YI JING, LA SAGESSE DU CHANGEMENT
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1. Le troisi me et dernier exemple concerne l attitude adopter lorsqu on est immerg dans un tel maelstr m de changement La solution la plus sage consiste ne pas s opposer au d roulement g n ral des choses ne pas chercher remonter contre courant du processus Cette attitude d opposition est non seulement dangereuse voire suicidaire mais elle est surtout inutile car le dynamisme du processus est tel qu il g n re en permanence des occasions et des opportunit s qu il suffit de saisir lorsqu elles viennent passer Laisser les choses se d rouler sans s y opposer s harmoniser au mouvement cette attitude g n rale d attente mais une attente active attentive avec un esprit ouvert est connue sous l expression de non agjir ou mieux non intervenir wou wei Elle est au centre de l enseignement du tao sme et au c ur de la sagesse du Yi Jing De la l gende l histoire A c t de ce que l arch ologie nous r v le de leur pass toutes les grandes civilisations ont d velopp une histoire mythologique Cela est particuli rement vrai pour la Chine mais contrairement ce que l on pourrait croire arch ologie et mythologie ne constituent pas des domaines compl tement s par s De nombreux exemples montrent au contraire que les l gendes de la vieille Chine ont souvent un fond historique La gen se du Yi Jing n chappe pas cette r gle et nous l aborderons donc du double point de vue de la2. Centre Djohi L HEXAGRAMME Elan cr atif LE JUGEMENT Elan cr atif fondamentalement favorisant T nacit profitable L IMAGE Le ciel circule et agit avec une force infatigable Ainsi l tre accompli en se renfor ant lui m me n est jamais bout de souffle On voit bien que les deux textes traitent du m me sujet mais les diff rences sont manifestes Alors que choisir Comment faire D abord accepter ces diff rences et les consid rer non comme des obstacles mais comme des opportunit s d ouverture D ailleurs nous avons vu combien le monde chinois tait marqu par le changement et le Livre lui m me ne fait videmment pas exception la r gle Accepter les diff rences et les exploiter suppose videmment que l on poss de plusieurs versions du Yi Jing Mais comme pourrait le dire le Livre lui m me Pas de regret la rentabilit de l investissement ne fait aucun doute Enfin il faut me semble t il se faire confiance et lorsqu on est amen interroger le Yi Jing tre l coute de son intuition au moment du choix La vieille sagesse chinoise nous le rappelle tout est changement tout est changeant chaque circonstance est unique et exige un comportement adapt Ainsi une m me question pos e deux moments diff rents n cessitera un traitement particulier Les mutations du Livre Si l on en croit la tradition et plus pr cis ment le Zhouli Rites des Zhou le Yi Jing que nous connaissons
3. certaines traditions c est sous le r gne de Yu que les huit trigrammes furent combin s deux par deux en soixante quatre hexagrammes dans une premi re version du Livre des mutations Chronologiquement vient ensuite le roi Wen fondateur de la dynastie des Zhou la fin du XI si cle avant notre re C est le plus souvent lui et non Yu qu est attribu e l id e de combiner les trigrammes en hexagrammes En tout cas c est au roi Wen que l on doit la r organisation du classement des hexagrammes en une version d finitive ainsi que la r daction d une explication le jugement pour chacune des figures Il aurait effectu cet important travail alors qu il tait emprisonn sur l ordre du tyran Di Xin qu il combattait Citons aussi Wu Wang duc de Zhou et fils du roi Wen Homme d Etat mod le humble et sage c est lui que l on attribue le texte ajout aux diff rents traits et qui en donne le sens C est cette poque que le Yi Jing devint oracle officiel de la cour sous le nom de Zhou Yi ou Livre des mutations des Zhou Et puis bien s r il y a l incontournable Kongfuzi Confucius 551 479 avant notre re Penseur universel et curieux de tout Ma tre Kong se devait d apporter sa contribution l laboration du Yi Jing On raconte qu la fin de sa vie il se passionna pour l tude du Livre le consultant si souvent qu il fallut remplacer trois reprises la reliure de cuir Traditionnellement on lui at
