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résumé de la communication - Tech-CICO

1. faire parler les individus propos de quelque chose qu ils ne font pas et de les faire s exprimer sur les raisons pour lesquelles il ne le font pas Lenhart et al 2003 mais de demander une personne de se projeter dans un univers qu elle n a pas exp riment mais pour lequel elle a n anmoins labor un imaginaire Souvent les mani res d appr hender les non usagers restent construites sur les mod les d appr hension des usagers En effet elles supposent au pr alable une connaissance par les personnes interview es des objets techniques ou des services Ce qui peut tre le cas car aujourd hui la plupart des individus m me les plus loign es ont t expos s la communication faite autour d internet et de ses usages que ce soit travers les m dias ou au cours d interactions avec leurs proches Mais cette posture permet difficilement de toucher les personnes qui n en ont pas fait l exp rience En outre elles postulent que les non usagers d veloppent des exp riences et des syst mes de repr sentation sym triques aux usagers Nous avons retrouv ce questionnement dans les travaux men s sur des cat gories pr cises de personnes fragilis es Par exemple dans son tude sur les personnes en errance Marianne Trainoir d crit la place des technologies num riques dans les interactions que les personnes qui les d tiennent entretiennent avec ce qu elle appelle emprunt Djamila Zeneidi Henry la
2. num rique au sens de Goffman est une d finition officielle de la singularit de chacun l tat civil est l exemple le plus connu l identit g n rique permet aux autres de classer la personne comme membre d un groupe d une cat gorie d une communaut ethnique ou religieuse par exemple L identit pr dicative de soi revendiqu e par un individu est l expression de l identit singuli re de la personne d termin e avec son histoire v cue individuelle Dubar 2010 Cependant c est dans l action et dans l interaction avec autrui impliquant un sens une justification ou un besoin qu un individu est identifi amen endosser ou rejeter les identifications qu il re oit des autres individus ou des institutions et interpr ter des actes d appartenance L acte d appartenance est li l incorporation de l identit par les individus eux m mes et s analyse dans les trajectoires sociales par et dans lesquelles les individus construisent des identit s pour soi Dubar 2010 En r alit ce sont des biographies personnelles o s entrem lent les attentes les d sirs les projets mais aussi les h ritages et les repr sentations que les individus ont d eux m mes N anmoins ils les prouvent en les confrontant et en les conformant aux cat gories qu ils consid rent comme l gitimes ou qui sont consid r es comme telles par le s groupe s au x quel s ils r f
3. inscrire et s identifier aupr s de la plate forme choisie qui fixera les r gles et les normes de son entr e ou de son rejet Elles ont donc mis en place des proc dures et des fonctionnalit s en vue de recueillir les informations n cessaires l accomplissement de leurs missions C est pourquoi l tape de l identification s ins re dans une transaction objective au cours de laquelle l individu doit r pondre aux questions de la plate forme pour laborer un profil qui lui permettra d acc der au service qu il recherche Les informations recueillies sont principalement les donn es caract re personnel utiles lors de l inscription et les renseignements qui permettront l individu d obtenir les services qu il recherche Dans les actes d inscription nous retrouvons les cat gories de l identit pour autrui puisqu il y a la fois des informations qui correspondent celles de l identit num rique la date de naissance au num ro de s curit sociale ou de dossier d livr par l organisme sollicit s est ajout l adresse de courriel et des informations qui sont en rapport avec l identit g n rique comme l ge le genre ou la profession Dans ce processus d inscription les plates formes ont r investi les cat gories et les statuts pr sents dans la soci t tout en leur donnant le sens n cessaire au projet organisationnel et relationnel Il semble m me que les
4. Proulx et Millerand que la capacit laborer des contenus particuliers et la comp tence communiquer dans les environnements num riques ne sauraient se passer d un travail proprement politique de mise en visibilit de reconnaissance et de l gitimation Proulx et Millerand 2010 C est pourquoi la r f rence une communaut un groupe ou une activit constitue une mani re pour les individus de manier l information qu ils mettent propos d eux m mes et l ventualit d tre vu avec certaines personnes Ils revendiquent ainsi une forme d identit sentie ou vis e expression de la mani re dont ils souhaitent d finir leur identit conform ment leurs exp riences sociales Goffman 1975 Sur Facebook par exemple il sera important d avoir beaucoup d amis ou d avoir certains amis qui qualifient la cat gorie laquelle on se r f re A ce titre la question de la reconnaissance des comp tences est au c ur du questionnement de l engagement des individus dans les communaut s de pratiques telles que les communaut s du libre ou la production de contenu encyclop dique D une part la constitution d une communaut de pratique s adosse des changes autour de savoir faire d astuces d outils et d exp riences li s l exercice d une profession ou d une expertise technique C est pourquoi l adh sion une communaut de pratique est motiv e par la rech
5. analyse des non usages tait la question des rapports au sein de la famille et des sociabilit s de proximit familiale amicale voisinage En effet nous avons constat qu un quart des non usagers tait en fait des non Jusagers par procuration puisqu ils avaient fait appel un proche de leur entourage pour effectuer des t ches informatiques ou num riques comme r diger un CV envoyer un courriel faire une d claration de revenus ou des recherches D autres taient capables de d crire pr cis ment une proc dure de t l chargement ou d envoi de courriel sans avoir jamais touch un ordinateur L entourage tait donc identifi comme un l ment moteur ou freinant Moteur car il est propice aux changes et la d couverte des objets techniques il montre la voie il encourage il favorise l exp rience il participe la validation des choix il constitue galement une ressource en cas de probl me d h sitation ou de blocage c est un frein lorsque l entourage produit un discours disqualifiant et d valorisant ou lorsqu il monopolise les outils sans laisser d espace aux autres Dans l ensemble les non usagers voluent dans un foyer peu quip en technologie o les usages sont peu d velopp s l instar de leurs sph res de sociabilit qui sont elles aussi peu quip es et faiblement utilisatrices Un dernier l ment mis en avant par les tudes sur les non usages tait la puissance des sy
6. autant plus pr gnant lorsqu il s agit de comprendre les m canismes actuels de dis Jqualification des identit s professionnelles 3 2 2 L identit professionnelle l preuve du mod le de comp tences num riques Les travaux sur les formes modernes d exclusion affirment la place centrale qu occupe l activit professionnelle dans la formation des identit s sociales plus particuli rement l ge adulte La privation de travail est une souffrance intime une atteinte l estime de soi autant qu une perte de relation aux autres une blessure identitaire g n ratrice de d sorganisation sociale Inversement le fait d tre reconnu dans son travail de nouer des relations m me conflictuelles avec les autres et de pouvoir s investir personnellement dans son activit est constructeur d identit personnelle en m me temps que de cr ativit sociale Dubar 2010 Le paradigme du travail est devenu le fondement m me des soci t s modernes et la r f rence de l int gration r ussie on appartient un m tier une entreprise un syndicat C est pourquoi l identit professionnelle a pris une place dominante dans la d finition des identit s En effet la profession et les organisations ont t investies d un facteur fort de socialisation car pour r aliser la construction biographique d une identit professionnelle et donc sociale les individus doivent entrer dans des relations
7. celles qui sont ensuite restitu es aux utilisateurs et celles qui sont utilis es par les prestataires des plates formes Face cette h t rog n it d activit s et de production notre hypoth se est que les formes identitaires s expriment dans les interactions avec les organisations qui proposent les plates formes dans les interactions avec les fonctionnalit s techniques et bien s r dans les usages des internautes C est pourquoi nous travaillons la compr hension de la question identitaire dans le cadre de l e inclusion gr ce l apport th orique de Claude Dubar Dubar 1992 2010 qui offre la possibilit de traiter de l identit sociale comme une articulation entre une transaction interne l individu et une transaction externe entre l individu et les institutions avec lesquelles il entre en interaction Dubar 1992 tout en distinguant la dimension biographique qui met en jeu la continuit des appartenances sociales et le sens des trajectoires individuelles la dimension relationnelle qui a pour enjeu la reconnaissance des positions revendiqu es et la r ussite des politiques structurelles Dubar 1992 En effet nous posons l hypoth se que les formes identitaires qui mergent dans la soci t actuelle sont le r sultat d une double transaction biographique et relationnelle En d autres termes en questionnant les dynamiques identitaires dans la soci t dite du num
8. e qu il peut esp rer de l adoption de cet objet et d autre part par le postulat selon lequel lorsque l agent humain interagit avec un ordinateur il est en m me temps porteur d une histoire personnelle et sociale biographie l agent humain inscrit donc son action dans une situation sociale donn e marqu e par l appartenance une communaut culturelle particuli re une cat gorie d ge un genre une strate socioprofessionnelle sp cifique etc Proulx 2002 A partir du postulat de l autonomie des usagers la sociologie des usages s est employ e mettre en vidence les ph nom nes de bricolage de d tournement de braconnages Ainsi pour des dispositifs techniques d j constitu s Akrich d nombre 4 formes possibles d intervention des utilisateurs actifs le d placement l adaptation l extension et le d tournement qui correspondent des degr s d intervention et de modification que les usagers appliquent aux objets Akrich Callon et Latour 1998 Au grand dam des concepteurs l utilisateur produit dans son coin des mani res de faire avec les objets dont il dispose faisant merger ses propres r gles et valeurs Cette d marche a une port e politique et philosophique car elle remet en cause la vision d un monde domin o les positions des uns par rapport aux autres se trouvent renforc es par la manipulation de certains outils Elle souligne galement les transactions id
9. exclusion sociale ne traitent explicitement d une dimension identitaire Ce sont les propositions de S Paugam et de D Schnapper qui permettent de faire le lien En effet la proposition de Paugam renvoie la place des constructions et de d constructions identitaires dans les ph nom nes de pauvret de disqualification sociale ou d exclusion mais aussi la question de la d finition des cat gories sociales qui entourent ces ph nom nes Paugam 1996 La notion d exclusion a donc beaucoup volu depuis les ann es 1960 Cette volution s est traduite par une augmentation des personnes et des institutions qui y font r f rence mais cette popularit engendre une impossibilit de lui donner une d finition stable et robuste et en fait un paradigme social plus qu un concept c est dire d un ensemble de repr sentations de l ordre social suffisamment concordantes et stabilis es dans la dur e pour que s organise l chelon de la soci t tout enti re une r flexion sur ses fondements et ses modes de r gulations Paugam 2003 L adoption et la diffusion de ce paradigme se r v lent strat giques pour les chercheurs car cela permet de r v ler comment les soci t s modernes dites d mocratiques et galitaires sont au contraire le th tre d une hi rarchisation de leurs membres et de l exclusion de ceux qui sont jug s moins aptes moins capables ou moins m ritants Paugam 2003 Le recour
10. inclusion a fait son apparition sur la place publique l initiative des instances internationales onusiennes et europ ennes En 2002 l occasion des d bats europ ens sur la mise en place d une action concert e des Etats pour la lutte contre la pauvret et l exclusion sociale les documents europ ens ont propos une d finition de l inclusion sociale en lien avec la coh sion sociale la lutte contre la pauvret et l exclusion sociale la r duction des in galit s tout en renvoyant les Etats des objectifs op rationnels tels que l am lioration de l acc s l emploi et la formation la r duction du ch mage la pr servation des droits sociaux fondamentaux par exemple A ce titre l inclusion sociale doit garantir v La prise en compte des singularit s de chaque individu qui compose la communaut comme une richesse l gitime qui doit tre mise en valeur pour le bien tre individuel et social et non comme des freins au d veloppement L acc s pour chacun aux possibilit s et aux ressources n cessaires sa participation la vie conomique sociale et culturelle Un niveau de vie et de bien tre en conformit avec les standards de vie de la soci t d accueil v Une meilleure participation au processus de d cision autrement dit la vie politique de la cit Ces principes ont t repris par les instances europ ennes pour d finir leur politique d inclusion puis dans le
11. plus le support de l exposition des identit s La question qui se pose alors est de savoir comment s effectuent les actes d identification en l absence de ce support d expression identitaire En effet l absence de co pr sence n cessite une explicitation identitaire des instances nonciatrices Autrement dit les individus doivent mettre des informations propres r pondre au besoin de leurs interlocuteurs de les conna tre de les identifier et de les reconnaitre afin de compenser les informations visuelles verbales et non verbales que procure habituellement la rencontre en face face P r a 2010 Ce travail existe d j lors de la r daction d un dossier de candidature un emploi par exemple avec l envoi de la lettre de motivation et du CV ou dans toute d marche pistolaire o l absence de corps et donc des signaux qu il met doit tre pali par d autres dispositifs d expression Alors que la pr sence est d sincarn e les identit s sont exprim es et prouv es d autres mani res L hypoth se est que les traces num riques donnent voir les activit s et donc la vie des individus r v lant une part de leur personnalit et de leur intimit tant en termes de capacit s agir sur et avec ces outils num riques qu en termes d exposition des go ts des opinions des pr f rences D s lors les productions originales des internautes leurs commentaires ou opinions serai
12. rent Autrement dit l identit pour soi et l identit attribu e par autrui sont intimement interd pendantes D s lors nous nous proposons d tudier la mani re dont les questions identitaires sont abord es dans les usages d internet afin de les confronter aux probl matiques de l inclusion et de l exclusion Pour cela nous avons pris le parti de d couper notre propos selon plusieurs attributs des processus d identification la question de l incarnation et de la d sincarnation dans les interactions qui r interroge l expression de l identit les proc dures d identification dans les espaces num riques et enfin les dynamiques communautaires en ligne 3 1 1 De la d mat rialisation des interactions nait l obligation de pr sence La vie en soci t suppose la multiplication des rencontres possibles tous les jours dans le cadre d activit s organis es ou pas chaque instant les individus s exposent au regard des autres et les actes d identification sont le r sultat des transactions identitaires en vue de d terminer les interactions qui seront g n r es ou pas C est pourquoi l attribution de l identit est un syst me d actions dans lesquelles les individus sont impliqu s et r sulte de rapports de force entre les acteurs concern s En l occurrence les interactions qui sont men es dans les espaces num riques se traduisent par une d sincarnation puisque les corps ne sont presque
