KALALI Faouzia - SPIRALE Revue de recherches en éducation
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1. des l ves de 16 ans qui ont fait le choix d tudier la physique Ce sont donc de bons l ves qui ont accept d entrer dans le jeu conceptuel de la discipline La finalit de ces projets est d enseigner la physique comme une discipline de recherche en s appuyant sur des exp riences et des donn es r elles Ces projets ont chou tou cher l l ve moyen Initiation aux Sciences et techniques au coll ge IST Le projet curriculaire de la commission Lagarrigue 1971 1976 porte sur l Enseignement G n ral des Sciences Exp rimentales et des Techniques de la 6 aux terminales EGSET Par cette d signation la commission souhaite d abord tablir un enseignement de la physique d s la classe de 6 ou au moins d s la 4 inciter une relation troite entre physique et chimie d une part et sciences naturelles d au tre part pour d finir un enseignement int gr des sciences exp rimentales qui fasse contrepoids et compl te celui des math matiques On affirme galement le caract re exp rimental de la physique Mais c est encore une mani re de situer la physique par rapport aux math matiques dont l enseignement vient d tre r nov r forme des math matiques modernes Cependant un l ment nouveau appara t ici dans le discours l affirmation de la n cessit de respecter autant que possible les caract ris tiques pist mologiques de la discipline physique Les buts assign s2. Paris Hachette Inspection g n rale 2007 Mettre les l ves en activit au coll ge pour les former les valuer les orienter Rapport n 2007 031 Trouv A 2007 L l mentaire une notion d su te Examen de ses principaux enjeux Congr s AREF Paris CNAM 194
3. chez les h ritiers de Buffon Rappelons que Cuvier si ge au conseil de l universit instance responsable de la mise en uvre des plans d tudes et des programmes de sciences physiques et naturelles L emploi du terme de sciences naturelles qui reste cantonn au dictionnaire d s 1804 souligne la volont de mettre l honneur la va leur descriptive qui distingue ce corps de savoir des sciences d exp rimentation Le rapport de Cuvier en mettant l accent sur l observation minore le r le et l int r t scientifique de la physiologie exp rimentale Cela ne tarde pas avoir des inciden ces sur les programmes scolaires Ainsi concernant ce champ de connaissances on a deux visions de la disci pline qui s opposent une vision descriptive et une vision scientifique ou exp ri mentale C est la tradition descriptive qui l emporte dans l enseignement Celle ci met l honneur l observation La mise l cart de la composante exp rimentale va longtemps s parer ce corps de savoir de la physique et de la chimie toutes deux ex p rimentales En effet la situation des sciences naturelles est paradoxale Curieuse ment l oppos des sciences physique et chimique elles ont coexist tout au long de la premi re moiti du XIX si cle avec un enseignement des lettres dominant elles ont r ussi se maintenir dans les classes de grammaire et aussi dans la pre mi re ann e d humanit Il faut l expliq
4. l initiation aux sciences et techniques dans les classes de 4 et de 3 d coulent de l EGSET rapport Hulin 1971 D abord l tude d appa reils techniques simples susceptible de retenir l attention des l ves loupes ou mi croscopes simples pieds coulisse engrenages lampes lectriques Cet ensei gnement peu formalis met l accent sur la manipulation la conception et la r alisa tion de projets Ensuite l initiation porte sur la physique et la chimie en laissant une large part la description microscopique des structures et ph nom nes l mentaires C est l occasion de mettre en place une pratique exp rimentale une initiation la mesure et un entra nement la repr sentation graphique Enfin les deux aspects pr c dents doivent contribuer la ma trise d ensembles techniques plus complexes Ce sont finalement les sciences physiques qui vont tre implant es au coll ge d s la 6 partir de 1977 pour tre supprim es en 1991 en 6 et 5 Malgr la suppression de la commission en 1976 son influence sur les programmes scolaires va durer pen dant deux d cennies Pour l enseignement des sciences naturelles l innovation p dagogique mar qu e par la circulaire de 1968 va d clencher un mouvement de r novation g n ral qui va s tendre jusqu l cole l mentaire activit s d veil Les changements successifs des programmes qui l ont accompagn e classes de 5
