Les consommations cachées de cocaïne dans le Vieux Lille" Nathalie
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1. Ce qui m a interpell c est la ma trise de ces jeunes ma trise des risques par rapport la coca ne et ma trise de l envie C tait a qu ils recherchaient et qu ils affirmaient r ussir Mais apr s certains n y parviennent pas Cette recherche de la ma trise semble tre le moteur qui leur permettait de s affirmer ainsi que le groupe ce n est pas une pratique solitaire Pour moi il y a une diff rence entre ce qui a t expos sur ces jeunes en milieu festif et les p cheurs bretons J ai associ ces deux situations parce qu il s agit de populations cach es Nous commen ons tout juste nous y int resser J ai entendu parler il y a 5 ans d une tude sur les milieux professionnels plut t commerciaux dans le Midi Pyr n es lOFDT y a associ ADALIS ils sont effectivement all s voir ce qu il se passait dans les toilettes d entreprises et ils se sont rendus compte qu etfectivement il y avait des employ s qui y sniffaient de la coca ne que tout a tait admis connu et accept parce que le r sultat tait l que cela rendait les gens plus productifs Je voulais rebondir sur la question de la ma trise parce que je pense qu elle est vraiment propre chacun Nathalie Lancial a vraiment d s immiscer dans les groupes parce qu elle a tudi une population cach e Je pense qu il y a quelque chose de diff rent avec les populations que l on peut rencontrer dans les cent2. autour de 25 ans ce serait l ge de raison dans l absolu quand toutes les connexions se font Du coup n est ce pas un fonctionnement normal ordinaire que de r duire sa consommation apr s avoir investi un peu plus dans sa vie professionnelle sa vie de couple J entends tr s souvent des parents qui viennent pendant les consultations de jeunes consommateurs surtout autour du cannabis llis viennent dire qu ils ont un enfant qui consomme du cannabis tous les jours qui travaille mais qui de leur point de vue doit souffrir avoir quelque chose qui ne va pas une rupture amoureuse Lorsque je vois les jeunes souvent avec les parents ces jeunes entre 20 25 ans affirment C est comme a que j ai envie de vivre La soci t telle qu elle est je n en ai pas envie Le fric je n en ai pas envie Ce syst me je n en ai pas envie Jai envie d avoir ma maison j aime fumer c est un plaisir Je me suis d fonc avant et j tais prostr mais je ne le suis plus Cela va beaucoup mieux fumer m a aid traverser a je fume tous les jours et je l affirme lls disent qu ils ont envie de vivre comme a Je entends tr s souvent On n est pas sur la tranche de jeunes qui ont entre 25 et 30 ans qui habitent toujours chez leurs parents qui ont des consommations r guli res mais qui ont soit commenc des tudes et arr t soit commenc travailler trois mois puis arr t qui sont rest
3. fait en 2011 une journ e sur le dopage o tait apparue la consommation par des professionnels de produits psychotropes plut t dopants pour faire face aux exigences professionnelles exig es par l employeur pour tre sur le qui vive et le rester sur la dur e Il y a donc toute une population que nous ne rencontrons pas vers laquelle nous n allons pas et qui ne demande rien puisque selon elle tout va bien ils nont aucun souci Vous vous rappelez sans doute que Nathalie Lancial avait insist sur le fait que celui qui a t rejet du groupe c est celui qui devenait junky lorsqu il a bascul dans une consommation qui n tait plus festive il a t mis l cart parce que le groupe ne veut surtout pas ressembler des toxicomanes Ce sont des jeunes qui ont la p che modernes qui aiment la f te et qui ont cette consommation tout fait r gul e sans souci Sans cons quence avec toujours en fond l alcool et cette perception que la coca ne permet de r guler l ivresse alcoolique ils n avaient pas les cons quences de l ivresse alcoolique parce qu ils consommaient de la coca ne J ai d j entendu un groupe de jeunes dire qu apr s avoir bu de l alcool ils prenaient du speed comme a en cas de contr le l thylotest serait n gatif ce quoi j ai r pondu que l thylotest n avait pas d fonctionner car je ne pense pas que le speed r duise l alcool mie Nathalie Lancial nous
