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1. La r p tition est le fruit du code de l urbanisme et de l am nagement on applique aux lotissements pavillonnaires une distance r glementaire minimum entre deux propri t s la pente des toits est identique la couleur des tuiles aussi les rues sont bord es d arbres et d clairages lectriques de ci de l une antenne rarement une chemin e Ces l ments donnent un rythme au paysage un enchainement r gulier de vides et de pleins que beaucoup qualifient de monotone Pour Norberg Schulz la perte contemporaine de la notion de ieu est en effet li e au probl me urbain En tant que lieu urbain l implantation moderne est concue comme une maison gigantesque Le plan de la maison a t d fini comme libre et l espace comme un fluide continu qui distinguait peine l int rieur de l ext rieur Un tel espace pouvait tre appropri dans le cas d une petite maison suburbaine et unifamiliale mais il ne pouvait pas s adresser une situation urbaine En ville une distinction nette entre domaine public et domaine priv devient n cessaire et l espace ne peut couler librement On a l impression que le regard ne passe pas d une part entre les unit s elles m mes d autre part du passant sur cet ensemble d unit Le regard d file comme devant une rang e d arbre La comparaison avec l image des barres l horizontale a bien donc une dimension paysag re et pas seulem
2. respirer etc c est peut tre l une des raisons de la mode du jogging pouvoir s ext rioriser La surcl turation Par ailleurs ce qui semble une autre crise du pavillonnaire c est que les habitants tendent rajouter des barri res La cl ture simple et symbolique du terrain ne suffit pas Et dans des zones l activit et au passage tr s faibles l impression d une surprotection domine Ainsi les pavillonnaires am nagent des protections de moins en moins mat rielles Prenons un exemple simple la pr sence quasi g n ralis e de chiens dans les lotissements pavillonnaire 8 a 18 Chiens Le chien le plus fid le ami de l homme La possession d un chien est ressentie comme une des libert s des possibilit s offertes par le pavillon C est m me un des attributs imag du propri taire cf faire le tour de sa propri t avec son chien Le chien est aussi le symbole de la pr sence affective malgr tout la cl ture est l pour emp cher qu il parte ou du moins qu il ne gambade trop eh oui car certaine personnes n aiment pas les chiens n Fondation BMW Minist re de l Am nagement du Territoire de l Equipement et des Transports et Minist re de la Culture Programme du concours d architecture 1995 1996 La maison individuelle p 32 188 PPhotographie Rose M gard Annexe 5 s rie 4 6 et 7 2006 Rose M gard 93 L univers pavillonnaire Il n emp che que ce so
3. 57 PAQUOT Thierry Homo Urbanus Edition du F lin Paris 1990 Conclusion 58 Le Petit Robert version intranet de l Universit Lyon 2 Article paysage 59 LAMIZET Bernard Les lieux de la communication Editions Mardaga Philosophie et Langage Li ges 1992 pp 281 2006 Rose M gard 37 L univers pavillonnaire R Si 60 concr tes qui ont leur substance mat rielle leur forme leur texture et leur couleur Comment caract riser le paysage cr par l habitat pavillonnaire De quel ensemble est il constitu Nous l avons vu l habitat pavillonnaire d finit un espace urbain qui ne rel ve pas de la ville II est pourtant accroch elle et est caract ris par une v ritable uniformit Peut on parler son gard d une forme de d sert qui caract rise le non paysage 2 qui rejette et perd le regard Ou bien d finit il un espace tr s particulier que l on peut rapprocher d une culture Nous verrons que ce qui ressort de l ambiance pavillonnaire est surtout son caract re illusoire 1 pour ensuite analyser le paysage global 2 qui nous permettra d appr hender le pavillonnaire dans un environnement plus large 1 L illusion dans le paysage pavillonnaire A La th tralit On peut nouveau faire appel la notion de perspective pour qualifier ce paysage En effet l aspect g n ral de ce que l habitat pavillonnaire offre au regard a quelque chose
