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Mode d'emploi

1. La prospective au contraire explore la gamme des diff rents tats S que pourrait avoir atteint t le syst me initial S si tel ou tel v nement E4 E Ei se r alisait sch ma 2b Les v nements E4 E2 Ei sont ce que nous appellerons des ruptures et la prospective doit d une part les imaginer et d autre part examiner quelles sont leurs r percussions sur le syst me Le mode de raisonnement est Si tel v nement alors telle cons quence Bien videmment au sein de cette gamme peut se trouver l tat Snp de la pr vision Pour la prospective il y a plusieurs futurs possibles et son r le est pr cis ment de les imaginer en les construisant traduction du fait que pour le prospectiviste le futur est ouvert objet de projet d intention et de volont Ce qui ne veut pas dire bien au contraire que le pr sent importe peu mais qu il ne d termine pas de mani re irr m diable le futur que celui ci reste construire d o la n cessit d explorer cette marge d ind termination pour que les d cideurs puissent ventuellement l exploiter La pr vision tente entre autres les d cideurs car elle les rassure le futur suppos le plus probable devenant de fait certain ceci explique en retour que la d marche prospective ne soit elle pas spontan e Mais l apparente force psychologique de la pr vision est en r alit son point faible En effet en fixant le futur elle semble si l on ose d
2. la d cision In Brossier J Vissac B Lemoigne JL d Mod lisation syst mique et syst me agraire D cision et organisation ditions INRA Paris 103 17 44 CHEVASSUS AU LOUIS B 2001 OGM et agriculture Options pour l action publique La Documentation Fran aise Paris 45 ROQUEPLO P 1997 Entre savoir et d cision l expertise scientifique ditions INRA Paris 46 DUPUY JP 2002 Pour un catastrophisme clair Quand l impossible est certain Seuil Paris 47 POPPER K 1972 La logique de la d couverte scientifique Payot Paris 48 SIMON H 1991 Sciences des syst mes Sciences de l artificiel Paris Dunod Traduction fran aise de The Sciences of the artificial 1969 1981 Massachusets Institute of Tecnology USA 49 HOLTON G 1981 L imagination scientifique Gallimard Paris 50 SERRES M 2001 inventer l Am rique In Des coup de g nie Les grandes d couvertes Num ro hors s rie Sciences et Avenir Paris 51 PROUV J 2001 Jean Prouv par lui m me ditions du Linteau Paris 52 MIDLER C 1993 L auto qui n existait pas Management des projets et transformation de l entreprise Inter ditions Paris 53 SUE R 1994 Temps et ordre social PUF Paris 54 MESS AN A LEC UR H SEBILLOTTE M dir 2001 Prospective Les prot ines v g tales et animales Enjeux de soci t et d fis pour l agriculture et la recherche ditions INRA Coll Bilan et prospectives Paris 55
3. ch ance les examiner Ces questions difficiles font partie de la r flexion sur l valuation de la prospective Pour la vision du monde premier de ses fruits que nous ayons distingu il semble ne pas y avoir de probl me ce produit ne pr existe pas et la repr sentation du syst me qui est construite avec la place qu y occupe l organisation sont incontestablement jug s positivement Mais pour les sc narios L valuation doit s rement reposer sur la rigueur de la m thode c est l une des raisons de nos choix et l objet de la seconde partie de cet article Le recours des experts ne garantit pas suffisamment dans la construction des sc narios contre le risque de recopier l identique l air du temps qui d ailleurs n est pas a priori erron En effet les experts m me si plusieurs types existent 26 ont parfois bien des difficult s prendre du recul par rapport leur sp cialit ou leur fonction et surtout dans leur grande majorit les experts restent ext rieurs au projet ils n y sont pas impliqu s or ici comme en strat gie les voies ne sont pas ind pendantes des fins poursuivies 42 La fonction de l expert comporte ainsi une contradiction insuffisamment soulign e il doit clairement tre au dehors de l organisation et il lui faudrait tout autant tre au dedans Sebillotte M 43 parle de l existence de deux diagnostics interne et externe C est une des raisons qui justifie que le travail soit
4. e et dynamique du syst me Comment les hypoth ses labor es partir des processus actuels ou nouveaux sont utilis es pour construire des microsc narios c est dire des futurs possibles Comment ceux ci sont d pendants des tats du monde c est dire des macrosc narios Puis comment l organisme de recherche peut en d duire des microstrat gies de recherche Summary The authors present the method of future study SYSPAHMM SYStem Processes Clusters of Hypotheses Micro scenarios Macro scenarios The method has been developed at the Institut National de la Recherche Agronomique INRA France over a period of 10 years The first part of the presentation focuses on systemic analysis and the importance of understanding how the present system functions It is important that the research into the relations and dynamics between the system and its environment is conducted on an ongoing basis The authors make a clear distinction between future study and forecast And they further assert that the future study is one of the supports available to decision makers The second part is focused on the method itself insisting on regional and original aspects How is a representation of a dynamic system constructed by the future study working team How are the hypotheses elaborated from the present and the new processes used to construct micro scenarios of possible futures How are the micro scenarios dependent on macro scenarios of the world
5. la r ponse est que les d cideurs une fois clair s peuvent agir pour contrer les futurs imagin s Ceci est vrai mais ne vaut que pour les sc narios jug s d favorables l organisation Il faudrait au moins v rifier dans le cas de sc narios favorables que des arguments non pris en compte dans la prospective consid r e existent qui permettent de rendre compte de la non r alisation des sc narios favorables Une des difficult s de l valuation de la prospective provient ainsi de sa diff rence essentielle d avec la science la mod lisation des futurs possibles qu elle op re les sc narios ne peut se r f rer une th orie l avenir ne sera crit qu a posteriori aujourd hui il est multiple et construire En revanche nous partageons l affirmation que la r flexion prospective permet justement d viter les catastrophes en pratiquant un catastrophisme clair en d tournant quelque peu le titre de Dupuy 46 C est l une des facettes de son r le d aide la d cision et c est pour cela qu elle peut et devrait d boucher sur des choix proactifs et sur des anticipations r actives c est dire visant modifier le cours des v nements ext rieurs l organisation ou y pr parer celle ci sch ma 1b Concluons la prospective claire la d cision et ne s y substitue pas Pour les d cideurs l opposition prospective pr vision se compl te ainsi de l opposition prospective d cision C est pourq
6. me de toute activit cognitive Pour penser il faut avoir au pr alable des questions et donc une th orie si fruste soit elle qui les initie Pour voir il faut entrevoir 28 Il est fallacieux de penser qu un groupe rassembl pour faire de la prospective pourrait travailler sans point de d part et sans projet sur le futur C est l une des difficult s le prospectiviste est toujours oblig de remettre en cause les id es re ues 9 et pourtant d avoir une id e initiale d largir son champ et simultan ment de tendre le restreindre Cela nous conduit pr ciser qu un exercice de prospective est dat D une part les tats du monde et du syst me objet de l exercice sont appr hend s un moment pr cis d autre part le regard comme l imagination du groupe responsable du travail sont aussi situ s dans le temps Ce dernier aspect importe d autant plus que la dynamique du groupe se constitue progressivement et qu obtenir une convergence de points de vue suffisante pour construire une repr sentation partag e du syst me n est pas instantan Ce caract re dat peut g ner lorsque l on informe le commanditaire et ses collaborateurs de l avancement des travaux En effet mesure que le travail avance le commanditaire a de moins en moins l impression de nouveaut Avant d y d celer le signe d une bonne appropriation interrogeons nous sur son attente r elle car il lui arrive de ne regarder parmi les futurs possibles
7. tudes de Gonod 18 Un second risque r sulte d une insuffisance de recherche et d approfondissement pist mologique l INRA notre ambition est pr cis ment d associer pratique de la prospective et recherche sur les m thodes avec la volont de toujours les expliciter Le travail fondateur Avenir de l agriculture et futur de l INRA 1 2 disait la n cessit d tablir par une approche syst mique un tat de la situation un diagnostic puis de r fl chir l avenir partir de processus moteurs Par ailleurs quatre principes taient formul s pour la conduite des nouvelles recherches entreprendre penser l innovation comme un processus social donc renoncer une vision descendante de la vie des soci t s partir de la science qui saurait et faire vivre les aller retours entre acteurs qui aboutiront l innovation contribuer construire la demande sociale donc recenser et apprendre passer des attentes de la soci t diffuses et contradictoires la formulation des questions qui donneront lieu des recherches La liste de celles ci si possible hi rarchis e devient la demande sociale donner toute leur place aux acteurs qui ont g rer des syst mes complexes selon des finalit s multiples avec une information incompl te L organisme de recherche finalis doit alors tenir compte de la rationalit des acteurs de leurs attitudes devant le risque et de l ince
8. GONOD P 2001 L volution de la configuration prospective In Mess an Lec ur Sebillotte dir 2001 Prospective Les prot ines v g tales et animales Enjeux de soci t et d fis pour l agriculture et la recherche Annexe 7 ditions INRA Coll Bilan et prospectives Paris 56 HATCHUEL A LE MASSON P WEIL B 2001 From R amp D to RID Design Strategies and the management of Innovation Field 8th international product development management conference Enschede the Nederland 11 12th June 2001 57 LE BOUCHER E 2002 Le d clin fran ais le vrai Le Monde N 17791 7 8 avril p 33 58 POSTEL VINAY O 2002 La d faite de la science fran aise Paris La Recherche 352 60 73 59 SEBILLOTTE M 2001b Les fondements pist mologiques de l valuation des recherches tourn es vers l action Natures Sciences Soci t 3 8 15 60 BACHELARD G 1938 La formation de l esprit scientifique Contribution une psychanalyse de la connaissance objective Vrin Paris 61 MODY A 1993 Learning trough alliances Journal of Economics Behavior and Organisation 20 151 170 62 AMABLE B BAR R BOYER R 1997 Les syst mes d innovation l re de la globalisation conomica Paris 63 HATCHUEL A WEIL B 1992 L expert et le syst me conomica Paris 64 JACOB F 1997 La souris la mouche et l homme ditions Odile Jacob Paris 65 FRIEDBERG E 1997 Le pouvoir et la r gle Dynamiques de l acti
9. GONOD P LOINGER G 1994 M thodologie de la prospective r gionale tude DATAR Paris 14 GOUX BAUDIMENT F 2000 Donner du futur aux territoires Guide de prospective territoriale l usage des acteurs locaux Collection du Certu Minist re de l quipement des Transports et du Logement Paris 15 BAILLY JP 1999 Demain est d j l Prospective d bat d cision publique dition de l Aube 16 MERMET L dir 2003 Recherche en prospective sur l environnement Enjeux th oriques et m thodologiques para tre chez Elsevier 17 SEBILLOTTE M 2002 Chercheurs institutions de recherche et prospective In Mermet L Dir Recherche en prospective sur l environnement Enjeux th oriques et m thodologiques para tre chez Elsevier en 2003 18 GONOD P 1996 Dynamique des syst mes et m thodes prospectives Travaux et Recherches de Prospective N 2 Futuribles international Paris 19 SEBILLOTTE M 20003 Des recherches pour le d veloppement local Partenariat et transdisciplinarit Revue d conomie r gionale et urbaine 3 535 56 20 SEBILLOTTE M 2001c Logiques de l agir et construction des objets de connaissance L invention de nouveaux dispositifs de recherche Conf rence au Centre culturel international de Cerisy la Salle 29 mai 2001 In Gaudin T Hatchuel A Prospective de la Science ditions de l AUBE sous presse 21 SEBILLOTTE M 2001d Apprendre chercher innover Les parcours
10. La construction des microsc narios impose au groupe de s entendre sur les finalit s du r cit pour les hypoth ses consid r es C est l occasion d un retour en arri re sur le remplissage de la matrice voir m me sur la repr sentation partag e On notera que par construction la d marche scientifique segmente les probl mes et aussi qu un sc nario global ne d bouche pas commod ment sur des strat gies de recherche Jacob 64 dit Les questions g n rales ne conduisent jamais qu des r ponses limit es Au contraire les questions limit es se r v l rent conduire des r ponses de plus en plus g n rales p 202 En revanche l articulation des microsc narios entre eux permet aux d cideurs de mettre en vidence des connexions n cessaires entre les diff rentes strat gies de recherche sugg r es et donc de donner coh rence une politique d organisme Il est d ailleurs possible de r unir ces microsc narios pour construire des sc narios globaux pour l ensemble du syst me Remarquons aussi que le d cideur ne se sent pas concern par tout ce qui est susceptible d arriver son horizon temporel et le projet g n ral de son organisation limitent ce qui lui semble devoir affecter sa strat gie La prospective l aide orienter son regard Les microsc narios structurent l avenir possible en lui fournissant un cadre dans lequel ses interrogations sur cet avenir prennent sens et les r ponses de la prospective diff r