13. anticiper les al as et des capacit s organisationnelles Ces identit s vis es par les organisations viennent se confronter aux identit s h rit es et vis es des salari s Force est de constater que le d veloppement de nouvelles sociabilit s coop ratives sur le web r sulte soit de d marches ultra individualistes voire narcissiques dont le but est de se mettre en avant soit de d marches professionnelles permettant des personnes de valoriser des comp tences ou des savoir faire Or le premier scenario engendre une standardisation des comportements et les gens se retrouvent sur Facebook pour faire comme les autres alors que le second sc nario engendre une forme de distinction et permet effectivement aux personnes de b n ficier de la reconnaissance de leurs semblables Ce qui renvoie une nouvelle fois questionner la place de l identit professionnelle dans les trajectoires identitaires Ce ph nom ne peut tre une nouvelle source d exclusion Cela revient dire que le principal paradigme identitaire des r seaux num riques est encore celui du travail avec ce qu il comprend de r f rences la production de richesses aux comp tences la performance ou l efficacit 3 2 3 Cat gorisation identitaire et d e inclusion La relation entre les identit s h rit es accept es ou refus es par les individus et les identit s vis es en continuit ou en rupture avec les identit s pr c dentes d
14. avons rencontr des personnes qui b n ficiaient d aides sociales d organismes comme la Caisse d Allocations Familiales CAF Ces personnes ont exprim une double difficult la fois pour utiliser les outils num riques par manque d acc s r guliers aux quipements et aux r seaux mais aussi pour comprendre le processus relationnel que la plate forme proposait et donc pouvoir interagir en ligne avec les agents Par cons quent linternaute se trouve en tension entre un jeu de contraintes techniques et l gales nous pourrions dire institutionnelles dans la mesure o elles sont l manation d organisations d une part et une libert identitaire d autre part P r a 2010 La question qui se pose alors est celle de savoir quelle est la valeur des attributs tablis par le biais des algorithmes et qui renvoie celle de la l gitimit des institutions qui les produisent et avec lesquelles les individus interagissent En outre si les espaces num riques d terminent les cat gories les crit res d attribution de ces cat gories et distribuent les personnes entre ces cat gories cette distribution n est possible que dans la mesure o les personnes d clarent leurs attributs conform ment aux r gles techniques et organisationnelles Car c est bien l internaute lui m me qui d cide du contenu et donc du sens qu il donne ses attributs du moment qu il respecte les r gles d finies par la plate forme ou
15. comme l acc s un logement d cent la sant ou l ducation voire l expression d mocratique Enfin la troisi me dimension d ordre social est g n ralement le r sultat des deux ph nom nes pr c dents qui s inscrivent dans une succession de ruptures avec les m canismes de sociabilit familiaux amicaux professionnels par exemple et peuvent conduire des situations d isolement et de marginalisation C est pourquoi la mobilisation de cette notion conduit d signer toutes formes de situations telles que les sans abris les travailleurs pauvres les jeunes des banlieues les personnes souffrant de handicap les femmes les personnes g es les migrants par exemple Dans ce contexte de l exclusion le num rique est une dimension suppl mentaire tangible et mesurable qui catalyse et expose des situations de fragilit ou de marginalit caus es par un enchainement de ruptures conomiques et sociales Dans ce contexte il n y a pas de profil type de l e exclus mais des conditions endog nes et exog nes qui cr ent la fois une r alit et une exp rience de l e exclusion Pour r sumer ces conditions il s agit v De difficult s conomiques d une perte de revenus et d une d gradation des conditions de vie perte d emploi d part la retraite ch mage par exemple Y Des difficult s d apprentissages pr sentes ou pass es handicap d crochage scolaire illettr
16. de travail participer sous une forme ou une autre des activit s collectives dans des organisations intervenir d une mani re ou d une autre dans des jeux d acteurs Dubar 2010 A l inverse les sociologues ont depuis longtemps d montr que la pr carisation de l acc s l emploi fragilise le socle de l identit sociale Schnapper 1981 Paugam 1991 comme le confirme un rapport r cent de la Fondation de France L impossibilit de s ins rer professionnellement a des cons quences fortes sur l isolement pour m moire les personnes au ch mage de longue dur e ont deux fois plus de chances d tre priv es de tout r seau social qu en moyenne 18 des personnes en ch mage de longue dur e sont objectivement isol es Fondation de France 2011 L identit au travail est une transaction entre les repr sentations collectives les histoires communes le syst me social de l entreprise qui se construit en rapport aux pairs la hi rarchie ou aux autres groupes tout en d fendant l identit h rit e et vis e et s organise autour de la reconnaissance ou de la non reconnaissance des comp tences des savoirs et des images de soi qui constituent les noyaux durs des identit s revendiqu es Dubar 2010 Mais la construction bibliographique d une identit professionnelle est devenue une chose extr mement difficile pour les plus jeunes qui entrent dans la sph re sociale non familiale sans emploi o
17. g ographie du savoir survivre Trainoir 2011 Dans ce contexte l opposition s impose entre les structures sociales publiques o les TIC sont visibles recharg es voire utilis es et encourag es et les structures caritatives o l image de l errance ne colle pas avec la possession et l usage de technologies ce qui se traduit par un camouflage des objets par les uns et une stigmatisation encore plus n gative par les autres Il existe en effet un amalgame fort entre la personne en errance et la fracture num rique oubliant que 1 nombre de ces personnes n ont pas toujours v cu dans la rue et ont pu poss der et utiliser des objets num riques avant les ruptures sociales et professionnelles qui les ont conduites dans cette situation 2 tre dans la rue ne signifie pas tre hors de la soci t et ignorant de ce qui s y passe C est notamment le cas pour les plus jeunes pour qui poss der un objet num rique m me s il ne peut tre connect car pas de forfait ni m me de carte SIM permet en partie d avoir les m mes usages que les autres couter de la musique lire des vid o changer des fichiers L objet est alors un objet d identification et permet d tre comme les autres ou de distinction par rapport la figure du clochard qui cristallise les stigmates mais aussi les angoisses pr sentes et futures Nous avons observ ce ph nom ne de distinction chez les personnes qui vivent en EHPAD et qui voien
18. ombre de l espace priv l espace public avec l exposition de soi Je publie Espace public Je communique Je me divertis Je m informe Figure 1 L chelle des usages issue du projet Psaume Boutet et Trellu 2006 Ainsi l tude men e en 2008 dans un quartier de Brest class en zone prioritaire par la politique de la ville visait mieux caract riser les profils d usagers et de non usagers Nous avons notamment cherch pr ciser les usages connus et ceux qui taient r ellement exerc s Chez les usagers interrog s les usages les mieux repr sent s sont ceux li s la communication chat t l phonie mail webcam Les activit s de divertissement jeux en ligne coute et t l chargement de vid os ou de musique arrivent en deuxi me position Les activit s les moins connues taient celles li es l expression personnelle blog forum Les entretiens ont montr que les personnes interrog es s accommodaient de ces usages qui demandaient un faible engagement personnel et qu elles pr f raient tre guid es et assist es plut t que de se saisir des outils et des potentialit s qu ils offraient en termes de cr ativit et d mancipation d espace de discussion et d expression A l instar des usagers les deux cat gories d usages que les non usagers ont d clar conna tre le mieux sont celles li es la communication et au divertissement les activit s d expr
19. pend des modes de reconnaissances par les institutions l gitimes et leurs agents directement en relation avec les sujets concern s Dubar 2010 Au cours de nos travaux de recherches nous avons t confront e plusieurs reprises la question de la construction des cat gories li es aux usages des technologies num riques Ainsi les travaux sur les non usages ont clairement r v l que ces situations ne pouvaient pas tre interpr t es par un simple renversement des probl matiques li es l usage M me le travail de cat gorisation a pos probl me puisque dans l tat de l art nous trouvions trois d marches soit les travaux ignoraient les non usagers ou les r duisaient une non cat gorie ce qui conduit d une certaine mani re reconna tre la domination de la cat gorie des usagers pour la construction et la mise 1 http eduscol education fr cid46073 b21 html consult le 09 09 2015 2 https c2i education fr spip php rubrique10 consult le 09 09 2015 en uvre d un mod le social et sur sa compr hension soit le non usage devenait une cat gorie fourre tout rassemblant des situations et des exp riences tr s h t rog nes soit des typologies tentaient de rendre objectives des intentions d clar es par les acteurs eux m mes propos de leurs exp riences et de leurs situations personnelles Lorsque l on travaille sur la question du non usage la difficult n est pas simplement de
20. postule un ph nom ne dynamique et interactionniste qui s int resse aux m canismes qui conduisent l appropriation des usages des dispositifs num riques en vue de faciliter l inclusion sociale des individus Elle met notamment en lumi re les relations que les individus mettent en uvre avec les machines mais surtout avec les autres individus et enfin avec les organisations Comme nous l avons soulign pr c demment la diffusion des outils num riques constitue un facteur aggravant des trajectoires d exclusion mais est aussi pr sent e par les institutions comme un levier important de l inclusion Par ailleurs les travaux men s ces derni res ann es semblent largement inspir s d une id e les usages d internet pourrait avoir une r sonnance dans la d finition et la d marcation de l identit dans les blogs les sites de rencontre les forums o l on d voile ses go ts ses opinions et d une certaine mani re une partie de son identit les r seaux sociaux num riques o l on peut tout dire ou tout cacher les jeux en ligne et les univers virtuels o l on peut changer de vie et d identit les espaces priv s et les sites d achat o l on doit d cliner son identit s identifier Tout cela se traduisant par les empreintes et les traces que l on laisse et qui conditionneraient de nouvelles formes de construction identitaire Ainsi pr sence et existence deviendraient synonymes d identit C
21. profils et les formulaires ont pour effet de normaliser les caract ristiques des personnes qui s y inscrivent en les hi rarchisant gr ce aux champs qu elles privil gient Par cons quent les interactions num riques introduisent une tape interm diaire au cours de laquelle la technologie impose la mani re dont le processus d identification doit se faire afin que la prise de contact avec autrui ait lieu ce titre ces plates formes num riques proc dent la mani re des processus d identification en donnant les bases de r f rence auxquelles l internaute doit adh rer pour faire partie de la communaut des usagers ou obtenir le service attendu Ces proc dures d inscription cr ent les cl s de compr hension et donc d entr e dans le syst me socio technique de l espace convoit Cependant les plates formes de services num riques ne s arr tent pas des donn es d identification et demandent galement des renseignements ou des informations qui leur sont n cessaires pour accomplir leurs missions D s lors la dualit entre identit pour soi et identit pour autrui est pr sente dans les prescriptions techniques des plates formes qui d finissent a priori les types d attributs auxquels les internautes doivent se conformer pour participer aux activit s en ligne ces prescriptions techniques d pendent principalement des types de liens que les plates formes encouragent des services qu elles proposent
22. qu il apprend les orienter pour r pondre ses propres r gles Cette transaction est men e en fonction des usages attendus de la confiance et de la l gitimit qu il accorde la fois la technologie et l organisation qui l utilise pour atteindre ses objectifs Cette libert induit la n cessaire transaction interne dont parle Dubar En effet l internaute doit r pondre aux demandes d identification et d cider comment y r pondre Pour cela il doit arbitrer entre les attributs exig s par les plates formes ceux qu il souhaite fournir et ne pas fournir et ceux qu il estime n cessaire pour obtenir le service souhait en fonction de sa perception et de sa connaissance de la structure relationnelle organisationnelle En cons quence de quoi il y aurait deux strat gies possibles dans les pratiques D une part la tendance entrer dans la norme et remplir les formulaires de mani re standardis e d autre part la tendance vouloir se distinguer de la norme en remplissant les formulaires en singularisant le contenu ou son mode d expression L intelligence de la rencontre entre l individu et la machine r side la fois dans la mani re dont il se joue des registres de publicisation et dans ses comp tences utiliser les bonnes fonctionnalit s lui permettant de jouer entre ombre et lumi re Dans ce cadre l la construction identitaire biographique est bien une transaction externe entre les interna
23. rique il s agit de comprendre les processus de re configuration des identit s sociales et de socialisation secondaire en s interrogeant sur la place des technologies num riques non plus comme des outils de socialisation mais en les appr hendant comme des institutions c est dire comme un ensemble de sch mas de conduite de mod les pattern de comportements fix s sous l effet de la r p tition d actions individuelles et qui participe de la constitution de la culture d une soci t Lefort 1969 cit par Dubar 2010 3 1 Les attributs des transactions identitaires dans les interactions num riques Les formes identitaires sont le fruit de la transaction interne entre l identit pour soi et l identit pour autrui au cours de laquelle chaque individu doit composer avec trois principes identitaires l identit qu il se forge et laquelle il se r f re l identit qu il donne voir et l identit que les autres lui attribuent Cette transaction est donc source d incertitude puisqu elle repose en partie sur l exp rience l autre Goffman 1975 Pour ce faire la soci t ou le groupe de r f rence tablit des cat gories et des contingents d attributs qu elle estime ordinaires et naturels et qui par la socialisation seront int rioris s comme tels par les individus Ces processus conduisent des actes d attribution de l identit par autrui ainsi si l identit
24. sociale Paris France Presses universitaires de France Paugam S 2003 L exclusion usages sociaux et apports de la recherche Dans J M Berthelot dir La sociologie fran aise contemporaine Paris France Presses universitaires de France p 155 171 Paugam S 1996 Introduction La constitution d un paradigme Dans S Paugam dir L exclusion L tat des savoirs Paris France Editions la D couverte p 7 19 Paugam S 1991 La disqualification sociale Essai sur la nouvelle pauvret Paris France Presses Universitaires de France P r a F 2010 L identit num rique de la cit l cran Quelques aspects de la repr sentation de soi dans l espace num rique Les Enjeux de l information et de la communication Volume 2010 1 p 144 159 Proulx S 2005 Penser les usages des TIC aujourd hui enjeux mod les tendances Dans L Vieira et N Pin de dir Enjeux et usages des TIC aspects sociaux et culturels Tome 1 Bordeaux France Presses universitaires de Bordeaux p 7 20 Proulx S 2002 Trajectoires d usages des technologies de communication les formes d appropriation d une culture num rique comme enjeu d une soci t du savoir Annales des t l communications tome 57 n 3 4 p 180 189 Proulx S et Millerand F 2010 Le web social au Carrefour de multiples questionnements Dans S Proulx F Millerand et J Rueff Web Social Mutat
