LE CONCEPT DE POTENTIALITÉ PSYCHOTIQUE
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1. Dans la premi re topique le Moi est une cons quence de l action exerc e par le milieu ambiant sur la couche la plus ext rieure de l appareil psychique Dans la seconde topique c est une partie du a qui va peu peu se diff rencier pour prendre en charge un ensemble de fonctions au service comme le dit FREUD dans l Abr g de psychanalyse 2 de la sauvegarde de cette m me instance parce qu au service des conditions respecter pour que la vie se pr serve Ce seul caract re est loin de donner une id e m me approximative de la complexit et de la richesse du concept du Moi mais il est n anmoins parti prenante des caract res qui lui sont propres Dans ma conception le Je est enfant par le Je d un autre il subit un temps de gestation dans la psych maternelle et n advient sur la sc ne psychique de l infans qui ce moment du reste passe l tat d enfant que dans un temps non datable certes mais qui suit la naissance d un corps et la mise en activit de l appareil psychique J aurais pu aussi dire que c est la connaissance de l objet comme s par qui va faire advenir et donner son statut une instance co naissante gr ce et par cette s paration soit lors de la prise de connaissance du concept de s parable A partir de ce moment le Je s auto pr sente et s auto investit comme l occupant de l un des deux p les et il apprend qu il ne peut se pr server en cette place que tant qu il garde la certitude2. des motifs complexes et divers Personnellement j accorderais une place particuli re l un d entre eux le temps de la vie que ces recherches 1 sur 14 Conf rence in dite de P Aulagnier Le concept de potentialit psychotique Juin1986 quAtri me groupe Contributions in dites privil gient L analyste qui rencontre un adulte r alise tr s vite que le tableau propos son regard porte la trace des transformations qui ont suivi les preuves les d faites les succ s plus ou moins partiels qui ont jalonn la vie de ce sujet jusqu ce jour Que sa probl matique appartienne au registre de la n vrose ou de la psychose n y change rien Mais ce m me analyste ne s occuperait il que de nourrissons apprendra tout aussi vite que se d robe toujours sa saisie un premier auto portrait sur lequel l artiste a continu ajouter des traits en modifier d autres qu il a essay parfois d effacer totalement faute de s y reconna tre Dans notre d marche clinique nous avons toujours faire au temps de l apr s ne fut ce que parce qu un premier portrait de ce nouveau n a t compos par la psych maternelle et tenu en r serve en elle Or ce pr portrait va influencer aussi bien l activit picturale de cet infans qui devra s auto figurer pour s auto poser comme un existant pour sa propre psych et pour celle d une m re qui devra ou devrait dor navant tenir compte de la conformit entre le portrait et le mod le
3. l impr vu au nouveau comme preuves non seulement que ce vivant n est pas une pure construction de son imaginaire ou une pure projection de son d sir mais comme preuve aussi que d s ce moment il y a une part d impr dictible d ignor dans l tre et dans le devenir de cet infans Il y a dix ans dans La violence de l interpr tation 4 et tout derni rement dans le texte auquel je viens de faire r f rence j ai essay de montrer ce qu a de particulier cette rencontre qui pr c de pour l un des deux partenaires l entr e sur la sc ne psychique du Je ce qui risque d arriver si la m re refuse de constater la pr sence d un cart C est pourquoi on peut dans certains cas parler son gard d un traumatisme de la rencontre Je n y reviens pas me pla ant d embl e en ce deuxi me temps dans lequel un Je tant advenu l cart s exprime en termes de demande et a comme corollaire les positions identificatoires occup es ou refus es par les deux demandeurs De mani re abrupte je dirais que deux cas de figures sont possibles Dans le premier la m re reconna t accepte investit comme preuve de l activit de pens e de son propre enfant l cart pr sent entre les demandes qu elle a imput es un Je anticip et celles que formule ce Je advenu Elle pourra ainsi se situer par moments la place o l attend le Je de l enfant l aider composer son tour avec l cart tout aussi in vitable qui s pare la m re telle qu il la
4. une oreille et qu il faut qu elle l ausculte imm diatement les deux a n s protestants parce qu ils ont faim et que le d ner n est pas pr t Rien de bien grave dans tout cela Elle sait tr s bien que le petit l accueille souvent ainsi que g n ralement il 11 sur 14 Conf rence in dite de P Aulagnier Le concept de potentialit psychotique Juin1986 quAtri me groupe Contributions in dites n a mal nulle part et que c est sa fa on d attirer sur lui seul son attention La boulangerie est dix m tres de chez elle l un des deux a n s pourrait y aller sans probl me Pourtant face cette situation elle va refaire un type d exp rience qu elle conna t bien Ses pens es deviennent confuses des bribes de phrases tronqu es se bousculent dans sa t te elle a un sentiment de paralysie motrice qui la fait s asseoir brusquement sur le premier si ge sa port e elle est submerg e par un sentiment de sid ration comme doivent en prouver pense t elle les gens qui assistent une catastrophe Mais dans ce cas aucune image ne se pr sente son esprit C est la suite d une m me exp rience qu elle tait venue me voir la cause d clenchante en avait t alors une critique de son chef de service qu elle avait ressentie comme la disqualifiant le terme est d elle Si on regarde d un peu plus pr s ce qui se joue dans ce type d exp riences psychiques on peut d abord constater qu un sentiment de panique se s