4. D autant plus que l accession un logement r pond un besoin de s curisation de la famille soit du couple pour la pr paration la retraite soit de la famille dans son ensemble pour la constitution d un patrimoine Cette famille qui constitue le foyer est une famille nucl aire c est la famille du XX si cle dont l image a t encore une fois largement construite par les m dias coup de sondage de statistique de s rie TV de marketing un foyer unis heureux mais r duit et quilibr Le pavillon est le lieu de l conomie domestique et du loisir familial Le pavillon est ensuite le lieu d une famille moderne En effet le bonheur familial c est chacun son espace Le fait de pouvoir vivre ensemble tout en permettant chacun de vivre sa vie Le pavillon est donc l habitat d une famille nucl aire pas question en effet de vivre sous le m me toit que ses parents ou d accueillir le foyer nouveau de ses enfants L encore la premi re page de la publicit Ph nix est difiante l enfant est unique le mari soccupe de sa fille pendant que sa femme lit La famille est dans le salon dans un int rieur assez moderne Les activit s attach es au pavillon sont le loisir et la consommation On comprend bien que pour le constructeur il s agit de s duire tous ses membres qui ont tous leur avis leurs envies mais c est aussi ind niablement une famille r v e nouvelle Les constructeurs ont bien enr
5. Standardisation par la cabane pour enfants Titre 2 Le regard cach Le regard cach est celui d un rapport l autre non assum Celui ci est lorigine de frustrations rep rable notamment travers la figure de la cl ture Section 1 qui pousse questionner l avenir de la maison pavillonnaire Section 2 Section 1 La figure de la cl ture Le premier qui ayant enclos un terrain s avisa de dire ceci est moi et trouva assez de gens simples pour le croire fut le vrai fondateur de la soci t civile Que de crimes de guerres de meurtres que de mis res et d horreur n e t point pargn s au genre humain celui qui arrachant les pieux ou comblant le foss eut cri ses semblables Gardez vous d couter cet imposteur vous tes perdus si vous oubliez que les fruits sont tous et que la terre n est personne Jean Jacques Rousseau Enfin j ai ma maison J ai mon jardin mon chat mon chien Et ma barri re Je suis d venu propri taire Les Compagnons de la Chanson Enfin j ai ma maison La pr sence de la cl ture est elle la preuve de l chec de la bulle pavillonnaire La pr sence de la cl ture peut s expliquer par un d sir de protection protection contre l intrusion physique ou contre l intrusion du regard La perspective par le jeu des profondeurs des plans cr e un sujet particulier un sujet projet par son regard potentiellement voyeur 181 Photoraphie Ros
6. cellule de base de la soci t menac e par l industrialisation Une mani re donc de prot ger la famille est selon lui de lui accorder un acc s la propri t d un logement et d un jardin Cette politique sociale s adresse d abord aux plus d munis mais surtout ceux autour de qui se d veloppent des peurs Un double avantage en r sulte pour l ouvrier celui de la revalorisation psychologique et mat rielle en favorisant l pargne de son statut sorte de d prol tarisation et pour la collectivit celui de stabiliser les populations ouvri res en les ins rant dans le mod le conomique et social qui r gie la soci t Cette th orie a trouv un cho certain parmi certains patrons au XIX si cle l image de Daniel Legrand membre de la Soci t Industrielle de Mulhouse industriel et maire de Mulhouse qui fit construire dans sa ville 36 logements bas loyer et avec jardin pour accueillir et fixer les populations ouvri res gt F Engels formule la premi re critique du mod le pavillonnaire Il s rige contre Le Play dans une s rie d article publi s en 1872 sous le titre la question du logement affirmant notamment le fait que tout ce qui peut casser les liens de l ouvrier n est pas une mauvaise chose c est au contraire une des conditions de sa libert Il exprime ainsi sa critique Pour les travailleurs des grandes villes la libert de mouvement est la premi re condition vit
