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Medecine traditionnelle et dynamiques interculturelles.les - BEEP-IRD

1. bonne chose elle a fait ses preuves comme la m decine moderne Pour un infirmier les tradipraticiens ont des comp tences parfois plus larges que celles 83 des m decins classiques Il s exprime ainsi les m decins ne font que prescrire des m dicaments alors que le gu risseur les pr pare lui m me Malgr les critiques adress es la m decine moderne les membres de lPh pital traditionnel reconnaissent son utilit Ils disent que pour le traitement de certaines maladies comme le sida la m decine classique leur a apport des informations capitales dont ils se servent En effet les informations recueillies par la direction du centre provenant de la m decine moderne furent progressivement expliqu es aux tradipraticiens Ainsi d s le d but de l pid mie les gu risseurs surent que le sida est caus par un virus qui d truit les d fenses de l organisme Forts de ces informations les tradipraticiens entreprirent rapidement de traiter le sida avec des m dicaments antiviraux auxquels ils ajoutent la r paration des d sordres induits par la destruction des d fenses de l organisme HI 3 L exemple des soins aux l preux L exemple des soins aux l preux permet de montrer clairement la diff rence de d marche entre la tradith rapie au centre de Keur Massar et la m decine classique A ce niveau la directrice du centre le professeur PARES indique que la m decine moderne proc de selo
2. administr aux vingt trois 23 malades enqu t s Ce questionnaire domin par des questions ouvertes visait d abord l identification sociologique des malades Toutefois le questionnaire a aussi permis de recueillir l avis des malades sur le m decine traditionnelle exerc e Keur Massar Les patients ont eu aussi se prononcer sur les raisons de leur choix de cet tablissement pour se soigner Les guides d entretien trois guides d entretien ont t administr s lors de nos enqu tes Le premier guide d entretien tait destin aux membres de la direction de l h pital Gr ce ce guide compos de quatre th mes et de quatorze sous th mes nous avons pu avoir une vision globale des dimensions institutionnelt s th rapeutique socioculturelle du centre de Keur Massar mais aussi des relations qui y existent entre m decine traditionnelle et m decine moderne Ce guide d entretien a t administr aux deux 2 membres clefs de la direction la directrice et le directeur adjoint qui taient les plus aptes nous fournir des informations pertinentes sur l organisation et les orientation majeures de l tablissement A ce titre ils furent nos informateurs privil gi s Chaque entretien a dur plus d une heure Le second guide d entretien destin aux tradipraticiens comportait deux 2 th mes et douze 12 sous th mes L objectif ici tait de recueillir des informations sur les
3. sites se distinguant par leur localisation et leurs fonctions Le premier site est situ juste l entr e de l h pital C est le si ge administratif qui regroupe la direction le service d accueil les cabinets de consultations externes les laboratoires de production de m dicaments et les pharmacies d approvisionnement journalier C est la partie du centre ouverte au public La seconde entit constitutive de la structuration de l h pital traditionnel est l internat C est un espace inaccessible au public sauf en cas d autorisation C est le lieu qui sert de cadre aux hospitalisations 63 Organigramme du centre DIRECTION Tradipraticiens Personnel Personnel D membrements de service Param dical externes M me si les responsables de l institution se d fendent d une hi rarchisation du personnel ou des services dans les faits c est la direction qui est l instance sup rieure de l h pital traditionnel A preuve lors de nos enqu tes les tradipraticiens s enqu raient toujours de l accord des membres de la direction avant de r pondre nos questions En plus la direction coordonne les activit s entre la structure et ses partenaires Les th rapeutes traditionnels occupent une place plus importante que les membres des autres services dans le fonctionnement du centre car contrairement ces derniers un des leurs est membre de la direction et ils sont associ s la prise de ce
4. alit il nous semble que la formalisation exprime la volont des promoteurs du centre de Keur Massar de fonder la l gitimit de la m decine traditionnelle dans cet tablissement sur des crit res scientifiquement valables 95 Cette volont est compr hensible car l h pital traditionnel n est pas une initiative propre aux gu risseurs eux m mes Bien au contraire le projet mane paradoxalement des milieux scientifiques et universitaires En effet le centre est non seulement le prolongement des recherches effectu es au centre de recherche biologique sur la l pre de la Facult des Sciences de l UCAD mais sa cr ation a aussi n cessit la caution scientifique du professeur Fran ois DIENG Docteur en m decine et de Seydou Bodian KOUYATE galement m decin l poque directeur de l OMS Dakar En bref fond pour l essentiel par des scientifiques une poque o le recours la tradith rapie tait consid r comme dangereux et quand des reproches de charlatanisme port s l encontre des gu risseurs l h pital de Keur Massar ne pouvait qu adopter une conception positiviste de la m decine traditionnelle pour donner des gages de cr dibilit aux pouvoirs publics s n galais qui n ont jusqu pr sent pas l galis l exercice de la m decine endog ne IT Les continuit s Selon Georges Balandier l opposition de la tradition et de la modernit para t trompeuse surtout si l on admet que celle ci p
5. analyse sont souvent propos s afin de comprendre le r le la place de la m decine traditionnelle dans la soci t africaine actuelle mais aussi et surtout dans le but d interpr ter les r sistances oppositions incompr hensions rejets du syst me de sant colonial l gard des syst mes traditionnels de sant Il s agit de l volutionnisme du diffusionnisme et du fonctionnalisme Le mod le volutionniste se fonde sur une th orie labor e dans le cadre d une philosophie de l histoire qui met l accent sur le fait qu une soci t doit passer par diff rents stades de d veloppement la conduisant au progr s Dans cette perspective on a souvent imagin le mod le m dical occidental entra n dans sa d marche de progr s scientifique en devenir d un aboutissement jamais atteint A l poque coloniale la m decine moderne forte de la conviction de sa sup riorit ne pouvait donc se compromettre en s ouvrant d autres pratiques historiquement situ es en amont de sa propre volution comme la tradith rapie tait suppos e l tre Le mod le volutionniste a donc pendant longtemps justifi la primaut de la m decine occidentale vers laquelle tout autre pratique de sant devait tendre en se transformant ou dispara tre Dans cette perspective la m decine traditionnelle doit conqu rir sa validit en pousant les principes de la m decine moderne Sur le pla
6. empirique pour comprendre les effets de la formalisation sur la tradith rapie Keur Massar Il s agira donc de s exercer trouver la conformit ou les diff rences entre la m decine traditionnelle Keur Massar et le type id al de tradith rapie construit A ce titre la construction syst mique est heuristique car comme indiqu par J LADRI RE les propri t s globales les plus int ressantes d un syst me sont celles qui ont trait son comportement volutif LADRIERE J Syst me Epyst mologie n Encyclop die Universalis SPADEM ADAGP France 1990 corpus 21 p 1051 _ DE ROSNY E Op cit p 31 7 LADRIERE J op cit p 1031 Croyances et repr sentations li es la maladie La sant la gu rison Mode de classification rituels des affections nosologie th rapeutiques Dimension culturelle M decine traditionnelle fonctions sociales de la m decine traditionnelle Dimension sociale Dimension th rapeutique L exercice de la m decine traditionnelle dans des institutions sociales Khoye Nd p pratiques empiriques Hi pratiques symboliques magico religieuses phytoth rapie massage e Sch ma r capitulatif de la construction de l objet m decine traditionnelle gu rir les maladies maintenir la coh sion sociale S 26 VI Mod le th orique d analyse Trois mod les th oriques d
7. h pital traditionnel ne donne t elle pas raison aux analystes de plus en plus nombreux qui pensent que les Etats africains incapables d affecter des ressources financi res importantes au domaine de la sant gagneraient substituer la th rapie moderne la th rapie traditionnelle qui pourrait gu rir de nombreuses maladies si elle b n ficie d encadrement et de financement Sans oublier les r alisations immenses de la m decine occidentale en mati re de soins il faut reconna tre que les critiques virulentes de la m decine moderne faites par des chercheurs comme Ivan Illich militent en faveur d une attention plus soutenue envers la m decine traditionnelle qui pourrait ainsi r ellement compl ter la m decine hospitali re De la m me mani re que la m decine moderne a connu ses r volutions avec la d couverte de la p nicilline l av nement de la chirurgie les recherches actuelles en psychosomatique il nous semble que la m decine traditionnelle conna t des transformations significatives avec la formalisation en cours Keur Massar Malango Yeumbel 111 Cette formalisation est un mouvement d organisation d adaptation de la m decine africaine une modernit caract ris e par des contacts interculturels Les pouvoirs publics s n galais se doivent de l galiser enfin la tradith rapie pour permettre une v ritable closion de ce mouvement l 113 Bibliographie AUGE M et HERZLICH C SL
8. limit es des indications sur la s v rit et la localisation du probl me de sant pour proc der au diagnostic interrogent le patient observent son corps comme le font les m decins modernes C est l individu qui les int resse c est lui seul qui peut permettre de d couvrir la nature le sens de la maladie En m decine endog ne par contre comme le montre AUGE le sens de la maladie ne se lit plus simplement sur le corps du malade mais ventuellement sur celui des autres de l entourage de ceux qui leur tour naissent r vent tombent malades ou meurent C est pourquoi en m decine traditionnelle le diagnostic peut se faire parfois sans la pr sence physique du patient la divination tant l une des m thodes les plus utilis es par les gu risseurs La nosographie promue au centre de Keur Massar est galement en rupture avec le mod le socio culturel africain de m decine En effet seules les maladies naturelles sont officiellement reconnues dans cet tablissement la cat gorie du surnaturel n y tant pas prise en compte dans la classification des affections Cette approche nosographique d termine fortement les pratiques th rapeutiques l h pital traditionnel Dans cette structure les pratiques empiriques rationnellesy comme la phytoth rapie les massages sont les seules recommand es Les pratiques th rapeutiques symboliques rituelles incantatoires magico religieuses sont mises l cart
9. n ral nous avons pu d gager deux orientations sp cifiques Premi rement mettre en vidence les pratiques sp cifiques et les repr sentations relatives la m decine traditionnelle Keur Massar Deuxi mement montrer les r glements la structuration le fonctionnement qui caract risent le centre de keur Massar et leurs influences sur la nature de la m decine traditionnelle qui y est exerc e V Construction de l Objet A propos de la construction de l objet M Grawitz affirme que c est un imp ratif sans mode d emploi Autrement Chaque th me de recherche comporte un objet diff rent et chaque construction doit donc s adapter l objet x 32 a construire L institution la rigueur l imagination le sens du r el et de l abstraction sont souvent consid r s comme des qualit s indispensables pour la construction de l objet Toutefois pour pr venir toute d rive m taphysique au niveau de cette phase cruciale de la recherche C Javeau avertit que l objet ne sera pas construit seulement de mani re sp culative Le cadre de r f rence th orique guidera les relev s d l ments empiriques qui permettront de construire un mod le heuristique de l objet Selon cet auteur la construction de l objet doit comporter une double rupture La premi re vise le sens commun la seconde la z 34 sociologie spontan e ou portative 31 GRAWITZ M M thode
10. nous vitons tout ce qui est mystique ou sot rique parce que ce sont des choses que nous ne connaissons pas Si un tradipraticien des connaissances mystiques il peut les utiliser mais en dehors du centre Sur le plan nosologique seules les maladies naturelles sont officiellement reconnues l h pital traditionnel la cat gorie du surnaturel n tant pas prise en compte dans la classification des affections Cependant il faut noter que la plupart des gu risseurs disent accorder une importance au surnaturel dans leurs pratiques Un des tradipraticiens enqu t s affirme m me employer le guissane divination au niveau de la phase diagnostique H Les Itin raires Th rapeutiques des Malades Tableau 12 Fiche signal tique des malades enqu t s Malades externes Religion Sexe Ethnie Effectif A Religion Musulmans 18 78 26 Chr tiens 05 21 74 Sexe Masculin 16 69 57 F minin 07 3040 Ethnie Wolof 04 17 40 S reer Il 47 82 AlPuular 06 26 08 Joola 02 os d JL 75 Malgr une pr dominance des musulmans 78 et des S reer 47 les patients de l h pital traditionnel sont d origines religieuse et ethnique diverses En plus alors qu aucun malade enqu t n a moins de 23ans les plus de 42 ans repr sentent 30 Le gu risseur A D explique cette situation en ces termes les personnes g es sont p
11. pour son financement le secteur de la sant compte avant tout sur l Etat Or la part du budget national qui lui est consacr n avait cess de se d grader passant de 9 au d but des ann es 70 un peu plus de 5 au d but de la d cennie 90 p 40 3 _ Sud Quotidien 8 Janvier 1998 M decine traditionnelle ill gale mais tol r e 18 Pour justifier le choix de ce sujet de recherche soulignons en dernier lieu que de plus en plus d analystes montrent que les comportements et les pratiques des individus face la maladie sont surd termin s en quelque sorte par des syst mes de repr sentations qui mettent en jeu des conceptions de la personne des classifications des tiologies culturellement marqu es En plus il est aussi de plus en plus montr que le malade n est pas une entit isolable son environnement et son entourage familial social sont tr s importants pour l appr hender ad quatement Tout cela atteste que les sciences de l homme et de la soci t en l occurrence l anthropologie et la sociologie doivent davantage investir les champs de la sant de la m decine et surtout de la m decine traditionnelle fortement ancr e dans les h ritages culturels des soci t s africaines D o l int r t d une tude des implications socio anthropologiques de la formalisation de la tradith rapie par l h pital traditionnel de Keur Massar HI D limitation du champ de l tude L objet de ce travail est l
12. ration dans toute tude socio anthropologique de la m decine traditionnelle le social le culturel le th rapeutique La dimension sociale de la m decine traditionnelle est prouv e par le fait que la tradith rapie a une fonction sociale qui consiste gu rir les maladies mais aussi maintenir la coh sion sociale Ainsi est il souvent soulign le fait _ FERREOL G Dictionnaire de Sociologie Armand Colin Paris 1995 p 273 ER E i i 4 t i i i A f i x i t k i f i i f i i i TAN ETS MBU PR i i i k H t 3 22 qu en Afrique les gu risseurs ont un r le social majeur dan la communaut Le 3 se 36 car ils d tiennent les cl s de l ordre social y La gu rison au niveau de la m decine traditionnelle est aussi exerc e et r gul e dans le cadre d institutions ou d organisations sociales comme le Khoye chez les S reer En ce qui concerne la dimension culturelle de la m decine traditionnelle elle r side dans le rituel qui pr c de et accompagne la r colte la pr paration et l administration des rem des et d autre part dans les conditions d efficacit de ceux ci essentiellement li es au mode de classification des affections qui n est pas n cessairement fond sur les cat gories cliniques observables La tradith rapie se fonde donc aussi sur des croyances repr sentations et pratiques
13. rituelles culturellement marqu es et auxquelles adh rent aussi bien les tradipraticiens que leurs patients Ainsi certains pensent propos des rem des traditionnels que leur efficacit tient cet enclavement culturel La dimension la plus vidente de la m decine traditionnelle est celle th rapeutique En effet la m decine africaine a d abord et avant tout pour vocation de soigner Pour cela des pratiques empiriques comme la phytoth rapie sont employ es par les tradith rapeutes pour gu rir leurs malades Ils impr gnent le corps de leurs patients de ces substances v g tales dont ils ont le secret herbes feuilles fra ches corces racines oignons bourgeons et fruits sont taill s pil s pulv ris s liqu fi s et finalement consomm s Des actes rituels symboliques magiques sont aussi utilis s par les gu risseurs pour soigner L objectif vis travers ces actes consiste pour le tradith rapeute 36 FONTAINE M Sant et Culture en Afrique noire une exp rience au nord Cameroun l harmattan Paris 1995 p 84 7 GOLLNHOFFER O et SILANS R Op cit p 285 _ DE ROSNY E L Afrique des gu risons Karthala Paris 1992 p 34 _ Ibid p 30 mr ra nn tn i i i f A H 4 H t y i Hi A 3 E z l H E F F f f i Ai ape EP i E i i 23 r tablir l harmonie r insta
14. syst me traditionnel la notion de pouvoir concomitante au politique est inscrite dans un sch ma de relations continues et directes Ce pouvoir du 5 FONTAINE M Op Cit p 132 Ibid p 133 33 gu risseur s appuie sur des forces et des proc dures qui communiquent avec l univers de r f rence des chefs religieux Pour mettre l accent sur l importance du pouvoir au niveau de la m decine traditionnelle certains vont jusqu affirmer que les gu risseurs doivent leur prestige plus encore un i jA 60 pouvoir social qu un savoir 4 La parent C est un indicateur qui permet de percevoir la dimension sociale de la m decine traditionnelle En effet la m decine traditionnelle trouve dans le syst me de parent une valorisation du communautaire et du PRE 6l solidaire L importance de l indicateur parent est aussi soulign par De Rosny qui montre que la pr sence de certaines personnes de la famille on le devine rev t n 2 r o une signification capitale pour la gu rison du malade au niveau de la tradith rapie 5 La personne Ici il s agit de la personne dans son int grit physique affective intellectuelle en interaction Ces trois sph res touchent au somatique au psych et au cognitif Ici nous retiendrons que le syst me traditionnel de m decine aura une approche psychosomatique du malade En m decine traditionnelle les affections ne so
15. un gu risseur dit Je peux soigner le mal de t te alors que quand quelqu un a mal la t te il peut s agir de l hypertension du paludisme de la m ningite La majorit des professionnels de la sant regrettent que certains tradipraticiens affirment gu rir des maladies comme la l pre le diab te le sida sans en donner la preuve tangible Pour justifier leur point de vue des infirmiers disent avoir re u des l preux venus de l h pital traditionnel avec des mutilations Ils pensent que le centre de Keur Massar est efficace pour traiter les dermatoses mais doutent de sa capacit gu rir la l pre II 2 La reconnaissance mutuelle Les rapports entre m decine traditionnelle au centre de Keur Massar et m decine moderne ne sont pas uniquement conflictuels En effet sur bien des aspects gu risseurs et professionnels de la sant se reconnaissent compl mentaires Pour les professionnels de la sant de mani re g n rale la tradith rapie est efficace pour le traitement des maladies psychiatriques Ils voquent presque tous l exp rience men e l h pital Fann par le professeur Collomb pour montrer qu ce niveau m decine traditionnelle et m decine moderne gagneraient coop rer En plus la plupart des professionnels de la sant reconnaissent que la tradith rapie est performante concernant les dermatoses Dans cette perspective le m decin insistait la m decine traditionnelle est une
16. EE ENNE OLN PEBER PE AAS VEERE NEEE TAE OEN IE ELPRE TNA NAE E EA ESA ERA PEET E E NEE AEN Mu rite a Il convient galement de pr ciser qu il existe plusieurs niveaux o on peut saisir l importance de la dynamique interculturelle dans la compr hension de la situation actuelle de la tradith rapie au S n gal D abord soulignons que de plus en plus de gu risseurs adoptent les signes de la modernit Comme le montre C Moretti dans les zones p ri urbaines africaines les nouveaux gu risseurs selon l expression de F Hagen boucher soignent leur apparence d une mani re moderne qui ne laisse pas d impressionner la client le blouse blanche papier ent te l emploi d un vocabulaire pseudo m dical renforce leur statut de chercheurs en m decine ss ss r FE r y 19 traditionnelle injustement ignor s selon eux des milieux institutionnels 3 De plus en plus la m decine traditionnelle est aussi pens e comme compl mentaire la m decine hospitali re Dans cette perspective M E Gruenais pense que les tradipraticiens permettraient ainsi de pallier les carences du syst me de sant dans les zones recul es d autant mieux qu ils pr senteraient l avantage d une bonne insertion dans leur milieu et de proposer des soins faible co t En r alit de nombreux malades allient en m me temps m decine traditionnelle et m decine moderne Former des th rapeutes traditionnels la planification famil
