Home

revue HISTOIRE DE L`EDUCATION

Contents

1. Au baccalaur at c est l histoire qui domine avec 51 des sujets Elle d passe largement les 60 au d but de la p riode mais descend au dessous de 40 au tournant du si cle La litt rature prend alors le relais passant de 30 45 Au baccalaur at sp cial les discours portent principalement sur des sujets d histoire 68 l oppos au baccalaur at moderne c est la litt rature qui domine 58 La guerre infl chit galement les courbes au profit principalement de l histoire 51 5 et du patriotisme 16 Les autres disciplines n int ressent qu une part infime des discours Le brevet sup rieur et le dipl me privil gient tr s nettement la litt rature qui inspire respectivement 46 5 et 60 des discours L encore on assiste globalement une progression assez nette de cette discipline partir de 1900 L histoire ne motive que 12 5 et 10 des sujets et encore ne concerne t elle que quelques sessions L originalit de ces deux examens r side donc plut t dans le poids de la morale et de la p dagogie qui correspondent globalement 29 des discours au brevet et 23 5 au dipl me 116 Claire DECOMPS b Approche de l exercice Nous avons d j voqu le statut ambigu des productions sco laires constituant comme le souligne G rard Genette 14 une ini tiation directe tout au moins pour les plus dou s parmi les l ves au m tier d crivain Il n est gu re
2. LA COMPOSITION FRAN AISE AUX EXAMENS tude des sujets propos s au baccalaur at au brevet sup rieur et au dipl me de fin d tudes des lyc es de jeunes filles de 1881 1925 par Claire DECOMPS Investi d une fonction quasiment initiatique l examen marque l aboutissement logique d un cursus men sur plusieurs ann es 1 L tude des sujets ne peut certes restituer le contenu effectif des copies mais elle offre un moyen privil gi d appr hender les nor mes p dagogiques d une poque 2 Nous aborderons ici l volution des sujets propos s sur une qua rantaine d ann es des l ves d une m me classe d ge mais de sexe ou de milieu diff rents Les trois examens viennent en effet couronner des tudes bien distinctes entre lesquelles n existe en principe aucune passerelle Le baccalaur at de l enseignement secondaire est r serv des jeunes gens g n ralement issus des classes dominantes de la soci t et destin s former les futurs cadres de la nation 3 Le dipl me de fin d tudes nouvellement institu doit sanctionner les tudes secondaires mais d sint ress es de jeunes filles de la bourgeoisie dont l ducation tait jusqu alors monopole exclusif de l enseignement confessionnel Le brevet sup rieur est au contraire un examen de l enseignement primaire fina 1 Cet article a t r dig partir d un m moire de ma trise soutenu sous la direction d
3. la personnalit du destinataire La cons quence imm diate de cette pr dominance est le recul des cat gories plus typ es Les personnages litt raires sont beaucoup moins nombreux avec des pourcentages de 28 27 5 et 36 car beaucoup d cri vains s adressent sans plus de pr cision un ami Les personnages historiques ne souffrent pas de la m me concurrence car les sujets se pr tent moins un traitement familier Ils constituent encore 41 des destinataires au baccalaur at et sont un peu plus nombreux qu auparavant au brevet et au dipl me avec 15 et 7 du total dans la mesure o il est de bon ton pour un crivain d en r f rer au roi Au niveau des destinataires familiers les amis l emportent largement sur la famille ce qui va dans le sens d un parti pris de plus grande neutralit Au brevet le score impressionnant des p dagogues autrement dit des ma tres et ma tresses d cole 19 du corpus d note une fois de plus le caract re professionnel de cet examen Les destinataires historiques sont quasiment tous individuali s s sauf au baccalaur at o la tradition d loquence impose parfois des auditoires plus impressionnants Alors que le baccalaur at appr cie les cas de figures insolites et multiplie les noms propres en g n ral le brevet et le dipl me semblent donc privil gier des situa tions la fois plus simples et plus famili res La Com
4. Pour les litt raires on retiendra avant tout la pr dominance tr s nette des crivains ainsi que la quasi absence au baccalau r at des personnages emprunt s des uvres classiques Ce der nier type de sujet plus libre jug trop fantaisiste ce niveau d ensei gnement est par contre tr s appr ci aux deux autres examens notamment au dipl me o la litt rature est envisag e sous un angle plus psychologique 114 Claire DECOMPS En ce qui concerne les locuteurs historiques les person nages r els l emportent tr s nettement au baccalaur at ce qui semble assez logique dans l optique hagiographique de l enseigne ment secondaire de l poque Les acteurs anonymes demeurent au contraire les plus nombreux au brevet sans doute pour m nager la m moire des candidats Les destinataires On retrouve tous les types cit s plus haut mais dans la cat gorie des familiers si le premier a bien entendu disparu interviennent maintenant les amis et la famille L opposition entre les trois examens est toujours marqu e Les familiers sont cette fois authentiquement repr sent s au baccalau r at avec 31 des cas quatre fois plus que pr c demment et nette ment majoritaires au brevet et au dipl me avec respectivement 57 5 et 57 des nonc s Il semble donc que l on s efforce tous les niveaux de simplifier les situations des discours en neutra lisant
5. passent un plan secondaire Beaucoup de sujets consistent tracer le portrait d un person nage ou d un caract re Ces sujets galement descriptifs se distin guent de ceux de la cat gorie pr c dente par leur plus grande litt ra rit D apr s les Oraisons fun bres de Bossuet faire le portrait de la princesse Palatine BS Montpellier 1896 Pour les m mes raisons nous avons isol les parall les qui ne sont jamais que des portraits comparatifs mais d rivent eux aussi sous l gide des Vies parall les de Plutarque d une tradition auto nome Mettre en parall le Turenne et Cond Appr cier leur r le politique leur g nie militaire leur caract re BAC SP Grenoble 1889 108 Claire DECOMPS Ces deux derniers types d exercices ne constituent que 47 de notre sous corpus pour le baccalaur at mais 56 pour le brevet et 86 pour le dipl me Ces exercices de genre vont rapidement tre r serv s dans l enseignement secondaire masculin aux seules classes de grammaire Sur les 16 sujets de ce type rencontr s au baccalaur at 9 appartiennent la plus ancienne session retenue par notre chantillon Il n est gu re tonnant que cette volution soit moins rapide dans l enseignement primaire sup rieur et dans l ensei gnement secondaire f minin dont la p dagogie emprunte la fois aux deux cycles secondaires classiques Nous avons esquiss une comptabilit th mat
6. rale Paris Hachette 1955 448 p Ouvrage se r f rant explicitement aux m thodes dit es au d but du si cle et encore utilis de nos jours dans les classes de kh gne Tableau III LA DISSERTATION AUX EXAMENS TYPOLOGIE ET TH MES Morale Patriotisme Sciences Psychologie Histoire et et P dagogie actualit nature Litt rature D velop D fini Expli D mons Appr Compa Ann es Total Expos s pements tions cations trations ciations raisons BACCALAUR AT TYPOLOGIE 100 TH MES 100 CL 1882 56 136 25 5 6 5 3 CL 1885 58 93 14 5 3 5 CL 1889 38 53 14 2 2 CL 1891 81 136 27 4 1 MOD 1893 25 45 7 5 2 5 1 CL 1895 43 86 16 3 5 CL 1900 38 60 12 8 2 1905 43 66 8 5 5 1 1911 44 81 3 5 8 5 1 1917 42 81 2 7 1 1920 55 81 6 13 5 2 1924 53 81 9 1 1881 85 35 39 J 1890 115 132 1896 29 73 1900 53 73 1905 54 73 OCT SdHODAG 241019 Ann es Total Expos s JF 1915 56 66 6 1924 1883 86 1888 1893 1898 1903 1908 1915 1919 61 67 22 22 12 16 20 21 20 26 27 34 30 33 32 37 15 16 9 5 D velop pements D fini tions Expli cations D mons trations 3 5 6 Appr ciations 17 16 5 Compa raisons 0 5 0 5 Litt rature Morale Psychologie Histoire P dagogie Patriotisme Sciences et actualit et nature SUJUDXI XND 2S1Duv4f uoy1SsOdUOT DT ICT 122 Claire DEC
7. sont surtout pris s au niveau de l enseignement secondaire dans les sections sp ciales masculines et bien entendu dans les classes f minines Dans l enseignement primaire sup rieur on pourrait de la m me fa on souligner une diff rence flagrante selon le sexe des candidats les jeunes filles composant plus souvent encore sur des nonc s moralisateurs Pour conclure cette tude du genre nouveau que repr sente la dissertation nous rappellerons que c est moins par ses contenus que par ses exigences formelles et son nouvel esprit s effor ant d adop ter une d marche dialectique qu elle marque une volution dans les pratiques scolaires de l poque Elle a encore quelques difficult s s affirmer dans ses formes les plus accomplies et les plus authenti quement litt raires La dissertation de morale au brevet ou au dipl me constitue une invention un peu b tarde lointainement inspi r e de la dissertation de philosophie de la seconde partie du bacca laur at IV LES COMMENTAIRES DE TEXTE La grande innovation p dagogique de la p riode est la naissance du commentaire suivi d un texte fran ais Cette appellation g n rique recouvre alors un exercice aux modalit s mal d finies mais 128 Claire DECOMPS promis un brillant avenir Laborieusement introduite dans l ensei gnement sup rieur par Brunot et Lanson cette adaptation crite de l explication de texte constitue en soi une petite
8. Alouette ses petits et le ma tre des champs vous ferez ressortir l enseignement qu on peut en tirer Vous adapte rez cette le on l ge des l ves et vous donnerez des exemples tir s de la vie scolaire Vous terminerez enfin en les mettant en garde contre les d fauts signal s par la fable de La Fontaine BS Chamb ry 1900 Cet exercice propre au brevet sup rieur repr sente cet examen 7 des sujets Il s agit pour les candidats d une initia tion directe leur futur m tier d instituteur Peuvent tre galement distingu s malgr leur faible repr senta tion num rique tous les dialogues sujets dans lesquels locuteurs et destinataires changent tour tour leur r le Il semblerait en effet que cet exercice ne soit pas per u comme un simple avatar du dis cours pr c demment d fini mais comme un genre part enti re Roustan lui consacre un volume entier se livrant une typologie exhaustive des diverses variantes propos es Ainsi le dialogue familier ou scolaire mise sur une complicit toute artificielle avec le candidat en mettant en sc ne des jeunes gens souvent eux m mes l ves et candidats l examen Dialogue entre un candidat de la s rie latin grec et un candidat de la section sciences langues vivantes BAC ABCD Aix 1917 Le dialogue litt raire est quant lui inspir d une uvre le plus souvent th trale Il s agit d imaginer une sc n