4. pas s re que cela soit la m me chose Dans cette journ e autour du dopage il y avait une notion d obligation de consommation pour tenir le niveau comme les p cheurs La personne qui m a racont cette situation de p che est quelqu un qui c est arriv comme sa s ur est m decin il lui en a parl car il a eu peur On lui a donn de la coca ne parce qu au bout de deux jours il ne tenait plus debout il n avait pas le choix soit il consommait de la coca ne et il tenait sa semaine debout faire son boulot soit il ne pouvait pas physiquement tenir le rythme La coca ne est un moyen de ne pas sentir la fatigue de ne pas sentir la douleur de ne pas sentir la faim de ne pas sentir la soif c est quand m me tr s pratique vous devenez une b te de travail J ai entendu la m me chose dans une usine o soit les jeunes acceptent des amph tamines soit ils ne tiennent pas le rythme les cadences Je me demande si nous avons quelque chose en dire ou en faire de notre place C est dr le cette ambivalence sur ce produit la coca ne Je pense que nous ne sommes pas tr s clair avec ce produit ses effets ce qu on en a comme repr sentation Il y a une vision dramatique mais il y a aussi une vision de performance Entre nous je pense que nous ne sommes pas assez clairs sur ce produit magique Je crois que les m decins n en savent pas assez d autant qu il est souvent associ plein d autres choses
5. s dans une forme de situation de d pendance avec les parents On n est pas sur une tranche de jeunes un peu plus g e Chez ces jeunes il ny a pas d envie de vivre dans ce syst me et ils se retrouvent dans ce syst me l celui qu ils ont cr avec leurs copains Je suis tout fait d accord J ai rencontr beaucoup de jeunes de quartier qui consomment du cannabis ou d autres produits Les personnes qui consomment de la coca ne ou de l h ro ne sont souvent des personnes qui ont une perte des liens familiaux ou qui ont des troubles psychiatriques et sont sous tutelle ou curatelle Vous disiez jusque trente ans je dirais m me jusque 35 ans ils consomment de mani re r guli re et disent que tant qu ils n ont pas de travail mais certains consomment m me s ils travaillent Pour eux c est aussi un tue le temps de toute fa on le syst me est pourri on est toujours accus s c est le seul moyen pour nous de nous affilier un groupe de nous sentir bien et d avoir du plaisir D autres m ont dit que cela leur permettait de r fl chir ils r fl chissent autrement et supportent mieux la r alit a rejoint l tude de Nathalie Lancial un des jeunes dit que ses parents consomment de l alcool et que lui il consomme de la cocaine Pour lui c est pareil quand il prend de la cocaine il se sent plus intelligent plus cr atif Je voudrais revenir sur l aspect professionnel parce que je ne suis
6. Cycle entourage R flexiemmmantir des Consommations cach es de coca ne dans L Wieu x L lle A Nathalie L tme tail Elisabeth Dooehe 21 septembre 2012 Directrice r gionale A N P A A Nord Pas de Calais O J ai retenu de cette intervention qu il y avait 72 d hommes pour 38 de femmes on est toujours dans ces ratios l en mati re de toxicomanie que c tait des jeunes entre 25 et 33 ans qui avaient commenc par consommer dans un premier temps des produits comme l ecstasy c est vraiment d avoir consomm ce premier produit qui a permis l utilisation ensuite d autres produits et de la cocaine Avoir exp riment ce premier produit avec beaucoup de plaisir avoir un souvenir tr s positif de cette premi re exp rimentation avait ouvert la possibilit de rencontrer toute sorte de gens tr s proches dans les m mes soir es Proches qui dealaient des produits et qui du coup facilitaient cette consommation la rendaient tr s ais e Ce qui petit petit les a amen s consommer de la coca ne La coca ne va tre le produit qu ils vont choisir tr s ostensiblement de consommer en vieillissant Vers la trentaine ils d cident de consommer de la coca ne parce que c est ce qui leur cause le moins de d sagr ments la sortie de la consommation pas de cons quence dans la vie professionnelle pas de cons quence sur la vie familiale avec une grande s paration entre la p riode fest
7. avait galement dit que cette consommation se r duisait d elle m me avec l installation dans une vie professionnelle dans une vie de couple les f tes diminuaient et du coup cette consommation s arr tait Voil ce que j avais envie de partager avec vous aujourd hui ce questionnement que nous pouvons avoir nous professionnels vis vis de ces publics qui s autor gulent et en m me temps quen est il des cons quences sur la sant Je ne sais pas si cela fait cho avec des situations que vous connaissez avec des consommation dont on ne parle pas dont on n entend pas parler Je pense une ou deux personnes qui avaient ce profil l mais qui ont bascul dans des troubles psychiques s rieux tr s stress s en permanence tr s inquiets sur eux m mes sur leur entourage avec des c t s parano aques qui se sont d velopp s Il ne nous est pas permis de g n raliser a un groupe social en entier ou groupe d ge Mais j ai rencontr deux personnes dans cette situation d avoir consomm de la coca ne cela s est tr s bien pass pendant tr s longtemps ils ont effectivement abandonn et puis ils se sont retrouv s 40 45 ans avec de gros doutes sur eux m mes des questions hallucinantes qui n ont pas de rapport avec le type de vie qu ils avaient eu auparavant Cela me fait rebondir sur ce que nous avait dit Jean Pascal Assailly sur les connexions du cortex pr frontal arrivant maturit
