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Claude Mercadié L`homme qui revenait du néant

1. Pourquoi qu il nous le rendrait Peut tre qu il y a un Dieu pour les cur s pour les bourgeois et pour les riches puisqu ils remplissent les glises pour lui chanter des cantiques Mais nous qu est ce qu on peut en attendre On a les r coltes qui g lent sur pied une ann e sur deux les printemps de pluies qui font pourrir les raisins sur les ceps la m re Henri qui s est cass la jambe quand l ouvrage nous attend et toi qui n en finit pas de trainer le malheur sur nous Si c est Dieu qui manigance tout a y ferait mieux de rester dans son coin et de nous laisser mener nos affaires ANNE P re LA MERE elle se signe trois fois Tu es fou Tu es plus fou que moi ANNE P re taisez toi La col re t gare LE PERE C est ta m re qui me rend fou Elle entend des voix Elle parle avec Dieu Elle pr dit l avenir comme ces camelots de Foire qui te tirent les cartes LA MERE De quoi tu te plains Tu manges l heure La maison est tenue Le b tail est nourri Les r coltes sont engrang es Tu veux dire que je ne fais pas ma part Que j ai pas la t te la besogne LE P RE Non Je ne dis pas a T es une bonne pouse c est sur Mais des fois Anne qui est sortie revient avec une soupi re fumante ANNE Cessez donc de vous chipoter tous les deux La soupe va refroidir Les trois personnages passent table Le p re s assoit La m re et Anne qui restent debout le regardent avec reproch
2. Marie A Anne avec reproche T aurais pas d lui dire avant d avoir vu l homme en question ANNE J tais trop jeune quand il est parti p re Je ne suis pas s re de le reconnaitre Il est maigre il ne se souvient de rien LA MERE Je veux le voir Tout de suite On va l h pital ANNE On va nous l amener M re LA MERE Ici A la ferme Quand ANNE Tout de suite m re Ils ne savent pas quoi faire de ces hommes LA MERE Tout de suite Mais on n est pas pr ts Regarde ce d sordre ANNE J ai pris les devants m re lIs est l dans la cour LA MERE Mon Dieu mon Dieu Mais si c est lui si c est notre Fran ois si il ne reconnait rien il sera perdu LE PERE Anne Va le chercher Anne sort La m re qui s est lev e va et vient nerveusement Le p re se l ve galement Ils n osent pas aller regarder par la porte rest e entrouverte La m re va vers le p re le regarde puis s appuie contre lui Il la prend dans ses bras Anne se pr sente sur le pas de la porte ANNE Papa Maman Soyez calmes Voici l homme Il est craintif Il ne reconnait rien Il ne ressemble personne Soyez calmes tr s calmes sinon la s ur m a dit qu il s enfuirait Elle entre La religieuse entre derri re elle conduisant par le bas un homme tr buchant courb en deux le regard vers le sol SCENE X LA RELIGIEUSE l homme Doucement Regardez ces personnes Peut tre vous souv
3. signerais Mais ne pas savoir c est terrible ANNE On nous a dit qu ils avaient enferm les prisonniers dans une ile Une ile d serte pel e sans la moindre ressource Des milliers d hommes errants pendant cinq ans dans la plus atroce mis re des milliers de morts LA MERE On a tout vu L Empire est tomb la guerre est finie Les prisonniers sont rentr s chez eux Pourquoi pas notre fils ANNE Des fois c est pas si simple LA MERE I parait qu il en mourrait des dix et des cents tous les jours dans cette ile maudite LE PERE Pourquoi tu l oublies pas une fois pour toutes Tu nous rends malheureux t entendre Et toi plus malheureuse encore Fran ois est mort je te dis LA MERE Pas lui S il tait mort je le saurais Je suis sa m re Une m re sent ces choses l