Déchiffrer nos comportements
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1. d cisions possibles au plan financier Puis on leur donne un second dossier qui fait tat cette fois des cons quences financi res d sastreuses de leur d ci sion estim es deux ans plus tard par simulation Il para t alors urgent et n cessaire de revenir sur les d cisions initiales pour changer d orientation C est ce que fait sans h siter le groupe t moin qui lui n a pas pris la d ci sion initiale En revanche le groupe de test qui a pris la mauvaise d cision continue prendre des d cisions encore plus calamiteuses simplement parce qu il s est engag une premi re fois On assiste alors une v ritable escalade d engagements Cet engagement se rattache un th me de vie globalement orient vers le refus de faire erreur il est particuli rement puis sant chez les gens qui s estiment des sp cialistes ou des connaisseurs c est le cas de l exemple cit o le probl me est donn des tudiants qui ont pr ci s ment choisi de se sp cialiser en conomie et management Eyrolles 7 D CHIFFRER NOS COMPORTEMENTS m me prouve que nous demeurons sur la voie trac e par notre th me de vie de m me que le malaise face certaines situations indi que une transgression ou un cart par rapport aux limites impos es par le th me de vie Karine explique qu elle prouve d importantes difficult s relationnel les cause d une trop grande franchise Elle pr cise Je sais bien que toute v2. est notamment depuis le xIX si cle que les scientifiques ont cherch d montrer l influence de l h r dit sur les 1 Edgar Morin Le Paradigme perdu la nature humaine Le Seuil 1979 La Complexit humaine Flammarion 1994 Dans ces ouvrages l auteur pr sente discute les diff rents aspects de la complexit de l tre humain 2 Sciences Humaines num ro 54 octobre 1995 Inn Acquis le grand d bat 10 Eyrolles LE TH TRE MENTAL comportements les niveaux d intelligence et de comp tence Les d ri ves eug nistes n ont pas manqu de surgir et ce qu on a parfois appel le darwinisme social reste encore au go t du jour pour certains En 1994 le livre de Richard Herrnstein et Charles Murray The Bell Curve a mis le feu aux poudres en tentant de prouver par des argu ments d ordre g n tique les diff rences de quotient intellectuel et par voie de cons quence les diff rences de statut social observ es entre les diff rentes classes de la population Les critiques n ont pas man qu pour montrer les failles et lacunes de ces travaux Toutefois il est int ressant de remarquer qu aucune preuve convaincante n a pu tre apport e pour tablir de liens de causalit entre la pr sence d un g ne et celle d un niveau d intelligence bien que l h r dit joue un r le certain La position commun ment admise affirme que l environ nement permet ou pas un trait de caract re de s exprim
3. et t t ou tard les exigences du th me de vie refont surface au moyen d un sen timent d une motion L exemple d Antoine illustre ce dernier point Antoine trente cinq ans est responsable de communication dans une grande entreprise Il semble tout fait panoui dans son cadre pro fessionnel 8 Eyrolles LE TH TRE MENTAL Il accueille un jeune stagiaire lui pr sente la soci t s enquiert sur le parcours de l tudiant puis voque le sien lci c est mon second poste avant j ai enseign dans une cole professionnelle Il sourit et ajoute j ai toujours d sir travailler dans la communication ou le journalisme mais j ai fait des tu des qui ne me destinaient pas du tout cela Quelles tudes Vous n allez pas me croire mais j ai fait m decine j ai m me pass ma th se Puis quand j ai commenc travailler j ai compris que je n tais pas fait pour ce m tier J tais mal l aise comme d cal par rapport moi m me En fait je m int ressais la communication et la publicit depuis longtemps J ai tra vaill dans un journal j en ai m me fait un quand j tais tudiant Vous avez d avoir des moments difficiles c est long des tudes de m decine En fait je me suis senti soulag quand j ai pris la d cision de ne pas exercer la m decine Je suis s r pr sent que j avais entre pris ces tudes pour faire plaisir mes parents Ma
