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1. tre sage Accomplir la nature humaine sans consumer la nature qui l accueille est l imp ratif qui d crit la r volution des savoirs engag e aujourd hui Le savoir de l homme sans cesse fonde ordonne et bouscule sa condition en un d s quilibre permanent qui relance le savoir Quelle science n est pas aujourd hui inspir e par ces nouveaux temps modernes L anthropoc ne redessine l horizon des sciences de la nature et des sciences sociales appelant de substantielles discussions pour la d finition des nouvelles identit s Pour les savoirs aussi Le temps du m tissage est venu Advenues dans le sillage de l tat et de la nation n es pour servir la puissance publique et ses gouvernements les sciences sociales sont d sormais invit es penser le post nationalisme n es de la puissance europ enne et occidentale et pour les accomplir elles sont d sormais invit es penser le monde depuis sa globalisation n es dans et pour le d ploiement de la puissance m canique et productiviste les sciences sociales doivent penser le monde et l humanit depuis la nature sa biosph re et les animaux qui la peuplent Ce n est plus ni la puissance publique ni une nation qu elles doivent clairer mais le genre humain lequel semble parvenu un point de son histoire que les sciences humaines et sociales avaient parfois entrevu mais qui n avait t pens que par la seule philosophie Sophie Wahnich Le processus de Bologne en2. Plus largement les travaux r cents sur l action publique pointent l mergence d une forme d Etat r gulateur Les savoirs mobilis s dans l action occupent une place encore plus importante mais probablement avec un statut nouveau La nouvelle donne conomique le poids croissant du march dans la r gulation de nos soci t s contemporaines l intervention grandissante d acteurs publics et priv s multiples dans l action publique sont autant le moteur que le fruit d une transformation de l action publique port e par l Etat Il ne convient pas de c der une lecture des transformations qui seraient initi es par des facteurs exog nes par des contraintes ext rieures Au principe de ces transformations il existe des choix politiques Des choix qui peuvent avoir des effets pervers sur le cours de l action publique Nous pouvons mettre en vidence trois aspects qui caract riseralent ce nouvel Etat r gulateur L tat r gulateur est de moins en moins susceptible d entreprendre une action publique int grant les territoires et Les secteurs Pour ce qui est des territoires il sagit de moins en moins pour l tat de mettre en uvre une politique publique int grant les territoires que de chercher laisser jouer la base en fixant quelques r gles du jeu Le mod le de l action publique portant une repr sentation d un secteur de la soci t qu elle contribuerait faire exister c de le pas un nouveau type de politique publiqu
3. ral depuis 2008 de la Fondation pour l innovation politique Ses travaux portent sur les transformations du pouvoir politique l opinion publique et les mouvements lectoraux en France et en Europe gt Populismes la pente fatale Plon 2011 Sophie Wahnich historienne est directrice de recherche au CNRS A travers une d marche pluridisciplinaire elle tudie la sensibilit politique l poque r volutionnaire Elle a publi avec M Cuillerai Devenir des universit s dans lequel elle analyse les effets de la loi LRU sur la circulation de la pens e et de la critique Devenir des universit s Ramener la foi en l impossible L Harmattan 2010 Mathieu Potte Bonneville est ma tre de conf rence l Ecole normale sup rieure de Lyon et chercheur associ au laboratoire Anthropologie de l criture IIAC de l EHESS Il est pr sident de l Assembl e coll giale du Coll ge international de philosophie pour la p riode 2010 2013 Il fut galement professeur de philosophie en classe pr paratoire au lyc e Jean Jaur s de Montreuil Sp cialiste de l uvre de Michel Foucault il est l un des administrateurs du Portail Michel Foucault proposant sur internet archives num ris es et bibliographie Il est l un des co fondateurs de la revue Vacarme trimestriel politique et culturel gt D apr s Foucault Gestes luttes programmes avec P Arti res Points 2012 Agr g d histoire et membre de l Ecole Fran aise d
4. Ne manquez pas les prochains rendez vous Mode d emploi Questions d cologie thique environnementale eux et nous VENDREDI 30 NOVEMBRE 18H30 20H30 H TEL DE R GION LYON A ns e Gratuit sur r servation Avec milie Hache philosophe France amp Jean Baptiste Jeang ne Vilmer philosophe et juriste France Andri Sn r Magnason crivain et documentariste Islande Anim par St phane D ligeorges journaliste France Culture Maya Wolfe Robinson journaliste The Guardian Relations in dites aux animaux et aux v g taux demandes de reconnaissance particuli res mergence de droits sp cifiques les distinctions forg es par la modernit occidentale nature culture humain non humain sont aujourd hui boulevers es En modifiant l thique et la conception de l humain cette mutation nous am ne repenser nos mani res de faire soci t Changement climatique puisement des ressources comment habiter la plan te de demain VENDREDI 30 NOVEMBRE 21H 23H H TEL DE R GION LYON Gratuit sur r servation Avec Nnimmo Bassey fondateur de l ONG Les Amis de la Terre Nig ria Corine Pelluchon philosophe France Harald Welzer psychosocioloque Allemagne Anim par St phane Foucart journaliste Le Monde Adam Vaughan journaliste The Guardian L humanit conna t depuis quelques ann es une double contrainte inou e le jeu combin du changement
