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Radiographie du lobbying en France

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1. autres logiques ont jou et jouent tou fabriqu une nouvelle devanture commerciale credible dans jours Depuis les ann es 1990 des membres de quand la r cession touchait leurs client les tradi cabinets minist riels y trouvent un moyen pour tionnelles son convertir leurs ressources relations comp environnement tences dipl mes sans pour autant rompre d fi Enfin des d bouch s universitaires ont t inven nitivement avec le milieu politique t s pour des formations de plus en plus produc professionnel trices de dipl m s sur des march s de plus en plus Une tout autre logique pr vaut dans les organisa troits les troisi mes cycles de science politique 56 Diriger N 7 Nov Dec 2004 tions professionnelles confront es la fameuse crise du syndicalisme leur mani re les d l gu s g n raux ont fait l exp rience d un d ficit de cr dibilit vis vis des journalistes comme de leurs adh rents que les cabinets conseils leur ont permis de combler Ce march a galement ouvert de nouveaux d bouch s un secteur en r cession Gr ce au lobbying des experts en gestion en relations publiques ou en audit ont et les dipl m s d IEP ont t confront s la fer meture du march du journalisme et aux barri res des concours d entr e dans la fonction publique Leur conversion au lobbying a t un tournant mar quant dans leur d roulement de carri re Tous sont dot s d un
2. 78 r unions et l Assembl e nationale 23 r unions font montre d une activi t normale M me les proportions entre r unions internes et externes sont conserv es respectivement 38 et 62 au S nat 56 5 et 43 5 lAN e La synchronisation l gislative des lobbyistes Dans les deux chambres trois constantes sont relever La p riodicit tout d abord l orga nisation des colloques est calqu e sur la session parlementaire unique d octobre juin Ce n est donc pas uniquement le symbole du site parlementaire qui est recherch mais l activi t et l effervescence l gislative qui s y jouent en m me temps La qualit du demandeur res sort galement il s agit principalement de parlementaires 65 des demandes au S nat et 59 AN mais la pr sidence ou un service d une assembl e sont parfois demandeurs d une telle manifestation en dehors du travail l gislatif en cours Enfin la r partition des th mes des colloques n est pas al atoire ils s inscrivent toujours dans les comp tences des Il faut faire du lobbying pour tre pris en compte commissions parlementaires permanentes Le Cabinet Alt dia M amp M Conseil suit parfaitement dans cette sp cialisation du travail parlementaire en ciblant ses colloques sur l pargne les trans l lab ti ports la d fense la culture la sant ou l industrie elaDoratTion des normes Anne Charlotte Varin ou du moins P pour etre tiques D
3. constitu e Une forte concurrence interne Autre particularit de la croissance du nombre de consultants l h t rog n it de leurs acti vit s Leurs visions antagonistes de la profession en sont une traduction parfaite Tous mettent en avant leur professionnalisme mais ils n envisagent pas d utiliser les m mes canaux de promotion Les quatre associations professionnelles traduisent quatre conceptions du m tier Leur opposition va jusqu ne pas souscrire aux m mes principes de d ontologie Pourtant les fronti res entre ces organisations restent encore tr s floues des doubles adh sions surprennent l o les changements de camp d routent Tous sont d accord sur l importance de leur structuration et de leur r le dans le champ ins titutionnel Mais ils divergent quant aux labels professionnels utilis s affaires publiques est en hausse alors que lobbying est d laiss depuis 2002 Anissa Ardjoum Les alternances des politiques en qu te d interlocuteurs tions relations Plus t t on intervient plus on obtient est une des lois de ce nouveau m tier conseils juridiques parfois des avocats et des conseils en management dont le lobbying n est qu une des prestations offertes souvent avec une certaine r ticence utiliser le mot et ses institutionnelles affaires publiques apparaissent ici et l la p riph rie de ce noyau figurent les cabinets de re