11. c est partir de ces processus que s op rera le choix des hypoth ses qui seront la base des sc narios Dans la pratique l tablissement de la liste des processus butte sur des difficult s classiques dans la mod lisation comment s assurer qu ils correspondent des niveaux d organisation et de d tail coh rents qu ils sont pertinents au regard de l objectif de mod lisation poursuivi et qu ils sont suffisamment ind pendants les uns des autres tout en rendant compte pris dans leur ensemble du fonctionnement du syst me Ces difficult s pour r aliser une mod lisation pluridisciplinaire sont de m me nature que dans la recherche action 19 C est le fait qu il y ait une des action s venir m me potentielle s qui cr e des liaisons entre les diff rents compartiments du r el concern s et non une somme de th ories disciplinaires La repr sentation du syst me statique et dynamique devient donc la th orie commune du groupe et c est pour cela qu elle doit tre partag e Insistons sur une diff rence de fond entre science et prospective S il est possible d envisager une falsification au sens de Popper 47 pour cette repr sentation il n en est plus de m me pour les sc narios que nous en d duirons parce qu il ne peut y avoir de th orie de l avenir mais notre m thode et son constant souci d explicitation des d marches collectives permet cependant de tester la rigueur de notre d marche Ce travail
12. de rajouter un compartiment pour remplir des fonctions jusque l n glig es ou oubli es Ensuite par le dialogue qu elle exige entre les membres du groupe la construction de la repr sentation graphique entra ne son partage par tous ses membres condition n cessaire pour leur adh sion la suite du travail Enfin elle sert structurer le reste de la d marche en permettant entre autres la recherche des processus et l laboration des hypoth ses qui fonderont les sc narios et une compr hension approfondie de la position et des r les des diff rents compartiments du syst me dans les diff rents sc narios et dans les strat gies qui en d couleront La mise en dynamique du syst me les processus La description du syst me ne se r duit pas son aspect statique et nous avons vu que pour lui donner vie nous explicitions les processus qui sont l uvre intentionnels ou non La construction graphique de la repr sentation statique se r alise concurremment des expos s enregistr s puis transcrits par les membres du groupe et des experts et des discussions des lectures des interviews Disposant ainsi de nombreux textes nous les analysons alors collectivement pour en extraire les processus en g n ral plusieurs centaines Ceux ci sont ensuite regroup s inventori s dans une base de donn es et positionn s sur la repr sentation graphique Leur formulation exige plusieurs allers retours au sein du groupe puis ave
13. des buts atteindre C est ainsi que l on peut parler de syst mes sociaux 25 Nous explicitons interactions et caract re de totalit avec trois descriptions de l organisation du syst me La premi re structurelle et statique se pr occupe d tablir la fronti re du syst me nous avons vu que c tait en soi probl matique puis de placer l int rieur et l ext rieur des l ments reli s par un r seau de canaux avec des r servoirs des lieux de stockage La seconde fonctionnelle et dynamique comporte des flux de mati re d nergie d information etc des centres de d cisions des modes de r gulation des d lais La troisi me concerne la place des acteurs leurs strat gies et des typologies qui les classent Pour la repr sentation structurelle et statique nous avons la DADP mis en uvre plusieurs modalit s de repr sentation graphique qui chaque fois mettent en lumi re les r sultats des d bats auxquels donne lieu cette phase de la d marche Illustrons cela par deux exemples Dans le cas de la prospective sur l avenir du secteur semencier 33 spontan ment notre premi re id e fut d organiser la repr sentation autour des flux de semences Or l exp rience de l INRA tr s engag aupr s des s lectionneurs et ayant lui m me fortement contribu produire des vari t s de qualit nous a progressivement conduits mettre en avant l originalit du m tier de semencier que nous sentions confus me
14. des techniques courantes de conduite de groupe et suppose au contraire un v ritable engagement dans la m thode nous n abordons pas non plus les aspects organisationnels du travail Notre propos est de donner l architecture g n rale de notre m thode tant pr cis que ce canevas ne s applique pas obligatoirement en totalit toutes nos d marches La repr sentation statique du syst me Pour nous l approche syst mique est donc la base de la prospective parce qu il semble impensable de b tir des sc narios du futur sans relier entre eux les diff rents l ments qui les constitueront Il faut construire des r cits qui soient coh rents c est dire dont on puisse expliciter les raisons d tre et les interactions Il faut donc pouvoir encha ner des causes et des cons quences placer des acteurs avec leurs attitudes leurs comportements et leurs prises de d cisions introduire les temps qui correspondent au d roulement du r cit L approche syst mique est le moyen de rendre compr hensible ce qui se passe de donner du sens ce que l on observe Le syst me est au sens op ratoire un ensemble d l ments en inter relations dynamiques qui forment un tout avec des propri t s sp cifiques qui r sultent pr cis ment de l agencement des l ments et des relations qu ils entretiennent entre eux Les syst mes peuvent tre inertes ou vivants et dans ce dernier cas ils sont souvent pilot s leur existence tant li e
15. dirig par des cadres de l organisation elle m me mais reste la question de leur objectivit dans le travail sujet controvers qui nous emm nerait trop loin 44 45 Un crit re d valuation r side dans la capacit du groupe charg de la prospective faire bouger l organisation mais la reconnaissance de la valeur de son travail r side pour beaucoup dans la qualit d coute de ceux auxquels il est destin On peut alors tre tent de juger son potentiel d excitation intellectuelle son aptitude provoquer C est pour partie la raison pour laquelle tant de travaux opposent un sc nario tendanciel sans rupture v ritable d une certaine mani re celui de la pr vision un sc nario noir tout va mal et un sc nario rose tout va bien Certes il ne faut pas sous estimer ce r le de provocation mais pr cis ment notre m thodologie conteste ces mani res manich ennes et syst matiques de voir l avenir tout en rose ou tout en noir et s efforce de provoquer par d autres voies celles d une d marche syst mique et analytique Nous retrouvons le r le de la m thode comme garantie de la valeur du travail comme dans la recherche scientifique Cependant gageons que comme dans cette derni re des travaux de diff rente valeur existent et que la qualit de l imagination contenue dans les sc narios sera aussi un signe de r ussite Un reproche fr quent est qu aucun des sc narios imagin s ne se r alise Classiquement
16. face l incertitude croissante dans laquelle nous baignons en particulier en examinant les cons quences d inversion dans l ordre temporel des v nements des ruptures susceptibles de se produire les E E2 du sch ma 2b L exemple des organismes g n tiquement modifi s OGM l illustre Si leur irruption brutale dans la soci t entre autres du fait des erreurs de communication de grands groupes de l agro chimie n avait pas suivi mais pr c d les crises du sang contamin du sida et de la vache folle les citoyens auraient peut tre eu d autres r actions et le cours des choses aurait pu s en trouver modifi ce qui se passe dans diff rents pays non europ ens rend acceptable une telle hypoth se l acc l ration du d veloppement des connaissances tir es par les technologies complique encore les choses en particulier dans le cas des sciences du vivant ce qui impose d accorder une grande attention aux innovations venir dans ces domaines Le temps venir appara t ainsi comme le chef d orchestre des futurs possibles en amplifiant ou r duisant les effets de l ordre des v nements Cela fonde la distinction entre des attitudes r actives et ou proactives pour les dirigeants en fonction de leurs capacit s d intervention sur leur organisation et ou sur son environnement Une question peu trait e concerne la mani re dont la demande sociale est appr hend e Nous avons dit qu un organisme de recherche finalis e d
17. huit seraient gard es et au moins neuf hypoth ses nouvelles appara traient Une confrontation rapide des groupes d experts permet alors d actualiser la matrice des hypoth ses et de b tir de nouveaux microsc narios Chacun conna t la fable de celui qui de nuit cherche ses cl s sous un lampadaire parce que c est le seul endroit o il voit clair sch ma 9A La prospective se donne alors les moyens de voir clair plus largement en multipliant les lampadaires sch ma 9B mais elle proc de aussi en orientant le lampadaire vers des zones o il lui semble qu il faudrait voir plus clair on oriente son regard dans l exemple de la fable on claire devant la porte car une fois celle ci ferm e on peut perdre ses cl s en croyant les remettre dans sa poche sch ma 9C Les micro et macrosc narios servent de la m me mani re orienter la veille parce que l on ne peut pas tout surveiller Les microstrat gies et leurs traitements pour les rendre utilisables par les d cideurs Voulant entre autres clairer les d cisions de responsables de la recherche nous imaginons pour chaque microsc nario et par analogie de terme des microstrat gies r actives que faire ou de quels r sultats souhaiterait on disposer si le microsc nario se r alisait et proactives comment favoriser ou retarder la r alisation du m me microsc nario et dans chaque cas avec qui faire ces recherches Nous cherchons d boucher sur des orientation
18. il soit encore possible allant jusqu mettre en cause cette notion 30 On est entr dans une re de d senchantement qui conduit se demander vers quel avenir courons nous et surtout vers quel avenir voulons nous courir 31 Pour notre part nous suivons le prix Nobel d conomie Amartya Sen quand il dit que les tentatives de ma triser raisonnablement le changement social produisent dans des circonstances normales des r sultats favorables 32 p 254 contre ceux qui ne croient pas cette possibilit sous le pr texte que nos actions produiraient trop d effets indirects non intentionnels ils utilisent rebours la notion de syst me complexe pour eux cette complexit ne serait pas ma trisable Or comme Sen nous pensons que cette position est fausse car pour ne pas tre intentionnelle une cons quence n est pas n cessairement impr visible 32 p 257 et peut tre tudi e par le prospectiviste Affirmant que l avenir peut tre modifi parce qu il se construit que par leur volont les acteurs peuvent contribuer le transformer l exercice de prospective doit donc comporter aussi bien l laboration de strat gies d anticipation r active quelles actions entreprendre si l organisation se trouvait dans tel ou tel des futurs possibles que d anticipation proactive quelles actions entreprendre pour viter ou favoriser tel ou tel des futurs possibles sch ma 1b C est le retour de la p
19. que la prospective est charg e de construire que ceux qui le conforte dans ses pr f rences sans se laisser interroger par les autres Pourtant Arie de Geus 29 remarque que l un des effets des prospectives men es la Shell fut une transformation subtile du point de vue des dirigeants alors m me qu leurs propres yeux aucune relation n existait entre les sc narios et les d cisions prises Nous adh rons cette id e d un apprentissage collectif pour partie invisible L existence du projet de l organisation qui commande le travail a d autres implications pour le groupe charg de la prospective En effet un projet suppose une philosophie de l action Celle ci doit tre suffisamment connue pour ventuellement tre confront e aux futurs possibles car elle peut se r v ler impossible tenir ou inadapt e Mais faut il croire encore qu agir est possible Autrefois la science et la technique savaient et disaient ce qu il fallait faire Les enjeux taient clairs on ne courait gu re de risques suivre les conclusions qui d coulaient des travaux des chercheurs puisque l on savait o l on voulait aller Par exemple en France et juste apr s la deuxi me guerre mondiale il y avait convergence entre les recommandations des agronomes et des conomistes pour le d veloppement des exploitations agricoles au point qu elles pouvaient jouer le r le d alibis r ciproques On croyait au progr s quand aujourd hui on doute qu
20. r flexion Sid r s de notre audace notre r flexion se bloque La t che du prospectiviste est autrement plus ardue que de faire des simulations partir d un mod le face un changement de mod le il doit modifier son syst me de d duction Nous verrons que l usage que nous faisons des repr sentations graphiques att nue en partie cette difficult Sans pouvoir d velopper ici le r le de l imagination rappelons qu il peut tre tr s utile d emprunter la fiction pour sortir des carcans de l actualit plus exactement pour rebondir sur les traits de cette actualit autre voie pour approcher l impensable Mais nous regrettons au nom m me de l histoire des sciences pleine de r ves un jour r alis s notre aveuglement collectif qui aboutit souvent rejeter a priori ces voies C est l que la comparaison laquelle nous convie Jullien 42 des mod les europ en grecque et chinois de strat gie militaire et diplomatique rejoint nos pr occupations Dans le premier mod le un plan est labor et projet sur l avenir c est lui qui conduit au but fix et d finit l encha nement des moyens mettre en uvre dans le second mod le le strat ge value la position et son potentiel d c le les facteurs porteurs pour les laisser voluer en sa faveur Quittant une logique de la mod lisation on passe alors dans une logique du processus qui agit le syst me Or notre parti pris de construction de la repr sen
21. respecter un certain nombre de conditions et sont sugg r es par le proc d math matique c est au groupe de choisir le s moteur s parmi les quelques hypoth ses qui pourraient l tre Cette d cision du groupe souligne aussi et pour nous il s agit d un principe que si les outils ont un r le majeur le prospectiviste garde sa libert qu il n est pas prisonnier d une approche totalement instrumentalis e Nous pouvons ici faire le parall le avec la construction des objets de recherche 20 qui mobilise l imagination et nous rejoignons Jacob 64 p 197 quand il dit ce qui guide l esprit du scientifique alors ce n est pas la logique C est l instinct l intuition C est le besoin d y voir clair C est l acharnement vivre Il n y a pas de contradiction entre la volont d une vision syst mique et cette fragmentation du questionnement qu entra nent la cons truction de microsc narios C est Simon 48 qui nous incite op rer dans les syst mes complexes et hi rarchiques tels les organisations les syst mes biologiques ou physiques des quasi d compositions parce que l on peut y d finir des composants sous syst mes qui ont entre eux des interactions plus faibles et sont donc quasiment ind pendants dans le court terme alors qu long terme le comportement de chacun des composants n est affect par le comportement des autres que d une fa on agr g e c est dire que l ensemble du syst me agit sur eux