5. climatique imparable et de la prise de conscience de la limite des ressources naturelles impose d adapter notre habitation plan taire toutes les chelles comment freiner la course en avant en mati re d usage des ressources nerg tiques environnementales et financi res 13 Espace librairie Librairie Rive Gauche 19 rue de Marseille Lyon 7 me T l 04 78727245 rivegauchelibrairiepapeterie hautetfort com Mais o est pass e la mort Sam 1 d c 11h MLIS Villeurbanne La Maison du Livre de l Image et du Son MLIS invite le philosophe Simon Critchley Royaume Uni pour son livre Les Philosophes meurent aussi Bourin diteur 2010 D dicaces gt Apr s chaque rencontre les crivains vous attendent l espace librairie de 247 cours Emile Zola 69100 Villeurbanne Mode d emploi T l 04 78 68 04 04 101 1 99 8 Retrouvez les invit s de Mode d emploi en direct dans les missions de France Inter gt SERVICE PUBLIC gt ON VA TOUS Y PASSER de Guillaume Erner de Fr d ric Lopez et Yann Chouquet du lundi au vendredi de 10h 11h du lundi au vendredi de 11h 12h30 programmation en cours Retrouvez le suppl ment de consacr Mode d emploi sur les diff rents lieux du festival Cr dits photos D R D R D R DR D R L a Crespi D R 14 Prolongez le d bat postez vos commentaires sur www uillavoice fr de la Villa Gillet en parteneriat avec Rue89Lyon
6. es par l incertitude le pluralisme et certaines ambig it s caract ristiques propices la fois la production scientifique et la d mocratie l Etat se veut producteurs de certitudes au risque peut tre d ob rer la vie scientifique et d mocratique 7 Isabelle Bruno vos marques pr ts cherchez La strat gie europ enne de Lisbonne vers un march de la recherche Bellecombe en Bauges Editions du Croquant 2008 7 Dominique Reyni Si les sciences sociales comme toutes les sciences sont n es du d sir de comprendre elles Sciences pour doivent une bonne part de leur d veloppement l Etat et savoirs l enthousiasme des gouvernements Aussi pour le monde depuis leur av nement prouveront elles un malaise qu elles ne sont jamais parvenues d passer Les sciences sociales sont des sciences princi res entendons des sciences politiques des sciences pour la politique En t moigne avec une grande force et une grande rigueur la tradition de la raison d Etat qui nous conduit du cam ralisme l conomie politique du recensement la sociologie de la philosophie au droit public etc Sociologues et philosophes conomistes juristes g ographes et historiens qui ont si souvent r v d tre des contre pouvoirs savent que les disciplines qui les inspirent les regroupent et les organisent ont t l expression d un Etat la recherche de cat gories pour d crire et organiser ordonner le monde natur
7. une nature qu elles r alisent dans le mouvement m me qui porte la volont de conna tre Les cat gories qui constituent le regard et la compr hension se dilatent et se d litent au fur et mesure que l histoire sociale se d ploie nation et globalisation classe sociale et ndividualisation genre et transgenre lien social et r seaux sociaux mat riel et virtuel hybridation du naturel et de l artificiel de l homme de la machine de l animal et ainsi de suite La volont de savoir est pourtant l impossible fiert de l humain car elle est sans l alternative de ne pas tre Elle proc de d un tre incapable de ne pas chercher comprendre parce qu il se trouve dans l obligation de d cider pour agir d opter pour l action qu il doit conduire la diff rence de la plupart des tres vivants il ne lui est pas donn de pouvoir vivre sans choisir par la soumission au diktat des instincts et de la reproduction mim tique Par le savoir l homme se trouve impliqu dans la d termination de son propre destin en m me temps qu il d couvre cette capacit inou e il conna t la f brilit du choix dans l preuve de sa libert Comme pr hension du monde par l image par l id e ou en concepts par la sensation par le geste ou par l exp rience le savoir obtenu ouvre sur des capacit s de faire Il d plie donc un ventail 8 des possibles Mais l aune des cons quences connues ou suspect es qu ils peuvent engendrer i
