Je ne m arr te pour personne quand je vais au march en tempo Je n ai de lien d amiti avec personne une fois au march Chacun pour soi rien de plus Gita GHULE travaille
222. contre r actions traditionnelles aux pouss es du d sordre Quelles logiques internes aux syst mes de valeur quel les contraintes propres aux structures des rapports entre les sexes ou quelles motivations strat giques Darticulibreu ces femmes les poussent irr sistiblement dans leur d tresse chercher refuge sous le couvert de normes et de valeurs qui se sont av r es souvent tee ie m mes des manques et des frustrations dont elles souffrent Ce premier ensemble de questions en sugg re aussit t un deuxi me qui lui est corollaire Car ce sont en effet les m mes femmes qui en Certains domaines font preuve d autonomie et d ind pendance et en d autres de conformisme strict soit dans le cours de leur propre vie personnelle soit dans la gestion des affaires de leur propre famille et leurs relations avec les leurs De jeunes brus 239 hier en rupture avec leur belle famille sont devenues des belles m res oppressives des m res tiennent r ins rer leurs enfants dans la parent quand elles ont voulu s en loigner pour en fuir l emprise trop contraignante Comment rendre compte de ces ambi g it s et de ces dualisme patents On n expliquerait rien en d non ant ces contrastes comme des illogismes du comportement Beaucoup de ces femmes font preuve de tant d propos et d esprit d entreprise dans leur existence qu il serait trange de parler leur propos ensuite de manque de bon sens et d irrationalit sotte L
223. convictions tradi tionnelles ainsi que sa conduite au dessus de tout reproche lui as surent le respect de tous M me au march personne n est tu et toi avec m i Sauvegarder l honneur de ses p re et m re fr re et soeur respecter la sup riorit et la domination des hommes ces pr _ occupations la gardent hors de tout soup on Dans notre marathi dhar ma les femmes ne se rengorgent pas Les beaux parents de Gita TEVALE poss daient un moulin huile Pune mais comme il n tait point au nom du beau p re quelqu un d autre se l appropria sa mort Gita bai perdit ensuite son mari al coolique dans un accident restant avec 1 gar on et 1 fille lever Alors que sa belle m re tait encore vivarte une soeur de son mari d funt la chasse la rue avec ses enfants de la pi ce qu elle occu pait en plein centre de Pune derri re Dagaduhalvai Datta en lui vo lant 7000 rs et 15 grammes d or Elle put louer une autre petite pi ce dans le m me quartier Elle a aujourd hui 2 pi ces elle a accueil li son fr re et sa femme dans l une C est elle qui a lev son fr re Or celui ci aujourd hui l a oubli e et la propri taire cherche l expulser Dans ce but elle ne lui donne pas de re u pour les 75 rs de loyer que Hira bai lui paie chaque mois elle lui coupe l lectricit Elle doit encore aller travailler au retour du march comme femme de salle dans une cole maternelle et chez des particu
224. dal l Ce syndicat bien qu affili au Conseil charg de la mise en oeuvre de la loi de 1969 n a pas encore pu ou voulu ce jour en obtenir les avantages aux quels ses coolies ont droit Ce syndicat compte cinq cents quatre femmes cotisantes selon son pr sident toutes employ es sur le mar ch aux fruits et l gumes IL en va de m me du petit syndicat rival Bhumata Sanghatna qui compte une centaine de femmes coolies du m me march Seul par contre le syndicat de coolies Hamal Panchayat qui repr sente les int r ts des coolies du march aux grains du market ard et d autres centres de march toujours implant s dans la ville dont Bhavani Peth o son bureau est situ depuis le d but ainsi que ses oeuvres sociales d ob dience socialiste a su lutter avec suc c s pour obtenir pour les coolies du march aux grains dont trente cinq femmes les avantages de la loi de 1969 dont le vote avait t d son combat tout particuli rement Il se trouve que le pr sident de Hamal Panchayat est aussi le pr sident du Conseil d application de Ia loi de 1969 pour l ensemble du Maharashtra Il s agit de Baba ADHAV voir p La m thode La premi re question qui se posait tait celle d entrer en contact avec les femmes porte faix har val du march aux fruits et l gumes O avec qui et comment Ies rencontrer de sorte que le contact initial assure un capital de confiance valoris au cours de visites r guli re
225. dans un foyer Barshi Elle les fait revenir aux vacances Elle accorde une importance essentiel le leur instruction Sa co pouse est au village travailler aux champs et son mari un ivrogne Pune Elle ne veut rient en tendre des emprunts qu il fait et qu il doit se charger de rem bourser lui m me Elle m me n emprunte jamais Des querelles c latent ce sujet entre elle et son mari mais sa conviction est ferme il ne faut d pendre que des conomies faites sur ce qu on gagne par son travail Elle d pose ses conomies en banque Sa soeur aveugle vit avec elle Elle l ve une ch vre Elle se char ge elle m me de la vente des chevreaux Elle a un grand fr re du c t de Mancar qui elle donnera un chevreau Elle a investi le projet immobilier du syndicat elle aura besoin de 2 pi ces pour ses gar ons La d vi de Tuljapur prend possession d elle Chaque mardi et vendredi elle mendie au nom de la d vi Elle est inform e de la loi sur la protection des coolies et participe des r unions syndicales Hira BHOKAR est une co pouse La l re femme a deux filles Elle d cida aussit t de se faire op rer quand elle e t enfant deux gar ons Qui l vera les enfants Son cadet avait 12 jours elle dut le d poser dans un panier et l emmener avec elle au mar ch La gr ce du dieu voulut que les gens aux alentours veillent sur lui Nous nous ne savons qu une chose trimer Si vous coutiez mon histoi
226. de beaucoup les photos aux idoles quelle que soit la vari t des dieux Les Mara thes connaissent surtout Bahiri Kalubai Wagjai Maruti et les Dhangar Biroba Mhasoba etc Rien n oblige afficher la photo du dieu de son village uniquement Chacune affiche le dieu qui lui pla t On rapporte ainsi r guli rement une photo des lieux de p lerinage visit s Ce sont le plus souvent celle de la d vi de Tul japur ou de Gangpur de Vithoba et Rakhumai etc On rapporte une photo de Donje par exemple si on s y rend pour que le mari arr te de boire On rapporte en fait toutes sortes de photos selon ses go ts On leur impose de la poudre sacr e odorante ou color e on fait br ler des b tons d encens ou de poudre parfum e on leur offre une fleur on leur fait la puj Matin et soir on allume une lampe huile devant le dieu on s incline devant lui Les femmes elles m mes font la puj sauf pendant leurs r gles le mari ou leurs gar ons les remplacent Quoi qu il arrive la puj est c l br e quotidiennement la maison IL suffit de porter attention la photo affich e pour se rendre compte des p lerinages que vient de faire la ma tresse de maison En certaines demeures c est une idole plus importante celle de Kalu bai par exemple que l on trou vera install e pour des raisons particuli res La pratique du je ne est elle aussi r guli re les samedi sundi vendredi et jeudi D autres femmes je neront occasionnelle
227. de cause titre de collaboratrices de la re cherche en vertu de l int r t qu elles y porteraient elles m mes La r ponse ad quate ces premi res difficult s fut offerte par la collaboration des paysannes animatrices rurales r unies dans les groupes Stri Shakti Mandal la Force des Femmes de l or ganisation d animation socio culturelle connue sous le nom de Garib Dongari Sanghatna l Organisation des Pauvres de la Montagne GDS avec lesquelles j avais des rapports de coop ration de diverses formes depuis des ann es La plupart d entre elles op raient dans les cantons l ouest de Pune d o venaient un bon nombre des femmes coolies que je voulais rencontrer Bien avant que le market yard ne fut construit une migration continue avait commenc amener comme coolies des hommes et des femmes du pays de Mawal l ouest de Pun vers les lieux de tra vail que repr sentaient les march s qui se tenaient en divers en droits de Pun Depuis les ann es 1925 29 la construction du bar rage de Mulshi avait fait migrer les populations paysannes qui perdaient leur terre d autres barrages accentu rent ce courant migrateur ceux de Panshet dans les ann es soixante puis de Waras gaon dans les ann es quatre vingt Le courant migratoire continua la faveur des relations qui existaient entre beaucoup des vil lages de Mawal et les march s de l agglom ration da Pune C est En particulier une recherche sur les chan
228. de la zone urbaine Une situation de crise inaugure des processus d innovation au plan des comportements des pratiques et des valeurs dont les femmes migrantes peuvent ne pas mesurer r flexivement la port e la satisfaction de besoins primaires tant leur pr occupation essentielle Le deuxi me ordre de consid rations a trait au souci permanent de s approprier un habitat s r et d finitif A la campagne aucune femme ne jouissait de droits de propri t formels sur son habitat Son statut et sa loyaut d pouse et de bru lui indiquaient et lui garantissaient sa place dans la maison et au village dans le ca dre des syst mes de parent et de valeurs de la soci t patriar cale rurale Une fois qu elle a quitt cet habitat et le cadre so cio culturel qui en assure la l gitimit elle doit livrer un com bat pour trouver et s assurer de mani re permanente et incontes table un lieu habiter dans l espace Le troisi me ensemble de questions a trait la fa on d habi ter la demeure comme endroit et maison la fois en surface et en volume Ce mode de s journer d am nager voire de concevoir et de r ver l espace domestique une fois qu on se l est assur r v le un autre trait distinctif et significatif de l identit des paysan nes devenues coolies Consid rant ici l habitat comme construction qui architecturalement mat rialise et symbolise une culture comme fa on d occuper une place par une mani re de l am nag
229. dent de former un groupe pour soi et entre soi s lectivement Les comportements d entraide de voisinage au plan de n cessit s quotidiennes telle l embauche sont des prati ques qui d passent en profondeur les conduites appel es par les syst mes de caste et de parent La facilit de m mes liens tablis en dehors de la caste se comprend dans le fil de cette nouvelle qualit humaine dont le voisinage et la promiscuit sont les occasions Le syst me de cas te en tol rant ces d bordements se laisse d passer sans r agir sous la pression des besoins les plus primaires de la vie et d un rapport purement humain qui en oublie les normes mais ne le met pas en cause toutefois de fa on significative Ces conduites ne peuvent pas ne pas faire pression cependant sur lui en augmentant le seuil de tol rance et r v lant d autres registres de valeurs celles ci universelles Les relations de travail cons cutives la vente de la force de travail avec ce que nous avons appel les instances de l es pace conomique sont elles aussi essentiellement d termin es par les r seaux de rapports pr valant autrement dans l ensemble de la soci t tels que les instituent les syst mes de communication qui r gissent les relations entre caste entre sexes dans la caste et en dehors de celle ci et entre cat gories socio conomiques et classes agraires Le dal l est l instrument et l atout majeur du pouvoir de la caste dominante des Marat
230. des femmes capables de comprendre la finalit non acad mique de l entreprise de recherche dans la mesure o celle ci dans son d roulement ses questions et ses fins correspondait aux buts de Leur propre action d animation socio culturelle en zones rurales parmi une population connue des interview es L change se d roulait de fa on parfaitement coop rative avec la participation de chacune selon sa propre comp tence et sa person nalit dans un dialogue galit des partenaires L op ration tait motiv e galement par un but plus lointain mais essentiel long terme la formation ventuelle d un groupe de femmes syndicalement organis selon des motivations autres que celles qui animent les syndicats pr sentement manipul s par le parti du Congr s cet objectif pr cis changea de forme en cours de route mais la finalit d un prolongement syndical aux r sul tats avantageux pour les femmes coolies consid r es fut toujours P ARE et se mat rialisa de la fa on qui sera d crite plus oin Les changes taient aussi parfois conduits avec une autre inten tion compl mentaire celle d une valorisation d un patrimoine culturel traditionnel propre ces femmes originaires de la cam pagne celui des chants de la meule qu elles avaient h rit de leurs a n es au village et qu elles avaient emport avec elles dans un recoin de leur m moire en venant en zones urbaines Des bribes de cet h ritage tant encor
231. des lieux nouveaux 145 Trois types de questions guident notre investigation La premi re concerne les conduites nouvelles qui d bordent ou enfreignent les anciennes habitudes investissant un nouvel espace relationnel La nature l ampleur les motivations et les formes de celles ci sont l objet de l analyse Il importe de mesurer l tendue de l espace relationnel nouveau qui s institue peu peu avec les voies et les mouvements ou tentatives d occupation Il peut s agir de l cole de l administration ou d organismes pub lics avec qui dans une d marche de socialisation des liens sont tablis il peut s agir d efforts collectifs ou organis s n s du d sir de satisfaire des besoins de la vie quotidienne il peut s agir de r seaux de solidarit et d entraide ou de relations de voisinage dans la rue et le quartier Il peut s agir des pouss es qui s exercent sur les limites des territoires marqu s par les syst mes de parent et de relations de caste pour en largir le p rim tre sinon m me en transgresser les codes frontaliers la recherche d un champ de convivialit plus ouvert et de rapports humains diff rents de ceux prescrits par des ordres tablis D une fa on g n rale la question significative est la suivante jusqu o peut on ou d sire t on acc der des espaces sociaux au sens large du mot Qu est ce qui peut porter de telles envies voire de telles initiatives La deuxi me question concerne la port
232. di est un jour viter pour les visites c est un jour ch m Les m nag res sont pr occup es par des courses faire ou des visites des amies sinon un d placement leur village d origine ou un p lerinage ou une visite au temple de leur dieu Le dimanche est un jour o l arriv e des marchandises est plus importante que les autres jours de la semaine les ouvri res rentrent plus tard chez elles D une fa on g n rale chaque soir la maison les m nag res sont prises par les t ches domestiques surtout la cuisine et les en fants elles n ont gu re l esprit libre pour des entretiens D autant moins que les maris de retour au foyer seront facilement les seuls r pondre aux questions et accaparer la conversation Pour ne pas les indisposer ni les contrarier les femmes auront les couter et acquiescer Certains maris par ailleurs peuvent revenir ivres et d autres hommes pr sents peuvent aussi g ner une rencontre d tendue par leurs interventions et leur pr sence Les rencontres ont donc lieu habituellement l apr s midi Les femmes occup es au march aux oignons ne sont g n ralement disponibles chez elles qu apr s quatre heures de l apr s midi Pendant les saisons s ches les arrivages de re meg et de fruits sont moins abondants les femmes rentrent plus t t Un refus de recevoir les trangers au bidonville marque habituel lement les premi res visites et les premiers contacts La difficult de trouv
233. doute autour de 25 ans cette poque C est du moins la raison qui fut avanc e Indu UBHE fut d abord mari e K car Son mari la renvoya pour cause de st rilit Elle prit un deuxi me mari Temghar Son soeur a n e avait elle m me t r pudi e et s tait remari e C est l exemple de sa soeur qui la poussa agir de m me Elle alla r sider Bombay avec son mari qui y avait un emploi Mais elle n a vait pas d enfant Elle adopta cette fois ci un enfant orphelin qui mourut l ge d un an Mais apr s cette adoption elle eut elle m me des enfants Son mari est maintenant revenu habiter _ Temghar Indu bai vint d elle m me Pune o elle r sida chez son fr re Bhavani peth puis Dankavdi C est sa soeur qui la fit embaucher au march Au village son mari lui a offert une buffles se Un de ses gar ons de 4 ans habite au village avec son p re dans la belle famille MATHURA fut abandonn e alors qu elle avait 2 gar ons et 1l fil le par un mari qui court apr s les femmes et s enivre L opinion g n rale est unanime son propos comme propos de sa soeur Kala SHELAR et de Sula SONDKAR ce sont des femmes de mauvaise vie des d prav es C est la raison pour laquelle les maris eux m mes se d bauchent Le mari de SHELAR bai a tent de se suicider par le feu chez lui Mathura bai r side chez sa m re avec ses trois en fants ceci lui assure une sorte de protection sociale ou de cou ver
234. du march sont de celles qui ont eu l audace de refuser ce qu elles consid raient comme une oppression touffante et fatale Elles suffoquaient trop dans l espace patriarchal rural pour ne point trouver en elles l audace de le fuir et de partir la recherche d un espace plus viable Le t moignage des femmes coolies confirme qu il s agit l d une dynamique d affirmation de soi sp cifiquement f mi nine l encontre d un cadre structurel dont les formes et l thos ne font pas droit aux besoins et aux attentes de la personne M sen tente discorde et inadaptation irr m diable de la part de la bru mo tivent chez de jeunes femmes la qu te d une vie propre moins servile et plus autonome Une troisi me raison relativement fr quente bien qu en soi non structurelle est l incapacit du mari maintenir la familie L iv rognerie en est la raison la plus commune La d ficience mentale et l instabilit caract rielle conduisent les femmes relever le d fi Voir Syst mes de relations op cit pp 12 74 PRE de qui menace leur vie et leur famille Cette menace se pr sente aus si sous forme de pratiques magiques agressives La peur du danger fait fuir L acc s en ville Une fois la d cision de migrer prise il ne saurait pourtant tre question sauf exception de crises particuli rement graves de partir seule sur le champ s installer en ville Qu on soit homme ou femme la d marche migratoire a besoin du support de
235. e ois rejet e par ses parents tait venue vivre chez son fr re qui pousa alors sa fille pour la rejeter son tour Kamala bai n a pas de fr re pour la recueillir et sa m re a aussi perdu le sou tien du sien Kamala bai maintint une relation avec un certain Potdar de caste Sonar Une fille est n e de ce lien Mais POTDAR par la suite rompit cette union Kamala bai va en p lerinage Kharoda prier Mhasoba et Bombay Majmalag Elle fit beaucoup de dieux et de lieux saints avant de reprendre sa relation avec Potdar Elle enfanta alors un gar on Celui ci tait encore tout petit quand un sac de piment tomba sur elle Elle en fut malade Cela l emp cha alors de se faire st riliser Elle eut u deuxi me gar on apr s lequel elle se fit st riliser Potdar tous les jours le soir vient lui rendre visite dans son taudis Car Kamala bai Mahar ne peut laisser son bidonville pour aller vivre chez Potdar Sonar Celui ci est pr t l pouser r guli rement mais ses soeurs s y opposent fermement Tulsa PAWAR expliquait que son mari s tait amourach d une autre femme et tait parti avec elle Mais de l avis d autres coll gues c est elle qui s est enfuie de chez son mari avec un ma on qui l a aujourd hui oubli e Elle a un petit gar on sa charge et depuis l ge de vingt ans le d shon neur la marque Les femmes qui entretiennent des rapports extra maritaux sont l objet de la honte publique La soci t les bannit e
236. e Il faut s asseoir c te c te On voit des coolies amies intimes former des paires si unies que lorsqu on voit l une sans l autre on s en quiert aussit t en plaisantant gent ment o l autre est pass On se retrouve d s le matin 4 h pour gagner ensemble le travail en compagnie l une de l autre Car il faut tre l heure Il fait nuit on se h te de concert on prend le m me tempo o la m me route et on partage les frais de transport en payant l une pour l autre Laxmi bai se rend au march en chantonnant des chants de la meule de sa jeunesse toutes l coutent fascin es A venir ensemble le matin au travil depuis des ann es d ex cellents rapports s tablissent parfois et s approfondissent Bien que CAVHAN bai soit membre de l autre syndicat que le mien nous nous sommes pourtant bien li es d amiti dit Kamala bai Laxmi bai confirme Cette Kamala est absolument l une des n tres un seul coeur les m mes sentiments On est quatre ou cinq ne faire qu une nous toutes ensemble La tendance cependant la plus significative et la plus d terminante du point de vue des r seaux de relations est d accor der la priorit dans leur tablissement aux syst mes de liens fon d s sur la parent Les rapports de compagnonnage ouvrier au mar ch sont loin d avoir la m me importance dans la d termination des rapports humains que l on d sire maintenir ou inaugurer C est sur les siens que dans sa grande mis
237. e a n e trop grande maintenant pour aller en classe Cette liaison lui vaut d tre reni e par ses parents et ses affins Le premier souci de Kamal bai concerne le terrain sur lequel sa m re a rig le taudis le propri taire veut expulser la vingtaine de taudis construits sur ce terrain Elle risque d tre chass e tout instant O aller Est ce que le dieu s en souciera se demande t elle Il est parfois difficile de faire le partage entre la r pudiation par un mari et la fuite d une pouse qui ne peut plus supporter la condition qu on lui fait ou la situation dans la quelle il lui faut vivre De sorte que si le mal de la r pudia tion c est le fait de se trouver sans mari la situation des pouses qui ont quitt d elle m mes ieur mari et leurs beaux pa 220 rents est en tout comparable celle des femmes explicitement r pu di es SATPUTE bai a repris le chemin de chez ses parents parce qu on la tourmentait trop chez ses beaux parents Elle obtint un billet de renvoi de son mari et vint lPune o elle habite avec sa soeur Je me remarierai si a me dit dit elle Mangal ROKADE quitta son premier mari vint Pune vivre avec sa m re et se remaria avec un autre homme de son choix Celui ci mou rut Elle se trouvait nouveau abandonn e et sans enfants coup e aussi bien de ses parents et de ses beaux parents avec qui elle a vait rompu en refusant leur autorit Elle s accrocha au taudis de
238. e actuelle est minuscule mais elle a tout paillasse gaz etc Elle fauit des d p ts en banque et en bhishi Elle d pose aussit t en banque ce que le bhishi lui porte Chandra bai tient sa bru ses petits enfants sous son autorit mais pour combien de temps Il n est point tonnant qu voir leur p re s enivrer les enfants s adonnent l alcool leur tour en sa compagnie perp tuant ainsi un fl au qui tue la famille La souffrance de la m re sera demain celle de la bru Cette tradition d alcoolisme est bien tablie dans les fa milles de Sakhu AINPURE DALVI bai UBHE bai KHILARE bai BHARE KAR bai VARAL bai Celle ci me d clarait J tais d j au d part d munie L dessus l ivrognerie du p re et du gar on A la maison c est l enfer rien d autre Jamais de joie dans la vie J ai envie de ne plus jamais rentrer chez moi Co pouse Quoi qu il en soit de la loi interdisant un homme de pren dre en mariage plus d une pouse la fois sur les 166 femmes in terview es 13 sont des co pouses d un m me mari soit 7 8 d en tre elles Toutes ressentent cette situation comme une vexation qu il faut pourtant arriver endurer Il s agit pour une femme de supporter qu une autre ait le droit de prendre sa place dans la relation privil gi e et exclusive qu elle cherche avoir ou pense tre la seule avoir le droit d entretenir avec un homme qui l a prise pour pouse Quel tourment l affecte mentalement
239. e apprend la couture et coud des sacs Car Gita bai pense qu il n est pas d cent d envoyer une jeune fille travailler au march Le mari est autocratique vis vis de sa femme Multiples travaux suppl mentaires Anusuya KUMBHAR a une co pouse qui habite au village o elle travaille sur le lopin de terre de l belle famille Anusuya a aujourd hui largement d pass l ge du labeur Elle est coolie depuis trente cinq ans son mari travaille aussi au march Elle habite dans une minuscule pi ce Shukravarpeth Il y quelques ann es elle a t op r e de la cataracte mais n a gu re recouvr la vue Elle ne peut traverser la rue toute seule D s qu elle rentre du march elle se rend pourtant encore chez des particuliers pour faire des lessives et des vaisselles Avant qu elle ne perde la vue elle allait aussi chez un commer ant trier des grains Elle n a qu une fille qui a fait huit ans d cole mais reste la maison Elle se pr occupe de son mariage et des frais faire cette occasion Paru INGULKAR s est construit une belle maison de quatre pi ces mais son gar on se d vergonde Il est mari et a deux enfants mais il boit sans retenue et depuis dix mois a commenc de se droguer De retour chez elle l apr s midi Paru bai se met pr parer des condiments pour le compte d une entreprise coop rative de femmes qui la paie au poids de galettes de condiments pr par s Paru bai est veuve depuis longtemps Hira
240. e au march depuis son enfance elle a aujourd hui plus de soixante dix ans Elle quitta sa belle famille il y a quarante ans parce qu elle ne s entendait pas avec elle Elle loua Pune une pi ce de dix pieds sur vingt Ram shwar chowk pour une roupie par mois Elle paie 38 5 aujourd hui dix roup es La pi ce est dans une grande demeure un v d toute habit e par des Marwaris et des Gujaratis C est donc un environnement agr able C est localis de plus en plein centre de la vieille ville tout pr s de Phule market C est peupl de plus tout autour de gens venus de Cimbali Kha lad Carade tous originaires de son canton de Purandar On se croit toujours au village ici Elle a investi sept mille roup es pour la remettre en tat Elle a de plus cotis au fonds immobilier du syndicat de coo lies Beaucoup de gens sont apr s moi pour que je leur donne cette pi ce Ils sont pr ts me donner cent mille roup es C est dire quel point le logement est rare Mais je leur dis que m me pour deux cents mille roup es je ne la leur laisse rai pas Dans un endroit pareil Avec un environnement si agr able Bard bai a eu deux filles et un gar on Celui ci est mort d alcoolisme laissant cinq filles deux d entre elles tra vaillent comme coolies La connaissance de la loi est ici d une importance particuli re pour assurer l acquisition d un lieu et la permanence de cette propri t Elle implique u
241. e avait d j refus auparavant d acc der la de mande de son fils de mettre la maison en son nom Ce refus ne lui tait pas particulier beaucoup de femmes du march tiennent ab solument garder leur maison en leur nom et refusent une telle demande de leurs fils Son gar on ne put supporter une telle si tuation Il partit vivre chez sa femme Sa m re est all e voir la m re de sa femme pour lui dire sa col re et sa d cision Je vais faire de ta fille une veuve dans les six mois qui viennent Il lui faut maintenant tuer son gar on Sa frustration la porte jus qu cette extr mit i meae Ceci rappelle la conduite de Kaikayi dans le chants de meule qi en font le type m me de la belle m re perverse au point de oore envoyer Sita en exil vanav s et m me de la faire tuer par axman Sita raconte son vanav s Ram qui tourne la page Kaikayi sa belle m re la porte tend l oreille i 200 Le vanav s de Sita est la repr sentation symbolique des tortures de la bru maltrait e par sa belle m re Ce vanav s symbolique est une repr sentation famili re l esprit de toutes les brus Des chants disent quel point la souffrance qu il apporte au fils et sa fem me ne sauraient jamais avoir de fin Et les jeunes brus se sont per suad es en leur for int rieur qu l exemple de Sita il leur faut supporter leur s surv s mauvais traitement de la part de leur belle famille avec la m me enduranc
242. e dans une pi ce du beau fr re de Salekar bai qu elle a lou e cinquante roupees par mois KHAMKAR bai vint Pune il y a six ans en 1982 son mari est un ivrogne il est rest au pays Elle n a elle m me aucun soutien Elle habite la Colonie Janata elle y fit venir la femme de son fr re a n SHINDE bai qui elle fit obtenir une pi ce c t de la sienne et elle la fit embaucher au march Le mari de Shinde bai travaillait Bombay dans une usine mais il avait perdu son travail pour cause d ivrognerie Rentr au village il continuait boire C est la raison pour laquelle KHAMKAR bai avait appel sa belle soeur et lui avait donn une pi ce Voil deux mois que Shind bai vient d arriver Pune Ce sont ses belles coeurs qui l ont aid e partir vers Pune M me sc nario en ce qui concerne Shanta KINARE et sa soeur POL Shanta bai avait suivi son mari Bombay elle faisait la cui sine pour une dizaine de migrants chez elle et leur servait manger Mais son mari buvait il perdit son travail Il rentra au village De l Shanta bai prit l initiative de venir Pune Des villageois l avaient aid e trouver une pi ce la Colo nie Janata Sa soeur POL se trouva dans la m me situation d plorable un mari employ dans une usine de textile Bombay qui perd son travail pour cause d ivrognerie rentre au vil lage et y reste oisif s enivrer Shanta bai par sa d cision nergique montra la voie POL qu
243. e est veuve main tenant son mari tait coolie aussi Ce qu elle est depuis toujours Deux grands gar ons mari s sont retourn s au village o ils sont em ploy s comme gardiens dans une petite entreprise locale Un autre 197 gar on qui vit avec elle va bient t se marier C est un lutteur qui prend part aux comp titions sportives de lutte Mari il ira aussi au village avec sa femme il y cherche activement un emplci Thaku bai n a pas cherch amasser de l or mais donner manger ses enfants Or elle ne s entend avec aucune de ses brus C est la raison pour laquelle elle ne tient pas retourner au village Gardavne On ne s entend pas A quoi bon y aller Elle ne s en tend pas non plus avec sa fille OMBASE bai Celle ci habite bien Dand karpul comme elle Mais m re et fille ne peuvent se voir La raison de leur querelle Sa fille ne l coute pas OMBASE bai s est aussi mis dans la t te qu on lui jette de mauvais sorts chez sa m re Si on ne m invite pas avec respect aux r unions de fa mille la maison pourquoi devrais je y aller et me plier leurs volont s Par contre la deuxi me fille veuve de Thaku bai Suman SONAVNE est Venue habiter chez sa m re avec sa petite fille Elle se doit se soumettre sa m re Elle n a sans doute pas d au tre alternative en effet Suman bai entretient des relations avec un autre homme et a fort mauvaise r putation au march et dans le quartier Sa m re ti
244. e et rapporte des int r ts Pourquoi le syndicat n organiserait il pas avec ces int r ts au profit de ses membres des p lerinages Alandi Pandharpur Tulja pur Gangpur etc Combien de femmes se sont pass autour du cou le collier des d vots de Vithoba symbole du mouvement de Bhakti au Maharashtra et se rendent Alandi chaque onzi me jour du mois lunaire et une fois par an Pandharpur l exemple de GIRE NIVANGUNE les deux belles soeurs KAMTE GIRE bai est aussi capable de chanter des cantiques pendant des heures Haru SULE Dhangar et son mari font chaque ann e le p lerinage de Pandharpur avec les p lerins de tout l tat Son mari organise des r unions de lecture de livres sacr s pendant sept jours cons cutifs la Victoire du dieu Hari les Ex ploits des Pandava etc Gita GHULE fait chaque ann e Pandharpur et Gangapur A cette occasion elle a li amiti avec des femmes de Padmavti o elle r side Le gar on de Anu SALEKAR est employ dans la Compagnie publique des transports de L Etat Il obtient tous les six mois un permis de voyage gratuit Anu bai et son mari sont all s ainsi Pandharpur Gangpur Tuljapur Somai Karanje entre autres Les Compagnies de P lerinages organisent des voyages des lieux de culte plus loign s dispers s dans toute l Inde Il suf fit de verser le prix demand SHELKE bai est all en 1990 dans le nord de l Inde Kala KARLE m explique Pour les p lerinages de Kashi
245. e fille abandonna son mari pour vivre avec un riche Mahar Sona bai garde des relations avec elle mais ses brus n eppr cient pas ce comportement Demain coment arrivera t on marier nos en fants dans ces conditions Chabu NANGARE a une fille qui s enfuit de chez ses beaux parents pour vivre avec un Mahar elle a coup tou te relation avec elle Jana MORE est Mahar Sa fille fat scolaris e jusqu en 12 me an n e Elie est employ e maintenant sassoon hospital Y est elle sage femme demandais je On me ondit vivement Non non Est ce qu on est des Mang nous Le travail d accoucheuse tait une oc cupation h r ditaire des basses couches sociales intouchables Gita YEVLE dut accepter le travail de sage femme par n cessit conomique Elle ne voulait absolument pas de ce travail Yamuna JADHAV est dans la m me condition Son mari tait soup onneux Il l obligea quit ter le march et se faire accoucheuse Ce travail rapportait d ail leurs moins et surtout la d go tait car il l inf riorisait Elle re tourna s embaucher au march Kala AMBADE a un mari Cambhar Son gen dre tient une boutique de sandales mais deux gar ons ont abandonn ce travail pour se faire charpentier le travail de cordonnier tra ditionnel aux Cambhar tant inf riorisant Les dieux La fr quentation des dieux et leur culte implique un emsemble de comportements de pratiques et de repr sentations qui rev tent we importance
246. e fondation de l identit sociale et_la conqu te d une dignit de plein droit La premi re dynamique fondamentale et originaire dont t moignent ces processus et ces vis es est celle de la fondation de la person nalit de base par son ancrage dans les r seaux de rapports qui si tuent socialement et qualifient culturellement toute femme indienne savoir la caste la parent l affinit le village avec des hi r archies et ses dieux Ces syst mes de communciation d finissent les lieux privil gi s o les femmes tiennent s implanter en premier et qu il leur faut occuper sans faute selon les devoirs de leur condi tion 11s sont pour elles les lieux fondateurs de leur personnalit collective et les garants originaires de toute reconnaissance socia le Elles cherchent et trouvent naturellement en ces r seaux l im plantation structurelle fondamentale de leur identit sociale et les fondements de la conscience de soi Elles ne penseraient pas pouvoir chercher construire leur identit et d finir leur r le en dehors de ces lieux exclusifs de leur tre de femme Elles ne sauraient vi ser occuper d autres lieux ind pendants r pondant des choix in dividuels par lesquels elles se feraient le centre de leur propre espace de vie leur gr et de leur invention Elles n envisagent jamais de se poser comme centre d aucun cercle identitaire en dehors des r seaux d appartenance et d identification sociale marqu s d a vance
247. e la farine du jour Elle ne doit se consacrer qu aux t ches m nag res M me rigueur traditionnelle chez Malan PATIL Dhangar aussi Elle a mari sa premi re fille encore enfant selon les coutumes de sa caste 4 ans avant qu elle n ait ses r gles Elle cherche active ment en ce moment marier sa deuxi me fille qu elle vient de re tirer de l cole o elle tait en 6 me ann e Pourquoi la marier si t t encore enfant lui demandais je elle pourrait s instruire C est bien assez qu elle signe son nom A quoi bon davantage d ins truction pour la race des filles Vous ne savez pas ce qu il en est dans notre caste Ne me parlez pas de cela Une fille c est un plat en verre Une fois qu il est cass c est fini Le mieux est de se d p cher de faire le mariage Hira DALVI n est point Dhangar mais Marathe Pourtant elle est avec sa m re fermement d cid e retirer sa fille de l col d s la 7 me Elle est la 10 me de sa classe mais quoi bon pour une fil le en savoir davantage Plus elle est instruite plus elle devient arrogante La race des filles doit conna tre ses limites et courber la nuque Pas question qu elle fasse la fi re et la ram ne Ce n est point l une formation nouvelle Les paysannes d hier dans leurs chants se rappelaient la m me humilit Ma maison est immense dit on sa carrure est d argent Femme la tradition ne veut pas qu une femme r torque Sindhu BOINE se plaignait de la cop
248. e la victoire socio cultu relle de la tradition sur un fond d anomie pareillement tendu et surtout de sa profonde et ferme h g monie sur les consciences en face de telles libert s prises par les personnes au plan des compor tements Comment comprendre que des mod les normatifs aussi mal res pect s dans la pratique tiennent si fortement au fond des esprits Une premi re explication de leur emprise est carter celle qui consisterait paresseusement l attribuer l intervention de pressions patriarcales externes aux femmes pour les forcer se sou mettre des discours de domination masculine Outre qu une telle explication ne serait qu une tautologie elle ne r sisterait pas aux faits Tous les dal l les maris les notables ou les ouvriers coolies ni leurs leaders ne sont pas porteurs d un discours de r pression dite patriarcale Beaucoup de maris des femmes interview es sont par ailleurs dans l incapacit pour des raisons diverses d imposer leur domination leurs femmes On peut peut tre m me y voir l une des raisons de leur alcoolisme L absence de l autorit maritale est plut t un manque qui gr ve beaucoup de foyers Le fait remarquable qui demande tre compris ici est que le mouvement de r sistance aux pouss es de l anomie par les syst mes normatifs traditionnels s exerce avec succ s de l int rieur m me de la conscience des femmes porte faix Celles ci sont elles m mes les agents porteurs des
249. e les habits qu ils avaient sur le corps ce jour l Chez eux pourtant les terres sont bonnes et il y a de quoi manger Gjara bai OMBASE du bidonville de Dand kar pul de caste Van jari vint Pune il y a treize ans originaire de Nira dis trict de Satara sa belle famille est de Gardavn canton de Mulshi Beaucoup de gens de chez nous vont et viennent entre le village et Pun ou m me y habitent Y aller ne m tait pas du tout difficile Son mari gagna Pun le premier elle le rejoi gnit un mois plus tard Je suis d abord rest e dans le bidon ville en face de Dand kar pul IL y a une dizaine d ann es quand j y suis arriv e il n y avait pas les facilit s d au jourd hui IL y avait tr s peu d eau il fallait aller loin la chercher Pas de rues ce n tait que de la boue Pourquoi je suis venue ici Ma situation tait trop p nible Ma belle m re me maltraitait par tous les moyens Elle me battait Elle me faisait trimer mais ne donnait manger du pain de galettes de bran partie la plus grossi re du son qu on jette habituelle ment aux volailles Mais quand on a faim on avale n importe quoi Mon gar on tomba malade Je dus aller pied de Gardavn Paud au dispensaire du gouvernement chercher des rem des Je n avais pas les 25 paise qu il fallait pour prendre le car Les femmes du hame u de Sutarvadi me donnaient manger des galet t s de sorgho Mon mari tait un buveur Il me battait plai sir A
250. e lieu et l atout comme talon de mesure des bran lements socio culturels que les femmes porte faix du march font subir aux syst mes qui circonscrivent traditionnellement leur exis tence dans des sph res et des r les d termin s Les conclusions que nous tirons ici des analyses pr c dentes voudraient rendre com pte des dynamiques sociales culturelles et psychologiques qui im pulsent les pratiques que nous avons rapport es Nous les articu lons en trois temps La majorit des femmes interview es doit affronter au d part de graves crises de survie souvent angoissantes M me si 38 Z d en tre elles peuvent porter cette anxi t et affronter la crise avec leurs poux toutes ou presque doivent bien porter l inqui tude d une crise conomique quotidienne grave il faut trouver les moy ens de manger et de faire vivre sa famille dans un milieu o em ploi r mun r c est dire le gagne pain journalier est trouver et une fois trouve reste pr caire insuffisant et al atoire C est pour beaucoup aussi une crise psychologique pour les brus mal trait es qui partent parce que la vie devient insupportable dans leur belle famille pour les veuves sans feu ni lieu jet es au vent de la vie incertaine pour les fenmes seules sans mari con front es avec leurs seules ressources aux hasards de l existence pour Les chefs de famille qui doivent assumer seules la charge de leurs enfants dans des conditions d autant plus difficiles q
251. e m prendre en effet sur les sens et l importance que rev tent les diff rentes formes de rapports inter subjectifs au d triment de rapports fond s sur des repr sentations largies de loyaut s d bordant la famille le clan la caste et les hi rarchies de village L importance des rapports personnels au ni veu des groupes d appartenance primaires n implique pas du tout une volont d affirmation des individus ni la reconnaissance de la va leur centrale de la personne et de ses volont s comme fondement des rapports sociaux Les rapports interpersonnels ne sont au contraire fondamentaux qu en vertu de l empire des r seaux et des groupes d al l geance et d appartenance fond s sur le sang les alliances les clans d int r t la religion les factions et les hi rarchies loca les ainsi que sur les rapports iu gaux des sexes tels qu on les a d crits Ces liens relationneis primaires ne sont pas en r gle g n rale des lieux d autonomie de r flexion et de comportement Ils n in duisent pas de pratiques innovatives et autonomes Ils ne sont pas le lieu de la cr ation et des alternatives mais au contraire des d pendances originaires et primaires qu il ne s agit pas d enfrein dre mais de servir 143 D bordant toutefois les limites de ces loyaut s fondamentales les n cessit s de la vie et les rencontres entre femmes de diverses provenances au march conduisent nouer des liens d un autre or re que ceux des all gea
252. e n avait pas oubli ce propos le chant de la meule La fille sotte engeance va dans une maison trang re Le gar on race f t e reste dans notre maison Il importe bien d instruire une fille et de lui apprendre les savoirs qui lui seront utiles dans la vie cole ou pas Si Ratna PAWAR n a pu envisager cause de sa grande pauvret d offrir ses filles toute l instruction qu elle aurait voulu vivement pour elles elle n a cependant pas n glig de leur apprendre faire ue bonne cuisine sans vouloir toutefois les confiner autour du oyer Une fille a beau tre scolaris e elle devra de toute fa on aller comme m nag re dans la maison d autres gens et y montrer son abilet de cuisini re Shaku PAWAR a une fille qui fr quente l cole et dont le fr re est enthousiaste pour la faire aller jusqu en l0 me et 12 me mais sa m re consid re que l ducation m nag re est aussi importante pour une fille que l instruction sco laire Elle sait tout cuisiner parfaitement dit elle de sa fille Ce qu elle pr pare est app tissant Elle n h site pas la bat tre quand elle ne lave et frotte pas deux fois par semaine le dal lage de la maison L inqui tude la rend violente car si on ne la forme pas bien maintenant demain ses beaux parents en bl meront sa m re Il faut y mettre le soin voulu aujourd hui Sakhu SALEKAR avait perdu ses terres sous les eaux du barra ge et obtenu en compensation du terrain
253. e n est pas vrai dire une nou veaut de leur part Rien n est plus traditionnel La grossi ret de leur parler est un fait que nul ne ta t tant il est patent Tout le monde en convient y compris les ham l et pas seulement les ouvri res Celles ci entendent leur mari les sermonner en les avertissant de ne pas parler la maison le langage du march N amenez pas ici le parler du march Laissez le l bas Non pas que le village l ignore et qu il soit sp cifique au market yard Le village le pratique tout autant mais il y reste retenu et contenu tandis qu il s tale au grand jour au march Jija SHELKE se plaint en permanence que le jeune gars du dal l emploie son gard une voix f roce ugrit v ni ce mot est celui qui dans les chants de la meule caract rise la grossi ret agressive de certains villageois l gard des paysannes L instruction des enfants On peut s attendre juste titre ce qu une fois install s en zones urbaines o les facilit s d instruction sont sans com mune mesure bien meilleures ce qu elles sont la campagne les migrants ruraux cherchent en profiter et envoient leurs enfants en classe Mais au del des pratiques qui changent il faut aussi i ir 1 n oa intinn 1 nrin A j 168 dont la situation est mis rable mais elle ne rechigne rien d s qu il s agit de l instruction de ses enfants Elle fait les travaux de couture de leur ma tre d cole lui coud des p
254. e novatrice nous explorons les formes et les modes d mergence de celle ci L es pace est per u ici comme lieu d expression o l on se dit et se raconte o l on s affirme en affirmant sa pr sence o l on prend et revendique une place soi par droit ou par volont En un mot l espace est le champ du passage d une situation d objet inerte et manipul par des forces sociales de tous ordres une posi tion de sujet part enti re Nous privil gions les processus qui constituent une r ponse et un d fi aux m canismes de confiscation syst matique de la pa role f minine et de confinement maintenu des pratiques f minines dans des sph res attitr es soutenus tout particuli rement par un discours h g monique r cup rateur et moralisateur sur la Femme La parole des femmes sur leur v cu porteuse de leur prise de conscience collective autonome f t elle inchoative est en cons quence un lieu particuli rement significatif pour saisir l mergence de l individu acteur dans la singularit d une parole TTL reprise annonciatrice de voeux de d marches et de d cisions nova trices Les modalit s et les motivations de cette parole dans le contexte d une soci t en tat de transformation et au coeur d exis tences en crise de survie sont l objet de notre analyse Cette analyse des dynamiques de l espace comme strat gies de rapports sociaux repose sur l hypoth se de la fonction d terminan te en derni re ins
255. e que Sita Ce s surv s ma m re c est toi qui l a inflig Sita Voil douze ans que ma reine manque sur ma couche Vanav s pour Sita elle le lui a inflig aussi abondant qu une chevelure Sur une feuille de tamarinier celle ci l envoie ses soeurs de pays en pays Mais plusieurs de ces soeurs de Sita en Inde y compris ont d cid aujourd hui de refuser la lettre de leur grande soeur mod le avec son message d insupportable soumission De jeunes maris de leur c t se montrent moins inhumains et inhib s que le dieu veule de l pop e Plusieurs belles m res se comportent avec leurs brus de fa on toute diff rente de Kaikayi Konda SHEJAVAL a un gar on cuisinier IlL a beau tre exigeant avec sa m re et faire pression sur elle c est un parfait accord entre celle ci et sa bru L a n des gar ons de GHODKE bai est ma ri et a un emploi dans une entreprise Le deuxi me a une occupa tion journali re Le troisi me aide son p re qui est boucher Khatik d biter les moutons Le cadet est en classe Les premi res ann es Pune furent tr s difficiles quand les enfants taient tout petits Leur m re allait faire des vaisselles chez des particuliers mais cela ne suffisait pas faire vivre la famille Les enfants l accom pagnaient au travail dans un d bit de jus de canne puis furent pris dans une boutique de r paration de v lo Leur enfance fut besogneu se La situation reste aujourd hui enco
256. e soit un gar on ou une fille Le mari est insoucieux quoi bon continuer avorter pour ab mer sa sant Ses grossesses ne laissaient aucun r pit ni aucun repos Mieux vaut arr ter les enfauts est elle absolument persuad e Ahilya HARANAVLE est atteinte d un cancer l ut rus dont elle s est fait op rer Sinon dit elle je me serais fait st ri liser Cette ouverture d esprit contraste avec sa conduite et ses convictions par ailleurs fermement traditionnelles Elle a 2 gar ons et une fille L a n chauffeur de rickshaw a fait retirer sa soeur de 15 ans de l cole pour la confiner la maison s oc cuper des t ches domestiques par peur des cons quences Elle va apprendre la couture chez une voisine musulmane Ahilya bai est par ailleurs aussi stricte sur les r gles de caste et de puret 232 Elle ne se sent gu re libre de nouer des relations en dehors de sa caste et de sa famille La maison et ses parents sont son monde oua si exclusif Ratna PAWAR disait aussi qu elle se ferait op rer la naissance du dernier enfant Mais comme son mari mourut au m me mo ment nul besoin de se faire st riliser Nous n avons rencontr qu une seule femme dont ce fut le mari qui la fit op rer Kamala KALE Celle ci est poss d e par la d vi qui lui apparut en songe l h pital o elle s tait rendue pour se faire st riliser La d vi lui fit peur et la mena a si elle se fai sait op rer ce serait tr
257. e son village o elle et son mari se rendent aux assembl es Elle vit surtout dans la crainte et la pr sence des dieux Elle les consulte Pune galement y compris par l entremise de devrishi qui sont des coolies du march L alcoolisme emporta apr s leur p re deux des gar ons de Gita GHULE Ils travaillent au market yard comme lui Veuve jeune elle se trouve aussi avec deux jeunes TaT veuves la maison Mais si ses beaux fr res et leurs femmes l aid rent quand elle tait elle m me jeune veuve elle ne s av re aujourd hui d aucun secours pour ses propres brus veuves leur tour Je ne peux m me pas voir leur front blanc Allusion au point rouge qu elles ne peuvent plus por ter depuis la mort de leur mari Pourquoi devrais je les garder et les entretenir Je les ai expuls es de chez moi me dit elle sans l ombre d un remords Elle fait le p lerinage de Pandhrapur se rend Gangapur elle v n re les dieux de ses champs elle leur offre un chevreau une fois par an Son d sir est que ses deux autres enfants r uississent Mais les brus de ses deux premiers ne font pas partie de ses enfants puisqu ils sont morts Haru SULE est la belle m re de Lakshmi SULE Celle ci la dif f rence des autres brus ne se soumet pas sa belle m re Elle a chapp son autorit voil dix ns en allant r sider part avec son mari Mais auparavant Haru bai avait eu Je temps de jeter de mauvais sorts sa bru et de con
258. e sont Hira Dondakar Marathe du can ton de Shirur Subhadra DARVATKAR du canton de Velh veuve avec cinq enfants Hira bai se trouva veuve toute jeune et resta sans enfant elles sont coolies depuis vingt cinq ans Rakhama TANPURE est de la r gion de Mancar canton de Khed Marathe Ahilya HARA NAVLE Dhangar du canton de Purandar Tara KUDITKAR Marathe du canton de Velh Jija UTEKAR habite Dhankavdi avec Mangala BORGE Kalpana UTE KAR Kamala KALE Malan KARANJKAR et UBHE bai Elles sont voisines Jija bai ressent leur proximit comme l assurance d un soutien Toutes sont Marathes sauf KALE bai qui est Mang intouchable elle s est mari e un intouchable de caste Mang Jija bai ne boirait pas un verre d eau chez elle Le mari de Malan bai est un ivrogne Beaucoup d honmes de ce bidonville boivent c est un qu rtier res senti comme particuli rement peu s r L atmosph re y est r serv e tendue Les femmes coolies y vivent dans la crainte plus qu ail leurs C est la peur des querelles on vite de les provoquer On a peu de go t de sortir les unes chez les autres et de nouer des relations ou de chercher en nouer Mieux vaut viter les his toires Les relations se restreignent aux gens du pays de la fa mille et de la caste Jija UTEKAR est la plus ancienne des femmes mentionn es plus haut Nous nous sentons rassur es aupr s d elle disent ses voisines Celles ci sont toutes li es par ailleurs par des liens de par
259. e souvent pr ts effleurer la conscience des coolies certaines interviews tir rent avan tage de cette m moire collective Quelqueo remarques caract riseront l atmosph re de familiari t qui pr valait la plupart du temps dans les rencontres Une fois que nous avions t invit es entrer dans la maison d une ouvri re l accueil ne pouvait tre que cordial selon la tradition d hospitalit paysanne qui ne se contente pas d un th mais tient inviter avec insistance prendre un repas et revenir Quand je revoyais au march par la suite celles que j avais visit es chez elles elles s enqu raient du jour de ma prochaine visite Cotte absence de formalit fit que la recherche se d roula dans un esprit de participation collective un effort de r flexion qui prenait parfois l allure d une sorte d affirmation de soi Les femmes en venaient m me souvent au del de l information corres pondant la recherche proprement dite partager des pens es et fes soucis plus personnels ou plus intimes leurs probl mes de terre au village leurs conomies et la fa on de les r aliser leurs efforts pour mettre de l argent de c t et investir Cer taines confiaient m me dans les larmes leurs d sarrois J tais souvent prise t moin par les femmes interview es Je ne me sen 10 tais plus simple intervenante dans la vie d une autre L enqu te a t commenc e le 6 mars 1988 Elle s est d roul e dans h
260. e taxes sont utilis es comme suit 32 frais d administration 1 54 vacances pay es 17 fonds de r serve 24 primes 11 57 primes de Diwali 17 compensation 2 cong s pay s 8 fonds de pr voyance C est dans ce contexte qu il convient de soulever la question de la connaissance de la loi et de la conscience de droits de la part des femmes porte faix ainsi que de leurs revendications en la mati re Rangu DIGHE a depuis le d but une conscience aig e de droits Dans la clinique o elle travaillait ant rieurement elle avait d j d nonc l exploitation des docteurs en d clarant franchement ce qu elle touchait r llement Elle se rendit une fois une r union syn dicale Hamal Bhuvan la Maison du Coolie immeuble appartenant Hamal Panchayat assister une r union syndicale d information sur la loi de 1969 Elle se souvient en particulier de la demande de cr ation d un fonds vieillesse Dvarka KANDHARE et son mari formulent la m me demande Ainsi que Sona MARATHE qui avait assist la m me r union et qui pense que la loi devrait y pourvoir Le mari de Sona 127 bai travaillait autrefois la Municipalit il b n ficie aujourd hui d une pension Elle se souvient que le jour o elle prit cons cience de la n cessit d une retraite vieillesse pour elle aussi et s en expliquait avec son mari celui ci lui r torqua sur le champ Pour avoir droit une pension il faut un emploi valable huit h
261. e village ni ne recourt aux dieux dans sa d tresse o trouver le temps d aller en p lerinage Aucune ques tion ne se r soud faire des rites et prier les dieux Les bhagat nous prennent notre argent et nous pillent dit elle sa bru par contre retourne au village et maintient les liens car il faudra un jour marier les enfants Comment y arriver autrement Dans une situation telle que celle de Bhima bai et de Nar mada bai il est certain que la maison l argent et les biens iront au fils unique Mais celles ci ne sont pas pr tes aujourd hui se d mettre de leur emprise et de leur autorit sur ces biens Le r alisme d ailleurs demande de la prudence Comment tre s r de la protection des slens ensuite Les brus d sirent de leur c t obtenir aussi vite que possible un plein pouvoir sur la maison l argent et les biens devenir ma tresse de maison Comme au jeu de la corde chacune tire tout soi Personne en fin de compte n est heureux Des femmes comme Dhonda BORADE et Paru SUDARIK qui ont eu chacune troie gar ons mari s et gagnant leur vie aujourd hui ins tall s dans un logement c t de chez elles vivent cependant s pa r ment d eux et de leurs brus Elles ne s entendent pas avec celles ci Il leur faut habiter part Malgr la fatigue elles continuent travailler au march car comment rester oisives la maison El les ne peuvent abandonner leur travail car elles tiennent aussi une certaine i
262. e volont des individus bien au del des rapports dict s par les n cessit s de l organisation du travail et dans les plages pr cis ment laiss es libres par les r g les qui g rent le travail ouvrier Deuxi mement cette impulsion va d embl e en ce qui concerne les rapports entre sexes dans la direction d une anomie et d une exploitation masculine du d sir et des frustrations des femmes Ce qui se dit de fa on si marqu e voil e ou pas propos des rapports extra maritaux et ce qui ne se laisse entendre qu mots tr s couverts une trang re au mi lieu sur les r seaux de prostitution t moigne la fois du re l chement des normes et des contr les concernant les conduites ce rel chement tant certainement encore plus important et plus signi ficatif qu une enqu te telle que celle ci ne peut parvenir tablir L ardeur la verdeur et l ampleur avec lesquelles les ouv ri res elles m mes en parlent r v lent l importance des br ches ouvertes dans les murs de contraintes lev s l encontre de toute libert des moeurs et lu langage rotiques Les enceintes de la tradition sont fortement rod es au march comme le laisse enten dre le jugement d ensemble r probateur sur les femmes porte faix et l expression courante C est le march apr s tout lieu de perdition morale dont beaucoup de m res veulent pr server leur fille ou voudraient les en loigner Peut tre peut on comprendre que la
263. ecourir une d cision d pourvue de toute h sita 242 tion moderne et rationnelle pour ne plus avoir d enfant Mais pour en avoir par contre on saura recourir au bhagat aussi fr quemment que de coutume 5 a mi Il III INTRODUCTION Des femmes coolies p l La m thode p 7 La perspective p ll p 13 p 16 Des concepts Un contexte A L HABITAT UNE PLACE OU HABITER DU PIED A TERRE A LA DEMEURE p 18 I Questionnement Le d part p 20 L acc s en ville Un domicile p 28 Qu te au hasard Cinq d marches p 23 p 28 p 33 Une demeure p 41 L objet moderne du d sir p 42 Un bien d utilit et de profits Un ordre des lieux pr server Le sentiment d un chez soi p 50 L ambition d un m nage p 52 De ferventes Lakshmi p 55 p 57 p 45 p 47 Des voisines Conclusion p 60 Des trajectoires personnelles dans un monde ouvert L habitat espace propre indicateur de r ussite Des rep res anciens pour des d marches modernes p 60 p 62 p 64 4 5 II B LE TRAVAIL II LES TACHES DU LABEUR LIEU DU GAGNE PAIN Questionnement p 67 Premi res besognes d occasion p 69 Multiples travaux suppl mentaires p 72 Un esprit d entreprise pour tenir quelque part p 75 Des oeuvres serviles p 79 Trois soucis lancinants p 83 Les enfants p 83 La vieillesse p 86 La sant p 90 La fiert ou la honte p 92 Conclusion p 95 Le trabail lib r
264. ect de leur r ussite de femme le crit re visible et probant d une v ritable existence au f minin La maison est l ob jet de r f rence crucial et central qui projette une identit socio culturelle celle de la femme en ce monde La maison est l image de son sams ra 42 Cette image prend dor navant des traits qui r pondent une deuxi me s duction celle d une certaine id e de la maison en zone p riph rique urbaine Son am nagement moderne devient avec la forme id ale de son architecture le support d une qu te de prestige et de reconnaissance sociale le symbole d un statut conquis la force du poignet L objet du d sir se construit nouveaux frais dans un nou veau contexte p ri urbain Cette reconstruction signale et assure le changement de monde l insertion en zone urbaine Toutes les femmes coolies n arrivent pas acqu rir par leur travail l objet de leur d sir de m nag re Celui ci n est plus don n en effet Il faut se l approprier par un labeur ext nuant ou tous autres moyens Cette appropriation devient le test co teux mais irr futable de leur capacit s implanter physiquement et socialement en zone urbaine c est dire s en montrer digne La maison est l atout essentiel de leur conqu te d un nouvel espace de vie Celles qui ont pu s approprier l objet de leur d sir et r ali ser en partie leur r ve nous montrent dans l habitat qu elles ont b ti et am nag la fa on dont tout
