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1. Travail d criture continue l histoire Dur e 25 min D roulement D s que j ai montr l album les r actions ont t imm diates mais c est un livre pour les petits il y a des images J ai tent en quelques mots d expliquer que les albums n taient pas r serv s exclusivement aux enfants et que certains pr sentaient m me un r el travail de r flexion en bref les l ves allaient d couvrir quelque chose de nouveau En effet ils taient habitu s travailler sur des romans et les questions qui leur taient pos es ne portaient pas sur le fond mais sur la compr hension globale de l uvre ainsi que sur quelques moyens techniques Nous avons donc port notre attention sur la premi re de couverture La beaut de l image les a interpell s ils m ont dit qu elle ressemblait une peinture puis les hypoth ses ont merg Le monsieur est tout seul c est le luthier il porte des v tements typiques il y a un oiseau sur sa main et un nid sur le violoncelle il est dans la rue c est bizarre il est dans l eau les gens le regardent d en haut sur le pont Les l ves se sont focalis s sur la pr sence de l oiseau mais le nid ne les a pas choqu pourtant ce n est pas habituel Je leur ai juste demand pourquoi il y avait ce nid et ils ont pens que le monsieur tait un SDF et qu il jouait sa musique pour les oiseaux Nous avons ensuite parl2. est pas dans l objet litt raire lui m me que l on peut trouver une piste de r ponse car on s accorde dire en g n ral que ce qui est litt raire est beau et ternel Cependant cette repr sentation conventionnelle qui donne les grands traits de la litt rarit on utilise cette notion invent e par Jacobson en 1921 pour d terminer ce qui fait d un message verbal une uvre d art pr sente un inconv nient majeur le temps En effet si c est la post rit qui fait la litt rarit il devient alors difficile pour l enseignant de trouver des textes litt raires dans les crits contemporains qui n ont pas pass l preuve du temps la litt rature se r sumerait donc aux classiques De plus comme le pr cise C POSLANIEC il nous manque l instrument qui permet de mesurer la beaut le caract re esth tique d une uvre Il faut donc chercher ailleurs la source du caract re litt raire d un texte D apr s Claude Lafarge dans La valeur litt raire figuration litt raire et usages sociaux Fayard 1983 La d finition de la litt rature comme corpus se limite une autre acception du terme la valeur litt raire valeur proprement magique d un objet investi par la croyance o chacun trouve sa propre croyance r assur e par la croyance d autrui par l autorit aussi d institutions vou es au culte de la litt rature coles acad mies et par celles d autorit s produisant cette v
3. me si nous ne poss dions qu un seul exemplaire en grand format le dispositif mis en place permettait chacun d analyser les images Lorsque j ai interrompu la lecture et ferm l album la d ception a t unanime J ai ensuite demand de prendre le cahier d crivain et de continuer l histoire Je pensais qu chaud ce serait plus vident Cependant pour les l ves qui manquent de culture livresque c est un exercice difficile car il faut rester dans l optique du livre J ai fait le choix de ne pas engager d change ce niveau de l tude pour ne pas influencer certains l ves Je pensais que ceux qui prouvent des difficult s se contenteraient de reprendre les id es nonc es l oral sans s investir r ellement dans le texte En r alit il aurait t int ressant de lancer quelques pistes sans les valider pour permettre la mise en train de l criture Cet change aurait pu d bloquer ceux qui manquent de culture litt raire SEANCE 2 Phase 1 Lecture de quelques productions discussion collective Mat riel Les cahiers d crivain Dispositif groupe classe l oral Dur e 30 min Phase 2 Lecture magistrale de la fin de l album discussion Mat riel L album en grand format Dispositif regroupement par terre autour de l album Dur e 20 min D roulement La lecture des productions est un moment tr s int ressant Tout d abord les enfant
4. des meilleurs exemples est celui de l auteur Anthony BROWNE sa dimension symbolique notamment dans Tout change parle d un fait important dans la vie d un enfant l arriv e d un petit fr re ou d une petite s ur La s rie des Marcel du m me auteur est aussi tr s riche et traite de th mes tr s importants comme la diff rence la mort l art Pamour Toutefois il y a dans la litt rature de jeunesse diff rents niveaux de lecture tous les livres n offrent pas la m me multiplicit elle ne pr sente donc pas a priori de sp cificit s elle fait partie de la litt rature g n rale N anmoins les vieilles repr sentations perdurent encore au XX i me si cle m me si l enfant est consid r comme une personne part enti re et non plus comme un adulte en devenir En effet la critique majeure que l on peut relever est le fait que les auteurs de la litt rature pour enfants prennent le parti d dulcorer les livres alors que la psycholo gie on pense par exemple Bruno BETTELHEIM dans Psychanalyse des contes de f es Robert Laffont 1976 fait remarquer que l enfant a besoin de savoir que ses angoisses sont monnaie courante et qu elles sont pr sentes chez tout le monde D o l importance de mettre en sc ne avec un rien d humour des monstres des enfants impertinents menteurs cruels fort diff rents de l image traditionnelle de l enfance Ce n est pas ce qui signifie trop c es
5. est question lorsque le texte s y pr te d organiser des discussions autour des diff rentes interpr tations possibles des l ves Ainsi pour que ces d bats soient nourris les textes pr voient d s les premiers pas dans le monde de la litt rature des parcours de lecture qui permettent d effectuer des rapprochements de personnages et de th mes ce qui permet aussi d laborer une premi re culture litt raire Les supports cet ge sont surtout des albums et des contes Les textes officiels ne parlent pas ce niveau d interpr tation m me si nous le savons chaque enfant se repr sente l histoire lue par rapport son v cu son affectivit sa sensibilit Toutefois les programmes mentionnent la n cessit de faire verbaliser tout ce que le livre a pu r v ler au plus profond de chacun Au cycle 1 la litt rature fait partie du domaine Le langage au c ur des apprentissages mais elle est aussi mon avis troitement li e celui qui s intitule La sensibilit l imagination la cr ation En effet les personnages rencontr s et les motions partag es lors de la lecture referont leur apparition dans les productions d arts plastiques ou de jeu th tral Au cycle 2 la litt rature figure dans La ma trise du langage et de la langue fran aise dans la sous partie Lecture C est ce niveau qu appara t la probl matique qui est le fil conducteur de mes recherches qu est ce exactem
6. hui des commandes l adulte qui consistent faire lister aux enfants dans le cadre d un r cit par exemple les l ments qu ils d sirent voir appara tre dans leur histoire personnages lieux relation p rip ties La r daction n a pas lieu sur le moment l enseignant propose diff rentes versions contenant les l ments list s et les l ves choisissent enfin le r cit qui correspond leurs attentes en justifiant leur choix La production d crit est un exercice tr s int ressant car elle demande l l ve une r elle r flexion sur ce qui constitue un texte On peut par exemple prolonger un texte transformer la fin ou un pisode changer le personnage principal Au cycle 3 on parle plus pr cis ment d Education litt raire et humaine Il n y a pas de grands changements l essentiel est bas sur la reformulation et les d bats Il faut tout de m me attirer l attention des l ves sur les aspects les plus ouverts de l uvre afin de susciter les conflits d interpr tation qui n cessitent des efforts d argumentation Il est int ressant de montrer aux l ves que diff rentes interpr tations sont possibles dans la mesure o elles s inscrivent dans la logique du texte Pour mettre en vidence que ces suggestions sont acceptables les l ves doivent avoir recours l argumentation et donc au texte C est ainsi qu ils s exercent revenir sur des l ments pour v rifier la vali