4. Quant aux traductions nous avons vu que leur diversit allait dans le sens de l ouverture et d une volution dynamique Ce dynamisme se traduit galement par l infinie vari t des usages qui sont faits du Livre des mutations objet de nombreuses recherches et source de cr ativit dans les mani res de l utiliser Je parlais en introduction de mise toutes les sauces Cette expression n a dans mon chef aucune connotation n gative mais au contraire porte t moignage de la bonne sant de ce tr s vieux et tr s moderne livre de sagesse JACQUES GOSSART Ce texte a t initialement publi dans le num ro 8 de la revue Itin raires hiver 2008 2009 dit e par l association Initiations www initiations be x kx 1 On trouve souvent dans la litt rature les orthographes Yi King et parfois Ching Ces diff rences sont dues au fait qu il existe plusieurs syst mes de transcription phon tique des mots chinois Pour ce qui concerne cet article j ai adopt le pinyin le plus officiel et le plus r cent de ces syst mes Pour ce qui est de la traduction de l expression yi jing les versions varient suivant les auteurs C est ainsi qu c t des courants Livre des mutations et Livre des changements on trouve des traductions telles Trait canonique de la mue ou encore Classique des transformations Jacques Gossart Entre mythologie et arch ologie les origines de la Chine Kadath 102 20
5. aujourd hui n est pas l original mais constitue la derni re version d une s rie de trois La premi re le Lian Shan daterait de Yu le Grand et serait plac sous le signe de la Montagne gen hexagramme 52 la deuxi me le Gui Cang aurait vu le jour sous les Shang successeurs des Xia et aurait la Terre kun hexagramme 2 pour signe d entr e quant la troisi me elle serait l uvre du roi Wen des Zhou et aurait t compl t e par Confucius et ses successeurs Cette derni re version est plac e sous le signe du Ciel qian hexagramme 1 Peut tre cette volution en trois phases n a t elle aucune r alit En l absence de toute preuve mat rielle nous ne pouvons que faire confiance au Zhouli une confiance pas si mal plac e pour d autres sujets Par ailleurs qu elle soit historique ou symbolique cette volution dans le classement des hexagrammes doit forc ment traduire une r alit cosmique une caract ristique majeure de l tat du monde trois moments pr cis On passe ainsi de la Montagne ferme solide droit simple la Terre vertus f minines femme pour finir par le Ciel masculin souverain Quoi qu il faille se montrer tr s prudent lorsqu on se m le d interpr ter des symboles et sp cialement lorsqu il s agit de commenter des donn es arch ologiques on ne peut s emp cher de voir l un reflet de l volution de la soci t au temps de
6. eux m mes form s par la combinaison par trois de traits pleins yang et de traits discontinus yin voir figure Ces huit trigrammes symbolisent les l ments de base de l univers le Ciel la Terre le Tonnerre l Eau la Montagne le Vent le Feu le Lac Des commentaires associ s chaque hexagramme le jugement l image et les traits pour les principaux rendent compte de la situation et donnent des indications sur l attitude adopter On lit par exemple pour l hexagramme 64 Que le renard ayant presque accompli la travers e trempe sa queue Aucun lieu n est profitable Le feu se trouve au dessus de l eau Ainsi l tre accompli en tant tr s attentif dans la diff renciation des choses demeure en sa place Traduction Centre Djohi Pour obtenir une r ponse une question donn e il existe diff rentes techniques qui permettent de s lectionner un hexagramme parmi les 64 que compte le Livre D crire par le menu le processus op ratoire de chaque technique ne pr sente gu re d int r t dans le cadre du pr sent article Le lecteur int ress trouvera tous les d tails dans l un ou l autre des nombreux livres consacr s au Yi Jing Pour faire bref disons simplement qu il existe trois m thodes usuelles la plus ancienne est le tirage par tiges d achill e actuellement souvent remplac es par des baguettes de bambou la plus courante utilise des pi ces de monnaie
7. tradition et de la science D ailleurs le contenu lui m me du Livre est souvent inspir par des l ments de l historiographie Ainsi en est il de l hexagramme 8 Soutien dont le commentaire L arriv e du rebelle Venu le dernier il y trouva sa fin derni re fait r f rence un passage de la vie du roi semi mythique Yu le Grand dont nous allons parler dans un instant On raconte en effet que Yu prit pr texte du retard inadmissible une r union de son vieil adversaire Fang Feng pour le sacrifier au dieu du sol Dans ses grandes lignes et en tr s r sum l histoire du Yi Jing met en sc ne des personnages de premier plan de l historiographie chinoise Le tout premier se nomme Fu Xi H ros civilisateur partiellement humain de la lointaine poque mythique il passe pour avoir invent quantit de choses utiles pour l humanit naissante dont les fameux trigrammes Vient ensuite le h ros et roi Da Yu Yu le Grand Plus qu un personnage de l gende et une des figures les plus c l bres de la mythologie chinoise Yu pourrait tre le premier souverain historique de la Chine et il aurait v cu vers 2200 avant notre re Quoi qu il en soit c est lui qu est attribu e la fondation de la toute premi re dynastie chinoise celle des Xia Avant d acc der au tr ne Yu s attaqua avec succ s un des grands fl aux de la Chine les inondations aussi catastrophiques que p riodiques du fleuve Jaune Selon
