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1. donn e De points divers on cr e une trajectoire on invente la trace lumineuse d une bougie on fan tasme l toile filante et on apprend faire des v ux V ritable nostalgique de tous les d parts l il fabrique par tir de deux images une troisi me qui n existe pas comme l a montr l aube du 19e si cle le thaumatrope Et ainsi de suite En vingt quatre pauses on en est arriv croire une vie mouvante Mirage et tromperie Attribuant l image photographique une incontestable valeur fidu ciaire le progr s a voulu voir dans le rituel cin matographique une reproduction de la vie Une aberration que certains comme Georges M li s et par la suite quelques autres allaient s ver tuer contrecarrer Ce que quelques r veurs ont con u apr s l invention du cin mato graphe est de l ordre de l hyperbole travers ce que le cin ma dit d incroyable il lui arrive de fixer ce qu il faut r ellement croire En l occurrence l impossible Que le cin ma soit l art du mouvement a t d menti par quelques po tes il condamnerait comme le signale Antonin Artaud les objets une immobilit ontologique Si un l ment fig dans le celluloid pouvait s carter de ses contours il montrerait le vertige du n ant les profondeurs in sondables de ce qui ne fut jamais Cet impensable cart ouvre les portes battantes de l imaginaire lib re la folle du logis et d livre ainsi l in2. Zorns Lemma Hollis Frampton 1970 Ensuite vient le troublant corps corpus de l ouvrage quaran te sept minutes de film sans son Le but de Frampton est complexe sous l indiff rence apparente de ce qui ressemble une machinerie froide et repetitive se d voile un processus cr atif d une grande force po tique Une s rie de plans d une dur e de une seconde chacun montrant tour tour des enseignes des collages des d vantures de maga sins des mots crits et ratur s sur le sol des bouts de phrases dont seul le mot commen ant avec la lettre qui fait suite alpha b tiquement la pr c dente est cadr se suivent C est la fois un documentaire sur le New York de la fin des ann es 1960 et un d fil de graphes et de glyphes les plus divers eux m mes r v lateurs des esth tiques plastiques et expressives de leur temps Chaque plan est s par du suivant par une image noire Cette construction permet Frampton de critiquer la fois les films qui prennent le photogramme comme unit signifiante ceux de Peter Kubelka et de Tony Conrad et le montage dialectique d Ei senstein Le mod le de collage ou de montage asynchronique que prolonge Zorns Lemma est celui du Ballet m canique de Fernand L ger et Dudley Murphy 1924 Fond sur l num ration l accumulation et au bout d un moment la substitution cette partie centrale de Zorns Lemma pr sente des d fis prodigieux et stimulants notre inte
3. toilements six mars 2009 dito Pour ce num ro d toilements nous nous sommes interrog s sur l id e d insistance celle d une puissance cr atrice celle qui est r sistance ou persistance de formes de traces d une n ces sit surtout jamais combl e de dire En insistant on enferme ou on lib re on produit ou on se laisse produire dans l intensi fication Insister donc y revenir Or ce n est pas pour autant que l on se saisit davantage de nos faires de nos dires bien au contraire on se cherche inlassablement on fait place 1 in connu le laissant ainsi jaillir C est d abord en hommage l uvre in puisable de Raymonde Carasco r cemment disparue que cette question s ouvre pour mieux la faire resurgir travers la m moire sensible de Gabriela Trujillo Elle se prolonge ensuite dans l analyse du film Zorns Lemma de Hollis Frampton par Rapha l Bassan ou la mise en perspective de Empire d Andy Warhol et Macrozoom de Piero Bargellini mettant jour deux approches d une exp rience de l insistance du vide dans nos vies contemporaines et dans le cin ma d avant garde d apr s Dario Marchiori Face la n cessit imp rieuse de faire partager les traces d une histoire d oppression et de lutte la question des images latentes prend tout son sens au sein l uvre de Joana Hadjithomas et de Khalil Joreige donn e penser par Daphn Le Sergent La volont de d voiler de faire appara tr
4. visibles des non photog niques du hors champ et du hors cadre L assouvissement des affam s La persistance de l invisible Ce que la po sie ne peut qu approfondir plonger comme Cavafy dans le vertige de ce qui ne peut revenir ni la m moire ni la vie le cin ma se plait a l aplatir Le septi me art arpente en surface les bords de ce qui chappe in luctablement Il est donc une mani re de battre les sentiers de l invisible d largir le paradigme de l impossible Le cin ma comme tout d part est cet ternel inchoatif le photo gramme est son propre lieu d exil Puisqu il se propose de figurer l invisibilit par ce qu elle contamine ou ce qu elle hante il est f lure manque On ne veut pas reproduire un souvenir ou dire une r miniscence Les v ritables questions que se pose le cin ma une poque o les images menteuses prolif rent comment filmer un d part un oubli Peut on d passer le monochrome noir du Dasein Filmer creu ser ainsi et se creuser comme disait Celan jusqu l autre jusqu son in luctable absence vingt quatre vingt cinq fois par seconde Gabriela Trujillo It s all Memories Now Blaise Othnin Girard fragments retrouves Le cin ma doit il tre acharn Ou pour mieux dire le cin ma peut il tre autrement qu acharn La question se justifie d elle m me si nous y entendons un lien a la chair qu une forme extr me d acharn
5. a donn ce ressort suppl mentaire pour ensorceler un lectricien plombier et bricoleur homme a tout faire qui s tait entich d elle mais ne voulait pas de la vie de couple et du m nage marital dans sa vie pour l avoir d j pratiqu et soucieux de son ind pendance lequel lui proposait un prix tr s avantageux incluant la douche et un nouvel espace de cuisine C est curieux et amusant a la fois comme Ellie avait de la ten dresse et de l affection tout particuli rement pour les nes les animaux qu elle pr f rait parmis les autres Pour ma part il me semble que ma pr f rence rejoint celle de ma mere pour les chats bien que je ne poss de aucun animal de com pagnie et ne cherche pas non plus a combler quelques manques par une pr sence de substitution ou un animal a domestiquer En l occurrence si ce devait tre moi l animal en question il me semble bien l avoir t quelques temps pour Ellie Elle consomme r guli rement du hachisch achet a la sauvette un peu partout a Paris il suffit pour cela de faire un rep rage afin d en connaitre les lieux d di s mais moi je ne suis pas un consommateur et ne fume qu indirectement sans doute les fum es qu Ellie rej te autour d elle J ignorais m me que l on puisse transporter avec soi des graines de Cannabis dans un petit coffret bijoux et que ces plantes vi vaces puissent pousser aussi vite pour avoir gard chez moi ces gerbes trois mois durant