17. Rappelons que nous consid rons comme innovation tout ce qui dans l organisation de la tradith rapie dans les pratiques relatives la m decine traditionnelle Keur Massar est consid r e comme in dit par les gu risseurs eux m mes ou les malades de cette structure Des innovations techniques peuvent tre d cel es l h pital traditionnel surtout au niveau des modalit s de pr paration des rem des traditionnels mais aussi dans les modes de conditionnement de pr sentation et de conservation des produits m dicinaux Le centre est dot d infrastructures quip es d appareils techniques assez modernes pour la production de m dicaments L institution dispose aussi d une machine piler les plantes d un container transform et quip de climatiseurs pour conserver les plantes fragiles En plus des cuisines sont am nag es pour la pr paration des rem des avec un appareillage technique permettant de r aliser des d coctions de plantes la temp rature souhait e Toutes ces installations aff rentes la fabrication des produits m dicinaux constituent des innovations techniques propres l h pital traditionnel En effet les gu risseurs de cette structure ont tous admis lors de nos enqu tes qu ils n avaient jamais utilis des infrastructures de ce type avant leur int gration au centre Les innovations techniques ne se limitent pas uniquement aux modalit s de pr paration des rem des traditionnels el
18. Toutefois quel que soit l int r t de ce probl me sp cifique de recherche il semble trop vaste pour tre appr hend dans tous ses aspects dans le cadre d un m moire de ma trise C est pourquoi nous ne nous int ressons qu aux implications socioculturelles de cette formalisation de la m decine traditionnelle Ainsi des questions particuli res se posent nous Ces interrogations peuvent tre r sum es en deux questions sp cifiques de recherche qui sont concomitantes Pour r soudre notre probl me sp cifique de recherche il s agit de nous demander d abord quelle est l influence de la formalisation sur les pratiques et les repr sentations relatives la m decine traditionnelle Keur Massar Afin de trouver une r ponse cette premi re question sp cifique de recherche nous pensons judicieux de pr ter une attention particuli re au regard de la socio anthropologie du d veloppement qui selon J P Olivier De Sardan se focalise en particulier sur l analyse des interactions entre acteurs sociaux relevant de cultures ou sous cultures diff rentes Elle proc de l inventaire des contraintes respectives auxquelles les uns et les autres sont soumis et au d cryptage des strat gies que les acteurs d ploient l int rieur de leurs marges de man uvre Elle d crit les repr sentations et syst mes de sens mobilis s par les groupes en interaction et tudie les dynamiques de A 25 transformation de
19. a REPUBLIQUE DU SENEGAL UNIVERSITE GASTON BERGER DE SAINT LOUIS U F R DE LETTRES ET SCIENCES HUMAINES SECTION DE SOCIOLOGIE MEDECINE TRADITIONNELLE ET DYNAMIQUES INTERCULTURELLES Les Implications Socio Antropologiques de la Formalisation de la Tradith rapie l H pital Traditionnel de Keur Massar Pr sent par Sous la Direction de Seydou Nourou FAYE Mamadou Balla TRAORE Ma tre Assistant l U G B Ann e Acad mique 2000 2001 DEDICACES A mon p re et ma m re X A mes fr res et s urs A mes amis Birame Goya Mbar Bassirou Di dhiou Monsieur Sow Thilor Ibou S ye Abdoulaye Barry Boubacar Diaw Pape Mamadou Ndiaye Jean No l Diouf A ceux avec qui j ai partag le 25G5C Ibrahima Diallo Aziz B Mamadou Seck A mes amis de l Universit Gaston Berger Djibril Diouf Mohamed Bachir Loum Paul Diatta Danfa Ndiaga Habib L on Ndiaye Paul Faye Tapha El Hadj Loum Abass Adji Faye Ibrahima Faye Aly Boye D toubabe Bouna Fall Djibril Seck Omar Di ye Malick Mme Sow Boissy Venceslas A tous les tudiants de l Universit Gaston Berger REMERCIEMENTS Je remercie sinc rement toutes les personnes qui m ont aid r aliser cette tude Sans leur concours ce m moire serait peut tre encore l tat de projet Mes remerciements s adressent particuli rement a Monsieur Mamadou Balla Traor qui a encadr ce travail avec rigueur s rieux et g n rosit Monsi
20. approprie parfois les progr s scientifiques de la m decine moderne pour les int grer ses propres pr occupations Concernant le SIDA par exemple les tradipraticiens de la structure ont d abord pris connaissance des explications donn es par les OLIVIER DE SARDAN op cit p 65 106 m decins de l action du VIH sur l organisme humain avant de b tir leur propre strat gie de lutte contre cette maladie Dans cet tablissement les l ments emprunt s la m decine occidentale sont associ s aux savoirs m dicaux endog nes et non appliqu s tels quels L laboration d une mani re in dite de pratiquer la m decine traditionnelle n est possible l h pital traditionnel que du fait de la formalisation En effet l utilisation de produits comme l alcool et l ther dans la pr paration des m dicaments n est effective dans cet tablissement que parce que certains membres du personnel param dical et de la direction ont une connaissance exacte des propri t s de ces produits et des vertus de leur association avec des plantes m dicinales En r alit tout processus d acculturation n cessite ceux que BASTIDE appelle des interm diaires Au centre de Keur Massar ont peut consid rer les membres de la direction comme les interm diaires charg s de faire passer l exog ne dans l endog ne d int rioriser d abord en eux la culture du groupe donneur pour la r pandre ensuite au sein du groupe recevoir BASTID
21. au centre de recherche biologique sur la l pre de la Facult des Sciences de l Universit Cheikh Anta Diop de Dakar pendant pr s de dix ans par le professeur Yvette PARES et son quipe Ces recherches ont t faites en collaboration avec plusieurs gu risseurs et herboristes sur les plantes d Afrique et d Europe Au fur et mesure de ses recherches le professeur PARES fut convaincue de l inefficacit de la chimioth rapie enrayer l volution de la maladie C est pourquoi elle sentit le besoin de recourir au savoir des th rapeutes traditionnels r put s dans le traitement de la l pre Un d nomm Yoro B joua le r le de facilitateur entre Madame PARES et des gu risseurs exp riment s C est ainsi qu en d cembre 1979 un th rapeute Peul Dadi Diallo accepta de travailler avec elle la fondation du centre de Keur Massar 61 Le projet de cr ation de l h pital traditionnel a b n fici de la caution scientifique du professeur Fran ois Dieng et de Seydou Bodian Kouyat l poque respectivement doyen de la facult de m decine de l Universit de Dakar et directeur r gional de POMS Les pouvoirs publics s n galais ont galement contribu de mani re indirecte l essor de l h pital de Keur Massar Le pr sident Senghor a donn une importante subvention au centre de recherche dont les travaux ont conduit la cr ation du centre hospitalier Quant au pr sident Diouf il
22. de la direction Ils sont au nombre de quatre 4 Il y a la directrice le directeur adjoint le chef de services administratifs un th rapeute traditionnel conseiller C est l quipe dirigeante de l h pital traditionnel Les malades Il existe deux cat gories de malades dans le centre de Keur Massar Les malades en r gime interne qui sont hospitalis s Ils sont selon la direction du centre 240 personnes Les malades externes sont ceux qui viennent ponctuellement ou sur rendez vous se soigner au centre et repartent chez eux Leur nombre n est pas comptabilis Signalons d s maintenant que nos enqu tes 45 ont concern exclusivement les malades en r gime externe de l h pital traditionnel Cela parce que nous n avons pas obtenu de la part des responsables du centre l autorisation d interroger les malades intern s En dehors de ces trois groupes cibles principaux choisis parmi les composantes de l h pital traditionnel l enqu te a aussi cibl des professionnels de la sant m decin infirmiers dont l avis sur le centre de Keur Massar est important Les professionnels de la sant interrog s dans le cadre de cette tude exercent au dispensaire Tripano de Mbour Tripano a t choisi parce que comme au centre de Keur Massar des l preux y sont intern s et en plus nous tions au courant de flux de malades entre l h pital traditionnel et ce dispensaire II 2 Les technique
23. de migrants d origine rural que les al as climatiques chassent de leur terroir Signalons cependant une r gression constante du secteur agricole cons quence d une urbanisation galopante qui gagne les terres de culture En effet de 4746 habitants en 1988 elle est pass e 8092 habitants en 1998 Les peul constituent la majorit de la population La commune de Keur Massar tant situ e dans la Zone des Niayes les cultures mara ch res constituent l activit conomique dominante des populations L aviculture occupe aussi une place importante Keur Massar avec l installation de l usine de la SEDIMA dans cette localit Sur le plan sanitaire la ville de keur Massar est dot e de plusieurs infrastructures dont l h pital traditionnel situ la p riph rie sur la route de Niague Les services de sant modernes y sont repr sent s par un cabinet v t rinaire deux pharmacies deux cases de sant et deux postes de sant cf carte 3 Le paysage sanitaire de Keur Massar compte galement un centre de nutrition communautaire et une maternit secondaire Le personnel m dical volue lentement depuis l installation du premier poste de sant en 1946 D un effectif de sept 07 membres en 1988 le personnel des postes de sant est pass dix huit 18 personnes en 1998 Le personnel de la maternit secondaire compte 10 membres auxquels s ajoutent les neuf personnes op rant au niveau des cases de sant
24. des malades internes Malades internes Effectif Adultes 98 Enfants 142 total 240 Source H pital traditionnel de Keur Massar janvier 2000 Il faut remarquer que les enfants hospitalis s sont plus nombreux que les adultes Ils repr sentent 59 17 de la population totale des malades internes Cette disproportion est compr hensible si on sait que l h pital traditionnel s investit aussi bien dans le traitement curatif que pr ventif de la l pre Ce qui explique le nombre lev des enfants c est que de nombreux enfants de l preux sont en traitement pr ventif au centre pour viter que le malheur de leurs parents ne les frappe aussi Selon les responsables de l tablissement cette strat gie aurait de multiples avantages Les enfants d j frapp s par la maladie peuvent gu rir avant d avoir pris conscience de celle ci Pour les enfants en incubation silencieuse le traitement pr ventif va stopper l volution vers la maladie apparente et l enfant ne conna tra ainsi ni les souffrances ni les stigmates de la l pre Pour ceux qui chapperaient la maladie le traitement at T kun o accro trait la r sistance de organisme cette derni re Ce mn OM or ee ne D 69 II 3 Les infrastructures L h pital de Keur Massar est dot de quatre types d infrastructures Selon les membres de la direction ces infrastructures ont la particularit d tre simples et
25. en compte dans le dispositif th rapeutique de l h pital traditionnel En effet il existe au centre de Keur Massar une certaine conception de la m decine selon laquelle le malade doit tre soign dans son milieu social x C est pourquoi les patients hospitalis s sont soutenus durant leur traitement par des accompagnants membres de leur famille Selon un gu risseur le centre serait m me un lieu de cr ation de parent En effet beaucoup de malades gu ris reviennent soutenir les autres et nouer des liens durables d amiti avec les tradipraticiens ou membres de la direction IV 5 Une conception particuli re de la personne malade A l h pital traditionnel la philosophie th rapeutique repose une prise en compte le malade est pris en compte des composantes psychiques et organiques du malade Pour le diagnostic les gu risseurs privil gient l approche psychologique qui consiste couter le malade parler de ses troubles Les tradipraticiens au centre de Keur Massar accordent une importance capitale la notion de sagesse li e l exp rience Selon un gu risseur c est la sagesse qui permet de comprendre la maladie du patient en observant attentivement sa d marche sa fa on de parler ce qu il dit En plus rappelons que pendant la cure au centre les membres de la famille du malade sont pr sents pour le soutenir psychologiquement Pour l action th rapeutique concr te
26. en sciences sociales plus g n ralement afin de d couvrir les m thodes les plus appropri es pour mener bien nos analyses et investigations I 2 Les entretiens exploratoires Dans le souci d obtenir le maximum d informations sur notre th me de recherche nous ne pouvions nous en tenir exclusivement aux lectures exploratoires pourtant tr s instructives C est pourquoi nous nous sommes entretenu avec des personnes qui par leur position ont une connaissance pouss e de la m decine traditionnelle I s agit principalement de M Kaoussou Sambou Chercheur l IFAN et gu risseur mais aussi du Dr Sy charg du programme Plantes m dicinales ENDA SANTE En gros ces entretiens qui taient non directifs taient centr s sur les questions de la situation actuelle de la m decine traditionnelle et de l avenir de la tradith rapie au S n gal Les entretiens exploratoires nous ont permis de percevoir les atouts et difficult s de la m decine traditionnelle dans le contexte sanitaire actuel I 3 La pr enqu te exploratoire Cette tape de l exploration est celle pendant laquelle il faut nouer un contact direct avec le terrain d investigation Toutefois ce pr sent travail tant la continuit de nos recherches entreprises en ann e de Licence tude de cas nous n avons pas particuli rement insist sur la pr enqu te En effet notre 43 recherche ant rieure nous avait permis d a
27. la premi re fois au centre de Keur Massar Ont d j sollicit la 17 73 52 m decine traditionnelle dans leur vie avant le centre de Keur Massar TOTAL 23 1 100 77 La plupart des patients interrog s pensent que la m decine traditionnelle au centre de Keur Massar pr sente des sp cificit s par rapport d autres pratiques endog nes Pour justifier ces sp cificit s les malades avancent les arguments suivants c est pas cher c est plus s r c est plus efficace c est plus moderne Les malades externes dans leur majorit semblent satisfaits des soins qu ils re oivent l h pital Tableau 14 Niveau de satisfaction des malades externes par rapport l h pital traditionnel MALADES EXTERNES EFFECTIF E EES EEA Accepteraient de o recommander l h pital traditionnel d autres patients 20 86 95 Refuseraient de recommander l H pital Traditionnel d autres patients Ne savent pas s ils feraient la publicit de l h pital traditionnel U 13 05 TOTAL 23 100 78 La plupart 86 95 des patients enqu t s affirme qu ils accepteraient de recommander l h pital traditionnel d autres malades Seulement 13 ne savent pas s ils feraient la publicit du centre de Keur Massar et la justification qu ils donnent c est qu au moment de l enqu te c
28. la chimie moderne comme l ther sont employ s au centre pour allonger la dur e de vie de certains produits m dicinaux L alcool un produit pourtant reconnu en m decine moderne est parfois utilis dans la pr paration des m dicaments Afin d assurer le conditionnement des rem des des sachets en plastique ou en papier sont fabriqu s l h pital traditionnel et comportent des tiquettes indiquant la posologie Interrog sur les aspects modernes de la technologie utilis e dans la structure le directeur adjoint s insurge la technologie n appartient personne c est un patrimoine universel Le fait d employer un peu de technologie occidentale ne fait pas de nous des m decins modernes Il ajoute nous n avons pas de complexe mais nous n utiliserons jamais des m dicaments modernes ou la radioscopie ici parce que nous faisons de la m decine traditionnelle 86 IV 2 L conomie et les finances Les ressources conomiques du centre de Keur Massar sont constitu es pour l essentiel de dons provenant de l ext rieur du S n gal Selon les administrateurs de l h pital traditionnel seul un national participe chaque ann e au financement de l institution travers surtout des dons de riz C est ce qui a pouss le Professeur PARES dire que le centre fonctionne sans un sous du S n gal Outre les donations l h pital de Keur Massar engrange des ressources travers la vente
29. le du Cap Vert la commune de Keur Massar est domin e par un climat de type sub canarien Ce climat est marqu par une saison s che qui dure huit 08 mois et une saison des pluies courte juillet octobre Soulignons que la saison s che est relativement fra che en raison de l aliz maritime qui souffle pendant toute la saison Le climat temp r de Keur Massar serait l origine de son urbanisation rapide et pouss e 53 A OR arar a 54 HI Aspects humains et sanitaires Tableau 3 Projection de l volution de la population de Keur Massar de 1988 1998 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 Keur Massar Ann e Population 1 za 4746 5006 5282 5572 5876 6198 6540 6896 7277 7675 8092 Source DPS 1992 A em NS i me an RO pr gg 0 rm ed EN mes PA OS D PPS A mn pe a rene matter midi ie gr LA REGION DE DAKAR SES COMMUNES ET COMMUNES _D ARRONDISSEMENTS N 7 o MALIKA jaa e o o e o i F z2 o e Se out E AEUINAS AENDE ETE 1 LE DE vor PE Tours e NSUD Le NS 9 8 gt e RAHTRARONE RAWA 5 aare gt e ILE DE NGOR a S es doses o o Ca x RSR RE CS RE e VEST f LPS _ 2 piine OUEST Ki Kit FRAIS A E 23 LA e renet an RAR TA HMaGUENE le ea e s CE r E NORD f LANES se P TIVO N SICAPMBAO jouinis DIACKSAO 2 dre aeh oa s Se e VILLE
30. les cas avanc s 2 Traitement d attaque comportant entre autres des pr parations tonifiantes 3 Traitement de fond qui se d roule en tapes successives avec changement des pr parations m dicamenteuses administr es 4 Traitement final destin consolider les r sultats acquis 5 Traitement de s curit pour entraver le risque de rechute 6 Traitement des troubles psychiques Les traitements de la l pre au centre de Keur Massar seraient ainsi plus complets que ceux de la m decine moderne IV Les Aspects Socio Culturels de La M decine Traditionnelle r nov e La technologie l conomie la parent le politique la personne les repr sentations de la maladie et de la gu rison sont les indicateurs qui permettent d appr hender la dimension socio culturelle de la m decine traditionnelle En effet ils expriment les canaux l articulation du social et du culturel travers lesquels une collectivit d termin e en un moment donn prend en charge globalement l v nement maladie IV 1 La technologie La technologie utilis e dans le centre de Keur Massar est assez moderne Pour l administration de l tablissement la direction dispose d un v hicule de locaux confortables d un ordinateur avec imprimante Comme nous l avons d j montr un appareillage technique labor cf infrastructures pharmaceutiques permet la production de m dicaments En plus des produits de
31. locaux de la tradith rapie L analyse de l innovation a l avantage d int grer les questions pos es la fois par l volutionnisme le diffusionnisme et le fonctionnalisme C est ourquoi elle sera retenue comme mod le th orique d analyse P 3 q y L innovation constitu e par la formalisation va t elle entra ner une volution de la m decine traditionnelle Keur Massar et aboutir un rapprochement troit avec le mod le occidental de la m decine Ibid p 94 t _ OLIVIER DE SARDAN J P Op cit p 78 28 Le point de vue diffusionniste met l accent sur les processus de transformation par contact A la lumi re de ce mod le peut on consid rer la formalisation comme favorisant une acculturation de la tradith rapie L approche fonctionnaliste permettrait aussi de se demander quels rapports nouveaux la formalisation de la m decine traditionnelle en tant qu innovation introduit elle entre les diff rents l ments composants le syst me m dical traditionnel La fonction du gu risseur change t elle ou reste t elle identique dans le cadre de la formalisation Dans la perspective d une approche dynamique de la m decine traditionnelle et en mettant l accent au niveau de ce travail sur l analyse des rapports entre innovation et syst me nous avons sollicit les analyses de Fall i qui citant les travaux de Saint Julien Gaffard Babin Et Rey d gage quatre processus qui d fin
32. m thodes th rapeutiques des gu risseurs leur approche du malade et de la maladie les relations existant Keur Masar entre tradipraticiens malades membres de la direction Ce guide tait aussi confectionn pour nous permettre d appr hender la place accord e dans leurs pratiques par les gu risseurs de Keur Massar aux dimensions socioculturelles de la m decine 49 traditionnelle technologie conomie politique parent personne repr sentation de la maladie Huit 8 tradipraticiens ont t interrog s dans ce cadre La dur e de ces entretiens tourne autour de la demi heure en moyenne Le troisi me guide d entretien ciblait les professionnels de la sant Trois th mes ont t retenus pour nous permettre de recueillir les opinions des professionnels de la sant sur la formalisation de la tradith rapie Keur Massar et sur les rapports entre m decine traditionnelle et m decine moderne Nous nous sommes entretenu avec six 6 professionnels de la sant Chaque entretien a dur dix minutes en moyenne Les entretiens libres nous avons r alis ces entretiens libres dans le cadre des r cits de vie qui ont concern respectivement un gu risseur le directeur adjoint du centre un malade Ce qui tait important dans le cadre de ces entretiens libres c tait travers la trajectoire sociala professionnelle du directeur adjoint et du gu risseur de saisir les orientations de l h pital de Keur M