7. esth tique pavillonnaire section 1 ou au contraire par une tendance inconsciente au rapprochement une normalisation pavillonnaire section 2 Section 1 Une esth tique pavillonnaire l oppos d une sensibilit patrimoniale Sur le penchant de quelque agr able colline J aurais une petite maison rustique Une maison blanche avec des contrevents verts Jean Jacques Rousseau L Emile pa RU AAA z 14 D corer son pavillon 1 Patrimoine et esth tique peuvent ils faire bon m nage On peut d finir l esth tique comme a science du beau dans la nature et dans l art m L esth tique est l articulation entre une subjectivit et un syst me de formes Adjectiv 140 Photographie Rose M gard Annexe 5 s ries 6 et 7 141 Dictionnaire Le Petit Robert version interactive du portail des tudiants de l Universit Lyon 2 Article esth tique 72 2006 Rose M gard Chapitre 2 Regard dans l univers pavillonnaire l esth tique devient ce qui est relatif au beau Nous allons donc nous attaquer une notion largement d battue en philosophie notamment de l art et minemment soumise la subjectivit de celui qui regarde Le regard est la porte d entr e du jugement sur la forme C est le regard qui nous permet d appr cier d avoir un avis Le regard est aussi la base d une m moire visuelle nous disposons d images nous l avons vu accumul e d s l enfance sur l ha
8. consulter sur la version papier au Centre de Documentation Contemporaine de l I E P de Lyon Exemple de detached house anglaise Les Etats Unis sont souvent vus comme le pays pionnier en mati re d habitat pavillonnaire Elle a eu ses pr curseurs et ses artistes Frank Lloyd Wright Mies Van Der Rohe c est une sorte de mod le originaire agissant comme souvent dans les rapports France USA comme repoussoir attirant Son mode de constitution est la grille ce fameux d coupage du territoire am ricain s appliquant aux terres agricoles comme la ville qui trouve son origine presque en m me temps que le pays lui m me cf Land Ordinance de 1785 Il y a autour de la maison individuelle aux Etats Unis tout un mythe c est celui de la pastorale un r ve de vie la campagne Selon Cynthia Ghorra Gobin la nature ne s oppose pas la civilisation elle est m me la condition de la civilisation La nature est l identit am ricaine ce que le patrimoine historique est l identit des europ ens La maison id ale se doit de recr er par son esth tique ce lien entre Dieu la nature et les autres humains L espace priv est tr s nettement privil gi au d triment de l espace public Plus pragmatiquement c est la r volution des communications notamment ferroviaires trains et surtout tramways qui a tr s t t lanc une vague d talement urbain d s 1870 selon David M
9. espace appliqu e aussi bien des salles de spectacle ou de rencontre des jardins espaces verts des fauteuils d avion ou des voitures t moigne la fois des themes qui hantent l poque contemporaine la publicit l image le loisir la libert le d placement et de l abstraction qui les ronge et les menace comme si les consommateurs d espace contemporain taient avant tout invit s se payer des mots L espace est ce que tout le monde recherche et prioritairement dans les lieux du quotidien l espace est un luxe Mais comme Marc Aug le fait remarquer ce n est qu un mot Les constructeurs vendent un concept lls vendent une quantit mise en uvre par des g om tres voici la quantit et la diversit d espace dont vous avez en g n ral 98 Photographie Rose M gard Annexe 5 series 1 et 6 39 DEZES Marie Genevi ve Nicole HAUMONT Henri RAYMOND et Antoine HAUMONT L habitat pavillonnaire L Harmattan collection Habitat et Soci t Paris 2001 p 87 100 P A AUGE Marc Les non lieux introduction une anthropologie de la surmodernit Editions du Seuil collection La Librairie du XX si cle Paris avril 1992 p 106 107 54 2006 Rose M gard Chapitre 1 Regard sur l univers pavillonnaire besoin d marche diam tralement oppos e celle de l architecte qui peut r aliser des espaces exigus voici la qualit d espace dont vo
10. mas mais cela justifie t il que la ville soit plac e dans une vaste zone sud est qui serait d finie par un style homog ne Quel lien en effet entre une ferme en pis ou une maison de village en carrons brique qui sont la mani re de construire du coin et ces citations pastiches du mas proven al reproduction dont la qualit est d ailleurs elle m me douteuse La r f rence un type ou une image est une des premi res causes de ce d collement du territoire dont la proximit est pourtant recherch e Le summum de l esth tisme le style n oclassique note du titre mE r I e A fus F no 166 Le pavillon cite enfin un troisi me type de logique esth tique le n oclassicisme dont la colonnade est le meilleur exemple C est le r ve de la villa qui transpara t travers cette coquetterie On le ressent aussi travers la g om trie dans les constructions Pour finir la vraie valeur patrimoniale durable est l insertion dans le paysage le bien commun semble dans le lotissement pavillonnaire actuel en contradiction avec la propri t individuelle qui s exprime par le pastiche voire l implant de mod les architecturaux B Le pavillon peut il cr er un style Photographie ci dessous Rose M gard Annexe 5 s rie 5 Courant qui chercha renouveler au d but du XX si cle les formes po tiques modernes en prenant pour mod le l id al classiq
