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L`Anabase d`Ulysse et du petit Poucet

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Contents

1. L humanit s est d velopp e en donnant chacun sa place Le Corbusier Si l ge du fer certains groupes n avaient pas refus de se s parer des plus faibles d entre eux nous aurions jamais construit de ville Ulysse Lhumanit se construit sur ses faiblesses elle s l ve gr ce ses membres inf rieurs Ulysse Dans certains pays les hommes naissent endett s vie l conomie nie parfois nos origines Ou alors elle confirme notre mal diction post d nique et reconduit le bail emphyt otique du p ch originel Le Corbusier cause de l argent qu on leur avait ne argent q l pr t pour acheter leur maison les pauvres ont bien failli faire s effondrer l conomie de march Le Petit Poucet Lhomme est un loup pour l homme surtout les pauvres Ulysse Aurions nous confectionn des v tements si notre peau avait t suffisamment dure Aurions nous fabriqu des outils si nous avions t assez forts pour nous nourrir tout seuls Aurions nous parl si nous avions su quoi faire de nos vie Le Corbusier Nous avons invent l art pour cultiver nos faiblesses Nos faiblesses provoquent notre intelligence et notre intelligence nous maintient au sommet de la chaine alimentaire Ulysse Toute la puissance rationnelle de l occident pour dire qu il faut apprendre P oublier Le Corbusier Oublier les d tails se souvenir de ce qui est possible la puissance e
2. espace perdu l espace entre les choses l espace entre le corps et le langage Ulysse Quand un v nement un agencement de personnes et de choses me rappelle un souvenir mon syst me de perception se met jour en comparant les sensations pass es et pr sentes Arnold B cklin Faire une exp rience esth tique c est avoir conscience de cette mise jour C est le moment Marcel Ulysse Le temps pass se rappeler ses souvenirs en fabrique t il de nouveaux Arnold B cklin De quoi les souvenirs sont ils faits Passage lacte mues exuvies Ulysse Je me projette sur ce que je regarde cette superposition cr e une image qui renvoie un souvenir puis l actualisation de ce souvenir fait na tre en moi un sentiment qui son tour imprime la m moire Arnold B cklin Le miracle de l instantan ne doit pas faire oublier le temps de la lyophilisation La m moire est faite pour respecter et pour trahir pour pr server et pour d truire pour se rappeler et pour oublier Ulysse Les souvenirs font circuler en moi les d sirs Je jouis de ma m moire parce que comme le d sir elle ne r pond pas aux ordres mais aux circonstances Arnold B cklin La nostalgie est la meilleure fa on de commencer La nostalgie est un starter elle prend son lan dans le pass elle permet de se retrouver avant de se perdre de faire le tour par l arri re de prendre du recul avant de sauter Ulysse E
3. dispara tre reviendra alors celle de la transmission orale et rena tront Hom re Socrate J sus et les autres que Guthemberg avait tu s Davy Crockett Anticipant cette ruine futur j organise notre arch ologie et n cris plus que des choses graver sur des pierres ou des tessons de poterie Je cite un livre qui n existe pas Ulysse La note est la trace d un choc L id e frappe l esprit comme le caillou heurte le pare brise et apr s un bref suspens l toilement de la pens e commence Le Petit Poucet les connections synaptiques partent dans tous les sens autour du point d impact sans censure sans direction r agissant au moindre mouvement seul le texte arr tera finalement ce processus pour le transmettre au lecteur Davy Crockett On est debout entre la pens e et l criture entre la captation du r el et l articulation de la pens e Ecrire c est traduire des pens es involontaires conna tre le silence avant et pendant la parole l espace avant et pendant le texte Ulysse L criture qui pr c de toute parole est chaque matin sans commune mesure L effort que Pon fait pour ressusciter le langage en soi faire r sonner les voix dans son corps Le laisser tourner dans sa poitrine et dans sa t te vibrer jusque dans ses mains Le Petit Poucet Celui qui crit se retire du langage il laisse la place l cho Ulysse et le Petit Poucet rencontrent Arnold B klin peintre symboliste
