L`OGRE TÉLÉVISION
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1. cr par un certain M X etc Car au fond de lui m me l enfant le sait mais il aime jouer avec cette possibilit de r a lit du fantasme comme a Pourquoi l en priver quand cela n a aucun effet n gatif sur son d veloppement sur le plan psy chologique D ailleurs ce monde merveilleux dispara t toujours trop t t qu on ne s y attend pourrait on ajouter Aussi pourquoi ne pas parler plut t de merveilleux propos de ce monde imaginaire Pourquoi oublie ton si vite et si parfaitement quand on est adulte combien on a aim ce monde merveilleux en tant qu enfant Et alors pourquoi les adultes refusent ils si souvent le terme merveilleux pour le remplacer par celui de fantastique lui collant ainsi une connotation d sagr able Il est assez difficile de tracer la fronti re entre fantastique et imaginaire Car qu est ce que le fantastique D apr s le dic tionnaire Robert ce qui est cr par l imagination qui n existe pas dans la r alit D s qu il s agit du fantastique on a tendance en parler imm diatement en des termes le confrontant la r alit Les enfants ne vivent plus sur le terrain de la r alit car ils voient trop de films fantastiques Mais les enfants ont toujours t fascin s par les contes de Grimm d Andersen de Dickens etc dans les quels toutes les figures du monde fantastique sont pr sentes et l les parents n taient nullement irrit2. nario est plut t st r otyp Lorsque l action se d roule ailleurs les enfants gr ce ce d collage se sentent plus en s curit que lorsque la proximit des v nements est de l ordre du possible En r gle g n rale la peur peut tre suscit e autant par le contenu que par la fa on dont certains l ments ou s quences inter viennent dans le d roulement du r cit Fantomas il faut toujours tuer quelqu un C est des films atroces chaque pisode il tue quatre ou cinq personnes 1 Les enfants sont choqu s aussi par l inattendu ce qui arrive quand on ne s y attend pas Euh oui y a des films puis des dessins anim s aussi a arrive tout d un coup alors j ai peur 2 La force de l image para t plus agressive que la voix pour cer tains enfants Mais malgr la peur qu voque indiscutablement certaines missions les enfants n teignent pas toujours l appareil ne quit tent pas la pi ce o celui ci est install Ils restent et cherchent les moyens de fuir leur mission ou de l apaiser tourner le dos baisser le son changer de cha ne etc par exemple Et il faut avouer que les adultes les parents sont souvent leur complices dans ces man uvres Quand a marque trop j arr te je tourne le dos Tu coutes seulement ou tu fermes les yeux ou quoi Eh non je me tourne en coutant toujours et ma maman me dit quand je peux me tourner 3
3. s quand leurs enfants raffolaient de ces histoires Alors o r side ce petit quelque chose qui les met en col re quand ils voient les enfants admirer Goldorak l cran Ce probl me est tr s vaste et rel ve du m pris de l imaginaire qui sous tend certaines attitudes p dagogiques Mais ce n est pas tout il existe un autre aspect rarement mentionn Il s agit bel et bien de l existence d une culture enfantine Cette culture enfantine n est pas une nouveaut puisqu elle existe depuis tr s longtemps mais jadis elle appartenait d une cer taine fa on la culture adulte dans la mesure o elle tait livre ouvert pour le monde adulte Or depuis que la t l vision est entr e dans la vie des enfants une toute autre culture commence d finir son propre territoire Ce terrain vague est incertain peu s r aux yeux des adultes qui d ailleurs ne comprennent rien aux aventures de Goldorak non plus Le vice n 3 Le troisi me p ch dont se rend coupable la t l vision est la peur que les missions t l visuelles suscitent Que le spectacle propos soit la reproduction d un fait enre gistr comme t moignage pr cis qu il soit le r sultat d une construction imaginaire cela ne change rien l origine de la cause 1 L Lurcat Cing ans seul avec Goldorak Paris d Syros p 25 25 de la crainte Les enfants ont peur de la t l vision R p tent inlassableme
4. l cole rejettent leur angoisse leurs remords sur la t l vision et ils attendent le miracle Or la t l vision n est pas un rem de miraculeux On a ainsi esp r qu elle allait r soudre le probl me de l in galit devant la culture qu elle amuserait intelligemment les enfants en notre absence qu elle serait une sage baby sitter etc Tous ces r ves qu elle n arrive pas satisfaire Et particuli rement tous ces clich s qui n arr tent pas de circuler son sujet ce propos nous pensons E Goblot Les jugements les plus difficiles d raciner sont les jugements de valeur parce qu ils sont les moins r fl chis et parmi eux les juge ments collectifs ceux que le sujet n a pas lui m me form s mais qu il a re us tout form s 2 BIBLIOGRAPHIE M CHALVON P CORSET M SOUCHON L enfant devant la t l vision Paris Casterman 1979 183 P M J CHOMBART DE LAUWE C BELLAN Enfants de l image Paris Payot 1979 295 p C GAUTHIER Ph PILARD T l vision passive t l vision active Paris Tema ditions 1972 295 p E GERIN Les jeunes et la t l vision Paris Ed Fleurus 1966 166 p H HIMMELWEIT A N OPPENHEIM P VINCE Television and the Child An empirical study of the effects of television on the young London New York Toronto Oxford University Press 1958 522 p J KOMOROWSKA La t l vision dans la vie des enfants revue Enfance avril sept