7. l ves Pour r sumer les directives des nouveaux programmes nous dirons qu il n y a pas d ge pour s approprier un texte litt raire adapt et que l apprentissage de la kcture ne doit pas vincer celui de la compr hension fine du texte Nous avons not en annexe les comp tences devant tre acquises la fin de chaque cycle dans le domaine de la litt rature de jeunesse Pr cisons tout de m me qu au cycle 2 comprendre les informations implicites d un texte n est pas une comp tence attendue on ne s attache r ellement qu l explicite m me si l on travaille petit petit sur l implicite De plus il n est pr cis qu en fin de cycle 3 que les l ves doivent avoir compris et retenu que Le sens d une uvre litt raire n est pas imm diatement accessible mais que le travail d interpr tation n cessaire ne peut s affranchir des contraintes du texte Il est peut tre pr f rable de garder cette connaissance l esprit m me quand on travaille avec des l ves de cycle 2 car c est d apr s moi le point essentiel du travail de litt rature Les programmes ayant t explicit s je vais maintenant exposer mes choix et d crire mes s ances Il Premi re s quence Le Luthier de Venise de Claude CLEMENT 1 Le choix de l album et la dimension symbolique Comme je l ai d j pr cis en introduction j ai choisi de travailler sur l album pour trois raisons L
8. les nouveaux programmes sa place ses enjeux IT Premi re s quence Le Luthier de Venise 1 Le choix de l album et la dimension symbolique 2 Description des s ances IN Deuxi me s quence Le Masque de Brumes 1 Le choix de l album et la dimension symbolique 2 Description des s ances Deuxi me partie Recherches th oriques La didactique de la lecture litt raire 1 Le texte litt raire 2 Les sp cificit s de la litt rature de jeunesse 3 Les activit s possibles Troisi me partie Analyse r flexive de la pratique 1 Le dispositif 2 Les activit s propos es Conclusion p 24 p 26 p 30 p 33 Premi re partie S quences de litt rature I La litt rature de jeunesse dans les nouveaux programmes sa place ses enjeux Avant de commencer parler des processus mis en jeu dans l acte de lire int ressons nous en premier lieu aux instructions officielles afin de conna tre les objectifs de la litt rature l cole primaire D apr s les nouveaux programmes de 2002 la place de la litt rature est clairement d finie elle est omnipr sente et cela d s l cole maternelle Il faut d s le d part donner le go t des belles pages et veiller le sens du style Il est bien entendu que jusqu la fin du cycle 2 les lectures de l enseignant sont nombreuses et constituent le point de d part des d bats litt raires En effet comme dans les salons du XIX me si cle il
9. on peut tirer du texte J ai aussi pris le parti de ne pas travailler les illustrations Je les montrais aux l ves mais aucune analyse n a t faite sauf pour la derni re image qui comme je l ai dit dans la premi re partie est une aide la compr hension les branches de l arbre repoussent l extr mit du violoncelle Je tiens quand m me pr ciser que m me si nous n avons pas fait de travail sp cifique sur les illustrations nous avons pris le temps de les observer car il est contradictoire d tudier un album sans regarder ses images un moment ou un autre J ai par la suite choisi d utiliser l crit de travail pour faire terminer le r cit aux l ves Ceci est un moyen de les impliquer dans le texte et de les faire r fl chir sur les diff rents l ments qui le composent Pour pouvoir continuer il faut respecter sa logique interne sinon le lecteur perd le fil conducteur De plus je voulais mettre en vidence le fait que la litt rature ne se r sume pas une somme d anecdotes ou de p rip ties Enfin l activit principale autour ce cet album a t la discussion collective Les nouveaux programmes de 2002 mettent l accent sur ces moments de d bats litt raires qui donnent l occasion d exprimer des id es que certains l ves ne transcrivent pas l crit De plus je voulais montrer aux l ves que lire un livre ce n est pas r pondre syst matiquement une fich
10. pr cis ment un texte lire crire crire lire La litt rature parle de la vie ce qui n est pas une mince affaire pour des enfants il faut donc que les s ances de litt rature vivent et donnent envie de lire aux enfants Toutefois il n existe pas de s ance type c est l enseignant de mettre en place d apr s ses lectures de l uvre des dispositifs adapt s qui guideront progressivement les l ves sur les chemins cach s des textes BIBLIOGRAPHIE 99 J C BOURGUIGNON B GROMER R STO CKLE L album pour enfant pourquoi Comment Armand Colin Bourrelier 99 R my STO CKLE Activit s partir de l album de fiction De l cole maternelle au coll ge Dominique ALAMICHEL Albums Mode d emploi Cycles 1 I II CNDP Argos D marches Le Minist re de l Education Nationale Les Nouveaux programmes CNDP Ouvrages consult s Rep res n 19 Comprendre et interpr ter les textes l cole INRP 1999 Catherine TAUVERON Lire la litt rature l cole Pourquoi et comment conduire cet apprentissage sp cifique De la GS au CM Hatier P dagogie 2002
11. qui ne sont pas forc ment li es l acte de lire mais qui vont pr parer l acte On peut aussi opter pour des parcours de lecture dont voici quelques exemples Le d voilement progressif du texte il s agit de lire une partie on peut faire imaginer une suite et lancer une discussion par exemple Ceci implique que l enseignant ait trouv au pr alable bien entendu les n uds interpr tatifs Faire r sonner les parties d un r cit avec l ensemble un personnage par rapport au reste des passages r alistes avec des passages fictifs des modalit s nonciatives diff rentes La reconstitution de la trame narrative puzzles et jeu de piste Le lien avec l expression corporelle le dessin et le jeu dramatique Ces quelques propositions sont assez traditionnelles elles se situent entre des activit s ludiques dans lesquelles l enfant n a conscience que de jouer et des activit s traditionnelles de travail sur le texte questionnaire C POSLANIEC dans Donner le go t de lire propose diverses activit s qui tendent plus vers le jeu l activit ludique Pour lui il est essentiel de faire jouer les enfants avec les livres afin qu ils deviennent aptes les parcourir spontan ment Le premier effet recherch est l enrichissement de leur mode de lecture et d criture Le second effet recherch est la production d un questionnement sur les proc d s dont ils les enfants prennent alo
