La doctrine, la QPC et le Conseil constitutionnel
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1. cole aixoise de droit constitutionnel principale cole ayant d fendu une approche juridique du droit constitutionnel emprunte encore en partie une pr sentation classique du droit constitutionnel 15 La r ussite institutionnelle de l cole juridique de droit constitutionnel est en revanche forte au sein du droit public au regard du nombre de th ses soutenues et de la r ussite aux diff rents concours universitaires ma trise de conf rences et concours d agr gation Le droit constitutionnel n appara t en aucune mani re comme une discipline marginale ou marginalis e 14 L Favoreu La Constitution droit de la Constitution constitution du droit RFDC 1990 p 71 15 C Atias La civilisation du droit constitutionnel RFDC 1991 p 435 16 lues par les avocats contributions de fond articles dans des journaux cr ation d un observatoire officiel de la jurisprudence QPC organisation de colloque parfois m me avec une PS ME E 18 n r x 19 p riodicit annuelle r daction de manuels consacr s exclusivement la QPC Aujourd hui cette phase d euphorie semble avoir laiss la place une phase de banalisation La doctrine constitutionnaliste a t rejointe dans son r le de commentateur de la jurisprudence du Conseil constitutionnel par les autres doctrines juridiques ce qui marque un succ s consid rable de la QPC La jurisprudence du Conseil constitutionnel n est2. pour la doctrine universitaire se lire et tre lue alors qu il existe une doctrine du juge mieux renseign e sur les ressorts des d cisions du juge Il est deux premiers l ments plus ou moins acquis qui doivent tre avanc s mais qui ne suffisent pas ou qui ne sont pas convaincants Premi re exigence le discours doctrinal doit tre un discours descriptif La proposition rel ve de l vidence dans une optique scientifique Elle est un pr suppos premier au caract re scientifique du discours Elle ne suffit cependant pas garantir la scientificit du discours et surtout clairer sur expertise du juriste Second l ment 16 le discours juridique doit devrait faute d tre convaincu par cette exigence emprunter d autres disciplines pour clairer son objet Le salut du discours juridique proviendrait de l adoption d autres regards que celui seulement juridique suppos lui seul insuffisant sur fond id ologique d une politique nationale de recherche universitaire visant d velopper l interdisciplinarit La doctrine juridique a cette originalit que de penser que son discours juridique ne se suffit pas lui m me qu il est ennuyeux et que le juriste doit donc int grer dans le discours d autres dimensions sociologique philosophique conomique Peut tre que les juristes sont des universitaires frustr s de ne pas lavoir t dans une autre discipline ce qui m riterait d
3. que peut avoir le discours doctrinal et de la cr dibilit scientifique qui doit en d couler Au del de ces clivages trois camps pour ne retenir que les plus visibles d une tendance significative du discours se sont form s de mani re visible avec la pol mique sur le renvoi d une question pr judicielle la Cour de justice le camp des inquisiteurs le camp de la neutralit bienveillante et le camp critique 24 Voir pour une synth se clairante et remarquable P Deumier La Cour de cassation la QPC et la doctrine autopsie d une pol mique M langes Jean Louis Bergel para tre 25 Bien videmment en effet une partie de la doctrine est rest e mesur e dans cette affaire sans s inscrire de mani re forte dans Pun des trois courants invoqu s 26 Voir de mani re significative G Carcassonne N Molfessis La Cour de cassation l assaut de la question prioritaire de constitutionnalit Le Monde 22 avtil 2010 D Rousseau D Levy La Cour de cassation et la question prioritaire 11 Le terme inquisiteur est sans doute excessif il n en t moigne pas moins de la virulence des propos tenus contre la Cour de cassation dont la port e a t telle qu ils ont abouti une modification de la loi organique sur le Conseil constitutionnel pour que les QPC ne soient plus transmises au premier pr sident de la Cour de cassation Certaines des expressions utilis es ne laissent pla
4. Entre la doctrine universitaire et la doctrine du juge il existe une cat gorie hybride qui participe de l une et de l autre la doctrine universitaire publi e dans la revue officielle du juge savoir les Cahiers du Conseil constitutionnel aujourd hui les Nouveaux Cahiers du Conseil constitutionnel Celle ci a sa source dans la doctrine universitaire et se formalise dans la revue du juge au point qu elle est susceptible d emprunter l autorit de l institution par l interm diaire de la revue que celle ci publie La revue du Conseil constitutionnel lab lise ainsi l crit doctrinal Les critiques sur les doctrines du juge pour le Conseil constitutionnel au moins sont parfois virulentes Quand elles le sont sans doute faut il y voir d j une tendance elles proviennent peu de la doctrine constitutionnelle Paul Cassia par exemple a fustig cette doctrine visant par un acte distinct de la d cision juridictionnelle une explication de texte ou une mise en vidence d une solution consid r e comme importante Il consid re que ce ph nom ne de mise en valeur prend un aspect exacerb devant le Conseil constitutionnel aux traditionnels communiqu s de presse s ajoutent d sormais des rubriques ad hoc sur le site internet de l institution expliquant au lecteur combien le Conseil constitutionnel est protecteur des libert s et disant ce qu il faut penser de ses d cisions et les Cahiers dudit Conseil qui
5. il semble possible de mettre en avant les qualit s propres de ce discours m me de lui conf rer une singularit et d en faire un discours scientifique v ritable Quelques aphorismes permettront d expliciter Papport de la doctrine et de poser peut tre les premiers jalons d un programme doctrinal La sp cificit du juriste lorsqu il observe le droit r side d abord dans le fait que son objet est constitu par des normes et donc par ce qui doit tre et non pas par ce qui es La norme impose un devoir tre objet premier du discours juridique la question de savoir ce qui esf constitue un autre objet La logique normative r pond au principe d imputation et non celui de causalit Selon le sch ma d imputation si certaines conditions sont remplies alors tel v nement devra avoir lieu en pratique dans les faits il n aura pas forc ment lieu alors que selon le sch ma de causalit si ces m mes conditions sont r unies alors tel v nement aura lieu de mani re certaine D un c t si lon a commis un meurtre on doit tre condamn il n est pas certain qu on le soit de l autre si la temp rature de l eau est port e 100 C alors l eau bout Pour autant les faits ne sont pas totalement absents de la r flexion juridique mais ils sont toujours appr ci s non en eux m mes mais par rapport un devoir tre Le fait n est alors pas confondu avec ce qui doit tre Il permet seulement de l