22. situation And how can the micro strategies of research be deduced from the micro scenario by the research institute Mots cl s prospective analyse syst mique processus sc nario strat gie de recherche Keywords future study future prospect foresight systemic analysis process scenario research strategy Article disponible sur le site Ptip www ocl journal org ou ARTICLE Au d but des ann es 1990 le pr sident de l INRA s interrogeait sur les relations de l Institut avec les mondes de l agriculture production transformation et consommation Une r flexion men e avec le concours de nombreux experts pr conisa l ouverture de champs nouveaux de recherche et la mise en place d un service de prospective pour entre autres pr parer les choix strat giques en mati re d orientation de recherche 1 2 Mais comment pr parer ces choix dans le cas d un organisme de recherche finalis e dont les travaux proc dent n cessairement de deux origines la dynamique propre des connaissances et les attentes et les besoins de la soci t la demande sociale Il ne s agissait plus d une prospective des seules connaissances mais aussi des secteurs de l conomie pour lesquels l INRA est cens travailler et dont les avenirs possibles serviront entre autres la d finition des politiques de recherche La cr ation d une activit de prospective l INRA n cessitait alors de forger une m thodologie sp cifique qui conci
23. 2000 Nous dressons ensuite la matrice des relations entre toutes ces hypoth ses prises deux deux Ainsi pour l hypoth se Le prix mondial de l huile de palme augmente fortement nous regardons comment l occurrence des autres hypoth ses est influenc e selon qu effectivement le prix mondial de l huile de palme augmente fortement ou selon au contraire que son prix n augmente pas Plus g n ralement si l hypoth se Hi se r alise comment joue t elle directement sur l occurrence de l hypoth se Hj pas d influence renforcement ou diminution d occurrence Les cases de la matrice sont ainsi remplies de z ro de plus et de moins par les membres du groupe qui travaillent en g n ral en sous groupes Insistons sur le fait qu il s agit de relation directe entre deux hypoth ses donc sans passer par d autres hypoth ses explicites ou implicites la d termination du caract re directe ou non constitue un moment d licat du travail Toutes ces relations et leurs signes avec leurs justifications sont adopt es d finitivement par l ensemble du groupe La n cessit d avoir s expliquer syst matiquement sur ses choix impose chaque membre du groupe de s impliquer dans le travail collectif et de cette mani re le consensus na t d une attitude positive de construction commune et non de l abstention ou de rapports d autorit Chacun assumera les cons quences intellectuelles du travail De leur c t ceux qui le travail est pr s
24. Nous retrouvons le probl me de la mod lisation et du d bat sur la mani re de repr senter le syst me tudi Soulignons pour terminer que l engagement des membres du groupe charg de la prospective qu exige la repr sentation du pr sent sera de m me une condition de l laboration ult rieure des sc narios ceux ci sont en effet m me sous forme potentielle une r elle construction du monde futur Comme dans les firmes innovatrices 56 les membres du groupe doivent s organiser pour exploiter syst matiquement le potentiel de leurs d couvertes successives chacune venant enrichir la vision collective l apprentissage collectif et engendrer un rebond inventif Les tapes de la m thode prospective SYSPAHMM SYSt me Processus Agr gats d Hypoth ses Micro et Macrosc narios Le sch ma 4 indique les principales tapes de la m thode forg e la DADP On commence par une repr sentation du syst me qui n est pas encore le v ritable travail d anticipation qui lui d marre avec la formulation des hypoth ses suivies de la construction de microsc narios et de strat gies de recherches leur correspondant D roulons maintenant ces tapes men es par un groupe responsable du travail en abr g le groupe avec intervention d experts Le groupe est pluridisciplinaire et plurim tiers Nous n aborderons pas dans cet article la question du fonctionnement du groupe dont l animation n cessite beaucoup plus que l application
25. Recherche finalis e organisations et prospective la m thode prospective SYSPAHMM SYSt me Processus Agr gats d Hypoth ses Micro et Macrosc narios Mission oriented research institutions and future study the SYSPAHMM method Ol agineux Corps Gras Lipides Volume 9 Num ro 5 329 45 Septembre Octobre 2002 Dossier Prospective et recherche agronomique Auteur s Michel SEBILLOTTE Clementina SEBILLOTTE INRA D l gation permanente l agriculture au d veloppement et la prospective DADP 147 rue de l Universit 75338 Paris cedex 07 France Author s Michel SEBILLOTTE Clementina SEBILLOTTE R sum Les auteurs pr sentent la m thode de prospective SYSPAHMM SYSt me Processus Agr gats d Hypoth ses Microsc narios Macrosc narios con ue depuis 10 ans l Institut National de la Recherche Agronomique en France Dans une premi re partie ils traitent des fondements de leur conception qui repose sur une analyse syst mique et qui affirme que pour explorer efficacement les diff rents futurs possibles il faut bien conna tre le pr sent et le d crire de mani re dynamique par ses processus Ils opposent clairement la prospective la pr vision et r servent la prospective un r le d aide la r flexion et la d cision Dans une seconde partie ils abordent la m thode proprement dite en insistant sur ses aspects originaux Comment le groupe charg du travail construit une repr sentation partag
26. ag e consiste mettre des limites au syst me et savoir comment d crire ce qui sera consid r comme son environnement Il y a forc ment d bat puisque ces limites mettent en cause la vision m me que chacun se fait des probl mes qui sont l origine de la commande de la prospective titre d exemple faudrait il dans une prospective sur le sucre se pr occuper des produits dulcorants IlI faut absolument voir large au d part et parfois r sister contre ceux qui voudraient pour des raisons d apparente efficacit restreindre le champ de la d marche Ainsi dans la prospective semences avions nous introduit sous forme d hypoth se la possibilit de transferts de connaissances depuis les travaux sur le g nome humain vers les recherches sur le monde v g tal La r alit actuelle montre que l imagination collective avait bien fonctionn De m me pourrait on traiter des probl mes de l environnement en restant centr sur la seule agriculture Mais o s arr ter Le choix est guid par le projet de l organisme l horizon retenu pour la prospective et les vitesses relatives des diff rents processus leurs temps calendaires ainsi que les temps sociaux 53 tr s variables auxquels ils sont rattach s titre d exemple les int r ts conomiques d une entreprise l am nent souvent privil gier les ph nom nes de court terme et minorer ceux de plus long terme tels ceux concernant l environnement cologique m
27. ais les comportements de ses clients rel vent de cat gories sociales vari es dont les rapports au temps diff rent ou et rel vent de temps sociaux diff rents temps du travail du loisir sans compter l impact de l ge des d cideurs sur leurs choix Allons plus loin le temps du propri taire est diff rent du temps de l actionnaire Dans un syst me vivant tous ces temps tous ces processus coexistent 18 faisant appara tre des synergies ou au contraire des contradictions et il est clair que cela conjugu avec la dur e de l horizon jouera beaucoup sur la d limitation du syst me et donc celle de son environnement sur le degr d investigation dans la connaissance du pr sent mais il n y a pas de r gle c est une question d exp rience M me si pour des raisons op ratoires d j voqu es nous commen ons par accepter de consid rer l environnement du syst me comme stable par rapport sa situation actuelle nous ne pouvons le faire pour des horizons de dix ans ou plus Il est donc n cessaire d examiner comment l ext rieur du syst me peut voluer et comment int rieur et ext rieur interagissent Mais nous ne voulons pas faire de prospective sur l ensemble du monde m me si beaucoup de nos sujets ont une dimension mondiale Une telle entreprise serait assez illusoire compte tenu de la complexit qu il faudrait alors ma triser Par contre il est possible et souhaitable de cadrer des tats possibles du monde part
28. ants La prospective peut ainsi et nous avec elle s approcher de l impensable Mais mobiliser les connaissances des membres du groupe responsable de la prospective suppose de savoir comment les organiser les unes par rapport aux autres Cela implique comme nous l avons dit une construction et donc une architecture qui r gle les agencements de ces connaissances C est la volont de faire fonctionner un syst me qui va permettre d laborer cette architecture puisque celle ci n est pas connue a priori I est alors imp ratif que chaque membre du groupe accepte de devoir justifier ses points de vue d expliciter ses raisonnements En effet on ne peut consid rer comme des faits av r s des opinions qui s expriment l tat brut c est par la construction de cette th orie qu est la repr sentation partag e qu on leur donne sens et qu on les rend interpr tables et partageables comme le dit M Serres 50 le consensus est n cessaire mais seule la r alit suffit Un v ritable apprentissage collectif est indispensable pour aider ceux dont on va exploiter les connaissances prendre de la distance par rapport ce qu ils expriment Mais de mani re sym trique ceux qui animent les groupes ont la responsabilit d expliciter de rendre transparentes les grilles de lecture qui sont en train de se forger dans le travail des groupes 21 C est pourquoi il importe de faire tr s attention ce qui se passe duran
29. at gies de recherche seront d duites de sc narios sur les mondes socio conomiques et de la recherche Nous pr ciserons dans une premi re partie la conception de la prospective la DADP avec le souci de fournir au lecteur les l ments n cessaires une lecture profitable de nos travaux en revanche nous ne traiterons pas des rapports entre prospective et activit scientifique 16 17 sujet par ailleurs tr s important Dans une seconde partie nous parcourrons les principales tapes de notre m thode qui s ancre directement dans notre conception Les quatre grands traits de notre conception de la prospective Plusieurs conceptions de la prospective existent selon les points de vue adopt s sur le futur et sur l action selon les pratiques de l approche syst mique plus souvent voqu e que r ellement op ratoire dans les travaux Celle de la DADP n e des premiers jalons d j voqu s en prolongement naturel de recherches de plus en plus tourn es vers l action 19 21 s est depuis le d but nourrie d une pratique de la prospective con ue aussi comme pratique de recherche Ainsi la DADP a men avec diff rents collaborateurs f toute une s rie de prospectives sur des sujets aussi divers que le secteur semencier la for t les prot ines l eau et les milieux aquatiques les vignes et les vins et elle a particip et appuy m thodologiquement celle conduite par le Cetiom sur les ol agineux 22 la base de notre
30. blique et priv e l S p i S Loo 5 La demande de semences E k par les agriculteurs des diff rents pays L es march s les politiques agricoles les mod les de d veloppement Sch ma 5 La repr sentation simplifi e du syst me Semences 33 limites du syst me Les cinq hypoth ses de l agr gat Les exigences qualitatives de l agro dlimentaie s exercent d avantage sur l agriculture et ks semences cormespondantes G Les firmes alimentaires fort potentiel technologique s impliquent plus fortement dans l am lioration du mat riel v g t l P L intoduction des biotechnologies entra ne l utilisation de nouveaux sch mas de s lection T Les biochnobgies acc l rent et endent plus efficaces les sch rres classiques de s lection Q Le mod le hybride est tendu en culture c rtines esp ces actuellement s lectionn es comme Bef r cit du micosc nano Dars le cadre d une sabilit des orientations de la nouvelle politique agricole europ enne et d un enforcement des exigences de qualit les fimes alimentaires s emparent spontan ment du potentiel s biotechnologies qui est per u comme source de cmissance Une syrergie g n rale positive senclenche dans le sers du renfomement de la qualit par l biais des biotechnologies et de k production de semences de type hybride Cet engagement des fimes agroalimentaires a plut t ndance r duire les mets des consommat
31. c les groupes d experts En effet les m mes mots n ont pas exactement le m me sens pour tous la mani re de formuler les choses entra ne des divergences d interpr tation L importance d un langage clair et vraiment commun nous appara t de plus en plus comme un point central de la r flexion prospective et de son utilisation Voici quelques exemples de processus intentionnels les agriculteurs choisissent leur culture en fonction de la marge financi re que chacune d gage les consommateurs fran ais r duisent leur consommation de viande la suite de la crise de la vache folle la France met en uvre un instrument de politique de l eau les SDAGE la grande distribution en France passe de plus en plus de contrats directs avec les agriculteurs l Allemagne change de politique en nommant une ministre de l Agriculture verte l INRA prend la t te du processus de cr ation de Genoplante non intentionnels la consommation de corps gras dans le monde s accro t depuis 15 ans l id e d agriculture raisonn e devient banale et sans effet en France le taux de ch mage baisse en UE la pollution des eaux des nappes augmente la population mondiale s accro t Le positionnement des processus sur la repr sentation statique du syst me permet de tester la qualit de la liste tablie de voir si des compartiments ou des relations entre compartiments n ont pas t oubli s Cette v rification est essentielle puisque