8. 1999 la strat gie de o i Lisbonne en 2000 le classement de Shanghai en L universit marchandise 2003 ont fabriqu une hi rarchie qui auparavant une politique publique tait inexistante Ils ont g n r les conditions antid mocratique France d un march des universit s Ils ont ainsi fait du Europe monde globalis savoir un bien marchand comme un autre De 2007 2072 des mouvements tudiants et enseignants de grande ampleur ont secou les universit s fran aises britanniques chiliennes qu b coises refusant cette marchandisation articul e un nouveau management n olib ral des universit s une mise en concurrence g n ralis e des individus et des sites La rentabilit devenant le ma tre mot les secteurs qui ne le seraient pas ont t supprim s en Grande Bretagne les droits d inscription augment s en Grande Bretagne au Chili au Qu bec l endettement des tudiants accru Des politiques publiques d homog n isation des syst mes universitaires n ont pas produit dans des pays suppos ment d mocratiques un meilleur acc s au savoir mais l inverse une plus grande difficult dans l acc s au savoir et une plus grande difficult m me savoir d sormais ce que serait un savoir index qu il serait sa valeur marchande Or l acc s ais au savoir sinon l acc s gratuit est depuis la naissance de la d mocratie une condition de la d mocratie Certes si l on reprend le dossier moderne avec la
9. 795 coup d tat r currents suppression du droit de r sistance l oppression et ici encore un droit positif comme seul conception de contr le d mocratique un droit positif qui n a plus besoin d tre en lien avec l galit la justice l quit pour avoir force de loi En Europe 29 pays la construction d un Espace europ en de l enseignement sup rieur et 11 d un Espace europ en de la recherche et de l innovation ne recourt pas la loi mais repose sur une coop ration intergouvernementale baptis M thode ouverte de coordination MOC Ce dispositif fonctionne l incitation l mulation entre pairs et la surveillance multilat rale sans recours la contrainte l gale Le benchmarking ou valuation comparative et la co op tition agencement organisationnel qui couple coop ration et comp tition sont Les seules logiques de son fonctionnement Les politiques publiques universitaires sont ainsi g r es par une science manag riale fond e sur la quantification des performances La marchandisation du savoir ne produit pas l mulation politique loin de l Elle fait dispara tre le Lien qui unissait savoir et justice savoir et galit au c ur du projet d mocratique au profit d un lien entre savoir et profits D un c t un bien commun incommensurable mettre en partage par le don c r moniel r ciproque de l autre un bien priv rapport son retour sur investissement marchand
10. R volution fran aise c est l enseignement primaire qui pr occupa d abord le comit d instruction publique puis seulement apr s les autres niveaux Mais aujourd hui l enjeu de d mocratisation concerne l acc s aux savoirs universitaires et la pratique de l tude en tant qu elle est la condition de l mancipation d un citoyen critique Pas de d bats d mocratiques sans galisation au moins de l acc s au savoir Or cette galit pourrait tre d vidence car comme l affirme Genevi ve Azam Contrairement aux autres biens dans l change celui qui donne la connaissance la conserve apr s l avoir donn e Sa gratuit son usage et sa diffusion permettent un accroissement infini La connaissance est un bien commun caract ris par l abondance car les biens conomiques sont eux d finis par leur raret Mais cette notion de biens communs abondants aussi pertinente soit elle ne suffit pas engager l enjeu d mocratique qui plus profond ment encore repose sur ce qui conduit reconna tre en fait l galit des citoyens entre eux Ce que cette d finition manque c est la dimension du don car celui qui sait doit donner ce qu il sait pour qu un espace public de r ciprocit advienne pour que du bien commun advienne Dans l essai de Marcel Mauss sur le don ces biens soustraits la sph re marchande qui circulent et rel vent de l conomie du don change kula sont des biens qui font acc der chacun une rec
11. Rh nal s VillaGrillet Recherches contemporaines Lyon Rh ne Alpes 20 nov gt 2 d c 2012 Mode dkemplot UN FESTIVAL DES ID ES XxX Quefait on des sciences humaines et sociales et de la philosophie Gouverner Mercredi 28 novembre 9h30 Universit Lumi re Lyon 2 En partenariat avec trac s UNIVERSIT LUMI RE LYON 2 Renaud Payre France Rencontre anim e par 2 Mathieu Potte Bonneville Dominique Reyn pi France Institut Fran ais de l ducation Sophie Wahnich France ENS Lyon Arnaud Fossier En pr sence de Trac s Jean Luc Mayaud Pr sident de l Universit Lumi re Lyon 2 GRANDELYON communau t urbaine Universit Lyon 2 Campus Berges du Rh ne Quai Claude Bernard Lyon 69007 R servations aupr s de la Villa Gillet 04 78 27 02 48 www festival modedemploi net Anim par Renaud Payre professeur de science politique l IEP de Lyon est membre de l Institut universitaire de France Il dirige galement le laboratoire Triangle CNRS ENS Lyon d di aux tudes sur le politique Il est par ailleurs coordonnateur d un projet de recherche sur les savoirs de gouvernement et Les transformations de l action administrative finan c par l Agence Nationale de la Recherche Une Science communale R seaux r formateurs et municipalit providence CNRS ditions 2007 Dominique Reyni est professeur des Universit s Sciences Po et Directeur g n