25. utilis s dans plusieurs domaines d activit s professionnels ou priv s qui ont peu ou pas de lien entre eux Ils peuvent servir indiff remment dans le domaine de la sant de l ducation de la s curit de la citoyennet des loisirs de l information journalistique etc D un autre c t les organisations qui font appel des services en ligne pour mener bien leurs missions investissent dans des dispositifs techniques propres r pondre leurs besoins et strat gies en mati re de production de diffusion d archivage et d change de contenus et les terminaux du PC professionnels la montre connect e deviennent autant de points d entr e et de sortie de lieu d change et de transfert de donn es que tout utilisateur est en mesure de g n rer D s lors toutes ces donn es produites ou reproduites r pondent des besoins diff rents qu il s agisse de faire des achats en ligne de solliciter un service public ou de partager des images avec des amis C est pourquoi les utilisateurs sont sollicit s en permanence pour prendre des d cisions et adapter leurs pratiques en fonction des prescriptions techniques et organisationnelles que leur transmettent les objets num riques traduction de leur m diation avec les services attendus Jou t 2000 Alors que dans les premiers temps les dispositifs num riques promettaient la simple possibilit de cr er son propre cheminement dans l acc s des conte
26. 014 le nombre d utilisateurs des r seaux sociaux num riques a progress de 3 points et repr sentaient 48 des internautes fran ais Parmi eux 27 d claraient participer la publication de contenu sur internet forums de discussion commentaires blogs RSN Bigot et Croutte 2014 Comme le souligne Jenkins L explosion de nouvelles formes de cr ativit l intersection de diff rents m dias et technologies industries et consommateurs encourage une nouvelle culture participante en donnant les moyens aux gens et des outils pour archiver annoter s approprier et diffuser du contenu Allard 2007 L utilisateur doit prendre existence en laissant les marques de sa pr sence m me lorsqu il est d connect Les individus se mat rialisent alors en documents traces trajectoires car la production de contenu sur internet pr sente aujourd hui une diversit de formes travers la r daction de billets sur des blogs ou des murs le partage de morceaux de musique de vid os ou de photos l dition de play lists la mise disposition de favoris la r daction de commentaires ou leur mod ration la republication de liens la prise de photos sur mobile leur envoi et leur g olocalisation sur des cartes ouvertes le chat les jeux Ce sont autant d activit s qui alimentent et font vivre des pages et des pages de web Ces caract ristiques des technologies num riques on conduit les chercheurs admettre la double m dia
27. 4 Faut il avoir une identit num rique pour tre e inclus Dans J P Pinte dir Identit num rique Diffusion pr servation et protection Paris France Herm s Cardon D 2008 Pr sentation R seaux vol 26 152 p 5 14 Cardon D 2008a Le design de la visibilit Un essai de cartographie du web 2 0 R seaux vol 26 152 p 93 136 Castel R 1995 Les pi ges de l exclusion Lien social et Politiques Montr al Qu bec Institut National de Recherche Scientifique 34 Automne 1995 CNIL 2010 La s curit des donn es personnelles Paris France Les guides de la CNIL Cohendet P et Stojak L 2005 La fracture num rique en Europe Les enjeux conomiques et sociaux au regard d une Europe de la connaissance Revue Futuribles n 305 F v 2005 Conein B 2005 Les sens sociaux trois essais de sociologie cognitive Paris France Economica Conseil National du Num rique 2013 Citoyens d une soci t num rique Acc s litt ratie m diations pouvoir d agir pour une nouvelle politique d inclusion Paris France Minist re du redressement productif octobre 2013 Dang Nguyen G Deporte N et Huiban E 2013 Enqu te Facebook premiers r sultats M rsouin d cembre 2013 http www marsouin org article551 html derni re consultation le 16 09 15 Davenel Y M 2015 Les pratiques num riques des jeunes en insertion socioprofessionnelle Etud
28. Les transactions identitaires dans la soci t num rique Comment peut on tre num rique Annabelle Boutet Di ye T l com Bretagne Technop le Brest Iroise CS 83818 29238 Brest Cedex 3 France annabelle boutet telecom bretagne eu R sum En mobilisant la th orisation de l identit propos e par Dubar nous proposons dans cet article d interroger les transactions identitaires qui se jouent dans les espaces num riques et leur contextualisation dans les trajectoires d inclusion et d exclusion Il s agit notamment de nous int resser la relation entre les fonctionnalit s des services num riques et l expression l attribution ou la mise l preuve des attributs identitaires des individus Pour cela nous nous sommes appuy s sur un ensemble de travaux empiriques men s entre 2004 et 2014 en Bretagne et particuli rement Brest Abstract By mobilizing the theory of identity proposed by Dubar we propose in this paper to question the identity transactions that play in digital spaces and their contextualization in the trajectories of inclusion and exclusion We will focus in particular on the relationship between the features of digital services and expression allocation or testing of identity attributes of individuals For this we relied on a set of empirical work between 2004 and 2014 in Brittany and particularly in Brest 1 Introduction Je demeurais quelquefois une heure dans une comp
29. UST Usages et utilisateurs d Internet 12 14 juin 2001 http www csti pm gouv fr elements usagesdom LelongBeaudouin pdf derni re consultation 19 09 2015 Le Mentec M 2010 Usages des TIC et pratiques d empowerment des personnes en situation de disqualification sociale dans les EPN bretons Th se de doctorat en Sciences de l ducation Universit Rennes 2 Lenhart A Horrigan J Rainie L Allen K Boyce A Madden M et O Grady E 2003 The ever shifting Internet population A new look at Internet access and the digital divide Washington USA The Pew Internet and American life project april 16 2003 Lethiais V et Roudaut K 2010 Les amiti s virtuelles dans la vie r elle profil motifs et modalit s de construction R seaux Communication Technologie Soci t 164 p 13 49 Merzeau L 2013 L intelligence des traces Intellectica 2013 1 Nedelec E 2011 Mazadoo 2 0 Compte rendu d exp rimentation analyse des usages Brest France P le Images et R seaux Telecom Bretagne Novembre 2011 OCDE 2000 La litt ratie l re de l information Rapport final de l enqu te internationale sur la litt ratie des adultes Paris France OCDE Pastinelli M 2006 Habiter le temps reel ethnographie des modalit s de l tre ensemble dans l espace lectronique Anthropologie et Soci t s vol 30 n 2 p 199 217 Paugam S 2004 La disqualification
30. agnie sans qu on m e t regard et qu on m e t mis en occasion d ouvrir la bouche Mais si quelqu un par hasard apprenait la compagnie que j tais Persan j entendais aussit t autour de moi un bourdonnement Ah ah Monsieur est Persan C est une chose bien extraordinaire Comment peut on tre Persan Montesquieu Comment peut on tre Persan Lettre 30 Lettres persanes 1721 Depuis plus de 10 ans nos travaux de recherche portent sur les m canismes de diffusion des services num riques et des objets lectroniques afin d une part de comprendre les freins et les leviers de leur appropriation par le plus grand nombre mais aussi les causes et les justifications de leur rejet ou de leur non adoption Ces travaux de recherche ont mis en vidence les caract ristiques de ceux qui prouvaient des difficult s ou m me un rejet face la diffusion massive et insatiable de ces innovations Ces caract ristiques ont montr des similitudes avec celles des groupes sociaux les plus fragilis s les plus expos s une d valorisation de l estime de soi aux risques de marginalisation et m me d exclusion tels que les personnes g es isol es les personnes au ch mage les foyers revenus modestes les migrants les l ves en d crochages scolaires par exemple Dans notre progression intellectuelle ces questionnements ont trouv une r sonance dans les travaux de Serge Paugan sur la pauvret et la disqu
31. aisant partie Ce qui nous renvoie la question de la n cessaire culture num rique qu il convient d avoir et la mani re dont on d cide de participer ces communaut s socio techniques qui produisent du sens dans l expression des identit s mais sans que l on puisse affirmer qu elles produisent de nouvelles formes identitaires Bibliographie Aguiton C et Cardon D 2007 The strength of weak cooperation an attempt to understand the meaning of Web 2 0 Communications et strategies n 65 p 51 65 1st quarter 2007 Akrich M 1998 Les utilisateurs acteurs de l innovation Education permanente n 134 p 79 89 Akrich M Callon M et Latour B 1988 A quoi tient le succ s des innovations 2 Le choix des porte parole G rer et Comprendre Annales des Mines 12 pp 14 29 Allard L 2007 Emergence des cultures expressives d internet au mobile M diamorphoses Paris France Armand Colin INA p 19 25 Agence Wallone des T l communications AWT 2008 Usages TIC 2007 des citoyens wallons juillet 2008 http www awt be web dem index aspx page dem fr cit 000 000 derni re consultation le 05 08 15 Ben Youssef A 2004 Les quatre dimensions de la fracture num rique R seaux Vol 5 n 127 128 Bigot R 2003 La diffusion des technologies de l information dans la soci t fran aise Paris France CREDOC novembre 2003 Bigot R et Croutte P 2014 La diff
32. alification sociale pr sent e comme le r sultat d une perte ou d une d gradation des identit s sociales C est pourquoi il nous appara t l gitime de travailler sur les probl matiques de l e inclusion et de l e exclusion en interrogeant ce qui fait sens en mati re de d finition et d expression de l identit a fortiori face la mont e des questionnements sur la dite identit num rique Suite cela nous avons suivi deux objectifs de travail reprendre les fondamentaux th oriques du concept d identit et les confronter aux ph nom nes des usages des services num riques et aux processus d e inclusion e exclusion Et ce en nous demandant en quoi les usages des technologies num riques et lectroniques participaient une reconqu te d identit perdue ou d grad e l laboration de nouvelles identit s venant s ajouter ou effacer des identit s existantes Des recherches sur l appropriation des technologies num riques en Bretagne Ce travail de r flexion que nous pr sentons aujourd hui s appuie sur des recherches empiriques que nous menons en Bretagne et particuli rement Brest depuis 2004 la derni re enqu te ayant eu lieu en 2012 2013 sur le territoire de la commune de Brest Cela a mobilis des dispositifs scientifiques et institutionnels tels que des th ses et des travaux d tudiants des r ponses des appels projets nationaux et r gionaux des commandes de collec
33. ant il nous semble n cessaire de lister ceux qui ont retenu notre attention et que nous proposons de rassembler en six groupes Au premier plan les donn es personnelles ou donn es caract re personnel qui sont d finies par la CNIL comme tant toute information relative une personne physique identifi e ou qui peut tre identifi e directement ou indirectement par r f rence un num ro ou un ou plusieurs l ments qui lui sont propres CNIL 2010 Ensuite nous trouvons un ensemble de traces que nous proposons de lister en cinq grandes familles v Les cr ations originales des internautes telles que les photographies les vid os les tweets les play lists les contributions encyclop diques d pos es sur des sites personnels blog pages profils ou non vV Les commentaires expressions d opinions plus ou moins format es les notes et autres symboles d valuation comme par exemple les like de Facebook mais aussi les re tweet v Les renseignements fournis par les usagers sur des plates formes qui ne rel vent plus de la cat gorie des donn es personnelles d finies par la CNIL mais qui permettent aux propri taires des plates formes de r pondre leurs attentes v Les messages chang s sur les outils de communication messagerie instantan e courriels par exemple Les informations qui sont produites par les services en ligne partir des activit s des usagers et que nous subdivisons en deux
34. as de la non utilisation dues des r gimes de diffusion des modes d adoption et ou des r pertoires d appropriation des technologies de l information et de la communication fortement diff renci s selon les groupes d utilisateurs consid r s Granjon 2004 En 2006 la D claration paneurop enne de Riga d finit l e inclusion comme les moyens mis en uvre par les Etats en vue de r duire la fracture num rique en donnant tous les Europ ens les moyens de participer la soci t de l information et de contribuer ainsi au d veloppement conomique et social du continent En 2013 le Conseil national du num rique valide l utilisation de la notion d e inclusion aux d pens de celle de fracture num rique et la d finit comme tant la capacit Jonctionner comme un citoyen actif et autonome dans la soci t telle quelle est affirmant qu il n y a pas une e inclusion d un c t et une inclusion de l autre les deux se confondent Conseil National du Num rique 2013 2 2 3 La construction identitaire au c ur des trajectoires d e inclusion Notre cheminement intellectuel nous a conduit rapprocher progressivement les probl matiques de l exclusion avec celles du d ploiement des technologies num riques et de leurs usages pour parvenir pr sent la question de l identit En premier lieu nous constatons que ni la d finition de l inclusion sociale ni celle de l
35. cessus de fragilisation se traduisent par des transactions identitaires qui impliquent les strat gies mises en place par les individus pour r sister aux stigmates reprendre le contr le de l information et r interpr ter la d fiance et le discr dit qui les marginalisent Paugam 2004 En effet lorsque les actes d attribution mobilisant les cat gories de l exclusion pour les d signer les individus doivent n gocier avec le fait que ce ne sont pas leurs trajectoires individuelles qui sont prises en consid ration mais le r sultat savoir l incapacit r elle suppos e ou affirm e un moment donn de participer aux affaires de la soci t La transaction est donc une transaction interne l individu entre la n cessit de sauvegarder une part de ses identifications ant rieures identit s h rit es et le d sir de se construire de nouvelles identit s dans l avenir identit s d sir es visant tenter d assimiler l identit pour autrui l identit pour soi Dubar 2010 Cette transaction subjective est au centre de la production des identit s sociales donc de socialisation car elle d pend des interactions entre les individus et les institutions travers les relations ph m res ou durables qu ils entretiennent avec les personnels des services sociaux ou des associations d entre aide notamment mais qui glissent vers l ensemble des interactions sociales Ainsi comme le montre Paugam dans la
36. disponible sur le Net est produite par les utilisateurs soi disant ordinaires Or la capacit m me produire du contenu n cessite de maitriser les outils et de produire un contenu digne d int r t deux attributs qui sont souvent ignor es ou rel gu e dans d obscurs recoins par les populations qui s estiment loign es des techniques et pour lesquelles la peur de ne pas savoir quoi faire reste un frein l apprentissage Boutet et Drogue 2009 En outre les personnes qui se trouvent dans des trajectoires d exclusion sont confront es la perte de l estime de soi et prouvent des difficult s se mettre en avant et donner voir ce qu elles font sentiments qui n encouragent pas r pondre l injonction de produire du contenu et celle de laisser des traces Paradoxalement cette approche par les comp tences est en parfaite coh rence avec la th orie de l inclusion dont l un des principes est la mise disposition des individus de ressources pour participer la vie collective A ce titre les documents produits par l Union europ enne Ferrari 2013 ou ceux produits par les instances nationales comme la d l gation Internet qui d livrent des Passeport Internet et Multim dia PIM ou les Minist res de l ducation nationale de l enseignement sup rieur et de la recherche qui d livrent les certifications traduisent l appropriation des outils num riques en termes de r f rentiel
