ASH - Laicite et TS 2011
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1. Scot l article 22 de la loi de 1905 autorise la cr ation de r serves d Etat pour l achat et la construction de lieux de culte condition que ces fonds m me venant de l tranger soient d pos s la Caisse des d p ts Inutile donc d en passer par le l gislateur pour permettre la construction de lieux de culte Les municipalit s qui veulent s opposer la construction de mosqu es ou de temples sont en contradiction avec la loi Autre exemple les pri res de rues avec l article 27 de la loi r glementant par voie municipale les manifestations ext rieures du culte Un imam qui fait d border sciemment le culte sur la voie publique est donc en infraction explique Jean Paul Scot Autant dire ajoute t il que cette loi est toujours efficace condition qu on veuille l appliquer Comment expliquer alors l extraordinaire confusion qui entoure aujourd hui l application d un principe aussi simple Pour Fran ois Vialla directeur du Centre d tudes et de recherche droit amp sant CEERDS de l universit Montpellier un long processus fait de pr cisions juridiques et de coups de canif pass s inaper us en est la cause Celui ci commence d s 1959 avec la loi Debr sur les rapports entre l Etat et les tablissements scolaires priv s qui autorise le financement par l Etat des tablissements confessionnels du primaire et du secondaire Puis dans la foul e de la loi Veil sur l av2. d clairer les difficult s rencontr es par les ducateurs et de montrer que bien souvent une position la que mal comprise peut cacher une position id ologique gt explique Pierre Tournemire l origine de cette initiative La rigueur est plus que jamais n cessaire estime t il La fa on d engager le d bat en stigmatisant des populations est la plus mauvaise des solutions Il faut faire au contraire le pari de la discussion sereine sur le fond et respectueuse des positions de chacun Un manque d information combler La formation occupe une place centrale La sociologue et formatrice Fa za Guelamine constate que des demandes de travail sur la prise en compte du fait religieux tant au pr s des usagers que dans les quipes manent progressivement des collecti vit s territoriales et des associations Ce qui prouve que l on peut aborder ces questions comme des objets ordinaires exactement comme on r fl chit la relation ducative par rapport la violence au racisme ou aux discriminations Mais le besoin d information des professionnels reste manifeste Quand par exemple on rappelle aux ducateurs que la loi de 1905 d fend la libert de croyance et la libert religieuse pourvu qu elles n entravent pas l ordre public certains tombent des nues car pour eux la cit voulait dire vacuation du fait religieux Signe d une volution rapide des mentalit s il y a peu encore les situ
3. en France se r v le unique en Europe Un survol de la la cit au sein de l Union europ enne montre une grande vari t de situations depuis des Etats qui maintiennent certains privil ges constitutionnels l Eglise jusqu des Etats purement confessionnels En Belgique l glise est reconnue comme un des piliers de l Etat et la la cit est consid r e comme un courant de pens e Les deux tiers des institutions scolaires et la moiti des h pitaux font l objet d un co financement Etat Eglise Aux Pays Bas toute l organisation sociale est structur e autour de trois piliers protestant catholique et g n ral auxquels se rattachent les individus en fonction de leur croyance A chacun de ces piliers correspond une organisation propre avec ses h pitaux coles clubs sportifs journaux syndicats Le travers des deux syst mes Belgique et Pays Bas est que les populations immigr es n ont pu trouver leur place qu en d veloppant leurs organisations communautaires D s le d but des ann es 2000 le gouvernement n erlandais qualifiait lui m me de pr occupante la situation de l int gration l issue de plusieurs rapports d valuation Au Luxembourg sur le fondement juridique du Concordat napol onien les quatre religions catholique protestante orthodoxe et juive sont reconnues En Allemagne la Constitution proclame la neutralit de l Etat f d ral tout en reconnaissant