8. 06 3 Voici titre purement indicatif les r f rences de quelques versions fran aises du Yi Jing disponibles en librairie e Richard Wilhelm Etienne Perrot Yi King le livre des transformations livres et 11 Librairie de M dicis Paris 1973 Yi King Texte complet livres 1 II et 111 Edition originale Librairie de M dicis 1973 e Kerson amp Rosemary Huang Yi Jing Le sens originel du Livre des mutations Editions Dangles St Jean de Braye 1993 e Lieou Yi Ming Thomas Cleary Yi King texte int gral Editions du Rocher Les Grands Textes Spirituels Monaco 1994 e Cyrille Javary Pierre Faure Yi Jing le livre des changements fran ais et chinois Albin Michel Paris 2002 e Simone Berno Le Yi King au quotidien Editions Dangles St Jean de Braye 2003 e Alain Gesbert ABC du Yi King divinatoire Edition Grancher Paris 2004
9. Fran ois Billeter et leur pr occupation premi re sera de trouver la coh rence entre les incessantes transformations du R el Ces transformations s inscrivent dans un processus dont les diff rentes phases peuvent tre d crites ainsi 1 apparition de la r alit partir de l indiff renci sous une forme embryonnaire 2 d veloppement jusqu r alisation compl te 3 disparition et remplacement par une nouvelle r alit Essayons par quelques exemples d appr hender un peu mieux cette vision dynamique Cela commence avec le commencement Ainsi que le pr cise le vieux ma tre Lao Zi Lao Tseu Le Dao donne naissance l un l un au deux le deux au trois le trois aux dix mille tres Traduction Eulalie Steens Le Dao ou Tao est ici l indiff renci Quoique le m me Lao Zi nous mette en garde Le Dao qu on saurait exprimer n est pas le Dao permanent on peut se risquer dire en premi re approximation que le Dao c est la potentialit la virtualit Par deux il faut videmment entendre le yin et le yang Quant l expression dix mille tres elle signifie tous les tres c est dire tout ce qui existe Cet ensemble d existants est donc le fruit de l interaction des yin et yang une interaction par essence dynamique et g n ratrice de changement car il est clair que le ph nom ne d crit par Lao Zi n est pas un v nement d une seule fois comme la cr ation
10. YI JING LA SAGESSE DU CHANGEMENT Tout ce qui ne r g n re pas d g n re Edgar Morin Le Yi Jing ou Livre des mutations t est sans conteste le livre chinois le plus connu en dehors des fronti res de son pays d origine En Chine m me il a toujours eu la faveur des lites depuis Confucius jusqu Mao Zedong En Occident il a captiv de grands esprits comme le philosophe math maticien Gottfried Wilhelm von Leibniz et le psychanalyste Carl Gustav Jung Aujourd hui traduit dans toutes les langues et mis toutes les sauces le Livre des mutations fait v ritablement partie du patrimoine intellectuel de l humanit FE tai ji Fa A yang yin KA DA pA AA tai yang shao yin shao yang tai yin LA R ai R 3 ik R a qian dui li zhen xun kan gen kun Yi Jing mode d emploi Le Yi Jing est le premier des cinq classiques jing dont l tude tait obligatoire pour les lettr s C est au d part un livre servant la divination dans la pure tradition de pratiques divinatoires qui plongent leurs racines dans le n olithique Mais cet ouvrage va voluer et tr s t t il ne se contentera plus de r pondre la question que va t il arriver il donnera galement des indications sur l attitude adopter en fonction des circonstances Le livre de divination est ainsi devenu un livre de sagesse A la base du Yi Jing on trouve les hexagrammes combinaisons par deux de huit trigrammes ba gua Ces derniers sont