33. malades Cela en leur confiant par exemple la vente de produits m dicinaux fabriqu s par l h pital ou en distribuant du mat riel agricole des machines coudre des ex pensionnaires install s dans les villages de reclassement des l preux de Coutal et Mballing IV 3 Le politique la prise de d cision Il n existe pas de hi rarchisation explicite officielle du personnel au niveau du centre de Keur Massar Chaque membre de la structure a un pouvoir dans le cadre de son domaine de comp tence en fonction de la r partition des t ches Le pouvoir du gu risseur s exerce sur le plan th rapeutique o sa responsabilit est enti re La directrice parlant de sa position dans l institution explique ce n est pas un m decin qui coiffe les gu risseurs ils m ont appris je travaille avec eux Le tradipraticien l h pital traditionnel est consid r comme un savant il doit tre respect c est pourquoi il est appel ma tre Les d cisions importantes sont prises apr s concertation de fa on coll giale travers des r unions regroupant chaque mois gu risseurs et membres de la direction Afin de nous permettre de comprendre la gestion du pouvoir au sein de l tablissement D B explique on appelle personne monsieur ici il n y a pas de notion de chef chaque personne a une responsabilit et l assume 88 IV 4 La parent La dimension parent est tr s prise
34. moi Garaab Niit Ku Njul mooy fadj Niit Ku Njul litt ralement c est la m decine du noir qui peut gu rir la maladie du noir 79 Si les prix lev s des m dicaments modernes expliquent le transit de certains patients de la m decine occidentale l h pital traditionnel d autres malades par contre voquent des probl mes de communication avec les professionnels de la sant pour justifier le changement d alternative th rapeutique Dans cette perspective P D un patient s exprime ainsi je ne dit pas que la m decine moderne est inefficace mais elle est compliqu e pour les analphab tes comme moi Je ne parvenais lire les notices des m dicaments que les m decins me prescrivaient et ces derniers ne prennent pas le temps d expliquer les traitements dans les d tails des badolos personnes pauvres comme moi C est pour ces raisons que j ai choisi de me soigner d sormais au centre Ici au moins je peux parler le S reer avec les gu risseurs et ils respectent mon ge Le th me du retour la tradition est galement avanc par des patients interrog s pour expliquer leur recours l h pital traditionnel B F s exprime ainsi ll est actuellement impossible d tre en bonne sant parce qu on mange trop d huile et d engrais Seul le retour notre coosaan tradition dans notre fa on de vivre de nous soigner peut nous sauver Il y a des maladies comme la fi vre jaune que la m d
35. personnes Parmi ces personnes il y a eu huit 8 gu risseurs tir s au hasard sur les onze 11 qui travaillent dans le centre mais aussi deux 2 membres de la direction Notons aussi que des entretiens individuels ont eu lieu avec vingt trois 23 malades externes choisis selon leur bonne disposition r pondre nos questions Six 6 professionnels de la sant op rant au dispensaire Tripano de Mbour ont aussi t interrog s Signalons que le nombre d individus interroger au niveau de chaque groupe cible n tait pas pr d termin au d part de l enqu te Nous avons op r selon le principe de l enqu te par saturation Autrement dit nous avons interrog le maximum d individus dans chaque cat gorie jusqu avoir une r currence dans les r ponses Nous avons jug la saturation atteinte chaque fois que les donn es recueillies entrent dans les cadres d j connus et configur s par nos hypoth ses Les r cits de vie nous avons recueilli le r cit de vie d une personne dans chaque groupe cible principal de l enqu te Ces personnes ont t choisies pour l essentiel en fonction de l importance de leur position dans l h pital traditionnel Ainsi nous avons recueilli l histoire de vie du directeur adjoint du centre celui d un des gu risseurs titulaires le plus ancien et enfin celui d un 47 malade en fin de traitement donc susceptible de nous fournir une opinion avis e s
36. r alit l importance accord e l hygi ne dans la pr paration le conditionnement la conservation des produits m dicaux t moigne du besoin des promoteurs de la structure de gagner la confiance des malades dont la majorit provient des milieux urbains occidentalis s En plus le fait de disposer d appareils permettant de r aliser des d coctions la temp rature souhait e permet aux gu risseurs de gagner en pr cision dans leurs pr parations m dicamenteuses Les innovations l h pital traditionnel sont non seulement techniques mais aussi organisationnelles En effet alors qu ils exer aient isol ment avant d int grer l tablissement les tradipraticiens travaillent en quipe l h pital de Keur Massar avec des horaires bien d finies des modalit s de paiement des honoraires fix s d avance par l administration De surcro t au centre de Keur Massar les gu risseurs se concertent r guli rement avec les membres de la direction pour d cider des orientations donner leur travail 104 A l instar des h pitaux modernes l organisation de la m decine traditionnelle y est essentiellement assur e par des membres de la direction qui travaillent avec des moyens modernes comme l usage de l ordinateur alors que les tradipraticiens se limitent l administration des soins En plus l h pital le rapport entre le malade et le gu risseur n est plus direct Ce rapport est m diatis par le service d accuei
37. 59 Tableau 4 R partition du personnel de sant des postes de Keur Massar en 1998 Identifiant Effectif Infirmiers Infirmi res 01 5 6 Sages femmes 02 11 1 Aides soignants 04 22 2 Matrones 09 50 Pharmaciens 02 11 1 Total 18 100 Source Enqu tes A BA 1998 Tableau 5 R partition du personnel de sant de la Maternit secondaire Identifiant Effectif Infirmiers Infirmi res 00 Sages femmes 01 Aides soignants 03 Matrones 05 __ Pharmaciens 01 Total 10 Source Enqu tes A BA 1998 Tableau 6 R partition du personnel des cases de sant 1998 Identifiant Effectif ASC 03 Matrone 05 Aides soignants 01 Total 09 Enqu tes A BA 1998 60 Chapitre II L h pital traditionnel de Keur Massar Nous pr senterons l h pital traditionnel d abord travers ses aspects institutionnels et ensuite par l interm diaire de ses ressources humaines et mat rielles Les activit s pharmaceutiques et m dicales de l institution seront ensuite expos es I Aspects institutionnels Les aspects institutionnels permettent de montrer le sp cificit du centre de Keur Massar en tant qu organisation travers une mise en avant de son historique ses objectifs sa structuration et son fonctionnement I 1 Historique L tablissement hospitalier de Keur Massar cr en juillet 1980 est le r sultat de recherches effectu es
38. ANGS La cure comme mythe Le traitement de la maladie et son id ologie partir de quelques exemples ouest africains In Cahiers ORSTOM 6 s rie sciences humaines vol XVIIE n 4 1981 1982 p 415 FAISANG S Op cit p 419 P z je gt zox 12 l interm diaire d un mode de vie malsain impos l individu Cette longue tradition anthropologique qui a tendance d nier la m decine traditionnelle un savoir rationnel et empirique est aussi critiqu e par E Mbokolo Ce dernier explique m me cette tendance par la coexistence en Afrique de plusieurs traditions m dicales qui a souvent pour effet face la tendance monopoliste de la m decine moderne en mati re de savoir d inciter les m decines diff rentes revendiquer l exclusivit du sens On pourrait aussi reprocher aux anthropologues d avoir sous estim l importance accord e par les soci t s africaines au maintien de la sant et non l interpr tation des maladies d clar es qui aurait davantage retenu l attention des anthropologues L insatisfaction propos des analyses d orientation anthropologique proviendrait aussi du fait des g n ralisations h tives fr quentes mais aussi de l uniformisation outrance de la m decine traditionnelle enferm e dans des sch mas globaux Toutefois le d faut majeur des tudes anthropologiques sur la pharmacop e africaine r side dans l intemporalit difficilement acceptabl
39. D Le sens du mal Anthropologie Histoire Sociologie de la Maladie Archives contemporaines Paris 1983 278 N BA A Environnement et insalubrit Dakar Les impacts de la d charge de Mbeubeus sur la sant des populations riveraines m moire de ma trise UGB 1998 1999 BALANDIER G Sociologie actuelle de l Afrique Noire Quadruge PUF Paris 1982 529p BANLANDIER G Le d sordre Eloge du Mouvement Fayard Paris 1988 249p BALANDIER G Le d tour Pouvoir et modernit Fayard Paris 1985 266p BARE JF SLD Les applications de l anthropologie UN essai de r flexion collective depuis la France Karthala Paris 1995 282p BASTIDE R Anthropologie appliqu e Payot Paris 1931 244p BOUDON R SLD Dictionnaire critique de la sociologie Larousse Paris 1990 242p CLANET C L interculturel Presses Universitaires du Mirail PUM Toulouse 1993 234p 114 10 DE ROSNY E L Afrique des gu rissons Karthala Paris 1992 219p 11 DIOP M C SLD S n gal Trajectoires d un Etat CODSERIA Dakar 1992 500p 12 Encyciop die Universalis SPADEM ADAGP France 1990 Corpus 21 1102p 13 FALL CAL Aspects socio anthropologiques de la diffusion et de l adoption de l innovation planning familial en milieu urbain s n galais le cas de Kaolack M moire de ma trise de sociologie UGB 1996 14 FERREOL G Dictionn
40. D ailleurs le r glement int rieur proscrit l utilisation par les gu risseurs de versets coraniques pour les soins afin de respecter la croyance religieuse de tous les patients L exp rience de H D gu risseur qui nous a expliqu son itin raire dans le cadre d un r cit de vie est assez vocateur Il est sp cialiste des maladies mentales mais au centre de Keur Massar il se contente de pratiquer la m decine g n rale parce que le r glement en vigueur dans cette structure ne lui permet pas dit il d appliquer ses connaissances mystiques _ AUGE M op cit p 93 En analysant l affaiblissement progressif de la base socio culturelle de la tradith rapie avec certaines tentatives de valorisation de la m decine africaine DOZON confirme le processus en cours l h pital traditionnel Pour lui de plus en plus le terme de tradipraticien repr sente lui seul une v ritable pure qui ne r f re aucune comp tence particuli re mais sugg re une figure positive d pouill e de tout l ment magico religieux ee La formalisation de la m decine traditionnelle introduite Keur Massar constitue bien une rupture Tous les th rapeutes traditionnels interrog s lors de nos investigations affirment avoir acquis leurs connaissances m dicales l issue d un processus d apprentissage long et complexe comme les m decins modernes alors que certains gu risseurs en m decine endog ne acqui rent leurs comp tences th rapeu
41. DE VILLE DE VILLE DE DAKAR GUEDIAWAYE PIKINE VILLE DE RUFISQUE LE DES MADELEINES ADA LIFURT Qi o RAIL EDE Top SOURCES DU A DCL 1997 ECHO aaa a SKM RUE ISQUE CENTRE RKUFISQUE nou er mi gg a LES COMMUNES D ARRONDISSEMENT DE MALIKA ET KEUR MASSAR SITUATION ET LIMITES gt N r ao P i 2 SE ra 2 p Da Q ET Malika pe a LAON Fa ni i Yeumbeul Nord 4 A A D G 1 un pt Keur Massar 2 K T Pi E 1 Pa wer A Youma aa Z o oo Sources M U H DUA 1996 Abdoul Ba R PARTITION SPATIALE DES STRUCTURES SANITAIRES DANS LES COMMUNES D ARRONDISSEMENTS DE MALIKA ET KEUR MASSAR EN 1998 Medina Demba Sail Medina Peul Niave F Ndiorane P Parcelles en Assainies unite26 Yeuimbeul Nord d inc Legende Amoumady a i Cabinet V t rinalte keur Abdou K a g de S avec P MI a rass Case de sant TP Pharmacie r Source ABDOUI BA1998 CARTE 6 Echelle 0 Ikm LAR LE pe va Rufisque Ouest c antt 3 0m RP mA Nr Reg aaa PU D RS Eaa E a n a EEEE AOT a E aAA aE 58 Le d partement de Pikine a t cr en 1952 pour d sengorger Dakar C est pourquoi la ville de keur Massar l instar des autres communes de ce d partement est tr s peupl et sa population augmente assez rapidement Cet accroissement serait li l aflux
42. Dieu Abondant dans le m me sens le professeur PARES affirme utiliser actuellement des rem des r v l s re us du ciel la religieuse Hildegard Von Bingen l an 1000 En plus la plupart des tradipraticiens disent tre motiv s dans leur travail par la pens e selon laquelle soigner permet d avoir soi m me des bienfaits de la part du divin Pour l un d eux exercer la m decine est un m tier noble qui permet de se conformer aux prescriptions de Dieu qui recommande d aider son 90 prochain Signalons que tous les tradipraticiens que nous avons interrog appartiennent la religion musulmane Chapitre 2 Les implications socio culturelles de la formalisation Ce travail de recherche travers l analyse de l innovation s inscrit dans la sociologie dynamiste d velopp e par des chercheurs comme Georges Balandier qui tudient les transformations qui interviennent dans les traditions les formes et organisations sociales avec la modernit Selon Balandier la modernit c est le boug la d construction et la reconstruction l effacement et l apport 7 r 0 76 neuf le d sordre de la cr ation et l ordre des choses encore en place Au centre de Keur Massar la formalisation de la m decine traditionnelle manifeste un triple processus La d construction avec des ruptures importantes par rapport la m decine endog ne classique La continuit avec le maintien de certains l ments de l ordre traditi
43. E R Anthropologie appliqu e Paris Payot 1971 p 87 107 Conclusion Nous avons essay travers cette tude de rompre avec les analyses pharmacologiques et anthropologiques qui constituent l essentiel des recherches sur la m decine traditionnelle Il ne s agissait donc pas dans le cadre de nos investigations de nous limiter exposer les repr sentations et pratiques m dicales propres telle ou telle autre communaut comme si ces repr sentations et pratiques taient immuables statiques En r alit notre ambition dans le cadre de cette recherche tait de proc der une approche synchronique et dynamiste de la tradith rapie En effet dans un contexte marqu sur une occidentalisation progressive de la soci t s n galaise il nous semblait important d tudier la situation actuelle de la m decine africaine En fait la forte dynamique interculturelle et l mergence d une pens e scientifique de plus en plus dominante corollaires de la modernit en Afrique suscitent nombre d interrogations sur la p rennit des formes socio culturelles endog nes C est dans ce cadre que nous nous sommes int ress la formalisation de la tradith rapie travers l h pital de Keur Massar Cette formalisation caract ris e par la pratique de la m decine traditionnelle dans une institution formelle avec la collaboration entre tradipraticiens et administrateurs form s l cole occidentale nous semblait
44. INE M op cit p 134 98 restreinte compos e de membres de la famille du patient et la communaut 5 villageoise En r alit la diff rence du mod le bio m dicale propre la m decine occidentale qui selon Fontaine focalise son intervention diagnostique et th rapeutique sur l organe malade consid rant l homme d abord dans ses compos s bio physiologiques et secondairement dans ses rapports avec le social et le spirituel la tradith rapie au centre de Keur Massar s inscrit dans la continuit de la tradition m dicale endog ne par la conception de la personne malade qu elle promeut et les repr sentations de la gu rison qu elle incorpore En effet dans cet tablissement la personne malade est con ue comme un tout elle n est pas un rein un foi un num ro mais un tre humain qui a des sentiments qui pense C est pourquoi pendant la cure les gu risseurs pr tent une attention particuli re au respect de la dignit du patient Il n est pas question pour eux d exprimer de la piti ou de la r pugnance envers les malades En plus pour soigner une maladie comme la l pre qui semble uniquement li e au physique les tradipraticiens du centre comme nous l avons pr c demment montr s efforcent aussi de rem dier aux troubles psychiques occasionn s par l affection Les gu risseurs estiment dans leur majorit que la parole a des vertus th rapeutiques Notons galement la forte pr gnance du spirit
45. La litt rature phase th rapeutique la cure fonctionne comme mythe anthropologique promeut donc dans l ensemble une vision de la m decine traditionnelle comme r alit ancr e dans le symbolisme le magico religieux L avantage de cette approche c est qu elle permet de replacer la m decine africaine dans son environnement socioculturel r el qui lui donne sens Toutefois signalons que les lectures d orientation anthropologique de la tradith rapie comportent aussi les insuffisances D abord la m decine traditionnelle n est pas seulement affaire de rituels d incantations de divinations C est aussi des pratiques empiriques S Faizang reconna t ainsi qu au niveau de la tradith rapie le rationnel n est pas donn comme tel isol ment il s appuie sur le sacr le mythe Cette conception qui consiste donc confiner la m decine traditionnelle dans une mentalit magico religieuse est r cuser Notons aussi que la recherche des causes sociales de la maladie n est pas une caract ristique d terminante pour sp cifier la m decine traditionnelle En effet comme le montre l anthropologue M Auge m me dans les soci t s industrielles occidentales la maladie est imput e la soci t agressive par 9 AHYI G Mod les traditionnels de la sant et de la maladie mentales au B nin In HOUTONDJI PJ SLD les savoirs endog nes Pistes par une recherche CODSERIA Dakar 1994 p 203 10 FAIS
46. Sciences humaines vol XVIII N 4 1981 1982 ORSTOM Paris 1983 403 592p 29 Politique africaine Politiques de sant Karthala Paris 1987 167p 116 30 REPUBLIQUE DU SENEGAL Plan d orientation pour le d veloppement conomique et social 1996 2001 F vrier 1997 31 SILLANS R et GOLLNHOFFER O Cadres l ments et techniques de la m decine traditionnelle Tsogho Aspects psychoth rapiques In Psychopathologie africaine Bulletin de la soci t de psychopathologie et d hygi ne mentale de Dakar Dakar 1975 Vol XI N 3 285 437p 32 SOW I Les structures anthropologiques de la folie en Afrique noire Payot Paris 1978 118 Guide d entretien 1 Cible direction de l h pital traditionnel Objectif Identification des aspects institutionnels th rapeutiques socio culturels de l h pital traditionnel ainsi que de ses rapports avec la m decine moderne Th me 1 Les aspects institutionnels de l h pital traditionnel Sous th mes l Historique 2 Objectifs 3 Fonctionnement 4 Structuration 5 Infrastructures 6 Personnels Th me 2 Les aspects th rapeutiques de l h pital traditionnel Sous th mes 1 Activit s pharmaceutiques 2 Activit s m dicales 3 Orientations th rapeutiques Th me 3 Tradith rapie Keur Massar et m decine moderne Sous th mes 1 Similitudes 2 Diff rences 3 Relations 119 Th me 4 La dimension socio
47. Universit de Dakar Pour associer les gu risseurs l administration du centre un tradipraticen est membre de la direction en qualit de conseiller IT 1 2 Le personnel m dical Tableau 8 Composition et effectif du personnel m dical Personnel m dical Effectifs Th rapeutes traditionnels Ts E Disciples 6 TOTAL 11 Source H pital traditionnel de keur Massar janvier 2000 Cinq 5 th rapeutes traditionnels titulaires et six 6 disciples composent le personnel m dical du centre de Keur Massar A ce niveau il faut simplement noter que les premiers sont des ma tres confirm s en m decine traditionnelle alors que les seconds disciples sont en cours de formation en tradith rapie Ils exercent sous la direction des ma tres 66 TI 1 3 Le personnel param dical Tableau 9 composition et effectif du personnel param dical Personnel Param dical Infirmier en chef Ji L Infirmiers 2 traditionnels JL Masseur 1 F FES A Secr taire d accueil 1 Total 5 Source H pital traditionnel de Keur Masar janvier 2000 Le r le du personnel param dical est d assister le personnel m dical pour l ex cution de t ches pr cises Ainsi les infirmiers ont par exemple la responsabilit d effectuer les pansements Le masseur sp cialis s occupe des massages prescrits certains patients En ce qui concerne le se
48. a constatation sur le terrain de nos hypoth ses En bref dans les deux chapitres de cette partie nous exposons notre cheminement th orique et les grandes options m thodologiques qui sont la base de cette tude CHAPITRE I Cadre th orique Dans ce chapitre consacr au cadre th orique nous pr sentons la probl matique la justification du choix du sujet la d limitation du champ de l tude les objectifs de la recherche la construction de l objet le mod le d analyse les hypoth ses l analyse conceptuelle I Probl matique Les tudes sur la m decine traditionnelle sont tr s nombreuses Elles sont men es par des disciplines scientifiques diverses Cependant les tudes de type pharmacologique ou ethnopharmacologique sont des plus r pandues Il s agit en fait dans le cadre de ces investigations non seulement de r pertorier classer les produits de la pharmacop e mais aussi de d couvrir les substances actives contenues dans ces produits C est dans ce registre qu il faut ranger par exemple la pr sentation faite par S De Souza de quelques produits r put s de la m decine traditionnelle b ninoise choisis sur les talages du march de Cotonou mais aussi les travaux de K Hodouto qui pr conisent la n cessit de r diger un guide pour l tude chimique syst matique des plantes m dicinales Il est toutefois important de noter que les approches pharmacologiques de la m decine traditionnel
49. a m decine traditionnelle Cependant la m decine traditionnelle est un champ tr s complexe dont l appr hension exhaustive dans le cadre d une tude aussi modeste qu un m moire de ma trise poserait probl me C est pourquoi il est n cessaire de tracer clairement et de fa on pr cise les contours de cette recherche Pour ce faire il faut d abord souligner que l int r t sera port dans le cadre de ce travail sur les aspects sociaux et culturels de la tradith rapie En termes plus clairs cela signifie que parmi les nombreuses variables qui peuvent entrer en jeu dans le domaine de la m decine traditionnelle seules les dimensions socio anthropologiques seront retenues f f i i A f E i f F f t f E i f l PRES romane LRO PCR ED AA ANR EME Vpn TL ARE SERRE ESPERANT Ainsi nous nous d sint ressons des questions relatives l efficacit ou non des traitements traditionnels En effet malgr l importance de ce d bat nous ne sommes pas qualifi pour traiter un tel domaine Ce travail a des ambitions limit es Il ne vise nullement percer le secret des cures traditionnelles il cherche plut t comprendre les d terminants socioculturels qui influent sur les pratiques et les repr sentations li es la m decine traditionnelle dans le cas pr cis de l h pital traditionnel de Keur Massar Pour plus de clart dans la d l