6. nonc normatif notamment mais pas seulement partir du discours du juge Face des nonc s normatifs par 15 nature ind termin s comme les nonc s constitutionnels les interpr tations possibles sont nombreuses et il existe m me plusieurs interpr tations possibles r guli res L appr ciation de la r gularit la Constitution est minemment subjective en raison du nombre de possibles ouverts par une norme l nonc ind termin Penser qu il n existe qu une seule interpr tation vraie ou r guli re est ainsi une erreur th orique L interpr tation donn e par le juge n est qu une interpr tation possible et la doctrine universitaire se doit d clairer le possible du juge les autres possibles les valuer et les appr cier entre eux Elle doit galement expliciter les diff rentes significations de la motivation du juge y compris les significations qui s loignent de la v rit d lib rative Le juge doit tre clair sur les significations possibles de son discours quand bien m me cette signification n est pas celle qu il a retenue Les autres doctrines du juge en dehors de la motivation des d cisions permettent d tablir la v rit d lib rative mais comme cette v rit ne constitue que l une des interpr tations possibles ces doctrines n ont plus qu un int r t p riph rique Les possibles sont donc tablir d abord partir des nonc s normatifs textuels pui
7. institutionnelle Sans pour autant renoncer toute objectivit scientifique ce camp doctrinal a d fendu d un point de vue politique la QPC et parfois prononc l anath me contre la Cour de cassation La fonction de l gitimation du discours doctrinal mise en vidence par P Jestaz et C Jamin prend ici une dimension politique forte vis vis de la QPC et du juge constitutionnel Faut il y voir une d f rence l gard du Conseil constitutionnel alors qu il s agissait dans le premier mois de la mise en uvre de la QPC de se positionner de mani re visible dans le champ institutionnel doctrinal M me si la r ponse n est pas vidente apporter la question m rite d tre pos e Peut tre qu en tant per u comme un fid le la cause de la QPC il est plus ais d tre choisi pour participer gr ce au Conseil constitutionnel l appr ciation sous quelque forme que ce soit de la mise en uvre de la r forme Peut tre galement qu il s agit d une condition pr alable informelle la nomination de membres d origine universitaire au Conseil constitutionnel L absence de professeur de droit aujourd hui au sein du Conseil constitutionnel ne saurait le confirmer ou l infirmer La neutralit bienveillante est venue d une doctrine europ aniste qui s est rapproch e du Conseil constitutionnel et du droit constitutionnel au point d tre devenue la r f rence doctrinale Union europ e
8. la doctrine universitaire Soutenir que le Conseil constitutionnel capture la doctrine universitaire oblige expliciter le 8 propos Nulle volont strat gique consciente ou officieusement d cid e dans un bureau obscur rue Montpensier n est l origine d un tel mouvement Toutefois un certain nombre de choix institutionnels du Conseil constitutionnel tendent rendre captive la doctrine universitaire Premier constat le Conseil constitutionnel est en mesure de valoriser la doctrine universitaire sous un angle institutionnel lorsqu elle a recours son expertise Lorsqu il s agit de remettre jour les tables de la jurisprudence du Conseil constitutionnel d exploiter les archives du Conseil constitutionnel de recueillir l clairage d un c l bre constitutionnaliste ou encore d attribuer le prix de th se de l institution il est fait appel la doctrine universitaire Le gain pour la doctrine est au moins honorifique Ce premier lien est difficilement contournable Il appara trait tonnant et m me probl matique que le Conseil constitutionnel n ait pas recours l expertise doctrinale universitaire chaque fois qu un regard scientifique est exig Il est ensuite de la responsabilit de la doctrine sollicit e de maintenir une distance et de ne pas plier sous les honneurs L ind pendance est peut tre plus affaire d tat d esprit que de conscience Le fait d abriter le discours de la doc
9. propice pour appr cier ces probl matiques Cette voie de droit s inscrit dans un contexte doctrinal original m me de r v ler des tendances significatives et de faire resurgir avec plus de force encore compte tenu de l attente qu elle a suscit e des tendances anciennes Si l on sch matise au risque de perdre en pr cision mais sans caricaturer il est possible de dresser un aper u rapide des orientations de la doctrine universitaire face ce nouvel objet selon une perspective institutionnaliste ou pour le dire autrement en empruntant une sociologie du droit sans rigueur P9 A 11 m S 5 ou une sociologie spontan e en usant d une expression qui d passe le seul cercle des 2 juristes Avant la QPC seule la doctrine constitutionnaliste s est int ress e la jurisprudence constitutionnelle du moins en tant qu objet de recherche m me si l enseignement du droit constitutionnel en premi re ann e de droit n a pas forc ment suivi cette orientation Face deux courants dans l appr hension du droit constitutionnel Pun plut t juridique partir de la jurisprudence constitutionnelle l autre plus classique empruntant la science politique Pon peut 11 Selon la formule de P Bourdieu voir par exemple Sur l Etat Cours au Coll ge de France 1989 1992 2012 656 p dire que le premier l a emport sur le plan de la recherche universitaire th ses publications dans les revues juridi
10. souvent de mani re intuitive ce qui conduit la doctrine reconna tre une port e d cisive la v rit d lib rative apport e par le discours doctrinal du Conseil constitutionnel Elle constitue le pr suppos implicite sur lequel repose la tendance doctrinale universitaire s appuyer sur la doctrine du juge d velopp e en dehors de la motivation de ses d cisions La tendance existait avant la QPC Il est d ailleurs possible de la dater Elle commence gr ce un malicieux d doublement fonctionnel en dehors du Conseil constitutionnel avec Bruno Genevois la Revue fran aise de droit administratif en tant que conseiller d Etat alors qu il tait secr taire g n ral du Conseil constitutionnel pour se banaliser notamment aux Petites affiches avec Jean Eric Schoettl pour int grer l institution toujours avec ce dernier et s officialiser avec les commentaires aux Cahiers du Conseil constitutionnel Cette pr sentation qui repose sur une approche critique oblige s interroger sur ce que doit faire la doctrine face et avec ce discours doctrinal du juge Il faut d abord renoncer tout objectif de v rit doctrinale et admettre l erreur dans l interpr tation du discours du juge comme de tout autre nonc normatif objet du discours La doctrine ne doit pas poser quelle doit tre l interpr tation d un nonc normatif au regard de l interpr tation du juge mais proposer toutes les interpr tations possibles d un
11. Document provisoire tel qu envoy l diteur La doctrine la QPC et le Conseil constitutionnel quelle distance Quelle expertise Il n est pas certain que la r flexion et attention port es sur la doctrine en tant qu objet d tude soient suffisantes En France l ouvrage de Philippe Jestaz et de Christophe Jamin constitue notre connaissance la seule tentative substantielle d analyse g n rale de cet objet Il n puise cependant pas la r flexion et incite la prolonger et l affiner pour chaque branche de la doctrine Cette insuffisance de la r flexion sur ce que doit tre le discours sur le droit en particulier rend difficile la reconnaissance de sa cr dibilit scientifique et toute pr tention ce qu il occupe une place face aux autres sciences sociales dans un contexte pluridisciplinaire la fois concurrentiel et uniformisateur Illustration premi re de cette insuffisance pas plus que pour le droit il n est d acception unanime de ce qu est la doctrine pour les juristes Les deux l ments sont li s Seule une conception pr cise de ce qu est le droit permet en l occurrence d identifier de mani re claire ce qu est la doctrine Certes il existe une seule doctrine identifi e en tant que telle de mani re unanime il s agit de la doctrine universitaire et c est elle qui souffre d un d ficit d analyse en tant qu objet d tude Il existe galement une autre doctrine au