11. du monde chr tien la notion de cr ateur est d ailleurs totalement trang re la pens e chinoise ce qui peut expliquer le peu de succ s des missionnaires chr tiens des si cles pass s Au contraire ce processus se renouvelle chaque instant il est permanent et c est bien la seule chose qui le soit Un deuxi me exemple peut tre trouv dans le domaine de l criture On sait toute l importance que les Chinois lui accordent et m me si l on ne pratique pas soi m me cette criture il suffit de regarder un calligraphe en action pour ressentir les forces de vie qui animent chaque caract re Le dynamisme des caract res chinois se manifeste plusieurs niveaux commencer par leur signification elle n est jamais fig e et change en fonction du contexte Un m me caract re pourra par exemple tre un pr nom un substantif ou un verbe selon les circonstances Ensuite l int rieur d une m me signification les fronti res restent floues et volutives dans le temps Cette qualit de changement cette impossibilit de figer le caract re dans une signification d finitive s explique par la nature m me de l criture chinoise On consid re en effet que les signes sont des r alit s l tat naissant con us comme des manations naturelles de configurations d nergie en germe dans la r alit m me Billeter Cette conception exclut videmment toute id e de signification arbitraire et conventionnelle
12. e fondamental celui de la traduction du Yi Jing Ou plut t des traductions Car au del de la difficult d j bien r elle de rendre correctement le sens d une langue dont la signification des mots est fluctuante suivant le contexte on se heurte avec le Livre des mutations un langage archa que utilisant de surcro t des mots de jargon divinatoire le tout tant assaisonn d une bonne dose de po sie Inutile de dire qu il ne suffit pas de conna tre le chinois pour lire le Yi Jing dans le texte D ailleurs le Chinois moyen n y comprendra goutte et seuls les sp cialistes peuvent s attaquer ce texte redoutable avec une chance de succ s Les difficult s des traducteurs et partant des lecteurs apparaissent tr s clairement lorsqu on s amuse comparer diff rentes traductions d un m me passage Parmi toutes les versions disponibles j ai choisi celle de Richard Wilhelm parce qu elle est sans doute la plus connue dans son format de petit livre jaune comparer avec une traduction plus r cente et ax e sur le mot mot tablie par le Centre Djohi Afin de mieux coller au texte chinois cette traduction ne comporte pas de ponctuation Les passages choisis se rapportent au premier hexagramme Wilhelm L HEXAGRAMME Le cr ateur LE JUGEMENT Le cr ateur op re une sublime r ussite favorisant par la pers v rance L IMAGE Le mouvement du ciel est puissant Ainsi l homme noble se rend fort et infatigable
13. e de r daction de la partie ancienne du Livre La pr sence de nombreux caract res archa ques permettent en tout cas de placer sa naissance avant la deuxi me moiti du VIII si cle avant notre re On pense qu il a pu tre l uvre d un seul r dacteur si l on en juge par la coh rence du style Ce qui est s r par contre c est que le Yi Jing s inscrit dans la tradition mill naire des pratiques divinatoires Invent es d s le n olithique les techniques de divination se sont d velopp es consid rablement sous les Shang 1600 1050 avant notre re et c est gr ce elles que l criture a pris son essor Moyen de communication privil gi avec les dieux la divination tait pratiqu e par des pr tres chamanes selon un principe de base immuable on exposait des fragments de squelette animal des pointes rougies au feu et on interpr tait les craquelures qui apparaissaient suite cette exposition ces craquelures tant consid r es comme les d crets de l Empereur du Ciel Au temps des Shang cette technique de pyromancie volua toutefois sur deux plans par rapport ce qui se pratiquait au n olithique Premi rement les omoplates d animaux domestiques b uf porc et mouton furent majoritairement remplac es par des carapaces et des plastrons de tortue Ces supports taient creus s sur une face de petites alv oles dans lesquelles le devin ins rait une pointe port e au rouge et les craquelures apparaissaient s
14. s trois dynasties royales Pour p rilleux qu il soit tentons donc l exercice Avec les Xia nous voyons na tre la Chine puissance ferme et solide qualit s indispensables pour une civilisation qui existe depuis 4000 ans qui a encore au moins un pied dans un n olithique simple et peu sophistiqu proche du monde id al de Lao Zi de petits pays avec de petites populations qui n avaient pas de rapports entre elles o les inventions trop modernes ne trouvaient pas d application La p riode des Shang est caract ris e par la f minit Peut tre peut on y voir le souvenir encore bien vivant d un matriarcat tout puissant durant la pr histoire et qui sous les Shang se manifeste de mani re tangible dans les sph res du pouvoir dont la pr sence d une c l bre femme g n ral d arm e connue sous le nom de Dame Hao Avec les Zhou enfin on bascule franchement et pour longtemps dans un patriarcat masculin qui montera en puissance jusqu au pouvoir absolu souverain du Premier Empereur Qin Shi Huang Di Au terme de ces quelques pages il appara t clairement c est du moins mon souhait que le Yi Jing n a rien d un ouvrage fig mais qu au contraire il est et a toujours t en constante volution Au fil des si cles son contenu n a cess de s enrichir de commentaires secondaires dont on peut certes discuter parfois de la qualit mais qui t moignent d un dynamisme hors du commun