9. Antoine Prost l Universit de Paris I en juin 1991 2 On pourra se reporter deux articles consacr s cette question Andr Chervel Examens et continuit contribution l histoire de l enseignement du fran ais Le Fran ais aujourd hui n 80 d cembre 1987 pp 85 100 Antoine Prost Les enjeux sociaux du fran ais Le Fran ais aujourd hui n 60 d cembre 1982 pp 63 78 3 Il faudrait cependant distinguer au sein de l enseignement secondaire mascu lin les fili res classiques fond es sur les seules humanit s et qui ne s adressent en effet qu aux lites des sections sp ciales puis modernes dispensant un ensei gnement scientifique et technique une client le plus large soucieuse de trouver des d bouch s dans le commerce ou l industrie Histoire de l ducation n 54 mai 1992 Service d histoire de l ducation LN R P 29 rue d Ulm 75005 Paris 98 Claire DECOMPS lit nettement professionnelle pass par les l ves ma tres des coles normales d extraction souvent modeste mais distingu s du lot par leurs performances scolaires 4 Les bornes chronologiques rete nues encadrent une p riode d cisive pour la g n ralisation de la composition fran aise dans le champ des pratiques scolaires Le d but co ncide en effet avec une refonte compl te de l enseignement public en France C est en 1881 que la composition fran aise est ins titu e
10. La Fontaine donne t il au souriceau Par quels traits ce caract re est il indiqu 3 Cette fable est elle amusante Dites pourquoi Est elle vivante et pittoresque comme presque toutes les fables de La Fontaine Dites par quels d tails de style elle produit cette impression 4 Concluez BS Clermont 1905 Les nonc s directifs paraissent tre plus nombreux au baccalau r at qu au brevet 38 contre 27 Dans l enseignement secon daire cette tendance est surtout tr s nette partir de 1902 alors que l on s efforce de promouvoir s rieusement le nouvel exercice Dans l enseignement primaire sup rieur o le commentaire est pratiqu depuis longtemps dans les classes la technique sp cifique de l explication de texte est cens e tre assimil e par les candidats 21 On leur rappelle donc couramment pour m moire les points sur les quels devra porter l explication mais sans leur m cher le travail Seule exception cette r gle l ann e 1896 o l on applique plus strictement les consignes minist rielles On rel ve aussi dans les nonc s la fr quence de param tres qui pour n tre pas syst matiques n en sont pas moins r v lateurs d une certaine conception formelle du commentaire de texte Le jury peut par exemple demander l explication de mots ou d expressions en italique Cette pratique concerne une proportion sensiblement iden tique de sujets aux deux examens 24 a
11. de guerre au niveau des examens Au brevet sup rieur l ann e 1896 qui constitue elle seule la moiti du corpus pour ce dernier examen compte une proportion exceptionnellement forte de sujets directifs 13 nonc s sur 27 La pratique du discours scolaire d rivant tout au moins dans l enseignement secondaire d une longue tradition d loquence nous avons recherch les r percussions ventuelles au niveau des sujets des sch mas rh toriques des trois grands genres classiques d mons tratif d lib ratif et judiciaire auxquels les manuels de composition fran aise font souvent appel Certains distinguent d ailleurs un qua tri me genre didactique ou narratif englobant tous les discours 118 Claire DECOMPS d exposition Les discours familiers ne rel vent bien entendu d aucune tradition rh torique en tant que telle s inspirant simple ment des codes sociaux d une poque o la correspondance tait un mode de communication privil gi On retrouve ainsi l opposition consacr e entre le baccalaur at et les deux autres examens au niveau des fonctions m mes du discours Dans le premier cas les trois formes traditionnelles d loquence sont galement repr sent es autour de 25 chacune et permettent donc d appr hender quelque 8 sujets sur 10 Cependant leur poids diminue l g rement avec le temps au profit des pi ces plus simple ment narratives et dans l enseignement moderne ou dans
12. disposi tio et l locutio concourant la mise en forme d finitive sont quant elles souvent influenc es voire dirig es par des mod les litt raires Il existe bien entendu plusieurs variantes nous d signons sous l appellation g n rale de tableaux tous les nonc s engageant d crire un lieu un objet ou une situa tion Vous d crirez un paysage du Languedoc votre choix Vous choisirez non pas n cessairement un site fameux mais un coin de nature que vous connaissez bien et que vous aimez Vous pourrez le d crire aux diff rents moments de la journ e et aux diff rentes sai sons de l ann e BAC CL Montpellier 1911 nous appelons narrations tous les sujets invitant l l ve raconter rapporter un v nement Supposez que vous ayez fait un voyage dans une r gion de France de votre choix racontez ce voyage BAC CL Lille 1900 Globalement ces deux types d exercices h rit s des r dactions traditionnelles sont toutes proportions gard es largement majori taires au baccalaur at les deux tiers des sujets relativement bien repr sent s au brevet plus de 40 des sujets mais exceptionnels au dipl me 14 correspondant un exemple unique Nous ver rons que ces exercices vont rapidement voluer vers une forme pri mitive de dissertation expos encore mal affranchie de la ques tion de cours mais dans laquelle les formes le beau style
13. fait le jury se contente rarement de fournir au candidat le seul th me d velopper Seuls 19 des sujets propos s au bacca laur at 27 de ceux du brevet sup rieur et 13 de ceux du dipl me correspondent ce cas de figure Corneille consult par Racine lui crit une lettre sur les devoirs du po te BAC MOD Dijon 1893 70 80 des nonc s comportent donc des indica tions plus ou moins pr cises sur la teneur du propos attendu Apr s l incendie de Rome sous N ron un chr tien exhorte ses fr res la lutte c est dire la souffrance au martyre et la mort BAC CL Clermont 1882 Parmi eux la proportion des sujets directifs c est dire de ceux qui proposent une mati re d velopper comme dans l exemple de Caen est assez tonnante 30 des sujets fournissent un cane vas certes plus ou moins toff Contrairement ce que l on aurait pu attendre la proportion des sujets directifs au baccalaur at est relativement stable sur toute la p riode tudi e ce qui prouve une fois de plus le peu d effet des consignes minist rielles compar au poids des traditions Deux sessions s cartent quelque peu des normes On ne saurait tirer grand chose de la faiblesse du chiffre obtenu par la session moderne de 1893 On peut en revanche inter pr ter plus s rement le score exceptionnel des sujets directifs en 1917 12 sur 29 soit 40 comme une traduction imm diate de l effort
14. formes versifi es est plus marqu encore et surtout plus stable entre 70 et 100 sur toute la p riode La prose et le th tre se partagent le reste du corpus en parts sensiblement gales mais sans jamais d passer le seuil des 20 Les morceaux choisis aux deux examens appartiennent d abord exclusivement la litt rature classique du XVI si cle c est le r gne absolu des fables de La Fontaine Tous les textes donn s dans les ann es 1880 aux deux examens sont extraits des uvres du 19 Lhomme et Petit La Composition fran aise aux examens du baccalaur at moderne de l enseignement des jeunes filles et aux concours d admission aux coles sp ciales Cet ouvrage cite des sujets types en en pr cisant les r f rences 130 Claire DECOMPS c l bre fabuliste ainsi que la moiti de ceux des sessions de 1890 et 1891 par la suite cette proportion diminue mais se maintient res pectivement autour de 15 et 28 du corpus global des textes pro pos s au baccalaur at et au brevet sup rieur En 1890 le XIX si cle fait son apparition aux examens avec l autre grande figure du panth on scolaire qu est Victor Hugo 17 des sujets pour le baccalaur at et 25 pour le brevet Classiques et romantiques semblent d s lors se partager l ensemble d une fa on sensiblement quitable Les auteurs le plus souvent rencontr s aux deux examens sont outre les deux ma tres pr c demment cit s les grands criva
15. lequel il peut sem bler utile de guider les candidats 20 Il est donc rare que les candi 20 On pourra se r f rer pour le brevet sup rieur aux circulaires du 16 octobre 1890 et du 21 mai 1894 destin es promouvoir l explication de texte Pour le bacca laur at on consultera celle du 28 ao t 1896 et surtout les instructions tr s pr cises qui suivent la r forme de 1902 Si aucun exercice n est plus important aucun n est plus difficile et entendu de fa on plus diff rente quelquefois plus oppos e La Composition fran aise aux examens 131 dats soient totalement livr s eux m mes seulement dans 6 des sujets au brevet et 17 au baccalaur at Ils ne le sont d ailleurs qu assez tardivement alors que la m thode du commentaire est lar gement rod e dans les classes concern es Donner toutes les expli cations n cessaires l intelligence du texte suivant BAC Lyon 1917 Le plus souvent le jury indique les grandes lignes du travail c est le cas de 45 des sujets de baccalaur at et de 78 de ceux du brevet tudier trois points de vues m rite descriptif peinture des caract res pens e morale cette fable de La Fontaine BAC ABCD Bordeaux 1917 quitte se montrer tr s directif en multi pliant les ordres et les questions parfois tr s orient es Commentez cette fable 1 Rendez compte du sens des mots et expressions en italique 2 Quel caract re
16. r volution L objectif est clair il s agit de sauver les tudes litt raires d un d clin certain en substituant une approche rh torique des uvres une lecture historique reposant sur la rigueur scientifique de la m thode exp rimentale pr n e par Claude Bernard 16 L explication de texte th oris e par l Universit trouve d abord un cho favorable dans l enseignement primaire dont la p dagogie reprend la c l bre formule de Jules Ferry en 1880 la le on de chose la base de tout Ce n est que suite la r forme de 1902 qu elle gagne ce bastion de la rh torique qu est longtemps demeur l enseignement secondaire 17 Ainsi c est dans l enseignement primaire sup rieur qu un Lan son vieux professeur de rh torique trouve un banc d essai sa fameuse m thode en dirigeant de 1890 1893 dans Le Manuel g n ral de l instruction primaire 18 une rubrique appel e un grand retentissement et intitul e Le cadre g n ral d une explication fran aise Ce n est sans doute pas un hasard si quelques commen taires de texte sont propos s au brevet sup rieur d s cette poque Ils ne seront jamais tr s nombreux au maximum 12 des sujets en 1896 mais ils se maintiendront dans des proportions relativement constantes sur toute la p riode tudi e Seule l acad mie de Lille ose longtemps en proposer aux candi dats du baccalaur at Pourtant l explication de text