12. a recherche de la v rit du discours doctrinal I Elle impose ensuite d expliciter l apport de la parole doctrinale IT L enjeu est d cisif La cr dibilit scientifique de la doctrine en d pend A Renoncer la v rit du discours doctrinal L valuation de la pertinence du discours doctrinal soul ve des difficult s Comment en effet appr cier la qualit de ce discours La d marche empirique est tentante La description et la syst matisation de la motivation du juge laquelle proc de la doctrine universitaire seraient correctes si elles correspondaient la volont du juge exprim e dans son discours c est dire ce que l on a qualifi de v rit d lib rative Le discours du juge validerait le discours doctrinal En cons quence la v rit d lib rative permettrait d identifier sans difficult ce qui est l intention du juge et par voie de cons quence de proposer un discours doctrinal juste Pour le dire autrement 14 encore selon une m taphore normativiste le discours doctrinal universitaire serait r gulier valide s il tait conforme au discours du juge Quel universitaire malgr sa modestie naturelle ne se satisfera pas de ce que le juge aura repris ou valid une notion une analyse une position qu il aura d fendu Dans un syst me acad mique d enseignement reposant sur la notation depuis l cole l mentaire la validation par le juge du discours universi
13. administration g n rale de la R publique sur l valuation de la loi organique n 2009 1523 du 10 d cembre 2009 relative l application de Particle 61 1 de la Constitution pr sent par P Wachsmann Assembl e nationale 5 octobre 2010 n 2838 111 p La commission a proc d nombre d auditions pour remplir cette mission d valuation 34 Voir supra 13 probl me de fond r side dans l utilisation par la doctrine universitaire de la doctrine du juge produite en dehors de la d cision Plus pr cis ment la tendance consid rer la v rit d lib rative comme tant la seule devoir tre recherch e et donc s en contenter est g nante Il ne faut pas se m prendre sur l objet de la critique Pouvoir disposer de la v rit d lib rative n est pas inutile pour la doctrine universitaire En revanche se limiter cette parole revient renoncer la pertinence et l int r t d un discours doctrinal Si le discours universitaire se r duit clairer la octrine du juge autant se priver du premier et se concentrer sur le second Cette tendance doctrine du juge autant se p du p t t l d Cette tend octrinale est d autant plus inqui tante qu elle se confirme du c t de la jeune doctrine Il s agi doctrinale est d autant pl qui tante qwell fi du c t de la j doct Il s agit d une d f rence condamnable la parole du juge laquelle il faut opposer un devoir ingratitude envers cette
14. ailleurs une appr ciation sociologique s rieuse voire psychanalytique En revanche aucun philosophe ne souhaite appr hender avec un autre regard que le sien les objets de sa connaissance comme aucun math maticien n aspire adopter une d marche sociologique pour tudier la th orie de la relativit peut tre s agit il ici d une erreur Le juriste semble au contraire d autant plus s panouir qu il s loigne de sa discipline premi re Sur cette question rien n emp che le juriste d adopter d autres points de vue que le seul point de vue juridique au moins titre d clairage L on peut toutefois prouver quelques difficult s admettre que le juriste lorsqu il emprunte le regard du sociologue moins bien s r de ma triser l appareil scientifique exig par cette discipline soit aussi performant qu un sociologue ou qu se faire philosophe sous les m mes r serves il soit aussi clair qu un philosophe L on peut tre sensible la sociologie la science politique et la philosophie et on se doit de l tre en tant qu universitaire on n en est pas pour autant sociologue politiste ou philosophe Cette remarque n exclut ni on le rappellera des clairages par le juriste partir de ces diff rentes disciplines ni on en conviendra des travaux interdisciplinaires entre sp cialistes de diff rentes disciplines Au del de la pluridisciplinarit interne au discours du juriste
15. ar d autres moyens sa d cision La qualit de la doctrine constitutionnelle est elle si douteuse qu il faille lui pr ciser ce qu elle doit comprendre de la motivation du juge D un point de vue strat gique l institution intervient sur le march de la doctrine universitaire en disposant d armes dont celle ci ne dispose pas qui lui 2 A Pexception de la revue Jus Politicum qui revendique une s lection des articles qu elle publie en double aveugle 10 permettent d tablir la v rit d lib rative purement factuelle et non normative c est dire l interpr tation de la motivation du juge conform ment sa volont r elle Tous ces comportements du juge tendant la capture de la doctrine universitaire n ont toutefois de port e que si cette doctrine s inscrit dans un tel mouvement par une d f rence marqu e vis vis de l institution objet de son discours B La part de la doctrine la d f rence l gard de l institution objet du discours Dans le contexte d crit il pourrait appara tre difficile de disposer d l ments objectifs exhaustifs observables permettant d identifier l attitude la doctrine universitaire La lecture de l ensemble de celle ci du moins sur la QPC semble une t che consid rable pour le cadre de cette tude et la classification des diff rents positionnements d licate La d marche adopt e pourrait se contenter d un sentiment g n ral reconstruit p
16. ar themes tables tables analytiques 25838 html 5 Avec J E Schoettl PAJDA ou aux Petites affiches et qui ne le sont plus aujourd hui et qui sont m me exceptionnels avec M Guillaume 6 Voir pour des commentaires dans des revues sp cialis es d un membre du Conseil constitutionnel en exercice par exemple O Dutheillet de Lamothe Le Conseil constitutionnel et le droit europ en RFDC 2004 n 57 p 228 G Canivet Le droit du sport devant le Conseil constitutionnel RFDA 2009 p 565 Voir pour des commentaires dans la revue du Conseil constitutionnel de Pun de ses membres en exercice par exemple O Dutheillet de Lamothe Les normes constitutionnelles en mati re sociale Nouveaux Cahiers du Conseil constitutionnel n 29 2010 p 193 Voir pour un commentaire du secr taire g n ral et d un membre du service juridique du Conseil constitutionnel sous une m me d cision du Conseil constitutionnel par exemple sous C C n 2005 513 DC 14 avril 2005 Loi relative aux a roports Rec p 67 R Fraisse Les redevances pour service rendu Tentative de clarification Droit administratif n 6 juin 2005 Etude n 11 pp 12 J E Schoettl La loi relative aux a roports devant le Conseil constitutionnel L P A 6 mai 2005 n 90 p 5 7 http www conseil constitutionnel fr conseil constitutionnel francais documentation contributions et discours contributions et discours 96537 html