5. 1969 3 et 4 7 Ces curriculums innovants que l on a test s dans les tablissements concernent aussi la chimie le projet Chemical Bond appoach et le Chemstudy la biologie Biological science Curriculum Study D autres projets s adressent des l ves de 16 18 ans Nuffield Advanced Physics ou de 11 16 ans Nuffield physics 8 On peut rattacher l chec de ces projets la physique qui repose sur le formalisme math matique que v hiculent ces programmes m me ceux qui tentent de l att nuer comme le Harvard Physics Project 191 F KALALI BO 1977 la classe de 2 BO 1987 mettent l accent sur l exp rimentation qui fait mieux conna tre les relations de l tre vivant et de son milieu Elle est une v ritable charte pour l enseignement des sciences naturelles au secondaire elle rompt avec la tradition d observation des sciences naturelles et introduit l tude des probl mes biologiques L aspect exp rimental privil gie l utilisation du mat riel un mat riel vivant Ce dernier va permettre de lier troitement morphologie et biologie En effet cette poque a vu des progr s consid rables du savoir biologique tous les niveaux d organisation de la mati re prolong s par la recherche de liens entre diff rents concepts emprunt s plusieurs sciences Cela donne lieu des ex plications des mises en relation des tudes de m canismes en appui sur des con naissances
6. acquises en physique chimie biochimie biologie cellulaire etc ET ACTUELLEMENT Au coll ge l volution des disciplines surtout la biologie a boulevers les curriculums qui ont int gr les aspects sociaux et thiques De nouvelles rencontres entre les disciplines exp rimentales deviennent alors n cessaires La fonction cultu relle de partage des savoirs scientifiques l emporte Cette nouvelle tendance est af firm e actuellement par les th mes de convergence pr vus par les programmes de 2005 Leurs contenus nergie environnement et d veloppement durable m t oro logie et climatologie importance du mode de pens e statistique dans le regard scientifique sur le monde sant et s curit montrent la dialectique recherch e des connaissances scientifiques et des retomb es sociales Quant au lyc e il appara t depuis les ann es quatre vingt dix comme un lieu de d termination ouvrant la voie l enseignement sup rieur Il faut remonter au mouvement g n ral de r novation p dagogique de ces ann es L enjeu majeur tant le remodelage de la voie scientifique contre la dominance des math matiques Le caract re exp rimental est de nouveau avanc pour souligner la sp cificit de la physique rapport Berg 1989 cit par Duverney 2006 On trouvera dans les rap ports du conseil national des programmes 1991 1992 le d tail des propositions concernant la voie scientifique et l enseignement des sciences e
7. derni re perspective n est pas suffisante pour permettre aux futurs citoyens de participer activement notre soci t qui est en constante mutation et aux processus d cisionnels d mocratiques Il nous semble que la pens e exp ri mentale ajout e la ma trise de certaines connaissances de base restent n cessaires au d veloppement de l esprit critique requis pour appr hender les enjeux thiques et sociaux li s aux progr s scientifiques et techniques Faouzia KALALI UMR STEF INRP ENS Cachan 193 F KALALI Abstract It is about a debate which crossed all the history of teaching of sciences emerging to each reform This debate joins together the various tendencies and corresponds to various stakes arts persons against scientists anciens against modern partisans of utility education against those which defend a not involved education Fault of being able to seize all the details of such a vast subject we will be based on an aspect but an aspect which appears essential to us the experimental character If there is consensus on this dimension of the scientific teaching which will serve the reformers to modify the study plans the contents of teaching and their methods the decisions curriculaires differ according to the physical chemical or biological disciplines and show a process of disciplinarisation and recombin ing of the field which calls today sciences exp rimentales Keywords Sci
8. la composante exp rimentale est reconnue leur structure reste clat e lois th ories applications Ainsi les disciplines scientifiques scolaires ont du mal s imposer dans le secondaire alors que la chimie et la physiologie connaissent des volutions et des bouleversements sur le plan scientifique depuis la fin du XVIII si cle Pour contourner cette dominance des classiques des formes d enseignement interm diaires se d veloppent et drainent un large public l ves venant de classes sociales et d horizons diff rents elles met tent l accent sur les aspects pratiques et utilitaires UNE AUTONOMIE SOUS LE CHAPEAU DE LA SP CIALIT A l issue de la classe de 4 se d veloppe un enseignement sp cial des scien ces 1840 La dur e de cet enseignement ne d passe pas les trois ann es et permet de pr parer les jeunes aux diff rents m tiers commerciaux et industriels en mettant l accent sur les applications pratiques et les langues vivantes le latin tant supprim A cette p riode coexistent donc deux enseignements classique latin avec peu de sciences sp cial sans latin avec beaucoup de sciences La r forme de la bifurcation en 1852 va r introduire les sciences dans les plans d tudes des tablissements classiques d s la 3 Du c t du pouvoir politique voici les intentions des r formateurs travers les propos de Fortoul dans son rap port D un c t les sciences leur ouvrent le
