LES DÉPARTEMENTS ET RÉGIONS D`OUTRE
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1. CAIRN SX Chercher rep rer avancer LES D PARTEMENTS ET R GIONS D OUTRE MER UN STATUT LA CARTE Laurent Bl riot Le Seuil Pouvoirs 2005 2 n 113 pages 59 72 ISSN 0152 0768 Article disponible en ligne l adresse Bl riot Laurent Les d partements et r gions d outre mer un statut la carte Pouvoirs 2005 2 n 113 p 59 72 DOI 10 3917 pouv 113 0059 Distribution lectronique Cairn info pour Le Seuil Le Seuil Tous droits r serv s pour tous pays La reproduction ou repr sentation de cet article notamment par photocopie n est autoris e que dans les limites des conditions g n rales d utilisation du site ou le cas ch ant des conditions g n rales de la licence souscrite par votre tablissement Toute autre reproduction ou repr sentation en tout ou partie sous quelque forme et de quelque mani re que ce soit est interdite sauf accord pr alable et crit de l diteur en dehors des cas pr vus par la l gislation en vigueur en France Il est pr cis que son stockage dans une base de donn es est galement interdit LAURENT BL RIOT LES D PARTEMENTS ET R GIONS D OUTRE MER UN STATUT LA CARTE A R VISION CONSTITUTIONNELLE DU 28 MARS 2003 relative l organisation d centralis e de la R publique en substituant les d partements et r gions d outre mer DROM aux d partements d outre mer DOM n op re pas qu une simple modification d ord2. apr s habilitation l gislative une assembl e locale de d roger temporairement des lois Il serait alors imaginable d obtenir par le biais de la voie exp rimen tale une mesure d effet quivalente gt pour utiliser une terminologie bien connue du droit communautaire celle pr vue dans le cadre de l article 73 alin a 3 de la Constitution L utilisation de la m thode exp rimentale avec terme une g n ralisation de la mesure exp ri ment e aux seuls d partements et r gions d outre mer permettrait ainsi d aboutir sensiblement aux m mes r sultats que ceux obtenus par la voie exceptionnelle ouverte aux DROM antillais Elle permettrait ainsi aux organes d lib rants des collectivit s d partementales et r gio nales r unionnaises de contourner la rigidit constitutionnelle impo s e par l article 73 alin a 5 15 Yves Madiot Vers une territorialisation du droit RFDA 1995 p 946 960 UN STATUT LA CARTE Par ailleurs la facult pr cit e d adaptation premi re forme lui per met galement de disposer d un pouvoir r glementaire mat riellement l gislatif Ainsi les quatre vieilles dont le destin tait jusqu alors intime ment li se retrouvent aujourd hui la crois e des chemins D sormais les populations locales de ces collectivit s territoriales disposent indivi duellement d un choix d cisif mais n anmoins toujours r versible de voir leur organisatio
3. article 72 4 de la Constitution le consente ment des lecteurs inscrits dans le ressort de ces collectivit s Elle suppose la r alisation de quatre conditions principales La pre mi re est relative l initiative de la cr ation qui appartient au pr sident de la R publique Il dispose cet gard d un pouvoir discr tionnaire Celui ci d pend cependant deuxi me condition d une proposition pr alable du gouvernement faite pendant la dur e des sessions parle mentaires ou d une proposition conjointe faite par l Assembl e natio nale et le S nat Le pr sident de la R publique troisi me condition dispose de la facult de convoquer les lecteurs inscrits dans le ressort de ces collectivit s afin qu ils consentent au changement d organisation administrative Si juridiquement il ne s agit que d une facult on peut n anmoins penser qu il s agit en revanche d une obligation politique On voit mal en effet comment il pourrait en tre autrement Enfin der ni re condition le Parlement devra ent riner ce choix par l adoption d une loi ordinaire L volution au sein de l article 73 de la Constitution n est pas l unique 7 Voir Ferdinand M lin Soucramanien La R union dans la Constitution in Edmond Maestri dir La D centralisation histoire bilans et volutions L Harmattan 2003 p 356 Fr d ric Sauvageot Les Cat gories de collectivit s territoriales de la R publique PU