17. artir d impressions g n rales ou de repr sentation reposant sur des exemples ponctuels marquants ne r v lant pas forc ment la r alit du comportement Il est galement possible de raisonner partir d exemples caract ristiques qui cristallisent des enjeux doctrinaux importants et des orientations marqu es Il en est un qui para t significatif cet gard il s agit de la pol mique entourant les premiers mois de la mise en uvre de la QPC par la Cour de cassation de la saisine impie de la Cour de justice par la voie pr judicielle achev e par l pilogue apor tique du blocage de la transmission d une QPC dans le domaine du droit de PUnion au refus de transmettre la QPC sur la loi Gayssot et enfin l interpr tation stricte th oriquement aberrante de la r f rence par la Constitution la contestation d une disposition l gislative aboutissant un refus de transf rer une QPC portant sur une interpr tation jurisprudentielle de cette disposition Sans revenir sur les d tails de cette pol mique il convient d en rappeler les ressorts et surtout d identifier les diff rentes tendances doctrinales qui se sont fait jour Dans l ensemble sur les trois pol miques les clivages doctrinaux ont plut t t respect s les constitutionnalistes d fendant le Conseil constitutionnel les privatistes la Cour de cassation et les europ anistes la Cour de justice ce qui t moigne de toute la neutralit
18. bles et des lignes directrices La probl matisation conduit poser une cl de compr hension pour appr hender une question Elle permet de formaliser un point de vue permettant de lire de mani re intelligible un objet de mod liser la difficult qui se pose La comparaison avec un probl me math matique peut tre utile dans la mesure o la figure des math matiques constitue le r f rent dominant dans la repr sentation de la science Lorsqu il s agit de d terminer quelle heure le TGV arrivera gare de Lyon Paris en partant de Toulouse 9 h 30 en ayant une vitesse moyenne de 67 km h et sachant qu il aura parcourir 679 km et qu il devra s arr ter 20 minutes Bordeaux il est n cessaire de probl matiser Il faut poser une quation permettant de r soudre la question pos e en y int grant les donn es de fait du probl me Face un nonc prescriptif le juriste adopte la m me attitude Probl matiser consiste pr cis ment tablir l quation permettant de r soudre la question ou plus exactement de donner la cl de compr hension de objet observ Pour clairer ces difficult s soulev es par le droit et son application le discours du juge n est qu un l ment p riph rique de la r flexion Ai je par exemple besoin de la jurisprudence du juge pour qualifier le principe de responsabilit du Chef de l Etat pos par Particle 68 de la Constitution en cas de manquement ses devoirs manifestement
19. ciences t moigner de sa capacit permettre de mieux comprendre le ph nom ne social que constitue le droit Xavier MAGNON Professeur l Universit Toulouse 1 Capitole Institut Maurice Hauriou
20. clairer sous Pangle de son efficacit 17 partir de cet objet constitu d un devoir tre le juriste propose diff rentes interpr tations possibles des nonc s posant ce devoir tre et les value entre elles A cette fin il soul ve et anticipe les questions qui pourront se poser en pratique en application de ce devoir tre Il identifie les questions de droit que l application d une norme est susceptible de poser en elle m me ou au moment de son application dans un litige concret Le juriste soul ve donc des questions des questions de droit sur l application du devoir tre Les r gles g n rales et abstraites sont pr tes pour des questions qui n ont pas t pos es qui ne seront pas pos es qu il n appara tra plus n cessaire de poser Il est capable gr ce sa culture juridique et sa capacit d analyse de probl matiser L apport du discours doctrinal est ici d cisif Probl matiser consiste identifier les questions soulev es par le droit interroger identifier les difficult s en dehors m me de son application concr te Cette probl matisation permet d anticiper ou de se projeter sut l applicabilit du droit Elle offre une grille de lecture partir de laquelle les diff rents possibles deviennent intelligibles Dans le m me temps et sans que ce soit contradictoire elle permet de s loigner des contingences de Papplication pratique du droit pour en d gager les enjeux v rita
21. e qui se trouve en d finitive la plus affect e branl e par la QPC et les nouveaux rapports de force interdisciplinaires qu elle implique Ensuite parce qu en tant que constitutionaliste la familiarit avec le discours de cette doctrine est plus vidente et sa connaissance meilleure Enfin parce que les r flexions faites aux constitutionnalistes peuvent tre transpos es aux autres doctrines face leur objet de pr dilection Il semble que ces r flexions se doivent d tre men es librement parce qu elles participent d un souhait de perfectionner le discours doctrinal constitutionnaliste pour le rendre peut tre plus rigoureux Ces r flexions se nourrissent en l occurrence autant de l observation de la doctrine constitutionnaliste que d une exp rience et d une r flexion personnelles sur son propre discours Ces pr cautions oratoires pos es la doctrine constitutionnaliste est face deux tendances deux attitudes emprunter vis vis de son objet et du discours du juge Alors que la QPC appara t comme un r ve doctrinal saisi par le droit une inclinaison naturelle la gratitude peut voir le jour La distance par rapport l objet est donc imparfaite I Elle impose avec plus de force encore lexplicitation des contraintes devant peser sur le discours doctrinal et la formalisation de ses finalit s ce qui en l occurrence d passe le seul cadre de la QPC Le discours doctrinal en tant q
22. et autres discours des membres du Conseil constitutionnel ou des services de celui ci publi s dans des revues et des ouvrages ou encore disponibles en ligne sur le site du Conseil constitutionnel L origine de cette doctrine est donc variable car elle peut maner de l institution de ses services des membres de l institution du secr taire g n ral ou des membres des services Elle est donc plus ou moins dilu e dans l institution Toutes ces sources n clairent pas de la m me mani re la motivation du juge Certaines le font plus directement que d autres comme les commentaires sous les d cisions que ceux ci proviennent de l institution de ses membres de ses services ou de son secr taire g n ral D un point de vue quantitatif la masse de la doctrine du Conseil constitutionnel est consid rable L on pourrait m me s y perdre consid rer que toutes ces doctrines doivent tre utilis es pour clairer la motivation du juge La question de la place leur accorder en tant qu objet d tude n en est que plus n cessaire 3 Les commentaires taient auparavant publi s aux Cahiers du Conseil constitutionnel Ils ne le sont plus aux Nouveaux Cahiers du Conseil constitutionnel Les Cahiers deviennent les Nouveaux Cahiers partir du dernier num ro de 2010 n 29 qui f tent en l occurrence les 15 ans du premier 4 http www conseil constitutionnel fr conseil constitutionnel francais les decisions acces p