6. langages et defis a la m moire Remembrances et retour sur la lt region centrale gt d un film de Hollis Frampton de 1970 J ai vu ce moyen metrage de pres d une heure au Festival de Knok ke le Zoute d nomm aussi EXPRMNTL en 1974 la plus importante manifestation internationale d volue aux films exp rimentaux et d avant garde fond e par Jacques Ledoux galement conservateur de la Cin math que belge L organisateur pr sentait cette ann e l une int grale des films du photographe et cin aste am ricain Hollis Frampton 1936 1984 affirmant haut et fort que c tait l artiste le plus important de son temps cette poque Frampton avait d j achev sa suite majeure en sept opus le titanesque Hapax Legomena l g rement post rieur Zorns Lemma 1 ainsi que des pisodes de son uvre testament demeur e inachev e sa mort Magellan pr vue pour durer 7h30 et dont il existerait 305 minutes aujourd hui Art versus m moire Je ne vais pas entreprendre une tude sur le travail de Frampton projet qui n cessiterait une place norme mais rebondir sur le d but du texte qui fixe le challenge programmatique du pr sent nu m ro d toilements Si nous sommes attentifs ce qui r sonne travers une uvre ce qui persiste en elle travers de mul tiples formes Tant dans les plis de la machine cerveau que dans l appr hension et les traductions personnelles d une uvre pour
7. moi Le meilleur souvenir que je garde de sa p riode avec son prince Chabaz tait le jour o le chapeau afghan qu Ellie portait comme un troph e sur sa t te pour l avoir re u en cadeau s tait en vol par un fort coup de vent pour aller rouler entre les voitures du boulevard que l on traversait sauvagement et courant derri re le chapeau qui ne voulait pas se laisser prendre tant il roulait bien Une autre anecdote viendra renforcer ici la demonstration selon laquelle Ellie sait user de ses charmes pour parvenir a ses fins Je lui avais pr t main forte pour l aider r nover son apparte ment en remastiquant ses fen tres dont les carreaux mena aient de tomber en grattant pon ant et enduisant ses murs de cuisine qui allaient recevoir une peinture blanche crue toute neuve comme il lui tait devenu insupportable d habiter un deux pi ces qui par sa d gradation tenait plus du taudis insalubre que du coquet apparte ment sous les toits d un immeuble bourgeois de grande classe Les propri taires qui louaient cet espace taient en effet peu scrupuleux de remettre neuf cette location et de la maintenir pr sentable d un locataire un autre Monsieur quand on me veut pas laisser regarder sa fenit om commence par fed mettre one housse L gitime Defense par Albert Guillaume Le Meee 1919 Mais Ellie a plus d un tour dans son sac puisqu elle s tait lie d amiti avec un commercial
8. papillon mont s et surimprim s de mani re dynamique la forme cin matographique devient une m taphore de la vitesse dont serait dot le battement d ailes le film termin donne l impression que tous les plans contiennent des vues des ailes de l insecte Or en fait le papillon n appara t qu au g n rique du d but C est la fois un des myst res et une des conqu tes du cin ma non narratif le montr et le vu ne forment pas de cha nes signifiantes d ductives mais all goriques et po tiques Macrozoom sur 1 Empire Blanc quasiment absolu Petit a petit une silhouette prend forme h sitante l g rement d centr e Sur la gauche un batiment qui rappelle une glise tandis que des striures traversent la pellicule La mati re blanche commence vibrer de gris surtout autour de la forme centrale d sormais reconnaissable de l Empire State Building New York Le d but d Empire est techniquement l mentaire l image en noir et blanc surexpos e se d finit au fur et a mesure que le soleil se couche Le filmage nous dit l histoire 1 commence 20h06 du 25 juillet 1964 et se termine 2h42 du 26 en pleine nuit En fait c est plut t une aube que nous assistons au lever d un soleil noir artificiel l Empire State Building qui surgit du blanc blouissant de la lumi re naturelle et qui commence grouiller dans ses gris et jusque dans les sels de la pellicule Vingt minutes se sont coul e
9. t moigne de la vie souterraine que vivent toutes les uvres dans l esprit des spectateurs La structure la fois repetitive en boucle et expansive de Zorns Lemma amplifie et magnifie ce ph nom ne nous sommes proches d une d marche extatique des ailes qui battraient l infini jusqu l l vation supr me N est ce pas le programme de toute uvre d art Rapha l Bassan Notes 1 2 Le film est parfois orthographie a tort Zorn s Lemma C est un clin d eil une piste de lecture plus gu un hommage direct au mathematicien allemand Maz Zorn 1906 1993 qui d couvrit ce lemme en 1935 En mathematigues le Lemme de Zorn appel aussi lemme de Kuratowski Zorn est un lemme de la th orie des ensembles Le mot lemme a plusieurs significations en linguistique un lemme est une unit autonome constituante du lexique d une langue en math matiques un lemme est un r sultat sur lequel s appuie la d monstration d un th or me plus important Selon P Adams Sitney Zorns Lemma tire son titre de la th orie des ensembles qui dit que tout ensemble partiellement ordonn contient un sous ensemble limit totalement ordonn Un court m trage fran ais r cent Quelques instants de la vie d un papillon de Bahar Khadj Nouri 2002 provoque un effet similaire Compos comme une cin plastie de brindilles de feuilles de rayons de lumi re d l ments corporels et de brefs plans de
10. to be Light Dans l co nomie g n rale de l uvre ce passage dissolvant indiquerait la vieillesse et la mort de l artiste Comme l ont montr de nombreux essayistes le New American Cinema lyrique ou structurel est tr s 1i a la nature panth isme par essence et par choix culturel et aux modes de pens es pr indus triels la figure tut laire de Henri David Thoreau y domine Les messages qui reviennent le plus souvent dans ces travaux am ri cains mais nous n allons pas nous y attarder sont De quoi nous ont priv les soci t s industrielles De notre ame De notre humanit Le cin ma s est d velopp dans un sens h r tique qui a oubli les le ons graphiques de Muybridge gt Zorms Lemma relectures et effets de miroir J ai crit plus haut que je n allais pas traiter de l uvre dans son ensemble mais il s est av r au cours des esquisses du texte que cela appauvrirait mon approche si je ne m y r f rais pas un minimum Je red cris la m chanique du film qui maintenant que le projet framptonien est d voil r sonne diff remment dans l esprit du lecteur Deux minutes apr s le d but l cran noir fait place des plans film s des lettres de l alphabet mais il n y en a que vingt quatre le J et le U sont absents il s agit d un alpha bet latin archaique dans lequel I et J et U et V sont consid r es comme les m mes lettres Zorns Lemma Hollis Frampton 1970
11. apace d apr s ce qu elle a pu m en dire d elle m me jusqu il n y a pas tr s longtemps de cela Elle a trouv semble t il son parti present avec un beau gosse un styliste d corateur et costumier ind pendant ce qui devrait la rejoindre la sachant elle m me assez dou e pour coudre a la machine ses propres robes et tenues de soir e Et si toutes ses relations pass es tissaient la quelque part le tissu de ses robes et l imaginaire qu elle emporte ainsi avec elle Bien que je n ai jamais rencontr ce gar on la description qu el le m en a faite comme tant assez type avec de petites touches de f minit dans sa carrure il tait assez grand avec un visage assez fin porterait croire qu elle avait enfin trouv son compte puisque suffisament d sinhib pour elle dans sa joie au lit donc en grande harmonie avec son corps comme savent l tre les afri cains d Afrique noire d origine n est ce pas Dominik Lange Un moment sur l aile du vent Raymonde Carasco rediviva par Gabriela Trujillo Zorns Lemma matrice des langages et d fis a la m moire par Rapha l Bassan Macrozoom sur l Empire par Dario Marchiori La limite visible de l autre Joana Hadjithomas et de Khalil Joreige par Daphn Le Sergent Persistance r tinienne d une image manquante l loge des leurres ou le cin ma est une diatribe contre la r alit par Gabriela Trujillo Fragments retrouv s par Rodolphe Olc se Ins
