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1. Le centre de soins AVRE H l ne Jaffe et Marie H l ne Beaujolin Sant mentale au Qu bec vol 17 n 2 1992 p 293 302 Pour citer ce document utiliser l information suivante URI http id erudit org iderudit 502083ar DOI 10 7202 502083ar Note les r gles d criture des r f rences bibliographiques peuvent varier selon les diff rents domaines du savoir Ce document est prot g par la loi sur le droit d auteur L utilisation des services d rudit y compris la reproduction est assujettie sa politique d utilisation que vous pouvez consulter l URI https apropos erudlit org fr usagers politique dutilisation rudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif compos de l Universit de Montr al l Universit Laval et l Universit du Qu bec Montr al Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche rudit offre des services d dition num rique de documents scientifiques depuis 1998 Pour communiquer avec les responsables d rudit info erudit org Document t l charg le 16 novembre 2015 08 10 Communications br ves 293 Le centre de soins l AVRE pee pour les Victimes de la R pression en Exil l AVRE a ouvert ses portes en 1985 Le mandat de l organisme est triple g rer Paris un centre de soins pour les victimes de torture aider localement lorsque les conditions le permettent les populations victimes de r pression massive soins formati2. vis vis des mar chands de libert qui font payer prix d or un forfait asile recr ant lorsque largent n a pas pu tre vers au d part une classe d esclaves corv ables merci jusqu et au del de l extinction de leur dette On assiste alors dans certains cas une p rennisation de la d pen dance de la soumission une autorit qui a droit de vie comme l a eu le syst me r pressif qu on a fui Enfin si recul il y a par rapport l engagement politique de m me y a t il aussi r examen des engagements affectifs Il nous faut tenir compte lors des regroupements familiaux et nous demander qui y tient le plus nous ou eux Le travail que nous faisons dans les pays o la torture a exist ou existe encore nous a convaincu que tous ont des difficult s de r adaptation la vie sociale et familiale chez soi ou ailleurs beaucoup de victimes de tortures se sentent modifi es et per oivent leur environnement galement modifi Qui est on devenu Qui est l autre Le doute colle la peau rendant un homme ou une femme trange soi m me tranger dans son pays dans sa famille Ceci se traduit par des modifications du comporte ment pouvant aller aussi bien dans le sens du repliement que de l agressivi t La fracture ce n est pas l exil c est ce qui s est pass avant l organisa tion d lib r e d un traumatisme visant briser un tre humain Aussi des
3. diable Ici et l bas un voyage sans fin La trame quotidienne de l exil se fait sur un mode qui peut prendre une coloration d hyper activit mentale de type hypomaniaque Un aller retour ici l bas entre les petits probl mes quotidiens et les questions qui tracas sent le lait du chat ou le livre de la biblioth que non rendu et le certificat de vaccination des enfants oubli et bien d autres La fr quence de ces oscillations va diminuer au fur et mesure que le ici va s imposer Mais il peut exister des situations d oscillation puisantes qui bloquent tout acc s des acquisitions nouvelles Des acteurs de l exil nous Une partie de la pathologie de l exil peut tre induite par nos compor tements Se laisser prendre un mis rabilisme qui terait toute place aux aspects positifs de l exil la survie possible m me si difficile et lenri Communications br ves 299 chissement par l acquisition d une nouvelle culture en sont deux parmi d autres Par ailleurs nos institutions sont bien inhumaines lorsque quelles que soient leurs excuses elles ont fait attendre des ann es la reconnaissance du droit d asile du droit au s jour Un de nos patients s est r fugi dans un d lire de pers cution qui a disparu en quelques jours lorsqu il est redevenu quelqu un pour l Office de protection des R fugi s et apatrides OF PRA De m me sommes nous coupables de passivit