5. simple de l accepter telle qu elle est cette t l vision De toute fa on elle est venue chez nous et nous sommes plus ou moins condamn s vivre avec elle puis fina lement elle n est pas si mal que a Elle nous ouvre les portes du monde elle nous amuse nous et nos enfants Bref elle poss de des qualit s et pas seulement des d fauts Ainsi faut il profiter de ses bons c t s et diminuer les mauvais Par exemple si l enfant ne regarde pas tous les jours et tout le temps cela ne lui fera pas de mal au contraire Si on lui explique que le reportage qu il vient de voir est en r ali t un document qu il s agit bel et bien de gens vivant loin de chez nous et non d acteurs maquill s jouant dans un feuilleton il apprendra que la r alit peut surpasser la fiction Si l on discute avec lui apr s l mission vue par tous il apprendra de celle ci Car un enfant apprend de tout Et si il n y a rien d int ressant la t l vision on pourra lui expliquer que ce n est pas la peine de la regarder qu il est pr f rable de prendre un livre de bavarder ou de se consacrer une autre activit Bien entendu cela de mande du travail aux parents Car l enfant est la base un tre cr ateur qui aime cr er Il ne devient pas paresseux tout seul sans ant c dent particulier Ainsi s il assiste une mission par jour mission qu il a choisie et de laquelle il peut parler avec son entourage il a p
6. sont encha n s par les mod les transmis par le petit cran Or quand on jette un coup d il sur le petit enfant qui gambade devant l cran on peut constater que l enfant continue jouer devant le t l viseur Il va et vient parle commente les images vues l cran s occupe de ses jouets donc il n est pas compl tement absorb par la t l vision De plus quand vers 6 7 ans il est capable de rester un peu plus tranquille face son mission pr f r e celle ci fournit des l ments ses yeux ainsi qu son imagination Plus g il va probablement imiter les h ros leurs gestes leurs mimiques Ce comportement inqui te souvent les adultes qui y voient les premiers signes de l intoxication et qui par souci p dagogique veulent leur pargner de tels effets nocifs Ce qu ils ne savent pas c est que Tout spectacle suscite des ph nom nes de participation Mais le spectacle filmique provo que des ph nom nes de participation d passant en profondeur et en ampleur tous les autres 1 Dans les soci t s technologiquement avanc es le nombre d heures d coute quotidienne de la t l vision pour un jeune t l spectateur a d j d pass le nombre d heures de classe L enfant am ricain entre 6 et 18 ans passe 15 000 heures devant le petit cran et 11 000 heures l cole 1 G Cohen S at P Fougeyrollas L action sur l homme cin ma et t l vision Paris P U F 19
7. v tir le produit afin de lui donner l illusion de la r alit et ce titre elle ne refuse pas d emprunter certains proc d s propres aux missions d information En m me temps de son c t l uni vers politique conomique sportif ne se refuse pas d user des proc dures propres la fiction Ainsi ils ont tabli un champ commun de proc dures que les deux genres utilisent indiff remment quand l occasion s en pr sente En outre il existe des r gles communes notamment la person nalisation la vedettarisation toutes les personnes qui apparaissent devant les cam ras sont maquill es comme des vedettes etc Il est clair que le monde de la t l vision est un monde part r gl par ses propres lois qui elles m mes appartiennent au monde du spectacle Selon Piaget l enfant jusqu ce qu il ait atteint le stade des op rations formelles ou logico math matique a tendance ne pas faire une distinction tranch e et mobilisable tout instant entre la r alit et la fiction de son imaginaire Il tablit continuelle ment une confusion entre son moi et le monde ext rieur l enfant prouve de v ritables difficult s distinguer les produits de son imagination des objets de la r alit Ainsi les fronti res sont 1 G Cohen S at P Fougeyrollas op Cit p 45 confuses et les v nements lui sont pr sents deux degr s diff rents la fois comme r els et comme imaginaire
8. 1964 p 81 240 J PIAGET La psychologie de l intelligence Paris A Colin 1947 212 p L PORCHER L cole parall le librairie Larousse Paris 1974 134 p N SAUVAGE La t l vision les enfants la famille Paris coll Clair 1969 126 p W SCHRAMM J LYLE E PARKER Television in the lives of our children Stanford Stanford university Press 1961 324 p M SOUCHON La t l vision des adolescents Paris d ouvri res 1969 277 p 2 E Goblot La barri re et le niveau d tude sociologique sur la bour geoisie fran aise moderne Paris d Alcan 1930 p 25