37. e d un personnel d di l accompagnement et tout mettre en uvre pour garantir la gratuit ou d faut des tarifs accessibles au plus grand nombre Boutet 2013 En 2004 2005 nous avons op r la premi re tude sur le dispositif des P A P I dans le cadre du projet Psaume Boutet et Trellu 2006 Cette tude s est traduite par la r alisation d une monographie de l espace public multim dia du quartier de K rourien L objectif tait de produire une description de l implantation de ce type d quipement dans un quartier en zone prioritaire de la politique de la ville et de comprendre les freins et leviers de l appropriation des nouvelles technologies Effectivement les entretiens et les observations qui ont t men es ont r v l les repr sentations les attentes les perceptions qui accompagnaient les processus d appropriation des usages des TIC et les dynamiques relationnelles qui se mettaient en place dans de tels espaces Par exemple les m res de famille qui restaient au foyer consid raient ill gitimes de venir se former ces nouveaux outils car elles les consid raient comme des objets ludiques incompatibles avec l image de la femme d vou e son foyer Nous avions galement r v l l importance de la m diation sociale dans les d marches des primo utilisateurs travers les relations qui se mettaient en place avec l animatrice du lieu mais aussi entre utilisateurs Le travail dans le q
38. e de cas les usagers des missions locales face aux technologies de l information et de la communication Les tudes Connexions solidaires Paris France Emma s connect et Connexions solidaires mai 2015 http connexions solidaires fr wp content uploads 2015 03 Etude Emmaus Connect Les pratiques num riques des jeunes en insertion socioprofessionnelle pdf derni re consultation le 06 08 15 De Certeau M 1980 L invention du quotidien tome 1 Arts de faire Paris France Gallimard Follio Essai D l gation aux Usages de l Internet 2011 Passeport Internet et Multim dia R f rentiel de comp tences janvier 2011 http www netpublic fr wp content uploads 2011 02 R f rentiel_PIM_0111 pdf derni re consultation le 09 09 2015 Dubar C 1992 Formes identitaires et socialisation professionnelle Revue fran aise de sociologie vol 33 N 4 p 505 529 Dubar C 2010 La socialisation 4 dition Paris France A Colin Durkheim E 1930 De la division du travail social Paris France Presses Universitaires de France Coll Quadrige Ebersold S 2009 Autour du mot Inclusion Recherche et formation N 61 p 71 83 Ferrari A 2013 DIGCOMP a framework for developping and understanding digital Competence in Europe European Commission JRC Scientific and policy reports Report EUR 26035 EN Fondation de France 2014 Les solitudes en France Paris France Observatoire d
39. e la Fondation de France Juillet 2014 http www fondationdefrance org Outils Mediatheque Etudes de l Observatoire id_theme 11344 derni re consultation le 28 07 2015 Fondation de France 2011 Les solitudes en France L impact de la pauvret sur la vie sociale Paris France Observatoire de la Fondation de France juin 2011 http www fondationdefrance org Outils Mediatheque Etudes de l Observatoire id_theme 11344 derni re consultation le 05 08 2015 George F 2010 Approche statistique de trois composantes de l identit num rique dans Facebook Dans S Proulx F Millerand et J Rueff dir Web social Mutation de la communication Montr al Canada Presses Universitaires du Quebec Goffman E 1975 Stigmates Les usages sociaux des handicaps Trad Paris France Ed De Minuit Granjon F 2004 Les sociologies de la fracture num rique Jalons critiques pour une revue de litt rature Questions de communication en ligne n 6 p 217 232 https questionsdecommunication revues org 4390 derni re consultation le 03 08 2015 Jou t J 2000 Retour critique sur la sociologie des usages R seaux vol 18 n 100 p 487 521 Jou t J 1993 Usages et pratique des nouveaux outils de communication Dans L Sfez dir Dictionnaire critique de la communication Paris France Presses Universitaires de France vol 1 371 376 Jullien N Roudaut K et Le Squi
40. e la visibilit travers des jeux de masques de filtres ou de s lection de facettes Cardon 2008 d autres proposent des strat gies d anonymisation pour cr er de la distance entre les personnes r elles et ce qu elles offrent la vue des autres Encore faut il savoir les utiliser Enfin cons quence de la polyvalence technologique voqu e pr c demment les m mes informations n auront ni la m me fonction ni la m me valeur selon l espace num rique et l usage qui en est fait A ce titre l tude des comportements des individus sur les sites de rencontres ou les forum dont la motivation tait la re Jconstruction de r seau de sociabilit a montr les strat gies de s lection des interlocuteurs gr ce aux pseudos ou aux registres de langages employ s Certains n h sitent pas refuser ou rompre le dialogue avec des personnes qui ne s expriment pas correctement ou qui n emploient pas des codes de langages conventionnels ad quats niveau de langue choix de pseudo courtoisie par exemple Lethiais et Roudaut 2010 Mais ce qui changerait dans tout cela c est la possibilit que la validation et l attribution par autrui ne se limitent pas quelques personnes mais des communaut s plus larges La question que nous devons alors nous poser est celle de savoir si ce n est pas une fa on d accorder une surpuissance un ph nom ne technique et d occulter le fait que la plupart des interactions soc
41. endre ses connaissances et ses capacit s OCDE 2000 v Des usages sommaires isol s ou univalents pouvant tre li s des comportements mim tiques ex usages des r seaux sociaux num riques et non une r elle exp rience des fonctionnalit s et des potentialit s en lien avec des attentes ou des besoins Les usages sont en silo par exemple l usage des r seaux sociaux num riques par les plus jeunes est r serv aux activit s ludiques ou amicales mais pas du tout investi pour les d marches professionnelles Davenel 2015 vV L omnipr sence d internet dans les d marches administratives et professionnelles quotidiennes sans un accompagnement dans la compr hension des logiques organisationnelles qui les structurent et des technologies num riques qui deviennent des exo structures freine l acc s aux droits Le postulat selon lequel l usage des outils num riques n est pas un rem de contre l isolement relationnel et l affaiblissement des r seaux de proximit s il ne se produit pas dans un contexte relationnel stable et panoui y Des discours des cat gorisations et des paradigmes erron s tels que ceux sur la dite g n ration Y ou des natifs num riques Certes les personnes n es apr s 1990 partagent un environnement de plus en plus connect ou num ris mais on ne peut pas leur conf rer des usages et une litt ratie num rique homog ne 2 2 2 De l inclusion l e inclusion Quels a
42. ent le berceau m me de l identit num rique dans sa dimension biographique temporelle et subjective la plus forte Mais cela exige de chaque instance nonciatrice la capacit d abstraction de son identit personnelle et sociale vers un public ou un interlocuteur anonyme non identifi ou mal identifi La question qui se pose alors est celle de savoir comment l internaute s en sort dans l nonciation de son identit pour soi et dans l appr hension de son identit pour autrui certains choisiront d exposer les moindres recoins de leur vie quand d autres s vertueront n exposer que le minimum n cessaire A ce titre les travaux que nous avons men s soulignent le faible investissement des personnes dans la cr ation de contenu ce que nous avons traduit sous la forme d une chelle des usages qui illustre une double gradation figure 1 Cette chelle traduit une hi rarchisation des usages La premi re gradation est celle des cinq grandes familles d usages s informer se divertir communiquer cr er et publier o nous constatons que l appropriation des usages se traduit par une l vation dans la difficult des usages li e la fois au degr d interactions n cessaire entre l utilisateur et la machine et la complexification des outils employ s ce qui traduit galement les aptitudes mis en uvre par les usagers La seconde gradation met en parall le la sortie progressive de l
43. entitaires qui s op rent dans le processus d appropriation entre l identit biographique des utilisateurs et l identit attribu e par les concepteurs et les organisations qui ont recours ces technologies num riques Dans ce contexte la sociologie des usages entend mettre en avant un monde des possibles plus ouvert o les espaces de libert se gagnent et le sens de ce que l on fait s invente au jour le jour D s lors si l appropriation est cr ative comme le souligne Serge Proulx elle l est moins dans l invention de nouveaux usages que dans la recherche de processus de familiarisation et de socialisation fruit de ses transactions identitaires Ce qui engage la mobilisation de ressources cognitives et empiriques en vue de l acquisition de savoir d couverte de la logique et des fonctionnalit s de savoir faire apprentissage des modes op ratoires et d habilet s pratiques Jou t 2000 Les individus n gocient avec les objets techniques pour obtenir une singularisation des modes de faire et de manipulation aboutissant leur appropriation Cependant nous pouvons observer que la majorit des usagers se contente d une maitrise partielle des fonctionnalit s ph nom ne qui n est pas n cessairement expliqu par un faible niveau de culture technique mais parce que cette exploitation s av re suffisante pour r pondre leurs attentes Nous poursuivons l exploration de la d finition que Proulx d
44. erche de solutions un probl me et l am lioration de comp tences Jullien et Roudaut 2011 D autre part le mod le en oignon du fonctionnement de ces communaut s l gitime et valorise la fois les comp tences et l expertise dans un domaine mais aussi la capacit partager en cr ant du contenu et finalement animer la communaut en d finir les r gles Nous pourrions donc nous attendre ce que le d veloppement des communaut s de pratique port par l expansion et la simplification des outils de diffusion favorise l expression de l expertise en dehors des consid rations acad miques ou des professions institutionnalis es Ce processus pourrait avoir un effet inclusif pour des personnes dont les rep res identitaires sont fragilis s en leur permettant d int grer et de c toyer des communaut s qui ne reposent pas sur l tre mais sur le faire et o les cat gories traditionnelles pour reconna tre l aptitude comme la formation ou la profession ne sont pas exig es Mais il ressort que les niveaux d engagement sont tr s diff rents et que la plus grande part des contributions est le fruit de noyaux souvent restreints quelques individus o le dipl me constitue une variable explicative forte Jullien et al 2011 et les processus d identification mis en place sur les plates formes du web social mobilisent des cat gories sociales qui servent subsumer des homologies de position dans des syst m
45. es l int rieur desquels passe la quasi totalit des individus d une m me g n ration Dubar 2010 Au final la production du savoir repose toujours sur une dichotomie entre amateurs et professionnels profanes et experts m me si la fronti re est plus floue qu avant que les actes d attribution ne reposent plus uniquement sur les contingents d attribut comme le dipl me l ge l exp rience l anciennet auxquels se sont ajout s des attributs comme la notori t ou l app tence la qualit des contenus produits et la comp tence manipuler ces outils complexes jouer sur leur compl mentarit D s lors malgr les discours pr sentant internet comme un espace de l expression et de la valorisation des comp tences il peut tre au contraire un espace de renforcement des cat gories et des attributs propres distinguer ceux qui ont les aptitudes de ceux qui ne les ont pas et tre un facteur de renforcement de sentiments d exclusion La pratique permettrait galement l expression d une plus grande libert pour les individus dans la manifestation ou l expression de leur identit En effet En estompant les ressorts instrumentaux de l action au profit de composantes expressives les forces d engagement individuels sur le Web rehaussent les logiques de r alisation de soi tout en parvenant les articuler la formation de collectifs publics Dire que les acteurs d couvrent dans l interactio
46. es lient les uns aux autres de mani re durable Durkheim 1930 et les m canismes de socialisation A ce titre l exclusion correspond un processus de refoulement hors de la sph re productive des populations les moins qualifi es Paugam 1996 Mais contrairement la notion de pauvret la notion d exclusion ne se limite pas des consid rations financi res ou conomiques elle doit prendre en compte les trajectoires de chacun les capacit s et les attentes ainsi que la position dans le cycle de vie En effet selon le sociologue la notion d exclusion fait r f rence l ensemble des m canismes de rupture tant sur le plan symbolique stigmates ou attributs n gatifs que sur le plan des relations sociales rupture des diff rents liens sociaux qui agr gent les hommes entre eux Paugam 1996 C est pourquoi elle est caract ris e par trois dimensions La premi re dimension est d ordre conomique et d signe l insuffisance et l incapacit chroniques ou renouvel es mobiliser des ressources propres assurer l acc s aux produits fondamentaux et des conditions de vie acceptables Cette insuffisance est le plus souvent li e l absence ou la d gradation de l acc s l emploi ou de l employabilit La seconde dimension est d ordre politique et citoyenne dans la mesure o elle souligne la non reconnaissance ou le non usage des droits sociaux civils et politiques
47. es ch meurs pour voluer dans un milieu qui lui est familier mais il pourra galement faire le choix d aller dans des lieux mixtes interm diaires o il y a des gens actifs pour avoir l impression d tre comme eux Le Mentec 2010 Tout d pend alors de la mani re dont il construit son rapport l identit de ch meur celle laquelle il pense appartenir et celle que les autres et notamment les institutions lui renvoient De m me la probl matique de la construction des cat gories pose la pertinence de celle labor e par certains autour des g n rations n es avec les outils num riques autrement dit les digital native Cette controverse met en avant un processus de construction identitaire autour de statuts li s la manipulation des outils num riques selon lequel tous ceux n s apr s l apparition d internet seraient intrins quement experts ou familiers avec ces outils et se distingueraient de leurs a n s par cette seule familiarit Or force est de constater que les personnes n es depuis la fin des ann es 1970 sont galement confront es des ph nom nes d exclusion et ne sont pas toutes gales devant les outils num riques En outre cette cat gorie sert de r f rences aux g n rations pr c dentes qui comparent leurs aptitudes manipuler les outils non pas en termes de comp tences mais en termes d appartenance ces digital native Nous assistons donc des n gociations identitaires aussi b
48. es processus de re Jconstruction des identit s Et comme le dit Goffman l identit sociale de ceux avec qui se trouve l individu peut servir de source d information sur son identit sociale lui partant de l hypoth se qu il est ce que les autres sont Goffman 1975 De plus ces formes de coop ration reposent sur l adh rence communautaire qui implique de se projeter dans une activit virtuelle mobilisant des personnes que l on ne conna t pas n cessairement mais avec qui on partage a priori des caract ristiques ou des affinit s Autrement dit pour utiliser les nouveaux services ou plates formes du web 2 0 les usagers doivent tre aptes se socialiser mobiliser des r seaux sociaux dont les caract ristiques sont mesur es de mani re syst matique par les outils eux m mes le nombre d amis sur Facebook donne la densit du r seau social le nombre de visites sur un blog ou un forum qualifie la notori t de son auteur Cela signifie que l internaute n a d existence dans la communaut qu en fonction de son activit d abord valu e quantitativement nombre de post d amis P r a 2010 mais la confusion s installe entre identit et existence entre existence et activit Ce qui compte le plus c est la publicit que l on fait de soi au cours de laquelle se r v lent les attributs identitaires Le web 2 0 ouvre les perspectives de rencontres virtuelles mais cela n cessite