32. ces 7 Pasteur ne disait il pas que le hasard ne sourit qu aux esprits pr par s ceux qui savent l aider 8 Un plan des flux d nergie est aussi possible La transcription vise r cup rer le maximum des informations apport es notre coute tant s lective comme nous le constatons nouveau 10 Sebillotte M 59 parle dans ce cas de transdisciplinarit et non d interdisciplinarit celle ci relevant de pr occupations venant des disciplines elles m mes et non d une n cessit de les combiner pour agir 11 Nous ne discutons ici ni du statut de l expert voir entre autres 45 ni des diff rents types d experts voir entre autres 63 et la typologie donn e par Roubelat 26 Pr cisons seulement qu il faut constamment veiller pouvoir d coder les discours ce qui suppose d obtenir la plus grande libert de parole possible et d viter les personnalit s dont le discours ne serait que celui d un lobby 1 Long pour les sujets trait s par la prospective 123 M thode SYSt me Processus Agr gats d Hypo th ses Micro et Macrosc narios 14 Ce sont d ailleurs des demandes de plus en plus fr quentes dans les travaux de recherche action men s en partenariat autour des questions de d veloppement r gional CONCLUSION Conclusion la prospective SYSPAHMM en marchant Cr e en 1993 l activit de prospective est entr e progressivement dans la vie de l INRA et une m thodologie sp cifique s est f
33. d un agronome Collection Bilan et Prospectives ditions INRA Paris 22 SEBILLOTTE C RUCK L MESS AN A 2002 Prospective comp titivit des ol agineux dans l avenir CETIOM Paris 23 WALLISER B 1977 Syst mes et mod les Introduction critique l analyse de syst mes Le Seuil Paris 24 DURAND D 1979 La syst mique Paris France PUF Que sais je 127 p 25 LUGAN JC 1993 La syst mique sociale Paris France PUF Que sais je 126 p 26 ROUBELAT F 2001 La prospective strat gique en action hommes structures r seaux In Lesourne J Stoffaes C dir 2001 Prospective strat gique d entreprise 2 dition Dunod Paris 165 87 27 SEBILLOTTE M 2001a Les prot ines enjeux et strat gies de recherche Lecture prospective CR Acad Agric Fr 2 5 17 28 SEBILLOTTE M 1979 Cours d Agronomie Document multigraphi de l Institut National Agronomique Paris Grignon Paris 29 G US A de 2001 L avenir est pluriel In Lesourne J Stoffaes C dir 2001 Prospective strat gique d entreprise 2 dition Dunod Paris 165 87 30 BOURG D BESNIER JM dir 2000 Peut on encore croire au progr s PUF Paris 31 SEBILLOTTE M 2000b Territoires de l espace physique au construit social Les enjeux pour demain et les apports de la recherche OCL 7 32 SEN A 2000 Un nouveau mod le conomique D veloppement justice libert ditions O Jacob Paris traduction fra
34. de mod lisation se compl te en imaginant des processus nouveaux susceptibles d appara tre Pour cela les moyens sont empiriques et leur usage d pend des personnalit s du groupe de leur degr d ouverture et n cessite une certaine gymnastique intellectuelle Nous recherchons les contradictions potentielles nous mettons en cause les conditions aux limites nous prenons le contre pied de principes consid r s comme des postulats nous cr ons dans la repr sentation du pr sent que l on vient d tablir des compartiments des fonctions des relations nouveaux Les comparaisons sont aussi utiles que s est il pass autrefois ailleurs dans d autres groupes sociaux La repr sentation statique et dynamique r alis e est un merveilleux support pour r duire notre autocensure spontan e et laisser s panouir notre imagination C est ainsi que la prospective peut et nous avec elle s approcher de l impensable Il faudrait voquer la science fiction et la r solution des nigmes On y trouve cette volont de r solution des probl mes en utilisant toutes les ressources de son imagination qui nous semble l une des marques aussi bien de l esprit scientifique que de celui de la prospective L laboration des hypoth ses Notre mat riau de base est la liste des processus actuels et des nouveaux imagin s Nous d terminons avec l aide des experts r unis plusieurs fois ceux que nous consid rerons comme les plus importants nous nous fondo
35. e des futurs possible la prospective est une cole efficace de formation l interdisciplinarit et la transdisciplinarit les microsc narios jouant le r le de l action dans la recherche intervention en mettant les chercheurs dans la situation de r agir ces futurs possibles D ailleurs la prospective a t elle un sens en dehors d actions celles des d cideurs d organisations des responsables d institutions de recherche mais aussi celles des chercheurs qui construisent la science Pour les responsables de l orientation concr te des recherches et de leur animation les micro sc narios et microstrat gies sont un moyen d interroger leurs propres options en leur fournissant un cadre qui a le m rite d tre pens transversalement par rapport aux champs disciplinaires La prospective fournit les occasions de penser les relations entre disciplines sans attendre les crises qui y forcent Pour ces responsables c est aussi un outil pour suivre les recherches en examinant comment elles r pondent aux questions et probl mes qui les ont initi s donc en revenant aux microsc narios et en examinant alors comment ils devraient voluer M me s il est difficile d imaginer les effets des connaissances produites la prospective nous y force car pour elle toute connaissance nouvelle devient le moteur de nouvelles volutions potentielles et ainsi de suite C est le d but d une veille active En retour et pour les question de recherche transversal
36. ectue la prospective un v ritable engagement dans le travail de construction de la fraction du monde actuel que repr sente le syst me tudi Quant aux processus nouveaux ceux qui traduiront des ruptures leur production impose de mettre l imagination collective au service de causes d en faire une imagination avertie L exemple de Jules Vernes permet d illustrer cela Il est plausible de penser que s il avait eu connaissance des travaux de Mendel fondateur de la g n tique il aurait su les exploiter dans un roman et plus encore s il avait connu l existence des chromosomes il aurait su lancer l id e de plante transg nique c est un premier processus nouveau qu il aurait mise au service du bien ou du mal c est l amorce d une seconde s ries de processus nouveaux comme il le fit avec le capitaine Nemo sur d autres sujets Pourquoi Simplement parce que son souci tait d exploiter jusqu au bout les donn es du pr sent et qu ensuite son imagination faisait le reste Imaginer des processus nouveaux rel ve de cette gymnastique intellectuelle on pousse l extr me les cons quences du pr sent et ou on cr e dans la repr sentation du pr sent que l on vient d tablir des compartiments des fonctions des relations nouveaux D ailleurs bien y regarder n est ce pas comme cela que les id es viennent en partie aux chercheurs Holton 49 montre de son c t le r le majeur de l imagination chez les plus grands sav
37. ent n int grent pas spontan ment le fait qu il s agit d hypoth ses qui se r alisent ou non Ils ont tendance face aux libell s dont nous avons donn ci dessus des exemples les consid rer uniquement comme une affirmation qui va se r aliser ce qui conduit parfois des rejets la formulation de l hypoth se apparaissant trop grosse comme nous l avons dit dans la premi re partie Insistons donc chaque hypoth se intervient selon deux modalit s ce qui pourrait survenir si elle se r alisait ou au contraire si elle ne se r alisait pas Comme pour les processus la formulation des hypoth ses exige un travail auquel on doit accorder beaucoup d attention et l encore des va et vient sont n cessaires pour que le texte transmette correctement le message au besoin un commentaire pr cise les conditions de son interpr tation permette la formulation d une contre hypoth se Hi ne se r alise pas soit coh rent et pertinent avec l ensemble des formulations des autres hypoth ses C est un des aspects de la grande rigueur n cessaire parler du futur n autorise pas dire n importe quoi L int r t d une formulation sous forme d hypoth se qui se r alise o non est d viter que les membres du groupe ou les experts et les utilisateurs ult rieurs ne se bloquent parce qu ils seraient convaincus que telle ou telle chose ne peut advenir II ne faut pas discuter a priori en termes de v rit ou de plausibilit mais ad
38. ent de la consultation d un augure d un exercice purement m diatique ou d une critique syst matique De plus comme il s agit du futur moins contraignant que le pr sent l change et la contradiction sont plus facilement accept es 17 Pourtant certains d cideurs commencent par rejeter les microsc narios les trouvant trop extr mes trop loign s de ce qu ils pensent possible au lieu de s en emparer comme d outils pour r fl chir au futur l inverse le reproche de banalit est parfois mis en avant ce qui disqualifie le questionnement li ces microsc narios Or par construction l int r t de la d marche est que banal ou excessif un micro sc nario met en cause directement ou indirectement le fonctionnement de l organisation et oblige donc se reposer des questions ou v rifier que ses cons quences sont bien prises en compte soit dans les strat gies soit dans le fonctionnement du syst me C est donc bien une aide l organisation du changement 65 On peut se demander pourquoi l id e de sc nario est aujourd hui mise en cause par certains Il est s r que la confusion entre prospective et pr vision explique une part de cette attitude les sc narios ne se r alisant jamais par d finition si l on ose dire Mais ne faut il pas y voir plus profond ment et dans le prolongement de cette confusion une m prise sur l id e m me d aide la d cision En effet n attend on pas trop souvent de l a
39. ercheurs 27 Deux grands groupes d orientations se d gagent des travaux dits fondamentaux positionnent bien l organisme dans le concert international de type acad mique et ne font pas courir de risque de carri re aux chercheurs des travaux plus finalis s comme des recherches sur le d veloppement durable pour lesquels l institution est plus proche de son statut d organisme de recherches finalis es mais court et fait courir aux chercheurs non pas le risque de produire des connaissances de moindre qualit cognitive mais des connaissances qui ne correspondraient plus au moment de leur production aux attentes de la soci t qui justifient qu elle finance un organisme de recherche public On retrouve l utilit d affiner les travaux sur les volution possibles de la demande sociale Les microstrat gies peuvent enfin tre confront es aux missions de l organisation commanditaire Dans la prospective Semences nous l avons fait pour l INRA dont les missions sont pr cis es dans le d cret de 1984 Les micro strat gies sugg r es sont pour leur tr s grande majorit en accord avec ces missions Elles concernent pour l essentiel le moyen terme et sont pour une grosse moiti d entre elles men es travers une coop ration explicite et forte avec le secteur semencier Nous avons d ailleurs sugg r l organisme une vigilance particuli re en ce domaine d autant plus que nous avions montr dans la description d
40. es nous percevons l int r t d avoir une pratique de la recherche qui int gre les traits de la prospective c est dire cette projection dans le futur comme espace ouvert de possibles et cette construction explicite de l objet de recherche comme un carrefour aux contours volutifs La prospective est ou devrait tre un outil du quotidien pour les organisations comme pour les chercheurs REFERENCES 1 SEBILLOTTE M 1993 L avenir de l agriculture et le futur de l INRA ditions INRA Collection Bilan et prospectives Paris deux tomes 2 SEBILLOTTE M 1996 Les mondes de l agriculture Une recherche pour demain ditions INRA Paris 3 JOUVENELB de 1964 L art de la conjecture SEDEIS Paris 4 GODET M 1986 Prospective et planification strat gique conomica Paris 5 GODET M 1997 Manuel de prospective strat gique Tome 2 L art et la m thode Dunod Paris 6 HATEM F 1993 La prospective Pratiques et m thodes conomica Paris 7 CAZES B 1986 Histoire des futurs Seghers Paris 8 GAUDINT 1990 2100 r cit du prochain si cle Payot Paris 9 GODET M 1991 L avenir autrement Armand Colin Paris 10 LESOURNE J 1981 Les mille sentiers de l avenir Seghers Paris 11 LESOURNE J STOFFAES C dir 2001 Prospective strat gique d entreprise De la r flexion l action Dunod 2 dition Paris 12 DATAR 2000 Am nager la France de 2020 La documentation Fran aise Paris 13
41. es Elles doivent tre ensuite adapt es chaque organisation chacune des modalit s de gouvernance possibles Une premi re interrogation est de savoir comment et quelles informations arrivent l quipe dirigeante et comment celle ci les traite pour les hi rarchiser et les int grer dans sa vision Ce sujet bien que capital pour le groupe charg de la prospective est par nature d licat Dans la prospective Semences 33 nous avons examin les principaux circuits que suivent les informations qui aboutissent la recherche et sont la base d une demande sociale en ce domaine avec l estimation de leurs poids relatifs lors du travail Historiquement dans les ann es 1950 1960 la perception de l INRA venait des relations privil gi es de son d partement G n tique et Am lioration des Plantes GAP avec les firmes semenci res et les agriculteurs ceux ci r percutant le poids du march et des fili res de production Ce n est que plus tard qu mergent d autres acteurs par exemple les consommateurs et les citoyens qui deviennent sources d attentes et d exigences nouvelles pour les firmes les agriculteurs et les diff rents d partement de l INRA dont la perception globale prend de l autonomie par rapport celle de GAP Ainsi progressivement la question des semences est devenue une affaire concernant toutes les disciplines de l INRA ne pouvant plus tre trait e par un seul d partement de recherche elle devenai