50. a reconnu l h pital traditionnel comme tant une uvre d utilit publique A l origine exclusivement consacr aux soins aux l preux des consultations externes de m decine g n rale furent ouvertes en 1984 l h pital traditionnel sous la pression de la demande sociale I 2 Objectifs En cr ant l h pital traditionnel l objectif de Monsieur Dadi Diallo et du professeur PARES tait d difier une structure de prise en charge th rapeutique et sociale des l preux Par ailleurs plusieurs valuations des r alisations de l tablissement ont conduit les responsables proc der des largissements ou r orientations d objectifs En effet le centre n est plus vou exclusivement aux l preux Des gu risseurs sp cialis s dans d autres maladies font d sormais partie du personnel Pour largir le champ d activit de l h pital traditionnel ses administrateurs ont aussi pour ambition d installer des unit s de vente de produits de la pharmacop e dans toutes les r gions du S n gal Le centre cherche atteindre l autosuffisance financi re 62 Selon le directeur adjoint de l h pital l un des objectifs les plus importants de la structure est de contribuer l essor de la m decine traditionnelle en l affranchissant de son caract re sot rique I 3 Structuration et fonctionnement Le centre de Keur Massar est essentiellement structur autour de deux
51. accueillantes En plus elles auraient l avantage de ne pas engendrer de stress chez les patients car recr ant au maximum dans l institution le cadre rassurant de la vie sociale quotidienne IT 3 1 Les infrastructures hospitali res C est un ensemble comprenant Cinq pavillons de 142 chambres et 3 dortoirs Un b timent de soins infirmiers pour adultes Un b timent de soins infirmiers pour enfants Ces infrastructures sont r serv es aux malades intern s IX 3 2 Les infrastructures des consultations externes R serv es aux malades externes elles sont constitu es par les installations suivantes Six cabinets de consultations Six pharmacies d approvisionnement journalier Trois salles de pansement Deux salles de massage Les cabinets de consultations sont en case et permettent aux gu risseurs de recevoir les malades C est dans les pharmacies d approvisionnement journalier que sont conserv s les m dicaments d j pr par s et destin s aux malades non intern s 70 IT 3 3 Les infrastructures pharmaceutiques Ce sont des infrastructures qui interviennent tout au long du processus pharmaceutique pr paration stockage conditionnement et conservation des produits m dicinaux Elle sont constitu es par Un laboratoire Une pharmacie de 8 pi ces Un magasin de s chage des plantes Un magasin de stockage des plantes Un magasin de pilage stockage et m lange de poudres m di
52. africaine rapport du comit d experts Brazaville p 3 32 Cependant il nous faut maintenant pr ciser les diff rents indicateurs qui puissent nous permettre de comparer notre type id al de m decine traditionnelle avec la tradith rapie telle que pratiqu e Keur Massar Pour ce faire nous allons nous appuyer essentiellement sur les travaux de M Fontaine et E De Rosny M Fontaine dans l analyse de ce qu il appelle la socio culture africaine d gage six niveaux structurels correspondant chacun un sous syst me de la m decine traditionnelle Chacun de ces niveaux nous semble pertinent pour constituer un indicateur susceptible de nous permettre d op rationnaliser notre vision de la m decine traditionnelle en faisant ressortir en m me temps ses aspects socioculturels concrets 1 La technologie Ici il faut dire qu au niveau technologique la m decine traditionnelle africaine va tre en harmonie et en continuit avec A l environnement 2 L conomie I s agit du mode de r tribution des prestations m dicales Notons que le syst me traditionnel met l accent sur une r tribution qui valorise plus l tre que l avoir reconnaissance respect activit souvent TE sue l 58 parall le une activit de subsistance 3 Le politique L aspect politique se r f re la pratique du ou des pouvoirs au niveau de la tradith rapie Ainsi nous pouvons retenir que dans le
53. aient aux malades n taient jamais crits comme l h pital de Keur Massar mais taient plut t expliqu s oralement aux patients Aucun des gu risseurs interrog s n a utilis un r frig rateur pour conserver des rem des avant sa participation l exp rience de Keur Massar Pour pallier les difficult s de conservation de certains rem des traditionnels les tradipraticiens expliquent qu ils ne pr paraient les m dicaments que sur demande expresse d un malade C est certainement cause de ces innovations nombreuses que nous venons d num rer que les malades externes interrog s trouvent qu il existe une 103 diff rence entre la m decine traditionnelle au centre de Keur Massar et la tradith rapie qu ils ont connu en dehors de cette structure Un premier niveau d analyse montre que les innovation introduites dans la m decine traditionnelle exerc e au centre de Keur Massar sont li es la formalisation En effet si ces innovations ont lieu dans cet tablissement c est que les tradipraticiens travaillent en coop ration avec des agents administratifs de service ayant des comp tences des connaissances modernes comme les techniciens qui s occupent de la machine piler les plantes Un autre niveau d analyse r v le que les innovations techniques concernant la m decine endog ne l h pital de Keur Massar refl tent une nette volont de fiabilisation et d optimisation des ressources de la tradith rapie En
54. aire de sociologie Armand Colin Paris 1995 315p 15 FONTAINE M Sant et culture en Afrique noire Une exp rience au Nord Cameroun l Harmattan Paris 1995 319p 16 GERARD H et PICHE V SLD La sociologie des populations PUM Montr al 1995 516p 17 GRA WITZ M M thodes des sciences sociales Dalloz Paris 1986 1104p 18 GRAWITZ M SLD Lexique des sciences sociales Dalloz Paris 1988 384p 19 HOUNTONDJI P J SLD Les savoirs endog nes Pistes pour une recherche CODSERIA Dakar 1994 p 115 20 ILLICH I N m sis m dicale L expropriation de la sant Seuil Paris 1975 211p 21 JAVEAU C Le ons de sociologie Klincksieck Paris 1986 281p 22 KI ZERBO J SLD La natte des autres Pour un d veloppement endog ne en Afrique CODSERIA Dakar 1992 419p 23 LE GRAND LAROUSSE en 5 volumes volume Librairie Larousse Paris 1991 pp 641 1280 24 MACE G Guide d laboration d un projet de recherche Presses de l Universit de Laval De Boeck Wesmael 1991 119p 25 OLIVIER DE SARDAN J P Anthropologie et d veloppement Essai en socio anthropologie du changement social APAD Karthala Paris 1995 221p 26 0MS M decine traditionnelle en Afrique S rie de Rapport technique N 1 OMS Brazzaville 1976 21p 27 ORSTOM Les sciences hors d occident au XX si cle M decines et sant ORSTOM Paris Vol 4 28 ORSTOM Cahiers S rie
55. assar les motivations qui sous tendent leur projet Les entretiens libres ont aussi permis d appr hender l itin raire th rapeutique du malade ainsi que son analyse sur les orientations th rapeutiques du centre de Keur Massar II 4 Histoire de la collecte et difficult s rencontr es La collecte des donn es du pr sent travail de recherche s est tal e entre juillet 1999 et F vrier 2000 Elle s est donc faite par coups Cette discontinuit s explique essentiellement par les difficult s que nous avons rencontr es dans nos investigations empiriques ce niveau il faut d abord noter qu il s est pos nous un probl me de logement Keur Massar 50 Il nous a fallu donc faire de nombreux d placements entre Mbour o nous demeurons et Keur Massar afin de pouvoir r aliser nos enqu tes Ce qui tait physiquement mais aussi financi rement p nible Un autre obstacle et non le moins s rieux la r alisation de nos travaux de terrain tait la m fiance de certains membres de l h pital traditionnel qui ne comprenaient pas le but de notre recherche Il a souvent fallu que M Djiby BA Directeur adjoint du centre joue le r le de facilitateur pour que certains membres de la structure acceptent de r pondre nos questions De ce fait nous tions oblig de ne pas faire d enqu tes les mardi vendredi dimanche Jours pendant lesquels notre facilitateur est absent de l tablissem
56. assar et les pr suppos s de la tradith rapie classique ne doivent pas occulter les permanences des l ments de la tradition dans cet tablissement En effet les gu risseurs y disposent d une marge de man uvre qui leur permet dans le secret de leur cabinet d exercer de la fa on qu ils jugent appropri e En plus les repr sentations de la gu rison la conception de la personne malade le mode de r tribution des prestations sanitaires montrent la pr sence du spirituel le maintien de l importance accord e la solidarit la communaut dans la m decine traditionnelle de l h pital de Keur Massar Ce qui est remarquable l h pital traditionnel c est la capacit des acteurs de cette structure travers des emprunts la m decine moderne la synth se entre l ments modernes et endog nes laborer des innovations HIO techniques importantes qui manifestent une mani re in dite de pratiquer la m decine traditionnelle Les malades interrog s sont en g n ral satisfaits des prestations du centre de Keur Massar Ils sont les premiers penser que la tradith rapie dans cette structure est bien des gards diff rente de la m decine endog ne classique Les r sultats de cette recherche poussent une interrogation fondamentale laquelle une r ponse appropri e pourrait ouvrir d importantes perspectives au niveau de la situation sanitaire au S n gal L exp rience en cours l
57. ces repr sentations et syst mes de sens L approche socio anthropologique nous semble heuristique pour la perspective de recherche qui est la n tre pour plusieurs raisons Nous sommes en pr sence Keur Massar d interactions entre acteurs relevant de registres culturels diff rents Les gu risseurs appartiennent une culture des terroirs alors que les techniciens et administrateurs de l h pital traditionnel sont d termin s par leur adh sion la sub culture scientifique occidentale v hicul e par l cole La perspective socio anthropologique devrait donc permettre non seulement de comprendre l effet des diff rences de r f rences culturelles sur les pratiques et repr sentations relatives la tradith rapie mais aussi de d celer les contraintes auxquelles les acteurs sont soumis dans l institution En effet les r gles modes d organisation de l h pital traditionnel ne peuvent pas ne pas imposer certaines normes d actions qu il s agit de mettre en vidence Il s agira aussi de montrer les strat gies de contournement des contraintes de la part des acteurs du centre qui disposent quand m me d une marge de man uvre La seconde question sp cifique de recherche qui fonde notre probl matique particuli re est quelles sont les cons quences socioculturelles de la formalisation de la tradith rapie dans le centre de Keur Massar 235 OLIVIER DE SARDAN J P Anthropologie et D veloppement Essai en Socio anthrop
58. cinales Un magasin pour le lavage des bouteilles et leur stockage Un container transform quip et climatis pour le stockage des plantes fragiles Quatre cuisines pour la pr paration des d coctions I1 3 4Les infrastructures sociales Nous appelons infrastructures sociales tous les am nagements l h pital traditionnel qui permettent ses diff rentes composantes de mener une vie normale plus ou moins confortable Ce sont des infrastructures qui de mani re g n rale n ont pas de rapport direct avec l activit de soins Ces infrastructures sociales sont constitu es par Une grande cuisine Un r fectoire Un magasin pour le stockage des vivres Une salle de couture Une cole de six classes Une mosqu e Une chapelle Un r seau d adduction d eau 71 Des jardins pour la culture de plantes m dicinales Un r seau d lectricit Un verger En r alit la nature des infrastructures r alis es dans le centre de Keur Massar montre que cette structure s investit non seulement dans le champ sanitaire mais s engage aussi dans des actions socio ducatives HI Les Activit s pharmaceutiques Les activit s pharmaceutiques l h pital traditionnel sont cellesqui se rapportent la pr paration des m dicaments Les nombreuses installations pharmaceutiques cf infrastructures pharmaceutiques montrent l importance des efforts consacr s dans cet tablissement la pr
59. cr taire d accueil il est charg de la r ception des nouveaux malades et de leur orientation vers un des tradipraticiens Le personnel param dical permet de rendre le travail m dical plus efficace TI 1 4 Le personnel de service Tableau 10 composition et effectif du personnel de service Personnel de service Effectif Techniciens pour machine 2 piler 4 Pileuses 6 Collecteurs de plantes 10 Laveuses de bouteilles 1 Jardinier 3 Femmes de service 8 Lavandi res 4 Gardiens 6 Cuisini res 7 Aides cuisini res 1 Magasinier 1 Ma on 1 Tailleur 1 Chauffeur 1 Charretier 5 Instituteurs 6 Vendeurs en pharmacie externe Gestionnaire des pharmacies externes Total 68 Source H pital traditionnel de Keur Massar janvier 2000 i i i i t i Le personnel de service intervient dans divers domaines et ex cute des t ches qui permettent le bon fonctionnement quotidien de l h pital traditionnel 67 EE iapa aaa a ne panne de tape 68 Il intervient au niveau du processus pharmaceutique des activit s sociales de l hygi ne et de la s curit IT 2 Les malades Rappelons qu il existe deux cat gories de malades l h pital traditionnel de Keur Massar Les malades internes et les malades externes Les malades internes taient au nombre de 240 personnes en janvier 2000 Tableau 11 composition effectif pourcentage
60. culturelle du centre Sous th mes 1 L impact socio conomique du centre 2 Philosophie principes et valeurs qui fondent l h pital traditionnel Guide d entretien 2 Cible Les tradipraticiens Objectifs Appr hender les pratiques relatives la m decine traditionnelle Keur Massar travers l identification des activit s curatives des tradipraticiens et de la place qu ils accordent dans leur travail aux dimensions socio culturelles de la tradith rapie Th me 1 Sous th mes 1 Modalit s de l acquisition des connaissances H ritage R ve Apprentissage Don Maladie initiatique Autres 2 Maladies pour lesquelles les gu risseurs sont sollicit s l 2 120 Mi ER 6 3 Pratiques utilis es dans les traitements M dicament moderne Plantes Ecriture arabe Rites Poudres Autres 4 Les relations professionnelles avec M decins modernes Malades du centre Personnel administratif Autres tradipraticiens 5 Approche du malade Psychologie Somatique Psychosomatique 6 Classification des maladies trait es nosographie Maladies naturelles Maladies surnaturelles Autres Th mes 2 Place des dimensions socio culturelles de la tradith rapie dans la m decine traditionnelle exerc e Keur Massar Sous th mes 121 1 La technologie m dicale utilis e par les gu risseurs 2 Nature et types de relations conomiques gu risseu
61. de la tradith rapie l h pital traditionnel en m moire de ma trise IT La phase de collecte des donn es Apr s la phase exploratoire nous avons entrepris l tape centrale de notre d marche m thodologique la collecte des donn es Cette phase importante de la recherche passe d abord par une pr sentation des groupes cibles de l tude 44 Ensuite nous proc derons une pr sentation des techniques et outils de collecte des donn es Et enfin l histoire de la collecte et les difficult s rencontr es lors de nos investigations IT 1 Les groupes cibles Pour la collecte des donn es en fonction de nos pr occupations de recherche nous avons choisi trois groupes cibles parmi les composantes de l h pital traditionnel Cette division de notre population d enqu te en plusieurs groupes se justifie par le fait que nous avions besoin pour cette tude d informations multiples et diversifi es A ce titre il fallait obtenir le point de vue de personnes occupant des positions diff rentes dans le centre C est pourquoi des outils de collecte des donn es sp cifiques ont t con us pour chaque groupe cible Ces trois groupes retenus sont les tradipraticiens les membres de la direction les malades Les tradipraticiens il s agit du personnel m dical compos de onze 11 personnes parmi lesquels cinq 5 gu risseurs titulaires six 6 aides gu risseurs ou disciples Les membres
62. de m dicaments traditionnels au niveau des pharmacies implant es Dakar Thi s Mbour Des sommes importantes sont d pens es pour assurer le fonctionnement de l tablissement Selon un membre de la direction chaque ann e le centre consacre pr s de 30 millions CFA l achat de plantes m dicinales Signalons au passage que les plantes employ es Keur Massar sont soit r colt es par le personnel de la structure soit achet es au march Til ne Dakar et m me parfois import es de l tranger comme la myrtille qui provient de la France Les malades externes ach tent le ticket de consultation 1 000 F CFA et donnent aussi un petit cadeau leur gu risseur traitant En ce qui concerne les patients hospitalis s il s agit de l preux et de malades souffrant de dermatoses Les l preux sont pris en charge gratuitement par le centre Pour les malades souffrant de dermatoses ils doivent seulement d bourser un forfait de 5 000 F CFA comme participation aux frais d hospitalisation Tous les travailleurs de l h pital traditionnel sont salari s Il s agit plus pr cis ment d un volontariat salari Ainsi le directeur adjoint explique ils participent de leur plein gr une uvre de charit si de l argent est 87 disponible les salaires sont vers s sinon ils attendent un autre mois Le centre de Keur Massar participe aussi la r insertion socio conomique de ses anciens
63. de sant Ces derniers ne seraient op rationnels pour l essentiel que dans les centres urbains o sont concentr s des h pitaux bien quip s alors que les zones rurales o r side la majorit de la population nationale ne disposent dans la plupart des cas que de cases de sant Notons aussi que dans un contexte marqu par l ajustement structurel le budget allou la sant par le S n gal conna t souvent des baisses Les difficult s du syst me de sant sont accentu es par la d valuation du F CFA qui a provoqu une augmentation consid rable du co t des prestations sanitaires Avec toutes ces d faillances du syst me moderne de sant la m decine traditionnelle est int ressante tudier car elle occupe de plus en plus le devant de la sc ne sanitaire En effet de nombreux s minaires symposiums missions de t l vision sont consacr s la pharmacop e De m me les pouvoirs publics semblent accorder un int r t au d veloppement de la m decine traditionnelle C est dans cette perspective que le Docteur M L Cor a ex ministre de la recherche scientifique affirmait assez r cemment je reste convaincue que la revalorisation de la m decine traditionnelle est aujourd hui d une grande importance pour le gouvernement du S n gal dans la r alisation de l objectif de la sant Pour tous l an 2000 3 Le plan d orientation pour le d veloppement conomique et social 1996 2001 montre que
64. e classique que sont la solidarit et la communaut En effet malgr la formalisation la pr sence d un ex m decin au sein de la direction l h pital traditionnel n a pas adopt l approche de la m decine moderne qui selon Fontaine prend d abord le probl me de l individu dans ses dimensions personnelles et n accorde la famille et la communaut qu un r le secondaire voire absent Au contraire la place accord e la parent dans cette structure montre la volont de ses promoteurs de faire participer l entourage familial du malade la th rapie C est pourquoi la philosophie m dicale privil gi e au centre est que le patient doit tre soign dans son milieu social Les malades intern s sont accompagn s de membres de leur famille pour les soutenir psychologiquement les aider suivre les traitements En plus les enfants des l preux hospitalis s re oivent un traitement pr ventif contre la l pre l h pital traditionnel C est dire que la relation th rapeutique dans cet tablissement n est pas uniquement tablie entre le malade et le gu risseur elle est largie la famille voire la communaut d origine du patient Pour montrer l importance du r le de la communaut en m decine africaine GOLLNHOFFER et SILLANS expliquent que chez les TSOGHO la technique m dicale est exerc e tant t en priv tant t publiquement ou en pr sence d une audience FONTAINE M op cit p 133 _ FONTA
65. e des analyses A ce propos l historien E Mbokolo montre que les maladies apparaissent et disparaissent tout comme les proc dures utilis es de fa on plus ou moins durable pour les ma triser ou les liminer Ces proc dures ne sauraient donc tre l expression directe d une sagesse et d un savoir immuables snis p rennes et diffus dans l ensemble d une soci t 2 AUGE M et HERZLICHC le sens du mal Anthropologie Histoire Sociologie de la maladie Archives contemporaines Paris 1983 p 23 Cit par AUGE M et HERZICHC Op cit p 20 Ibid p 18 Ibid p 17 G ES nt adsl di ea d A PO VAATE NEE Rae QE MR SAMU EN AS RSR MER RENE OERE ART A D A A PA 2 QE Er A A E o e PATEE EAA n Ce rappel la lucidit du point du vue historique adress l analyse anthropologique nous semble heuristique En effet dans la perspective de recherche qui est la n tre dans le cadre de ce travail il semble imp ratif de ne plus consid rer la m decine traditionnelle comme une r alit statique pour la comprendre La m decine traditionnelle tant une r alit qui volue se transforme s adapte il nous semble n cessaire d orienter la r flexion vers une approche dynamique de la tradith rapie Cela est d autant plus vrai que G Balandier montre que les agencements culturels ne peuvent tre appr hend s sous le seul aspect des principes qui les r gissent etde leur existence formelle ils ne prenn