4. les anciennes Eglises historiques comme des corporations de droit public Une partie des services publics sous tutelle des L nder est ainsi laiss e aux Eglises dans des domaines aussi divers que les cr ches l ducation la sant ou le social Sur les 16 L nder allemands seul le Land de Hambourg applique une s paration claire En Italie la Constitution indique que la R publique et le Saint Si ge collaborent pour la promotion de l Homme et le bien du pays Si bien qu on trouve syst matiquement dans les coles et les h pitaux du personnel religieux En Espagne la s paration de l Eglise catholique et de l Etat est reconnue mais un concordat syst matise l enseignement religieux dans les coles publiques et autorise le financement par l Etat des coles priv es et de l Eglise Enfin un large ensemble de nations n tablissent qu une distinction tr s relative entre sph re civile et religion Au Royaume Uni la reine est d fenseur de la foi et les pasteurs sont des magistrats En Finlande les Eglises luth rienne et orthodoxe sont des auxiliaires de l Etat civil Au Danemark l Eglise luth rienne est subventionn e pour ses activit s d tat civil de sant et d enseignement En Gr ce l Eglise orthodoxe est religion d Etat et met des actes administratifs Pour autant confront s de graves tensions et au d veloppement du communautarisme la plupart de ces pays sont conduits interroger leur
5. Bernard Paemelaere responsable p dagogique de la fili re moniteur ducateur l IREIS antenne de la Loire Dans le module de formation travail social religion et la cit mis en place dans cet institut des garde fous ont t pos s pour r tablir une parit entre les diff rentes religions Notamment un diacre responsable d un lieu de vie et un imam ont pu y intervenir Pourtant ce formateur ne peut que constater la difficult de sensibiliser les tudiants leur n cessaire neutralit condition premi re d un exercice la que Tr s critiques envers le moralisme chr tien ceux ci manifestent en revanche une grande ouverture pour l aspect cultuel et pratique de l islam devenu la principale r f rence dans les quartiers La difficult se double du fait qu on a beaucoup d velopp le respect des diff rences dans le travail social Si bien que pour les tudiants leur pratique ne s inscrit pas dans une logique la que classique Le droit la diff rence passe avant le devoir d galit Nous payons les cons quences d un positionnement finalement tr s communautariste observe Bernard Paemelaere Un point de vue partag par Rachid Guecham ducateur sp cialis l Association d partementale de sauvegarde de l enfant l adulte de Saint Etienne qui redoute l arriv e d une nouvelle g n ration de travailleurs sociaux ayant cess d interroger cette culture la que Ala
6. Paru dans Actualit s Sociales Hebdomadaires N 2712 du 03 06 2011 IDDOC 1520861107 Actualit s Sociales Hebdomadaires 2011 Rubrique D cryptage Auteur s MICHEL PAQUET LA CIT Le travail social l preuve du fait religieux L expression religieuse dans les quartiers a pris contre pied le travail social La que par n cessit il fait face aujourd hui une situation in dite depuis la loi de 1905 sur la s paration des Eglises et de l Etat Probl me de compr hension des demandes religieuses m connaissance de la la cit et instrumentalisation des d bats se conjuguent pour placer les professionnels dans une position critique De nombreux acteurs en appellent un retour aux sources de la la cit Libert de conscience galit de traitement de tous les cultes d volution de la sph re publique l int r t commun le triptyque de la loi de 1905 sur la s paration des Eglises et de l Etat a suffi pendant longtemps d finir la la cit Mais ces derni res ann es auront t celles de sa fragilisation Jeunes filles stigmatis es dans certains quartiers lorsqu elles ne portent pas de voile pros lytisme de plus en plus agressif des pr dicateurs de toutes confessions revendications vestimentaires alimentaires ducatives sanitaires en lien avec la religion la multiplication des contournements de la loi a branl le pacte tabli depuis des d cennies entre la soci t civile et la