4. d s lors d tient la cl capable d ouvrir ou de verrouiller la porte du statut La population devra en effet accepter la proposition Un rejet du pro jet entra nerait in luctablement son abandon pur et simple Enfin la troisi me tape consiste dans la saisine du Parlement qui doit proc der au changement de statut par l adoption d une loi orga nique qui rappelons le est contr l e par le Conseil constitutionnel en application de Particle 46 de la Constitution La premi re utilisation d un tel dispositif ne s est pas fait attendre Consult s le 7 d cembre 2003 sur la transformation des communes de Saint Martin et de Saint Barth lemy en collectivit s d outre mer de 8 Il est noter que la solution inverse est galement possible Une COM peut galement utiliser cette facult in dite de changement de cat gorie juridique et se transformer en DROM 9 Andr Oraison Les pr visibles r percussions de la r vision constitutionnelle du 28 mars 2003 dans les d partements d outre mer DOM RJOI n 3 2002 2003 p 98 63 64 LAURENT BL RIOT l article 74 de la Constitution les lecteurs de ces communes d pen dantes du DROM guadeloup en ont r pondu positivement la muta tion territoriale Ces collectivit s sont d sormais dans attente de la loi organique qui viendra ent riner le changement de cat gorie ce sujet la ministre de l Outre mer Brigitte Girardin s exprimant le 7 n
5. e de 2003 marque une rupture importante D sormais l volution statutaire diff renci e devient pos sible sans tre pour autant obligatoire Elle peut se concr tiser l int rieur m me de l article 73 de la Constitution dont le cadre a t consi d rablement assoupli Elle peut galement se r aliser l ext rieur de celui ci Une passerelle constitutionnelle en effet est am nag e au terme de l article 72 4 de la Constitution afin de permettre la migra tion statutaire vers l article 74 L assouplissement du cadre de l article 73 de la Constitution Le cadre constitutionnel initial trop troit dans lequel tait enferm l outre mer d partementalis a t un frein aux volutions statutaires 3 Voir St phane Di mert L ancrage constitutionnel de l outre mer fran ais in Jean Yves Faberon dir L Outre mer fran ais La nouvelle donne institutionnelle La Documen tation fran aise 2004 p 67 82 UN STATUT LA CARTE diff renci es Ce constat loquent de l inadaptation de l organisation administrative dans les DOM a conduit un assouplissement du dispositif existant r v l par l article 73 r nov de la Constitution qui envisage d sormais plusieurs hypoth ses d volution cet effet la Constitution organise une proc dure de mutation intra cat gorielle pr alable de telles volutions Un cadre constitutionnel initial trop troit La Constitution de 195
6. 8 ne fait aucune diff rence entre les d parte ments m tropolitains et ceux situ s outre mer Cette analogie r sulte de l article 72 de la Constitution qui dans son num ration des collecti vit s de la R publique cite les communes les d partements les terri toires d outre mer Il en r sulte que les d partements d outre mer ne forment pas une cat gorie particuli re de collectivit s de la R pu blique Leur organisation administrative doit demeurer tr s proche de celle des d partements m tropolitains Seules ne sont en effet admises pour reprendre les termes de l article 73 que les adaptations n cessi t es par leur situation particuli re Or on le sait le Conseil constitutionnel a adopt une interpr tation restrictive de la notion d adaptation Ainsi il a d abord t amen invalider dans sa d cision 82 147 DC du 2 d cembre 1982 Rec p 70 une loi qui instituait une assembl e unique lue la repr senta tion proportionnelle en lieu et place des conseils g n raux et r gio naux qui coexistent sur le m me territoire Une telle assembl e aurait selon lui fait diverger de mani re excessive les institutions des DOM par rapport celles des d partements m tropolitains rompant ainsi avec la logique assimilationniste Ensuite dans la d cision 84 174 DC du 25 juillet 1984 Rec p 48 relative aux comp tences des r gions de Guadeloupe de Guyane de Martinique et de La R un