4. reprise et popularis e par les auteurs de la PNL Ses intuitions sur la perception du temps la fluidit de la pen s e et les repr sentations du monde ont eu aussi une profonde influence sur le monde de la psychologie et des sciences cognitives 1 Alfred Korzybsky Science and Sanity The International Non Aristotelician Library Publishing Company 1933 Eyrolles 3 D CHIFFRER NOS COMPORTEMENTS Plus tard Lev Vygotsky surnomm le Mozart de la psychologie montre l importance de l interaction sociale dans la construction de repr sentations du monde et des acquisitions cognitives Tous en sc ne La carte du monde ne se contente pas de repr senter le r el mais lui donne un sens le bien le mal l agr able le d sagr able les autres soi m me Certains auteurs appellent cela des matrices de sens c est le cas de Michael Hall dans son livre The matrix model Le th tre mental n est pas un lieu sur la carte mais le cadre o se jouent et s expriment nos th mes de vie La m taphore du th tre met l accent sur plusieurs aspects e Nous sommes les auteurs des pi ces de notre th tre mental nous les avons con ues au gr de nos exp riences e Responsables des d cisions et des actions nous sommes aussi metteurs en sc ne e Impliqu s dans le d roulement de ces pi ces nous en sommes les acteurs e Les autres s impliquent dans nos p
5. autres aspects Malgr l importance de ces facult s on les conna t tr s peu comment se d veloppent elles Quels facteurs influencent leur d veloppement Comment sont elles reli es aux instruments de mesure traditionnels Eyrolles 11 D CHIFFRER NOS COMPORTEMENTS Nos th mes de vie sappuient en partie sur des traits de caract re inn s qui se sont exprim s au cours de notre d veloppement L id e d un programme inconscient s av re utile en tant que m taphore descriptive mais doit rester limit e ce r le Chaque personne est un tre tout fait original et sans aucun doute unique dont la pro pre exp rience est beaucoup plus efficace que celle des autres Nous l apprenons d ailleurs souvent nos d pens Une autre m taphore se r v le utile pour d crire et souligner l inter d pendance des l ments qui constituent les th mes de vie Quand on regarde un mur de pierres l attention se porte en priorit sur les blocs d taille leur forme leurs couleurs leurs reliefs avant de s attarder sur le ciment qui les tient ensemble Crit res valeurs et comportements repr sentent les pierres de l difice personnel le th me de vie est le ciment qui assure la coh sion de l ensemble Aucun difice ne pourrait tenir debout sans un lien entre ses l ments De m me nous ne saurions faire l conomie d une coh rence entre les diff rents aspects de notre personnalit Les th mes de vi
6. de comprendre et de pr voir les comportements C est d ailleurs pourquoi la PNL a b n fici tr s vite d une r putation 1 D s 1957 ric Berne publie un premier ouvrage Psychiatrie et psychanalyse la port e de tous qui comprendra d j un chapitre sur l analyse transaction nelle avant de r diger explicitement en 1961 le premier livre consacr sa m thode Analyse transactionnelle et psychoth rapie Petite biblioth que Payot 2001 Eyrolles 15 D CHIFFRER NOS COMPORTEMENTS de technique manipulatoire Simplicit efficacit ont souvent fait oublier la complexit r elle de l exp rience individuelle Les neurosciences fort en vogue actuellement tudient de nombreux domaines de l exp rience allant de la cognition la mise en uvre de comp tences Ainsi il semble que la base de toute pens e soit la g n ralisation partir de quelques l ments la pens e discerne des similitudes et construit un savoir applicable d autres contextes Quand on observe les manifestations d un th me de vie la logique existentielle appara t et permet de pr voir r actions et comporte ments dans d autres situations Il s agit de porter son attention davantage sur la forme que sur le contenu de l exp rience ce qui n cessite de prendre un peu de recul et d viter les valuations h ti ves Puissant levier d influence le th me de vie se ma
7. largement cette id e c est le cas des approches b havioristes et comportemen talistes dont la PNL s inspire en partie Nous devons prendre du recul par rapport cette m taphore infor matique et comprendre qu aucun programme ne saurait rendre compte de la complexit humaine Si nous comparons le th me de vie un programme inconscient c est qu il d termine discr tement d cisions et comportements chappant au contr le volontaire pour utiliser des chemins intuitifs Le sociologue et philosophe Edgar Morin dans Le Paradigme perdu la nature humaine explique l volution de l homme par son aptitude naturelle la culture et l aptitude culturelle d velopper la nature humaine Il poursuit