42. et Sn deux variantes qui traduisent la prise en charge des cons quences des v nements E et E Recherche finaliste Des acteurs aux atenes sthesoirs contradictoires la Soci t Sch ma 3 La construction de la demande sociale aujourd hui et demain Parce que l INRA organisme de recherche finalis e travaille pour l ext rieur fl che 1 il doit construire la demande sociale qui correspond ses missions fl che 2 1 dynamique des connaissances fl che 2 2 attentes et besoins de l ext rieur certes au temps Ty mais aussi T puisque les r sultats de ses travaux demanderont du temps pour tre obtenus La fl che 3 correspond l laboration des sc narios et des strat gies de recherche La repr sentation statique du syst me La repr sentation dy rmique du syst me les processus La formulation des hypoth ses l laboration des microsc rarios Cor quences l laboration des microstrak gies Appropnation par les acteurs INRA i Sch ma 4 Les diff rentes tapes de la d marche prospective SYSPAHMM la DADP nm Les entreprises semenc res Leurs m tiers leurs dynamiques de d veloppement elles font des cherches Elles fabriquent les semences a Agro industrie La propri t intellectuelle lls produisent des r coltes vendre E La production des connaissances scientifiques et technologiques i zA g par la recherche pu
43. eurs pour les produits issus des biotechnologies Le non enclenchement du moteurengendre k micosc nano oppos Sch ma 6 Le microsc nario de l agroalimentaire dans la prospective Semences 33 Cet environnement volue vers dif rents rracrosc rarios diff rentes dates on confronte macm etmicosc nanos Le syst me volue taver diff rents microsc rario thoirm Temps Sch ma 7 La veille par confrontation des macrosc narios et des microsc narios avant l atteinte du temps horizon de la prospective Macrosc narios Ultra lik ralisme La gouvernance La gouvemance mondiale r giona le Variante 1 Le tout lik rl La r gulation La coop ration mondiale parles OIG entre grandes zones Vanante 2 La crise syst mique Un autre La crise r gionale mondiale d veloppement i Sch ma 8 Les six macrosc narios de la prospective prot ines Sch ma 9 Le lampadaire la prospective et la veille En A on cherche l o l on voit clair en B on augmente le nombre de lampadaires en C on claire des zones o l on a de bonnes raisons de vouloir approfondir ou de veiller
44. evait choisir ses strat gies de recherche en fonction de la dynamique des connaissances et de la demande sociale Mais celle ci n existe pas en tant que telle et doit tre construite pour mettre en perspective et hi rarchiser les probl mes qui r sultent des attentes des citoyens et des consommateurs sch ma 3 fl ches 2 1 et 2 2 Cela exige d j un effort inhabituel aussi cette construction porte t elle essentiellement sur la situation actuelle alors qu il faudrait supputer son volution l horizon retenu pour la prospective Un exemple typique concerne les attentes en mati re d environnement S int resser au futur impose de se demander si dans quinze ou vingt ans horizon fr quent de la prospective les citoyens et les consommateurs auront toujours de l int r t pour cette question cet gard le choix de l horizon de la prospective doit se faire en tenant compte de la nature du syst me tudi il sera plus lointain pour des syst mes plus grande inertie La difficult sera de savoir supputer correctement les vitesses d volution possibles des diff rents processus caract risant le syst me et aboutissant de futures attentes des citoyens Malgr les apparences les processus sociaux n voluent pas forc ment plus vite que l environnement cologique Levons une ambigu t les citoyens peuvent ne pas s int resser dans quinze ans l environnement et la recherche publique avoir le devoir d entreprendre aujourd hui des
45. f rentes ont alors des choses se dire argument tr s fort pour faire vivre la prospective dans les organismes de recherche Les macrosc narios et la veille Pour construire les microsc narios nous avons admis de consid rer comme stables les tats du monde durant un certain temps Comme il n en est rien nous b tissons partir de quelques crit res allant de la d mographie aux questions socio conomiques des macrosc narios qui sont des images types de ce que pourrait tre le monde venir plut t que v ritable sc narios Un article du m me num ro Mess an et al pr sente ce que nous avons fait dans la prospective prot ines 54 Quel usage pour ces macrosc narios Ce sont des instrument de veille en ce sens qu ils vont permettre d examiner les cons quences des interactions entre micro et macrosc narios donc entre les volutions du syst me ce qui se passe dans son int rieur et les volutions du monde qui forme son environnement Le sch ma 7 illustre ces interactions En effet il importe de savoir d une part si l volution du syst me favorise un des macrosc narios donc si ce syst me concoure directement faire voluer le monde dans un certain sens ou au contraire s oppose telle ou telle de ses volutions et d autre part si tel ou tel macrosc narios favorise encourage l mergence de tel ou tel microsc nario Dans la prospective prot ines nous avons construit les macrosc narios
46. fait sans s tre explicitement pos la question et y avoir r pondu C est ainsi par exemple que nous introduisons dans nos travaux des hypoth ses sur la disparition de l Union europ enne ou sur l arr t de son largissement Mais trois types de difficult s surgissent Le premier est qu il est difficile de donner vie ce genre d hypoth ses qui apparaissent trop grosses peu cr dibles exag r es partisanes Les adjectifs ne manquent pas pour qualifier le crime et nous retrouvons l opposition pr vision prospective les scientifiques tant souvent les premiers oublier l histoire des sciences et que les th ories n avancent qu travers la contradiction la falsification 47 Le second porte sur nos croyances Nous esp rons presque tous que demain sera meilleur qu aujourd hui Nous ne faisons pas jouer plein les contradictions que r v lent le fonctionnement du syst me ou plut t nous pensons que nous les surmonterons Les v nements du 11 septembre 2001 attaque et effondrement des deux tours du World Trade Center New York illustrent cette tendance Mais plus encore c est un dernier type de difficult qui nous entrave comment faire r agir le syst me fasse de telles conjectures Quelles r percussions imaginer par exemple cet attentat Pour nous cette derni re difficult est la plus forte elle explique que souvent les hypoth ses de forte rupture restent de fait peu employ es dans la
47. forc ment sp cifiques qu il faut identifier et caract riser pour compl ter la repr sentation du syst me Cette seconde d marche est plus spontan e pour les membres du groupe elle correspond plus leur id e de la r alit aussi permet elle un bon dialogue en son sein et avec les tiers experts d cideurs et une adh sion plus facile Sur le plan heuristique elle sugg re commod ment les manques puisqu il s agit de suivre des flux et que le flux des produits qui organise l ensemble est le plus connu de tous les acteurs et de tous les chercheurs l inverse le risque est d aboutir une profusion de compartiments et de relations entre eux qui fasse perdre de vue les traits essentiels Mais soyons en persuad s chaque prospective a sa repr sentation sp cifique qui dans tous les cas remplit un triple r le Elle est d abord un moyen de d couverte en particulier pour les chercheurs parfois loign s du monde socio conomique et de son organisation C est l int r t d avoir aussi dans le groupe quelques acteurs du monde des entreprises ou de les faire intervenir d s les premi res phases du travail avant la r union ult rieure de groupes d experts En effet la n cessit d organiser graphiquement le syst me oblige penser de mani re pr cise les relations entre l ments d cider comment regrouper ce qui semble relever de la m me position dans la repr sentation Elle cr e aussi des n cessit s comme celle
48. ibilit s de rupture parce qu elles apparaissent comme impensables Prospective et d cision Le fait que la prospective d bouche sur des propositions de strat gies engendre parfois une confusion entre prospective et d cision d ailleurs aliment e par celle entre prospective et pr vision Pour nous la prospective n est pas la d cision et ne saurait s y substituer mais une aide la d cision par l clairage qu elle apporte sur les futurs possibles L absence de vision claire sur ce point est au c ur de bien des ambigu t s qui r gnent entre les d cideurs des organisations et leur service de prospective En effet si toute prise de d cision n cessite une anticipation sur le futur en g n ral implicite et nous avons vu l inclination spontan e de chacun pour une vision simple qui prolonge et reproduit le pr sent donc pour la pr vision on peut constater de la part des d cideurs deux r actions oppos es vis vis de la prospective parmi d autres d un c t une certaine m fiance pour une activit pouvant tre per ue comme empi tant sur leurs pr rogatives de l autre parfois une tr s forte attente des r sultats des travaux Or ces deux extr mes nuisent l exercice du m tier de prospectiviste celui ci pouvant tre tent de privil gier ce qu il sait des attentes des d cideurs ou de se fondre dans l air du temps la derni re bulle financi re des bourses mondiales rappelle sa puissance momentan e Ce
49. ide la d cision qu elle fournisse diff rentes solutions entre lesquelles la t che des d cideurs se r duirait opter Alors que le mat riau qui est fourni pour labor qu il soit n est jamais une solution prendre ou rejeter mais bien plut t un mat riau que les d cideurs devront s approprier dans le long processus de prise de d cision pour se rapprocher du moment o le probl me aura suffisamment t construit pour que simultan ment se soit engendr e la d cision C est bien dans cet esprit que nous d crivons par des processus la vie de chacun des syst mes tudi s et que nous b tissons les microsc narios nous retrouvons la le on que tire Jullien 42 dans son Trait de l efficacit de l analyse du potentiel d une situation par les strat ges militaires chinois C est pourquoi nous attachons beaucoup d importance l appropriation de ces microsc narios et comme elle n est pas spontan e nous nous effor ons d laborer actuellement de nouvelles m thodes Les microsc narios sont aussi un moyen privil gi d tablir des ponts entre disciplines et de r duire les effets pernicieux de leur hypersp cialisation En effet les microsc narios anticipent sur l organisation des relations entre les diff rentes disciplines et m tiers engag s dans l activit de prospective un monde potentiel se pr sente qui pose des questions nouvelles la recherche les chercheurs de disciplines dif
50. iproquo est alors possible qui serait de penser que du fait de la commande la prospective perd son sens Il n en est rien Nous sommes dans la situation de l artiste qui on demande une uvre en lui fixant un cadre et de grandes orientations Celui ci garde toute sa libert pour exprimer sa cr ativit son g nie propre tandis que notre libert de prospectiviste vise d abord ne pas r duire le champ des possibles pouvoir dire ce qu on en pense en courant comme l artiste le risque de d plaire C est pourquoi nous revendiquons simultan ment une grande libert de pens e et une commande car celle ci l gitime le travail au yeux des membres de l organisation qui seront sollicit s pour y participer ce qui se r v le l usage tr s important Mais et c est capital le prospectiviste a lui m me pour projet de contribuer donner un sens 26 et donc de mobiliser son tour l organisation autour d un projet d o l importance pour le prospectiviste de l appropriation de ses travaux par le responsable de la commande et par l ensemble de son organisation C est l un des usages de la prospective de fournir un guide aux agents pour d coder et interpr ter la strat gie des responsables leur permettre d y trouver un sens autre que la simple expression d un rapport de hi rarchie 27 Ajoutons que refuser l id e de commande au nom de la libert n cessaire pour explorer les futurs possibles nous renverrait l essence m
51. ir d un nombre restreint de crit res ayant un rapport direct avec notre objet comme nous l avons fait dans le cadre de notre prospective Prot ines 54 nous parlons de macrosc narios Il est alors possible de mettre en place une veille et de suivre les volutions des tats du monde voir dans la prospective prot ines l analyse de Gonod 55 Pour toutes les raisons pr c dentes le positionnement des limites doit rester flexible mais il est indispensable de s y attaquer assez t t car cela conditionne les modalit du d roulement de la d marche Un cas particulier concerne le champ g ographique auquel s applique l investigation prospective par exemple dans une prospective en cours sur l eau et les milieux aquatiques nous nous limitons l Europe plus humide et au bassin m diterran en plus sec L eau est bien un th me commun mais pratiquement sans flux continu au sein de notre syst me Barcelone recevra peut tre l eau du Rh ne mais c est peu probable pour Tunis l horizon de notre prospective En se situant dans l une ou l autre des r gions les repr sentations construire seraient assez simplifi es alors que dans notre cas nous devons faire cohabiter des univers assez contradictoires et pour cela d tecter et imaginer des processus adapt s chaque sous syst me et traduisant aussi les relations politiques sociales de solidarit et peut tre physiques entre les deux sous syst mes
52. ire blouir les d cideurs annihilant fr quemment chez eux l id e d instaurer dans leur management un v ritable contr le pour savoir si le syst me se dirige effectivement vers Smp et alors leurs r actions risquent fort d tre trop tardives Cette exploration des futurs possibles exige c t de m thodes voir seconde partie une grande capacit d imagination et suppose de la part du prospectiviste un v ritable engagement dans l laboration des sc narios qui sont m me sous forme potentielle de v ritables constructions des futurs possibles du monde chaque sc nario tant un projet possible pour le futur sans pr tendre dire ce que demain sera comme le fait la pr vision Cette opposition entre prospective et pr vision est parfois contest e au nom des simulations que permettent les mod les souvent utilis s dans ce dernier cas Or dans l exploration du champ des possibles la prospective est en amont de la simulation puisqu elle comporte l invention de nouveaux mod les et point seulement l examen des variations sur un th me au sein d un mod le 34 et cette remise en cause du mod le lui m me fait souvent d faut Le d veloppement de l agriculture en est un exemple flagrant parler de d veloppement durable c est rejeter le mod le dominant des ann es 1960 1970 des simulations avec l ancien mod le ne seraient pas utiles il faut cr er un nouveau mod le Ainsi la prospective est l un des moyens de faire