17. toutes les sections partir de 1905 de celui des petites pi ces famili res La rh torique judiciaire se maintient peu pr s sur l ensemble de la p riode de m me que l loquence d monstrative car ce sont des formes tr s litt raires Le genre d lib ratif plus concret dans ses objectifs p tit par contre de l orientation moins anecdotique des nonc s Aux deux autres examens la situation est totalement diff rente Les pi ces famili res ne relevant d aucune tradition rh torique constituent plus de 40 des nonc s La moindre importance des corpus limite encore l impact r el des formes d loquence On notera pour celles ci une opposition nouvelle entre le genre d mons tratif qui conserve une certaine place en vertu de ses accents di fiants et les deux autres qui s av rent beaucoup plus exceptionnels Presque tous les exemples rencontr s sont des compliments ou des loges posthumes ces examens le discours ne sert enfin que tr s rarement de support didactique quelque expos on lui pr f re alors nettement la description la narration ou encore la dissertation HI LES DISSERTATIONS On l a vu il n existe longtemps aucune distinction effective entre les fonctions purement didactiques et po tiques des formes d criture scolaire La composition fran aise peut donc tre la fois discours sur la litt rature et uvre litt raire elle m me par le biais d une criture troitem
18. OMPS 1 Le choix d une probl matique Le terme de dissertation est une appellation g n rique recouvrant en fait des exercices tr s vari s Le mode d emploi de l nonc apporte en g n ral quelques informations quant au traitement attendu du th me et du propos ventuel en introduisant cette fameuse probl matique sans laquelle on ne saurait vraiment par ler de dissertation Certes dans bien des cas elle n est encore qu embryonnaire mais c est partir de cette notion complexe qu il semble le plus pertinent d tablir une typologie des formes rencon tr es Dans les expos s les nonc s limit s de simples th mes sou vent formul s comme des titres partir du mod le latin de ablatif constituent ce que nous pourrions appeler le degr z ro de la dissertation Des trois unit s dans Britannicus BAC CL Paris 1882 Ces dissertations s apparentent fortement des questions de cours Elles pr cisent m me parfois sous forme de plan sommaire les points forts exposer Les tats g n raux de l ancienne France 1 Convocation des tats g n raux 2 Travail des tats g n raux Leur utilit 3 R le de la royaut S ance royale BAC CL Dijon 1895 Elies ne sont souvent gu re diff rentes des descriptions ou narra tions tudi es pr c demment Nous les avons cependant distingu es de ces derni res en raison de leur indiff rence formelle tout
19. On peut bien s r rencontrer des groupes exclusivement compos s de disser tations beaucoup plus rarement de discours Un commentaire de texte est toujours propos en m me temps qu un exercice plus classique On distingue donc tr s nettement deux grands mod les au d part d un c t le baccalaur at classique de l autre le brevet sup rieur 11 et le dipl me les carts entre les deux diminuant sen siblement avec le temps Le baccalaur at sp cial se situe dans une position interm diaire tandis que le baccalaur at moderne tend se rapprocher davantage de son a n classique 10 Les deux sessions de brevet sup rieur de cette ann e 1896 connaissent une r partition tr s originale Sans doute peut on y voir une cons quence directe bien qu ph m re de la parution r cente le 1 octobre 1895 d une circulaire recomman dant aux jurys de limiter le nombre des dissertations au profit d exercices plus vari s 11 La diff renciation des sexes cet examen joue sur ce plan un r le minime La Composition fran aise aux examens 105 IL LES EXERCICES TRADITIONNELS DESCRIPTIONS ET DISCOURS 1 Les descriptions Nous aurions pu choisir pour d signer cette famille d exercices une terminologie plus linguistique et parler de r cits Ces sujets s opposent en effet globalement aux discours dans lesquels un je revendique explicitement la parole Une telle appellation aurait cependant eu l
20. a souvent s adjoindre la caution d un grand nom asserment par le biais d une citation La Bruy re a dit Quand la lecture du livre nous l ve le c ur il est fait de main d ouvrier Montrez la v rit de ce jugement en prenant pour exemple une des trag dies de Corneille BS Hautes Alpes 1890 Le choix entre ces diff rentes options est sensiblement le m me aux trois examens Le jury ne parle en son nom propre qu une fois sur quatre environ avec 23 des nonc s concern s pour le bacca laur at 29 et 28 aux deux autres examens C est surtout lors des premi res sessions qu il privil gie d une fa on g n rale ce mode d expression directe par la suite il le r serve surtout l enseigne ment primaire sup rieur Au baccalaur at il existe un d calage important sur ce point entre les diff rentes fili res 22 pour les sessions classiques en 1891 ou 1895 chiffre peu lev mais dans le m me temps 52 5 pour la fili re sp ciale en 1889 et encore 35 5 pour la nouvelle section moderne en 1893 Le dipl me d abord tr s proche du brevet tend s aligner sur son homologue masculin Les propos d origine anonyme sont tr s minoritaires aux trois examens 7 4 et 5 seulement R gnent donc les citations bribes de paroles sacr es qui conf rent la dissertation toute sa dignit Si l on consid rait plus en d tail la liste de ces auteurs appel s en renfort on const
21. ale 1881 litt rature morale psychologie ou histoire 1886 litt rature morale psychologie 1920 2 preuves s par es litt rature morale psychologie litt rature histoire ou morale ool SdNODHG 241019 Oral Programmes examen 3 seconde rh torique 1 Listes d auteurs Notions sommaires d histoire litt raire supprim en 1902 Publications de la Sorbonne 1986 Au baccalaur at sp cial programmes de 4 et 5 ann es CHOIX DES SUJETS Initiative Doyen Universit de lettres ou ministre chelle s ries de 20 puis 40 candidats s rie unique par acad mie possibilit de sujets nationaux choisis par le minist re Nombre de sujets 1881 1 1890 3 au choix Centralisation aucune des nonc s Cas pr vu par les textes mais rarissime k Les programmes et plans d tudes de 1881 sont r vis s en 1884 1890 et 1902 Une EXPLICATION D UN TEXTE FRAN AIS 1 et 2 ann es coles normales Listes d auteurs pour trois ans partir de 1912 programmes limitatifs tablis par chaque cole normale pour 4 ans 4 et 5 ann es JF listes d auteurs modifi es en 1898 Voir Andr Chervel Les Auteurs fran ais latins et grecs au programme de l enseignement secondaire de 1880 nos jours Paris INRP Recteur conseill pa
22. amille S e l Enseignement secondaire des jeunes filles nous a t un pr cieux auxiliaire 7 U s agit l d un cart moyen de fait pour garantir la repr sentativit des s ries nous avons parfois d d caler l g rement nos sondages De m me pour des raisons d quilibre cette fois il nous a paru n cessaire de regrouper plusieurs sessions dans le cas certes tr s particulier des premi res sessions de brevet et de dipl me 8 M Roustan La Composition fran aise les genres Paris 7 fascicules parus entre 1904 et 1906 1 la description et le portrait 2 la narration 3 le dialogue 4 la lettre et le discours 5 la dissertation litt raire 6 la dissertation de morale 7 conseils g n raux La Composition fran aise aux examens 103 deux grandes familles plus conformes aux instructions officielles de 1902 les exercices relevant de la description et ceux relevant de la pens e abstraite 9 Nous inspirant de ces quelques exemples nous avons regroup les sujets abstraction faite de toute appr ciation sur le niveau des exercices en quatre grandes familles un premier type englobe tous les exercices descriptifs tableaux narrations portraits parall les un deuxi me tous les discours entendus au sens linguistique du terme o un je prend en charge un nonc forc ment marqu par des modalit s nonciatives Il semble en effet plus pertinent d opposer globalement l
23. aterait que la plupart sont largement connus des candidats Il s agit en premier lieu d crivains classiques cit s tout propos notamment au baccalau r at en second de moralistes ou d historiens du XIX si cle comme 126 Claire DECOMPS Renan ou Michelet On rencontre beaucoup moins de critiques comme Sainte Beuve ou Nisard sauf peut tre au dipl me C est au brevet en revanche que l on peut trouver le plus de penseurs contemporains et de moralistes en g n ral auxquels il faudrait ajou ter les nombreux anonymes tels qu un moraliste un p dagogue contemporain On pourrait faire sur la dissertation les m mes remarques que pour les discours Elle devrait th oriquement plus que tout autre exercice s appuyer sur les seules ressources dialectiques du candi dat mais pour viter contresens ou digressions mal venues le jury apporte quelquefois un semblant d aide ou m me une part de r ponse la question pos e Il peut tenter de souligner par des ques tions opportunes les points d licats On a dit que la Marianne de Tartufe tait une jeune fille insignifiante et moutonni re Est ce absolument vrai N a t elle pas de la d licatesse de l esprit et de l loquence Cela suffit il n anmoins votre sens et que trouveriez vous qui lui manque pour qu elle vous plaise et qu elle vous touche DP Grenoble 1903 Ou m me sugg rer les arguments d velopper On a dit que la lett
24. au baccalaur at classique en remplacement du discours latin apparaissant conjointement au brevet sup rieur red fini dans la lign e des grandes lois Ferry L ann e suivante son adoption est tendue au baccalaur at sp cial et au dipl me de fin d tudes nou vellement cr s 5 Les sp cificit s des diff rents cursus tr s mar qu es les premi res ann es vont cependant tendre s estomper En 1924 les programmes de l enseignement secondaire masculin et f minin seront d finitivement assimil s et le dipl me des jeunes filles s effacera au profit du baccalaur at Cette m me ann e l ou verture des facult s scientifiques aux titulaires du brevet sup rieur marquera une tape non moins d cisive dans ce processus d unifica tion Entre temps l instauration d une composition fran aise aux trois examens plonge les candidats leurs professeurs mais aussi les jurys d examens dans des ab mes de perplexit pour les uns le fran ais s enseigne par le latin pour les autres il se limite aux apprentissages l mentaires de la lecture et de l orthographe En l absence d ant c dents c est toute une p dagogie qu il convient d inventer Le fran ais lev au rang de discipline autonome doit d urgence se forger une identit par rapport aux savoirs dispens s par les autres mati res Il doit aussi s appuyer sur une panoplie d exercices gra du s assurant une continuit didactiq