49. ession tant galement les moins connues Boutet et Drogue 2009 Boutet et Tremenbert 2009 ces tendances ont t confirm es par les enqu tes r gionales bretonnes Tremenbert 2009 En d autres termes tant aupr s des usagers que des non usagers nous avons mis en lumi re une faible appropriation des usages le plus souvent li e un manque de connaissance des potentialit s offertes et un manque de capital social pour s en saisir C est pour cela que nous pouvons nous interroger sur la capacit r elle d internet faciliter la participation la vie communautaire ou citoyenne pour les personnes peu familiaris es avec ces outils et pour questionner la n cessit et les exigences d une nouvelle thique de l information requise dans les soci t s hypermodernes construits travers la prolif ration de ces r seaux de savoirs cr es et partag s entre citoyens ordinaires Proulx 2010 Par ailleurs des investigations plus pouss es utilisant des m thodes de fouilles de donn es ont pu mettre en relief que nombre d usagers pratiquent souvent une activit sur internet et ont moins d aisance dans la manipulation de plusieurs outils en m me temps Sarr Lenca Boutet et Tremenbert 2011 Enfin les travaux sur les contributeurs Wikipedia ont mis en relief la place de l aisance pour la manipulation des outils techniques et le fait que Les comp tences informatiques comme l laboration d un documen
50. et de l architecture relationnelle qu elles mettent en place Cardon 2008 Nous pouvons ainsi distinguer l architecture relationnelle d un r seau social dont le service est la mise en relation d individus de la plate forme d un service administratif dont la mission est de donner acc s des services publics et qui se rapproche des plates formes commerciales dont la mission est galement de fournir un service ou un produit mais avec en plus une dimension financi re et mercatique C est pourquoi dans la conception des plates formes ou des services que ce soit pour des r seaux sociaux du commerce ou de l administration par exemple le design de l identit pr sente en effet un caract re beaucoup plus strat gique que la gestion de la face ou le management des impressions dont nous faisons montre dans les interactions en face face Cardon 2008a Assur ment l tablissement des cat gories et des attributs est la conjonction d activit s humaines et organisationnelles de d veloppements et d activit s de calculs logiciels ce qui peut influencer les profils d usagers car le terme m me de profil renvoie v ritablement une classification d finie par des caract ristiques calcul es par des algorithmes et qui permettent de mani re rapide de conna tre la personne laquelle on a faire Suchman 1994 Pour illustrer notre propos lors de nos entretiens en 2012 2013 nous
51. ette approche soul ve donc la question des transactions op r es par les individus entre leurs biographies singuli res et les patterns les mod les de comportements et de pratiques produits par les institutions avec lesquelles ils interagissent Dans ses travaux sur l identit et la socialisation Claude Dubar aspire d passer la dichotomie entre identit collective et identit individuelle h rit e des pr curseurs de la sociologie et propose de d finir l identit sociale comme une double transaction articulant des processus biographiques individuels ou internes et relationnels collectifs ou externes Dubar 1992 2010 Le processus biographique consiste consid rer la mani re dont les individus projettent des avenirs possibles en continuit ou en rupture avec un pass reconstitu trajectoires il met en jeu la continuit des appartenances sociales et le sens des trajectoires individuelles le processus relationnel vise entrer en interactions avec des acteurs significatifs d cideurs d un champ particulier en vue de faire reconna tre la l gitimit de leurs pr tentions au regard des moyens et des objectifs de ces institutions Dubar 1992 Cette posture th orique s inscrit dans une sociologie des logiques d action qui postule que les individus sont des agents actifs capables de justifier leurs pratiques et de donner une coh rence leurs choix et non de purs objets m caniq
52. iale se font avec des proches Autrement dit n accordons nous pas trop d importance des interactions ventuelles avec des inconnus qui ont autant de chance de se produire que ce qui se passe tous les jours dans la rue le m tro ou au supermarch Les nouveaux usages d internet bousculent la fronti re entre les identit s publiques et les identit s priv es car ce sont des espaces de grande exposition qui favorisent la mise voir de l intimit La notion d identit num rique vient de cette capacit jouer avec les outils pour mieux contr ler les informations que chacun transmet dans ses interactions avec les autres il s agit moins d une nouvelle forme d identit que d un attribut li aux comp tences acquises par la pratique des outils num riques et l intelligence que les individus d veloppent dan la manipulation des fonctionnalit s pour mener bien les transactions identitaires propres r pondre leurs attentes Ce sont donc des transactions identitaires entre les offres et les demandes d identit s qui interviennent et qui supposent une red finition des crit res mais aussi des conditions d expression des attributs identitaires 3 12 L identification num rique une transaction identitaire interne entre les individus et les plates formes de services num riques Que l individu souhaite entrer en contact avec un agent administratif un commercial un ami ou un wikip dien il doit avant tout s
53. iel aux processus d appropriation des technologies num riques Les non usagers ou les personnes qui ont d velopp peu d usages affirment qu elles ne disposent pas d un entourage familiaris aux usages d internet Boutet et Tremenbert 2009 Boutet et Drogue 2009 Cette d faillance de capital social est probl matique pour plusieurs raisons En premier lieu la d marche qui accompagne une d cision de s initier aux TIC est souvent le r sultat d interactions avec des proches qui donnent envie explicitent les b n fices qu ils en retirent et d mystifient la technique en outre ces proches accompagnent souvent le n ophyte dans les lieux d initiation comme les espaces publics num riques Boutet et Trellu 2006 Boutet et Drogue 2009 En second lieu les membres de l entourage sont sollicit s en cas de probl mes ou de questions techniques Les personnes s adressent plus facilement un proche qui s y conna t un peu plus qu eux qu un professionnel Boutet et Trellu 2006 Boutet et Drogue 2009 Enfin comme nous le soulignons auparavant pour pouvoir utiliser les outils de communication il faut savoir avec qui communiquer m me si le terminal ou le d bit le permettent certaines personnes ne d veloppent pas certains usages comme le mail les jeux les forums tout simplement parce qu ils ne disposent pas du capital d interlocuteurs n cessaire Lelong et Beaudouin 2001 contrario no
54. ien du point de vue des personnes des g n rations pr c dentes que de celles qui pourraient faire partie de cette fameuse g n ration Y Comme le souligne Conein il convient de s interroger non pas seulement sur l usage et le non usage mais sur les circonstances sociales et humaines qui participent l mergence de ces cat gories Conein 2005 4 Peut on tre num rique Pour conclure la d marche identitaire soutenue par l usage des TIC rel ve moins de la cr ation d une nouvelle identit que de la mani re dont les usagers contr lent lexpression de leurs identit s sociales et personnelles gr ce aux fonctionnalit s offertes par les plates formes travers les avatars les profils les contenus qu ils publient La question de l inclusion se pose en premier dans la capacit mobiliser des comp tences afin de tirer profit au mieux de ces fonctionnalit s En outre cette capacit utiliser les fonctionnalit s des outils se double d une capacit comprendre les codes d expression Ces codes d expression sont le fruit de deux processus la prescription technique et la pratique sociale Faut il utiliser un pseudo ou pas Doit on tout dire Peut on tout dire D s lors la capacit mobiliser les bons codes devient effectivement un facteur d inclusion dans le groupe et nous pouvons alors parler d identit dans le sens o la communaut des utilisateurs reconnait l utilisateur comme en f
55. inoir M 2011 Errances et technologies g olocalisation du stigmate dans P Plantard dir Pour en finir avec la fracture num rique France Fyp ditions pp 97 116 Tr menbert J 2009 Qui refuse les TIC en Bretagne et pourquoi Comprendre gr ce aux statistiques le non usage d Internet M rsouin Observatoire OPSIS f vrier 2009 http www marsouin org article php3 id_article 257 derni re consultation le 05 08 14
56. ion de la Communication Montr al Qu bec Presses Universitaires de Qu bec Collection Communication p 13 30 Rakotomalala Arisoa N A 2012 L appropriation de l ordinateur et de l internet dans les points d acc s publics les cas compar s de Brest de Saint Denis et d Antananarivo Th se de doctorat en Sciences de l information et de la communication Universit de La R union Sainsaulieu R 1985 L identit au travail Paris France Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques Sarr A Lenca P Boutet A Tremenbert J 2011 Etre ou ne pas tre usager d internet telle est la question Dans A Khenchaf et P Poncelet dir Extraction et gestion des connaissances Brest p 291 292 25 29 janvier 2011 Schnapper D 1996 Int gration et exclusion dans les soci t s modernes Dans S Paugam dir L exclusion L tat des savoirs Paris France Editions La D couverte p 23 31 Schnapper D 1989 Rapport l emploi protection sociale et statuts sociaux Revue fran aise de sociologie XXX p 3 29 Schnapper D 1981 L Epreuve du ch mage Paris France Gallimard Selwyn N 2006 Digital division or digital decision A study of non users and low users of computers Poetics 34 273 292 Suchman L 1994 Do categories have politics The language action perspective reconsidered Computer Supportive Cooperative Work CSCW 2 p 177 190 Tra
57. ique de l e inclusion pose cette question de la socialisation de la technique du point de vue de ceux pour qui les trajectoires d usages s inscrivent dans des situations de fragilisation ou de fragilit et les aggravent 2 2 Les trajectoires exclusion inclusion dans la soci t de l information Apr s la seconde guerre mondiale l int gration sociale s est faite gr ce au d veloppement conomique et au plein emploi qui ont permis une augmentation globale des richesses et des conditions de vie des individus m mes dans les classes les plus pauvres Plus tard les crises conomiques ont remis les pr occupations de la coh sion sociale au devant de la sc ne en posant la question de sa pr servation alors que les principes qui sous tendaient la soci t moderne production et efficacit ne remplissaient plus leur r le int grateur Dans les ann es 2000 la perte de confiance dans la capacit des mod les occidentaux assurer le bien tre de tous s est aggrav e avec d une part la prise de conscience de la dimension environnementale et cologique des activit s humaines et d autre part la propagation des technologies de l information et de la communication conf rant au paradigme social dominant une tr s haute dose de technicit tant sur le plan des relations sociales que symboliques Dans ce contexte les choix de d mat rialisation et de num risation des relations sociales propos s par exemple par le portai
58. isme d gradations des conditions de travail ou d acc s la formation par exemple y D un affaiblissement des structures familiales domestiques et des r seaux de proximit monoparentalit personnes g es sans famille ou en EHPAD d part la retraite par exemple v D un affaiblissement des r seaux sociaux et professionnels entrainant une d gradation des capacit s d appr hension des logiques organisationnelles Ces conditions de processus d e exclusion sont renforc es par une d gradation de l estime de soi des personnes qui d valorisent la consid ration qu elles ont de leurs capacit s et de leurs comp tences avec en fond un environnement satur de messages sur les objets num riques et leurs usages bienfaiteurs ou pas Cela se traduit num riquement parlant par yY Des difficult s pour s quiper recours aux quipements de seconde main et l endettement mais surtout d assurer un abonnement p renne aux fournisseurs d acc s v Des comp tences num riques bureautiques et informatiques tr s vari es embryonnaires ou partielles voire inadapt es v Le d faut d une v ritable litt ratie ou culture du num rique entendue comme la capacit comprendre et utiliser internet les outils num riques les technologies de l information et les contenus produits dans la vie courante la maison au travail et dans la collectivit en vue d atteindre des buts personnels et d t
59. it Au cours des travaux empiriques nous avons recueilli les propos des acteurs de l e inclusion publics professionnels du social et membres des collectivit s territoriales donnant r fl chir au x mod le s de soci t et donc de socialisation qui se d veloppai en t en parall le de la diffusion des technologies num riques La probl matique des non usagers En 2014 17 des Fran ais d claraient ne pas avoir acc s une connexion internet Bigot et Croutte 2014 La question qui se pose est de savoir ce qui se cache derri re ce chiffre qui certes a diminu au cours des ann es ils taient 51 d clarer ne pas avoir d acc s une connexion en 2003 Bigot 2003 Depuis le milieu des ann es 2000 des chercheurs en Belgique AWT 2008 au Canada Cohendet et Stojak 2005 en France Laborde et Soubiale 2006 et 2007 Boutet et Tr menbert 2009 Tremenbert 2009 aux Etats Unis Lenhart 2003 et au Royaume Uni Selwyn 2006 se sont donn s pour objectif de comprendre les situations de non usages d identifier les facteurs qui y concourent La recherche sur les non usagers a progress au point que la plupart des centres de recherches et d tudes les int grent dans leurs observatoires Les travaux ont converg vers une typologie relativement partag e des non usagers m me si les terminologies ne sont pas toujours strictement quivalentes les non usagers absolus les abandonnistes les interm
60. ittents de l usage et les usagers par procuration En 2008 l enqu te du GIS M rsouin sur les usages du num rique en Bretagne a marqu l introduction de la question des non usages dans les probl matiques prises en charges elle donnait suite plusieurs ann es de recherches th oriques m thodologiques et de travaux de terrain Il faut dire qu ce moment l 47 des Bretons d claraient ne pas avoir utilis internet au cours de l ann e coul e Le premier l ment qui fut mis en vidence tait l extr me diversit des situations de non usages la personne g e qui se trouvait trop vieille et qui pensait que l ordinateur tait fait pour les jeunes actifs l tudiant mal quip par manque de moyen l adolescent peu l aise l crit et face un clavier en AZERTY la m re au foyer qui ne voyait pas l utilit de se connecter par exemple Par ailleurs les caract ristiques socio d mographiques et socio conomiques composaient un faisceau d indicateurs de l app tence technologique et de l introduction ou non d internet dans le foyer A ce titre les donn es telles que l ge la profession ou le niveau de dipl me constituaient des d terminants forts de discrimination entre les usagers et les non usagers de m me que les caract ristiques li es au foyer comme la profession de l adulte chef de famille la pr sence ou non d enfants ou la structure familiale Un autre facteur d
