étrangler le temps - Musée de la danse
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1. le Conseil r gional de Bretagne et le Conseil g n ral d Ille et Vilaine Culturesfrance contribue r guli rement aux tourn es interna tionales du Mus e de la danse la mani re de la promenade architecturale pr n e par Le Corbusier un lieu n existe qu arpent r v lant ses angles et sa plastique en fonction de la d ambulation que chacun y dessine l organisation du Garage offre la possibilit d inventer son parcours sa vitesse et sa mani re d aborder les uvres Cette n cessit de trouver sa propre boussole va g n rer dans l espace parall lement aux danses qui s y d roulent une grande diversit d attitudes et d tats Certains spectateurs circulent vite passant d une salle une autre D autres au contraire s arr tent s absorbent dans la contemplation d un geste En face de cet inhabituel d crescendo les corps s animent ou se figent se pressent s attardent Il faut trouver une mani re de s ajuster Le rapport cette masse d sorient e l ch e dans un espace sans fronti res tablies a du tre assez violent pour les danseurs transform s en d cor objets ou mannequins scrut s bouscul s d rang s ou ignor s ils sont eux aussi priv s de leurs rep res Aper u deux adolescentes se prennent en photo avec leurs t l phones portables c t d un danseur presque immobile comme si c tait un p re de no l de supermarch Un peu comme ces gardes anglais qui n ont pas le droit de bo2. sculptures en objets de mus es soit ce sont des sculptures qui prennent vie et rejoignent l tat vivant de la danse Plans trange que d entrer dans une salle et de d couvrir que les danseurs sont d j en mouvement ils ne nous ont pas attendus On prend la place qu on peut assis ou debout contre le mur cherchant sa place t tons marchant sur des pieds bousculant des silhouettes invisibles Derri re au niveau d une porte un amas se constitue D autres personnes veulent entrer Les danseurs eux suivent leur chor graphie il faut anticiper leurs d placements pour ne pas se trouver sur leur trajectoire Sensation tout d abord malais e comparable celle que l on ressent en arrivant dans une salle de cin ma alors que le film a d j commenc L id e que a a d j d but et que a continuera apr s certains spectacles durant six heures il est presque impossible de les suivre du d but la fin cr e un rapport non lin aire l uvre on ne l attrape plus par sa totalit mais par fragments Le r sultat est plus proche de l agrandissement d une peinture que du ralenti cin matographique Mais c est le spectateur qui effectue la mise au point Pour reprendre le titre du roman de Julien de Kerviler les perspectives changent chaque pas Passer d une pi ce une autre quivaut effectuer un montage ou un cut up En se pla ant au seuil de deux espaces on peut passer de l une l autre ou
3. LA mus e de la danse pr figuration trangler le temps par Gilles Amalvi Ralentie on t te le pouls des choses Henri Michaux La ralentie Partant d o Soit un projet de centre chor graphique d un genre nouveau le Mus e de la danse Soit un nouveau lieu pour l accueillir Le Garage Et soit l v nement le happening tissant ensemble lieu et projet public chor graphes et danseurs amateurs professionnels professeurs ou performeurs C tait le le samedi 27 avril 2009 de 19 heures 7 heures du matin trangler le temps une nuit peupl e d uvres au ralenti de mouvements suspendus se propageant dans les espaces du Garage Une nuit feuillet e o se sont superpos es les propositions les temporalit s les m moires et les gestes Une somme de moments dont s est d gag un continuum un courant reliant de fa on souterraine un concert une performance but un cours de jazz une ronde bretonne Si cette nuit ralentie a cr une exp rience singuli re exc dant la somme de ses moments c est sans doute qu elle offrait la possibilit de repenser notre rapport au spectacle vivant la mani re de le comprendre et de le percevoir Et que pouvait se lire dans cette pr figuration la m taphore du rapport l institution au public et la cr ation que tente d inaugurer le Mus e de Danse Si la m taphore est un transport comme nous le rappelle Claude Simon Metaphoron est l inscription qu on peut l