66. ecine moderne ne ma trise pas et que les gu risseurs soignent facilement II M decine moderne et m decine traditionnelle au centre de Keur Massar Sur la question des rapports entre m decine moderne et m decine traditionnelle au centre de Keur Massar nous avons recueilli l avis des gu risseurs et membres de la direction de l h pital traditionnel mais aussi celui de professionnels de la sant Ce qui peut tre retenu de ces entrevus c est un conflit de repr sentations et de d marches entre m decine traditionnelle Keur Massar et m decine moderne conflit qui n exclut tout de m me pas l existence 80 f E r t de compromis entre les deux types de m decine L exemple des soins aux l preux permet d illustrer les sp cificit s entre tradith rapie l h pital traditionnel et m decine classique II i Les repr sentations contradictoires Nous avons not de la part des membres du centre de Keur Massar que des professionnels de la sant interrog s une vision conflictuelle entre m decine traditionnelle et m decine moderne Selon les gu risseurs des enjeux conomiques g nent consid rablement la coexistence entre m decine traditionnelle et m decine classique Pour eux les m decins auraient peur de voir leur revenus diminuer si la tradith rapie acc dait la l galit C est pourquoi ces derniers s opposeraient la mise sur pied d un cadre juridique autorisant et
67. en concevant les populations non pas comme de simples usagers de l action sanitaire mais plus comme de partenaires oblig s travaillant l am lioration de leur propre bien tre para t naturellement apte reconnaitre DOZON J P Ce que valoriser la m decine traditionnelle veut dire In politique africaine Politique de sant Karthala Paris 1987 p 9 ceux qui au sein des populations y prennent d j une part active Les o 2 tradipraticiens Les insuffisances de la m decine moderne seraient galement l origine de l engouement actuel pour la m decine endog ne En effet un vaste courant d opinion dans les pays industrialis s qui est tr s critique ou sceptique l gard des pratiques et progr s m dicaux semble aussi militer pour la valorisation de formes th rapeutiques alternatives comme la m decine traditionnelle En plus en Afrique o on note toujours une forte pr valence des grandes end mies mais aussi une importante mortalit maternelle et infantile la n cessit d une alternative ou d un compl ment la m decine occidentale se ferait de plus en plus sentir La notion de valorisation de la m decine traditionnelle aurait enfin connu un succ s puisque concordant avec l orientation politique et id ologique de certains pays africains qui revendiquent un r gime socialiste ou un style de gt ie p Se 4 gouvernement qui pr tend revivifier les valeurs africain
68. endre Dans cette perspective les questions suivantes pourraient tre formul es comment la m decine traditionnelle coexiste t elle avec la m decine moderne Pourquoi la tradith rapie continue t elle s duire de larges couches des populations africaines en ville comme en milieu rural Dans quelles conditions la m decine traditionnelle peut e s panouir dans un environnement de plus en plus impr gn d une logique scientifique essentiellement d origine occidentale Ces questions incontournables dans une approche synchronique de la m decine traditionnelle que nous voulons emprunter posent en fait le probl me des rapports entre la tradith rapie et les dynamiques interculturelles auxquelles nos soci t s sont confront es avec la modernisation le d veloppement L int r t de cette piste interculturelle transpara t clairement dans les propos de C Moretti pour qui dans les Tom Et Dom fran ais le recours pr f rentiel aux th rapeutiques traditionnelles par une soci t pourtant pourvue d un syst me de sant moderne relativement accessible tend prendre TURN f SA E le sens d une revendication culturelle identitaire Il s ensuit que les rapports entre la m decine traditionnelle et les dynamiques interculturelles sont assez importants pour constituer un probl me g n ral de recherche 18 L MORETTI C Les Sciences hors d occident au XX e M decine et Sant ORSTOM Vol 4 p 208 PATAR
69. ent Au chapitre des difficult s rencontr es il faut aussi souligner qu au nom du secret m dical Mme PARES directrice du centre ne nous avait pas autoris interroger les malades et le personnel du centre l exception des gu risseurs Ainsi nous avons d recentrer notre tude en nous contentant de questionner des malades externes ce niveau notre strat gie consistait aborder les malades externes l arr t car situ quelques m tres de l entr e principale de l h pital traditionnel pour leur demander de nous accorder quelques minutes nous avons videmment essuy quelques refus En ce qui concerne le dispensaire tripano nous y a nous avons effectu nos recherches sans grande difficult gr ce surtout la disponibilit du docteur Diouf II Traitement des donn es Pour le traitement des donn es de l enqu te nous avons d abord proc d un d pouillement manuel de notre questionnaire Ce qui n tait pas difficile eu gard la taille relativement petite de notre chantillon d tude SI Cependant cause de l orientation qualitative de notre recherche nous avons privil gi l analyse de contenu et l analyse qualitative afin de structurer et de donner un sens aux diversesinformations recueillies dans les diff rents entretiens r alis s En ce qui concerne l analyse qualitative nous avons utilis une de ses formes Le pattern ma
70. ent leur pleine signification que s ils sont rapport s aux nr 16 mouvements et conjonctures historiques qui les fa onnent et les affectent En termes de conjonctures historiques en rapport avec la m decine traditionnelle il faut noter que la quasi totalit des pays africains ont connu la colonisation Cette colonisation s est accompagn e d une p n tration de la culture occidentale en Afrique mais aussi de l implantation d une m decine d origine occidentale La m decine traditionnelle coexiste donc avec une m decine dite moderne depuis longtemps Cette coexistence ne peut plus tre ignor e dans une tude de la tradith rapie Avec la d colonisation les nouveaux Etats africains ind pendants se sont lanc s dans une entreprise de modernisation de tous les secteurs de la soci t Le domaine de la sant n y a pas chapp C est ainsi qu au S n gal la m decine traditionnelle avait t rendue ill gale par d cret en 1966 au profit de la r l 7 m decine moderne BALANDIER G Sociologie actuelle de l Afrique noire Quadruge PUF 3 dition France 1982 p 6 1 Jeune Afrique Economie 16 F vrier 1 Mars 1998 Pourtant la m decine traditionnelle continue d tre pratiqu e malgr cette i R nr LE Dot d modernisation cette occidentalisation des soci t s africaines Il semble donc n cessaire et urgent de replacer la m decine traditionnelle dans son contexte actuel pour la compr
71. ent r ciproquement les unes des autres de mani re 5 44 a former un tout organis 4 Ibid p 31 4 JAVEAU C OP cit pp 115 116 2 FONTAINE M Op cit 84 8 _ GRAWITZ M M thodes des sciences sociales Dalloz Paris 1996 p 395 FERREOL G Op Cit p 259 24 Cependant il est n cessaire de pr ciser comme le fait J LADRIERE dans l Encyclop die Universalis que le syst me poss de un degr de complexit plus grand que ses parties autrement dit qu il poss de des propri t s irr ductibles celles de ses composantes Cette irr ductibilit doit tre attribu e 3 R 45 la pr sence des relations qui unissent les composantes Autrement dit la m decine traditionnelle doit tre con ue comme un syst me plus complexe que les parties qui la constituent car le social le culturel et encore moins le th rapeutique ne fonctionnent isol ment au niveau de la tradith rapie Dans ce cadre des chercheurs comme E De Rosny parlent de m decine globale avec des traitements cosmo socio psycho th rapeutiques pour qualifier la m decine traditionnelle En d finitive dans le cadre de ce travail notre tentative de construction de l objet nous conduit finalement consid rer la m decine traditionnelle comme un syst me id al typique constitu par l imbrication du social du culturel et du th rapeutique Toutefois ce syst me de type id al devra tre confront la r alit
72. es traditionnelles Ces rares pays o la tradith rapie est l galis e entendent manifester ainsi leur volont d ind pendance o la sant des populations rel ve d un processus endog ne de d veloppement et partant requiert la mobilisation des comp tences et des savoirs disponibles i Dans le contexte d une modernit africaine marqu e par les influences combin es de l Islam du Christianisme de l Occident il existe un v ritable brouillage propos de la m decine traditionnelle En effet la fois marabouts DOZON J P ce que valoriser la m decine traditionnelle veut dire In politique africaine Politiques de sant Karthala Paris 1987 p 10 Ce courant d opinion est symbolis e par Ivan Illich qui dans son livre N mesis m dicale constate le d clin de la sant des hommes dans les pays occidentaux du fait du d veloppement morbide de l institution m dicale 4 La m decine traditionnelle est tr s valoris e dans des pays comme le B nin et l ex Za re qui Sesont pendant longtemps pr valus d un r gime socialiste et du d veloppement endog ne sorciers pr tres des religions traditionnelles glises syncr tiques n ochr tiennes se r clament de la tradith rapie D s lors ces questions se posent tout analyste soucieux d appr hender les enjeux li s la pratique de la m decine traditionnelle dans un environnement africain pourtant caract ris par l effritement pro
73. eur Issiaka Prosp re Lal y Monsieur bou San Monsieur Abdoulaye Niang Monsieur Gora Mbodj Monsieur Alfred Inis Ndiaye Mme Fatou Diop les enseignants de la section de sociologie qui ont particip ma formation Mme Pares Monsieur Djiby B et les gu risseurs de l h pital traditionnel qui m ont accept au sein de leur structure Dr Diouf du dispensaire Tripano de Mbour Aldiouma Ndiaye Awa Tour Mame Binta Diop mes tuteurs Saint Louis qui m ont soutenu tout au long de mon cursus universitaire A madame Khady Sow FALL pour la mise en forme du texte A tous je dis un grand merci GLOSSAIRE Etiologie Partie de la m decine qui recherche les causes des maladies Khoye C r monie rituelle en milieu S reer regroupant gu risseurs sages saltigui voyants pendant laquelle les menaces sur les individus et la collectivit sont pr dites et des pratiques protectrices pr conis es Myrtille Baie noire comestible Arbrisseau produisant cette baie Nd p C r monie d initiation la soci t des poss d s chez les l bou Nosographie Description des maladies Phytoth rapie Traitement des maladies par les plantes Polychimioth rapie Traitement associant plusieurs types de m dicaments en m me temps Psychosomatique Qui concerne la fois le corps et l esprit Rifampicine Antibiotique contre la Tuberculose et la L pre Sulfamide Compos organique azot et soufr base de plusieu
74. eut tre qualifi e de tradition du nouveau Pour lui la continuit des l ments de la tradition en modernit est r elle mais elle ne se fait pas par invariance ou r p tition des formes sociales et culturelles Au contraire les l ments de la tradition ne se maintiennent dans les soci t s modernes qu en subissant des transformations A l h pital de Keur Massar certaines logiques socio culturelles propres la m decine endog ne sont sauvegard es gr ce la r sistance des gu risseurs d autres par contre se p rennisent en subissant des transformations 2 BALANDIER G Le d tour Pouvoir et modernit Fayard Paris 1985 p 167 96 II 1 Les r sistances de la tradition Malgr la formalisation certains aspects de la m decine traditionnelle classique sont conserv s au centre de Keur Massar En effet les promoteurs de l h pital comme les gu risseurs n ont aucune envie de renoncer l identit traditionnelle de la th rapie qu ils exercent C est pourquoi ils refusent absolument d utiliser des m dicaments modernes et de pratiquer la radiographie dans la structure En plus les cabinets des gu risseurs sont en cases recouvertes de paille pour montrer symboliquement le caract re endog ne de leurs pratiques Dans ce cadre DB membre de la direction affirme que malgr la formalisation la m decine traditionnelle doit garder son me En effet les tradipraticiens jouent un r le importa
75. gressif des traditions cons cutif aux contacts interculturels Quelle r alit d signe actuellement le concept de m decine traditionnelle Qu implique exactement la notion de valorisation de la m decine traditionnelle Ce travail de recherche sociologique se veut l analyse d une exp rience pratique de valorisation de la m decine traditionnelle au S n gal Il s agit en effet de nous interroger sur la formalisation de la m decine traditionnelle au centre de Keur Massar et sur ses implications socioculturelles Cette recherche est structur e autour de trois parties d abord le cadre th orique et m thodologique ensuite la pr sentation du cadre d tude enfin la pr sentation l analyse et l interpr tation des donn es PREMIERE PARTIE Cadre th orique et m thodologique Selon Gaston Bachelard le fait scientifique est conquis construit et constat Dans cette partie o nous retra ons le protocole de la recherche il s agit de montrer comment nous conqu rons et construisons un objet d tude scientifique en d jouant le pi ge des pr jug s et des jugements de valeur Cela travers une analyse critique de la production scientifique sur notre th me de recherche et la formulation de questions d hypoth ses de mod les th oriques d approches de notre sujet L ambition de cette partie est galement de servir de cadre l laboration d une d marche m thodologique m me de permettre l
76. h pital traditionnel les gu risseurs ne travaillent pas seuls ils coop rent avec des administrateurs et agents de services ayant des comp tences et formations diff rentes de celles des tradipraticiens mais qui interviennent sur les orientations th rapeutiques de l institution L essentiel des membres de la direction et du personnel param dical sont form s l cole occidentale En plus l tablissement compte parmi ses membres un m decin gu risseur et un infirmier en chef forc ment imbus de par leur formation des sch mes de la m decine moderne Les gu risseurs dans cette structure n ont pas une libert totale par rapport leurs pratiques th rapeutiques Ils sont oblig s de n gocier de collaborer avec les membres de la direction qui occupent la position la plus importante dans l chelle du pouvoir cf organigramme Or le personnel de la direction de par son appartenance la sub culture scientifique v hicul e par l cole privil gie une approche positiviste de la m decine traditionnelle Rappelons que selon le directeur adjoint l un des objectifs fondamentaux du centre est de contribuer l essor de la m decine traditionnelle en l affranchissant de son caract re sot rique C est ce qui explique que les r glements de l institution ne permettent pas les pratiques rituelles incantatoires magico religieuses symboliques qui constituent pourtant les bases socio culturelles de la m decine africaine En r
77. iale est aussi un objectif qui figure dans nombre de programmes de sant communautaire 19 Ibid p 208 2 GRUENAIS M E Anthropologie m dicale appliqu e In BARE J F SLD Les applications de l anthropologie Un essai de r fl xion collective depuis la France Karthala Paris 1985 p 196 21 _ Ibid p 202 Il existe d autres niveaux o on peut aussi situer l importance des ph nom nes interculturels dans une analyse dynamique de la tradith rapie En effet l Etat s n galais promoteur de la modernisation et donc de la m decine moderne qu il s est efforc de vulgariser depuis l ind pendance est actuellement sur le point de reconna tre officiellement la m decine traditionnelle Mais sans attendre cette officialisation la dynamique sur le terrain se manifeste depuis longtemps par l int r t port par de nombreuses organisations la pharmacop e s n galaise Dans ce cadre d s le d but des ann es 60 l h pital de Fann le professeur fran ais Henri Collomb associait les gu risseurs aux psychiatres dipl m s En f vrier 1989 tait inaugur le centre Malango de Fatick point de convergences entre les deux m decines La Dans les ann es quatre vingt la biologiste Yvette Pares et le gu risseur Dadi Diallo ouvraient le village de traitement traditionnel des l preux Keur 24 Massar Ce centre de m decine traditionnelle Keur Massar constitue justement notre champ d in
78. ications socio culturelles de la formalisation 91 Conclusion TU RU ET CES 108 BibHoS phentermine er ei 113 PARTONS AT RM Rd tr Se Sn era 117 INTRODUCTION Depuis plus d une d cennie la notion de valorisation de la m decine traditionnelle est en vogue en Afrique Pourtant aussi bien sous la p riode coloniale que durant les premi res ann es des ind pendances les autorit s politiques et m dicales entendaient pr venir et gu rir les maladies sans gard particulier pour la m decine 1 Le temps n est m me pas lointain o toute pratique traditionnelle th rapeutique traditionnelle tait syst matiquement assimil e la magie noire du charlatanisme C est pourquoi la tendance constat e des Etats africains pr coniser dans le cadre d une red finition de leur politique sanitaire la valorisation de la m decine traditionnelle et son association avec la m decine moderne semble une rupture qui suscite nombre d interrogations En effet pourquoi un int r t novateur pour la m decine traditionnelle de la part des Etats africains A ce niveau trois facteurs sont souvent avanc s pour expliquer le mouvement actuel en faveur d une valorisation de la tradith rapie Il y a d abord la conf rence d Alma Alta en 1978 qui consacre l av nement de la strat gie des soins de sant primaires dont la r ussite d pend au premier chef de la participation des populations La strat gie des soins de sant primaires
79. imitation du champ de l tude il faut signaler que l effort d investigation sera davantage centr sur la formalisation de la tradith rapie Cette m decine de la totalit exerc e dans une institution formelle l h pital traditionnel de Keur Massar est caract ris e par la coop ration entre gu risseurs administrateurs et agents de service Cette situation in dite r pond selon les promoteurs une n cessit d optimisation des possibilit s curatives de la m decine traditionnelle travers une meilleure organisation dans un cadre formel L objectif de la formalisation serait aussi de permettre la prise en charge th rapeutique mais aussi sociale de patients souffrants de la l pre IV Objectifs de la Recherche Nos objectifs dans le cadre de cette recherche sont de deux sortes d une part un objectif g n ral et d autre part des objectifs sp cifiques IV 1 Objectif g n ral A travers cette tude nous tenterons de d passer la vision de la m decine traditionnelle comme r alit statique en faisant ressortir d une part les dynamiques qui l animent travers l exp rience de Keur Massar et d autre part en montrant que la tradith rapie n est pas uniforme mais plurielle 8 mr E R man ee Er RE N prenne SR AR A A RC ER TO AANE A NS LR TRE AR PA OCR ARR COR TEA GRR RP RE NANEN ORI EE D IRENA ANg 20 IV 2 Objectifs sp cifiques A partir de l objectif g
80. incarner la nouvelle dynamique interculturelle en rapport avec la m decine africaine Notre pr occupation au fond tait de saisir l influence de cette formalisation sur les pratiques th rapeutiques l h pital traditionnel 108 Nous voulions aussi appr hender l impact de cette formalisation sur le mod le socio culturel de m decine endog ne Cette recherche n cessitait donc une approche comparative Il fallait pour appr hender le dynamisme ventuel de la m decine traditionnelle Keur Massar avoir un r f rent comparatif Dans cette perspective notre d marche a consist construire un type id al de m decine traditionnelle con u comme syst me constitu par l imbrication du social du culturel du th rapeutique Toutefois nous tions persuad que ce mod le id al typique r v lateur de la dimension socio anthropologique de la tradith rapie devait tre enrichi d indicateurs concrets pour tre confront la r alit empirique la situation concr te de la m decine traditionnelle au centre de Keur Massar C est ainsi que nous avons pr cis les aspects socio culturels essentiels de la tradith rapie que nous allions prendre en compte dans notre recherche de terrain la technologie l conomie la parent le politique la question du pouvoir la personne approche de la personne malade les repr sentations de la maladie de la gu rison Les r sultats auxquels n
81. ique Le rejet l mergence l hom ostasie ou la m tamorphose C est cet ensemble de questions que nous avons tent de r pondre travers la collecte l analyse et l interpr tation des donn es VII Hypoth ses Deux hypoth ses logiquement li es constituent nos r ponses anticip es nos questions de recherche La premi re hypoth se se penche sur le probl me de l influence de la formalisation sur les pratiques et repr sentations relatives la m decine traditionnelle Keur Massar Hypoth se 1 la formalisation permet des innovations l h pital traditionnel et se traduit par un ph nom ne d mergence au niveau de la tradith rapie travers un enrichissement et une transformation des pr suppos s de la m decine traditionnelle Keur Massar La seconde hypoth se se focalise sur la question des retomb es socioculturelles de la formalisation de la m decine traditionnelle 30 Hypoth se 2 la formalisation favorise une acculturation de la m decine traditionnelle par la cr ation d une configuration nouvelle partir d l ments endog nes et trangers en contact VIII Analyse conceptuelle Ici nous allons apporter un clairage aux concepts cl s qui structurent cette tude Pour ce faire nous partirons de la litt rature pour ensuite donner le point de vue que nous avons adopt VII 1 M decine traditionnelle Il existe une v ritable confusio