61. jet sont des exp riences socio techniques durant lesquelles l utilisateur devra transiger entre cette identit qui lui a t affect e lors de la conception et son identit personnelle fruit de son h ritage et de sa projection dans le futur 2 12 La prescription de sociabilit et l obligation de pr sence Le postulat du web social est la n cessaire existence d interactions avec les autres pour remplir sa mission en d autres termes il faut tre sociable pour utiliser le web 2 0 et m me au del comme le souligne Cardon Le d veloppement des usages du web 2 0 tient au fait que les utilisateurs ont tendance largir leur cercle relationnel bien au del de ce qu il serait possible d extrapoler de leurs pratiques de sociabilit ordinaire Cardon 2008 En s inspirant de ces ph nom nes les plateformes les plus r centes de r seaux sociaux num riques ont investi sur la simplification des acc s acc l rant le d veloppement d une forme de coop rations et encourageant l adh sion des internautes de nouvelles formes de communaut s Des individus ou des groupes d individus se retrouvent pour produire du contenu le commenter le modifier et cr er du bien commun La sp cificit de ces formes communautaires est qu elles n engendrent pas obligatoirement un engagement fort de la part de leurs membres C est la force des coop rations faibles Aguiton et Cardon 2007 qui pr dominent et qui sup
62. l de P le Emploi des organismes d aide sociales rappelons que la premi re campagne d affichage pour le RSA donnait pour seules coordonn es un site web les t l candidatures ont accentu la pression sociale et politique de se mettre au num rique pour des personnes d j fragiles qui ne maitrisent pas n cessairement les outils num riques 2 2 1 Le num rique comme amplificateur des ph nom nes d exclusion La notion d exclusion a t remise sur le devant de l espace public alors que les crises conomiques ont entrain des ruptures durables dans les fondements modernes de la coh sion sociale ou du lien social et dans la confiance que les individus accordaient au contrat social De ce fait la nation d mocratique a vocation accueillir tous ceux qui souhaitent y participer et leur garantie en principe l galit des droits civils conomiques et sociaux Mais la participation des individus la vie collective est fond e sur deux institutions troitement li es d une part les relations conomiques inscrites dans la production des richesses et le rapport l emploi d autre part les relations sociales qui s initialisent dans la famille et se poursuivent dans les autres instances civiles et politiques Schnapper 1996 Avec les crises conomiques la division sociale du travail ch re Durkheim n a plus pr serv les solidarit s fragilisant le syst me de droits et de devoirs qui les homm
63. mbre de n ophytes passent le cap pour prendre ou garder le contact avec des membres de la famille loign s ou lors d une rupture dans leur histoire de vie qui les am nent s loigner de leur lieu de vie changement professionnel veuvage entr e en maison de retraite Lethiais et Roudaut 2009 Par ailleurs cet espace doit tre occup en permanence quitte parler m me lorsque l on a plus rien dire en guise de processus compensatoire de l absence de copr sence physique P r a 2010 L injonction de connectivit perp tuelle impos e par les outils du Web 2 0 induit deux principes qui peuvent g n rer des ph nom nes d exclusion M me si les capacit s d acc s aux quipements et aux r seaux ont tendance s tendre aux foyers les plus modestes une part de la population n a toujours pas acc s aux quipements soit domicile soit dans des structures collectives les foyers revenus modestes ou pr caires pour qui un abonnement est impossible les personnes touch es par le sans abrisme ou vivant dans des logements pr caires les personnes vivant dans les zones blanches Ainsi les difficult s d acc s au mat riel et aux r seaux engendrent une impossibilit de fait d avoir une pratique r guli re de ces outils et ajoutent des obstacles dans le processus de domestication de ces nouveaux dispositifs relationnels En outre les disparit s demeurent pr gnantes en mati re d usages et de co
64. mis en uvre par les plates formes selon des strat gies organisationnelles et des contraintes techniques et les actes d appartenance des individus Autrement dit entre les formes identitaires biographiques et relationnelles Cela interroge la capacit int gratrice du Web pr sent comme un espace de d mocratie et d ouverture alors que force est de constater que tout le monde ne peut pas crire n importe quoi n importe o et avec n importe qui il existe bien des codes et des normes d valuation des individus pour produire ces codes et ces normes et d autres pour accepter la l gitimit de ces actes normatifs quels que soient les registres 3 2 Les processus identitaire relationnels vers une institutionnalisation de la technologie num rique Comme l crivait Durkheim ce qui cr e la coh sion sociale ce n est ni la rationalit conomique ni le positivisme des r gles labor es pas les institutions tatiques mais les valeurs les normes morales collectivement construites partag es et l gitim es car la division sociale du travail cr e entre les hommes tout un syst me de droits et de devoirs qui les lient les uns aux autres de mani re durable Durkheim 1930 La question que nous tudions pr sent part de hypoth se selon laquelle les dispositifs techniques contiendraient une capacit identitaire collective m me de cr er de nouveaux cadres de r f rence de la relation au monde au
65. mp tences qui participent l appropriation des outils et des cultures technologiques li es au TIC A titre d illustration les recherches que nous avons men es Brest mettent r guli rement en exergue les difficult s de mobilisation des ressources sociales et cognitives qui permettraient aux personnes de s approprier pleinement ces outils et les potentialit s qu ils offrent en termes d mancipation et de cr ation d opportunit s pour des besoins qui leurs sont propres Dans cette perspective nous pouvons dire que les usages d internet ne cr ent pas du lien social l o il n y en a pas pr alablement Et s il ne cr e pas du lien social difficile de dire qu il est un nouveau lieu de r f rence identitaire si ce n est en renfor ant l id e de l exclusion comme la d crite Paugam un espace o se hi rarchisent ceux qui sont aptes et ceux qui ne le sont pas participer la dynamique g n rale Tout ce que nous pouvons constater c est que alors que dans les ann es 1970 et1980 l organisation conomique a particip la d finition de l appartenance au syst me social en discriminant ceux qui participaient la production des richesses et ceux qui n y participaient pas ou plus les dynamiques collaboratives du num rique renforcent cette discrimination en poursuivant la valorisation de ceux qui produisent de la richesse informationnelle face ceux qui ne peuvent y participer Ce ph nom ne est d
66. n S 2011 L engagement dans des collectifs de production de connaissance en ligne Le cas GeoRezo Revue Fran aise de Socio conomie n 8 dossier Socio conomie du num rique nov d c 2011 p 59 83 Jullien N Roudaut K Dejean S Lyubareva I et Vicente M 2011 Etude sur les utilisateurs et les contributeurs de Wikip dia Cahier de Recherches M rsouin 2011 4 http www marsouin org spip php article452 derni re consultation 13 09 2015 Laborde A et Soubiale N 2007 R sistance l utilisation d internet analyse des repr sentations des non internautes et des facteurs communicationnels cognitifs et psychosociaux associ s la non utilisation Ath nes Gr ce colloque EUTIC Laborde A et Soubiale N 2006 Les non internautes des facteurs sociod mographiques une approche multidimensionnelle Bruxelles Belgique Colloque EUTIC septembre 2006 Latour B et Woolgar S 1986 La vie de laboratoire La production des faits scientifiques Paris France La D couverte Lefort C 1969 Introduction l uvre d Abram Kardiner in Kardiner A 1969 L individu dans sa soci t essai d anthropologie psychanalytique Avant propos et deux tudes ethnologiques de Ralph Linton Paris France Gallimard Lelong B et Baudouin V 2001 Usages domestiques d internet nouveaux terminaux et hauts d bits Premier bilan apr s quatre ann es d exp rimentations Colloque IC
67. n le sens de leur engagement et produisent ainsi leur identit au c ur des thiques de la discussion et nourrit les d bats actuels sur la reconnaissance Cardon 2008 Ce qui ouvre de possibles espaces de contestation des statuts des cat gories et des formes d appartenance propos s voire impos s par les institutions La plate forme num rique prend alors le r le d une alternative en proposant des cat gories et des statuts diff rents o les individus mettent en jeu des espaces d identification prioritaires au sein desquels ils se consid rent suffisamment reconnus et valoris s Cependant les espaces num riques ont tous une dimension technologique organisationnelle et relationnelle qui impose des r gles et des normes respecter Par cons quent cela contraint les individus d velopper des trajectoires d appropriation leur permettant d interagir avec ces plates formes num riques pour acc der aux services qu ils souhaitent Ils doivent ainsi acqu rir des comp tences techniques mais aussi une intelligence des logiques institutionnelles qui d termine les strat gies technologiques D s lors en analysant la question de l identit num rique sur la base de la sociologie classique il nous semble difficile de conclure l existence d une identit sp cifique dans les usages que les gens font des espaces num riques Cependant nous avons pu observer des transactions num riques entre les actes d attribution
68. nt surtout dans les m tiers les moins qualifi s C est pourquoi nous posons la question de l existence d un processus d institutionnalisation de la technologie num rique au sens global c est dire comme un syst me de production de normes valeurs cat gories reconnues socialement comme faisant sens pour et par tout ou partie des groupes sociaux Pour cela nous proposons dans un premier temps de revenir sur un des attributs des objets num riques savoir la question de la sociabilit pour interroger son caract re prescripteur de l identit num rique Nous poursuivrons par la question de l identit professionnelle mise mal par le mod le de comp tences num riques pour finir sur la cat gorisation dans l e inclusion 3 2 1 Comment peut on tre num rique Il faut tre sociable Alors que le web 1 0 imposait la n cessaire interactivit entre l humain et la machine il faut tre social au temps du web 2 0 La diffusion des outils du web social laissaient penser que les personnes en situation de disqualification sociale pouvaient reconstruire leur appartenance la soci t et sa reconnaissance gr ce des pratiques collaboratives construites non plus autour de l tre mais du faire d autant plus facilement que l cran pouvait masquer les signes lisibles de leur appartenance la cat gorie des exclus Par exemple les t moignages des professionnels du social rapportent commen
69. nus produits par d autres le web 2 0 a ajout la possibilit de fa onner sa guise son cheminement dans la production de ses propres contenus et de leur diffusion Ces caract ristiques d terminent la n cessaire coop ration entre l utilisateur et l objet technique coop ration qui vise mettre en r sonnance les usages prescrits lors de la conception avec les pratiques effectives par des ajustements faits de compromis de r gulations de conventions et de m diations Ces ajustements obligent consid rer la participation des utilisateurs dans la construction de l innovation pour que cette derni re puisse tre adopt e comme le souligne M Akrich pour qui l adoption d une innovation passe par une s rie de d cisions qui d pendent du contexte particulier dans lequel elle s ins re L valuation des d fauts et des avantages d une innovation est tout enti re entre les mains des utilisateurs elle d pend de leurs attentes de leurs int r ts des probl mes qu ils se posent Akrich 1988 Ces ajustements sont galement de l ordre de l identitaire En effet lors de la conception des outils ou services num riques les concepteurs projettent dans la technique leur repr sentation de l utilisateur final en lui affectant des attributs de types sociologiques ou conomiques mais aussi en termes de comp tences et d usages attendus En cons quence de quoi la prise en main et l appropriation de l ob
70. onne de l appropriation car elle justifie pleinement la mobilisation de la notion d e inclusion L appropriation est un proc s la fois individuel et social Proulx 2005 qui requiert quatre conditions pour se confirmer i la maitrise technique et cognitive de l objet technique ii l int gration significative de l objet technique dans la pratique quotidienne iii la cr ativit notamment dans la pratique sociale favoris e par l usage et enfin iv un niveau plus macro social la prise en consid ration des usagers dans les politiques publiques et les dispositifs d innovation Proulx 2005 Cette d finition nous invite nous interroger sur ce que Jou t nomme la g n alogie des usages durant laquelle les dispositifs num riques sont mis l preuve par les potentiels usagers travers des phases de d couverte d apprentissage et de banalisation Jou t 2000 Cette mise l preuve peut conduire tout moment des rejets des abandons ou au contraire l adoption d finitive car l objet a acquis un statut d objet ordinaire qui l incorpore dans les pratiques sociales Jou t 2000 C est pourquoi nous consid rons que la socialisation des usages passe par un d senchantement de la technique autrement dit par la perte progressive de son caract re extra ordinaire par un r ajustement entre les attentes souvent magnifi es et les usages r els plus modestes La probl mat
71. ou d inclusion exige une approche dynamique de trajectoire de vie qui s applique galement lorsqu il est question d appr hender l introduction des technologies num riques dans ces parcours de vie A ce titre il nous para t n cessaire de reprendre le cheminement qui nous am ne questionner la dimension num rique de l exclusion et de l inclusion en commen ant par la pr sentation des principaux attributs des technologies et de leurs usages 2 1 Les attributs des technologies num riques et de leurs usages Au del de la multiplication des services des r seaux et des terminaux num riques il est important de souligner trois fondamentaux qui les caract risent l interactivit la sociabilit et la pr sence La multiplication la complexification et la polyvalence des dispositifs techniques conduisent la fragmentation Merzeau 2013 et la personnalisation de l offre au point que l utilisateur se trouve dans l obligation d agir pour trouver son propre cheminement dans la recherche la production le partage ou l archivage des contenus Nous verrons que ce sont les attributs des utilisateurs qui sont en premi re ligne dans les interactions avec et par les technologies num riques 2 1 1 La polyvalence des technologies num riques prescrit l interactivit et la coop ration humain machine Par polyvalence nous entendons deux aspects des technologies num riques D un c t ces objets peuvent tre
72. portent une certaine versatilit des internautes Les liens et les collectifs se formeraient de mani re opportuniste quand la pr existence d une quelconque appartenance communautaire ne serait pas un pr requis Proulx et Millerand 2010 Au demeurant la possibilit offerte aux internautes de cr er des contenus s est adoss e au d veloppement de services et de plateformes collaboratives des blogs aux r seaux sociaux num riques en passant par les wiki et aujourd hui l interconnexion des objets Le mode de collaboration mis en uvre a t saisi par les agences du Web but lucratif ou non lucratif voyant l un moyen de cr er de la richesse informationnelle en valorisant la production de la multitude Engendrant ainsi l closion des dispositifs de notori t de notation d valuation et mobilisant du capital immat riel et conduisant une obligation de pr sence Parall lement les internautes ont acquis une meilleure agilit dans la production et la publication en ligne de contenu L engouement pour des r seaux sociaux leur a donn l occasion de se familiariser aux fonctionnalit s de publication d images renforc par la diffusion d outils de capture d image sur les t l phones mobiles et plus r cemment sur les smart phones Ils ont galement acquis de l exp rience dans l expression d opinions m me si elle se r sume souvent des commentaires format s sur les murs de leurs contacts En 2