7. AM 2004 p 182 St phane Di mert op cit p 82 UN STATUT LA CARTE perspective laquelle les DROM actuels puissent pr tendre Le consti tuant envisage en effet la possibilit qu ils deviennent des COM au sens de l article 74 de la Constitution La transformation en COM La possibilit que l une des quatre collectivit s d partementales se transforme en TOM tait une question controvers e la Constitution tant silencieuse sur ce point La r vision de 2003 l ve les doutes en la mati re Le nouvel article 72 4 qui affirme express ment la possibilit de transformation d un DROM en COM organise les modalit s pro c durales d un tel changement La soumission l article 74 de la Constitution permet la collectivit de b n ficier de comp tences exorbitantes Les modalit s proc durales de la transformation en COM La proc dure de l article 72 4 comprend formellement trois tapes Le gouvernement ouvre ainsi la proc dure par une proposition de change ment de statut qui doit tre faite pendant la dur e des sessions parle mentaires Elle sera suivie d une d claration devant chaque assembl e et d un d bat La seconde tape consiste dans la consultation par le pr sident de la R publique des lecteurs de la collectivit ou de la partie de la collecti vit int ress e Ce verrou constitutionnel est important On peut ainsi penser avec Andr Oraison que c est la population qui
8. RS 113 20085 57 58 LAURENT BL RIOT outils juridique qui leur permet de singulariser leur statut et d appor ter ainsi des modifications le cas ch ant l difice d partemental Son utilisation est cependant conditionn e par les prescriptions de Parchi tecte constitutionnel qui pr cise son mode d emploi et ses limites Indiquons d embl e que ce statut ne saurait en aucune mani re conduire l ind pendance des populations qui y vivent cet effet l ancrage constitutionnel de l outre mer la France m tropolitaine a t renforc de mani re significative notamment par l insertion nomi native de ces quatre territoires au m me titre d ailleurs que les autres collectivit s territoriales d outre mer dans le corps m me de la Consti tution l article 72 3 3 Ce statut la carte comporte ainsi deux facettes Il permet d une part une volution institutionnelle diff renci e pour chacun des DROM et d autre part un renforcement de autonomie normative au profit de ces collectivit s L VOLUTION INSTITUTIONNELLE DIFF RENCI E Le sch ma institutionnel mis en place en 1946 et reconduit en 1958 est relativement rigide En effet il ne permet pas aux collectivit s domiennes d op rer une v ritable dissociation institutionnelle par rap port au mod le m tropolitain De m me aucune diff renciation n est possible entre les DOM cet gard la Constitution r vis
9. e du 28 mars 2003 dans les d partements d outre mer DOM RJOI n 3 2002 2003 Fr d ric Sauvageot Les Cat gories de collectivit s territoriales de la R pu blique PUAM 2004 Jean Philippe Thiellay Les outre mers dans la r forme de la Constitution AJDA 2003 p 564 570
10. e la protection du patrimoine foncier Les COM disposent galement de garanties juridictionnelles parti culi res Les actes mat riellement l gislatifs des COM feront notam ment l objet d un contr le sp cifique du Conseil d tat qui est comp tent en premier et dernier ressort Ces collectivit s b n ficient par ailleurs d une proc dure de d l galisation inspir e de Particle 37 ali 10 Cette obligation a t rappel e l occasion de la d claration gouvernementale qui a pr c d la consultation des populations de Saint Martin et de Saint Barth lemy et qui rap pelons le est une obligation constitutionnelle en application de l article 72 4 de la Constitu tion 11 La soumission la sp cialit l gislative qui concerne le droit substantiel n est pas abord e en tant que telle UN STATUT LA CARTE n a 2 de la Constitution Le nouvel alin a 8 de l article 74 prot ge leurs domaines de comp tences contre d ventuelles intrusions tatiques Il pr voit que le statut organique de ces collectivit s organise les condi tions dans lesquelles l assembl e d lib rante peut modifier une loi promulgu e post rieurement l entr e en vigueur du statut de la col lectivit lorsque le Conseil constitutionnel saisi notamment par les autorit s de la collectivit a constat que la loi tait intervenue dans le domaine de comp tence de cette collectivit Enfin la Constitu