4. LePetit Poucet Les arbres poussent autour de leur bois mort ils le prot gent de la putr faction et sen servent de tuteur La vie se tient la mort et s en souvient Marcel Proust L enfance dispara t en moi en diffusant lentement ses souvenirs Ulysse et le Petit Poucet rencontrent Le Corbusier architecte de la cit du refuge La cit du refuge a t inaugur e dans le froid record de l hiver 1929 Ce b timent est r volutionnaire par son syst me d air tournant qui permet d avoir une immense surface vitr e sans perdre de chaleur Le cr ateur de l arm e du Salut William Booth avait d clar en pleine r volution industrielle en Angleterre qu il se battrait tant qu il aurait des hommes et des Jemmes dans la rue des femmes qui se vendent et des hommes qui sortent de prison pour y retourner La devise de l arm e du Salut est Soup Soap and Salvation Comme le Christ et la l gion offrent une nouvelle identit ce refuge de l arm e du Salut permet ceux qui sont perdus de trouver une maison un refuge pour oublier avant de repartir z ro Le Corbusier Personne ne m rite d avoir m riter de vivre Ulysse Nous sommes n s en sortant de la loi de l volution en ne participant plus la s lection naturelle Nous nous sommes construits en contredisant notre nature en inventant notre condition Le petit Poucet L id e que chacun doive se battre pour survivre est ce qui nous reste de l animal
5. l esprit et le c ur vers elles je marche sans me retourner Ulysse Quand on regarde une id e de face quand on la d visage on perd sa r elle pr sence on la p trifie Les oeuvres d art vivent du temps qu on passe penser elles il suffit d un regard pour ne plus y penser et donc pour les faire mourir Le Petit Poucet L art se regarde de dos tous le reste de face Davy Crockett suivre trop longtemps une m taphore je finis par en oublier l origine petit petit je my attache elle devient int ressante pour elle m me et j oublie ce qu elle tait cens e d montrer Ulysse La boucle ne se referme plus le sens batifole la m taphore s autonomise Le Petit Poucet Toute fiction est une m taphore qui s est perdue Davy Crockett Que deviennent les id es quand on les oublie quand on les perd O vont les id es quand elles s en vont Le Petit Poucet J ai r v de fragmentation de dispersion des objets des mots des id es parpill es J tais ivre titubant j avais pris des cailloux non pas pour marquer mon chemin Paller mais pour indiquer mon errance au retour Je voulais faire le point sur ma disparition Ulysse C est en se perdant qu on laisse des traces de son existence Pas de pr sent sans paresse sans ivresse sans errance pas de pr sent sans d infinies sp culations pas de pr sent sans d s uvrement Davy Crocket Je prends des choses un e
6. L Anabase d Ulysse et du petit Poucet Z la D e PA A Ulysse chappa au cyclope en lui faisant croire qu il s appelait personne B Le petit Poucet retrouva son chemin en semant des cailloux A Une fois le aveugle Ulysse ne put r sister au plaisir de lui r v ler son nom B Quand il apprit que ses parents voulaient encore l abandonner dans la for t le petit Poucet s r de lui emmena dans ses poches des miettes de pain A Pos idon apprenant le nom de celui qui avait crev l oeil de son fils maudit Ulysse et ses compagnons et les emp cha de rentrer chez eux pendant plus de 20 ans B Les oiseaux ayant mang les miettes de pain le petit Poucet et ses fr res ne purent retrouver le chemin de leur maison et rest rent tr s longtemps loin de chez eux Rentrer la maison retrouver son chemin pour le petit Poucet Ulysse et nous c est toujours l Anabase B L anabase c est atteindre la remont e Le pass est plus riche en futur que le pr sent L l gie est notre g rie A Les all es des parcs sont faites des cailloux que les petits Poucet n ont pas retrouv s B Sans les cailloux des enfants perdus les adultes ne retrouveraient jamais leur chemin A Ulysse n tait pas le plus fort mais le plus rus Le petit Poucet tait le canard boiteux de la famille B C est parce qu il est l animal le moins bien dot de la cr ation que l homme a re u le feu vol
7. allemand Juvisy Ulysse a plant des arbres au sommet de son immeuble lorsqu il a travers l Antiquit ai venir l habiter l Ce sont des cypr s il lui rappellent son ile d Itaque quand il a le mal du pays Arnold B cklin qui lui a souvent rendu visite s en est servi de mod le pour peindre son le des morts Ulysse Quelle mis rable chose que moi tant d aspirations d intensit s de mouvements et il ne reste de ma vie que quelques souvenirs traces de lieux et de personnes laiss es sur moi Arnold B cklin M moire de toute fa on g n tiquement intransmissible Nos vies sont enti rement biod gradables La technique est une greffe de m moire qui ne prend pas Ulysse Je suis un instrument mesurer faire partager transmettre de la m moire On ne produit rien d autre que des souvenirs Arnold B cklin De la m moire et du socle Lart fabrique de l ge d or de la m moire involontaire Ulysse L exp rience vit dans le souvenir que j en ai On plante quelque chose un moment donn dans sa vie et cette chose ne s arr te plus de grandir Elle finit par envahir le pass et par d border le pr sent Arnold B cklin L ge d or se fabrique quand on ne le regarde pas Ulysse La m moire involontaire me permet de retrouver le temps perdu la naissance des sensations les sentiments sans histoires Arnold B cklin La pens e involontaire me permet de retrouver l