4. nous en voyons aussi au cours de missions dans leur pays Cette double perspective devrait nous permettre de mettre en vidence ce qui rel ve d une pathologie ventuelle li e l exil dans les troubles ou difficult s psychologiques auxquels nous avons pu tre confront s Dans l branlement de la personnalit qu induit ou vise induire la torture qu ajoute cette fracture g ographique affective culturelle de l exil le regard de et vers l trange tranger Pour certaines personnalit s faille cette preuve en trop peut tre l origine de d compensation souvent rapidement r versible mais aussi parfois d sesp r ment chronique Nous ne ferons pas une tude exhaustive mais d crirons quelques situations partir desquelles peuvent se faire les d rapages voire les effon drements Panique et reviviscence Tr s pr s de la p riode traumatique torture clandestinit etc la personne qui arrive en France est encore agie par les v nements qui viennent de d bouler dans son existence La peur le repli la perte de rep res ext rieurs et int rieurs sont r activ s par des situations banales et repr sentent alors une reviviscence des v nements douloureux Communications br ves 297 qui faire confiance Au bloc opaque et omnipr sent des bourreaux se substitue une nouvelle opacit celle de l inconnu La victime de tortures prouve l tat de transparence
5. pr par s il veut suivre son patient turc sri lankais maro cain de l indicible de la torture jusqu une souffrance qui a trouv sa place dans les souvenirs en passant par une laboration sur les difficult s de l exil D voilement de la situation th rapeutique l AVRE un certain d voilement de la situation th rapeutique est voulu d s l abord on dit qui nous sommes Centre de Soins pour les Victimes de la Torture o nous travaillons visite des lieux ce que nous faisons pluridisciplinarit Ceci proc de d un souci d accueil et d une Communications br ves 301 conviction l o 1l y a eu portes ferm es yeux band s organisation de la perte des rep res il faut un peu comme une antidote apporter transparence perception de l ensemble compr hension minimale du nouvel environne ment L apparente aisance de cette relation son d but doit en fait tre tr s contr l e trop chercher la confiance essentielle et que toutes ces conduites visent tablir on risque de r colter le rejet ou sa s ur siamoise la d pendance Questions de langage Environ la moiti des patients de l AVRE est francophone Pour les autres nous en sommes convaincus l absence de langue commune n est pas la barri re infranchissable que l on pourrait redouter 1l y a de multiples fa ons de se faufiler devant ce qui n est qu une difficult de parcours et finalement de trouver d au
6. r alit pr sente est reconnue dans son aspect non mena ant D autre part nous voyons qu en situation de d tresse extr me des hommes d origine de niveau social culturel aussi dissemblables que pos sible emploient pour en parler les presque m mes mots les presque m mes images Voil pourquoi une quipe pluridisciplinaire est ce qui nous appara t le meilleur instrument pour capter les messages qui nous sont envoy s de l au del des mots par une indicible douleur La d marche qui consiste venir dans un centre de soins consacr des victimes de la torture n est pas anodine la premi re consultation pour celui qui y met tout son espoir et beaucoup d angoisse doit tre men e avec souplesse imagination et sensibilit Le traitement nous en sommes convaincus commence d s l accueil l ambiance du local l organisation des rendez vous vitant les rencontres importunes m ritent de retenir l attention si l on veut que la premi re rencontre soit ressentie favorablement les attentes quelquefois in vitables ne doivent pas tre v cues comme un abandon angoissant bavarder offrir boire s enqu rir des conditions de vie permet d viter le rappel d autres attentes autrement mena antes Le g n raliste dans l quipe de soins aux victimes de tortures a une position cl C est de lui que d pend la premi re impression partir de laquelle la confiance peut se reconstrui
7. e de se retrouver dans la cohorte anonyme et souvent il faut le dire m pris e des demandeurs De quoi se faire tout petit et d l guer d autres ce que l on faisait autrefois tout seul y compris avec danger S il y a une pathologie de l exil c est souvent d une attaque du narcissisme qu il s agit et les r ponses d fensives peuvent prendre l allure de r gressions comportementales Exil un arr t sur image Situation de vie fig e la jeune Madame I est arriv e en France quelques mois apr s la mort sous la torture de son mari Ils ont t mari s trois semaines avant d tre arr t s l un et l autre Chaque d but d labora tion de ce deuil s est trouv stopp par des nouvelles dramatiques du pays Cette femme intelligente cultiv e n a pas pu trouver de travail en rapport avec son niveau qui aurait pu lui offrir un d rivatif efficace Plut t que de se faire surprendre par un ni me drame elle les anticipe ou s appro prie ceux des autres Dans sa communaut elle est celle qui veille les moribonds Dans un ordre d id es voisin ce jeune homme chapp de son pays apprend l ex cution de son p re en repr sailles sa fuite IlI y a bien s r la culpabilit taraudante il y a aussi l impossibilit de s acquitter du rite mortuaire que seul lui le fils peut accomplir Comment vivre ici et mainte nant quand on a laiss derri re soi un inachev irr m