11. en uvre cette disposition constitutionnelle Ces actes n en demeurent pas moins des actes administratifs contes tables uniquement devant le juge administratif et non devant le juge constitutionnel Le DROM r unionnais dispose d un statut constitutionnel particu lier se distinguant nettement de celui des DFA En effet ce dispositif ne lui est pas applicable La non application du dispositif La R union Cette prohibition est constitutionnalis e l article 73 alin a 5 de la Constitution et r sulte de l amendement du s nateur r unionnais Jean Paul Virapoull Ce dernier soutenu par une partie de la classe poli tique r unionnaise souhaitait en effet un statut qui demeure le plus proche possible du droit commun L objectif a donc consist faire bar rage l autonomie normative locale introduite par l article 73 alin as 3 et 4 Ce dispositif limite consid rablement les possibilit s de terri torialisation du droit pour reprendre une formule ch re Yves Madiot sur ce territoire ne lui permettant pas de disposer de l une des facult s de d tenir un pouvoir r glementaire mat riellement l gislatif Cette interdiction qui lui est faite de disposer d un pouvoir r gle mentaire mat riellement l gislatif ne semble pas en revanche r dhibi toire En effet la facult d exp rimentation locale qui est pr vue Par ticle 72 alin a 4 est applicable La R union Or un tel dispositif permet
12. gions ultrap riph riques permet de sortir du rapport de n ces sit de la stricte situation particuli re Cette condition on s en sou vient avait donn lieu une interpr tation restrictive du Conseil constitutionnel qui en d duisait que le statut des DOM doit tre le m me que celui des d partements m tropolitains sous la seule r serve des mesures d adaptation que peut rendre n cessaire la situation parti culi re de ces DOM Cette formulation donne ainsi un relief nou veau la facult d adaptation qui est ainsi reconnue aux DROM Le dispositif de l article 73 alin a 2 appara t incontestablement comme une d volution de comp tences r glementaires mat riellement l gislatives ouverte au profit de l ensemble des DROM y compris donc La R union Il y a lieu de consid rer que toutes les collectivit s locales les communes les collectivit s de communes les d partements et les r gions peuvent b n ficier de ce dispositif Cette facult d auto adaptation dans le domaine de la loi ou du r glement est cependant soumise une habilitation l gislative pr alable Reste alors d terminer la marge de adaptation cet gard la ministre de Outre mer a rappel l occasion des assises des libert s locales tenues Saint Denis de La R union que ces adaptations ne peuvent aboutir qu des modifications ou des pr cisions marginales des lois et r glements qui ne doivent pas en d na
13. ion il a limit la port e des mesures d adap tation affirmant alors que le statut des DOM doit tre le m me que celui des d partements m tropolitains Enfin c est l occasion de l examen de la loi d orientation pour l outre mer LOOM du 13 d cembre 2000 qu il a dans sa d cision 2000 435 DC du 7 d cembre 2000 renouvel son approche restrictive en mati re de diversification statutaire En l esp ce la loi contest e posait pour la premi re fois droit constitutionnel constant les bases d une volution statutaire diff renci e pour les d partements et r gions d outre mer l outil de cette volution tant le congr s des lus d parte mentaux et r gionaux Le l gislateur reconnaissait ainsi explicitement 59 60 LAURENT BL RIOT l article premier la possibilit pour les DOM de disposer d une orga nisation institutionnelle qui leur soit propre Le Conseil constitution nel sans condamner totalement la diversification statutaire introduite par la LOOM l enferme n anmoins dans des limites si troites qu il la rend impossible ou du moins improbable En effet s il ne juge pas inconstitutionnelle la nouvelle institution du congr s en revanche il r affirme avec la r gularit d un m tronome sa jurisprudence classique Ainsi commence t il par indiquer que ces adaptations ne sauraient avoir pour effet de doter les d partements d outre mer d une organisa ti