53. la conduit insister sur la d cision en elle m me Elle est per ue trop souvent comme un acte instantan le moment o l on prononce affiche une d cision Or cette nonciation pas obligatoire est le r sultat d un long processus it ratif de maturation 38 durant lequel de nombreux l ments consid r s initialement comme intangibles vont voluer tre remis en cause 39 Pour la prospective cela pose la question de savoir quand et comment intervenir dans ce processus En effet du fait de cette longue maturation une intervention permanente aupr s des d cideurs pourrait sembler n cessaire Pourtant la r ponse n est pas vidente car de quelle d cision s agit il La prospective vise le moyen long terme quand la majorit des prises de d cision dans une organisation porte sur le court terme voire sur le tr s court terme Ne serait ce pas alors une erreur de vouloir m ler en continu le groupe de prospective l activit de direction Au moins deux remarques s imposent La premi re concerne l analyse des d cisions du court terme quelles r percussions ont elles moyen long terme Nous savons tous que le quotidien infl chit sans avoir l air d y toucher le lendemain entre autres en cr ant ces habitudes qui permettent aux organisations de fonctionner et que les conomistes appellent des routines 40 Des interventions en continu pourraient alors tre bienvenues en accord avec une veille coh rente a
54. la quasi totalit des d marches de prospective qui au contraire d marrent par des rencontres avec les experts dont on collecte les id es travers des s ances de brain storming Pour nous il appara t au contraire fondamental que le groupe charg de l exercice et porteur de la commande ait sa vision propre du syst me ce qui est possible du fait de sa composition et la justifie et qu il soit donc capable d attitude critique vis vis des experts qu il r unit Or faute d une repr sentation pr alable du syst me qu il aura construite comment le groupe peut il int grer les apports des experts qui l exp rience sont souvent et cela se comprend tr s contextualis s et assez sectoriels voire nous l avons dit restent loign s de la commande Comment rep rer des avis aux cons quences contradictoires et alors comment trancher C est enfin la mani re d assumer clairement la responsabilit du travail mais notre m thode ne saurait n anmoins se passer de cette confrontation Des microsc narios partir de la matrice des relations entre hypoth ses il est possible avec un logiciel ad quat d y distinguer des agr gats d hypoth ses plus reli es entre elles qu avec les autres Ces agr gats constituent le mat riau de base pour construire ce que nous appelons des microsc narios car ils ne concernent que des sous ensembles d hypoth ses Cette tape commence nouveau de mani re graphique Pour chaque ag
55. lie ces deux origines d incertitude la dynamique des connaissances et celle des attentes et des besoins de la soci t des entreprises M me en se restreignant la France de nombreux auteurs se sont int ress s la prospective Il y a par exemple ceux qui en furent les pionniers et pour qui elle tait d abord un tat d esprit 3 ceux qui ont avant nous produit des m thodes 4 6 ceux qui ont plus g n ralement r fl chi sur le futur 7 9 ceux qui pensaient plus directement l action et ont souvent associ prospective et d cision strat gique 10 11 ceux qui se sont int ress s la prospective territoriale voir par exemple 12 14 ceux qui partant des probl mes de la d cision administrative et des difficult s de sa mise en place insistent surtout sur l accord des acteurs concern s 15 enfin des chercheurs se pr occupent du r le de la prospective dans l activit de recherche elle m me 16 17 De nombreux travaux ont t r alis s des organismes sont n s ou se sont tourn s vers la prospective un Observatoire des Sciences et des Techniques fonctionne Paris et des revues existent Futuribles Mais des risques guettent la prospective Apr s une p riode d instrumentalisation les travaux se caract risent souvent aujourd hui par un grand flou m thodologique et une absence de r flexion sur les pratiques mises en uvre voire une opposition l id e de m thode nous rejoignons ici les inqui
56. m thode se trouve la d marche syst mique qui structure et organise le travail Sans reprendre les principes du syst misme voir par exemple 23 25 nous pr senterons notre conception de la prospective partir de quatre doublets qui en condensent l essentiel prospective et projet sur le futur prospective et pr vision prospective et d cision prospective et connaissance du pr sent La question du temps essentielle la prospective sera abord e propos de chacun de ces doublets Prospective et projet sur le futur Pour nous la prospective n a d int r t que li e l action donc un des projet s sur l avenir Ce point est fondamental dans la mesure o il enracine la prospective dans la vie m me de toute organisation entreprise organisation professionnelle organisme de recherche qui m ne des r flexions de cette nature sch ma 1a C est parce que l organisation a un projet qui se traduit en strat gies qu elle se pr occupe des volutions possibles de son environnement socio conomique et cologique donc qu elle souhaite des r flexions prospectives fl che 1 Cela a de multiples cons quences La plus importante est que la prospective r pond une commande qui fixe dans une certaine mesure un cahier des charges pour le travail entreprendre C est le projet de l entreprise qui aide cerner les contours de la commande l interpr ter pour pr ciser ce que sera le syst me tudier Un qu
57. mettre que si cela se r alisait alors il y aurait des cons quences importantes sur les autres hypoth ses et donc sur le syst me Nous devrions toujours nous rappeler que le progr s des connaissances se fait essentiellement par la remise en cause de ce qui est vrai aujourd hui par leur rectification 60 celui qui ne croit pas l hypoth se la contre hypoth se donne place son point de vue En outre les hypoth ses oui non permettent de prendre en charge le fait que fr quemment deux options contradictoires sont possibles pour les acteurs comme le remarque Mody 61 propos de l influence de l incertitude sur les comportements des firmes alliance ou opportunisme cit dans 62 La rencontre des groupes d experts Le groupe une fois muni de cette premi re repr sentation statique et dynamique et seulement ce moment l pr cise les points sur lesquels il estime devoir se confronter en premier des groupes d experts au cours de deux quatre r unions souvent travers une s rie de questions transversales Les experts vont alors exercer leur esprit critique sur la repr sentation donc sur une construction qui a sa propre coh rence faire appara tre les manques ou les erreurs et alors conf rer une l gitimit externe au travail tout en servant de relais de diffusion C est l issue de ces rencontres que la liste d finitive des hypoth ses est arr t e Cette mani re de faire s oppose
58. n aise de Development as freedom Alfred Knopf Inc 1999 33 SEBILLOTTE M dir 1996 1998 Prospective Avenir du secteur semencier R percussions pour la recherche ditions INRA Paris 34 BADIOU 1969 Le concept de mod le Maspero Paris 35 BRAUDEL F 1969 crits sur l histoire Flammarion Paris 36 KAGAN R 2002 Puissance am ricaine Faiblesse europ enne L Europe postmoderne In Le Monde 27 et 28 29 juillet 2002 traduction d un article du N 113 de Policy Review 37 HOBSBAWM EJ 1994 L ge des extr mes Le court xx si cle 1914 1991 ditions Complexes Bruxelles 38 SFEZ L 1984 La d cision PUF Que sais je Paris 39 RIP 1995 Le poids des phases initiales dans le d roulement des programmes In Callon M Laredo P Mustar P La gestion strat gique de la recherche et de la technologie L valuation des programmes Economica Paris 111 24 40 M NARD C 1990 L conomie des organisations ditions de la D couverte coll Rep res Paris 41 MINTZBERG H 1982 Structure et dynamique des organisations Les ditions d organisation Paris traduction de The Structuring of Organizations a Synthesis of the Research 1981 Prentice Hall 42 JULLIEN F 1996 Trait de l efficacit Grasset Paris dition Livre de poche 2002 pour les renvois de pages 43 SEBILLOTTE M 1990 Les processus de d cision des agriculteurs Il Cons quences pour les d marches d aide
59. ns sur la position des processus dans le syst me sur les cons quences qu aurait leur volution et aussi sur le degr de consensus Mais attention au consensus les processus jug s peu importants doivent tre examiner avec beaucoup d attention avant d tre rejet s Si l on disposait d un mod le quantitatif nous pourrions aussi faire des tudes de sensibilit pour orienter nos choix mais comme nous l avons vu cela ne serait en tout tat de cause pas suffisant puisque la conception m me du mod le peut n cessiter sa remise en cause ne serait ce que du fait de nouvelles interactions li es l irruption de processus nouveaux Nous conservons souvent de l ordre d une centaine de processus de la liste initiale qui donnent lieu chacun la formulation d une hypoth se les processus actuels vont ils se poursuivre l identique ou r gresser s acc l rer les processus nouveaux vont ils se r aliser Ainsi les hypoth ses repr sentent soit le maintien de tendances soit des ruptures dans le fonctionnement du syst me y compris dans la production de connaissances on peut aussi formuler des hypoth ses sur la stabilit d une variable d tat Voici plusieurs exemples d hypoth ses avec entre parenth se la date de leur formulation Une r action de rejet des consommateurs se produit vis vis des plantes transg niques et a de s rieuses remont es n gatives sur le progr s des biotechnologies 1995 Le mod le de cons
60. nt menac ou tout au moins sujet de grandes transformations Nous nous sommes donc efforc s de d crire ce m tier avec d ailleurs quelques difficult s Mais ce travail nous a conduit le percevoir d abord comme un m tier d utilisateur de connaissances qu il s agisse de connaissances scientifiques technologique empirique ou de savoir faire abandonnant la premi re voie de description En d finitive l objet central du syst me le moteur qui lui donnait vie nous est apparu comme tant la production de connaissances par la recherche y compris celle des semenciers et les praticiens connaissances utilis es par les fabricants de semences eux m mes satisfaisant les attentes des agriculteurs et celles des futurs utilisateurs des produits r colt s en leur vendant des semences adapt es La repr sentation s organise alors selon le sch ma 5 et repose essentiellement sur des circulations d informations et de mati res Un tel choix permettait d agr ger dans le compartiment central la production publique et priv e de connaissances et de poser l une des questions essentielles pour le futur savoir les relations qui s tabliront entre les diff rents organismes publiques et entre ceux ci et les organismes priv s de recherche dont les efforts croissent chaque jour et sont d j souvent sup rieurs ceux du public Quelques ann es apr s notons que la cr ation sous l impulsion de l INRA de la structure de recherche G noplan
61. ommation italo am ricain p te pizza se d veloppe largement et accro t la consommation de produits laitiers et de c r ales transform es 1998 Les importations europ ennes de viande bovine am ricaine se d veloppent et entra nent une r duction du troupeau allaitant europ en 1998 La n cessit d une politique agricole bas e sur un d veloppement durable viable et vivable devient imp rieuse devant la poursuite de la croissance d mographique 1995 En mati re d environnement les d marches qualit l anglo saxonne l emportent en Europe sur la promulgation de normes et de r glements 2001 Dans les pays industrialis s d ici 20 ans la pollution de l air aura un impact sanitaire plus grave que celui caus par la pollution de l eau 2001 Les Organismes Inter Gouvernementaux r ussissent stabiliser les cours relatifs des grandes monnaies Dollar Euro Yen 1998 Du fait de la relative unit d organisation du monde vivant les progr s r alis s dans l identification du g nome humain permettront d acc l rer le d chiffrage du g nome v g tal et la compr hension des m canismes physiologiques de la cellule v g tale 1995 L INRA privil gie la progression des connaissances partir d une recherche men e sur quelques plantes supports 1995 Les esp ces aujourd hui d laiss es lin ricin crambe cameline voire le pois sont am lior es par la transgen se
62. on organis e Seuil Points Essais Paris 66 ILLICH 1 1971 Lib rer l avenir Le Seuil Paris Illustrations Environnement on socio conomique st cologique e de l organisation s Ses strat gies L organisation atson projet les futurs pessibles 4 Son management Fi Rende plus fvorble R agir ses tats at ses volutions Sch ma 1a L organisation entreprise organisation professionnelle organisme de recherche dans son environnement socio conomique et la prospective L gende fl che 1 le projet de l organisation la conduit s int resser aux futurs de son environnement donc la prospective Cette derni re a des r percussions sur les strat gies et sur le management de l organisation fl ches 2 1 et 2 2 voir texte Sch ma 1b Les strat gies de l organisation face aux volutions de son environnement socio conomique et cologique L gende les strat gies r actives anticipent les r actions possibles aux tats futurs possibles de l environnement les strat gies proactives visent rendre plus favorables ces tats possibles a La pr vision b La prospective tats du tats du hi syst me syst me Sip Sp Si 7 T Temps Sch ma 2a et b Pr vision et prospective diff rences Pour la pr vision l tat du syst me est S To et Snp 1 Pour la prospective toujours partir de S To on retrouve S T Mais aussi les tats S