8. la tient surtout la fa on dont la consultation du psy est articul e avec celle des autres intervenants le m decin r f rant et le psychoth rapeute mais aussi avec le kin sith ra peute l assistante sociale 296 Sant mentale au Qu bec L exil quel impact a t il Pour les patients de l AVRE les v nements traumatiques du pass p sent lourd dans les bagages et on ne peut pas isoler la psychopathologie souvent pr sente sans tablir une continuit de sens et d interpr tation entre ce qui rel verait du pass et du pr sent ceci m me lorsqu il est vident que certaines souffrances expriment le d racinement le mal du pays ou la peur de l inconnu Le d part en exil est un v nement grave fracture perte deuil lourd de cons quences mais dont le but est de permettre dans un pays tiers proche ou lointain de vivre Le d part est apparu comme l unique solution en urgence absolue ou relative une mise en p ril personnelle lorsque le cercle mena ant se resserre et ne laisse plus d alternative Ou encore lorsque le d part de tel individu est per u comme indispendable la s curit d un groupe militant par exemple Nous nous situons donc d lib r ment dans les conditions de l exil politique en raison de notre exp rience au centre de soins pour les victimes de tortures Paris victimes qui sont en grande majorit des r fugi s politiques De tels patients
9. on de personnels de sant informer et sensibiliser le public sur la r alit de la torture Environ 1200 victimes ont t soign es au centre de soins Paris et l quipe enrichie progressivement compte aujourd hui vingt personnes trois m decins g n ralistes un rhumatologue un dermatologue un neurolo gue un psychiatre trois psychoth rapeutes un psycho sociologue trilingue un p diatre un kin sith rapeute deux assistantes sociales un juriste deux 294 Sant mentale au Qu bec secr taires r partis en temps plein mi temps et vacations Certains sont b n voles Les missions les plus r centes ont t organis es au Tchad 250 patients suivis au Maroc et dans la partie kurde de l Irak chaque fois des contacts avec les personnels de sant locaux sont pris puis entretenus depuis la France Les principaux bailleurs de fonds sont PONU Fonds d aide aux victimes de la torture la CEE le FAS le gouvernement fran ais quelques fondations priv es ainsi qu un noyau de donateurs fid les La rencontre patients th rapeute premiers soins Nous savons que la torture assigne au silence L attention que nous portons d coder tous les signaux de d tresse que lance celui qui en a t victime nous am ne saisir au del des mots et des logiques et ce serait l que se situerait notre acquis un fil d Ariane Fil t nu certes mais qui pas pas nous conduit ces 1l ts o la
10. orit et essaie de cr er une cellule id ale comme il l a r v e v cue peut tre dans son pays lors de son activit politique Il induit en fait une terreur familiale et ses enfants grandissants d sertent la maison l un apr s l autre L exil a bris son pi destal Il se met alors boire Comment aider cet homme dans la cinquan taine qui accumule les difficult s mat rielles et refuse de sortir de son r le de h ros d chu Sa femme g re la situation sans bruit comme elle peut Tel autre ne peut sortir de son r le d opposant aux gardiens de prison et le monde reproduit un syst me manich en gardes prisonniers son patron qui lui fait remarquer qu on ne doit pas fumer dans un atelier de menuiserie il r torque cigarette la bouche Moi je suis un prisonnier politique Madame F a men la barque sans d faillir pendant les ann es de prison de son mari puis dans les deux ans de clandestinit qui ont pr c d la fuite du couple o lib r son mari demeurait recherch Rien alors ne laissait pr voir que cette femme r fugi e statutaire deviendrait en exil la 298 Sant mentale au Qu bec petite fille craintive qu il faut accompagner elle parle tr s bien le Fran ais pour la moindre d marche administrative Avant finit elle par dire il y avait la peur et on savait se d brouiller avec Maintenant il y a la honte La honte de quoi D avoir l ch doubl e de cell