5. finiment d pendant d une garantie de la part de l autre Je suis celui qui aime est aim souffre demande attend refuse Quel que soit l nonc par lequel le Je exprime ce qu il en est d un prouv d un d sir d une demande dont la satisfaction ou la non satisfaction reste d pendante de la r ponse qu on lui apporterait encore faut il qu un Je garde le pouvoir d tre celui auquel on reconna t le droit de d tenir un savoir sur son propre prouv sur sa propre demande sur son propre d sir Cela ne signifie pas bien entendu qu on r ponde affirmativement ses demandes mais cela signifie par contre qu on accorde ce Je le droit d acc s un mode relationnel gouvernant toute relation le droit au changement et de l objet et de la forme de la relation Le droit occuper dans le futur la place interdite l enfant Si le Je r ussit se faire reconna tre ces droits ce qui suppose bien entendu qu il paye le prix de plaisir cela n cessaire il aura du coup r ussit rendre le registre de l tre s parable de celui de l Avoir Ce que le Je devient inexorablement ce qu il croit devenir ou d sire devenir ce qu il voudrait refuser de devenir sera toujours fonction de la comptabilit qu il tient entre ses avoirs et ses pertes Mais pour qu un devenir reste possible pour que tout changement ne devienne pas synonyme de l effacement de ce qui a chang ce qui ferait de ce nouveau advenir un total tranger enco
6. La toile n est jamais vierge l infans peintre trace ses premiers traits sur un d j peint C est pourquoi esp rer retrouver un pur moment d origine que l on pourrait appr hender sans tenir compte d aucun avant est un mythe Mais accepter ce constat rend d autant plus pr cieuses les connaissances acquises par ceux qui ont pu analyser in statu nascendi la mise en fonction et en place de ces premi res man uvres et positions d fensives qui faute d tre abandonn es ou r labor es risquent d entraver l organisation que devraient respecter le parcours identificatoire et l espace relationnel Nous allons voir que pour que ce parcours et cet espace se pr servent il faut que l instance psychique qui prend en charge cette double t che soit assur e de la persistance et de la possession inali nable d un certain nombre et de points d ancrage ou d embl mes identificatoires et de supports d investissement Il faudra conjointement que ce parcours et cet espace laissent libre l acc s de nouvelles rencontres en acceptent les cons quences et les auto modifications qui en r sulteront Dans un colloque qui s est tenu en 1984 sur Psychose et adolescence 1 j ai analys ce double principe qui r git le fonctionnement identificatoire un principe de permanence et un principe de changement C est l antinomie qui peut les opposer et rendre impossible la relation d alliance qui devrait se pr server entre ces deux exigences que je juge res
7. d sire de sa m re telle qu elle est S tablira peu peu un compromis relationnel et identificatoire qui n vitera pas des moments de conflit mais qui permettra qu ils ne d passent pas un certain seuil Le Je infantile assur qu il ne risque pas de perdre d finitivement son support libidinal privil gi et n cessaire pourra gr ce et par le conflit qui in vitablement l opposera p riodiquement l autre faire l apprentissage du licite et de l interdit dans le registre du d sir du permis et du d fendu dans son rapport aux autres le possible et l impossible dans sa relation la r alit Apprentissage douloureux mais qui lui apportera en retour la garantie qu aucun autre ne pr tend avoir le droit et le pouvoir de le d poss der de ses points d ancrage qui l inscrivent dans une lign e qui lui donne acc s la temporalit lui assurent une position inali nable en tant que fils et son droit tout aussi inali nable d occuper dans le futur celle d un parent Tout au long de l enfance s tablira alors entre lui et les parents un compromis identificatoire et relationnel Il acceptera de renoncer un ensemble de satisfactions pulsionnelles et de faire siens certains interdits en change d une promesse concernant son futur Il acceptera de reconna tre que ce n est pas lui l objet du d sir sexuel de ses parents en change de l assurance d un amour protecteur et surtout d une premi re libert dans les choix de ses nouveaux ob
8. de ces quatre femmes qui formaient un tableau de famille bien particulier Cela n avait emp ch ni ma patiente ni ses s urs de se marier d avoir des enfants une profession Je ne puis bien entendu rien dire sur ses s urs mais pour ma patiente les choses se sont compliqu es partir du moment o ses trois enfants qui se suivent de tr s pr s ont commenc fr quenter l cole Leur p re a d intervenir plus directement sur leur ducation alors qu il prenait par ailleurs de plus en plus de distance vis vis de sa femme Tant qu elle n avait affaire qu des tout petits elle avait pu recr er en toute tranquillit un tat de proximit psychique partiellement conforme celui v cu dans l enfance Une fois que les enfants avaient grandi elle s tait trouv e face des petits gar ons et non plus des b b s avec ce que cela comporte de diff renciation sur le plan sexuel Son exp rience de m re lui avait fait entrevoir certains conflits v cus dans sa propre enfance et s interroger sur une m re jusque l jamais critiqu e Elle avait peu peu r alis que ses petits gar ons demandaient que l on favorise leur autonomie qu on valorise l image de leur p re la singularit de leurs premiers choix Elle avait essay et partiellement r ussi op rer cette r organisation de sa position de m re Mais par moment elle prouvait le sentiment de n avoir plus de boussole pour s orienter Le d part de son m