9. 65 p 47 24 de la t l vision Il semble in vitable que tous les changements qui se produisent dans les divers aspects de la vie modifient d une mani re d finitive la perception du monde labor e par de jeunes organismes en voie de d veloppement De nouveaux modes de comportement et de nouveaux probl mes d adaptation sociale d coulent in vi tablement des changements survenus dans l environnement Il est clair qu il faut prendre en consid ration ces changements sur venus dans l environnement ou dans le milieu afin de compren dre la nouvelle g n ration D apr s des travaux de psychologues les enfants lev s dans le milieu de la t l vision ont subi des mutations notables sur le plan psychologique Les chercheurs am ricains ont not une vo lution tr s nette des capacit s d apprentissage des enfants soumis une grande dose d absorption de programmes t l visuels En m me temps ils ont pu remarquer chez ces m mes enfants que les capacit s cr atrices ont d clin Cette d couverte serait la base de l mergence de nouvellles craintes la t l vision est une drogue un facteur d engourdissement intellectuel Il para t un peu tonnant que tant de gens s en pr occupent soient pr ts partir en guerre contre la t l vision saisissent toutes les occasions pour s insurger contre elle alors que lorsqu il s agit de se battre pour avoir un espace vert des courts de tennis des cen tres de loisirs c
10. Ce que nous avons voulu d montrer c est que la t l vision sert de bouc missaire de d versoir aux diff rentes tensions existantes dans la vie scolaire des enfants En effet l entr e de cette cole parall le 1 dans la vie exige un mode d emploi Ce n est pas le lieu s r o le matin les parents envoient leur prog niture en toute tranquilit L enfant n y est pas l abri de toutes sortes de dangers A part l intrusion de donn es h t roclites qui peuvent le perturber la t l vision peut tre aussi source d autres dangers Elle confronte la mentalit de l enfant celle de l adulte alors que l cole officielle s efforce d adapter peu peu l enseignement aux ges de l intelligence et de la sensibilit En outre elle s adresse tous au m me moment elle suit son propre rythme va vite sans avoir la possibilit de retour en arri re C est pour toutes ces raisons qu apprendre son mode d emploi est une n cessit absolue 1 enqu te r alis e par l I N R P 1980 2 ibid 3 ibid 1 La d signation de l cole parall le date de 1966 quand il a t formul par G Friedmann dans le quotidien Le Monde 7 8 11 12 janvier 1966 26 En r alit on ne peut jamais parler de ph nom ne t l visuel pure car il y a ici d innombrables facteurs qui sont im briqu s Dans ce n ud de vip res la t l vision est la moins res ponsable si l on peut dire Les parents
11. Enfants adolescents et soci t L OGRE T L VISION Nous avons d j publi l an dernier L Educateur n 9 10 un premier article de Judith Lazar sociologue intitul Attention ils regardent Dallas Sur l ogre t l vision il a t beaucoup dit et crit sans doute mais de la parole aux actes de la r flexion aux actions il y a loin lorsqu on s appelle l cole Alors Pour en finir avec les vices Evoquant le sujet de la t l vision en milieu enseignant on se heurte in vitablement au probl me des vices traditionnels imput s ce moyen de communication passivit fronti re floue entre le r el et l imaginaire et peur Il nous sembla n cessaire d analyser davantage ces probl mes afin de d noncer la m prise dont ils sont accoutum s Le vice n 1 Parmi tous les vices dont on charge la t l vision celui qui est le plus souvent cit s av re tre sans aucun doute la passivit La t l vision rend passifs nos enfants g missent enseignants et parents Avant l apparition de la t l vision nos bambins s int ressaient tout depuis qu elle est entr e dans nos m urs ils sont devenus de v ritables ponges ils ne s int ressent plus rien ils sont insensibles n gligents ind cis d sordonn s inso lents etc En effet la liste est infinie Regardons y d un peu plus pr s On accuse la t l vision d emp cher les enfants de jouer libre ment ils