12. arasquienne se d couvre en marge des r seaux traditionnels de diffusion notamment gr ce Nicole Brenez Marcel Maz Ricardo Matos Cabo Par ailleurs l uvre inlassable de Carasco est aussi celle d un crivain ses textes c toient les figures intellectuelles les plus marquantes de la deuxi me moiti du XX me si cle Barthes Deleuze Foucault Ses crits proposent une approche th orique des uvres de ses contemporains Duras Godard Resnais tout en approfondissant un h ritage dont elle ne cesse de se r clamer Eisenstein Pasolini Michaux Artaud Bousquet Il est remar quable de pouvoir assister cette uvre qui nous accompagne au seuil du myst re l instant de toute cr ation po tique situ dans l intervalle entre les rayons et les ombres La pens e traditionnelle des Tarahumaras face l nigme de la mort se dresse comme un acte a la fois magigue et po tique la th urgie est discr te mais minemment visuelle et efficace En somme ces films pourraient achever un chant de deuil pour une ci vilisation qui saigne et pourtant le cin ma de Carasco d di au peuple Tarahumara reste dans la lumi re un instant po tique de qu te d espoir C est pour cela qu au moment de sa propre travers e nous saluons Raymonde Carasco Elle a plong dans la f lure du temps pour en ressurgir entre le bruissement des moments rediviva Parmi nous Gabriela Trujillo Zorns Lemma matrice des
13. atinga aury sefy E SULAA SIUE SA IBE Ino EQUA ug HENS ambia aBeanes gug p 290059 5105 Many ap aug ap sayoqd yuajguias addy wa Sophy g sara srp pui saj anbiugyeue ari ap quied ung Sua donn s aun HOON S e R aque pod apua ALP i BUA 3P UOR R e ToS af E fanuesign sank aribar p AHAA NGA BUG an aeua r eS suagdoina ye SURE Sandals San ya supama jsm WES gunju pua ap eys Eun Jed sapma ya aganna awe ggo 5 anbjanbap weep aug p sanaj nb saq sueggpganbjanbe fi antigen adeares sug suns wie srbija dived 8 apices danses ap sassa un ved manga aug HEAR ambawo aug suisse mnda nb uesusd un HOES ISSWLKIp Una ap na e ed aane p ta anewiue sac 6 ajeho apiwej ej sed agpuogge Suu LEE sung apa arbueuow mun paquman Suen Sava saug suanda Sauna sia mudi PB bs Mune saug sa uoeieud np saue sa Il semblerait que cette affectation des meurs soit monnaie courante dans le show business a Paris et agr mente les soir es hupp es de ces milieux 14 au m me titre qu un simple verre de Cognac Mon amie Ellie a tellement de charme aupr s des hommes qu elle a parfois bien du mal s en d barasser mais qui se d barasse de qui dans l histoire ce qui est tout de m me un comble pour ceux qui cherchent a se combler affectivement tout du moins Finalement je me suis rendu compte qu elle n tait surtout dou e que pour s attirer de mauvais coups de pi tres amants et des mes fragiles derri re leur car
14. crire ce texte Sa complexit structurelle s est d voil e ainsi avec sa s duisante cohorte de faux semblants et de mises en abymes dont il est tiss Zorns Lemma comprend trois parties une initiale de deux mi nutes une deuxieme celle qui occulte les autres celle de l num ration et de la substitution justement de quarante sept minutes et une derni re de dix minutes Le segment d ouverture est entierement noir une voix de fem me recite des passage du Bay State Primer un manuel scolaire du XVIII me Siecle religieux et conservateur destin aux en fants dans chaque sentence un mot est mis en vidence dans le sens d une progression alphab tique In Adam s fall we sinned all The Cat doth play and after slay C est la matrice du film le chaos originel organis une premi re fois oralement par les pionniers du Nouveau Continent Pour Frampton qui affirme le profil autobiographique de son projet c est le noir fetal puis l enfance que caract risent cette ouverture La derni re partie montre un homme une femme et leur chien qui gravissent une pente enneig e jusqu dispara tre la fin dans la blancheur totale de 1 cran On entend sur la bande son six voix de femmes qui lisent des passages de On Light or the Ingres sion of Forms un tr s vieux texte qui verbalise une explica tion m taphysique du monde chaque r citante dit en alternance un mot The first bodily form I judge
15. e comme ici sans oublier le d veloppement forc du 16mm tri X Eastman Kodak 400ASA qui l a pouss jusqu 1000ASA pour donner plus de visibilit La version connue courte d Empire conserve surtout cette partie l l aspect diff rence h t rog n it cassure moderniste du m dium par le m dium lui m me Mais il y a beaucoup plus Dans le champ des lumi res qui clignotent et des gens sur la terrasse de l Empire qui ne bougent pas qui ne vont jamais bouger qui sont peut tre des mannequins install s par Warhol qui sait Je reste d sormais avec quelques amis et nous commen ons parler de cet Empire qui est devant nous d autres films de Warhol La r flexion solitaire est maintenant partag e l attention bouge l insistance de la dur e commence nous loigner du film Des gens entrent dans la salle de temps en temps s interrogent sur ce qui se passe sur nous et s en vont Finalement je reste seul Dans ses clats les trac s lumineux rappellent une s rigraphie Le noir qui casse la troisi me dimension et l impression de r alit Suis je devant un tableau accroch au mur comme un cran Migration imaginaire d un m dium l autre le cin ma largi migre vers la photographie vers l image accroch e Mais il est plut t question d un d crochage d crochage du spectateur d une image purement monotone dont l ennui m oblige constater l insupportable r p tition du m me Des bulles rev
16. e li e au besoin de r fl chir aux conditions de cette apparition n cessaire sont au c ur du travail de ces artistes et trouvent cho dans le texte qui suit sur la persistance de l image man quante aux fondements m me du m dium cin matographique Gabriela Trujillo Le texte de Rodolphe Olc se partir de films de Blaise Othnin Girard ainsi que celui de Raphael Soatto soulignent parmi les diverses formes d insistance voqu es celle qui uvre dans la pratique cin matographique en tant que qu te de sens toujours a pr ciser a retrouver Un telle qu te n cessite d tre compl t e par un ailleurs un au del que le regard de l autre viendra chaque fois convoquer Enfin toilements veut continuer donner une place des crits empruntant des formes po tiques ou fictionnelles comme celles en particulier des textes qui closent le num ro Il est aussi question d insistance ici sur l ouverture des modes d cri ture permettant d approcher autrement le geste cin matographique s autorisant le d centrer et tentant d y r pondre par de nou veaux gestes autant de tentatives singuli res de le r inven ter Violeta Salvatierra Un moment sur l aile du vent Raymonde Carasco rediviva A R gis H braud et Nicole Brenez et a tous ceux qui laissaient partir le dernier m tro a la sortie des Grands Boulevards pour couter Raymonde L uvre de Raymonde Carasco est iridescente el