homme n est pas constitu de deux tranches superpos es l une bionaturelle l autre psychoso ciale L homme est une totalit biopsychosociologique Nos th mes de vie avant de devenir ces programmes inconscients se construisent dans ces contextes multiples alliant les aspects biolo giques aux paysages psychosociaux Sources d inspiration de nos comportements ils utilisent des raccourcis cognitifs sortes de pro grammes inconscients que nous tudierons par la suite Pourrait on imaginer qu un th me de vie soit en rapport avec un programme g n tique Tel le serpent de mer le d bat propos de la part de l inn et de l acquis dans le d veloppement de la personne revient p riodiquement C
8. tes vous pr t lutter trouver une raison de sourire ou bien en cas de difficult avez vous plut t tendance vous replier dans l amertume et la d prime Les r gles du jeu Dans l ombre Une fois tablis les th mes de vie agissent discr tement et nous ne sommes conscients ni de leur pr sence ni de leur influence Parfai tement int gr s notre th tre mental nos choix et nos comporte Eyrolles 5 D CHIFFRER NOS COMPORTEMENTS ments nous paraissent spontan s naturels librement choisis Les comprendre ou les analyser comme tant lexpression de nos croyances ou les r sultats d apprentissages demande un effort une r flexion exige de prendre une certaine distance Nous prenons conscience de nos th mes de vie quand ceux ci se r v lent insuffisants face certaines situations C est un sentiment de malaise ou de d calage vis vis de soi m me qui en r v le l influence La fa on dont un th me de vie s installe et guide nos comportements peut se comparer certains aspects de l apprentissage Dans les pre mi res phases de l apprentissage d une technique qu il s agisse d apprendre conduire jouer du piano ou se servir d une t l commande nous devons tre tr s attentifs et nous concentrer sur la t che ex cuter correctement Ensuite les choses deviennent faciles naturelles Cela signifie que nous avons construit des automatismes qui se chargent en
9. Catherine CUDICIO D chiffrer nos comportements Eyrolles 2005 ISBN 2 7081 3399 3 EYROLLES ff CHAPITRE 1 Le th tre mental Ses amies et ses coll gues de travail l envient Tout r ussit cette jeune femme dynamique et ambitieuse trente deux ans Marine cadre sup rieur m ne de front sa carri re et sa vie priv e Pourtant ni ses relations familiales ni sa r ussite sociale ne lui apportent de satisfaction durable Elle ressent toujours un manque et cherche des solutions en s engageant dans une d marche de travail sur soi Quand elle parle de sa situation actuelle elle dit oui c est pas mal mais enfin je pourrais s rement faire mieux le plus petit d tail devient une calamit Elle poursuit Je suis oblig e de tout v rifier parce qu il y a toujours quelqu un qui ne fait pas bien son travail Si je laisse faire a prouvera que je suis incomp tente je ne peux pas supporter cette id e Elle pr cise ce que je fais a doit tre impeccable personne ne doit y trouver redire Aimeriez vous jouer un r le dans le th tre mental de Marine tes vous comme elle Tourment continuellement par le d sir de mieux faire de vous d passer vous surpasser insatisfait frustr et incapable d accepter les critiques Pourtant vu de l ext rieur tout semble impeccable n est ce pas Ce d calage entre l image de soi que l on veut trans
10. des r actions humaines face diff rentes situations La peur de l autre le souci de d fendre ses acquis l envie la jalousie le sen timent de puissance que conf re le groupe le besoin de s curit la tendance la paresse et l abdication de ses responsabilit s consti tuaient autant de puissants leviers d influence permettant d emme ner l auditeur dans un voyage motionnel parfaitement organis A t on vraiment chang de leviers aujourd hui Dans le domaine de la psychologie l id e de sch mas inconscients est tr s pr sente ric Berne le fondateur de l analyse transaction nelle met l accent sur ce qu il nomme des tats du moi Ils corres pondent des comportements bien d finis et s illustrent dans diff rents sc narios de vie Fritz Perls cr ateur de la gestalt th rapie identifie lui aussi des sch mas inconscients que son approche va r v ler pour mieux en com battre les effets n gatifs peurs irraisonn es compulsions diverses d prime et autres maux Richard Bandler et John Grinder cofondateurs de la PNL Program mation neurolinguistique mettent en vidence de tr s nombreux sch mas inconscients fond s sur plusieurs l ments repr sentations sensorielles croyances valeurs Ces l ments sont regroup s en cat gories qui permettent de d crire l exp rience subjective connaissant les mat riaux et le mode d emploi il devient alors tr s facile