12. Sur ce type d approche des sciences sociales naissantes voir l ensemble des travaux r unis dans l ouvrage collectif Dietrich Rueschmeyer Theda Skocpol ed States social knowledge and the origins of modern social policies Princeton Princeton University Press 1996 3 sciences sociales balbutiantes la fois comme des groupes sociaux et comme des formes de savoirs sur le monde social qui influenceraient tout comme ils seraient influenc s par la fabrique des politiques sociales modernes On pourrait multiplier les exemples de croisades r formatrices en Allemagne r le du Verein f r sozialpolitik en Grande Bretagne r le des fabiens notamment aux tats Unis ou en France Des croisades qui cherchent toute convaincre du passage de la faute individuelle aux risques sociaux dont les causes restent li es l industrialisation capitaliste L Etat sans forc ment directement intervenir l gif re en faveur d une prise en charge du risque par la collectivit Prenons un seul exemple d velopp par Fran ois Ewald dans l tat Providence la loi de 1898 sur les accidents du travail La loi est vot e apr s 20 ans de d bats l gislatifs Son but est de garantir des indemnit s l ouvrier quelles que soient les conditions de l accident Cette loi op re une grande rupture avec le droit civil n en 1804 Elle est embl matique du refus du principe de la responsabilit individuelle Le risque est d sormais disso
13. alis s des outils de mesure de pr vision et strat gies socio conomique INSEE 1946 INED 1945 syst me de comptabilit nationale Une remarque ce titre le syst me fran ais de production d information notamment conomique est caract ris par une position h g monique de l administration L appareil statistique d tat est le seul en France contrairement aux tats Unis ou l Allemagne pouvoir laborer des indicateurs L Etat se trouve en position de monopole de l expertise Plus largement l Etat uvre l institutionnalisation des sciences sociales par des commandes de grands minist res quipement et ducation au premier plan Deux conclusions provisoires peuvent donc tre propos es D une part l tat est un acteur essentiel de la production de savoirs sur la soci t de la naissance des sciences sociales modernes leur institutionnalisation universitaire D autre part les savoirs ainsi produits visent avant tout prendre en charge le risque social entendu comme le risque caus par le collectif et pris en charge par la collectivit 3 lbid p 3 4 Karl Polanyi La grande transformation Paris Gallimard 1987 1 e ed 1944 5 Philippe Bezes et al L tat l preuve des sciences sociales La fonction recherche dans les administrations sous la V R publique Paris La d couverte 2005 4 LES MUTATIONS DE L TAT PROTECTEUR Au cours des ann es 1970 et 1980 l action publique se heurte
14. andes catastrophes on peut se demander qui gouverne quand personne ne gouverne Par ailleurs la question de la responsabilit politique s est accompagn e d une forme de d l gation des agences C est bien dans cette recherche d une forme de certitude que les acteurs publics d l guent depuis les ann es 1930 et plus largement depuis les ann es 1980 une partie de la d cision de telles autorit s ind pendantes Ces agences sont suppos es livrer une expertise d nu e d enjeux politiques et produire ainsi une v rit En mati re de risque sanitaire et de gestion de crise le r cit en est bien connu si l on se r f re aux travaux sur l ESB Reste que cela pose la question du pouvoir de ces autorit s non majoritaires N y a t il pas ici l mergence d une quatri me branche de gouvernement qui met en p ril le traditionnel principe de responsabilit l gard du peuple accountability 6 Sheila Jasanoff Designs on Nature Science and Democracy in Europe and the United States Princeton Princeton University Press 2007 5 DE L TAT INTERVENTIONNISTE L TAT DISTANCE Le mot agence a t l ch De fait nous assistons une transformation des formes d intervention de l tat Des auteurs ont pu montrer notamment au sujet des politiques de la ville que loin de dispara tre l tat continuait agir et prescrire des r gles via le r le des agences et s imposait ainsi comme un Etat distance