25. c pr cis ment la pr paration des trois examens retenus ne comprend pas moins de sept fascicules plus de mille pages le tout maill de nombreuses r f rences litt raires explicitement pr sent es comme des exemples imiter 8 La M thode fran aise de Crouzet Berthet et Galliot s efforce tout en respectant cette m me optique de ramener les types d exercices 6 Il ne saurait tre question d num rer ici l ensemble de nos sources en fait tr s dispers es Nous avons bien entendu consult toutes les annales existantes mais aussi de nombreux manuels et revues p dagogiques La collecte des sujets du brevet sup rieur n a gu re pos de probl me dans la mesure o l enseignement primaire tait alors tr s centralis un arr t de 1886 pr voyant m me la publication de recueils l issue de chaque session Il n existait malheureusement rien de comparable dans l enseignement secondaire le baccalaur at restant organis l chelle de l universit et le dipl me celle du lyc e Pour le premier examen la s rie des Annales Vuibert ne reproduit les sujets de fran ais qu partir de 1912 Avant cette date o apparaissent conjointement plusieurs revues consacr es l examen il faut se contenter de sources tr s disparates la plus importante tant partir de 1895 d une fa on quelque peu surprenante la revue L Enseignement chr tien Pour le dipl me la revue semi offi cielle de C
26. e consid ration de genre ou de style D autres nonc s tout aussi bateau appellent un expos qui prendra selon les cas la forme d un inventaire ou d une illustration Une tape est franchie avec les amplifications o l on rencontre un th me et un propos c est dire le plus souvent une citation commenter ou d velopper Il s agit en g n ral d illustrer par des exemples choisis la v racit du propos D veloppez en pre nant pour exemple la personne d Harpagon dans L Avare de Moli re cette maxime d un ancien L avare n est bon pour per sonne il est son plus grand ennemi lui m me BAC D Paris 1905 c t de ces deux formes simples il existe toute une panoplie d exercices dont le mode d emploi pr cise davantage les objectifs attendus Dans les appr ciations le candidat est invit porter un juge ment plus ou moins personnel sur un propos donn Le mode d emploi peut passer par un verbe de modalit comme appr cier La Composition fran aise aux examens 123 juger ou par une question telle que peut on dire que que pensez vous de Beaucoup de ces interrogations sont bien s r purement oratoires notamment celles qui introduisent une r ponse de type oui non et qui d notent en g n ral des intentions par trop videntes Le jury n attend videmment pas du candidat qu il laisse libre cours sa verve contestatai
27. e a t reconnue d s 1890 par Eug ne Manuel comme l preuve capitale de nos concours la pierre de touche de l enseignement secondaire Une circulaire dat e du 28 ao t 1896 recommande officiellement aux recteurs de proposer un commentaire parmi les trois sujets laiss s au choix des candidats L Acad mie de Paris en prend note et propose 16 On trouvera une analyse pr cise de la crise des tudes litt raires de la riva lit entre historiens et rh teurs enfin du r le essentiel jou par Lanson dans la r forme de l Universit dans l ouvrage d Antoine Compagnon La Troisi me R publique des Lettres de Flaubert Proust Paris Le Seuil 1983 pp 21 94 Cet ouvrage aurait cependant tendance exag rer l influence du lansonnisme en minimisant les exp riences ant rieures Voir ce sujet l article d Andr Chervel Sur l origine de l enseignement du fran ais dans le secondaire Histoire de l du cation n 25 janvier 1985 pp 3 10 17 Voir Antoine Compagnon op cit pp 75 82 18 Le Manuel g n ral de l instruction primaire partie scolaire paru de 1832 1940 La Composition fran aise aux examens 129 en 1898 un commentaire de texte dans chacun des cinq groupes de sujets de la session de juillet et dans l un des deux de celle d octobre Il faut croire que cette exp rience sans pr c dent a surpris plus d un candidat car elle n est pas reconduite l ann e
28. e d faut de ne pas distinguer assez nettement ce type de devoirs des dissertations Tous les exercices de cette cat gorie sollicitent de fait des qualit s essentiellement descriptives et narra tives invitant l l ve privil gier le d tail pittoresque la figure expressive tout ce qui pourra animer son style et loigner sa compo sition d une anatomie dess chante La narration elle m me est plus ou moins ramen e une succession de tableaux C est dessein que nous employons ce terme pour souligner le caract re essentielle ment pictural de l criture de l poque Un Roustan recommande d ailleurs aux l ves de se repr senter les sc nes pour les d crire la mani re d un peintre Ce type de d marche s inscrit assur ment dans un vaste courant de pens e privil giant l observation comme mode d appr hension du r el car comme le rappelle Claude Abastado 12 elle est contemporaine dans le domaine des sciences des d veloppements de la m thode exp rimentale de Claude Bernard et dans celui des lettres ou des arts des courants r alistes ou naturalistes De telles dispositions intellectuelles taient d ailleurs d j en germe dans la p dagogie j suite les col l ges d Ancien r gime ayant adapt des fins profanes les fameux exercices spirituels de Saint Ignace de Loyola qui reposent entre autres choses sur la description par les cinq sens Sur un ense
29. e in dite entre des personnages c l bres Rencontre de Chrysale et de monsieur Jourdain change de vues de sympathie ou de condol ances DP Lyon 1919 Restent enfin selon une terminologie fr quente les fameux dialogues des morts ou dialogues aux enfers permet tant la confrontation de personnages r els ou litt raires appartenant des mondes ou des poques loign s Dialogue des morts entre sope et La Fontaine sur l apologue BAC CL Clermont 1891 Il s agit d un exercice relativement rare 4 au baccalaur at et au brevet 13 au dipl me Traditionnel au premier examen il ne semble tre adopt qu assez tardivement aux deux autres en 1896 et 1898 Mais il convient ici de nuancer notre propos en raison de la faiblesse du corpus La cat gorie des lettres regroupe enfin tous les exercices o le locuteur s adresse par crit un destinataire le plus souvent nette ment individualis La r f rence la litt rature pistolaire des XVII 112 Claire DECOMPS et XVIII si cles remplace ici celle de l loquence classique Le grand ma tre imiter est bien entendu Madame de S vign tr s souvent cit e suivie d un peu plus loin par Madame de Maintenon et Voltaire Il s agit d un genre intimiste moins rigidement codifi Madame de S vign s crie propos des go ts de sa petite fille Pauline de Grignan pour la lecture la jolie l heureuse disposi tio
30. e la morale Elle est l g rement plus marqu e au brevet 134 Claire DECOMPS L explication de texte qui entendait par la rigueur de sa m thode renouveler l approche de la litt rature retrouve ainsi ce formalisme rh torique qu elle esp rait tant d passer La sp cificit des textes compte finalement moins que l approfondissement personnel dont ils sont l occasion si la lecture expliqu e est le fond presque le tout de l enseignement du fran ais elle est aussi le principal instru ment de l ducation morale Instructions de 1902 x On observe au cours de ces quarante premi res ann es d exis tence de la composition fran aise un net recul des formes d criture traditionnelles au profit de deux nouveaux exercices promis un brillant avenir la dissertation et dans une moindre mesure le com mentaire de texte Ainsi apr s maints balbutiements les exercices scolaires acqui rent enfin une certaine autonomie par rapport aux grands mod les litt raires pour tester de nouvelles qualit s chez les candidats finesse des analyses sens de la synth se Cette volu tion qui constitue une v ritable r volution du statut rh torique des formes d criture scolaire ne s est pas faite sans heurts ni h sita tions comme en t moignent la formulation parfois d routante des sujets d examens et les recommandations multiples de jurys sou cieux d orienter le travail des candidats Le d calage
31. e proportion est nettement La Composition fran aise aux examens 127 plus faible avec respectivement 36 5 et 41 des nonc s seule ment Alors que le baccalaur at sp cial est plus proche sur ce point de ces deux derniers examens avec 39 5 en 1889 le baccalaur at moderne rejoint rapidement son a n avec une proportion tr s lev e de 60 en 1893 En comparant tous ces chiffres ceux obtenus pour les discours dans le chapitre pr c dent on s aper oit qu au baccalaur at la litt rature est davantage r serv e au genre de la dis sertation 59 5 contre 38 et au contraire l histoire plus nette ment encore celui des discours 51 contre 14 seulement Au brevet et au dipl me on note certes une baisse de la proportion de sujets litt raires en passant du discours la dissertation mais cette perte est rapprocher de l extraordinaire succ s dans cette derni re forme de devoir de la morale de la psychologie auquel s ajoute au brevet celui de la p dagogie La morale exceptionnelle dans les exercices traditionnels fait un grand bond au baccalaur at en pas sant 17 Mais c est au brevet et au dipl me que cette progression est la plus sensible Elle devance tr s nettement tout autre th me au brevet avec 48 5 des nonc s et atteint au dipl me 37 5 presqu autant que la litt rature La dissertation est donc pr texte sentences difiantes Ces nonc s jug s plus faciles