11. e donnent un sens nos choix et en assurent la coh rence Lien logique qui donne un sens aux choix et aux comportements on pourrait aussi comprendre un th me de vie comme la cl d une nigme Certains choix ou comportements nous paraissent pre mi re vue bizarres injustifi s ou m me incoh rents parce que nous les jugeons d apr s notre propre th me de vie Ce qui semble logique pour certains para t illogique d autres Il s agit de donn es subjectives et non d une logique universelle La tendance spontan e g n raliser pour mieux valuer et pr voir incite porter davantage d attention aux ressemblances qu aux diff rences Chaque personne poss de son propre th tre mental Chemin faisant Les th mes de vie se construisent et voluent en permanence Cha que exp rience vient renforcer ou au contraire saboter les croyances et autres rep res qui les jalonnent Le th me de vie est un reflet de l identit exprim e dans nos diff rents r les 12 Eyrolles LE TH TRE MENTAL Enfant parent ami partenaire conjoint travailleur dirigeant asso ci notre identit se manifeste sous diff rents aspects model s par nos appartenances sociales culturelles affectives et morales Se sentir en accord avec soi m me signifie que les choix sont coh rents avec l identit ce qu on s autorise ou s interdit ce que l on juge int res sant stimulant ou motivant Pre
12. endant le processus continue Cette dynamique est tr s variable d une personne une autre Parfois une seule exp rience vient contredire des certitudes qu on croit bien ta blies et fait basculer l ensemble des th mes de vie 1 Revue Sciences Humaines Hors S rie num ro 10 Qui sont les Fran ais Septembre Octobre 95 Ce num ro tente de montrer travers les multiples classements sociologiques la difficult cerner l identit des gens Il pr sente les diff rentes classifications en usage en France et dans le monde Eyrolles 13 D CHIFFRER NOS COMPORTEMENTS Monique rejoint deux amies la pause du d jeuner Qu est ce qui t arrive lui demandent elles Cela se voit ce point r pond Monique surprise C est bon je vais tout vous dire lly a quinze jours je suis all e au mariage d une copine c tait une tr s belle f te tout allait bien super ambiance il y avait des chan sons des rires J ai pass une journ e merveilleuse Apr s un instant de silence se rem morant l exp rience Monique reprend Quelques jours plus tard cette amie m a appel e pour me mon trer les premi res photos Il y en avait une o l on me voyait j tais en train de fumer Je ne sais pas ce qui s est pass mais tout d un coup j ai eu horreur de cette image je ne me recon naissais plus cause de cette cigarette Depuis je n ai plus fum une seule cigarette quelque chose a chan
13. er en d pit du potentiel g n tique Pour simplifier on pourrait dire que chacun poss de au d part une bo te outils bien quip e que les circons tances de sa vie l autorisent utiliser totalement ou partiellement 1 Dans un article intitul Intelligence Knowns and Unknowns paru dans la revue American Psychologist en 1996 les auteurs Neisser Ulric et alii montrent que l inconnu reste encore beaucoup plus vaste que le connu dans le domaine de l intelligence Ils recensent quelques questions majeures lais s es sans r ponse par la recherche scientifique En voici trois qui touchent de plus pr s le monde scolaire 1 La g n tique a une influence importante sur le rendement intellectuel mais on ne sait pas comment elle agit ni pourquoi elle appara t plus influente dans les QI des adultes que dans les QI des enfants 2 Les facteurs environnementaux sont importants mais on ne sait pas lesquels sont les plus importants ni comment ils influencent le rende ment intellectuel Par exemple la scolarisation influence tr s certaine ment le rendement intellectuel mais on ne conna t pas les aspects de la scolarisation qui influencent les QI 3 On est largement d accord avec le fait que les tests ne d crivent ni n valuent toutes les formes d intelligence Ils oublient la cr ativit la sagesse le sens pratique la perspicacit sociale et bien d