12. un album les niveaux d imagerie peuvent s entrem ler tout comme les niveaux de r cit du texte C est cette diversit qui participe la richesse de l uvre et que les enfants doivent apprendre tr s t t appr hender Ainsi par ses lectures l enfant se construit on rejoint quand m me l id e du message ducatif et prend plaisir parcourir des mondes qui sont sa port e mais qui lui demandent de s investir pleinement Maintenant il reste s interroger sur la mani re dont on va amener l apprenti lecteur approcher et rencontrer cette litt rature Il est donc int ressant de se tourner vers les th ories de chercheurs pour tudier les propositions d activit s autour du livre 3 Les activit s possibles L enseignant doit savoir que chaque texte n cessite un dispositif didactique et p dagogique adapt De plus d apr s F CALAME GIPPET IUFM de Gravelins et D MARGOIN IUFM d Arras C est dans l int raction verbale que se construisent la compr hension et l interpr tation partir de t ches bien pr cises Il convient donc pour l enseignant d imaginer le dispositif de r guler les changes et de solliciter la synth se mais il ne doit pas orienter l interpr tation En g n ral le point de d part est la lecture personnelle la confrontation avec le nouveau texte mais cette fa on de proc der qui est des plus classiques n exclut pas des entr es plus ludiques
13. IUFM de l Acad mie de Montpellier Centre de Perpignan ADUA Marjorie DE LA LECTURE LITTERALE A LA LECTURE LITTERAIRE Stage en responsabilit en CM2 l cole de P zilla de la Rivi re Directeur de m moire Monsieur M PARAYRE Assesseur Ann e universitaire 2002 2003 RESUME L laboration d une culture commune et le renforcement de la compr hension de textes complexes sont les principaux objectifs de la litt rature au cycle 3 Comment apprendre comprendre des textes r ticents Comment arriver concilier apprentissage et plaisir de lire Les chercheurs proposent des parcours de lecture pour initier progressivement les l ves l interpr tation Ceci dit comme l admettent les programmes cela demande du temps et un travail r gulier sur les diff rentes strat gies de lecture des textes SUMMARY The elaboration of a common culture and the reinforcement of the comprehension of complicated texts are the main objects of literature in cycle 3 How can we teach the comprehension of reticent texts How can we manage to conciliate learning and pleasure in reading Searchers propose reading activities to iniatiate gradually pupils in the process of interpretation For all that as the Ministerial Instructions say it demands time and regular work on the different strategies of reading SOMMAIRE Introduction Premi re partie S quences de litt rature I La litt rature dans
14. a premi re est que je ne savais pas quoi s lectionner et qu un ma tre formateur m a conseill Le Luthier de Venise de Claude CLEMENT un album difficile appr hender mais tr s int ressant La deuxi me raison est que g n ralement la fr quentation d albums se limite aux petites classes car on range trop h tivement ce genre de livres ai rayon de la litt rature pour les tout petits Cela est fort regrettable car en s int ressant ce genre de litt rature on s aper oit qu elle peut s av rer extr mement riche et peut m me permettre aux lecteurs lents d appr cier un texte litt raire qui n est pas tr s long Enfin la troisi me raison est que la sp cificit de l album savoir un texte accompagn d illustrations peut tre un d clencheur de sens En effet le non dit du texte est parfois clair par les illustrations et inversement La dimension symbolique dans Le Luthier de Venise Avant de d crire les s ances que j ai men es il serait pr f rable que je retrace en quelques lignes la lecture personnelle que j ai pu faire de l album afin de souligner les points que je souhaitais mettre en lumi re avec les l ves Tout d abord il me para t important pour ne pas dire indispensable de parler du style d criture de l auteur En effet la premi re chose qui m a interpell e est l utilisation de la fonction po tique du langage Les mots sont choisis et se parlent entre e
15. ablis c est l tude des particularit s du texte qui permet l enseignant de mettre en place sa fa on de faire appr hender le probl me aux l ves Voici quelques exemples de dispositifs traditionnels de pr sentation du texte La lecture fragment e dans le but de ne pas effrayer les enfants par le volume et afin d avancer progressivement l enseignant fractionne la d couverte du texte On sait que cette mani re de proc der ne pla t pas certains enfants qui lisent facilement et sont frein s par la fragmentation La lecture in extenso normalement elle est privil gier car elle permet l l ve d prouver du plaisir continu dans la d couverte de l intrigue Elle vite la lassitude des longues explications interm diaires Toutefois il est vrai que l tayage de l enseignant est souvent n cessaire et il est donc important de pr voir des moments d changes collectifs pour que personne ne perde le fil conducteur La lecture d avant la lecture on s int resse au paratexte titre premi re de couverture C TAUVERON met toutefois l enseignant en garde quant ce genre de pratiques car tous les ouvrages ne s y pr tent pas Analyser en profondeur certaines premi res de couverture peut conduire la d couverte de l intrigue principale Deux cas se pr sentent alors dans le premier cas les l ves ont envie de valider leurs hypoth ses et donc de se plonger dans la lectu
16. aleur auteurs diteurs et critiques de renom Selon cette d finition de la valeur litt raire ce sont les institutions qui font qu un texte acc de au rang de la litt rature ce qui lui procure un caract re universel dans lequel chacun se retrouve Cependant pour notre probl me les sp cificit s de la litt rature de jeunesse cette observation n est pas plus clairante car les institutions n accordent pas de valeur litt raire aux livres pour la jeunesse La difficult r side dans le fait que l enfant n a jamais t consid r comme capable d valuer d appr cier lacte artistique ou litt raire Jusque l la post rit et les institutions n ont pas t suffisantes pour identifier les sp cificit s du texte litt raire il faut donc continuer chercher ailleurs Selon Yves BONNEFOY dans Lever les yeux de son livre le sens d un texte ne peut commencer valoir pour nous qu apr s la v rification qui consiste instinctivement d ailleurs en recharger les mots de nos souvenirs ou de nos exp riences pr sentes D apr s Paul RICOEUR dans Du texte l action Seuil 1986 comprendre c est se comprendre devant le texte Non point imposer sa propre capacit finie de comprendre mais s exposer au texte et recevoir de lui un soi plus vaste Ces observations ont un point commun elles d finissent la litt rarit selon le ressenti du lecteur En effet le lecteur do
17. ar il me permettait de viser directement mes objectifs sans perdre de temps avec des probl mes de gestion de classe Toutefois ces dispositifs en ateliers sont indispensables quand on travaille avec ses l ves sur une ann e scolaire car ils permettent d uvrer avec un nombre restreint d l ves ce qui veut dire tre plus l coute de leurs besoins individuels et leur donner l occasion de s exprimer davantage De plus lors de la mise en commun il est int ressant que les l ves eux m mes fassent d couvrir leurs camarades l activit qu ils avaient mener c est une occasion suppl mentaire d apprendre mettre distance le travail que l on vient d effectuer Enfin le fonctionnement en ateliers offre aussi la possibilit aux lecteurs lents d aller au bout de leur lecture Pour conclure j ajouterai que tout de m me mener l activit en classe enti re pr sente un int r t consid rable notamment pour les s ances de litt rature car cela permet une plus grande confrontation des interpr tations et donne lieu des d bats plus riches 2 Les activit s propos es Pour Le Luthier de Venise j ai opt pour une lecture expressive de l enseignant car je savais que c tait une uvre tr s difficile pour des enfants J ai donc pr f r all ger la t che de lecture qui n est pas mon principal objectif pour me focaliser sur ce qui m int ressait vraiment le message que l