14. la d centralisation outre mer Jacques Chirac affirmait ainsi le 11 mars 2000 que les statuts uniformes ont v cu et que chaque collectivit d outre mer doit pouvoir d sormais si elle le souhaite vo luer vers un statut diff renci en quelque sorte un statut sur mesure 5 4 Olivier Gohin L volution des d partements d outre mer vers un statut de collectivi t s sp cifiques in Jean Yves Faberon et Jean Fran ois Auby dir L volution du statut de d partement d outre mer PUAM 1999 p 198 5 Le Monde 14 mars 2000 p 7 UN STATUT LA CARTE Les possibilit s de singulariser le statut des actuels DROM au niveau institutionnel sont ainsi consid rablement renforc es Ce ne sont en effet pas moins de trois hypoth ses qui sont envisag es par l article 73 de la Constitution La premi re d entre elles que l on peut qualifier de minimaliste laisse subsister sur un m me territoire les collectivit s d partementales et r gionales actuelles Le constituant permet ainsi le statu quo institu tionnel pour les collectivit s qui le souhaitent La seconde hypoth se qualifi e d interm diaire laisse formellement subsister une collectivit d partementale et r gionale La collectivit est cependant dot e d une assembl e d lib rante unique art 73 al 7 Le constituant met ici en uvre la possibilit alors refus e aux DOM par le Conseil constitutionnel en 1982 La troisi me hypoth
15. n administrative modifi e Deux ans apr s la r forme constitutionnelle le bilan qui peut tre dress est cependant mitig Il nous r v le que la r vision ne s est pas encore traduite dans les faits La bo te outils constitutionnelle mise la disposition des collectivit s territoriales de Particle 73 n a pas t v ritablement exploit e Sur le plan institutionnel d abord aucun projet d assembl e unique n a t formul Seul un projet de collecti vit unique a t propos pour la Martinique et la Guadeloupe La tentative a cependant chou butant sur le consentement populaire La seule exception tr s ponctuelle concerne les communes de Saint Martin et de Saint Barth lemy en voie de transformation en COM Sur le plan normatif ensuite le constat est encore plus loquent puisque le l gislateur n a mis en uvre ni l auto adaptation ni la possibilit qu un conseil local se substitue lui La Guadeloupe la Guyane la Martinique et La R union se trouvent ainsi toujours dans une situation de statu quo ante Faut il d s lors envisager que la bo te outils finisse en gadget constitutionnel 69 70 LAURENT BL RIOT R SUM La r criture de l article 73 de la Constitution r alis e l occasion de la r vision constitutionnelle de 2003 tend modifier l architecture du d par tement d outre mer institu en 1946 Le dispositif a t confort la faveu
16. on particuli re au sens de l article 74 de la Constitution r serv e aux seuls territoires d outre mer Il neutralise ensuite les potentialit s de diversification statutaire en indiquant que la possibilit reconnue par la pr sente loi aux d partements d outre mer de disposer Pavenir d une organisation institutionnelle qui leur soit propre ne peut tre entendue que dans les limites fix es par l article 73 de la Constitution Une lecture aussi ferm e de Particle 73 de la Constitution qualifi e avec justesse d ass chante par Olivier Gohin a conduit ce que le dispositif se retourne contre l outre mer d partementalis en lui interdisant toute v ritable diff renciation vite regard e comme exces sive gard du sch ma m tropolitain 4 Dans ce cadre constitutionnel il n y a pas de place pour une diff ren ciation statutaire des DOM Seule une r vision de la Constitution pou vait relancer un processus d volution alors en panne L article 73 r nov en d clinant plusieurs hypoth ses d volution organique traduit ce renouveau Les hypoth ses de l article 73 r nov La nouvelle formulation de Particle 73 est la traduction juridique d une volont politique affirm e au plus haut niveau par le chef de l tat lui m me alors en d placement en Martinique Dans le d sormais c l bre discours de Madiama qui restera comme l acte politique fondateur de la relance de
17. onstituant renforce les possibilit s de sp cificit du droit applicable dans les DROM D une part il autorise ces collectivit s adapter elles m mes le droit applicable dans ces territoires D autre part il ouvre ces conseils locaux la possibilit de se substituer au l gislateur en instaurant leur profit un r el pouvoir normatif 12 Il convient de remarquer que l article 73 tel qu issu de la Constitution de 1958 ne le consacrait que de fa on implicite 65 66 LAURENT BL RIOT L adaptation par les DROM des normes relatives leurs comp tences Le constituant autorise les autorit s r glementaires locales domiennes adapter elles m mes le droit applicable dans ces territoires sous r serve comme le pr cise l article 73 alin a 2 que ces modifications interviennent dans le domaine de comp tences de la collectivit et sur habilitation pr alable du l gislateur Une telle facult leur est ouverte dans le cadre de l assouplissement pr alable de la condition g n rale de l adaptation organis e l article 73 alin a 1 qui dispose d sormais que les lois et les r glements applicables dans les DOM peuvent faire l objet d adaptations tenant aux caract ristiques et contraintes particuli res des collectivit s Cette nouvelle formulation qui s apparente celle plus vague de l article 299 du trait d Amsterdam qui d finit en droit communautaire le r gime juridique des r