7. ations pratiques abord es dans les formations tournaient autour de la prise en compte du voile islamique premi re demande des collectivit s Deux ou trois ans apr s nombre de services sociaux ont banalis ce symbole et cherchent d sormais r fl chir sur leur positionnement institutionnel A cela s ajoute une volution de fond que per oit Dounia Bouzar sur le terrain Les professionnels de l ducation ont t nourris par le d bat public autour de l islam de France soulignant que cette religion n tait plus celle des immigr s de passage mais bien celle de jeunes citoyens fran ais n s en France et socialis s l cole de la R publique Les plus avis s ont compris que la revendication de libert de religion correspond pour certains jeunes une preuve d int gration Un questionnement ducatif d passionn est il finalement possible Dounia Bouzar cite le cas d cole d une jeune fille suivie depuis longtemps par un ducateur qui arrive un jour rev tue d une burqa Que faire L ducateur n a pas se demander si c est l islam qui impose ce choix vestimentaire mais pourquoi cette jeune fille a cru comprendre tout coup que la religion lui demandait de s auto exclure Le probl me n est pas de croire ou de ne pas croire mais de croire tout en restant avec les autres LA CIT LA FRAN AISE UNE EXCEPTION EN EUROPE La s paration des Eglises et de l Etat telle qu elle est con ue
8. criminations sociales et urbaines terreau sur lequel se d veloppent les extr mismes communautaires Le l gislateur ne retiendra avec la loi du 15 mars 2004 que l obligation d encadrer le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les coles coll ges et lyc es publics puis avec la loi du 11 octobre 2010 l interdiction de la dissimulation du visage dans l espace public 6 Preuve de la complexit que rev t d sormais le respect de la neutralit la que en mars 2011 la Haute Autorit de lutte contre les discriminations et pour l galit HALDE a d clar ne pas pouvoir se prononcer sur le cas d une employ e d une cr che priv e licenci e pour avoir refus de retirer son voile n faute d une clarification suffisante des textes NOTES 1 IREIS 185 rue Jean Voillot 69627 Villeurbanne T l 04 78 65 15 70 www ireis org 2 Fa za Guelamine est l auteur de plusieurs ouvrages sur l immigration et l interculturalit dont Action sociale et immigration en France Rep res pour l intervention Ed Dunod 2008 3 Ancienne ducatrice la PJJ Dounia Bouzar est l auteur de plusieurs ouvrages consacr s la d fense de la la cit La R publique ou la burga avec Lylia Bouzar Ed Albin Michel 2010 La cit mode d emploi Ed Eyrolles 2010 4 Une association a t cr e pour la diffusion du film Les enfants de la m moir
9. e 24 rue de la R publique 42500 Le Chambon Feugerolles guerach aol com 5 www laicite educateurs org 6 Voir ASH n 2700 du 11 03 11 p 14 7 Voir ASH n 2703 du 1 04 11 p 5
10. es les religions Ce faisant ils r servent la la cit aux croyants et oublient les agnostiques et les ath es d nonce Jean Paul Scot De son c t Henri Pe a Ruiz philosophe de la la cit n h site pas parler de climat naus abond dont le d bat sur l identit nationale lanc en 2009 par l ancien ministre de l Immigration Eric Besson et celui sur la la cit et la place de l islam en France en avril 2011 l initiative de Nicolas Sarkozy ne sont qu une illustration Aujourd hui nous sommes face la tentation d un mod le politique r duisant l Etat ses fonctions minimales un Etat asocial soucieux de ne plus assumer par l imp t la solidarit redistributive et qui comme au XIXe si cle attribuerait aux religions un r le de substitut de justice sociale Ancien membre de la commission Stasi sur l application du principe de la cit dans la R publique Henri Pe a Ruiz ne d col re pas devant l affaiblissement continu de l cole publique pour parer de privil ges l cole priv e et religieuse ou la r duction de l offre de soins et des h pitaux de proximit pour d simpliquer l Etat de ses fonctions sociales Ce sont des signes qui ne trompent pas Apr s avoir asphyxi les services publics par manque de cr dit on s appr te dans certains milieux r crire la loi de 1905 pour refinancer le culte sur fonds publics Ins parable de la question de l immigration en Fra