LE PERE a suffit femme Cesse de tourner ces id es dans ta t te C est mauvais pour toi C est mauvais pour nous Not Fran ois est mort quelque part Dieu seul sait o Nof fille a la vie devant elle Elle va se fiancer avec le fils Duvert C est une grande famille Elle nous donnera des beaux petits Ne les accueille pas avec cette figure de chagrin LA MERE J essaie bien d oublier Louis Mais il y a au fond de mon coeur une voix qui refuse de se taire Parfois la nuit quand le poids des travaux me plonge dans un sommeil sans fond cette voix se fait plus forte Elle m appelle Elle me dit Je suis l Je ne
4. qui sont jamais contents LE PERE Le commandant Lespinasse a quitt l arm e M re par fid lit l Empereur LA MERE Qu est ce que a a voir avec mes courgettes LE PERE Il est sans solde LA MERE C est son probl me LE PERE C est un brave un h ros Il a re u la L gion d honneur LA MERE Il est vivant C est pas le lot de tous ceux qui le servaient ton Empereur A Anne Y t ont pas pay ANNE Si LE PERE Alors qu est ce qui se passe Qu est ce que tu attends J ai des fers au feu moi ANNE J attends que vous me laissiez parler LA MERE On t coute ANNE Apr s avoir livr la commande des Lespinasse je suis pass l h pital LA MERE T as vu M lanie Carriou ANNE Non LE PERE Tu nous fais languir ANNE agac e Vous ne cessez de m interrompre LA MERE On t coute ANNE sur un ton grave Ils ont accueilli ces derniers jours un convoi de malades et de bless s Le visage de la m re se tend Ils arrivaient d Espagne Trois d entre eux faisaient partie des prisonniers de la Cabrera LA MERE Tu les as vus ANNE Ils taient en isolation J ai parl avec la s ur qui s occupe d eux LA MERE f brile Qu est ce qu elle t a dit ANNE M re reste calme je ten prie LA MERE Je t coute Anne ANNE Il y en a un qui pourrait correspondre au signalement de Fran ois LA MERE C est lui C est Fran ois LE PERE Calme toi
5. suis pas mort Mais quelque chose nous s pare comme si Dieu se jouait de nous ANNE M re S il te plait Ne m lange pas Dieu avec nos mis res LA MERE C est pourtant lui qui d cide de tout LE PERE r p tant avec plus de duret J ai dit a suffit Tais toi maintenant Tu n as m me pas demand Anne La m re se l ve et se dirige vers la porte de l interieur O tu vas LA MERE Je vais prier Dieu II finira bien par m entendre Elle sort SCENE V LE PERE Ta m re n en finit pas avec cette histoire Elle nous rendra tous fous ANNE Cette voix qu elle entend LE PERE C est la sienne Sa propre voix qui ne cesse de r p ter ANNE Aujourd hui j tais l h pital J attendais Henri dans la carriole LE PERE Oui Et alors ANNE Une des religieuses du Bon Secours bavardait avec le pr tre Elle h site LE PERE Eh bien parle ANNE Elle disait qu un transport vient d amener un lot de survivants de la Cabrera en Espagne LE PERE La Cabrera ANNE C est l ile maudite o les espagnols avaient d port les prisonniers de Bailen LE PERE Mon Dieu Si ta m re l apprenait ANNE I faudra bien lui dire P re LE PERE Ils taient comment ces hommes ANNE La s ur disait que c tait piti de les voir Ils s taient cach s dans cet ilot sans ressources quand les bateaux taient venus recueillir les prisonniers apr s la chute de l