17. e l objet cin matogra phique ne d gagent pas pour autant de sens mais dessinent plut t la r solution flagrante ce que le r el n a pas de sens et nous invitent comprendre les choses comme singuli res comme simple ment existantes Rapha l Soatto Les mes aventures d Ellie Un des amants d Ellie du nom de Chabaz tait un soi disant prin ce arabe d Afghanistan dont elle avait fait la connaissance pour la premi re fois en lui achetant des herbes et des plantes alors qu il tenait un stand un march de No l sur la place de l glise Saint Sulpice c t de chez elle Je ne l ai jamais rencontr mais il devait tre fort bien pris d elle pour lui laisser autant de messages sur son t l phone por table des textos en anglais de cuisine auxquels elle ne r pon dait qu une fois sur cing selon elle quand leur relation battait de l aile et s tiolait vers la fin Il dirigeait des ateliers clandestins de confection textiles et manufactures de pr t porter et avant qu il ne finisse par lasser Ellie qui ne supporte pas la r p tition et la monotonie dans ses relations elle en avait marre de son d jeuner rituel toujours un plat de poulet au riz il lui avait propos e de l em mener dans son pays natal Ce que je lui avais d conseill de suivre si elle ne voulait pas finir sous une cloche bleue dans un harem ou un march de la trai te des blanches ce qui tait de l humour moiti selon
18. e suspendue entre ciel et terre rend l Empire abstrait et porte atteinte la limite immuable du cadre plan fixe ou image en mouvement Ou plut t un d filement l tat pur qui rappelle la sensation du projectionniste hypnotis par sa propre machine par la lumi re qui rencontre et embras s e la pellicule dans le couloir Comme un enfant devant la magie du feu Sauf qu ici toute magie dans la bo te magique de la salle cin matographique s est d sormais effrit e To see time go by gt voulait Warhol de ce film s il n y a pas de changement l image il ne reste que le temps du spectateur la dur e de l exp rience Le temps pour penser pour faire le vide pour se d barrasser de soi m me trangement semblable une t te de mort dans le c ur d centr de l image nocturne l Empire insiste dans chaque photogramme comme la mort au travail Je pense au cin ma fragile souvent en 8mm de Piero Bargellini ce confr re de Warhol qui d cela dans le c ur de l image pornographique la forme latente d une t te de mort Trasferimento di modulazione Dans mon intitul je renvoie son film Macrozoom de 1968 quatre minutes compos es presque exclusivement de zooms avant et arri re qui parcourent un dentier avec l insistance obsessionnelle d un exorcisme Formes extr mes et contraires de l exp rimental Empire et Macrozoom poussent leur recherche du cot de la dilatation et de la concentration comme les deux
19. ement peut illustrer et que l tymologie du terme nous permet d envisager Que le cin ma soit fondamentalement une af faire de chair et d incarnation nul n en doutera Qu il exige un acharnement pour tre entendu dans ses exigences les plus hautes peut sembler moins vident Pour autant les cin matographies les plus audacieuses sont souvent celles qui a force d insistance dessinent les m mes formes pour leur donner leur tranchant v ri table Le cin ma de Blaise Othnin Girard emprunte cette voie pour trouver ses mots et ils sont saisissants A travers un projet de long m trage qui a connu deux visages et dont le plus r cent n a pas d truit le plus ancien Blaise Othnin Girard pose la question de savoir comment le cin ma est possible aujourd hui Comment le cin ma est il possible dans ma vie Lost in a Supermarket Comment est il possible pour les tard ve nus que nous sommes et qui prouvons le d sir de le pratiquer au contact de son histoire It s All Memories Now Et par ces deux questions qui sont deux accents d un seul et m me souci Blaise Othnin Girard indique de mani re implicite que nous pouvons et devons ouvrir quelque chose dans et par le cin ma Au del de cette haute inqui tude qui promet quiconque l appro che avec s rieux un beau naufrage et que tout faiseur d images devrait s efforcer de faire sienne il y a dans la pratique m me de Blaise Othnin Girard une sorte d insistance d
20. et c est assez encombrant pour une cham bre de bonne le temps qu elle revienne de ses vacances en Suisse et en Italie Heureusement que son impr gnation pour toutes les plantes qu elle consomme pour sa forme et son quilibre est suffisament forte pour l avoir dissuad e de toute acoutumance avec les rails de coke qu elle reniflait quand elle sortait avec un certain directeur et producteur de musiques BOOZ MAN LOC H MGS YA An Yi ENE A RER ye eet 54 DLL APCE TELE OIL PEL ET EU LOUP auza PU Se Sue qu SUNS Bugg re Suds sap yeng 1558 05597 arpg Saa ape GX TP Sn pui du USE SER SLED Si SLE BUI Saa op aed ue arap sues eus I Fd Suoj ay QUE Sape Suna Sy YA SIMBA So BIA int anaua yA ape ej ded ggi yeta ap asuessind e7 fwe uos Jada nod gape sue jp veyada va snbieuoLu un ni anges FUEL 15 wA p aoua junesanol saug sa aeuo ajaiwasi ej ap Ing pre nb anuma waua ay greha ag aogus uoun p saps ga bu un Ha np Says op sajaa juos sanepunaos sog UO SRE 507 YO mwe aop sues anbiuoesyd ayaewip sawa ej ap sinmepuny sap un ap QUIEN OW agadon np SANERUOIS Soo wo SON SUNY SUES SAANANE 040 JO SOUE 507 quevedne sue gop T sanbissawap agny ap 50uesJo waji Sop aj uepunisap op anb s9ssqup yo sources gaeanes mewe p JES yene sup wend j sofera saicy ap Ui sree saj nb wambiaui mnb asp auda ao uns HUW DUN La SB OW un Yup Saengga SHa SA JAMO SANASAN SAISIE SOP MIDA Sees Sop YA SILI apf sap WDE aun yuayugsaud SUN 50 Sing SOL Jeg ap wneu ME SOP yp
21. et se fait l cho profond des multiples fronti res s parant les communaut s du Liban Ainsi 1 image latente ne semble pas un pur produit de l esprit et de l intention critique des artistes mais cherche red finir les contours limites et fronti res r inventer le rapport l autre dans son incarnation au travers de l image photo cin matographique Daphn Le Sergent Visuels Courtesy Galerie In situ Fabienne Leclerc Persistance retinienne d une image manquante l loge des leurres ou le cin ma est une diatribe contre la r alit Aux absents de Monelle Et il y aura la m me soif celle qui ne parle pas de l eau ni de la pluie Celle qui s assouvit uniquement dans la contemplation d un verre vide Alejandra Pizarnik Godard disait dans une maxime devenue c l bre que le cin ma est la v rit 24 fois par seconde Fassbinder quant a lui a soutenu qu il tait le mensonge 25 fois par seconde J ajouterais que le cin ma est aussi le noir l intervalle le n ant l infini autant de fois par seconde Le manque primordial cr er des images L un des premiers constats qui engendrent le cin ma semble tre d ordre purement m lancolique l il serait incapable de com prendre toute disparition au moment m me o elle a lieu Mais ce manque primordial appel persistance r tinienne devient une force de r volte puisque l il chappe ainsi pour la pre mi re fois la r alit