14. g cela m a fait r fl chir L exp rience de Monique a effectu un recadrage des valeurs dans son th me de vie le fait d avoir cess de fumer traduit une impor tante modification de la repr sentation de soi Pour Monique le plus important n est pas d avoir pris cette d cision Pour elle cette d ci sion est la cons quence d un changement plus profond L volution d un th me de vie passe souvent inaper ue Quand un comportement solidement inscrit dans l habitude se modifie c est qu un changement au niveau de la repr sentation de soi cr e les conditions requises Au terme d une maturation inconsciente on atteint un seuil partir duquel se produit le changement L exemple de Monique illustre ce type de changement Sa repr sentation de soi a volu sans qu elle soit consciente du processus Une image a suffi ensuite pour faire appara tre le changement et d clencher un nou veau comportement Pour mieux pr voir Depuis la plus lointaine Antiquit philosophes et savants ont vou leurs travaux tablir des savoirs permettant de comprendre et de 14 Eyrolles LE TH TRE MENTAL pr voir diff rents ph nom nes naturels les astres les mar es et la nature humaine tant dans ses dimensions biologiques que psycholo giques et spirituelles L art oratoire des Grecs et des Latins se fondait non seulement sur la ma trise du langage mais aussi et surtout sur une observation savante
15. i ces soit comme specta teurs ou acteurs 1 Lev Vygotsky 1896 1934 est souvent qualifi de g nial car il alliait une immense rudition en sciences humaines avec une pens e d avant garde dont les id es demeurent encore tr s actuelles Comme William James Vygotsky n est pas psychologue de formation initiale Les informations et r f rences au sujet de Vygotsky sont issues de la publication Perspectives revue trimes trielle d ducation compar e Paris UNESCO Bureau international d duca tion vol XXIV n 3 4 1994 91 92 p 793 820 Ces th mes sont aujourd hui tr s en vogue car ils se situent au carrefour de la psychologie sociale et de la psychologie cognitive La th orie de Vygotsky est historique ment et scientifiquement la seule source significative de recherche sur les processus d acquisition de connaissances dans la psychologie contemporaine Seuls quelques rares sp cialistes ont eu acc s ses uvres r dig es en russe Il a fallu attendre de nombreuses ann es avant d en avoir des traductions en anglais Thought and Language Cambridge Mass MIT Press 1962 4 Eyrolles LE TH TRE MENTAL Ces diff rents aspects de la m taphore th trale montrent bien toute la complexit de notre exp rience de sa repr sentation et de son partage relationnel Les th mes de vie inspirent les pi ces l affiche de notre th tre mental ils en d finissent les limites les objectifs le
16. imaginer la r alisation d un projet de penser quelqu un que nous aimons c est parce que nous poss dons un quipement mental destin repr senter le r el Nos perceptions sensorielles nos motions sont cod es et rang es un peu comme un ordinateur compresse un fichier volumineux Ainsi notre m moire mest elle pas encombr e d une foule d l ments mais contient seulement ceux qui permettent de reconstruire l exp rience de se rappeler un souvenir ou de b tir une image r aliste d un but d un souhait ou de quelque chose qu on redoute La comparaison entre le cerveau et l ordinateur reste une image commode qui ne d crit pas la com plexit des tres humains elle pr sente cependant l avantage de montrer clairement le d calage entre la r alit et sa repr sentation La carte de la r alit repr sente notre interpr tation des choses mais elle les r duit et les simplifie pour ne garder que les l ments utiles Comme il est plus facile et plus conomique de prendre des d ci sions en manipulant seulement une petite quantit d informations 2 Eyrolles LE TH TRE MENTAL nous avons tendance privil gier la carte la r alit Si nous devions prendre en consid ration tout ce qui fait partie d une situation nous ne pourrions jamais d cider c est dire sortir du processus de choix En effet nous ne ferions que recevoir trier valuer des infor mations Pour aller de Pari