12. es m mes gens restent muets Pourquoi est ce ainsi toujours la t l vision qui sert de cible ces d ferlements de haine Pour quelle raison reproche t on toujours quelque chose cet engin en v rit anodin Nous pensons tr s s rieusement que les parents ont des remords d avoir accept bras ouverts la t l vision En effet au d but quand elle est apparue tous les parents sau taient de joie Enfin quelque chose qui va amuser intelli gemment nos enfants Or depuis on sait que la t l vision n est pas une baby sitter sans probl me En effet on ne peut pas laisser librement les enfants avec elle car elle est capable de leur raconter n importe quoi bref on ne peut pas avoir confiance en elle Et pourtant Les parents sont souvent fatigu s apr s un journ e de travail et poussent volontiers leur prog niture devant l cran pour avoir quelques minutes de tranquilit Mais voir que les enfants s amusent si bien sans eux cela les intrigue les met en col re Aussi font ils des efforts essayent ils de parler avec l enfant de l cole de ce qui s est pass dans la journ e Mais l enfant n entend plus rien il s int resse ce qu il y a sur l cran maintenant Voil le fameux cercle vicieux install Pourtant la solution ce probl me existe Non surtout ne pas jeter l appareil par la fen tre C est une vieille recette am ricaine qui n a pas donn satisfaction Il est beaucoup plus
13. eu de chance de tomber dans le brouillard de la passivit Quand il devient passif c est qu il s est pass quelque chose dans son entourage qui l a fait basculer dans cet tat de passivit L attitude des gens face l cran l image est une attitude de r ception On se met devant la t l vision et on re oit le message qu elle met Ensuite ce message ne tombe nullement dans le vide mais il suscite des conduites appropri es L attitude des individus soumis l information visuelle est une attitude de participation Cela veut dire que les repr sentations ne sont pas simplement re ues et qu elles sont proprement parl v cues par ceux qui elles parviennent 1 Le vice n 2 L imagination n est pas un tat C est l existence humaine toute enti re William Blake Parmi les critiques formul es contre la t l vision il en est une autre presque aussi fr quente dans l opinion publique que la pr c dente On reproche la t l vision le d placement voire l effacement progressif de fronti re entre le monde r el et le monde imaginaire Il est indiscutable que au cours d une soir e on passe d une mission d information un film de fiction ou l inverse Les deux sont reli s par le discours spectaculaire propre la t l vision et le jeune t l spectateur passe de l un l autre pour ainsi dire sans transition Or d un c t l uvre de fiction utilise tous les moyens pour
14. nt psychologues enseignants parents tout ce monde qui se dit pr t servir la bonne cause Il est indiscutable que certains films peuvent tre source de crainte mais pourquoi ne pas avouer que la r alit elle aussi peut l tre Or c est l enfant qui est un tre angoiss une phrase impru demment prononc e devant lui qui ne posera aucun probl me son fr re ou sa s ur qui a deux ans de plus que lui peut le perturber l angoisser gravemment Tout ce qu il ne comprend pas perturbe l enfant Mais dire que les enfants ont peur depuis que la t l vision est entr e dans notre civilisation est un v ritable plaidoyer en notre faveur Car qui osera aller jusqu soutenir que les enfants ont peur des missions qui leur seront destin es Il est vrai toutefois que l inconnu malgr son attirance quel quefois irr sistible peut devenir source de crainte Une mission difficile comprendre peut provoquer plus d an goisse qu une autre tout fait la port e de la compr hension des jeunes Le myst re le suspense dont sont entour s certains v nements les rendent plus inqui tants que les films policiers En r gle g n rale on peut dire que les enfants paraissent tre plus mus par les sc nes o la tension dramatique est forte la souffrance humaine montr e de fa on r aliste que par la pr sence de cadavres de coups de poings distribu s par les policiers ou par les westerns dont le sc
15. s On comprend alors combien la t l vision peut agir sur un tel personnage Mais ce genre de confusion entre r el et imaginaire si elle existe bien chez le jeune enfant est vite surmont e avec l ge L enfant l ge de la maternelle sait d j que Goldorak n est pas vrai Non il est en faux en t l vision et en jouet 1 Jacqueline 6 ans Par ailleurs dans les d rapages qui apparaissent surtout chez les jeunes enfants les producteurs ne sont pas videmment tou jours innocents lls utilisent volontiers le m lange des genres ainsi il n est pas rare qu on assiste la mise en sc ne d un fait historique comme s il s agissait d un feuilleton L pour l enfant il est difficile de distinguer N anmoins il faut se rappeler que cette sorte de glissement de la r alit vers la fiction qui inqui te tant les enseignants existait dans la vie des enfants bien avant l av nement de la t l vision C est exactement de ce dont parle Piaget quand il dit que l en fant jusqu l ge de 8 ans a du mal diff rencier les v nements qu il a v cus et ceux dont il a r v Bien entendu la t l vision sert ces glissements mais l enfant en r gle g n rale surmonte avec l ge ce probl me Bien que cela ne soit pas nocif il semble inutile de convaincre tout prix l enfant il s agit du jeune t l specta teur que son animal pr f r vu la t l vision n existe pas qu il a t
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