8. e la dur e de la th rapie tait diff rente J avais trouv int ressant que pour un m me produit il fallait tenir compte de l interaction entre le produit et la personne et le contexte le triangle d Olivenstein Je pense que pour l alcool comme pour d autres produits c est pareil
9. ive o ils consomment de la coca ne et tout le reste de leur vie Tout est bien s ri avec juste une question autour de largent parce que finalement ils sont oblig s d organiser tout le reste pour avoir l argent pour consommer la coca ne sur la dur e Nathalie Lancial donne l exemple d une jeune fille avec qui elle est chez H amp M et qui est en train de tergiverser pour savoir si elle va acheter un habit qui co te 15 euros alors que le soir m me elle d pense 20 euros sans se poser de question pour avoir un peu de coca ne pour sa soir e Ces jeunes qui vieillissent selon cette tude organisent au fur et mesure leur consommation de fa on tr s ins r e Cela m a fait r fl chir toutes ces personnes qu on ne conna t pas et qui dans notre soci t consommeraient des produits ou des m dicaments J ai fait le lien avec une situation dont jai eu connaissance de mani re personnelle des p cheurs en Bretagne font usage de coca ne pour tenir le temps de la p che c est le capitaine qui dirige la p che qui fait consommer ses hommes Tout a est normal int gr Il n y a pas du tout de perception par l utilisateur de quelque chose qui serait risque ou qui serait d cal dans la soci t ou qui serait interdit Tout a est compl tement normal ordinaire et ne se remet pas en question Cela ma amen e m interroger sur ces publics cach s notamment les professionnels Nous avions
10. res Je pense qu il y a plus d informations sur ce public l que sur les usagers de rue qui peuvent avoir des usages compulsifs des d pendances psychologiques marqu es Dans ces populations cach es je pense qu il commence a y avoir des petites m fiances sur la composition des produits il y a de plus en plus de produits de coupe dans les produits de synth se et je pense que c est un ph nom ne qui est en hausse Il y a de grosses diff rences entre les dealers je pense que les populations cach es qui ont leurs fournisseurs habituels ne vont pas dans les cit s Je tiens d abord rappeler que Nathalie Lancial a soutenu sa th se avec succ s Elle est docteure en sociologie et a trouv du travail Bien videmment on d coupe la r alit pour essayer d approfondir certains aspects de la r alit mais il serait int ressant d arriver mettre ensemble tous ces usages diff rents du m me produit S agit il vraiment du m me produit Est ce que le produit consomm dans ces f tes est le m me que celui consomm par les marins bretons Je n en suis pas s re Suivant l objectif qu on a en approchant la population la soigner et la prendre en charge ou observer un cas exceptionnel et focaliser une recherche sur quelque chose d assez particulier on va avoir bien videmment des choses tout fait diff rentes Sur l importance du groupe je pense que dans la discussion il s est dit des choses assez diff rente
11. s cela d pendrait des individus et cela d pendrait du groupe En tant que sociologue j ai tendance dire que cela d pend surtout du groupe Ce qu il serait int ressant de savoir c est comment le groupe r agit Par exemple le d fil de femmes qui vont aux toilettes se faire leur ligne de coca ne comment en parlent elles en groupe d ouvri res Comment se font elles ou pas une culture commune Alors il y a des recherches qui existent sur les consommations de psychotropes dans les caisses des grands magasins comment les filles se sentent oblig es d en prendre avec des sociologues des ethnologues mais sur la coca ne je nen connais pas Mais pour moi il est inconcevable quil ny ait simplement qu une dimension individuelle qu une r action individuelle Comment les marins p cheurs qui sont embarqu s ensemble tol reraient quelqu un qui n a pas pris une ligne de coca ne Quelles sont les r actions de rejet Mais aussi comment en parlent ils terre Pour faire la liaison Michel Hautefeuille qui tait intervenu sur la question du dopage lors de la journ e Pr venir 59 avait bien insist sur le fait que le m me produit en prenant l exemple de la coca ne selon l usage festif ou dopant n tait pas du tout consomm selon le m me mode d emploi dose fr quence que l usager ne cherchait pas du tout les m mes effets et qu en th rapie il n utilisait pas du tout les m mes proc dures et que m m
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