Secteur économique en constitution et nouveaux types d`emplois
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1. attentes comme les strat gies de carri re n avaient rien voir avec le mod le salarial classique des entreprises o pr vaut le primat du march interne Ici les fronti res entre l activit salari e le travail au noir le coup de main b n vole l activit de loisir sont fortement estomp es Les individus passent fr quemment de l un de ces statuts l autre voire les cumulent Le mod le de gestion salariale est celui des intermittents du spectacle g rant au mieux leurs investissements dans le travail et les droits aux ASSEDIC pour maximiser leurs revenus diff rent des mod les industriels classiques S agit il seulement d un temps provisoire au moment o apparaissent de nouveaux m tiers et de nouveaux march s D un mod le r serv aux m tier du spectacle Ou bien s agit il au contraire de l mergence de nouveaux comportements par rapport l emploi en un temps o la crise conomique a brouill les fronti res entre l emploi et le ch mage et o les modes de r gulation sociale du salariat sont atteints par le d clin des institutions syndicales et autres cens es contribuer leur gestion et y repr senter les salari s Si les comportements et les attentes des individus en mati re d emploi apparaissent ainsi h t rodoxes par rapport au mod le classique il en va de m me en mati re d organisation du travail et de constitution des entreprises elles m mes Une observation fine des modes de t2. qu informelles du milieu en question r gles qui portent aussi bien sur la pr sentation de soi la pratique de la langue de m tier et la fa on de pr senter un projet que sur la n gociation des revenus et de leur statut Dans l ensemble de recherches men es au GLYSI sur les formes de coordination des syst mes industriels dans lesquels on trouve des PME l tude de ce secteur particulier de la sonorisation de spectacles semblait tout fait opportune Car les syst mes industriels de PME qui avaient pu tre observ s semblaient pour la plupart fonder leur dynamisme sur une longue histoire et sur un syst me d identit commune locale dans des cas comme celui de l industrie oyonnaxienne ou professionnelle dans le cas du secteur des notaires qui s enracinent dans un pass ancien Dans ce monde particulier o les individus se font fort de transgresser all grement les r gles et les d marcations habituelles de statut o les institutions qui servent habituellement de rep res aux observateurs comme le sont les entreprises apparaissent extr mement faibles et peu importantes il paraissait difficile de d ployer les m thodes habituelles d investigation On verra d ailleurs dans ce travail que ceux qui ont tent d appr hender un tel secteur avec les outils forg s pour tudier les activit s de production plus habituelles se sont r guli rement trouv s confront s des difficult s extr mes et que leurs r sultats ne parai
3. Les luttes pour l imposer et notamment celles pour fournir une main d uvre qui en accepte les suj tions tant en mati re d organisation du travail qu en mati re de formation ont t longues et difficiles Les r sistances furent nombreuses et des pans entiers de l conomie moderne commencer par le secteur de l agriculture ne s y sont probablement pas v ritablement accultur s Simultan ment au moment m me o la victoire de ce mode d organisation du travail dans le monde industriel semble acquise on voit se d velopper de nouveaux comportements des individus et prolif rer de nouveaux types de contrats de travail sous couvert de donner plus de flexibilit l industrie L industrie de l habillement comme celle du b timent recourent des formes d emploi qui ne correspondent pas au mod le conomique de l emploi industriel dans les firmes concentr es Certes pour une bonne part ce ph nom ne n est absolument pas une nouveaut et le dualisme du march du travail a toujours constitu une soupape de s curit n cessaire au fonctionnement des march s primaires de type march s internes du travail D ringer et Piore de m me que la concentration industrielle des entreprises n a jamais supprim totalement l existence de plus petites organisations sous traitantes de capacit pour viter les coups du march ou sous traitantes de sp cialit pour r aliser des op rations difficilement reproductibles et pr
4. Secteur conomique en constitution et nouveaux types d emplois liane Daphy Odile Journet et Jean Saglio Version modifi e d un texte publi Compte rendu de la recherche dans le cadre de l appel d offres de la MIRE 1988 Travail et emploi Flexibilit et partage de l emploi R f rence de publication Daphy liane Journet Odile et Saglio Jean Secteur conomique en constitution et nouveaux types d emplois Mire Info n 26 juin 1992 pp 26 30 ISSN Le d veloppement r cent du secteur d activit de la sonorisation de spectacles concerts en plein air de type festival grandes messes rock ou autres Palais des sports comme Paris Bercy sur lequel se sont focalis s les auteurs de ce rapport leur permet de tenter de valider les hypoth ses de tout un courant de recherche s inscrivant sous le paradigme de la sp cialisation flexible Au centre de l analyse les acteurs eux m mes qui dans la pluralit des modes de coordination qu ils inventent sont l origine de la production d une nouvelle configuration industrielle L emploi industriel typique o la coordination des activit s de production est r alis e dans le cadre d une organisation hi rarchis e o les individus sont li s de fa on durable l organisation par un contrat salarial et o les entreprises sont autonomes et concurrentes sur le march est un syst me de travail dont l histoire nous apprend qu il est relativement r cent