11. tre 184 La cl ture fait donc partie de l identit pavillonnaire au m me titre que la porte le 183 DAMISCH Hubert L origine de la perspective Edition revue et comment e Flammarion collection Champs Art Paris 1993 p 166 2006 Rose M gard 91 L univers pavillonnaire jardin le toit elle rentre dans les l ments d une image de la maison puisqu elle d finit son territoire A lorigine le pavillonnaire n est pas cach il est sous notre regard Le lotissement pavillonnaire est comme une exposition de maison c est d ailleurs ce qu il fut ses d buts cf villagexpos Dans une perspective plus psychologisante H Raymond parle de pulsion 185 qu marquage de l espace dont la cl ture est videmment une forme primaire Dans le pavillonnaire la cl ture est ce qui vient en premier puisque c est elle qui s pare les parcelles l inverse une maison sans cl ture signifie souvent qu elle n est pas finie Elle d finit le territoire de la maison c est la mat rialisation de l acte de propri t mais aussi un degr de construction Une fois construite elle sert ritualiser les trajets int rieur ext rieur dedans dehors Elle n a pas le m me objectif suivant qu elle ferme le devant du pavillon rapport avec l autre ext rieur au pavillonnaire imm diat ou qu elle ferme les autres c t s rapport avec les voisins La cl ture est ainsi une mani re de projeter dans l espace ses rapp
12. 2001 p 88 103 LELOGEAIS Elisabeth Maisons comme vous avez chang Les Echos 24 02 2006 en ligne consult le 25 07 2006 Consultable sur internet URL http www lesechos fr patrimoine immobilier 200072229 htm 2006 Rose M gard 55 L univers pavillonnaire n est pas fig C est m me l avantage de la maison on peut gagner de l espace sur l ext rieur Ce qui change est la flexibilit des constructeurs pour ces agrandissements Gagner de l espace est un luxe cela demande du temps de l argent du temps donc de l argent le tout rentrant dans une demande de libert en termes de choix notamment Mais Ph nix a bien int gr cette demande de flexibilit dans une rubrique finale De l espace en plus 1 Une chambre suppl mentaire un bureau l am nagement de vos combles ou la sur l vation d un tage un garage un atelier de bricolage Petit petit votre maison donne plus d espace vos besoins vos envies B Une notion sociale la mise en sc ne de l intimit Par ailleurs la d finition du chez soi a une dimension sociale c est l o ne sop re aucun a contre pouvoir que ce soit celle de la famille largie beaux parents ou celle du travail Le chez soi est surtout le lieu et le temps du quotidien du loisir le chez soi est un endroit o lon fait ce que l on veut et qui se traduit par l investissement moral et mat riel dans le pavillon De m me
13. 96 Conclusion crise de l habiter crise du regard Bibliographie Ouvrages crits Articles revues et journaux Dictionnaires Webographie Sites commerciaux Autres Rapports et Documents Publics Autres Annexes Annexe 1 Maisons Ph nix Votre r ve l abri du hasard Annexe 2 Le Nouvel Observateur Le Bonheur est 32 km Annexe 3 Note de pr sentation La Clos des Narcisses Annexe 4 Rencontre au Couvent de la Tourette Regard Espace Architecture Programme de la rencontre sch mas Annexe 5 S ries Photographique 1 pavillons 2 ch tillon g n ral 3 Monopoly 4 les Cottages juin 2006 5 les Cottages juillet 2006 6 La Montagne ao t 2006 1 7 La Montagne ao t 2006 2 8 La Montagne avril 2006 Annexe 6 Cartes vues a riennes de Ch tillon sur Chalaronne vue g n rale et vue resserr e sur la construction des lotissements 101 103 103 104 105 105 105 106 106 106 109 109 120 121 123 123 124 130 130 130 191 131 191 131 131 131 131 131 Carte routi re position de Ch tillon sur Chalaronne par rapport Lyon et Bourg en Bresse 132 A Monsieur Dupont Nous parlerons ici de choses sans importance D architecture au strict quotidien Du parpaing comme pierre du pauvre Du pavillon comme pastiche de maison Du