9. la mesure aux repr sentations graphiques la m thode ex p rimentale comme outil de raisonnement Les disciplines chimie physique sciences naturelles se constituent au lyc e comme un champ disciplinaire autonome qui repose sur l exercice de la m thode exp rimentale Mais sur le terrain un nouveau dogmatisme appara t Aux nonc s des lois la culture intellectuelle humaniste substitue le dogmatisme de l objectivit du fait observ L exp rience elle m me pose probl me Elle est plus illustrative et descriptive qu explicative L utilisation des divers instruments et l accent mis sur la mesure la cantonnent dans un r le purement d monstratif Pour r sumer la situation des disciplines scientifiques a beaucoup volu du rant ce d but du si cle On assiste au lyc e l organisation d un champ disciplinaire autonome sur la base de la promotion de la m thode exp rimentale Cette derni re gr ce sa valeur ducative que lui reconnaissent les classiques sert distinguer l enseignement des sciences de celui des math matiques l enseignement du premier cycle par rapport celui du lyc e l enseignement des litt raires par rapport celui des scientifiques Elle sert donc caract riser ce qui deviendra plus tard l enseigne ment des disciplines scientifiques exp rimentales L ENSEIGNEMENT G N RAL DES SCIENCES EXP RIMENTALES ET DES TECHNIQUES EGSET R FORME LAGARRIGUE 1971 tat de
10. les caract res empiriques qui distinguent les min raux des tres vivants animaux et v g taux et tablissent ainsi le r le descriptif de leur discipline Cette reconnaissance s accompagne de la cr ation dans ces m mes coles centrales d une chaire de physique et de chimie exp rimentales et d une chaire d histoire na 184 ENSEIGNEMENT DES SCIENCES CULTUREL VS UTILITAIRE turelle Elle s accompagne galement sur le plan p dagogique de la cr ation de la bos de chimie et de cabinets de physique Des cabinets de sciences naturelles ont t aussi signal s dans les plans d tudes des coles centrales qui vont dispara tre en 1821 Mais l pisode des coles centrales fut tr s bref cause de l abandon du la tin et des quelques probl mes que posaient les cours de physique de chimie d histoire naturelle coexistence de deux vis es diff rentes g n rale encyclop di que ou professionnelle de diff rents publics inscrits r guliers auditeurs libres Ainsi le d tour par des enseignements interm diaires vis e utilitaire pour relancer l int r t pour les sciences ne tarde pas cr er un mouvement de balancier qui va durer toute la premi re moiti du XIX si cle entre les classes de grammaire et les classes des humanit s entre des vis es pratiques et des vis es culturelles entre des contenus concrets et des contenus mettant l accent sur les fondamentaux D s le d but la co
11. ENCES FACE LA CULTURE CLASSIQUE Enseign es en classe de philosophie les sciences essentiellement la physi que ne repr sentaient pas une culture scientifique sp cifique Cependant la tradi tion pr paratoire amorc e pour les math matiques dans les coll ges de l ancien r gime et pour les sciences physiques et chimiques lors de l pisode des coles Centrales en 1794 va donner de l int r t aux sciences Ainsi la rupture avec le la tin l accent mis sur l aspect exp rimental car il permet les applications et les exp riences de d monstration la participation de ces enseignements scientifiques aux examens et aux concours des coles sp ciales polytechnique Saint Cyr l cole foresti re l cole navale vont permettre progressivement vers la premi re moiti du XIX si cle une certaine autonomie de ces enseignements par l tablissement de programmes officiels d horaires d enseignement et la formation d un corps sp cia lis d enseignants de sciences En s inspirant du plan Condorcet les diff rentes sciences sont introduites dans les plans d tudes des coles centrales les sciences physiques sont associ es pour la premi re fois la chimie sur la base de leur composante exp rimentale sous l influence des travaux de Newton qui commence d s le milieu du XVII si cle et des travaux de Lavoisier Pour l histoire naturelle les naturalistes tablissent moins d un si cle plus tard