15. souvent des fac simil s d anciennes pi ces chinoises trou central la plus facile consiste tout simplement ouvrir le livre une page quelconque en se fiant son intuition Sauf si l on ouvre le livre au hasard la s lection de l hexagramme se fait trait par trait Et chose remarquable chaque trait est en quelque sorte vivant puisqu il porte en lui son potentiel de changement C est ainsi qu on distingue pour le trait plein yang le Vieux Yang mutant en yin et le Jeune Yang non mutant Il en est de m me pour le trait discontinu yin II s ensuit que l hexagramme form de tels traits correspondra non une situation morte car fig e mais un processus en action tout l oppos d un tat p trifi Le changement fondement du monde chinois Avec ses hexagrammes en perp tuel devenir le Yi Jing s inscrit parfaitement dans la conception chinoise du monde qui s appuie non sur la cat gorisation des tres et des choses mais sur la notion de processus bas sur le changement et l interd pendance Nous sommes bien l l oppos de la pens e occidentale classique qui fige l objet et l isole pour l tudier mieux Par parenth se remarquons que la vision chinoise est tr s proche des th ories scientifiques les plus actuelles notamment dans le domaine de la physique Pour les Chinois la r alit est con ue comme un surgissement permanent comme un perp tuel passage du virtuel l actuel Jean
16. tribue la r daction des commentaires connus sous le nom de Shiyi Dix ailes En r alit on sait aujourd hui que ces textes sont bien plus tardifs mais ils sont l uvre de confuc ens et s inspirent au moins th oriquement compte tenu des d rives politiques de ces disciples tardifs de l enseignement du Ma tre Par la suite le Yi Jing connut un destin exceptionnel D abord il chappa au gigantesque autodaf que le Premier Empereur celui l m me dont on admire aujourd hui l arm e en terre cuite organisa durant son court mais exceptionnel r gne 221 210 avant notre re Sans doute le Livre fut il pargn cause de son utilit en tant qu ouvrage de divination A partir des Han dynastie qui r gna de 207 avant J C 220 de notre re le Yi Jing d sormais marqu du sceau de Confucius fut consid r comme une r f rence dans un monde qui pla ait la doctrine confuc enne au centre de ses activit s C est ainsi que le Livre prit place parmi les treize Classiques confuc ens et qu il s enrichit des commentaires d inspiration confuc enne connus sous le nom de Dix ailes Par leur style lourd et pompeux ils contrastent fortement avec la partie ancienne du Yi Jing et sont tout aussi loign s de la pens e stimulante de Ma tre Kong Le Yi Jing h ritier d une tradition mill naire Si l on se place maintenant d un point de vue strictement scientifique on ne peut pas dire grand chose quant l poqu
17. ur l autre face Deuxi mement des signes d criture accompagnaient d sormais parfois mais pas toujours les divines craquelures Une fois l op ration termin e le mat riau tait soigneusement rang dans les archives divinatoires Cette obsession de l archivage qui sera une caract ristique de la civilisation chinoise toutes les poques fera le bonheur des pilleurs d abord des arch ologues ensuite puisque des milliers de ces documents seront mis au jour Des lettres On s est longtemps interrog sur la nature exacte de ces figures aussi simples que g niales que sont les trigrammes et les hexagrammes Sont ce de simples notations id ographiques ou des l ments d criture La plupart des sp cialistes optent aujourd hui pour la premi re hypoth se Toutefois de r centes tudes semblent remettre en question ce qui paraissait d finitivement acquis existe en effet une troublante similitude entre les tri et les hexagrammes du Yi Jing et des mots tranges figurant parmi des inscriptions archa ques des Shang et des Zhou D abord consid r s comme des embl mes de tribu ces mots tranges sont aujourd hui identifi s comme des nombres utilis s comme alphabet Si l on suit ce raisonnement le syst me de traits pleins et discontinus qui fascina tant le math maticien Leibniz serait donc un alphabet et des traductions Restons dans le domaine de l criture pour aborder un probl me aussi ardu qu
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