22. evant la forme et devant la prise des mat riaux Lost in a Supermarket et It s All Memories Now travaillent sur un m me fond Ils font s entrecroiser journal intime archives familiales et r cit fictionnel Ces deux films ne sont pas deux versions d un seul et m me projet mais bien un diptyque dont chaque volet a son exigence singuli re sa logi que narrative et r pond l autre dans sa mani re d agencer les m mes images qui ont ici une temporalit et la une autre ici une densit et l une autre ici une n cessit et l une autre Ils cherchent une m me forme cin matographique et montrent dans cet te polyvalence qu ils instaurent que cette forme ne saurait tre trouv e une fois pour toutes mais doit tre constamment cherch e Ils disent aussi que de l avoir une fois d couverte ne nous dis pense pas de la ciseler nouveau pour en pr ciser les contours En cela s il peut et doit y avoir une insistance dans la pratique cin matographique c est que la forme se retient dans la mati re r siste avec elle et ne saurait venir nous sans nous A cet gard le cin ma doit ancrer son h ritage et faire commen cer son histoire dans la peinture et la sculpture ce que It s All Memories Now assume pleinement du reste L insistance n est donc en rien un caprice de r alisateur mais une n cessit a lui impos e par les images dont il veut s emparer pour donner corps a son histoire Les lin aments q
23. f Modern Art 1994 Images Latentes 3 me volet du projet Wonder Beirut J Hadjithomas de Khalil Joreige 1997 2006 Le cercle de confusion Joana Hadjithomas de Khalil Joreige 1997 La limite visible de l autre Joana Hadjithomas et de Khalil Joreige Lasting images 2003 de Joana Hadjithomas et de Khalil Joreige est un film presque blanc La pellicule super 8 transpos e sur num rique d file arborant a sa surface vieillie jaunie les craquelures rayures et les cr pitements optiques du temps Peu a peu apparaissent la d coupe d un paysage urbain des silhouettes pareilles de dr les d auras lumineuses des traces de pr sence d tect es galement par la bande sonore avec des bruits non iden tifiables une respiration des pas un effet de larsen Le film a l allure d un film exp rimental de Stan Brakhage Moonlight 1963 o la nervure des feuilles fait cho aux raflures de la pellicule mise nu Pourtant il ne s agit pas d un film vierge mais voil Il a t r cup r par les deux artistes qui ont souhait le d ve lopper apr s plus de quinze ans travaillant sur la correction des couleurs les couches pour faire apparaitre malgr tout de ces zones blanches quelques images Ce film a t tourn par l oncle de Khalil Joreige kidnapp durant la guerre civile comme 17000 autres libanais dont on ne sait toujours rien Il t moigne de l insis tance des deux artistes vivant entre la France e
24. ges et le Capital r siste sans le savoir il essaie d obscurcir son image il ne veut pas la projeter Le noir est toujours plus fonc des lumi res percent cette obscurit les silhouettes sont peine visibles Et d un seul coup l v nement la lumi re sur la partie haute de l Empire s allume comme une lucarne dans la nuit Mais les quelques personnes qui taient l n arr tent pas de sortir de la salle La premi re bobine se termine h las trop t t projet e 24 photogrammes par seconde Empire a t tourn 24 photogrammes par seconde mais il doit tre projet 16 Au c ur de la nuit il reste quelques points lumineux qui s teignent et se rallument de temps en temps mais surtout l illumination de l Empire vigile attentive peine inaugur e le 15 avril 1964 Lampe ou lustre temple ou Sacr C ur fus e immobile qui voyage de photogrammes en photogrammes et de bobines en bobines Des v nements filmiques se succ dent alors dans les couches de la pellicule des bulles des clats ou des vagues de lumi re traversent la nuit de l image par moments l image tourne au n gatif Des bulles toujours plus et du blanc des bandes de lumi re qui d filent puis des perforations des poils parfois des ajustements de la mise au point Et par moments une pulsation blanche comme une voie lact e qui envahit l image Travail bien rare pour Warhol que celui d apr s le tournage sur la pellicul
25. iennent qui rappellent des nuages mais cela n en fait plus un film exp rimental L avant garde d fie le monde de l art Warhol l exploite et le ridiculise pour repousser de la mis re de l art la mis re de la vie Miroir sur moi m me l cran devient le miroir qui m a m dus Je ne peux pas m emp cher de regarder le rien le vide qui est l l cran ici en moi Lib rant et enfermant la fois c est tout un nihilisme du vingti me si cle qui est en jeu Je vois ou je m abuse de voir de temps a autre des diff rences des changements d intensit de la lumi re Comme des mirages dans le d sert du r el Mais la lumi re artificielle reste la inchangeable ne tourne pas comme le soleil c est maintenant que je la comprends comme un soleil artificiel qui fait tourner le monde endormi Regarder cela pendant huit heures alors qu on connait l attitude d tach e de Warhol par rapport 4a ses films il est peut tre juste aussi de sortir et rentrer de vivre Je ne suis pas forc ment bon philologue ou alors je le suis trop J assume Je le savais j ai pris un jour de cong pour ga et c est ca cette journ e luxe franciscain d pense sans transgression Et le Forum qui paie deux projectionnistes pour un spectateur pour mes quatre euros Finalement tout cela est tr s bien A l image toujours l Empire surmont d une antenne modernit de la communication de masse aux colonnes n oclassiques Mais la lumi r
26. imit Dans Le cercle de confusion 1997 i1 s agit d une grande photo graphie de Beyrouth d coup e en 3000 morceaux pos s sur un miroir A chacun de s emparer d un fragment La ville montr e dans un moment d essor conomique et de construction s efface peu peu au profit du reflet d un territoire partag par les spectateurs de l exposition d abord puis renvoyant la question complexe de l tre ensemble dans un pays o musulmans chiites sunnites et chr tiens maronites druzes et arabes cohabitent au fil de perp tuelles rivalit s et alliances Dans notre travail poursuivent les artistes il y a la tentative de constituer un territoire de consid rer que dans ce lieu des personnes se retrouvent pour partager une exp rience une exp rience de l image dans une ex position un rythme au cin ma une sensation C est l endroit du politique Il ne faut pas d missionner car ce sont les artistes qui produisent du sens un sens flottant alors que les politiques produisent un sens arr t Ici semble poindre le lien o s op re la r sonance entre le m dium et les artistes Les cercles de confusion est un terme technique utilis en photographie pour d signer les plus petits points plac s l un c t de l autre qu il est possible de distin guer sur un n gatif La limite visible entre deux points renvoie par correspondance la distance qui s pare Joana Hadjithomas de Khalil Joreige
27. inq secondes l action avance le mur par exemple est enti rement rafra chi la fin de la boucle certains plans comme ceux avec le feu le ressac des vagues ne peuvent tre r ellement identi fi s en tant qu volutifs ou non d autres enfin telle l image de ce gar on surimprim e en triple et qui tape sur un ballon est la fois fixe et mobile les plans du gar on sont les m mes ce qui change c est la surimpression des multiples passants sur son image Par ailleurs Frampton introduit divers leurres ainsi certai nes images contiennent des mouvements on se dit a y est la lettre est remplac e mais non dans un coin de l image peine visible rendue floue par le mouvement la lettre est toujours l La derni re lettre permut e est le c c est l qu apparait l ibis Et quelle n a pas t ma surprise de constater que c tait le dernier tour de roue il n y a qu une seule boucle compl te de la s rie de plans avec sayn tes et motifs puis on passe au plan s quence final de dix minutes 2 Je me pose alors la question de savoir pourquoi seul le premier plan modifi le feu et le dernier l ibis ont occult tous les autres Est ce que Frampton l a programme des le d but La nous sommes la crois e des chemins entre l art les math matiques et la linguistique la psychologie de l art et aussi la psychana lyse Cette exp rience de r vision et de r vision que je d cris ici