12. Faouzia KALALI L ENSEIGNEMENT DES SCIENCES EXP RIMENTALES OU LE D BAT R CURRENT DU CULTUREL VERSUS UTILITAIRE QUELS PROBL MES R sum Il s agit d un d bat qui a surgi chaque r forme traversant ainsi toute l histoire de l enseignement des sciences Ce d bat r unit les diff rentes tendances et corres pond diff rents enjeux litt raires contre scientifiques anciens contre modernes partisans de l ducation utilitaire contre ceux qui d fendent une ducation d sint ress e Faute de pou voir saisir tous les d tails d un sujet aussi vaste nous allons nous appuyer sur un aspect mais un aspect qui nous para t essentiel celui du caract re exp rimental S il y a consensus sur cette dimension de l enseignement scientifique qui va tre utilis par les r formateurs pour modifier les plans d tudes les contenus d enseignement et leurs m thodes les d cisions cur riculaires diff rent selon les disciplines physique chimique ou biologique et montrent un processus de disciplinarisation et de composition recomposition du champ que l on ap pelle aujourd hui sciences exp rimentales Mots cl s Sciences exp rimentales enseignement scientifique exp rimental cultu rel utilitaire ducation scientifique et technique disciplinarisation INTRODUCTION Les sciences exp rimentales repr sentent actuellement un champ qui couvre les disciplines suivantes physique chimie bio
13. a premi re est descriptive proc de par accumulation et description faute de d ductions et d universalit elle est historique Ainsi on voit bien que l appellation sciences naturelles n est que transitoire dans l histoire de ce champ de connaissance Elle ne repr sente pas une v ritable rupture pist mologique par rapport l histoire naturelle de laquelle elle garde la m thode d observation et de description 186 ENSEIGNEMENT DES SCIENCES CULTUREL VS UTILITAIRE l aspect th orique Dans les plans d tudes de 1819 ou de 1826 les deux appro ches exp rimentale et th orique de la physique sont enseign es s par ment et des niveaux diff rents La structure de la discipline est ainsi clat e En fin de compte l enseignement des sciences dans les tablissements clas siques met l accent sur les figures scientifiques en accord avec l id al classique Les d couvertes et les savoirs trait s l mentaires sont pr sent s comme un h ri tage culturel que les l ves doivent s approprier par assimilation imitation Pour r sumer durant la premi re moiti du XIX si cle les sciences exp ri mentales sont des disciplines clat es La physique est associ e la chimie sur la base de leur composante exp rimentale tablie sur le plan scientifique Newton La voisier les sciences naturelles sont institu es par Cuvier comme une discipline d observation et de description Quand
14. blissements la formation des personnels enseignants sp cialistes Aucune mesure n est prise concernant les mati res scientifiques Belhoste 1990 Mais si les r formes pr c dentes bifurcation Duruy ont t conduites par les industrialistes la r forme de 1902 mane des scientifiques et des universitaires qui vont mettre l accent sur les m thodes La commission de r vision des program mes est nomm e par le ministre Leygues 1901 Elle compte 18 membres venus essentiellement du sup rieur et comprend trois sous commissions math matiques sciences physiques et sciences naturelles La commission va tablir les nouveaux programmes en 1902 Des r am nagements successifs auront lieu en 1909 et 1912 ici ce sont les rapports de l inspection g n rale qui sont consult s La commission critique plus les m thodes p dagogiques que les programmes et les contenus propo s s sont loin d tre r volutionnaires Belhoste 1990 On d nonce g n ralement le verbalisme le dogmatisme le verbiage qui sont la forme scolaire dominante On pr ne la m thode inductive La m thode exp rimentale appara t beaucoup d gards une m thode formatrice de l intelligence lib ratrice de l esprit et pr pa rant la vie r elle Ici le caract re exp rimental sert d arbitrage p dagogique pour garantir l identit de ces disciplines par rapport aux math matiques abstraites Les d bats sur les m thodes vont conduire