9. singularit et tout autant de celle d une demande et d une offre que l on pr tend et que l on voudrait non interchangeable Reprenons ces trois termes Le besoin renvoie l tat qui accompagne l absence d un objet vital pour la vie somatique tat de privation qui ne peut tre que temporaire faute de quoi il aboutirait la mort L exemple le plus familier nous est donn par l aliment Le registre du besoin comprend donc tout objet dont l obtention r pond une n cessit vitale Le d sir d signe en premier lieu la m tabolisation psychique de l objet de 5 sur 14 Conf rence in dite de P Aulagnier Le concept de potentialit psychotique Juin1986 quAtri me groupe Contributions in dites besoin Si le corps a besoin d un apport calorique la psych a besoin d un mamelon parce que source et dispensateur d un plaisir rog ne Le d sir dans son statut inconscient comme dans son statut a temporel pourrais je dire est la forme psychique du besoin il fait preuve d une m me exigence de satisfaction d une m me intol rance un tat de privation ou de manque Si nous ne consid rons que le fonctionnement psychique de l infans besoin et d sir sont indissociables Ils partagent un m me objet un m me but une m me exigence La demande d s l aube de la vie le registre de la demande s adjoint aux deux premiers mais de l ext rieur la m re va d coder et formuler en terme de demandes les expressions
10. ari tr s amoureux d une autre femme avait t une preuve aussi impr vue que douloureuse C est peu de temps apr s qu est apparue sa premi re crise Le travail fait pendant ces quatre ann es d analyse qui se poursuit a rendu ce type d pisodes beaucoup moins fr quents et lui a surtout permis une fois surmont s de ne plus garder la conviction douloureuse que le prochain signerait sinon sa mort physique tout au moins sa mort psychique Personne ne peut savoir si en l absence d une analyse cette crainte se serait r alis e J ai par contre la conviction que son travail analytique l a mise l abri de ce danger CAEN 13 14 juin 1986 13 sur 14 Conf rence in dite de P Aulagnier Le concept de potentialit psychotique Juin1986 quAtri me groupe Contributions in dites 1 AULAGNIER Piera Les deux principes du fonctionnement identificatoire permanence et changement communication faite au Colloque International sur Psychose et Adolescence Paris mai 1984 in Un interpr te en qu te de sens PAYOT 1991 2 FREUD S Abr g de psychanalyse P U F 1950 3 AULAGNIER Piera Les destins du plaisir P U F Le fil rouge 1979 4 AULAGNIER Piera La violence de l interpr tation P U F Le fil rouge 1995 5 AULAGNIER Piera L apprenti historien et le ma tre sorcier P U F 1984 14 sur 14 Conf rence in dite de P Aulagnier Le concept de potentialit psychotique Juin1986
11. de ce que j ai d fini comme param tres relationnels trouvent leur raison dans l impossibilit de dissocier le processus d identification le travail et les mouvements psychiques qu il comporte et cet autre travail de mise en relation de la psych avec ses supports d investissement Notre histoire libidinale est le texte manifeste d une histoire identificatoire qui en repr sente le texte latent tous les deux sont indissociables Seulement ces deux histoires ne d butent pas au m me moment pour les deux p les d une premi re relation m re enfant Pour la premi re la naissance de l enfant la gestation et son attente coincident avec l investissement repr sentation relationnelle qui comporte la d signation des deux p les que m re et enfant vont occuper Pour le second il n en va pas de m me Cette mise en relation et avec elle la mise en activit de la d marche identificatoire va s op rer partir du moment o la m re sera reconnue comme un tre s par Cette prise de connaissance va en entra ner quatre autres 1 La mise en place et la pr servation de ce lien d investissement peuvent seul faire que la s paration ne signifie pas disparition que la m re continue exister psychiquement pour l enfant et lui pour elle 2 II n est plus en votre seul pouvoir de d cider de la place que vous occupez dans la relation et donc de celle qu occupe l autre p le n cessaire l existence m me d une relation 3 Tout cha
12. deux Lors de la s ance qui pr c dait le nouvel horaire au moment o elle me disait au revoir je lui avais dit je vous rappelle que nous ne nous verrons plus le jeudi mais le vendredi telle heure A ma grande surprise je l ai vue tout d un coup p lir se pr cipiter pour s asseoir sur le fauteuil qui me fait face rester strictement immobile pendant quelques secondes tr s p le sans me regarder Ma premi re impression a t qu elle prouvait un malaise physique il m a fallu quelques secondes pour r aliser que tr s probablement elle n avait pu entendre que la premi re moiti de ma phrase nous ne nous verrons plus le jeudi ou peut tre simplement un nous ne nous verrons plus Ainsi s tait ainsi op r e une dramatique rupture relationnelle qui avait d clench sa r action Je lui ai alors fait part de mon hypoth se ce qui a suffi arr ter son exp rience de crise identificatoire Au cours de son analyse qui continue actuellement nous nous sommes arr t es longuement sur ce qui me paraissait tre le trait le plus particulier et le plus d terminant de sa probl matique psychique la conviction consciente qu elle avait gard pendant toute son enfance que les pens es de sa m re de ses trois s urs et d elle m me taient absolument transparentes pour chacune des quatre Un seul espace psychique tait le contenant indivis des pens es des d sirs des causes de plaisir et de souffrance