18. ovembre 2003 devant les deux assembl es du Parlement a rappel avec force l obligation morale et politique d action du gouvernement en la mati re L Le basculement vers l article 74 entra ne des cons quences notables sur le droit organique des collectivit s territoriales Le b n fice de comp tences exorbitantes La transformation d un DROM en COM lui permet de b n ficier de sp cificit s organiques allant au del de l hypoth se maximaliste de collectivit unique dans le cadre de Particle 73 de la Constitution La collectivit pourra ainsi s affranchir des limites inh rentes l article 73 de la Constitution et se doter d une organisation particuli re au sens de l article 74 de la Constitution La cons quence principale d une telle transformation outre la sou mission au r gime de la sp cialit l gislative est li e aux comp tences accrues dont disposent les COM Elles peuvent par exemple adopter la diff rence des DROM des discriminations positives Une telle facult est ouverte au terme de Particle 74 de la Constitution qui pr voit que la loi organique qui d finit le statut d une COM peut d terminer les conditions dans lesquelles des mesures justifi es par les n cessit s locales peuvent tre prises par la collectivit en faveur de sa population en mati re d acc s l emploi de droit d tablissement pour l exercice d une activit pro fessionnelle ou d
19. pr tation est discut e par une partie de la doctrine qui pense que l alin a 5 ne doit tre interpr t qu en rapport troit avec les 6 Voir Olivier Gohin La nouvelle d centralisation et la r forme de l tat en France AJDA 2003 p 527 62 LAURENT BL RIOT alin as 3 et 4 auxquels il fait lui m me r f rence Il n a donc aucun effet sur l alin a 7 qui pr voit la collectivit unique la faveur de cette interpr tation on peut galement ajouter que l interpr tation litt rale serait contraire l intention m me du constituant le silence des travaux pr paratoires tant cet gard lourd de sens Il convient n anmoins de remarquer que ce d bat a aujourd hui un int r t pratique limit dans la mesure o les conditions politiques locales sont de toute fa on r unies pour que statutairement rien ne bouge La R union Dans le cas contraire il appartiendra le cas ch ant au Conseil constitutionnel saisi cet effet de trancher la ques tion Ces pr cisions tant donn es un constat global s impose En effet quelle que soit l hypoth se d volution choisie elle devra se confor mer la proc dure de mutation institu e par la Constitution La proc dure de mutation intra cat gorielle L article 73 alin a 7 pr cise que la mutation intra cat gorielle ne peut intervenir sans qu ait t recueilli pr alablement selon la proc dure pr vue au deuxi me alin a de l
20. r de la d rogation au droit commun Ce renforcement de l exception consti tu e par l adaptation juridique permet aux populations de ces collectivit s d envisager une volution statutaire la carte qui se traduit tant au niveau du droit organique que du droit mat riel Ainsi volution institu tionnelle diff renci e devient d sormais possible Le corollaire de cette autonomie institutionnelle consiste dans le renforcement de leur auto nomie normative Les collectivit s domiennes se voient en effet dot es d une facult d adaptation consid rablement amplifi e et disposent d sor mais d un v ritable pouvoir normatif BIBLIOGRAPHIE Dominique Custos Le statut constitutionnel des d partements d outre mer AJDA 2001 p 731 735 Vers une autonomisation de l volution institutionnelle des DOM gt RPP n 1009 1010 2001 St phane Di mert L ancrage constitutionnel de l outre mer fran ais in Jean Yves Faberon dir L Outre mer fran ais La nouvelle donne institu tionnelle La Documentation fran aise 2004 Jean Claude Douence Les d partements d outre mer R gime juridique g n ral EDCT fasc 1905 1993 Jean Yves Faberon et Jean Fran ois Auby dir L volution du statut de d partement d outre mer PU AM 1999 Olivier Gohin galit et diff renciation dans les d partements d outre mer la notion de situation particuli re dans l article 73 de la Cons