265. eillesse des m res de famille etc l gaux mise en oeuvre de la loi culturels statut de la femme sur le lieu de travail dignit du travail galit des r mun rations organi sationnels statut des femmes l int rieur du syndicat et dans les actions collectives forme et buts d un syndicat conomi ques salaires d cents doit encore cro tre et surtout s insti tutionnaliser de fa on appropri e Le chemin parcourir est fort long mais beaucoup s y sont engag es et sont en route vers un ho 142 rizon celui d un espace de droit et non plus de statut inf rieur ni d asservissement On peut caract riser le passage en cours d un espace l autre eu gard aux perceptions relatives au travail salari comme enjeu strat gique de ce passage en qualifiant l intentionnalit des tra vailleuses ce sujet de la fa on suivante D un espace social o le travail tait un labeur pour autrui avec toutes les constella tions de sens qui le connotaient et qualifiaient les paysannes sta tutairement dans un syst me de rapports qui les prot geaient en vendant par n cessit de survie leur force physique en zones p ri ph riques les ouvri res font l exp rience du travail comme un en soi tout d un coup d nud de toute qualification statutaire et de toute autre valeur que marchande dans un espace domin par des sys t mes de rapports capitalistes Cette r ification conduit par un ef fet de riposte la percep
266. el les soeurs On pourrait multiplier les exemples Nulle ne saurait ou blier les formes de rapports qui pr valent la maison ni s en loi gner La vari t et la complexit des rapports de parent et de coop ration n a de parall le galement que la vari t et la complexit des raisons de conflits Tension et suspicion diffamation et insul tes querelles et inimiti s prennent aussi toutes les formes habi tuelles Que l on s enquiert d une compagne de travail aussit t en coeur deux ou trois repartissent avec un rire entendu Elle Regar dez donc derri re le camion Vous l y trouverez coup s r A pro pos d une autre on insinuera Elle n arrive chez elle qu 5 h C est qu elle ne s y rend pas directement Elle s arr te en chemin A force de pointes et d insinuations l adresse les unes des autres les esprits bless s s chauffent et se durcissent Tara bai et R vu bai s entretenaient Je me hasarde leur de mander Pourquoi vous femmes coolies ne vous ouvrez vous pas les unes aux autres franchement de ce que vous avez sur le coeur Nous autres nous n avons pas l habitude de nous confier les unes aux autres ce qu on a l esprit On sent toujours une contrainte Autrefois au moins il y avait la meule l aube avec qui on pouvait causer Le moulin de pierre a disparu On n a plus avec qui s pan cher maintenant A vrai dire il n en va pas diff remment aujourd hui d hier des chants de la me
267. el chement marqu de la plupart des au tres Selon le dicton marathi S il y a un maftre mari alors il y a un monde un territoire d appartenance socio culturelle sinon les quatre directions sont ouvertes C est ainsi que la plupart des femmes coolies qui migrent pour fuir leur belle fa mille sont devant des chemins grand ouverts Elles ne se lib rent des liens ant rieurs que pour se trouver nulle part dans un non espace c est dire sans liens d appartenance naturelle Il faut recommencer s implanter en retrouvant des lieux l mentaires un endroit o se poser une maison s approprier un travail 62 pour survivre L habitat est la premi re conqu te Projet es dans un monde ouvert cette premi re qu te d un espace de vie a t pour les femmes coolies et reste pour longtemps pour la plupart d entre elles le vecteur le plus significatif de trajectoires personnelles Socio culturellement parlant la construction du nouveau domai ne de fixation au sol et d appartenance se fait en ce qui concerne l habitat par le recours aux rep res vers lesquels pointe une nou velle conscience de droits et la d couverte de l atout particulier de la pression collective Du point de vue psycho sociologique des attitudes de confiance en soi et des comportements combatifs puisent dans le meilleur des ressources personnelles des individus L ancien sentiment inn de s curit par appartenance de naissance un monde c
268. elle m me sept ans d cole avec succ s et elle aurait voulu tre en seignante comme sa soeur mais sa belle famille ne le lui per mit pas Le Marathvada son pays d origine est arri r Ses parents lui disaient Il faut mourir l o on est n Elle n en envie que plus le detin de sa soeur maintenant la re traite mais qui veuve avait pu acheter un camion qu elle loue un chauffeur et qui touche en m me temps une pension d enseignante En gagnant Pune Shaku bai travailla d abord aux ordres d un ma on Comme elle logeait alors Bibv vadi elle s embaucha parfois comme ouvri re agricole dans des champs si tu s Dhankavdi Elle travailla galement sur une machine broyer de la pierre pour en faire une poudre servant faire des d corations domestiques aux f tes rangoli elle gagnait alors une roup e et demi par jour c tait en 1978 Le propri taire de sa pi ce Bibv vadi ne voulut pas la garder elle vint loger Premnagar Elle se fit encore cuisini re chez des particuliers Elle tria et nettoya des grains dans une pice rie Comme ceci ne suffisait pas aux t2soins elle s embaucha comme coolie S ajoutant aux difficult s communes toutes la siluation de veuve est un d fi plus particuli rement difficile Il faut t3 voir tirer profit de toutes ses ressources d ing niosit ec de toutes ses nergies pour y faire face compte tenu de l tat de m pris ou du moins d indiff rence dans lequel
269. elles leur propre identit au quotidien Des milliers de femmes paysannes migrent depuis des ann es vers Pune Il n tait pas question d aborder une telle population avec des m thodes d chantillonnage IL tait encore moins possible d al ler rencontrer chacune d entre elles On d cida de choisir un groupe particulier restreint et localis mais d entretenir avec ce groupe sur une longue dur e des rapports personnels soutenus et motiv s galement par des intentions et des r seaux de rapports d bordant si possible le cadre troit de ia recherche elle m me Plusieurs possibilit s se pr sentaient nous de ce point de vue prendre tou tes les femmes d un m me bidonville par exemple ou la population f minine d une m me caste ou bien encore toutes les femmes qui ont migr d un m me village ou d une m me vall e D autres approches au raient encore t envisageables Nous avons opt pour un autre parti un groupe de femmes travaillant toutes au m me endroit comme ouvri res et ayant une certaine conscience d unit collective On choisit le groupe des femmes coolies au march central des l gumes et fruits de Pune Gult kadi sur la route de Satara Elles sont 604 en 1988 quand nous commen ons Les femmes coo lies du march aux fruits et l gumes sont employ es de quatre haures du matin jusque vers midi g n ralement mais parfois jusqu quatre heures de l apr s midi trois sortes de travaux le transpor
270. elogement en co nomisant avec des d p ts en banque et des bhishi Elle avait pu investir 22000 rs Personne qui confier la souffrance qu on ressent dans son coeur dit elle Quand on a l esprit trop bri s il ne reste qu joindre les mains devant le dieu Personne qui avoir recours Laxmi bai est une forte femme qui a prouv qu elle tait capable seule sans aide de lutter en tablant sur ses propres forces Nanda GARADA perdit son mari alcoolique sans avoir d enfant Je n ai pas eu un seul jour de joie dans ma vie M me du vivant de mon mari ma belle famille n avait aucun gard pour moi Aussi quand mon mari mourut je ne suis pas retourn e chez eux Sa m re habitait Pune o son p re avait un emploi Mais il tait tou jours malade La m re prit sa place C tait le d nuement Sa soeur 226 a n e SHAKU revint aussi la maison renvoy e par son mari avec un gar on C est alors qu elles prirent toutes les deux le chemin du market _ yard Les parents sont morts maintenant mais les deux soeurs continuent de vivre ensemble Appar Mais l emplacement avait t donn une tante qu il faut payer 7000 rs Les deux soeurs ont fait des d p ts en banque et en bhishi avec lesquels elles verseront la o somme puis elles se remettront conomiser Phula MALUSARE BHUNDE et HONMANE ont d aussi leur mari mort faire leur vie par elles m mes ne pouvant gu re compter sur l aide d autres
271. en plus d elle m me et de son mari 3 enfants Kamal RANE est la fille de TAGULE bai et la soeur de Jayashri BHOSLE Elle vit dans un r duit de 10 pieds sur 15 Ses beaux parents r sident dans Kasba perh Mais elle ne s entend par avec eux C est ce qui l a amen vivre dans le bidonville de Dankavdi Son mari est alcoolique affreux voir illettr Il ne lui sied certainement point Elle est jolie et ne manque point de distinc tion La pauvret de sa famille explique que telle m salliance et le gaspillage auquel son existence est condamn e Kamal bai a dit on des relations adult res C est ce qui rend son mari ja loux et le pousse doute boire pour noyer son amertume Le r sul tat est un m nage qui sombre comme une pave Kamal bai par con tre sait respecter les r gles de puret rituelle d autant plus 210 qu elle se laisse poss der par Kalu bai dont elle fait le p lerina ge annuel Elle se tient du dehors lors de ses r gles en fait as sise la porte du petit taudis Il n est pas question qu elle ren tre faire la cuisine ces jours l Voil 4 mois qu elle s est embau ch e au march Elle allait auparavant couper de l herbe sur les col lines pour la revendre Elle tient n avoir gu re de relations avec d autres et ne mange pas avec des Mahar ni des Mang Son mari buveur la tourmente Elle a rempli un sac d ustensiles m nagers pour les prot ger Tr s nombreux sont les maris qui s adonnent
272. enclos soi c est dire close aux au tres en tant que domicile L habitat est d abord l espace propre et exclusif de la r sidence un lieu soi l o on a pris pied La deuxi me dimension est celle de l abri et du logis Elle en fait un lieu d habitation Ce rapport la demeure comme endroit et maison se diff rencie l infini selon les conditions objectives de l environnement physi que et social et selon les d terminations subjectives de syst mes de repr sentations et de valeurs propres une communaut humaine don n e Fa on d habiter il constitue un fait de culture de premier or dre Son importance est tout particuli rement d terminante et signi ficative la fois de la place faite aux femmes dans une communau t donn e surtout dans des soci t s plus traditionnellement li es un mode de vie rurale Par cons quent nous avons galement analys le mode d habiter dans la soci t paysanne d o viennent les femmes ouvri res au march En quittant leur village ces femmes coolies abandonnent aussi une demeure fixe et stable qui leur tait assur e par leur belle famille et n tait donc aucunement pour elle un objet de pr occupa tion L acc s un lieu soi pied terre et demeure est un des premiers soucis de la migrante Ce lieu est trouver construire et am nager IL devient l objet d une conqu te le plus souvent ha sardeuse Les p rip ties de l appropriation d un espace o s
273. endre un autre chemin et ce chemin n est point fourni ni d fini d avance IlL est trouver ou plut t il faut se le frayer en faisant preuve d initiative Il faut souligner de fa on sp cifique les dimensions psycho sociologiques particuli res de cette crise chez un bon nombre de femmes coolies interview es Les tensions et l oppression mentale dont souffrent beaucoup de jeunes brus dans le cadre du syst me familial rural traditionnel sont une des raisons principales qui motivent ou corroborent chez les migrantes la d cision de partir La crise les force une d cision personnelle Le harassement de la belle m re et l alcoolisme du mari sont parmi les deux raisons les plus dramatiques de ces tensions mentales Ce sont l du point de vue des processus socio culturels qu ils induisent et mettent en oeuvre des d terminants essentiels des ph nom nes ob serv s La crise induit un sursaut d affirmation de soi qui se scel le par une rupture En d autres termes la migration dans l es pace est grosse d une volont d autonomie individuelle dont les formes et le contenu varient bien s r selon les personnes et les conditions particuli res de leur crise Cette affirmation de soi par sortie des cadres de vie insti tu s plonge dans un espace dangereusement ouvert puisque son ou verture est identique non pas la disparition totale des syst mes de rapports protecteurs ant rieurs mais au largage de cer tains d entre eux et au r
274. ens pr tendent que c est en se prostituant qu elle a gagn l argent qui lui a permis de d penser plus de 37000 rs pour se construire sa maison 2 tages Appar Bibv Kala bai s entretient beaucoup avec moi de son enfance dont des pisodes semblent l avoir marqu e profond ment D s avant sa pubert quand elle allait garder le b tes dans les champs elle trouvait plaisir entendre ses soeurs et ses belles soeurs parler d affaires sexuelles Elle cousait des soutien gor ges avec des bouts de chiffon Elle piait les conversations des hommes Laxmi BHAME avait plac ses filles au pair dans des familles Brahmanes car l atmosph re du bidonville lui faisait trop peur pour elles Elle mit ses gar ons dans une maison de redressement remand home Un gar on attard fut plac Satara Deux filles sont mari es La troisi me est encore chez des Brahmanes en atten dant le mariage Un des gendres chauffeur de rickshaw vit chez elle Elle le trouva Kondavle le village de sa belle famille Le deuxi me fut tu par un gang du bidonville c tait un d lin quant Mais sa famille est tr s correcte elle recueillit sa fem me N ayant le soutien de personne Laxmi bai n a pu trouver les meilleurs maris qu elle d sirait pour ses filles Nul homme ni fr re ni beau fr re pour l aider Son beau fr re au contraire vou lait qu elle vende sa maison pour payer les frais de mariage de ses propres filles Elle avait pu obtenir son r
275. ent Ratna PAWAR Laxmi BHAME Lila KARALE et Tana DHAVNE vivent dans le m me taudis o les pouvoirs publiques relogent des person nes d ailleurs Appar Bibv vadi Elles vont au market yard dans le m me camion Elles se c toient au march pendant le travail Mais nous ne connaissons pas la maison les unes des autres re connaissent elles Je disais Ratna bai Vous savez le genre de recherche que j entreprends Cela vous pla t et vous tes d accord Oui je suis pr te vous aider Que puis je faire Pouvez vous m indiquer la maison de ces autres femmes qui sont coolies comme vous au market yard et habitent dans ce bidonville Vous les con naissez toutes n est ce pas Oui je les connais toutes mais je ne sais pas o sont leurs maisons ici Je ne suis jamais all e chez elles Toutes sont de la m me caste Marathe Yamuna SHIRKE du m me bidonville et de la m me caste donne sans doute la cl de ce comportement Il y a des gens de toutes sortes de castes ici aux alentours Je n ai de relation qu avec les gens de deux mai sons celle d en face et celle d c t Appar est renomm pour ses querelles 60 Shakuntala KORPE est de caste Lingayat Vani Premnagar Elle y r side avec beaucoup de gens originaires de sa r gion Latur et Bhid Une excellente relation r gne entre tous car on vient de la m me r gion Sa soeur m me habite c t de chez elle Il y a dans le bidonville un groupe de gens
276. ent et de connaissances du village Elle est aid e en par ticulier par le fait qu elle a pour ainsi dire deux familles et deux ens mbles d relations de voisinage sa famille d origine avec les gens du village o elle est n e et sa belle famille avec les rela tions et connaissances du village o elle fut donn e en mariage Elle aura parfois eu l occasion de visiter ant rieurement des zones p riph riques o elle uvisagera naturellement de chercher un premier s 25a pied terre Elle recourt tout particuli rement aux avis et con seils de migrants de sa connaissance au courant de solutions pos sibles et dispos s lui apporter leur aide pour r soudre au moins les premi res difficult s Plusieurs r seaux se laissent plus ou moins distinguer pour les besoins de l analyse bien que leur distinction apparaisse quel que peu artificielle Ces divers r seaux se recouvrent souvent en r alit pour faciliter 1 approche progressive du nouveau milieu de vie et d abord la recherche d un endroit o atterrir et s journer les premi res semaines ou les premiers mois Le premier r seau le plus significatif et le plus courant est celui des relations familiales L acc s en ville suit le plus sou vent le chemin trac par les lignes de la parent et des alliances matrimoniales entre familles Ce sont elles qui offrent la plupart du temps l appui le plus s r Elles correspondent ce que recouv rent les termes marathi de kut
277. ent Elle dort un jour Ambedkar nagar et un jour Padmavti Elle vient tout r cemment d acheter une quinzaine d ustensiles en bronze au march aux puces Elle est heureuse de les avoir obtenus tr s bon march Le taudis de Tara KUDITKAR du bidonville en face de Sai baba a une grande chancrure dans un coil Tara bai la bouche avec des feuilles de plastic Quand la saison des pluies viendra je le boucherai convenablement me r p tait elle Toutes les ouvri res qui ont am nag un petit r duit pour le bain et la lessive me l ont montr avec fiert Nous ne prenons pas notre bain D couvert au dehors ajoutent elles KONDALKAR bai ne manque pas d insister dessein Mon taudis est digue de celui de Sita en exil c est dire extr mement frustre Mais regardez j ai fait un r duit pour la coilette dit elle en insistant dessein Lila KAMBLE habite dans le bidonville au pied de la colline de Taljai Son taudis est fait de t les d coup es dans des bidons elles font deux pieds sur deux et sont assembl es pour former la paroi de murs Nila bai en est particuli re ment fi re car c est en conomisant r guli rement sur son salaire qu elle s est b ti son taudis En ce moment elle est en train de passer les t les la peinture Elle ne ces sait de me demander a vous plait Comment trouvez vous ma maison Si l on voulait d finir le sentiment d un chez soi on pour rait peut tre se le repr sent
278. ent du loyer Elles savent parfaitement que la loi est du c t des locataires En donnant des re us elles perdront la disposition de leur pi ce Jayshri BHOSLE est du bidonville situ c t de l aslram de Shankar Maharaj Les ruelles l int rieur taient trop t roites on est en train de les largir Certaines portions des logements vont donc tre absorb es par la rue Les voi sins de Jayshri bai ont essay de mordre de force sur son taudis afin d arriver l expulser Jayshri bai est all e la municipalit avec tous les re us et papiers en sa posses sion d ment tablis en son nom la carte de rationnement les feuilles d imp ts pay s la mairie la facture d lec tricit et les feuilles de relev de compteur Forte de tout cela elle a refus d abandonner la place elle ne veut pas perdre le droit que ceci lui conf re sur l espace qu elle occupe SHELAR MORE et SALEKAR avec d autres habitants du bidonvil le au pied de Parvati sont all s la municipalit avec les m mes documents que Jayshri pour s opposer la tentative d une femme brahmane de les expulser du lieu qu elles oc cupent Elles ont aussi pr sent la mairie des copies des demandes qu el es avaient d pos es pour obtenir un service d eau avec robinet ainsi que les docume nts montrant que la mairie leur avait bien install ces facilit s Elles ont toutes t capables de pr senter la d fense de leur cas La d marche de R
279. ent sans doute l ignorer La fille de son c t n a plus de relations avec sa belle famille depuis la mort accidentelle de son mari Elle est isol e aussi par ses moeurs l g res de sa parent Malgr toutes ses nergies Thaku bai n est pas sans devoir se plier elle m me diverses pressions celles de son d l l qui lui fait ramasser ses oignons et ses pommes de ter re celles de sa caste et des traditions Elle d pense beaucoup d argent en p lerinages divers dieux et lieux saints Quand je suis all e la voir en punjabi elle r agit vivement avec son franc parler habituel pour condamner une telle tenue et jurer de sa fi d lit aux coutumes respectables en l occurence le sari tradi tionnel avec bandes droites aux franges et l exclusion de tout sari en mati re synth tique peint aux couleurs et motifs vari s BHEGADE bai force de se quereller avec sa belle m re a pris l initiative d organiser sa vie sa fa on et de montrer ce dont elle se sent capable Mais elle m me ne permet pas sa bru de sortir de la maison Mon gars est simple et innocent dit elle Ma bru aujourd hui est sans doute bien gentille Mais une fois qu elle sera sortie pour aller travailler ailleurs elle se ren dra compte de la vie et en voyant ce qui se passe elle ne restera plus en mon pouvoir Elle ne l envoie pas travailler en dehors de la maison elle lui fait plier du papier domicile pour une entreprise Hira DALVI a une b
280. envo t es par les messages et les biens que le march leur four nit depuis des services tels que ceux qu offrent les docteurs jusqu la TV les savons et des biens de luxe Dvarka KANDHARE sans enfant allait consulter un docteur ce sujet Qui avez vous consult demandais je De nombreux grands m decins tr s r put s qui prennent de tr s gros honorai res Nous on ne va jamais chez de tout petits docteurs sans im portance Ce serait bien que le syndicat ouvre un dispensaire dis je Elle r fl chit l id e et repartit Oh Mais qui donc viendrait dans un tel dispensaire N importe qui aura d abord l id e d aller chez un docteur de renom Shaku PAWAR me confiait Quand j ai eu des ennuis avec mes r gles je suis all e consulter un grand docteur Il travaille dans un grand h pital Vanvadi Ca m a co t une grosse somme mais le docteur tait renomm Aucun inconv nient dans ce cas y mettre beaucoup d argent La fille de R vu BHEGADE accoucha dans un h pital mais le b b mourut La prochaine fois elle changera d h pital Est ce qu on manque de docteurs ici Il suf fit de payer et on a tout ce qu on veut Le service m dical est ainsi devenu une pure marchandise qu on ach te comme tout autre bien Rem des bouteilles de for tifiants pilules et piq res font videmment partie de ces m mes marchandises On peut selon la liste des m dicaments prescrits en avoir rapport une bonne poign
281. er comme l exp rience s curisante 52 d une intimit avec soi dans un lieu qui marque l espace o on est heureux et s r se retrouver avec soi m me sans danger d y tre d rang contest d log L ambition d un m nage Dans chaque taudis et chaque maison les ouvri res en ma tres ses de maison ont mont et dispos selon leurs besoins et leurs go ts leur batterie de cuisine leur sams ra au complet avec em pressement et enthousiasme Cet enthousiasme date des temps les plus anciens comme l indique les chants de la meule des paysannes qu el les taient hier et sans doute chantaient elles m mes Cinq pyramides de cinq cruches align es Sita femme de Ram dis moi qui les a empil es Toute leur vie de m nag re est pour ainsi dire investie dans ces em pilements pyramidaux de cruches contenant en r serve eau et grains symbole de leur comp tence de ma tresse de maison Cinq cruches empil es la sixi me est de travers Sita femme de Ram est partie en exil hier Quitter sa maison et son m nage est l v nement douloureux par excel lence Monter son m nage est la hantise et l ambition de chaque fem me de maison le r sum de son devoir de son r le et de sa raison d tre Shaku PAWAR son arriv e Pune habitait Dattavadi dans un taudis en t le Elle emprunta mille roupies car elle n avait rien m me pas un r chaud Peu peu elle fit jusqu dix mil le roup es de d pe
282. er et d en r partir les espaces au sol ainsi que les volumes disponibles au ser vice diff renci de besoins et de pratiques d finies selon des normes et des fins d termin es notre question se pose ici sous deux formes l une plus personnelle l autre plus collective La description minutieuse des mod les des valeurs des repr senta tions et des sentiments selon lesquels les femmes coolies ima ginent et installent leur demeure nous renvoie en effet deux niveaux de d termination socio culturelle L habitat en ces zones p riph riques et insalubres o r sident les femmes coolies sera d abord analys comme projection des syst mes de rapports et en particulier comme r partition des r les hommes femmes qu impose la culture dominante d une fa on g n rale et collective L analyse portera notamment sur la nature et l ampleur des variations dues au clivage ville campagne Au niveau personnel l analyse portera sur les d sirs et les pratiques des femmes coolies elles m mes Elles font preuve en ef fet de pr sence d esprit et de capacit vidente d adaptation pour tirer parti leur avantage dans les limites pourtant bien troi tes de contraintes de toutes sortes qui p sent sur elles et sur Nos analyses visent ici d velopper une des conclusions du rap port de 1986 Syst mes de relations cit op 73 74 209 121 20 leur habitat des occasions qui s offrent pour am nager leur lieu de s jour
283. er la maison de la femme coolie dans un bidonville ou un bas quartie surpeupl est videmment courante Le doute ou la suspicion sur les intentions de visiteurs inconnus qui viennent et reviennent et recherchent des personnes particuli res doit tre clarifi par les femmes accompagnatrices de Stri Shakti C est parfois au bout de plusieurs essais malchanceux en demandant de maison en maison dans une atmosph re de d fiance qu on finit les premi res fois par trou ver le taudis de la femme recherch e ou la maison voulue Il importe dans la mesure du possible de se faire aider voire guider par quel qu un qui conna t bien les lieux et les habitants du quartier ou du p t de maisons ou de taudis At Les cent soixante dix femmes que nous sommes all es inter viever sont tr s majoritairement des Marathes quelques unes sont Deshmukh Les femmes Dhangar appartiennent des groupes qui ont migr des districts de Sangli et de Sholapur Les fermes de caste Vanjari qui ont surtout migr de villages du district de Pune travaillent comme coolies depuis le d but de l ancien march car certains des leurs y ont occup des postes de premier plan comme interm diaires ceci a facilit leur recrutement et leur vaut une bonne repr sentation Gultekadi aujourd hui Certaines femmes sont de castes intouchables Chambhar Mahar et Mang Celles ci ont habituellement au narch un emploi de balayeuses poste de travail inf rieur celu
284. er une instruction suffisante ses gar ons ni veiller leur ducation car depuis toujours d s 4h du matin il lui fallait partir pour le march Les gar ons sont devenus des vagabonds voire des truands 88 Quand les gar ons sont rest s d vou s leur m re leur quali fication professionnelle est toujours nulle car leur niveau de scolarisation n a pu leur donner acc s aucune forme de sa voir professionnel Leurs m res coolies continuent fr quen ter le march l ge o elles auraient pu s attendre pren dre enfin un repos m rit Sakhu AINPURE habite Shukrawar peth rue Shind Elle a eu qua tre gar ons Elle est Pune depuis son mariage Son mari tra vaillait d j la municipalit Elle perdit son p re toute jeu ne Sa m re vint la rejoindre Pune Elle a un fr re qui vint aussi habiter Pune et r ussit obtenir un emploi dans une usi ne Vanaz Sakhu bai habite chez lui Son a n habite dans une pi ce c t IL est peintre sans grande qualification Il ga gne peu et boit beaucoup Deux autres gar ons sont mari s Sakhu perdit son mari emport par l alcool Elle leva ses quatre gar ons L un est lectricien wireman dans les transports pub lics le cadet vient d tre embauch pour le m me travail Bien que n s Pune aucun d eux n a pu s instruire Ils faisaient l cole buissonni re pendant que leur m re trimait au march Maintenant tr s g e celle ci
285. erse sans doute l esprit aussit t comme un souci de plus qu on rejette vite car si on s arr te plus longtemps pour v rifier et chercher les soins voulus il faudra s absenter du travail celui ci n at tend pas Le dal l et les coll gues coolies auront vite fait de s crier et de rappeler au travail Les chauffeurs des camions n ont pas le temps d attendre pour si peu 92 Tuberculose pleur sie et d rangements caus s par une mauvaise alimentation sont aussi des troubles qui tiennent aux conditions de travail des coolies Des chutes provoquent parfois la perte de dents cass es Le Comit de march n a jamais envisag d offrir la moindre aide ou de mettre en place la moindre protection m dicale des ouvri ers et des ouvri res sur le lieu de travail m me C est aux coolies de prendre garde ne s exposer aucune difficult de sant ou de supporter le cas ch ant avec endurance comme le fit Gita bai Gita YEVALE vint Pune d s son mariage Ses beaux parents y habitaient et y tenaient un moulin huile Ils moururent peu apr s Elle eut un gar on et une fille Elle perdit alors son mari emport par l alcool Une soeur du mari s empara aussit t des 15 grammes d or et des 7000 roup es qu elle poss dait et la chassa de la pi ce dont elle avait pay le loyer Elle travail lait comme coolie mais laissa ce travail pour un emploi de fem me de salle dans une clinique elle avait une pleur sie le nouvel emploi lui
286. es de d serrer f t ce un tant soit peu les noeuds de leur asservissement aux or dres qui les enveloppent Leur entr e dans l espace social du tra vail reme elle en jeu quelque chose des int r ts qui les dominent S il en est ainsi comment et dans quelle mesure L embauche L embauche marque l entr e dans le micre cosme du march et de ses r seaux de relation L acc s dans cette enclave se r alise la faveur des syst mes de rapports traditionnels Des parents proches sinon lointains des voisines sinon des voisins de bon ne volont des gens du m me village sinon d autres personnes de connaissance ont indiqu les chemin voire donn la main la fa on dont une m re indique ses enfants le chemin de l cole IL s agit bien ici d une nouvelle cole de la vie pour des paysannes migrantes entrant dans un nouveau monde Le pre mier trait significatif et d terminant de cette entr e est que celle ci se r alise au fil des m mes r seaux de relations que ceux d j identifi s pour l acc s en ville Si les m mes al as marquent la recherche d un gagne pain ce sont aussi les m mes ensembles de rapports traditionnels qui marquent l acc s au travail r mun r en particulier l entr e au market yard comme coolie Le deuxi me trait distinctif de cette entr e dans l or bite du march du travail est que beaucoup de femmes ont d d abord leur arriv e se contenter de t ches domestiques vari es incertaines
287. es et le porte parole par excellence de la tradition de r volte culturelle inaugur e par Jyotirao Mahatma PHULE au dix neuvi me si cle au Maharashtra Cela ne peut pas man quer de lui valoir une enti re confiance de toutes les castes Ma rathes et subalternes qui nourrissent au fond du coeur des senti ments de col re voire de haine l gard des castes de Brahmanes partag s par tous dans l ensemble de l Etat Baba ADHAV est connu comme le principal leader en zones urbaines p riph riques des tra vailleurs manuels du secteur non organis en particulier les coo lies du march au milieu desquels il habite Bhavani peth C est un fait aussi que les appels la transformation sociale de ce mi litant populaire se concentrent autant sur des th mes sociaux et culturels que des objectifs conomiques La lutte contre l in ga lit en est le leit motiv in galit tant d abord le fait d une soci t hi rarchique dont les valeurs et les normes ainsi que les structures sont institu es et maintenues par la domination des cas tes brahmanes et des autres hautes castes qui s en font les mules pour asseoir leur autorit et leur contr le social sur le fonde ment de cadres culturels traditionnels Ces cadres sont la cible de beaucoup de propos et d actions de Baba ADHAV en m me temps que des demandes concernant l emploi les augmentations de salaires la protection des ouvriers du secteur non organis ou informel des mesures d assi
288. es les d marches voulues pour marier sa fille Je n ai pas prof r un seul mot En aucune circonstance sous aucun pr texte les femmes n ont s interposer Lila bai est toujours en train de rendre vi site un membre ou l autre de sa famille Il faut en effet main tenir d troits rapports avec les membres de la parent le Il faut se rendre dans la famille au village pour tre en mesure le jour venu de marier ses enfants dans les meilleures conditions IL faut aller assister l assembl e annuelle et aux c r monies organis es au village ce jour l urus jatra 80 907 des femmes maintiennent strictement ces pratiques Si des ruptures interviennent on met bonne peine renouer les liens Sula SONDKAR ne retourne pas au village chez sa belle m re Narmada bai Elle a aussi rompu avec son mari Mais sa propre belle fille a renou avec le village Elle y retourne pour le jatra annuel et les mariages et surtout elle ne manque pas d emmener ses enfants avec elle cette occasion Sindhu BHOINE a pris un autre mari tout en gardant avec elle le parron de son premier mari toujours vivant avec elle a rompu toute relation Le gar on retourne cependant chez son p re comme il lui plaft Il faut que toute la famille soit l lors que viendra le moment de son mariage sinon comment trouver une fil le Sa m re le maria dans le village de son premier mari apr s s tre 147 pr occup e du concours de la famille Mathur
289. es ouvri res et leur soci t autant qu elles sont exige antes former les jeunes filles aux r les et aux qualit s qu on attend d une femme L cole et l instruction ne sont gu re de leur ressort et doivent c der la place d autres savoirs et d autres comp tences 182 m me pour des femmes comme Yamuna SHIRKE et son mari qui pourtant s efforcent par ailleurs de progresser dans la vie avec intelligence et propos La fille de Yamuna bai arrive dans sa cinqui me ann e d cole mais maintenant sa t te ne marche plus elle n arrive pius suivre Se m re la retire de l cole et lui fait garder la maison Elle pourrait l inscrire un cours priv ouvert tout c t de chez elle qui pourrait redonner sa fille le go t d apprendre Mais de jeunes gar ons suivent le cours ils la taquineraient et la chahute raient se dit elle Nous il vaut mieux qu on soit sur nos gardes d s le d but Vous savez ce qu est le marathi dharma Son exub rance est sa faute Yamuna bai a aussit t sur les l veres les mots m mes du chant de la meule suivant L enfant est roi le prince du palais Br lez la jeunesse son exub rance est sa faute Parmi les raisons qui avaient autrefois pouss Yamuna bai quitter son village pour venir vivre Pune la suite de son mari il y a vait celle de faire instruire proprement ses filles en ville Mais le moment venu un choix s impose elle on ne peut la fois donner une
290. es pour leur plaisir font ainsi un deuxi me mariage Les deux femmes ont maintenant atteint un certain ge elles ont pass toute leur vie chercher s enten dre Yashoda RANJANE n avait pas d enfants non plus apr s plusi eurs ann es de mariage Elle prit sa cousine comme co pouse Cel le ci eut des enfants Anusuya KUMBHAR a une co pouse La premi re pouse de son mari tait st rile Elle mourut Le mari se remaria puis pousa en plus Anusuya bai La co pouse qui travaille la ferme au vil lage eut trois enfants et Anusuya cinq dont ne surv cut que la derni re fille Elle pria tous les dieux et d pensa norm ment pour avoir un gar on en vain Depuis qu il fallut couper en pe tits morceaux le gar on de sa fille lors de l aceouchement pour sauver la m re elle a cess de demander un gar on aux dieux aux bhagat et aux je nes FO r Le mari de Tara DHAVNE tait autrefois chauffeur de camion Il e fractura la jambe dans un accident Il essaya chez lui un commerce de sable et de briques sans succ s Sa femme lui a ins tall une boutique de r pazation de v los Tara bai vint Pune apr s son mariage Une belle soeur maternelle la fit embaucher aussit t au march o elle va depuis 20 ans maintenant Tara bai cependant ne donnait pas d enfants Sa belle soeur BHOINE bai trouva une deuxi me pouse pour son mari il y a 10 ans mainte nant quand Tara bai n avait que 22 ans La co pouse
291. es se repr sentent leur demeure Cet objet moderne du d sir n est videmment pas imagin dans l abstrait Il prend forme dans l esprit partir des maisons que les femmes coolies voient autour d elles et auxquelles elles empruntent les traits marquants de leur demeure Elles con oivent celle ci l image des appartements urbains qui c toient leur bidonville ou leurs vieux quartiers d labr s On pourrait difficilement concevoir qu il en aille autrement Ces appartements donnent une id e des fa cilit s nouvelles qui s offrent elles et des moyens leur port e d am nager plus d cemment leur taudis Cet am nagement ne t moigne pas seulement des efforts d am lioration mat rielle des conditions de vie domestiques Il rend compte des syst mes de repr sentations et de valeurs qui en d terminant le mod le le mod le de maison d sir e renvoient au r le et la place que les femmes se reconnais sent dans leur nouvelle soci t et que celle ci leur assigne L objet moderne du d sir Rangu DIGHE fut relog e Bibv vadi dans une maison deux pi ces Elle s en est construite une autre l arri re Sa maison a un tage Elle en est particuli rement fi re C est facile de rep rer ma maison dans le quartier C est la seule tage On la remarque de loin Elie s enorgueillit d y avoir investi 73 000 roup es en 1988 A l int rieur rien ne man que C est comme dans les bungalows toilettes l int rieur
292. esser la parole aux ouvri res ba layeuses Elles se sentirent aussit t libres pour parler Elles tai ent toutes pr tes tenir une r union sur le champ Certaines habi tent dans le bidonville de Lohia nagar et sont pr tes m inviter leur rendre visite Ce sont des ouvri res nomm es cet emploi par le Comit de march elles ont un emploi au sens formel du mot et sont de ce fait prot g es par les lois du travail salari Mais el les n ont pas pour autant plus de relation avec les femmes porte faix des entrep ts On n oubliera pas une derni re cat gorie de femmes qui de l a vis de toutes sont celles ci totalement diff rentes Ce sont celles qui viennent sur les tas de l gumes jet s au rebut avari s ou pourris glaner quelques restes comme on fait les poubelles en esp rant ici recueillir quelques l gumes frais et relativement cor rects Ce sont des femmes dont la mis r est la plus extr me et l in dignit sociale la plus profonde car elles essuient le m pris de tou tes les autres Il leur fait vivre de la piti humiliante des autres Toutes les autres femmes du march sans exception porte faix et balayeuses ont de ces derni res l opinion la plus mauvaise Le flot du m pris les enveloppe Elles sont consid r es comme porte malheur 117 On les invective on les jecte de l entrep t si elles osent y mon ter pour glaner des l gumes moins souill s et moins ab m s dans les tas de marc
293. ession r alise cela sur le registre symbolique et rituel Sa pratique inverse le rapport de la femme poss d e son milieu Celle ci est investie par la ve nue de la d esse dans son corps de la puissance et du statut sup rieur indiscut de la divinit On vient l couter la questionner la v n rer l entendre avec crainte Ses dires sont ceux de la puis sance m me La femme en transe s approprie l autorit reconnue au bhagat masculin le sp cialiste de la transe que consultent g n ra Tement presque toutes les femmes du march Une fois la preuve faite de son pouvoir r el agir efficacement c est 4 dire annoncer in terpr ter gu rir et prescrire au nom de la d esse avec succ s la femme oracle poss d e obtient le statut incontest que la puissance qu elle incorpore lui conf re de plein droit Cette strat gie symbo lique n est le fait que d une minorit d ouvri res interview es Toutes les autres recourent aux rites domestiques et aux p lerinages pour s investir de fa on plus dilu e de l aura de pouvoir et de di gnit qu ils conf rent La fr quentation du sacr est le chemin de la puissance et de l autorit sociale Mais le chemin le plus imm diatement gratifiant et porteur d un statut indiscutable et permanent dans la vie profane c est ce lui de la conqu te des atouts de la puissance parmi les hommes eux m mes du prestige et du pouvoir sociaux avec leurs multiples divi dendes Ce sont le
294. et ba m re d avoir pratiqu des sortil ges pour teindre la lign e Pour d mentir ce reproche elle n a pas h sit 213 faire de grosses d penses Elle a achet pour 25000 rs de terre au village maternel Rihe Rasalvadi Cette terre est irrigu e par une pompe install e sur le ruisseau Elle fait exploiter cette ter re moiti par son fr re Celui ci en 1988 cultive des l gumes qui rapport rent fort peu d argent sa soeur Elle lui ordonna en 1989 de faire du bl Elle en sp re 2 sacs Dans sa belle famflle Khamboli aussi le partage de la terre a t fait Elle a donn sa part cultiver moiti son beau fr re Elle en obtient un peu de grains SHELAR bai a 3 gar ons et 2 filles mari es aujourd hui Elle prit sa cousine comme co pouse Celle ci tait mari e mais comme elle ne s entendait pas ave sa belle famille elle vint dont Pune Elle trouva refuge chez SHELAR bai dont le mari en fit sa co pouse C tait une sorte d id e g niale que celle du refuge accord une soeur La co pouse n eut pas d enfant pour autant Elle habite toujours Pune pendant que SHELAR bai est retourn e au village y habiter et cultiver la terre familiale Quand je de mandais SHELAR bai Comment avez vous accept une co pouse elle me r pondit Qu y pouvons nous nous autres Les hommes a gissent ainsi Quel mal y a t il ce que vienne une co pouse Il faut bien l accepter Les homm
295. eur social Elle conduit des m res une stricte surveillance de leurs filles l approche de leur pubert et un mariage rapidement ar rang Elle motive un respect absolu de la fid lit conjugale pour l honneur des hommes de la famille et de la belle famille Elle conduit supporter un mari alcoolique ou incapable tous prix car seul un mari f t il indigne ou idiot est un gage de statut social et de protection Cette deuxi me pr oc upation correspond une deuxi me convic tion inentam e que l honneur collectif de la Maison repose sur la fid lit sexuelle maintenue au del de tout soup on par les filles et les femmes de la maison Le fondement de l honneur est dans une sexualit f minine rigoureusement r serv e Les femmes sont au ser vice de la seule descendance lignag re La troisi me pr occupation est celle de l affirmation d une autorit valorisante et gratifiante par l acquisition d un pouvoir Celui ci trouve naturellement comme toujours son objet d applica tion dans l l ment le plus faible de la famille la bru qu une m re s est trouv e et a amen e chez elle Le pouvoir discr tionnaire sur la bru est indirectement le maintien du pouvoir sur le gar on Une femme n st elle m me que m re de gar ons auxquels elle identi fie sa raison d tre et l accomplissement de sa vie L emprise sur celui ci sa pr sence et sa suj ti n sont les voeux d une m re qui ne peut r gner en fin de
296. eur pouvoir Le march offre un point d ancrage des femmes exclues ou ind sir es Le march est un lieu d accueil plus ouvert que ne peuvent d entre elles Les rapports hu mains entre ouvriers et ouvri res employ es et employeurs femmes porte faix et clients ou fournisseurs n y sont plus soumis aux con tr les habituels qui pr valent partout ailleurs dans la soci t du moins plus autant Ces contr les se restreignent au march essentiel lement aux rapports de travail ils ne tendent point couvrir toute la gamme des relations humaines qui ne les concernent pas directe ment Le milieu du march est extra familial et extra villageois et son r seau de normes ne couvre qu un domaine tr s limit dans le temps et l espace IL est en ce sens une sorte d a parte ou d enclave sociale dans le sein de la soci t globale qui bien s r l enveloppe de 1 ext rieur Les limites spatiales et temporelles du domaine des rela tions directement contr l es par les normes du travail au march en font du fait de cette restriction m me une zone de tol rance limi t e un lieu de relative permissivit temporaire et localis e au sein m me de la soci t globale Cela se manifeste d abord par les processus de lib ration de la parole sur le corps en particulier le corps sexu De ce point de vue le march est le lieu privil gi du langage grossier de l expression du d sir rotique de l agression verbale Celle ci s y
297. eures de travail par jour Est ce que les porte faix font huit heures par jour Quelle pension devrait on leur donner Son mari consid rait que les femmes deviendraient l gale des hommes si on leur attribuait une retraite comme ils en touchent eux m mes Il n tait donc pas d accord Hira KHENGARE m expliquait Je vais aux r unions On nous in forme sur la loi Elle avait assist aux r unions de Baba ADHAV Hamal Bhavan Des volontaires du parti du Congr s avaient lanc un projet de production de condiments dans son bidonville pour les femmes Elle y avait pris part mais n avait jamais t pay e et le projet avait t ferm Depuis lors elle se rend r guli re ment au si ge du parti la Congress House r clamer son d Pourquoi ne pas se battre pour ses droits Le mari de A YAMGHAR travaille dans une compagnie de gaz o un conflit clata Le syn dicat des employ s de la compagnie s est engag dans le conflit Anjana bai s y rend elle m me pour d fendre son mari Elle fr quente un avocat Elle est inforin e de la loi Il faut que la loi soit appliqu e aussi l o on travaille Cong s pay s retraite vieillesse il nous faut cela aussi Tara KAMTE est une femme toute simple et modeste d environ 70 ans Elle se rend pourtant encore de temps autre aux r unions du syndicat Les clauses de la loi lui passent par dessus la t te Mais la loi est utile On ne sait rien de la loi sur les coo lies
298. euve d esprit d inven tion d autonomie et d ind pendance Elles sont naturellement port es v rifier et montrer ce dont elles sont capables d el les m mes dans un milieu hostile et d autant plus nergique ment que ce milieu est plus hostile incertain et anomique Le rel chement des valeurs et des normes la disparition de statuts protecteurs la d gradation des conditions de vie appellent com me un d fi le d ploiement des ressources propres et des capaci t s d innovation physique morale et psychologique A propos et astuce habilet et intelligence conduisent des attitudes n 98 dustrieuses et des comportements impr vus mais spontan s Les la beurs du gagne pain sont l preuve de force o les femmes prennent la mesure d elles m mes et du coup par leurs efforts et leur ner gie r ussissent tenir quelque part et se tailler une place la mesure vari e et toujours limit e de leurs forces mais elles Les labeurs de la survie servitude f minine Si nous consid rons le travail des femmes coolies dans les as pects ph nom nologiques qui le caract risent c est la condition de la femme et la place qui lui est assign e dans l espace p ri urbain qu ils symbolisent et r v lent La prestation purement physique consentie et assign e aux mig rantes et aux coolies d grade la travailleuse qualifi e d hier un tat de servilit sans comp tence humaine particuli re Le labeur pur
299. eux et les docteurs au secours Ce fut sans r sultat Elle est d sesp r e Sa propre vie est d j g ch e par un mari ivrogne qui la rosse A son ge il lui faut encore gagner de l argent Elle s est donc r cemment embauch au march Elle doit encore y sou lever de lourdes charges Elle doit en effet rembourser des em prunts qu elle a faits pour se construire une maison Appar Bib v vadi Les M vl y de ses anc tres poss dent sa bru et lui cau sent beaucoup d ennuis Pour s en d livrer il faut encore enga ger des d penses suppl mentaires pour payer les frais de leur re posoir et de leur liturgie m md Elle envoie donc sa bru dans sa propre famille en exigeant que celle ci trouve l argent voulu sur 196 le champ A la maison elle va se faire construire une paillasse Vous tes cinq personnes la maison a fait beaucoup de galettes pr parer chaque jour N aurez vous pas mal aux jambes les p t rir et cuire debout demandais je Non pas du tout C est la bru qui les fera La bru pouvait endurer la fatigue sans que nul ne s en pr occupe C est elle d ailleurs qui fait tous les travaux do mestiques Sa belle m re porte sur le front un kumku tr s large et se v t d un sari aux franges droites traditionnelles et non des sa ris en fibres synth tiques peints Ses voisins sont pour la plupart des gens de Mawal son pays d origine Les relations de Sita bai se restreignent aux gens de sa caice et d
300. eux gar ons all rent comme coolies tr s jeunes Le cadet tout en travaillant au march tudia et obtint un dipl me d tudes sup rieures de commerce Il conomisa pour acheter un rickshaw 12000 rs pour son fr re mais le v hicule marchait mal il fallut le revendre rs 28000 et le fr re dut retourner comme coolie au march Marathe fi re qui m prise les femmes Mahar boueuses et s honore de p lerinages aux lieux saints du nord de l Inde Jija bai a un sens tr s afgu du droit l honneur pour chaque femme et chaque ouvri re Bien que le travail de porte faix soit ses yeux une occupation d shonorante et sans valeur elle a cependant mari ses filles avec l aide de coll gues du march et elle n h site point originaire elle m me de Barsi et Aurangabad marier ses deux filles et prendre une bru dans um tout autre canton Velh Cette ascendance et cette ma trise en de si nombreux domaines ne se sont cependant point donn comme 202 objectif suppl mentaire la suj tion d une bru la maison bien au contraire Peut tre parce que cette ma trise l ext rieur de la maison n avait plus besoin de se confirmer l int rieur des rapports domestiques Anu SALEKAR a deux brus dont l une est fille de son fr re L une r side chez elle l autre part tout c t Anu bai se comport fort bien avec elles deux Ses gar ons ont une instruction qui leur permet d avoir un emploi Lis sont to
301. explique Indu TAGULE On est des ignorantes Qu est ce qu on peut comprendre Les pr sidentes sent arrogantes Elles ne nous transmettent aucune information Seules celles qui sont leurs petits soins savent quelque chose Une quinzaine de femmes des voisines d Indu bai dont certaines vont encore au march pour travailler s taient r unies pour me dire toutes avec insistance On n a jamais entendu parler de la loi Si vous venez nous en parler on r unira d autres femmes et on vous coutera Venez Il est clair que les anciennes du march r clament toutes avec force une assistance pour le temps de la vieillesse On devrait toucher quelque chose quand l ge nous fait garder la mai son C est l avis qu expriment Thaku NANGARE GHODKE bai Paru SUDARIK Gita YEVALE Indu PANSARE Shakuntala KORPE n est pas seulement inform e de la loi Cons ciente de ses droits elle est aussi convaincue de ne pouvoir ob tenir gain de cause sans avoir lutter dans ce but Elle y est pr te Elle s efforce d organiser les femmes coolies Elle prend l initiative et la direction de manifestations Elle sait fort bien qui contacter pour parvenir ses fins Donnez moi le num ro de t l phone de Baba ADHAV me disait elle Je veux prendre un rendez vous Ambu KOKARE et Sakhu SARGARE n ont sans doute pas autant de pugnacit mais elles sont aussi pr tes lutter pour leurs droits Je suis pr te participer n importe quelle r union
302. exprime plus ais ment qu ailleurs d abord sous la forme indirecte de moyens termes culturels tels que les dictons des chants de la meule des proverbes moyens habituels de l expression indirecte du d sir de jugements de m disances et de calommies de la moquerie et de l insulte Mais au march la d nonciation indirecte ou l ex pression rotique d tourn e par l entremise d un medium culturel beaucoup de ces sous entendus et de ces formes rh toriques sont d ailleurs incompr hensibles une citadine font souvent place l attaque directe et l expression franche et sans ambage Trois aspects sont souligner de ce point de vue Premi rement une r elle lib ration de la parole entre fem mes r unies en groupes ne peut plus tre contrecarr e par la soci t ou la famille ces instances perdent l emprise et le contr le in hibant et r pressif qu elles avaient sur chacune des femmes prises individuellement et isol es cn famille au village ou m me dans le quartier Deuxi mement le discours sur le corps sexu et la licence sexuelle est un des th mes les plus fr quents des changes Le leit motiv Moi je ne suis pas comme les autres qui foi t ceci et ce la Personne ne jase sur mon compte marque la fois la libert prise et le d tour rh torique de l occultation protectrice sp ciale ment en face d une trang re au milieu qui aborde le sujet Troisi mement la libert des changes sur le corps
303. fait plus rien nous on est endurcies Pour beaucoup de coolies ce travail sur lequel son environne ment imm diat jette le discr dit est un recours impos par l ivrognerie du mari sinon je ne serais jamais venue travail ler au march dit Malan KARANJKAR D abord c est bien vrai le march c est pas un travail pour jeunes filles Mais parfois on n y peut rien il faut alors veiller sa s curit Malgr cela Jija UTEKAR y a fait embaucher sa bru Kalpana UTEKAR et sa fille Mangal BORGE Mais elle prend soin d ajouter J y vais moi m me et mor gendre y est aussi coolie A nous deux a fait deux membres de la maison veiller sur elles Il n y a pas de danger Dans ces conditions les gamines peuvent bien venir travailler au march Shashikala emm ne ses deux brus avec elle Elle ne peut faire autrement parce que c est la mi s re la plus noire la maison bien qu un de ses gar ons soit chauffeur et l autre entrepreneur de travaux mais sans doute leur vice et leur incomp tence ont laiss le foyer dans la d tresse la plus profonde A notre entrep t personne ne parle de tra vers dit elle Dans les autres c est grossier et licencieux Mais chez nous dal l et coolies sont corrects C est l vi demment une r ponse vaisve et quivoque Kala AMBADE habite Dattavadi Elle s est y construit une maison de quatre pi ces Mais ses gar ons sont des buveurs inv t r s qui ne font rien et se
304. fasse d faut en r alit dans le vieil ge Sona MARATHE a aujourd hui 70 ans Elle eut trois gar ons mais deux moururent de tuberculose l un tait chauffeur l autre travaillait dans un moulin farine Ils taient mari s les deux jeunes brus veuves habitent l une chez Sona bai Navi peth l autre Gokhale nagar dans une des pi ces qu elle a pu y ob tenir l une et l autre avec leurs enfants Elles s emploient toutes les deux confectionner des condiments domicile Mais ce travail est d un maigre revenu Le mari de Sona bai est Pune depuis toujours son p re avait migr autrefois parce que la terre ne suffisait pas nourrir sa famille Il a travaill la municipalit il touche une pension de 100 rs par mois C est d risoire Il s est install sur le bord de la route r parer des v los toute la journ e Sona bai est coolie depuis toujours voil d j 40 ou 50 ans qu elle va au march chaque matin Elle a toujours travaill dans le m me entrep t pour le m me dal l Elle habitait Navi peth sinistr e par l inonda tion de Pune elle obtint une place Gokhale nagar Elle a fort peu de rapports avec son village natal o elle ne se rend que pour l assembl e annuelle du village de temps autre Elle a lev trois filles mari es maintenant L une a abandon n son mari et vit avec un inspecteur de police de caste intou chable Mahar dont Ja situation est confortable Les deux autres 87
305. ff remment identique lui m me dans le contexte des importantes transformations des rapports so ciaux et des pratiques qu implique la migration La pr sente tude se situe dans le prolongement de celle sou mise L UNESCO en 1986 que nous venons de citer Elle r pond Banerjee B Rural to Urban Migration and the Urban Labour Market Himalaya Publishing House 1986 Oberai A S and Singh H K M auses and Consequences of Internal Migration A Study in the In dlan Punjab xFord University Press DUT 1983 kaju B R K evelopment Migration A Processual Analysis of Inter State Rur T Rural Migration 1989 i k f Syst me de Relations et Dynamiques Socio Culturelles dans les Hi rations la P riph rie du Centre rba n de Pune Inde Ma haras tra vrier R Section des Politiques Cul turelles 5 De un besoin alors ressenti celui d une part de comprendre plus en pro fondeur les attitudes les motivations et les raisons internes des conduites des migrants et d autre part celui de privil gier une in vestigation portant de ce point de vue sp cifiquement sur les femmes de milieux sociaux populaires C est leur existence qui est la plus expos e aux bouleversements des modes de vie dans les processus mig ratoires L tude pr sent e ici est le r sultat d une analyse quali tative approfondie des d marches et des conduites de paysannes mig rant vers Pune de cantons et de districts avoisinants en vue de s a
306. fille la formation que la soci t veut lui voir acqu rir et la faire instruire La priorit donn e au d part l cole doit vite c der le pas Yamuna bai ne voit aucune difficult par contre ce que ses gar ons continuent s instruire L v nement prend tout son re lief replac dans le cours du m nage Yamuna SHIRKE a environ 35 ans Elle vient de Purandar Elle a deux filles et deux gar ons Son mari vint Pune il y a 18 ans amen par un notable de son village qui le fit embaucher dans la Coop rative laiti re de Katraj pr s de Pune o il travail le toujours fid lement Il n entretient aucun vice Il habitait autrefois jeune homme non mari avec une quinzaine de cama rades de son village dans Shukravar peth Chaque jour leurs repas arrivaient du village par le car public Il y a neuf ans il obtint une place la Colonie Janata IL fit alors venir sa femme qu il avait entre temps pous e mais laiss e au village o elle travaillait dans les champs Leur intention principale tous les deux tait de donner une bonne ducation leurs en fants L a n avait alors 7 ans La famille habite aujourd hui Appar Bibv Ils ont d cid de se construire une deuxi me pi ce arri re On ne b tit qu une fois sa maison dans la vie Quand tout sera construit comme il faut on aura ensuite une paillasse et peu peu tout le reste Yamuna bai n allait pas travailler jusque l parce qu elle gardait les enfa
307. fonder leur validit Il n emp che que les repr sentations que ces souhaits et ces pratiques supposent fussent elles int rieurement marqu es d une note socio culturelle n gative ne peuvent manquer de creuser de nouvelles avenues sou terraines sous les ordres et les syst mes tablis Le dharma d une femme Toutes les femmes interview es sans aucune exception sont explicites et unanimes sur les valeurs et les vertus qui font le devoir et l honneur d une femme mod le parmi les hommes et leur diff rence Elles forment toutes leurs filles selon ces m mes prin cipes comme elles ont t form es elles m mes et veillent avec soin ce que celles ci respectent leur tour les normes de bonne conduite que la soci t leur enjoint de suivre comme caract ris tiques de leur existence de femme Toutes sont soucieuses de trans mettre aux jeunes les fa ons de voir de juger de se comporter et de se concevoir soi m me dont elles furent elles m mes impr gn es depuis leur enfance On ne pourra plus loquemment marquer cette fid lit une certaine image de soi re ue des a n es depuis des g n rations et la continuit qui en r sulte au plan des rapports entre les sexes et de pratiques du corps m me qu en r f rant les consignes et les dires des femmes porte faix du market yard aux chants de la meule qu elles apprenaient hier de leurs m res et belles m res paysannes la mouture de l aube La formation des filles L