32. endre la parole ou plus souvent la plume pour changer leurs impressions Enfin les acteurs historiques En dehors des personnages historiques ces grandes figures qui peuplent les manuels d histoire de l poque les acteurs non individualis s un bourgeois de Paris un d put du Tiers tat un soldat de la Grande arm e constituent les anonymes historiques On note imm diatement une tr s nette opposition entre le bacca laur at et le brevet ou le dipl me Au baccalaur at les locuteurs ne sont identifi s des familiers que dans 7 des sujets pour l tre des personnages historiques dans 49 des cas La situation est totalement invers e aux deux autres examens o les premiers obtiennent respectivement 42 et 40 des r les et les seconds 11 et 0 aucun locuteur de ce type au dipl me Les acteurs litt raires en g n ral sont en revanche tr s bien repr sent s aux trois examens avec 44 47 et 60 des nonc s l int rieur m me de ces trois familles on peut mettre en lumi re des nuances plus fines Parmi les familiers le vous l emporte plus nettement au brevet qu aux deux examens de l enseignement secondaire Ce constat auquel s ajoute celui de l existence de p dagogues ce seul examen prouve la plus grande simplicit des situations imagi n es par les jurys pour les candidats de l enseignement primaire sup rieur
33. ent t conduit d composer un nonc en plusieurs exercices Il est par exemple tr s fr quent de demander au candidat d expliquer puis d appr cier une citation de d finir un genre et d illustrer par un rapide expos ses aspects les plus mar quants On notera tout d abord l tonnante unanimit des trois examens pl bisciter les m mes formes d nonc s assignant chaque type d exercice un rang sensiblement identique Les quelques inversions semblent n gligeables au regard de l unit g n rale du palmar s Trois exercices l emportent tr s nettement les expos s les appr ciations et les explications avec 65 70 du corpus environ Deux autres formes les amplifications et les d monstrations appa raissent r guli rement dans une proportion globale de 25 Quant aux deux derni res les d finitions et les comparaisons beaucoup plus exceptionnelles elles ne constituent jamais plus de 10 des nonc s Ce sont donc les formes d exercices les plus simples qui l em portent aux trois examens Certes les expos s trop proches d une banale question de cours esquissent un l ger recul mais la disserta tion ne se d marque que timidement des genres plus traditionnels quant aux facult s mentales exerc es On attend du candidat qu il sache faire preuve d un semblant d rudition mais surtout qu il manifeste son bon go t par la fid lit de ses jugements aux
34. ent asservie aux canons esth tiques de la rh torique classique Avec l av nement de la dissertation cette tradition va rapide ment tre remise en cause L elocutio se trouve en effet rel gu e l arri re plan au profit de l inventio et surtout de la dispositio I La Composition fran aise aux examens 119 n est plus question de transcrire en beau style une mati re pr ala blement connue ma s bien d organiser avec rigueur des id es en fonction d une probl matique inscrite dans l nonc Le style dirig par les seules exigences de la d monstration visera rigueur et conci sion il ne s autorisera aucun ornement inutile Seule tol rance en la mati re la formule r sumant par un tour de mots qui n est pas sans rappeler les tropes de la rh torique traditionnelle la conclusion d un d veloppement m thodiquement conduit Il s agit l d une v ritable r volution dans les pratiques d criture scolaire qui conqui rent enfin un statut autonome par rapport la litt rature Avec l ouverture des lyc es une client le plus large la v n ra tion des prestigieux mod les classiques ne peut plus suffire la for mation intellectuelle des nouvelles lites aussi les exercices tradi tionnels se trouvent ils condamn s plus ou moins long terme La dissertation fait au contraire figure d exercice coh rent certes r put des plus difficiles mais permettant une adaptation cont
35. ent formel Apr s avoir d fini les grands types d exercices et tudi leur r partition nous analyserons donc plus pr cis ment leur mode d emploi c est dire toutes les informations apport es par le jury et destin es encadrer le travail du candidat parfois m me l aider Nous nous interrogerons aussi sur l adaptation plus particuli re de certains genres au traitement d un type de th mes Nous esp rons ainsi cerner les facult s mentales sollicit es et observer les muta tions implicites du statut rh torique de la composition fran aise PR SENTATION Examen Sections Fili re Sexe candidats Tableau I LES TROIS EXAMENS Baccalaur at 1 partie 1881 Classique Sp cial 1890 Classique Moderne 1902 A B C D Secondaire G JF ORGANISATION DE L EXAMEN Ressort administratif Centres d examen Nombre de sessions Universitaire Si ge Facult centres annexes 2 juillet octobre Brevet sup rieur brevet de capacit de 1 ordre Primaire sup rieur Get JF D partemental mais contr le du Recteur Chef lieu du D partement 2 ou 3 juil oct mars DESCRIPTION DES PREUVES crit D finition sujets Dipl me de fin d tudes jeunes filles Secondaire JF Acad mique Lyc es de JF 1 seule 2 apr s 1910 juil oct Une COMPOSITION FRAN AISE de trois heures litt rature histoire ou mor
36. ention d abdiquer et de se retirer dans un monast re BAC CL Paris 1882 Parfois le jury pr cise le ton attendu par un terme plus pr cis que cette appellation g n rique de discours Dans un rapport le candidat devra privil gier l ordre de la d monstration Rapport de Colbert Louis XIV sur l tablissement des Invalides BAC SP Besan on 1889 Dans un compliment un loge ou une oraison fun bre le ton sera moins aust re et s accommodera de figures de mots ou d id es plus audacieuses Fontanes prononce aux Invalides l loge fun bre de Washington BAC CL Clermont 1882 En fait le discours sous toutes ses formes est essentiellement un exercice de baccalaur at 54 exemples soit 16 cet examen seulement 5 soit 9 au brevet sup rieur et encore faut il noter que 3 sujets sur 5 appartiennent la fameuse session de 1896 dont nous avons d j soulign le caract re exceptionnel aucun au dipl me Ces chiffres n ont rien d tonnant dans la mesure o cet exercice se pr sente comme l h ritier du discours latin On souli gnera ce propos le poids exceptionnel de la session du baccalau r at classique de 1882 avec 20 sujets de ce type sur 66 cette date l enseignement classique n a pas encore eu le temps d inventer des formes originales de composition fran aise et accommode au go t du jour de vieilles recettes On pourrait ajouter qu il repr sente po
37. es lettres les rapports les dialogues et les discours pourtant traditionnellement class s part aux diverses formes du r cit repr sent es par le type pr c dent un troisi me correspond cette nouvelle forme de la rh to rique scolaire sans quivalent litt raire qu est la dissertation Elle s loigne de la description par sa probl matique et du discours par son anonymat des deux enfin par une forme qui s abolit dans sa propre neutralit un quatri me type m nage une place particuli re au dernier n de ces exercices scolaires le commentaire de texte Cette typologie est fond e sur trois grandes oppositions dis cours r cits types 1 et 2 exercices de genre dissertations types 1 2 et 3 pr sence ou non d un texte d auteur types 3 et 4 Les descriptions narrations tableaux portraits et parall les n occupent aux trois examens qu une place marginale presque tou jours inf rieure 10 mais relativement stable Les variations d une ann e sur l autre ne sont pas assez importantes pour justifier une interpr tation particuli re Les discours discours lettres dialogues le ons sont sur tout nombreux au baccalaur at autour de 50 des nonc s en 1882 de 40 dans les ann es 1890 entre 20 et 30 par la suite Ils n apparaissent au brevet et au dipl me qu entre 1890 et 9 Crouzet Berthet et Galliot M thode fran aise Paris 1910 1912
38. grands mod les classiques Les d monstrations comparaisons et d finitions qui supposent une r flexion analytique et un esprit de synth se plus d velopp s restent en retrait et les deux premi res ne sont pas toujours bien affranchies des mod les de la rh torique judi ciaire d une part et du parall le d autre part On notera le score tonnamment faible des d finitions tr s pris es de nos jours La Composition fran aise aux examens 125 2 Approche de l exercice Ces options expliquent que l exercice repose le plus souvent sur un propos d velopper expliquer appr cier ou d mon trer C est sous cette forme classique MTP mode d emploi th me et propos que la dissertation va s affirmer aux trois examens dans une proportion de 62 5 du corpus au baccalaur at de 67 au brevet sup rieur et de 71 au dipl me Ce propos peut tre rap port diff rentes instances d nonciation Il peut s agir de r flexions souvent peu originales mises sans autre forme de proc s par le jury lui m me Montrer qu on se laisse prendre aux apparences aux dehors faute de r flexion et faute d amour sinc re pour le vrai et pour le bien Donner des exemples BS Paris 1900 Ce dernier peut aussi se faire l cho de quelque lieu commun d origine incertaine et par cons quent anonyme D veloppez cette pens e la vie est un combat BS Eure 1890 Il pr f rer
39. ie des exercices r pondant la simple d finition appor t e ci dessus savoir la pr sence d un locuteur et d un destinataire est extr mement riche Roustan ne lui consacre pas moins de deux volumes de sa fameuse m thode 13 Les discours au sens rh torique du terme sont issus d une tradi tion d loquence Les pi ces r dig es par les candidats sont fictive ment cens es tre prononc es de vive voix avec tous les effets de style que suppose une telle destination orale Si le discours est plus sp cialement adress un destinataire donn le plus souvent un grand personnage il s accommode aussi d une audience publique Dans une circonstance solennelle Alcuin remercie Charlemagne de la protection qu il accorde aux lettres et aux arts BAC CL Lyon 1885 Appartiennent aussi cette cat gorie tous les sujets o un per sonnage s adresse un autre sans t moin oblig les nonc s sont 13 Les sujets impr cis dans leur formulation sont marginaux aux trois examens Le flou est surtout important lors des premi res sessions 9 sujets au baccalaur at classique en 1882 Seuls les candidats au baccalaur at ou au dipl me ont parfois la possibilit de choisir la forme de leur devoir 110 Claire DECOMPS parfois flous sur ce point mais ici encore oralement Les effets d loquence se feront plus discrets le style sobre voire intimiste Charles Quint annonce son fils son int