15. aux premi res grandes catastrophes industrielles Aux Etats Unis un important corpus de litt rature s est attach d crire et analyser les mouvements sociaux qui durant les d cennies 1970 et 1980 d noncaient Les risques sanitaires li es la pr sence ou l usage de substance toxiques au nom de la justice environnementale Des accidents comme Three Miles Island Accident nucl aire de 1979 ont aussi jou un r le d terminant dans la construction d activit s risque C est bien la notion de risque qui s en trouve red finie Avec la prise en compte de risques majeurs naturels mais surtout technologiques les autorit s publiques ont t effectivement confront es d s ces ann es des probl mes aux causes complexes survenant rarement mais susceptibles de produire des pertes et des dommages sur de vastes espaces et de longues p riodes ces dangers s en sont ensuite ajout s d autres encore moins ma trisables car chappant plus encore une certaines rationalisation L pizootie de l ESB les effets long terme des d chets nucl aires constituent les principaux exemples de ces nouveaux enjeux De ce fait le rapport entre tat savoirs et prise en charge des risques sociaux s en est trouv profond ment transform L Etat moderne repose toujours sur une promesse de s curit Reste que cette promesse est difficilement tenable Ulrich Beck dans La soci t du risque publi en 1986 d crit bien une spirale in
16. ci de la notion de faute Mais surtout l accident qui tait jusqu alors propre la conduite des individus devient un ph nom ne social On met en vidence sa r gularit et partir de statistiques on en fait un acte pr visible C est l le passage bien difficile d une logique assistancielle limit e au traitement de la mis re une logique assurantielle qui modifie les r gles du jeu salarial Bien difficile car on pointe une r sistance et on pourrait prendre l exemple des Retraites ouvri res et paysannes de 1910 des lib raux l instauration d un principe d assurance obligatoire travers un Etat qui obligerait les salari s se prot ger contre les risques d ins curit sociale IL est vident qu avec les ann es 1930 et la crise conomique et encore plus largement apr s la Seconde Guerre mondiale les relations entre politique conomique et social se transforment nettement Il devient pleinement l gitime que l Etat Intervienne directement en mati re conomique et en mati re sociale C est une forme de r encastrement qui s op re pour reprendre les mots de Karl Polanyi Apr s Guerre partir de la r volution keyn sienne Interventions conjoncturelles et actions structurelles deviennent compl mentaires et indissociables L tat devient un agent r gulateur On peut ainsi voir merger lau sein de l administration en France mais aussi dans la soci t civile dans d autres pays industri
17. e Dans nos soci t s post industrielles la production de l ordre politique passe probablement moins aujourd hui qu autrefois par des politiques sectorielles D s lors on voit surgir des politiques davantage transversales appelant une action Int gr e C est ce qui est apparent dans les politiques environnementales les politiques du genre les politiques de l emploi C est un Etat qui doit tre conscient de sa propre action de ses objectifs et de ses moyens et rompre avec un travail administratif qui s est impos pendant des d cennies voire des si cles sur le mode de l int gration verticale des secteurs Une nouvelle rationalit de l Etat voit le jour L tat r gulateur intervient plus indirectement que directement Dans un contexte de recherche de ma trise budg taire et de r duction des d penses publiques l Etat met en uvre des politiques proc durales en cherchant organiser les concertations entre acteurs impliqu s et d gager des compromis L Etat met galement en uvre des politiques dites Incitatives Cet Etat la fois mobilisateur et r gulateur m ne principalement des actions de mobilisation d int gration et de mise en coh rence Les instruments occupent une place centrale dans l action publique contemporaine D sormais il appara t parfois que les instruments tiennent lieu de politique De fait une r flexion se porte davantage sur le choix des instruments et des proc dures que sur la d finition de n
18. e Rome 2010 2013 Arnaud Fossier a fini une th se d histoire m di vale intitul e La fabrique du droit Casuistique qualifi cations juridiques et pratiques administratives de la P nitencerie Apostolique d but XI d but XV si cles Il est par ailleurs le co fondateur de la revue de sciences humaines Trac s dont il a notamment coordonn les num ros O en est la critique n 13 2007 2 Que faire des institutions n 17 2009 2 ainsi que les quatre Hors S rie quoi servent les sciences humaines 2009 2012 Jean Luc Mayaud est professeur d histoire contemporaine sp cialiste de la question de la ruralit Pr sident de l Universit Lumi re Lyon 2 directeur du Laboratoire d tudes rurales et r dacteur en chef de la revue Ruralia Renaud Payre La r flexion que nous ouvrons aujourd hui est bien celle de la production de savoirs pour L Etat face l action publique dans Le cadre d un Etat qui se l incertitude transforme profond ment Evidemment une Quelles sciences pour telle question suppose un accord sur la nature con Dub ho et l ampleur de la transformation S agit il b int d voquer un tournant n o lib ral Sans aucun doute mais encore faut il rappeler ce que nous ferons que le n o lib ralisme promu au nom du retrait de l tat signe moins la mort de l Etat qu un nouveau style d action publique moins d pendant des grands partenaires sociaux moins encl