14. De fait Ch tillon sur Chalaronne les lotissements r cemment construits int grent des maisons aux volumes v ritablement impressionnants on ne l sine pas sur la quantit De m me Ph nix innove en donnant ses maisons un design facon loft Un article des Echos montre bien que de mani re g n rale les surfaces construites sont de plus en plus grandes en moyenne de 10 15 m tres carr et tournent pour des cinq pi ces autour des 107 m tres carr dans une gamme classique voire 150 m tres carr s pour du haut standing e alors m me que les prix des terrains ont beaucoup augment De plus la maison volue dans le cours m me d une vie Vous venez de faire construire votre maison mais vous n aviez pas pr vu la venue d un autre enfant Ou vous souhaitez avoir un espace suppl mentaire de travail Quand on fait construire une maison rapidement car c est le cas des constructeurs pour qui seuls quelques mois suffisent on n est pas l abri des petites impr visions Preuve que la maison est bien devenue un bien de consommation courante c est que tout est possible l erreur est humaine les parcours de vie sont plus accident s les envies et les go ts changeants L erreur est possible car la maison offre de l espace mais cet espace 101 Maison Ph nix Annexe 1 p 5 2 PINSON Daniel et Sandra Thomann La maison en ses territoires de la villa la ville diffuse L Harmattan Paris
15. La Montagne avril 2006 A consulter sur la version papier au Centre de Documentation Contemporaine de l I E P de Lyon Annexe 6 Cartes vues a riennes de Ch tillon sur Chalaronne vue g n rale et vue resserr e sur la construction des lotissements A consulter sur la version papier au Centre de Documentation Contemporaine de 2006 Rose M gard L univers pavillonnaire l LE P de Lyon source IGN g oportail Carte routi re position de Ch tillon sur Chalaronne par rapport Lyon et Bourg en Bresse A consulter sur la version papier au Centre de Documentation Contemporaine de l I E P de Lyon 132 2006 Rose M gard
16. cf annexe 5 98 2006 Rose M gard Chapitre 2 Regard dans l univers pavillonnaire plans dans l habitat pavillonnaire Spatialement d abord D une part il est tonnant de voir que beaucoup de pavillons ont un mur donnant sur la rue sans fen tre d autre part les formes de cl tures se multiplient Le pavillon ne peut pas tre une demeure b ti mal adapt l mergence d un sujet mobile La barri re dans le pavillon se double de la barri re autour du pavillon la voiture devient alors le seul moyen de faire lien avec d autres espaces grandes surfaces lieux de travail o la despatialisation est l aussi galopante C est une barri re sociale qui risque aussi d emporter l habitant pavillonnaire le poids d un emprunt pour une maison qui ne peut accueillir les espoirs familiaux et que les enfants rechigneront entretenir du fait de sa pi tre qualit R duite une somme d l ments constitutifs la maison comme ancrage territorial familial ne fait plus sens C est le danger de la cr ation de poche de pauvret et d un pavillon qui trop enfermer ses habitants les exclut de l int rieur Enfin il nous faut voquer cette forme d habitat assez contraignante que repr sente le pavillon plus confortable que le logement collectif ce n est cependant pas la panac e Il s enferme dans une gestion de l espace quantitative qui est loin du besoin qualitatif 2006 Rose M gard 99 L univers pavi
17. me est une demeure Et en nous souvenant des maisons des chambres nous apprenons demeurer en nous m mes On le voit d s maintenant les images de la maison marchent dans les deux sens elles sont en nous autant que nous sommes en elle De m me pour Le Corbusier la maison provoque une v ritable hyst rie sentimentale faire sa maison c est peu pr s comme faire son testament Quand je ferais ma maison je mettrai ma statue dans le vestibule et mon petit chien Quetty aura son salon Quand j aurai mon toit etc th me pour le m decin neurologue Lorsque l heure a sonn de b tir cette maison ce n est pas l heure du ma on ni du technicien c est l heure o tout homme