11. na t les balises l gales de la gestion des conflits c est le rapport de force qui l emporte commente Dounia Bouzar Selon l anthropologue le traitement de la diversit religieuse dans le respect de la la cit pose aujourd hui plus de questions qu il ne trouve de r ponses Nous sommes chaque fois dans le t tonnement la recherche du plus petit d nominateur commun pour ne pas provoquer de s paration et en m me temps ne pas imposer une norme Sans compter que le d bat dans le champ social doit composer avec la pr sence historique de nombreuses institutions confessionnelles 95 catholiques Si la plupart d entre elles ont su la ciser leur missions aupr s des usagers certaines continuent d affirmer haut et fort leur identit religieuse A l image de la fondation Apprentis d Auteuil gestionnaire d environ 200 structures financ es au titre de la protection de l enfance qui accueillent duquent forment et ins rent en lien avec l Eglise les collectivit s territoriales l enseignement catholique Beaucoup d acteurs sociaux peuvent aussi t moigner de l existence dans leur r gion d un int grisme qui n a rien envier celui de l islam Comme ces deux associations confessionnelles rh nalpines r cemment accus es par leur propre v ch de d rive sectaire aupr s de toxicomanes ou de personnes en rupture sociale C est un peu une question masqu e sous le travail social regrette
12. nce la mont e du sentiment religieux a pris chacun contre pied sur le terrain Le prisme ant rieur travers lequel on consid rait l immigration tait celui de la culture diff rente Il se disait se percevait s analysait que les jeunes issus de l immigration taient entre deux cultures et on r f rait leurs probl mes cette double appartenance C est pourquoi cette expression du fait religieux chez des jeunes socialis s en France de longue date tait inattendue donc si violente avance Fa za Guelamine sociologue et responsable de formation l Andesi Association nationale des cadres du social 2 Dans tous les secteurs expos s coles pr vention sp cialis e foyers prisons des travailleurs sociaux se retrouvent seuls face leur propre relation au religieux Certains adoptent des strat gies d vitement d autres acqui rent une m fiance g n ralis e envers tout pratiquant proche de la discrimination Fa za Guelamine se souvient d ducatrices t tanis es par les revendications de jeunes filles qui leur affirmaient tout coup qu elles voulaient un mari se voiler et rester chez elles Peur li e la m connaissance de ce qui se joue sous de telles demandes En tous cas estime la sociologue rares sont les professionnels qui s autorisent saisir ces situations dans le cadre d une relation ducative Les acteurs du travail social ne savent pas nommer ces probl matiques car cela po
13. ortement de 1975 le code de la sant publique va reconna tre un professionnel le droit de ne pas participer un avortement en raison de ses convictions Plusieurs ann es apr s un autre degr est franchi avec la reconnaissance juridique du refus de soins d un m decin pour des raisons personnelles ou professionnelles qu il appr cie en conscience En 1983 la loi Ralite sur l galit professionnelle entre les femmes et les hommes confirme que tout fonctionnaire dispose d une libert de croyance et par cons quent peut b n ficier de journ es pour se rendre des f tes religieuses La loi 2002 2 et la loi sur le droit des malades du 4 mars 2002 vont rajouter un autre niveau a priori positif en insistant sur le respect de la vie priv e et des croyances des usagers Une ambivalence s installe alors entre droit des usagers et droit du citoyen Partant de l une instrumentalisation va pouvoir na tre au d triment de la la cit gt explique Fran ois Vialla Sur fond de revendications religieuses de plus en plus pressantes la question de la neutralit commune tous les agents du service public va tre repos e face aux manifestations ostensibles de croyance notamment vestimentaires En 2003 la commission Stasi install e la demande de Jacques Chirac rend un rapport qui face aux difficult s constat es plaide pour un r apprentissage de la la cit et met l accent sur la lutte contre les dis