63. org e Mais tr s vite les exercices de prospective se sont r v l s aussi tr s utiles aux acteurs conomiques ceux des entreprises et des organisations et ils souhaitent que ces travaux se d veloppent encore plus largement Des sujets tr s divers nous ont occup s et nous occupent et chaque exercice fut l occasion de progresser sur des points aussi diff rents que la description d un syst me l extraction des processus le traitement des hypoth ses par agr gat la production des micro et macrosc narios qui sont les tapes de la m thode SYSPAHMM que nous avons labor e Le fonctionnement collectif du groupe responsable a aussi t l objet de progr s le travail r alis avec le Cetiom fut cet gard tr s enrichissant puisque dans ce cas le groupe charg de la prospective tait compos en majorit de membres non chercheurs Nous avons toujours conduit nos exercices de prospective dans un esprit de recherche en important les traits majeurs de celle ci en particulier une exigence toujours renouvel e de rigueur et d explicitation des d marches L une de nos sp cificit s est ainsi la place que nous donnons la m thode sans elle il n est pas possible de b tir des r flexions suffisamment solides pour pr tendre servir de base des d cisions ult rieures Nous ne souhaitons pas tre pris dans le mouvement de la d cision politique et nous nous effor ons au contraire prendre du recul par rappor
64. r gat nous traduisons les relations de la matrice avec leurs signes en un sch ma dont la disposition sugg re un r cit qui sera le texte du microsc nario En effet une liste non structur e d hypoth ses ne permettrait gu re l criture d un r cit En revanche le r seau des relations affect es de leurs signes met en vidence une ou deux hypoth ses qui occupent une place centrale ou polarisent l ensemble et donnent sens des microsc narios oppos s selon qu elles se r alisent ou non Le sch ma 6 l illustre dans le cas de la prospective Semences L hypoth se G appara t comme un moteur pertinent pour le groupe des cinq hypoth ses dont deux sur la recherche et c est autour d elle que nous avons organis le r cit Sebillotte C d veloppe dans ce m me num ro la d marche sur des exemples de la prospective ol agineux du CETIOM Cette construction des r cits que sont les microsc narios se r alise en accordant une grande attention aux relations qui ont t retenues entre les hypoth ses et leurs signes Elle ne saurait tre un exercice litt raire partir d une collection en vrac de mots cl s les hypoth ses que le narrateur accommoderait son go t suivant son imagination du moment le r cit doit transcrire l effort collectif qui a pr cis ment abouti cette s rie de relations avec leurs signes Le fait de d cider du choix de la ou des hypoth se s motrices peut tonner Si ces hypoth ses doivent
65. recherches en ce domaine Les chercheurs sont galement citoyens ils participent l expression d une demande sociale et ils peuvent sur certains points et du fait de leur m tier avoir une vision plut t plus lucide que leurs concitoyens On comprend alors pourquoi l exercice de prospective requiert aussi une vision r trospective sur une dur e suffisante pour qu il soit possible d int grer les ph nom nes de longue dur e 35 Alors par exemple lorsque l on aborde les politiques agricoles de l Union europ enne UE et des tats Unis d Am rique USA l apparent revirement des USA en septembre 2001 en mati re de subvention des agriculteurs appara t moins trange car on saisit mieux les moteurs profonds des politiques am ricaines Kagan 36 donne des clairages int ressants sur les dynamiques longues des deux entit s qui permettent de comprendre que l UE et les USA ont permut leurs positions historiques au cours du si cle dernier et donc qu aujourd hui l UE est beaucoup plus oblig e de croire aux vertus du multilat ralisme et au respect des trait s internationaux au point parfois de penser que cette n cessit fait loi pour tous Hobsbawm 37 a beaucoup de r flexions profondes sur les rapports de forces dans le monde depuis deux si cles et l on y voit de nombreuses pr misses de la situation mondiale actuelle Sans vision r trospective forte et culture g n rale suffisante le prospectiviste n glige des poss
66. rospective sur les strat gies de l organisation fl che 2 1 du sch ma 1a Mais un second retour sur l organisation existe fl che 2 2 du sch ma 1a il concerne son management et entre autres les activit s de veille et de contr le que les d cisions qui auront t prises aboutissent bien aux r sultats escompt s titre d exemple dans la prospective Semences 33 ressortait de mani re tr s forte le fait que selon les choix de strat gie de recherche en mati re de biologie mol culaire l INRA n aurait pas b tir les m mes partenariats question qui d bouche sur le management et sur la conception m me des t ches d un organisme de recherche publique L exercice de prospective suppose ainsi un engagement dans la construction du monde m me s il est imaginaire qui n est pas spontan en particulier pour les chercheurs auxquels est habituellement demand comme condition d objectivit une prise de distance par rapport au monde Prospective et pr vision Soit l instant To le syst me S tudier soumis des forces internes et externes sch ma 2a et b Que sera t il devenu dans l avenir par exemple T Selon l tat d esprit de celui qui pose la question deux r ponses sont possibles Celle de la pr vision sch ma 2a qui cherche dire en simplifiant que l tat le plus probable de S T sera Snp Dans l usage courant de la pr vision il n y a en d finitive qu un seul futur le plus probable
67. rtitude produire des diagnostics et des indicateurs pertinents pour l action replacer toute connaissance produite dans le r el celui des acteurs et non celui des th ories C est toute la question de la g n ralit des r sultats de la recherche de leur utilisation dans d autres lieux ou d autres poques Ces premiers jalons et une longue pratique de la d marche syst mique et des repr sentations graphiques en particulier pour l analyse du fonctionnement des exploitations agricoles et de la prise de d cision par les agriculteurs ont servi de toile de fond l laboration de notre m thodologie prospective Comme le soulignent fortement nos quatre principes pour la DADP il ne suffit pas de consulter et de r unir des acteurs ni a priori de rechercher entre eux une voie voix consensuelle Nous r servons le mot de prospective des d marches qui vont permettre d engager les acteurs dans une r elle construction de futurs possibles ce qui n cessite des m thodes qui explicitent les arri res plans pist mologiques et le mode d emploi des mat riaux dont se nourrissent les r flexions La prospective est clairement pour nous un processus d innovation dont l un des objectifs est de contribuer construire une demande sociale pour demain qui donne toute sa place aux acteurs et permette de prendre aujourd hui des d cisions pertinentes pour le futur apr s avoir d gag des sc narios Pour la recherche finalis e les str
68. s la mise en uvre des microstrat gies sur l organisation et donc sur les hypoth ses et sur les microsc narios Cette derni re r flexion oblige penser de mani re dynamique les r sultats de la prospective et se poser de nouvelles questions Par exemple que se passerait il si tel ou tel r sultat de recherche tait obtenu plus rapidement que tel autre ou encore si tel ou tel macrosc nario se r alisait On est d ailleurs ici renvoy une difficult majeure le passage d une strat gie de recherche un programme et ensuite de ce dernier des r sultats et si possible des sauts de connaissance Pour difficile que soit l op ration elle doit tre mise en uvre Notes 1 Pr c demment responsable de la prospective la direction scientifique du Centre Technique des Ol agineux M tropolitains CETIOM II ne s agissait pas non plus d une prospective sur l INRA lui m me 3 Voir dans le m me num ro l article volution de la prospective Gonod Gurtler t P F Gonod conseiller international en prospective a efficacement accompagn plusieurs de nos travaux Qu il en soit nouveau vivement remerci Arie de G us 29 remarque qu en fran ais sur le plan s mantique il n y aurait qu un seul futur tandis qu il y a des avenirs Pour notre part nous emploierons ici le mot futur au singulier et au pluriel selon les cas Ilya bien s r d autres raisons possibles ces n gligen
69. s op ratoires Il nous faut d abord largir le champ d investigation le complexifier La diversit des membres du groupe appara t ainsi comme une premi re exigence les principaux champs de connaissance et m tiers concern s doivent autant que possible tre repr sent s dans la prospective ol agineux il y en avait une bonne quinzaine 22 C est la construction elle m me de la repr sentation collectivement partag e qui guide l investigation dans le pr sent et le pass le syst me d crit doit fonctionner et donc sa repr sentation tout en tant partag e doit respecter plusieurs r gles Elle devient la repr sentation th orique celle qui guide et organise la suite du travail et sera la r f rence pour son valuation C est un point de m thode essentiel Examinons quelques instants un reproche fr quent fait aux travaux de prospective g opolitique qui n ont pas pris en compte la chute du mur de Berlin en 1989 et ses r percussions sur la position dominatrice des USA dans le monde On est en droit de penser que ce sont pr cis ment les m thodes employ es qui sont en cause En effet tout groupe suffisamment cultiv savait que les empires le mot est courant aujourd hui propos des USA ne sont pas ternels et aurait donc pu se prononcer sur la poursuite de la situation bipolaire du monde le d faut n est pas d avoir de fait supput le maintien du mur de Berlin mais de l avoir
70. s de recherche strat giques dans la mesure o elles touchent au caract re finalis de l institution On ne vise pas le niveau des programmes de recherche qui ne d coulent pas directement des microsc narios et encore moins le niveau des actions de recherche Mais la conception de microstrat gies fournit une heuristique de d couverte d orientations de recherche souhaitables et coh rentes avec le contexte et l tat des connaissances En effet face la situation circonscrite par un microsc nario il est plus commode de rep rer ce qu il faudrait faire que face de grandes volutions possibles de la soci t Ainsi dans la prospective Prot ines et pour r pondre aux probl mes environnementaux un groupe de microsc narios s intitule La reconversion des syst mes de production d levage On y distingue trois grandes voies d volution possibles par mise au point de nouveaux syst mes de production par des corrections technologiques des syst mes actuels traitement des effluents d levage par exemple enfin par une d localisation des syst mes d levage vers d autres pays Ces trois voies potentielles qui correspondent des enjeux distincts n cessitent des orientations de recherche notablement diff rentes et qui sont par ce moyen d crites beaucoup plus pr cis ment que si l on avait simplement not un objectif d am lioration g n rale de l environnement Il faut ensuite examiner comment ces micro strat gie
71. s grands groupes ayant un fort potentiel biotechnologique voir plus haut par ailleurs on constatait aussi que ce bloc pr parerait bien l INRA produire les connaissances qui faudrait mobiliser dans la majorit des microsc narios douze sur dix sept 33 Nous sommes dans une situation tr s diff rente de celle qui consiste affirmer de but en blanc que des travaux de type fondamental seront de tout fa on utiles ici nous avons d duit concr tement cette utilit d une d marche analytique nous sortant de nos croyances On remarquera que ce raisonnement largement discut dans le cadre de la direction de l INRA et de son conseil scientifique en 1996 anticipait sur la cr ation quelques ann es plus tard et l initiative de l INRA de G noplante En effet la prospective a fourni aux initiateurs un cadre de d monstration auquel la majeur partie des semenciers partenaires de G noplante avait particip et adh r Dans la prospective Prot ines nous avons trait la matrice des microstrat gies avec le m me logiciel que pour la matrice des hypoth ses et avons ainsi form neuf groupes homog nes allant des recherches concernant les g nomiques celles centr es sur la nutrition humaine en passant par celles portant sur le d veloppement durable Ces ensembles permettent une analyse strat gique en renvoyant aux missions de l organisme aux enjeux de soci t et aux risques de carri re que courent les ch
72. s se combinent entre elles comment elles concourent jeter les bases d une politique coh rente pour l organisation En proc dant microsc nario par microsc nario nous produisons un nombre de microstrat gies tr s lev Or tout n est pas possible pour une question de moyens et surtout pour des raisons de coh rence intellectuelle de plus la m me microstrat gie peut avoir t sugg r e partir de deux microsc narios diff rents Aussi pour aider les d cideurs nous examinons comment ces strat gies se combinent entre elles se contredisent elles ou se renforcent elles sont elles sans relation Pour cela nous laborons une matrice des microstrat gies comme nous l avons fait pour les hypoth ses Ainsi dans le cas de la prospective Semences avons nous constat pour le d partement GAP l mergence d un bloc de microstrat gies qui se renfor aient ou taient tr s voisines Elles concernaient des recherches cognitives strictes partir de connaissances acquises sur un nombre r duit d esp ces pour anticiper sur les besoins futurs de l am lioration des plantes et elles exigeaient entre autres de mener des travaux sur l innocuit de la transgen se Ce bloc par sa coh sion forme un ensemble qui incite le regarder comme un pivot d une politique de recherche Il se r v lait de plus compatible avec les microstrat gies envisag es en biotechnologie et il commandait des partenariats sp cifiques avec le
73. ssi une influence directe sur le secteur semencier comme ses acquisitions ult rieures de firmes semenci res l ont montr sans oublier les industries agroalimentaires IAA d bouch normal des r coltes en France la production agricole est transform e pour plus de 70 On trouve encore l ext rieur les consommateurs et les politiques agricoles Notre second exemple l oppos correspond aux prospectives que l on peut qualifier de fili res Dans celles ci c est l avenir d une production agricole de sa transformation et de la consommation des produits qui en d rivent qui est l objet de la r flexion Nous adoptons alors une organisation de la repr sentation statique en suivant le r seau des flux de mati res du mat riel g n tique initial semences porte greffe la r colte puis aux transformations des produits r colt s jusqu aux diff rents utilisateurs et consommateurs On peut soit suivre le produit lui m me soit circuler de fonction en fonction de la production la collecte etc Ce plan ainsi orient se compl te par celui des consommations interm diaires n cessaires aux diff rents maillons des processus de production engrais de transformation additifs agroalimentaires et de consommation emballage par celui de l information de la r glementation aux attentes de la soci t et par celui des moyens financiers chacun de ces diff rents plans correspondent des acteurs pas