73. pports des approches inclusives L approche inclusive a t l objet d un travail de th orisation particuli rement dans le domaine de l ducation et de la prise en charge des enfants souffrant de handicaps Ainsi Serge Ebersold explique que la vuln rabilit sociale est le r sultat de l absence de ressources culturelles sociales conomiques identitaires relationnelles n cessaires la r alisation de soi et engagement social Ebersold 2009 Mais ces causes de vuln rabilit ne doivent pas tre consid r es comme des charges pour la soci t car elles sont au contraire constitutives de la diversit sociale qui contribue au d veloppement individuel et collectif En outre l incertitude qu implique la prise en charge des singularit s est une source d innovation et d efficacit dans le parcours social C est pourquoi l approche inclusive pr ne le d veloppement des qualit s individuelles au profit du bien tre personnel mais galement du d veloppement conomique et social La d marche inclusive est galement participative car 1 elle substitue une d marche collectivement d finie et men e par l ensemble des acteurs une d marche normative o il y a d un c t les experts et de l autres les profanes imparfaits voire inaptes 2 elle implique une participation active de tous gr ce une prise de comp tences empowerment au d veloppement de la communaut La notion d
74. rge se traduirait par un flux d activit s dont le sujet retiendrait quelques faits marquants le lancement des timeline en est l exemple le plus r cent jug s pertinents pour construire l image qu il se fait de lui m me et qu il souhaite donner voir L exposition des activit s des opinions des productions dans les espaces num riques ouverts devient donc un moyen dont se servent les internautes dans leurs transactions identitaires La notori t le nombre d amis sur les r seaux sociaux sont pour eux des outils de validation ou de l gitimation de leurs choix Les internautes ont galement la possibilit d exprimer ou de revendiquer des attributs ou l appartenance des cat gories vis es plus facilement que dans des interactions directes en face face C est pourquoi les espaces num riques facilitent la possibilit que chacun a de refuser cette identification et se d finir autrement Dubar 2010 ce qui expliquerait l engouement pour les plates formes et les services num riques o les personnes pensent maitriser leur identit et la mani re dont les autres les per oivent car il s inscrit dans ce que Dubar appelle la n gociation identitaire qui suppose notamment une red finition des crit res mais aussi des conditions d identit s et de comp tences associ es aux identit s offertes Dubar 2010 En effet les techniques disponibles permettent de mettre en place des p rim tres d
75. rmation et de la communication dans la soci t fran aise Bigot et Croutte 2014 et les tudes biennales men es par l Observatoire Opsis sur les m nages bretons auxquelles nous avons contribu es notamment pour y int grer la probl matique du non usage La pr sentation des travaux qui suit permettra galement d voquer les populations qui servent de base notre propos Les politiques publiques brestoises en faveur de l appropriation des technologies num riques Depuis les ann es 1990 la municipalit brestoise a mis en place une politique publique en vue de favoriser la diffusion et l appropriation des technologies num riques par le plus grand nombre Outre l affectation d un service et d un lu cette probl matique l l ment central a t le soutien la mise en uvre d un r seau de plus de 100 Points d Acc s Publics Internet P A P I adoss un appel projets annuel Les premiers P A P I ont t ouverts en 1998 en vue de proposer des solutions alternatives aux personnes qui ne pouvaient disposer personnellement du mat riel et d un acc s aux r seaux La singularit de cette action publique a t de soutenir des d marches volontaires men es par des structures de vie ordinaires comme les mairies et les quipements de quartier les biblioth ques et les associations Soutenues en termes d quipements de formation et d accompagnement ces structures devaient assurer la pr senc
76. s la notion permet donc de mettre l accent sur l h t rog n it l instabilit et la complexification des situations ainsi que sur les processus par lesquels les in galit s se constituent et se renouvellent La participation l effort politique et civique n est garantie que si la participation la production des richesses est assur e r sultat du contrat social et de la division sociale du travail C est ce titre que la citoyennet d termine l inclusion dans la communaut politique en d finissant des formes toujours provisoires de participations et d identit s Schnapper 1996 autrement dit les attributs des citoyens et des non citoyens devoirs et engagements et leurs effets droits et garanties sur les conditions de mise en oeuvre En outre dans ces soci t s modernes la r alit sociale et politique est tiss e concr tement autour de la production et de la circulation des richesses D s lors les statuts sociaux commencer dans le groupe familial sont troitement li s la place de l individu dans le syst me de production Schnapper 1996 par rapport notamment l emploi Ces principes sont ce point int rioris s par les individus que les ruptures dans les conditions de participation l organisation de la production engendrent une fragilisation susceptible d exclure les populations concern es de la vie collective politique et relationnelle Ces pro
77. s de comp tences En 2011 la D l gation aux Usages d Internet a dit un r f rentiel de comp tences qui liste les capacit s utiliser un quipement informatique et les services de base de l Internet permettant l obtention d un Passeport Internet et Multim dia D l gation aux usages de l Internet 2011 dans les espaces publics num riques De m me la page du site du Minist re de l ducation nationale de l enseignement sup rieur et de la recherche consacr e au brevet informatique et internet B21 d clare que le B2i n est pas un examen mais une attestation de comp tences l instar du C2i niveau 1 qui concerne les comp tences num riques utiles aux personnes engag es dans des formations de l enseignement sup rieur dans une perspective de formation tout au long de la vie Il vise en priorit les tudiants engag s dans un cursus universitaire de premier cycle Mais cette approche de la question de l inclusion num rique se confronte directement avec les identit s sociales et professionnelles d une partie de la population En effet la principale fonction de ces mod les de comp tences est la production par les entreprises d identit s vis es de l employ ou de l ouvrier du futur ma trisant la fois des comp tences professionnelles en lien direct avec les strat gies de l entreprise qui l emploie des capacit s appr hender les processus m tiers pour pouvoir
78. s exer aient une activit professionnelle en tant qu employ s et 28 en tant qu ouvriers Boutet er Drogue 2009 Ce qui nous avait amen es la conclusion selon laquelle la formation suivie et les m tiers auxquels ces personnes pr tendaient ne favorisaient pas l acc s aux usages des outils num riques et une familiarisation avec ceux ci Comme le souligne Dubar C est dans la confrontation avec le march du travail que se situe aujourd hui l enjeu identitaire le plus important des individus de la g n ration en crise c est de son issue que d pend la fois l identification par autrui de ses comp tences de son statut et de sa carri re possible et la construction par soi de son projet de ses aspirations et de son identit possible Dubar 2010 Or jeunes et vieux doivent composer avec la diffusion de mod les de la comp tence Dubar 2010 qui font la part belle aux comp tences dites num riques la fois en mati re d innovations technologiques organisationnelles et professionnelles ma triser De surcro t les relations sociales sur internet reposent sur le postulat que les pratiques collaboratives d velopp es avec les outils du web 2 0 sont adoss es la flexibilit du travail la valorisation de la cr ativit ainsi qu l organisation de la production en r seau Aguiton et Cardon 2007 Cette id e renvoie celle de capitalisme informationnel et au fait que la richesse qui est
79. s textes plus sp cifiquement consacr s aux probl matiques du num rique C est dans cet environnement que la notion d e inclusion a t progressivement introduite aux c t s de la notion de fracture num rique ou foss num rique renouvelant les approches tant op rationnelles qu acad miques des probl matiques li es En effet durant la d cennie 1990 la notion de fracture num rique a t labor e puis toff e pour produire des indicateurs socio conomiques permettant d valuer les in galit s des individus des groupes sociaux ou des territoires face au d veloppement des technologies de l information et de la communication A ce jour nous pouvons d nombrer quatre dimensions li es 1 l acc s aux quipements et aux infrastructures 2 les usages faits ou pas par les individus ou des groupes sociaux 3 l efficacit des usages autrement dit les performances obtenus par le d veloppements des points 1 et 2 et enfin 4 les modalit s d apprentissage d un mod le de soci t fond e sur la richesse immat rielle de la connaissance Ben Youssef 2004 Mais cette approche de la fracture num rique pr sente deux failles D une part elle tente de d crire une h t rog n it de situations ce qui en fait une notion valise g om trie variable d autre part elle pr suppose de circonscrire et de probl matiser l existence d in galit s parfois tr s prononc es comme dans le c
80. st mes de repr sentations les processus d auto valuation et d auto censure Ainsi un individu n envisagera d utiliser internet que s il comprend l utilit que cela repr sente pour lui c est pourquoi les personnes qui n utilisent pas les outils num riques voquent le fait de ne pas savoir s en servir D s lors que l objet reste abstrait pour elles les personnes s imaginent qu il est difficile d acc s et de plus qu il n cessite des comp tences particuli res Par cons quent tout comme des exp riences malheureuses cas finalement assez rares les repr sentations peuvent cr er un obstacle majeur Nous avons donc en main une h t rog n it de donn es collect es qui nous a permis de traiter des probl matiques de l appropriation des technologies num riques de mani re dynamique gr ce des it rations entre des concepts explicatifs issus de la litt rature scientifique et des d marches inductives issus de nos recherches empiriques Cela nous a galement permis de mieux d finir ce que nous entendions par e inclusion ou e exclusion 2 Pourquoi parler d e linclusion et d e exclusion La soci t est compos e de populations pour qui les formes d identit et de participation changent en fonction des situations sociales et conomiques et des trajectoires individuelles pour aboutir un moment donn une situation d exclusion ou d inclusion Schnapper 1989 Parler d exclusion
81. t complexe avec un traitement de texte ainsi que la maitrise de l identit num rique sont positivement associ s l augmentation de l engagement dans la communaut Jullien Roudaut Dejean Lyubareva et Vicente 2011 Le web offre en outre une capacit multiplicatrice des rencontres possibles o le sujet est en situation de puissance in dite en autorisant les interactions au niveau mondial sous forme synchrone ou asynchrone et surtout en exposant m diatiquement aux yeux de tous les internautes le produits de ses changes P r a 2010 Or la part d imaginaire est tr s pr sente dans cette perception il n est pas rare dans les entretiens que nous menons que les personnes d clarent que la force d internet est sa capacit permettre de communiquer avec des personnes partout dans le monde ou de pouvoir changer avec des personnes de toutes les nationalit s Mais lorsque nous les interrogeons sur leurs pratiques personnelles ces m mes personnes d clarent communiquer principalement voire exclusivement avec des proches Par ailleurs la multiplication des espaces d expression s ajoute l h t rog n it des opportunit s et des capacit s d exposition de soi o l identit de l utilisateur devient un enregistrement continu d un flux d activit s et o les traces de l activit se d cuplent pour d montrer l identit gt George 2010 L identit telle que la d finit Geo
82. t dans les technologies un moyen de se distinguer de l image de vieux malade et qui n aime pas la technique Nedelec 2011 Pareillement les personnes que nous avons rencontr es lors de l valuation du dispositif des PAPI de la ville de Brest pr sentent des caract ristiques de la fragilit ou de la fragilisation retrait s avec des revenus faibles demandeurs d emplois jeunes travailleurs migrants qui int grent les espaces publics dans leurs parcours d appropriation en les articulant avec ce qui se passe au domicile et dans les autres sph res d activit s sociales professionnel scolaire associatif par exemple Mais la partie de la population la plus marginalis e ne fr quentera sans doute jamais ces lieux publics car ils ne font pas partie des espaces de routine ou parce qu ils sont trop charg s symboliquement par rapport des trajectoires de vie en crise ou en marge de la soci t Tout ceci est li aux transactions identitaires qu ils m nent entre leur identit pour soi et leur identit pour autrui Il peut y avoir deux types de comportements dans les strat gies routini res mises en place par les personnes soit elles cherchent les lieux pour rencontrer des gens qui leurs ressemblent soit elles tentent de se distinguer et cherchent les lieux o ce qu elles consid rent comme fondamental de leur identit est ignor e Un ch meur par exemple pourra choisir d aller dans des lieux fr quent s par d
83. t une personne vivant dans la rue et ayant perdu tout contact avec sa famille a pu renouer avec ses proches en se camouflant derri re le paravent de son cran Dans ce contexte la th orie de la force des liens faibles laissait entendre la possibilit d une compensation de l isolement social gr ce un d veloppement des pratiques coop ratives et communautaires Aguitton et Cardon 2007 En effet selon cette th orie les usages du web 2 0 r v leraient des opportunit s de coop ration issues de la seule publicisation des productions individuelles sans qu il y ait en amont un plan d action ou des strat gies altruistes contrairement aux principes classiques de la coop ration qui y voient une d marche volontaire et organis e autour de processus de sociabilit de r les et de modalit s d changes partag s Or les observations portant sur les ph nom nes de pr carit montrent que parmi les personnes pr caires en situations d isolement 93 n utilisent pas les m dias virtuels D ailleurs dans l ensemble de la population seules les personnes disposant de plus de 3 500 euros mensuels soit une personne isol e sur dix utilisent significativement les r seaux sociaux virtuels Alors que nous pourrions imaginer que les sociabilit s virtuelles via les forums chat et autres permettent de compenser la faiblesse des relations sociales en pr sentiel Fondation de France 2011 l isolement est un frein essent
84. tion sociale et technique et le fait que l innovation sociale et l innovation technique sont troitement li es repoussant tr s loin l id e m me d une neutralit technique Jou t 2000 Ce qui valide le principe selon lequel les processus d appropriation des usages des technologies contribuent faire des usagers des acteurs de l innovation technologique travers leurs usages 2 1 3 Par le processus d appropriation l usager devient acteur Depuis les travaux de De Certeau il est admis que l usager n est pas un consommateur passif mais qu il dicte ses ordres la machine qui en retour lui impose la logique technique de son mode d emploi Jou t 1993 En r affirmant les bases th oriques de l appropriation nous proposons de montrer le continuum conceptuel qui lie l inclusion l e inclusion et la place essentielle de la question de l identit Il faut rechercher les origines de la notion d appropriation dans la probl matique marxiste des rapports sociaux de production et de reproduction et les inscrire dans les courants de l autonomie sociale Proulx 2002 A ce titre le processus d appropriation doit tre appr hend d une part par le fait que l usager construit ses usages en fonction de ses centres d int r t de l appr ciation qu il fait de ses comp tences et capacit s personnelles cognitives et sociales de l utilisabilit de l utilit et de la valeur ajout