19. el en un monde social pour faire un peuple d une multitude pr sente en un lieu puis Le r inventer en nation par le r cit historique et la fiction identitaire Le sociologue est n sociologue d tat le savant est devenu un intellectuel organique un philosophe salari pour reprendre la formule cruelle par laquelle Joseph Ferrari au XIXe si cle stigmatisait l effondrement de la philosophie en m tier et qui plus est ses yeux en m tier d Etat On songe Spinoza qui refusait la s curit du professorat et le confort des chaires acad miques pour lui pr f rer le dur gagne pain de polisseur de verres dans l ind pendance duquel il voyait la condition de la philosophie Cet arraisonnement des sciences engendre un malaise d autant plus grand que le savoir ne proc de pas de l utilit des services qu il est capable de rendre mais avant tout du rapport au monde qu il implique lequel est pour l homme un rapport n cessaire Le fondement du savoir est anthropologique Savoir est le fruit d un irr pressible d sir qui n a pas d autre cause que la nature du sujet connaissant Le d sir de conna tre et l effort d ploy pour y parvenir sont l expression parfaite de l humanisme Dans ce qui est connu ou le devient dans ce qui est compris o le devient c est bien l homme qui appara t puis se d ploie De l on le sait une difficult singuli re pour les sciences de l homme et de la soci t car elles cherchent conna tre
20. et le master journalisme de l IEP Retrouvez y aussi les articles des lyc ens de l Acad mie de Lyon les r ponses des invit s du festival des chroniques reportages et interviews des tudiants rh ne alpins Les partenaires de Mode d emploi Rh neil s GRANDLYON communaut urbaine Ce festival est soutenu par la D l gation G n rale la Langue Fran aise et aux Langues de France R PUBLIQUE FRAN AISE CE XD theatre RENNE he M 4i traces france inROCKUDTiDIeS ari os TLS BEEN philosophie inter z MAGAZIN Universit j cteurs de P Catholique HALL l l conomie zE ONLY LYONA JCDecaux de Lyon UNIVERSIT Universit Claude Bernard K L LUMIERE UNIVERSIT JEAN MOULIN M UNIVERSIT DE LYON COMPRENDRE LE MONDE COUNCIL GOETHE INSTITUT e L y Site Ecole Nati l A SCIENCES PO SES ENS DEMO N M Jean f Sup nieure des Mines LYON D E Monnet SAINT ETIENNE _ SAINT ETIENNE SAINT ETIENNE 3 R Gyak one M Prt E m E M Saint Joseph Saint Luc en couts rt Jal RE dede Les partenaires des Subsistances r O y D Z BRITISH yy acad ce LU decitre fr ENN M KIBLIND M o A km
21. fernale o la recherche de la suret publique appelle toujours plus de sciences et de techniques alors que dans une certaine mesure celles ci contribuent entretenir l existence m me des dangers Selon Sheila Jasanoff initialement l Etat tait d positaire d une double d l gation la fois politique par Le biais de La repr sentation politique et d une bureaucratie centralis e et scientifique ses experts taient charg s de produire des connaissances afin d valuer le risque Il incarnait une rationalit sup rieure fond e la fois sur la science et la d fense de l int r t g n ral Les ma tres mots taient rationalit objectivit universalisme centralisation et efficacit Or on assiste un glissement progressif qui aboutit au contraire une situation marqu e par le pluralisme le localisme et des ambig it s irr ductibles Face aux risques industriels et sanitaires c est bien la notion m me de gouvernement qui se transforme Les travaux de Claude Gilbert et Patrick Lagadec notamment s interrogent sur les responsabilit s et les partages de pouvoirs en cas de situation de crise La crise qu elle soit industrielle ou sanitaire est bien ce moment entre la disparition d une situation connue et certaine et l attente d un nouvel ordre Les travaux sur ces crises s interrogent sur la responsabilit politique lorsque la situation est risqu e et qu il incombe aux d cideurs de prendre des d cisions Face aux gr
22. in produire directement des services o organiser la redistribution des ressources Le n o lib ralisme comme l indiquait Michel Foucault dans son cours au Coll ge de France de l ann e 1978 79 renvoie une r alit bien diff rente du lib ralisme il ne s agit pas du tout de savoir comme dans le lib ralisme de type Adam Smith comment l int rieur d une soci t politique on pouvait d couper une forme de naturalit qui serait celle du march Le probl me du n olib ralisme est bien au contraire de savoir comment on peut r gler l exercice global du pouvoir politique sur les principes d une conomie de march Or l intervention de l Etat est particuli rement n cessaire en la mati re Par ailleurs il y a diverses formes de l Etat n o lib ral ce que l analyse des politiques publiques ou l conomie institutionnelle appellerait une vari t des capitalismes et la formule allemande voire europ enne l ordo lib ralisme suppose avant tout l intervention de l tat en faveur d une monnaie stable et d un budget quilibre Mais reconnaissons que si le n o lib ralisme est moins caract ris par la mort de l tat il est associ du fait m me des principes d une conomie de march une forme d incertitude Incertitude que l tat chercherait limiter Incertitude laquelle l tat est par ailleurs confront face aux risques industriels ou aux crises sanitaires qui semblent marquer l act