5. ation de spectacles en pleine structuration juridico conomique cr ation et fusion d entreprises pr sentait une occasion tout fait int ressante pour tester la pertinence et l efficacit de ces hypoth ses et de ces modes d approche Une telle activit li e l amplification sonore est apparue r cemment ann es cinquante soixante dans la panoplie des activit s annexes au spectacle les techniques et les mat riels qu elle utilise et encore plus l acceptation de l usage de ces techniques par les nouveaux clients potentiels sont nouvelles Le d veloppement de ces activit s a t important depuis les ann es 1980 Au d part les concerts de plein air et les salles polyvalentes ont t les lieux principaux de mise en place d exp rimentation et de d veloppement de ces techniques dans les spectacles de musique populaire Mais depuis quelques ann es des salles de concert plus traditionnelles le th tre comme les op ras se dotent de ces mat riels ce qui donne ce secteur des opportunit s de d veloppement Les enjeux peuvent appara tre consid rables dans la mesure o le recours la technique de sonorisation permet d augmenter dans des proportions inimaginables 3 5 Eliane Daphy Odile Journet et Jean Saglio 1992 Mire Info 26 autrement les capacit s d accueil des spectacles vivants Les grandes messes rock avec leurs milliers voire leurs dizaines de milliers de spectateurs
6. auditeurs seraient bien videmment impensables sans le recours de telles techniques Mais aujourd hui ce sont aussi des spectacles plus classiques qui ont recours ce type d artifice et on peut d sormais imaginer des salles accueillant plusieurs milliers de spectateurs payants pour des concerts ou des op ras dans des conditions d coute convenables Le succ s des grands op ras mont s Bercy en est une des preuves en France Dans ce secteur d activit et bien que les mat riels proprement dits ne soient pas toujours d origine fran aise les entreprises fran aises occupent une place non n gligeable sur un march international o la concurrence est tr s forte D abord bien videmment sur le march fran ais et la sonorisation des op ras mont s Paris Bercy est un exemple de cette notori t Mais les entreprises fran aises ne se limitent pas l intervention sur le seul march hexagonal Ainsi la sonorisation de l Op ra de Boston op ration hautement prestigieuse s il en est a t attribu e des entreprises fran aises faisant la preuve de la comp titivit de ce secteur de travail Dans ce march en pleine expansion et dont on peut attendre un d veloppement durable les mod les de travail et de formes institutionnelles d entreprise comme de coop ration entre entreprises ne semblent pas s tablir selon la forme industrielle classique On pouvait ainsi faire l hypoth se que du c t des individus les
7. e concept de syst me industriel Dans de tels ensembles le jeu des acteurs produit des r gles permettant de stabiliser et d interpr ter les relations d emploi mais aussi les relations de concurrence et de coop ration entre entreprises tout en d finissant les acteurs participant au syst me r gles d appartenance D s lors tant l institution de branches que les institutions entreprises apparaissent comme des configurations particuli res contingentes et variables dont les d finitions comme les volutions sont compr hensibles l int rieur de ce sch ma explicatif cf Saglio Thuderoz Entre monopole et march Une telle d marche rejoint tout le courant de recherche qui s inscrit sous le paradigme de la sp cialisation flexible Hirst et Zeitlin contribution au colloque UCLA De telles analyses qui insistent sur la diversit des modes de coordination industrielle performante mettent au centre la production historique par les acteurs de la configuration industrielle et de la d finition m me du secteur concern Ce n est plus une logique unique du d veloppement de l industrialisation qu il convient de faire appel pour comprendre l histoire de la croissance et des crises industrielles mais au contraire la pluralit des modes de coordination que les acteurs parviennent inventer dans leurs jeux de conflits et de coop ration Un projet de recherche Le d veloppement r cent du secteur d activit de la sonoris
8. l est beaucoup plus une coop ration par mobilisation des individus sur un projet une production que l acceptation d une discipline et d un assujettissement hi rarchique des individus dans une organisation stable De complexes syst mes de r mun ration int grant le calcul des indemnit s ASSEDIC se sont mis en place dont l utilisation par les individus et les entrepreneurs produit des bouleversements dans les fronti res commun ment admises de l emploi et du ch mage de l articulation entre travail et r mun ration entre travail salari d clar et travail clandestin r mun ration au noir On peut s interroger aujourd hui sur la diffusion d autres secteurs et dans d autres groupes sociaux de ce type de pratiques a priori d pendant des contraintes de production de ce secteur particulier Avec la croissance du ch mage et la mont e de la pr carit des emplois qui affectent un nombre de plus en plus important d individus dans la soci t fran aise on voit merger des comportements et des attentes qui semblent bien signifier que ce mod le a largement d bord le seul monde des artistes et des activit s connexes techniciens du son de l clairage etc De plus en plus on sait que des individus g rent leur carri re sans forc ment l inscrire dans le cadre d une seule organisation de type industriel M me s il est difficile d en donner un chiffrage pr cis on sait bien que se d veloppe un type de rap
