Commentaires et synopsis des films
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1. S il ne pr sente pas premi re vue les caract ristiques du Free Cinema il partage sa pr dilection pour les sc nes de rue C est moins un documentaire qu un film exp rimental chevel dans un style inconnu du cin ma anglais jusqu aux ann es 60 Le Free Cinema et apr s d autres films inspir s de ce mouvement Les cinq films qui suivent ne figuraient pas dans les programmations originelles du Free Cinema Toutefois ils montrent l impact de ce mouvement sur les producteurs ind pendants de documentaires dans l Angleterre de la fin des ann es 50 et du d but des ann es 60 Cet impact concernait tant les m thodes de production que le choix d un sujet et son traitement l cran One Potato Two Potato Une patate deux patates 1957 16mm 21mn Production bfi Sc nario et r alisation Leslie Daiken Ce film pr sente des jeux d ext rieur traditionnels le titre est un extrait de comptine Il est loin de constituer un simple documentaire p dagogique ou un mode d emploi visuel Son r alisateur Daiken dut appr cier cette premi re et derni re incursion dans le mode cin matographique car son film magnifiquement tourn g n re des images fra ches et spontan es de jeunes Londoniens jouant sur leur territoire gt des rues et terrains vagues d anciens sites bombard s March to Aldermaston Marchons sur Aldermaston 1959 16mm 33mn Production Film and TV Committee for Nuclear Disarma2. avoir un son synchronis hors studio jusqu au tournant des ann es 60 C est nous les gars de Lambeth testa le proc d Elle b n ficia aussi des progr s technologiques l invention de la pellicule hypersensible qui permettait de filmer de nuit en ext rieur sans clairage artificiel A cet gard on a raison de dire que le Free Cinema pr conisa une v ritable esth tique de l pargne Si ces films ne sont pas l ch s certains furent tourn s sur des pellicules recycl es leur valeur inn e vient de la fa on cr ative dont leurs auteurs surent allier l image au son souvent un m lange de bruits naturels et d accompagnement musical et susciter des contrastes significatifs entre ces deux composantes dont l alliance donne au film son rythme Il importe enfin de replacer le Free Cinema dans la mouvance culturelle g n rale des ann es 50 dont il fut du reste la premi re manifestation publique avec sa nouvelle g n ration d crivains d cid s remettre en cause l ordre socioculturel Les jeunes gens en col re comme on les appela repr sentaient en premier lieu les classes assujetties et se livraient une critique virulente des institutions britanniques et de leur hypocrisie Anderson et Reisz d cid rent que le sixi me programme serait le dernier du cycle Richardson et eux taient pr ts passer aux longs m trages Le Free Cinema n en joua pas moins un r le crucial dans la carri re de jeun
3. bombard s ses ruelles troites ses berges et ses entrep ts ses march s et ses pubs Il relate l existence solitaire de deux dockers sourds muets isol s de leur environnement par leur handicap La bande son d une originalit frappante combine un accompagnement musical discret mais prenant compos expr s par Daniele Paris un arri re fond sonore pris sur le vif des bribes de conversations des moments de silence quand la cam ra adopte le point de vue des deux sourds muets Elle est essentielle la dimension po tique du film Free Cinema 3 Un regard sur l Angleterre Wakefield Express 1952 16mm 30mn Production The Wakefield Express r alisateur Lindsay Anderson Photographie Walter Lassally La gazette de ce nom commanda en 1952 le tournage d un documentaire pour c l brer son centenaire Celui ci devait simplement montrer la fa on dont le journal tait imprim mais Anderson se livra une analyse personnelle de la vie communautaire dans une s rie de bourgades situ es dans le West Riding Yorkshire Il collaborait pour la premi re fois avec John Fletcher et Walter Lassally Nice Time Un peu de bon temps 1957 16mm 17mn Production bfi r alisateurs Claude Goretta et Alain Tanner Photographie et son John Fletcher Vers le milieu des ann es 50 deux jeunes Suisses cin philes Claude Goretta et Alain Tanner travaillaient au BFI o ils crois rent les repr sentants du Free Cinema Le s