6. Claude Mercadi L homme qui revenait du n ant GENRE Com die dramatique en 5 actes ROLES MASCULINS 3 et figurants R LES FEMININS 5 DUREE DECOR un int rieur rustique EDITION OU s adresser l auteur SYNOPSIS Un soldat de l Empire prisonnier des espagnols apr s la reddition de l arm e du g n ral Dupont Baylen est rapatri en France apr s plus de cinq ans d exil dans l affreuse mis re de l ilot de Cabrera au Sud de Majorque Qui est il II ne se souvient de rien et vit repli sur lui m me fuyant tout contacte avec la soci t Un couple de paysans cossus croit reconna tre leur fils Commence alors un long combat avec le concours de leur fille Anne pour ranimer la m moire de cet homme et le ramener un monde qu il ne cesse de fuit ACTE 1 SCENE 1 La sc ne repr sente un int rieur rustique de d but du XIX me si cle C est le soir l automne La sc ne est clair e par des lampes p trole Le p re Louis assis devant l tre recoud avec une al ne un harnais de cheval Entr e de sa fille Anne qui rentre de la ville LE PERE sans se retourner Anne c est toi ANNE Oui p re LE PERE Tu rentres bien tard ANNE Henri devait passer l h pital LE PERE Tu sais que je n aime pas te voir trainer le soir M me si Henri et toi vous avez des projets la m disance a vite fait le tour du pays ANNE Sa m re s est cass e la jambe LE PERE Ils lon
7. Empire Ils avaient honte de leur mis re ils taient malades ou perdus d esprit Ils avaient oubli leur patrie Ils avaient oubli leur vie LE PERE Tune les a pas vus ANNE On peut pas encore les approcher dit la s ur Pas encore Pas avant qu ils retrouvent Elle h site LE PERE Qu ils retrouvent quoi ANNE figures d hommes p re La s ur disait qu ils sont plus mis rables que des chiens abandonn s Qu ils se cachent parce qu ils ont peur m me des regards que l on pose sur eux Elle dit que c est piti de les voir LE PERE Crois tu ANNE Je ne sais pas p re Je ne sais pas si Fran ois pourrait encore tre parmi eux On a esp r si longtemps LE PERE Si tu racontes a ta m re elle ne tiendra plus en place ANNE I faudra bien Si c est pas nous quelqu un lui dira LE PERE apr s un temps de r flexion Essaie donc de te renseigner pour voir Tu demandes quelles unit s appartenaient ces hommes Not Fran ois tait soldat la cinqui me brigade des chasseurs du Quercy ANNE Pourquoi tu ne demandes pas toi LE PERE Tu sais que je ne suis pas tr s ami avec la religion depuis la disparition du fils Et puis tu sauras mieux faire ANNE J y passerai demain LE P RE Demain il ny a pas de march Ta m re te posera des questions ANNE Je lui dirai que la femme du commandant Lespinasse voulait un lot de courgettes et d oignons J en avais plu
8. comme un d mon Elle se signe LA MERE comme si elle s veillait soudain Attends Fran ois s tait fait une blessure dans le dos Un petite blessure Mais il avait une cicatrice LE PERE Je me souviens Il avait dix sept ans Un clou dans le mur de la grange tandis qu il embpilait les balles de foin LA MERE Il avait d chir sa chemise et l entaille tait vive LA RELIGIEUSE int ress e Dans le dos dites vous On ne me l avait pas signal LA MERE On ne peut pas essayer de regarder LA RELIGIEUSE Je crois que si Quand il sa cl dans les mains il ne bouge plus Il se recroqueville un peu plus comme a On le croirait parti dans un autre monde La m re passe derri re l homme assis et pench sur lui m me tout de suite rejointe par le p re et Anne La s ur s accroupit devant l homme qui reste immobile les yeux ferm s Le jeu de sc ne qui suit est videmment important Le p re soul ve doucement le pan de la veste puis du tricot de la chemise du maillot de corps sans que l homme r agisse Les trois personnages sont pench s sur le dos nu qu ils scrutent Soudain la m re pousse un cri LA MERE C est Fran ois c est Fran ois c est mon fils regardez il a la cicatrice L Elle se jette sur l homme qui aussit t se d bat furieusement Fran ois mon petit mon petit NOIR FIN ACTE 1