9. ogrammables Piore et Sabel Eliane Daphy Odile Journet et Jean Saglio 1992 Mire Info 26 Mais cette h g monie totale d un certain mode d organisation est aussi mise en cause par les comportements des individus Si le mod le de l emploi industriel classique correspond bien un type d attente de carri re de certains ce mod le n est pas le seul existant Ainsi C Sabel Works and Politics 1982 distingue quatre mod les de comportements de carri re de jeunes par rapport l emploi Et sur ces quatre mod les un seul est susceptible de permettre aux individus de s adapter exactement au fonctionnement des march s internes d entreprise On a pu consid rer pendant longtemps ces modes alternatifs d organisation du travail et des entreprises ainsi que ces comportements de salari s comme des r manences d un monde ancien qui dispara traient avec les progr s de l industrialisation Ils ne pouvaient demeurer que de fa on tr s marginale dans les interstices du monde industriel Ainsi en va t il du mode d emploi et d organisation du travail dans tout le secteur du spectacle vivant comme enregistr Ici les entreprises s av rent beaucoup plus ph m res que les carri res individuelles c est la norme que les salari s aient de multiples employeurs m me simultan ment qu ils se d placent d un lieu de production l autre qu ils alternent p riodes de travail et p riodes de non travail Aussi la coordination du travai
10. port l emploi o les individus g rent leurs passages au ch mage en tentant de maximiser leur syst me de contribution r tribution et en int grant dans leur calcul des phases de ch mage plus ou moins programm es Entreprises et secteurs industriels Les modes de fonctionnement internes des entreprises tout autant que les syst mes de coop ration concurrence sur les march s des produits ou des services ne peuvent eux non plus tre appr hend s comme d rivant d un mod le unique qui serait celui des branches industrielles classiques On constate aujourd hui qu il existe une large diversit de ces modes de coordination industrielle et qu on ne peut analyser cette diversit comme une combinaison simple entre les deux mod les extr mes que sont la 2 5 Eliane Daphy Odile Journet et Jean Saglio 1992 Mire Info 26 coordination dans l organisation hi rarchique d un c t et le march pur et parfait de l autre Cette diversit des modes de coordination s articule avec une diversit des institutions entreprises On ne peut faire comme si les entreprises relevaient toutes du m me type d organisation et que les modes de coordination externes de leurs activit s leur fa on de se faire concurrence et leurs fa ons de se positionner sur les march s du travail taient adaptables sans remettre en cause les institutions elles m mes C est pour rendre compte de cette diversit que des chercheurs du GLYSI ont produit l
11. ravail permet en effet de penser que dans ces activit s le mod le hi rarchique bureaucratique n a gu re r ussi s implanter Plut t ici les quipes de travail se constituent sur un mode formellement galitaire du coup faire du chantier mener bref de la coop ration temporaire base d adh sion volontaire Simultan ment les entreprises ne semblent gu re structur es ni structurantes Elles ne garantissent pas la permanence de l emploi la majorit de leurs salari s qui 4 5 Eliane Daphy Odile Journet et Jean Saglio 1992 Mire Info 26 sont intermittents du spectacle salari s employeurs multiples free lance passant d une entreprise une autre et il arrive souvent que les entreprises ayant embauch ne soient pas celles qui salarient Il peut arriver qu un directeur fondateur d une entreprise soit pendant un temps salari d une autre entreprise sur un chantier particulier voire allocataire ASSEDIC alors m me que son entreprise continue fonctionner et r aliser des chantiers D s lors c est plut t le r seau le milieu de travail qui para t occuper la fonction de structuration de l espace conomique plus que les institutions entreprises proprement dites Pour trouver du travail comme pour d crocher un chantier une affaire il faut conna tre du monde tre int gr et reconnu par le milieu Il faut aussi respecter les r gles souvent informul es plus
12. ssent gu re significatifs A partir du moment o l on faisait l hypoth se que les r gles de fonctionnement de cet ensemble taient pour l essentiel informelles au point d tre parfois non formulables par les acteurs eux m mes il convenait d adopter une d marche d observation qui permette de mieux saisir cet informel et d analyser ces jeux de significations complexes C est la raison pour laquelle une d marche de type ethnologique a t choisie 5 5
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