14. relations aux diff rents cultes pr sents sur leur territoire Une tendance au rapprochement des r gimes europ ens s esquisse dans le sens d une s paration entre les Eglises et l Etat estimait ce propos la commission Stasi en 2003 II s agit de faire leur place de nouvelles religions de favoriser l int gration et de combattre les tendances politico religieuses extr mistes porteuses de projets communautaristes 1905 2011 LA LENTE ROSION DU PRINCIPE LA QUE La loi du 9 d cembre 1905 sur la s paration des Eglises et de l Etat est toujours d actualit et r pond encore aux probl mes contemporains mart le l historien de la la cit Jean Paul Scot Et de citer ses deux articles fondateurs e Article 1 La R publique assure la libert de conscience Elle garantit le libre exercice des cultes sous la seule restriction de l ordre public e Article 2 La R publique ne reconna t ne salarie ni ne subventionne aucun culte Traduction de l historien L Etat ne peut intervenir en mati re religieuse que pour faire respecter la libert de culte et les religions ne peuvent pr tendre imposer leurs normes De fait force est de constater que la d clinaison du principe de la cit dans l espace public est devenue de plus en plus obscure pour les citoyens Pour preuve la lev e de boucliers qui continue ici ou l contre la construction de mosqu es Or rappelle Jean Paul
15. religion Secteur particuli rement expos le travail social non seulement en raison de sa mission d int r t g n ral mais galement en raison de son histoire La la cit et l action sanitaire et sociale sont deux notions qui se sont crois es et rencontr es en permanence expliquait Jean Paul Scot historien sp cialiste de la la cit le 29 mars dernier lors d une journ e sur la la cit dans l action sociale et le sanitaire organis e par l IREIS Institut r gional et europ en des m tiers de l intervention sociale 1 En t moigne la cr ation du droit l assistance et au secours mutuel en 1792 au lendemain de la R volution fran aise et le d but de l affranchissement des professions sociales de leurs racines religieuses Et le XIXe si cle ne sera qu une succession d tapes vers la s paration de l organisation sanitaire et sociale de la toute puissance de l Eglise La situation est d autant plus rude que le principe la que semble lui m me soumis de multiples interpr tations Certains au nom de la la cit positive de la la cit moderne ou des accommodements raisonnables proposent d adapter la la cit Certains encore la r duisent l autonomie des pouvoirs spirituels et tem porels De m me beaucoup d hommes politiques droite comme gauche confondent et emploient le terme de tol rance la place de la cit en d finissant la la cit comme le traitement quitable de tout
16. rm par la mont e du radicalisme religieux dans les villes ouvri res du bassin minier st phanois ce professionnel a multipli les initiatives pour convaincre des risques de la situation dans une indiff rence assez g n rale des acteurs et des partenaires sociaux Le travail social a un temps de d calage il peine comprendre que quelque chose a chang dans la soci t fran aise C est cette h sitation qui fait la force des mouvements islamistes dans les quartiers estime t il Derni rement il a convaincu des adolescents issus de familles immigr es de retracer le parcours de leurs grands parents dont beaucoup ont combattu pour la lib ration de la France en 1945 Les t moignages recueillis aupr s des familles et de personnalit s de la R sistance de l arm e d historiens ont fait l objet d un film diffus dans des cit s reposant chaque fois le rapport l histoire d un jeune public en mal de reconnaissance 4 Nous l avons projet Vaulx en Velin plus personne dans la salle ne disait qu il n tait pas fran ais Le fait de restituer cette histoire occult e cassait tout le discours communautariste Pour Rachid Guecham l enjeu est clair Se retrancher derri re la simple r affirmation de la loi de 1905 ne suffit plus il faut aussi se demander s il n y a pas d autres fa ons d in terpeller les populations pour faire point commun Mais pour cela il faut tre s r de son bon droit la q