18. dit de certaines propositions et qu ils apprennent fouiller le texte L objectif principal est de faire acqu rir des r f rences culturelles en organisant des r seaux ordonn s notamment Le but en effet n est pas de former les l ves l explication approfondie d une uvre mais de leur permettre de se construire un bagage culturel parfois indispensable la compr hension fine de certaines uvres Ainsi les l ves deviennent progressivement capables de lire de mani re autonome des textes de litt rature de jeunesse ils comprennent et interpr tent sans l aide de l adulte Pour cela les textes stipulent qu il faut mettre en place des ateliers de lecture au cours desquels les l ves apprennent traiter successivement les marques linguistiques du texte et les comprendre La difficult en mati re de litt rature apprentissages litt raires r side dans le travail qui sera effectu lors de ces ateliers Les t ches qui sont demand es aux l ves sont souvent tr s formelles et paraissent aux yeux des enfants d connect es du sens du texte Il est difficile de montrer qu un travail sur la description des personnages permet de faire avancer l intrigue Toutefois la r gularit des activit s et notamment les d bats permettent avec le temps d appr hender l objet litt raire C est l enseignant de cr er des habitudes qui deviendront des r flexes inconscients et qui guideront les
19. du carnaval de Venise je leur ai montr des photographies de personnes masqu es pour qu ils se plongent dans l atmosph re festive Par la suite lorsqu il a fallu r diger trois questions au brouillon les l ves ont prouv quelques difficult s car le titre ne les aidait pas et que la premi re de couverture n est peut tre pas tr s explicite pour des enfants de cet ge Certains ont donn des exemples de questions pour aiguiller les autres qui apr s r flexion ont trouv cette fa on de proc der plut t int ressante et m ont m me demand s ils pourraient s changer les questions une fois la lecture du texte termin e Malheureusement une fois la s ance finie en lisant les questions je me suis aper ue qu elles n taient pas vraiment pertinentes Il aurait fallu que je s lectionne celles qui ne trouvaient pas de r ponse imm diate dans le texte et qui invitaient la r flexion Il est normal que les l ves n aient pas r ussi cette t che vu qu ils ne sont pas habitu s questionner le texte Il est encore plus difficile d anticiper sur celui ci partir d une simple image et d un titre qui n claire pas la compr hension Nous sommes ensuite pass s la lecture et c est sans aucun doute le moment le plus magique On aurait dit que je leur faisais un v ritable cadeau Aucun probl me d coute tout le monde tait en admiration devant les illustrations et la prose de l auteur M
20. e trouve le masque qui dicte la vie des villageois rites africains Le village est alors en deuil la vie ne peut reprendre sans le masque Mwanda d cide alors de partir la recherche d un nouveau masque pour sa pauvre et triste tribu De nombreuses p rip ties l attendent mais au bout de son chemin il rencontre une vieille dame au bord de l oc an elle symbolise la tristesse des hommes Elle explique l enfant qu elle attend l instant de son dernier instant Celui o se noient les chagrins A son tour Mwanda lui donne les raisons de sa pr sence et elle lui r pond Ne cherche plus Voici le bout de nos chemins Alors qu elle s enfonce dans l oc an un tronc choue sur le sable l enfant d cide de fabriquer un nouveau masque et rentre au village pour l accrocher au sommet de l Arbre Debout La symbolique de cet album est d apr s moi plus facilement appr ciable par les l ves Alors que les amis du jeune africain abandonnent les leurs attir s par l app t du gain et de la belle vie Mwanda lui quitte le village pour une noble cause Guid par son c ur et pour aider son village il va affronter les dangers pour r soudre un probl me De plus il pourrait se contenter d un vulgaire morceau de bois mais il part la recherche du bois sacr La dimension symbolique atteint son apog e avec l apparition de la vieille dame symbole de la tristesse des hommes qui va permettre l
21. e de questions Je tenais particuli rement lors de ces moments d changes faire en sorte que ceux qui en avaient envie s expriment m me pour dire qu ils ne comprenaient pas ou qu ils n appr ciaient pas l uvre L essentiel est que les enfants ne restent pas passifs face au texte et qu ils argumentent leur point de vue Enfin un objectif plus g n ral tait aussi vis celui de construire une culture litt raire commune qui est n cessaire dans le rapport que chacun entretient avec les diff rentes uvres qu il c toie Pour Le Masque de Brumes j ai choisi d entrer dans l univers de l album par les illustrations Ce choix m a permis de bousculer les pratiques habituelles et a beaucoup plu aux l ves Dans cette activit ils devaient partir des images inventer une histoire et crire un r cit individuellement exemples en annexe Lors de la mise en commun les l ves se sont retrouv s la place d un auteur et ont aussi d couvert la richesse de leurs productions Des remarques int ressantes sur la fa on d crire ont merg et ont t transf r es l criture du deuxi me jet De plus la motivation de la d couverte du texte a t plus grande et plus intense J ai observ les enfants qui lisaient et j ai remarqu des sourires et parfois l tonnement sur leurs visages le contexte leur tait familier car ils l avaient travaill Dans une deuxi me partie les l ves de
22. e litt rature qui fait partie de la litt rature g n rale la litt rature de jeunesse 2 Les sp cificit s de la litt rature de jeunesse Les repr sentations concernant la litt rature de jeunesse ont volu avec l image que l on se fait des enfants De plus m me si cette litt rature s adresse aux enfants ce sont en g n ral les adultes qui la choisissent Or comme au si cle dernier les adultes avaient des id es bien arr t es concernant les enfants l enseignant a volu avec ces id es ils les consid raient comme ceux qui ne savaient pas ceux qui n taient pas encore des personnes la litt rature de jeunesse avait donc un devoir d ducation comprenant instruction et morale Dans un premier temps le style importait peu l accent tait mis sur le message ducatif tandis que plus tard la litt rature de jeunesse a d velopp ses propres styles POSLANIEC parle du style la m moire de notre bon La Fontaine un autre qu il appelle j te dis pas l angoisse du C line revu par Petit Nicolas et enfin le style du Pirouli roula dans la mousse et roule que je t clabousse s adressant aux plus jeunes Ces repr sentations tant solidement install es il a t difficile de les faire voluer pour faire avancer par l m me la lecture du jeune enfant Aujourd hui cependant on trouve de nombreux ouvrages destin s aux enfants qui attirent l attention des adultes Un
23. e n est jamais totalement donn il laisse une place importante l intervention personnelle du lecteur La dimension du v cu ou du v cu culturel a donc une importance primordiale et c est ce niveau que l cole intervient elle donne l occasion l enfant apprenti lecteur de se nourrir de textes litt raires et d exp riences communes qui vont construire son bagage r f rentiel L enfant prendra ainsi plaisir reconna tre dans les textes les clins d il ou inf rences qu il aura d j rencontr es dans d autres uvres Ceci dit la difficult r side dans le fait que le plaisir est subjectif et intime et que par cons quent un apprentissage para t difficilement conciliable Toutefois comme le stipule C TAUVERON dans le num ro 19 de Rep res Il existe une forme de plaisir intellectif et esth tique qui est comme le go t avec lequel il a partie li e le fruit d une ducation Ce qui revient dire que d s les premiers apprentissages il faut entra ner les enfants lire des textes dont le sens est construire 1l faut leur faire prendre conscience qu ils jouent un r le actif dans la d termination de l uvre Pour r sumer nous retiendrons que la caract ristique principale d un texte litt raire est la libert qu il offre son lecteur sachant pertinemment que cette tentative de d finition est des plus r ductrices Nous allons maintenant tudier de plus pr s une forme d