fait au moins un po me dans sa vie car une maison est le couronnement d une carri re H Raymond et son quipe S confirment moins ironiquement et en s appuyant sur les interviews r alis es dans les ann es 1970 la valeur attribu e au pavillon lls notent en effet que le pavillon est l objet d un investissement affectif sur le long terme L horizon est celui de la vie d une carri re Le jour ou j ai eu cette maison pour moi il n y 45 BACHELARD Gaston La po tique de l espace Presses Universitaires de France Paris 6 dition 1970 pp 19 pia LE CORBUSIER cit par L C Vers l architecture Vincent Fr al Editions collection de l Esprit Nouveau Paris 1958 47 DEZES Marie Genevi ve Nicole HAUM
18. vasion quotidienne au loin dans la nature r pandent le go t d une mobilit sans frein ni mesure et favorisent des modes de vie qui disloquant la famille troublent profond ment l assiette de la soci t Ils condamnent les hommes passer des heures fatigantes dans toutes sortes de v hicules et perdre peu peu la pratique de la fonction saine et naturelle entre toute la marche 7 Cette analyse est savoureuse tant donn que la mobilit s est accentu e Son jugement parait certes un peu d suet il livre cependant un diagnostic urbain qui aura une grande influence sur l urbanisme d avant et d apr s guerre L habitat pavillonnaire alors naissant est assimil la banlieue Ce rapprochement entre banlieue par d finition ce qui est au ban de la ville d une distance d une lieue et habitat pavillonnaire est l poque courant car c est l qu en effet s installe les premi re formes sauvages d habitat pavillonnaire les premiers lotissements pas toujours ma tris et vivables Proposition 20 Les banlieues sont am nag es sans plan et sans liaison normale avec la 6 DEZES Marie Genevi ve La politique pavillonnaire L Harmattan collection Habitat et Soci t Paris 2001 p 13 ar LE CORBUSIER La Charte d Ath nes suivi de Entretien avec les tudiants des coles d Architecture Edition Seuil collection Point Paris 2003 p 103 24 2006 Rose M gard Chapitre 1 R
19. voir avec la th tralit une sorte d artificialit o l on sent qu une vie a lieu est mise en sc ne avec ses personnages ses histoires de voisinage de famille C est l atmosph re selon le mot de Norberg Schulz qui d finit le lieu pavillonnaire Comment cela est il sugg r spatialement L habitat pavillonnaire int gre largement les effets de perspective en utilise les outils que ce soit dans la forme de l habitat lui m me toits colonnades alignement et g om trie des portes et fen tres ou dans l agencement g n ral du quartier all es haies rang es d clairages lectriques C est pourquoi on retrouve les impressions laiss es par les oeuvres du d but de la perspective que d crit Hubert Damisch Ce dernier montre comment la perspective renforce le caract re illusoire th tral de ce qui est repr sent RS 60 me NORBERG SCHULZ Christian Genius Loci paysage ambiance architecture Editions Pierre Mardaga Li ge 3 dition 1997 p 8 61 NORBERG SCHULZ Christian Ibid 62 DAMISCH Hubert Lorigine de la perspective Champs Flammarion 1993 pp 230 Que cette ville id ale dans ce contexte apr s tout le titre n est pour te d plaire que cet aper u pour mieux dire ou cette vue d une ordonnance urbaine alors sans exemple dans la r alit pr sente simultan ment toutes les apparences d une sc ne de th tre et d une sc ne de th tre l
20. Ici l talement et la dispersion de l habitat pavillonnaire pour plusieurs raisons qui tiennent d abord son essence m me sa raison d tre ne vont pas dans le sens de cette frontalit Le pavillon c est tout d abord l imaginaire de la maison individuelle dans ses diff rentes composantes mode de vie espaces de vie Et l imaginaire pavillonnaire est caract ris par la notion de bonheur cf infra Or on peut se demander si le bonheur n est pas une n gation du politique En effet le bonheur est un vivre ensemble mythifi o chaque membre de la soci t se caract rise par une similitude pas de crise donc pas de r solution de crise L espace pavillonnaire est absent d un espace de crise d un espace o la discussion pourrait tre organis e En effet habiter en zone pavillonnaire c est pour beaucoup une mani re de ne pas habiter directement en ville on garde les avantages de la proximit toute relative car cette proximit d pend de la possession d une voiture tout en vitant les lourdeurs de la promiscuit C est ainsi que Jacques L vy explique ce caract re pacifi mais inanim du lotissement pavillonnaire La maison individuelle en zone non dense disjointe de l agglom ration morphologique r alise le r ve s culaire d une partie des membres de nos soci t s chapper la promiscuit des inf rieurs soi et plus g n ralement toute forme d interaction ind sirable