15. concilier une logique d unification garante d une culture commune et une logique de sp cialisation progressive devant mener les l ves vers les fili res scientifiques de l enseignement sup rieur Cette situation n est pas sans poser des probl mes didactiques et curriculaires Comment concilier la logique disciplinaire celle qui met l accent sur les bases unificatrices d une cul ture commune Autrement dit faut il mettre l accent sur des fondamentaux dont la pleine signification conceptuelle appara tra dans les classes sup rieures ou faut il jouer sur une signification plus fonctionnelle Le but de cet article est d analyser les rapports des disciplines constituantes de ce champ les unes par rapport aux autres travers des dates charni res les justi fications donn es l ducation scientifique exp rimentale pour analyser les d ci sions curriculaires qui ont t prises les volutions sur les plans pist mologique et scientifique qu elles ont connues Nous allons nous appuyer sur un corpus de textes officiels et sur quelques rapports de personnalit s scientifiques et politiques qui leur servent de r f rence Par le d tail des plans d tudes des programmes de leurs mo difications et abrogations les textes officiels nous sont utiles pour faire une lecture r trospective de ce qui a permis l mergence de ces disciplines et clairer les re compositions n cessaires aujourd hui LES SCI
16. ences exp rimentales scientific teaching experimental cultural utili ty scientific and technical education disciplinarisation Bibliographie Belhoste B 1990 L enseignement secondaire fran ais et les sciences au d but du XX si cle La r forme de 1902 des plans d tudes et des program mes Revue d Histoire des Sciences 43 4 371 400 Belhoste B 1995 Les sciences dans l enseignement secondaire fran ais Textes officiels Tome 1 1789 1914 INRP Economica Drouin J M 2000 Un espace aussi vaste que fertile les sciences naturelles dans le rapport de Cuvier Annales Historiques de la R volution Fran aise 2 21 31 CNP 1991 Les sciences exp rimentales dans l enseignement g n ral Rapport du conseil national des programmes Domenach J M 1989 Ce qu il faut enseigner Paris Le Seuil Duverney D 2006 Les sp cialit s au bac S une approche historique Ga zette des Math matiques 110 65 78 Gayon J 1993 La biologie entre loi et histoire gt Philosophie 38 30 57 Hulin M 1992 Le mirage et la n cessit pour une red finition de la formation scientifique de base Paris Presses de PENS et Palais de la d cou verte Martinand J L 1994 Enseignement des sciences ou ducation scientifique quels programmes pour les sciences exp rimentales in C De monque coord Qu est ce qu un programme d enseignement 109 120
17. la mise en place de diff rentes conf rences p dagogiques entre 1904 pour les math matiques et la physique et 1905 pour les sciences naturelles et la g ographie Les curriculums de sciences seront modifi s pour le second cycle ceux du premier cycle garderont les anciens programmes Une hi rarchisation existe encore entre les sciences physiques et naturelles Au coll ge ces derni res restent s par es des sciences physiques et chimiques Elles continueront comme les sciences physi ques dans une moindre chelle avoir le statut d un enseignement qui ne pr tend pas la formation g n rale et intellectuelle des l ves Dans les niveaux sup rieurs les sciences naturelles permettent comme les sciences physiques la formation de l esprit par l exercice de la m thode exp rimen tale Mais si les m mes programmes de sciences naturelles sont dispens s dans tou tes les sections les sciences physiques associ es aux math matiques sont plus do 189 F KALALI minantes dans les sections et D Les deux disciplines n ont pas le m me statut dans la culture scientifique scolaire N anmoins il faut retenir qu au lyc e l ensei gnement des sciences va voluer en une structure int gr e des l ments th oriques et pour la premi re fois des exercices pratiques sont propos s aux l ves 6 s ances de 2 heures Anc tre de nos travaux pratiques actuels les exercices pratiques pro posent une initiation
18. logie g ologie et parfois la techno logie Elles concernent de l cole au lyc e m me si les d nominations diff rent se lon les degr s et les cycles la formation g n rale ces disciplines Si leurs contenus sont bien identifi s dans les programmes leurs vis es ne sont pas toujours claires notamment l cole et au coll ge ce qui montre que ces disciplines sont toujours en mouvement ou en recomposition enseignement int gr des sciences au coll ge th mes de convergence socle commun des connaissances et des comp tences Le contexte europ en et international notamment les orientations de la for mation tout au long de la vie et faute d une d finition claire de ce que recouvrent les vis es utilitaire et culturelle les discours actuels sur l ducation scientifique et technologique n h sitent pas mobiliser ou emprunter ce qui a fait le succ s de l enseignement sp cial de la tradition pr paratoire des humanit s scientifique et classique Or les enjeux sont diff rents Vise t on une ducation scientifique et technique pour tous formation de futurs citoyens ou une formation de futurs scien SPIRALE Revue de Recherches en ducation 2008 N 42 183 194 F KALALI tifiques et de sp cialistes Les enseignements scientifiques devenant une partie in t grante de la culture scolaire se sont transform s leur tour en disciplines s lecti ves et tr s hi rarchis es Ils devront