9. e Le p re se l ve en bougonnant LA MERE Anne Dis voir le b n dicit Anne Dieu t entendra mieux que nous ANNE Dieu qui nous regarde pardonne la col re des uns la plainte des autres Ne nous juge pas Nous ne sommes que ce que tu nous as permis d tre Regarde nous avec piti Regarde nous avec mis ricorde dans notre monde imparfait Verse en nous la foi l amour et l esp rance Ecoute notre pri re NOIR SCENE VII Le matin M me d cor La m re et deux femmes Marthe et L a sont en train de trier les lentilles MARTHE Y para t que M lanie Duvert est l h pital LA MERE Oui Sa jument lui a p t la jambe LEA J ai travaill chez eux au printemps Je la connais cette b te C est une carne MARTHE Pourquoi qu ils ont cette pouliche dans leur curie LA MERE M lanie Duvert est la fille du notaire Son p re lui a donn le go t de l quitation Elle avait achet cette pouliche pour la dresser LEA C est pas des occupations de paysans a LA MERE s v rement Melanie n est pas une paysanne Elle a re u une autre ducation que vous et moi Les Duvert ont du bien Ce sont des gens honn tes et travailleurs LEA J voulais pas dire le contraire LA MERE Alors tais toi T as toujours la langue un peu trop longue L a a pourrait bien te jouer un tour quelque fois MARTHE Faut pas l couter madame Marie Elle rougne parce qu elle a pas appris lire e
10. iendrez vous L homme reste dans la m me position comme s il n entendait pas Le p re se penche pour tenter de le voir L homme se recroqueville La m re reste p trifi e d motion LE PERE Comment savoir Il y a si longtemps LA RELIGIEUSE Il a une trentaine d ann e Il a les cheveux bruns C est difficile dire pour les yeux ANNE Regarde le m re Moi ne sais pas Il y a si longtemps C est un homme jeune encore mais il se tient comme un vieux comme s il refusait de vivre LA MERE Quant il nous a quitt c tait un gar on plein de force et de vie LA RELIGIEUSE vient d une ile abandonn e de Dieu Madame De la dizaine de milliers d hommes qui y furent enferm s par les espagnols trois mille peine ont surv cu Celui l est un des derniers rescap s LE PERE Ne veut il point s asseoir qu on puisse le voir un peu et parler LA RELIGIEUSE Si fait Mais je crains qu il ne dise rien Anne dispose une chaise la religieuse fait asseoir l homme n a pas dit un mot depuis qu il est arriv LA MERE se couvrant les yeux avec les mains dans un geste d angoisse J ai tant pri depuis toutes ces ann es LA RELIGIEUSE Regardez le madame Essayez de vous rappeler ANNE Regarde le maman Il n est plus celui que tu as vu partir il y a si longtemps Regarde si tu retrouves quelque chose de familier Laisse parler ton instinct maternel Dieu te disait hier que le livre de Fra
11. n ois n tait pas ferm LE PERE Tais toi Anne Ce sont des b tises LA RELIGIEUSE s v rement Dieu ne dit pas des b tises ceux qui l coutent monsieur Laurent Regardez bien cet homme qu il vous envoie LE PERE Comment le voir Il ne cesse de se replier dans sa coquille ANNE I a peur de nous p re LA RELIGIEUSE Je ne sais pas Depuis que nous l avons accueilli il refuse tout Il refuse de parler il refuse de se laver Il se d battait quand les infirmiers lont baign Il ne criait pas Il se d battait seulement Comme si l eau le terrorisait Il s apaisait seulement La religieuse s interrompt comme si une id e lui venait ANNE curieuse Il s apaisait seulement LA RELIGIEUSE Oui quand il avait dans les mains un objet familier qu il ne cessait de tripoter LA MERE Un objet LA RELIGIEUSE Oui Une sorte de cl Elle sort l objet de sa poche et le remet la m re qui le contemple un moment sans bouger LE PERE Donne voir La m re lui donne l objet Oui c est une cl Une vieille cl de tiroir On devait bien en avoir une comme a LA MERE La cl du tiroir ou le petit cachait ses jouets LE PERE Allons A l poque il y en avait des milliers de cl s comme a L homme d un geste brusque arrache l objet de la main de la m re et se recroquevillant aussit t le garde serr dans son poing LA RELIGIEUSE N essayez pas de le reprendre Il se d battrait