21. La Documentation Fran aise 2000 n 260 LA SOUDI RE DE Martin De l esprit de clocher l esprit de terroir Ruralia en ligne 10 pages consult le 18 02 2006 Consultable sur internet lt URL http ruralia revues org document236 html LELOGEAIS Elisabeth Maisons comme vous avez chang Les Echos 24 02 2006 en ligne consult le 25 07 2006 Consultable sur internet URL htto www lesechos fr patrimoine immobilier 200072229 htm LEVY Jacques Les campagnes figures de l urbain Pouvoirs Locaux 2001 n 48 p 32 36 MARMCZ Robert Le bonheur est 32 km Le Nouvel Observateur 2004 9 d cembre p 28 PAQUOT Thierry Ouverture sur la civilisation urbaine Projet 1995 n 243 p 7 16 PERRIER CORNET Philippe Quelles perspectives pour les campagnes francaise Projet 2003 n 274 p 42 50 SCHERRER Frank et Emmanuelle BONERANDI Entre ville et campagne un nouvel espace de vie Sciences Humaines Hors s rie 2005 n 50 p 26 28 Dictionnaires Le Grand Larousse lllustr 3 volumes Larousse Paris ditions Larousse 2005 Le Petit Robert version interactive du portail tudiant de l Universit Lyon 2 Encyclop die G n rale Hachette Dictionnaire 4 volumes Paris 1986 Webographie Sites commerciaux www maisonfamiliale com www maisonsdenfrance com www la maison francaise fr 2006 Rose M gard 105 L univers pavillonnaire www maisons france confort fr ww
22. finir comme un rapport d appartenance C est en fait la r ponse la question d o venez vous et l ensemble de ce qu on met derri re cette r ponse espace personnes histoire Or on peut se demander vis vis de qui ce rapport d appartenance peut jouer En bref je poserai trois questions d abord comment la notion de non lieu permet elle d analyser les vides du pavillonnaires A Ensuite pourquoi peut on 118 DEZES Marie Genevi ve Nicole HAUMONT Henri RAYMOND et Antoine HAUMONT Ibid p 101 119 DEZES Marie Genevi ve Nicole HAUMONT Henri RAYMOND et Antoine HAUMONT Ibid p 103 60 2006 Rose M gard Chapitre 1 Regard sur l univers pavillonnaire 120 2 AUGE Marc Non lieux Introduction une anthropologie de la surmodernit Seuil collection La librairie du XX si cle Paris parler d une crise de la localit dans le pavillonnaire B Enfin comment peut on comprendre les relations entre nouvelles constructions et identit d une ville ou d un village C A Comprendre le lotissement pavillonnaire comme un non lieu Nous l avons vu plusieurs reprises la figue du non lieu a t tudi e par Marc Auge Il rapproche son existence de celle des grandes surfaces des autoroutes qu il synth tise comme tant des lieux de passages des lieux pour l individu Nous consid rerons ici son analyse comme pertinente en partie pour la compr hension de l habitat pavillon
23. paration en termes de paysage n est pas souligner l un a connu le lent patinage du temps l autre attend que les arbres poussent un peu pour qu il lui fasse de l ombre enfin Dans plusieurs ouvrages on fait tat de la difficult d int grer ces nouveaux venus pavillonnaires au village ou la ville La d fiance vient des deux c t s des anciens comme des nouveaux arrivants Du cot des anciens il n y a pas vraiment de rejet mais plut t une d fiante curiosit une distanciation passive vis vis de ces nouveaux habitants qui souhaitent coller une image de la campagne mais ne veulent pas renoncer au mode de vie urbain Leur nombre n est pas incons quent la ville devra donc s adapter leur 125 Annexe 3 2006 Rose M gard 63 L univers pavillonnaire exigence de consommation de pratiques culturelles etc A Fuveau on d plore ainsi C est un village dortoir de toute facon les gens qui font construire ici travaillent ailleurs la vie de Fuveau ne les int resse pas 12 Didier Boutet rel ve une s rie de critiques classiques des nouveaux habitants sur leur mani re d habiter ils habitent des cages poules la facon de s alimenter ils mangent beaucoup de conserves beaucoup de choses de chez le traiteur le comportement des enfants les enfants sont mal lev s ils ne disent pas bonjour et pour finir on ne les connait pas Ier Au co