8. aux dieux par Prom th e A Aimer la philosophie la po sie l art et les hommes c est accepter de ne pas les comprendre B L ignorance est notre case vide celle qui permet de retrouver l image perdue de la v rit A Remontons le chemin de nos pens es pour retrouver le lieu de naissance de nos id es B Le chemin est l articulation n cessaire au mouvement A Nous abandonnerons sur la route des fragments de r cit de po sie de savoir B des cailloux polis la main Nous r veillerons les lucioles qui forment les constellations A amp B On est perdu sur le chemin du retour et on s me les indices qui dessinent la carte du pr sent Ulysse et le Petit Poucet rencontrent Davy Crockett professionnel de lerrance Dans le RER pour Br tigny Ulysse et Le petit Poucet rencontrent Davy Crockett dont nous avons vu le cano chou avec ceux de ses coll gues impasse Vidal Naquet Pour trouver leur chemin dans les mara s les trappeurs se rep rent gr ce aux nuages sous lesquels se refl tent les voix d eau navigables Mais depuis quelque temps la ville de Paris poss de sa propre usine de fabrication de nuages ce qui a compl tement perturb leurs rep res et ils se sont tous retrouv chou s devant l universit Paris Diderot Davy Crockett Comme Orph e j escorte les id es jusqu la lumi re et leur tourne le dos en les pr c dant Avec une extr me conscience de leur pr sence
9. le pr sent par les id es les sensation les v nements les gens qui les appellent Ulysse Les souvenirs arrivent arm s du sens que leur a donn le temps Embrasser enfin sa voisine ne plus boire avant de conduire les souvenirs sont un mode d emploi du pr sent Les m lancoliques pr f rent les encadrer au mur pour le contempler Marcel Proust Les souvenirs de ce que j ai v cu sont accroch s aux lieux que je fr quente Cette mn motechnique du r el encombre plus ou moins d finitivement l espace l architecture la g ographie le paysage Le Petit Poucet Je suis enferm s dans la prison de mes lieux quotidiens les souvenirs que j y ai sont nos ge liers Comment s vader Ulysse Vivre chez sois comme si c tait chez quelqu un d autre tre toujours tonn par l espace qui nous entoure Rester tranger partout Marcel Proust Chaque odeur renferme toutes les vies que je n ai pas v cues Le Petit Poucet Nous sommes des objets sensibles branch es alternativement sur l imaginaire la raison ou la m moire Marcel Proust Je ne sais jamais si je regrette le pass pour oublier le pr sent ou pour esp rer le futur Le petit Poucet Les souvenirs me reviennent par sanglots le long d une ligne pointill e d o se d tachera mon pass Ulysse Un arbre devant un immeuble un masque devant une lampe un vieux devant un v lo l espoir est devant nos souvenirs
10. ndroit et je les emm ne un autre voil tout ce que je sais faire promener des cailloux d placer des objets dans le champ Sur le chemin les rencontres sont en plus Ulysse Les choses en se d pla ant cr ent des ouvertures lib rent des positions que d autres choses prennent et de main en main les choses font le tour du monde et l entra nant sa suite Le Petit Poucet Le temps na t du passage de la peau sur la mati re Le temps se d gage comme Aladin du lustre des objets Davy Crocket Le monde est une collection d l ments h t roclites dispers s au hasard dans l Univers Ulysse Ou une suite d atomes situ s sur des cordes qui vibrent reli s ensemble par les immenses membranes des multivers Davy Crocket Conna tre le chemin ne permet pas toujours d y retourner Il faut se souvenir de son point d acc s Il faut se souvenir du chemin du chemin Le Petit Poucet Je suis incapable de m moriser plus de trois associations d id es alors comment retrouver le lieu de d part Davy Crocket Nos habitudes sont le nombre maximum d encha nements m morisables Le Petit Poucet L art commence la quatri me association d id es celle partir de laquelle on ne se souvient plus de la premi re Davy Crocket La technique se souvient pour moi Bient t les machines auront le monopole du calcul et de l criture Ulysse La civilisation de l criture est peut tre appel e