28. istance du crime Dietmar Brehm par Violeta Salvatierra L ontologie de ce que je me r p te par Raphael Soatto Les m s aventures d Ellie par Dominik Lange toilements est une publication man e du Collectif Jeune Cin ma Elle se veut un espace permettant de d velopper la cr ativit de l criture consacr e au cin ma exp rimental et diff rent Directeur de la publication Pip Chodorov Comit ditorial Rodolphe Olc se Violeta Salvatierra Gabriela Trujillo Prix 3 abonnement simple 10 abonnement de soutien 15 N ISSN 1961 5574 Contact Collectif Jeune Cin ma Mains d uvres atelier 11 1 rue Charles Garnier 93400 Saint Ouen 01 40 11 84 47 etoilements gmail com
29. le dresse la po tique des trajectoires Issue d une in puisable qu te po tique elle traverse tous les genres fiction documentaire ethnogra phie adaptation Chacun des films est dans sa dur e une propo sition hautement subjective du cin ma une hypoth se de recherche sur l exp rience du regard Gradiva 1977 pourrait tre l anti adaptation par excellence du roman ponyme de G W Jensen rendu c l bre par Freud Le film questionne le motif la fragilit le fr missement d un pas de femme qui marche dans la lumi re et fuit dans la p nombre De ce questionnement merge aussi la fresque Tarahumara Depuis la fin des ann es 1970 Raymonde Carasco et R gis H braud ont arpent la Sierra Tarahumara au Mexique prolongeant en un premier temps le voyage du po te Antonin Artaud Par la suite les films se fon dent avec les paroles du dernier chaman l homme sur qui repose le fragile et majestueux h ritage de cette race pr colombienne Entre temps ce sont de v ritables po mes ethnographiques comme l annon ait Nicole Brenez qui ont vu le jour Le myst re qu il soit rite gu rison danse invocation appari tion ou passion ne se raconte plus il jaillit et cr e un temps cin matographique qui pousse au silence et la contemplation Que la po sie de ces trajectoires envahisse notre cran n est pas toujours vident souvent difficile d acc s pour celui qui cher che dans l image l explicite l uvre c
30. lligence notre m moire et notre sens de l observation et de la d duction l identit m me du sens critique L ensemble forme un cercle de vingt cinq secondes dont les motifs se r p tent en boucle mais avec des mots et des signes diff rents chaque tour de roue L attention du spectateur est toujours domin e par l exp rience ininterrompue de la d couverte et de la surprise il ne sait quel type d images il verra ni lorsque les substitutions de graphes arrivent quelle lettre sera remplac e quand et par quel motif ou mini action Les plans alphabetigues se succ dent avec a chaque fois des mots diff rents pour signifier la m me lettre Ainsi pour la lettre C on a le mot Compare probablement une publicit pour une marque de chaussures puisque le message barre un pied bott Cinema des inscriptions indiquent qu il s agirait d une salle asiatique le mot Idea crit sur un petit bout de papier est gliss sous un meuble et est a peine visible Au bout d un certain temps des plans sans lettres apparaissent la premi re lettre tre remplac e est le X avec une image de feu Ces motifs de substitution seront eux m mes de plusieurs or dres il y a des images fixes le plan d doubl d une femme un petit arbre film de loin d autres qui pr sentent des actions en ti res un homme qui noue ses lacets un type qui repeint son mur un homme qui change le pneu de sa voiture toutes les vingt c
31. n le distinguant petit petit des autres des autres agencements d images des autres mi ses en scene et petit petit j prouve ce que j ai d j connu je reconnais le film Je sais que pour en avoir d ja vu ou en avoir d ja fait il me semble que c est un film parce que certaines op rations se r p tent en moi physiques et mentales Les sens eux m mes doivent se mobiliser pour identifier le film car si une oeuvre filmique reste unique elle r sonne toujours en son sein ou chez une autre C est ce qui fait que l objet singulier aux chos multiples que peut tre le film n cessite du spectateur une attention triple son entendement qui pense le pr sent sa m moire qui se souvient du pass et son imagination qui anticipe l avenir Tout ce que je peux dire c est qu en ce moment je vois ou suis en train de faire ce film l ce moment pr cis l et en ce qu il se r p te il me renvoie face l nigme m me du sentiment de mon existence faite de r surgences et d effacements Quand Rosetta r cup re ses bottes jours apr s jours ou quand les personnages de Martin Arnold ont du mal s extirper de leurs enchainements im possibles en cherchant a fixer le temps en cherchant des points d accroches le long de ce temps ils nous rappellent que nous sommes tout simplement et le film devient le go t de l tre au travers de ses r p titions imm diates ou sous tendues La r p tition l insistance qui cr ent d
32. nt un film enqu tant sur cette disparition Le film perdu 2001 A chaque fois l uvre jaillit des chocs entre la sensibilit et le monde Elle semble r active et se nourrit de rencontres des hasards de la vie de l al atoire d une prise de vue Je veux voir court circuite toute id e de sc nario en substituant a une trame narrative des points de passage pr vus dans l itin raire de Rabih Mrou et Catherine Deneuve Les acteurs jouent leur propre r le et on ne sait jamais si ce qui advient sur l cran tait intentionnel ou non les altercations des milices chiites le vol des avions isra liens au dessus de la voiture la route prise par erreur qui peut avoir t min e Toute id e d une euvre comme expression comme ancrage dans ce que Kandinsky d signait par n cessit int rieure o le geste ar tistique vient prolonger dans l uvre une tension int rioris e semble s effacer au profit d une dispersion de soi au gr de ces diff rents chocs a chaque contact entre int riorit et ext rio rit D ailleurs comment penser cette n cessit int rieure dans une uvre men e deux Il y aurait la r p tition de cette id e d image latente au gr de chaque projet pr sente sous les multiples aspects des m diums cin ma vid o installations pho tographie L uvre ne semble arborer d unit que celle insuffl e par la r flexion l intellect l intention Pourtant elle se pr sente dans une coh si