23. ion publique contemporaine L tat contemporain tout en agissant distance non seulement continue intervenir mais cherche r duire le champ de l incertitude C est bien ce qui peut caract riser un rapport tr s complexe aux sciences sociales que les Etats modernes ont cherch institutionnaliser dans un tout autre contexte dans une soci t marqu e par de nouveaux enjeux industriels sanitaires o climatiques et dans une red finition de la responsabilit politique DES SCIENCES POUR UN TAT PROVIDENCE Le d tour historique est n cessaire pour saisir le r le crucial de l tat dans la formation des sciences sociales et ce dans un contexte de r volution industrielle Retenons que la plupart des sciences sociales modernes quise sontinstitutionnalis es l Universit au tournant des XIX et XX si cles comme dans les premi res d cennies qui ont suivi ont pris forme partir d un certain volontarisme des Etats nations Ce sont les tentatives de ces derniers de traiter les cons quences sociales de l industrialisation capitaliste qui ont favoris la gen se de nouveaux champs de savoirs et surtout leur mise en forme disciplinaire et leur institutionnalisation Les politiques sociales de r gulation du travail des assurances sociales de l ducation etc font partie de ces nouvelles attributions de l Etat On peut alors concevoir les 1 Michel Foucault Naissance de la biopolitique Paris Seuil 2004 2
24. l n y a pas d quivalence entre tous les possibles Il n y a pas non plus dans toute connaissance acquise un principe de bienveillance qui en garantirait la saine utilit ou un principe de lucidit qui en assurerait Le bon usage Le savoir ne se confond pas avec la sagesse o la prudence sans un effort suppl mentaire et sp cifique lequel n est pas moins anthropologique mais se distingue radicalement de la science Oui Il faut gouverner les sciences y compris les sciences sociales En ce d but de XXIe si cle les r sultats pr sents de notre irr sistible penchant font l objet d valuations contradictoires Ainsi le r chauffement de la plan te et la globalisation manifestent de quoi est capable le genre humain Si l on discute des bienfaits et des m faits de la globalisation personne ne songe se r jouir du changement climatique R sultant pour partie de l activit humaine le r chauffement climatique fournit les pi ces d un proc s de l agitation humaine et d une connaissance jug e d brid e qui ressemble parfois au proc s de la nature humaine La capacit de l homme conna tre ne d passe t elle pas la sagesse dont il est capable la possibilit de conna tre les cons quences de ses actes et sa capacit conna tre les cons quences de sa connaissance comme si parvenu au bout d un long chemin de savoir l homme devait soudainement d boucher sur un ab me d ignorance A quoi servent les sciences sociales s il faut
25. nt pas des sentiments assez lev s pour que l on puisse se permettre de la regretter Ne serait il pas craindre qu il ne r sult t plut t de cette mulation des rivalit s entre les tablissements d instruction que les ma tres ne cherchassent briller plut t qu instruire que leurs m thodes leurs opinions m mes ne fussent calcul es d apr s le d sir d attirer eux un plus grand nombre d l ves qu ils ne c dassent la crainte de les loigner en combattant certains pr jug s en s levant contre certains int r ts Pour toutes ces raisons Condorcet r affirme que l instruction et l ducation ne sont pas des marchandises comme les autres que sans doute m me ce ne sont pas des marchandises et que la gratuit permet d en tenir compte Il affirme enfin que par cons quent il faut donner des appointements fixes aux professeurs et ne pas les faire d pendre du nombre d l ves duqu s l universit cristallise aujourd hui cette qu te et en tant que tel devient un lieu fondateur pour cette question de l alternative entre un savoir marchandis et un savoir incommensurable entre un devenir d mocratique de nos soci t s ou un devenir a d mocratique Lorsquelesthermidoriens abandonnentles droits cr ances etacceptentla marchandisation du savoir l op ration accompagne un d p rissement de la d mocratie retour du suffrage censitaire professionnalisation de la sph re politique en France partir de 1