21. re terminologique La r forme est importante dans la mesure o elle augure un v ritable changement de perspective pour les collectivit s de Particle 73 de la Constitution Le changement de cap engag marque la fin d une longue p riode de cinquante sept ans de mim tisme constitutionnel avec le traditionnel d partement m tropolitain et le d but d un rapprochement du statut des DROM sur celui du reste de l outre mer La summa divisio tra ditionnelle entre les territoires soumis l assimilation l gislative et statutaire de l article 73 de la Constitution et ceux qui sont soumis la diff renciation l gislative et statutaire de l article 74 est maintenue En revanche la nouvelle dichotomie fait appara tre une analogie l gis lative et statutaire vidente entre les DROM et les nouvelles collectivi t s d outre mer COM de Particle 74 de la Constitution La Martinique la Guadeloupe la Guyane ainsi que La R union disposent d sormais de la facult de b n ficier d un statut la carte tant au niveau de leur organisation administrative c est dire du droit organique que de l application du droit sur leur territoire c est dire du droit substantiel Le constituant met leur disposition une bo te 1 JO 29 mars 2003 p 5568 5570 2 Voir en ce sens Dominique Custos Vers une autonomisation de l volution institu tionnelle des DOM RPP n 1009 1010 2001 p 47 sg POUVOI
22. se dite maximaliste consiste substituer au d partement et la r gion d outre mer une collectivit unique qui cumule les comp tences d partementales et r gionales Ce dispositif qui est une revendication ancienne des lus antillais a d ailleurs r cem ment fait l objet d une consultation en Guadeloupe et en Martinique Les lecteurs des deux les ont cependant refus de donner leur consen tement lors du scrutin du 7 d cembre 2003 rejetant ainsi un projet pourtant largement soutenu par la grande majorit des lus antillais Le panorama institutionnel ainsi dress serait incomplet si nous n abordions pas le cas particulier de La R union En mentionnant express ment le d partement et la r gion de La R union l article 73 alin a 5 la Constitution leur garantit une existence constitutionnelle Une interpr tation litt rale du dispositif peut alors laisser penser que le l gislateur ne peut remettre en cause leur existence Seule l hypo th se interm diaire de l assembl e unique serait alors envisageable Elle aurait en revanche pour cons quence d exclure pour La R union la possibilit de fusionner les collectivit s d partementale et r gionale existantes en une collectivit unique Toute autre volution supposerait en effet une r vision de la Constitution visant supprimer la r f rence au d partement et la r gion de La R union qui figure l article 73 alin a 56 Cette inter
23. sitif ainsi mis en uvre est un emprunt remarquable une technique largement utilis e par les collectivit s relevant de l article 74 de la Constitution Il permet ainsi aux collectivit s r gionales et d par tementales ultramarines sur habilitation pr alable du l gislateur de se substituer ce dernier sous la forme de dispositions de valeur r gle mentaire Les conseils int ress s se trouveront en quelque sorte dans la situation de Parlements locaux au moins d un point de vue mat riel puisque d faut d tre les auteurs de textes de valeur l gislative ils n en feront pas moins uvre l gislative en adoptant des r gles qui appartiennent au domaine de la loi La reconnaissance d un pouvoir r glementaire mat riellement l gis latif au profit des DROM conna t cependant des limites dans la mesure o il ne peut s exercer dans un certain nombre de mati res figurant l article 73 alin a 4 Cette liste n est pas exhaustive le 14 La nationalit les droits civiques les garanties des libert s publiques l tat et la capa cit des personnes l organisation de la justice le droit p nal la proc dure p nale la poli tique trang re la d fense la s curit et l ordre publics la monnaie le cr dit et les changes ainsi que le droit lectoral 67 68 LAURENT BL RIOT l gislateur se r servant la facult de la compl ter le cas ch ant par la loi organique mettant