40. ins clas siques du XVII si cle Racine Corneille Moli re Boileau Bos suet les po tes romantiques de la premi re moiti du XIX si cle principalement Lamartine et Vigny et pour la prose de la m me poque Michelet et Chateaubriand enfin quelques po tes parnas siens comme Sully Prudhomme ou H r dia L enseignement secondaire fait preuve d une plus grande ouver ture dans le choix des auteurs 22 crivains diff rents pour 42 textes contre 11 pour 36 dans l enseignement primaire sup rieur Au baccalaur at apparaissent ainsi des auteurs moins attendus tels Sainte Beuve en 1905 et m me Lamennais et Baudelaire en 1924 Les litt ratures des XVI et XVIII si cles ne sont qu exceptionnel lement et tardivement repr sent es et au baccalaur at seulement Montesquieu en 1911 Rousseau en 1917 Ronsard en 1920 et 1924 On ne saurait tirer de conclusions d finitives des cinq commen taires dont nous disposons pour le dipl me de fin d tudes 1 en 1908 4 en 1915 Il s agit de pi ces en vers un sonnet de Du Bellay deux po mes de V Hugo et deux passages de Sully Prud homme dont quatre au moins semblent choisis pour leur teneur patriotique L ouverture la litt rature du XVI si cle est par contre significative de l esprit secondaire de cet examen 2 Approche de l exercice Le commentaire de texte est de l aveu m me des directives offi cielles un exercice d une r elle difficult pour
41. inue aux nou veaux champs d int r t de la culture scolaire On en retiendra pour preuve son tonnante p rennit L exercice a surv cu bien des r formes et demeure aujourd hui dans des formes relativement inchang es quant au principe initial 15 Si l on consid re l ensemble de la p riode c est de loin la forme d exercice le plus souvent propos e aux candidats avec toutefois quelques nuances selon l examen 57 des nonc s au baccalau r at 77 5 au brevet sup rieur et 87 au dipl me soit une dif f rence sensible de quelque 30 points entre les deux mod les extr mes La courbe des dissertations semble en fait invers e par rapport celle des discours La correspondance est manifeste au baccalaur at o les exercices traditionnels sont nettement plus importants qu aux deux autres examens Les dissertations plus abs traites dans leurs formes que les autres types d exercices semblent rencontrer au brevet une faveur l g rement plus forte chez les gar ons que chez les filles 131 exemples contre 120 aux quatre ses sions de 1890 1896 1900 et 1905 pour lesquelles nous disposons de chiffres s par s Ce n est donc pas tant pour une raison de sexe que de conception plus sp cifiquement litt raire de la formation que le dipl me de fin d tudes semble privil gier plus que tout autre exa men cette forme de devoir 15 Voir A Chassang et Ch Senninger La Dissertation litt raire g n
42. ique de nos non c s en les rassemblant selon la discipline scolaire laquelle ils empruntent leur sujet Ont t distingu s cinq champs de connais sances L Histoire Qualis artifex pereo telle a t la derni re parole de N ron Racontez bri vement la vie et la mort de cet his trion sinistre BAC CL Lille 1882 L Actualit Faites la description d une gr ve d ouvriers dans un centre industriel ou de mineurs dans un centre houiller Comment les gr ves naissent comment elles se propagent les pas sions qu elles excitent Faites un tableau de la mis re qu elles am nent au foyer de l ouvrier et de leurs f cheuses cons quences au point de vue de la fortune publique et de la concurrence trang re BAC SP Lille 1889 La Litt rature Racontez une journ e de La Fontaine DP LS 1898 La Morale Apr s avoir trac le portrait de l avare et celui du prodigue vous montrerez qu entre la prodigalit et l avarice il y a place pour une sage conomie BS Tarn 1890 La Psychologie et la P dagogie Tracer le portrait de la jeune fille telle qu on doit se le figurer apr s qu elle a achev ses tudes secondaires DP Tournon 1888 Au baccalaur at l histoire occupe tr s nettement la premi re place et constitue avec l actualit qui n en est que sa forme la plus contemporaine plus de la moiti des nonc s Viennent ensuite la lit
43. ique des p dagogies traditionnelles qui privil gient encore la fin du XIX si cle les m canismes op ratoires Les sujets d examen con us comme un moyen d valuation du savoir faire r ellement acquis par les l ves en fin de cursus devront r pondre des objectifs pr cis S agira t il par exemple de v rifier l assimilation de connaissances par rapport un programme tabli de tester des qualit s de pens e finesse du jugement rigueur du raisonnement esprit critique ou de sanctionner une simple per formance stylistique La confrontation des sujets recueillis avec les textes manant des autorit s officielles est bien entendu tr s riche d enseignements Les nombreuses recommandations concernant le choix des sujets n auraient en effet aucune raison d tre si ceux ci n apparaissaient parfois peu adapt s leur fonction d valuation et de discrimination des candidats Pour l historien les sujets d examen constituent une source par ticuli rement riche Les clefs de lecture en sont multiples p dago giques id ologiques sociologiques De fait ils refl tent la fois des pratiques d criture scolaire et tout un syst me de valeurs morales et civiques inculqu es aux l ves des diff rentes institutions en fonction de la place qui leur est r serv e au sein de la soci t Nous nous int resserons surtout ici au premier aspect en analysant les sujets d un point de vue essentiellem
44. lle des seconds Les locuteurs Ils peuvent tre regroup s en trois cat gories D abord les acteurs familiers auxquels le candidat est cens s identifier Cette assimilation peut tre tout fait explicite Le jury peut par exemple s adresser imp rativement l l ve en lui disant supposez que vous devez crire Elle peut aussi tre plus discr te mettant en sc ne un jeune homme ou une jeune fille de l ge pr sum du candidat souvent l ve d un lyc e ou d une cole normale et pr pa rant l un des trois examens Ont galement t consid r s comme familiers au brevet sup rieur les instituteurs et les institutrices dont la correspondance ne constitue pas le moindre int r t de l chantillon La Composition fran aise aux examens 113 Ensuite les acteurs litt raires Il peut s agir tout d abord d crivains classiques c est dire d auteurs inscrits au pro gramme des classes et r put s connus du candidat de th oriciens de la litt rature qui ne sont pas tudi s pour eux m mes mais pour leurs analyses D autres discours sont attribu s des personnages litt raires par exemple emprunt s aux com dies de Moli re Sont enfin consid r s comme anonymes litt raires tous les locuteurs qui sans tre nettement individualis s ont pu assister une repr sentation th trale lire telle ou telle uvre et d cident de pr
45. mble de quelque deux mille unit s nous n avons pu constituer qu un sous corpus fort limit 40 nonc s de baccalau r at 25 de brevet sup rieur et 7 de dipl me Respectivement 4 4 5 et 3 5 des nonc s seulement r pondent donc aux crit res retenus Nous verrons que ce type de sujets h rit s d une longue tra dition p dagogique les r dactions d histoire pratiqu es bien avant 1880 dans toutes les classes de l enseignement secondaire masculin et les exercices de genres propos s aux classes de grammaire cor respond en fait une conception archa que de la composition fran aise un peu d pass e ce niveau d examen De fait l inventio 12 C Abastado La Composition fran aise et l ordre du discours Prati ques n 29 1981 pp 3 13 106 Claire DECOMPS Tableau II LES GRANDS TYPES D EXERCICES BACCALAUR AT BE g 5 8 8 8 3 5 B X S g ES RS D RARE BREVET SUP RIEUR HO SO a a Gi rar Fesses 120 100 80 60 40 20 o EE AN COMMENTARES ZZZ DISCOURS CCS DISSERTATIONS M DESCRIPTIONS La Composition fran aise aux examens 107 th oriquement cens e s identifier une pure observation d un sujet fourni par l nonc puise par commodit dans le fonds clectique des lieux communs les plus oblig s de la culture scolaire pour deve nir ce que Roustan appelait une observation indirecte La
46. n on est au dessus de l ennui et de l oisivet deux vilaines choses Voudriez vous ne pas donner le plaisir Pauline qui a bien de l esprit d en faire quelqu usage en lisant les belles trag dies de Corneille Supposez sur ce th me une lettre de la marquise Madame de Grignan DP Tournon 1898 Ces lettres constituent en fait l essentiel de notre corpus 73 de l ensemble au baccalaur at 69 au brevet et 74 au dipl me Ce genre conna t une grande stabilit au brevet ou dipl me et tend occuper au baccalaur at la place laiss e vacante par le d clin des discours Une petite moiti du corpus opte en 1882 pour une forme pistolaire contre la quasi totalit en 1920 et 1924 Cette apparente unanimit privil gier la lettre comme vecteur du discours ne doit pas faire conclure trop h tivement une identit des trois examens Une tude des situations nonciatives choix des acteurs et des circonstances pr cises et des nonc s eux m mes th mes et fonctions des discours devrait permettre de cerner plus fermement les mutations du genre et la sp cificit de chaque cursus Th oriquement locuteurs et destinataires devraient tre nette ment individualis s Dans la pratique si le jury pr cise toujours clai rement l identit des premiers faute de quoi le candidat aurait quelques difficult s prendre la parole en leur nom il omet parfois de cerner avec autant de soin ce
47. nt les instructions de 1902 qui mettent l accent sur la composi tion l ordre logique la perspective et l unit Vous ferez de cette po sie de V Hugo un commentaire suivi et strictement compos en d gageant l id e ou plut t le sentiment qui l inspire et en montrant comment le choix des images et m me les effets rythmiques servent pr parer puis pr ciser l expression de ce sentiment BS Stras bourg 1924 Dans l immense majorit des cas le fond et la forme sont tudi s s par ment deux tiers des sujets de baccalaur at quatre cinqui mes de ceux du brevet avec une l g re volution la fin de la p riode On sait que l tude des formes est destin e l emporter progressive ment sur le commentaire des id es Nous ne percevons ici que les pr mices d une telle volution l g rement plus pr coce au bacca laur at qu au brevet sup rieur En raison de cette attention port e aux id es le commentaire s loigne souvent du texte pour aborder au moins en conclusion un probl me g n ral Le texte sert alors de pr texte un largissement Dans 43 des sujets de baccalaur at et dans 45 de ceux du bre vet une telle perspective est explicitement recommand e Voici un exemple typique de ce d tournement de l explication de texte Vous expliquerez d abord la pens e d Alfred de Vigny en appr ciant aussi la forme qu il a donn e dans ces vers Vous examinerez ens