12. rapport Fran ois LE PERE Fran ois Fran ois notre fils ANNE Oui LE PERE T as raison Depuis sept ans qu il a disparu en Espagne ta m re ne finit pas d en porter le deuil Il y aurait du nouveau Entr e de la m re avec un seau de lait SCENE IV LA MERE Je t ai entendue arriver avec Henri J tais la traite Qu est ce qu il y a de nouveau ANNE elle h site C est la m re Henri qui s est cass e la jambe LA MERE Grand Dieu Juste avant la taille ANNE Ils lont transport e l h pital On est pass la voir LA MERE C est grave ANNE Elle en a pour trois bons mois Au moins Et c est pas s r qu il n y ait pas des s quelles LA MERE Qu est ce que tu veux dire ANNE C est pas s r qu elle puisse marcher comme avant LA MERE La vie est dure pour tout le monde ANNE M re LA MERE Elle nous a vol un fils LE PERE Depuis sept ans LA MERE Bient t huit ans qu il est parti pour l Espagne avec le General Dupont Qu il soit maudit celui l d avoir rendu son arm e aux Espagnols LE PERE C tait la guerre Tu comprendras jamais LA MERE Qu est ce qu il y a comprendre On te prend un beau gar on plein de vie et on te rend un mort ou un clop Et nous on nous a rien rendu On ne sait m me pas si notre fils est mort ou clop ANNE Sept ans m re Sept ans sans la moindre nouvelle LA MERE Si on me disait qu il est mort je me r
13. s J ai promis de lui apporter la commande LE P RE haussant les paules Ta m re te croira jamais ANNE riant Elle aurait tort Parce que c est la pure v rit LE PERE C est bon de t entendre rire On rit plus beaucoup dans la maison ANNE Henri et moi on va se marier lan prochain On vous la remplira de rires d enfants votre maison La vie Papa c est pas une ligne toujours droite T as beau faire que tu le veuilles ou non c est du malheur souvent c est parfois du bonheur c est comme une ligne bris e qui plonge ou qui remonte sans que tu comprennes tr s bien le pourquoi et le comment des choses LE PERE Nous on nous a pas expliqu tout a Y avait pas d cole pour les petits paysans J ai appris lire Ta m re ne sait pas Qu est ce que a m apporte ANNE moqueuse Tu peux au moins consulter le mode d emploi des produits que tu ach tes Retour de la m re SCENE VI LA MERE J ai pri Dieu qu il nous rende Fran ois LE P RE Toutes ces paten tres depuis toutes ces ann es a a servi quoi LA MERE Dieu m a r pondu ANNE M re C est un p ch d orgueil LE P RE Tu finiras bien par perdre le bon sens avec ces histoires LA MERE I m a dit d esp rer Il m a dit que le livre de Fran ois n tait pas ferm LE PERE en col re Il t a dit Il t a dit Dieu te cause maintenant LA MERE Lui seul peut nous rendre Fran ois LE PERE d une voix dure