24. tion leur ouvre la facult de participer l exercice des comp tences que l tat conserve sous son contr le et sous r serve de respecter les garanties accord es sur l ensemble du territoire natio nal pour l exercice des libert s publiques Au total l utilisation de la facult de sortir du champ d application de l article 73 permet la collectivit territoriale de b n ficier d une autonomie statutaire sup rieure celle qui lui est reconnue en tant que DROM La soumission au r gime de la sp cialit l gislative lui permettra galement de b n ficier d une large autonomie l gislative Il convient d s lors de remarquer que le constituant a galement ren forc l autonomie normative des collectivit s territoriales situ es dans le champ d application de l article 73 de la Constitution LE RENFORCEMENT DE L AUTONOMIE NORMATIVE Le corollaire de la reconnaissance de la diversit statutaire pour les col lectivit s territoriales de l article 73 de la Constitution est l assouplisse ment de leur autonomie normative Le principe d identit l gislative qui postule l applicabilit de plein droit des lois et des r glements est main tenu L article 73 nouvelle version le confirme d ailleurs express ment d s lors qu il dispose que dans les d partements et les r gions d outre mer les lois et les r glements sont applicables de plein droit 2 Mais parall lement le pouvoir c
25. titution in Anne Marie Le Pourhiet dir Droit constitutionnel local Economica PUAM 1999 p 119 144 L volution des d partements d outre mer vers un statut de collectivit s sp cifiques in Jean Yves Faberon et Jean Fran ois Auby dir L volution du statut de d partement d outre mer PUAM 1999 La nouvelle d centralisation et la r forme de l tat en France AJDA 2003 UN STATUT LA CARTE Anne Marie Le Pourhiet D partements d outre mer l assimilation en ques tions Les Cahiers du Conseil constitutionnel n 12 2002 p 107 111 Fran ois Luchaire Vavenir des d partements d outre mer devant le Conseil constitutionnel RDP n 1 2001 p 247 265 Yves Madiot Vers une territorialisation du droit RFDA 1995 Ferdinand Melin Soucramanien Les adaptations du principe d galit la diversit des territoires RFDA 1997 p 906 925 La R union dans la Constitution in Edmond Maestri dir La D centralisation histoire bilans et volutions L Harmattan 2003 Fran ois Miclo Le R gime l gislatif des d partements d outre mer et l Unit de la R publique Economica 1982 Andr Oraison Quelques r flexions g n rales sur l article 73 de la Constitu tion de la V R publique corrig et compl t par la loi constitutionnelle du 28 mars 2003 RFDA juillet ao t 2003 p 684 693 Les pr visibles r percussions de la r vision constitutionnell
26. turer l esprit g n ral Il appartient donc d sormais au juge administratif de contr ler le 13 D cision 82 147 DC 2 d cembre 1982 Assembl e unique des DOM cons 4 UN STATUT LA CARTE cas ch ant les raisons justifiant de telles adaptations en tenant compte des pr cisions apport es par la jurisprudence du Conseil constitutionnel saisi cet effet Mais ce n est pas l le seul exemple de la possibilit d un pouvoir r glementaire mat riellement l gislatif au profit des DROM Le constituant reconna t galement aux conseils locaux la possibilit de se substituer au l gislateur en leur attribuant un r el pouvoir normatif L attribution d un r el pouvoir normatif Il s agit incontestablement d une novation dans le cadre de l article 73 de la Constitution qui permet d sormais aux DROM de disposer d une facult qui va au del de la simple modification des lois La Constitution leur attribue en effet un v ritable pouvoir de cr ation normatif sp ci fique Le dispositif de Particle 73 alin a 3 est cet gard tout fait remar quable Cette mesure n est en revanche pas applicable La R union Le dispositif de l article 73 alin a 3 Cette entorse tout fait remarquable au principe d identit du droit applicable dans les DROM avec celui de la m tropole a t une mani re de satisfaire aux revendications des DFA aspirant une auto nomie interne plus importante Le dispo
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