4. et mises en miroir de la place il ne cesse d en manquer ou d en rester pas de position d quilibre Dans une pi ce sans places assises on s entasse comme on peut Dans une autre plus vaste et tapiss e de coussins quelques spectateurs peine certains regardent d autres se reposent ou crivent Dans un dispositif o les spectacles ne sont pas n cessairement tiquet s on peut regarder longtemps une pi ce sans savoir de qui ou de quoi il s agit de la place est laiss e au d s uvrement Une proposition La fonte de l individu image parfaitement le montage de ces questions dans un couloir et un peu plus tard d bordant jusque dans le hall quiconque peut se laisser fondre de la position verticale jusqu l talement le plus lourd Il suffit de se choisir une place et de la d faire Pour qui d couvre le spectacle de ces corps diff rentes tapes du d gel il peut tout aussi bien s agir d une performance en cours que d une invitation faire de m me d un danseur que d un spectateur Moment de rel chement de vacance lire comme une image dr le ou fun bre L image d une fin ou du plus parfait d s uvrement D danser L artiste belge Eric Duyckaerts a invent un jeu qui consiste partir du pr fixe d dans le syst me des verbes fran ais ter le d d d ser ajouter le d d ser voir comment a marche inventer des sens et des mots Jacques Dubois D lirer par
5. exemple permet d inventer le verbe lirer d chirer chirer on peut ensuite essayer de leur trouver un sens On pourrait comparer cette m thode qui introduit du jeu et du coup de nouveaux usages dans la langue avec les effets produits sur la danse par le ralenti Des r gles tombent de nouveaux usages se r v lent Pour cette premi re prise de contact avec le public un espace permet de faire soi m me l exp rience du ralenti de mani re inattendue un cours de jazz propos par Wayne Barbaste auquel chacun peut participer Neutralisant la virtuosit souvent li e la vitesse d ex cution le savoir faire le ralenti rend le fait d entrer dans la danse possible sans se sentir scrut ou jug sans avoir besoin de savoir danser ou de conna tre le style jazz Ce changement de rythme fonctionne comme une ouverture et rend possible une forme d galit par la lenteur De la m me mani re un peu de la gravit ou du sens attach chaque uvre est d lest par ce simple glissement rrrrrooooouuuuunnnddd proposition chor graphique pr tig uration de Mika l Phelippeau reprenant une danse traditionnelle du Finist re perd son bee g z caract re folklorique le Bol ro d Odile Duboc son aspect pi ce historique 2 voir les effets de d rive produits par la lenteur on se prend r ver d une r union de l ONU au ralenti d un match de foot au ralenti de faire ses courses ou de manger au ralenti afin de
6. ire sur les bus grecs peut tre que l objectif d un Mus e de la danse serait de d placer notre fa on d appr hender ce ph nom ne qu on appelle la danse de nous laisser le temps de voir de comprendre et de saisir d o l on regarde D placer pour rendre visible les circuits les zones troubles la porosit aux lieux aux temps aux paroles aux formes artistiques pour tenter d articuler le vivant et le r flexif art et archive cr ation et transmission Le transport qui a eu lieu ce soir l avait quelque chose d un ralentissement g n ral des fonctions Un glissement de leurs fronti res tablies d placement de la fonction lieu culturel de la fonction spectateur de la fonction regard des fonctions genre o famille chor graphiques Si les termes contradictoires mus e et danse posent la question de la production et de la conservation on peut se demander comment revenir sur cet v nement plusieurs mois apr s qu il se soit d roul Quelle trace d poser qui puisse faire trace pour d autres ceux qui l ont vu ceux qui ne l ont pas vu qui y ont assist ou qui n en ont jamais entendu parler Et comment laisser merger ces glissements de temps autant que de terrain qu on ne peut saisir qu au croisement des espaces des spectacles des rumeurs des exp riences Faut il s emparer d un souvenir D un moment d un spectacle en particulier D une ambiance D un concept Des mots qui le d
7. m me les embrasser d un m me regard varier les plans s approcher ajuster la focale tourner autour Peut tre qu une autre chelle vu par un il surplombant le mus e serait une sculpture une uvre en perp tuelle transformation des volumes qui s paississent ou se fluidifient Et l unique archive de ce mus e un dessin figurant l ensemble des trajets effectu s Rien n aura eu lieu Que le lieu Except peut tre Une constellation pr figuration 3