13. fendrait on une tiologie purement organique de l autisme refuserait on en bloc la th orie freudienne que le terme autisme ne pourrait prendre sens que par comparaison avec la relation qu un sujet non autiste entretient avec le monde et ses occupants Les hypoth ses sur les raisons d une telle diff rence varieront mais sa pr sence s imposera d embl e l analyste au profane ou au m decin non analyste ou anti analyse qui d couvrent tout d un coup qu ils ne peuvent plus faire appel leurs rep res relationnels pour s orienter dans le monde interne et externe habit par ce sujet Si celui qu il rencontre ne lui est pas proche effectivement le profane r agira cette disqualification de ces points de rep rage les plus familiers par la rupture de contact Dans le cas contraire nous ne pouvons plus parler au sens strict de profanes Cette m re ou ce p re peuvent bien ignorer l explication scientifique ou analytique le terme m me d autisme ou de schizophr nie avoir t d abord prononc par le sp cialiste consult mais l inverse ils sont riches d une autre exp rience faite avant tout appel au savoir des autres l impossibilit de faire occuper cet infans ou cet enfant une position relationnelle qu ils avaient pr pens e et pr investie Ce refus qu on va d s lors imputer l enfant servira de d codeur relationnel et malheureusement dans certains cas de d codeur exclusif L importance et la fonction que j accor
14. in dite de P Aulagnier Le concept de potentialit psychotique Juin1986 quAtri me groupe Contributions in dites et que le petit constructeur pourra choisir dans un ensemble plus vaste serviront avec les premi res la mise en forme d un tableau de famille qui devra respecter un ordre bien particulier 2 Cet ordre ne peut tre choisi au nom du seul d sir du constructeur ou de ceux qui l aident dans cette t che parents ou substituts Il doit se plier des exigences qui imposent chacun des personnages du tableau une place bien d finie inali nable conforme au syst me de parent qui transmet de g n ration en g n ration son ordre et sa loi 3 II faut que sur chacune de ces pi ces apparaisse un l ment appartenant un seul des personnages qui devront prendre place dans le tableau Pour qu un puzzle se tienne il faut un bon ajustement des surfaces d embo tement Il faut qu il n y ait ni vide ni for age entre les pi ces Dans le cas pr sent la construction n tant jamais d finitivement termin e il faudra de plus que cette partie centrale soit assez solide pour ne pas risquer de se d bo ter lors de l ajout des nouvelles pi ces Il faudra aussi que ces nouvelles compositions restent compatibles avec la premi re qu elles ne la rendent pas incongrue ou trang re l ensemble du dessin La potentialit psychotique se caract rise par la composition bien particuli re imprim e sur les premi res pi ce
15. is dire un mot sur la man uvre que la patiente dont je parle avait trouv pour sortir de son tat de panique avec son regard elle faisait le tour de la pi ce le fixant sur chaque objet jusqu au moment o elle pouvait le reconna tre comme un objet familier Elle tait incapable de dire si ce tour d horizon durait quelques secondes ou quelques minutes mais une fois accompli elle se r habitait dans un espace familier et pouvait d s lors reprendre le cours de ses pens es entendre ce que lui disaient ses enfants et leur apporter des r ponses ad quates Une fois le sujet plong dans de telles exp riences ou bien il r ussit faire appel et faire front sur ses investissements relationnels trouvant par l des points d ancrage qu il pourra r introduire dans son espace identificatoire pour s y orienter o bien l appel chouera et on assistera au basculement dans un pisode psychotique Au cours de l analyse de cette m me jeune femme j ai pu assister in vivo l apparition d une de ces crises qui rappelle fort il faut bien le dire le prodrome d une crise de d personnalisation Au d but du mois je l avais avertie qu partir du mois suivant nous devrions 12 sur 14 Conf rence in dite de P Aulagnier Le concept de potentialit psychotique Juin1986 quAtri me groupe Contributions in dites changer le jour d une de ses s ances Nous en avions discut ensemble et trouv un autre jour possible pour toutes les
16. jets d investissement un petit ami un ma tre la passion pour un jeu seront pr sent s aux parents dans un d fi qui souvent s ignore comme tel comme la preuve de ce d but d autonomie que l enfant a acquis Si cette r organisation conomique peut tre accept e par les parents et r alis e avec leur alliance le temps de l enfance pourra se conclure par de nouvelles clauses d un compromis identificatoire gr ce auquel le sujet pourra prendre en main la suite de son parcours identificatoire qui tiendra compte des nouvelles rencontres sources de plaisir ou de souffrance des acquis des deuils des accidents fastes et n fastes qui jalonneront sa vie 8 sur 14 Conf rence in dite de P Aulagnier Le concept de potentialit psychotique Juin1986 quAtri me groupe Contributions in dites Il n en va pas de m me dans l autre cas de figure La m re peut refuser un cart qu elle interpr te comme disqualification d un Je anticip ce qui reste le seul d codeur qu elle poss de dans sa relation l enfant Faute de ce d codeur c est la relation qui s effondre et avec elle les rep res qui lui sont n cessaires pour se poser et se reconna tre comme m re de cet enfant D o la lutte qu elle livre pour que ce d codeur ne soit pas disqualifi et son d sir impossible que rien ne change Dans un bon nombre de cas d enfants psychotiques on constatera la pr sence de cette lutte livr e par la m re pour pr server sa relation Da