4. ou les forums ex l Union syndicale des magistrats et son livre blanc pour 2003 La notori t de l auteur constitue un dernier type de ressource Celle des intellectuels engag s et reconnus comme Pierre Vidal Naquet Alg rie 1956 livre blanc sur la r pression 2001 fait cho l autorit politique de Marie George Buffet Citoyens chiche Le livre blanc de l ducation populaire 2001 e Pour quelle efficacit L influence des livres blancs sur les d cisions des pouvoirs publics n est pas facile mesu rer Les d bats parlementaires ne mentionnent que ceux issus d initiatives minist rielles Seules les publications qui arrivent faire autorit et retenir l attention des m dias ont quelques chances d alimenter le d bat public et les r flexions politiques La parution d un livre blanc peut difficilement faire l conomie d une strat gie m diatique Le livre blanc de l arm e fran aise en Alg rie a t cit 21 fois par la presse entre janvier 2001 et juillet 2003 Cautionn par 490 g n raux fran ais il disposait incontestablement d un grand capital d au torit Reste que la grande majorit passe inapercue dans la presse Ils ont en revanche un effet incontestable sur les groupes qu ils mettent en sc ne Ils sont utilis s pour imposer une nouvelle d finition d un enjeu ou pour faire prendre conscience de l urgence d un probl me Tel fut le cas pour l Agence pour l angiologie
5. Ca de lobbyistes la France compie t elle Quelles sont les pratiques de ces acteurs Les r sultats de l enqu te pr sent e ici proviennent des recherches coordonn es durant l ann e 2003 2004 dans le cadre du s minaire de sociologie du lobbying du DESS Droit de la vie politique de l universit Paris X Nanterre Radiographie du lobbying en France Depuis le milieu des ann es 1980 notre vocabu laire politique s est enrichi en francisant des mots am ricains Le lobby le lobbying et les lobbyistes se sont impos s dans les articles de presse et les discours des lus Peu auparavant des essais politiques ou des manuels de marketing en avaient cit l importan ce pour la France Devenus des mots ordinaires leur usage est souvent pol mique presque tou jours n gatif et largement flou Que veulent dire ces mots Qui sont les professionnels ainsi d si gn s Quelles sont les pratiques vis es Les pionniers du lobbying des agents en qu te de titres et de labels professionnels Les premiers cabinets install s en France datent d avant 1977 pour 13 d entre eux La m me proportion est cr e pendant le premier septen nat de Fran ois Mitterrand Le rythme s acc l re avec les alternances du fait des al as profes sionnels subis par les membres non fonction naires des cabinets minist riels 30 mergent entre 1987 et 1989 et 44 depuis 1991 Dans le m me temps certaines entreprises et
6. auche Certains cabinets ont chang de bord et aban donnent le lobbying au profit d autres d nomina Les consultants en lobbying en 2003 Le nombre de consultants en activit subit encore le coup d arr t cons cutif au 11 septembre ressenti par beaucoup de cabinets Pour autant assiste t on une modification significative du r le de ces intervenants dans la sph re politique e Une volution contrast e Les consultants enregistrent depuis pr s de 10 ans une hausse d effectifs Mais apr s le 11 septembre 2001 les postes de consultants juniors ont t touch s plus que les autres par la r cession et les cabinets ont fait l objet de nombreuses fusions regroupements voire d un arr t de leurs activit s pour certains Le lobbying se subdivise en cinq cat gories hi rarchi s es de professionnels des assistants des consultants juniors justifiant de moins de 4 ann es d exp rience professionnelle et seniors des directeurs conseils et autres dirigeants ou asso ci s Leur anciennet est d environ 5 ans ce nouveau poste Les consultants seniors et les dirigeants enregistrent des volutions d effectifs de l ordre de 2 3 points quand les assistants diminuent de 10 points environ et que la part des consultants juniors baisse de 7 points Ce recrutement ne favorise donc pas les jeunes dipl m s mais privil gie encore largement des personnalit s justifiant d acquis professionnels et d un carnet d adresses d j
7. avec la publication du Livre blanc pour la recon naissance de la sp cialit en angiologie 1999 Compar e aux autres ouvrages d battus en politique leur dur e de vie est souvent plus longue Par exemple le livre blanc sur l exp ri mentation animale publi en 1995 a servi de r f rence dans Le Monde jusqu en 1998 55 milie Torgemen Diriger N 7 Nov Dec 2004 La mode des colloques parlementaires Le Parlement a favoris la consultation d intervenants ext rieurs au processus l gislatif Les auditions en commission en sont la facade officielle Les colloques parlementaires apparem ment plus mondains et moins politiques offrent des opportunit s pour que des points de vue particuliers acqui rent une l gitimit semblable celle des positions politiques des repr sen tants lus du peuple Les colloques parlementaires sont organis s par des entreprises des cabinets sp cialis s ou des syndicats y compris les ordres et organisations professionnelles Ils permettent de rassembler diverses personnalit s politiques et civiles concern es par un m me enjeu d bat tu ou non au Parlement D autres colloques sont organis s au Parlement Les colloques ins titutionnels sont des r unions de travail internes l institution Ces deux cat gories ne sont pas concurrentielles et n ont ni le m me objet ni la m me fonction e Les cat gories de colloques Les questures des deux chambres distinguent