24. enfant de r soudre l nigme de l histoire Cet album est une fois de plus une incitation au r ve sans pour autant oublier le monde r el car les l ments qui le constituent sont proches des rites religieux africains Le style de l auteur est toujours fortement marqu l criture est moins po tique que dans Le Luthier de Venise mais C CLEMENT utilise encore pour rythmer son r cit un refrain Je men irai jusqu au bout de la terre en suivant les tambours du vent la recherche du nouveau masque En ce qui concerne les images elles sont nettement plus symboliques que dans Le Luthier de Venise ce sont plus des illustrations qui permettent au lecteur de se plonger dans l atmosph re africaine J ai choisi de travailler diff remment avec ce nouvel album J ai opt pour le faire d couvrir par l interm diaire des illustrations et par le mode de l crit de travail 2 Description des s ances SEANCE 1 Phase 1 Objectif D couverte de l album illustrations Mat riel Un album en grand format Dispositif Groupe classe par terre autour de l album Dur e 20 min Phase 2 Objectif crire une histoire partir des illustrations Dispositif crit individuel Dur e 30 min D roulement J ai pr sent l album aux l ves et je les ai laiss s exprimer Un nouvel album on va faire comme avec le luthier c est le m me auteur mais pas le m me d
25. ent que la lecture litt raire l cole primaire D apr s les programmes l acte de lire met en jeu deux activit s tr s diff rentes L identification des mots La compr hension des nonc s lus Je rajouterai aussi l interpr tation dont les textes ne parlent pas et qui est intiment li e la sensibilit de chacun ainsi qu au parcours litt raire Comme les l ves apprennent lire ils ne sont pas lib r s du travail de d chiffrage et ils n acc dent donc pas directement la compr hension quand ils lisent eux m mes des textes quand c est l enseignant qui lit haute voix le probl me ne se pose pas ou du moins la t che est moins intense D o tout l int r t de fr quenter avec assiduit les textes pour que le processus de compr hension qui est l activit intellectuelle qui fait appel toutes les connaissances de l l ve s automatise elle aussi et laisse place au processus d interpr tation Il est important de souligner que les textes stipulent bien qu il faut imp rativement en parall le avec l utilisation d un manuel faire fr quenter la litt rature de jeunesse si l on veut que les l ves acc dent la compr hension fine des textes complexes En effet il n est pas question de se contenter d une compr hension litt rale qui ne s occupe que du th me de quoi parle le texte et du propos qu est ce qu il en dit Il faut apprendre aux l ves retrouve
26. ertains l ments taient incontournables pour continuer une histoire lieu atmosph re caract re des personnages Phase 2 Lecture de la fin de l histoire Les l ves attendent avec impatience de conna tre le d nouement pour pouvoir comparer avec leurs productions Toutefois l album que javais choisi ne se pr te pas ce genre d exercice si l on en juge la r action des enfants En effet les l ves s attendent une chute inhabituelle mais malheureusement ils ont t d us car si l on ne d passe pas le premier plan il ne se passe rien d extraordinaire Le jeune artiste r ussit jouer du violoncelle et il n y a pas de r els rebondissements Ceci dit leurs r actions m ont permis de leur demander pourquoi alors j avais choisi cette uvre s il ne se passait rien de surprenant Certains mont r pondu que c tait pour la beaut de l album car ils sentaient que le style tait bien marqu mais aucun ne m a parl des passions de mettre tout son c ur de pers v rance et de naturel ce qui peut para tre normal SEANCE 3 Discussion collective sur le message cach du texte avec analyse de la derni re illustration Dur e 30 min D roulement Nous avons commenc par rappeler les grandes lignes de l histoire puis nous avons repris les questions que les l ves avaient r dig es au brouillon d apr s la premi re de couverture Certaines ne pr sentaient pas de r el int r t
27. essinateur a ne se passe pas Venise on dirait que c est en Afrique Le gar on s appelle peut tre Brumes car le titre c est Le Masque de Brumes C est de la peinture on voit les traces de pinceaux Ces moments l sont intenses car les remarques que font les enfants correspondent aux processus d analyse qui sont mis en place par le lecteur qui va choisir son livre De plus les l ves sont intrigu s par la nouveaut et leur curiosit leur donne envie de d couvrir le texte Ils analysent automatiquement la premi re de couverture pour y trouver un maximum d indices Ensuite je leur montre la premi re page en cachant le texte ce qui les interpelle vous n allez pas lire le texte ma tresse J explique alors que dans un premier temps nous allons d couvrir les illustrations et que dans un deuxi me temps ils devront crire l histoire du Masque de Brumes Je pr cise car je lis l inqui tude sur leurs visages que le but n est pas de trouver ce que l auteur a crit mais d inventer sa propre histoire en accord avec les images Toutes les illustrations sont observ es et je n interdis pas aux l ves de s exprimer afin de ne pas refaire la m me erreur que pour la s ance d criture pr c dente puis le travail d criture d bute Mon objectif en les faisant produire est de les impliquer le plus possible dans le livre et dans l activit Je suppose qu ils auront env
28. ie de d couvrir le texte original et de comparer avec leur production De plus on se rend plus compte des difficult s quand on y est confront SEANCE 2 et 3 Ecriture de l histoire Dur e 45 min chacune SEANCE 4 Lecture haute voix de quelques productions et discussion collective sur les diff rentes interpr tations des images Dur e 1 h D roulement Comme dans la s ance pr c dente les l ves ont pris plaisir couter les productions de leurs camarades et noter les diff rentes interpr tations Cette s ance a dur longtemps parce qu elle servait pr parer la s ance de r criture 2 jet qui allait suivre SEANCE 5 Phase 1 D couverte du texte original Mat riel un texte par l ve arrang sans les illustrations Dispositif lecture individuelle Dur e 25 min Phase 2 Discussion collective et r ponse au questionnaire Dur e 40 min D roulement Le texte a t lu assez rapidement et appr ci La discussion tourna autour des causes de la col re du ciel que les enfants ont su interpr ter autour de la myst rieuse vieille dame et la fabrication du Masque Les filles en g n ral ont t plus touch es par le r cit alors que les gar ons ont relev les p rip ties du jeune Mwanda Par contre les l ves n ont pas compris que la vieille dame repr sentait la tristesse des hommes ils ont du mal saisir le sens de l all gorie En ce qui concerne le q