74. sur des modes de gouvernance mondiale avec deux variantes pour chacun la premi re supposant une certaine r ussite du mod le la seconde correspondant plut t une situation de crise et dans le cas de l autre d veloppement l issue qui permettrait de sortir de la crise sch ma 8 Pour donner du corps ces six images de futur possible pour le monde nous avons d crit chaque macrosc nario selon 7 composantes politique conomique sociale culturelle sciences et technologies environnement cologique et march s en examinant ensuite leurs sorties sur le syst me des prot ines L un des int r ts des macrosc narios est de permettre une veille plus ais e En effet si l on pense au bout de quelques ann es que le monde volue assez clairement vers l un d entre eux il est alors possible de reprendre la liste initiale des hypoth ses en supprimant celles qui n ont plus lieu d tre et en rajoutant celles qui correspondent de nouveaux processus Ainsi dans le travail sur les prot ines 54 le groupe a examin ce qui se passerait si le monde fonctionnait de plus en plus en archipel macrosc nario La coop ration entre grande zones chaque le tant une grande zone g ographique de coop ration entre tats l image de l Union europ enne du Mercosur et il en a d duit que vingt sept hypoth ses dispara traient huit seraient reformul es en particulier par modification de l horizon temporel trente
75. t beaucoup trop n glig du management des organismes 29 cela est d autant plus tonnant que par leur coh rence les sc narios vitent des r flexions au coup par coup ou trop lin aires Mais et c est une responsabilit du groupe charg de la prospective il faut aider l organisation utiliser les sc narios ce qui n est pas spontan et suppose d am liorer la communication interne et les modes de pr sentation et n cessite de concevoir des sortes de travaux pratiques autours des enjeux des cons quences des sc narios des exp riences sont en cours au CETIOM et l INRA voquer la d cision dans l organisation et le r le d aide la d cision de la prospective pose videmment la question de son valuation Par nature la prospective essaie d imaginer les cons quences d v nements et donc entre autres des choix de l organisation L thique de cette activit peut devrait donc se caract riser par de l indiscipline 5 Mais de quelle mani re vivre et faire vivre cette indiscipline On est renvoy la conception m me de la libert Nous rejoignons le philosophe Paul Ric ur quand il nous laisse entendre que la vraie libert est de pouvoir imaginer les cons quences de ses actes ce que dit aussi Sen 32 Mais sorti du domaine moral qu en pensent les d cideurs Et puis cette t che ne devient elle pas tr s vite illusoire mesure que ces cons quences diffusent dans le syst me 42 Et quelle
76. t au quotidien ce qui correspond d ailleurs notre mission Notre volont est de maintenir aussi longtemps que possible le champ des possibles grand ouvert pour pallier le risque norme du resserrement trop rapide sur le champ de la d cision C est notre mani re d adh rer l id e que la d cision n est pas un acte bref dans le temps mais un processus qui m rit son rythme Ce n est pas parce que nous disons que la connaissance fine du pr sent est essentielle notre d marche que par ailleurs nous devrions nous plonger dans les phases ultimes de la d cision Ainsi per ue la prospective n est pas une vasion dans le futur mais le moyen pour les d cideurs et les chercheurs de revenir au pr sent mieux arm s pour l infl chir selon nos intentions et nos exigences La prospective est l outil pour d passer le stade de la r ponse directe une question en commen ant par mettre cette derni re en perspective par rapport diff rentes constructions possibles du monde futur aussi bien celui des connaissances que celui des entreprises et des soci t s La prospective ne se r duit pas la simulation elle se veut r solument en amont de celle ci en tant recherche et invention de nouveaux mod les de futurs possibles et point seulement les variations sur un th me au sein d un mod le Mais la prospective est aussi un enjeu pour les chercheurs et le fonctionnement des institutions de recherche Parce qu il faut construir
77. t ces travaux et notre longue exp rience dans ce domaine nous montre l importance d une tr s grande rigueur et justifie nos craintes vis vis de la mani re dont on mobilise parfois les avis d experts les opinions des citoyens Un aspect de cet apprentissage collectif est la construction concr te de la repr sentation syst mique et donc le graphisme qui sera mise en uvre pour r aliser des sch mas des dessins qui parlent aux uns et aux autres On pense l ing nieur de bureau d tude qui pour concevoir doit en permanence voir les prototypes issus de ses dessins et de ses plans 51 Aussi dans la premi re phase de travail consacre t on beaucoup d attention b tir ces repr sentations voir seconde partie et accepte t on d y revenir lorsque les premi res phases d laboration des sc narios nous fournissent l quivalent des prototypes issus du bureau d tude qui obligent revenir devant la planche dessin La repr sentation d finitive du syst me et de son environnement r sulte ainsi d une s rie de mouvements de va et vient le d roulement de la d marche n est pas strictement lin aire et nous retardons le plus possible le moment de figer les choses le moment comme le dit Midler 52 pour les projets de construction automobile o le niveau de connaissance sur le projet devient incompatible avec le maintien de degr s de libert suffisant Une des t ches de la construction d une repr sentation part
78. t transversale tout l organisme et n cessitait un management ad quat Pour le groupe charg de la prospective cela s est traduit dans les suggestions de strat gies de recherche par l examen de leurs cons quences sur l ensemble des d partements 33 Or ce changement des poids relatifs des diff rentes sources d informations s est produit sans que l organisation n y prenne suffisamment garde jusqu au jour o il devint impossible d chapper ses cons quences Corr lativement la seconde interrogation porte sur les modalit s m mes de la gestion de l organisation sur le r le des circuits directs et diagonaux entre chelons de la hi rarchie 41 Plus g n ralement comment l organisation peut elle vivre la n cessaire sp cialisation et n anmoins int grer le caract re syst mique croissant des probl mes question redoutable entre toutes La prospective a un autre lien avec la d cision qui repose sur le r le structurant de celle ci sur l organisation Les d cisions bousculent les situations les habitudes et forcent retrouver une coh rence g n rale Or la prospective par la construction de sc narios place virtuellement l organisation dans la m me situation que des d cisions prises puisque supputer la survenue de ces sc narios permet de mani re anticip e de suivre leurs cons quences sur l organisation L usage des sc narios comme moyen de coordination des actions entreprendre est notre avis un aspec
79. tation du syst me est pour une grande part de mettre en vidence les processus l uvre dans ce syst me Pour Simon 48 les processus sont nos moyens pour agir dans le monde dans une optique qui est bien celle de la strat gie europ enne ce sont des processus intentionnels mis en uvre par les acteurs institutions entreprises pour r aliser des plans Mais comme Gonod 18 nous accordons autant d importance aux processus non intentionnels r sultats d agr gations multiples de comportements d impacts sur le milieu cologique de nos actions quotidiennes de ph nom nes propres ce milieu cologique Nous int grons ainsi ce qui constitue le potentiel de la position des chinois c est dire comme pour eux comment le r el advient comment il marche et se rend viable 42 C est donc par l ensemble de ces processus que nous donnons vie notre syst me et ses relations avec son environnement que nous cr ons une dynamique c est par eux que le temps s introduit d ailleurs souvent subrepticement Ces processus ne sont pas des sc narios mais ils leurs donneront vie Cette notion de processus offre la possibilit de prendre en charge ce qui est en gestation les fameux signaux faibles qui pour certains d entre eux feront demain Nous syst matisons la d tection des diff rents processus en nous appuyons sur une graphique ad quate Cela suppose de la part des membres du groupe qui eff
80. te associant public et priv rel ve bien des perspectives ouvertes dans cette prospective Remarquons enfin que les analyses de l insuffisance d innovation en France mettent souvent en cause des d faillances dans l articulation entre production de connaissances acad miques et utilisation de celles ci par les entreprises 57 58 articulation que nous avons plac e au c ur de notre repr sentation parce que pour nous elle semblait centrale dans le fonctionnement du syst me semencier tel qu il nous apparaissait Une caract ristique du secteur semencier en France tait l existence de nombreuses entreprises souvent familiales aussi avons nous b ti des typologies pour caract riser ult rieurement les dynamiques des entreprises L une des typologies prenait explicitement en charge cette question de l articulation puisqu elle classait les firmes sur leur potentiel en mati re de biotechnologie domaine que nous avions reconnu comme fondamental pour le futur l ext rieur du syst me nous avons plac une s rie de compartiments qui jouent plus sur le syst me semencier que celui ci ne joue sur eux On y trouve videmment les ressources g n tiques le droit de la propri t intellectuelle et industrielle et les connaissances sur le vivant en particulier sur l homme ce sont aussi les industries de l agrofourniture qui ont un poids consid rable sur l agriculture et donc sur une partie de ses attentes mais ce secteur a au
81. u syst me que les attentes vis vis de l INRA n taient pas du tout les m mes selon les entreprises consid r es vitons la m prise d assimiler microstrat gies et volont de programmation de la recherche Nous voyons bien l issue de toute la d marche qu en permanence nous sugg rons des choix multiples qui sont mis en perspective mais qui du coup renvoient un questionnement serr de leur justification La prospective parce qu elle ne fige pas renvoie ces discussions passionn es au sein des quipes de recherche qu voque Jacob dans son livre 64 Pour les responsables d institutions de recherche ou non la construction de ces microstrat gies est le moyen de prendre de la distance par rapport leurs propres visions du futur et d analyser la nature des risques viter ou que pourrait induire leurs politiques Elle fournit le moyen de coordonner et r viser des programmes sans tomber dans la planification administrative elle est passerelle entre les disciplines En particulier reliant les l ments du syst me elle constitue un garde fou contre d ventuels effets de mode ou de pens e unique Lib rer l avenir dit Illich 66 Il reste une t che a accomplir une fois les micro strat gies d finies savoir revenir sur les hypoth ses et les microsc narios comme l indiquait le sch ma 5 En effet et pour retrouver Sen 32 quelles seraient les cons quences de r sultats positifs cons cutif
82. uoi l id e d affecter des probabilit s aux sc narios ne nous s duit pas car c est une mani re d tourn e de forcer la d cision C est une fois le d cideur p n tr de la gamme des futurs possibles qu il devient envisageable de l aider d cider de mani re plus pertinente Prospective et connaissance du pr sent la construction d une repr sentation partag e Pour nous c est un principe de base seule une connaissance fine du pr sent permet d imaginer correctement des futurs possibles l issue des nombreux exercices r alis s nous sommes frapp s par la mauvaise qualit de cette connaissance ou au moins et peut tre plus justement par son caract re tronqu sectoriel et dispers Comment penser l venir si le pr sent est si mal connu C est la raison pour laquelle notre d marche comporte comme premi re tape une approche syst mique fine qui ne fait pas partie au sens stricte de la prospective mais qui en est la base C est donc autour de la construction de cette repr sentation du pr sent et du pass du syst me et de son environnement que le travail du groupe charg de la prospective commence C est aussi pour lui l occasion d interpr ter la commande donc de la replacer dans le projet de l organisation ce qui lui fournit un moyen de trier dans la r alit Mais la difficult r side pr cis ment dans ce tri nous risquons le plus souvent de manquer de perspicacit et d imagination comme de moyen
83. vec la prospective mais leur efficacit ne risque t elle pas de rapidement s mousser Pour nous il s agirait plut t d un r flexe cr er La seconde remarque porte sur la nature des productions d un travail de prospective d une part une vision actualis e du monde et de l organisation et d autre part des sc narios Dans les deux cas il faut pour les produire un temps minimum et une prise de distance suffisante d avec la vie de l organisation Cela dit le renouvellement de la vision du monde devrait tre l objet d une diffusion rapide et entretenue vers les d cideurs et plus g n ralement l ensemble de l organisation On peut m me ajouter que le souci d en disposer devrait tre l une des composantes de la culture de l entreprise souvent trop tourn e vers le pass ou r duite sa seule politique de ressources humaines En revanche les sc narios exigent eux que la direction puis l ensemble de l organisation y investisse du temps et un temps sp cial Pour le dire en un mot leur examen ne peut tre un point de l ordre du jour lors d une r union ordinaire de direction Dans le sch ma 1a le retour de la fl che 2 2 sur le management devrait ainsi entra ner des d cisions sur la mani re d int grer et de faire vivre la prospective dans l organisme par exemple travers la veille et une organisation du suivi des d cisions et de leurs cons quences Ces r flexions sur la prise de d cision restent tr s g n ral

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