308. fr re Son mari 28 mourut de tuberculose Il travaillait dans une usine de tex tile Pune Depuis l enfance rien d autre sinon trimer et besogner Personne pour la soutenir Elle vint Pun il y a neuf ans en 1979 Seul un homme de Kondavle qu elle regar dait comme son propre fr re l aida un peu Il avait un com merce de bufflesses Il l h bergea quelques jours dans l table qu il avait pr s du ruisseau Ambil au pied de la colline de Parvati puis il lui construisit une hutte dans le bidonville de Dand karpul c t Hausa bai KADU Marathe habitante de Supper Bibv vadi qui quitta sa montagne avant que ses terres ne soient immerg es par les eaux du barrage de Panshet vint Pune avec un gar on et une fiile elle a aujourd hui quatre filles et deux gar ons Son mari fut mordu par un serpent apr s huit ans de mariage Des gens de connaissance du village lui avaient facilit le d part vers Pun elle put s installer au pied de la colline de Parvati c t d un four briques Elle abandonna cet endroit ensuite mais le patil chef de village du lieu intervint aupr s d un propri taire musulman pour qu il lui loue un bout de ter rain au pied de la colline Elle se fit embaucher au march Phule market A cette poque la r mun ration s2 faisait par pr l vement de denr es par poign es sur la paner e ou le sac transport sur la t te le commissionnaire rachetait ces den r es aux ou
309. frayer la voie d un reclassement social et forcer un respect perdu En atten dant comme Rakhma bai Sita DIGHE a d elle aussi en tant que fa mille am re chercher des alliances loin de chez elle Subhadra HONMANE est veuve Elle a mari ses deux filles en cherchant des alliances dans son pays d origine du c t de Solhapur bien que son beau fr re avec ses deux pouses ne se soucie nullement d elle Eile a m me en plus tenu ce que le mariage soit c l br 153 dans son propre village o elle s est rendue dans ce but M me strat gie de la part d autres femmes Dhangar telles que Malan PATIL et Ahilya HARANAVLE entre autres Les femmes d autres communaut s telles que Khatik ou Bhoi observent aussi avec la m me minutie les conditions les r gles et les traditions relatives aux alliances matrimoniales Le fait d habiter Pune a certes permis d largir le cercle des connaissances et d tendre de ce fait le r seau des alliances matrimoniales et des liens d affinit Il importe pourtant d ob server comment dans quelles conditions et sous quelles contrain tes cet largissement s est produit Shakuntala SHINDE est origi naire du canton de Dhirur l est de Pune Son p re avait fait connaissance au march de son futur beau p re originaire de Sutar vadi Mulshi qui y travaillait comme coolie d charger les mar chandises que son p re y amenait r guli rement A force de se ren contrer les deux hommes
310. gharan d une caste donn e qui contractent des m salliances en se liant par mariage des castes ou des sous castes de rang inf rieur la caste consid r e Les familles am res sont donc aux yeux des membres d une caste d termin e ces maisons ou familles qui ont contract des alliances matrimoniales indignes du statut et de l honneur de la caste et contraires aux r gles d une stricte endogamie protectrice du rang et du prestige de la caste du clan d appartenance ou du groupe endogame restreint Ces familles deviennent pour les autres membres du groupe comme une escarbille douloureusement fich e dans l oeil pour toujours autre sens du mot kadu C est ce qui a oblig Rakhma bai chercher des alliances oin de son village d origine o les membres de sa caste ne tol rent que des alliances avec des maisons douces Une de ses filles de vint veuve par la suite La question se posa de son remariage ou plut t ne se posa pas car chez nous dans notre caste dit elle une veuve ne doit pas se remarier Le remariage des veuves est certes pratiqu par des familles am res sans objection ni indigni t sociale quoi que de telles familles puissent pr f rer y renoncer L interdit de remariage observ par des castes sup rieures Brah manes ou Deshmukh s est en effet r pandue parmi d autres castes com me vue pratique g n ratrice de prestige social d honneur de rang sup rieur Son adoption par des familles am res peut
311. handises rejet es au moment du tri Ces comportements de rejet sont quotidiens sans retenue ni vergogne Les mendian tes savent depuis longtemps endurer Elles n ont pas le choix El les se sont fait leur sort Une exp rience d organisation Les deux organisations ouvri res du march aux l gumes et fruits Chatrapati Shivaji Market Yard Union et Bhumata Sanghatna ont d j t pr sent es L une et l autre entretiennent T troits rapports avec les dal l et le parti du Congr s au pouvoir depuis l ind pendance dans Ie Maharashtra ainsi qu avec les autres or ganisations que ce parti contr le On peut tre surpris de l exis tence de deux organisations syndicales similaires La raison tient au fait que tous les dal l ne quitt rent pas aussit t ni de bon gr l ancienne place du march en bas dans la vieille cit Phule Market pour gagner le nouvel emplacement moderne Gult kadi sur la route de Satara le market yard Des tensions et des querelles clat rent entre ceux qui s install rent d s l ouver ture de ce dernier et les arrivants tardifs ces derniers revin rent m me un temps Phule market avant en fin de compte de s installer d finitivement en haut au march moderne dans les entrep ts qui leur taient accord s C est ce qui amena la forma tion de deux factions de dal l et de deux syndicats le premier Chatrapati Shivaji tant de beaucoup le plus important R cemment e deuxi me synd
312. hange et que l entraide existe la mesure des forces de chacun Du moment que la communication est possible les pouses doivent tre pr tes construire leur bonheur dans l entente avec leur mari diminu Mais si cette entente et cet change ne sont pas possible Trois raisons s av rent des causes de graves et douloureuses insatisfactions L alcoolisme est le plus s rieux obstacle car il r duit l homme un tat infra humain qui le rend inapte l change et toute gestion de la fenille et du m nage Saru AINPURE me disait Voyez mon mari mon beau fr re Ils sont oisifs Tous les deux tiennent un commerce de bhel snacks sur une charrette bras Mais souvent ils ne sont pas eur charrette Ils boivent C est la fin de tout cumme si le destin me l avait c rit sur le front le cinqui me jour Son garcon est emport vers la m me d ch ance par son p re L aide familiale suppl e l imp ritie des maris Les famille et belle famille de Saru bai ont de la terre elles envoient des c r ales Saru bai se maintient en troits rap ports avec elles Elle va les aider la saison des grands travaux Sa belle soeur Gavu BHAREKAR lui fit prendre le chemin du march Autre soutien celui de la d vi qui s empare d elle avec grande for ce C est principalement la pr sence de voisines et le maintien de relations d amiti avec quelques femmes choisies qui sont son plus s r soutien en particulier Sindhu SHELAR sa vois
313. hes et plus sp cifiquement parmi elles des cat gories socio conomiques ou des fractions de caste voire des factions previlege Sog qui au sein de cette caste se sont ap propri des r les dominants Les porte faix ont avec les dal l en g n ral le type de rap ports que les paysannes ont au village avec les notables repr 138 sentants au sein de leur caste les groupes socio conomiques domi nants Ceci s observe deux niveaux Le premier est le rapport d em ployeur employ Le dal l est d abord le patron qui fait travail ler et d cide de tout sur son entrep t Les ouvri res ne sont en rien consult es Elles sont pures ex cutantes de t ches assipn es Pour le dal l elles n ont pas un statut objectivement diff rent de celui d un outil de travail Leur force de travail les met du c t des moyens de production sans plus Le triple rapport de domination de caste en g n ral de contr le conomique en particulier et d ascendance masculine sp cifique d une soci t patriarcale se trouve terriblement renforc et scell au march par l instrumentalisation du travail f minin Les paysan nes sont devenues des travailleures sans qualification profession nelle et sans protection statutaire Le march ne conna t que leur force de travail physique imm diate Le dal l ne se pr occupe ni de leur tat de m re de famille ni de leur ge ni de leur survie ni de leurs besoins d aujourd hui ou de demain
314. hip soi ind pendant des dal l pour la promotion de ses pro pres int r ts de coolies hommes ou femmes Il est cependant tout aussi significatif que ces perceptions restent du domaine du d sir de l imaginaire ou du r ve veill plus que de celui de l ex p rience et d une volont effective d action collective propre Celle ci n est au mieux que le voeu et l effort de quelques ouv 140 ri res socialement plus conscientes Mais elles sont le tout petit nombre Il en va ici de la perception et de l exp rience d une al ternative organisationnelle aux syst mes de communciation sociale et du d sir d un autre milieu de communication fond sur les enjeux propres cet espace du travail comme de l exp rience de rapports de voisinage c est l des exp riences individuelles de quelques per sonnes Il s agit dans l un et l autre cas de pratiques et de percep tions limit es quelques ouvri res Ceci n entame pas la supr matie des syst mes de communication dominants dans l esprit de la majorit des ouvri res Ces exp riences neuves de quelques unes ne se situent pas au m me niveau de grandeur que ces syst mes Ces nouvelles per ceptions de fraternit s autres que celles des cercles d appartenance dominants sont pourtant aussi personnelles qu elles soient des a morces et des attentes qui ne peuvent pas ne pas peser sur l empire des syst mes de parent de caste et de sexe pr sentement dominants Le travail
315. i des femmes coolies qui correspond d ailleurs leur travail ancestral au village Certaines femmes appartiennent encore des basses castes nomades ou des communau t s tribales La perspective L investigation privil gie les objets d analyse suivants Elle se concentre sur la dimension dynamique du rapport qu en tretiennent les femmes avec les espaces de leur habitat de leur travail de leur vie quotidienne et de leurs relations sociales Ce rapport est con u comme celui d une inscription dans l espace de rapports sociaux Ceux ci se symbolisent et se mat rialisent spatialement Nous entendons pr cis ment par spatialit leur ma t rialisation symbolique dans l espace On peut en ce sens dis tinguer autant de spatialit s que de modes divers de mat rialisa tion symbolique en diff rents espaces appropri s de syst mes de rapports sociaux vari s Cette compr hension des dynamiques de l espace comme inscrip tion localis e de syst mes de rapports sociaux vise saisir le d ploiement de deux types de strat gies antagonistes celles de l exclusion de la s gr gation ou de l exploitation instrumen tale dont sont l objet les femmes que consid rent nos recherches d une part d autre part celles de la revendication et de l ap propriation par les exclues d un espace de vie propre ou de leur intervention dans des sph res de vie dont elles taient jusque l tenues l cart Cet espace dynamis est vecteur de cultur
316. i gagna Pune et vint travail ler au march Haru SULE Dhangar est venue du canton d Atpadi district de Sangli avec ses beaux parents Elle habitait la rue Khadakmal quand survint l inondation de 1961 Sinistr e elle obtint un emplacement Bibv vadi Elle r ussit en r alit en obtenir deux elle en occupe un l autre est habit par son fils et sa bru Laxmi SULE C est elle qui les a fait venir pour les ins taller c t de chez elle Elle fit aussi embaucher sa bru comme ccolie Laxmi bai originaire aussi de la r gion d Atpadi Dhangar tait venue Pune avec ses parents Sa m re tait coolie au march Laxmi bai fit quatre dans d cole Apr s son mariage elle n tait pas venue chez ses beaux parents Elle ES habitait Vithalvadi Pendant douze ans elle avait t employ e dans une famille de riches Marwadi tenir le m na ge faire lessives et vaisselles mener les enfants l cole En 1989 quand sa belle m re obtint un deuxi me em placement pour sa famille elle la r joignit Bibv vadi Son mari soudeur travaille Bhavani peth Il vient d ins taller une machine souder chez lui Il ne s est pas encore mis travailler domicile mais il s y pr pare Jija UTTEKAR tait venue Bibv vadi quand elle gagna Pune Sa fille tait alors venue habiter chez elle le gendre tait Bombay o il avait une charrette bras de march nd des quatre saisons Il tait revenu
317. i s est appropri sa mai son Pourtant mon fils ou moi m me ou n importe qui on va l as sembl e de village offrir une noix de coco au dieu Qu il s agisse des femmes Dhangar originaires d Atpadi Sangli Maya KALE DOMBALE Ambu KOKARE Haru SULE etc ou de Solapur Malan PATIL et Subhadra HONMANE ou de femmes Vanjari Mathu RAKHA ou Marathes Hira BHOKAR 159 originaires d Osmanabad ou de Marathes d Ahmednagar Paru SUDARIK toutes aussi loign que soit leur village d origine vont y as sister l assembl e annuelle Le car co te de plus en plus cher Peu importe Une fois par an il faut aller au village et se pros terner devant le dieu Si on ne peut tous y aller en famille cha que ann e l un ou l autre doit absolument s y rendre Celles originaires de villages proches de Pune se rendent ais ment une fois tous les mois ou tous les deux mois poser leur front sur les pieds du dieu de leur village Les dieux des champs ne sont point oubli s non plus tant s en faut Beaucoup de femmes les visitent ou les v n rent selon les besoins Ces dieux ont g n ralement leur jour annuel o comme Gita GHULE on leur offre un chevreau et or ganise un repas sacrificiel auquel on invite largement Le culte et les je nes domestiques On ne saurait aller chaque jour au village rendre visite au dieu On le v n re habituellement chez soi Une statue ou une pho to en marque la pr sence Les femmes pr f rent
318. iale et la conqu te d une dignit de plein droit P 176 V LE CORPS FEMININ CHAMP STRATEGIQUE Questionnement p 179 Le dharma d une femme p 181 La formation des filles p 181 L honneur de la maison p 184 Rapports extra maritaux P 186 Belles m res contre brus p 191 Les relations entre maris et femmes p 202 Un m nage heureux p 203 Ivrognerie handicaps et maladie p 206 Anis IV Co pouse p 211 R pudi e et sans mari p 216 Veuve p 223 Un gar on p 227 St rilisation P 228 Donn es statistiques Conclusion p 233 Des d fis de la d tresse la menace d anomie p 233 La r sistance des mod les pourvoyeurs de mauvaise conscience P 237 Du manque la gratification des strat gies psycho culturelles p 238 TABLE DE REFERENCE BIOGRAPHIQUE FEUILLETS I XVII
319. icat Car entretemps le terrain d Appar a rench ri Sinon j aurait ob tenu un terrain Indira nagar Elle se l ve 3h le matin fait la cuisine donne son repas du jour son gar on qui est en 4 me an n e d cole prend le sien et part Elle ne va jamais rien prendre dans aucune gargote pour viter de d penser son argent On n a pas assez d argent comment manger l ext rieur Elle n appr cie pas dans son for int rieur que de nos jours Mahar et Mang s engagent au march a nous souille Il faut se purifier au retour la maison Hause KADU a 57 ans Elle est all e d elle m me Sassoon pour se faire op rer Anusuya TANDALE se pr occupe de l ordre et du bon heur de son foyer et de sa famille avec m thode et pers v rance El le a 2 gar ons l un en 8 me et l autre en 5 me ann e d cole Son mari perdit un pense emploi dans une entreprise qui ferma IL a un 2 me emploi la journ e pour l instant mais il est sobre et se soucie de sa famille Le travail de lessives chez des particuliers ne rapportant pas assez et impliquant des frictions avec les patron nes qu il faut bien subir en silence elle d cida d aller s embau cher au amrch pour viter ces deux ennuis Elle d pensa 15000 rs pour se construire une pi ce arri re Appar o elle r side depuis 1987 Elle envoie de l argent dans sa belle famille o un beau fr re est attard Elle fait des d p ts dans le fonds d entraide au vil lage Elle
320. icat Bhumata vient son tour de se scinder en deux Cette organisation en bas comptait des coolies hommes et femmes Or celles ci se plaignirent qu la f te de l assembl e annuelle de l organisation on ne tenait aucun compte de leur opi nion dans les discussions On ne leur demandait que d assurer les t ches mat rielles que requ rait la tenue de la r union et de l as sembl e g n rale pour autrement les traiter de haut voire avec m pris Une perception commune d tre l objet de la ris e et de propos injurieux des hommes s affirma et donna lieu des querel les opposant les femmes aux hommes Jusqu quand supporter leurs propos insultants Un dal l M Bhosle les aida lui m me cr er leur propre organisation ind pendante Elles taient une cen taine Le syndicat national d esprit socialiste Hind Mazdur Sabha les aida dans leurs d marches administratives pour la reconnais sance oficielle de leur organisation qui s y affilia Bien que l assistance de M Bhosle fut d terminante dans la formation de ce tout petit syndicat les femmes coolies prirent cependant une part importante aux op rations administratives d en registrement Quelques unes d entre elles taient d put es pour aller prendre l avis d un avocat ensemble Elles se rendaient el les m mes au bureau du Hind Mazdur Sabha pour en rencontrer les dirigeants Beaucoup d entre elles firent preuve de courage Cel les d entre elles qui savaient lire et
321. ien tenue Son plus jeune fils insiste pour qu elle ach te une TV Elle n emprunte que fort rarement de parentes qu elle rembourse aussit t Elle ne peut pas non plus faire de d p t en ban que ni dans des groupes de cr dit Elle est cependant sa tisfaite parce que peu peu elle a r ussi monter son m nage 24 BHEGADE bai de Dand karpul profita de l hospitalit de son fr re quand elle gagna Pune toute seule Avec l accord de ce lui ci elle stable une cloison dans la pi ce o il la re cueillit et s am nagea une petit r duit dans son logis Elle n a cependant pas cherch y r unir une impressionnante bat terie d ustensiles elle n a ni gaz ni paillasse ni armoire m tallique Elle a pris une autre d cision assurer un beau mariage son fils et bien l installer Pour cela il faut pa tiemment amasser de l argent Or son mari est un buveur qui ne veut pas d elle Malgr cela Pashan dans la maison de sa belle famille elle s est d termin e installer son fils et sa bru Elle vient de le marier Elle est all e chercher dans la belle famille de son fils chez sa bru les ustensiles qui lui ont t offerts l occasion de son mariage elle les a ramas s s dans un sac qu elle a ficel et entrepros Pashan dans sa belle famille en attendant le jour o son fils ira habiter l bas Quand mon gar on aura un enfant il ira Pashan dans votre maison y installer son m nage dit elle son m
322. ient pas d autres choix que les bidonvilles de la p riph rie Quelques unes d entre elles r cemment peuvent profiter des prog rammes de relogement ou d am nagement des taudis entrepris par l ad ministration slum clearance schemes Ces programmes sont de deux sortes Il s agit d une part d am liorer les conditions de vie dans les bidonvilles par la construction de latrines et la pose de dalles de pierre pour assainir les abords et couvrir des gouts l adduc tion d eau la permission de construire des maisons en dur etc Les bidonvilles de Dand karpul Dattavadi certaines parties de Saibaba Bhavani nagar Kelevadi ont t ainsi am nag s Un deuxi me projet plus ambitieux consiste en ce que le Gouvernement et la municipalit de Pune acqui rent des terrains libres Bibv vadi Appar et Super pour y riger des plates formes sur lesquelles sont construites des maisonnettes de 120 pieds carr s proprement align es Derri re cha que maison un espace non b ti de 80 100 pieds carr s avec robi net d eau et toilette est offert avec la maisonnette son locatai re en lui laissant la permission de construire une deuxi me pi ce s il le d sire en cet endroit voire une deuxi me pi ce tage Certaines des maisonnettes sont couvertes d une dalle en ciment d autres avec des t les Pour profiter de ces facilit s de relogement il faut habiter dans un bidonville ou y avoir une pi ce en location et tre muni d un ce
323. ies Des querelles clatent avec les voisins pour rien Quatre sous de plus c est aussi une bonne chose Le veuvage de Paru bai est sans frustration ni honte malgr l alcoolisme des fils ceux ci sont l sur un terrain et une maison elle et les dieux partout aux alentours enveloppant son existence La pr sence au march maintient la vie de toujours Un gar on Si par le mariage on am ne une bru dans la maison c est pour assurer par elle la descendance la continuit dans le temps de la maisonn e La bru doit enfanter un gar on lumi re de la li gn e Sinon elle portera sa st rilit comme un stigma une tare none et source d opprobre Les chants d hier le disent d j 228 La fille au teint clair comment devint elle noire Son ventre est st rile cela me d sesp re Les deux sont all es aux champs la f conde et la st rile La f conde rentre la maison la st rile s attelle au charriot Qu ell s soient mari es comme KANDHARE bai Kalpana UTTEKAR et Mangal JORI qu elles soient veuves comme HAZARE bai KAMBLE bai GARAD bai ou co pouses comme Tara DHANVE r pudi es comme SHINDE bai SATPUTE bai ou BORKAR bai leur st rilit est la raison de leur honte et du moindre respect que la soci t leur accorde Pour obtenir un enfant et avec lui la dignit sociale UBHE bai en adopta un C est une pratique laquelle habituellement personne ne recourt BHOINE bai a eu un gar on d un pr c dent l
324. il IL ne gagne rien Pis encore il gaspille l argent que gagnent ses parents et sa femme qui doivent l entretenir Malgr ce comporte ment inqualifiable Vimal bai n arr te pas de faire sentir sa bru son pouvoir de belle m re Si la f te de Gauri sa bru ne vient pas chez elle ou se rend dans sa propre famille elle pique une col re Comme elle est arrogante Je vais lui montrer qui je suis maintenant Je vais aller chercher tous les ustensiles et les pots de chez elle pour les ramener ici chez moi Je vais en suite mettre un cadenas sa porte et lui dire Maintenant viens vivre ici Tu peux bien rester tous les jours que tu voudras chez ta m re mais quand tu en reviendras c est dans ma maison qu il fait que tu habites Un jour de f te elle n a pas servi man ger mon gar on Que de grosses fautes ne commet elle pas Votre gar on ne gagne rien La bru doit faire vivre la famille Le gars est bon rien Pourquoi ne tenez vous pas compte de cela lui disais je Le gar on peut bien tre ce qu il est ce n est pas une raison N est ce pas la responsabilit de la bru de s oc cuper de lui Je lui ai donn un fils de mon ventre Maintenant j ai bien le droit de lui apprendre vivre cette bru Je ne supporterai pas qu elle abandonne nos coutumes pour se conduire comme elle fait La bru de Sita DIGHE n a pas encore d enfant apr s cinq ans de mariage Sa belle m re a beaucoup d pens pour appeler les di
325. in a voulu que je travaille dur Son fr re et sa femme travaillent tous les deux dans une banque Elle n a pas t l cole Elle d pose elle m me environ dix roup es chaque jour en banque Le gar on d une belle soeur et un cousin vivent chez elle Elle leur fait la cuisine et se fait payer pour la pension Le neuveu fait aussi des coffrages Quelquefois des sacs de c r ales arrivent du village quand la situation le permet Le jour de notre vi site un sac venait d arriver envoy par la famille En plus de ce sac 15 20 autres sacs avaient t convoy s pour tre vendus sur place Jana NITVANGUNE s est construit trois pi ces d centes Dhan kavdi Elle a fait installer une sorte de mansarde dans l une d entre elles pour y offrir un abri temporaire un neveu et sa bru On ne saurait dire dans de tels cas si le g te est offert gratuitement ou contre une r mun ration Une troisi me fa on de tirer profit de la maison consiste en faire une boutique en y vendant de petits articles bonbons biscuits et produits communs d picerie ainsi que des l gumes rapport s du march en cachette Parfois m me on s ach te un magasin c est dire une sorte de kiosque qu on installe ShI E c t de la maison pour y tenir un petit commerce comme a fait KHENGARE bai son mari s installe au comptoir d s qu il rentre du travail Un ordre des lieux pr server Les taudis sont des r duits si petits pou
326. incons quence qu on leur reproche rait trop facilement risque de n tre que l effet de notre incapa cit saisir la iogique interne de leurs motivations et la stra t gie des d terminations qui sans contradiction r elle de leur part les poussent un jour prendre des libert s avec les normes institu es voire les enfreindre notoirement et un autre mo ment y recourir avec une aussi ferme conviction IL ne sert rien non plus de regretter que des comportements anomiques motiv s par les graves d fis de la d tresse ne puissent s av rer inventifs d autres syst mes de valeurs ou de normes avec autorit et l gitimit Il faut plut t comprendre comment il arrive que l audace manifest e au plan du comportement ne se soutient pas au plan du discours et des valeurs pour poser les fondements d une r elle contre culture Au lieu aussi de s tonner avec surprise du retour en force de traditions contraignantes au sein de consciences pourtant par ailleurs veill es la libert inform e de la loi et de droits alertes profiter des chances et des circonstances in dustrieuses sans craindre la peine pour relever des d fis cruciaux etc cherchons plut t comprendre comment cause m me de ces nergie et de ces potentialit s les femmes interview es semblent r agir de fa on contrast e La question cruciale devient celle des motivations psycho sociologiques auxquelles ob issent les processus observ s ou
327. ine depuis de nom breuses ann es qui lui a fait prendre le chemin du march il y a 6 ans Elle a peu de rapports avec d autres ouvri res ni avec la ban que ni avec le syndicat bien qu elle soit membre de Bhumata Le cen tre et le fondement de sa vie c est le groupe restreint d amies qui forment un bhishi s informent des dieux s entraident quotidienne ment se pr tent de l argent Le mari et le beau fr re de Sindhu SHELAR sont aussi des saou i lards inv t r s Eux aussi tiennent un petit commerce de snacks feuilles de b tel et cigarettes Le beau fr re vrai dire est encore plus ivrogne que son mari au point que sa belle soeur doit tenir la boutique Nulle ne peut faire vivre la famille avec ce que le mari gagne Shindhu bai se soucie aussi propos de la boutique qu elle a pay e son mari afin que celui ci ne la vende pas pour boire Une fois emport par l alcool tout lui est possible C est sans doute la raison de l troite amiti qui existe eatre Sinshu i et Saru AINPURE Un de ses garcons de 18 ans a aussi par trois fois eut des vanouissement Ces raisons font comprendre d autres traits du comportement de Sindhu bai ses transes sa foi dans les bhagat les traces que donnent les M vl ya d esses de ses champs de famille ainsi que sa passion immod r e pour les dieux Elle veille en parti 207 culier propitier les M vl y en les v n rant correctement Quand elle eut son gar on elle a
328. ine que sa fille avait ame n e la maison avec elle Elle manquait totalement de mani res Elle n avait aucune ducation Elle grignotait toujours Elle cau sait fort Elle riait bruyamment Elle n avait aucune retenue Com ment arriver marier de telles filles Mais si la m re n a aucune ducation comment la fille pourrait elle tre bien form e Telle m re telle fille c est la m me carri re L honneur de la Maison Qu aucune t che ne souille la Maison ghar n voil ce qu une femme doit toujours se dire Dvarka KANDHARE n a pas d enfant Son mari l instigation d un cousin cherche faire un deuxi me ma riage mai elle ne veut pas divorcer Mettez la moiti de la terre mon nom d abord et faites apr s un deuxi me mariage Mais son mari n y consent point La m re de Dvarka bai a peur que sa fille se suicide Mais celle ci ne saurait y penser car explique t elle sa Maison n est marqu e d aucune tare Comment jetterai je le d shon neur sur la descendance de ma m re Des chants de la meule hier lui ont appris cette morale de l honneur dont les femmes sont les gar diennes pour la gloire des hommes Enjou e et rieuse le monde me dit heureuse Pour le renom de mes p res je consume mon corps de grand prix Hira et Jana KHANGARE sont co pouses et soeurs Elles tirent une grande fiert du marathi dharma de leur Maison Jana bai tait chez elle un jour o nous tions all s la rencontrer On la
329. ines d observation et d analyse des donn es particuli res relatives aux champs de rapports et de communication sociale qui de fa on tant t traditionnelle tant t moderne motivent les conduites et construisent les repr sentations Nous ne pourrons viter d y faire r f rence ici occasionnellement dans les conclusions ci dessous qui portent de front sur l emprise des syst mes de rapports qui fa on nent la personnalit des migrantes dans l espace relationnel largi qoe repr sentent les zones p riph riques o elles r sident En r rence aux questionnements que nous avions formul s au d but de ce chapitre nous articulons ces conclusions dans le cadre des trois niveaux que constituent les pratiques les repr sentations et les dynamiques Ces r ponses aux questions pos es veulent indiquer les traits essentiels des tendances psycho sociologiques caract risti ques de la personnalit collective des femmes porte faix 171 Les d rives relationnelles entre l enracinement et le d bordement L s conduites relationnelles ob issent deux types de proces sus Elles t moignent de deux grandes d rives qui emportent d fa on aussi pr dominante et significative l une que l autre les pra tiques de communication Ces deux d rives sont diam tralement op pos es mais mises part quelques contradictions partielles loin de se contrecarrer elles s arcboutent pour ainsi dire l une l autre Elles t moignent dans le
330. intensit m me transcender les fronti res de parent de caste et d origine r gionale On a d j vu ce ph nom ne d inversion qualitative par in tensification de la forme m me du rapport lors des voies de l em bauche des liens personnels nou s au march ou d troits rap ports entretenus entre voisines en arrivent oublier la caste et l origine g ographique la relation s institue sur le fondement du seul rapport humain d entraide et de compr hension On a dit aussi que les entorses aux normes une fois tol r es comme une ex ception pour des cas marginaux ne peuvent pas ne pas augmenter le niveau du seuil de tol rance dont le syst me fait preuve La rupture forc e ou voulue des liens de parent le et d alliance dans des conditions de crise de survie ou d ostracisme social trouve des conduites de riposte qui n ont que l alternative de liens fond s sur des valeurs humaines et non plus sociales Ces pratiques du m me coup font d border les limites des rapports ins titu s pour en cr er d autres Un passage en force conduit cons truire un nouvel espace relationnel qui transcende les castes les syst mes d alliance et les normes qui limitent les relations entre personnes sous la pouss e d une volont d affirmation de soi d un d sir de fraternit humaine ou sous la contrainte de besoins quotidiens l mentaires C est cependant d une fa on explicite et directe que la deuxi me d rive pousse p n trer d
331. ir du cercle de ses relations de famille pour nouer d autres liens A Dattavadi Yamuna PAWAR est contente des ses voisines Ce sont toutes des n tres de notre caste Marathe On peut partir sans fermer la maison au cadenas On s entraide bien Si elle a repris les dix mille roup es vers s pour le projet immobilier du syndicat c est parce que notre pi ce ici est bonne et les voisins agr ables Shaku PAWAR Phula PAWAR et Hira bai sont du m me avis Elles se disent satisfaites de leurs voisins Ce sont tous de n tres telle est leur principale raison en fin de compte IL n y a aucun Mahar ou autres intouchables Tout le monde se rend service Toutes les familles de l ancien immeuble Kapar vada Ghorpade peth sont de caste Dhangar originaires de la r gion de Sangli Tout le monde entretient donc de bonnes relations de voisinage Les femmes doivent prendre leur bain d couvert l ext ri eur mais elles ne s en pr occupent point car tous sont des n tres explique Maya KALE L immeuble d en face de l autre c t de la rue comprend aussi beaucoup de Dhangar avec qui les rapports sont excellents Il y a des musulmans dans le quartier Les femmes musulmanes et Dhangar peuvent ne pas avoir beaucoup de relations les unes avec les autres les jeunes par contre vont les uns chez les autres sans aucune r ticence DOMBALE bai a un gra on qui c l bre le Ramadan en je nant avec les mu sulmans On s invite manger les
332. ire d un v hicule Mais avec un pr t d une banque Maya bai et son mari s achet rent un petit v hicule trois roues pour le transport de marchandises en ville que son mari conduit et un rickshaw qu ils ont lou quelqu un d autre pour le conduire R vu BHEGADE et Tara DHANVE taient au milieu des cageots de tomates qu elles d bardaient Quand en finirez vous de charger ce camion m tonnais je C est l affaire de dix quinze mi nutes Ce n est rien repartirent elles aussit t Hira DONDKAR et Subhadra DARVATKAR s en sont remises la con fiance qu elles ont de pouvoir s en sortir la force de leurs poignets Elles ont maintenant une maison couverte de t les On se b tira bien un jour une maison en ciment On y arrivera Celui qui ne craint pas sa peine n a peur de rien Ce sont deux veuves Hira bai est sans enfant mais son amie en a cinq GIRE bai et PILANE bai rencontr es leur travail l entrep t nous disent Attendez regardez les gros sacs qu on soui ve Shaku KORPE a eu deux filles et quatre gar ons L un d eux mou rut quand elle vint Pune un deuxi me s enfuit Bombay sur un coup de t te et n est pas revenu un seul autre va l cole Pendant les s cheresses de 72 75 les champs ne produisaient rien Son fr re l amena Pune Son mari chercha travailler comme gardien de nuit et d autres emplois mineurs IL avait perdu l habitude de travailler dit Shaku bai Elle a fait
333. is comme on n a rien se reprocher qu est ce qu on a craindre pourtant la crainte est bien l en permanence sinon on ne chercherait pas s en d partir ou l exorciser avec ces propos m mes Des sentiments m l s faits de peur de soumission d inhibition et d auto d valorisation han tent les esprits de toutes Hira bai par exemple est bien convaincue comme beaucoup d autres que les femmes ouvri res ne sauraient avoir de raisons de r pondre au dal l ou de ma nifester leur m contentement Si on fait une erreur dans le travail n importe qui nous en fera la remarque c est naturel et normal Est ce que le dal l a tort de nous le re procher Il faut bien qu on se soumette ses ordres au tra vail Comment se palindre s il nous crie dessus ou se met en col re contre nous C est nous de ne pas faire de fau tes dans notre travail Les paysannes la meule avaient d j hier dans leurs chants exprim la m me soumission ef fac e et muette enti re et indiscut e Je vais par le droit chemin sans faire sonner mes anneaux de pied In ne faudrait pas qu on en fasse le reproche mon fr re 108 Je vais mon chemin sans remuer le moindre caillou La femme de Mawal est un lierre de jasmin tranquille D une fa on g n rale les rapports entre le dal l et ies ouv ri res se distinguent par leur ambivalence Celle ci renvoie aux types contrast s de rapports sociaux qui marquent habituellement les
334. is de Indu TAGULE est d une salet repoussante Elle enfanta 10 filles dont une seule reste marier 2 moururent Bien que n enfantant pas de gar on elle ne d pensa pas en rites pour en avoir Elle habitait auparavant au village o elle maria ses deux premi res filles Son mari l avait pr c d e Pune o avec une charrette cheval il assurait des transports en r sidant pr s d un poste d octroi Elle gagna Pune pouss e par le souci de trouver marier ses filles Elle s embaucha au march d s son arriv e Ce lui fut facile car beaucoup de ses voisines s y ren daient Elles l emmen rent avec elles Elle maria ses filles des gar ons du pays Seule celle qui reste marier va en classe aucune des autres ne fut instruite Que faire en effet dans une situation aussi tragique Il fallut choisir entre manger et ins truire les filles Elle fait partie d un bhishi au march Elle vient de toucher 1300 rs qu elle a utilis s pour rendre des em prunts acheter des l gumes qu elle fait revendre son mari a cheter du tissu pour faire des corsages ses filles et leur off rir des bracelets ainsi que des habits Elle a fait embaucher 2 filles mari es au march voil 3 mois Mais un des maris est soup onneux et ne cesse de surveiller sa femme Tout le poids de la famille est sur les paules de Indu bai Voil 8 ans son mari a vendu sa charrette et ne fait plus rien depuis sinon de vendre les l gumes que sa femme a rapp
335. ison des femmes ma ri es qui bien qu habitant normalement avec leur mari entretiennent par ailleurs des relations avec d autres amants On jase beaucoup par exemple ce sujet de Sindhu SHELAR et Hira KHENGARE On pour rait noircir des pages enti res avec les noms des femmes qui sont mention es dans les conversations au march ce sujet IL est tr s fr quent quand on se rend chez les ouvri res leur r sidence de les entendre m dire les unes des autres Il faut sans doute faire la part des propos exag r s et malveillants mais la rumeur semble bien refl ter la r alit dans la majorit des cas L image sociale des femmes porte faix est franchement n gative Ce sont des femmes de mauvaise vie Telle est leur r putation col lective publique C est aussi ainsi qu elles se consid rent elles m mes collectivement Selon Kamala MALEKAR il n y a pas de diff rence entre le travail de porte faix et celui d une prostitut e Il faut bien se rendre la pression des dal l et des ham l Selon Indu PANSARE quand un com dien prend une actrice de sa troupe car elle doit se mettre quelque chose dans l estomac et manger sa faim On est dans la m me situation au march On m dit de nous dans la soci t Il nous faut endurer Telle est la situation laquelle les femmes porte faix sont confront es Malgr tout tout le monde rejette le bl me sur les femmes seules coupables Leur conduite peut m me tre irr proch
336. it mais pas de son deuxi me mari actuel dont le fils n a pas surv cu Pour main tenir la lumi re de la lign e elle fait amener des co pouses Rak hama TANPURE n a ni h sitation ni remords marier son fils idiot Un gar on f t il attard doit tout autant assouvir ses d sirs sexu els dira t elle Ne faut il pas lui donner satisfaction Il lui faut surtout des petits fils Elle ne se rend pas compte le moins du monde obs d e par sa pr occupation de descendance m le que c est en sacrifiant la vie d une fille qui a tous ses esprits Le fils de BARDE bai est alcoolique et ne gagne pas sa vie Mais il faut un gar on Elle le laisse enfanter 6 filles jusqu ce que le 7 me en fant soit un gar on P risse le fils peu importe un petit fils est n l avenir est assur Une lumi re est allum e C est sa satisfac tion Pour avoir des gar ons les pouses visitent les dieux je nent font p nitence recourent des sortil ges aux rites prescrits par les bhagat supportent des co pouses voire les am nent leur mari Elles sont pr tes souffrir tous ces tourments pour en viter de plus graves Car l est la t che essentielle que la soci t leur as signe au premier chef Aucune des femmes porte faix interview es n a la force de faire preuve de la moindre audace pour aller contre cet te norme de l ordre social qui leur assigne leur lieu fondamental dans la soci t La st rilisation Quoi qu il en
337. it cela auparavant avant qu il ne mourut Elle pos s de une deuxi me charrette bras qu elle a lou e quelqu un d autre pour le m me usage Thaka NANGARE Vanjari veuve approche de ses soixante dix ans mais se rend encore au march pour y travailler Elle avait l ha bitude auparavant d aller travailler dans les champs du dal l Alandi et d en rapporter des sacs d oignons de pommes de ter re de semences etc Hira BHOKAR l apr s midi apr s le march prend un panier de l gumes sur la t te et va les vendre de porte porte Tara MANKAR d pose les l gumes chez elle domicile o on vient les lui acheter Subhadra HONMANE vend les siens sur une charrette bras Dond karpul La vente de l gumes d rob s ou achet s au march est une activit d appoint pratiqu e par beaucoup de femmes coolies chez elles sur le trottoir de porte porte ou sur une charrette bras TS Un esprit d entreprise pour tenir quelque part C est avec tenacit et esprit d entreprise que les femmes coolies rel vent les d fis qui se pr sentent quotidiennement tout au long de leur existence tant est vrai ce qu elles chantaier d j la meule Sans travail une femme ne tient nulle part c est dire ne peut occuper et tenir aucune place que ce soit o que ce soit Cela est dramatiquement vrai quand il s agit d une crise telle que beaucoup de femmes coolies traversent Leur existence leur survie personnelle et
338. ivrogne L unique gar on de SONDKAR bai n a pas grande instruction il a seulement appris cou dre Il coud la maison sur une machine qu il a achet e et essaie de vivre de ce travail Il ne cherche point aider sa m re d autant plus qu il boit Bhim bai et Narmada bai habitent seules maintenant sans soutien IL leur faut con tinuer se rendre au march pour un maigre secours finan cier et inventer n importe quel exp dient Shaku AINPURE Hausa KHILARE Paru KOTKAR ont les m mes d boires raconter Il leur faut encore gagner leur vie parce que la jeune g n ration qu elles lev e ne veut ou ne peut subvenir leurs besoins Trop d incapacit s di verses se cumulent pour ab mer et condamner d finitivement l impuissance Paru KOTKAR est venue de la r gion d Ahmednagar Son mari quitta la maison et le village en d saccordance avec sa fa mille voil 40 ou 50 ans Comment les siens l auraient ils aid ensuite IL avait pourtant des champs Paru bai et son mari sont tous les deux coolies depuis lors Habitants de Navipeth l inondation leur valut d tre relog s Gok hale nagar o ils ont trois pi ces Paru bai a trois gar ons et deux fiiles Un gar on est chauffeur de rickshaw un autre a un emploi Mais le foss des g n rations est tel que Paru bai ne peut s entendre avec ses brus pas plus qu avec la fille de son fr re qui a aussi autrefois migr Pune Elle n a pu par ailleurs assur
339. jurer les dieux contre elle Lak shmi bai tait alors partie vivr chez sa m re qui l avait soutenue Elle y tait depuis 4 ans quand son mari finit par r aliser la si tuation Il reprit sa femme avec lui la maison Mais sa m re con tinua de tourmenter sa bru Une querelle clata un jour en pleine f te d Diwali La belle m re ch sse sa bru de la maison Celle ci r agit avec courage et propos Elle alla s installer loin Bib v vadi Haru b i ne cessait en effet de r p ter son fils qu ayant obtenu deux emplacements Bibv vadi son fils pourrait en prendre un pendant qu elle occuperait l autre Mais Lakshmi bai avait tou jours refus de s y rendre tant que cet emplacement ne serait pas enregistr au nom de son mari Bien que r sidant part mais c t l un de l autre Haru bai ne cesse encore de tourmenter sa bru J habiterai maintenant dans une maison qui est en mon pouvoir dit la bru Je ne veux pas me soumettre l autorit de ma belle m re Thaku NANGARE est toujours robuste malgr son grand ge Elle a encore la force au retour du march de s installer au bord de la rue vendre des l gumes qu elle a d rob s C est une femme forte la voix de stentor faite pour se faire entendre Elle proclame sa fiert d avoir pris part dans une manifestation Nous des Vanjari on y tait aussi Son fr re est un leader au march mais elle le fr quente peu sinon aux f tes et aux mariages Ell
340. l ont aujourd hui oubli e Elle tait venue seule vivre Pune o elle r sida en divers bidon villes Elle entretient un divanji dit la rumeur Elle est entr e dans une communaut sectaire pour s en assurer le soutien semble t il Transes de possession M me si les raisons qui motivent le recours la transe de pos session comme voie de communication avec le dieu sont les m mes que celles qui fondent la confiance dans les pratiques d j d crites le comportement de transe est une forme sp cifique du rapport au dieu qu il convient de consid rer en lui m me de fa on distincte Ces ph nom nes sont le fait de saints hommes appel s bhagat devrishi et bhaktin au f minin Sindhu SHELAR consulte un bhagat de son pays de Valen qui bien que Mahar est accueilli dans toutes les maisons Plus que cela m me on l honore et on lui sert manger Itin rant il circule dans les villages du pays entre Pune et Bombay IL est log et nourri gratui tement par les populations et galement r mun r avec largesse IL vante partout ses pouvoirs et ses exploits et raconte des faits tour ner les sangs quelqu un qui cette heure l se trouve Bombay et qui meurt sur le champ Il suffit de savoir modifier sur la planchet te la disposition des grains de c r ales pour que cet individu soit condamn Ce bhagat se pr tend capable bien s r de retourner imm di atement contre quiconque un mauvais sort jet contre un de ses d
341. la bascule puis le soulever nouveau pour l enlever de dessus la bascule et le charger sur la t te afin de le transporter un autre endroit Le transport de marchandises en sacs ou en cageots se fait habituellement sur la t te du camion ou du tempo l en trep t ou de celui ci au v hicule Il s agit tant t de cl cer tant t de recharger de l entrep t vers les v hicules ou d un v hicule l autre Les camions et tempo ne se rangent pas toujours exactement le long de la plate forme de l entrep t Dans ce cas il faut faire pied la distance de deux trois pieds qui en s pare avec la charge sur la t te en descendant les deux ou trois marches de l entrep t puis gagner la rampe de chargement ou le tempo dans lequel il faut soulever le sac ou le cageot de dessus la t te et l y charger IL y a souvent une certaine distance en 80 tre les entrep ts et les v hicules C est autant de marches en plus monter et descendre et de charges soulever et reposer nouveau Ces gestes sont parfois encore multipli s et la fatigue et le temps du labeur accrus quand le v hicule d un client arrive en retard Soulever des charges les charger et les d charger monter et descendre des marches ne sont pas des op rations qui s ex cutent sans encombres D une part le sol de l entrep t est jonch de marchan dises et de rebuts Les l gumes l ont souill et rendu humide Sur la chauss e en terre en contrebas de la plate for
342. la cuisine et servit les convives dans une cantine sp cialis e dans l organisation de banquets de mariage pour de grands groupes de convives Elle recrutait parfois jusqu quarante femmes pour y travailler comme serveuse elle touchait une roup e de commission par recrue Ce n tait pas facile vrai dire de trouver le personnel requis sur le champ Elle travailla aussi dans une minoterie empaqueter de la fa rine dans des sachets au tarif de dix roup es pour cent sachets Elle en faisait trois cents trois cents cinquante par jour Elle y triait aussi des arachides Mais le travail n tait pas r gulier Que manger les jours ch m s Elle s embaucha donc com me coolie Le mari de Sita DIGHE se fit coolie d s son arriv e Pune il y a 40 ans Mais c tait un buveur qui cherchais les bagarres C est parce qu il ne permettait pas sa femme d aller travail ler comme coolie que pendant plusieurs ann es elle pr para des bonbons et broya du tabac Elle habitait alors dans la rue Kac Elle quitta l entreprise de tabac quand sa m re obtint une man sarde dans une pi ce de la Colonie Janata o elle alla habiter Elle est maintenant relog e Bibv vadi mais malgr son ge elle doit encore travailler comme coolie pour payer la maison qu elle s est construite Appar selon le plan de relogement de l admi nistration TL ES Kala SHELAR allait avec sa m re travailler au march d s avant son mariage Elle eut un accident
343. la demeure Le motif secret et latent des conflits et des tensions est la jalousie d une m re possessive qui a d donner le fils qu elle s tait attach une jeune bru qui ne peut manquer d avoir un r el em pire sur lui L emprise exclusive qu elle avait va d un coup s es tomper et son fils lui chapper La frustration et le vide la tarau dent et l aigrissent au point qu elle en devient m chante voire vio lente et perverse Bru Savitri tel le papaye la porte Je lui ai donn le h ros de mon sein pour sa jouissance Que les faveurs d une belle m re d passent celles d une m re Elle lui a donn de r gner sur le tr sor de son sein Ce n est pas un mari mais une lourde cha ne d or Arrach e du cou de ma belle m re La bru ne manque pas de jouir ce jeu de dupes o elle pense avoir l avantage quand sa belle m re s efforce d agir sur son fils pour la frustrer indirectement de sa victoire La belle m re recourt F son autorit sur son fils pour le soustraire l envo tement de sa emme Une perle de l anneau de nez est tomb dans le babeurre Je te le dis mon gar on tiens ta reine en ton pouvoir Au lieu de se dire que c est elle m me qui lui a donn une fem me elle cherche contrecarrer sa bru et la mater Pourquoi deux fleurs ne pourraient elles s embellir l une l autre au lieu de s a b mer et de se froisser par leur contact 193 Pourquoi faut il que la belle m re torture sa bru s
344. labeurs sans compter en Lakshmi qu elle est et se sait tre 100 III LE MILIEU DE TRAVAIL SCENE D ENJEUX SOCIAUX Questionnement Le travail salari n est pas seulement le moyen d assurer la survie Le salaire m diatise des rapports sociaux Il est le lieu et l instrument de liens relationnels avec les acteurs de la sph re conomique et sociale Il ouvre l espace social d un rapport d au tres hommes et femmes qui le temps de leurs t ches et de leur pr sence dans le p rim tre g ographique du march entrent dans un syst me de rapports sp cifiques et particuliers Cette particularit se d finit au premier abord et globale ment par ce dont le march n est plus le lieu pour les femmes ouv ri res savoir les rapports domestiques les rapports de produc tion et les rapports de parent et par ce dont il ne leur offre point la place les rapports d change commercial g n ralis En s embauchant comme travailleuses salari es c est dire en changeant leur force de travail contre une r mun ration en argent accord e par un employeur les ouvri res du march quittent les en droits de leur r sidence et les lieux de leur habitat espace des rapports domestiques Elles entrent dans un ensemble de rapports sp cifiquement socio conomiques sur la base d un change marchand celui de leur force de travail contre une somme d argent Cet change se produit en zone urbaine en dehors de la sph re
345. lage elle ne l avait pas suivie Bombay Elle a aujourd hui trois gar ons L a n et le deuxi me taient Bombay mais le 2 me perdit une jambe dans un accident Il revint Pune 165 IlL apprit la couture L a n de ce fait dut aussi revenir Pune Il a une charrette bras sur laquelle il vend des sorbets L t il vend aussi des pis de c r ales grill s Il est mari et a deux filles et un gar on mais il s oppose ce que sa femme aille travailler au dehors Comme il ne s entend pas avec son p re il a un logement ind pendant o il r side avec sa femme _ Voil donc 22 ans que Paru bai est Pune Wagjai commen a de la poss der depuis lors Son mari n y croyait pas au d but Alors la d esse pour le punir lui fit mourir trois enfants Trois autres rest rent vivants au total Le mari recouvra du coup la foi dans la d vi Trois dieux poss dent Paru bai Chaque mardi jeudi et vendredi des gens viennent se prosterner ses pieds et la con sulter Elle parle au nom de la d vi et r pond aux questions que les gens posent sur leur avenir Elle entre en transe les mardi vendredi et dimanche On vient la chercher de villages lointains o on l emm ne Elle a fait Tuljapur Pandharpur Karhad Satara et d autres lieux saints encore Elle est elle m me aujourd hui reconnue comme une bhaktin Elle ne demande aucun argent des d vots qui la consultent mais ceux ci font d eux m mes des offran des quand
346. laissent aller tous les vices IL ne lui reste qu emmener sa bru avec elle elle n a pas le choix sinon il n y aura rien manger la maison Kamala MALEKAR disait d un air d go t que le travail de coolie au march 95 c est la m me chose que la prostitution Personne n a de respect pour les femmes coolies employ es au amrch Le seul avantage c est qu on gagne quatre sous C est ce qui ex 127 plique la conduite d Anasuya BARDE les premiers temps de sa pr sence au amrch en allant et venant elle cachait dans son dos le panier vide dans lequel elle avait transport des l gumes ou avec lequel elle remplissait des sacs Beaucoup de femmes coolies sont conscientes de la honte et du d shonneur qui s attachent leur occupation de coolie et les claboussent dans la soci t Au fil de la discussion 144 tout en allant et venant Indu PANSARE confiait Nous on est celles qui travaillent au march IL suffit qu une que relle clate ici ou l d un c t ou de l autre pour qu aussit t les gens disent Ah ce sont les coolies du march Qui les coutera Qui les laissera parler IL faut qu on supporte tout avec patience pour se mettre quel que chose dans le ventre Les femmes com diennes actrices des compagnies de th tre populaire supportent tout pour une pitance Elles ne peuvent rien r pondre un homme Elles ne peuvent le contredire Si un type en px nd une sur ses ge neoux faut qu el
347. lauds N I un ni l autre ne s occupent de nous Est ce qu ils se soucient jamais de nous Il ne nous reste qu une solution c est de nous tourner vers le gouvernement Thaka JADHAV confirme Le syn dicat ne fait rien pour les pauvres Thaka bai et Phula MALUSARE faisaient partie auparavant de l association Hamal Panchayat Elles travaillaient dans la cantine de ce syndicat avant de s embaucher au market yard comme coolie Nous n avons aucun reproche faire Hamal Panchayat mais depuis que nous avons chang de r sidence on ne peut plus s y rendre c est trop loin On vous a aussit t recon nue vous venez souvent l bas Ici on n a pas le temps d assister aux r unions du syndicat Quand il y a des querelles il faut bien qu on s y rende Sinon on se contente de notre travail c est mieux comme a Par ailleurs a ne plairait pas au dal l qu on continue rester dans le Hamal Panchayat Il vaut mieux ne pas y aller Qu il s agisse d une femme comme Anusuya TANDALE ou d une an cienne comme Thaku NANGARE l une comme l autre sont unanimes Tan t t il fut finir le travail l entrep t tant t on ne pense qu 119 rentrer chez soi au plus vite Qui va rester au march une fois le travail termin pour assister une r union syndicale C est seu lement s il y a une querelle r gler avec quelqu un qu il faut bien qu on aille voir une pr sidente Laxmi BHAME tait membre auparavant du syndicat Bhumata El
348. le faire assez t t Ambu KOKARE a l gar on et 1 fille Son mari veut 231 encore un gar on de plus mais elle ne le d sire pas A quoi bon en avoir davantage Elle a bien d cid en tout tat de cause faire st riliser apr s le 3 me enfant Ambu bai est vrai dire un peut instruite son mari ne signe que de son pouce Elle ne voulait pas de cet homme mais elle n avait pas l audace ce moment l de s opposer la d cision de ses parents Sa fille aujourd hui n c ceptera plus de se soumettre Mais pour elle c est ainsi que Satvi lui en a crit le destin sur le front le 5 me jour Son mari va couper de l herbe sur les collines et la vend pour lever des ch vres en partie du moins car en Dhangar qu ils sont ils l vent des ch vres dont ils vendent les chevreaux Elle m me va au march depuis 4 ans A l instar de beaucoup de Dhangar qui mettent de c t l argent gagn au lieu de le d penser aussit t le gardant pour des d penses ult rieures telles que des bijoux ou des maria ges elle d pose chaque jour 5 rs en banque pour sa fille Nos gens nous Dhangar ne boivent gu re Contrairement la pratique des mariages d enfant et celle du dyai selon laquelle ce sont _ les parents de la fillette de 5 ou 7 ans la mari e qui touchent une certaine somme d argent convenue qui dit elle n existe pas chez nous mais chez les Laman elle consid re que si une femme chez nous gagne 500 rs et son ma
349. le mesute y a t il branlement de structures normatives et mergence de formes de rapports sociaux diff rentes Un rel chement indivi duel des inhibitions au plan du discours et des pratiques tol r es par le nouvel environnement p ri urbain est il l annonce et le voeu d un autre ordre de rapports humains Cette question ne peut tre claircie sans le recours un troisi me niveau d observations et d investigation plus sp ciale ment concern par les aspirations et les attentes ou les nouvelles perceptions et les convictions qui s implantent peu peu dans l esprit des migrantes et des coolies Attentes et pressentiments peuvent n en rester qu l tat de discours de d sirs et de r ves sans pouvoir imposer de nouveaux types de pratiques comme norma tifs ou valides eu gard aux syst mes dominants de valeurs et de rapports Ce niveau des repr sentations est plus difficile sai sir car il porte surtout des voeux qui peuvent ne pas s exprimer directement ni en permanence mais seulement au cours d changes spontan s sous forme de r actions soudaines ou de perceptions in dividueiles occasionnelles La pression des traditions est si for te que de tels voeux ne sont m me pas toujours conscients d eux m mes ni de leur port e Il peuvent pourtant parfois se formuler en souhaits explicites et en pratiques qui d vient des normes Celles ci peuvent ne pas poneer se l gitimer ni imaginer qu el les pourraient pr tendre
350. le aussi une valeur d change marchand qui se d termine en fonction de l impact du labeur et de l importance de ce qu il peut r aliser Cette valeur marchande est m diatis e par la r mun ration qui est cens e correspondre l uti lit du produit fourni et la quantit de force d pens e pour le produire Les paysannes travaillaient hier la maison et dans les champs mais leur travail ne les faisait pas entrer dans un tel espace co nomique pour trois raisons D une part bien que productrices les fins et les objectifs de leur labeur n taient pas l objet de leur d termination Elles n taient pas sujet conomique D autre part les biens produits par leur travail de paysanne taient sans doute dans une certaine mesure chang s mais ces rapports d change n taient pas de leur ressort Dans leurs familles pauvres d ailleurs bien peu de biens taient ainsi chang s au sens propre du mot C tait surtout leur force de travail qui n tait pas objet d change puisqu elle tait toute enti re utilis e au service de l unit de production dont elle faisait partie sans pouvoir s en dissocier Compte tenu de ces perspectives les analyses de ce chapitre essaient de r pondre trois questions concernant le labeur manuel des coolies La premi re est relative aux t ches auxquelles s adonnent les migrantes en arrivant en zone p ri urbaine Elles vendent leur force de travail pour la consacrer des t ches qui