23. i se stabiliser voire se r duire 21 Voir le recensement des commentaires sur le site sous chaque d cision du moins est elle le plus souvent per ue comme telle alors que c est pr cis ment la distance des autres doctrines avec ce m me objet qui n est pas leur objet premier qui autorise et favorise le regard critique Celles ci apparaissent d ailleurs souvent comme d autant plus critiques vis vis des d cisions du juge constitutionnel que ces derni res interviennent dans leur domaine de sp cialit La patrimonialisation de son objet d tude conduit percevoir comme intrusive toute lecture d origine ext rieure sur cet objet Le juge constitutionnel sera ainsi naturellement suspect lorsqu il se prononce dans un domaine comme le droit priv dans lequel il n est pas a priori sp cialiste Il est alors consid r comme tant enclin commettre des erreurs Cette suspicion naturelle n est d ailleurs pas nouvelle Cette tendance avait par exemple t manifeste sous la d cision du Conseil constitutionnel sur le pacte civil de solidarit avec la doctrine privatiste Elle s est confirm e et m me renforc e avec la QPC en raison de la multiplication des d cisions Entre ces deux comportements celui de la doctrine constitutionnaliste m rite d tre plus pr cis ment tudi sans renoncer toutefois une comparaison avec les autres doctrines D abord parce que c est la doctrine constitutionnalist
24. i re pens e peut tre significative dans le positionnement doctrinal sur la r forme la possibilit d expertise priv e la consultation par la doctrine constitutionnaliste au profit des plaideurs jusqu alors fort injustement r serv e aux autres disciplines juridiques ayant des prolongements pratiques et contentieux plus imm diats D s les premiers fr missements de la r forme la doctrine constitutionnaliste s est empress e de commenter son principe m me l institution d une question pr judicielle de constitutionnalit puis chronologiquement la r vision constitutionnelle le projet de loi organique d application la loi organique et depuis la mise en uvre effective au 1 mars 2010 son application Cette premi re p riode du projet de r forme au d but de la mise en uvre s est caract ris e par une production doctrinale consid rable malgr l tendue r duite de l objet commenter et m me par un volume de production inversement proportionnel au volume de l objet Le contexte se caract rise galement par une concurrence doctrinale exacerb e Tout le monde doit avoir crit sur la question et surtout doit pouvoir se positionner sur le march potentiel de l tude de ce nouvel objet chroniques r guli res dans les diff rentes revues et notamment dans les revues 12 Voir en particulier les plans des manuels classiques de droit constitutionnel A tel point que le plan du manuel lab lis
25. incompatibles avec l exercice de ses fonctions de responsabilit politique Le juriste choisit galement entre ce qui est important et ce qui l est moins et participe d une valuation du droit et des questions qu il est susceptible de poser Il claire et r v le les sens cach s des nonc s Enfin il syst matise Des l ments disparates peuvent tre r unis afin de syst matiser les devoir tre La construction de notions ou de concepts contribue cette syst matisation et une meilleure appr hension de son objet Avec cet ensemble soulever des question probl matiser conceptualiser le juriste assure une lisibilit du droit une meilleure appr hension et compr hension de son objet Il est possible 35 C Atias Des r ponses sans questions 1804 1899 1999 quantitatif et qualitatif dans le savoir juridique Rec Dalloz 1998 p 406 18 de ne voir dans ces diff rents l ments qu un ensemble d exigences communes tous les discours scientifiques Peut tre Il n en est pas moins d cisif de faire savoir que ce sont des qualit s que Pon retrouve galement dans le discours juridique La QPC est un v nement institutionnel qui fournit une occasion la doctrine constitutionnelle de se re construire La visibilit qui lui est donn e impose un effort en ce sens Il faut esp rer que la doctrine constitutionnelle prenne le temps de le faire afin qu elle puisse au m me titre que les autres s
26. inquisiteurs Sans renoncer d ailleurs l analyse critique des positions de la Cour de cassation ce camp s est au moins tonn de mani re significative et a au plus d nonc les exc s du premier camp Le plus significatif dans ces clivages est que l on y retrouve trois cat gories distinctes de doctrine au regard de leur place institutionnelle dans le paysage scientifique universitaire une doctrine de constitutionnalit pourquoi tant de m fiance Gaz Pal 27 avril 2010 n 117 p 12 A Levade Renvoi pr judiciel versus Question prioritaire de constitutionnalit la Cour de cassation cherche le conflit Rec Dalloz 2010 p 1254 B Mathieu La Cour de cassation tente de faire invalider la question prioritaire de constitutionnalit par la Cour de Luxembourg JCP G n 17 26 avril 2010 464 27 D Simon A Rigaux Dr le de drame la Cour de cassation et la question prioritaire de constitutionnalit Europe n 5 mai 2010 tude 5 Le feuilleton de la question prioritaire de constitutionnalit Dr le de drame Quai des brumes Le jour se l ve Europe n 6 juin 2010 rep re 6 Solange le mot magique du dialogue des juges Europe n 7 juillet 2010 rep re 7 Perseverare autem diabolicum La Cour de cassation refuse d finitivement de donner effet la question prioritaire de constitutionnalit Europe n 8 ao t 2010 rep re 8 La priorit de
27. irecte dans un tel contexte que dans le contexte d une autre revue L on se situe ici dans des ressorts psychologiques grossiers mais qui peuvent tout de m me appara tre comme d terminants dans la perception de l ind pendance et de l impartialit de la doctrine universitaire La derni re illustration de cette capture est la plus probl matique et la plus substantielle Elle est cons cutive la multiplication de la doctrine du juge constitutionnel Sous cet angle l objectif poursuivi par l institution est clair garder la ma trise de l interpr tation propos e par le juge Si la volont du juge n est pas per ue de mani re imm diate par la motivation elle m me de la d cision tout un ensemble de doctrines produites par l institution laquelle appartient le juge est diffus pour que cette volont puisse tre per ue sans ambigu t De l est n e une doctrine autoris e r v lant la volont r elle de l institution m me de constituer un l ment de comparaison pour appr cier la qualit de la doctrine universitaire En elle m me son existence soul ve des questions peut on se satisfaire d une n cessaire explicitation de la parole du juge en dehors de la motivation de ses d cisions La qualit de la motivation ne doit elle pas garantir son autosuffisance pour justifier la d cision du juge Est ce au juge ou l institution laquelle il appartient d expliciter sa motivation et donc justifier p
28. la QPC harmonie s et dissonance s des monologues juridictionnels crois s Les Nouveaux Cahiers du Conseil constitutionnel 2010 n 29 p 63 Voir galement D Simon Conventionnalit et constitutionnalit Pouvoirs 2011 n 137 p 19 28 P Cassia E Saulnier Cassia Imbroglio autour de la question prioritaire de constitutionnalit Re Dalloz 2010 p 1234 P Deumier La Cour de cassation la QPC et la doctrine autopsie d une pol mique para tre dans les m langes en l honneur de J L Bergel M Gautier La question de constitutionnalit peut elle rester prioritaire A propos de Parr t de la Cour de cassation du 16 avril 2010 RFDA 2010 p 449 X Magnon La QPC et l Union europ enne la brute les bons et le truand R F D C 2010 n 84 pp 761 791 29 G Carcassonne N Molfessis La Cour de cassation l assaut de la question prioritaire de constitutionnalit pr cir 30 A Levade pr cit 1254 31 B Mathieu pr cit 32 P Ga a La Cour de cassation r siste mal A propos de Parr t du 16 avril 2010 RFDA 2010 p 458 12 institutionnalis e une doctrine en voie d institutionnalisation du moins vis vis du Conseil constitutionnel et une doctrine institutionnalisable Les critiques les plus virulentes sont venues de la doctrine la plus institutionnalis e la plus proche sans doute du Conseil constitutionnel en termes de visibilit