17. is ce n tait pas ma voie Les th mes de vie d Antoine se caract risent par l aptitude mener ses missions leur terme Quand il a un objectif il fait de son mieux pour l atteindre Le d sir de faire plaisir ceux qu il aime est aussi une donn e essentielle avec pour contrepartie n gative une impor tante difficult s opposer La premi re caract ristique l a finalement emport il avait men sa mission son terme se sentait en quelque sorte lib r et pouvait enfin s autoriser entreprendre ce qui lui tenait tant c ur Des programmes inconscients Le terme de programme appliqu l tre humain est souvent mal compris Cette m taphore informatique ne recouvre pas la r alit Elle en est une repr sentation Le terme programme s emploie gale 1 Catherine Cudicio Le grand livre de la PNL ditions Eyrolles 2004 La notion de programme se r f re au sens donn par la PNL c est dire comme le r sultat d une strat gie d adaptation ou d un apprentissage Eyrolles 9 D CHIFFRER NOS COMPORTEMENTS ment dans le domaine de la g n tique pour d signer des ensembles de caract ristiques h r ditaires id e m me de programme renvoie une notion d terministe qui tend limiter le champ de nos choix individuels au profit de logiques ext rieures qu elles soient biologi ques ou sociales Pourtant il existe des courants de pens e qui utilisent
18. mettre et celle que l on ressent met en vidence diff rents niveaux de compr hension et de lecture du v cu Le m me v nement prend un sens diff rent selon chacun parce qu en d pit de similitudes apparentes ces exp riences ne sont pas repr sent es comprises et v cues de la m me fa on Quand Marine obtient un succ s elle est d abord contente Eyrolles 1 D CHIFFRER NOS COMPORTEMENTS puis elle se dit qu elle aurait pu mieux faire ou l obtenir plus t t et elle finit par conclure que pour elle la r ussite Cest juste normal Dans le th tre mental de Marine il ny a pas de place pour l improvisation l indulgence la tol rance la patience et encore moins pour l chec Comme Marine nous agissons en fonction d une repr sentation du monde qui se construit progressivement au fil des jours travers notre vie quotidienne nos relations nos activit s L interpr tation de ces exp riences donne le jour diverses croyances qui s organisent en une carte de la r alit Le th tre mental s enracine son tour dans la jungle de nos croyan ces Il devient alors le cadre logique id ologique et motionnel de nos prises de d cision et de nos comportements Les th mes de vie correspondent aux pi ces l affiche de ce th tre Des coulisses la sc ne Repr sentation du monde carte de la r alit Si nous sommes capables de nous rappeler un souvenir avec r a lisme d
19. ndre des d cisions en se sentant contraint provoque un sentiment de rupture ou de manque de coh rence Il existe parfois un profond d calage entre les comportements et la repr sentation de soi Actes et paroles ne vont pas toujours dans le m me sens Il ne s agit pas n cessairement de mensonges d lib r s mais de l expression d un d calage ou d une incoh rence Au cours des p riodes d volution ou de remise en question des changements s effectuent mais la perception de soi peut tre d ca l e C est comme si on coupe court des cheveux tr s longs il faut un peu de temps pour int grer cette nouvelle perception de soi Les th mes de vie voluent en permanence ceux que l enfant utilise dans ses exp riences initiales sont diff rents de ceux que l adolescent met l preuve pour trouver ses rep res personnels D importants bouleversements jalonnent le chemin entre l enfance et l ge adulte La personnalit acquiert ses propres traits sa signature individuelle qui diff rencie chacun et met en exergue son caract re unique Au cours de l adolescence de nombreux d calages entre les comporte ments et la repr sentation de soi apparaissent L adolescent cherche en effet des ancrages valorisants des mod les d identification et d affiliation Ceux de l enfance ne suffisent plus ceux des adultes ne sont pas adapt s Lorsqu un quilibre est atteint le rythme de l vo lution ralentit se stabilise Cep
20. nifeste dans diff rents contextes M me si la situation change la mani re indivi duelle de la g rer reste constante jusqu ce que de nouvelles don n es viennent s int grer Anne Laure trente huit ans fonctionnaire presse le pas pour rentrer chez elle sans jeter un seul coup d il autour d elle Son petit apparte ment est comme une bonbonni re impeccablement rang L ordre r gne Anne Laure ne lit pas les journaux la t l elle ne regarde que les missions de vari t s les TV r alit et quelques rares films Elle passe sa vie se lamenter sur son sort et critiquer les autres Anne laure est tr s bien organis e et m ne une petite vie tranquille Elle n a pas d amies D ailleurs elle ne