17. lationnelle que la psych de l infans va capter comme un premier identifi l assurant de la persistance de son lien cet autre qui ne fait plus partie d elle identifi qui va imm diatement se d doubler pour se formuler conjointement sous sa forme invers e ma m re demande que j ai besoin de son amour Nous pouvons maintenant r ins rer cette th matique de la demande dans ce que je disais plus haut propos du processus identificatoire Si nous consid rons ce temps o s op re la rencontre entre la m re et cet infans qui vient de na tre nous serons confront s un face face entre un sujet qui ne peut penser sa relation cet infans qu en terme de relation et cet infans qui n a pas encore acc s un espace relationnel Pour que cette organisation somato psychique de l infans ne reste pas une nigme pour la m re ce qui rendrait bien difficile tout investissement cette derni re va projeter un contenant qui n est pas encore l sur cette surface le Je anticip comme support de son investissement relationnel Ce faisant elle op re une double anticipation elle anticipe la position que le Je devra effectivement occuper et elle anticipe de m me la position que ce Je est suppos lui donner en tant qu objet but de sa demande En d autres termes ce sera sa repr sentation de la relation m re enfant qu elle va anticiper en occupant un des 6 sur 14 Conf rence in dite de P Aulagnier Le concept de potentialit
18. les signes par lesquels se manifestent les exigences l uvre dans l espace somato psychique de l infans Dans ces premi res formulations la m re va op rer une conjonction entre l offre de l objet du besoin et l offre de sa pr sence et de son amour il veut le sein il a faim Un tel nonc se double toujours d un il veut sa maman on voit comment toute demande imput e l infans est une demande qui au del de l objet du besoin vise l amour comme objet suppos de son besoin psychique et comporte de ce fait la connaissance anticip e d une m re qui l offre Pour peu qu on ait l oreille un peu fine on en a une preuve a contrario dans ce que nous d voile la tonalit de ces autres formules que de temps autre toute m re prononcera il ne veut pas t ter il ne me laisse pas dormir il crie toujours Au del du contenu manifeste du ton de la voix qui nonce se d voile l interpr tation parfois consciente parfois inconsciente que s en forge la m re Il ne veut pas de mon amour il veut me faire souffrir je suis une mauvaise m re il ne peut vivre loin de moi Reste que dans la majorit des cas un nonc principe occupe l avant de la sc ne relationnelle de la m re et ne s estompe que de fa on temporaire pour donner place d autres qui le d mentent Cet nonc se formule en ces termes II demande l amour de sa m re dont il a besoin Ce sera cet nonc identifiant ou cette premi re d signation re
19. ngement de la place de l un des deux se r percutera dans sa saisie identifiante de celle qui occupe l autre place 4 Une nouvelle instance psychique va transformer et conjointement investir cette repr sentation relationnelle dans son propre repr sentant Nouvelle instance ou nouveau repr sentant de cette fonction psychique qui prend 3 sur 14 Conf rence in dite de P Aulagnier Le concept de potentialit psychotique Juin1986 quAtri me groupe Contributions in dites dor navant en charge la totalit des demandes adress es un destinataire ext rieur Je d finis Je ce repr sentant auto r f rent d une repr sentation relationnelle Avant de poursuivre mon analyse du Je et du processus identificatoire par lequel il se constitue et se pr serve je voudrais tr s bri vement souligner un seul des caract res diff rentiels qui s pare ce concept de celui du Moi tel que l a conceptualis FREUD et tel qu il a t repris par la majorit de ses successeurs Je ne vous proposerai pas un r sum de la th orie du Moi dans l uvre de FREUD r sum qui supposerait celui de la m tapsychologie dans sa totalit Je rappellerais simplement qu autant dans la premi re topique que dans la seconde topique le Moi chez FREUD a une autogen se interne ce sont des mol cules de la propre mati re psychique qui vont voluer pour constituer un nouveau syst me qui va s ajouter l organisation de l appareil psychique
20. ns un bon nombre de cas ce qui ne veut pas dire dans tous Quelle peut tre la r ponse du Je de l enfant cet abus de violence qui tente de faire obstacle tout changement surtout si on tient compte qu il n est au pouvoir d aucun Je de se soustraire aux modifications qui s inscriront dans son corps dans sa relation au monde dans son propre d codage de la r alit A moins que la mort s en m le on ne reste jamais un nourrisson on ne retrouve jamais cet tat pas plus qu on ne peut rester identiquement pareil l enfant qu on a t Mis dans une telle situation l enfant a trois r ponses la premi re fait partie de ce que j appelle l impr dictible la deuxi me aboutira la mise en place d une potentialit psychotique la troisi me comportera l closion d une psychose infantile Je laisse le soin aux sp cialistes ici pr sents de juger du r le qu y tient ventuellement ce type de conflits chez la m re J entends par impr dictible qu il n est au pouvoir d aucun analyste quelles que soient les connaissances qu il peut avoir ou ce qu il peut supposer de la probl matique parentale de conna tre d avance de quelle mani re l enfant peut ren gocier l effet de ses rencontres avec l autre quelles proth ses substitutives il est capable de trouver quelles reconstructions massives ou microscopiques il peut imposer aux messages que lui adresse le monde et gr ce cela y donner des r ponses inattendues Nous pouv
21. ons pr dire que l organisation du milieu psychique ambiant dans lequel vient prendre place l infans et dans lequel se d roulera l enfance va rendre beaucoup plus probable telle ou telle r ponse de sa part Nous ne pouvons pas heureusement avoir de certitude Venons en la potentialit psychotique ses tenants et aboutissants l esprit l interd pendance toujours l uvre entre probl matique relationnelle et probl matique identificatoire Dans L apprenti historien et le ma tre sorcier 51 j ai illustr le concept de potentialit en faisant appel l image d un puzzle et aux conditions n cessaires pour qu on puisse l assembler Je vais reprendre les m mes images mais un peu diff remment Comparons la construction continue de ce temps parl gr ce auquel nous gardons en m moire notre pass en tissant le fil rouge de notre permanence la construction d un puzzle construction qui se poursuivra et se modifiera tout au long de notre existence On peut alors s parer dans le dessin poursuivi par le constructeur une partie centrale assembl e au cours de l enfance et d autres parties qui viendront s y ajouter Trois caract res sp cifient les pi ces n cessaires la mise en place de la partie centrale construite par l enfant 1 La m re devra fournir les toutes premi res pi ces et avec elles une premi re esquisse du mode d emploi Les autres pi ces qui tr s vite viennent s y joindre 9 sur 14 Conf rence