29. it avoir un r le actif dans l acte de lire il ne doit pas se contenter de consommer l uvre mais il doit la construire au fur et mesure de sa lecture Cette perspective est d autant plus int ressante qu elle est directement li e notre r le en tant qu enseignant Notre objectif est de faire prendre conscience aux l ves que la t che essentielle du lecteur est de d terminer le sens d un livre ce n est normalement pas une t che puisque l objectif principal d un livre est de procurer du plaisir son lecteur Toutefois le lecteur n est pas habitu prendre en consid ration que c est lui que revient le r le de d termination du sens Il faut donc faire en sorte qu il assume cette libert qui est une condition minimum de la lecture productrice de sens Gr ce ces remarques nous voyons un peu plus clair dans nos recherches sur le caract re litt raire d un texte mais il reste le pr ciser En effet nous nous rendons alors compte que le sens d un livre ne peut tre puis par aucune lecture et c est d ailleurs ce qui le diff rencie du texte informationnel Comme le stipule R ESCARPIT Il n y a que sur une uvre litt raire qu on puisse greffer des sens nouveaux sans d truire son identit C est donc le lecteur qui construit le texte litt raire en respectant sa logique interne Une autre notion importante intervient dans la lecture celle de plaisir Un livre qui pla t e
30. nd format est rest leur disposition en classe et ils pouvaient emprunter le format de poche pour la maison ils taient tr s fiers de pouvoir donner une interpr tation du texte leurs parents II Deuxi me s quence Le Masque de Brumes de Claude CLEMENT 1 Le choix de l album et la dimension symbolique J ai d lib r ment choisi un autre album du m me auteur pour deux raisons La premi re est pour une question de logique les l ves ne connaissaient pas cet auteur et il est int ressant pour parler de son style d avoir rencontr au moins deux de ses uvres La deuxi me raison est d ordre didactique en effet les savoirs rencontr s lors de la premi re tude de texte sont plus facilement transf rables si l on peut les retrouver dans l autre texte J ai choisi Le Masque de Brumes de Claude CLEMENT car c est un tr s bel album comme le premier et parce qu il para t plus accessible Cet album raconte l histoire d un enfant africain Mwanda le po te importance de la place de l artiste dans la soci t qui part la recherche d un masque pour sa tribu Lors de la situation initiale le narrateur explique qu un conteur est venu au village vendre ses fables sur la vie la ville et que attir s par ces clinquants mirages les deux amis de Mwanda d cident de quitter amis et parents Le soir m me les esprits se mettent gronder et la foudre s abat sur l arbre sacr o s
31. ouvelles attitudes l enfant ne doit plus recevoir passivement le texte 1l doit apprendre le construire CONCLUSION Savoir lire des textes litt raires c est d s l ge de l cole l mentaire apprendre le trajet qui m ne hors de soi pour revenir enrichi par l imaginaire d un autre au dialogue intime Cette citation d Aline KARNAUCH IUFM d Orl ans Tours extraite du Rep res n 19 r sume bien les motivations de l apprentissage de la lecture litt raire L objectif principal outre celui de la construction d une culture commune est de faire prendre conscience aux enfants que la lecture leur appartient et que c est eux de d terminer le sens d un texte Pour atteindre cet objectif tr s ambitieux l enseignant doit faire des s ances de litt rature des moments tr s vari s tr s riches en d couvertes et en changes La litt rature permet l vasion et le r ve il ne faut donc pas perdre cela de vue pour ne pas tomber dans des pratiques d routantes La probl matique qui a dirig ces recherches tait la suivante Comment amener les enfants d passer le niveau de l anecdote pour entrer dans le secret des textes Nous avons remarqu que poser simplement des questions ne suffit pas et qu il faut donc convoquer d autres approches mettre en place d autres activit s et surtout ne pas perdre de vue que le meilleur moyen pour comprendre comment est fait un texte est de produire
32. p cificit s des diff rents genres ou qu un travail soit men en parall le Ecrire Il s agit de r diger des passages pass s sous silence POSLANIEC d conseille de faire crire la suite d un texte fini car il consid re qu il faudrait r organiser le tout sinon se contenter simplement de rajouter des p rip ties qui ne servent rien Il y a aussi la possibilit de changer de narrateur cette t che me para t un peu difficile mais tr s int ressante On peut par exemple proposer de reprendre un passage crit la troisi me personne du singulier en faisant dire je au h ros Ces quelques exemples permettent de prendre conscience de la vari t des approches possibles en mati re de litt rature Un important projet peut tre mis en place aussi celui d crire un livre destin un public ext rieur l cole afin de responsabiliser les l ves et leur donner une motivation suppl mentaire On sait que plac s en position authentique d crivain ou d auteur les enfants se surpassent et s investissent r ellement Certaines r gles concernant ces activit s ludiques sont toutefois n cessaires Tout d abord les textes propos s doivent tre authentiques il ne faut pas utiliser dans la mesure du possible de photocopies cette condition est difficile respecter car on imagine mal comment les coles pourraient acheter un exemplaire de chaque ouvrage De plus il faut pr server la libert de li
33. pace je ne peux pas m attarder sur les illustrations qui sont magnifiques mais je vais juste faire remarquer qu la fin l image de l arbre qui repousse l extr mit du violoncelle peut tre une aide la compr hension 2 description des s ances Objectif de la s quence Je veux que mes l ves d couvrent l univers fantasmatique de C Cl ment Je veux qu ils prennent conscience du ou des message cach qu ils ne peuvent pas interpr ter s ils se contentent de r pondre la question Que s est 1l pass dans cette histoire SEANCE 1 Phase 1 La premi re de couverture Mat riel 1 album grand format la fran aise et un format de poche Dispositif groupe classe Activit Montrer l album d crire l oral et mettre des hypoth ses sur le contenu Ecrire au brouillon trois questions que l on se pose la vue de la premi re de couverture Dur e 20 min Phase 2 Lecture du texte Lecture expressive de l enseignant Dispositif Tous les l ves sont regroup s autour de l enseignant par terre pour pouvoir regarder les illustrations et cr er une ambiance chaleureuse pour la lecture Dur e 20 min Arr t de la lecture un moment pr alablement choisi il s empara du violoncelle et voulut jouer une m lodie Objectifs Augmenter le suspens donner l envie de lire la suite impliquer tous les l ves et comparer les possibilit s de fins
34. pour la compr hension du texte mais d autres taient plus pertinentes par exemple pourquoi y at il un nid sur le violoncelle question qui est directement li e la renaissance de l arbre Nous avons ensuite engag la discussion sur les personnages assez myst rieux puis sur le r le de l arbre Enfin j ai fini par prendre la parole pour leur faire remarquer la musicalit des phrases elles ressemblent des vers et je leur ai fait part de mon interpr tation Evidemment ils ont t tr s touch s comme abasourdis et m ont demand comment je faisais pour arriver voir cela J ai donc profit de leur curiosit pour revenir sur les passages qui faisaient sens pour moi Ces retours au texte taient pour moi importants car c est un r flexe que les l ves doivent acqu rir Malgr la difficult du texte mon objectif a t atteint Je d sirais faire d couvrir aux enfants une autre dimension de l album m me si dans un premier temps elle ne vient pas forc ment d eux Les l ves m ont demand si je ne poss dais pas un autre album pour essayer leur tour de trouver ce qui se cachait entre les lignes Il faut pr ciser que j tais en milieu rural avec des enfants qui n ont pas de gros probl mes de lecture et qui tant assez scolaires ont appr ci de partager un ouvrage collectivement plut t que chacun devant sa feuille et ses questions Une version de l album le gra