voit que les nombreux d fauts des autres et finit par conclure Chacun fait ce qu il veut moi je ne m en occupe pas ce n est pas moi qui vais les emp cher de g cher leur vie D ailleurs je ne parle avec personne comme a je n ai pas d histoire Quand Anne Laure parle de sa situation elle pr cise Oui je pourrais sans doute chercher un meilleur travail essayer de sortir de me faire des amis mais c est trop dangereux Il vaut mieux essayer de garder ce qu on a et s en contenter au lieu de courir apr s des illusions Pour Anne Laure le reste du monde est une illusion Etes vous comme elle repli sur votre petit univers imperm able ce qui vient de l ext rieur 16 E
21. nventer une alternative quand bien m me on r p te ses erreurs Dans leur livre La Soumission librement consentie Jean L on Beauvois et Robert Vincent Joule illustrent cette attitude de nombreux exemples et montrent comment une simple exp rience peut tre l origine d une croyance d une certitude et bien entendu des comportements qui la r v lent Ressources ou handicaps Les th mes de vie exercent leur influence en permettant d utiliser ou d inhiber nos qualit s et nos ressources L quilibre entre le d sir et la peur l attrait de la d couverte et la peur de l inconnu sont au c ur des probl matiques Les exemples suivants montrent comment voluent les croyances qui structurent les th mes Un th me caract ris par une intense curiosit conduit faire des d couvertes Les comportements s orientent naturellement vers de tels objectifs Si la crainte du monde ext rieur gouverne les th mes de vie des strat gies de pro tection se mettent en uvre mais limitent les champs d action comme les d couvertes Le sentiment d tre en accord avec soi 1 Jean L on Beauvois et Robert Vincent Joule La Soumission librement consentie Presses Universitaires de France 1998 2 l exp rience la plus connue est l escalade d engagements Staw 1976 1981 Des tudiants de grandes coles de commerce ont une tude de cas r aliser selon une consigne tr s stricte ils doivent prendre les meilleures
22. partie de l ex cution de la t che Enfin quand l apprentissage est parfaitement ma tris nous devons faire un effort pour retrouver les tapes successives les gestes les comportements efficaces Tout se passe en effet comme si l on avait oubli la fa on d y parvenir Des processus similaires permettent de construire les th mes de vie Quand nous vivons une exp rience nous apprenons g rer la situa tion et en tirons un enseignement et une interpr tation Ce savoir ou ce savoir faire acquis en cette occasion sera g n ralis puis utilis dans des situations jug es similaires une nouvelle croyance s int gre notre th tre mental Enfin nous oublions l exp rience son interpr tation et la croyance Elles font dor navant partie de nos comp tences inconscientes C est ainsi que l on apprend avoir peur de ne pas tre aim de res ter seul de perdre sa libert et mettre en place l ensemble des sch mas inconscients les mat riaux de construction ou la mati re premi re de notre th tre mental Ce processus permet de r p ter le comportement utilis dans la situa tion ayant servi de cadre l apprentissage de la croyance Pourtant si ce comportement a t efficace dans un contexte donn il ne le reste pas n cessairement dans toutes situations comparables Il semble 6 Eyrolles LE TH TRE MENTAL cependant bien plus facile de refaire la m me chose que d i
23. rit n est pas bonne dire mais quand j essaie de mentir ou de dissimuler quelque chose je ne me supporte plus Je vais trouver n importe quel moyen pour dire ce que j ai sur le c ur et tant pis si a f che Pourtant si je r fl chis bien rien ne m oblige le faire je me doute que a peut g ner les autres Mais quelqu un doit dire la v rit m me si a blesse autant que ce soit moi Etes vous comme Karine incapable de vous supporter lorsque vous mentez pr t entrer en conflit avec les autres cause de vos propos qui f chent Dans cet exemple l motion sert de signal d alerte Gr ce elle Karine se sent en accord avec elle m me ou en d calage si elle trans gresse les principes de son th me de vie M me si nous justifions nos comportements avec des raisonnements nous agissons sous l influence des th mes de vie qui se manifestent dans nos motions et sentiments Les objectifs que nous n arrivons pas atteindre se situent en dehors des limites de nos th mes de vie Ils correspondent une image de soi qu on voudrait atteindre ou transmettre Pour construire leur th me de vie beaucoup de gens utilisent des mod les emprunt s d autres et valoris s par leur groupe sociocultu rel de r f rence Les gens c l bres sont souvent envi s et imit s par leurs admirateurs que s duit l image transmise m lant richesse talent habilet beaut Ces choix ne sauraient pourtant satisfaire