351. le de Vadarvadi Goja bai chaque jour commence de se rendre au march de Phule market pour y travailler comme coolie Voil 15 ans maintenant qu elle est coolie depuis 1973 Son mari est embauch dans une quipe qui dresse ten tes et podium pour des r unions publiques sous l autorit d un patron propri taire de l quipement Mais il souffre continuellement de maux de ventre A Bombay il tait mem bre d un syndicat communites il joignit ensuite un syndicat du Congr s Goja bai travaille maintenant au market yard Elle a appel et fait embaucher deux cousines maternelles A Vadarvadi ce sont des querelles continuelles le bidon ville est aussi loin du market yard situ l autre extr mit de la ville Des gens du village facilitent Goja bai l acc s dans le bidonville de Colonie Janata L elle ob tient un certificat d identit avec photo qui lui permet d tre relog e Appar Bibv vadi 30 Thaka JADHAV habite Appar Bibv vadi originaire de Khamgao 25 km l ouest de Pun o elle fut aussi mari e Deux gar ons deux fiiles L une est mari e son mari fit dix ans d cole il est r parateur de v los Un de ses gar ons fait le m me travail Deux petits enfants dont une petite fille hanci cap e C est le beau p re de Thaka bai qui avait migr il tra vaillait comme jardinier dans le bungalow d un Marwadi Cela avait permis son mari cinq ans de scolarisation dans de bon nes conditions
352. le de son mari avait t submerg par les eaux du barrage de Mulshi un fr re vit sur ce qu il en reste Son mari dut fuir vers Pun o il s embaucha aussit t comme coolie Presque tous les gens de Nandivli travaillent au march 31 depuis la construction de ce barrage aujourd hui encore la plupart sont coolies au market yard Arriv e Pun Sita bai travaille dur des travaux p nibles confection de bonbons trois roupees par jour vers 1975 broyage de tabac la meule main pour faire du tabac priser Depuis la fin 1988 elle est coolie au amrch Elle construit sa maison Appar par versement mensuels Son mari boit et aime fomenter des barrages La situation est difficile pour elle il lui faut travailler pour payer sa maison Mais son ge soulever des charges est p nible La m re de Sita bai habitait la Colonie Janata Sita l y rejoignit Sa m re y avait une hutte mais avec un petit espace c t C est de l qu elle obtint une carte de relogement Appar C est la jeune bru qui fait tous les travaux la maison pendant qu elle trime au dehors Shanta MARNE gagna Pune avec son mari il y a quinze ans vers 1974 Elle ne s entendait pas avec le beau fr re rest au village Elle vient habiter Pune chez le deuxi me beau fr re dans Gurvar peth La pi ce est tr s troite elle al lume son foyer dans un coin et le beau fr re dans l autre La propri taire trouve que c est trop petit pour de
353. le est t moin de tels v nements elle intervient d elle m me et s en prend aux hommes A son ge elle peut dire tout ce qu elle veut on l coutera sans broncher Des oeuvres serviles Le travail au march commence cinq heures l appel de la sir ne qui ouvre le march IL faut tre sur les lieux avant l ouverture Cela impose de se lever trois heures car il faut prendre son bain faire la cuisine et assurer la r serve d eau pour la journ e avant de prendre le chemin du march On monte dans le premier tempo v hicule priv petit camion ou v hicule trois roues am nag pour le transport de marchandises en zones urbaines qui se pr sente Pas question d tre en retard sinon il faudra encaisser les insultes du dal l Ce n est certes pas les ouvri res du march qui ont fix l heure d ouverture cinq heures Que ce soit les dal l ou le Comit du march on ne leur a pas demand leur avis Les femmes coolies sont employ es aux diverses t ches sui vantes La plus importante est le travail aux sacs Elle consiste remplir ceuxi ci de l gumes les poser sur la balance pour la pes e et les transporter d un endroit l autre sur la t te Le remplissage des sacs demande de se courber terre pour re cueillir les marchandises dans une gamelle ou une corbeille puis de se relever pour en d verser le contenu dans le sac Pour la pes e il faut soulever celui ci la main et venir le poser sur
354. le famille au village demeure assign e Le lien d appartenance r ciproque qui ca ract risait le rapport de la bru au village a disparu la zone p ri ph rique est ouverte tous les d placements d sir s L insertion so ciale ne se remarque plus n cessairement par l installation dans un seul lieu d j donn et constitu celui de la belle famille Elle se r alise par l acquisition lente d un habitat assur et son am na gement en demeure propre L habitat a donc fondamentalement chang de fonction Il est de venu objet de convoitise et de d sir qui mat rialise assure et sym bolise par son appropriation et son dification titre d objet d usage le prestige et le statut de la migrante Il n est plus l es pace pr donn et oblig d une insertion sociale au gr de la volon t d autrui la belle famille Le statut de la femme coolie n est plus assign ni fourni d avance Il est un bien social conqu rir ou produire comme le r sultat d efforts une r ussite et un succ s 63 acquis Beaucoup de femmes coolies en quittant leur belle famille ont pr cis ment abandonn un habitat qui leur offrait sans coup f rir un statut pr tabli Il leur faut d sormais se d mener par tous les moyens c st dire mettre en oeuvre toutes leurs res sources pour obtenir un statut et se faire reconna tre comme ca pable de se constituer un m nage et de la maintenir Ce statut n est plus fourni par l en
355. le se laisse faire Sa famille d pend on son m tier Que lui reprocher Est ce de sa faute Nous aus si on est des femmes com diennes c est notre profession Conclusion Le travail lib r marchandise d valu e Les femmes coolies sont certes entr es dans un espace cono mique au titre de l utilisation de leur force de travail contre un salaire Les paysannes sont devenues des ouvri res Mais en m me temps et de ce fait leur travail a acquis le statut d une mar chandise dont l change titre d atout de la survie donne aux femmes coolies qui en disposent dans ce but un certain r le et une place d agent conomique d lest de toute autre consid ration en particulier d pouill des connotations et dimensions qui quali fient leur r le et leur fonction de paysanne productrice au sein de l unit de production domestique Les femmes coolies n entrent point au march en tant que su jet conomique Elles le sont m me encore moins aujourd hui qu hier la ferme Sans doute elles ne l taient d j point puis que les d cisions concernant la production des produits agricoles et leur vente n taient pas de leur ressort Pourtant leur int g ration f t elle subordonn e dans le r seau des op rations agri coles au titre des divers syst mes de rapports sociaux et hu mains qui liaient tous les membres de l unit de production domes tique leur donnait compte tenu de la diversit et de la valeur de leurs p
356. lement que les migrantes en qu te d un statut social dans le non espace o la crise les a jet e font de leur demeure propre l atout et le symbole essentiels de leur r ussite personnelle et de leur re connaissance sociale L architecture moderne de la maison affiche et signale leur implantation irr futable dans le nouvel environne rent p ri urbain Ce lieu propre premier objet de leur qu te d une piace en ville devient en tant qu espace ch rement acquis la preuve du succ s de leur conqu te d un espace de vie elles et la garantie d un statut d finitivement assur dans la ville moderne Avec une cuisine moderne et un m nage rutilant la m nag re se no la hauteur de sa vocation de toujours cette fois ci en ville Du point de vue des dynamiques socio culturelles d ensemble qui rendent les migrantes capables de surmonter la crise qu elles traversent l tude des d marches relatives au lieu o r sider et la demeure o habiter qu il s agisse des conduites d appropria tion d dification et d am nagement des repr sentations concer nant les r les et le statut de la femme de maison ou des valeurs qui sp cifient la constitution la r partition et l utilisation des lieux nous fait observer une symbiose entre des syst mes so cio culturels traditionnels de r f rence et des messages des chan ces des d sirs des attentes des possibilit s et des aspirations qu implique et induit naturellement leur existence d
357. lement pendant le mois de shr van moins qu elle ne rehausse les c r monies de Gauri ou bien qu un v nement par ticulier ne la motive mariage changement de r sidence je ne sp cial etc D anciennes pratiques de voeux subsistent avec la m me fr quence vrat vaikalya telles vrat paurnim et rishi pancmi que toutes les femmes observent De ouvetles formes de voeux s implan tent m me par exemple celui de santoshi m t tout r cent et large ment popularis par le cin ma commercial Chandra UBHE commen a un jour l observer d elle m me MARNE bai s y adonna son tour comme elle Jai AINPURE observa scrupuleusement un voeu qu elle vit faire Goja PAWAR celui de 16 lundi cons cutifs Un tout nouveau je ne commence aussi de se r pandre celui des mercredi blancs consistant manger n importe quel aliment cr ou cuit ce jour l la seule condition qu il soit de couleur blanche L habitude se prend aussi d aller le jour de samkashtha c turth offrir une noix de coco Gan patti et de pr parer des modak sucrerie associ e aux liturgies de ce dieu Cette pratique peu connue la campagne se r pand avec l installation en ville de Pune dont Ganpatti est un des principaux dieux Une nouvelle coutume jusque l inconnue commence de se r pandre ces deux derni res ann es la femme du fr re offre une cruche eau sa belle soeur soeur du mari celle ci en retour offre un sari Une histoire fonde cette p
358. leraient la m nag re S il n y avait pas tous les r cipients les hommes de la maison seraient la ris e de tous Nous on est les Lakshmi du foyer Voil comment on doit se comporter Ainsi parlait Phula PAWAR Dattavadi Elle est contente de tout avoir une paillasse une armoire la TV un chauffe eau et tous les ustensiles voulus Elle a deux pi ces dans le bidonville Comme elle a de la terre au village et qu elle l exploite moiti avec quelqu un d au tre elle se rend de temps autre sur ses terres au moment des travaux en particulier Elle a donc constitu le m me la ferme dans l espoir que son gars y retournera un jour Hira bai est la soeur de Phula bai Son mari est un ivrogne qui travaille conme ma on mais ne donne gu re d argent pour la maison Hira bai a trois gar ons qui vont l cole Elle Voir Inde Village au f minin op cit p 146 147 188 190 204 56 s est fait st riliser et met chaque jour un peu d argent en d p t en banque Son mari boit depuis toujours et quand il a bu la maltraite depuis toujours aussi ne lui permettant pas m me de dormir tranquille la nuit Elle va parfois dormir chez la voisine Les voisins sont d un grand secours Sa grande pr occupation est de garder la maison propre et en ordre Elle a beaucoup d affaires chez elle une paillasse une salle de bain une dalle de Kadappa sur ia paillasse une armoire la TV un chauffe eau et beaucoup de r cipients et d u
359. les et moins avilissantes plus propres et moins indignes Anusuya KUMBHAR nous avait ainsi cach lors d une premi re rencontre au march qu elle allait l apr s midi faire des vaisselles Il a fallu que nous allions chez elle pour nous en rendre compte Deuxi me aspect n gatif des t ches domestiques elles ne sont en rien permanentes ni clairement d finies Le sont encore moins les autres t ches suppl mentaires d appoint tel que le tri des grains et des l gumes secs chez un picier la cuisine dans une cantine publique qui sert des banquets ou la pr paration de con diments etc Troisi mement ces t ches ont leur difficult par ticuli re souvent plus d sastreuse pour la sant physique et mo rale que les besognes du march sans doute difficiles mais non d bilitantes comme le tri des grains la confection des condiments la cuisson des chapati etc qui s ex cutent assises et courb es et sont nocives a colonne vert brale Le march permet un exer cice plus quilibr Le travail de coolie malgr l absence de lois pour le pro t ger est en fait une occupation permanente moins que l ouv ri re ne d cide elle m me de le quitter Une fois embauch elle ne craint pas d tre renvoy e Elle n a pas comme pour les au tres t ches les chercher et se les assurer de fa on r p t e Cette assurance d une occupation qui durera entra ne un fort sen timent de s curit Celui ci est aussi d l ass
360. les ans ou tous les trois ans Une fois choisies elles restent en fonction et l assument pen dant de nombreuses ann es Leur autorit est un fait non ali nable De fa on encore plus directement pertinente c est au r le l image et l autorit de la belle m re dans une famille qu il faut compar r le statut reconnu aux pr sidentes et assum par el les sans question Elles exercent aussit t leur charge dans le syn dicat la fa on d une belle m re femme d ge et d autorit dont le premier r le est d assurer par son arbitrage et ses d cisions la bonne marche du groupe auquel par statut elle pr side On lui reconna t spontan ment et sans question ce r le n cessaire et b n fique au profit de tous les membres du groupe qui ne sauraient d sirer le quitter ni pouvoir s en exclure On ne change pas plus de pr sidente que de belle m re ni de groupe d appartenance Seules les ann es et les al as de l existence en d cident On peut poursuivre la comparaison en remarquent que les pr sidentes sont aussi globalement investies de leur autorit par un syndicat sous contr le masculin de m me qu une soci t patriar cale autorise le pouvoir dont jouit la belle m re vis vis de ses jeunes brus 11 suffit de voir avec quel plaisir et quel contentement des coolies comme Shile RANJANE ou Chandra UBHE occupent le bureau du syndicat Elles l vent la voix crient et invectivent pour r gler les querelles selon le
361. les pratiques subs quentes de location o la maison est devenue une valeur d change commercial un objet de calcul et de r ali sation de profits financiers A la d tresse des premiers jours ont succ d des pratiques avides de revenu imm diat et facile qui tirent profit des difficult s de nouveaux arrivants Des femmes coolies ont vite appris exceller dans des fa ons de faire com mun ment pratiqu es autour d elles location pour moins de onze mois paiement strict et sans d lai des loyers exigence de pas de porte changement continuel de locataires construction avec des versements de loyers anticip s On cherche d un c t tirer le maximum d avantages des circonstances en s appropriant plusi eurs lieux sans n cessit tout en luttant par ailleurs en tant que locataires contre d autres propri taires Les contradictions d un syst me d change capitaliste g n ralis ne sont pas leur pr occupation mais leur atout IL est de r gle que l obtention d un nouvel espace o habiter offert par le plan d radication des taudis implique l abandon du lieu ant rieur de r sidence qui devient la propri t de la municipalit Certaines femmes r us sissent cependant non seulement conserver cette premi re r sidence mais m me s assurer un deuxi me domicile dans un autre bidonville pour y mettre des locataires temporaires Des femmes coolies maintenant averties de toutes ces pratiques oublient fa cilement en de telles
362. les rapports sexuels extra maritaux n existaient pas au village Mais le march les facilite norm ment Au point qu au market yard certaines femmes se font elles m mes en tremetteuses elles fournissent des filles pour les hommes et se font payer une commission pour ce service La mis re pousse jouer un r le de prox n tes Inutile d ajouter que d l l et ham l leur tour en retirent aussi un profit personnel Ces conduites peuvent se comprendre comme des r actions contre les contraintes qui pesaient hier sur l existence des jeunes femmes qui ont migr loin de chez elles et des syst mes de contr le du vil lage Taraud es par le souci du gagne pain elles doivent recourir toutes sortes de resources propres pour faire face des difficul t s souvent insurmontables en dehors des limites de la maison et de 191 son soutien La pression maintenue si longtemps se rel che tout d un coup et des barri res tombent sous la pouss e de la n cessit de survie et l urgence du d sir Les syst mes de valeur traditionnels demeurent cependant les m mes dans leur esprit et dans la soci t m me si les conditions de vie changent radicalement et qu leur propre initiative d ailleurs de nouveaux comportements et de nouvelles pratiques se mettent en place dans la vie quotidienne Mais rien n indique la voie suivre ou les fa ons de r pondre aux d fis l int rieur des cadres anciens C est la confusion l avenir est sans es
363. les soeurs de celui ci s y opposaient Ils emp ch rent que cela se fasse Shanta bai dut donc chercher loin des relations d affinit d j tablies et marier sa fille un gar on d une r gion fort loi gn e M me difficult pour son fils alin Mais pour le cadet elle a insist et exig qu on le marie la fille de son fr re Le fr re et la soeur habitent c te c te sous le m me toit s par s par une simple mince cloison Leurs jeunes force d tre ensemble sont tomb s amoureux et entretiennent d troites rela tions Plut t que d attendre le pire ne valait il pas mieux les marier au plus vite Shanta bai tait inexorablement pouss e par la situation enfreindre la tradition dans les premier cas et la respecter dans le deuxi me Paru SUDARIK a trois gar ons Elle les a mari s ses trois ni ces A quoi bon aller chercher loin quand les filles de mon fr re taient si jolies Le mari de Yamuna JADHAV est soup on 152 neux alcoolique et oisif Yamuna bai est soutenue par sa famille d origine Mon fr re veille tout Quoi qu il arrive ce fr re ne l a jamais laiss e manquer de rien et s est montr le fid le gar dien de ses enfants Finalement il a pris sa ni ce comme bru et renforc nos relations Anu SALEKAR a une exp rience comparable raconter Le fr re d Anu bai habite c t de chez elle Il jouit d une situation correcte Il peut donc aider sa soeur Les enfants d
364. leur errance puis de leur installation dans un es pace p riurbain notre recherche est d abord une analyse des m canismes sociaux auxquels ces ph nom nes ob issent Elle vise percevoir les structures et les syst mes de relation sociaux co nomiques et culturels qu ils r v lent et mat rialisent la fois Un pr c dent rapport UNESCO s tait surtout concentr il y a cinq ans sur quelques aspects de ce premier volet celui des sys t mes de relations sousjacents aux processus de migration spatiale c est dire sur la nature des rapports sociaux primaires qui tiennent sous les processus de mouvance spatiale ou en d autres termes qui structurent la trame sur laquelle s op rent les mou vements de va et vient entre la ville et la campagne Le deuxi me volet est celui des ynamiques culturelles que ces migrations lib rent On entend par l le v cu des migrants leurs ripostes socio culturelles individuelles et collectives les pratiques qui permettent de faire face aux dangers et de r agir activement en face des d fis quotidiens l mergence d nergies nouvelles et les formes de reconstruction d une identit culturel le renouvel e la red finition de valeurs l affirmation d aspira tions ou d attentes authentiquement personnelles Le migrant n est point un cartel culturel ni un a social mais un individu qui se construit une nouvelle identit socio culturelle Il n est pas distendu entre deux mondes mais di
365. leur sont assign es par les agents conomiques qui les embauchent L observation por tera sur les formes les modalit s et les conditions de ce nouveau labeur salari qui fait entrer dans l espace conomique La deuxi me question porte sur le v cu des ouvri res ce que nous appellerons leur culture du travail c est dire le fa on dont elles se per oivent comme travailleuses salari es et s adonnent leur t che ainsi que les pr occupations qui sont les leurs cet gard ou du fait de ce labeur Leur fa on de percevoir le travail qu elles font la valeur relative des diverses occupations auxquel les elles s adonnent le d sir d une promotion par le travail sont autant d aspects de cette culture du travail La troisi me question porte sur la place faite impos e ou ni e aux femmes coolies ou au contraire prise par elles et conquise 69 eu gard au nouvel espace conomique qu elles investissent et en r f rence aux comp tences et aux r les de paysannes qui taient les leurs autrefois Leur pr sent travail en tant que labeur phy sique ne peut viter d tre significatif du fait m me du sens et de la valeur qui le qualifient du statut reconnu aux femmes coo lies ou conquis par elles Premi res besognes d occasion Les comp tences et l exp rience acquises au village et dans les champs sont sans valeur ni utilit sur le march du travail urbain Celui ci n offre aux migrantes que des besognes manue
366. liers pour des lessives Les directrices de l cole sont coop rati ves elle touche 300 rs par mois 1990 avec th et repas en plus Les lessives rapportent 100 rs Ce sont des Brahmanes qui elle a affaire dans les deux endroits Ces femmes l ont aid e faire le ma riage de sa fille L cole avan a 8000 rs sans int r t et la ma tres se de maison 7000 rs Son gendre est un gar on parfait Gita bai est extr mement perspicace Pourtant malgr toute sa r plique elle ne peut emp cher qu on la trompe et l exploite Elle est d autant plus tonn e que les directrices de l cole et sa patronne l aient aid e tant les autres l expoloitent ou l oublient dans sa parent y com pris son propre fr re qu elle a lev Son gar on a 18 ans aujourd hui C est lui qui la pr occupe Arrivera t il faire face une vie pareille Si les beaux fr res et belles soeurs aident GHULE bai peu de veuves peuvent en g n ral compter sur l aide de leur belle famille GHULE bai elle m me ne tient pas aider ses propres brus jeunes veu ves La belle famille aide souvent pendant quelques jours apr s la mort du mari au moins pour ne pas tre montr e du doigt Sinon souvent elle cherche plut t profiter de la situation et extor quer la veuve C est le cas de Ratna PAWAR dont le beau fr re est l aff t de la maison qu elle s est construite Appar Bibv il veut qu elle soit enregistr e sous son nom Apr s ne l avoir aid e
367. lir mes d p ts d argent Cet argent de la banque me sera bien utile le jour du mariage des filles Suman SONAVNE est veuve avec une seule fille Mon fr re fera son mariage pourtant il me faut bien un peu d argent Elle fait des d p ts dans ce but Nombreuses sont les ouvri res qui pro fitent de projets de banques pour mettre ainsi de l argent de c t soit dans la banque de l employ e qui vient au march soit dans toute autre banque Ahilya HARANAVLE Rakhma TANPURE Yamuna JADHAV Shaku PAWAR Kala AMBADE Chaque banque nationalis e met ainsi en oeuvre des plans d pargne consistant en ce qu une employ e se rend chaque jour l o des travailleurs sont employ s en grand nombre pour recueillir des d p ts des ouvriers d sireux de lui en remettre Selon leurs possibilit s chaque jour certaines femmes d posent 1 5 ou 10 rs Normalement les d p ts sont revers s au bout d un an mais ils peuvent aussi tre r investis Avant d tre au march je d posais 10 rs chaque jour dans une banque du quartier o j habite Aujourd hui encore mon mari m envoie d poser de l argent en banque tous les jours On ne peut vivre dans l insouciance dit Matha POLEKAR Je mets de l argent dans deux banques dans celle de l employ e qui vient au march tous les jours et dans un compte que j ai ouvert dans Tilak Road dit Kale KARLE qui apr s avoir ainsi accumul 5500 rs vient de s offrir un p lerinage Kedarnath dans l Himalaya
368. liser C est ainsi que SATPUTE bai exprimait ses sentiments ce sujet Pourquoi devrais je rejeter des ornements de bonne fortune questionnait elle Veuve Le veuvage dans la jeunesse ou l ge moyen ne laisse pas seulement sans mari il ajoute le d shonneur ce non lieu social et jette l interdit sur la veuve qui ne peut plus participer certains rites cause suppl mentaire de souffrances IL faut pren dre seule la charge de la famille qui reste assumer sous le re gard irrespectueux de tous car une sorte d indignit frappe la veuve Celle ci peut avoir une conduite exemplaire on la soup onnera de toute fa on de moeurs licencieuses Sur 166 femmes in terview es 42 sont veuves soit 25 dont 30 ont perdu leur mari pour cause d alcoolisme soit 18 07 Z 28 d entre elles ont perdu leur mari tr s jeunes Une seule veuve s est remari e Sakhu BAMGUDE Hira NIMBALKAR est Pune depuis sa naissance Elle avait deux m res l une s occupait des champs au village l autre habitait Pune Elle habitait avec celle ci Bhavani peth Voil 30 ans qu elle est au march o elle a suivi sa m re tout enfant Son mari travaillait dans un moulin farine Voil 16 ans qu il mou rut Elle obtint un emplacement Appar Bibv avec une carte d i dentit de la Colonie Janata Etant Pune elle put faire 5 ans d cole Elle vend encore des l gumes dans son quartier car veuve c est difficile d lever des enfants L a
369. lla les consulter leur offrir 5 cor beilles de fruits et d offrandes et lui sacrificer un coq Elles la poss dent aussi Elle est souvent retourn e au village annon ant que telle ou telle femme joue des mauvais tours Quand nous sommes all ia voir il y avait un bhagat chez elle Elle l avait appel car les boeufs de son jeune fr re ne survivaient pas Elle voulait jeter un mauvais sort sur quelqu un Certains maris ne boivent que de temps autre mais c est suffisant pour gr ver terriblement les budgets Le mari de KANDHARE BAI par exemple boit de temps autre de m me que celui de JORI bai Mais le reste du temps ils rapportent au moins au foyer le peu d argent gagn Le mari de SULE bai est soudeur Il a install une machine souder dans sa maison mais celle ci n a jamais t mise en marche Il va travailler Bhavani peth o il ne peut fr quenter que des buveurs d eau ou des saints Il est souvent en tra n par leur compagnie Saoulerie r guli re ou occasionnelle la diff rence est importante Mais il est vrai que l entrainement boire occassionellement est un fait des plus fr quents CHAVAN bai et son mari par exemple furent amen s dans le bidonville de Dankavdi par le mari de KARANJKAR bai un grand buveur Celui ci ne put ne pas entrainer son compagnon qu il avait amen r sider c t de chez lui comme voisin dans la m me habitude d alcoolisme Sakhu JORI est une femme que son industriosit
370. llant une paillasse l int rieur et en faisant les pl tres 44 Les femmes qui r sident dans les bidonvilles insalubres entre tiennent les m mes r ves de maison id ale que celles relog es Bibv vadi Rakha bai disait Regardez J ai tout fait l int rieur J ai fait un endroit pour l eau J ai fait une partition Ma maison est belle Les ouvri res qui ont pu obtenir un emplacement Bibv vadi pour se construire leur propre maison selon le projet de relogement n ont pas toutes videmment r ussi r aliser leur r ves et se b tir la maison de leur d sir Celle ci ne peut en tout tat de cause s riger et s am nager que par tapes Certaines coolies l exam ple de Rangu bai et de Kala bai agrangissent leur maison en y ajou tant un tage et une terrasse selon les permissions d agrandisse ment accord es par la municipalit D autres se construisent l ar ri re une pi ce suppl mentaire en dur et y am nagent des latrines et une salle de bain D autres mettent un toit de t les en r employant l occasion les t les de leur ancien taudis vacu et l vent de vrais murs Certaines n ont pu encore se construire de pi ce arri re mais y pensent D autres envisagent d abord de mettre des portes ou de faire des pl trages D autres ont achev la pi ce arri re et en visagent l installation de paillasses et d tag res Si la construction de la pi ce arri re n a pas encore t en trep
371. lle un travail acharn puisant sp cia lement quand la charge de toute la famille repose sur une femme seu le des pr ts d argent des taux usuraires des emprunts r p t s des stratag mes voire la prostitution pour trouver l ar gent n cessaire Ce m me souci renforce l inqui tude d engendrer ay moins un gar on le meilleur atout qui soit de la s curit de la fa mille et de celle de sa m re dans ce but de nombreuses d penses ri tuelles peuvent tre engag es Cette premi re pr occupation correspond la perception tradi tionnelle conviction bien ancr e qu une femme trouve l accomplis sement de sa vie dans le d vouement sans compter au service familial L pouse est le pilier de la maison surtout quand le mari est ab sent ou incapable et celle par qui se transmet la lumi re de la lign e Le service de ces deux t ches domestiques est le seul gage de sa s curit en d finitive La salaire de son labeur au march est tout ordonn cette fin comme toutes ses autres capacit s d i nitiative Le co t physique de ces charges est immense mais elle l accepte comme son lot indiscutable et la garantie de sa s curit L embauche comme ouvri re au march n est d ailleurs pas de ce point de vue une nouveaut elle se situe dans le prolongement du travail de journali re agricole auquel des paysannes s adonnent pour la m me raison La deuxi me pr occupation est celle du respect et de l honn
372. lles n exigeant aucun niveau de qualification professionnelle et ne sau rait done leur apporter la joie de t ches agr ables ou cr atrices Ce sont toutes des t ches consid r es comme viles er serviles Elles sont aussi insuffisamment r mun r es et l ouvri re improvis e n a aucun recours ni aucune d fense cet gard C est donc de la part des migrantes une course incertaine d un travail l autre Vari t de petits emplois d occasion ins curit qu te souvent re prendre course d un petit boulot l autre blackboulage insuf fisance de la r mun ration qui oblige chercher autre chose san t s atteintes longs et co teux d placements renvoi inattendu et imm diat travail p nible mais peu pay etc en un mot incerti tude et souci sont le lot quotidien et permanent Subhadra HONMANE perdit son mari peu apr s son arriv e Pune Elle tria du bl vendre dans une boutique de commer ant et fit des vaisselles et des lessives Elle allait au market_yard acheter des l gumes pour les revendre Elle y rencontra des femmes coolies qui elle raconta ses malheurs Elles la prirent en piti en voyant quel point elle se sur menait et courait de tous les c t s Anusuya KUMBHAR la fit embaucher au march Mais Subhadra bai doit encore de retour chez elle apr s le march aller chez des particuliers faire lessives et vaisselles R vu BHEGADE travailla d abord dans une briqueterie elle chait de
373. lles parl rent en h sitant Le public rit Dans mon inter vention je soulignai le fait que les femmes taient aussi pr sentes dans la lutte engag e et qu il ne convenait pas de rire d elles De plus il importait certes de se battre pour la loi de 1969 mais il fallait aussi se pr occuper d autres questions telles celles qui concernaient plus particuli rement les femmes Citant deux versets d un chant de la meule des paysannes d hier selon lequel on ne s ouvre personne de ses souffrances je disais qu il faudrait au contraire profiter de l occasion de telles assembl es pour exprimer ce qui nous fait souffrir et s en ouvrir Un ver s est mis dans le tronc du tamarinier Crever l abc s Mais que dire aux gens Mon appel demandant qu on ne ri t pas des femmes qui prennent la parole marqua celles ci Lors d une visite au march quelques jours plus tard elles me dirent Vous avez bien fait de parler ainsi ce 129 jour l Pourquoi faudrait il qu on soit la ris e des hommes Pour quoi n ont ils pas ri de votre int rvention C tait comme un bau me sur un amour propre bless Plus tard le 13 octobre 1990 le ministre du travail devait venir pr sider une r union Pune IL fut d cid de lui soumettre une p tition pour la mise en application de la loi Les dal l mem bres du Congr s m me parti politique que celui du ministre firent pression sur ce dernier pour qu il ne en fasse rien et n y pr te pas attention
374. lont d affirmation de soi Mangal BORKAR par exemple ne fait pas seulement preuve d initiative dans son syndicat Elle a aussi acquis un savoir faire qui la fait intervenir avec une au torit reconnue en d autres domaines Elle se montre capable de g rer et de contr ler la marche d une boutique de rationnement Un gros arrivage de dhoti et de saris venait r emment d avoir eu lieu les deux articles disparurent tr s vite en quelques jours tant les clients furent nombreux Il n en restait plus le jour o Mangal bai rencontra des animatrices de Stri Shakti Mandal Si des femmes pauvres de votre organisation d sirent ces saris bon march n h sitez pas dites le moi je verrai cela avec le g rant de la boutique Celui ci me l a promis Bien qu il n y ait plus de saris et que la vente soit arr t e si une femme ou l autre ce pendant en a particuli rement besoin je m arrangerai pour vous en avoir coup s r vous n avez qu me le dire L ensemble des ouvri res est bien incapable de faire preuve de telles capacit s de leadership et d entregent Quelques unes cependant du fait de leur s jour en zone urbaine et de la fr quentation de bureaux administratifs ont d finitivement acquis une r elle comp tence pour se lancer dans de nouvelles t ches Laxmi SULE par exemple a fait sept ans d cole Dans mon enfance j ai travaill chez un docteur Je r sidais chez lui 24 heures sur 24 J ai fr quent des gens instruits
375. m re de Paru SUDARIK avait d j migr veuve en 1962 quand une famine s v re avait frapp son village Beaucoup de gens avaient migr Elle est au march et son mari employ l usine d armement Elle en tait la deuxi me femme Il mourut r cemment l ge de 92 ans la laissant avec 3 gar ons Elle avait ne fil le mais son beau p re la tua en l empoisonnant Malgr cela ce lui ci lui offrit tout le confort voulu sauf la TV Ses gar ons boivent mais ont du moins un emploi dans l usine d armement com me chauffeur de rickshaw et dans un commerce de confiserie Une soeur de Paru bai avait une boutique de confiserie dans Ganjpeth o elle r sidait auparavant et o elle vendait des l g mes Il y a 5 ans elle vint i Dattavadi en achetant 2500 rs un bout de ter rain sur lequel elle installa son taudis de 10 pieds sur 10 Elle y amena deux de ses fils pour les avoir aupr s d elle en les lo geant dans 2 autres pi ces b ties en face Elle maria ses 3 gar ons ses 3 ni ces Elle est all e visiter tous les dieux elle fit en particulier le p lerinage aux C ri Dh m Sa maison est rem plie de photos des dieux ramen es de ses p lerinages Son mari tait poss d par Khandoba elle l est par Kalu bai Bien qu g e elle tient continuer prendre le chemin du march A quoi bon rester ne rien faire la maison Qu y a t il de mal aller au march Si on reste chez soi c est des racontars et des calom n
376. march Sindhu y travaille depuis lors Son gar on plac d abord chez sa belle m re l y rejoint vers ses douze ans Il vit d sormais avec elle Il fit sept ans d cole puis arr ta la classe Il trouve s employer dans une cantine publique tout en travaillant il apprend conduire un rickshav IL est aujourd hui chauffeur de rickshav il conduit le v hicule tour de r le partenaire dans une quipe engag e par le propri taire du v hicule Shindu obtint une carte d identit avec photo comme habitante du bidonville situ au flanc de la colline de Parvati Cela lui valut de pouvoir tre relog e dans une maison Bibv vadi Appar selon un plan de rehabilitation des habitants de tau dis Elle y r side maintenant Malan Harischandra PATIL du bidonville situ en face de Sai baba sur la route de Satara de caste Dhangar est venu de la r gion de Sholapur Son beau fr re l avait pr c d Il avait acquis un taudis dans ce bidonville Elle l y rejoignit en 19 61 Son mari travaille dans une huilerie depuis lors Elle fit d a bord des lessives et des vaisselles chez des particuliers avant de s embaucher comme coolie vers 1978 Sa m re vint la rejoindre avec un fr re qui mourut Elle a deux Soeurs Janabai NIVANGUNE de caste Marathe du bidonville de Dhan kavdi est originaire d Ambegao et mari e Ambi canton de Velh A Pun depuis 28 ans Elle ne pouvait s entendre avec sa belle m re qui la renvoya Elle
377. me de l entrep t le d sordre est encore plus prononc d tritus marchandises pour ries rejet es ou cras es jonchant le sol n importe o ou bien ra mass es en petits tas par des femmes sp cialement embauch es pour balayer et nettoyer une fois que les op rations de vente sont termi n es IL faut toujours faire attention m me en t o l on met les pieds et chercher son chemin pour ne pas glisser se tordre les pieds ou perdre l quilibre En fait cause de la boue des flaques et des d tritus pourris il est difficile de travailler avec des chapal aux pieds des va nu pieds sans lani res d accrochage au pied C est presque une course d obstacles Des pieds nus par contre s a b ment facilement piq res coupures infections etc Une deuxi me op ration que les coolies se voient confier con siste trier les l gumes qui arrivent au march une fois que les sacs des fournisseurs ont t d charg s Pour cette op ration de tri des femmes attendent m me au march la nuit l arriv e des marchandi ses pour les trier le plus t t possible Gita GHULE habite Bibv vadi Elle eut quatre gar ons et deux filles Deux gar ons sont morts Ils taient coolies au mar ch Des deux autres l un travaille dans le bois l autre est employ dans un garage Ils habitent c t de chez elle Elle n a pu les envoyer l cole Elle habitait en effet au d but au village elle n est Pune que depuis dix ans
378. mer Sa famille d origine est pauvre Elle l aide un peu elle est l afn e des enfants Les ann es passaient et elle n avait pas d enfants A force d attendre elle se rendit chez elle et proposa ses fr res et soeurs de ramener avec elle comme co pouse sa soeur cadette Son fr re n acquies a poiht d abord Elle envisagea alors de contribuer autant qu elle put financi rement ax frais de mariage des autres soeurs plus g es que se cadette mais non encore mari es De sorte que finalement le fr re dut consentir ce qu ell emm ne la plus jeune comme co pouse de son mari Celle ci est beaucoup plus jeune qu elle Elle eut un gar on Hira bai par la suite enfanta une fille et sa soeur un gar on et une fille de plus Les deux soeurs affichent la plus belle entente devant les gens mais quand on leur parle s par ment elles ne cessent de se d nigrer l une l autre Leur mari sera la retraite dans 2 ans Elles M t o cent en pr vision d installer un kiosque boutique sur la rue Il n est peine ais d en obtenir la permission de la municipalit Mais Hira ai est une forte personnalit qui ne recule devant rien et sait im portuner et manoeuvrer jusqu avoir gain de cause selon ses plans Son mari n a jamais droit la parole en face d elle Ell raffole de dieux et de rites En janvier 89 elle a Fa pets 2000 rs pour le pa nier d offrandes aux M vl y Comme son fr re n avait pas d gar on on l acc usait elle
379. mes Celles ci en con oivent une r lle col re int rieure mais celle ci n a jamais t ouvertement ni encore moins collectivement exprim e Elles n y sont certainement pas psychologiquement pr tes Les tarifs de r mun ration varient videmment selon les t ches Rappelons celles ci en ce qui concerne les femmes porte faix Parmi les hommes et leurs t ches on distingue ceux qui d chargent les denr es des camions des fournisseurs ceux qui sont employ s dans l entrep t m me et ceux qui sont occup s la pes e La plupart des hommes commencent le travail 9h du soir La paie donn e par les fournisseurs ceux qui d chargent appel e b r i s l ve 2 rs pour 100 kg Les femmes porte faix travaillent sur les entrep ts Leur t ches consistent disposer les marchandises en ordre sur la plate forme en remplir les sacs charger ceux ci dans les ca mions des clients les tempo les rickshaw ou les charrettes bras Le tarif est de 60 paise centimes de la roup e pour 100 kg en ce qui concerne les t ches de remplissage des sacs de transport sur la t te pour la pes e et dans les v hicules C est le dal l qui per oit ces frais et les redonne aux porte faix lorsqu il s agit d un tra vail pour le compte des fournisseurs Lorsqu il s agit de reprendre les marchandises pour les transporter dans les v hicules des clients c est ce dernier qui paie directement les femmes un tarif qui va rie entre 50 paise et
380. mes de communication et des r seaux de rapports tablis par l ordre patriarcal d hier ainsi qu on l a dit Mais la lib ration de la force physique comme pur objet d change f t il sous valu en obligeant pr cis ment les ouvri res la vendre sur le march pour en tirer profit en la pla ant quel que part et en m me temps forcer la reconnaissance par l acquisi tion d une position sociale en zone p riph rique conduit logique ment un ensemble de perceptions et de repr sentations fond es sur la conscience de droits sociaux que l on d sire de plus en plus voir la loi prot ger Le travail salari comme enjeu social de l ordre capitaliste f t il la proie encore largement au niveau des rapports de travail des syst mes de communication de la soci t globale est cependant aussi pour les ouvri res porte faix un atout crucial de leur veil une conscience de droits individuels inali nables Cette conscience est certes inchoative et sujette toutes les contraintes des syst mes de communication englobants qui les tiennent toujours fermement enserr es au plan des compor tements comme des repr sentations et des valeurs Le minimum d ex p rience d organisation que beaucoup ont acquise montre du moins la voie des conqu tes 4 r aliser et des espaces investir dans le proche avenir La force personnelle et collective n cessaire ces conqu tes et ces investissements sociaux protection du tra vail de la vi
381. mille la soutient Son oncle maternel l aida aussi pour avoir une mai son Appar Elle s est construit une pi ce l arri re de la maison Sa belle m re ne pouvait la supporter elle mit les terres sous le nom des autres belles soeurs mais ne donna rien Lila bai Comme le mari de Lila bai buvait et dilapi dait tout celle ci devait travailler dur et sans rel che Tout en tant coolie au march elle s employait en plus pr parer et vendre des fritures et des beignets sur la rue ou bien elle crasait des piments pour les vendre en poudre elle allait aider des m nag res pr parer leur provision de he condiments domestiques pour l ann e elle crasait des tama rins pour une picerie elle cousait encore pour le quartier Sans cesse il lui fallait une occupation Son fr re lui acheta une machine coudre Elle continue toujours de coudre des cou vertures en patchwork Elle confectionne aussi de petits v te ments sur sa machine Elle envoya ses enfants l cole La fil le a n e r cemment mari e fit dix ans d cole et apprit la couture Un gar on est pr sentement en dixi me ann e d cole la deuxi me fille en huiti me le cadet en sixi me Quand elle habitait auparavant la Colonie Janata elle se chargeait de tous les travaux de couture d un ma tre d cole qui habitait le m me bidonville et lui lavait ses couvertures contre les scours particuliers qu il donnait son gar on gratuitement Il
382. mme seule sans parents sans fr re sans mari chass e par les siens exploit e par les autres parce que veuve jeune sans pro 227 tection Il n en va diff remment que lorsque le veuvage survient dans un ge avanc Une veuve n est plus alors l objet de la ris e ni du m prise si du moins ses gar ons ont r ussi et sont d honn tes hommes Une vieillesse heureuse l attend Il en irait diff remment si ses fils taient des truands Il faudrait leur m re faire face la r probation car c est sur elle qu en retomber tt le d shonneur et les cons quences Anusuya BARDE a perdu son gar con mort d alcoolisme et doit recueillir sa veuve avec ses 6 en fants Kala AMBADE Tara KAMTE et Paru SUDARIK ont des enfants iv rognes leurs brus ne les coutent pas Tara bai peut en partie se consoler avec son cadet qal a un bon emploi de 3000 rs par mois et dont le mariage reste faire Elle reste par ailleurs attach e aux valeurs de son ancien temps ce qui peut rehausser un peu son image elle soul ve de lourdes charges malgr son ge elle ne met pas de saris imprim s elle je ne r guli rement et v n re Kalu bai Elle ne d pose d argent ni en banque ni en bhishi elle 1 em ploie en totalit pour sa maison Sa simplicit sa droiture et sa r serve lui font juger s v rement les ouvri res du march pour leur mauvaise conduite Aujourd hui encore les dal l nous appel lent nous grandes m res La belle
383. mots anglais aux mots marathi ou on les emploie dans des structures de la syntaxe marathi sans h sitation au point que ces mots nou veaux deviennent des mots de sa propre langue au m me titre que les autres On est dans un k m scheme d onarship ownership dit Jija SHELKE Hira KHENGARE et BHOINE parlent de flat et d onarship avec la m me facilit Shakuntala SHINDE des posh dans lesquels elle veut habiter maintenant qu elle travaille au mar ch posh signifiant une r sidence luxueuse BHOINE Bai se plaint que les boutiques de son bidonville n ont que des denr es bhang d gueulasses 166 L emploi de nombreux nouveaux mots urbains anglais ne fait pas oublier cependant les nombreux dictons proverbes mots expres sions et images d hier Malgr tout force d employer de nouveaux mots l emploi moindre du parler d hier le fait lentement tomber en d su tude au d triment d une langue fort riche qui est soumise au risque d appauvrissement tout particuli rement du fait des progran mes de TV qui ch tient tout vocabulaire rural Il est certain que beaucoup d expressions et de mots tels que ceux et celles que nous allons citer ci dessous ne sont pas imm diatement compris d un pub lic citadin Il faut que le sens en soit expliqu des personnes comme moi originaires de la ville Ce n est d ailleurs pas uniquement le sens des mots qui est en jeu C est aussi une certaine fa on de parler voire une rh torique et de
384. moyen de survie n a pas de valeur en soi puisqu il n est que l occasion d un salaire de maintien de la vie biologique de l ouv ri re L entr e de celle ci dans l espace conomique se fait sous le signe de la d gradation de la paysanne travailleuse Les besognes de l ouvri re urbaine ont perdu les dimensions qui donnaient au travail de la paysanne leur substance humaine Le labeur de la migrante coolie est multiple et oppressif en ce que sa n cessit quotidienne est si imp rieuse m me pour des fem mes g es qu elle ne laisse gu re de possibilit de r pit de loi sirs et de v ritable vie sociale ou culturelle sans parler de la garde des enfants du repos de la vieillesse et de l attention que demandent les membres de la famille La vie enti re est consacr e la besogne Le travail est le seul partage La femme est un tre de labeur physique par d finition Il n y a pour elle aucune autre al ternative si elle veut prendre place dans la soci t des hommes Ce labeur n est ni donn ni assur Il est trouver comme une chance Le moyen de la survie est al atoire La migrante n a aucune possibilit de d cision ni de choix quant la t che laquelle el le se consacrera Elle prend ce qui se trouve dans une jungle socia le qui ne lui pr pare aucune place ni la forme aucun emploi mais lui r serve les seules t ches viles et serviles au march comme en dehors Errance et ins curit marquent la qu te des trava
385. mpartimentage social Cette projection sert des vo lont s de segr gation et de hi rarchisation Par espace fourni on entend le cadre re u comme allant de soi Il refl te les repr sentations des ordres h g moniques tab lis Par espace appropri on entend la transformation du cadre de vie fourni Cette transformation se r alise au fil du v cu quoti dien Par espace transform on entend la r organisation du cadre de vie l initiative d une logique culturellement novatrice r formant l am nagement de l espace r sidentiel ou social Par espace investi on entend l espace occup au terme de nouvelles pratiques mergeant de la n cessit sous la pouss e de strat gies de survie par exemple ou des pressions in luctables de situations de crise telle que la promiscuit des bas quartiers la faim ou la solitude de veuves et de femmes abandonn es 16 Par espace conquis on entend au terme de conflits opposant les acteurs affront s dans un espace fourni et tabli la nouvelle sociabilit qui s instaure sur une rupture un changement ou une am lioration en un mot une nouveaut dans les rapports jusque l ins titu s dans le cadre spatial consid r L espace est visualis dans un sch ma ou imagin dans un r ve d sir dans une manifestation collective C est le non encore spati alis qui pourtant dynamise des pratiques quotidiennes ou des actions collectives en vue de son inscription dans l
386. n est en 10 me ann e de classe Il travaille un peu Hira bai doit se lever tr s a le matin pour lui pr parer sa nourriture avant de partir h Suman SONAVNE est fille de Thaku NANGARE qui l emmena vite au march Son mari mourut dans un accident IlL tomba d un train Elle vit depuis ce jour chez sa m re qui la soutient sans garder de rapports avec sa belle famille Elle a une fille Son fr re la domine Il fait de la lutte et xige qu elle observe les rites de puret lors de ses r gles Il se veut le gardien de la tradi tion pour elle Recueillie par sa m re Suman bai n a pas de sou ci malgr sa jeunesse On jase beaucoup pourtant sur ses moeurs 224 sa vertu reste enti re dit on parce que l occasion de chuter sur la route ne s est pas en core pr sent e Avec de telles rumeurs un remariage devient quasiment impossible Lila KARALE et Ratna PAWAR ont pr profiter plus ou moins du se cours de leur fr re Il y a encore de L espoir pour elles En se sov mettant avec scrupule et d termination l emprise du marathi dharma Lila bai s assure dans son veuvage le soutien non seulement de sa propre famille dont elle garde les coutumes qu elle en a re ues mais aussi de sa belle famille et des d vi du Maharashtra On ne se m lange pas avec tout le monde sans consid ration ne cesse t elle de rpi Pig Elle a conscience d appartenir une maison gharan respec t e Sa force de caract re et la fermet de ses
387. n de la fiert et du sentiment de s curit que conf re le simple fait d tre embau ch e au march sur un entrep t m me pour 4 rs par jour s il le faut L embauche f t ce un prix d risoire et incertain repr sente un enjeu important Elle fait entrer dans un syst me de rap ports qui circonscrit un espace social o le salaire assure un tant soit peu l existence de la travailleuse et la reconnaissance d un statut l ouvri re Le travail comme servante de maison ne fai sait pas entrer dans un tel syst me de rapports pr gnant d un sta tut per u comme s r et ind niable La conscience de droits fussent ils en fait pr caires et li mit s et la connaissance de lois f t ce souvent sous forme de pressentiments confus pour un bon nombre de femmes porte faix sont des dimensions nouvelles absolument d cisives de l espace ouvert par le travail au march dans la perception qu en ont les femmes coolies A l invisibilit sociale qui affectait le travail paysan a succ d sans doute un aveuglement coupable et intentionnel la vraie valeur du travail des femmes coolies de la part des emplo yeurs des autorit s administratives et des pouvoirs socio politi ques qui les asservissent avec leur force de travail leurs fins dans un cadre de rapports capitalistes Ceux ci maintiennent logi quement son maximum une sous valuation mat rielle sociale et culturelle du travail f minin Ils savent faire leur profit des syst
388. n avec leur m re Anusuya ne veut pas que cette bru la suive au march car le march est un milieu peu recommandable dit elle Mangal BORKAR avait aussi fui sa belle famille pr s de Baramati pour cause de m sentente Son p re avaig gagn Pune d s son enfance son fr re avait hypoth qu des terres un Marwadi qui les trompa il fallut partir Son p re avait lou une pi ce dans Ravivar peth Il travaiilait dans une scierie Bhavani peth Sa m re tait coolie depuis toujours Mangal bai est aussi coolie depuis toujours Son p re ayant trouv une fois du travail Lonand pour deux ans il emmena sa famille y r sider en laissant sa p re de Ravivar peth son fr re Mais comme celui ci ne paya pas le loyer pendant ces deux ans le propri taire reprit le logement Les parents de Mangal bai du rent se reconstruire un taudis pr s du cin ma Laxmi Narayan Mangal bai perdit son p re en 1982 Elle habite maintenant Balaji nagar du c t de Katraj tr s loin du march Elle a fait contruire une belle maison Elle passe en r alit tout son temps au march elle ne retourne chez elle que quelques heures dans l apr s midi Elle passe ses nuits au march Elle travaille dans un entrep t de fruits Un de ses fr res est conducteur de rickshaw un autre mourut dans un accident La femme et les deux enfants de ce dernier habitent chez Mangal bai Sa belle soeur est d ailleurs une proche parente comme sa famille d o rigine
389. n avec une porte donnant sur la rue Les enfants pourraient tenir le commerce Sindhu BHOINE quitta son premier mari et en prit un autre Elle a un gar on du premier Des 9 enfants du second aucun ne surv cut C est le dieu du village Mhasoba qui la harc le et la tourmente C est la faute de ses fr res et soeurs qui ne v n rent pas le dieu comme il se doit Comme il faut une lumi re dans la maison pour en assurer la descendance et quelqu un pour la maintenir allum e elle prit d elle m me l initiative de marier son mari une deuxi me pou se Sa co pouse a une fille mais son comportement avec sa compagne fut d une m chancet qu on a peine imaginer Elle finit par la chas ser de la maison et faire pouser une autre fille son poux Mais celle ci s enfuit d elle m me exc d e par le sort qu on lui faisait subir Sindhu bai est obs d e par l important devoir qui incombe une pouse de maintenir la lign e dans la famille du mari en lui donnant des gar ons Elle s emploie nergiquement amener des co pouses dans ce but sans se soucier le moins du monde des cons quences psychologiques que cela peut avoir pour celles ci Sa conviction est si forte et claire qu elle insiste argumente et d cide sans la moin dre id e que c est peut tre faire injustice une autre Mathura RAKHA est Vanjari Elle fut donn e comme co pouse un mari dont la premi re femme tait st rile Ce mari tait coolie Il p
390. n de compte est leur patron Hamal Panchayat la seule organisation vraiment syndicale d fendre les ouvriers du market ya ard a toujours lutt et continue de le faire pour obtenir une ol et des r glements prot geant effectivement les employ s du march central dont la demande fondamentale est que l Etat se con sid re comme leur employeur du coup tous leurs probl mes se ver ront r solus puisque les dal l nient tout rapport de patron 126 ouvrier avec leurs employ s qu ils soient homme ham l ou femmes ha rev le Des ann es de lutte de d bats de discussions de manifesta tions et d actions collectives ont obtenu la loi de 1969 la m me lutte continue pour en obtenir la mise en oeuvre effective sur tous les lieux de march de l Etat et d abord de la ville de Pune Dans ce but fut l galement cr e une institution du nom de Maharashtra Rajya Hamal Mapadi Mahamandal vaste organisme regroupant titre de entres soixante dix organisations locales de coolies employ s sur divers march s de l Etat du Maharashtra Baba ADHAV pr sident du Hamal Panchayat en est aussi le pr sident lu pour l ensemble de 1 E tat Ce Hamat Mahamandal est donc le collectif qui r unit au sommet les organisations syndicales de coolies qui ont voulu s unir pour lutter efficacement fortes de leur grande union l chelle de 1 E tat L application de la loi requiert selon la proc dure que ses clauses envisagent qu un Mathadi Board
391. n emploi temporaire Une fois qu il aura un statut d employ permanent il prendra sa m re chez lui et fera instruire sa soeur jusqu en dixi me ann e Il a d cid de ne pas se marier avant d avoir r ussi cela De tel les attentes ne peuvent que rester pr caires Car trois sou cis demeurent sans assurance absolue de solution de ce point de vue Le premier est l acc s d un gar on un emploi suf fisamment r mun rateur Le deuxi me est la permanence de cet emploi qui d pend de l employeur de la nature de l emploi et de la qualification du gar on ainsi que de sa bonne con duite Or nulle femme n est assur e que son gar on ne se mettra pas boire et dilapider le salaire de sa m re Le troisi me souci est celui du mari que l on trouvera pour la fille ou plus pr cis ment de la fa on dont la fille mari e jeune entre l4 et 16 ans s habituera dans sa belle famil le Rien n est garanti ce sujet Et les m mes questions se posent propos de ce mari qu propos de son propre gar 86 on Rares sont celles qui comme R vu BHEGADE ou Rakhma TANPURE se f licitent d avoir bien mari leur fille La vieillesse Le vieil ge est comme une deuxi me enfance dit la litt ra ture avec ravissement Des lectrices de classe moyenne s attendris sent cette id e Des femmes coolies se pr occupent en fait des an n es de leur vieillesse dont la pens e leur tourne le sang surtout quand elles sont veuves et
392. n grand d ploiement de rites et de m ts dispos s sur un reposoir en face de la d esse am ne celle ci occuper toute la maison Il est bien impossible de r server un endroit celle ci l cart de la porte d autant moins que les invit s doivent tre nombreux Les habitants de la maison laissent les lieux Gauri ces jours l et se mettent o ils peuvent Les r gles des femmes sont un v nement polluant Pendant cette p riode elles se tiennent obligatoirement l ext rieur l cart c est dire distance du foyer et de La cuisine Lorsqu on introduit un lit de fer le chef de famille et les hommes de la maison en sont naturellement les occupants indiqu s les femmes et les plus jeunes s installant terre comme l ac coutum e On observe une tendance assurer aux jeunes couples un mi nimum d intimit en leur r servant quand c est possible un em placement part voire comme on l a signal une pi ce autonome L exemple de Ahila bai montre comment ce qui s impose tou tes avec plus ou moins de force c est le poids de normes et de valeurs d une soci t patriarcale et que la pr sence des hommes est le rappel des injonctions qu elles ont int rioris es depuis leur enfance Ahila HARANAVLE est de caste Dhangar Elle habite le bidon ville en face de Sai baba Elle a deux gar ons et une fille 48 Elle est venue de Paranda pr s de Pandharpur Ses beaux pa rents y sont rest
393. n serpent et souffrait du pied depuis lors Une fois pendant tout un mois le pied avait enfl nouveau Hausa bai prit l initiative de faire op rer son mari du pied en l emmenant elle m me l h6 pital Elle maria ses enfants avec le moins de frais possible Toutes ses brus travaillent au amrch Elle entretient d excel lents rapports avec elles Elle les a toutes fait st riliser Elle ne cherche gu re de secours du c t des dieux Une fois douze jours apr s un de son accouchement elle tait de retour au march C tait l hiver Le dal l lui conseilla de rester encore quelques jours au repos chez elle cause du froid Mais elle ne l couta pas 20 R vu BHEGADE t moignait ainsi de son courage d autrefois Je suis venue seule Pune renvoy e par ma belle m re qui me mit la porte de la maison J avais une maladie de peau J tais jeune et belle voir C tait quelque chose pour une jeune fille qui attirait les regards d tre seule ainsi Les ouvriers coolies et des compagnes ont exerc toutes sortes de pression sur moi Mais je suis sortie indemne de l preuve Hier un coolie a battu coup de tomates une femme coolie Je suis arriv e J ai pris l homme au collet Je l ai insul t Pourquoi faut il qu on nous d shonore C est paru dans le journal raconte Lila NANGARE KUMBHAR bai qui a au jourd hui pr s de soixante dix ans ne peut non plus tol rer qu on se moque de jeunes femmes Quand el