8. des organisations professionnelles cr ent des d partements de relations institutionnelles Les notaires sont parmi les premiers en 1976 L Association pour les relations avec les pouvoirs publics ARPP cr e en 1985 par d anciens membres de cabinets minist riels majoritaire ment en poste dans des entreprises publiques codifie ses principes de d ontologie et tente d im poser sa d finition des pratiques du lobbying 50 entreprises y adh rent en 2004 Cette d finition des lobbyistes constitue la premi re composante du noyau dur de la profession La deuxi me com posante 14 cabinets en 1993 15 en 2004 est li e l Association fran aise des conseils en lob bying AFCL constitu e en f vrier 1991 avec sa charte relative l exercice de la profession de conseil en lobbying Mais la cr ation de l Association fran aise des Par Guillaume Courty Ma tre de conf rences en science politique l universit Paris X Nanterre L h t rog n it des organisations professionnelles et la diversit des lobbyistes Quatre organisations professionnelles repr sentent les professionnels du lobbying trois associations AFCAP AFCL ARPP et un syndicat patronal affili au Medef Syntec RP L ge le chiffre d affaires et l activit interna tionale montrent la coexistence dans ces organisations de cabinets tr s diff rents tant par leur activit que par leur exp rience La seule activit internationale d
9. e nouvelle conviction il faut faire du lob bying pour tre pris en compte dans l laboration des normes ou du moins pour tre cr dible dans son environnement professionnel E
10. es cabinets revendiqu e par une tr s grande majorit d entre eux permet aux membres de se rendre incontournables sur le march national tout en montrant un savoir faire d une plus grande rare t En majorit l AFCL et Syntec RP regroupent des cabinets d une exp rience manifeste pr s de 95 des cabinets existent depuis plus de 5 ans Ces chiffres r v lent l extr me h t rog n it de l AFCAP o un grand nombre de cabinets sont jeunes et o cohabitent galement les exp riences les plus diverses Cette h t rog n it se retrouve galement dans la moyenne de leurs chiffres d affaires En effet l AFCAP avec des filiales de groupes internationaux comme APCO ou Burson Marsteller a la moyenne des chiffres d affaires la plus basse r v lant la pr sence de cabinets fran ais plus r cents et plus petits ayant une activit et une client le plus limit es Selon Hugues Andrade cabinet Weber Shandwick l AFCAP n est plus repr sentative de l ambition de ses fondateurs Alors qu elle devait permettre une r flexion des professionnels sa composition h t roclite lui a fait perdre en efficacit A l oppos Syntec RP et l AFCL dont les moyennes de chiffres d affaires sont beaucoup m plus hautes constituent des regroupements de cabinets bien plus homog nes Anne Sophie Tisserand Diriger N 7 Nov Dec 2004 conseils en affaires publiques AFCAP en 2001 16 cabinets en 2004 a perturb cette b
11. gi time qui n a rien de malsain Dominique Strauss Kahn insiste par la suite sur les nouvelles formes d association que doivent prendre les industriels pour tre comp titifs et fait cr er le Cercle de l industrie en 1994 Ailleurs ce sont des institutions qui organisent des colloques Eurisis en 1989 le S nat en 1993 HEC ESSEC et Paris X en 1993 L onard de Vinci en 1996 ou des stages de formation de ces cadres l Assembl e permanente des chambres d agriculture en 1997 Dans les institutions europ ennes la recension des groupes d int r t par la Commission de Bruxelles est effective depuis 1960 avec la publi cation de son r pertoire Devenu un march poli tique dans lequel le lobbying est valoris comme pratique ordinaire du courtage politique beau coup utilisent ce terme pour critiquer la politique europ enne partir de 1991 le Parlement europ en com mence lui aussi r fl chir la codification des r gles pr sidant l exercice du lobbying il ins taure son code de conduite en 1997 et publie d sormais son r pertoire des groupes d int r t Cette d finition europ enne positive du lobbying est imm diatement reprise dans certains minis t res fran ais l existence du ph nom ne est alors indubitable Le minist re fran ais des Affaires trang res l ex plique dans la brochure Bruxelles mode d emploi 1990 le CNPF fait de m me avec le Guide pratique du lobbyi