33. on qui ne peut tre trang re ou command e Il en irait d un imp ratif qui se tisse dans un lien non pas celui entre l tre et le monde la fa on de Kandinsky mais dans le croisement entre deux tres et deux m diums cin matographique et photographique 180 secondes d images r manentes 2006 propose accroch s bord a bord au mur 4500 photogrammes du film Lasting images Ces vignet tes dessinant une spirale g ante semblent vouloir fixer dans le temps d un regard la dur e du film Elles voquent la s rie Inte rior Theaters de Hiroshi Sugimoto dans laquelle il photographie l int rieur des th tres reconvertis en salle de cin ma laissant l objectif ouvert durant tout le temps de la s ance La photogra phie obtenue r v le un cran totalement blanc presque lumineux les images du film et des spectateur ayant disparu compte tenu du temps tr s long d exposition Lasting Images Joana Hadjithomas de Khalil Joreige 2003 L image latente gt participe du m me ph nom ne l ouverture d une dur e cin matographique dans le champ photographique Ce proc d confond alors les limites des formes fait advenir leur fusion l une dans l autre dilue les figures dans un blanc parfait C est comme si les deux proc d s techniques cin ma et photo dans leur particularit de capture m canique du r el s annulaient l un l autre dans la m me affirmation d une zone de confusion d un champ qui se voudrait ill
34. p les d une cr ation qui travaille deux formes oppos es d insistance les dix plans bobines fixes de Warhol et l hypermouvement des plans brefs en cascade de Bargellini Par l intensification de la fixit ou du mouvement l tat pur le 16mm hyperindustriel et le 8mm fait maison se rejoignent sur une conception de l insistance du vide dans l exp rience du monde moderne Bargellini le technicien qui s oppose aux artistes et Warhol l artiste qui se moque de la technique nous d voilent la mort qui insiste sur notre vie A la derni re bobine les lumi res sur l Empire s teignent Toute la fin du film se d roule ainsi dans une sorte de cosmos d apr s l apocalypse des taches et des bandes lumineuses traversent la pellicule comme des com tes mais demeure une constellation de points lumineux qui rappelle un peu Orion L horizon ind passable de l Empire semble d pass la star du gratte ciel comme eurent l appeler Lou Reed et Jonas Mekas s est teinte Empire redevient un film exp rimental qui r ve un cosmos l o il n y a que trop de r el Mais cette derni re bobine souvent les projectionnistes ne l ont pas projet e car c tait trop sombre Hier comme aujourd hui il faut aller jusqu au bout de la nuit Pers v rance Dario Marchiori Note 1 Pour les informations techniques sur Empire cf Kelly Angel Guide to Empire gt dans Id The Films of Andy Warhol part II Whitney Museum o
35. rait on ajouter Lorsque je repense Zorns Lemma deux chantillons m moriels issus des tourbillons de panneaux ou d affiches contenus graphi ques et ou de sc nes film es sur le vif surnagent dans mon in conscient la transformation de cha nes de lettrines en sayn tes et la persistance d une image d ibis rouge qui ploie ses ailes l infini Comme pour beaucoup de films dits structurels on retient un sch ma quelque chose qui r sume dans une architectonie apparemment bien b tie compl te et complexe la ou les dynamiques cen trales du film ce par quoi on le r sumerait s il tait narratif Ainsi lorsque l on se rem more rapidement Wavelengh de Michael Snow c est le d roulement et la mise en sc ne d un zoom qui vient imm diatement l esprit videmment ces ouvrages sont bien plus complexes que cela Dans mon souvenir donc Zorns Lemma tait un film conceptuel dans lequel une s rie d images comprennant chacune des mots se suivant alphab tiquement compare pour C rice pour R finissent par former dans leurs successions un alphabet qui me semblait comprendre vingt six lettres Au bout d un moment certains plans de lettres sont remplac s par des motifs figuraux un arbre un feu des actions un bac qu on remplit de haricots secs un type qui repeint le mur de sa chambre des animaux un rhinoc ros un ibis Le choix des actions et motifs n a aucun rapport apparent avec les lett
36. repr sentant en literie de canap s de grande classe au BHV de la Mairie du ler arrondissement afin de b n ficier d une r duction de moiti prix sur les mod les les plus co teux De m me elle avait tap dans le regard d un peintre en b timent sp cialis dans l am nagement de d cors d expositions des grands mus es notamment au centre Georges Pompidou o je travaillais alors comme projectionniste dans les salles d expo et disposant d une clef magn tique pouvais acc der aux espaces en cours de montage Ce qui a eu pour effet d amener ce peintre a repeindre gracieuse ment tout son appartement avec des fonds de peintures acryliques il me semble et les vapeurs d manation du solvant montaient a la t te au point qu il lui tait devenu insupportable de dormir chez elle durant ces jours de s chage entre les couches appli qu es inutilis es et de la marque la plus ch re 100 le pot de 5 litres au BHV en esp rant se marier avec elle ce qui n a videmment pas donn de suite Elle avait galement cet inconv nient de n acceder aux WC qu au fond du couloir de son tage et d tre oblig e de faire sa toi lette au lavabo de sa cuisine puisque ne disposant pas d une salle d eau avec douche incorpor e seul avatar d sobligeant de sa coquette demeure v ritable oasis de serennit quand elle me servait le th parmis les innombrables infusions de plantes dont elle avait le secret Ce qui lui
37. res elles m mes provenant d affiches d enseignes lumineuses de graffitis de signes dessin s Tous les plans de cette num ration alphab tique ont t film s New York Les mots sont en g n ral courts cheese dirt exit golden et rel vent de l univers pop et de celui de la vie courante Ce que j ai retenu de ce syst me b ti sur 1 num ration 1 accu mulation et la substitution est l afinement d un processus qui me semble parfait lisse m canique Une fois toutes les lettres remplac es me rem morais je les divers motifs et sayn tes se r p taient un grand nombre de fois avec en vedette dans mon es prit les images r currentes d un feu qui d vore l cran et d un ibis rouge qui orchestrerait des arabesques dignes d une Lo e Fuller L uvre elle m me Ce qu il y a de confondant et peut tre de merveilleux en fin de compte lorsque l on regarde les chefs d euvres du cin ma struc turel Wavelenght Michael Snow 1967 T O U C H I N G Paul Sharits 1968 Tom Tom the Piper s Son Ken Jacobs 1969 ou Zorns Lemma c est qu ils impliquent toujours une multitude de lectures mais laissent souvent dans l esprit du spectateur le souvenir pur de leur processus on peut r sumer ces films com plexes en deux lignes comme on le ferait du mode d emploi d une machine simple ou des fonctions principales d un logiciel J ai revu le film d Hollis Frampton avec l intention d
38. s Le premier spectateur sort de la salle un autre tousse nerveux On y voit toujours plus clair dans l obscurit du soir newyorkais pourtant c est l heure de la pollution les b timents sont un peu flous puis des lumi res s allument tandis qu droite on entrevoit la skyline de New York la partie la plus haute de la ville Car le reste demeure hors champ jamais les rues comme les hommes de la rue La cam ra ne bouge pas du tout on ne peut pas s chapper il ne reste qu contempler cette image de l Empire du pouvoir ind passable du Capital ce Phallus rig par l homme pour d cr ter son impuissance C est notre monde c est sa v rit seize fois par seconde pendant huit heures et quelques minutes Pas de contre champ possible pas de hors champ si ce n est celui de la production le reflet des filmeurs qui revient trois reprises au cours du film au moment ou ils changeaient de bobine on peut y reconnaitre Mekas plus tard Warhol Ils sont tous dans un bureau de la fondation Rockefeller dans le b timent de Time et de Life le temps la vie ou plut t la r p tition du m me et la mort au travail au c ur de l industrie culturelle L image prend des tons rouge tres ou est ce que je r ve Ou bien c est un probl me de projection comme je vais le comprendre plus tard Et ce ne sera pas le seul l Invisible Cinema n existe plus et d ailleurs en 1964 il n existait pas encore Je suis au Forum des Ima