22. ponsables de la mise en place d une potentialit psychotique Avant d aborder de front ce concept je voudrais insister sur une autre exigence laquelle nul sujet et donc nul analyste ne peut se soustraire d s que sa r flexion concerne l action de la psych sur le monde qu elle habite et investit et ses r actions face aux r ponses que lui apporte ce monde II n est pas au pouvoir de l analyste ni de ses constructions th oriques ni de sa d marche clinique de se rendre pensables les manifestations psychiques des plus originaires aux plus labor es autrement qu en terme de relations Cette exigence de notre pens e nous la retrouverons au point de d part et au point d arriv e de notre d marche th orique et clinique Au point de d part car nous verrons toujours dans le tableau qui nous est pr sent la manifestation de la relation du sujet l autre et au monde cette relation serait elle une relation de rupture ou fusionnelle Au point d arriv e car tout changement dans la composition du tableau 2 sur 14 Conf rence in dite de P Aulagnier Le concept de potentialit psychotique Juin1986 quAtri me groupe Contributions in dites suppose que nous ayons pu d couvrir ou reconstruire le r le et la fonction tenus par un v cu relationnel qui a pr c d de beaucoup le temps o nous rencontrons ce sujet Si cette exigence de notre pens e englobe nos hypoth ses tiologiques elle n y est pas r ductible D
23. psychotique Juin1986 quAtri me groupe Contributions in dites deux p les et en ignorant que c est d abord son repr sentant d un Je advenir qui occupe l autre Une fois ce Je advenu s op rera un m me double mouvement identifiant il s auto reconna t s auto pr sente dans et par cet identifi support de la demande de l autre et conjointement identifiera cet autre l objet de sa demande Le Je identifi est aussi et imm diatement un Je identifiant Dans une premi re phase du parcours identificatoire on ne peut pas s parer les deux parties de cette double assertion Je suis Elle est gt plus exactement Je suis en cette place parce que je La pose en cette autre et inversement Dans le registre identificatoire on constate toujours une compl mentarit qui est le reflet de celle propre au registre relationnel Mais alors que dans ce dernier elle va se pr server telle quelle j entends que dans toute relation fortement investie on ne peut pas s parer la place que le Je occupe de celle qu il fait occuper l autre de mani re totalement arbitraire ou en tenant compte de ce que cet autre nonce sur la place qu il occupe sur celle qu il accorde son partenaire dans le registre identificatoire Il faudra que le Je r ussisse au cours de l tape infantile de son parcours s assurer d un certain nombre de rep res fixes de points de certitude Faute de quoi tout jugement d existence le concernant resterait ind
24. qu Atri me groupe Contributions in dites LE CONCEPT DE POTENTIALIT PSYCHOTIQUE Conf rence in dite de Piera Aulagnier Cette conf rence a t prononc e la Facult des Lettres de Caen le 15 juin 1986 l occasion des V Rencontres R gionales de Psychanalyse de l Enfant Ces journ es qui ont une tr s grande audience r gionale ont d but es en 1981 l initiative de Bianca Lechevalier et de James Gammil tous deux membres de la S P P Ces rencontres de travail th orique et clinique ont t cr es dans un esprit d ouverture aux diff rents courants de la pens e psychanalytique contemporaine Elles ont t d s le d but plac es sous le signe du pluri r f rentiel et du pluri institutionnel Tous ceux qui avaient t pr sents ce week end de travail gardent un chaleureux souvenir de l intervention de Piera AULAGNIER la Facult et de la journ e de travail clinique qui a suivie au Moulin de Bully au bord de l Orne le lendemain Nous y avons travaill assis en rond sur les pelouses autour d elle sous un magnifique soleil normand Christine VOYENNE On a vu ces derni res ann es se d velopper et s approfondir tout un courant de recherches consacr es l autisme et aux manifestations les plus pr coces de la psychose L int r t qu elles ont suscit chez les analystes y compris ceux dont je suis qui ont fort peu de rapports directs avec la clinique infantile r pond sans aucun doute
25. que l occupant r el ou imaginaire de l autre p le lui reconna t le droit de l occuper l investit dans sa position de celui qui demande ce que cet autre lui offre le d signant de ce fait comme le destinataire de sa propre demande Il faut souligner ici double trait la relation d interd pendance qui va d s lors s instaurer entre deux Je et ne pas attribuer celui advenant chez l infans je ne sais quelle passivit quel statut d ali n vie Effectivement un premier identifi support de l investissement maternel va se faire support et aimant d un auto investissement parce que condition et pr suppos n cessaires pour la pr servation d un lien avec l objet m re Mais ce premier Je qui se constitue par l investissement et l appropriation d un trait du Je anticip va op rer en retour et imm diatement son action d identifiant l gard de cet objet investi La m re en induisant chez l infans l investissement d un de ses rep res identificatoires et d un de ses param tres relationnels s en d couvre dessaisie Elle r alise peu peu ou brusquement qu il ne sera plus en son pouvoir de d cider du sort de ce rep re des transformations qu il subira des buts auxquels 4 sur 14 Conf rence in dite de P Aulagnier Le concept de potentialit psychotique Juin1986 quAtri me groupe Contributions in dites le Je de l enfant l asservira du mouvement relationnel qu il suivra C est pourquoi tout Je investi compor