48. observ entre le baccalaur at et les deux autres examens est r el mais s estompe au fil des ann es en raison de la tendance du brevet et du dipl me se modeler sur leur prestigieux a n Pourtant le baccalaur at ne joue pas un r le moteur dans cette volution loin s en faut il reste tourn vers le pass et semble plus subir qu accepter les mutations profondes de la rh torique classique L enseignement primaire sup rieur et l enseignement secondaire moderne notamment f minin se livrent plus volontiers des exp riences renouvelant l approche des formes d criture scolaire p Claire DECOMPS Ecole normale sup rieure de Fontenay Saint Cloud
49. position fran aise aux examens 115 poques et th mes privil gi s La mise en sc ne des sujets est situ e au XVIT si cle dans 48 des cas au baccalaur at et dans une proportion encore importante de 38 au brevet et de 43 5 au dipl me Les nonc s de ces deux examens privil gient pourtant nettement la p riode contemporaine qui sert respectivement de cadre 45 5 et 40 d entre eux mais seulement 7 5 de ceux du baccalaur at l oppos le XVIII si cle concerne essentiellement cet examen dont il inspire 26 5 des nonc s Il est absent au dipl me et n gligeable au bre vet 7 5 Il en va de m me pour l Antiquit avec 15 5 des sujets au baccalaur at mais peine 1 5 et 3 des nonc s ailleurs On notera toutefois pour nuancer cette nouvelle opposition que les deux tiers des exemples de ce type correspondent la pre mi re session classique de 1882 Cette r partition rappelle nettement les options signal es plus haut T y a bien s r une troite corr lation entre le choix de partenaires familiers et celui de circonstances contemporaines La forme et l nonciation du discours d pendent largement du th me abord L histoire et le patriotisme sont par excellence des sujets nobles la psychologie la p dagogie ou les sciences des th mes prosa ques la litt rature et la morale peuvent fournir des sujets tr s concrets ou au contraire parvenir des accents h ro ques
50. r les inspec Recteur conseill par la direc teurs d acad mie de son ressort 1881 nationale 1886 d partementale 1895 acad mique 1881 1 1890 2 au choix recueil officiel rapport partir de 1887 trice du Lyc e de JF lyc e groupement possible par acad mie 1 seul aucune partir de 1902 les candidats des sections ABC doivent dans ce dernier cas composer sur des sujets identiques SUANUDX2 XND 2S1D5UDI UuOISOdWO DT TOT 102 Claire DECOMPS Cet article s appuie sur un travail statistique effectu sur un cor pus de quelque deux mille sujets Sa constitution tributaire de sources quelquefois lacunaires 6 a t tablie partir de la notion de session d examen Il nous semblait de fait indispensable de tra vailler sur l ensemble des sujets propos s simultan ment dans tous les centres d examens Le choix de ces sessions a t dict par la volont de proc der des sondages r guliers tous les cinq ans envi ron 7 I TYPOLOGIE ET R PARTITION QUANTITATIVE DES EXERCICES l instar des po tiques classiques qui tablissaient une stricte hi rarchie des genres litt raires les manuels s efforcent de classer et de codifier les formes d criture scolaire Un ouvrage tel que La Composition fran aise les genres de M Roustan con u pour les l ves de l enseignement secondaire des gar ons et des jeunes filles des EN et des EPS et ciblant don
51. re Au sujet de l ortho graphe Voltaire crivait Elle est la peinture de la voix plus elle est ressemblante meilleure elle est Sans trancher le d bat actuel de l orthographe tablie et de l orthographe affranchie proposez modestement vos petites r flexions sur ce sujet BAC A Lille 1905 Nous avons galement class dans cette cat gorie tous les nonc s portant sur les go ts les pr f rences ou les aspirations du candidat Ces sujets prennent en effet d une mani re certes tout arti ficielle une forme plus personnelle Quelle est entre Comeille et Racine votre pr f rence personnelle Dites en bien simplement et bien franchement les raisons BAC CL Aix 1900 Les explications soul vent des questions parfois introduites par un Pourquoi ou un Comment qui n cessitent une ana lyse plus pouss e que les formes de dissertation entrevues jusqu pr sent Expliquer ce mot de Vauvenargues C est un grand signe de m diocrit que de louer toujours mod r ment BAC CL Paris 1891 Dans un esprit assez proche les d monstrations portent l accent sur la rigueur de l argumentation il ne s agit plus seulement d expli quer mais de justifier une position exprim e par le propos du sujet Montrer que l imagination par son action sur nos jugements peut servir au bonheur ou au malheur des hommes DP Reims 1893 L exercice pourra prendre la forme qui
52. re consid r e comme un genre lit t raire a t une des meilleures coles o s est form l esprit de notre race Vous justifierez cette proposition en montrant comment la lettre se pr te admirablement au tour d esprit d un peuple causeur conteur et moraliste et combien elle s adaptait en particulier aux besoins intellectuels et sociaux des XVII et XVIII si cles BAC ABC Nancy1905 quitte fournir la trame du devoir On notera que contrairement nos premi res suppositions cette aide ne concerne pas seulement les premi res sessions qu elle tendrait m me devenir plus forte la fin de la p riode et que le baccalau r at n est pas en retrait loin s en faut Nous lui devons m me les plus beaux morceaux d anthologie Les sujets de r flexion propos s aux candidats ne brillent pas davantage par leur originalit On retrouve toutes les mati res d j mentionn es l occasion de l tude des exercices traditionnels On ne d taillera donc pas une nouvelle fois les contenus de chacune d entre elles mais on s int ressera directement aux options pr domi nantes Si l on consid re l importance des pr occupations purement lit t raires on note imm diatement des diff rences sensibles entre les trois examens Au baccalaur at elles d terminent 59 5 des disser tations soit une grande majorit des nonc s Mais au brevet sup rieur et au dipl me de fin d tudes cett
53. rit de la nation espagnole Ce type de discours correspond en rh torique au genre d lib ra tif Il faut inciter ou dissuader son interlocuteur par rapport un projet d action pr cise ici le dissuader de rejeter brutalement les clauses du testament L argumentation rigoureuse respecte toutes les tapes oblig es de la rh torique classique exorde ou captatio bene volentae narration confirmation et p roraison Dans la seconde consacr e l argumentation et la r futation le marquis d fend sa th se ab absurdo la dispositio y est toute classique structure ter naire et gradation dans e choix des arguments 14 G rard Genette Enseignement et rh torique Annales ESC mars avril 1966 pp 292 305 repris dans Figures II Paris Le Seuil 1969 pp 23 42 La Composition fran aise aux examens 117 Dans un tel sujet la place de l inventio et celle de la dispositio sont r duites leur plus simple expression L exercice se ram ne l amplification d un argument d une mati re autrement dit un simple travail d elocutio C est pourtant pour viter des pratiques aussi verbeuses que la r forme de 1880 a aboli le discours latin Comme le pr cise d ailleurs explicitement la note du 12 ao t On vitera l abus des mati res qui favorisent trop les amplifications st riles et on habituera l l ve trouver les principales id es de ses compositions En
54. suivante La r forme de 1902 qui supprime le terme de rh torique des d nominations officielles en fait nouveau son cheval de bataille Apr s quelques ann es transitoires les commentaires constituent r guli rement 8 des sujets avec un record de 17 en 1911 Nous n avons pas trouv de trace de cet exercice au baccalaur at sp cial en 1889 et 1890 seules ann es que nous ayons pu consulter pour cet examen et nous ne pouvons tirer aucune conclusion de l chantillon malheureusement incomplet recueilli pour le baccalaur at moderne en 1893 Il semblerait d apr s le recueil de Lhomme et Petit 19 que l acad mie de Lille ait propos quelques commentaires en 1894 et 1895 L enseignement secondaire f minin semble ici imiter son homo logue masculin puisque les commentaires n apparaissent que quel ques ann es apr s la r forme de 1902 1 sujet sur 33 en 1908 4 sur 37 en 1915 L ann e 1919 incompl te ne doit pas faire conclure une disparition de ce type d exercice 1 Le choix des textes Jusqu en 1905 les rares textes propos s au baccalaur at sont des po sies Suite la r forme de 1902 le corpus devient plus important 7 11 sujets par session et plus diversifi la proportion des formes versifi es diminue alors de moiti 30 60 du total au profit de la prose 30 50 et plus pisodiquement du th tre qui ne d passe jamais 30 Au brevet sup rieur le privil ge des
55. t 1 Les exercices reposant sur une description descriptions portraits r cits analyses morale lettres t H Les exercices relevant de la pens e abstraite discours dis sertations litt raires ou morales Les premiers exercices sont recommand s aux classes de seconde ou de section D tandis que les discours et les dissertations notam ment litt raires sont r serv s celles de premi re 104 Claire DECOMPS 1915 avant de dispara tre nouveau Leurs proportions restent d ailleurs toujours plus modestes entre 5 et 15 des exercices au brevet l exception de l ann e 1896 qui en compte 35 10 entre 5 et 20 au dipl me La dissertation est assur ment l exercice fondamental Elle s impose progressivement au baccalaur at passant de 40 des nonc s en 1882 65 en 1924 Elle se taille d embl e la part du lion aux deux autres examens entre 75 et 90 des sujets au bre vet sauf l ann e 1896 qui fait encore exception avec 40 seule ment et entre 75 et 95 au dipl me Le commentaire de texte conna t un d marrage beaucoup moins spectaculaire Exp riment plus pr cocement au brevet il demeure exceptionnel au baccalaur at et inconnu au dipl me avant les ann es 1910 et ne d passe quasiment jamais 10 du total des sujets propos s Lorsque le choix est laiss aux candidats entre deux ou trois nonc s on observe souvent un effort de diversification