29. ner aucune ambigu t on soup onnait la Cour de cassation d avoir accueilli de mauvaise gr ce la d sormais fameuse OPC Mais nul n imaginait que cela la conduirait renouer avec les traditions qui firent les beaux puis les tr s mauvais jours des Parlements d Ancien R gime lorsque ces derniers refusaient de se plier la bi la Cour de cassation cherche le conflit par une d cision abracadabrantesque provoquant la s up faction stup faction qui se mue en effroi et l on se trouve sans voix et regrettant que sur ce point la Cour ait renonc l aphasie la Cour de cassation repr sente l avatar contemporain de cette tentation des juges de faire pi ce la volont du l gislateur La Cour de cassation r siste mal elle a commis des erreurs d cisives dans un arr t qui est tomb compl tement plat et il est recommand d oublier l arr t de la Cour de cassation Au plus vite La critique a d pass le strict cadre scientifique pour se transformer en pol mique politique au nom d une croisade pro QPC sur fond l gitimant d exigences politiques tir es du respect de l Etat de droit Le camp de la neutralit bienveillante est provenu d auteurs europ anistes qui ont d une certaine mani re apais le d bat en m nageant la fois la lecture constitutionnaliste et celle europ aniste Le dernier camp critique l est avant tout du camp des
30. nne pour tout ce qui concerne la QPC dans les revues juridiques dans la revue du Conseil constitutionnel et devant la commission parlementaire charg e d valuer la QPC La mesure dans l analyse sert la participation institutionnelle La critique est venue des plus jeunes de ceux qui n ont encore rien ou peu attendre de l institution parfois d ailleurs parce qu ils proviennent de disciplines autres droit administratifs droit de l Union europ enne droit priv La neutralit scientifique est peut tre d autant mieux d fendue qu elle n a aucun co t en termes de rayonnement et d avenir institutionnel D autres verront galement une expression d une nouvelle doctrine moins marqu e par des querelles d cole de pens e tendance qui ne pourra se v rifier que dans le temps De l dire que lind pendance est plus forte lorsqu il n y a encore rien attendre de linstitution que l on observe la remarque serait trop grossi re injuste et impr cise Elle incite la r flexion surtout pour tous ceux qui auront bient t et peut tre quelque chose attendre Il reste que l pisode de la Cour de cassation n est pas le plus significatif d une attitude de d f rence l gard du Conseil constitutionnel Le plus probl matique et qui appara t comme un 33 On pense en particulier au rapport d information de la commission des lois constitutionnelles de la l gislation et de
31. nt l interpr tation correcte du texte comment qui appara t donc incapable de la pr senter lui m me 8 Il ne serait d ailleurs pas inutile de poser un m me regard critique sur les doctrines tout aussi pl thoriques et probl matiques du juge administratif 9 P Cassia Une autre mani re de dire le droit administratif le fichage des d cisions du Conseil d tat au Recueil Lebon RFDA 2011 p 830 10 J M Denquin La jurisprudence du Conseil constitutionnel grandeur ou d cadence du droit constitutionnel Un regard surplombant sur les libert s publiques Jus Politicum n 7 2012 p 4 Ces critiques l gard des doctrines du Conseil constitutionnel nombreuses et qui ne se situent pas toutes sur le m me plan invitent poursuivre la r flexion sur la question de la perception de la doctrine du juge et de son utilisation par la doctrine universitaire constitutionnaliste et au del parce qu il sera question de la QPC de l ensemble de la doctrine universitaire Les rapports entretenus entre la doctrine universitaire et le Conseil constitutionnel s appr cient de mani re visible partir de l appr hension qu a la premi re des discours du second Il ne s agira pas tant d adopter une approche critique de cette doctrine du Conseil constitutionnel que de proposer une lecture critique de la prise en compte de celle ci par la doctrine universitaire et plus largement de la distance que peut av
32. oir la doctrine vis vis de son objet le juge et son discours Ce glissement de la r flexion est d autant plus n cessaire que la doctrine du juge se positionne par rapport la doctrine universitaire et que l appr hension et l utilisation que fait cette derni re la doctrine universitaire de la premi re la doctrine du juge contribue fa onner et justifier son existence La question n est ici pas une question de droif du moins pas directement mais une question de discours sur le droit une question pist mologique et m thodologique que fait et que doit faire la doctrine universitaire avec les discours du juge La question est cruciale d un point de vue disciplinaire car elle conditionne autant la pertinence du discours doctrinal que son utilit intrins que Elle soul ve la fois des interrogations en termes de distance vis vis des discours du juge et d apport de la doctrine universitaire par rapport cette doctrine du juge Quel peut tre l apport d une doctrine universitaire qui se contente de reprendre son compte les diff rents discours du juge sans distance critique et dans un souci de recherche de v rit juridictionnelle En d coule la question de savoir quelle est l expertise que la doctrine universitaire est susceptible d apporter sur l objet de son discours La question d passe ici le seul domaine de la QPC La question prioritaire de constitutionnalit constitue un terrain d observation
33. on des contributions en double aveugle conform ment une r gle d sormais partag e par la plupart des sciences sociales l exception notable des juristes Sur cette derni re question la revue du Conseil constitutionnel est align e sur la plupart des autres revues juridiques fran aises Le risque potentiel de capture de la doctrine demeure d une ampleur diff rente selon le type de production doctrinale contenue dans la revue Le commentaire doctrinal de la jurisprudence r alis par un officiel observatoire de jurisprudence constitutionnelle appara t au premier abord comme le plus sujet discussion La distance avec l objet est la plus r duite qui soit il s agit de commenter de mani re officielle le discours du juge sous la plupart de ses d cisions dans la revue qu il publie Il ne s agit pas d affirmer que le Conseil constitutionnel exercerait une quelconque influence volontaire sur le contenu des commentaires Toutefois en conf rant cet observatoire une mission de commentaire et en cr ant ainsi un lien institutionnel de d pendance l institution Conseil constitutionnel ne favorise pas l apparence d ind pendance de la doctrine Il est ici au moins question d apparence ch re la Cour europ enne des droits de l homme en mati re d impartialit La doctrine ne sera pas forc ment d f rente dans ses commentaires dans la revue mais elle sera peut tre moins encline adopter une d marche critique d