82. issent en g n ral les relations entre innovation et syst me Le rejet c est le cas o le syst me n accueille pas favorablement l innovation soit par incapacit soit par absence de volont dans ce cas il y a absence de changement avec cependant des s quelles du rejet dans la m moire du syst me pouvant affecter sa capacit future accepter une autre innovation L hom ostasie dans ce cas le syst me absorbe l innovation et s adapte en maintenant un tat interne constant L mergence manifeste une volution avec alt ration de la structure interne du syst me qui peut traduire un d veloppement ou un appauvrissement La m tamorphose c est un niveau sup rieur de transformation qui marque une rupture une bifurcation dans le processus d volution r sultat de _ FALL C AK Aspect socio anthropologiques de la diffusion et de l adoption de l innovation planning familial en milieu urbain s n galais Le cas de Kaolack M moire de ma trise UGB 1995 1996 29 l incapacit du syst me r sister aux modifications irr versibles dues l innovation dans ce cas il y a changement pur et simple du syst me A partir de tout ce qui pr c de on peut se demander par quel processus d finir les rapports entre la formalisation en tant qu innovation et la m decine traditionnelle con ue comme un syst me constitu par l imbrication du social du culturel et du th rapeut
83. l et d orientation qui dirige le malade nouveau venu vers tel ou tel tradipraticien L organisation administrative de la tradith rapie l h pital de Keur Massar s explique par la n cessit de g rer un grand nombre de patients dans cette structure Il fallait donc cr er en s inspirant du mod le des h pitaux modernes une organisation qui puisse permettre une prise en charge efficiente des patients En plus pour coop rer avec ses partenaires ext rieures qui financent ses activit s le centre a besoin d une organisation administrative solide Les innovations techniques et organisationnelles l h pital de Keur Massar corroborent les crits de DOZON pour qui de plus en plus la dialectique subtile entre tradition et modernit que G Balandier a exprim sous la formule d Afrique ambigu est en l occurrence ce qui anime les m decines traditionnelles et pr side leur volution HI 2 Un processus d acculturation Nous n avons pas une conception n gative de l acculturation Cette notion traduit pour nous les emprunts la m decine occidentale au centre de Keur Massar ou les synth ses entre tradith rapie et m decine moderne dans cet tablissement 8 DOZON J P op cit p 18 105 A ce niveau Olivier DE SARDAN en voulant montrer l adaptation des gu risseurs africains la modernit fait remarquer que les itin raires th rapeutiques pr conis s par ces tradipraticiens quelque que soi
84. la formalisation c est l action de r duire un syst me 73 Or il se trouve que la de connaissances des structures formelles tradith rapie est un ensemble de connaissances et de pratiques plus ou moins syst matis es En effet la m decine traditionnelle se fonde sur des connaissances en anatomie et biologie humaine sur des savoirs relatifs l environnement naturel et une conception de l univers des forces mystiques Connaissances et savoirs qui sont syst matiquement reli s des pratiques th rapeutiques empiriques ou symboliques L exercice de la m decine traditionnelle dans une structure formelle c est dire r pondant peu pr s aux m mes normes organisationnelles que les h pitaux nous autorise donc parler de formalisation de la tradith rapie Keur Massar 7_ Le Grand Larousse en 5 volumes vol 2 Librairie Larousse Paris 1991 p 1274 39 A propos de l h pital traditionnel cette formalisation peut tre appr hend e travers plusieurs dimensions Pour notre analyse nous retiendrons principalement trois aspects Il y a tout d abord une dimension juridique de la formalisation En effet malgr l inexistence d une l gislation autorisant et r glementant l exercice de la m decine traditionnelle le centre de Keur Massar b n ficie d une l gitimation officieuse et entretient des relations avec les pouvoirs publics En plus de cette reconnaissance taci
85. le font l objet de vives critiques de la part d auteurs comme O Gollnhoffer et R Sillans qui regrettent que ce soit g n ralement sur une base pharmacologique que l on fait reposer habituellement les fondements DE SOUZA S Fruits graines et ingr dients divers de la pharmacop e b ninoise In HOUNTONDII PJ SLD les savoirs endog nes Pistes pour une recherche CODSERIA Dakar 1994 _ Nouvelle approche de l tude chimique des plantes m dicinales cas des alco des In KI ZERBO J SLD la natte des autres Pour un d veloppement endog ne en Afrique CODSERIA Dakar 1992 CA 7 En effet les tudes pharmacologiques malgr de la m decine traditionnelle l int r t qu elles pr sentent en permettant d expliquer l efficacit de certaines plantes m dicinales travers une mise en vidence de leurs propri t s chimiques et leurs r les pharmacodynamiques ne nous semblent pas suffisantes pour une appr hension ad quate de la m decine traditionnelle En emputant de la pharmacop e sa dimension culturelle les analyses de pharmacologie en ont une conception r ductionniste La m decine traditionnelle dans cette perspective est isol e d tach e de son environnement social et culturel qui lui donne sens et l gitimit On ne peut comprendre la m decine traditionnelle sans s int resser ses gu risseurs ses patients leurs croyances et visions du monde bref sa dimension culturelle Pour Go
86. les gu risseurs s int ressent beaucoup plus au corps du malade massages bains pansements d coctions boire poudres sont prodigu s aux patients Toutefois cette action concr te 89 n atteint une efficacit optimale que si le tradipraticien dans sa relation avec le malade parvient lui redonner confiance espoir envie de gu rir Nous pouvons dire donc que les tradipraticiens de l h pital traditionnel ont une approche psychosomatique de la personne malade Le malade est appr hend comme un tout Dans cet tablissement les th rapeutes traditionnels pr tent une attention particuli re pendant les traitements au respect du patient la pr servation de sa dignit de sa fiert Pour eux le malade ne doit aucunement tre d valoris quel que soit son tat physique le soignant ne doit lui t moigner ni piti ni condescendance IV 6 Repr sentations de la maladie et de la gu rison Au centre les pratiques th rapeutiques prennent sens dans des repr sentations de la maladie et de la gu rison qui s enracinent l articulation du rationnel et du spirituel Les gu risseurs par exemple prescrivent des m dicaments qu ils pensent efficaces aux malades mais au fond d eux la majorit consid re que la gu rison est un don de Dieu C est dans ce cadre qu un des gu risseurs s exprime en ces termes donner un m dicament c est prier On peut tout gu rir on peut tout demander
87. les s tendent aussi aux modes de conditionnement de pr sentation et de conservation des produits m dicinaux 102 Les m dicaments en poudre pr par s au centre de Keur Massar sont emball s dans des sachets en plastic ou en papier sp cialement fabriqu s la plupart du temps par les partenaires de l h pital traditionnel en Europe Des laveuses de bouteilles sont employ es pour st riliser les flacons destin s au conditionnement des produits m dicinaux en liquide Une tiquette avec le logo de l tablissement est appos e sur chaque sachet ou flacon indiquant le mode d emploi ainsi que la date de p remption du m dicament Par ailleurs pour la conservation de certains rem des des r frig rateurs existent au niveau de la pharmacie interne Ces l ments techniques relatifs aux modes de conditionnement de pr sentation de conservation des m dicaments traditionnels constituent des innovations des nouveaut s pour les tradipraticiens exer ant au centre de Keur Massar En effet avant leur int gration cette structure les gu risseurs utilisaient du papier journal ou des bouteilles qu ils lavaient eux m mes pour conditionner les rem des qu ils remettaient leurs patients Ils n employaient donc pas de proc d s de conditionnement aussi bien labor s que les sachets ou flacons st rilis s du centre En plus les tradipraticiens interrog s reconnaissent que les modes d emploi des m dicaments qu ils donn
88. ller son client la place qu il tenait avant sa A ULTA 40 maladie dans l ordre cosmique et humain qui doit tre le sien Ces trois dimensions d gag es nous semblent susceptibles dans le cadre de la construction de l objet de constituer un mod le heuristique mais id al typique de la m decine traditionnelle Le passage par la mod lisation est important au niveau de la construction de l objet car comme le note C Javeau le mod le doit tre une d finition plusieurs dimensions visant englober un nombre optimal d aspects de l objet x 41 a construire Signalons que les trois dimensions majeures de l objet d gag es sont troitement li es les unes aux autres Ainsi les fonctions sociales de la tradith rapie peuvent tre rattach es aux repr sentations culturelles et se refl tent sur les pratiques th rapeutiques En fait les traitements traditionnels 5 42 prennent racine dans une organisation et une structure socio culturelles Dans la perspective d une approche socio anthropologique la m decine traditionnelle peut donc tre construite de fa on id al typique comme un syst me A ce niveau m me si M Grawitz affirme qu il est difficile de donner une d finition incontestable et pr cise du terme Syst me G Ferr ol quant lui montre qu on peut consid rer comme syst me tout ensemble d l ments mat riels ou non qui d pend
89. llnhoffer et Sillans cette dimension qui consiste d une part dans le rituel qui pr c de et accompagne la r colte la pr paration et l administration des rem des et d autre part dans les conditions d efficacit de ceux ci essentiellement li es au mode de classification des affections qui n est pas n cessairement fond sur les cat gories cliniques observables est incontournable pour une approche fiable de la tradith rapie La dimension socioculturelle de la pharmacop e occult e par les tudes pharmacologiques est cependant prise en compte et m me mise en avant par la perspective anthropologique En effet presque toutes les approches d orientation anthropologique convergent dans la sp cification de la m decine traditionnelle par sa propension rechercher les causes sociales de la maladie dans l environnement familial ou dans les rapports entre le malade et les divinit s 7 GOLLNHOFFER et SILLANS R Cadres l ments et techniques de la m decine traditionnelle TSOGHO Aspects psychoth rapeutiques In psychopathologie africaine bulletin de la soci t de psychopathologie et d hygi ne mentale de Dakar Dakar 1975 Vol XI n 3 p 285 GOLLNHOFFER O et SILLANS R Op cit p 285 Ainsi G Ahyi par exemple affirme que la maladie mentale est consid r e soit comme l uvre d un homme soit d un esprit Dans la m me mouvance S Faizang crit que tant dans sa phase diagnostique que dans sa 0
90. lus r ceptives la m decine traditionnelle alors que les jeunes cause de l cole ont le m pris de la tradition Les malades externes interrog s ont des itin raires th rapeutiques compliqu s En effet ils sont tous pass s par des h pitaux modernes ou et des tradipraticiens avant d aller au centre de Keur Massar Ainsi le Professeur PARES affirme parlant des maladies personne n est venue ici directement H pital moderne Moderne malade 15 malades 7 malades Gu risseur H pital Traditionnel Itin raires th rapeutiques des malades externes interrogas 76 Quinze 15 malades sur vingt trois 23 ont d abord essay la m decine moderne avant de se tourner vers l h pital traditionnel Sept patients sont pass s par des h pitaux modernes puis par des tradipraticiens avant de recourir aux services du centre de Keur Massar C est pourquoi D B membre de la direction dit des malades ce sont des d courag s des h pitaux L examen des itin raires th rapeutiques montre que la plupart des patients ont d j eu exp rimenter la tradith rapie dans leur vie avant de venir au centre Cette tendance est d ailleurs confirm e par les donn es de l enqu te Tableau 13 Niveau de fr quentation de la m decine traditionnelle des malades externes MALADES EXTERNES EFFECTIF Sollicitent la m decine 6 26 08 traditionnelle pour
91. lut aussi l laboration de nouvelles formes culturelles syncr tiques ce niveau BASTIDE est proche de la conception de J P Olivier de Sardan sur l acculturation En effet pour ce dernier la probl matique de l acculturation met l accent sur les ph nom nes syncr tiques il y a construction de configurations nouvelles partir de mat riaux pris aux deux 7 cultures en contact 71 BASTIDE R 1970 cit dans dictionnaire critique de la sociologie SLD RAYMON BOUDON 7 lt Olivier DE SARDAN J P Op Cit p 81 38 Dans le cadre de notre recherche nous consid rons comme r v lateur d une acculturation de la tradith rapie tout ce qui dans l organisation les pratiques curatives les repr sentations relatives la m decine traditionnelle Keur Massar est soit non conforme au mod le socioculturel africain de la m decine soit un emprunt la m decine occidentale o r sulte d une synth se entre m decine endog ne et m decine moderne VIH 4 Formalisation Le concept de formalisation est quasi inexistant dans les sciences sociales Il est cependant fr quent dans les domaines de la logique et des math matiques o il est synonyme d axiomatisation de math matisation Si nous l avons employ c est que nous sommes convaincu que ce concept est en mesure de rendre compte de la situation de la m decine traditionnelle pratiqu e au centre de Keur Massar Selon le Grand Larousse
92. n ral du centre de Keur Massar 11 Quels sont vos rapports avec les gu risseurs 12 Accepteriez vous apr s votre traitement de recommander l h pital traditionnel de Keur Massar D autres patients Oui O Non g NSP g Pourquoi 124 Rubriques Observations e Equipement de l h pital traditionnel e Mat riel des gu risseurs e Types de rem des prodigu s aux patients s si e Int ractions entre les composantes du centre Eee PT OENE AANE en E sn ne 55 Guide d observation Annexe suite_ Identification sociologique des malades externes enqu t s Tableau Appartenance religieuse des malades externes Religion g Effectif Musulmans 78 26 21 74 Chr tiens Foa 100
93. n tout ce qui dans l organisation de la tradith rapie dans les pratiques relatives la m decine traditionnelle Keur Massar est consid r comme in dit par les gu risseurs eux m mes ou les malades de cette structure VIII 3 Acculturation lssu du vocabulaire des anthropologues nord am ricains de la fin du 19 la notion d acculturation est un n ologisme d origine anglo saxonne qui est utilis surtout propos des pays du Tiers Monde en contact avec la culture occidentale L acculturation met en exergue pour ces pays la difficult de ue Le Rap 69 concilier tradition et modernisation L une des d finitions fondatrices de la notion d acculturation est celle donn e dans le M morandum de R Redfield R Linton M J Herskovits publi par l Am rican Anthropologist de 1936 Pour eux l acculturation c est l ensemble des changements qui se produisent dans les mod les culturels patterns of culture originaux lorsque des groupes d individus de cultures diff rentes entrent en contact direct et continu Cette d finition implique que chaque culture constitue un syst me dont les divers l ments se r laborent _ FERREOL G Op Cit p Olivier De Sardan J P Op cit amp FERREOL G Op Cit p 5 _GRAWITZM Lexique des Sciences sociales Dalloz Paris 1988 4 d p 5 7 _cf BOUDON R SLD Dictionnaire critique de la sociologie 37 l occasi
94. n l optique issue de l re pasteurienne pour soigner la l pre Selon cette optique la l pre tant une maladie infectieuse caus e par M leprae le traitement consistera d truire ou tenter de d truire le germe par des produits appropri s Le raisonnement selon elle s arr te ce niveau 7 M leprae Mycobacterium leprae nom scientifique du bacille de Hansen 84 C est ainsi que des produits comme les sulfones les sulfamides retard la rifampicine sont utilis s en m decine classique pour les soins anti l preux A cela s ajoute la polychimioth rapie L inconv nient de ces traitements de la m decine moderne c est qu ils seraient non seulement co teux mais aussi souvent toxiques d o des effets secondaires nombreux vomissements naus es c phal es retard de croissance accidents h patiques et l incapacit d enrayer l volution de la maladie L h pital de Keur Massar propose une approche diff rente de la l pre approche fond e sur une connaissance approfondie des vertus des plantes des propri t s nouvelles obtenues par leurs diverses associations ou modes de pr paration Les traitements de la l pre dans cet tablissement sont conduits selon le i sch ma suivant 1 Traitement pr paratoire dont le but est limination des toxines qui encombrent organisme et qui ont t accumul s au cours de la longue incubation de la maladie dans
95. n m dical le diffusionnisme poserait le probl me des processus mis en branle par la diffusion de traits culturels dans le domaine des soins de la maladie Ce mod le va inaugurer la probl matique de l acculturation 48 _ FONTAINE M Op cit p 90 Ibid p 90 Ibid p 90 Ibid p 51 Ibid p 91 92 D a 2 27 Une approche fonctionnaliste peut par exemple consister chercher comprendre les relations existantes entre le gu risseur et les autres l ments pouvoir savoir relations avec le malade traitement du syst me de sant et d expliciter la fonction de ces relations Cependant dans le cadre de ce travail l analyse dynamiste travers l innovation nous semble plus appropri e pour clairer les probl mes que pose la formalisation de la m decine traditionnelle A ce propos J P Olivier De Sardan d finit l innovation comme toute greffe de techniques de savoirs ou de modes d organisation in dits en g n ral sous forme d adaptations locales partir d emprunts ou d importations sur des techniques savoirs et modes d organisation en place Dans cette perspective on peut consid rer la formalisation de la m decine traditionnelle comme une innovation En effet Keur Massar des techniques modernes des savoirs scientifiques et une organisation formelle sont combin s aux techniques savoirs et modes d organisation
96. n terminologique propos de la m decine traditionnelle En effet des notions comme pharmacop e m decine douce m decine naturelle phytoth rapie m decine parall le sont utilis es pour caract riser la m decine traditionnelle Certains m me vont jusqu parler de m decine primitive ou de m decine archa que La plupart de ces terminologies ne permettent pas une vision satisfaisante de la m decine traditionnelle Parler de m decine primitive ou archa que reviendrait cautionner une conception volutionniste qui d pr cie la m decine traditionnelle par rapport la m decine moderne qui serait sup rieure Cette conception volutionniste rel ve plut t du pr jug scientiste En ce qui concerne les appellations m decine douce m decine naturelle phytoth rapie elles refl tent chacune un des aspects ou sp cificit de la m decine traditionnelle mais aucune prise isol ment ne permet de d finir la tradith rapie dans son ensemble 31 Ce sont donc des termes r ducteurs La phytoth rapie fait r f rence cette dimension de la m decine traditionnelle qui est relative au traitement des maladies par les plantes mais occulte tous les autres aspects de la tradith rapie de m me que les termes m decine douce et m decine naturelle se rapportent cette sp cificit des cures traditionnelles consistant employer des produits issus de l environnement naturel pour soigner cont
97. ndog ne L exemple du SIDA permet d illustrer l approche tiologique privil gi e dans cette structure En effet m me si des disciplines comme la sant publique montrent de plus en plus la relation entre la maladie et certains facteurs ou groupes sociaux risques prostitu s homosexuels faiblesse du niveau d instruction les soignants au centre de Keur Massar consid rent comme les m decins modernes d ailleurs que le SIDA est provoqu par le VIH et ne lient pas la cause de cette pathologie l environnement ou aux relations sociales du patient L approche tiologique l h pital traditionnel tant d connect e des logiques sociales et culturelles sur lesquelles se base la m decine africaine les modalit s du diagnostic dans cet tablissement rompent pour l essentiel avec la m decine traditionnelle classique En effet dans cette structure les gu risseurs 7 AUGE M Maux du corps mots du lignage In AUGE M et HERZLICH C SLD Le sens du mal Archives Contemporaines Paris 1983 p 35 78 _ CF FOURNIER P et HADDAD S Les facteurs associ s l utilisation des services de sant dans les pays en d veloppement In GERARD H et PICHE V SD Sociologie des populations PUM AUPELF UREF 1995 pp 289 325 Par opposition les syst mes externalis s qui caract risent les autres m decines traditionnelles mettent l accent sur l explication des causes et ne disposent que de classifications souvent
98. nt occupe une place importante dans la r alisation du progr s humain D o l urgence qui nous est apparue d tudier la m decine traditionnelle fondamentale en mati re de sant publique en Afrique mais cependant peu investie par les sciences sociales La n cessit d une recherche sur la tradith rapie nous appara t travers une analyse de la situation sanitaire au S n gal A ce niveau le premier constat qui s impose est l essor de la m decine traditionnelle qui serait li l incapacit du syst me officiel de sant jouer pleinement son r le En effet le d veloppement des infrastructures de sant ne suit pas le rythme de la 77 Selon une enqu te r cente de PROMETRA cit e par Jeune Afrique Economie du 16 F vrier au 1 Mars 1998 70 des n galais ont recours la m decine traditionnelle _ Pour expliquer les 4 1 5du syst me public de sant DIOP M C dans S n gal Trajectoire d un Etat p 31 donne les indications suivantes le nombre d h pitaux est passe de 7 18 entre 1960 et 1988 Les sources officielles indiquent une d t rioration de l indice lit population qui passe de 1294 2109 pour la m me p riode i 3 i croissance d mographique lev e ce qui se traduit par un d ficit en h pitaux centres de sant mais aussi en personnel m dical En plus il est aussi souvent d plor la mauvaise r partition g ographique des services publics