56. t rature avec environ un quart des sujets et la morale avec 15 Au dipl me histoire litt rature morale et psychologie se partagent assez quitablement l essentiel du corpus Le brevet conna t une situation interm diaire ma s ici aussi plut t plus proche de celle du dipl me La Composition fran aise aux examens 109 2 Les discours Ont t regroup s sous le terme g n rique de discours entendu dans son sens linguistique et non exclusivement rh torique tous les sujets reproduisant explicitement un sch ma classique de communi cation L exercice repose imp rativement sur un code postulant Texistence d un locuteur et d un destinataire le message chang constituant le corps de la composition fran aise Nous parlerons de discours en acte dans la mesure o l l ve cens endosser pour quelques heures l identit du locuteur s adresse la premi re personne ce destinataire quelquefois anonyme mais le plus sou vent lui aussi nettement individualis Nous avons not pr c demment que le discours connaissait un d clin relatif mais demeurait notamment au niveau du baccalaur at une forme d exercice relativement pris e des p dagogues Sur un corpus global de 1 729 sujets nous avons recens 339 nonc s de ce type au baccalaur at 55 au brevet et 15 au dipl me soit respective ment pour chaque examen 34 10 5 et 7 5 du total a Un genre multiforme Typologie La panopl
57. tonnant que l art de la com position fran aise reprenne son compte les r gles dict es et fix es par des g n rations de rh teurs formalistes et dogmatiques On pourra pour s en convaincre analyser un exemple aussi typique que ce discours propos au baccalaur at classique Caen en 1885 L nonc s ouvre sur un long expos circonstanciel d environ deux cents mots que nous pouvons sommairement r sumer en disant que le marquis de Torcy doit d fendre devant le conseil de Louis XIV la th se de l acceptation des clauses du testament de Charles IL Suit un plan d taill que nous reproduisons ici int grale ment Le marquis de Torcy prend alors la parole Il dit 1 Qu il sait les dangers de l acceptation et qu il voudrait lui aussi pargner au roy de nouveaux sacrifices 2 Mais que a refuser la succession ce n est pas refuser la guerre b d autres sont pr ts accepter cette succession c si elle revient un prince allemand tout le fruit de la poli tique fran aise depuis deux si cles sera perdu 3 Que dans ce cas on aura la guerre dans des conditions plus d favorables et qu on aura contre le roy le peuple espagnol qui ne saurait consentir la division de la monarchie 4 Qu il prie Louis XIV de ne point tromper les esp rances du roy mourant qui a surtout jet les yeux sur la Maison de France parce qu il pensait qu elle tait assez forte pour maintenir l int g
58. u en pr cisant l opposition qu il tablit entre deux m thodes diff rentes d ducation Quels inconv nients F nelon voit il dans la premi re quels avantages voit il dans la seconde Que pensez vous de son opinion Vous avez une exp rience personnelle puisque vous achevez peine vos tudes C est avec votre exp rience qu on vous demande de juger la m thode de F nelon et de r pondre en toute sinc rit La douceur peut elle convenir avec tous les caract res BAC ABCD Poitiers 1911 Les examens privil gient d abord l explication litt raire des textes les deux tiers des ordres ou des questions pos es La part des enjeux moraux est cependant assez consid rable le quart des indi cations apport es par le jury C est de loin la principale ouverture des explications de textes ce qui ne saurait surprendre si on se rap pelle que la litt rature est per ue l poque comme une v ritable le on de choses morale profess e par des crivains de g nie L int r t historique ou patriotique des textes est plus rarement vo qu d une fa on explicite et plus souvent au brevet qu au baccalau r at ce qui n a rien d tonnant Les ann es marqu es par la guerre occupent bien entendu une place privil gi e 30 en 1917 au bac calaur at 70 en 1915 au brevet La part des r flexions psycholo giques ou p dagogiques est plus r guli re mais nettement moins importante que celle d
59. u baccalaur at 20 au brevet 21 La technique m me de l explication de texte peut ainsi faire l objet d un sujet Qu est ce que l analyse d un fragment litt raire Est ce la m me chose que le r sum titre d exemple analyser et appr cier le morceau suivant BS Besan on 1900 132 Claire DECOMPS La plupart des nonc s ne pr cisent pas la forme donner l explication mais insistent par contre sur son contenu Ces nonc s distinguent diff rentes approches successives souvent discontinues du texte expliquer L intrigue les personnages le caract re comique la morale et le style de la fable BAC CL Lille 1891 On notera ici l absence de liaison entre le style et les id es On ne demande certes pas aux candidats loin s en faut un catalogue de remarques d cousues mais on insiste moins qu aujourd hui sur le caract re probl matique et m me dialectique de l explication de texte Il existe n anmoins plusieurs variantes Les questions de style et d id es sont explicitement s par es Expliquez et commentez au point de vue des id es et au point de vue du style BS Besan on 1900 Il n y a aucune indication sur la place respective des diff rents parties de l explication le libell restant ambigu sur ce point Le jury insiste sur la forme suivie nous dirions aujour d hui compos e du commentaire respectant en cela tr s fid le me
60. ue de la onzi me la rh to rique de la premi re ann e des lyc es de jeunes filles au dipl me de fin d tudes du cours pr paratoire au brevet sup rieur 4 Cette pr sentation des trois cursus est bien entendu assez sommaire Rappeler ici l histoire et l organisation sp cifique de chacun de ces examens serait quelque peu fastidieux et nous loignerait de notre propos On trouvera cependant un descriptif des preuves dans le tableau I pages 100 101 5 Pour l importance de cette rupture dans les ann es 1880 voir Andr Chervel Observations sur l histoire de l enseignement du fran ais Histoire de l ducation n 33 janvier 1987 pp 21 34 qui met alors en vidence l emergence d un nouveau mod le didactique La Composition fran aise aux examens 99 Comme le souligne I Carr propos de l enseignement du fran ais dans un cycle de conf rences prononc es tr s officiellement au Mus e p dagogique en 1887 Il se m le tous les autres et les compl te morale histoire g ographie sciences elles m mes tout aboutit la composition fran aise L originalit de la discipline ne r side donc pas tant dans l assimilation de connaissances sp cifiques que dans un travail particulier de mise en forme Cette subordination des contenus aux formes d criture des savoirs particuliers aux savoir faire qui pr sente d ailleurs quelques risques de d rive for maliste est typ
61. uite si la contradiction entre la science et la po sie est aussi abso lue que Vigny semble le croire BAC CD Nancy 1911 La Composition fran aise aux examens 133 La quasi totalit des explications s appuient sur une tude litt rale sinon litt raire des textes avec fr quemment un ou deux th mes d ouverture litt rature Par une tude d taill e de ce sonnet insigni fiance du sujet mani re de le mettre en valeur expressions recher ch es pointes d finissez ce qu on a appel la po sie pr cieuse Dites les principales raisons que Moli re et Boileau eurent d atta quer la soci t pr cieuse des po tes BAC ABC Alger 1911 morale Expliquez et appr ciez ces vers de V Hugo En approuvez vous sans r serve l inspiration morale BS Paris 1890 histoire souvent teint e de patriotisme Vous analyserez cette description de la retraite de Russie pendant le rigoureux hiver de 1812 Vous chercherez montrer par quels moyens V Hugo a su donner l impression du climat du paysage de la longueur de la route des souffrances physiques des souffrances morales et du cou rage de ces soldats qui abandonnaient leur conqu te vaincus non par l ennemi mais par l hiver BAC ABCD Nancy 1920 psychologie ou p dagogie Vous rendrez compte d abord de la signification exacte des mots en italique puis vous expliquerez et analyserez les id es de ce morcea
62. ur l lite sociale des bacheliers de l poque une initiation directe leur future fonction de maire de conseiller g n ral ou de simple pr si dent d amicale Tous devront un jour ou l autre prononcer l occa sion d une inauguration ou d un banquet quelque vibrant discours Cette forme d exercice d cline cependant rapidement 4 nonc s sur 32 en 1885 6 sur 52 en 1891 sans pour autant dispara tre d finiti vement On notera qu au baccalaur at sp cial issu d une tout autre lign e p dagogique il n y a aucun discours Par contre au baccalau r at moderne qui entend prendre mod le sur son prestigieux a n il appara t dans des proportions sensiblement gales celles des sec tions classiques contemporaines 4 sujets sur 20 en 1893 La courbe suivie par cette forme d exercice apr s la r forme de 1902 1 sujet en 1900 aucun en 1920 1 en 1924 mais 5 en 1911 et 4 en 1917 nous semble plus d licate interpr ter Le discours jug un peu d suet est peut tre remis en valeur lors du d clenchement de la guerre pour son ton grave et solennel La Composition fran aise aux examens 111 Peuvent tre class es part les le ons pourtant orales et desti n es une audience collective mais n ayant rien voir avec quelque tradition d loquence que ce soit Apr s avoir expos des jeunes filles de onze ans environ le sujet de la fable de La Fontaine intitul e l
63. valente mais n gative d une r futation R futer cette maxime de La Rochefoucauld Notre repentir n est pas tant un regret du mal que nous avons fait qu une crainte de celui qui nous peut arriver DP Paris Racine 1898 L esprit de synth se est ici primordial Ces exercices d riv s de l loquence judiciaire constituent notre avis les formes les plus volu es de la dissertation o la dispositio l emporte le plus nette ment sur l inventio et l elocutio Les d finitions permettent d valuer le niveau des connaissances du candidat mais aussi dans bien des cas ses facult s d analyse ce qui les distingue radicalement des simples expos s Qu est ce que la po sie lyrique en quoi se distingue t elle de la po sie pique et dramatique BAC CL Aix 1891 124 Claire DECOMPS Les comparaisons rappelant quelque peu les parall les de la rh torique classique sont assez rares l examen mais constituent une des formes d exercice les plus int ressantes car combinant la fois analyse et synth se Comparer la conception des enfers dans l Odyss e l En ide et le T l maque BAC CL Caen 1891 Cette typologie fond e sur les facult s mentales principalement sollicit es peut sembler assez complexe La tr s grande diversit dans la formulation d un m me sujet nous a amen sch matiser le type de probl matique rencontr e Pour plus d objectivit nous avons souv

Download Pdf Manuals

Related Search

Related Contents

Sony XS-602F User's Manual  Operating Instructions  trio kalotaszeg jules & jo bothan jokke schreurs  AT-PHA05BT 取扱説明書  LG LMV2015SB Accessories Catalogue  1 Appuyez sur - Olympus America  Leistungsverzeichnis Elektroinstallationen  Symantec™ Client Management Suite 7.5 powered by Altiris  

Copyright © All rights reserved. Failed to retrieve file