394. nacer ou sont per us comme tels C est ainsi qu on prot ge sa place au march contre les fem mes Mahar qui transgressent leur statut de balayeuses contre les nouveaux venus d origine inconnue contre les jeunes coolies qui pourraient prendre la place des anciens Les cercles de l iden tit collective et de l appartenance communautaire s av rent et se consolident en face des dangers qui les menacent On est pour soi contre quelqu un d autre Il s agit de pr server son image et son prestige dans leur diff rence l atout de survie dont on dispose comme un privil ge la menace qui p se sur lui engendre la peur de l autre Cela est particuli rement clair dans le cas des pr si dentes de syndicat qui se servent de leur autorit comme d un moyen de pouvoir mettre en oeuvre en un sens contre les autres mem bres ou du moins pour s imposer diff rentes et dominantes On pourra voir dans ces ph nom nes des indicateurs de syst mes de communciation sociale fond s sur la diff rence institu e comme atout de l identit mais o ces atouts deviennent dans de nouvelles circonstances des enjeux po aure de division sociale par discrimination et opposition l autre per u non plus comme simplement diff rent mais ennemi quand ces enjeux de l affirmation de soi de l identit du statut et de la survie deviennent des ob jets de convoitise ou des terrains d empi tement pour ceux qui ne devaient pas jusque l en tre les b n ficiaires
395. nage Elle r sidait auparavant dans Pul vadi Son mari tait coolie Bhavani peth Mais il buvait Il devint impossible de payer le loyer le propri taire intenta un proc s et expulsa Il fallut partir L aide de voisins permit d obte nair une pi ce dans la Colonie Janata La premi re ann e elle fait la lessive et la vaiselle chez des particuliers Puis des gens de connaissances la firent embaucher au march Aucun sou tien attendre ni de sa famille ni de sa belle famille Trop peu de terre Bavdhan o elle fut mari e oncle et beau fr re la cultivent et en vivent Elle avait une maison au village mais un commer ant Marwadi se l appropria frauduleusement et construisit une grande maison la place Elle n a pratiquement plus de relation avec son village Sa carte d habitante de la Colonie Janata lui permit d tre relog e Appar Sita Ramchandra DIGHE de caste Marathe habite Appar Elle est originaire de Kondur et mari e Nandivli canton de Mulshi Deux gar ons trois filles dont l une mourut les deux autres donn es en mariage L a n est mari la bru est la maison et la tient Voil quarante ans qu elle vint Pun vers 1949 avec son mari coolie depuis lors Ils habit rent d abord dans une pi ce de la rue Khadakmal puis de la rue Kac Les pi ces y taient particuli rement troites et le quartier sale et in salubre pratiquement semblable un bidonville malsain Le peu de terre de la famil
396. nces du sang des all ances et de la caste La relative anomie des nouveaux espaces de vis lib re des pouss es videntes d autonomie et appelle l affirmation de potentialit s propres Nous trouvons ici au plan des rapports entre personnes provoqu s par les relations de travail ce que nous avons not d s l arriv e en ville des migrantes La famille et la caste sont bien loin la fois de pourvoir tous les besoins et d avoir des normes pour toutes circonstances Il faut bien aussi faire preuve d ini tiative On a dit 2 ce point de vue le sens des groupes de voi sines qui s entraident et changent leurs confidences La plupart des comportements relatifs la gestion de l argent en particulier des d p ts en banque et les groupes de bhishi sont des formes im portantes qui t moignent de la capacit d autonomie et de la vo lont m me d ind fndance des ouvri res Les rapports d amiti per sonnelle entre certaines femmes en sont une autre forme significa tive Nombreuses sont ces exp riences qualitativement nouvelles que la mobilit la promiscuit les al as de la vie et les n ces sit s de l existence multiplient 144 IV L HORIZON URBAIN ESPACE RELATIONNEL ELARGI k Questionnement Les analyses ant rieures montrent quel point la demeure le labeur et le travail sont travers s et marqu s par des syst mes de rapports humains et de relations qui sont ceux des liens du sang et du clan des mariages et de l
397. nd pendance pour ne pas d pendre de leurs brus Malgr cela l entente n est pas parfaite avec celles ci De leur c t des brus n ont pas d autre alternative que de r sider s par ment soit du fait de leur mariage et de leur famille soit parce qu elles sont maltrait es par leur belle famille Je ne pus jamais m entendre avec mes beaux parents Ils habitent Kasba peth Je me suis donc install e dans un taudis Dankavdi pour y vivre s par ment dit Kamal RANE 199 La connaissance des lois prot geant les brus maltrait es per met aussi certaines de celles ci de marquer des points au dis cr dit de leurs beaux parents et de s imposer eux Une bru de Sakhu SALEKAR fut instruite jusqu en septi me ann e Arriv e Pune elle apprit la couture et s en fait une source de revenu Ses parents habitent Bombay Elle ne voulait pas tre aux ordres de son beau fr re et de ses belles soeurs et d sirait une cuisine part Pour obtenir gain de cause elle s arrosa de k ros ne la police vint et maintenant elle a obtenu de vivre part Elle a son propre r duit dans la m me maison ce sont deux fourneaux et deux cuisines dans un espace de 10 pieds sur 0 La proximit n est ce pendant point ici source ni maison de bon voisinage et d entraide mais au contraire de tension et de m sentente C est la s paration dans le m me lieu Paru KOTKAR poss de une maison de trois pi ces Gokhale na gar L a n e des bru
398. nda bai tiennent continuer travailler malgr leur grand ge parce qu elles ne veulent pas rester la maison d pendre de leurs enfants au moins pour de menus besoins tels que du tabac une feuille de b tel etc Toute leur vie elles ont lutt pour tre ind pendantes et se suffire elles m mes Elles ont pris l habitude de s en remettre leurs propres forces Un sentiment d autonomie et de dignit les habite Comment mendier des enfants de l argent pour des menus besoins On a honte de tendre la main continuellement surtout pour de telles choses Leur d sir est de gagner quelques sous au march pour pouvoir elles m mes ces menues fantaisies 89 De toute fa on que ce soit cet esprit d autonomie ou le be soin de la survie qui pousse de vieilles femmes au march leur vieillesse n est en aucun cas chaleureusement accueil lie Seule la force physique y offre un droit d entre e Le march ne se soucie point des probl mes de ses anciennes ovri res dans leur vieillesse comme en t moignent Laxmi MORE ou Saru BARAL Saru BARAL est n e Shirur Son p re tait gendarme que l alcoolisme emporta Sa m re veuve restait avec six en fants Elle se r fugia chez son p re Pune mais la pi ce n y suffisait pas Elle vint dans un taudis au pied de Par vati Saru bai fut donn e en mariage un coolie lui aussi un ivrogne inv t r qui habitait Shukravar peth Le propri taire l expulsa pour des rais
399. ne armoire Il ne lui manque que le gaz Elle e emprunt 6000 rs pour cela Elle est emport e dans le cercle vi cieux des emprunts sans cesse pris pour en rembourser d autres 4 5000 rs sont rendre chaque ann e au titre des seuls int r ts Son groupe de bhishi du march lui est de quelque secours dans ces remboursements Ni un dal l ni une voisine ni la ban que ni une coll gue du march ne peuvent assurer un tel pr t Il faut n cessairement recourir un usurier ext rieur Malgr cela DARVATKAR bai a la force psychologique requise pour emprunter et g rer ces emprunts Des d penses de luxe et de divertissements sont aussi des raisons d emprunts Malam PATIL veut une TV pour son plaisir El le a d j beaucoup d emprunts mai peu importe elle va encore em prunter dans ce but sinon dit elle comment avoir ce qui nous fait plaisir Parfois des chances se pr sentent d viter des emprunts des taux usuraires Subhadra HONMANE a ainsi emprunt pour le 136 mariage de sa filles de particuliers chez qui elle travaille Le pr t est sans int r t Il est repay par d duction r guli re sur le salaire Lila KARALE a pu emprunter 1000 rs une amie coolie sans int r t et 1000 rs d un vendeur de tamarins pour marier sa fille Auparavant elle avait d emprunt r au taux de 12 57 par mois Pour 1000 rs elle en avait rendu 3000 Mathura RAKHA a un mari alcoolique et coureur de femmes qui a emprunt
400. ne conscience de droits et la perception de soi comme sujet de droits Elle devient le support d initiatives visant obtenir la satisfaction des besoins que l on sait l gitimes Elle motive la poursuite d int r ts que l on sait autoris s et d fen dus par des r glements administratifs Elle devint m me une arme que l on sait manier son profit de fa on agressive et go ste L o Jija SHELKE r side est un ensemble de maisons qui sera d truit Des appartements y seront construits dont les r si dents auront la propri t Ceux ci sont tr s nombreux r cla mer un appartement et le propri taire du terrain essaie videmment de profiter au maximum des droits que la loi lui donne et de sa position afin de s assurer le maximum de profit Mais les loca taire sont aussi au courant des lois et des droits qu elles leur donnent Ils sont en alerte Ils consultent leur avocat et vont en justice Des diff rends les opposent aussi entre eux Certains signent pour obtenir des apparrements en propri t d autres ne veulent pas signer Jija bai est tr s impliqu e dans ces d bats et ces d marches qui l int ressent au plus haut point Elle va elle m me rencontrer l avocat Une fois que Les locataires sont unis dit elle le propri taire ne peut rien faire En fait elle est elle m me propri taire d une pi ce la Colonie Janata Elle la loue au prix fort de cinq cents rou p es En fait elle la loue de nouveaux locataires t
401. ne fa on ou d une autre des questions sont soulev es que le syndicat ne peut viter de consid rer un jour ou l autre explicitement Le syndicat BHUMATA vient d avoir un nouveau Pr sident Mr SHIRKE originaire du canton de Mulshi Gonavdi IL exprima le vif d sir de me rencontrer Les ouvri res elles m mes le tenaient en haute estime Ma m re auparavant allait aux r unions de Stri Shakti Mandal Elle n en manquait aucun meeting Elle est d c d e maintenant De ce fait je n ai plus de rapport avec S S M L im pact de SSM reste cependant vivace dans l esprit du nouveau Pr si dent Plusieurs autres hommes coolies du march me rappel rent des souvenirs personnels semblables J en ai rencontr une quinzaine qui me dirent m me avoir particip des r unions de SSM ou de l organi sation plus large Garib Dongari Sanghatna et avoir pris part cer taines activit s de ces groupes action paysans telles que des ma nifestations organis es Paud le chef lieu de canton du district De tels souvenirs restent frais et vifs dans leur esprit A mon con tact ces nouveaux coolies sont heureux de renouer avec leur exp rience des ann es ant rieures Qu un tel rapport ait ou n ait pas exist ant rieurement avec un mouvement social tel que SSM un changement lent mais sen sible s observe dans les r actions des hommes coolies mon gard depuis le d but de mes visites au march moi une trang re au mi lieu A fo
402. ne faut jamais rester rien faire dit elle il faut tou jours avoir la main l ouvrage Si Chaya BAGAL prend en pension chez elle des jeunes de sa fa mille plusieurs autres femmes ont ouvert une cantine chez elle o elles servent des repas des pensionnaires comme source de revenu suppl mentaire C est le cas de Gavu BHAREKAR et d au tres Kala DAMALE a trois enfants Son mari est coolie mais mauvais ouvrier C est un buveur qui s enivre un tel point qu il urine dans son pyjama et salit ses couvertures Il cherche perp tuellement querelle sa femme et aux voisins du quartier qu il ne cesse d apostropher Quand nous sommes all s chez lui il cria sur nous Kala bai dut changer de pi ce et le contrain dre garder la cuisine pendant qu elle nous pr parait un th et causait avec nous apr s avoir rapport le r chaud k ros ne pour nous pr parer le th hors de la cuisine Les parents de Kala bai la soutiennent et l aident mais sont eux m mes inca pables quand ils viennent la voir de supporter le comporte ment de son mari et s tonnent qu elle puisse encore l entre tenir quand il la bat bat les enfants et ne cesse de lui faire des sc nes Kala bai a ouvert une petite picerie dans la mai son o elle vit Elle s installe son comptoir au retour du march l apr s midi Hira GIRE certains jours de la semaine sort sa charrette bras dans la rue pour pr parer des beignets qu elle vend Son mari faisa
403. ne partie de son sari qu elle fait s cher au soleil puis continue ensuite de se laver en mouillant la deuxi me partie de son sari Avec l aide d une voisine elle construit sur les lieux m mes une hutte ind pendante Mais sa soeur ne la laisse pas l ha biter en paix Sa voisine la re oit Avec l aide d une tante maternelle elle retourne vivre quelque temps au village Navi Peth est submerg par l inondation de 1961 La soeur de Narmada bai fut m me de se reloger Gokhal nagar mais o trouver l argent n cessaire ce transfert Elle ne peut qu acheter un taudis pour 275 rovpees dans le bidonville en face de Saibaba Un gar on du bidonville lui refile un r chaud et quatre gamelles Elle habite toujours cet endroit Comme son gar on tait encore petit elle l emmenait avec elle au march Il fit ensuite sept ans d cole Elle le maria Comme la place devenait trop exig e elle acheta trois pi ces dans le bidonville de la Colonie Janata mais elle m me continua de r sider au m me endroit Goja bai PAWAR est habitante de Appar Bibv vadi Deux gar ons et une fille Vit d abord Bombay avec son mari Em ploy dans une usine de textile celui ci souffre d une tr s mauvaise sant Il doit quitter son travail et rentrer au pays Il gagne Pune o il trouve s employer comme gardien d un bungalow priv Il loge avec sa femme dans les d pen dances Il perd ce travail Il va habiter dans un taudis du bidonvil
404. ne pour 400 roup es par mois en 1989 Ses parents avaient des terres qui taient hypot qu es elle remboursa les dettes et recouvra la terre Main tenant la belle soeur refuse de lui reconna tre icun droit sur ces terres Indu PAWAR avait une grosseur la nuque Elle vut caut ri s e au fer rouge et tatou e selon les pratiques rituelles traditionnelles Rien n y fit Elle sait bien qu l h pital public il y a des docteurs et des consultations gratuites Mais elle sait aussi qu on lui conseillera d arr ter de sou lever des charges de prendre quatre mois de repos Pendant ce temps qui nourrira la famille Ses deux filles mari es sont parties chez leurs beaux parents et son mari est at teint d idiotie Il est d ailleurs retourn dans sa famille au village o il fait travailler ses belles soeurs dans les champs Il ne reste qu se dire que les beaux jours sont pass s et supporter les autres en silence Dans ces circonstances quelle attention m riteraient des maux mineurs et quotidiens survenus au travail blessures gra tignures dues aux pointes des cageots etc Si a saigne une feuille verte prise un l gume tomb terre arr tera le sang et deux minutes d arr t suffiront pour y penser avant de se remettre au travail O d ailleurs trouver une trousse de premi re urgence au march ou comment l y apporter de chez soi Est ce l notre maison Les pointes taient elles rouill es La question trav
405. ni cela Quant nous c est diff rent lit t ralement le n tre est absolument diff rent Notre devoir de caste j ti dharma n est pas le m me que celui des autres Lila KARALE tire une gloire sans pareille de sa caste Marathe et de son marathi dharma Dans notre caste il faut se comporter de fa on stricte Sinon les gens nous traitent de tous les noms Ces mots scandent son discours comme un refrain qui vi nt tous les quatre ou cinq phrases Voil comment il faut qu on soit cor rect Yamuna SHIRKE me prend t moin Vous savez ce qu il en est du marathi dharma 11 faut ramener le pan du sari sur le des sus de Ia t te et ne pas le laisser retomber sur les paules Voi l comment il faut se comporter Le marathi dharma est tr s ri oureux confirme Matha POLEKAR il ne faut pas en faire sa antaisie Shaku Pawar met un empressement singulier monter un m nage exemplaire Ach terez vous aussi un frigo lui demandais je Oh non On n aime pas manger rassis Dans notre caste il faut faire le k lvan tous les jours a n irait pas de manger quelque chose du frigo Le k lvan est une pr paration liquide Le mot vient du verbe k lvine m langer Il s agit soit d un l gume ou d une l gumineuse bouillis et servis dans une sauce assaisonn e soit de cette sauce m me mixture comprenant des condiments cra s s au rouleau de pierre sur une pierre rugueuse dont dispose tou te m nag re tels de
406. nne sucre quand elle arriva Pune puis elle se fit employ e de salle dans un h pital avant de s embaucher comne coolie Suman KOKARE gagna sa vie en faisant la corv e d herbe El le allait loin couper l herbe vers Hadapsar et Manjari puis en rapportait les charges sur la t te pour les vendre Elle s embauchait aussi selon les saisons dans les champs der fermiers pour sarcler et d sherber Gita POLEKAR ne put emporter aucun ustensile en gagnant Pune C tait la d tresse l arriv e Pune au pied de Parvati o louant un bout de terre pour 10 rs elle rigea son tau dis Ses voisines l aid rent beaucoup Elle alla acheter des l gumes au march central pour les revendre Une de ses clients une femme Brahmane lui donna deux gamelles Elle s acheta deux cruches en les payant peu peu raison d une roup e par jour Son travail acharn lui vaut d avoir au jourd hui TV paillasse et machine coudre Ses beaux parents travaillaient Bombay o son mari tait coolie et avait appris le m tier d ajusteur IL tait revenu au vil lage en 1961 lors de la loi sur la r forme agraire donnant la terre au cultivateur afin de ne pas perdre les terres familiales Son mari fut actif maintenant ajusteur Pune dans les syndicats Lal Nishan H M S pui du Congr s Son 72 fr re a obtenu un emploi dans les services de l irrigation Un des gendres est un buveur qui a r pudi une des filles revenue la maison Ell
407. ns de sa pro pre famille qui habitaient c t et sous un pr texte quel conque r ussit r cup rer son m nage Sa maison est impec cablement tenue et comporte bien s r les latrines et les toi lettes l int rieur Elle s honore du fait que bien qu tant veuve sa maison comporte toutes les facilit s d sir es De ferventes Lakshmi Nulle m nag re n aurait id e de prendre sa maison pour un grenier ou une simple r serve de biens m nagers Chacune se veut experte de ses mains et industrieuse f e du logis v ritable mule de Lakshmi la d esse de la prosp rit qu elle sait devoir repr senter et manifester Elle se doit d en dispenser les faveurs L ordre qu elle maintient l int rieur et le bien tre des mem bres qu elle nourrit et sert l accueil des visiteurs qui franchis sent son seuil tout doit montrer qu elle est la hauteur de sa fonction c est dire qu elle sait tenir sa maison et entretenir sa maisonn e Tout a toujours t en ordre et sa place depuis toujours dans notre maison au village aussi bien qu ici Vous pouvez regarder il y a tout chez moi Vous tes entr e chez moi Ma maison est bien tenue Si les ustensiles n taient pas dispos s proprement s il n y avait pas toutes ces cruches et ces pots dans la maison de Phula bai avec des tasses pour le th les gens tout de suite me traiteraient de tous les noms N importe quel visiteur se moquerait de moi Les gens rail
408. nses pour agrandir sa maison construire des murs mettre des portes riger une paillasse obtenir le gaz acheter une cocotte minute une armoire et un ventilateur ins taller un lit en fer et enfin la t l vision Elle a aussi un magn tophone Elle ne pouvait entendre le sifflement de la co cotte minute de sa voisine sans grommeler int rieurement et se demander quand elle pourrait bien en avoir une aussi chez elle Elle faisait encore la cuisine sur un r chaud au k ros ne quand ses voisines avaient un cylindre de gaz il lui fallait avoir aussi le gaz et elle l eut Elle n avait pas non plus de chauf fe eau en cuivre Elle a tout cela maintenant Mais elle ne put l accumuler que lentement Hira DALVI s est constitu une r serve de quatre paires de r cipients En cas de besoin d argent on peut les revendre Un marchand ambulant se pr sentait sa porte pour lui en offrir Elle ne put r sister elle acheta cr dit en payant par mensualit s Elle a peu peu mont des batteries de cui sine pour le m nage de ses deux filles Les femmes la meule ne chantaient elles pas d j Mon envie est grande d une batterie de pots mes c t s Ragunath mon ch ri est en train de prendre son bain TANDALE bai disait Je n avais rien du cout guand je suis ar riv e de Chiplun ici J ai aussit t commenc par aller faire des lessives et des vaisselles puis je me suis embauch au march J ai mont ainsi tout un m n
409. nt de monde Tara bai doit continuer de travailler De retour l apr s midi elle va aider sa bru plier la maison des papiers qu elle a apport s d une imprimerie PL De R vu BHEGADE doit aussi recourir ce m me type de travail Sa bru est seule la maison elle l y aide plier des pa piers qu elle lui a apport s Tndu PANSARE est dans une situation des plus critiques Mal gr son ge avanc il n est pas question qu elle s arr te de besogner bien qu elle soit coolie depuis son enfance d s avant d avoir eu ses premi res r gles Elle a eu une fille qui tudia pendant dix ans et est mari e maintenant et trois gar ons L a n alla aussi jusqu en dixi me mais cela n est pas suffisant pour obtenir un emploi il est sans travail mari pourtant avec deux enfants Le deuxi me avait fui vers Bombay pour s y faire vendeur de fleurs Ce fut un chec Il revint chez sa m re mais son chec le d couragea au point qu il s est mis boire pour oublier Le cadet travaille dans une boutique de reprise de papiers usag s L a n va vendre v lo dans un bidon attach l arri re du k ros ne IL y a deux ans encore au retour du march elle d chargeait des camions de noix de coco Dans l immeuble Kapr Chorpade peth et dans les immeubles voisins r sident beaucoup de femmes Dhangar Girja DOMBALE Anjana Yamgar et Suman KOKARE sont de celles l L apr s midi elles vont jusque vers Hadapsar co
410. nt toute femme est cens e conna tre les usages les valeurs et les comportements attendus d elle L encore discours et jeux d action sont pr d finis Ce sont les deux principaux syst mes spa k In Espaces des autres Les Editions de la Villette 1987 p 208 et e F nthropologie de l espace M S gaud et F Paul L vy sl LJ Syst mes de relations op cit p 173 Espaces des autres op cit p 213 LS tiaux que nous consid rons ici L espace comme syst me est un en semble de faits de significations de valeurs de comportements et de repr sentations attach es un lieu g ographique ou plut t cons tituant ce lieu Sans tout cela le lieu resterait pr cis ment une entit math matique divisible homog ne et sans contour un vide La constitution d un espace se r alise deux niveaux le dis cours et l action d un agent vivant L un et l autre peuvent ne pas se corroborer chex le m me acteur Les divers acteurs peuvent avoir des repr sentations et des vis es sur les lieux qui diff rent voire s opposent Ces repr sentations et ces vis es tissent leurs sys t mes de communciation Ces syst mes sont faits d affrontements de coop ration de rapports et d changes qu il s agisse de l oc cupation des lieux et de leur am nagement des jeux de r les res pectifs que les acteurs s attribuent dans le m me territoire ou qu ils envisagent d tablir de gr ou de force Bref l espace socio anthro
411. nte quand je me suis retrouv e ensuite j ai pris le chemin de Pune et me suis fait op rer apr s l accouchement Com bien de gosses dois je lui fite Et qui ensuite leur donnera manger Je n ai personne pour m aider Je ne peux gu re compter non plus sur mes propres parents Je ne veux vivre aux crochets de personne Je ne veux d pendre que de mon travail Mathura RAKHA fut amen e co pouse Elle eut 1 fille et 2 gar ons Elle d cida elle m me de se faire op rer au moment de ac couchement du dernier enfant Une fois dans la mis re qui vien dra notre secours quoi bon tant de gosses quand on est pauv re Par ailleurs quand on accouche faut rester la maison Que manger ce moment l Mon mari est alcoolique Il ne se pr oc cupe de rien Un jour il rapporte un peu d argent un autre rien du tout Le mari coolie au march et sa premi re pouse st rile habitaient Pune avant son mariage Apr s celui ci son mari l em mena avec lui passer quelques jours au village Pendant ce temps la l re pouse se lia un autre homme Le mari furieux rentra Pune Mathura le suivit et s embaucha au march Sa d cision de se faire op rer est une conduite du m me ordre que la d termina tion avec laquelle elle dirige son m nage Elle maria sa fille avec un gar on du village mais cause du manque de terres elle ramena sa fille et son gendre Pune pour les faire embaucher au march Elle mit ses 2 gar ons
412. nti re dans le milieu urbain o l on entre sans y avoir de place assign e ni y jouir d une reconnaissance donn e d avance Celle ci est conqu rir Il faut s imposer la reconnaissance des autres citadins r ussir se faire reconna tre comme tant aussi une citadine digne de ce nom et l in gale de personne de ve point de vue Le prestige que conf re un sari moderne l honneur que vaut un habitat soi o l on peut recevoir la confiance en soi et l estime qu accordent un m nage bien tenu et une batterie de cuisine mod le le confort d une modernit qui diminue les pei nes de la m nag re d hier la fiert d un fils qui vous emm ne sur son scooter chez les dieux et les parents pour les prendre t moin de sa capacit r ussir dans la vie les programmes de son et lumi re mont s la maison lors des festivit s liturgique o l on invite le plus largement possible venir assister voil au tant de preuves irr futables capables d assurer une conqu te ar demment d sir e celle de la reconnaissance sociale Celle ci est d sir e comme la r compense d une capacit d sormais d montr e et montr e expos e et impos e aux regards de tous de r ussir par 176 soi m me S affirmer soi et aux yeux des autres comme capable de construire une vie digne et d cente et d ouvrir par le fait m me au tour de soi un espace de convivialit travers de rapports dont on est le centre et l initiatrice voil l o
413. ntinuer se quereller Shanta bai BHEGADE Marathe fut renvoy e par sa belle m re parce qu elle avait une maladie de peau Combien sont elles aussi comme Kala bai Bhana bai Phula bai Sonav ne bai Mukta bai etc dont le mari mourit d alcoolisme Des enfants leur charge un belle m re hargneuse un beau fr re indiff rent dont aucune aide n tait attendre elles ont pris le chemin de Pun Le mari de HONMANE bai de caste Dhangar ne s entendait pas avec son demi fr re elle suivit son mari Pune Tara bai KUDITKAR Marathe vint Pune en core b b dans les bras de sa m re veuve Le mari de DARVATKAR bai Marathe tait atteint de maladie mentale Celle ci s en Poya io nez ses fr res o elle tait revenie vivre Elle gagna la ville Moins nombreuses sont les ouvri res qui ne mentionnent que la pauvret comme raison de quitter Dagada bai ABNABE Cambhar n avait aucune terre comment vivre Rangu bai DIGHE Marathe avait un beau fr re d un caract re depuis toujours intraita ble Il avait vendu un peu de terre sans demander l avis de personne Ce qui restait ne suffisait pas nourrir tout le monde Son mari se lan a dans un commerce de buffles au vil lage mais sans succ s Elle dut prendre le chemin de Pun avec ses deux gar ons Le barrage de Panshet devait submerger les terres de Hausa bai sous les eaux du lac de retenue Elle n at tendit pas Elle prit le chemin de Pune l ann e m me o on posai
414. ntrast s des rapports entre les ouvri res et leurs pr sidentes sont clairs et explicites D autres aspects sont moins visibles et moins conscients La pr sidente a aussi au 122 torit pour enr ler de nouveaux membres Cet accueil se fair sur re mise d un re u portant le montant de la cotisation vers e Ce re u est r guli rement remis et porte bien la somme vers e Mais des fem mes se plaignent parfois qu un petit suppl ment doit tre remis la pr sidente C est un fait qu il est difficile d avouer et de recon na tre ouvertement Mais indirectement les sarcasmes des ouvri res l adresse de pr sidentes peu scrupuleuses de ce point de vue lais sent planer des doutes et sugg rent des tractations en sous main La pr sidente comme elle a vite r ussi am liorer sa situation Les femmes membres de Bhumata ne cessent pas de discuter des comptes de leur syndicat avec Teurs pr sidentes le montant des cotisations l int r t des d p ts etc Ces jalousies personnelles conduisent les pr sidentes se venger de celles qui les d nigrent Il est cer tain qu une fois install es pr sidentes certaines femmes n h si tent pas faire sentir leur domination et profiter de leur posi tion dans leur int r t priv On peut citer l exemple de Shila bai Elle a mis son mari g rer un point de vente de l gumes rapport es du march dans son bidonville Elle ne tol re pas qu aucune autre coolie comme elle en f
415. nts en bas ge la maison Elle vient de s embaucher au march il y a deux mois Sa voisine Hira BHOKAR y travaillait depuis 18 ans elle l emmena Je ne parle pas l bas avec beaucoup de gens Je m en tiens mon travail Sinon le dal l nous dispute et emploie des mots grossiers en nous rappelant l ordre Je n aime pas les querelles Au d but je n arrivais pas soulever de lourdes charges de 100 ou 120 kg Et je n essayais pas non plus pour ne pas me faire de mal au del de mes forces J ai peu cependant pris l habitude du travail A Appar Bibv il y a des gens de toutes caste mais heureusement dans mon all e il n y a pas de Mahar dans les maisons d c t C est seulement pour les mari ages qu on a nous m ler eux Yamuna bai et son mari font exploiter le peu de terre qu ils ont au village par quelqu un d autre selon la m thode commune qui consiste partager par moiti avec 1l exploitant les produits des r coltes 183 PANSARE bai n a pas arr t l cole de sa fille comme Yam na bai Elle pousse ses enfants jusqu en dixi me ann e Mais ma sur prise elle me r pond qu elle a 3 enfants quand je lui en demande le nombre et 3 gar ons et l fille quand je me fais plus pr cise Pourquoi n avez vous pas dit 4 enfants Une fille oh c est le bien des autres r pond elle faisant allusion au fait qu elle ap partient par son mariage une maison d trangers celle de ses beux parents Ell
416. om pli par des paysannes Ce n est pes que le travail soit dur ici c est qu il est sans honneur dit SHELKE bai Beaucoup de coolies explicitent ce m me t moignage avec cette autre r flexion souvent entendue Le travail au march est ce un tra vail pour jeunes filles Rakhama tanpure a recueilli chez elle une de ses filles r cemment mari e mais rejet e par son mari Si on lui demande pourquoi elle ne l emm ne pas avec elle au march elle r pond sur le champ Quoi l amener au march ma jouvencelle vous savez ce que vous d tes Est ce que l am _biance est telle qu on peut y amener des jeunes filles avec nous ko rte d tes nous pourquoi il ne faut pas les amener ici demandais je A quoi bon vous l expliquer vous quoi a servira Ca changera quelque chose Apr s tout pour quoi vous le cacher A son avis il n y a aucun espoir que l atmosph re du march s am liore jamais Rakhama bai a envoy sa fille faire des vaisselles C est un travail emb tant sans doute Mais au moins on ne lui tiendra pas des propos d gueu lasses Gita POLEKAR et son mari sont du m me avis Leur fille ne put non plus rester chez son mari qui n en voulait pas Ils la plac rent chez des particuliers faire des galettes de pain chapati Ils lui ont fait prendre des cours de couture et lui ont achet une machine coudre Dal l et coolies ont beau avoir un langage grossier et des comportements d plac s cela ne nous
417. ombay o il la fit travailler chez un marwadi Pour une affaire de terres qu il convoitait son mari commit un crime Il fut arr t et passa trois ans en prison puis fut rel ch Mais quelqu un ensorcela la famille au nom du Mhasoba de Kharavide au point que son mari sa co pouse sa belle m re son beau p re la co pou se de celui ci moururent tous les uns apr s les autres coup sur coup Veuve elle se remaria pourtant nouveau avec un Bangude dont la premi re femme avait eu 2 enfants avant de mourir Elle eut elle m me deux gar ons Son cadet avait 5 ans quand son mari mourut Elle vint alors Pune et trouva asile chez une amie El le mit l a n au travail dans un grand h tel o il apprit la con fiserie Elle allait elle m me faire des lessives chez des parti culiers une femme docteur qui l aida Paud Phata Vadarvadi El le r sida l 5 ans au milieu de voisins agr ables et coop ratifs Une femme Vadar voisine surveillait son cadet quand elle tait au travail Un oncle maternel par contre qui jouissait d une situa tion ais e et habitait Paud Phata refusa toujours de l aider m me de lui trouver une pi ce pour y habiter Elle rompit les re lations avec lui SONDKAR bai originaire du m me village qu elle lui fit avoir une pi ce en face de Sai baba puis la logea dans une pi ce qu elle poss dait la Colonie Janata d o elle obtint un emplacement Appar Bibv o elle r side maintenant et o s
418. on a n l a rejointe Le cadet est menuisier Shakuntala PAWAR a un seul gar on Son mari fit un deuxi me mariage quand elle enfantait ce fils C est un buveur inv t r qui la rossait Elle devait supporter beaucoup de tourments Per sonne dans sa propre famille pour la soutenir Elle n a pas de fr re P re et m re moururent jeunes Sa soeur mari e est partie dans sa belle famille et ne peut lui tre d aucun secours Elle vient de quitter son mari Elle r side Appar Bibv vadi o elle a pris un homme chez elle De mauvaises langues pr tendent que sa conduite tait dissolue et que son mari frustr se vengeait de sa frustration en la maltraitant Elle r pond que n ayant person ne pour la prot ger il lui faut bien trouver le soutien de quel qu un et que c est l la raison de sa conduite Quoi qu il en soit des responsabilit s le r sultat est que son fiis unique de 16 ans est aujourd hui un d linquant Il ne fait rien il n est pas instruit Il est toujours en vadrouille et jamais la maison 216 Sa m re prie pour lui Mhasoba Satvi et je ne Le mari revient par fois au march pour la battre Un dernier exemple montrera s il en est encore besoin la moti vation essentielle du double mariage pratique accept e sinon re cherch e par les co pouses elles m mes dans l int r t de leur pro pre famille L absence d enfant c est dire de gar on lumi re de la descendance oblige un 2
419. on propre au groupe d appartenance imm diat qui est la caste ou la sous caste le mot marathi qui d signa normalement la langue parl e ren voie l aire culturelle d appartenance qui compte tenu de l histoi re socio culturelle de cette aire est ici le Maharashtra comme en tit politico culturelle L expression a donc indirectement une con notation d identit socio culturelle historiquement conquise Mathura RAKHA Vanjari du district d Osmanabad me fait remar quer qu on son avis la moiti des gens du march sont des n tres c est dire de notre communaut Vanjari Chabu NANGARA originaire du canton de Mulshi est du m me avis Garja OMBASE confirme Est ce que nous Vanjari on est perdu au march On y entre sans probl me On y est d j si nombreux On y est arriv depuis le d but du march Phule market en bas On va sans cesse les uns chez les autres on maintient es rapports Le fr re de Thaku NANGARE habite Shukravar Peth C est un des dirigeants de Phule market Sa situation est con fortable Thaku bai est fi re de son fr re et de son r le dirigeant Mais sa propre situation tant par comparaison m diocre elle vite habituellement de se ren re chez lui si ce n est aux f tes aux ma riages et d c s Jana THORVE et sa fille Ranjana NANGARE habitent en semble Bhavani peth entour es de gens de nombreuses castes diverses Comme la m re est veuve et que sa fille a t rejet e elles ont tout
420. on d finitive en zone urbaine Il faut d abord tenir quelque part c est dire tenir et occuper une place Le premier imp ratif est l appropriation d un sol et d un habitat comme abri permanent et ordinaire comme domi cile Qu te au hasard Quelques exemples d errance en qu te d un domicile et sont le mieux m me de rendre compte d une part de l tat de chaos social auquel les migrantes sont confront es d boires et chances s y mani festent de fa on aussi al atoires les uns que les autres Face ce 29 r gne du d sordre seuls des r cits de vie peuvent d autre part t moigner des resources personnelles auxquelles les femmes coolies ne peuvent plus qu avoir recours Narmada SONDKAR de caste Marathe habitante du bidonville en face du temple de Saibaba est originaire de Nivi Sarole et mari e Valne canton de Mulshi Son mari est atteint de maladie mentale Comment compter sur son assistance pour se d fendre des regards et des convoitises du beau fr re Mieux vaut partir au loin Elle quitte avec son unique gar on qui a pr s de trois ans Or est en 1959 Elle vient d abord se r fugier chez sa soeur Navi Peth Mais au bout d une vingtaine de jours commencent les vexations Sa soeur lui refuse l eau pour son bain et sa toilette Comme elle n a pas non plus de sari de rechange elle va la rivi re sous le pont de la ville pour sa toilette Elle prend son bain en deux temps Elle mouille d abord u
421. onnu c de la place une conviction acquise de sa capacit investir un espace de vie en luttant pour s approprier les moyens de satisfaire ses besoins les plus l mentaires Le nouvei espace de vie n est plus donn Il ne peut tre que conquis La situation d urgence dans laquelle se trouvent les femmes ex plique l enthousiasme la combativit l esprit d initiative l es poir inali nable au milieu des pires d boires L o l al atoire et le d sordre mettent en face d un chaos in hospitalier seul un esprit de conqu te est la hauteur des d fis un ordre envelopparnt et protecteur sans affirmation de l individu fait place un chaos social qui voit n cessairement merger des des tins plus personnels A la r sidence passive et impos e succ de un domicile conquis et construit L habitat espace propre indicateur de r ussite Le rapport l habitat objet particulier de ce chapitre passe de ce point de vue d une situation de non lieu physique et social une appropriation mat rielle l gale et formelle d une demeure Le terme r v de la conqu te d un habitat est la propri t d habitation d ment authentifi e Il n est pas r alis par toutes L entr e en zone p ri urbaine est marqu e par l incertitude et l instabilit Beaucoup de femmes coolies ont chang de lieux de r sidence et sont pr tes en changer si elles le jugent bon La non fixation du lieu contraste ici avec la maison de la bel
422. ons ne quitte t elle pas son mari Il faut mourir l o on a t donn e Sinon comment marier ses filles demain La so ci t vous traite de tous les noms Ambu KOKARE est un peu instruire Elle a entre 25 et 30 ans Son mari ne peut signer qu avec son pouce Je ne voulais pas d un tel poux mais que faire en face des parents Selon un chant Le p re dit ma fille chevreau que j ai lev Allons te vendre au march de Fancavti Que dire dans de telles conditions Il ne saurait en aller que selon ce que Satvi a crit sur le front Il ne reste qu se rai sonner commente Ambu bai Il en alla de m me pour Shaku KORPE qui dut aussi renoncer ses ambitions en toute ob issance sa famille Quitte t on un mari pour autant Une femme doit servir son mari son soutien Ma pastourelle il faut essuyer ses pieds du pan de ton sari Shaku bai dut assurer la marche de la famille en toute fid lit son poux f t il un mari peu industrieux selon son dharma t moignant quel point la consigne est vraie D vou e ton m nage fille fais en le renom Lakshmi MORE racontait comment on lui avait cach l infir mit de son mari le jour du mariage Ce jour l il ne quitta jamais ses chaussure il les garda m me pendant les c r monies et les rites auxquels il se pr ta debout Ce n est qu une fois arriv e Pune qu elle s en rendit compte Il tait handicap d une jambe Pendant les deux ans qui
423. ons de s curit d autant plus que le loyer tait irr guli rement pay Saru bai vint dans le bidonville au pied de Parvati Son mari coolie la fit em baucher comme coolie aussi Elle a deux gar ons et une fil le Elle ne put assurer leur instruction L a n est un coo lie aussi grand buveur que son p re La bru fait les les sives et les vaisselles Saru bai est g e maintenant mais doit continuer d aller au march o les autres coolies fem mes et hommes la pressent de ne pas revenir Reste la maison maintenant tu n arrives plus rien soulever Elle alla chercher secours et conseil de la pr sidente du syndi cat qui elle se confia Quand je rentre la maison il n y a rien manger C est un capharna m Mon mari et mon gar on sont so ls et cherchent les querelles Ils exigent que je leur donne des sous pour boire J en ai par dessus la t te J ai envie de ne plus jamais retourner chez moi Sa bru a deux enfants et doit supporter les m mes ennuis Son fr re ne peut rien sa mis re est semblable la sienne tt s s 1 it Au faible le soutien d un fr re au moins pour une nuit dit elle en citant un chant de la meule d autrefois Selon J expression marathi la vie est feu et cendre en perma nence Seul le march serait encore un lieu de repos et de calme relatif pour Saru bai mais la vieillesse n y est point consid r e ni d sir e Deux t moignages de femmes qui ont au contraire r ussi
424. ons du syndicat pas plus que Chabu bai A quoi bon uiler aux r uni ons du syndicat Qu esi ce que a peut rapporter dit cette derni re Certains dal l m mes ne craignent pas de donner leurs pro pres employ es une certaine conscience de leurs droits ou du moins de leur ouvrir l esprit en ce sens Le dal l Bhosl aide les femmes coolies former leur propre syndicat d ouvri res Un autre dal l de formation socialiste Darshan m introduit aupr s de ses femmes porte faix il insiste pour qu elles m ac cordent leur attention il n y a rien de mal l couteur leur Ait il cela ouvrira un peu l esprit Il leur explique l objet de ma pr sence et de mes contacts parmi elles au mar ch Il m invite m me venir le rencontrer chez lui Hausa KADU relate qu un jour c elle tait revenue au march huit jours aprez avoir 2ccouch son dal l lui enjoignit de retour ner chez ell prendre davantage de repos A vrai dire de l avis des travailleuses les rapports entre les dal l et leurs employ es ne sont plus tout fait ce qu ils taient Il y a une trentaine d ann es Les rapports l ancien march taient plus humains et familiers sinon m me familiaux Maintenant au market yard ils prennent de plus en plus une for me marchande Jija SHELKE tait d j coolie l ancien march Elle travail le dans le m me entrep t depuis seize ans Maintenant qu elle joue un r le de pr sidente dans son syndicat et
425. ontrer et au march pour les achats voulus Aider accompagner conseiller voil son plaisir et son r le Les besoins e toute la parent le sont son souci prioritaire en de telles cir constances Voil ce qui la pr occupe Elle ne saurait ni ne voud rait se soustraire ces pressantes obligations Sinon on me trai terait de tous les noms dans la famille Goja PAWAR a fait embaucher deux cousins au march Elle ne man que donc point de lieux de fr quentation En outre un cousin habite Appar Bibv vadi et des gens de son village sont install s nombreux aux alentours Tout son temps libre est consacr aller les ren contrer chez eux Lila KARALE est une veuve qui habite seule avec ses enfants Son fr re la soutient dans sa difficile solitude en venant de temps autre habiter chez elle Sa belle m re a coup toutes relations avec elle Le soutien de sa propre famille s av re donc bien n cessaire M me si la belle m re nous insulte notre marathi dharma notre devoir d tat de femme indienne nous impose e respecter nos parents et beaux parents C est l une conviction profond ment ancr e dans l esprit de Lila bai On a beau tre de venue veuve toute jeune ce n est pas une raison pour se rebiffer et se faire arrogante Selon le marathi dharma aucune femme ne doit r pondre et tenir t te quiconque Elle doit se montrer respectueuse avec tout le monde C est son fr re qui a pris l initiative de tou t
426. ort s du march Autrement il gas pille en alcool l argent du foyer dont la charge retombe enti re ment sur les paules de sa femme C est celle ci en particulier qui a du g rer l installation Appar Bibv Au d but le mari s tait install sur un terrain vague qu il a fallu quitter Pour s installer Appar il a fallu avancer de l argent la munici palit le montant de la location du terrain accord Sur cet espace Indu bai a lev son taudis Le plafond est bas IL fuit pendant les pluies C est humide Comme la fille a n e avait aid sa m re lors du mariage de la 2 me le taudis est mis sous le nom de l a n e Indu bai qui ne peut rendre les emprunts consentis esp re le soutien de son gendre qui pourra quand elle mourra dans cet enfer continuer le remboursement Le mari de Kala DAMALE tait coolie autrefois mais mainte nant il ne descaoule pas de la journ e et tue le sommeil de sa femme pendant la nuit C est l enfer et le harassement pour Kala bai Sa fille afn e tient la petite FRR T qu elle a ouverte dans sa maison Malgr les insomies 11 faut tre la t che le matin et que tout soit pr t avant de partir 4 h Son mari s occupe insulter les voisins uriner n importe o il s croule dans la rue d o il faut le ramener la maison Les gens de ma famille m ai dent financi rement mais pas un n ose passer une nuit ici avec moi La charge de la familie est son enti re responsabilit
427. ossibles hier au village La langue urbaine v hicule non seulement de nouveaux mots mais propose de nouveaux objets au d sir ou sugg re de nouvelles fa ons de voir et de se comporter L ar gent du salaire individuel permet d acheter des marchandises voulues ou envi es Les facilit s de transport permettent des d placements voire des voyages r v s Des docteurs si nombreux en ville offrent leurs services fort recherch s L cole permet de penser diff rem ment l avenir des enfants La promiscuit est un d fi pour les con tr lec familiaux De nouveaux modes de consommer apparaissent L exi guit des logements expose l unit patriarcale et d verse celle ci dans la rue Cet largissement des syst mes de rapports et de commu nication conduit des d placements d anciennes pratiques et l mergence de nouvelles conduites et de nouvelles attitudes dans des sph res publiques jusque l inconnues des femmes ou non investies par elles vit es ou interdites ou simplement r serv es aux hommes et non explor es Eiles p n trent dans ces sph res nouvelles sous la pouss e de la n cessit du besoin d aspirations nouvelles de stra t gies de survie de d sir de transgression ou de volont de s affir er Les femmes se trouvent parfois de ce fait dans un espace hostile o elles sont d pourvues de rep res anciens L irruption de l intru se est en r alit une d marche par laquelle celle ci prend place et conquiert
428. ous les dix mois Quelles lois on nous fait aujourd hui se plaint elle Je ne donne aucune chance aux locataires Pour peu que RMS EE eux reste trop longtemps c est fini explique t elle Narmada bai a aussi des pi ces la Colonie Janata Elle est tr s au courant des avantages que la loi accorde aux locataires Elle aussi n en prend que pour quelques jours Elle en change le plus possible Sakhu BAMGUDE est du village de Narmada bai Celle ci ce titre lui a donn une pi ce en location dont elle per oit le loyer r guli rement chaque mois Pour le maria ge de son fils elle a demand une avance de huit cents roup es de Sakhu bai Mais au bout de quatre mois elle a voulu chan ger de locataire nouveau Elle avertit le nouveau venu de 39 jeter dehors les affaires de Sakhu bai et de prendre sa place Mais celle ci s est assur e l aide de voisins Elle n a quitt la pi ce qu apr s avoir obtenu un certificat de r sidence et une photo d identit pour se faire reloger Bibv vadi Lila DIGHE du m me bidonville avec le certificat et la photo a t relog e Bibv vadi Mais une fois r habilit e elle n a pas voulu quitter la pi ce de Dand karpul qu elle donne des locataires Elle est aussi experte pour en tou cher le loyer chaque mois et changer de locataires tous les dix mois Il va de soi qu en aucun cas aucune des femmes dont nous venons de parler ne d livre de re u attestant le paiem
429. out es Le taudis est si perc de fissures que le manque de fen tre importe peu Mais pour GIRE bai c est l un g te une maison qui la prot ge et o elle se sent chez elle Venez toutes chez moi nous dit elle en insistant avec amiti Elle nous emmena toutes Nous tions huit Elle insista pour que nous mangions chez elle Chacune avait un peu de galette et de l gume Tout fut mis en commun M me dans de telles conditions c tait pour elle un abri o elle pouvait trouver du repos et se sentir en s curit C est ce qui en faisait la valeur ses yeux Elle pouvait le consid rer comme sa maison S il y a de grandes d chirures dans le toit ou les murs de la hutte on s entend dire sur un ton de coupable On r parera a avant la prochaine saison des pluies Vous savez on n a pas l argent qu il faut GIRE bai avec de vieux sacs de deux pieds sur deux a am nag un r duit dans son taudis et me dit en me montrant l endroit C est la place du bain Je ne prends jamais mon bain au de hors d couvert Trois autres femmes pr sentes la dis cussion dont Bayda PILANE et Chandrabhaga TEMKAR du bidon ville de Premnagar en tout comparable celui d Ambedkar nagar ont elles aussi am nag une place particuli re pour le bain ainsi qu une paillasse et une partition avec des t les GIRE bai a un deuxi me taudis Padmavti de dix pieds sur huit compl tement d pourvu de facilit s et chancelant Mais elle y ti
430. out l argent du voyage dans les mains de la voisine La bru doit endurer le d shonneur sans mot dire Jija bai se met perp tuellement en col re contre sa bru en particulier au moment des r gles de celle ci Elle la fait asseoir l ext rieur pendant quatre jours Le taudis est si minuscule 8 pieds sur 4 que la bru s installe la porte o la belle m re lui sert manger ou plut t jette sur elle des bouts de galettes de mil let Qu elle les mange si a lui chante ces bouts secs pense t elle Voil huit ans que Jija bai est Pune Ses terres ont t im merg es par le barrage de Panshet son mari r side sur la terre re ue en compensation du c t de Dound Elle a fait r sider sa fille pr s de chez elle dans une pi ce qu elle a prise pour celle ci et son mari qui est rentr de Bombay Cette fille a quatre gar ons mais sa bru aucun enfant Cela ne peut sans doute que l exasp rer D au tant plus qu elle est par ailleurs d esprit tr s traditionnel sur les rapports entre castes et fait les p lerinages d Alandi et Pan dharpur Mais elle n a pas de rapports sociaux au del de ces cer cles stricts et restreints C est avec de l argent qu elle avait mis de c t en banque sans faire d emprunts ni de frais suppl mentai res qu elle a mari sa fille et a voulu l installer c t d elle Cette fille ne s est pas non plus fait st riliser apr s ses 4 gar ons bien qu elle aille travailler au march depuis 4
431. oy s ouvriers et ouvri res Le syndicat veille donc essentielle ment sur les relations personnelles qui s instaurent l occasion du travail au double niveau des rapports humains et de la distribu tion des t ches Il remplit un r le des plus l mentaires ou primai res eu gard au milieu de travail comme espace de rapports humains qui s av rent d finir un nouvel horizon d appartenance oroginaire La mise en oeuvre de ces fonctions accorde un statut particu lier aux pr sidentes qui au nom du syndicat g rent les t ches que tous lui reconnaissent sans le moindre doute Les pr sidentes d cident avec autorit au cours de discussions de la r solution cher ch e l amiable des probl mes soulev s des diff rends qui opposent les personnes et des questions mineures d organisation du travail sur les entrep ts Ce statut indisput leur conf re un honneur et une importance particuli re Le dal l peut aussi lui m me l occa sion r soudre des tensions et des querelles sa position de patron Se l entrep t lui donnant une capacit de contr le d j d crite plus aut L importance des pr sidentes est comprendre en r f rence aux mod les de rapp rts sociaux courants qui pr valent r guli rement en divers autres espaces sociaux de la vie quotidienne U e tierce au torit xiste habituellement comme l instance laquelle recourent les membres de divers groupes d appartenance l mentaire Dans une famille ce
432. pace socio culturel qui leur rendait la vie physique ment et mentalement trop p nible La raison la plus fr quemment mentionn e et la plus fortement d terminante est le harc lement et les vexations de la belle m re avec par extension de fa on g n rale la tension de crises famili ales et des m sententes au sein de la famille tendue Des femmes ma ri es tr s jeunes par des adultes sans leur avis et donn es leur belle famille alors qu elles ne sont encore que de jeunes adolescents souffrent de d saccords qui les brisent Beaucoup des femmes coolies sont de celles qui ont eu le courage de fuir une situation o elles se sentaient cras es Il fallait chapper Elles ont audacieusement quitt un environnement qui les brimait trop pour respirer plus lib rement dans un autre cadre de vie ailleurs Disons en termes plus g n raux que le syst me de la famille jointe la pression directe et imm diate du clan familial dans le contexte du syst me de caste la contr le strict et absolu des for mes de parent par les anciens un thos patriarcal r pressif parta g par la communaut de village sont autant de d terminations struc turelles du cadre oppressif que les femmes coolies ont voulu quitter le comportement de la belle m re vis vis de sa jeune bru se faisant le garant de toutes ces contraintes et leur ex cut ur Si beaucoup de femmes ont accept en silence ces pressions et ces harc lements les coolies
433. particuli re dans la vie des femmes porte faix La litur gie puj arc les p lerinages y tr les assembl es annuelles de vil lage autour du dieu local jatr une fa on g n rale les pratiques c r et plus particuli rement le personnage du bhagat et les transes de possession sont des r alit s qui occupent en permanence l esprit des femmes coolies et leur conversations Celles ci portent abondam ment sur des c r monies religieuses et des rites ne pas manquer des r gles de parfait accomplissement des rituels l attention minu tieuse qu il convient d avoir cet gard pour certains aspects du culte de nouvelles pratiques qui se r pandent et de nouveaux cultes qui s implantent On en d bat on s en informe on value les r sul tats on se renseigne les nouveaux saints hommes bhagat et devrishi qu on a d converts on fait tat des d penses consenties et de l ar gent mis de c t cet gard Les dieux du village et leurs assembl es On a beau avoir migr on veille soigneusement maintenir un lien avec le village Ses dieux et ses assembl es annuelles jatr en sont le moyen privil gi Toutes les femmes en t moignent A moins une fois par an nous retournons au village assister son assembl e et nous prosterner aux pieds di dieu Bien rares sont celles comme SONDKAR bai qui y font exception Les liens de BHUNDE BAI avec son village sont coup s son cou sin cultive la terre un commer ant Marwar
434. particuli rement recours au soutien incessant de gens de leur caste Nous tions assises chez Gajra OMBASE quand la femme du fr re de son mari entra pour lui demander si elle avait rapport des k rlf du march un l gume momordica charantia Pr pares en selon notre m thode soigneusement et sers en leur Notre fa on de cui siner est remarquable les mets ont bon go t M me conviction chez Ambu KOKARE Elle nous offrit du th au lait de ch vre avec des mots Nous on est des Dhangar on boit du lait de ch vre Il est meil leur que tout autre parce que les ch vres mangent trente six sortes de feuilles tout leur suc est pr sent dans leur lait Dagada ABNABE Cambhar voulut aussi nous faire conna tre les m thodes culinaires de sa caste La discussion portait sur le mariage de la fille de Malan PATIL Subhadra HONMANE a beau tre des n tres Dhangar elle ne fait ce pendant pas partie de nos relations d alliance Chez nous il y a beau coup de sous castes en dehors des castes principales que sont les KHUTKAR HATKAR etc Elles ne se marient pas entre elles IL y a beaucoup de Marathes autour de nous l o nous r sidons Bien que l on soit Vanjari on ne peut donc pas viter d aller chez eux et de frayer avec eux dit Gajra OMBASE Mariez vous votre fille un gar on Marathe demandai je Oh Comment serait ce possible s cri rent elles toutes d une seule voix sur le champ Il faut se marier dans la ca
435. pas encore de lieu o r sider en ville ou bien des gens mari s qui pour diverses raisons ont laiss leur femme au village Ces nouveaux venus ont besoin d une maison o s journer et prendre pension Des femmes les eccueillent temporairement et leur servent des repas en se faisant r mun rer Ce sont parfois de sim ples pensionnaires qui s journent ailleurs N importe qui n l est pas admis dans ces conditions Il s agit toujours de jeunes appartenant des cercles de relations connus la famille d origine la parent d alliance ou les connaissances du village L exemple de Chaya BAGAL pris parmi d autres servira montrer les raisons qui motivent cette pratique dans un contexte qui n est plus celui d une mis re extr me mais celui d un ensemble de tentatives industrieuses Chaya BAGAL habite Appar Originaire ce Narayangao taluka de Shirur et mari e Parner elle est la belle soeur de Ratna bai Mari e en 1981 elle a une fille et deux gar ons Elle s est fait st riliser Ce qui les amena Pune c est que son mari ne s entendait pas avec son fr re ni elle avec sa belle soeur Iis vinrent en 1984 Ils r sid rent d abord la Colo nie Janata chez une belle soeur avant de venir Appar Son mari travaille dans la construction faire des coffrages IL ne pense pas diff remment de moi Il me donne l argent pour tenir la maison Elle a elle m me un fr re et six soeurs dont trois dans une bonne situation Mon dest
436. pas que l observa tion souligne la complexit et la vari t des rapports qui r gis sent les liens entre individus et que ces liens soient la fois ou successivement d oppression et de domination d amiti et d entraide de d pendance et d autonomie d appartenance et de dis crimination d estime et de m pris Avec les employeurs Le rapport crucial est celui qui s tablit avec le dal l C est l instance relationnelle la plus englobante la plus quoti dienne et la plus pr gnante En tant que propri taire de l entre p t o s changent les marchandises le dal l est celui qui pr side leur change et d cide des conditions dans lesquelles ce lui ci s op re entre les fournisseurs de marchandises les pay sans producteurs qui approvisionnent le march et les grossis tes marchands commer ants qui viennent s en fournir sur la place du march Ce dal l est originaire de la campagne comme les fem mes coolies qu il engage Il appartient aux couches sup rieures de paysans ais s celles qui y jouissent du fait de leur pros p rit conomique d un pouvoir de contr le social A ce titre les dal ls ont partie li e avec les instances politiques locales au nom de la d fense et de la promotion de leurs int r ts cono miques Ils appartiennent de plus tous sauf rares exceptions la m me caste marathe fortement majoritaire c est dire qu ils repr sentent sur Je market yard la cat gorie sociale absolument