4. le premier Reisz et lui se mirent en qu te d un sujet et l id e leur vint d un film sur Covent Garden Anderson passa alors plusieurs nuits filmer les employ s Free Cinema 6 Les derniers films Refuge England L Angleterre ce refuge 1959 16mm 21mn Production bfi R alisateur Robert Vas Comme Claude Goretta et Alain Tanner Robert Vas travaillait au BFI lorsqu il demanda et obtint une subvention 400 pour r aliser son premier court m trage S tant assur le concours de Walter Lassally il alla filmer Londres et ses environs avec une Bolex 16mm l automne 1958 Son film relate l exp rience d un r fugi hongrois qui arrive Londres sans parler anglais avec peu d argent et seul espoir d assistance une adresse incompl te griffonn e au dos d une carte postale Enginemen Les Cheminots 1959 16mm 21mn Production bfi et Unit Five Seven R alisateur Michael Grigsby Premier film r alis par un groupe de techniciens ind pendants de Manchester Unit Five Seven sous la direction du jeune Michael Grigsby 22 ans Le tournage s tala sur dix huit mois tous les samedis matins essentiellement avec une cam ra 16 mm et un magn tophone Leur film montre le quotidien des cheminots New Heath un entrep t de locomotives situ dans les faubourgs de Manchester Tourn l poque o le chemin de fer anglais entrait en phase de modernisation il montre que celle ci induit le doute le deu
5. Commentaires et synopsis des films COFFRET FREE CINEMA de Doriane Films Historique 1956 1959 Le Free Cinema regroupe sous une m me appellation six s ries de courts documentaires projet s au National Film Theatre de Londres NFT entre f vrier 1956 et mars 1959 Tourn s par de jeunes cin astes ils formaient les trois programmations britanniques Free Cinema Free Cinema 3 un regard sur l Angleterre Free Cinema 6 derniers films Les trois autres pr sentaient des cin astes trangers Derri re ce terme il y a d abord des raisons pratiques Au d but de l an 1956 Anderson et ses amis Karel Reisz Tony Richardson et Lorenza Mazetti s effor aient non sans peine de faire conna tre leurs films aussi choisirent ils de les diffuser ensemble dans une m me programmation Ils s taient vite rendus compte que ces cr ations individuelles avaient une ind niable communaut de point de vue Anderson inventa l expression Free Cinema Cin ma libre et ils r dig rent un manifeste commun pour expliciter leurs id es Si l appellation ne devait servir que pour cette seule soir e ce fut un tel coup de pub la programmation qui fit salle comble fut largement r percut e par la presse que cinq programmes suppl mentaires furent diffus s sous la m me tiquette au cours des trois ann es suivantes Une Vision nouvelle du metier Ce qui caract rise en premier lieu le Free Cinema c est
6. John Irvin Le Gala des Mineurs fut film le samedi 21 juillet 1962 pendant vingt quatre heures par trois quipes diff rentes quip es de cam ras portatives 16 mm et de magn tophones Le film fut mont pendant la nuit et les week ends suivants cinq mois durant dans les ateliers du BFI avant d tre diffus au NFT en janvier 1964 C d par la suite la BBC il fut projet en f vrier de la m me ann e dans le nord de l Angleterre Sa diffusion la t l vision suscita des critiques hostiles dans la presse locale en raison de la fa on dont les mineurs taient montr s une sc ne de voyeurisme fut fortement controvers e Le diff rend remonta jusqu la Chambre des Communes et la BBC attendit une ann e enti re avant de rediffuser ce documentaire Small is Beautiful le Free Cinema racont par ses inventeurs 2006 vid o couleur 60mn Production British Film Institute R alisation Christophe Dupin
7. Tony Richardson Photographie Walter Lassally Montage et son John Fletcher En mars 1954 Karel Reisz responsable des programmes au NFT et Tony Richardson jeune producteur de la BBC re urent une subvention du bfi Experimental Film Fund pour r aliser un court documentaire sur un jazz club de Londres le Wood Green Le tournage qui se d roula sur neuf samedis soirs cons cutifs se fit co t r duit 425 avec une Bolex de 16mm et une bande son une piste d abord enregistr e sur magn tophone Achev en novembre 1955 le film fut intitul Momma Don t Allow en r f rence au morceau de jazz traditionnel qu ex cute dans le film l orchestre de Chris Barber Together Ensemble 1956 35mm 49mn Production bfi et Harlequin Films r alisatrice Lorenza Mazzetti sur une histoire de Denis Horne montage Lindsay Anderson et John Fletcher Dans la premi re programmation du Free Cinema Together de Lorenza Mazzetti faisait pour ainsi dire figure d intrus Tourn sur pellicule 35 mm il tait bien plus long que les deux autres films 50 mn et c tait une uvre de fiction Toutefois tant le choix du sujet que son traitement artistique le rattachent ind niablement au Free Cinema Comme Mamma Don t Allow il fut financ par le bfi Experimental Film Fund qui laissait une libert quasi enti re aux r alisateurs Sur un sc nario de Horne Together offre une vision po tique de l East End londonien avec ses quartiers