19. mposante exp rimentale joue donc en plus de son r le utilitaire un r le culturel car elle va sp cifier la fonction et la place de ces disciplines ou ses enseignements par rapport aux lettres classiques Mais la domination de la culture classique va marginaliser les sciences Quelles en sont les composantes Quand les sciences sont enseign es au coll ge et au lyc e de la 3 la classe de philosophie dans les plans d tudes de 1809 1814 et 1819 puis l exception des sciences naturelles partir de 1821 dans les classes de philosophie et de math matiques leur marginalisation se fait par minimisation de la composante exp rimentale On s pare les faits dans leur exposition des exp rimentations ou on met l accent sur les fondamentaux les l ments au d tri ment des applications L id al classique impr gne donc la philosophie de l ensei gnement scientifique Dans les plans d tude de 1821 et de 1840 on rep re l influ ence de l ancien r gime Les sciences sont marginalis es en tant rel gu es vers les classes en fin de cursus Dans ces niveaux les enseignements scientifiques n ont de sp cificit culturelle que celle qu impose l id al classique M me quand leurs sta tuts sont bien affich s exp rimentation pour la physique et la chimie observation pour l histoire naturelle leurs objets sont loin d tre fix s Les contours des diff rents enseignements scientifiques
20. n et l pisode de l enseignement sp cial Par exemple les sciences naturelles sont de nouveau mises l avant dans les classes de grammaire et de philosophie On assiste au retour la valeur duca tive des sciences D sormais la m thode exp rimentale devient un enjeu majeur dans la formation de l esprit Il s agit de revenir des valeurs communes unificatri ces de ces enseignements classique moderne physique chimie biologie Le pro cessus de disciplinarisation amorc lors de l pisode des coles centrales se renforce autour de la pens e exp rimentale qui conf re leur identit ces disciplines L en seignement sp cial va ainsi voluer en 1891 en un enseignement moderne qui se rapproche de l enseignement classique Belhoste 1996 Hulin 2000 Cependant la diversification de l enseignement scientifique sp cial port e par les deux finalit s de formation de l esprit et de formation de praticiens et qui repose sur le m me ar gument du caract re exp rimental va constituer un obstacle sa promotion La part g n rale des sciences va sensiblement diminuer dans l enseignement secondaire du rant toute cette p riode La distinction entre les deux vis es l gitime une gradation et une certaine hi rarchisation entre les disciplines scientifiques physique et chimie d une part sciences naturelles d autre part LES HUMANIT S SCIENTIFIQUES 1902 Les sciences sont reconnues dans leur valeu
21. ne sont pas toujours clairs La physique est sou vent associ e aux math matiques science de calcul la chimie est consid r e comme une branche de la physique l histoire naturelle est consid r e comme com prise dans la physique par exemple la g ologie ou dans la chimie animale et v g tale D ailleurs dans le rapport Cuvier publi en 1810 la d signation de scien ces naturelles regroupe toutes les disciplines qui ne rentrent pas dans le champ des sciences math matiques ou dans celui des sciences morales D s lors les sciences naturelles sont appel es parfois les sciences physiques Elles in cluent la chimie avec l tude de la chaleur la lumi re et l lectricit ainsi que On peut se r f rer la communication de Trouv 2007 qui retrace l histoire de la notion d l mentaire dans le vocabulaire philosophique et scientifique pour clairer l enseignement des l ments dans la culture classique et moderne 185 F KALALI l histoire naturelle C est cette derni re qui se r serve l tude du vivant et repr sentera longtemps le libell des programmes de ce champ de connaissances Mais Cuvier a un autre projet pour l histoire naturelle Corsi cit par Drouin 2006 souligne que parler de sciences naturelles chez Cuvier marque la volont de se d marquer de l histoire naturelle qualifi e de sp culative et de narrative