14. s de refus Louis Mais le p re doit m attendre LE P RE Donne lui bien le bonsoir Quand m me ta m re devrait bien savoir que les juments en chaleur c est pire que les filles Si vous avez besoin de nous HENRI On sait Salut Anne On se reverra Anne lui adresse un sourire en guise de r ponse Il sort SCENE Ill Anne continue de mettre la table Louis a repris son travail sur le harnais Le silence se prolonge ANNE P re LE PERE a va avec Henri ANNE Oui Pourquoi LE PERE Y faudrait quand m me fixer la date de votre mariage ANNE On en parle p re LE PERE Tu sais dans nos villages la m disance vite fait de salir la r putation d une jeune fille ANNE Tu dis a parce qu on est rentr s tard LE PERE C tait la nuit tomb e ANNE J y pouvais rien Si m re venait avec moi au march LE PERE Tu sais bien que travail manque pas la ferme en cette saison T as bien vendu ANNE J ai presque tout liquid LE PERE T as pas trop rabattu sur les prix ANNE C est de la bonne marchandise p re Des beaux l gumes d arri re saison Des bonnes patates des haricots qu y font plaisir voir des tomates bien rouges y a rien rabattre sur le prix LE P RE Toi tu sais mieux faire que ta m re avec la pratique ANNE J ai te parler p re LE P RE Eh bien cause ANNE Y faudrait pas que la m re m entende LE PERE Pourquoi donc ANNE C est
15. t crire LA MERE Y a pas de honte J ai pas appris non plus Ni toi non plus a nous emp che pas de savoir compter et tenir une maison MARTHE Oui mais L a elle voit pas les choses comme nous LA MERE bougonnant Y en a toujours qui veulent p ter plus haut que leur cul Entr e d Anne SCENE VIII ANNE M re il faut que je te parle LA MERE Qu est ce qui se passe ANNE Seule LA MERE Marthe et L a Prenez les lentilles et allez finir le tri dans la grange Marthe et L a se l vent Anne les interpelle ANNE Vous y trouverez le p re Dites lui de venir MARTHE a sera fait Elles sortent avec le sac de lentilles et le r cipients ou elles sont tri es LA MERE Qu est ce qui se passe ANNE Attend que p re soit l LA MERE C est donc si grave ANNE C est important LA MERE Vous avez enfin fix la date des noces avec Henri ANNE Non c est pas a LA MERE Il faudrait quand m me que vous vous d cidiez ANNE On a le temps m re LA MERE T as pas l air bien press e ANNE On a la vie m re Entr e du p re SCENE IX LE P RE Qu est ce qui se passe LA MERE C est Anne LE PERE Anne Tu tais encore la ville ce matin ANNE Oui p re LE PERE Tu devais apporter un lot de l gumes la femme du Commandant Lespinasse ANNE Je les lui ai apport s P re LA MERE Et alors a lui plaisait pas C est des gens
16. t port e l h pital pour une jambe cass e Moi quand je me suis cass le bras ANNE Elle est immobilis e p re Elle ne peut pas bouger LE PERE C est Henri qui ta ramen e ANNE Qui veux tu que ce soit LE PERE bougonnant pouvait pas entrer deux minutes ANNE I arrive p re Il attache le cheval Entr e de Henri un jeune et robuste SCENE Il HENRI Bonjour le p re Pardon pour le retard Mais Anne vous a dit LE PERE Ta m re s est cass la jambe HENRI C est la jument Elle est nerveuse Elle attend le m le J avais dit la m re de passer au large Mais elle n coute jamais rien la m re LE PERE On m avait pas dit C est arriv quand HENRI Ce matin Le m decin l a amen e l h pital dans sa carriole Comme on allait la foire avec Anne j en ai profit pour lui apporter des v tements LE PERE C est quand m me bien tard pour ramener une jeune fille HENRI Je ne savais pas o qu ils avaient mis la m re J ai cherch un grand moment LE PERE C est emb tant Comment vous allez faire pour rentrer les foins HENRI De toutes fa ons fallait qu on prenne des journaliers pour la taille et les labours Un de plus un de moins La Marie n est pas l LE P RE Elle est la traite J avais ce licol r parer Tu dines avec nous Anne qui s est d barrass e de sa cape est en train de mettre la table Elle attend la r ponse HENRI a serait pa

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