39. s ou attendus des m dias Toujours avec toi 2001 2008 est une vid o qui montre l accumulation voire la saturation des slogans et des affiches dans l espace public de la ville lt L image latente ezpligue Khalil Joreige vient se poser contre les flux d images lisses consomm es comme produits qui n arr tent rien ne retiennent rien Il s agit pour les deux artistes de r v ler le potentiel de l image de d ployer diff rents dispo sitifs cin matographiques ou installations qui r tablissent une forme de temporalit L image latente est semblable a une image mn monique Qu elle prenne corps par rapport 1 enregis trement des traces du r el Lasting images aux conditions de production Les images latentes 3 me volet du projet Wonder Bei rut elle cherche jeter un pont entre l image de reproductibi lite technique et l intensit de l exp rience qui l impulse Dans cette perspective ce qui fonde l insistance faire image la pers v rance laborer une uvre est la r activit des deux artistes au monde et ses bouleversements R agir face la guer re du Liban en 2006 en proposant un film Je veux voir 2008 o se refl te dans les yeux d une star de cin ma Catherine Deneuve le paysage ravag du pays R agir lorsqu une copie d un de leurs films est vol e au Y men o l int r t pour le cin ma ne d passe pas son application la propagande en r alisa
40. soutenable cl des champs La Stimmung du d sir infini Si nous entrons dans le rituel cin matographique des salles obs cures nous constatons que l espace de la projection notre loi gnement par rapport l cran o se meuvent des ombres n est que le constat d un manque Le spectateur de son si ge au premier ou au dixi me rang s approprie subjectivement la distance de contemplation d terminant ainsi un espace haptique qui n est que tension vers ces ombres mouvantes Aspiration vers l image c est ce que nous sommes des lors que nous nous pr tons au jeu de la projection captifs de ce qui de l cran nous absorbe et nous invite En d autres mots plus on s loigne de l cran plus on se creuse jusqu au devenir que ces vingt quatre images par seconde laissent supposer Que le cin ma soit le digne h ritier de l illusionnisme de l hypnose et de la m diumnit ne devrait plus tre remis en cause Le cin ma est un pan gyrique du leurre Cin ma eid tique De chaque image a laquelle on serait tent de croire nous r clamons vingt quatre fois par seconde un art qui d passe les donn es perceptives Ceci est le d fi supr me du cin ma 1 exa cerbation de l intervalle Qu il arrive nous faire comprendre en une s quence la vraie figuration l intensit d une absence De notre absence au monde On tracerait ainsi l histoire occulte du visible un grand br viaire des vaincus La revanche des in
41. t le Liban a refuser de laisser disparaitre sa trace a faire jaillir ce qu il nomme une image latente Le m dium semble ici pens dans sa capacit d enregistrement et de retranscription mais ce que Joana Hadjithomas et Khalil Joreige interrogent ce sont les conditions de son apparition de son d voilement Une autre image sur fond blanc est la photographie intitul e Les images latentes 3 me volet du projet Wonder Beirut 1997 2006 On aper oit des rouleaux de films tiquet s rang s dans un tiroir en bois r pertori s dans le carnet d un personnage fictif Abdallah Farah Celui ci aurait eu un studio Beyrouth l aurait vu br ler aurait rapport la difficult pour un photo graphe libanais de fabriquer des images face au manque de papier photo ou de r v lateur Parfois aurait il t moign il ne pou vait pas d velopper ses photographies r duisant sa production la prise de vue consignant m ticuleusement la description de ces images latentes dans un carnet Pour Joana Hadjithomas et Kha lil Joreige la question qui se pose est quand verra t on cette image Et dans quelles conditions conomiques politiques Dans leur contexte de vie et de travail qu est Beyrouth 1 image latente est une respiration un d ploiement de temporalit qui vient r pondre l image con ue comme document preuve affirmati ve arr tant les certitudes venant tayer les discours radicaux des politique
42. ue tisse Blaise Othnin Girard sont complexes as sur ment Pourtant la force de sa d marche tient aussi a une forme de simplicit dont le cin ma a d cid ment besoin Cette simplicit c est celle du film de famille dont ce diptyque de presque quatre heures malgr sa part narrative et fictionnelle rel ve pleinement Faits a partir de plans super 8 enti rement ou presque puisqu il y a aussi ici et 1a des images d archi ves des photographies des vues emprunt es telle toile ou telle autre ces films ne sont pas uniquement des mises en images de fragments retrouv s ceux d une jeune femme qui voque entre autre souvenirs une histoire d inceste et de viol ce sont eux m mes finalement les fragments d une uvre plus vaste d o ils proc dent et vers laquelle ils sont tourn s Ils ne pouvaient tre con us autrement qu en super 8 sans doute car il leur fallait cette mobilit il leur fallait cette dislocation qui permet et ici appelle les montages et d montages qui font qu un film est vivant et peut venir lui m me Ainsi c est parce que ce tra vail est labor partir de fragments qu il n y a pas un mais des films Le fragment en effet ne parle jamais une fois pour toutes Il ne peut nous dire quelque chose sans afirmer en m me temps qu il n a pas encore tout dit et qu il n aura jamais tout dit Par l il donne de la disponibilit et de l attente notre regard Il le met devant
43. un ou des venir C est ce jeune homme qui dans le premier plan des deux films vient au devant de nous de puis le fond de l image C est cet enfant qui ira un peu plus loin que ses parents C est ce paysage irlandais qui donne les moyens d affronter nouveau le monde Rodolphe Olc se It s All Memories Now Blaise Othnin Girard It s All Memories Now Blaise Othnin Girard Korridor Dietmar Brehm 1998 en tatonnant des vibrantes cordes dans les machoires langue muscle tombe des bestioles aveugles ne cessent d abandonner syllabe interminable frappe l corce d me manqu e d un fracas fait lumi re sauve moi des extensions je veux l obscurit vaste des lieux confin s priv e jamais d air une image pie la perfection de la mort Violeta Salvatierra L ontologie de ce que je me repete Je vois d abord des sons Je vois d abord des images Je vois d abord de la lumi re des plages de couleurs Je vois d abord du mouvement Si je les agence moi m me parfois souvent je regarde ce qu un autre a fait de ces l ments Comment est il possible de pouvoir dire ce que j ai fait ou per u si ce n est parce que je me r p te J arrive reconna tre le film petit petit jamais d embl e Les choses se r p tent et s interp n trent en mon corps de par ce que je vois et c est ce qui constitue petit a petit le film devant moi en moi J arrive reconna tre un film e
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