22. otre introduc tion vont dans ce sens Vis es culturelles Nouvelles perspectives des sciences exp rimentales pour les sciences exp rimentales Sp cificit des savoirs universalit des Partage des savoirs savoirs Ma trise des savoirs et des comp tences Gestion des savoirs scientifiques et techniques Comp tences sociales Savoirs fondamentaux Cl s de lecture mode d emploi des savoirs Essence C ur des disciplines Contextes des disciplines thique social politique Tableau 1 Nouvelles perspectives pour les sciences exp rimentales d apr s la nouvelle loi d orientation CONCLUSION Ainsi par notre titre nous avons voulu montrer que le d bat qui a accompa gn la mise en place des disciplines exp rimentales est un d bat r current Le carac t re exp rimental sert d argument pour justifier toutes les r formes depuis le XIX si cle En outre il n est plus situer dans l opposition sp cialit humanit il ne vise pas les deux figures qu opposent Domenach 1989 l homme cultiv capa ble d appr hender les connaissances essentielles le sp cialiste qui s enferme dans un savoir unique mais il se situe aujourd hui plut t dans la distinction entre une culture humaniste g n rale unificatrice l oeuvre jusqu pr sent et une nouvelle culture de partage des savoirs bas e sur les divergences d opinions de contextes Cependant cette
23. r instructive et culturelle Cette L enseignement est partag en deux cycles un premier cycle avec deux divisions une moderne B et une classique A un second cycle avec trois sections classiques A B C et une section moderne D 188 ENSEIGNEMENT DES SCIENCES CULTUREL VS UTILITAIRE vis e instructive est en accord avec le nouveau statut des sciences dans la culture scolaire Les sciences ne sont plus des mati res d examen et de concours elles de viennent des outils d une culture g n rale de base N anmoins elles continueront au premier cycle remplir une fonction de sp cialit non g n rale La division A de meure une pr paration au second cycle la division B dispense un enseignement scientifique suffisant qui permet aux l ves qui quittent le lyc e la fin de la 3 de pr tendre aux m tiers du commerce ou de l industrie En somme l enseignement reste concret et simple au premier cycle pour les sciences naturelles et m me physi ques Belhoste 1990 Le caract re concret et pratique reste avanc pour distinguer ces sciences des math matiques trop d ductives L intention est d adapter cet enseignement aux r alit s modernes sans renier les valeurs de la culture classique La commission Ribot fait des propositions qui concernent les plans d tudes all gement des horaires r duction de la dur e des cours d une heure r duction des tudes classiques la gestion des ta
24. s lieux sur l enseignement scientifique contexte international La v tust des programmes et la d saffection vis vis des fili res scientifi ques est en fait un sentiment g n ral prouv pour toutes les sciences D s les an n es 1950 l obsolescence des programmes de l enseignement secondaire est visible dans le d calage avec le savoir savant le savoir universitaire L volution de la science et des techniques montre les limites des programmes de sciences qui sont enseign s jusqu alors dans les lyc es et les coll ges La r flexion sur l enseignement des sciences devient une priorit internationale principalement la physique mais aussi la chimie et la biologie visible d s les ann es 1955 et peut tre retrac e tra vers des articles et des recueils Unesco OCDE Dans l enseignement secondaire diff rents programmes et projets de curri culum ont tent de r aliser les ajustements n cessaires dus l avanc e de la science et la rapidit du progr s technologique Pour ne citer que ceux qui ont influenc directement les travaux de la commission Lagarrigue les projets PSSC Physical Science Study Committee et HPP Harvard Project Physics visent des l ves de 16 ans et tentent de rapprocher autant que possible l activit de l l ve de celle du phy 190 ENSEIGNEMENT DES SCIENCES CULTUREL VS UTILITAIRE sicien On peut n anmoins signaler que la majorit de ces projets s adressent
25. uer par la vertu descriptive de la discipline qui correspond l id al classique notions l mentaires th odic e dimension phi losophique et la m fiance vis vis de la dimension exp rimentale N ayant pas de vis e explicative les sciences naturelles dans les classes de grammaire restent s par es des autres disciplines physique et chimique Mais cet enseignement aura du mal trouver un public attentif L introduction dans les plans d tudes de 1830 de la physiologie humaine dans les classes de 4 et de 3 sera de courte dur e Le basculement des sciences naturelles plus descriptives dans les plans d tudes de 1833 dans les classes de 6 et de 5 va conduire l abrogation des pro grammes de physiologie Ainsi la tentative d introduire de sciences naturelles expli catives au niveau des classes inf rieures a chou Ces contenus seront propos s dans les classes de philosophie dans les plans d tudes de 1840 La situation des sciences physique et chimique n est pas bonne non plus Si l aspect exp rimental est reconnu il est s par et rel gu au second plan par rapport 2 Plus r cemment Gayon 1993 distingue l histoire naturelle de la biologie La seconde d tr ne la premi re au d but du 19e si cle le point de rep re tant l emploi du terme de biologie en 1802 par Treviranus et Lamarck La seconde est analytique et proc de par g n ralisation elle est explicative l