35. r des informations implicites qui sont leur port e en d veloppant des strat gies de lecture et en les explicitant avec eux Cela implique de la part de l enseignant un questionnement pr cis sur l implicite et conduit une attitude interpr tative du lecteur Il est toujours question de parcours de lecture qui permettent l l ve de construire des rep res des parall les entre les personnages les th mes les genres les auteurs et les illustrateurs Notons en plus l articulation avec l criture qui est pr conis e car elle aide les l ves mieux s impliquer dans l activit litt raire et de ce fait mieux la comprendre Je pense effectivement que le fait de faire produire les l ves les rend actifs leur donne un r le un pouvoir sur le monde de l crit On appr hende mieux quelque chose que l on a d j soi m me exp riment C est ainsi que l on cr e des besoins et que l on justifie la n cessit d apprendre En ce qui concerne la dict e l adulte de r cents travaux tentent d en montrer les limites Celle ci consiste faire de l enseignant un simple scripteur de l oral il ne fait que de la transcription de l oral De plus l enseignant questionne les l ves sur la validit de leurs propos et les guide fortement pour bien crire Cette fa on de proc der doit tre pens e afin de ne pas tomber facilement dans ces d rives Les chercheurs proposent aujourd
36. re Dans le deuxi me cas par contre la d couverte pr matur e de l intrigue g che l effet de surprise et le livre pr sente moins d int r t La lecture stimulus il s agit de pr lever quelques lignes pour inciter l imaginaire La lecture relecture elle vise lire entre les lignes pour essayer de trouver de nouveaux indices La lecture puzzle elle permet d attirer l attention des l ves sur des indices qu ils n ont pas l habitude de prendre en compte Apr s les dispositifs de pr sentation viennent les dispositifs de questionnement du texte dont voici quelques exemples g n raux La discussion collective elle est privil gier mais de la mani re la plus naturelle possible Elle sert recueillir les r actions spontan es des l ves et ouvrir le d bat interpr tatif Ce dispositif est pr conis par les textes officiels Le r le du dessin il permet d exprimer une interpr tation le dessin ne peut intervenir que dans des situations faciles repr senter Le r le de l crit de travail ces crits sont consid rer comme une aide la structuration de la pens e ils ne sont pas d finitifs On sait aujourd hui qu crire permet la pens e de se structurer et d voluer Ces crits vont en plus donner l occasion aux l ves de construire et de nourrir leurs changes oraux Ces dispositifs de pr sentation et de questionnement perme
37. re des enfants L enseignant ne doit pas imposer la lecture d un nombre pr cis de livres mais proposer des activit s ludiques qui donnent envie de lire Dans ce cas c est la r gle du jeu qui contraint l enfant et non pas l autorit de l enseignant On vite les propos du type a te servira plus tard Enfin comme le pr cise POSLANIEC ces activit s demandent l enseignant un travail pr paratoire approfondi Elles supposent que le livre ait t explor et qu il soit parfaitement ma tris Catherine TAUVERON dans l ouvrage qu elle a dirig Lire le litt rature l cole Pourquoi et comment conduire cet apprentissage sp cifique De la GS au CM propose d autres activit s moins bas es sur le mode ludique L auteur parle tout d abord de dispositifs de pr sentation et de questionnement des textes pour d velopper des conduites de lecture sp cifiques Les dispositifs traditionnels qui consistent poser des questions plus ou moins ferm es sur le texte afin de v rifier la compr hension globale sont remis en cause car ils n invitent pas l enfant lire au contraire ils sont per us comme des travaux d expression par les enfants et n ont pas grand chose avoir avec la lecture litt raire Pour C TAUVERON il faut que les dispositifs permettent l l ve de dialoguer avec le texte une fois qu il a conscience du probl me r soudre Il n y a pas de dispositifs pr t
38. rs conscience Les l ves jouent aux critiques litt raires Voici donc quelques propositions d activit s autour du livre Le point commun c est un jeu de d couverte qui propose aux enfants des piles d ouvrages qui doivent tre class s Parmi cette pile se trouve un intrus qu il faut d masquer On travaille bien entendu sur le genre litt raire dans ce jeu On esp re ainsi donner envie aux enfants de fouiller plus ou moins les livres et de chercher des l ments de discrimination Le concours lecture cette activit se rapproche du D fi lecture tr s pratiqu dans les coles de la r gion Elle consiste laborer des questions dont les r ponses se trouvent dans les ouvrages Pour POSLANIEC ces questions sont labor es par des m diateurs alors que dans le d fi lecture tel que je l ai vu pratiqu ce sont les l ves eux m mes qui pr parent les questions qu ils poseront une autre quipe C est une autre tape dans le processus de familiarisation avec le livre Dans la premi re activit feuilleter le livre suffit pour trouver lintrus tandis que dans celle ci 1l faut lire pour pouvoir r pondre aux questions Adapter un livre Cela consiste le transposer dans un autre genre Un roman devient une pi ce de th tre un conte devient BD C est une activit qui demande du temps mais que les l ves appr cient beaucoup N anmoins on suppose que les l ves connaissent les s
39. s appr cient beaucoup de se retrouver dans la peau d un auteur et que leur criture soit reconnue Ensuite d un point de vue didactique la lecture haute voix faite par l enseignant permet aux l ves de se rendre compte de l impact de leurs crits sur un lecteur et sur un auditoire Les critiques sont constructives tout le monde participe ce n est pas seulement la parole de l enseignant qui vient relever les erreurs Les l ves prennent conscience de l importance de certains l ments indispensables la bonne compr hension du lecteur Ils se rendent compte que les anaphores ont un r le primordial dans la d termination du sens ainsi que l emploi des temps De plus d un point de vue litt raire ils se nourrissent des id es de leurs camarades et sont confront s d autres versions d autres interpr tations Il est important d entra ner les l ves ce genre d exercice car ils sont tr s critiques et la seule chose qui les int resse dans un premier temps est de trouver la personne qui a crit le texte Les premi res remarques sont tr s subjectives et li es aux p rip ties il faut leur apprendre d passer ce stade et se poser la question du pourquoi est ce que j aime ce texte C est lors de ces moments que les enfants s impr gnent le plus des remarques car elles viennent aussi de leurs pairs Nous avons donc conclu apr s la lecture de quelques productions significatives que c