26. re des rencontres qui ont jalonn la vie de ce Je depuis son propre surgissement jusqu ce moment o il est venu occuper la place d un parent Avec ce premier identifi fait ainsi br che dans la psych l acc s la temporalit et s op re sa propre inscription dans une histoire libidinale dans laquelle on commencera par occuper une place privil gi e qui bien que modifi e vous sera g n ralement conc d e vie Bien que modifi e c est l que le b t blesse car le Je a commenc par croire que privil ge tait synonyme d exclusif qu il resterait seul objet de la demande du Je de l autre et cet autre un offrant qui n aurait et ne d sirait jamais d autres destinataires pour ses offres Il devra d chanter et pour supporter ce d senchantement r ussir diversifier et les objets de ses demandes et ceux auxquels il les adresse Avant de poursuivre je vais pr ciser l acception que prend dans ce travail le terme demande C est LACAN qui a introduit dans la terminologie analytique la trilogie besoin d sir demande pour diff rencier les objets buts qui devront en droit sp cifier ces trois registres Deux expressions que l on retrouvera dans son texte sur le transfert me reviennent en m moire demander le Sujet n a jamais fait que a et toute demande est demande d amour Deux assertions difficilement contestables condition d ajouter que toute demande d amour est une demande de reconnaissance de votre
27. re faut il que cette suite d auto portraits porte la m me signature Et comme ces auto portraits sont toujours offerts aux regards de quelques spectateurs privil gi s il faut de m me que ces derniers continuent reconna tre et investir le m me peintre malgr ce qui a chang dans lui m me comme mod le de ses toiles Cette m taphore nous ram ne la m re et la premi re condition n cessaire pour que le parcours identificatoire ne rencontre pas des obstacles qui p seront lourdement sur le devenir du Je Dans un texte qui va para tre fin Juin 86 j ai insist sur tout ce qu a de particulier cette premi re rencontre qui confronte la m re l incarnation de l enfant qu elle attendait Si la projection sur cet infans d un Je anticip est n cessaire pour qu elle l investisse d embl e comme celui qu elle attendait si cette m me anticipation identificatoire lui permet de d coder comme des messages connus et esp r s depuis bien longtemps des manifestations qui 7 sur 14 Conf rence in dite de P Aulagnier Le concept de potentialit psychotique Juin1986 quAtri me groupe Contributions in dites accompagnent des repr sentations pictographiques dont elle ne peut avoir connaissance ce m me Je anticip ne peut pas et surtout ne doit pas recouvrir annuler l cart pr sent entre sa repr sentation de l enfant attendu et cet enfant qui en est le r f rent sur la sc ne de la r alit Ecart qui la confronte
28. re un bon tri aurait pu compenser la d faillance du regard un regard moins angoiss aurait pu corriger les erreurs d impression La potentialit psychotique ne se caract rise pas par l impossibilit de mettre en forme un tableau de famille qui s offre aux regards du constructeur et des autres comme conforme aux mod les socio culturels ce qui supposerait une psychose manifeste mais par la confusion cach e dans la texture des personnages et par l dans une confusion tout aussi voil e des places respectivement occup es Confusion qui se r v lera chaque fois que le sujet assur de ses arri res croit pouvoir agrandir sa construction y ajouter des compositions o il occuperait une nouvelle place Il r alise alors que le contour du tableau de famille est tel qu il ne peut supporter que l ajout de pi ces sp ciales conformes ce 10 sur 14 Conf rence in dite de P Aulagnier Le concept de potentialit psychotique Juin1986 quAtri me groupe Contributions in dites contour et qui vont d s lors composer des tableaux qui reprennent l organisation du premier Il peut essayer de trouver des pi ces ad hoc ou renoncer enrichir son puzzle mais m me dans ce cas pour que la partie centrale se pr serve il faudra que personne ne fasse de mouvement relationnel brusque C est pourquoi le passage de la potentialit la forme manifeste de la psychose risque toujours de se produire lors de ce que je d finis comme effe
29. rer Dans notre discipline les g n ralisations sont toujours arbitraires N anmoins deux caract res se retrouvent tr s souvent chez ces sujets d s les entretiens pr liminaires la pr sence d un v nement v cu comme une catastrophe qui a t la cause d clenchante de leur venue chez nous Si parfois la catastrophe renvoie une mort une rupture un accident somatique ce qui nous fait tort juger leurs r actions proches de celles de la plupart des sujets on est le plus souvent frapp par le d calage pr sent entre l intensit et la qualit de leurs r actions psychiques et la banalit de l v nement qui l a produite une maladie b nigne une sc ne de m nage sans suite une critique dont on ne voit pas l impact Le deuxi me caract re concerne la sp cificit de leurs r ponses affectives travers ce qu il nous en est dit on a le sentiment que ce sujet a v cu une exp rience de panique Je vais illustrer ce que j entends par l par ce que m apprenait il y a bien peu de temps une jeune femme que j ai en analyse depuis environ quatre ans Elle est m decin et un soir apr s une journ e particuli rement difficile elle rentre chez elle un peu tard Au moment o elle met la clef dans la serrure elle r alise avec un sentiment de malaise qu elle a oubli d acheter le pain n cessaire pour le diner Une fois la porte ouverte ses trois enfants se pr cipitent sur elle le plus petit pr tendant qu il a mal