34. parole L expertise apport e par la doctrine est donc encore construire II Une expertise construire La visibilit comme la cr dibilit scientifique d un discours passent au moins par la formalisation des m thodes utilis es et donc par la reconnaissance d un certain nombre de principes m thodologiques communs respecter La valorisation de la recherche scientifique et particuli rement en droit n est possible que pour autant que l on peut identifier ce que sera le discours du juriste et quels seront les apports de son discours dans l analyse de son objet d tude La QPC et la dynamique doctrinale qui l entoure constituent une occasion de mettre en avant ce savoir faire de valoriser le discours juridique aussi bien vis vis des autres sciences sociales parfois concurrentes sociologie et science politique que des pouvoirs publics et plus largement de la soci t civile Le droit est un mode de r gulation sociale des comportements qui concerne tous les citoyens et le juriste doit avoir sur cet objet social un discours intelligible et susceptible d tre entendu par tous ses destinataires Le juriste doit tre en mesure de peser dans les choix des pouvoirs publics non par la d fense d une quelconque politique juridique mais par une expertise reconnue Cette expertise demeure encore semble t il en grande partie construire Elle implique tout d abord de renoncer une tendance doctrinale lourde l
35. plus l objet exclusif des constitutionnalistes Elle concerne toute la doctrine juridique Cet accroissement des commentateurs ne parvient toutefois pas absorber celui consid rable de la production jurisprudentielle du Conseil constitutionnel D autant que se combine avec cette tendance une certaine d croissance de l int r t de la doctrine constitutionnaliste pour cette jurisprudence La doctrine s est sans doute puis e s tre lanc e trop t t dans une concurrence fr n tique la production doctrinale lab lis e QPC Les cons quences sont significatives le nombre de commentaires sous chaque d cision en dehors bien s r des grandes d cisions est parfois plus que r duit et certaines d cisions ne sont plus comment es Cette banalisation pr sente un aspect positif La QPC appartient au paysage juridique classique De mani re plus nuanc e cette banalisation se traduit par un abandon du commentaire syst matique de la jurisprudence du juge constitutionnel D sormais la doctrine constitutionnelle doit trier parmi les d cisions qu elle doit commenter sous peine de diluer son discours et de perdre une partie de sa pertinence et de son int r t De ce point de vue la QPC oblige la doctrine choisir et donc d j s inscrire dans une d marche doctrinale L apparition d une autre doctrine privatiste en particulier c t de celle constitutionnaliste ayant pour objet les d cisions d
36. ques l o le second demeure encore dominant dans les enseignements de droit r En 2 constitutionnel en premi re ann e de licence de droit La domination de l cole juridique de droit constitutionnel sur le plan de la recherche universitaire n tait toutefois que relative Elle ne concernait que la doctrine constitutionnaliste le reste de la doctrine publiciste et a fortiori la doctrine privatiste ne prenant en compte que de mani re relative la parole du juge constitutionnel dans l tude du droit Lorsque la doctrine constitutionaliste juridique d fendait la primaut de la Constitution l unit de l ordre juridique gr ce la Constitution et la constitutionnalisation du droit elle apparaissait comme tant la 2 seule tre convaincue par ce discours quand ce discours n tait pas per u comme une 5 i 8 15 pr tention disciplinaire h g monique Dans un tel contexte la QPC a fourni loccasion la doctrine constitutionnaliste de se revaloriser vis vis des autres disciplines juridiques Non seulement le discours du juge constitutionnel dispose d une voie proc durale lui permettant d tre entendu dans toutes les branches du droit mais le discours du constitutionnaliste en tant que sp cialiste d un champ disciplinaire devient un discours doctrinal valable susceptible d tre entendu par le reste de la doctrine Ce mouvement s accompagne d une arr
37. s ventuellement partir du discours du juge sur ces nonc s L apport de la doctrine universitaire ne saurait tre que l dans l clairage des possibles et non dans la r p tition de ce que dit le juge La d marche pr conis e oblige revenir un discours doctrinal ayant pour objet les nonc s normatifs issus des textes titre principal et non plus seulement le discours du juge sur cet objet Peut tre que la QPC par la prolif ration des discours du juge sur le texte constitutionnel laquelle elle conduit obligera la doctrine se recentrer sur cet objet premier Ce choix pist mologique doit accompagner d une explicitation de l apport de la parole doctrinale B Expliciter l apport de la parole doctrinale La question ne rel ve pas seulement d une pr tention ou de vell it s strat giques dans un contexte favorable de visibilit m diatique tel que celui de la QPC Elle para t d cisive pour que la parole doctrinale puisse d passer le cercle restreint qu elle constitue elle m me et surtout pour la cr dibilit scientifique de la doctrine juridique en g n ral Dans le prolongement les questions se poser sont simples les r ponses le sont moins qu est ce tre un juriste Qu est ce que observer le droit pour un juriste Qu est ce qui singularise le discours du juriste sur cet objet vis vis des discours que peuvent avoir d autres disciplines sur le m me objet Quelle utilit
38. selon l expression d sagr able consacr e donnent l interpr tation autoris e authentique v ritable v n rable des d cisions rendues par les neuf ou onze membres Il n y a pas notre connaissance d autre instance quasi juridictionnelle en Europe qui dispose ainsi de sa propre revue juridique et s en sert pour faire conna tre des l ments qui devraient en r alit figurer dans la d cision elle m me De mani re tr s louable l actuel secr taire g n ral du Conseil constitutionnel ne s est pas inscrit dans la pratique de certains de ses pr d cesseurs qui commentaient de mani re syst matique toutes les d cisions de l institution dans les heures suivant leur prononc obligeant ainsi les observateurs ext rieurs proc der une analyse des d cisions la lumi re de celle de l auteur lui aussi g n ralement qualifi d autoris par ces observateurs propos des commentaires par linstitution de ses propres d cisions J M Denquin n est pas moins s v re l habitude a tendu masquer ce qu d trange le comportement du juge qui livre sa d cision avec le mode d emploi expose ce qu il convient de comprendre ventuellement d admirer On voit bien ce que cette d marche impr vue doit aux exigences de la communication il faut donner de la d cision une version exot rique lisible en diagonale par les journalistes faisant office de leur usage de captatio benevolentiae et fixa
39. taire des juristes constitue la mention tr s honorable avec f licitations du jury l unanimit de l crit doctrinal L valuation est simple objective Conc dons dans le m me temps que la bonne note demeure trop rare De plus cette approche tend subordonner la doctrine son objet Tout en tant commentatrice du discours du juge la doctrine universitaire se per oit comme indirectement valu e par ce m me discours d o la tendance ne pas s en loigner Cette absence de distance ne saurait tre l origine d une doctrine ayant quelques pr tentions un discours scientifique ou pour le moins une certaine objectivit Dans le prolongement de la tendance une approche empirique il est vrai que la pertinence d une valuation selon une d marche analytique appara t a priori de mani re moins imm diate Elle n impose pas d appr cier le discours universitaire en fonction de sa correspondance avec un autre discours mais de l appr cier en lui m me par sa force explicative par la pertinence des descriptions propos es par la rigueur du langage utilis et par la capacit rendre intelligible ce qui est d crit Cette approche est celle qui semble la mieux m me de pr server la qualit du discours doctrinal en lui conf rant une qualit en lui m me partir du langage utilis et ma tris et non pas partir d un autre discours Il reste que la tendance empiriste domine le plus