11. qui lui a t impos Qui est qui Pourrais je courir encore assez vite pour chapper cet homme en uniforme un contr leur de billets de m tro celui ci qui marche derri re moi avec des semelles de cr pe comme ceux des services secrets ou cette voiture qui longe le trottoir Ces craintes peuvent tre ult rieurement rationalis es critiqu es sur le moment elles sont irr pressibles et peuvent assaillir la t te et le corps r veil de douleurs perte des urines par exemple Du ca dat l infantilisation Autre cas de figure celui du militant engag en situation de respon sabilit peut tre qui se trouve d pouill de son ascendant son pouvoir sur le groupe auquel il s est impos m me en prison dans des conditions aux marges de man uvres tr s troites Il refuse souvent d apprendre la langue dont la ma trise imparfaite est ressentie comme une insupportable frustration et met en p ril une construc tion narcissique b tie autour de la fonction militante Un de nos patients responsable syndical est beaucoup plus un r vo lutionnaire patent que le chef de chantier qu il dit avoir t De multiples exp riences professionnelles se sont sold es par des checs dont il se console en faisant des projets mirifiques ici ou l bas quand il reviendra qui ne servent que de cache mis re son incomp tence professionnelle C est dans sa famille nombreuse qu il exerce son aut
12. re C est lui que revient d organiser et de coordonner le traitement et de confier le patient ceux ou celles qui sont les plus aptes le traiter en fonction de ce qu il a appris de lui Communications br ves 295 Il doit tre plus que jamais l coute des sympt mes savoir se laisser guider par les demandes du patient sans perdre le contr le de la situation Comment interroger sans mener un interrogatoire Comment inspecter le corps pr sent comme douloureux J ai mal partout et l ap procher sans recr er la peur Le premier entretien pourra tre bref et l examen sobre Il faut se rappeler que le d shabillage est un rituel presque toujours v cu auparavant comme une humiliation majeure Savoir que les plaintes ont un contenu organique et symbolique et que les unes ne doivent pas tre re ues au d triment des autres Savoir enfin abandonner l examen clinique au mo ment o s instaure un entretien fertile L inqui tude concernant l int grit physique est elle au premier plan Sinon quelle est la difficult actuelle majeure obs dante laquelle le service social pourra apporter une solu tion Quelquefois l angoisse est si lourde que c est un patient compl te ment herm tique que l on a en face de soi Montrer par quelques d tails que l on est au courant de la situation dans le pays d origine permettra un d but sinon de dialogue du moins d int r t e
13. ris BETTELHEIM B 1960 Le c ur conscient Collection Pluriel Livre de poche Freup S 1919 L inqui tante tranget Essai de psychanalyse appliqu e Galli mard Paris 1985 VAsQUEZ A RopRiGuEz G 1983 L exil une analyse psycho sociologique L infor mation psychiatrique 59 Vicnar M et M 1989 Exil et torture Denc l Paris Dr H l ne Jaffe m decin g n raliste Marie H l ne Beaujolin psychoth rapeute
14. rythmes et des modes d int gration diff rents entre les membres d une famille peuvent ils agrandir une faille d j cr e par la s paration inflig e par l emprisonnement l loignement et des incurvations divergentes des vies Qvu ajoute lexil ou que retire t il Pour beaucoup de victimes de r pression grave lexil rappelons le c est sauver sa vie et pour ne pas penser trop vite et leur place en termes de malheur venir on doit avoir vu le soulagement de certains lorsque r fugi s statutaires ils savent qu ils ne risquent plus de retourner l bas C est vrai que les choses se compliquent rapidement et qu il y a toute la vie reconstruire dans un pays que l on avait souvent r v plus hospita lier 300 Sant mentale au Qu bec L exil nous en avons donn des exemples peut aussi repr senter un traumatisme cumulatif dans certains cas les troubles psychologiques vont en s aggravant Il agit alors comme un trauma surnum raire on peut avoir mieux r sist au premier la torture qu au second l exil L effet de som mation existe et nous rappelle que certains se sont effondr s la seconde arrestation lorsque a recommence Qui sont les plus expos s du fait de l exil Ce sont ceux nous semble t il dont le syst me de valeurs a t le plus malmen et qui ne comprennent plus les id aux qui leur ont valu la torture Sur un plan symbolique ils ne sont pas en exil mai
15. s apatrides Ceux qui doutent de leur int grit psychique et mentale les complexi t s de la vie en exil dont ils comprennent mal le mode d emploi alimentent douloureusement leur angoisse Ceux qui ne savent pas ce qu il est advenu de leurs proches Ceux dont l exil a t la cause directe de la mort du p re d un petit fr re Les h ros parfois les vrais que l exil peut faire lentement d choir sauront ils voudront ils jamais devenir comme tout le monde Y a t il des conduites psychoth rapeutiques particuli res adopter Les psychoth rapeutes ont affaire aux fantasmes de leurs patients C est leur terrain de travail naturel Or concernant les victimes de torture la r alit est omnipr sente r alit on pourrait m me dire r alisme de la violence d lib r e dont le corps porte parfois encore atrocement la trace R alit de l exil avec son cort ge de probl mes objectivement envahissants logement travail lan gage auquel il faut ajouter dans beaucoup de cas en France l ins curit de situation dans l attente d un hypoth tique statut juridique Le psychoth rapeute est ainsi tr s vite pris contre pied de ses habi tudes et de son savoir faire Le psychoth rapeute s il coute observe labore peu pr s comme son habitude devra s aventurer dans de nouveaux modes de langages et de nouveaux modes relationnels ce quoi sa formation ne l a pas vraiment