26. uhaite contenir dans des curriculums tous les enseignements ca ract re la fois scientifique et utilitaire pour assurer une puret aux tudes classi ques Si la dimension culturelle des sciences a du mal s imposer la dimension de sp cialit couvre diff rents niveaux une sp cialit au sens professionnel com merce industrie qui s adresse des l ves sortant de la 4 une sp cialit pour les futurs m decins qui survient vers la classe de baccalaur at une sp cialit en termes de pr paration aux grandes coles qui survient vers les classes de 3 et de 2 Le texte de Dumas Belhoste 1995 texte officiel 45 rapporteur de la commission charg e des programmes souligne les buts assign s d sormais l enseignement des sciences utilit et retomb es pratiques et stigmatise l exercice de la d duction La r forme de la bifurcation choue cause de l impossibilit de viser toutes les sp cialit s pr c dentes dans un m me cursus Elle soul ve diff rents probl mes pri marisation de l enseignement scientifique sp cialisation pr coce nivellement de l enseignement par le bas La nouvelle r forme Duruy 1864 annule la bifurcation Elle reconstitue l enseignement secondaire classique et instaure un second enseignement secondaire scientifique sp cial destin au peuple Les nouveaux plans d tudes int grent les en seignements scientifiques pr c dant la bifurcatio
27. vaste champ des applications prati ques Elles dirigeront sp cialement vers le but utile des soci t s l intelligence de la jeunesse elles la pr pareront non seulement aux professions savantes qui font lor gueil de l esprit mais encore l administration au commerce l industrie qui 3 L approche de la physique est exp rimentale dans les classes de rh torique dans les plans d tudes de 1819 et elle th orique en classe de philosophie Dans les plans d tudes de 1826 l expos des faits survient en premi re ann e de philosophie et l approche exp rimentale plus tard en deuxi me ann e de philosophie 4 Par sp cialit nous d signons cet enseignement scientifique d velopp en marge de l enseigne ment classique et tourn vers les applications l utilitaire en r action contre la culture classique tax e de culture g n rale 5 Elle distingue partir de la classe de 3 deux sections en parall le l une litt raire l autre scienti fique quivalentes par la dur e et la sanction des tudes le baccalaur at s sciences devenant alors ind pendant du baccalaur at s lettres 187 F KALALI sont les formes les plus essentielles de l activit moderne De l autre c t les tudes classiques de nos lyc es seront raviv es par la s paration m me des l ments h t rog nes qui en alt rent la puret Belhoste 1995 texte officiel 44 254 Fortoul so
28. xp rimentales A cette logique institutionnelle s ajoute des consid rations d ordre didacti que Des recherches Martinand 1994 ont tabli que le recours l exp rience n est pas un donn Il repose sur un ensemble de r f rents qui doivent tre construits et structur s par l apprentissage Le qualificatif exp rimental permet ainsi de d fi nir deux registres compl mentaires mais autonomes le registre de la familiarisation pratique avec des objets des ph nom nes des processus des proc d s des r les sociotechniques de l activit scientifique et technique le registre des laborations de concepts de mod les ou de th ories Voir le rapport d inspection des SVT de 2006 qui revient sur cette p riode de l enseignement des sciences naturelles 192 ENSEIGNEMENT DES SCIENCES CULTUREL VS UTILITAIRE Cela nous autorise dire que l aspect exp rimental est un l ment int grateur de la culture scientifique Ce qui constitue l unit de ces disciplines est ce lien dia lectique entre construction de savoirs et familiarisation avec des objets scientifiques et techniques observation description construction exp rimentation manipula tion Actuellement les discours privil gient la culture de partage des savoirs sur celle de leur ma trise car cela permet l cole de remplir son r le de socialisation Les nouvelles reconfigurations de ces disciplines annonc es dans n
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