8. es r alisateurs qui devaient contribuer de mani re d cisive la Nouvelle Vague Britannique gt et au r alisme social cin matographique L avis des critiques Un horizon nouveau pour l Angleterre Le NFT m rite toute notre gratitude ne serait ce que pour avoir diffus les programmes du Free Cinema Chacun d eux apporte une contribution neuve et cruciale que nous avons cherch e en vain dans leurs pr d cesseurs On ne saurait Dieu merci leur imposer l tiquette documentaire Leur facteur commun ce n est pas tant leur r alisme que la po sie ou la satire qui mane de ce r alisme Seule leur intensit peut conf rer profondeur et relief un cran plat aux images ph m res Cette intensit laquelle ne peuvent pr tendre les fabulations color es des grands studios g n re une vision pleine d acuit New Statesman and Nation 25 mai 1957 Free cinema 1 Free Cinema O Dreamland Un Endroit de r ve 1953 16mm 12mn R alisateur Lindsay Anderson Cam ra John Fletcher Un documentaire o s exprime la volont personnelle du r alisateur Lindsay Anderson de revenir sur les r gles du genre Pour le citer Les documentaires britanniques donnent rarement l impression d avoir t tourn s par des humains ils semblent r sulter d un processus industriel aussi efficace que normatif Momma Don t Allow 1956 16mm 22mn Production bfi r alisateurs Karel Reisz et
9. il et la frustration chez les cheminots qui s y confrontent We are the Lambeth Boys C est nous les gars de Lambeth 1959 35mm 49mn Production Ford Motor Company R alisateur Karel Reisz Photographie Walter Lassally Montage John Fletcher Musique Johnny Dankworth Ce film de Karel Reisz a nombre de points communs avec Every Day Except Christmas Il fut produit par Leon Clore sponsoris par Ford parce qu il tait inclus dans la programmation Un regard sur l Angleterre et film sur pellicule 35 mm par Walter Lassally et John Fletcher L encore ce film aborde sous un angle positif l existence des classes laborieuses n glig es la fois par les documentaires et le cin ma grand public de l poque Dans une recension du film devenue c l bre parue dans Sight and Sound le sociologue Richard Hoggart identifia dans ce documentaire une tude cin matographique qui s efforce non pas de montrer la v rit tout enti re mais de montrer enti rement certaines facettes de cette v rit Bien accueilli ce court m trage remporta le Grand Prix au Festival de Tours Au festival de Venise il repr senta le cin ma anglais Food for a Blush De quoi rougir 1959 16mm 30mn R alisatrice Elizabeht Russell Cam ra Alan Forbes Montage Jack Gold Le tournage de ce court m trage d Elizabeth Russell dont le titre l cran est Food for a Blluuussshhh gt dura de 1955 1959
10. le et on laissait entendre qu ils avaient un sens et un but Rappelons nous les entretiens en cam ra cach e avec les habitants des quartiers d favoris s dans Housing Problems l encore il y avait un horizon social une ferveur militante l espoir d un quartier assaini de nouveaux habitats Aujourd hui la guerre est finie et la paix n est pas au rendez vous Nombre de ces figurants habitent des foyers meilleurs et plus neufs Et la tristesse demeure C est l isolement qui pr vaut pour l individu la foule la soci t des loisirs c est ce qu on ressent voir le programme du Free Cinema et c est peut tre la raison pour laquelle ces films se compl tent de fa on criante C est le monde tel qu il est disent les r alisateurs en citant Dylan Thomas Il faut avoir la foi Sight and Sound printemps 1956 Les films du Free Cinema ont en partage diverses caract ristiques formelles Ils se pr sentent le plus souvent comme des courts m trages le plus long C est nous les gars de Lambeth fait 50 minutes tourn s en noir et blanc avec une cam ra portative Ils vitent la continuit narrative le recours une voix off trop didactique et font un usage impressionniste de la bande son et du montage Leur esth tique dut se plier plusieurs contraintes techniques l usage d une Bolex avec moteur ressort d o un temps de tournage limit les prises ne pouvaient exc der 22 secondes l impossibilit d
11. ment R alisation Lindsay Anderson Karel Reisz Ce film n est pas l uvre d un r alisateur particulier mais d un comit de techniciens et cin astes b n voles Il porte sur une manifestation qui de Londres rejoignit Aldermaston pour protester contre une usine d armes nucl aires Organis e par la Campagne pour le D sarmement Nucl aire elle eut lieu pendant le long week end de P ques 1958 The Vanishing Street Une rue dispara t 1962 16mm 19mn Production The Jewish Chronicle et bfi realisation photographie et montage Robert Vas Un an apr s avoir tourn Refuge England Robert Vas traitait de nouveau un sujet qui lui tenait c ur Ayant grandi dans un ghetto juif hongrois sous le nazisme il d cida de faire un film sur un quartier juif traditionnel de Londres menac par un projet de r novation immobili re Tomorrow s Saturday Demain c est samedi 1962 16mm 17mn Production bfi Unit Five Seven R alisateur Michael Grigsby Ce film montre comment se passe le week end pour les employ s d une fabrique de coton dans le Lancashire Il fut tourn Blackburn et Preston au cours des t s 1959 et 1960 L quipe travaillait pendant ses heures de cong avec un financement extr mement restreint et un mat riel d emprunt jusqu ce qu elle ait obtenu une subvention importante du bfi Experimental Film Fund Gala Day Jour de gala 1963 16mm 25mn Production bfi Mithras R alisateur