30. s du puzzle sur chacune d elles on retrouvera un l ment form de parties de couleurs qui appartiennent l ensemble des images qui viendront composer le tableau de famille Une fois l assemblage termin on peut avoir le sentiment que rien ne le distingue des autres Mais si on y regarde de plus pr s on constate que la particularit des traits inscrits sur les premi res pi ces fait qu il suffira qu une d elles se d bo te ou manque au moment o on en aurait besoin pour que des trous des vides apparaissent dans la repr sentation des personnages du tableau constructeur inclus Pour viter un tel danger il faudrait que rien ne change dans les investissements qui les relient entre eux Tout mouvement relationnel risque de faire clater en morceaux l assemblage identificatoire central qui soutenait les parties ajout es La position de fils face cette m re et ou ce p re ne peut se pr server en l absence de ce m me et seul p re de cette m me et seule m re de ce m me et seul fils condition bien entendu que les trois auto garantissent la conviction illusoire de la p rennit d une m me organisation relationnelle Faut il penser que les pi ces fournies par la m re taient mal fa onn es ou que l enfant souffre de troubles de la vision qui lui font percevoir un m lange de traits et de couleurs alors qu il n en est rien La r ponse importe peu et sans doute tient elle des deux une m re tr s soucieuse de fai
31. te un risque pour le Je de l autre quelle que soit la qualit positive de l investissement qui les lie Le rapport peut tre asym trique et c est le cas de la relation m re infans L interd pendance peut peser diff remment sur les deux p les relationnels elle ne sera pas annul e pour autant On peut refuser une demande se r cuser comme destinataire mais on ne pourrait pas tre si aucune demande ne vous tait adress e Ceci pour pr ciser dans quelles perspectives ontog n tiques terme mettre ici en guillemets je situe le Je il repr sente pourrais je dire cette petite partie qui se s pare de l espace d un Je pour se d poser sur un autre sol psychique et l voluer selon les l ments composant ce sol en fonction de l action exerc e sur lui par les cultures qui poussent sur ces autres terrains limitrophes Petite partie que dans un temps futur ce Je son tour d posera sur le sol d une autre psych et ainsi de suite moins que le sujet d cide de renoncer toute fonction parentale Il serait utile ici de voir quelle relation on peut poser entre cette petite partie s parable du Je et ce que j avais crit dans Les destins du plaisir 3 sur une petite partie s parable de la mort Ce sera par cette voie qui passe de Je Je que s op re une transmission qui n est pas l h ritage d un quelconque inn Ce petit bout que le Je parental d pose chez l infans porte la marque du temps de l histoi
32. ts de rencontre effet de rencontre avec un autre qu on investit avant d avoir pu r aliser que la place o il vous situe pour vous investir son tour est incompatible avec celle que vous pensiez occuper et que vous croyiez d finitive effet de rencontre avec la mort d un des personnages du tableau mais aussi avec un changement impr vu dans sa relation votre gard effet de rencontre avec une image de votre corps tout coup trang re celle qui vous tait famili re On assistera dans ce cas un vacillement de l difice identificatoire une disqualification des param tres relationnels Sauf man uvre d fensive imm diate le sujet risque fort de se retrouver du c t de la psychose d tre confront la confusion d un assemblage qui a suivi un mod le arbitraire Je terminerai ce travail par une notation clinique Il est difficile de saisir la pr sence d une potentialit psychotique tant qu elle n est pas mise en p ril Le sujet a bien trop peur de toute rencontre impr vue pour faire appel l analyste tant qu il n y est pas accul Avant ce moment il est possible qu un regard tr s averti constaterait chez ces sujets un trait particulier le prix qu ils sont pr ts payer pour viter toute situation conflictuelle vitement qui leur permet de pr server leur quilibre instable Quand ce dernier est mis en danger danger dont le sujet a souvent une intuition nous aurons l occasion de le rencont
33. ubstitue l angoisse L angoisse est un signal d alarme d clench dans l espoir d viter un danger la panique est la r action que provoque un accident impr vu qui est en train d avoir lieu L autre constatation qu autorise l analyse de ce type d exp rience est que au moment o ils la vivent ces sujets ne disposent plus de bouclier relationnel Le n vros une fois qu il peut en parler reliera ses sentiments d pressifs de culpabilit de rage ou d angoisse la crainte d tre rejet un d sir agressif qui le frappe l improviste un d sir qui le concerne et qu il s interdit d exprimer Le psychotique verra dans la catastrophe qu il subit la manifestation du pouvoir d un pers cuteur Dans le cas que nous analysons le sujet ressent et situe la source et le lieu du danger comme purement interne C est lui m me qui se sent envahi par un sentiment de dissolution en l absence de tout ennemi ext rieur auquel l imputer se trouvant par l priv de toute possibilit d y r agir projectivement par la fuite l agressivit le d lire De telles exp riences nous donnent voir et entendre les cons quences bien dangereuses d une s paration momentan e entre l espace relationnel et l espace identificatoire Le sol de ce dernier vacille d o la panique du sujet l id e qu il pourrait s effondrer Il s ensuivra ce moment d arr t d immobilit dans l espoir que les morceaux se recollent tr s vite Je voudra
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