99. nt de ce fait que rarement trait es par la seule voie pharmacologique mais presque toujours par la voie psychoth rapique _ Ibid p 133 DE ROSNY E Op Cit p 31 6 L FONTAINE M Op Cit p 134 _ DE ROSNY E Op cit p 31 amp FONTAINE M Op Cit p 134 GOLLNHOFFER O et SILLANS R Op cit p 288 FA 34 6 Repr sentation du monde La m decine traditionnelle se fonde sur une repr sentation du monde une philosophie de la vie de la mort de la maladie qui se refl te au niveau des traitements Ainsi au niveau de la cure la m decine traditionnelle cherche r tablir un quilibre une harmonie aa perturb s par la maladie En bref la nature de la technologie utilis e le mode de r tribution des prestations sanitaires la distribution du pouvoir entre les divers acteurs de l h pital traditionnel mais aussi la place accord e la parent dans les pratiques m dicales la conception de la personne malade ainsi que les repr sentations de la maladie et de la gu rison nous servirons de rep res pour appr hender la dimension socio culturelle de la tradith rapie dans cette institution 6 _ FONTAINE M Op Cit p 134 35 e Tableau 1 r capitulatif de la construction et de l analyse du concept de a 5 Concept m decine traditionnel Dimensions Indicateurs des a
100. nt dans la perp tuation de pratiques mystiques l h pital traditionnel Les gu risseurs disposent d une marge de man uvre qui leur permet dans le secret de leur cabinet d employer les m thodes qu ils jugent appropri es C est ainsi que lors de nos enqu tes un th rapeute traditionnel nous a avou qu il utilise la divination pour le diagnostic de certaines maladies compliqu es Le mode de r tribution des prestations sanitaires montre galement une continuit entre la tradith rapie au centre de Keur Massar et le mod le socio culturel de m decine africaine En effet nombre de chercheurs comme Fontaine ont montr que le syst me endog ne de m decine pr conise une r mun ration des gu risseurs qui valorise plus l tre reconnaissance respect du tradipraticien que l avoir tandis que le syst me m dical moderne fait appel une conomie marchande dans laquelle l activit de soins est devenue une activit de 97 3 subsistance voire lucraitve l h pital de Keur Massar le gu risseur comme le m decin moderne a un salaire mensuel il n est pas r mun r directement par le patient Cependant pour t moigner sa reconnaissance son respect envers le tradipraticien le malade selon les r glements doit lui donner un cadeau H 2 La valorisation du communautaire et du solidaire La m decine traditionnelle au centre de Keur Massar conserve les valeurs fondamentales en m decine endog n
101. oduction des rem des destin s aux malades internes et la vente Concr tement les m dicaments pr par s sont divers Toutefois nous pouvons en citer les dix formes les plus importantes D coctions infusions mac rations plus ou moins complexe Poudres et m langes de poudres Sirops Fortifiants Lotions antiseptiques Vinaigres m dicinaux M langes pour Inhalations Ablutions Bains partiels Pommades diverses 72 Huiles m dicamenteuses Collyres Le volume des produits m dicinaux pr par s est consid rable Selon les responsables du centre la structure produit annuellement 4 5 tonnes de poudres 300 litres d huiles m dicamenteuses 500 litres de vinaigres m dicinaux IV Les Activit s M dicales L examen des activit s m dicales de l h pital traditionnel permet de saisir les pratiques sp cifiques relatives la tradith rapie dans cet tablissement A ce niveau il faut souligner que les activit s du centre de Keur Massar s exercent dans le domaine de la m decine g n rale l exclusion de la chirurgie M me si les soins aux l preux continuent d occuper une place importante dans les activit s de l h pital celui ci s occupe actuellement d autres types de pathologies A ce titre un gu risseur pr cise nous sommes r put s dans le traitement des maladies dermiques mais en r alit nous sommes multidisciplinaires Actuellemen
102. ologie du changement social PAD KARTHALA Paris 1995 p Cette pr occupation sp cifique se justifie par deux raisons essentielles En premier lieu on ne peut lucider le probl me des implications socio anthropologiques de la formalisation sans mettre l accent sur l impact socio conomique de l h pital traditionnel En deuxi me lieu il est important de s interroger sur les cons quences culturelles de la formalisation Cela parce que la m decine traditionnelle se base sur une vision de l homme de la sant de la maladie et de la gu rison propres la culture africaine Au niveau cognitif par exemple les paradigmes qui organisent la pratique de la m decine traditionnelle sont diff rents de ceux de la m decine moderne En effet la m decine moderne repose sur le postulat de Pasteur selon lequel la plupart des maladies ont une cause identifiable dont la suppression entra ne la disparition du mal mais aussi sur les travaux de Claude Bernard selon lesquels ce d sordre peut tre diagnostiqu et r par Pour mettre l accent sur le paradigme qui fonde la m decine moderne G R Ahyi affirme que le mod le occidental de la sant est construit sur le m dical le biologique pur qui affirme que l homme est malade parce que dans son cerveau ou dans son corps quelque chose s est d t rior e Il faut donc chercher dans ce corps la partie d t rior e pour la r parer en se yi oaei 26 injectant des m dicaments ou en allan
103. on des contacts En plus elle induit le constat selon lequel quelles que soient les occasions il existe des emprunts des changes et des r interpr tations entre cultures interconnect es mais qu aucune culture ne peut s imposer compl tement l autre Cela bien que les conditions historiques cr ant presque toujours une situation objective d in galit entre cultures reli es Dans la m me mouvance R Bastide d finit les processus d acculturation par deux types fondamentaux Il parle d acculturation formelle lorsque des populations adoptent des traits et des mod les de la culture dominante dans la vie publique et les relations secondaires tout en maintenant leur code culturel d origine dans le domaine du priv et des relations primaires En ce qui concerne l acculturation mat rielle lorsque des populations adoptent des traits et des mod les de la culture dominante dans la vie publique et les relations secondaires tout en maintenant leur code culturel d origine dans le domaine du priv et des relations primaires En ce qui concerne l acculturation formelle c est lorsque les populations en pr sence modifient les structures m mes de leur sensibilit ce qui entra ne une nouvelle culture synth se des deux cultures d origine La typologie de Bastide a l int r t de montrer que l acculturation ne d signe pas seulement les changes et emprunts cons cutif aux contacts inter culturels mais inc
104. onnel La reconstruction travers la cr ation d une mani re in dite de pratiquer la tradith rapie I Les ruptures Avec la formalisation certaines pratiques et repr sentations li es la tradith rapie au centre de Keur Massar sont en d phasage avec les logiques sociales et culturelles qui fondent la m decine traditionnelle Ces ruptures impliquent un affaiblissement de la base socio culturelle de la m decine endog ne et t moignent d une logique de l gitimation scientifique de la m decine traditionnelle dans cette structure 76 BALANDIER G Le d tour Pouvoir et modernit Fayard Paris 1985 p 14 91 I 1 Un affaiblissement de la base socio culturelle de la m decine traditionnelle L affaiblissement de la base socio culturelle de la tradith rapie est perceptible plusieurs niveaux au centre de Keur Massar Sur le Plan tiologique selon AUGE il y a souvent des mises en cause sociales peut tre faudrait il crire des mises en cause sociale qui suivent les manifestations du d sordre biologique en m decine traditionnelle classique l h pital traditionnel par contre la tradith rapie est assez internalis e c est dire qu elle se concentre sur l explication des v nements maladies et th rapeutiques fond e sur une analyse rationnelle des processus physiologiques ou physiopathologiques au d triment de la recherche d une causalit sociale qui caract rise la m decine e
105. ontradictoires paradoxales 7 C est pourquoi Balandier pense que les sociologies de l quilibre ne suffisent plus rendre 8 A 1 et pr ne l av nement d une sociologie compte de la complexit du socia dynamiste plus m me d appr hender les processus mis en brande par les interactions interculturelles Par ailleurs la pens e complexe qui anime les sciences actuelles invite l largissement des conceptions anciennes Elle pr ne l ouverture cr atrice et non la cl ture non productive Le centre de Keur Massar s inscrit incontestablement dans cette logique de refondation de la m decine traditionnelle travers des innovations et une acculturation de la tradith rapie bref une mise en dialogue des l ments de la tradition et ceux de la modernit II I Des innovations techniques et organisationnelles A partir des r sultats de nos investigations empiriques nous pouvons dire que des innovations importantes sont l uvre au niveau de la m decine 87 CLANET C L interculturel Presses Universitaires du Mirail Toulouse 1993 p 33 8 _ BALANDIER G Le d sordre Fayard Paris 1989 p 68 101 traditionnelle exerc e au centre de Keur Massar Ces innovations sont aussi bien d ordre technique qu organisationnel et t moignent de l imagination cr atrice d ploy e dans cet tablissement pour adapter les rem des utilis s aux exigences d une client le de plus en plus occidentalis e
106. ous avons abouti au terme de nos investigations sont assez vocateurs et montrent que nos hypoth ses ont r sist l preuve des faits Concernant les pratiques th rapeutiques le centre de Keur Massar privil gie la phytoth rapie En effet une intense activit pharmaceutique permet cet tablissement travers des infrastructures sp cialement am nag s de produire des quantit s importantes de poudres infusions d coctions L h pital 109 de Keur Massar s occupe particuli rement du traitement des l preux sans toutefois n gliger la m decine g n rale l exception de la chirurgie Les m dicaments de la m decine moderne ainsi que la radioscopie sont proscrits dans cette structure Fond e pour l essentiel par des m decins le centre de Keur Massar adopte une approche positiviste de la m decine traditionnelle qui se traduit par des ruptures importantes entre la tradith rapie dans cette institution et les logiques socio culturelles qui fondent la m decine endog ne Ces ruptures impliquent un affaiblissement de la base socio culturelle de la m decine africaine travers une tiologie une nosographie des pratiques th rapeutiques dans l tablissement qui privil gient les aspects concrets rationnels de la tradith rapie au d triment de ses facettes rituelles mystiques magico religieuses qui sont bannies par les r glements Les ruptures entre la m decine au centre de Keur M
107. peutiques des malades les rapports entre tradith rapie et m decine moderne les dimensions socio culturelles de la m decine traditionnelle dans cette institution I Les Orientations Th rapeutiques Elles s inscrivent dans les pr occupations et objectifs du centre concernant les m thodes de soins mais aussi dans ce qu on pourrait appeler la philosophie m dicale de l h pital traditionnel A ce niveau notons que la phytoth rapie constitue la base de la tradith rapie au centre de Keur Massar En effet les m dications employ es par l h pital sont issues de plantes m dicinales mais aussi de compositions diverses C est ce que nous dit T S un gu risseur lorsqu il soutient on sait associer les plantes Toutes les m thodes th rapeutiques ne sont pas avalis es par l tablissement A l int rieur de l h pital traditionnel l utilisation de m dicaments modernes est proscrite pour conserver l aspect endog ne de la cure C est ce que dit DB Un membre de la direction nous voulons rester nous m mes Il y a lieu galement de souligner que le r glement du centre interdit le recours des versets coraniques pour les soins de sant L institution tient pr server le respect des croyances religieuses des non musulmans 74 Les pratiques rituelles sont aussi bannies comme m thodes th rapeutiques C est ainsi que D B directeur adjoint de la structure affirme
108. r glementant officiellement la pratique de la m decine traditionnelle Abcndant dans le m me sens le directeur adjoint affirme un antipalud en co te au moins 5000F dans les pharmacies et entre 150 F et 250 F au niveau de la m decine traditionnelle Si la m decine traditionnelle tait l galis e ce serait la ruine des pharmaciens Les membres de l h pital traditionnel refusent d int grer des m decins modernes dans leur structure de crainte d tre ali n s par les professionnels de la sant Dans ce cadre un des gu risseurs disait la m decine traditionnelle c est notre culture il ne faut pas qu on nous value partir d autres les m decins modernes Parmi les tradipraticiens interrog s seul un admet voir orient des malades vers les h pitaux modernes L utilisation de m dicaments modernes est proscrite l h pital traditionnel car ces produits chimiques sont consid r s comme induisant de graves effets secondaires chez les patients 81 Nous avons not en g n ral de la part des membres du centre de keur Massar une vision n gative de la m decine classique Le professeur PARES pense que la m decine moderne a trahi le serment d Hippocrate qui est bas pour l essentiel sur deux principes Ne pas nuire Aider la nature La m decine moderne serait en pleine d cadence selon la directrice du centre qui affirme la m decine moderne est en train de tomber Les antibio
109. r patient 3 La place de la parent dans la m decine traditionnelle exerc e Keur Massar 4 Conceptions de la personne malade 5 Repr sentations du monde 6 Les relations politiques de pouvoir entre les diff rentes composantes du centre Guide d entretien 3 Groupes cibles Les professionnels de la sant Th me 1 M decine traditionnelle et m decine moderne Th me 2 M decine traditionnelle et environnement socio culturel Th me 3 Les enjeux de la formalisation de la m decine traditionnelle dans le centre de Keur Massar 122 QUESTIONNAIRE Cible les malades externes 1 Religion Musulman O Chr tien O Arabe E 2 Sexe Masculin C F minin C 3 Ethnie Wolof C Al puular Diola G S r re B Mandingue Autres a pr cisez 4 Age 5 Est ce la premi re fois que vous sollicitez la m decine traditionnelle Oui E Non B Expliquez 6 Quand votre maladie a commenc tes vous venir directement Keur Massar ou avez vous essay les h pitaux modernes Expliquez 7 Pourquoi avez vous choisi de venir Keur Massar au lieu de vous adresser des tradipraticiens ind pendants Expliquez 8 Vous sentez vous mieux depuis que vous tes soign au centre Expliquez 123 9 Si vous avez d j fr quent d autres tradipraticiens voyez vous une diff rence avec ceux de Keur Massar Oui 0 Non g NSP C z Expliquez 10 Que pensez vous en g
110. rairement la m decine moderne qui utilise des produits de l industrie chimique pour les soins de sant Quant la notion de m decine parall le elle recouvre toutes les pratiques m dicales non conformes la m decine officielle moderne Il s agit donc une notion ambigu car des pratiques qui n ont rien voir avec la m decine traditionnelle peuvent y tre inclues La m decine traditionnelle ne doit donc pas tre caract ris e travers des terminologies comme m decine douce m decine naturelle m decine primitive ou archa que m decine parall le qui ne peuvent la d finir Notons cependant qu une des d finitions les plus r pandues et certainement la plus accept e de la m decine traditionnelle est celle donn e par les experts de POMS Pour eux la m decine traditionnelle c est l ensemble des connaissances et pratiques explicables ou non utilis es pour diagnostiquer pr venir ou liminer un d s quilibre physique mental ou social en s appuyant exclusivement sur l exp rience v cue et sur l observation r or r or r 56 transmise de g n ration en g n ration oralement ou par crit Cette d finition de l OMS nous semble conforme notre conception de la m decine traditionnelle comme syst me m dical constitu par l imbrication du social du culturel et du th rapeutique 5 _ OMS S rie de rapports techniques AFRO N 1 1976 M decine traditionnelle
111. rs groupes de m dicaments anti infectieux Sulfones Antibiotique contre la L pre de la famille des sulfamides LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS CCF Centre Culturel Fran ais DPS Direction de la pr vision statistique DOM D partement d outre Mer ENDA Environnement et D veloppement Africain F CFA Franc de la Communaut Financi re Africaine IFAN Institut Fondamental d Afrique Noire OMS Organisation Mondiale de la Sant ORSTOM Organisme de Recherche Scientifique et Technique d outre Mer PROMETRA Promotion des M decines Traditionnelles SEDIMA Soci t d exploitation et de distribution de mat riel avicole SIDA Syndrome Immuno D ficienne Acquis TOM Territoire d Outre Mer UCAD Universit Cheikh Anta Diop de Dakar UGB Universit Gaston Berger SOMMAIRE IAOCUCHOM LE Na anne ne te EME ea te 1 Premi re partie Cadre th orique et m thodologique 4 Chapitre LCadreth orique s sssreirmm tienne dise dessine 5 Chapitre 2 M thod lopie nt nine ardent ee 4 Deuxi me partie Pr sentation du cadre d tude 52 Chapitre I La commune d arrondissement de Keur Massar 53 Chapitre 2 L h pital traditionnel de Keur Massar 60 Troisi me partie Pr sentation analyse et interpr tation des donn es 73 Chapitre 1 Pratiques et repr sentations m dicales 74 Chapitre 2 Les impl
112. rtaines d cisions 64 Seuls les malades graves ceux atteints de l pre ou de dermatoses sont hospitalis s l h pital traditionnel Les autres sont admis sur rendez vous II Ressources humaines et mat riel Il s agit ici de faire tat de la composition du personnel et des malades de l h pital traditionnel avant de pr senter ses infrastructures II 1 Composition du personnel Il existe quatre cat gories de personnel l h pital traditionnel Le personnel de la direction le personnel m dical le personnel param dical et le personnel de service IT 1 1 Le personnel de la direction Tableau 7 Composition et effectif du personnel de la direction Membres de la direction Effectif Directrice EE Directeur adjoint 1 Chef des services Ji administratifs Th rapeute traditionnel fE conseiller TOTAL J4 Source H pital traditionnel de Keur Massar janvier 2000 Le r le du personnel de la direction est surtout de coordonner le travail d administration et de gestion du centre Les membres de la direction ont des comp tences et formations vari es mais se compl tent dans le travail La 65 directrice a une double formation Elle est Docteur s Sciences Docteur s M decine mais aussi Ma tre en m decine traditionnelle africaine Le directeur adjoint responsable de la gestion est titulaire d un dipl me de ma trise en Sciences Economiques obtenu l
113. s de collecte des donn es Les implications socioculturelles li es la formalisation de la m decine traditionnelle sont nombreuses et vari es Pour les saisir il est donc n cessaire de diversifier les techniques d approche C est pourquoi dans le cadre de ce travail m me si nous avons voulu faire une recherche centr e sur le qualitatif il nous est apparu plus sage de ne pas n gliger certaines donn es quantitatives pour ne perdre de vue aucune variable explicative de notre objet d tude Ainsi nous avons utilis trois techniques compl mentaires de collecte des donn es l observation les entretiens individuels les r cits de vie L observation nous avons recouru deux types d observation L observation directe et l observation indirecte ou documentaire Une observation directe de notre milieu d tude nous a permis d en extraire des renseignements pertinents notre recherche 46 L observation directe a t l occasion pour nous d avoir une connaissance plus approfondie du fonctionnement de l h pital traditionnel de saisir les interactions entre individus et groupes le composant Nous avons aussi r alis une observation documentaire qui consistait consulter des documents du centre de Keur Massar pour en extraire des informations factuelles surtout des statistiques concernant l h pital traditionnel Les entretiens individuels ils ont concern au total trente neuf 39
114. s des sciences sociales Dalloz Paris 1996 10e dition p 346 Ibid p 346 i JAVEAUC Le ons de sociologie M ridiens Klincksieck fonts 1990 p 115 Ibid p 114 E ww E amp 1 21 Dans le cadre de ce travail pour construire notre objet il semble donc n cessaire de s carter avant tout des visions simplistes courantes de la m decine traditionnelle pour en faire en rapport avec notre probl matique un objet sociologique La m decine traditionnelle est un objet complexe Sans une pr cision des contenus assign s cette notion il est impossible d en faire un objet de recherche La meilleure mani re de faire de la m decine traditionnelle un objet sociologique semble de d gager les grands traits repr sentatifs de sa signification socio anthropologique et que nous allons prendre en compte dans nos investigations Il s agit donc de d finir un type id al de la m decine traditionnelle susceptible de refl ter les grandes lignes qui la caract risent Ce type id al devra ensuite tre confront la r alit empirique Selon G Ferr ol le type id al au sens wWeberien est un sch ma op ratoire permettant de comprendre et de donner un sens la r alit Mod le abstrait construit partir unis i 35 de traits caract ristiques et singuliers Dans cette perspective trois caract ristiques majeures nous semblent importantes prendre en consid