12. rs surent tisser un lien entre la plupart des r alisateurs du Free Cinema et renforcer la cr dibilit de ce mouvement Le financement vint des r alisateurs eux m mes ainsi Anderson pour O Dreamland ou de petites subventions accord es par deux sponsors qui laiss rent carte blanche aux cin astes Le bfi Experimental Film Fund un petit budget du British Film Institute consacr depuis 1952 financer des films novateurs profita six des films en question La Ford Motor Company sponsorisa deux des productions les plus ambitieuses Tous les jours sauf No l d Anderson et C est nous les gars de Lambeth de Reisz L avis des critiques Il est vident que cet univers est le n tre En captant ses divers aspects l anonymat de cette vie urbaine ces silhouettes prises dans une errance solitaire englouties dans la solitude plus vaste de la foule ces plaisirs atroces et m caniques ou l inverse inspir s et cr atifs les cin astes nous forcent une prise de conscience qui fait choc Comment expliquer que ces images le reflet de notre poque aient tant tard occuper nos crans Si nous fouillons nos souvenirs quelques fragments remontent la surface les films de Jennings la s quence de danse dans Listen to Britain l enterrement au bord de la Tamise dans Fires Were Started Mais l atmosph re n tait pas la m me Ces plaisirs et ces trag dies solitaires taient v cus sur fond de guerre de mobilisation g n ra
13. ucc s remport par les deux premiers programmes les d cida tenter leur chance et chercher un financement pour leur propre documentaire un court m trage sur les divertissements du samedi soir Picadilly Circus Ils obtinrent une minuscule subvention de l Experimental Film Fund 240 et embauch rent le multitalentueux John Fletcher comme cam raman et preneur son The Singing Street La Rue aux Chansons 1952 16mm 30mn Production Norton Park Film Unit R alisateur Mclsaac Ritchie Townsend Si Lindsay Anderson et le Comit du Free Cinema d cid rent d inclure un extrait de The Singing Street dans leur troisi me programme c est sans doute parce que les r alisateurs des cin astes semi amateurs regroup s dans une Section Cin ma de la Norton Park School Edimbourg travaillaient dans les m mes conditions qu eux et partageaient les m mes id aux Every Day except Christmas Tous les jours sauf No l 1957 35mm 39mn Production Ford Motor Company R alisateur Lindsay Anderson Photographie Walter Lassally Montage et son John fletcher Commentaire dit par Alun Owen Si Lindsay Anderson put r aliser ce nouveau film et poursuivre l aventure du Free Cinema c est sans doute parce que Karel Reisz venait d tre embauch par Ford comme directeur publicitaire et qu il avait accept la condition de produire une s rie de documentaires non publicitaires Anderson fut invit r aliser
14. une vision nouvelle du m tier de cin aste qui tranchait avec l orthodoxie conservatrice du cin ma dominant et du documentaire tel qu il fut institu dans les ann es 30 par John Grierson Les jeunes r alisateurs reprochaient notamment aux r alisateurs britanniques des ann es 50 d ignorer royalement le v cu de leurs contemporains et de v hiculer des st r otypes condescendants Ils affirmaient par opposition leur foi en la libert le respect des individus l importance du quotidien Leurs films s effor aient de remettre l honneur un regard objectif parfois critique toujours empreint d un respect affectueux pour les gens ordinaires gt dans leurs heures de travail ou de loisir En m me temps ils d fendaient la libert du cin aste et son droit exprimer un point de vue personnel travers son uvre aucun film ne saurait tre trop personnel ainsi se terminait leur premier manifeste et son engagement en tant qu artiste et commentateur de la soci t dans laquelle il vit Autre d nominateur commun et non des moindres tous ces films furent r alis s en marge de l industrie cin matographique Ils furent produits dans des conditions de semi amateurisme tourn s pour la plupart sur une pellicule 16 mm avec l aide souvent b n vole de techniciens enthousiastes et dou s comme le cam raman Walter Lassally et le preneur monteur de son John Fletcher Dans leur g n rosit active ces deux pionnie
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