17. s activit s au risque sinon d imposer le rythme de l islam aux non pratiquants Au point rapporte Dounia Bouzar anthropologue du fait religieux 3 qu une ville comme Roubaix a fait circuler des directives en 2010 recommandant de ne pas inscrire aux centres de loisirs les jeunes faisant le ramadan Un texte discriminatoire car on n a pas le droit de refuser un service quelqu un sur le crit re d une religion De m me pour concilier la libert religieuse des travailleurs sociaux avec le bon fonctionnement de l activit certaines structures priv es ont appliqu la circulaire du 31 d cembre 2009 sur les autorisations d absence des fonctionnaires qui pr voit que les agents juifs bouddhistes orthodoxes et musulmans peuvent b n ficier de trois jours pour f te religieuse sauf n cessit de service Cons quences les autres salari s disposent de trois jours f ri s en moins que leurs coll gues croyants Et que dire de cette circulaire de la protection judiciaire de la jeunesse du 2 novembre 2006 qui recommandait aux foyers de retirer le porc des tables dans l objectif de pacifier les revendications alimentaires d une partie des usagers Le r sultat ne s est pas fait attendre Consid rant cette mesure comme une premi re victoire les jeunes musulmans plac s dans ces institutions ont multipli les demandes de viande halal Aujourd hui certains foyers ne servent plus que de la viande halal Comme personne ne con
18. se des probl mes thiques Est ce que je viole la libert de conscience de la personne si je lui renvoie que nous sommes dans un cadre la que et que telle ou telle attitude n est pas acceptable Si cela pose tant de probl mes thiques et d ontologiques c est parce que qu on le veuille ou non les travailleurs sociaux se retrouvent au centre de ces fameuses tensions qui traversent la soci t Une responsabilit bien lourde D autant que la r flexion th orique tarde elle aussi Alors que de nombreux travaux de recherche ont t conduits sur des domaines d actualit comme l exclusion ou l insertion la prise en compte du fait religieux reste encore faiblement th oris e dans le champ social explique Manuel P lissi directeur g n ral de l IREIS Il existe certes des r ponses labor es par certains services mais il est difficile de les valuer en raison d une certaine prudence D une part cela reste tr s m diatique et tr s vite confisqu par le politique et d autre part d s qu on essaye de les objectiver on ne d crit plus les m mes situations car elles sont la plupart du temps ind tachables de leur contexte Des institutions au diapason Les r ponses institutionnelles sont au diapason La simple organisation d un camp de vacances durant le ramadan est devenu une hantise pour nombre de municipalit s Son maintien durant cette p riode suppose en effet de r fl chir la gestion des repas et de
19. ue sinon la la cit ne cessera de perdre du terrain Les appels une r action du travail social commencent n anmoins affluer Du c t des repr sentants de l ducation populaire on monte au cr neau en d non ant l instrumentalisation politique des d bats et leur focalisation sur l islam Le grand pari fait en 1905 dans un contexte d affrontements c tait d aboutir une loi de pacification qui permette chacun de trouver sa place dans la R publique C est ce qu il faut faire avec l islam aujourd hui Il n existe pas plus de danger avec cette religion qu il en existait en 1905 avec l Eglise catholique Au contraire m me celle ci avait une toute autre puissance sociale assure Pierre Tournemire membre de la Ligue de l enseignement qui regroupe 30 000 associations d ducation populaire et la que En partenariat avec deux autres mouvements nationaux les CEMEA Centres d entra nement aux m thodes d ducation active et les Francas F d ration nationale la que de structures et d activit s ducatives sociales et culturelles cette conf d ration a lanc d s 2007 le site Internet La la cit l usage des ducateurs 5 premi re tentative de doter les professionnels de rep res objectifs Jeu de questions r ponses sur des situations concr tes rappel du droit analyses de grandes probl matiques telles que la libert de conscience ou les d rives communautaires La volont est la fois
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