11. ntre le pass et le futur la nostalgie est un pont sur le pr sent Arnold B cklin Mes souvenirs me tendent vers l arri re mes d sirs me projettent vers lavant Je suis un lance pierre Ulysse Cr er c est le sentiment d apr s cr er c est prouver du re sentiment L amour du pass pr sent les moyens de jouir de l histoire la possibilit d avoir commerce avec les morts Arnold B cklin Je ne prends pas du temps je m ouvre au temps je suis sa disposition Ulysse La vie n est pas lin aire je suis r ellement un bloc de m moire la chronologie n est qu une des fa ons de me lire Tout est l chaque instant l enfant et le vieillard le d but et la fin je me souviens m me du futur Arnold B cklin L homme est l apparition concr te du temps Ulysse et le petit Poucet rencontrent Marcel Proust nostalgique chronique En rentrant de Br tigny Ulysse et le petit Poucet rencontrent Marcel Proust qui est hospitaliser Sainte Genevi ve des bois pour des crises de nostalgie aigu s Il semble ne pas pouvoir se s parer de ses souvenirs Marcel Proust Mon aim ma pris ma volont je lui ai donn mon entendement il ne me reste que la m moire pour me souvenir de mon aim Le Petit Poucet Nous sommes l histoire d une s paration celle de l homme et de la nature des hommes entre eux La solitude est le propre de Phomme C est par nostalgie qu on essaie de t
12. out relier par la religion ou la technique Marcel Proust Je ne sais pas quoi faire de mes tats de nostalgie de puissance de tristesse de d sir Ulysse Chaque tat attend son occupation chaque tat demande qu on s y consacre corps et me le travail mest qu un gouvernement provisoire Le Petit Poucet Il faut accueillir tous ses tats tristes ou gais comme des enfants prodigues il faut leur faire de la place les choyer Marcel Proust Jai toujours cette m me nostalgie d une adolescence que je mai pas eue vraie sensation d un faux pass Je pensais m tre mis de la vie de c t pour plus tard avoir une nostalgie d avance une histoire en r serve mais le temps est un voleur qui passe partout Le Petit Poucet L adolescence tient son intensit de l incroyable nostalgie du futur qu on y prouve Marcel Proust Je ne crois pas la m moiren je crois qu il y a des moments qui d cident de s installer en nous Le Petit Poucet Ce qui passe devant les yeux et reste dans le c ur les mots du po te l allure des jeunes filles les bateaux sur le fleuve les rires des amis les gestes de l aim les soleils qui se couchent les souvenirs des r ves les reflets dans l eau les feuilles qui tombent Marcel Proust Ma m moire ouvre des odeurs que je n avais pas senties depuis des ann es Le Petit Poucet Les souvenirs ne viennent jamais tout seuls Ils sont accompagn s par
13. s les v nements Ulysse Face au vide l eau en nous se rappelle la cascade Suite cette rencontre Le Petit Poucet est retourn voir Marcel Proust qui est toujours en convalescence l h pital pour partager avec lui ce qu il a appris la cit du refuge qu il faut apprendre oublier et ils ont longuement parl de Francois d assise et de son souci des plus simples En traversant l h pital de la Salp tri re nous distribuerons comme Le Petit Poucet l a conseill Marcel Proust pour le gu rir de sa nostalgie nos madeleines aux oiseaux afin de partager nos souvenirs avec eux
14. st un sentiment le pouvoir son expression Ulysse Le puissance d sir son an antissement et l oubli me prot ge de l invasion du monde Le Corbusier Tout d pend de la nuit du reset de la journ e pr c dente Ulysse Comme le dimanche remet la semaine z ro pour qu on puisse s en resservir Le Corbusier Je cherche un effaceur avec deux pointes blanches l une pour moi l autre pour le monde Ulysse J cris pour me d barrasser de ce que je sais comme on d pense de largent dans les grands magasins comme on vide son grenier j cris comme on boit pour oublier pour faire de la place Le Corbusier Il y a un v nement parce qu on 2 2 y 2 2 AE l attend On pr pare l v nement en liminant un peu du temps qui s tait accumul en cr ant du vide Ulysse Ce vide en reconna t un autre et en s attirant ils cr ent l v nement Le Corbusier L v nement se provoque comme en duel Mais o avec quels t moins Ulysse L animal est la porte qui donne sur le vide en nous Le Corbusier Il faut qu il croisse et que je diminue La puissance de l amour c est le vide Lamour ne remplit pas il fait de la place pour que r sonne en nous le nom de celui qu on aime Ulysse Le vide est l nergie du vivant il donne chaque chose le poids de son existence Le Corbusier De l espace vide entre nous naissent tous nos mouvements De l espace vide en nous naissent tou

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