12. la tions publiques des Ces nouveaux conseillers en public affairs n ont pas invent seuls ces m tiers Les d tenteurs du pouvoir politique ont rendu possibles leurs activi t s Des incitations institutionnelles l adoption du label lobby ont t instaur es partir de la premi re alternance politique En 1988 Edith Cresson incite les cabinets orienter une d ci sion dans un sens favorable notre conomie Devenue ministre des Affaires europ ennes elle fait diffuser en 1990 une brochure Cl s pour l Europe Parlement europ en mode d emploi 54 d riv s Leur organisation professionnelle Syntec RP regroupe 31 cabinets en 2004 Tous p les confondus le lobbying en France tait pratiqu par un peu moins de 1 200 consultants en 2002 sur 56 cabinets communiquant leurs effectifs et pr s de 1 300 en 2003 pour 48 cabinets Pour tous ces acteurs du lobbying une offre de services compose leur palette professionnelle Il n est plus question de suivi de l tat du droit mais de faire du legislative monitoring veille l gislative ou parlementaire Il ne suffit plus seulement de conseiller une entreprise sur l tat du droit mais d op rer une veille strat gique et de choisir une action de lobbying appropri e Plus t t on intervient plus on obtient tant une des lois de ce nouveau m tier Diriger N 7 Nov Dec 2004 qui affirme que le lobbying est une pratique l
13. les colloques internes de pur travail l gis latif r unions de groupes de commission auditions de ministres avant la discussion parle mentaire et externes illustrations de la participation citoyenne ils sont soit institution nels soit organis s avec le soutien de parlementaires M me si au S nat cette classification est encore arbitraire du fait de l informatisation tardi ve en septembre 2002 et de l absence d identification de l organisateur la comparaison des deux assembl es fait ressortir des diff rences marquantes A l Assembl e nationale les col loques internes repr sentent 57 du total contre 31 au S nat L Assembl e nationale tant la seule mentionner les organisateurs leur hi rarchie est la suivante des organismes externes 62 les groupes parlementaires 31 et des cabinets sp cialis s 7 en sont l origine Ces derniers utilisent des d nominations variables le Cabinet Alt dia M amp M Conseil utilise ainsi le label Rencontres parlementaires Depuis 2002 18 ont t organis es Avec une moyenne mensuelle de 82 colloques le S nat h berge quatre fois plus de ren contres que l Assembl e nationale 19 par mois en moyenne Cette diff rence s explique prin cipalement par la volont du pr sident du S nat d ouvrir l institution vers l ext rieur en y pri vil giant les manifestations externes 69 des colloques Pour le seul mois de d cembre 2003 le S nat
14. ng europ en Le Service cen tral de pr vention de la corruption agence char g e de moraliser la vie politique et instaur e en 1993 commence par le lobbying et trafic d in fluence pour son rapport annuel de 1994 La structuration d un march L attrait pour ces m tiers du lobbying pourrait n tre que conjoncturel certains lus et leurs col laborateurs y trouveraient une ressource permet tant de pallier des al as de la carri re en poli tique Mais le march du lobbying ne s est pas structur uniquement autour des checs poli Les livres blancs en France Les livres blancs publi s en France ont le m me objectif tablir un bilan exhaustif et trans parent sur une question donn e Devenus des instruments classiques de lobbying leur nombre est n anmoins relativement limit moins d une dizaine par an Ces ouvrages sont en effet complexes et co teux r aliser Et s ils jouissent d une certaine cr dibilit leur impact sur les prises de d cisions est difficile valuer e Livres blancs europ ens et fran ais Les livres blancs europ ens sont des documents officiels publi s par la Commission Ils contiennent des propositions concr tes dans des domaines communautaires pr cis Les livres blancs fran ais sont parfois l uvre d institutions mais les auteurs les plus fr quents sont des organismes socioprofessionnels des associations et parfois des personnali
15. t s Ils parviennent au mieux attirer l attention des pouvoirs publics sur un probl me donn En France des th mes reviennent plus souvent que d autres la sant et l environnement Pour Dans les autant les revendications y sont diversifi es La th matique sant par exemple regroupe des i ouvrages relevant des common causes Les malades prennent la parole 1999 ou plaidant institutions la reconnaissance de sp cialit s Le livre blanc de l immunologie m dicale en France europ ennes 1996 la recension des groupes d int r t par la Commission de Bruxelles est effective depuis 1960 e Des droits d entr e lev s dans le d bat politique Pour le consultant G Lamarque le livre blanc est l outil du lobbying le plus sophistiqu Il est surtout tr s co teux Il faut une organisation pour supporter les co ts annexes relatifs aux recherches et la publicit Autrement seule une publication compte d auteur est envi sageable C est une partie du s rieux de l ouvrage qui est alors en jeu Une fois le co t financier amorti les auteurs doivent disposer d une forte l gitimit Certains la tirent de leur appartenance une institution le Livre blanc sur la drogue et la s curit routi re 1995 est ainsi sign par la d l gation interminist rielle la s curit routi re D autres s appuient sur des ressources collectives comme les associations

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