24. s Toulouse par la route il n est pas n ces saire d utiliser une carte de l Europe encore moins un planisph re ce serait plus g nant qu utile une simple carte routi re de France remplit bien mieux ce r le En 1933 dans un ouvrage qui le rendra c l bre Science and Sanity le linguiste et psychologue Alfred Korzybsky d veloppe l id e que la carte n est pas le territoire Il convient de s en rap peler pour comprendre sa propre exp rience ou celle des autres l auteur montre la distance entre les mots et ce qu ils repr sentent et souligne que faute d en tenir compte erreurs et contresens se multi plient Une cinquantaine d ann es plus tard en 1990 les ditions de l clat prennent le risque de publier une vaste s lection d uvres de Korzybsky sous le titre Une carte n est pas le territoire C est partir de ces travaux que s est constitu e la s mantique g n rale outil de r flexion sur le langage utilis en psychologie et en commu nication Le philosophe et psychologue William James publie en 1890 les Principes de Psychologie uvre rudite qui pose les bases de ce qui deviendra une science part enti re la psychologie James n est pas un r veur il s inscrit dans une d marche scientifique et cherche toujours s appuyer sur l exp rience pour tayer ses hypo th ses Ses id es ont t tr s f condes par exemple celle des pr dominances sensorielles
25. s id aux les rep res et les r f rences et enfin ils refl tent l ambiance qui y r gne Certains se sp cialisent dans la cr ation de pi ces tragiques inlassa blement r p t es agr ment es a et l de quelques nouveaux d tails pour donner l illusion qu il s agit d un pisode in dit Les th mes de vie v ritable structure des comportements et des prises de d cision tendent au contraire s illustrer dans des sch mas r p titifs Marie Odile institutrice retrait e traverse la vie avec une joie de vivre exceptionnelle Son existence pourtant pourrait sembler injuste et dure En effet elle a perdu son compagnon et sa fille unique dans un accident Elle a reconstruit sa vie autour de projets qui lui ont permis de surmonter sa solitude et la d tresse de ce double deuil Elle s occupe d une association caritative et ne m nage pas ses efforts pour venir en aide aux autres soutien scolaire animation d une biblio th que ateliers d criture Quand Marie Odile parle de sa situation elle dit Quand je regarde autour de moi je trouve que finalement il y a des gens beaucoup plus malheureux que moi je veux leur mon trer qu on peut toujours se battre et reprendre son destin en main Malgr tout je trouve chaque jour une raison de sourire Se sentir heureux ou malheureux d pend de ses propres exp rien ces mais plus encore de la fa on de les interpr ter Vous sentez vous proche de Marie Odile
26. yrolles LE TH TRE MENTAL Le th me de vie d Anne Laure se structure autour d une peur du monde ext rieur et la volont de r duire son univers des dimen sions qu elle estime sa port e Elle est galement prisonni re d un paradoxe apparent d une part elle se consid re comme une per sonne sens e intelligente raisonnable et pleine de qualit s d autre part elle se sent faible seule et d munie face aux dangers du monde ext rieur Munis de ces informations imaginons ce qu elle ferait si une voisine frappait sa porte pour lui demander un service ou si une cousine de province d barquait l improviste pour qu elle l h berge votre avis Anne Laure peut elle adopter un animal de compagnie Lequel choisirait elle Un petit chat un oiseau en cage Le chien trop exub rant semble exclu un rat blanc peut tre Si Anne Laure d cidait tout coup de partir en voyage de simpli quer dans une association humanitaire d avoir un petit ami cela vou drait dire que son th me de vie a subi une modification En premi re lecture on dirait Cela m tonne venant d elle ou bien encore Je n aurais jamais pens qu elle aurait fait a Ces comportements n entrent pas dans le cadre de son th tre mental selon notre lecture intuitive Eyrolles 17
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