8. percevoir quelles zones inaper ues quels r flexes invisibles sont activ s quels rapports de pouvoir quelles doxa sont ainsi d voil es Question subsidiaire Le Mus e de la danse est il un d mus e de la danse ou un mus e de la d danse Ralentir travaux Quelle exp rience avons nous du ralenti Le cin ma principalement o il sert exag rer une action pointer un d tail d composer un mouvement C est un effet sp cial emphatique ou p dagogique un surplus de sens Le ralenti propos ce soir l appliqu des uvres n ayant pas t con ue pour cette vitesse ne montre pas mieux il expose le lieu le public Ce qu il r v le concerne tout autant la chor graphie elle m me que son mode d appara tre et son rapport l institution qui l expose Contrairement l effet parfois puisant des soir es accueillant une s rie de propositions chor graphiques qui cherchent plus le d bordement vital l impression de chaos cr atif que la mise en relation et la r flexivit le pari du ralenti permet un vrai regard sur ce qui s labore L accumulation l effet de valeur li l accumulation on pourrait dire l effet supermarch est d samorc Le ralenti n est plus un effet sp cial mais un v ritable op rateur du regard un prisme Il op re un battement entre le concept de mus e et celui de danse il s y glisse comme un entre deux soit les danseurs en ralentissant sont en train de se transformer en
9. signent des corps qui l ont occup des photos ou des films qui le documentent Chaque angle de vue que l on choisisse en refl tera d autres chaque fil tir peut d rouler plusieurs bobines N uds innombrables l id e d un Mus e de la danse en contient d j beaucoup Voil quelques entr es et sorties allers et retours pour laisser d filer les bobines Rentr es En entrant dans Le Garage 19h muni d un plan figurant la localisation des diff rents v nements on est d abord d sorient spatialement autant que subjectivement Pas de centre ni de sens de circulation Pas de mode d emploi Est ce que a se visite comme un mus e est ce que a s arpente comme un espace est ce que a se regarde comme au th tre est ce que a s exp rimente comme un atelier est ce qu on s y perd comme dans un labyrinthe est ce que a se consomme comme au supermarch mus e de la danse pr figuration 21 26 avril 2009 38 rue Saint Melaine CS 20831 35108 Rennes cedex 3 Le Garage 18r Andr amp Yvonne Meynier 35000 Rennes t 33 0 2 99 63 88 22 f 33 0 2 99 63 7292 info museedeladanse org www museedeladanse org Mus e de la danse Centre Chor graphique National de Rennes et de Bretagne Direction Boris Charmatz Association subven tionn e par le minist re de la Culture et de la Communication Direction R gionale des Affaires Culturelles Bretagne la Ville de Rennes
10. uger ou de r agir les danseurs continuent imperturbables Le temps joue pour eux Le ralenti insiste Pass l effet de fr n sie de l entr e des spectateurs on remarque que quelque chose de la lenteur commence passer dans les corps Au milieu de ces silhouettes comme en apesanteur l impression d tre trop rapide cassant maladroit oblige soi m me ralentir Un effet de contamination se propage un imperceptible changement d tat Il appara t rapidement que le happening compte autant de participants que de personnes pr sentes L objet du regard n est plus seulement ce qui danse mais tout ce qui bouge l ensemble des r actions et des rapports devient partie prenante de l v nement Des places Le spectacle Crash dance que l on pouvait d couvrir au d but de la soir e se d roule dans un espace assez troit En entrant dans la pi ce on d couvre des corps debout d autres pench s assis allong s Certains regardent d autres sont regard s mais sans qu il soit vraiment possible de dire dans quel sens s effectue la circulation qui est acteur d un geste et qui est spectateur immobile Une zone de brouillage se profile un enchev trement des positions particuli rement sensible l instabilit des places En un sens personne n est sa place chacun de l inventer Place physique bancs coussins si ges et place subjective comment tre spectateur danseur habituellement pr par es se retrouvent indiqu es
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