26. on publique ne peut pas vacuer la question majeure des antagonismes entre plusieurs types de temporalit s politiques Les temporalit s politiques sont en effet diverses et toute la difficult de l analyse r side pr cis ment dans le caract re Imbriqu d au moins trois d entre elles la temporalit lectorale des lus la temporalit m diatique de l opinion publique et la temporalit politico administrative de l action publique Dans nos d mocraties repr sentatives le principal cadre temporel reste la dur e du mandat l gislatif qui d finit le temps de d l gation de la souverainet nationale Le rythme lectoral progressivement mis en place au XIX si cle dans les r gimes parlementaires s est impos comme le temps politique de r f rence face aux temporalit s administratives plus classiques et qui aujourd hui cherchent se doter d ch ances de plus en plus lointaine les enjeux environnementaux et sanitaires en t moignent Au XX si cle les transformations de la demande sociale semblent avoir impos une nouvelle temporalit politique via l essor des m dias de masse ainsi que l irruption d une opinion publique organique sondages C est bien dans l articulation avec ces cadres temporels disjoints de l lection et de la m diatisation que se construit aujourd hui l action publique Par ailleurs c est bien un dialogue complexe qui se noue entre sciences sociales et action publique Face des situations marqu
27. onnaissance r ciproque Contrairement l change gimwali lieu d changes souvent pres ce don kula est d abord festif et fonde la possibilit m me de concevoir l galit entre les tres humains Loin de l utilit instrumentale 1 Isabelle Bruno vos marques pr ts cherchez La strat gie europ enne de Lisbonne vers un march de la recherche Savoir Agir ditions du Croquant 2008 Genevi ve AZAM L institution universitaire face l conomie de la connaissance in Claire Akiko Brisset dir L universit et la recherche en col re ditions du Croquant 2009 2 Genevi ve Azam L institution universitaire face l conomie de la connaissance op cit 10 l change kula rel ve d une utilit sociale Il permet de faire tenir une soci t Il ne rel ve pas d une utilit instrumentale Or dans les d mocraties ce sont les biens culturels et de savoir qui ont t d clar s tels On a m me consid r que l ducation comme l assistance relevait d un droit cr ance ou d une dette sacr e de la soci t envers ses membres D fendre la gratuit de l ducation publique de la maternelle l universit dans des d mocraties qui sauraient encore ce que d mocratique veut dire c est certes faire en sorte que l tat pourvoit La formation de chacun d une mani re quitable et inventer des formes de redistribution qui permettent de ne pas discriminer les plus d munis mais c est surtout d clarer
28. ormes substantielles En faisant appara tre la politique comme un choix technique entre des instruments la responsabilit politique s en trouve affect e En cela les politiques publiques constitutives qui fixent des r gles sur les r gles tendent l emporter sur les politiques redistributives Parmi les instruments qui se d veloppent le plus il faudrait voquer la cr ation de standards valuant des bonnes pratiques mises en concurrences L action publique est produit par des appels d offres impliquant au sein de la soci t civile une forme 6 d mulation et une forme de benchmarking que l acteur public au niveau national comme au niveau europ en op re en vertu de principes scientifico techniques ou d indicateurs Les exemples en mati re de politiques de l emploi de politiques universitaires ne manquent pas Ce dernier exemple pourrait faire l objet d un d veloppement si l on se reporte aux travaux d Isabelle Bruno CERTITUDES ET INCERTITUDES LES TEMPORALIT S DU POLITIQUE Ce rapide panorama a trop rapidement vacu la question de l opinion publique Or en abordant la question de l incertitude pour caract riser l action publique contemporaine nous avons finalement plac le d bat sous l angle des temporalit s C est bien l Etat face la contingence du march ou des crises qui nous a int ress stout au long de ce propos La question de la mobilisation de savoirs et la production de savoirs pour l acti
29. que l ducation est un enjeu de transmission de mani res d tre au monde social d mocratique et non un enjeu de carri res et d emploi ou alors en surcro t par effet de formation Que former les citoyens est une dette sacr e qui ne doit pas tre support e individuellement mais bien collectivement Pas seulement un service public une n cessit publique D s les 20 et 21 avril 1792 Condorcet plaide pour la gratuit tous les chelons de l ducation Ses objectifs sont aussi de ne pas laisser d p rir des talents pour des raisons de n cessit p cuniaire La gratuit aux quatre degr s de l instruction est un moyen d assurer la patrie plus de citoyens en tat de servir aux sciences plus d hommes capables de contribuer leur progr s Mais il pense galement en termes de mixit sociale il s agit de diminuer cette in galit qui naft de la diff rence de fortunes de m ler entre elles des classes que cette diff rence tend s parer L ordre de la nature n tablit dans la soci t d autre in galit que celle de l instruction et de la richesse en tendant l instruction vous affaiblirez la fois les effets de ces deux causes de distinctions Enfin il pressent que la non gratuit tous les chelons produira une concurrence n faste entre tablissements L mulation que ferait na tre entre les professeurs le d sir de multiplier les l ves dont le nombre augmenterait leurs revenus ne tie
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