437. personnes Mais c est alors au jour le jour qu il faut se frayer son chemin Nul lendemain n est jamais assur Il faut tou jours lutter et peiner HONMANE bai doit encore marier une fille assurer l instruction des gar ons r parer un mur du taudis qui fuit Elle est seule toucher un salaire C est l inqui tude quotidienne Sa belle famille de surcro t lui cr e des ennuis pour le mariage de ses filles Les gens jasent sur son compte cela aussi est endurer La derni re fille va encore en classe Le soir elle va dans une fa mille Brahmane faire la vaisselle pour 80 rs par mois Un gar on est en 10 me ann e et voudrait continuer s instruire Des gens ont ap port leur aide pour payer la scolarit Le cadet est en 6 me Le taudis est en mauvais tat Mais mieux vaut des gar ons corrects qu une belle maison Elle ne gagne pas assez pour mettre de c t Elle a un livret de compte en banque mais ne peut rien mettre des sus Il faut rembourser les frais de mariage des deux premi res fil les pour lesquels elle a demand des avances des particuliers o el le va travailler car qui au march avance de l argent Hausa BARGE a perdu ses deux gar ons son seul espoir Il ne lui reste que la mort attendre avec la piti des passants Kamala MALEKAR perdit t t son mari mort d alcoolisme Elle n a gu re de parents pour l aider Aussi essaie t elle de se lier avec diverses personnes qu elle consid re comme ses parent
438. pes r md de Kargote Les femmes de Sholapur ont une tenue l g rement diff rente Elles se ceignent la taille d une ceinture en argent selon une tradition locale qui leur est propre Leur sari de neuf yards est port la fa on d un sari drap en rond retombant droit sur les pieds Les ouvri res font tr s attention ces d tails En r alit la vraie raison de la col re dont elles sont l objet est que celles l elles viennent nous re tirer le pain du ventre En retour les femmes de Sholapur ont une pi tre opinion des femmes de Mawal le pays montagneux l ouest de Pune Pour que les femmes de son bidonville aient un emploi Shaku essaye d y mettre en oeuvre un projet mais elle n arrive pas ob tenir la participation des autres femmes C est ce qui excite se gro gne contre les femmes de Mawal des ignares qui ne savent m me pas se pr occuper de leurs int r ts Elles sont toujours en train de se quereller sans raison Les femmes arriv es Pune d autres districts sont celles qui cherchent le plus activement s y adapter et s y int grer Hira bai ou DOMBALE par exemple drapent leur sari la fa on des travail leuses en allant au march Sa soeur avait drap le sien la mode de Sholapur le jour o nous l avons rencontr e en allant voir Hira bai chez elle alors que celle ci avait mis le sien la mode des travailleuses de la terre tel pays tel habit dit elle J eus un jour l occasion d adr
439. ple de cette fausse d finition par connotation oppositionnelle la distinction de 1l urbain et du rural n a peut tre de sens qu en vertu d une opposition abstraitement claire mais analytiquement insaisissable Notre tude ant rieure avait soulign cette absence de discontinuit entre la ville et la campagne dans le cas des migrants de basses couches sociales S il faut donner une d finition de notre notion d espace nous nous reconna trons dans celle de C Jacob Comme hypoth se de travail nous d finirons la repr sen tation de l espace comme ce qu un acteur individuel ou collectif construit partir d un discours verbal ico nique etc ou d un programme d actions voyage commer ce habitat promenade guerre chasse etc Le travail au market yard construit l espace public socio cono miquement structurant des rapports humains qui s imposent d embl e tous les partenaires comme un th tre d action avec ses yeux de discours et de r les d finis Notre question est pr cis ment de sa voir comment et jusqu o les femmes coolies vivent acceptent et jou ent leur r le d actrices c est dire comment elles se comportent dans le th tre la fois sc ne et pi ce de leur labeur d ouvri res La r sidence comme habitante dans un quartier et comme m nag re dans une maison construit l espace priv de l habitat familial La fa on d habiter s impose socio culturellement comme un mode d emploi des lieux do
440. poir et les r gles d hier qui assuraient la vie quotidienne et prot geaient les personnes tout en les guidant dans leurs comportements sont trop courtes et impuissantes pour relever le d fi du pr sent d chir et des besoins les plus l mentaires L entr e dans un milieu de vie offrant une relative libert conduit briser des contraintes et des normes strictes qui c dent sous des pouss es irr pressibles d sormais La rigueur ant rieure peut faire comprendre que les conduites nouvelles n ob issent plus aucune r gle normative elles ne t moignent plus que de la rupture de barrages anciens de fa on abrupte et parfois radicale C est l entr e dans l anomalie dans le non lieu thique mais de fa on n gative Car dans cet espace sans r f rence sinon celle des besoins l mentaires l infraction reste une infraction un stigma une non valeur une non culture une sauvagerie l gale de la ndition de d tresse sans aide ni assurance de s curit dans laquelle les femmes se trouvent Cette violation des normes ant rieures strictes d nonc e comme perverse par la soci t et rassentie subjectivement comme un stigma par celles qui en sont les fautives engendre un tat de turbulence mentale qu il faut assumer et supporter comme une indignit morale et une tare sociale Cette endurance mentale et psychologique demande le d ploiement d nergies psychiques particuli res permettant de vivre r prouv e ou d nigr e
441. pologique est construit par des pratiques des d sirs d occupation des gestes et des comportements des paroles et des plans d am nagement des formes d organisation de la vie commune ou du travail des formes de rapports des images et des r ves qui le d corent ou l imaginent autrement Des n cessit s socio conomiques l expansion de nouveaux mo d les culturels par les media la pression de situations de crises et les strat gies de survie qu elles induisent poussent des fem mes investir et s approprier des espaces qui jusque l n taient pas les leurs De nouvelles pratiques de sociabilit de leur part ouvrent des br ches dans les enceintes du compartimentage so cial tabli ou du moins font reculer des cloisons Notre enqu te est ici motiv e par la recherche des rep res spatiaux o s ins crivent et s implantent de nouvelles dynamiques culturelles dont des femmes de milieux populaires ont l initiative La d finition de l espace comme localisation de rapports so ciaux et cons quemment de notre recherche comme qu te des rep res spatiaux symbolisant des dynamiques culturelles et sociales qui visent reconstruire l espace diff remment l initiative des femmes coolies nous conduisent vers un lexique typologique des lieux r pondant cette perspective de l analyse Par espace projet on entend la projection au sol de valeurs de domination de discrimination de cloisonnement de sph res le marquage du co
442. pproprier de nouveaux temps et de nouveaux espaces de vie in vestir des champs de relations jusque l interdits ou inhabituels et en g n ral intervenir dans des domaines socio culturels qui n taient pas normalement les leurs Ce rapport se concentre donc sur le deuxi me volet de notre projet Il est finalis par le d sir de prendre la mesure des d fis auxquels sont confront es des femmes de milieux paysans qui pour diverses raisons ont d migrer de la campagne vers la ville en l oc curence surtout des campagnes du district de Pune atteintes par la construction de barrages qui immergent des terres l ouest et l est par des s cheresses end miques Qui sont ces femmes culturel lement parlant A quelles difficult s font elles face une fois arri v es en zones urbaines et comment trouvent elles l nergie des ri postes Pourquoi migrent elles subijectivement parlant ind pendam ment des raisons objectives qui d placent les populations en masse Avec quels sentiments s installent elles en zones urbaines A quel prix r ussissent elles s adapter un milieu nouveau et socio cul turellement diff rent Quels compromis trouvent elles Quelles stra t gies sociales ou culturelles inventent elles Quels changements se produisent dans leur existence Quel mariage de la tradition et de la modernit se r alise dans leur vie quotidienne et selon quelles formes En fin de compte que deviennent elles et comment construi sent
443. pu rencontrer chez elles que le soir Sakhu SALEKAR Vimal YADAV Yashoda RANJNE Tai MANKAR car elles revenaient tard chez elles Beaucoup de dal l ont deux entrep ts g rer avec leurs femes coolies C est la presse et le surmenage pour celles ci qui se consid rent responsables de la r alisation en temps voulu de toutes les op rations requises dans les deux endroits la fois C est une course permanente d un en droit l autre C est la situation de Nanda GARAD et Hira BHOKAR qui travaillent en deux entrep ts l un de l gumes et l autre d oignons et pommes de terre o toutes les t ches sont remplies par quatre femmes qui font la navette de l un l autre Les ouvri res du march aux fruits ne travaillent pas unique ment dans l entr p t m me Elle doivent transporter les cais ses et cageots de fruits de l endroit o les camions s ar r tent l entrep t et vice versa Ces camions stationnent souvent assez loin de la plate forme de l entrep t Les coo lies ont donc transporter les marchandises sur une cer taine distance Certaines de ces coolies passent galement la nuit au march atteindre l arriv e des camions pour en d charger les caisses Elles ne rentrent habituellement chez elles que vers le d but de l apr s midi prennent leur bain et leur repas et pr parent le d ner du soir qu elles empor tent avec elles en retournant pour la nuit au march atten dre les arrivages de fruits Anusuya BAR
444. puis qu elle r side Bibv vadi o el le obtint un emplacement pour se b tir une maison elle va travailler au march Une querelle clata dans son entrep t elle en changea pour travailler maintenant aux oignons et pommes de terre apr s avoir fait 1 h 1 2 de travail aux l gumes Elle peut ainsi ramener chez el le la fois des l gumes des oignons et des pommes de terre pcur les vendre le soir dans son quartier Elle en retire 5 7 rs de profit Elle fournit de la p te condiments rouler sa co pouse Des ac tivistes du parti du Congr s avaient pr c demment lanc un projet de pr paration de condiments dans le bidonville pour fournir une source de revenu 90 femmes Hira bai y allait rouler des p pad Mais com me au bout de 4 mois personne n avait encore t PE elle prit la t te du groupe des femmes qui all rent manifester devant la Congress House Elle croit savoir que le ch que de la paie est arriv Il est pr vu maintenant de se lancer dans la confection de bonbons au cho colat dit elle Elle fait partie d un syndicat aux r unions duquel elle assiste Elle n a pas voulu investir dans le projet immobilier car elle ne comprend pas assez clairement ce dont il s agit Les di rigeants du syndicat sont tous corrompus pr tend elle Ils d tour nent l argent Elle n a donc aucune confiance en eux Elle assiste occasionnellement des meetings la Maison du Coolie de Baba Adhav o elle aime aller s infor
445. qu elle est devenue de plus en plus audacieuse puur prendre la parole pub liquement faire des discours enflamm s et lancer des slogans son dal l la traite de tous les noms et se moque de son r le de dirigeante pour la contrer Toi une femme qui sais lire et crire qu est ce que tu as faire au march Pourquoi restes tu coolie Jija bai changea d entrep t et de dal l mais cela ne change rien au fait que dans leur ensemble les dal l restent Sr ere et facilement grossiers avec les coo Iles Le jeune fils de son ancien dal l qui n a que vingt ans n h site pas invectiver Jija bai et lui adresser des pro pos humiliants C est difficile entendre et endurer a blesse profond ment dit Jija bai On travaille dur ici mais on ne s en donne rien Ce qui es p nible c est qu on n a droit aucun respect ici Un dal l m lera facilement l insulte 1 d shonneur Une ouvri re arriv en retard le matin peut facilement tre ren voy e chez elle sans gard sur le champ elle perd alors son salaire journalier avec des propos offensants Eh Femme ne mets pas la main au panier Va t en Mets y ta m re Le double sens peut impliquer quelque chose comme envoie ta m re faire la putain On entend r guli rement des dal l lancer la remarque d sobligeante Les femmes quoi Est ce qu elles travaillent signifiant que les fem mes sont impropres quelque t che que ce soit De tels pro pos blessants
446. quelqu un On verra bien rarement une femme prendre seule la route si ce n est en cas d urgence particuli re L exemple de Nila Gorak KAMBLE est exceptionnel de ce point de vue Il r v le les difficult s quasiment insurmontables auxquelles une femme seule est affront e Femme de caste Mahar d un village de la r gion de Sholapur Nila G KAMBLE perd sa m re un mois Premier enfant elle n a ni fr re ni soeur Mari e tr s jeune elle perd son mari au bout d un mois de mariage Elle n a pas d enfant Elle re vient vivre chez son p re Celui ci meurt peu apr s Son de mi fr re la chasse aussit t de la maison de son p re qui pos s dait treize acres de terre Elle doit partir sur le champ avec pour tout bien les seuls v tements qui lui couvrent le corps cet instant Elle sait une seule chose qu elle a en tendu dire des gens de son village pour trouver manger sont partis vers Pun une ville Mais elle ne sait o celle ci se trouve ni quelle distance ni en quelle direction ni o prendre le car pour s y rendre Elle n est jamais sor tie de la maison Elle prend le car de Pun et fait le voya ge sans payer de billet Elle descend Pun On est en 1982 Elle se met mendier dans les rues pendant quelques jours Errant de rue en rue elle atteint le bidonville de Talajai sur les pentes d une colline caillouteuse Comme le terrain n appartient personne si ce n est l tat elle peut s y installer
447. qui nous l assurent Notre paie ne sort pas de la poche du dal l C est la classe des paysans qui assume la responsabilit de notre existence Les coolies d un certain ge comme M Kumbhar ne sont pas d em bl e convaincus que la situation puisse vraiment changer La raison est que toute la tradition qui s impose depuis tant de jours dis ent ils leur vient du fond des ges et continue de r gler fondamen talement leurs rapports et leurs relations leur comportement et leurs habitudes quotidiennes aujourd hui au march comme hier ail leurs De jeunes coolies comme M Dehibhat et Kandhar en sont eux m mes autant convaincus et ne sauraient penser autrement que leurs a n s Ils savent bien que les temps ont chang Mais quoi bon en tre convaincus C est qu ici on est au march l faut vivre dans la crainte Il faut qu on travaille ici et qu on y reste On ne peut aller ailleurs Comment un poisson peut il vivre en dehors de l eau Les dirigeants c est autre chose Comment les contredire et s en faire des ennemis Faut qu on vive ici La conscience du changement des temps s accompagne d une impuissance inhibitrice Les esprits sont comme pris dans un carcan ou un univers qui les entrave Les rapports entre femmes collies m ritent une attention par ticuli re Ils sont empreints des sentiments les plus vari s fra ternit et domination communion et haine sympathie et jalousie exploitation et entraide suspicion et
448. qui produisait et vendait des aliments pour poulets indus triels Son mari allait les liirer d place en place Buveur et coureur de femmes il ne lui pern tait pas de sortir de la maison pour aller o que ce soit TI eut la tubercuiose et rentra au village Il lui fallut bien alors laisser sor tir sa femme il n avait pas le choix A Bombay quand il s absentait pour des d placements au loin il mangeait aux frais de son patron Sa femme d posait en banque les cono mies ainsi faites Kala bai en retira cinq mille roupees quand son mari tomba malade pour lc soigner Mais la tuber culose l emporta Apr s sa mort Kala bai ne resta pas chez ses beaux parents Elle revint huit mois chez ses parents mais ne voulut pas tre plus longtemps charge de son fr re Elle vint Pun il y a huit ans en 1980 C est le beau fr re de la fille de sa soeur qui l y amena un certain Dhavne du village de Darivli Il la fit embaucher au march La famille Dhavne habitait le bidonville de Dadekarpul Ils l h berg rent pendant trois mois Elle avait pendant ce temps confi ses trois enfants la garde de sa m re Elle rigea une hutte c t de chez les Dhavn et s y installa avec ses trois enfants au bout de trois mois Lakshmi bai Maruti BHAME habitante d Appar Indira nagar de caste Marathe originaire de Kh car mari e Kondavle canton de Mulshi eut cinq filles dont deux moururent et deux gar ons quatre soeurs mais pas de
449. qui se r unissent pour se d fendre Le pr sident est un musulman mais peu importe parce que nous som mes tous de la m me r gion dit elle Il est clair que de petits cercles de voisins se forment res treints et form s sur la base des noyeux familiaux et de rapports de voisinage privil gi s C est ainsi que Anu SALEKAR et Hausa KADU au pied de Parvati sont deux soeurs Leur fr re habite c t Kala SHELAR est la fille de Hausa bai Le mari de Laxmi MORE et celui de Hausa bai travaillent ensemble dans le m me atelier ils sont devenus amis et voisins Mathura bai est la fille de Hausa bai elle habite c t et fait partie du m me cercle de voisins Si ses membres vivent en toute fraternit et coop rent pour r pondre aux questions que je leur pose une autre Shila RANJNE n aime pas par contre que je vienne prendre des interviews d autres femmes dans le bidonville Les autres la disent pr sidente du syndicat Chatrapati Shivaji Elle passe pour autoritaire et dominatrice des autres femmes du bidon ville qui la craignent Son mari tient une boutique elle ne laisse pas les autres femmes coolies rapporter aussi comme elle le fait des l gumes du march pour les vendre Elle ne veut pas de concurrence Vimal YADAV et Kamal MALEKAR ont des enfants qui se droguent elles accusent RANJNE bai de les inciter se droguer GIRE bai a perdu son premier mari Elle s est remari e Ses parents ne l accept rent pas Elle se t
450. qui visent l investissement de l espace de vie qui leur fait d faut elles et leur famille En arrivant placer en la vendant par n cessit de survie leur force de travail les femmes coolies investissent un peu l espace conomique Elles sont loin certes de l avoir conquis Elles y ont pourtant mis un pied Leur prestation leur donne un r el avantage C est presque une t te de pont pour des avanc es futures Les migran tes une fois coolies ne sont plus seulement domestiques de particu liers lessives et vaisselles d picier tri de grains ou de res taurateur cuisson de chapati et service des repas Le travail de coolie est cet gard une promotion au sens o il marque un acc s quelque part Ii situe il marque une appartenance On ne va pas au travail en haillons Il accorde une assurance certes limit e et pr caire mais non temporaire du moins tant que l on conserve la san t IL fait entrer dans un r seau de droits et de devoirs fort peu prot g s sans doute la discr tion du dal l et des rapports que l on maintient de gr ou de force avec lui et qui restent analy ser mais malgr tout la prestation de labeur salari met pied d oeuvre cet gard Dvarka KANDHARE sait bien dire que apr s un ac couchement on peut rester deux mois six mois ou m me un an la 97 maison pour retrouver ses forces on sera reprise aussit t au march sans aucune difficult Les femmes coolies
451. quittant la maison t t le matin sans pouvoir les surveiller ni les confier la garde de quiconque pendant leur absence Il ne suffit pas de les confier au dieu Il leur faut encore la pr sence et l affection d un autre tre humain sans lesquels ils ne peuvent grandir convenablement Mais les nour rir premier imp ratif oblige les jeunes m res coolies les lais ser 4 eux m mes dans le bidonville quand ils ont trop grandi pour tre amen s au march dans un panier ou une couverture Je venais d accoucher confie Hausa KADU Cela faisait une huitaine J tais encore en couches Je suis pourtant all e au march C tait au temps o les coolies taient rem n r es par le rachat de poign es de l gumes par le dal l Femme tu ne vas pas tenir Tu cherches la mort me dit le dal l Il me don na une tasse de th chaud en me disant d attendre encore quel ques jours avant de revenir au march Mais que faire Deux petits allaiter et un mari infirme Comment rester la mai son ne rien faire O trouver manger Je mettais mon pe tit de douze jours dans une corbeille et prenais le chemin du march explique Gajara OMBASE Je posais le tout quelque part c t et je le reprenais le travail fini en rentrant Voil comment je faisais Qu il pleuve qu il vente qu il fasse froid d s le douzi me ou treizi me jour on arrachait le b b cha leur du berceau et on partait la besogne du march Hira
452. r le que le syndicat leur donne et que les ouvri res reconnaissent Elles consid rent comme un honneur insigne leur t che de r glement de conflits personnels Voyez me disai ent elles tout notre travail C est un vrai casse t te Il y a toujours des histoires des querelles n en pas finir Quand l une est r gl e dans un entrep t une autre clate dans un autre On n a pas un instant de r pit Ces plaintes n en sont point Elles af fichent l importance du r le qu on se reconna t et le bonheur de se savoir investies d une autorit sur d autres Notre principale fonction de femme pr sidente explique Gajra OMBASE avec assurance et fiert est de mettre fin aux querelles entre femmes Il est tout autant clair et significatif d observer comment les fermes coolies regardent leurs pr sidentes D une part le fait que la pr sidente l une d entre elles soit investie d une auto rit laquelle il faille se soumettre est pour beaucoup comme une charde dans la chair qui blesse quand on y pense Pourtant il faut bien avoir recours elles d faut de toute autre solu tion Quand des querelles clatent que le dal l ne veut pas vous accepter au travail pour y tre arriv e en retard qu une coll gue de l entrep t vous cherche noise que le partage de la paye ne se fait pas quitablement qu un coolie vous agresse etc dans de telles circonstances la pr sidente est d une r elle n cessit Ces deux traits co
453. r nique Son unit se constitue dans une d cision qui n est pas de l ordre de la recherche ni d une n cessit op ration nelle La recherche en tant que m thode et discipline de savoir est instrument au service de fins et d op rations d un autre ordre Le savoir n est pas sa fin en lui m me Mais il d finit sa valeur en fonction de ses propres crit res de constitution et non des n cessit s de l agir Les vis es de celui ci l activent pourtant de fa on significative et le forcent d ployer ses moyens d op ra tion avec d autant plus de perspicacit Du point de vue de l approche d ensemble la d marche se con forme aux particularit s du champ privil gi d observation Celle ci porte sur les mobiles et les voies de l agir dans le quotidien Comme cet agir ob it tant t et le plus souvent aux conventions de l institu tant t aux injonctions de l instituant l attention est ici d lib r ment concentr e sur ces derni res leurs modalit s et leurs effets 18 I UNE PLACE OU HABITER DU PIED A TERRE A LA DEMEURE Questionnement Le territoire r sidentiel est par le s jour le lieu du lien au sol et la terre Ce lien assume deux dimensions constitutives La premi re est le rapport un endroit d fini comme domaine propre non pas tant n cessairement ni d abord au sens de possession ou de pro pri t exclusive d une pi ce de terrain qu au sens de portion de sol d limit e et r serv e comme
454. r c est selon elle celui chez qui il y a foule et qui est tr s renomm Saru bai rencontr e un jour au mar ch me disait Essayez de trouver un emploi pour mon a n Ce fait bien des jours qu il est sans travail On n en trouve nulle part Que faire des jeunes aujourd hui Pourquoi n organisez vous pas une r union du syndicat pour discuter de a et voir ce qu il serait possible de faire dans le cadre du syndicat lui de mandais je Oh soeur repartit elle toute tonn e qu est ce que le syndicat a voir avec cette question de 1 emploi des jeu nes C est pas son affaire Comment ces femmes et ces coolies peu vent ils comprendre quelque chose un probl me pareil C est une simple question personnelle que je vous demandais C est tout fait ind pendant du syndicat Le syndicat par contre se pr occupe activement d organiser la c l bration de f tes religieuses qu il s agisse de Nag Pancmi ou de Gauri On se retrouve alors toutes au market yard On y joue on chante et on danse tant qu on peut Ces jours l per sonne ne nous cause d ennuis dit Dvarka bai On attend avec im patience l arriv e de Nag Pancmi confie Gajra OMBASE Kamala MALEKAR et Paru INGULKAR invitaient avec insistance des militan tes de Stri Shakti Mandal venir jouer avec elle au market yard l occasion de Nag Pancmi en 1990 La f te de Navratra est une autre raison importante de se r unir et de se retrouver Ce jour l on
455. r le nombre de gens qu ils abritent que tout se fait au m me endroit cuisine repas s jour et coucher Il faut pourtant malgr l exiguit et la pro miscuit y mettre un peu d arrangement Quelques r gles rappellent tant bien que mal l ordre fondamental relatif l occupation et l utilisation du Lieu domestique Les exemples suivants indiquent les r gles que nul n a oubli es celles qui s imposent avec le plus d urgence et que l on essaie de sauver dans la mesure du possible sous l injonction des valeurs les plus d terminantes On en recon na tra cinq principales dans les pratiques quotidiennes que rappor tent les exemples ci dessous La puret du lieu de pr paration des aliments est assurer au premier chef Le foyer est donc install quelque distance de la porte pour viter la pollution qui vient du dehors La cuisine marque en effet l int rieur de la maison tout le reste tant l ext rieur Ce lieu trouve ainsi imm diatement sa place dans le coin le plus oppos au seuil Il en va de m me des dieux et de leurs images leurs photos Ils sont aussi install s l cart de 1 entr e pour viter de les exposer des touchers qui les pollueraient des influences n fastes venant du dehors des ombres funestes qui les souille raient du dehors Le dieu s journe donc naturellement du c t du foyer ou dans son voisinage Seul le festival de Gauri qui se c l bre pendant trois jours avec u
456. ratique que l on est all chercher dans de vieux contes mythologiques difiants et dont les femmes viennent soudain de r aliser la pertinence On ne sait qui leur a le premier r v l ce r cit fondateur mais ce sont vraisemblablement des pr di cateurs qui le leur ont appris et mis dans la t te C est une sorte de voeu qui se r pand tout d un coup avec une rapidit extraordinai re et qui fait le bonheur des commer ants 161 Les p lerinages La tradition d aller en p lerinage Pandharpur et Jejuri est certes s culaire La migration vers la ville ne l a pas cr e ni inaugur e Mais en permettant de disposer d un peu d argent de poche la ville lui donne un nouvel lan Des entreprises de trans port profitent de cette aubaine Leur publicit a un impact mar qu sur toutes les femmes coolies Aller en p lerinage a pris une importance accrue comme pratique de la foi populaire Gajra OMBASE fait chaque ann e Tuljapur Pandharpur et Alandi Elle n est pas la seule s en faire une obligation Parmi d aut res on peut citer au hasard Sindhu SHELAR Goja PAWAR GHODKE Thaku NANGARE Jana THORVE Ranjana NANGARE Dagada LONDE Dagada ABNABE HARANAVLE TANPURE Shaku PAWAR INGULKAR K RLE Hira GIRE Paru SUDARIK Anusuya BARDE Sakhu BAMGUDE etc On formule comme une demande la suggestion suivante Les syn dicats recueillent depuis des ann es les cotisations de leurs mem bres Cet argent est d pos en banqu
457. ravail pour elles au march et qu elles feraient mieux de rester chez elles Elles recourent souvent ce propos aux coolies pr sidentes qui parfois r solvent 120 leurs difficult s du moment ou parfois font la sourde oreille A quoi peut bien nous servir le syndicat demande Indu bai Sona bai est sans cesse accroch ee aux basques de la pr sidente Pour quatre ou cinq roup es il faut bien supporter ses insultes Paru INGULKAR me dit Mon gar on la maison me donne bien des soucis C est un casse t te Ici au march on m a fait pr si dente On m a donn une place d honneur dans le syndicat a me fait du bien de me dire que malgr tous les ennuis que j ai la maison au moins au march j ai une place d importance Ces diverses r actions nous font comprendre les deux r les prin cipaux que remplissent les organisations de coolies consid r es Toutes sans exception per oivent clairement et principalement le syndicat comme le lieu oblig et indiqu pour le r glement l ami able des diff rends personnels qui surviennent dans le p rim tre des rapports de travail ou en rapport avec eux Il est deuxi mement l instance qui se charge d assurer que les op rations de travial au march se r lisent au mieux sans tension ni d sordre qu il s agis se d organisation concr te des t ches de changement d entrep t sou hait ou requis de la part des ouvri res des rapports en re les em pl
458. rce d aller rendre visite aux femmes un homme coolie leur disait r cemment Offrez donc un th la soeur Elle vient si sou vent ici pour nous On va d abord transporter ce cageot et ce sac dirent elles puis on revient Je vais moi m me aller les d poser mais il faut que vous offriez un th d abord Il avait en r ali t un peu honte de prendre un th avec moi en compagnie des femmes Mais compte tenu du fait que j accordais la priorit aux seules ques tions des femmes sa r action avait son importance et sa significa tion Il convient de ce point de vue de souligner la significa tion particuli re qui s attache l image de Baba ADHAV dans tous les esprits Ce point est d autant plus significatif que tous finis sent par savoir que je suis associ e avec lui F t ce de fa on con fuse au plan des aspirations et de l imaginaire social le fait que l autorit morale d un homme int gre comme Baba ADHAV soit univer sellement reconnue est relever La valeur de cette image tient plusieurs raisons ce militant socio culturel n appartient aucun parti politique au pouvoir surtout pas au parti du Congr s au pou voir depuis toujours au Maharashtra IL n a aucune fonction ni place 125 dans la structure politique de l Etat et tient s en dissocier et se distancer de toute all geance politique Il est tr s connu pour ses attaques virulentes contre la domination socio culturelle des hautes castes brahman
459. rce de soulever des charges le mal de dos la fatigue voire les accidents sont des maux in vitables Phula PAWAR a obtenu une sorte d ornement autour du cou Le transport des charges sur la t te lui a beaucoup affaibli la nuque Elle souffre de spondylose Pas d autres solution qu un collier soutenant la nuque Lila KARALE va aussi bient t por ter ce m me ornement Mais pour ces deux femmes qui on pose ra ce collier combien sont elles souffrir en silence et sans appareil ni rem de leur peine Elles ne pourront aller con sulter au docteur encore moins suivre ses conseils par man que d argent s offrir les soins requis Lila KARALE n a pas seulement une spondylose Elle vient de subir une attaque car diaque Les docteurs lui ont conseill de travailler lentement et tr s mod r ment en vitant au maximum toute fatigue Mais cela veut dire quoi Comment travailler sans peiner s il faut gagner la vie de sa famille La solution des maux dont souf frent les femmes coolies n est point leur port e Douleurs dans les jambes les pieds et aux talons les genoux et les jarrets sont des maux qui ne peuvent manquer de les at teindre quotidiennement Porte faix il leur faut porter et marcher debout toute la journ e monter et descendre soulever et charger Tout le poids tombe sur les pieds et les jambes Celles ci fourmillent et tremblent R bu bai a perdu inutile ment 250 rcup es pour se d barrasser de ces douleurs Un do
460. re elle veille ce que tous en particulier les enfants mangent leur faim en temps voulu Des voisines Des apports fraternels et amicaux s tablissent entre voi sines au village Ces liens s2 rompent avec le d part des migrantes Quand celles ci maintiennent des relations avec leur village il arrive qu ils subsistent distendus propor tion de l loignement dans le temps et l espace des proches voisines d hier Mais de tels liens restent un trait aussi caract ristique des migrantes dans leur nouvelle demeure qu il l tait hier au village en croire leurs chants de paysan nes la meule d antan Voisine Shalu quel bienfait que ton voisinage J en ai oubli la maison de ma m re ces douze ann es Je me suis li e d amiti avec une soeur de l all e d en haut Je te le dis femme elle a mis son corsage safran fonc Notre fraternit toi et moi ne se rompt pas Le noeud fait un fil de soi ne se d noue pas De m mes flots de fraternit se construisent en zone p ri urbaine Konda bai Saru bai et Lakshmi bai habitent dans la m me ruelle d un bas quartier les unes c t des autres Coolies ensemble l ancien march elles se retrouvent ensemble au market yard Une deuxi me g n ration est n e depuis leur ar riv e et peuple leur ruelle Elles ne se sont pourtant point fait de nouvelles amies au march elles se sont tellement prises les unes des autres qu elles sont toujours ensemble
461. re les larmes vous viendraient aux yeux com me au r cit du vanav s de Sit La mis re se retirera une fois ou l autre comme on sait que quand le soleil nous br le l ombre viendra ensuite C est ainsi Il ne nous reste qu de trimer Les jours tournent Le premier jour o je suis all e au march j ai gliss et je suis tomb e avec mon panier sur la t te et le b b dedans Je me suis arr t 10 minutes sur le bord de la route Puis j ai repris mon panier sur la t te A quoi bon rester assise A quoi a avance Il faut trimer Sa d cision de se faire 230 st riliser n est qu un trait parmi d autres nombreux qui manifes tent une volont d tre ma tre de sa vie et de la g rer par ses propres forces Son mari est aujourd hui paralys Il ne peut plus se mouvoir Je lui fais tout On ne voit pas une tache de th sur son dhotar Chaque jour je lui donne son bain Je lave les v tements souill s Quand le destin le demande il faut faire face Au temps o elle est arriv e de son village elle n avait qu une galette de millet envelopp e dans un mouchoir et deux petites gamelles Au jourd hui par son labeur elle s est acquise une demeure o rien ne manque une maison une batterie de cuisine une paillasse une TV armoire et lit m talliques Elle retira l argent d pos dans le projet immobilier du syndicat pour cotenir un emplacement Appar J ai t sotte de me laisser emballer par le projet du synd
462. re bien pr caire L a fn ma ri a trois enfants GHODKE bai d robe des l gumes au march et les vend dans son bidonville Tout le monde doit s entaseer dans un tau dis minuscule Mais belle m re et bru s entendent fort bien Elles trouvent le temps pour les p lerinages d Alandi et de Pandharpur mais moins pour aller au village o par contre son mari et son gar on se rendent plus ais ment Paru PATANE est aussi une ancienne d esprit tr s traditionnel C est m me une bhaktin reconnue qui dit le futur avec succ s et grm de autorit Si son a n ne s entend pas avec son p re et fait m nage part pour cette raison la belle m re par contre et sa bru s entendent parfaitement Paru bai ne cherche pas faire sentir son pouvoir sa bru comme la tradition et la d vi qui la poss de le sug g rent d autres en transe Au contraire belle m re et bru d sirent habiter ensemble et non s par ment C est le fils a n en d s accord avec son p re qui les oblige vivre part l une de l autre Yamuna JADHAV a mari un fils sa ni ce Cette bru a quatre filles elle ne lui en fait aucun grief ne le lui reproche pas ni ne la chagrine en rien Certes L une et l autre auraient t heureuses d un ou deux gar ons Mais ce regret n assombrit en rien leurs rap ports et leur affection mutuelle La belle m re trouve son plaisir dans ses petites filles et m me envoie sa bru en classe apr s l a voir fait st riliser
463. re discrimi natoire de rapports sociaux et d occupation de l espace qui affecte les relations entre des cat gories sociales d termin es les purs et les impurs intouchables d une part et les hommes et les femmes im pures par le sang des r gles d autre part et entre des espaces qua litativement diff renci s L int rieur li la pr paration des a liments et leur consommation et l ext rieur per u comme porteur d influences mal fiques L ancienne habitude des ablutions au loin dans la campagne avant le lever du jour et de la toilette l ext rieur de la maison ciel ouvert qui faisait partie du m me sys t me du pur et de l impur n a pas r sist l emprise d finitive du nouveau syst me de valeur attach l habitat urbain dont le mo d le comprend les latrines et la salle de bain l int rieur de l ha bitation Plus que cela m me quand les latrines et la salle de bain sont am nag es l int rieur l ancienne habitude des ablutions ciel ouvert se reconna t au fait que souvent aucun de ces nouveaux lieux int rieurs n est ferm par une porte ou compl tement isol du reste de l espace de fa on close pour ainsi dire Les m nag res mo dernes ne sont point g n es ni pr occup es par ce d tail On mesure ra l importance de ces changements de perception et de pratique qu im plique cette transformation architecturale en coutant le t moignage de ONDKAR bai Quand elle se rend Bibv vadi
464. re un objet moderne un d sir traditionnel celui qu a toute femme de maison de faire de sa demeure l atout et l attribut de son identit per sonnelle et de son personnage social Cette identit et ce per sonnage ne font que red finir la mati re du d sir non sa forme 66 ni m me sa vis e D autrefois au contraire le pass se voit refus et oubli au nom d imp ratifs nouveaux de jeunes femmes maltrait es quittent une belle famille au nom d une dignit bafou e et se r voltent contre des structures oppressives La conscience d int r ts et de droits de besoins et d aspriations motive des conduites auto nomes L individu s affirme et se d couvre comme sujet Au milieu du d sordre foncier et immobilier les migrantes d couvrent le recours de lois et de r glements de projets administratifs et de la pression collective Quand les ordres protecteurs anciens se d litent et que la chute dans la d ch ance humaine menace gravement des r serves d ing niosit et des strat gies de survie ne peuvent que puiser dans des ressources d nergie inn e Celles ci ne s originent plus dans aucune tradition ni r glementation mais dans le bon sens et des atouts personnels La porte s ouvre l in dit des veuves sans soutien nou ent des liens de voisinage qui brisent les murs de caste des hindous et des musulmans de bas quartiers fraternisent spontan ment la pro miscuit fait transgresser des tabous de puret ritvelle on
465. res pect Quand je parle ouvertement une grande r union du syndicat le dal l est m content Et les membres du syndicat o sont ils Ils sont d accord Aujourd hui encore je suis pr te intervenir Il y a une r union devant le temple Je vais dire toute la v rit Mais ne faut il pas que les assistants soient aussi pr ts pren dre la parole Je suis compl tement d go t e D sormais je ne vais plus aux r unions Ambu KOKARE et Shaku SARGARE sont des jeunes femmes Dhangar Nous on va quelquefois aux r unions quand il y a de grandes r unions devant le temple a nous ouvre l esprit d couter ce qui se dit Mais on va bien rarement de telles grandes r unions Chabu SHINDE est plus enthousiaste et d cid e Je me rends tou tes les r unions du syndicat Je vais aussi aux meetings qui se a pe dans la Maison du Coolie Ne faut il pas qu on soit in orm e Yamuna PAWAR est membre de Chatrapati Shivaji Elle disait BHEGANE bai Pourquoi fais tu partie de Bhumata Ne reste pas dans un si petit syndicat Il faut faire partie du grand syndicat Qu est ce qu on y gagne faire partie d un grand syndicat de mande l autre Qu est ce qu on y gagne c est difficile dire Mais je me dis qu il faut faire partie d un syndicat important Les ouvri res g es se plaignent d tre mal vues de tout le monde Dal l et coolies la fois r p tent Saru VARAL et Indu PANSARE qu il n y a pas de t
466. restations l assurance d une vie d cente et prot g e m me si ce n tait pas toujours au m me titre ni dans les m mes proportions que les autres membres masculins de l unit familiale de production L absence d autorit reconnue ne pouvait emp cher certaines prises de parole d faut de droit au mot de la fin La particularisation et l isolement du travail r mun r devenu en zone p ri urbaine simple instrument d un salaire de survie donne 96 celui ci un statut de pur objet d change libre sans autre quali fication ni pr gnance relationnelle Il enl ve du coup la femme coolie toutes sortes de protection et d avantages statutaires accor d s par les r seaux de rapports dont le travail de la paysanne tait une maille La femme coolie perd en cons quence toute chance et tout atout d aucun droit intervenir ou prendre la parole au plan des processus de production de partage et d change des produits agri coles qu elle ne fait que manipuler Elle n est plus que porte faix Son rapport aux produits n est plus que physique instrumental et m canique Rien ne lie plus la coolie aux biens qu elle n a qu trans porter d un endroit l autre Le seul lien qui reste et le seul a tout d un rapport social renouvel avec lequel elle puisse intervenir pour s affirmer en tant que sujet est celui de sa force de travail vendue sur le march du travail Mais jusqu quel point cette vente peut elle jouer le r le d
467. ri 1000 rs il suffit d uti liser le salaire de la femme pour la maison t de mettre de c t celui du mari IL est alors possible financi rement de marier sa fille L esprit pratique et calculateur d Ambu bai n a rien pu contre la forte conscience de caste qu elle maintient On a notre dieu Biroba au village IL faut aller son jatra Il n est pas question de se m ler avec les Mahar Nos gamins m mes n iront pas manger chez les Nahar Mang Kamal POTDAR avait une fille Victime d un accident apr s le 2 me enfant un gar on elle ne put se faire st riliser comme elle le voulait Elle essaya en vain de se faire avorter pendant sa 3 me grossesse A quoi bon tant d enfants dit elle Comment les lever Mais je n ai pu m en d barrasser Elle n attendit pas une seconde apr s le 3 me pour se faire st riliser CHAVAN bai a perdu ses terres sous le lac de Panshet Elle habite dans le bidonville de Janavadi o r sident beaucoup de gens de son village Parmi eux il y a une femme qu elle consid re com me sa grande soeur conseill re guru bhagini C est elle qui l a introduite au march Son mari est n gligent Il va quelquefois donner un coup d oeil aux champs obtenus en compensation l est de Pune donn s exploiter moiti Ils rapportent un peu de c r ales Elle avorta 7 fois Seuis 2 enfants surv curent Elle est de nouveau enceinte Elle a fermement d cid de se faire st ri liser l accouchement que c
468. rise ou le fut dans de mauvaises conditions c est avec un senti ment de culpabilit qu on y fait allusion On trouve des raisons pour s en expliquer pas assez d argent mais on construira de fa on con venable d s qu on en aura Et on l arrangera comme il se doit avec paillasse en dalles de Kadappa caireaux de c ramique tag res etc La construction tape par tape correspond le plus souvent aux possibilit s de paiement Les femmes dont les maris ne boivent pas ou qui ont un peu de terre au village sont de celles qui peuvent le plus ais ment r ver d investir dans la construction de leur maison Une fa on d conomiser consiste se faire aider par des parents Les femmes qui ont pu profiter du plan d am lioration des tau dis pour se construire un meilleur abri dans le bidonville m me l ont souvent fait la fa on de Dvarka bai Mis part les frais de location ou d achat du terrain Dvarka bai conomisa sans rel che pendant pius ue neuf ans pour am liorer son habitat Ces trois der ni res run es elle a d pens environ 3 4000 roup es pour sa mai son Mais son taudis est toujours en t le et elle doit prendre sa lumi re chez le voisin Quant l environnement externe latrines collectives go ts etc qu y peut elle Les ouvri res qui habitent depuis longtemps dans les vieux quartiers de l ancienne ville n ont aucune chance de voir leur ha bitat s am liorer Leur pi ce fait g n ralement partie d un
469. rois r gions qui formaient cette partie de l Inde Maha rashtra Gujarat et Karnatak contr laient les changes sur les mar ch s selon leur nom de Regional Central Advisory Committee for Regu lated Markets Lorsque le Maharashtra fut cr en un Comit du m me nom fut cr pour l ensemble du nouvel tat Une loi adopt e en 1963 Maharashtra Agricultural Produce Marketing Regulation Act d finit le r le et l autorit des Comit s de march Le Maharashtra compte aujourd hui 250 Comit s de march qui contr lent eux m mes 450 autres march s secondaires Selon la loi qui les r git et d finit leurs statuts les Comit s de march ont deux r les essentiels l mettre fin aux pratiques commerciales inacceptables et 2 implanter des centres de march ou market yards Ces mesures avaient pour but de contr ler les r glements appli qu s sur le lieu du march tels que la r duction des frais de vente la fixation publique des prix des produits agricoles contre la cou tume traditionnelle pratiqu e par les interm diaires et les maqui gnons de fixer le prix d une marchandise en secret par un jeu de doigts sous un chiffon selon un code connu du maquignon et du mar chand mais dont le paysan producteur tait exclu la pes e des marchandises par des contr leurs de pes e authoris s officiellement par le Comit la remise au fournisseur du produit agricole d un document crit indiquant le prix de sa march
470. rouva sans soutien Elle mit ses deux filles dans une institution chr tienne Elle a de bonnes re lations dans le taudis d Ambedkar nagar o elle habite avec les Mahar qui y r sident en majorit tant elle m me Marathe Une ou deux fois par mois les n o bouddhistes tiennent des r unions dans le bidon ville Elle va couter leurs leaders Les voisins sont de diff ren tes castes de diverses origines g ographiques de diverses langues aussi Comme tout le monde elle m lange du hindi son marathi comme font les autres Mahar Laman et ceux qui parlent T lugu Kan nadi etc GIRE bai a de bons rapports avec tout le monde Ranjana NANGARE de Bhavani peth rejet e et sans soutien elle aussi a mis son gar on dans un orphelinat chr tien Jusqu l ge de cinq ans elle l y laissa mais le retira parce qu on lui demandait pour le gar der d accepter qu il devienne chr tien Conclusion Essayons de r pondre globalement aux questions que nous nous tions formul es au d part titre de guide d observation des com portements d valuation des pratiques de compr hension des tats de conscience et d interpr tation des t moignages et r cits de vie recueillis concernant l habitat Des_ trajectoires personnelles dans un monde ouvert L habitat tait au village cl ture voire quarantaine dans un espace de r sidence et de travail r serv propre sp cifiquement f minin s r prot g stable et permanent Physiquement e
471. rs propres nergies sont capables d accomplir 11 s agit d une dynamique de conqu te de digni t propre part enti re et de plein droit et non plus en tant que servante d une maisonn e trang re pour la gloire d un mari 179 V LE CORPS FEMININ CHAMPS STRATEGIQUE Questionnement Le corps explique la soci t Il est le champ largement ou vert et en prise sur elle o se jouent d avance les combats pour la conqu te des espaces de vie entreprise par les femmes En toute soci t patriarcale le corps de la femme est un enjeu symbolique et physique de grande importance Les tentatives des femmes pour s en r server le contr le et s en servir leurs fins y suscitent des r actions Celles ci tendent renforcer les diff rentes for mes de contraintes qui visent ramener les femmes leur place et leurs r les assign s Le corps de la femme atout central de la domination masculine et de sa mainmise sur la soci t en g n ral est l objet de strat gies qui conduisent les unes aux confine ments forc s l int rieur de territoires r serv s et prot g s les autres des intrusions ind sirables dans des espaces ind s voire l occupation de positions de pouvoir de la part des fem mes Ce chap tre pr sente diverses contraintes que l thos patri arcal impose aux femmes coolies pour montrer comment le corps f minin est le point strag gique o se nouent les diverses formes de l enfermement spa
472. rtificat avec photo d identit tabli par la municipalit Ce sont surtout des habitants de la Colonie Janata qui ont profit de ce programme ce jour Le nouvel arrivant doit payer un modique lo yer mensuel qui lui donne acc s un titre de propri t au bout d un certain nombre d ann es Les habitants des bidonvilles dont les conditions de vie ont t am lior es ne refusent pas en principe de se d placer Bibv vadi S ils ne s y rendent pas c est parce que disent ils ici nous avons les facilit s voulues Tous les n tres r sident aux alen tours ensemble On ne se sent pas mal ici Le projet de Bibv vadi ne les fait pas r ver un ailleurs vers lequel ils courraient C est aussi un fait que le projet offre des maisons en briques et en pier res mais n assure pas la s curit des lieux Bibv vadi est moins s r que les bidonvilles bagarres vols bandes de jeunes semant la ter reur y sont des ph nom nes plus fr quents qu ailleurs En plus de ces efforts l organisation syndicale des coolies du march a labor un projet de construction de logements ouvriers pour les employ s du march sur un terrain disponible c t du market yard Les coolies qui d sirent y avoir un logement doivent cotiser en versant dix mille roupees Le complexe immobilier envisag inclura 244 5 coles et h pitaux Aujourd hui les coolies sont disper s s nous dit Dvarka bai A Dhankavdi K l vadi Dand kar pul
473. ru la maison depuis un an Son gar on en faisait ses aises IL tomba amoureux d une fille gujarati qu il enleva et amena chez lui mais que son p re vint reprendre et ra mener au Gujarat pour l y marier aussit t Hira bai de son c t maria sur le champ son fils une fille qui n avait plus de m re en cachant totalement sa famille les frasques de son fiis Apr s le mariage commenc rent ses r criminations contre sa bru Elle ne sait pas faire la cuisine Elle n arrive pas pr parer les condiments p pad comme sa fille les fait si bien Au bout d un an elle n en sait pas plus et n apprend rien pr tend elle Or voi l que maintenant la bru est enceinte et que de fa on inattendue elle souffre d une perte de sang On la conduisit aussit t Sas soon D habitude le premier accouchement a toujours lieu chez sa propre m re Hira bai est inqui te c est sur elle que retombe la responsabilit de prendre soin de sa bru qui accouche plus t t que pr vu C est au tour de la m re d Hira bai de d blat rer contre 198 la bru qui ne sait pas bien cuisiner qui n est pas d gourdie Nous avions notre perle voici que le chiffon est arriv dit elle ci tant un dicton Il faut pourtant bien s occuper de la bru Malgr tout m re et fille portent sur elle et sa famille des jugements r probateurs Pendant sa grossesse la bru ne mangeait elle pas sans arr t Elles craignent que l enfant naisse trop faible pour
474. rviewer le personnel Elle d clara qu elle touchait soi xante roup es Le docteur lui avait enjoint de confirmer qu elle touchait cent soixante dix roup es Comme elle n a vait pas ob i elle dut quitter son travail Elle rejoignit son mari qui transportait sur la t te des ballots de cannes sucre pour le compte d une boutique de jus de canne Les plus longues cannes taient longues comme deux fois ma tail le Mais quand il faut se mettre quelque chose dans le ven tre pas question de mollir Elle s enorgueillit de sou lever au march des sacs de mangues vertes pesant 125 150 kgs toute seule ma compagne pourtant plus adulte que moi n y arrivait pas Mais moi j y arrivais Un sac de 50 ou 60 kgs qu est ce que c est N en parles pas Maya KALE fait partie de la quinzaine de familles Dhangar qui habite l ancien immeuble Kapr vada Elles sont venues d Atpadi il y a longtemps C est maintenant la deuxi me g n ration Maya bai a fait cinq ans d cole Avant de tra 76 vailler comme coolie elle poussait elle m me une charrette bras charg e de l gumes Il faut travailler Si je me sentais inf rieur faire ce travail l1 Que voulez vous dire demande t elle tonn e par la question Son mari allait v lo de son c t vendre des l gumes Il put devenir chauffeur de bus en vil le mais il perdit son travail parce qu il buvait Il se fit en suite chauffeur de rickshaw pour le compte du propri ta
475. s chaque commer ant de tenir une liste des employ s de son entre prise et de l afficher dans son magasin Quand la loi fut vot e les commissionnaires et agents interm diaires du march invit rent leurs avocats les accompagner chez le ministre des approvisionnements alors Yeshvantrao Chavan Ils lui firent admettre que les coolies du march ne pouvaient aucunement tre consid r s comme leurs em ploy s ni eux m mes des patrons les employant Le ministre se rallia au point de vue des maquignong adt et dal l Cela laissa les coo lies dans un tat d absence totale de protection l gale Il ne fal lut pas moins qu un mouvement de revendication soutenu de leur part pour obtenir la loi de 1969 Maharashtra Mathadi Hamal and other Manual Workers Regulation of Employment and Welfare Act qui com men a de leur reconnaitre des droits Les agents commissionnaires s efforcent depuis lors par tous les moyens de faire obstacle la mise en oeuvre de la loi Celle ci n est point encore applicable sur tous les march s de Pun ni propos de toutes les denr es Elle ne couvre point en particulier les coolies hommes ou femmes du march aux fruits et l gumes du market yard de Gult kadi La principale organisation syndicale des coolies du market yard Chatrapati Shivaji Market Yard Union est sous le contr le du parti u Congr s et des int r ts qu il respecte ou couvre directement ou indirectement en particulier ceux des
476. s pices des piments des noix de coco etc que l on m lange au pain de millet ou au riz pour les absorber K lvan s oppose korde pr paration de l gumes sans liquide ni sauce ou de l gumineuses non assaisonn es varan Sindhu BHOINE nous invite l int rieur de sa maison visiter une cuisine dont l quipement ne laisse rien dfsirer avec gaz et cocotte minute Mais on n a pas chang notre m thode de pr paration du k lvan ni de cuire le pain de galettes des millet C est la m thode tradi tionnelle dans notre caste On y tient Hira KHENGARE me disait que des foyers sans fum e ont t install s au village Un fois l bas il faut cuire sur le fourneau de terre Ne faut il pas tout faire selon la tradition qui nous a t transmise Phula PAWAR confirme Bien s r une fois au village je cuisine sur le fourneau de terre Saru AINPURE Tai MANKAR et Kamala MALEKAR en nous servant manger s inqui taient de savoir si j appr ciais la nourriture des Marathes Nous on fait le k lvan en crasant les condiments sur la pierre on ne mange jamais rassis M me quand n rentre fatigu e du march on se met faire la cuisine Ces t moignages sont pris au hasard parmi d autres titre d exemples 156 Presque toutes les femmes r agissent exactement dans les m mes ter mes Dans l expression marathi dharma le mot dharma renvoie aux cou tumes valeurs comportements et devoirs impos s par la traditi
477. s Total sance N 11 5 6 6 166 j4 7 3 3 5 3 5 100 On retiendra de ce tableau un troisi me trait caract risti que de ce que nous appellerons les rapports d embauche com me soolie c est dire les relations que l entr e au tra vail r v le et met en oeuvre la fois c est l importance significative que prennent les rapports de voisinage Une fois arriv es en ville et install es tant bien que mal les migrantes n h sitent pas s entraider Cette entraide de voisinage peut m me ventuellement au plan du besoin d un travail r mun r faire fi des barri res de caste D une fa on g n rale c est cependant la grande raret d exemple de rapports avec des voisines d autres castes qui est sou 104 ligner comme un quatri me trait distinctif de l acc s un em ploi Les rapports d embauche se situent toujours sauf rares exceptions l int rieur du syst me global de communication et de rapports sociaux qu est la caste On a d j dit que le voisinage est essentiellement de caste comme videmment la parent et les alliances et donc les rencontres et les con naissances qui vaillent Seules quatre femmes furent introdui tes au march par des voisines d une autre caste En plus de DIGHE bai il s agit de Ahilya HARANAVLE 49 et Malan PATIL 92 toutes deux Dhangar amen es par Rakhma TANPURE 50 une Marathe et de Mohit SUTAR 137 une musulmane amen e par une voisine Marathe Deux autres femmes furen
478. s de la famille du village et de la soci t environnante de relations humaines qui permettent d affronter les d fis de la d tresse Certaines de ces nouvelles relations chappent aux syst mes des normes englobantes qui g rent les valeurs et les rapports dans la soci t en son ensemble C est pr cis ment parce que ces normes se sont av r es ineffectives et souvent nocives pour assurer le bien tre que les femmes qu elles ont eclues et flou es mettent profit le rel chement relatif de leur espace de travail au march La porte est du coup ouverte l initiative individuelle d p t d argent l change groupes d amies au d sir relations d amiti privil gi e et rapports amoureux et rotiques extra mari taux l affirmation de soi leadership dans le syndicat une r appropriation de son propre corps st rilisation volontaire Deux br ches b antes commencent de s ouvrir dans les syst mes de communication traditionnels par la lib ration de la parole et la lib ralisation des rapports entre les sexes de la part d un nombre important de femmes 2s Ces br ches ouvertes sous la pouss e de dialectiques de survie ouvrent des perc es dangereuses dans les murs du village Leur b ance tol r e ouvertement ou de fa on occulte dans l orbite du mar ch exerce une pression ind niable sur les syst mes de valeur et de conduite tablis L anomie menace To 237 La r sistance des
479. s Mahar intouchables n o bouddhistes Les plus g es des femmes coolies des Marathes en g n ral prouvent un haut le coeur encore plus d sagr able quand ces fem mes Mahar n obuddhistes ne se contentent pas de rester balayeu ses mais deviennent porte faix elles aussi et montent leur ni veau travailler sur l entrep t Jija bai me disait ce sujet Regardez Quel mot injurieux elle a employ mon gard Autre fois les dal l n embauchaient jamais la moindre d entre elles De nos jours c est elles qui remplissent le march Ces salopes r md sont pr tes remplir des paniers de merde si on le leur demande Pour cent roup es vous les voyez qui accourent Des t moignages contraires ne manquent pas mais ils sont rares et sont loin de contrebalancer les pr c dents Jana bai a beau observer toutes les vieilles coutumes m ticuleusement elle n h site pourtant pas apporter son aide non seulement Kamal une Mahar du march mais aussi une voisine Mahar qui habite pr s de chez elle et chez qui elle va m me boire de l eau ou lui pren dre son b b sur ses genoux pour le bercer Une grand m re KUMBHAR bai fit embaucher Nila bai une orpheline Mahar mue de piti la vue des difficult s qui l accablaient sans r pit De tels exemples sont l exception Un jour je faisais part Kamala MALEKAR sans raison particuli re de ma visite Appar Bibvevadi en faisant remarquer que de nombreux taudis