40. st un livre qui cr e la surprise ou tonne le lecteur et l on sait qu avant de se lancer dans sa qu te que le lecteur a des attentes inconscientes qu il ne peut pas toujours formuler Alors qu un l Elisabeth Badinter cit e dans La litt rature d enfance et de jeunesse Etat des lieux Hachette 1988 lecteur nonexpert s tonne des motions qu il ressent face aux mots le lecteur expert lui s tonne de la nouveaut par rapport tout ce qui a t crit pr c demment On peut donc consid rer comme litt raire tout livre qui procure l tonnement ou l admiration chez un lecteur un moment donn Ceci revient dire que la notion de litt rarit est relative qu elle va d pendre du lecteur de sa capacit percevoir certains agencements du livre certaines techniques utilis es par l auteur de sa ma trise de la langue et de sa culture ou de ses exp riences Il faut toutefois pr ciser que certains textes offrent au lecteur davantage de mati re quantitativement que d autres Un texte riche en possibilit s connotatives offre davantage de chance de rencontrer de nombreux lecteurs C est sur point que l on rejoint l id e de Catherine TAUVERON Un texte litt raire a une paisseur des portes secr tes avec un grenier et un sous sol La dimension implicite est un des l ments qui contribuent la richesse d un texte Comme le disent les instructions officielles le sens d un text
41. t ce qui ne signifie rien qui angoisse le jeune enfant Tout comme il sait distinguer le loup dans un jeu et qu il aime quand le loup lui fait peur il sait aussi faire la diff rence entre la fiction du jeu litt raire et le monde r el Il est donc primordial que la litt rature le consid re et lui permette de s affirmer en tant que moi part enti re L humour est souvent le moteur de ces livres double lecture qui permettent d ext rioriser ces angoisses D apr s des enqu tes les jeunes recherchent des livres qui les font rire N anmoins tous les livres pour enfant ne sont pas crits sur le mode humoristique certains adoptent un style simple et efficace pour parler de sujets importants En r sum on devrait trouver dans la litt rature de jeunesse les m mes variations que dans la litt rature g n rale avec tout de m me une l g re adaptation qui ne doit pas utiliser des proc d s n1 des choses simplistes Cependant il serait d plac de ne pas parler d un genre sp cifique jusque l la litt rature de jeunesse qui est l album Sa caract ristique principale est d associer texte et image Pour aller le plus rapidement possible l essentiel nous dirons que la beaut des images ne fait pas leur richesse En effet si autrefois les images taient redondantes et ne servaient qu illustrer le texte aujourd hui une bonne image est une image qui propose diff rents niveaux de lectures Dans
42. ttent donc d affiner la lecture des l ves de cr er des moments de discussion et par cons quent donnent lieu la construction d une culture commune La mise en r seau des diff rents ouvrages participe cette construction et permet aux l ves de structurer leurs d couvertes litt raires personnages st r otypes parodies auteurs style Les divers dispositifs n ont t videmment que survol s et ne sont que des exemples car on sait que l enseignant a toute la libert d adapter ces approches aux diff rents ouvrages qu il fait d couvrir ses l ves Apr s avoir fait un bref tat des lieux des th ories en mati re de lecture litt raire je vais maintenant analyser les dispositifs que j ai propos s lors de mon stage IN Analyse r flexive de la pratique 1 Le dispositif Les deux s quences de litt rature ont t men es selon le m me dispositif qui est celui du groupe classe D apr s les textes officiels 1l est conseill de travailler aussi sous forme d ateliers de lecture ce qui favorise la diff renciation Si je n ai pas choisi de diff rencier mes dispositifs c est en premier lieu pour une question de pratique En effet les l ves ont l habitude de travailler selon ce dispositif et je ne voulais pas pour une p riode aussi courte que le stage bousculer leurs pratiques Je dois avouer aussi qu en tant que d butante j ai pr f r le dispositif de classe enti re c
43. uestionnaire en annexe les l ves dans l ensemble ont r ussi r pondre aux questions de compr hension J ai essay de ne poser que des questions portant sur l interpr tation c est dire sur le pourquoi Par exemple le texte ne donne pas la raison de la col re du ciel mais il est facile de comprendre que c est cause du d part des amis de Mwanda Toutefois certaines questions taient moins pertinentes comme la question 5 Qui rencontre Mwanda sur son chemin Que font ces personnages dans l histoire Mon objectif tait de leur faire remarquer que plus il y a de personnages plus la qu te est int ressante il y a les personnages qui aident le h ros et ceux qui l emp chent d avancer Cette remarque est cens e les aider construire leur r cit l enrichir Une exploitation des r ponses obtenues a eu lieu collectivement l oral et a permis d engager un d bat sur la validit des interpr tations La derni re question est mon avis une des plus int ressantes car elle permet chacun de donner son interpr tation et de la justifier Deuxi me partie Recherches th oriques IT La didactique de la lecture litt raire 1 Le texte litt raire Ce sujet fait l objet de multiples recherches qui tentent d apporter des l ments de r ponse la question Quelles sont les sp cificit s de la litt rature et pour notre part de la litt rature de jeunesse Pour C POSLANIEC ce n
44. ux Dans les rues et sur les canaux passaient masques et crinolines Sur les places naissaient des orchestres Le long des escaliers des rondes de pierrots ruisselaient comme l eau des fontaines De plus la pr sence d un refrain vient rythmer le texte et renforcer la musicalit des mots Enfin il y a la dimension symbolique un luthier qui a pour seul ami un arbre et qui vit Venise ville enchant e par sa position et son carnaval voit son arbre mourir et d cide de fabriquer un violoncelle avec le bois de celui ci Personne n arrive faire chanter CE violoncelle mais un jeune artiste se met nu et r ussit dompter l instrument Ce n est qu apr s avoir quitt masques et amis il est accompagn de femmes car il est c l bre qu apr s avoir mis tout son c ur donn tout son tre qu il arrive communier avec l instrument Le luthier retrouve alors son compagnon l arbre qui a t ressuscit L interpr tation que je propose personnellement est qu il ne faut pas se cacher derri re un masque l important est d tre sot m me et d aller au bout de ses passions de pers v rer La Nature joue un r le tr s important elle accompagne toujours l homme vers ce qui est pur et lui permet d acc der ce qu il y a de meilleur en lui elle est pr sente dans beaucoup d uvres de C CLEMENT Je pense avoir dit l essentiel sans pr tendre faire une explication de texte Pour une question d es
45. vaient r pondre un questionnaire en annexe dans lequel figuraient des questions sur le style de l auteur et la compr hension du texte En r alit je visais l tape sup rieure la compr hension qui est celle de l interpr tation Les questions ne portaient pas toutes sur des l ments directement identifiables dans le texte Certaines portaient sur l implicite et demandaient aux enfants de mettre le texte distance Il faut tre tr s prudent lorsque l on utilise le questionnement car il ne doit pas induire de fausses id es concernant la lecture Il faut construire avec les l ves le sens de ce qu ils font en classe et le rapport entre lecture scolaire et lecture hors cole Le danger de ce genre d activit est de d courager les enfants par une multitude de questions tr s pointues qui ne servent pas construire le sens du texte mais relever des l ments qui servent aux apprentissages Il faut donc expliciter le contrat didactique avec les l ves Donner les objectifs et parler des strat gies Expliquer que le questionnement sert isoler la difficult et apprendre avec le temps la r soudre Instaurer un climat de confiance est primordial 1l faut encourager les changes entre l ves les confrontations les retours au texte Pour conclure il faut pr ciser que le projet de lecture litt raire s inscrit dans la dur e le travail r gulier et r current doit induire de n
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