115. spects socioculturels de la m decine traditionnelle M decine traditionnelle Sociale Culturelle Th rapeutique st 1 s r pi e La technologie utilis e en m decine traditionnelle e Les aspects conomiques de la m decine traditionnelle e La question du pouvoir en m decine traditionnelle e La place de la parent en m decine traditionnelle e Les approches de la personne en m decine traditionnelle e Les repr sentations de la maladie et de la gu rison en tradith rapie NB Ce tableau est con u d apr s une synth se de la construction de l objet et de l analyse conceptuelle de la notion de m decine traditionnelle VIII 2 Innovation La notion d innovation est en vogue surtout au niveau des sciences sociales Elle fait l objet de d finitions nombreuses La plupart des travaux sur l innovation traitent des probl mes de sa diffusion et de son adoption 36 Pour faire l conomie de la r p tition des multiples travaux sur la notion nis 66 o Re d innovation nous renvoyons le lecteur aux crits de Ferrol et Olivier de Sardan Ces auteurs ont r ussi la synth se des id es essentielles d velopp es propos de l innovation Cependant en ce qui concerne cette pr sente recherche dans le cadre de la collecte et de l analyse des donn es empiriques nous consid rons comme innovatio
116. ssar o est implant l h pital traditionnel dans ses aspects physiques et humains Dans un second temps nous mettrons en vidence les aspects institutionnels et les activit s m dicales propres au centre de Keur Massar qui devraient nous permettre de mieux comprendre les implications r elles de la formalisation de la m decine traditionnelle pe mo a RER re i MP D a a Rp om TN M aaa EE AA AN NA On a Chapitre I La commune d arrondissement de Keur Massar Il s agit ici de pr senter bri vement le cadre juridique qui caract rise Keur Massar ainsi que sa situation g ographique et ses limites auxquelles s ajoutent le climat Le milieu humain et les structures sanitaires de cette ville seront ensuite mis en lumi re IL Cadre juridique situation et limites climat A l origine village fond en 1922 par les L bus Keur Massar est devenu une commune d arrondissement le 1 janvier 1997 avec la loi de la d centralisation Cette petite ville appartient au d partement de Pikine de la r gion de Dakar et a sa t te un maire d arrondissement C est le plan Ecochard labor en 1967 qui dirige l extension de Pikine jusqu Keur Massar S par par 26km de Dakar ville Keur Massar se situe entre les communes d arrondissement de Mbao au sud de Yeumbel nord et sud l ouest de Malika au nord et de la communaut rurale de Sangalkam l est cf cartes 1 et 2 A l instar de la presqu
117. t les affections trait es par le centre sont les suivantes La l pre Les dermatoses Le paludisme Le diab te L hypertension Les ulc res gastriques Les h morro des Les plaies La tuberculeuse L infection VIH SIDA TROISIEME PARTIE Pr sentation Analyse et Interpr tation des donn es La recherche sociologique s panouit dans les clairages compl mentaires du th orique et de l empirique e Dans cette ultime partie de notre tude nous pr sentons d abord les faits concrets recueillis sur le terrain e Il s agira ensuite d analyser et d interpr ter ces donn es l aide d une triangulation th orique associant analyse dynamiste et socio anthropologie du changement social e En bref notre ambition est non seulement de mettre en vidence concr tement les pratiques et repr sentations sp cifiques la m decine traditionnelle au centre de Keur Massar mais aussi en quoi ces pratiques et repr sentations sont influenc es par la formalisation Nous donnerons ensuite un sens la tradith rapie au Centre de Keur Massar en la comparant la m decine endog ne classique 73 CHAPITRE I Pratiques et repr sentations m dicales Afin de montrer la sp cificit des pratiques et repr sentations m dicales au centre de Keur Massar nous allons exposer dans ce chapitre les orientations th rapeutiques de cette structure Nous allons aussi pr senter les itin raires th ra
118. t faire une op ration La rationalit qui fonde la m decine traditionnelle est tout autre En Afrique noire les dispositifs cognitifs de mani re g n rale attribuent trois causes essentielles la maladie La malveillance travers la sorcellerie est souvent invoqu e pour justifier l absence de sant L agression des esprits des religions traditionnelles et m me jud o chr tiennes est galement retenue comme tant l origine de maladies _ AHYI G Mod les traditionnels de la sant et de la maladie mentales au B nin In HOUNTONDII PJ SLD Op cit p 209 16 L Etiologie traditionnelle attribue aussi des causes naturelles certaines affections II Justification du choix du sujet Nous avons choisi ce th me de recherche pour plusieurs raisons Il faut d abord signaler que nous avons travaill en ann e de licence dans le cadre de notre tude de cas sur le th me de la m decine traditionnelle C est pourquoi afin d approfondir la r flexion sur la probl matique retenue am liorer les r sultats auxquels nous tions parvenus redoubler de rigueur dans l analyse des faits observ s nous avons d cid de continuer l investigation du m me sujet Une autre raison du choix de ce th me tient au fait que la bonne qualit des ressources humaines constitue un atout important pour la promotion du bien tre des hommes Aujourd hui il est donc de plus en plus admis que la bonne sa
119. t leur l efficacit ce n est pas l le probl me comme les savoirs sur lesquels ils s appuient n ont pour une bonne part rien de traditionnel Sans tre pour autant occidentaux il ont consid rablement volu depuis le XIX es et la conqu te coloniale Ils ont int gr et transform tout une s rie d l ments 73 5 7 CN r F r 90 mat riels et symboliques li s la m decine europ enne A l h pital de Keur Massar des produits comme l alcool et l ther r put s en m decine et chimie modernes sont emprunt s la m decine occidentale et utilis s dans les pr parations m dicamenteuses Les m dicaments obtenus en associant l alcool et des plantes m dicinales sont des cr ations propres au centre qui n existent ni en m decine moderne ni en tradith rapie classique Au plan symbolique notons que la place accord e au gu risseur au centre de Keur Massar est similaire celui d un m decin moderne dans un h pital En effet son autorit s exerce surtout au niveau de la cure elle est l gitim e par ses comp tences objectives et non par un quelconque pouvoir mystique alors qu en m decine endog ne classique le praticien est souvent assimil un pr tre il a un pouvoir quasi religieux Cependant l h pital traditionnel le gu risseur acquiert un statut il est respect et consid r comme un d tenteur de connaissances c est pourquoi il est appel ma tre En plus le centre de Keur Massar s
120. tait leur premier jour de contact avec l h pital traditionnel ils ne pouvaient donc pas donner leur avis sur la structure Ce qui est remarquable c est que lors des investigations empiriques aucun patient interrog n a d cri ouvertement le centre ou avou sa d ception par rapport l tablissement Tous les malades interrog s disent avoir connu l h pital traditionnel travers le bouche oreille Selon DB membre de la direction cela est d au fait que la m decine traditionnelle n tant pas reconnue officiellement la publicit de la tradith rapie est interdite L itin raire th rapeutique de M D malade dont nous avons recueilli l opinion est r v lateur du profil g n ral des patients externes du centre de Keur Massar M D raconte je souffre d une maladie du ventre je suis d abord parti l h pital L bas on ne m a rien dit de clair On m a prescrit des ordonnances que je ne parvenais pas acheter la plupart du temps cause des prix lev s C est ensuite qu on m a conseill de me tourner vers la m decine traditionnelle car il se pourrait que je sois victime d une agression mystique Tout en explorant la m decine traditionnelle je n avais pas pour autant abandonn les traitements modernes C est devant la persistance de la maladie qu un ami m a recommand l h pital traditionnel Depuis que je viens ici je rends gr ce Dieu mon tat s est beaucoup am lior Pour
121. tching Rappelons que Le Parttern matching exige donc une tude comparative structur e entre le mod le imagin par le chercheur et sa contrepartie sur le plan de la situation empirique Ce type d analyse qualitative qui accorde beaucoup d importance la structuration logique du cadre op ratoire nous a permis de confronter le mod le id al typique de m decine traditionnelle que nous avons imagin et construit la tradith rapie exerc e concr tement au centre de keur Massar _ MACE G Guide d laboration d un projet de recherche Presses de l Universit de Laval Bruxelles De Boeck Wesmael 1991 p 94 SN AAIE a OAA a SEA meau ao a POE PERV ADIE B ITEN PEENE EEA Re nn EET E E 52 Deuxi me partie Pr sentation du cadre d tude Selon Emile Durkheim le fait social est ext rieur l individu et dou d un pouvoir de coercition en vertu duquel il s impose lui Il d coule de cette conception que le sociologue qui s engage dans une recherche de terrain ne peut n gliger l analyse du milieu de l tude dont la bonne appr hension conditionne la compr hension des pratiques et des repr sentations des acteurs sociaux Dans cette deuxi me partie nous allons mettre en exergue la sp cificit de notre cadre d tude travers une approche historique mais aussi monographique Il s agit dans un premier temps de pr senter la commune d arrondissement de Keur Ma
122. te un ensemble de textes statuts et r glement int rieur r git son fonctionnement Nous avons ensuite une dimension organisationnelle de la formalisation de la tradith rapie L h pital traditionnel de Keur Massar fonctionne selon une organisation sp cifique avec des objectifs clairement d finis Pour les atteindre les textes r gissant l institution stipulent la nature de la coop ration entre le personnel qui y travaille La formalisation comporte enfin une dimension id ologique En effet il existe des principes des valeurs sur lesquels est bas e la structure 40 Tableau 2 r capitulatif de l analyse du concept de formalisation Concept Dimensions Indicateurs Formalisation Juridique L gitimation officieuse Rapports avec les pouvoirs publics Textes r gissant le fonctionnement Organisationnelle Id ologique Objectifs Structuration Fonctionnement formel ou informel j Principes et valeurs qui fondent l institution CHAPITRE IT M thodologie Pour atteindre les objectifs assign s notre tude et donner ce travail de recherche une validit scientifique nous avons emprunt une d marche m thodologique qui s articule selon trois phases successives une phase exploratoire une phase de collecte des donn es et enfin une phase de traitement des donn es I La phase exploratoire Cette phase pr paratoire a consist pour no
123. tiques ne marchent plus les h pitaux sont pleins de microbes les maladies nosocomiales fr quentes A la diff rence de la m decine classique la tradith rapie au centre de Keur Massar serait plus humaine selon les dires des promoteurs de cette structure Ainsi D B explique notre objectif est de rester humain Quand on rentre dans un h pital occidental on a peur on a le stress Chez nous centre de Keur Massar on n est pas un num ro on est pas un foi un rein l accueil la parole ce qu on donne compte beaucoup Les professionnels de la sant du dispensaire Tripano de Mbour interrog s mettent aussi des r serves sur certains aspects de la m decine traditionnelle En effet la plupart d eux doutent des capacit s de la m decine endog ne prendre en charge ad quatement les maladies organiques Selon eux leurs r serves par rapport la tradith rapie sont bas es sur le fait que les tradipraticiens n auraient pas la notion du microbe ce qui ne permettrait pas le respect des normes d hygi ne par les gu risseurs Ensuite la m decine traditionnelle serait selon eux confront e de s rieux probl mes de dosage et de posologie des m dicaments utilis s 82 i Les professionnels de la sant enqu t s soulignent aussi que la m decine traditionnelle ne conna trait pas la maladie mais s int resserait plut t au signe de la maladie Le m decin explique
124. tiques par r ve don maladie initiatique Notons galement qu au centre de Keur Massar les plantes utilis es pour la cure sont collect es par le personnel de l h pital ou achet es au march Til ne Dakar Ce qui n est pas conforme la d marche classique en m decine endog ne En effet comme l a montr le Docteur Sow pour l africain la nature est inerte par elle m me si elle n est pas activ e par la parole qui la culturalise et l humanise Ainsi est ce la raison pour laquelle le th rapeute traditionnel ne pr pare jamais un m dicament pas plus qu il ne pr l ve tout ou partie d une plante qui par essence est naturelle sans lui donner ce support culturel qu est le verbe qui r tablit le dialogue entre la nature et la culture que 1 Si l approche socio culturel de la m decine africaine tait la maladie a rompu respect e au centre de Keur Massar ce sont les gu risseurs qui se chargeraient eux m mes de la collecte de toutes les plantes m dicinales qu ils emploient avec force incantations et rituelles Tel n est videmment pas le cas _ DOZON J P op cit p 12 2 Cit par GOLLNHOFFER O et SILLANS R op cit p 286 94 I 2 Une volont de l gitimation scientifique Les ruptures entre la m decine traditionnelle exerc e Keur Massar et les logiques sociales culturelles qui fondent les pratiques et repr sentations m dicales endog nes sont li es la formalisation En effet l
125. uel dans les pratiques th rapeutiques l h pital de Keur Massar malgr la formalisation et l approche positiviste de la m decine traditionnelle qu elle implique Sur ce plan rappelons que les th rapeutes traditionnels de cette structure dans leurs repr sentations de la gu rison affirment dans leur majorit que celle ci est un don de Dieu C est 35 GOLLNHOFFER O et SILLANS R op cit p 231 3 FONTAINE M op cit p 134 99 pourquoi les gu risseurs apr s avoir donn des m dicaments aux patients formulent des pri res pour eux La valorisation du solidaire au centre de Keur Massar d borde largement le cadre de la parent et prend de nouvelles formes dans cette structure Elle fait de l h pital traditionnel une institution non seulement th rapeutique mais aussi vocation sociale voire caritative En effet la structure se pr occupe non seulement du traitement des patients mais aussi de leur r insertion socio conomique apr s leur gu rison Ainsi les pharmacies traditionnelles install es Mbour Thi s Dakar ont entre autres fonctions t cr es pour permettre d anciens patients de l tablissement d avoir un emploi donc des revenus en devenant d l gu s m dicaux L h pital traditionnel d veloppe galement des actions de solidarit envers les l preux en les aidant red marrer une vie sociale normale travers des dons de v tements et la fourniture de mat riel agricole au
126. ur le centre de Keur Massar II 3 Les Outils de collecte des donn es Dans le cadre de cette recherche nous avons utilis pour la mise en uvre pratique de nos techniques de collecte des donn es des outils leur correspondant C est ainsi que pour l observation directe nous avons employ une grille d observation pour les entretiens individuels nous avons administr une questionnaire et trois guides d entretien Pour les r cits de vie ce sont des entretiens nos directifs que nous avons appliqu s La grille d observation afin de prendre bonne note des l ments observ s directement sur le terrain d tude nous avons confectionn une grille d observation comportant quatre rubriques Ces rubriques sont 1 Equipements de l h pital traditionnel 2 Mat riel des gu risseurs 3 Types de rem des prodigu s aux malades 4 Interactions A travers ces rubriques nous voulions constater par nous m me les moyens mat riels dont dispose le centre ainsi que les gu risseurs qui y exercent Notre objectif tait aussi de nous rendre compte des orientations th rapeutiques de l h pital traditionnel et des interactions entre ses diff rentes composantes Signalons que notre observation directe a t facilit e par deux visites guid es organis es par les responsables de l h pital traditionnel pour nous au niveau de la partie externe du centre 48 Le questionnaire un questionnaire a t
127. us faire une recherche documentaire des entretiens exploratoires et une pr enqu te afin de recueillir des informations sur notre th me de recherche I 1 La recherche documentaire Cette phase bibliographique s est d roul e dans des biblioth ques ou centres de documentation Saint Louis UGB CCF et Dakar IFAN ORSTOM OMS Elle a t l occasion pour nous de consulter le maximum d ouvrages sur la m decine traditionnelle en pr tant une attention particuli re aux crits qui insistent sur les aspects ou fondements socioculturels de la tradith rapie Toutefois nous tions conscients qu il nous tait impossible de comprendre les v ritables enjeux li s la m decine traditionnelle sans une connaissance globale du secteur de la sant C est pourquoi travers la revue documentaire nous nous sommes efforc s de recueillir des informations utiles sur la situation sanitaire en g n ral au S n gal Cela en consultant nombre de rapports manant d organismes tatiques ou non gouvernementaux sp cialis s dans le domaine de la sant 41 42 L objectif principal de cette phase documentaire tait de nous permettre de constituer un socle th orique fiable pour notre tude en nous impr gnant de l tat du d bat scientifique sur notre th me de recherche Les lectures exploratoires ont aussi t pour nous l occasion de prendre connaissance d ouvrages de m thodologie en sociologie et
128. vestigation dans le cadre de ce travail Cependant signalons que ce centre pr sente une certaine sp cificit En effet la m decine traditionnelle y est ins r e dans une structure formelle Les r gles normes principes qui guident le fonctionnement de l h pital traditionnel sont dans l ensemble similaires ceux qui fondent les institutions formelles comme les entreprises ou les h pitaux dits modernes C est cette caract ristique assez in dite du centre de Keur Massar que nous qualifions de formalisation de la m decine traditionnelle 22 Jeune Afrique Economie 16 f vrier I Mars 1998 3 _ Ibid _ Ibid 13 Cette formalisation de la tradith rapie constitue donc notre probl me sp cifique de recherche La formalisation manifeste clairement notre avis les dynamiques interculturelles l uvre au niveau de la m decine traditionnelle En effet Keur Massar des gu risseurs pratiquant la tradith rapie travaillent en collaboration en coordination dans une m me structure avec des administrateurs et agents de service ayant re u une formation de type occidental pour certains du moins Cette formalisation de la m decine traditionnelle Keur Massar est donc une innovation car elle introduit non seulement une certaine forme d organisation de la m decine africaine jusqu ici in dite mais aussi permet le contact entre les savoirs m dicinaux traditionnels et des savoirs modernes comme la chimie
129. voir un niveau d information assez pouss sur l h pital traditionnel de Keur Massar Malgr tout en f vrier 1999 nous nous sommes rendu une premi re fois Keur Massar et avons discut de fa on informelle avec trois gu risseurs choisis au hasard Les discussions nous ont permis de nous enqu rir des volutions concernant l organisation le fonctionnement les orientations th rapeutiques du centre de Keur Massar entre 1998 et 1999 Au mois de mai suivant nous sommes retourn Keur Massar Cette fois nous avons eu un entretien avec Mme PARES cofondatrice de l h pital traditionnel Au cours de cet entrevu nous avons discut du sens donner notre projet de recherche mais aussi des modalit s de sa faisabilit La pr enqu te exploratoire nous a aussi conduit la mairie de Keur Massar o Mansour Djit employ municipal nous a fourni des renseignements pr cieux sur cette ville o est implant l h pital traditionnel En d finitive la pr enqu te exploratoire a eu l utilit de nous permettre de d finir les orientations donner notre tude Les enseignements de cette tape de notre d marche m thodologique nous ont difi s sur la propension l innovation aussi bien des gu risseurs que des membres de l administration du centre de Keur Massar C est pourquoi nous avons pris l option de passer d une monographie en licence tude de cas une approche dynamique
130. x villages de reclassement de Coutal et Mballing L ancrage du centre dans les valeurs endog nes de solidarit d entraide se manifeste aussi dans l organisation le fonctionnement de l internat En effet tous les l preux hospitalis s sont pris en charge gratuitement Seuls les patients souffrant de dermatoses sont astreints une contribution financi re forfaitaire de 5 000 F CFA Cette modeste cotisation sert du reste acheter le petit mat riel dont ils ont besoin durant leur internement Quant la restauration des malades hospitalis s elle est enti rement support e par l tablissement qui dispose pour cela d un personnel appropri M me les malades externes appr cient la vocation caritative de la structure Dans leur majorit ils consid rent que les soins n y sont pas chers le ticket de consultation leur revenant 1 000 F CFA 100 En bref le centre de Keur Massar est un h pital mais aussi un lieu ouvert la vie sociale Les malades qui y sont hospitalis s ne perdent pas le contact avec les r alit s sociales Des infrastructures sociales comme une mosqu e une chapelle existent au niveau de l internat pour permettre aux patients de pouvoir vivre pleinement leur foi religieuse et s panouir 3 II L in dit de la cr ation L interculturalit est une des caract ristiques fondamentales de la modernit Or comme le montre CLANET les situations interculturelles sont 7 extr mement complexes c

Medecine traditionnelle et dynamiques interculturelles.les - BEEP-IRD

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