480. s d adoption Cela lui vaut une mauvaise r putation Son gar on qui se drogue lui jette en face que s il a mal tourn c est parce qu elle est une cou reuse Sa m re lui r torque en le couvrant d injures Emport par la drogue son gar on l enfonce dans la mis re sans r mission Mais le redressement comnencerait sans doute par elle et non par ceux dont elle cherche la pr sence et l aide Le vice de son gar on l a endet t de 4000 rs Elle entretient une liaison avec un homme qui demeure avec elle dans la mansarde o elle habite Au march elle met le kumku noir des veuves et la maison le point rouge des pouses Thaku HAZARE et Hira GIRE furent mari es une fois selon le choix de leurs parents mais elles abandonn rent ce premier mari pour en prendre un deuxi me leur go t Une fois veuves elles se trouvent naturellement abandonn es des deux c t s Leur comportement brise tant les normes sociales que la soci t ne peut que les punir La forme la plus commune de punition consiste pour leurs parents rom pre les relations avec elles Ceux ci craignent m me que le ch ti ment qui tombe sur leurs filles en tombe tout autant sur eux ils craignent le boycottage par les villageois et les notables influents au cas o ils maintiendraient des rapports avec des femmes coupables d enfreindre les r gles reconnues fussent elles leurs propres fil les L exemple de Nila KAMBLE montre jusqu o peut aller l ordalie d une fe
481. s habite part dans cette maison m me La deuxi me s est enfuie avec un amant mais ses enfants restent l charge de Paru bai Quant la troisi me l afn e des brus l a chass e de la maison force de lui chercher querelle Paru bai a t op r e des yeux et sa vue reste bien faible De quoi vivre elle et son mari Elle a d louer une pi ce des locataires qui elle offre aussi la pension Mais ce locataire est parti parce que l afn e des brus ne cessait de lui cr er des ennuis Une fille de Paru bai a t r pudi e par son mari Ce sont autant de questions cruciales auxquelles elle doit feire face Sindhu BHOINE a mari son fils unique en 1990 Diwadi Quat re mois plus tard il quittait la maison pour aller vivre chez ses beaux parents Son fils a port plainte contre elle et une convo cation vient de lui tre remise pour compara tre devant un juge d instruction Mon gar on tait en mon pouvoir jusqu maintenant dit elle Si j tais en retard il lavait mes saris Il voulait un rickshaw je lui en ai achet un en empruntant de l argent 10 d int r t par mois Qu est ce que je n ai pas fait pour lui S il se conduit ainsi malgr cela c est parce que sa belle m re lui a jet un mauvais sort En r alit tout le monde raconte au march qu apr s le mariage de son fil Sindhu bai dormait couch e entre son gar on et sa bru car elle ne pouvait supporter que son fils lui chappe Ell
482. s ici comme un objet de repr sentation et non une forme Cet objet n est plus du coup ni englobant ni univoque ni homog ne ni singulier ni infini Le langage de l espace se r f re toujours ici des cadres d action et de comportements humains particuli ers command s par des valeurs des motivations des aspirations ou des repr sentations particuli res Tout espace est ici un fait an thropologiques qualitativement fonctionellement s mantiquement et affectivement ni divisible ni comparable artificiellement un autre ni mesurable par r f rence une unit dont il serait un mul tiple ou un sous multiple Quoi qu il en soit de ce qu il d signe le march aux fruits l entrep t des l gumes la cuisine de la m nag re la maison familiale le bidonville dans son ensemble la zone p riph rique etc L espace est entendu ici comme un fait so cial et anthropologique global objet d analyse de contenu et non de mensuration physique ou architecturale Il est unit complexe d ac tion de sens de repr sentations et d application de forces un champ de forces qui d finit son p rim tre comme tant identiquement celui du d ploiement de ses nergies et de leurs rapports mutuels Chaque unit spatiale doit donc se concevoir moins par un effet de d notation que de connotations op rant sur le mode de l opposition et du brouillage des bin mes Le premier bin me spatial postul comme vident ici est un bel exem
483. s sacs Mais une fois qu ils ont t dispos s sur l entrep t ce n est plus eux de les lever et de les transporter vers les v hicules des clients Seules les femmes s en chargent C est elles qu il incombe de les sou lever et de les transporter pour la pes e sur les bascules Le tra vail de manutention est pay 2 rs les 100 kg Les hommes ne mettent pas non plus la main au balayage ni au nettoyage de l entren t Les balayeuses sont par contre r guli rement pay es par le Comit du march dont elles sont les employ es prot g es par les lois du travail Les contr leurs de la pes e tol ri m p di ne sont pas consi d r s comme faisant partie des coolies Ils arrivent tous t t le matin Ils rel vent par colonnes en triple exemplaire les op ra tions suivantes au moment o les denr es des fournisseurs sont pe s es leur poids et leur nature le prix dont fournisseurs et da ll conviennent la commission prise par le dal l leur propre r mun ration tol i et celle des coolies ham l Un exemplaire reste l entrep t un autre est remis au fournisseur et le troisi me est donn au Comit de march Ces contr leurs sont en g n ral des jeunes gens instruits qui re oivent leur paie du Comit de march La r mun ration des coolies varie l g rement selon qu il s a git de fruits d oignons de pommes de terre ou de l gumes Aux oignons et pommes de terre les femmes re oivent 60 paise pour 100 kg et
484. s sp cialistes personnes de la caste des omdhal et devd si Les raisons sont celles d j mentionn es Tara DHANVE s explique Je l ai fait faire parce qu la maison c est toujours l chec et des difficult s a n arr te pas Le fait est que le mari de Tara bai a une deuxi me femme Comment la c r monie y pourrait elle quelque chose Une troisi me pratique est celle du recours la transe par les femmes elles m mes qui se laissent poss der psr telle ou tel le d vi ou une divinit quelquonque Gajra OMBASE est poss d e par Mothi Ba depuis neuf ans Il y a quatre ans de retour de Tuljapur j offrais un repas des femmes brahmanes mari es aux maris vivants pratique rituelle m ritoire Tout d un coup la d vi vint en moi Voil douze ans que Gajra bai habite Pune et souffre la torture dans sa belle famille Saru AINPURE est d ge moyen la d esse la poss de Hira CORGE est dans sa vingtaine Moth i Ba la poss de La fille de Jana MORE est poss d e par Kalu bai La fille est jolie instruite jusqu en 12 me et employ e Sassoon Elle se doit d observer toutes les volont s de Kaly bai Chaque ann e elle fait le p lerinage de la d vide Mandar Elle n est pas mari e Mais les deux belles soeurs de sa m re sont veuves depuis leur enfance les deux soeurs de son mari et sont totalement employ es au service de Jana bai et de son mari L une d elles est aussi poss d e par la d vi Kalu bai poss de
485. s styles de langue que le parler urbain ignore Par exemple le langage paysan vitera souvent l agression verbale directe et franche et pr f rera la moquerie d guis e et la critique voil e selon le dicton Elle r primande sa fille mais vise sa bru Parmi ces mots et ces expressions en voici quelques uns ty piques de la richesse et de la verdeur d une langue campagnarde J ai fait une fausse couche duh t dit Jana NIVANGUNE C est comme a qu on dit dans notre langue de Mawal ajoute t elle apr s m a voir expliqu le sens du mot R vu BHEGADE a migr toute jeune seu le Elle en parle en utilisant l expression utilis e par beaucoup de femmes Un mari un monde sinon les quatre points cardinaux sont ouverts voulant dire que le mari est la garant d un statut et d une place d termin e dans le monde par lui seul existe un espace o on est situ sinon sans mari une femme n a plus ni feu nui lieu el le est jet e aux quatre vents o elle n appartient personne ni ne r side en aucun lieu propre Quand R vu bai est al e inviter son mari qu elle avait quitt pour assister au mariage de sa fille celui ci bombait le torse et faisait le beau pour en imposer Les latrines sont celles du propri taire ou du mari m me mot en marathi et le d cor celui du Bhangi caste la plus indigne des vidangeurs et la veurs de latrines explique t elle Les boeufs et le char sont des gens mais les ornements mon p
486. s vou es d boucher aussi vite que possible sur des changes libres et spontan s C est ainsi que je voulais assurer la possibilit et la pertinence d informations qualitatives de premi re main Les femmes ouvri res m accueilleraient tout au plus volontiers sur le march comme une cliente et je pourrais ce titre moi femme urbanis e de classe moyenne tablir un rap port amical avec elles Mais cette relation exclurait la possibi lit de l change ouvert prolong et en profondeur que je cher chais Par ailleurs une rencontre au march ne pouvait viter de se d rouler sous le regard inquisiteur voire maussade du dal l Le temps pris par la discussion perturberait le travail Je d cidais donc d aller les rencontrer chez elles leur domicile dans les bidonvilles o elles r sidaient en dehors de leur temps de tra vail au march Cela seul pouvait me permettre d entrer avec elles dans une relation personnelle ouverte et approfondie Plusieurs difficult s rendaient cependant cette d marche pro bl matique Une telle rencontre demandait que je sois introduite ou du moins accompagn e par une compagne qui ait leur confiance et puisse agir titre de coop ratrice Il me fallait le concours d interlocutrices jouant un r le d interm diaires entre moi et les femmes coolies assez proches d elles un titre ou un autre pour tre cout es et entendues mais aussi intervenant avec moi et comme moi en connaissance
487. salle de bain et paillasse avec grande dalle de pierre pour faire la cuisine debout Une petite terrasse sur le toit On y dort en t Elle tient faire visiter sa maison Une fois arriv Pune on a montr qu on tait capable d tre la hauteur BHOINE bai proclame avec conviction Tout ce qu il y a dans les bungalows pourquoi ne pas l avoir aussi Elle s est tout fait installer une paillasse avec une dalle de pierre de Kadappa et des carreaux de c ramique sur le mur c t des latrines et une salle d eau pour le bain l in t rieur Au village auparavant son mari la meltraitait Ici Pune j ai montr combien je suis capable de r ussir PAWAR bai s est construit une maison dans les m mes circon stances Elle entretient un homme qu elle garde chez elle et qui la soutient Son mari l a quitt et vit avec une autre femme Il revient au march pour la rosser Malgr cela avec l aide de son compagnon elle s est b ti une maison neuve P Ae C est sa fiert Kala LOKHARE s est aussi construit une mai son tage Bibv vadi sur l emplacement qui lui fut at tribu Elle est d autant plus fi re de son succ s qu elle est veuve et sans soutien Sa maison lui donne un sentiment de s curit Sans doute elle entretient des rapports avec d autres hommes qui l aident Cela fait jaser ses coll gues et ses voisines son sujet on dit qu elle s est donn e eux pour trouver l argent n cessaire la con
488. sans enfant Hausa BATGE avait deux gar ons Elle avait h rit d un lopin de terre de ses parents mais son mari le vendit et dilapida l ar gent son aise Elle se trouva de plus veuve aussit t apr s Ses deux gar ons moururent par la suite Elle est coolie depuis de quarante ans Elle n a jamais pu compter sur le soutien de personne dans sa vie Le dal l l occasion lui donne deux ou cinq roup es si elle les Tui demande Elle habita en divers endroits Jondhale chowk Nanapeth Mitha Ganj Elle est ab solument toute seule maintenant Elle prend son bain l eau froide tous les jours de l ann e Elle qu te l un ou l au tre quelque argent l occasion Le dal l est intervenu pour qu elle ait droit l allocation accord e par le Gouvernement aux vieillards seuls et sans aucun soutien L argent lui ar rive l adresse d un dal l au march comme si elle n avait m me plus de nom elle Elle demeure d sormais au market yard On dit qu elle a 78 ou 79 ans Des ann es de labeur l ont rata tin e et sillonn e de rides Le dal l lui offre un sari par an Elle attend la mort Pour beaucoup d autres femmes le poids des contraintes et des al as de l existence pass e et pr sente n a pas permis et ne permet pas d attendre le secours d enfants de mari de parents ou d amis Le march reste un faible espoir d un petit gagne pain f t il bien mince Plusieurs raisons expliquent que le soutien attendu des gar ons
489. se connurent et s appr ci rent Le p re donna sa fille Sutarvadi l ouest de Pune Les parents de Hir DALVI taient venus Pune du district de Raygad dans la montagne des Sahyadri Sa m re travaillait Navi peth dans une laiterie o un homme d Ambavne Mulshi tait aussi employ C est lui qui ar rangea le mariage d Hira bai avec un gar on de son village Jana NIVANGUNE est une femme d une audace que rien n arr te Elle migra la premi re d elle m me avant que son mari ne vienne la rejoin dre Elle va seule Pandharpur Alandi etc Rien d tonnant qu elle ait d elle m me contract alliance parmi des connaissances de Pune SHINALKAR bai a beau tre originaire du canton d Ambegao elle a largi ses r seaux d alliance dans les cantons de Shirur et Hav li KARLE bai BHEGADE bai et BHAREKAR bai ont toutes les trois aussi accept de grand coeur d tablir des rapports d affinit parmi des connaissances de Pune C est une situation de grande pauvret qui a pouss d autres femmes tablir des liens matrimoniaux loin de chez elles LOKHARE BAI VINT Pune une fois veuve Les gens jasent beaucoup sur ses moeurs rel ch es C est ce qui la rendit libre du coup de marier sa fille avec un gar on d une r gion tr s loign e M me fa on de faire chez BHAME bai veuve sa belle famille ne lui accorde aucun soutien son beau fr re se comporte mal avec elle Elle maria pour tant sa premi re fille dans le village
490. se laisse pas faire ajoute t elle On n a peur de personne M me si Rajiv Gandhi venait et que quelqu un de sa famille nous cr ait des ennuis on riposterait De tel les querelles clatent quand un coolie s approche trop pr s se fait entreprenant ou moqueur tient des propos gressifs ou inujurieux On peut distinguer plusieurs niveaux dans les rapports entre coolies Ils se diff rencient d abord selon les classes d ge il y a les anciens et les jeunes Les petits jeunes de nos jours quoi est c qu ils sont capables de travailler aussi dur que nous en tend on dire sur un ton de d fi fraternel qui se durcit parfois Maintenant on n a plus rien dire Personne ne fait plus attention nous Ces rapports entre anciens et nouveaux arriv s prennent aussi parfois un tour oppos Certains anciens font travailler leur place de plus jeunes arrivants la t che m me pour laquelle ils ont t embauches et touchent l argent Ils ne donnent leur double qu une partie du salaire qu ils re oivent la fa on d ac teurs professionnels ou reconnus qui font jouer leur doublure leur place Cette doublure n a videmment pas de per uis de travail au mar ch il n est pas enregistr comme coolie i ne tombe sous aucune r glementation s appliquant aux coolies Il arrive par exemple qu un coolie plus g qui s engage d charger un v hicule pour une somme d argent convenue touche tout l argent convenu pour la
491. se trouva veuve Qui pouvait avoir l oeil sur lui quand elle tait au march Il fit l cole buissonni re Il courait droite et gauche en mauvaise compagnie Pas d ins truction et les quatre cents coups Mari maintenant il boit bat sa femme et la harasse Paru bai prend le parti de sa bru mais il est trop tard pour redresser le mari Il vend des l gumes sur une charrette bras Sahakar nagar Paru bai en a grand peur Je te tuerai un jour dit il sa m re Elle d pense normement d argent en pratiques et rites religieux pour que son gar on arr te de boire Il a un fils que Paru bai veut mettre dans une cole anglaise Elle lui dit des mots d anglais L avenir est sombre 85 Shakuntala PAWAR avait suivi son mari Pune Il buvait et la rossait Il travaillait peu Elle le quitta Que faire Elle avait un gar on Comme elle habitait la Colonie Jana ta avec carte et photo d identit elle obtint une maison Bibv vadi o elle r side maintenant Elle a accueilli un autre homme chez elle comme compagnon Ces v nements ont perturb son gar on qui a quinze ans maintenant Il n ap prend rien en classe Il est col reux et toujours absent de la maison Le premier mari revient voir Shakuntala au mar ch et la bat Ambu KOKARE est Dhangar Elle a un gar on et une fille Son taudis Appar Bibv vadi est une cabane haute de 5 pieds b tie avec des bouts de t le et des morceaux de sacs en pla
492. servant de prox n te La raison donn e par Dagada bai pour continuer aller travailler au march est surprenante eu gard sa situation d ensemble Dagada LONDE habite Shahu chowk Elle est Pune depuis son enfance Son mari travaillait autrefois chez un commer ant mar wari mais un accident de scooter le laissa handicap physique 11 se fit vendeur de fleurs en ouvrant une petite boutique pri v e Dagada bai eut deux gar ons qui moururent enfants et deux filles Elle voulait absolument un gar on elle pratiqua dans ce but de nombreux rites et fit de nombreux p lerinages en vain Elle abandonna cela et se contenta de ses deux filles Elles grandirent elles ont maintenant des gar ons dipl m s en lettres et commerce et des emplois assur s Degada bai est coo lie depuis 35 ans Son dal l est un dieu pour elle Elle a tou jours maintenu avec lui d troites relations En plus de ses douze p lerinages pandharpur sans compter Alandi Vai Pan chgani Tuljapur etc elle va aider aux travaux des champs au village et en re oit des grains 5a situation est bonne et sans souci Pourquoi va t elle donc encore travailler au mar ch malgr son ge On a bien besoin de quelque sous A quoi bon rester fain anter la maison La sant IL y a des liwites au labeur et au surmenage A d ployer ses forces sans compter la fatigue prend vite possession du corps L puisement se fait bient t sentir A fo
493. ses aux l gisla tion et r glements concernant les organisations ouvri res aucune d elles ne fonctionne d mocratiquement selon les r gles La raison est que ces organisations ouvri res sont en r alit enti rement sous la coupe des dal l Elles n ont d un syndicat que le nom et le sta tut formel Une deuxi me raison importante et d cisive tient 1 i d e que les coolies se font du r le et de la nature de leur organi sation Essayons de comprendre l image qu ils s en ont ce qu ils en attendent et ce qui motive chez eux cette image et ces attentes Il y a le syndicat et ses r unions dit Dvarka bai Mais nous habituellement on n y va pas Si ce n est quand clatent des querel les entre femmes Ou entre femmes et ouvriers coolies C est alors seulement qu on se rend aux r unions Sinon on n a aucune raison d y assister Autrement une fois par an il faut payer sa cotisation Revenues du market _ yard on n a plus rien voir avec le syndicat On retrouve toutes alors notre ind pendance Saru AINPURE et Sindhu SHELAR sont deux grandes amies Elles ne vont jamais une seule r union du syndicat Ce n est que si une querelle clate que la question se pose mais il est possible aussi bien de r gler l affaire avec une pr sidente connue sans aller au bureau ou une r union du syndicat Hira DONDKAR exprime sans ambage le jugement que toutes parta gent Le dal l et le syndicat ne font qu un Tous les deux sont des sa
494. sexu fait imm diatement appara tre la forme violente des relations entre les sexes AR DES et la domination masculine d une part et d autre part la condamation et la r pression sociale du d sir f minin sont les caract ristiques les plus significatives que r v le le langage sur le corps Le march est encore plus une zone de tol rance par la por te qu il ouvre des rapports entre hommes et femmes zntiv s par le 235 simple d sir des partenaires et non plus par des normes statutai res et des r les irstitutionnalis s Le th me des rapports sexuels extra maritaux est assez explicite ce sujet A propos de cette lib ralisation il faut souligner le fait que ces rapports sont loin de renvoyer une forme d galit op une alternative galitaire Cette permissivit implique souvent un surcro t d exploitation sexuelle de femmes sans d fense et dans la d tresse par des hommes qui ont vite fait de mettre celle ci pro fit pour la satisfaction de leurs fins et non pour la recherche d un compagnonnage galit sauf quelques exceptions d honn tet que l on ne saurait que plus admirer La permissivit sexuelle est grev e de toutes les contradictions de syst me d in galit so ciale riche pauvre caste sup rieure inf rieure homme femme En terms socio culturels on peut dire que le march est le lieu propice la mise en oeuvre de formes de rencontre et d change personnels mus par la seul
495. sez de souci de sa maison une autre le fera remarquer aussit t Re gardez Allez donc voir chez elle comment c est C est un ca pharna m Elle est toute la journ e chez elle ne rien faire et la voil qui se met moudre la nuit tombante Quelle souillon Une femme qui ne fait pas la cuisine convenable ment comment la consid rer encore comme une femme demande Hira bai Au retour la maison il faut savoir craser les lentilles faire la sauce correctement dit Goja bai Mon mari mourut Veuve j ai d trimer dur Mais je n ai jamais laiss les en fants souffrir de la faim A trois heures le matin j tais debout pour leur faire la cuisine Je n ai jamais tol r de leur servir des aliments rassis de la veille dit Hira bai Je ne prendrai pas de r frig rateur On mange toujours frais dit Shaku bai L o une femme oublie son devoir de m nag re sams r est elle encore une femme demande aussi Jana bai Il est clair que les st r otypes pr valent aussi clairement et fortement en zone urbaine qu hier au village concernant le r le de la femme de maison Celle ci est une industrieuse Lakshmi qui s oublie elle m me en investissant toutes ses nergies dans le service des membres de sa maisonn e quel que soit leur comportement son gard Femme d int rieur le ran gement et l ordre la propret et le m nage sont ce qui la distinguent et la font remarquer comme une femme digne de ce nom Nourrici
496. soit de l intensit avec laquelle les femmes por te faix ont int rioris l injonction absolue d enfanter tout le moins un gar on qui survive il reste toutefois souligner un autre trait important qui temp re leurs perceptions relatives au devoir de f condit qui les caract rise Ces m mes femmes sont tr s largement dispos es ne plus entendre sans soup or les autres th mes natalis tes qui leur disaient que les enfants sont un don du dieu que plus on en a mieux c est qu il faut procr er sans compter comme une b n diction Malgr la conviction qu il faille 2 gar ons tout le moins un on est aussi d accord qu apr s 3 ou 4 enfants il est temps d arr ter d enfanter et qu il importe de se faire st riliser tubec tomie La directive petite famille grand bonheur a l agr ment des femmes g es elles m mes telle GHODKE bai qui a 62 ans ou Tara KAMTE qui a 65 ans Elles ont elles m mes pris l initiative de faire st riliser leurs brus L opposition ou la peur relatives la prati que de la tubectomie sont tomb es d elles m mes Plus que cela les femmes abordent dans leurs discussions ce sujet de fa on tr s libre On en voit qui se rendent d elles m mes chez le docteur se faire op rer 229 Mon mari est un peu attard dit Indu PAWAR IL est de plus sous la coupe de la femme de son fr re Il y a peu de terre au village De jour en jour les emplois ouvriers agricoles diminuent La fois suiva
497. soit possible en de deux le nombre des repr sentants des marchands au lieu e trois r Les transactions du march repr sentent un important chiffre d affaires et un norme transfert de biens entre la campagne et la ville entre les districts et les tats Le comit du march en de vient un enjeu politique Il est l objet des luttes d influence so cio politiques qui agitent les classes paysannes Les lections au Comit sont un temps fort de la vie politique locale C est le parti politique du Congr s qui a r ussi jusqu maintenant de fa on ab solument incontest e maintenir son emprise sur les Comit s de march des districts et les comit s secondaires des cantons tout autant que sur le r seau des coop ratives de cr dit de village Il est in vitable dans ces conditions que les marchands les inter m diaires les commissionnaires les transitaires et les agents comptables entretiennent des rapports troits int ress s et sus pects avec les repr sentants des int r ts politiques du Congr s La l gislation relative au Comit de march des produits agri coles a t mise en place pour prot ger la production des paysans en la soustrayant l emprise des interm diaires du moins dans une cer taine mesure Elle ne s est jamais pr occup e de la main d oeuvre employ e sur le march Une loi de 1948 sur les tablissements de commerce Shops and Establishment Act enjoint entre autres chose
498. sont les anciens et plus particuli rement tel ancien Dans un village ce sont des notables et souvent en derni re ins tance un notable d termin Dans une caste ce sont les juges ou les sages du conseil de caste Au march le syndicat a investi d un statut similaire s s pr sidents et pr sidentes parmi les coo lies au sein desquels ils sont chosis Leur choix qui d ailleurs n est pas un hasard leur conf re l autorit requise pour assumer des fonctions semblables dans le milieu quotidien du travail au march celle des anciens et notables ailleurs C est en vertu de la m me autorit que le dal l est d j appel r soudre des con flits Comme il contr le I syndicat dont il recueille les cotisa sations les ouvriers peuvent donc aussi attendre de lui ce r le de premier notable en quelque sorte C est reconna tre au syndicat une fonction comparable celle d un conseil de caste d un groupe d an ciens dans une famille ou encore si on largit la perspective 121 celle de directeurs d une coop rative qui sont eux aussi des mem bres lus d mocratiquement d un conseil d administration Mais il en va de m me et pour la m me raison des lections des directeurs d une coop rative et du choix des pr sidentes du syndicat Il s a git d une cooptation par les repr sentants des int r ts majeurs en cause On ne voit pas que les pr sidentes des syndicats soient r guli rement lues et renouvel es tous
499. ssances et de relations urbains a permis de sortir de l impasse mais en prenant appui dans le m me temps sur les syst mes de rapports sur une trame donn e Celle ci se renforce d autant en offrant son ap pui C est ainsi en particulier que la pratique des alliances entre cousins crois s s av re parfois autant prestigieuse que bien venue pour faire face la n cessit La valeur toujours fondatrice des r seaux de caste et de parent h rit s de la tradition se marque au mieux dans les pratiques de m res ayant fait un mariage intercaste ou rompu avec leur belle famille leur mari et le village mais qui se font un devoir crucial de renouer avec eux leur parent le et le village lors du mariage de leurs enfants En r sum un certain brassage de population en zones urbaines p riph riques conduit non pas une dislocation des formes de rap ports ant rieurs mais la secousse qu administre ces derniers un milieu p riph rique plus ouvert et relativement cosmopolite permet au contraire leur expansion selon les fili res tablies et offre du m me coup celles ci une chance de plus large consistance socio g ographique Le processus de renforcement des r seaux traditionnels est au plus fort lorsqu il se produit au terme d une conscience d identit et s affirme contre l autre diff rent de soi Tout peut tre raison cette diff renciation depuis les habitudes culinaires et vesti mentaires jusqu aux valeurs propres une
500. st le contraire quand ma belle m re en a besoin c est moi qui lui pr te des ustensiles Quand Jana NIVANGUNE est venue Pune elle n apportait rien avec elle Sa belle m re n avait aucune attention pour elle et la laissait de c t Jana bai gagna Pune avec ses deux enfants qu elle prit avec elle Elle ne pouvait esp rer que sa b lle m re lui laisse emporter quoi que ce soit puisqu elle voulait pr cis ment se d barrasser d elle Son p re la recueillit Pune mais ne pouvait gu re l aider Lors de l inondation de Pune elle suivit son p re et beaucoup d au tres gens sinistr s Gokhale nagar de l elle allait fai re des lessives et des vaisselles chez des particuliers avant que Paru bai ne la fasse embaucher au march comme coolie Comme elle n avait pas de quoi payer un loyer o s acheter une maison Gokhale nagar bien qu elle ait fait partie des sinistr s auxquels des logements taient accor d s elle dut gagner le bidonville de Dand karpul puis ce lui de la Colonie Janata d o avec une carte et une photo d identit elle fut envoy e Dhankavdi o on lui donna un emplacement sur lequel elle construisit une pi ce gr ce au plan de relogement du gouvernement elle doit payer cette maison en versant chaque mois cent dix roup es elle s est fait b tir par derri re deux autres pi ces Son travail et sa tenacit lui ont permis d avoir sa maison avec paillasse et tous les ustensiles voulus Sa maison est b
501. stance et des facilit s mat rielles ou des sys t mes de r servation privil gi es pour les membres des basses cou ches sociales que le syst me a depuis toujours marginalis es im pun ment Baba ADHAV est un des rares qui a depuis toujours pr n la mise en oeuvre des recommandations de la Commission Mandal par exemple Les esprits ne sont certes pas dispos s en fait accep ter les transformations que ces th mes et ces objectifs impliquent au plan social et culturel en fait de changements de mentalit et de formes de rapports sociaux Le trait le plus significatif de l image de Baba ADHAV est qu en d pit de toutes ce r ticences et de tant de difficult s ce leadership moral et social demeure indiscut aux yeux de tous coolies hommes et femmes dal l et leaders politiques m me si bien peu sont pr ts l couter en r alit et que seule la lutte puisse obtenir gain de cause La conscience de droits On a dit qu il faut un combat difficile et soutenu sous la direction de Baba ADHAV et de Hamal Panchayat pour obtenir la loi de 1969 qui ne couvre pas encore les femmes porte faix des entre p ts de l gumes et fruits La loi de 1963 sur les produits agri coles d fend les producteurs mais ne se pr occupe en rien des tra vailleurs du march Les dal l refus rent d admettre que la loi de 1948 s appliquait leurs rapports avec leurs employ s La question que ceux ci se posent depuis lors est donc de savoir qui en fi
502. ste seule Toutes se retrouvent dans ce t moignage Mukta JADHAV est heureuse qu Dattavadi autour d elle il n y ait aucun Mahar ou Mang intouchable Nous n avons de rapports qu a vec des Marathes seulement La question ne se pose pas d avoir nous m ler eux Yamuna PAWAR est voisine de Mukta bai Comme elle el le n a pas envisager de devoir supporter d tre souill e par la pr sence de Mahar et Mang Yamuna bai a r pudi son premier mari et accept comme deuxi me mari un homme du canton de Bhor qui tait de ses connaissances de Pune Mais elle ne saurait se faire l id e 157 d avoir des intouchables pour voisins et de frayer avec eux Hira BHOKAR c toie des Mahar Mang Appar Bib o elle r side Ils nous polluent mais qu y faire On peut seulement veiller ce que ces pollu s vit l indignes c md la n entrent pas chez nous A la mai son il faut tre strict SHIRKE bai est du m me avis On ne peut plus d cider de nos voisins iei Appar Bibv Malgr tout les eux maisons contig es la n tre sont des Marathes en face aussi C est une famille du c t de chez nous de Purandar Il suffit de n avoir de rapports qu avec ces gens l exclusivement et de cher cher n aller nulle part ailleurs De m me aujourd hui il faut aller pour les mariages dans des halls ouverts tous Il ne faut pas entrer en rapport avec d autres Jija UTTEKAR a pour voisine Kamal KALE qui abandonna son pre mier
503. stensiles Elle met toute son nergie tenir sa maison Elle se l ve deux heures et demi le matin pour faire la cuisine remplir les cruches d eau Elle ne dort gu re mais qu y faire Il faut bien sup porter dit elle Toit doit tre en ordre avant de gagner le march Les pots le chauffe eau et les cruches sont frott es et astiqu es tous les deux jours Sa soeur trouve qu elle en fait trop Tu vas te tuer travailler comme a lui dit elle La maison doit briller tout doi reluire Sinon o est Le plaisir On n y prend plus go t On est des femmes On est fai tes pour le maison Il faut tout ce qu il faut la maison Ou blions le reste laissons a lui r pond elle Kala KARLE est venue de la r gion de Velh il y a 25 ans 1965 pour assurer l ducation de ses enfants Elle habite depuis pr s de Tiiak Road Des gens de connaissance habitaient l aupara vant son mari acheta un terrain et leva une hutte dessus Elle alla au march et son mari se fit coolie galement Elle est ouvri re pour gagner sa vie elle n a pas d amies au march ni ne cherche y tablir des relations avec d autres femmes Elle a peu de rapports galement avec les voisins Elle a une fille et trois gar ons Elle s est fait st riliser Elle d pose son argent en banque au march et dans Tilak Road Elle en re tira 5000 rrup es pour obtenir un emploi son a n dipl m de commerce un pot de vin de 10000 roup es tait e
504. stique le tout lev sur le sol m me C est humide et sans lectricit Ambu bai a fait six ans d cole mais son mari est analphab te Voil six ans qu elle est venue Pune d Atpadi Elle r side d abord Ghorpade chez d autres Dhangar mais combien de temps profiter de l hospitalit d autres familles Elle a deux enfants c est assez vrai dire dit elle mais elle ne s est pas encore fait st ri liser Il faut se faire op rer maintenant Son mari ramas se des feuilles d arbre qu il revend pour nourrire les ch v res Ambu bai est coolie depuis quatre ans Elle l ve des ch vres avec son mari pour les revendre Mari et femme s em ploient ce travail Quand elle tait enceinte de sept mois elle arr ta d aller au march Seul son mari rapportait un peu d argent et elle ne retournait au travail que six ou sept mois plus tard ne pouvant laisser le b b seul dans le taudis Mais c tait autant de salaire en moins et aussi z nourriture en moins pour les enfants la m re et les b b s La surveillance des petits est un des soucis essentiels Rakhma TANPURE Ahilya HARANAVLE et Hira DALVI ont retir leurs filles de l cole car qui tiendra la maison qui s occupera des plus petits quand elles sont parties au march Et si elles n y vont pas qui les nourrira Les enfants offrent aussi des raisons d esp rer Mais celles ci ne sont jamais assur es d finitivement Le gar on de Shaku PAWAR par exemple a u
505. struction de sa maison Mais elle a une maison mod le l instar d autres femmes Sa maison lui a co t 37 500 roup es Elle a embau ch son fr re pour le travail de construction TANDALE bai invite dessein la visiteuse entrer chez elle Regardez ce que j ai r ussi faire dit elle Une paillasse avec dalle de pierre de Kadappa on a fait une tag re c t avec la m me dalle Tout est bien dispos Son mari ne boit pas et elle n a de rapport qu avec des gens irr prochables Ne faut il pas qu on ait une maison en ordre pou accueil lir les gens qui vont et viennent Pourquoi vous faites vous faire une paillasse pour faire la cuisine debout Cela ne donne t il pas mal aux pieds demande la visiteuse Sita DIGHE Je peux facilement faire les galettes de pain assise terre mais ne faut il pas une maison d un style nouveau KHENGARE bai a obtenu une pi ce Indira nagar elle va l agrandir d une autre pi ce l arri re et construi re un tage Car il faut que tout soit fait comme il se doit Est ce qu il ne faut pas une maison comme celles qu on voit autour de nous ces appartements d immeubles explique t elle la visiteuse Avec ce qu on gagne ne faut il pas une belle maison demaride Shakuntala SHINDE Celle ci s est construit une grande maison avec l argent de la vente des terres du village Elle envisage encore de s agrandir un peu plus BHOINE bai sait que des compagnies industrielles s ins
506. suivirent sa m re le sur veillait de tr s pr s Elle m observait minutieusement pour se rendre compte si je m habituais mon m nage dans ma belle famil le Sinon me disaient mon p re et ma m re si tu ne te fais pas 186 chez eux on t attache par les pieds et les mains on te ficelle comme un paque et on te jette dans le lac de Khadakwasla J avais tellement peur que je n avais pas le choix il fallait que je me plaise chez mes beaux parents Elle a maintenant trois grands gar cons et atteint 65 ans Son mari infirme mourut il y a six ans La m re de Lakshmi bai la rappelait sans cesse la conscience la v rit que rappelait ce chant Celui qui lui a pass au cou les cinq perles le jour des noces Je te le dis femme en est devenu le ma tre Chabu NANGARE a donn une formation exemplaire sa fille et l a mari e avant sa pubert Mais celle ci en a d cid sa guise comme sa belle m re ne la nourrissait pas et ne l habillait pas elle prit son destin en main Elle s chappa pour rejoindre un gar on Mahar Elle s est ainsi coup e de toute sa femille avec qui les re lations sont rompues Elle habite pr sentement tout c t de chez sa m re Mais m re et fille ne se parlent ni ne se visitent jamais Que faire dit la m re elle est partie de son plein gr Elle ne nous a pas demand notre avis On n y est pour rien Ne vous sou venez vous pas de votre fille Si bien s r Elle reste ma fille
507. sur vivre Elles se plaignent aussi que la bru enceinte tait sans cesse prise de somneil C est en effet une r gle observ e dans toutes les maisons que pendant la grossesse une femme ne doit pas trop manger ni trop dormir sous peine de mettre au monde un enfant rachitique Toute belle m re fait tr s attention ces exc s n fastes Bhima CORGE vint veuve Pune avec ses 4 enfants Un gar on mourut Elle n a donc la maison aujourd hui qu une bru la femme du 2 me gar on Mais elle ne s entend pas avec cette bru Le gar on est un buveur qui ne gagne rien Bhima bai a dispos une pi ce part dans sa maison pour sa bru et ses 4 enfants Celle ci ne saurait se passer de l assistance de sa belle m re Pour lever ses enfants il lui faut bien tendre la main sa belle m re acari tre Narmada SONDKAR soeur de CORGE bai habite galement part de sa bru Son propre fils unique est une pave de l alcoolisme Elle avait autrefois courageusement migr d elle m me toute jeune parce que son mari tait attard Maintenant que sa bru a trois en fants son seul espoir il lui faut bien lui pr ter main forte et en soutenir le m nage Mais en dehors de l elle garde ses distances Sa bru n est d ailleurs pas dispos e se laisser mener par le bout du nez et couter sa belle m re en n importe quel domaine Ce sont en cons quence des querelles incessantes Si la belle m re n a main tenu aucune relation avec l
508. t obtenir une place c t de chex elle au pied de Parvati pour son fr re sa soeur Anu SALEKAR aussit t apr s son mariage il y a vingt cinq ans 1965 34 vint la rejoindre et l accompagna au march peu apr s le mari d Anu bai tait fils unique et avait t lev par une tante avant de venir tout jeune Pune o il travaillait dans une fa brique d ustensiles de cuisine sa fille Mathura habite pr s d elle ainsi que la belle m re de sa fille SHELAR bai SHELAR bai tait venue Pune avec son mari du canton de Mahad dis trict de Taygad son mari ne s entendait pas avec ses fr res ils avaient d abord habit dans Deccan Gymkhana dans une hutte rig e dans un bungalow il travaillait dans une fabrique d us tensiles de cuisine o il avait fait la connaissance du mari de Hausa bai celle ci l avait invit venir s installer pr s d elle Parvati Hausa bai avait aussi fait embaucher la femme de Sh lar au march comme coolie Sakhu SALEKAR vint Pune il y a six ans 1982 Son mari y tait venu le premier et avait pr par une pi ce puis deux beaux fr res taient venus le rejoindre Ils s journaient tous les trois dans des pi ces voisines la Colonie Janata Son mari rentra il est toujours cultivateur Padalghar canton de Mulshi Mais elle resta pour l instruction des enfants son arriv e Pune Sakhu bai avait demeur chex une voisine de sa soeur Hausa BAMGUDE Celle ci habit
509. t ristiques s attache cette fonction subordonn e Le travail paysan exigeait exp rience et savoir prouv Les comp tences des paysannes d hier n ont plus cours en ville Seule compte leur force brute Leurs habitudes traditionnelles et leurs aptitudes manuelles leur ing niosit et 68 leur savoir faire ancestral sont purement et simplement laiss es pour compte Seules comptent aujourd hui leur force physique leur endurance au travail et leur r sistance la peine et la t che C est avec ce seul capital zu elles entrent dans le monde du travail p ri urbain salari Ces divers aspects marquent l entr e des migrantes dans l es pace conomique On entend par l le champ d fini par un syst me de rapports reposant sur les trois dimensions constitutives suivantes Il s agit d abord d un champ ouvert par une intervention active sur un objet ou un environnement d termin pour le modeler le modifier l utiliser des fins voulues en un mot le travailler selon des vis es et des objectifs d termin s ceci se r alise par l application et la mise en oeuvre des forces du corps et de l esprit Deuxi mement les biens cr s qu ils soient produits manufactur s ou services of ferts sont destin s devenir objets d change compte tenu de l u tilit qu ils ont pour d autres Troisi mement la mise en oeuvre des forces de l esprit et du corps en vue de la production de biens ou de la prestation de services a el
510. t aussi introduites par des coll gues de connaissance appartenant une autre caste sans tres voisines 11 s agit de Lila KAMBLE Mahar amen e par Anusuya KUMBHAR qui la rencontra par hasard lorsqu elle errait la recherche d un travail autour du market yard et de Sudhadra HONMANE Dhangar qui vendait des l gumes sur le trottoir et de rues en rues qui fut aussi dirig vers le mar ch par KUMBHAR bai et abandonna sa vente ambulante sur le conseil de Anusuya bai Cinqui mement les femmes qui se sont pr sent es d elles m mes au march sont toutes des femmes aujourd hui g es qui y sont arriv es il ya quarante ou cinquante ans quand le march alors situ en bas c est dire dans la vieille ville Phule market tait loin d avoir l importance qu il a aujourd ui t o le besoin de bras y rendait l acc s et l embauche faciles Les rapports humains Divers types de rapports quotidiens s instaurent nouveaux frais dans le milieu du march o les femmes ont r ussi se placer titre de coolies en fonction des divers acteurs de cette sph re de rapports marchands dont elles sont devenues partie int grante Traits g n raux distinctifs Premi rement les femmes coolies n ont de rapport direct avec aucune des instances qui g rent l ensemble du march en particulier le Comit de march Leurs rapports se restreignent ceux que cr ent in vitablement leur pr sence physique au market _ yard et la
511. t dure relever C est le cas de Laxmi BHAME Bhim GORGE Kala LOKHARE Hira DALVI et de plusieurs autres Les fondements de l espoir et du courage sont sa propre r sistance physique sa capacit travailler sans se m nager ainsi que des recours ou des exp dients d occasion voire des relations libres maintenues avec des compagnons conpatissants et pr ts aider Quand les enfants sont en bas ge il faut bien les laisser la mai son en se souciant de ce qui leur arrive moins qu on n em porte son b b avec soi au march Il faut s empresser de rentrer la maison pour la mettre en ordre apr s le travail et m me s adonner d autres t ches suppl mentaires Les femmes dont les maris sont ch meurs et leur charge ont besoin du m me courage C est le cas parmi d autres de SHINDE bai KHAMKAR bai KINARE bai POL bai ou encore KONDALKAR bai Lerus maris avaient un emploi d cent mais le perdirent pour diverses raisons dont des gr ves dans les usines tex tiles de Bombay Il fallut revenir au village o l oisivet facilita l ivrognerie et d autres d vergondages Les pouses ont d prendre le chemin de Pune avec l assistance de bel les soeurs de soeurs ou d autres Elles se sont embauch es comme coolies Quand elles gagn rent un peu d argent les maris les suivirent Pune Mais leur oisivet permanente n est d aucun rapport pour le foyer Le mari navigue alors entre Pune et le village pendant que sa femme doit
512. t l les ma tres de la maison et l pouse a un seigneur dont la pr sence lui accorde respectabilit et s curit en un sens aussi faible et d muni soit il Mais lorsque l alcool les a tu s la veuve est alors expos e sans d fense une soci t qui n a pour elle nulle consid ration La solitude est un aban don C est le cas de Ratna PAWAR Lila KARALE et d autres Leur veuvage n tait certes point une disgr ce in vitable Elles le savaient aussi bien que leurs maris avant leur mort elles s effor aient de les maintenir en vie comme leur dieu malgr leurs vices Leur veuvage solitaire tait pr visible Mais une fois l toute la charge de la famille leur retombe sur les paules Hausa KADU est dans une situation analogue bien que son mari soit handicap pour une autre raison ind pendante de sa volon t Elle a aujourd hui quatre filles et deux gar ons Super Bibv vadi Elle avait un gar on et une fille en 1955 quand elle vint Pune pr voyant la disparition de ses terres Hausa bai prit son courage deux mains A la naissance de la derni re fille l h pital public de Pune Sassoon elle se fit st ri liser Quand l infirmi re lui demanda si son mari viendrait signer la demande Non r pondit elle c est un froussard Comment allez vous signer lui demande t on Dans mon enfance je gardais des bufflesses Qui m a enseign autre chose Huit ans apr s son mariage son mari avait t mordu par u
513. t les con damne l isolement et l ins curit mortelle Mais leurs enfants encore plus qu elles sont aussi des victimes qui payent le prix de ces interdits transgress s Paru INGULKAR maintient une rela tion avec son dal l Kedari Beaucoup de ragots circulent sur sa conduite Certains m me disent qu elle a tu son mari Chaque col l gue y va de son histoire Son gar on depuis l ge de onze ans entendait Les voisins plaisanter m chamment avec lui quand Ke dari venait voir sa m re Regarde voil ton p re Le gar on en resta tr s affect Il a lui m me aujourd hui deux gar ons mais ne gagne gu re et boit beaucoup IL se met de plus la drogue et met la maison sens dessus dessous Il insiste pour que sa m re vende sa maison pour lui permettre d acheter un rickshaw Il vient de casser la TV et une armoire m tallique Paru bai est toujours partie visiter un dieu ou l autre ou une bhaktin pour qu il cesse de boire Sur le march elle est connue comme Ta Paru de Kedari Shakuntala PAWAR quitte son premier mari et entretient chez elle dans sa maison Appar un homme du nom de Mohol Son premier mari revient la battre au march Mais les gens autour d eux ce moment l ne s interposent pas Tous sont d avis que c est son droit de la battre puisqu il en est le mari Elle a un gar on de ce premier mari qui est son unique fils et r side avec elle Ap par Mais il ne va pas l cole ni ne revient la maison pen
514. t les fondations du barrage en 1955 Comme on le voit les raisons du d part tiennent des situa tions de crise La d cision de quitter le village pour changer d espace de vie est prise sous le coup de la n cessit par exi gence de survie physique et psychologituu On peut distinguer trois sortes de raisons dans l ensemble Mais ces diff rentes raisons ne 22 sont pas isol es Elles s enchev trent et se corroborent sans qu on puisse les concevoir op rant chacune part La premi re qui nous concerne moins ici mais qui est la plus fondamentale parce qu elle constitue la toile de fond des d parts c est la pauvret et la mis re La terre ne nourrit plus assez Une situation conomique tragique oblige chercher ailleurs des chances de survie moins pr caires Notre tude ant rieure sur les causes de la migration en p riph rie de Pune avait soulign cet imp ratif en pr sentant les processus migratoires principalement comme un exode de la faim Plusieurs des t moignages cit s le rappellent Des fem mes ont suivi leur mari la recherche de moyens de subsistance Dans le cadre plus sp cifique de cette enqu te sur les proces sus et les motivations de la conqu te d espaces de vie soi de la part de femmes de milieux populaires on ne saurait trop souligner l importance d une d marche que les femmes coolies pr sentent comme un d cision personnelle relevant de leur initiative Elles ont voulu quitter un es
515. t motiv es par des d marches de la sensibilit et des perspectives de l esprit Les vis es qui animent les processus ne sont point des r actions qui s expliquent par le recours des n canismes psycho sociologiques Elles ne sont le produit d aucune n cessit Elles sont des imp ratifs de la volont Elles sont com prendre comme des voeux de l me 175 Parmi les vis es qui finalisent les processus d finis ant ri eurement on peut signaler les suivantes comme tant les plus im portantes Concernant les processus de la d rive d enracinement dans les r seaux de rapports traditionnels selon les normes des syst mes de communication qui les commandent les conduites visent l icrustation aussi s re et ind niable que possible dans les lieux d appartenance fondamentaux et originaires que sont la fa mille largie les r seaux de parent et d alliance et les cercles de connaissances du village Les dieux domestiques et villageois en sont le symbole le plus vident Au milieu des al as de l exis tence il faut viser tenir sa place au sein des siens Car per sonne d autre ni nul ordre de droit ne viendront au secours de l isol e D o l importance du lien maintenu avec la terre qui reste encore au village Symboliques sont aussi de ce point de vue le d sir de s y retirer dans la vieillesse ainsi que l importance accord e aux localisations originaires que sont le village de ses propres parents et celui de ses
516. t r guli re ou qu une figure r unisse tous les points dans un seul trac qui boucle sur lui m me sans anicroche ou sans tre oblig de laisser tel ou tel l ment en dehors de la construction Tel ou tel point chappera toujours un organigramme des rapports qui voudrait tre parfaitement int grateur Un point ou l autre prendra un jour une importance telle qu il tiendra les autres en chec Lila DIGHE me disait par exemple que les veuves qui travaillent au march s y comportent en d vergond es Du coup c est toutes les femmes que l on consid re comme fautives Certaines travailleu ses ne disent elles pas en parlant de femmes d autres castes Celle l Est ce qu elle est des n tres L appartenance de caste est le point crucial qui d termine en derni re instance la forme d ensemble que prendront les rap ports C est ainsi que Tara bai me montre les femmes balayeuses du march qui je lui demandais qu elle me pr sente et me mette en contact avec elles en me disant d une voix basse dans l oreil le confidentiellement Oh soeur ces femmes sont de telles castes Qu est ce qui vous prend de vouloir aller parler avec elles Nous on n a aucun rapport avec elles De telles castes Que voulez vous dire demandais je Son visage d go t me r v la aussit t les sentiments particuliers qu elle prouvait en me r v lant De telles castes Ca veut dire d une caste indigne Les balayeuses sont presque toutes de
517. t sociale ment la paysanne tait implant e dans un territoir fix par les cadres tablis et les institutions de l ordre patriarcal rural L es 6l pace physique o elle se mouvait la maison et aux champs refl tait une organisation pr tablie et connue des rapports humains au sein de l unit de production agricole familiale Ses travaux ses d marches et ses pratiques n taient pas en son pouvoir ni laiss es sa discr tion sa fantaisie ou son invention La paysanne appartenait une communaut f t elle stigmatis e comme brebis galeuse r md v En tant que villageoise c est dire donn e un village par son mariage dans une maisonn e de ce vil lage elle y avait un droit r sidentiel inali nable que nul ne contestait et elle y tait socialement reconnue et situ e Le ter ritoire g ographique et communautaire du village tait son ndor maine assur n espace de droits et de devoirs C est une situation de crise qui force franchir les murs d enceinte physique et sociale de la communaut de village La crise instaure une rupture Elle oblige sortir du territoire villageois La crise a divers noms Quels qu ils soient elle im plique de la part des migrants et des migrantes une d termination de chercher ailleurs les moyens de la survie L exode a beau tre forc il n est point une d marche pas sive Puisqu il s agit de survie il s accompagne n cessairement d une volont de pr
518. t sur la t te de sacs ou de casse de l gumes et de fruits pouvant peser jusqu cinquante ou parfois soixante quinze kilos des camions qui les livrent au march vers les entrep ts des marchands ou des com missionnaires puis de ceux ci vers les v hicules des commer ants d mes taillants ou d autres transporteurs le tri des marchandises et le remplissage de sacs des m mes denr es un fois tri es puis la ma nutention des sacs et des cageots pour la pes e Le march central n est pas seulement un espace de soixante six hectares connu sous le nom de market yard b ti quip et utilis depuis 1976 au chef lieu de eret comme centre des changes en gros entre la campagne et une agglom ration de pr s de deux millions d habitants pour les l gumes les fruits les grains les l gumineuses les animaux et les pices Avant d tre une pl e de march rationnellement am nag et all geant le volume des tran sactions qui encombraient et encombrent toujours l agglom ration de Pun le march vst une institution avec son histoire ses lois et ses rapports de force la mesure des enjeux qu il repr sente Il importe d en conna tre l essentiel pour comprendre la port e et le sens des processus sociaux et des dynamiques culturelles que nous allons consid rer C est d s le dix neuvi me si cle exactement en 1871 avec l ouverture du canal de Suez qui d veloppa consid rablement les changes commerciaux en Inde m
519. taire d sa maison Bibv vadi Gita bai est une forte personnalit Au village la situation s est aussi am lior e Elle a pu s y construire une maison de cinquante mille roupies C est 81 Nandu pr s de Khadakvasla une dizaine de kms de Pune elle s y rend chaque jour apr s le travail au march puis revient la nuit au march attendre l arriv e des fournis seurs Elle a par ailleurs conserv d troites relations avec son village Elle n entretient aucun rapport par con tre avec ses deux brus d j veuves Leurs maris sont morts d alcoolisme Elle n avait pu apporter tous ses enfants l attention requise autrefois Ils ont mal tourn Elle m prise ses brus des pattes blanches injure d gradante Je ne peux m me pas en supporter la vue Etrange compor tement de sa part compte tenu de sa propre situation an t rieure Le travail aux entrep ts d oignons et de pommes de terre est une op ration qui pr sente des aspects un peu diff rents Il faut d abord trier ces l gumes en deux tas selon leur grandeur les plus petits d un c t les plus gros de l au tre la main puis les mettre en sac coudre les sacs rem plis et les disposer en ordre Ceci demande davantage d at tention et de temps La dur e de travail en est rallong e Ces coolies ne rentrent habituellement chez elles que vers quatre ou cinq heures de l apr s midi apr s avoir fait douze heures de travail Nous n avons
520. tance du rapport in gal des sexes Chacun des espaces analys s m diatise r v le et renforce sa fa on cette s gr gation originaire qui les structure Nous tudierons donc les processus par lesquels l espace devient s gr gationniste ainsi que les strat gies par lesquelles il devient courroie de trans mission de situation de dominance ou projection au sol d id ologie h g monique le v cu par les femmes la fois de cette r partition sexuel le de l espace en fronti res tanches qui compartimentent et instru mentalisent l univers social f minin et de leurs tentatives pour inscrire de nouveaux types de rapports sociaux dans de nouveaux espaces de vie ou dans des espaces transform s les processus d intervention sur cet espace fourni projec tion transformation appropriation investissement red finition conqu te modification onirique etc avec les dimensions con flictuelles de ces processus la fa on dont les femmes construisent dans cet affrontement de strat gies antagonistes leur identit individuelle et collective marquant de leur empreinte ou reformulant l espace fourni en l ha bitant diff remment par habiter nous entendons tout acte g n ra teur de sens Parole ou pratique dont elles ont l initiative la fa on dont l addition de strat gies individuelles devient strat gie collective c est dire le passage d une dynamique cul turelle une dynamique sociale Notre
521. tant qu elle avait d cid de revenir chez sa m re Bayda accompagna sa soeur quand elle vint s installer Prem nagar D puis lors elles r sident toutes les deux ensemble mais dans deux pi ces diff rentes Leur bidonville est particuli rement insalubre Mais dans son taudis elle a tout TV et gaz Elle cher che maintenir des rapports avec sa belle famille au d plaisir de sa propre famille Elle va voir son beau fr re et sa belle soeur de temps en temps car ils ont de la terre au village et ces liens sont n cessaires pour marier son gar on dans de bonnes conditions Celui ci par contre n aime pas que sa m re cherche maintenir ces rap ports apr s la fa on indigne dont on l a trait e Je ne me courbe jamais devant le dieu les mains jointes dit elle Elle ne va gu re non plus aux r unions de syndicat dont elle n a pas une opinion positive personne n y parle franchement car tout le monce se rend la pression des leaders qui vous renvoient 15 jours chez vous si vous leur d plaisez Tout cela se poursuit en querelles mieux vaut se taire Elle r ve d un gar on ing nieur il est dipl m d un ins titute technologique Quand son gar on lui conseille de rompre avec sa belle famille d finitivement elle se dit que un homme n a ja mais s avilir ce point mais une femme doit bien sacrifier son amour propre dans de telles circonstances On a du mal croire Chabu SHINDE et Malgal BORKAR qui pr tendent q
522. tendent consid rer leur emploi au march comme une sorte de privil ge h r ditaire de chan ce r serv e au nom d un droit tacite du premier occupant La ten tative d un nouvel arrivant est per ue comme une intrusion d loya le M Dahibhat exprime un avis tr s largement partag qui d finit une autre caract ristique g n rale des rapports de travail au march L atmosph re est tendue Aussi je peux vous parler librement la maison mais ici au march je ne peux pas faire grand chose pour vous Il ne se sentait pas libre ni en mesure de me pr senter aux femmes ouvri res et de les mettre en rapport avec moi Il pense bien galement qu il faudrait participer aux r unions du leader syndicaliste ind pendant et universellement respect Baba Rdhav Mais comment y aller seul demande t il1 KHANDARE le mari de Dvarka bai est du m me avis Qu est ce qu on peut dire et faire nous seuls Il faudrait que Baba Adhav se pr occupe de nous Mais les m mes coolies n ont pas l au dace d aller le voir seuls Ils savent pertinemment d ailleurs qu il faudrait s y rendre en groupe suffisamment nombreux pour que la d marche ait un sens Mais ils en ont encore moins l au dace Car on leur reprochera de se regrouper et de s organiser Or si l on se regroupe il faut un leader qui dirige le collectif Mais sous la direction de qui se mettre Et comment accepter le leadership de quelqu un d autre que le dal l sans attenter