40. trement plus tudi e mais rarement identifi e comme tant une doctrine et donc peu observ e comme telle la doctrine du juge Les manifestations de cette derni re sont aujourd hui de plus en plus nombreuses et vari es en particulier pour le juge constitutionnel fran ais La motivation d une d cision de justice les motifs de cette d cision constituent la mat rialisation premi re de la doctrine du juge Parfois confondue avec le droit lui m me elle est en g n ral consid r e comme une interpr tation authentique m me si sous cette qualification on retrouve des significations diff rentes souvent loign es de la signification kels nienne premi re pourtant revendiqu e Retenons sans entrer dans la question d licate de son statut qu elle est une premi re expression et une m me une expression premi re de la doctrine du juge C est partir de cette motivation qu il est possible de pr voir comment seront r solus les litiges Elle est un moyen de pr voir les solutions apport es par le juge dans la r solution d un cas concret La doctrine du juge ne se r duit cependant pas la seule motivation et englobe tous les discours provenant plus ou moins directement du juge visant clairer cette motivation une motivation contenue dans la d cision de justice s ajoutent d autres doctrines autour de celle ci qui ont toutes en commun d avoir pour finalit de lexpliciter de l clairer de le
41. trine universitaire dans la revue officielle du Conseil constitutionnel constitue une seconde illustration de cette capture Il a une port e plus ambigu La doctrine universitaire figure aujourd hui de quatre mani res dans les Nouveaux Cahiers du Conseil constitutionnel sous un dossier th matique sp cial au titre d tudes sp cifiques pour commenter la jurisprudence et en droit compar L existence d une revue officielle a de quoi surprendre Elle est originale en Europe m me si le rapport annuel du Conseil d Etat abrite galement la doctrine universitaire Surtout en raison du prestige et de la validation symbolique qu une publication 22 Voir de mani re significative par exemple J M Denquin qui consid re qu quelques exceptions pr s glorieuses mais rares la majorit de la doctrine attend la v rit du Conseil au lieu de lui apporter La jurisprudence du Conseil constitutionnel pr cit p 5 universitaire dans cette revue peuvent avoir elle constitue un enjeu strat gique d cisif Or l acc s cette revue est ma tris par l institution elle m me C est elle qui d cide de ce qui sera publi ou de ce qui ne le sera pas mieux elle d termine les questions abord es et celles qui ne le seront pas Nul doute que dans ces choix la doctrine universitaire est consult e mais il n existe pas un comit de lecture scientifique formalis et a fortiori de m thode de s lecti
42. u Conseil constitutionnel tend mettre en relief des comportements singuliers de la seconde tout comme un positionnement particulier de la premi re Si les constitutionnalistes en g n ral peuvent appara tre comme plut t respectueux de la parole du juge constitutionnel les autres sont beaucoup plus critiques L inclinaison naturelle au respect de son objet par la doctrine constitutionnaliste peut appara tre comme une tendance significative ou Li En dehors des chroniques constitutionnelles existantes la cr ation d une chronique de ce type la Gazette du Palais est significative i Voir infra 15 Nous pensons ici la journ e annuelle d tudes sur la QPC organis e par l Institut Maurice Hauriou Toulouse Question sur la Question et parrain e par le Conseil constitutionnel 19 Voir pour ces manuels et plus largement pour la production doctrinale sur la QPC le recensement effectu par le Conseil constitutionnel lui m me m me s il n est plus jour en 2012 http www conseil constitutionnel fr conseil constitutionnel root bank mm QPC doctrines 61 1 pdf Voir en particulier afin de n pargner personne dans la responsabilit de la surproduction doctrinale X Magnon V Bernaud K Foucher J P Mignard et T S Renoux La question prioritaire de constitutionnalit Pratique et contentieux Litec Proc dures 2011 466 p 20 M me si celle ci mais c est un autre sujet tend aujourd hu
43. ue discours scientifique impose que son expertise soit express ment construite I I Une distance imparfaite La d f rence vis vis du Conseil constitutionnel est une critique que l on retrouve souvent m me si elle ne se formalise pas toujours dans des crits dans la bouche des repr sentants des autres branches de la doctrine Cette critique ne repose pas sur une analyse exhaustive du discours constitutionnaliste mais rel ve plus d un sentiment g n ral d un certain parti pris galement et s appuie assur ment sur des illustrations ponctuelles qui si elles pr sentent ce caract re n en sont pas moins significatives d un certain comportement Il ne s agira pas de la combattre le fait qu elle participe d un lieu commun para t lui seul justifier que l on s interroge mais de mettre en avant les l ments qui peuvent contribuer ce manque de distance vis vis de son objet et d illustrer ce manque de distance Cette inclinaison bienveillante participe autant de l objet lui m me le Conseil constitutionnel que de la doctrine universitaire qui porte un discours sur cet objet Il existe en effet une part de responsabilit du Conseil constitutionnel qui par certains comportements tend capturer la doctrine universitaire A et une part qui rel ve de cette derni re la d f rence l gard de l institution objet du discours B A La part du Conseil constitutionnel la capture de
44. xpliquer voire de la 1 P Jestaz C Jamin La doctrine Dalloz M thodes du droit 2004 314 p Ouvrage qui n offre pas en Poccurrence de bibliographie Voir galement le num ro sp cial consacr la doctrine de la revue Droits n 20 1994 2 Et Pon doit d ailleurs s en inqui ter syst matiser D embl e par son objet la doctrine du juge s attribue les missions de la doctrine universitaire et se trouve en cons quence en situation de concurrence avec elle Pour le Conseil constitutionnel qui nous int resse ici plus pr cis ment en dehors de la motivation des consid rants plusieurs l ments peuvent tre consid r s comme entrant dans la cat gorie doctrine du juge constitutionnel et qui pr sentent un int r t scientifique variable les communiqu s de presses les commentaires de l institution anciennement commentaires aux Cahiers du Conseil constitutionne tous deux publi s en ligne sur le site internet du Conseil constitutionnel sous chaque d cision les r sum s des d cisions pr sent s dans les Nouveaux Cahiers du Conseil constitutionnel les tables analytiques en ligne sur le site et qui ont t distribu es au moment de la mise en place de la QPC tous les avocats en France les commentaires ponctuels des membres du service juridique ceux qui furent un temps syst matiques du secr taire g n ral dans les revues juridiques sp cialis es et enfin les contributions commentaires
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