85. tis par les plus jeunes comme un espace de reconnaissance des identit s difficile de dire que ce sont des espaces de l gitimation des savoirs et des comp tences associ s aux identit s Dubar 2010 En effet force est de constater que les jeunes les plus fragilis s face l insertion socioprofessionnelle n ont pas pour autant investi les espaces num riques dans leurs strat gies professionnelles Ainsi s ils disposent majoritairement d un quipement pour se connecter soit titre personnel soit par le biais de points d acc s publics ils sont tr s peu nombreux les utiliser des fins professionnelles comme le montre un tr s faible recours aux courriels dans les communications Davenel 2015 Ce risque d exclusion a un autre effet sur l appropriation des technologies car le monde du travail et de la formation des adultes ne peut plus jouer un r le dans la transmission et de familiarisation des innovations Par exemple lors de l enqu te men e Brest en 2008 2009 sur les non usagers nous avions constat une r partition tr s marqu e des non usagers autour du niveau et du type d tudes puisque 58 des non usagers avaient un faible niveau d tudes et 32 des formations professionnelles de type CAP ou BEP Nous avions rapproch ce chiffre des cat gories socio professionnelles de l chantillon que nous avions obtenu et constat que 56 des personnes qui avaient t interview e
86. tivit s territoriales et des initiatives du GIS M rsouin En outre la collecte de donn es a t men e au moyen d enqu tes par questionnaires par entretiens et par observations Nos analyses ont explor deux axes principaux la question de l action publique et notamment le d veloppement des espaces publics num riques la question de la qualification des non usages pour comprendre les profils et les trajectoires d individus qui n utilisent pas ou peu ces technologies Cette seconde source permet de s interroger sur les freins et les contraintes qui entravent l acc s aux usages des technologies de l information et de la communication TIC et pas seulement le premier niveau de la fracture num rique Ce travail long terme a t men trois niveaux territoriaux D une part nous avons tudi la question des espaces publics num riques l chelle r gionale et communale Le Mentec 2010 Rakotomalala Arisoa 2012 Boutet 2013 d autre part nous nous sommes attach s d cliner ce travail sur le territoire du quartier de K rourien Brest pour comprendre les dynamiques d appropriation des TIC Boutet et Trellu 2006 Boutet et Tremenbert 2008 Boutet amp Drogue 2009 Par ailleurs nous mobilisons r guli rement les travaux men s par d autres laboratoires les enqu tes quantitatives et r currentes disponibles dans les rapports annuels du CREDOC sur La diffusion des technologies de l info
87. ts d Acc s Public Internet P A P I L objectif de cette d marche tait d une part de conna tre l volution du dispositif et de l offre de services qu il proposait d autre part d am liorer la connaissance des publics qui fr quentaient ces lieux avec une attention particuli re port e la probl matique de l e inclusion Entre 2012 et 2013 deux enqu tes par questionnaires ont t labor es et administr es l une aupr s des responsables ou animateurs de P A P I l autre aupr s des personnes fr quentant ces espaces Boutet 2013 L enqu te aupr s des usagers des P AP I a t men e en face face et in situ permettant de d velopper les r ponses format es par le questionnaire et d observer les personnes dans les espaces qui avaient t choisis comme une mairie et deux quipements de quartier une m diath que un foyer de jeunes travailleurs des associations d entre aide Cette enqu te a montr que les P A P I remplissaient trois fonctions sociales aupr s des populations fragilis es ils sont une solution alternative lorsque ces personnes ne peuvent jouir d un quipement et d une connexion personnels soit parce qu elles n en ont pas les moyens financiers soit parce qu elles sont en logement pr caires par exemple Ces lieux sont galement consid r s comme des lieux de d couverte et d acc s l innovation et enfin ce sont des lieux de sociabilit et de convivial
88. typologie de la disqualification sociale les statuts des b n ficiaires des aides sociales reposent sur la n gociation avec les acteurs des services sociaux des identit s attribu es par autrui et des identit s pour soi c est dire v cues refus es et vis es Paugam 2004 Ces transactions sont d autant plus difficiles mener aujourd hui que la soci t d apr s guerre a produit l illusion de la mobilit sociale entrainant une remise en question des construction identitaire que proposaient auparavant des groupes sociaux b tis sur la distinction la reproduction et la solidarit l image de la classe ouvri re Or la modernisation et la rationalisation de la soci t ont appliqu un voile sur les diff rences sans proposer de nouveaux processus d int gration identitaire collectif autrement dit de socialisation laissant aux individus et aux m nages un sentiment d abandon contre lequel ils luttent avec les moyens du bord d linquance strat gies de distinction sociale pour r sister au stigmate Paugam 2003 et qui peut conduire la construction de nouvelles formes identitaires acceptables N anmoins l exclusion est l aboutissement d un processus de rel chement des liens sociaux qui consacre en r alit l in gale aptitude des individus s adapter aux mutations acc l r es et affronter la lutte de tous contre tous Paugam 2003 Dans notre d marche la notion d e inclusion
89. u sans formation professionnelle autrement dit sans la maitrise des codes des normes et des rep res qui permettent d tre connu et reconnu au sein de la soci t L identit professionnelle issue des trajectoires v cues que Sa insaulieu d crit comme un processus relationnel d investissement de soi dans des relations durables Sainsaulieu 1985 est aujourd hui marqu e par l incertitude et la stabilit des statuts qu elle voquait est remise en question C est pourquoi le travail ne remplit plus son r le de socialisation autrement dit de diffusion et d int riorisation des normes et des paradigmes collectifs ce n est plus un lieu d apprentissage de la vie en soci t pour une large part de la population Car ce qui pose pr sent probl me c est que le travail ne prot ge pas de l isolement Les personnes pr caires travaillant temps partiel ont 3 fois plus de chances de se trouver en situation d isolement objectif qu en moyenne 27 contre 9 en moyenne Dans un cas sur cing le travail n est pas suffisamment int grateur pour permettre de compenser la faiblesse ou l absence des autres r seaux sociaux Fondation de France 2011 D s lors la construction identitaire des plus jeunes ne se fait plus dans les m mes espaces de socialisation que pour les g n rations qui les ont pr c d s et qui ont connu la stabilit de l emploi Cependant si les r seaux sociaux num riques sont inves
90. uartier de K rourien s est poursuivi en 2007 2008 par la conception et la mise en uvre d une enqu te participative par questionnaire sur la probl matique des non usagers Au cours de ce travail nous avons pris le parti d associer des habitants du quartier tout au long de son processus car nos travaux pr paratoires avaient montr la difficult qu il y avait identifier et interroger des non usagers et appr hender cette probl matique partir d une posture d usager En nous associant au centre social du quartier et l espace public multim dia nous avons souhait impliquer des personnes qui taient peu ou pas utilisatrices d une part ou qui c toyaient dans leur entourage des personnes dans cette situation Ce travail a permis d ouvrir un dialogue enrichissant sur la diffusion des outils num riques entre les habitants et acteurs du quartier et les chercheurs Boutet et Tremenbert 2008 Une derni re enqu te par questionnaire et un diagnostic ont t r alis s en 2008 2009 lors de la mise en place de l action Internet pour tous L objectif de ce travail tait d apporter des l ments d aide la d cision dans le projet qui visait inclure une offre d acc s internet en triple play dans les services locatifs et donc les charges par le bailleur social en l occurrence Brest M tropole Habitat Le travail de terrain devait aider identifier les opportunit s et les freins de r
91. uement d termin s par les politiques structurelles ou leurs trajectoires ant rieures Dubar 1992 Ce qui conduit une d finition de l identit laquelle nous nous r f rerons comme tant le r sultat la fois stable et provisoire individuel et collectif subjectif et objectifs biographique et structurel des divers processus de socialisation qui conjointement construisent les individus et d finissent les institutions Dubar 2010 C est pourquoi nous nous sommes fix deux objectifs de travail revenir aux fondamentaux de la d finition de l identit et l interroger sous l angle de le inclusion D s lors l approche de l identit et de la socialisation par les logiques d actions propos e par Dubar est une source d inspiration et de compr hension des logiques d usage des technologies de l information et de la communication dans le contexte de l e inclusion et des processus de socialisation produisant ou non une forme identitaire num rique 3 Formes identitaires socialisation num rique et trajectoire d inclusion La probl matique de l identit dite num rique est intrins quement li e celle des contenus et informations produits ou non par les individus et qui sont publi s ou mis disposition sur ou pour des plates formes et des services lignes Cela renvoie une h t rog n it d objets dont nous ne ferons probablement pas le tour exhaustif dans cet article Cepend
92. un investissement fort de la part des acteurs dans l apprentissage des prescriptions technologiques identitaires communautaires En outre les comportements dans les espaces num riques vocation sociale varient en fonction des raisons pour lesquelles les individus adh rent ces plates formes et que nous pouvons r sumer en trois principales soit pour retrouver des personnes de leur entourage avec lesquelles ils souhaitent interagir soit pour rencontrer des personnes qui partagent les m mes centres d int r ts soit pas curiosit Dang Nguyen Deporte et Huiban 2013 En cons quence de quoi les crit res d exposition de qualification et d identification d pendront des attentes qui sont plac es dans ces interactions Autrement dit on n change pas avec tout le monde ou avec n importe qui sur le web pas plus que l on change avec n importe qui dans les autres activit s de la vie quotidienne mais avec des personnes que l on identifie avec qui on est proche au point d en faire des amis C est dire apr s qu il y ait eu la confirmation d une appartenance une communaut partag e structur e et structurante par la mise l preuve de d terminants et d attributs D marches que certains qualifient de comportements tribaux P r a 2010 Les communaut s en ligne mettent donc en uvre des processus de qualifications au m me titre que ce qui existent par ailleurs ce qui fait dire
93. usion des technologies de l information et de la communication dans la soci t fran aise Paris France CREDOC juin 2014 Boutet A 2013 Bilan du dispositif des Points d Acc s Publics Internet PAPI Brest Telecom Bretagne Ville de Brest aout 2013 http www a brest net article14804 html derni re consultation le 12 08 2015 Boutet A et Drogue C 2009 Etude sur les usages et non usages des TIC dans le quartier de K rourien Brest Projet Internet pour tous M rsouin Nov 2009 http www marsouin org spip php article321 derni re consultation le 12 08 2015 Boutet A Trellu H 2006 Les modalit s d usage des technologies num riques dans le cadre des quartiers de K rourien et du Valy Hir Brest Rapport final Brest France Service d mocratie locale et nouvelles technologies mairie de Brest Boutet A et Tremenbert J 2009 Mieux comprendre les situations de non usages des TIC Le cas d Internet et de l informatique R flexions m thodologiques sur les indicateurs de l exclusion dite num rique Les cahiers du num rique Fracture num rique et justice sociale Volume 5 n 1 Boutet A et Tremenbert J 2008 Identifier les non usagers et mieux comprendre les situations de non usages Enqu te participative K rourien Brest M rsouin aout 2008 http www marsouin org article php3 id_article 232 derni re consultation le 12 08 2015 Boutet Di ye A 201
94. ussite de ce projet Il a notamment mis en avant les r ticences et les attentes des habitants en mati re d action publique en faveur d accompagnement la diffusion des technologies num riques Boutet et Drogue 2009 D autres travaux au niveau r gional et local ont t men s dans le cadre de deux th ses l une a port sur l appropriation des TIC dans le cadre des espaces publics num riques Saint Denis de la R union Antananarivo et Brest Rakotomalala Arisoa 2012 et l autre s est plus particuli rement concentr e sur les publics en recherche d emploi et qui fr quentent des espaces publics num riques bretons Le Mentec 2010 Le premier travail a r v l la place des espaces publics num riques dans les trajectoires d appropriation des TIC et leur articulation avec d autres sph res d activit s telles que le domicile le travail ou l cole Rakotomalala Arisoa 2012 Le second a mis en avant les strat gies d empowerment des personnes en recherche d emploi dans la mobilisation des moyens et des ressources dont elles disposent en mati re de num rique et comment les espaces publics num riques s inscrivent dans ces strat gies entre P le emploi et les missions locales par exemple Le Mentec 2010 En 2011 le service Internet et Expression Multim dias de la ville de Brest a pass une commande aupr s de Telecom Bretagne et du GIS M rsouin pour mener une valuation de son dispositif de Poin
95. utes et les espaces num riques visant accommoder les demandes d identit des premiers et les offres d identit s des seconds Mais cette transaction est bien le r sultat d une strat gie organisationnelle Ce qui pose la question des comp tences ou des capacit s de chacun interagir avec ces normes qui ne sont pas uniquement techniques mais aussi organisationnelles 3 1 3 Les processus communautaires en ligne nouveaux espaces de socialisation Les usagers des espaces num riques reconnaissent ceux ci une dimension d int gration et de sociabilit le clavardage serait une qu te de l autre et le d sir de liens Pastinelli 2006 Ainsi les personnes qui s investissent sur le r seau mondial la recherche d amis t moignent d un besoin de former des groupes d tre dans des communaut s d interagir avec des humains qui poursuivent un objectif partag ou qui pr sentent des caract ristiques homologiques Boutet 2014 Lethiais et Roudaut 2010 a contrario la fragilisation des dynamiques sociales et l isolement sont reconnu comme des frein la sociabilit num rique Les usages du web social cr ent donc un espace o se pratiquent d indispensables changes sociaux simultan ment avec d autres activit s P r a 2010 Les premiers ont peu de finalit pratique apparente si ce n est d entretenir le lien entre les membres de la communaut qui demeure un objet d identification dans l
96. x autres et soi Les individus trouveraient l de nouvelles formes d appartenance collective leur permettant d exister autrement C est pourquoi au del des actions politiques et des initiatives conomiques qui ont conduit ce que les technologies num riques prennent la place qu elles ont aujourd hui en nous int ressant aux questions identitaires nous ne pouvons ignorer celles de la socialisation entendue comme les m canismes de transmission et d int riorisation des valeurs des normes et des r les qui participent de la vie sociale C est pour cela que les individus se projettent dans l imaginaire du village mondial sans pour autant qu il y ait un r el investissement de ce village mondial Lors de nos recherches nous avons pu observer comment les populations les moins familiaris es avec les technologies du web y voient un moyen de faire la connaissance de personnes diff rentes vivant aux quatre coins du monde une mani re de conna tre le monde et du monde mais au final lorsque nous les interrogeons sur leurs pratiques elles r v lent qu elles communiquent principalement pour ne pas dire exclusivement avec des personnes de leur entourage familial ou amical Boutet 2009 M rsouin 2007 De la m me mani re les technologies num riques sont pr sent es comme une r elle opportunit professionnelle mais la lecture des rapports et autres recherches montrent que l investissement n est pas aussi vide

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