523. tention par un change d argent que les clients offrent aux coolies qui chargent les sacs de l gumes dans leurs camions et leurs tempo ou sur leur charrette bras Il s agit d un paiement r gulier et tarif mais les clients ne chipotent pas L un ou l autre ne regrettera pas de donner 25 ou 50 centimes de plus s il est press d en lever sa marchandise et qu une coolie l oblige en le servant plus vite que d autres La m me ouvri re refusera facilement de charger le v hicule d un client qui se montre arrogant ou maussade et elle le fera attendre Des clients habituels et r guliers emm nent par fois des employ es prendre un th On pourra entendre une ouvri re g e apostropher de plus jeunes invit es par un client pren dre un th la gargote du march Pourquoi files tu tout de suite pour une simple tasse de th Le remarque peut n tre qu un mot pour plaisanter une boutade ou un trait de mauvaise hu meur ce peut aussi tre une moquerie qui d g n re en prises de bec en querelles et inimiti s qui ne s arr tent plus Toutes les nuances sont possibles selon les circonstances Les chauffeurs de camion ou de tempo et leurs aides peuvent aussi nouer avec les coolies des rapports de connaissance occasionnels Entre travailleurs C est entre travailleurs coolies et femmes porte faix que s tablissent les rapports les plus troites et les plus famili ers D une part tous et toutes sont des travailleurs sem
524. tenu faire instruire leurs filles jusqu en 10 me Le gar on de l une est lec tricien celui de l autre est employ dans le T l phone Le gar on d Anu SALEKAR est employ dans les transports publics gr ce l ins truction que sa m re a tenu qu il ait C est avec regret que celles qui n ont pas fait instruire leur gar on consid rent leur n gligence Celles dont les gar ons furent scolaris s r vent pour eux d un emploi peu laborieux d un salaire mensuel d un poste de saheb Elles les voient assis toute la jour 169 n e sur un fauteuil en face d un table Elles esp rent comme un honneur que leur gars soit embauch dans une compagnie peu im porte le travail qui soit donn faire On trouve vite un bon mari pour une fille qui est un tant soit peu instruite C est la raisen pour laquelle il est si important qu elle le soit Elle n a pas travailler dur seulement gar der la maison Elle n a pas non plus se pr occuper des achats l ext rieur Elle est promise une vie de bonheur Les biens d sir s L attirance et le d sir d une vie mat rielle confortable exis te depuis toujours Le d veloppement des changes dans une soci t de march donne toutfois une impulsion nouvelle ce d sir Les mentalit s en sont profond ment marqu es et des changements d at titude radicaux s observent cet gard La migration vers une zone urbaine lui donne une force renouvel e Les migrantes sont
525. ti ciper une action collective des femmes Paud au chief lieu du canton de Mulshi l occasion de la journ e internationale de la femme 8 mars 1989 Cette participation tait la premi re d marche de cette sorte hors de la routine des activit s de leur syndicat Quelques unes de celles qui sont membres du syndicat affili Hind Mazdur Sabha particip rent une conf rence sur l galit sociale organis e Pune Elles purent assister pour la premi re fois des programmes de th tre de rue pr sent s par d eutres sections de ce syndicat Plusieurs femmes sont aussi activement engag es dans ie projet de construction d un complexe immobilier pour Tes ouvriers du march elles interviennent soit en y participant avec enthousiasme soit en posant les questions qui les pr occupent ce sujet Il est cependant certain qu aucune n aurait id e que le syn dicat puisse entreprendre d autres projets d assistance sociale ou surtout organiser des r unions et des d bats sur des sujets sociaux d int r t plus large et visant des prises de conscience plus cri 0 123 tiques Est ce que le syndicat a ouvert un dispensaire ici pour les ouvriers Il pourrait offrir des soins m dicaux et des rem des prix modiques demandais je Dvarka bai Vous n y pensez pas Est ce que c est le travail d un syndicat On n irait d ailleurs jamais dans un tel dispensaire Nous on va consulter de bons doc teurs Un bon docteu
526. tial qui assignent les femmes r sidence dans leurs sph res part Une question centrale sous tend l ensemble des observations de ce chap tre Le corps est pris ici comme l u nit de mesure spatiale de cette tude sur l espace de vie des femmes On essaie de mesurer son aune l branlement des struc tures socio culturelles patriarcales c est dire que l on essaie de rep rer et de mesurer l mergence de ces nouvelles formes de sociabilit et de pratiques chez les femmes coolies qui contri buent effriter l h g monie de l id olo ie patriarcale L analyse tend saisir les logiques des dynamiques sociales et culturelles qui accompagnent sous terndent animent ou suivent de nouvelles formes de rapports dans les espaces socio g ographiques o se meu vent les femmes Trois sortes de questionnement ou trois niveaux d analyse peuvent tre distingu s et guider les conclusions tirer des ob servations Un premier niveau est celui des contraintes au niveau des conduites et des pratiques impos es aux femmes Certaines de ces pratiques ont d j t d crites et analys es dans les domaines de l habitat et du travail On consid re ici pour elles m mes des normes et des contraintes qui portent sp cifiquement sur le com portement f minin en g n ral Parmi celles ci le mariage pr coce entre 12 et 17 ans au plus tard et le refus ferme et clair d en voyer de jeunes filles travailler sur le march tout comme l
527. tion lente mais s re et irr versible du travail comme m diation de l entr e dans un espace pour soi en tant qu enjeu de droits irr pressibles Il reste que le d ploiement de cette perception prendra beau coup de temps et se fera rarement spontan ment Elle a besoin de guides et de catalystes Elle a surtout mobiliser psychologique ment toute la force de ses convictions et se donner les moyens or ganisationnels et institutionnels de sa propre croissance pour pou voir contrecarrer les pressions personnelles et les contraintes col lectives des syst mes de rapports et de communication tablis et do minants Pour l heure ceux ci sont de loin les plus forts et tri omphent ais ment Il est clair en particulier que l exp rience et le mod le d organisation syndicale que ces syst mes induisent et main tiennent du moins au march aux l gumes et fruits n est gu re plus propice qu une lumi re indirecte difract e et tamis e en un mot cr pusculaire clairer leurs r flexions et leurs d marches Les rapports interpersonnels de la d pendance l autonomie L absence de conscience collective sinon de classe tant au ni veau des repr sentations que des formes organisationnelles et du fonctionnement des syndicats a pour contre partie l importance que prennent les rapports humains interpersonnels L essentiel a d j dit ce sujet de fa on explicite avec l empire des syst mes de rap ports tablis Il ne faut pas s
528. tites pi ces suppl mentaires Elle loua trois des six pi ces qu elle avait d sor mais s journa dans l une et donna les deux autres son fils et sa bru pour y habiter ind pendamment Elle touche ainsi chaque mois trois cents roup es de loyer prix d 1990 Elle a de plus construit l ext rieur un petit terre plein sur le quel le soir de retour du march elle vend quelques l gu mes rapport s du march Une autre pratique des plus courantes et des plus s res est l obtention de documents administratifs prouvant l occupation r si dentielle des lieux Narmada SONDKAR soeur de Bhim bai s est fait tablir un cer tificat de r sidence avec photo d identit la Colonie Jana r o elle avait pris trois pi ces Elle eut droit ainsi un relogement Appar Bibv vadi Elle s y est construite sa mai son Elle a pourtant rig une hutte dans le bidonville en face de Sai baba o elle r side en fait et lou les trois pi ces de la Colonie Janata Elle envisage de vendre le taudis d en face Saibaba et de s installer Appar L habitat est devenu un bien marchand Son importance en fait un objet d investissement Sindhu BHOINE a obtenu une maison Bibv vadi Elle n a qu un gar on pourtant elle a fait un versement au fonds collectif constitu pour le complexe immobilier pr vu Elle a vendu sa t l vision pour cotiser ce fonds car dit elle on ne perd pas son argent investir ainsi 47e
529. tive du sujet et de l objet de la recherche L investigation recourt toutes m thodes utiles d analyse des processus psychosociologiques des valeurs v hicul es des rapports de pouvoir des repr sentations des aspirations des conduites et des rapports sociaux des pratiques Elle est men e par une quipe exclusivement f minine La m thode d exposition distingue cinq champs th matiques d exploration Des concepts Des situations de crise de paup risation et de marginalisa tion li es aux transformations socio conomiques confrontent les femmes coolies depuis qu elles ont migr vers un travail ouvrier Ces situations les ont fait sortir des sph res domestiques o l ordre rural paysan et patriarcal les pla ait pour les y con finer Cet ordre d finissait ces sph res par les r les d volus reconnus ou impos s aux femmes Ces r les toujours secondaires quant au statut et instrumentaux quant au mode d op ration cons tituaient et assignaient aux femmes des territoires dans un vas te univers social qui ne leur tait point ouvert en totalit Le terme ou plut t la notion de l espace qui sous tend ce vocabulaire n est ici ni un concept math matique ni une cat gorie philosophique priori postul e comme cadre de toute re Voir Inde Village au f minin G Poitevin H Rairkar L Harmattan Parle 1985 p 173 aiga gt sentation Ce n est point un Espace abstrait et homog ne Nous l entendon
530. tr e seule dans une belle famille mais par l acquisition d un habitat soi et le montage de son m nage A 1 appropriation de la bru par une maison trang re succ de la main mise par la migrante sur un domicile difier en demeure propre La belle famille offrait un lieu d fini au nom parti culier le nouvel habitat est instable mobile incertain Cette d fixation de la nouvelle demeure par rapport au domaine de l unit de production domestique et au milieu familial de la bel le famille correspond la valeur d er du nouvel habitat sa valeur d objet commercial possible C est ce qui lui permet de jouer le r le de symbole social du succ s de la migrante dans un espace o r gnent diverses formes de syst mes d change Le rapport de la migrante coolie 1 habitat devient donc agressif L habitat est un lieu et un espace s approprier C est un bien menac et pr caire convoit et recherch Il devient de ce fait l indicateur d un processus de socia lisation de la part des migrantes Cette socialisation est elle aussi incertaine Elle n est jamais une donn e comme auparavant Elle est un effet voulu On cherche am liorer son habitat l acqu rir dans un endroit plus prestigieux s en assurer la propri t incontest e C est un des meilleurs investissements pos sibles On pourra s tonner du contraste entre la situation et les attitudes qui pr valaient l arriv e en zone pr ri urbaine et
531. trois niveaux en mettant profit tant t des atouts du registre de la tradition tant t ceux de la madernit compte tenu de la va lidit et de l efficacit de ceux que les circonstances lui offrent l o elle est eu gard ses conditions imm diates d acc s tel ou tel atout La seule dynamique pertinente semble celle de la plus grande gratification eu gard aux besoins fondamentaux at aux moy ens qui s offrent pour les satisfaire Une m re peut ainsi chercher profiter au maximum de la valorisation que lui offre un fils ca pable de s instruire et d avoir un emploi moderne tout en affir mant par ailleurs son autorit sur sa bru de fa on tr s tradition nelle D autres au contraire pourront laisser leurs brus une grande autonomie parce qu elles trouvent satisfaire leur besoin d autorit d une autre fa on Le registre religieux traditionnel offre en particulier les atouts de r les tr s valoris s celles dont la r putation de mauvaise conduite ou l chec au plan cono mique ternit l image sociale et prive de consid ration sociale car la mis re est toujours d gradante Des pr sidentes de syndicat la vie licencieuse trouvent dans des pratiques religieuses un atout indiscutable de leur qu te d autorit Des femmes tr s pauvres trou vent dans la fr quentation de programmes organis s par un parti po eV une reconnaissance que nul n accorde des femmes mis rab es Tout r le toute conduite to
532. ts de la meule des pay sannes d autrefois et une participation certains de leurs programmes d action culturelle i 8 ainsi par exemple que 60 707 des habitants du village de Nandivli travaillent aujourd hui au march Le recrutement de la main d oeuvre suit naturellement les relations tablies ant rieurement Or il se trouve que la plupart des animatrices de GDS habitent et op rent dans les villages des cantons de Mawal Mulshi et Velh Elles m offraient la chance de rapports de parant et de voisinage entre Leurs familles et celles des femmes coolies du market yard Sur la base de relations anciennes elles pouvaient facilement me mettre en contact avec les ouvri res du march Certaines avaient m me des parentes parmi elles Cette introduction dans le monde des femmes coolies me permit d entretenir tr s vite avec elles des rap ports de confiance d amiti et d entraide Par ailleurs les femmes rurales animatrices avaient non seule ment l habitude de pratiques d veil mais aussi les attitudes les perceptions et les motivations requises pour pouvoir ais ment s im pliquer dans une recherche qualitative de nature socio culturelle reposant sur l change en profondeur Leur participation cette re cherche se situait naturellement dans le prolongement de leurs pro pres contacts au niveau des villages et de leurs efforts d analyse des processus et des changements affectant le monde paysan en g n ral Elle ne po
533. ture en face de la rumeur Elle fait cependant partie d un groupe d une demie douzaine de femmes coll gues au m me entrep t dont la situation maritale est contraire aux normes re ues qui s imposent statutairement aux femmes Leur parler est aussi beau coup plus libre et franc Dans leurs conduites elles respectent moins rigidement les r gles de caste Leur perspective est beau coup plus galitaire C est l le fruit de libert s qui sont des licences impardonnables pour la soci t et qu elles doivent payer de la r probation sociale On peut dire la m me chose de femmes comme Bayda PILANE Chandrabhaga TEMKAR GIRE bai Tulsa PAWAR et Chabu SHINDE des bidonvilles de Premagar et Ambedkar quartiers particuli rement cosmopolites Ces femmes toutes Marathes qu elles soient ne proclament pas qu elles se gardent distance des Laman des Ma har etc Au cours de l interview elles intervenaient aussi tr s ouvertement Ce sont des femmes qui ont faire face des condi tions de vie et de survie difficiles Ceci les porte naturelle ment prendre des libert s avec les normes sociales et culturel les Elles en acqui rent une r putation de vie licencieuse Elles 218 rieuse de cet tat de chose est que leurs enfants tout particuli rement leurs filles seront les victimes oblig es sans r mission pos sible de leur inconduite de leur libert de l absence de respect dont elles souffrent et de leur non lieu so
534. u INGULKAR et Shaku PAWAR habitent loin l une de l autre Pune mais sont toutes deux pr sidentes de leur syndicat Elles se rencontrent d autant plus souVent Un jour o son gar on s taft enivr et semait la paga lle Paru bai alla vivre quatre jours chez son amie Il se peut que leur troite amiti ait aussi pour fonde ment leur poste dans le syndicat qui les lie dans la m me autorit et les m mes pratiques d usage et de m susage de leur pouvoir des fins int ress es Lila NANGARE est venue habiter Appar Bibv vadi loin de sa propre famille d origine Shahu chowk Mais ses anciens voisins sont aussi venus leur tour r sider c t de Appar Les belles m res de Lila bai et de Shaku SHINDE habitent aussi l une pr s de l autre et travaillent galement au march L amiti des deux brus a fait celle des deux belles m res Malgr les change ments de r sidence elles restent toujours voisines Les r seaux fondamentaux et habituels de relations sociales se construisent sur la caste et le voisinage de caste la parent et les relations d alliance l amiti entre proches le respect des valeurs familiales et les attentes des membres de la famille Les horizons de la soci t dans laquelle les ouvri res sont en tr es largissent pourtant ces r seaux la mesure de l assurance et des initiatives que des femmes ne peuvent manquer de prendre souvent sous la contrainte des besoins de la vie quotidienne et d une vo
535. u elles ont d revenir chez elles apr s leur mariage et quitter leur mari pour s occuper de leurs parents et g rer leur m 219 jet commun de m disances Il leur faut supporter cette mauvaise r putation Comme Chabu bai a th sauris pas mal d argent les gens de sa familie commencent aujourd hui s int resser de nou veu elle Mais d o tient elle tant d argent Il est certain qu elle se prend pour une dirigeante d importance qui ne manque pas d entre gent et sait exploiter ses relations et ses qualit s dyor ganisatrice Tulsa PAWAR dit avoir t abandonn e par son mari qui s en fuit avec une autre famme quand ils arriv rent Pune Selon ses coll gues c est elle qui abandonna son mari pour se lier un ma on de Solhapur pour qui elle travillait Elle en eut un garcon g aujourd hui d un an Il l abandonna aussit t Elle reste ain si avec un fils qui n est l h ritier de personne et la tare d une mauvaise r putation qui la marquera longtemps Elle n a que 22 ans Elle s est lib r e tout d un coup de ses parents de ses affins de son village pour se retrouver dans le monde absolument seule _ avec elle m me sans nul lieu d appartenance qui la reconnaisse comme sienne Il lui faut s efforcer de reconstituer des liens Mais comment y r ussir avec le stigma qui la marque Ses coll gues disent qu elle accroche les clients par la main quand elle prend un th la gargote Elle habite Appar avec un
536. u march depuis quelques ann es Entre temps son mari gardien de nuit Fergusson 221 College s tait mis boire mais arr te au bout de 4 ans Sula bai maintient des rapports av c Nandivli le village de sa belle fa mille car il faudra bient t marier les enfants De quels liens de parent et d affinit t moigner ce moment l Indu PAWAR avait aussi un mari arri r qui tait de plus s us la coupe de sa soeur Aussi quand elle eut 2 gar ons elle prit cong de sa belle famille et vint Pune Celle ci avait un peu de terre au village Mais celui ci offrait peu d espoir d emploi pour ses gar ons et pour elle S n mari est toujours rest chez lui avec son fr re et la belle soeur Il y travaille et y vit Mais le souri tait de pouvoir assurer manger ses enfants Indu bai se rait pr te retourner s occuper de lui mais il ne vient jamais lui m me la revoir Elle vint Dand karpul parmi les siens sa soeur ses tantes ses fr res et d autres parents Et des son ar riv e elle prenait avec eux le chemin du march Tous l aid rent Je n ai rien demand personne Je n ai d pendu de personne _ J ai travaill dur moi m me au march J ai pris une pi ce ici Appar gr ce mon travail Je ne dois rien personne BHOINE bai a un fils unique Elle l a mari Belle m re elle torture sa bru sans piti Elle ne lui donne ni manger ni s habiller Le mari son fils est totalement
537. ucation des en fants assur e Il n en reviendra point Ils y retournent d ailleurs chaque ann e au moment du repiquage du riz Comme le mari est sobre de l argent peut tre d pos dans le Fonds de cr dit collectif du vil lage On a mis quelques biens m nagers de c t la maison Le mari fr quente et se pla t recevoir des gens honn tes et respect s dont il a gagn l amiti Aucune raison d avoir rougir de quoi que ce soit devant quiconque Bien au contraire le m nage et la maison sont en ordre et la batterie de cuisine est au complet Tout est bien tenu et marche bien La fatigue et l usure du labeur ont port leurs fruits La satisfaction d avoir trim au moins pour quelque chose et de n a voir pas gaspill ses forces est une r compense Une fois par semai ne on jette une pinc e de safran des Indes sur le dieu et on lui im pose du kumku Mais si on ne s macie pas le corps en ja nes et p nitences d aucune sorte tout va aussi bien La conscience de la loi et de ses droits donne autant d assurance Shaku PAWAR a une m me histoire gratifiante raconter m me si sa r ussite la porte au contraire s int grer en ville Arriv e Pune en 1980 et introduite au march par une belle soeur elle avait pr venu son mari avant d aller s y embaucher Je vais y travailler Il me faudra causer avec plusieurs hommes Mais son mari avait plei nement confiance en elle et 11 ne se rend jamais pour en inspecter
538. ue souvent le mari alcoolique y ajoute son poids de querelles et de coups Pour toutes c est le poids physique d un double travail celui du march et celui du m nage Pour un certain nombre c est le surmenage d un triple travail inexorable Le march offre ces femmes confront es des crises qui sou vent cumulent leurs effets r pressifs ou d primants un milieu de vie relativement ouvert et accueillant surtout si on consid re toutes les entr es qui se ferment autrement elles Le market yard est d abord le lieu d un emploi r mun r normalement s r le spectre de la famine est exorcis Le travail salari accroche des femmes socio culturellement l abandon un espace d appartenance f t il partiel et bien troit Il est significatif de ce point de vue d observer comment des femmes g es fatigu es et m me incapables de travailler ou seules chez elles c est dire particuli rement isol es retour ue au march comme vers un havre quand il ne leur en reste plus autre Milieu sans murs d enceinte la diff rence du village et encore plus que le quartier de r sidence le march offre au point d ancrage accessible des femmes autrement rejet es d une fa on ou d une autre hors les murs de la soci t et les r seaux de rapports dans lesquels elles sont tant t ind sirables ou dont 234 elles sont simplement exclues par la force des choses et de circon stances qui ne sont pas en l
539. ues celle de groupes de voisines d une part et d autre part celle de liens d entraide et d amiti qui d bordent la caste et la parent L une et l autre sont occasionn es par des conditions de vie p riph riques o l ins curit et la promiscuit am nent se rencontrer se m ler et s aider Si celles ci favorisent essen tiellement le rapprochement et l entraide entre voisines l int rieur de r seaux pr d finis tels que ceux de la caste et de la pa rent elles instaurent pourtant des liens particuliers entre fem mes l int rieur de ceux ci On ne doit pas en effet sousestimer la qualit nouvelle de ces liens particuliers d entraide et d amiti Dans des conditions de vie difficiles le d fi de la survie conduit des rapports plus troits que de coutume facilit s par les relations de caste et de parent de toujours La proximit et l intimit que l on observe souvent d s l embauche l int rieur de groupes de parents et d a mies qui sont des groupes d entraide et d change personnels im pliiquent l mergence de liens humains profonds et personnels Ces liens se fondent sur une d cision d individus qui se sentent en affinit former un groupe part pour faire face la vie quoti dienne Ce n est pas l une chancrure dans le tissu des rapports de caste et de parent Mais sur leur fondement c est l exp rience qualitativement nouvelle d un rapport entre personnes qui se choisissent et d ci
540. uit bidonvilles la p riph rie de Pun en fait de plus en plus ins r s dans la ville du fait de l expansion de celle ci dans quatre centres de r habilitation et en divers autres endroits surpeupl s et particuli rement insalubres de la vieille ville de Pun l o les premiers migrants s taient alors install s La carte des lieux r sidentiels o les femmes coolies furent interview es montre que cel les ci r sident soit l est de la ville dans les vieux quartiers surpeupl s avoisinants l ancienne implantation des march s dans les quartiers de Bhavanipeth Ravivarpeth Gurvarpeth et Shukravarpeth soit dans les bidonvilles de Pun et des environs Janata vasahat Dhankavdi Saibaba Ambedkar Prem nagar Dandekar pul Dattavadi etc Certaines femmes habitant ces taudis ont maintenant obtenu une place dans un quartier de r habilitation selon des plans d va cuation des bidonvilles slum clearance project de la municipalit Bibv vadi Dhankavdi Gotavl nagar etc Cela indique quel point du point de vue de l habitat les femmes coolies sont disper s es loin les unes de autres Aller les rencontrer chez elles impli que des d placements dans divers bas quartiers de la ville et des bidonvilles assez loign s les uns des autres dans Pun et sa p riph rie Cela donne galement une id e des d placements que ces fem mes ont faire pour gagner leur lieu de travail et rentrer chez elles Le same
541. ujours sobres Laxmi MORE eut une vie difficile On lui impose en cachette un mari handicap il devient un ivrogne inv t r qui l insulte sans r pit et dont le com portement importune les voisins au point qu il faut d m nager et al ler vivre ailleurs Elle travaille d abord dans une usine de tabac priser o elle attrappe la tuberculose Elle quitte ce travail et va faire des lessives mais les d tergents lui ab ment les mains force de les avoir dans l eau KADU bai l emm ne au march o elle se fait des amies envers lesquelles elle a une grande reconnaissance Ses trois gar ons sont mari s Ils vivent un peu loin de sa maison au village Bhavani peth et Chaturshringi Ses brus ont gard le style de vie de la campagne o elle est all e les chercher au cune ne vient de Pune Elle se rend chez elles voir ses petits en fants d s qu elle a cong C est l entente et l affection Le pass n a point laiss d mertume dont les brus seraient les souffre dou leur Laxmi bai est par ailleurs d esprit traditionnel Elle porte de simples saris de coton La photo de Kalu bai veille sur la maison J observe les r gles de puret dit elle Elle veut dire qu elle asperge le sol d urine de vache en rentrant du march avant de s ins taller chez elle l o pr side la d vi Indu PANSARE est tr s d munie N tant pas instruits ses gar ons n ont pas de bon emploi Elle doit donc encore travailler Mais dans une telle d
542. ule d plorent d j l absence d me soeur Il n existe pas d amie dont le coeur batte l unisson Teile qu on puisse boire l eau du m me cruchon J ai voulu voir si son coeur battait l unisson du mien Le collier tait bris ses perles gaill es perdues Ce n est pas dire que les femmes du march n arrivent jamais se lier d amiti avec aucune compagne Quand les soucis de la mai son et du travail sont trop pesants l esprit on voit aussi des ou vri res aller les unes chez les autres se confier Quand elles se rendent des mariages elles changent les saris dont elles s habil lent A la fin de l ann e on prend une photo de groupe sept ou huit S il y a eu des querelles avec un coolie ou un client on se rend chez eux pour se r concilier IL faut reconna tre que le monde des rapports que les ouvri res entretiennent entre elles est complexe au point de d fier une typo logie claire Quoi qu il en soit des grandes amiti s et des visites qu on se rend les unes chez les autres on ne saurait par exemple induire qu une coupure ne saurait se produire par la suite et des distances s tablir En effet on a beau travailler au m me entre p t venir du m me bidonville gagner le march dans le m me tempo 115 tre de la m me caste ou du m me canton avoir des relations de parent ou d alliance il est en fait difficile de r unir tous ces l ments pour dessiner avec eux une courbe continue e
543. ule de dix pieds sur dix pour un total de quinze personnes Kamala bai MALEKAR Marathe travaille depuis sept ans comme coolie Sa situation ne fut pas toujours aussi d plorable qu aujourd hui Elle eut trois gar ons et une fille Elle se construisit une maison dans le bidonville au pied de Par vati dans le cadre A1 programme d aide aux bidonvilles Mais son gar on a pris l habitude de se droguer Quarante mille roupees furent dilapid es Kamala bai a d louer la maison qu elle s tait construite et aller loger pr s de sa m re dans Ravivar peth Elle y habite dans une soupente mi nuscule de quarante pieds carr es et de cinq pieds de haut 522 5 au bout d une chelle raide et chancelante Les souris les rats et les t n bres sont ses compagnons L odeur est f tide Les migrantes qui sont venues les premi res il y a trente ou trente cinq ans et se sont engag es travailler comme coolies l ancien march central Phule market ont souvent trouv habiter autour de cet ancien march dans des quartiers de la vieille ville devenus de plus en plus v tustes et surpeupl s Ce sont aujourd hui des endroits sombres troits humides et des difices de plus en plus chancelants Mais leurs habitantes ne songent pas le moins du monde les quitter Des amis et des parents habitent aux alentours C est ce qui leur fait supporter l incommodit des lieux Les migrantes arriv es depuis ces derniers dix ou quinze ans n ava
544. uljapur faire l of frande d un repas de mets de choix v g tariens et aussi de viande Jana NIVANGUNE est poss d e par sat f asar Le maharaj qu elle a pris pour guru lui a prescrit de ne pas manger de viande Elle s est im pos le collier de la bhakti C tait d abord les maul y qui lui donnaient du fil retordre elle ne les entretenait pas avec le soin qu elles attendaient de leur fid le elles le lui ont fait payer A son quatri me accouchement elle s est br l e les bras le dos et le ventre gravement Elle ne croyait pas que l enfant vivrait mais il surv cut car on le transporta d urgence Sassoon Elle souffre tou jours beaucoup des suites de ces br lures Elle a perdu deux doigts Elle a compris qu il fallait traiter les maul y avec le respect et l attention qu elles r clamaient Chaque ann e elle leur pr sente une offrande Sa fille de 14 ans est aussi poss d e par sat asar Il lui faut manger de la viande Jana bai la pr pare mais n en mange pas Jana bai est une forte femme active et efficace Kamal KALE quitta son premier mari et vit maintenant avec un Mang C est la plus grande mis re chez elle Le mari est un ivrogne inv t r La d vi de Tuljapur la poss de Elle a d pens 5000 rs pour acheter des pardi des offrandes de fleurs ou de chevreau dans un grand panier circulaire en bambou capable de contenir toutes sortes de choses Laxmi bai poss de son mari Les deux soeurs Jayashri BHOSLE et K
545. umba la famiile au sens strict n tagota n ta renvoie aux relations de sang et d alliance par ma r PRR n tagota toutes formes de relation au sens tr s large hun litt ralement visiteur ou h te en fait ici les membres de Fe belle familie bh k le cercle des bh des fr res au sens tr s large des cousins de sang ou d alliance et tous les associ s condisciples ou coreligionaires les gens de la m me communaut avec lesquels on entretient des relations de familiarit compara ble aux relations de parent le La deuxi me fili re relationnelle est celle des liens qui unissent des gens du m me village les g ukf Ceux ci se soutien nent naturellement une fois affront s A l ext rieur du village aux m mes difficult s Les voisins du village s entraident au loin Un troisi me tissu relationnel moins serr mais r el est ce lui du sentiment d appartenance g ographique qu prouvent les gens d une m me r gion d une m me vall e ou d un m me ensemble de vil lages du m me pays une fois qu ils se retrouvent au loin en pays moins familier Des migrants d un m me pays d origine se retrouvent volontiers au loin pour se soutenir IL en sera ainsi d autant plus facilement si ces migrants sont de la m me caste plus forte raison s il s agit d une caste minoritaire Mais on ob serve tout aussi couranment des rapports d entraide s tablissant entre migrants de castes diff rentes sur la base d
546. un atout en son pouvoir et dans quelle me sure la disposition de sa force de travail reste t elle sa discr tion sans risque d ali nation Cette question est l objet du chapitre suivant Structurellement parlant le premier fait significativement d terminant concernant le travail est qu il devient labeur physique pur et simple Lib r de tous les liens qui le valorisaient en le situant statutairement et en lui assurant des fonctions inali nables dans l ordre de production domestique agricole il est r duit l tat d objet d change possible le seul que les migrantes aient troquer pour assurer leur survie Aucune n cessit n assure plus de place d sormais leur force physique Celle ci est lib r e elles sont libres aussi Le milieu p ri urbain ne les attend ni ne les demande C est elles qu il incombe de proposer leur force de travail et de trouver un emploi contre un salaire de mis re permettant la survie C est el les qui ont d sormais besoin de travail Le travail a chang de va lence Il les attendait et les r clamait hier trop en croire les plaintes des paysannes Elles le qu tent et doivent se l assurer au jourd hui sans n tre jamais s res d en trouver assez pour survivre Le force de travailler seul gage d une place La lib ration du travail par sa r duction l tat d objet d change troqu contre un salaire de mis re lance les migrantes coo lies sur la voie de d marches propres
547. uns chez les autres Des ma riages entre musulmans et Dhangar sont toutefois totalement in existant La mission chr tienne de Panchaud est toute proche Le gar on et la fille de Maya KALE vont l cole de la mission Mais ils ne cherchent pas en faire des chr tiens prend soin de faire remarquer leur m re Il n existe aucune ombre de sus picion ou de haine l gard des musulmans dans ce quartier de Ghorpade peth pas plus qu Bhavani peth Quand nous y tions chez Sindhu SHELAR Marathe on y rencontra une voisine musul 59 mane qui venait inviter au repas du soir du Ramadan avec in sistance et de fa on d lib r e Nous tions chez CHEJAVAL bai une Marathe dans la rue Kac quand des meutes clataient entre hindous et musulmans le soir un couvre feu avait t impos Les relations dans le quartier entre voisins n en taient nullement affect es Le bidonville en face de Sai baba est tr s cosmopolite au sens o s y retrouvent des migrantes de diverses castes et de diverses origines g ographiques Cinq femmes coolies forment une bande de voisines que r unit leur proximit r sidentielle sans autre lien d amiti particuli re plus troit Seul le voisinage les a reppro ch es Elles font ensemble les mariages des leurs et participent ensemble aux rites du curcuma et de la mouture elles vout de con cert visiter de saints hommes et les consulter et en p lerinage aux lieux saints du Mahrashtra C
548. uper de l herbe et en rapporter de lourdes charges sur la t te Dans les maisons des vieux immeubles de Ghorpade peth les habitants l vent des ch vres et des buflesses pour en vendre le lait Il leur faut de l herbe fra che Hadapsar est environ huit kilo m tres du quartier Les femmes Dhangar apr s leur travail de coolie du matin prennent un camion pour se rendre Hadap sar ou d y rendent pied si elles n en trouvent pas Ce travail n est pas possible toute 1 ann e elles s y adonnent pourtant pendant neuf dix mois D autres femmes comme SONDKAR bai l vent des ch vres comme source de revenu sup pl mentaire Jana NIVANGUNE n est pas dans une situation mi s rable pourtant elle aime lever une vache chez elle elle la m ne pa tre de retour du march Lila KARALE habite aujourd hui Appar Voil vingt cinq ans qu elle travaille comme coolie au march Elle est veuve de puis 1985 Son mari n avait jamais cess de boire et de 3 en ivrer il est mort thylique Il travaillait comme contre ma tre dans la boutique de l oncle paternel de Lila bai Cel le ci reste avec deux gar ons et deux filles A son arriv e Pune Lila bai avait habit pr s du jardin de Jijamata o elle obtint une pi ce minuscule C tait trop troit elle alla vivre dans le bidonville de Dondekarpul De l elle changea pour la Colonie Janata d o avec photo et carte d i dentit elle obtint une place Appar Sa propre fa
549. ur vrai dire ce d sir est lentement en train de prendre la forme d une ac tion collective Des femmes porte faix des deux syndicats de cette partie du march particip rent une r union d change organis e l initiative d animatrices de SSM dans le courant de 1990 IL fut d cid d organiser une r union de discussions pour toutes les femmes coolies laquelle on inviterait Baba ADHAV venir prendre la paro le et parler de la loi et des droits des coolies Ce fut en fait l oc casion d un grand rassemblement tenu le 9 octobre 1990 avec le lea der du mouvement des coolies regroupant hommes et femmes en tr s grand nombre des diff rentes parties du market yard Ceci marque le lancement d une action collective pour r clamer l extension de la loi l ensemble du march C tait la premi re fois qu une assem bl e g n rale se tenait dans la Maison du Coolie Hamal Bhuvan 2500 3000 coolies taient pr sents 90 des femmes porte faix taient l On se rendit en procession au lieu de r union en proclamant des slogans Quand la r union s ouvrit les ouvri res furent sollici t es pour parler en leur nom Les hommes se gauss rent et se moqu rent de leur incapacit prendre la parole en public Baba Adhav insista pour que des femmes se l vent et s adressent l assembl e J insistai aussi Quelques unes s enhardirent et vinrent au micro Nulle d entre elles n avait l habitude de la parole publique ce point E
550. ur ensemble de deux d placements des pratiques relatives la communication qui s quilibrent et se comprennent comme deux mouvements qui se s paulent et se con trebalancent Le premier type de d placement de pratiques regroupe un en semble de processus qui se situent dans une logique d expansion par enracinement C est la d rive fondamentalement dominante partir de laquelle l autre doit se comprendre comme sa contrepar tie Les processus de cette d rive induisent toutes les pratiques qui sont d termin es quant leur figure essentielle ou leur d marche logique par les syst mes de communication traditionnels et les r seaux de rapports qu ils ont d j tablis Ceux ci tendent s tendre socio g ographiquement c est dire se d velopper sur de plus grandes distances g ogrphiques et sociales bien qu l int rieur des cadres marqu s par les syst mes de rapports d j tablis et reconnus comme absolument normatifs dans leur prolon gement et sur les bases qu ils ont pos es Les m mes rapports ex plorent des espaces g ographiques et sociaux plus tendus dans la fid lit toutefois aux principes qui les g rent et les impulsent Ces m mes figures de rapports ont ainsi tendance la fois se renforcer sur leurs positions acquises s intensifier dans la ligne de leur propre mouvemeut s accro tre en s enracinant dans les normes qui les fordent s approfondir dans la convic tion encore plus cons
551. urance d un sa laire d fini L argent n cessaire aux besoins quotidiens est au moins assur Une inqui tude disparait celle de l imm diat Chaya TANGE par exemple est une jeune femme mari ee il y a deux ans Elle a un gar on d un an Ses beaux parents ont de la terre au village Elle et son mari pourraient y vivre sans craindre la faim Ils sont pourtant venus Pune car dit elle un argent frais a fait plaisir Ces divers aspects expliquent le sentiment de fiert que provoque par fois la pens e d tre ouvri re coolie au march la r gula rit du travail l assurance d une r mun ration quotidienne l autonomie et la confiance en soi cons cutives la paie touch e mettent fin l errance la qu te d une occupa tion temporaire l angoisse d hier Un emploi de coolie situe quelque part Il donne un sentiment d appartenance Shaku SHINDE tait en train de faire sa lessive quand nous sommes arriv es pour la rencontrer chez elle Je dois bien laver mon sari Car on va au market yard Il faut qu on ait l air bien quand on y va explique t elle Il n y a pas 94 de raison d y aller mal attif e Nous on est des femmes qui travaillent au market _yard Malgr tout pour la majorit des coolies le sentiment domi nant et la perception fondamentale sont ceux d un travail for c impes par la mis re et d pourvu de la dignit et du res pect qui sans doute s attachait au travail de la terre acc
552. ussi un jour je suis all e vivre chez ma m re a fait quinze ans de a 1973 Mon mari aujourd hui a fait voeu bai signifie femme en g n ral ce suffixe accompagne g n ralement le nom ou le pr nom d une femme voir se sujet Inde Village au f minin op cit p 129 s OT a d abstinence Mari et femme sont coolies au market yard apr s l avoir t sur l ancien march de Phule market On peut reconna tre dans ces deux t moignages le sort et la d marche de la plupart des femmes coolies Sakhu bai JORI Marathe ne pouvait s entendre avec son mari ni avec person ne d autre la maison C est la raison qui la fit partir GHODKE bai Khatik se disputait avec son beau fr re Une fem me du village voisin lui dit Viens je t emm ne Pun Je vais t y trouver du travail Elle partit avec cette voisine Gita bai POLEKAR Marathe perdit ses terres immerg es par le barrage de Panshat Elle vint Pune en 1961 elle ne pouvait s entendre avec la femme du fr re de son mari Que faire Je suis venue ici au march Rahi bai Tukaram DALVI de caste Cambhar dit que dans son village du c t de Daund sa famil le a seize acres de terre Mais la femme du fr re de son mari son a n e lui jetait des mauvais sorts Elle n avait pas le choix dit elle il lui fallait partir Elle prit le chemin de Pun Shanta bai MARNE Marathe ne pouvait s entendre avec un beau fr re de mauvais caract re Jusqu quand co
553. ut pas la reprendre Une compagne de caste Kumghar intervint pour qu on la reprenne Cette compagne tait membre du syndicat Bhu mata Sanghatna On comprendra dans ces conditions que nulle femme moins d y tre forc e ne cherche franchir les limites du cadre de vie rural et paysan pour sauter tout d un coup dans un vide de relations socia les et de rapports humains Avant d arriver en p riph rie urbaine il faut tout le moins avoir pr vu un endroit o atterrir et un g te o souffler le temps de pr parer l tape suivante En d cidant d engager sa vie sur un nouveau chemin il faut prendre soin de jalonner au moins le d but de l itin raire Dans les situations de crise de sur vie qui poussent au d part la migrante r fl chit naturellement d a bord sa fa on d aborder la zone urbaine A moins qu elle n accom pagne simplement son mari et que celui ci soit la hauteur de la si tuation ce qui n est souvent pas le fait en ce qui concerne les fem mes coolies auquel cas l acc s en ville est une pr occupation certes partag e mais ont le souci ne lui incombe pas en premier lieu en viron trente huit pour cent seulement des femmes interview es sont dans cette situation la migrante doit elle m me prendre l initia tive d organiser son entr e en zone p riph rique urbaine Comment s y prend elle pour g rer ce changement d espace de vie La migrante recourt essentiellement aux suggestions de gens de sa par
554. ute valeur qui gratifient finan ci rement la gestion exclusive de l argent par des belles m res le salaire de moeurs rel ch es des pr ts usuriers des affaires immobili res l gales ou non et l habillet pour contourner la loi cet gard des commissions re ues pour recruter des ouvri res ou des filles pour la prostitution psychologiquement la domination exerc e sur une bru la fiert d un sari moderne tr s voyant ou d une maison qui attire l attention socialement les p lerinages dispendieux le leadership dans le syndicat moralement la id lit conjugale absolue le d vouement domestique jusqu l p i sement culturellement la transe physiquement la st rilisa tion peuvent ainsi devenir des atouts selon les moments et les in dividus face aux d fis de la d tresse quoi qu il en soit des op positions qui peuvent exister entre eux et de leur conjonction ap paremment contradictoire dans le temps et l espace eu gard d autres chelles de valeur normatives ou une opposition entre tradition et modernit Un tel m lange est tr s visible par exem pre dans le recours la st rilisation Le refus des valeurs nata istes est clair et partag apr s le 3 me ou le 4 me enfant quand le nombre des gar ons est satisfaisant Le manque de terre d em ploi le poids des grossesses l ins curit du revenu les facili t s m dicales par ailleurs et d autres valeurs recherch es font imm diatement r
555. uvait que contribuer accro tre leur comp tence et leur savoir dans la ligne m me des objectifs de GDS Les rencontres interviews se firent tant t individuellement avec une femme la fois tant t avec plusieurs femmes ensemble deux trois ou quatre ou m me plus selon les circonstances L change devenait collectif La conversation attirait les voisines Une ouvri re nous indiquait la maison d une autre ou nous conduisait elle m me chez une compagne ou une connaissance Au total cent soi xante six femmes coolies sur les six cents quatre employ es comme porte faix au march aux l gumes et fruits soit environ 287 ont t personnellement interview es chacune pendant au moins deux ou trois heures Cela repr sente environ deux cents visites Parfois au cours d une visite deux ou trois interviews taient conduites au domicile des coolies En plus de ces rencontres personnalis es domicile de nombreuses visites r p t es ont eu lieu au march m me sur le lieu de travail Plusieurs femmes sont devenues des amies personnelles qui m invitent venir me joindre leur famille lors d v nements familiaux notamment les mariages Il faut souligner que le facteur sur lequel repose essentiel lement la richesse et la pertinence de cette recherche est le rap port de familiarit croissante qui s tablit peu peu entre les femmes interview es et moi m me par l entremise des animatrices de Stri Shakti Mandal Je ne pouv
556. ux de la survie l entr e en zone p riph rique et non le go t ni le d sir ni la comp tence Un diction dit Nous des vagabondes de par le monde de tous c t s pour une pitance Il suffit de s adapter et de se contenter de toute t che qui n exige aucune qualification ni apprentissage et peut s apprendre sur le champ En perdant les dimensions qui faisaient du travail paysan une action humaine par le savoir faire qu il requ rait et les rapports qu il connotait le travail des coolies se r ifie en t ches st r o typ es Sa forme son usage et ses conditions d exercice ne sont oint du ressort de l ouvri re C est un travail ali n qui chappe son auteur Ceci est encore plus vrai du point de vue des r gles de s curit de l emploi ou de protection contre les accidents de temps de travail et de limitation des op rations Le travail de coo lie ob it l arbitraire de la situation des personnes et des cir constances Les coolies sont des employ es sans autorit 99 amp Ce labeur des femmes coolies se pr sente comme une preuve d autant plus cruciale pour elles qu il est souvent le seul es poir de la famille C est sur la m re que retombe finalement le charge de la famille si le mari fait d faut pour raison de ch mage de sous emploi de slaire insuffisant d incapacit physi que et mentale d oisivit d ivrognerie d incomp tence etc C est d elle qu on attend de relever tous les d fis par des
557. ux foyers Elle doit quitter Elle prend une autre pi ce c t Celle ci n est pas moins exig e ui incommode un escalier raide et branlant un espace de dix pieds sur dix Shanta bai eut quatre filles 3 mari es maintenant les frais et dettes de mariage enl vent tout espoir d am lioration de son habitat D autant plus qu un des maris d une des filles est un ivrogne Une fille revint vivre chez elle pendant un an Le mari de Shanta bai travaille dans une usine d ustensiles de cuisine il gagnait autrefois cinq roupies par jour aujourd hui 400 roupies par mois Shanta bai fit longtemps la lessive et ia vaisselle chez des particuliers mais elle ne gagnait pas as sez pour subvenir aux besoins Elle dut donc aller travail ler comme coolie au march Aucune conomie ne reste d poser n banque Shanta bai avait un fr re chez elle Pi rangut dont les terres taient hypoth qu es Elle a pay les dettes et lib r la terre Ce fr re est mort Sa belle soeur argue de ses droits sur cette terre Aucun espoir en vue Paru Mahipati MANKAR Marathe est Pune depuis trente cinq ans Deux gar ons trois filles Son a n fit sept ans d cole Il est aujourd hui ajusteur dans les transports pub lices C est un buveur Veuve des gens de sa famille s ap propri rent de force la pi ce o elle vivait Des leaders du village install s Pune l aid rent en lui trouvant o loger Ghorpade peth C est une pi ce minusc
558. ves rejet es seules st riles etc et d un r el rel che ment des contr les sociaux en fait de rapports des sexes en g n ral La libert des discours ce propos est au moins nouvelle parmi les coolies Il est notoire que des femmes coolies obligent sexuellement les dal l et divanji de leurs entrep ts et en retirent des avantages de divers ordres Il est aussi vident que des femmes seules entre tiennent des hommes chez elles ou ont des liaisons permanentes qui r pondent leur besoin de compagnon et de s curit Une relative anomie de fait lib re les moeurs La ville est sans enceinte la diff rence du village et de ses murs disent les femmes coolies cet gard Cet ensemble d observations conduit s interroger sur la por t e de ces pratiques relatives au corps T moignent elles d un sim ple rel chement voire d un refus de normes et de contraintes une sorte d explosion contre les pressions et la r pression sexuelle an t rieure une pure anomie individuelle qui brise la pression d hier et en est la soupape S agit il d un tat de crise des valeurs la permissivit pr sageant un r ajustement qui se cherche Ou bien s a git il d un laissez faire tol r dans certaines Limites par l thos patriarcal au profit finalement d un renforcement final de ses normes 181 traditionnelles pour la satisfaction entre temps des besoins par ticuliers et des int r ts des partenaires impliqu s Dans quel
559. vieil immeuble o habitent 20 30 ou 40 familles Le loyer est de 4 ou 5 roup es Le propri taire ne fait aucune r paration et les locataires n arrivent pas s entendre pour d cider d en faire eux m mes Cer taines s femmes coolies qui vivent dans de tels immeubles ont co tis au projet de construction immobili re du syndicat de coolies Mais elles sont inqui tes comme les autres d un projet dont la r alisation ne s annonce pas s re Leur argent est bloqu et la mise en oeuvre ne commence pas 2 45 Un bien d utilit et de profits A vrai dire avant d en faire ou tout en faisant une demeu re certaines femmes pensent aussi tirer profit de leur maison comme d un bien d utilit et de rapport p cunier M me le pire des minuscules taudis de dix pieds sur douze peut devenir un bien ren table Il y a plusieurs fa ons d en faire usage et d en tier pro fit Ce peut d abord tre la n cessit qui force louer un bout de pi ce comme c est le cas pour Chandrabhaga TEMGARE TEMKAR bai habite Premnagar un des bidonvilles les plus sales et les plus d pourvus de facilit s Originaire de Vel h mari e Ghodnadi Chandrabhaga a une fillette de cinq ans Son mari a pris une deuxi me femme parce qu elle ne lui donnait pas de gar on Sa m re travaille comme elle au march et garde souvent sa fillette Avant de travailler comme coolie Chandrabhaga avait d abord fait des vaissel les et des lessives chez
560. vient la belle famille de son pouse La m re du gar on dit son bonheur de voir celui ci en prenant la fille de son oncle maternal m m pour pouse maintenir la tradition consistant faire de la maison de son p re la belle famille de sa femme tout autant que la sienne 151 Un cinqui me des femmes sont cependant capables de faire preu ve d un peu d audace pour s loigner des r seaux traditionnels en fait d alliances matrimoniales Une observation d taill e et con cr te de leurs pratiques effectives de ce point de vue s impose pour s en faire une id e juste Yashoda KAMTE vient de Khalad canton de Purandar Toutes les alliances qu elle a contract es l ont t dans un ensemble de vil lages proches de moins d une quinzaine de kms M me chose en ce qui concerne Tara KAMTE femme du fr re de son mari Les Kamt dit elle sont descendus de leurs collines de Div Ghat voil qua tre g n rations pour se mettre quelque chose dans le ventre Mais ils ne sont pas dispos s descendre de leur montagne pour con tracter mariage Phula PAWAR a mari ses deux filles dans la r gion de Velhe Pour son gar on une fille a t pressentie du c t de Saswad par des connaissances de Pune Mais je ne veux pas pren dre de bru d une r gion si loign e Est ce qu il ne reste plus de filles chez nous pour devoir aller chercher si loin Saswad P ne et Velh sont pratiquement gale distance les uns des autres en
561. village Son fils fit un mariage d amour et dut aller r sider chez sa femme et ses beaux parents con trairement la coutume Elle le regretta vivement mais elle dut accepter en silence Le gar on de Shanta SHELAR fit aussi un mariage d amour C est un lectricien il allait travailler dans Rasta peth o il rencontra une fille avec laquelle il arrangea lui m me son ma riage et il resta aussi vivre chez ses beaux parents La situation de sa femme est confortable Celle ci ne veut pas revenir vivre chez sa belle m re trop mis rable Le gar on dut se rendre au d sir de sa femme la grande peine de sa m re 155 La caste On a d j pu se rendre compte plusieurs reprises quel point le syst me de caste d finit le cadre fondamental des rapports sociaux et constitue le fondement m me des syst mes de communice tion en vigueur divers niveaux ceux des chemins de la migration de la r sidence et de l embauche des alliances matrimoniales et des rapports de travail etc La caste est l espace vital essen tiel aussi englobant qu exclusif de tout autre Nous le consid rons ici pour lui m me en tant que syst me de repr sentation et de valeur ou en d autres termes en tant qu id ologie de base de l espace de vie Au niveau du langage quotidien les termes sui vants reviennent comme des leit motive qui se r f rent aussi bien des pratiques que des valeurs ou des repr sentations Chez nous on ne fait pas ceci
562. viron 60 kms KUMBHAR bai est fermement d cid e marier sa fille unique avec un gars de chez elle Il faut accorder les liens et ne pas tablir de rapports d alliance loin du village d origine Plus que cela il faut aussi c l brer le mariage au village et non dans la ville de Pune Bhim CORGE a donn ses fil les dans des villages situ s aux alentours du sien Nivh tr s loin l int rieur de la zone du barrage de Mulshi Elle a pris une bru par contre Ukhed canton d Ambegao tout l oppos En fait les habitants de ce village sont des migrants de la r gion de Mulshi qui sont all s s installer l est de Pune lors de l inondation de leurs terres La distance g ographique n a pas bris l unit du village Yamuna PAWAR est originaire de Narayangao canton d Ambegao Elle a r pudi son premier mari qui tait originaire de ce can ton pour en prendre un deuxi me dans le canton de Bhor Mais elle a tenu marier sa premi re fille Narayangao et son gar on y cherche une fille maintenant M me comportement de la part de Sin dhu BHOINE elle a divorc en bonne et due forme de son premier mari mais son fils vit avec elle Elle l a mari Cal o r side son p re le premier mari de Sindhu bai Elle a en vue un gar on du m me endroit pour sa fille Shanta BHEGADE qui fut chass e de chez ses beaux parents cause d une maladie de peau eut du mal marier sa fille dans le pays de son mari Le fr re et
563. vots ou clients aussi puissant soit ce sort L assistance l coute avec une ferveur religieuse intense et certaines femmes lui deman dent m me de mettre en oeuvre leur profit certains de ses pouvoirs Bhagat et dieux sont parfois l occasion de transgression des fronti res de caste ou de pays Mukta NANGARE est Pune depuis 30 ans Au fil des ann es ses malheurs furent innombrables Mari alco olique fils d vergond ross e par des m cr ants dans son taudis de Dand karpul Que faire J ai fait tant de dieux que j en ai les pieds perc s Depuis dix ans elle visite r guli rement un lieu de culte musulman La fille de Hira DALVI souffrait d une tumeur la t te Le docteur prescrivait une op ration Sa grande m re l inter dit car c est mothi b la Grande Femme Ne l op rez pas La d vi serait en col re La dvi a pris possession du corps de sa fille depuis toujours et d clare Je suis Punjabi ne m importunez pas La grand m re lui r pond Je vais riger ton reposoir autel ins tall pour le culte d un dieu et ces c r monies elles m mes Mais toi pars La d vi ob it et s en alla La fille se remit Celle ci est mari e maintenant mais le reposoir reste installer m md bharne Cela repr sente une d pense de 500 rs qui est toujours re mise plus tard 163 Nous sommes dans une situation difficile Nous irons voir le bhagat c est la raison que de nombreuses femmes m ont explicite
564. vri res et leur versait le montant correspondant Le premier maire de Pune Baburao Sansani mit fin cette pra tique Elle put faire venir son petit fr re pour vivre avec elle Elle le mit l cole elle signa avec son pouce en qua lit de chef de famille Elle le fit instruire Elle fit venir apr s son fr re sa soeur qui habita avec elle aussi au pied de Parvati et qu elle fit embaucher au march avec elle Un domicile Le premier pied terre est souvent un g te pr caire et tempo raire Il permet au moins de se dire qu on a chapp au pass t de marquer la coupure Les tensions d hier sont hors de vue d sormais Mais de nouvelles difficult s se pr sentent auxquelles il faut faire face Il faut en quelque sorte repartir z ro et se refaire une exis tence Mais cette nouvelle vie est construire maintenant par son seul labeur et avec ses seules forces Les questions les plus fonda mentales retiennent le souffle s assurer un abri permanent et en faire une demeure soi pour y lever les enfants et y maintenir une famille f t elle toujours trop nombreuse pour l espace disponible IL ne s agit pas tant de loger celle ci proprement parler que de l arrimer quelque part en p riph rie urbaine C est la premi re ur gence se fixer prendre pied Le premier espace d investissement et de conqu te est celui d un lieu soi f t il minuscule et peu en viable car il porte l assurance d une implantati
565. xig le deuxi me gar on est chauffeur dans une laiterie et habite au bidon ville de Dand karpul le troisi me travaille dans les Transports publics La belle famille cultive de la terre au village et en voie parfois des sacs de riz Elle a tout la maison TV pail lasse armoire L an dernier on d pensa 16000 roup es pour lever le toit de la maison et faire une terrasse Kala bai est une Lakshmi dont toute la ferveur est consacr e la maison et au foyer Elle ne r ve en dehors de cela que de p lerinage Elle n a jamais eu emprunter Quand je rentre la maisor le vendredi je passe la main par cout Je remets tout en ordre chaque chose doit tre sa pla ce Il faut nettoyer les r cipients eau faire le mouture Pas question qu on emprunte dit KONDAVALKAR bai IL faut bien tenir aussi la cour de la maison C est par cela que commence l examen d une m nag re dit Paru INGULKAR Elle pr pare des condiments jusque vers cinq heures quand elle ren tre du march puis consacre sa soir e faire le m nage On a beau avoir travaill dur au march il faut bien mettre la mai son en ordre Qu il s agisse encore de Lila bai ou de Sita bai parmi tant d autres qui s adonnent d autres travaux encore au retour du march il faut de toute fa on passer la main partout dans la maison C est la pr occupation qui les hante toutes et ne 57 les quitte pas une seconde Qu une femme n ait pas as

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