16. t d coute Dans ce genre de Situation l imagination est au pouvoir Au terme de la ou des premi res consultations les plaintes sont hi rarchis es et un sch ma th rapeutique sera labor C est alors que peuvent intervenir les sp cialistes les kin sith rapeutes le service social infirmier juridique ou les psychiatres Se retrouver face un psychiatre n est jamais une exp rience banale Encore moins pour des personnes sur lesquelles la torture a fait passer l aile de la folie Encore moins pour ceux qui ont eu affaire des m decins voire des psy parmi leurs pers cuteurs tre psychiatre c est choisir ici comme ailleurs faut il proposer un m dicament Faut il voir le conjoint les proches Quelle strat gie adopter qui soit acceptable pour le patient II faut aussi veiller ce que la r ponse cette situation ne referme pas la question et n exclut pas la recherche du sens Voil la t che de tout psychiatre Mais l AVRE on a affaire des personnes de nationalit trang re la sienne Il faut donc apprendre que ce qui para t fou au m decin occidental peut tre ailleurs consid r comme r action salutaire La maladie mentale n a pas de fronti res mais elle prend selon les cultures des formes diff rentes qu il faut apprendre reconna tre La con fiance que ces hommes et ces femmes ont en ce psychiatre occidental n est pas vidente et pourtant elle existe Ce
17. tions suivantes pourquoi est ce moi qui me suis retrouv l Comment moi particuli rement et dans l apr s coup la torture m a t elle atteinte Pourquoi tel coup telle humiliation ont ils t plus destructeurs que d au tres Le fait de l exil peut difficilement faire l objet d interpr tation rappe lons qu il a repr sent le plus souvent la survie La fa on dont il est v cu mise en relation avec les difficult s objectives est quant elle mati re laboration L interpr tation vise l laboration des traumatismes comme 302 Sant mentale au Qu bec dans toute psychoth rapie classique elle doit pour tre op rante lier l ments de la structuration de la personnalit pass traumatique apr s coup situation pr sente c est dire restituer au patient un fil continu une identi t r articul e R F RENCES AGGER I Jensen S B 1990 Testimony as ritual and evidence in psychotherapy for political refugees Journal of Traumatic stress 3115 130 ALLoDI F 1982 Psychiatric sequalae of torture and implication for treatment World Medical Journal Alon F Rosas A 1985 The health and adaptation of victims of political violence in America psychiatric effects of torture and disappearances Psychiatry the State of Art 6 Barrois C 1986 S Ferenzi et les n vroses traumatiques Psychiatrie Fran aise n 5 Barrois C 1988 Les n vroses traumatiques Dunod Pa
18. tres langages Ceux ci ont souvent le m rite d tre de meilleurs v hicules de l motion que les seuls mots le probl me tant bien s r ensuite de ne pas laisser la d charge motionnelle dans le vide De tous les moyens utilis s le mime est le plus riche Le dessin vient souvent ponctuer le mime Il est une fa on de conclure un pisode de d poser mettre un peu plus loin ce qui a t exprim par les gestes Le dessin sert lui de support interpr tatif Le recours l interpr te quant lui est d autant plus fructueux que sa pr sence peut s ajuster en fonction des mouvements et moments de la psychoth rapie Au d but mais peut tre pas au tout d but il est pr cieux d avoir une premi re version il y en aura souvent par la suite d autres de l histoire d un patient Par ailleurs m diateur culturel l interpr te participe de fa on forte l int riorisation de rep res stables que la structure de soins globale cherche favoriser La pr sence de l interpr te n est pas neutre Il est l objet de transfert comme le psychoth rapeute comme l institution dans son ensemble et ceci peut tre utilis Une forme de clivage de l objet peut s y jouer et minima de l ambivalence ce qui fournit de bonnes occasions d interpr tation L laboration pour un patient victime de torture c est de pouvoir apporter des r ponses minemment individuelles et non militantes aux ques
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