24. un non lieu Il est vident qu il repr sente un lieu un chez soi pour ses habitants Mais selon Marc Aug le non lieu n existe jamais sous une forme pure U Il est un l ment de compr hension de l espace Nous n affirmons pas que le lotissement pavillonnaire soit un lieu sans vie mais qu il ne cr e pas les conditions de cette vie de quartier que l on trouve facilement dans les villes Les non lieux cr s par les vides du lotissement sont cependant un quotidien pour leurs habitants B O habitez vous Le lieu est ce que l on peut d signer du doigt ou par le langage En fait le lieu d fini une association unique entre un nom propre et une configuration g ographique particuli re Ch tillon sur Chalaronne ne nous vient pas de l inventivit d un homme un moment un nom comme ca cela s impose il faut que ca aille bien avec ce que lon d signe Ch tillon sur Chalaronne il y a un petit ch teau avec une rivi re qui s appelle la Chalaronne Avant c tait Ch tillon les Dombes parce que Ch tillon tait en Dombes Et Dombes c est comme douve c est un endroit o on n a pas tr s grande visibilit C est normal en Dombes il y a des tangs des mar cages beaucoup de brouillard Dombes cela ne tombe pas dans loreille d un aveugle On dit Dombes on dit Ch tillon on voit ce que vous voulez dire en g n ral Int ressons nous donc aux noms des lotissement
25. 1 Habitat pavillonnaire et imaginaire politique histoire d une volution Le discours n est pas une fonction premi re de l architecture car par d finition l architecture n est pas un langage proprement parler la rigueur c est un langage que lon percoit que lon voit En revanche l architecture du pavillon a t lobjet d un discours On cherche ici saisir le pavillonnaire comme objet qui se met en d bat et fait d bat La r flexion part du pr suppos que l habitat pavillonnaire est le r sultat d une r flexion et d une volont On voit ici pointer une contradiction remarquable beaucoup ont vu dans l habitat pavillonnaire forme d habitat individuel un moyen de traiter de probl mes collectifs Sur quels termes discute t on le pavillonnaire dans quel but quels acteurs en discutent et avec quelles solutions On peut s parer deux discours port s sur l habitat pavillonnaire les deux n tant pas compl tement s par s le discours des urbanistes des architectes des sociologues des conomistes etc qui s exprime souvent sous forme de th ories ou id es souvent reli es des valeurs et le discours des politiques proprement parler qui prend forme dans les d bats sur des probl mes concrets de la vie collective et se mat rialise dans les textes officiels loi r glements regroup s autour de la politique du logement traduit dans les r gles lois d urbanisme assez tardivement Code de
26. Bien que la quantit d espace soit tr s valoris au niveau de l individu le fait d avoir 4 Maisons Ph nix Annexe 1 p 10 10 5 DEZES Marie Genevi ve Nicole HAUMONT Henri RAYMOND et Antoine HAUMONT L habitat pavillonnaire L Harmattan collection Habitat et Soci t Paris 2001 p 88 89 106 DEZES Marie Genevi ve Nicole HAUMONT Henri RAYMOND et Antoine HAUMONT bid p 81 107 DEZES Marie Genevi ve Nicole HAUMONT Henri RAYMOND et Antoine HAUMONT bid p 81 56 2006 Rose M gard Chapitre 1 Regard sur l univers pavillonnaire un espace de pouvoir et d autonomie donc d limit est tr s important Il le ressent notamment par les rites de passages cf infra par le fait de pouvoir rentrer chez soi dans un espace isol presque une le Ainsi pour H Raymond tre chez soi c est constituer le lien fondamental de la personnalit et de l habitat Rentrer chez soi c est couper le lien avec l ext rieur Se sentir chez soi c est affirmer qu on est bien Dans ce chez soi o l on est il y a plus de contentement que de jouissance plus de calme que de bonheur affirm Au niveau du chez soi il n y a pas d affirmation suivant quoi ce mode de vie serait positivement gal au bonheur n Image consulter sur la version papier au Centre de Documentation Contemporaine de II EP de Lyon Entrer chez soi C Le chez soi symbole de l individualisme Le lotis
27. L Harmattan collection Habitat et Soci t Paris 2001 p 59 186 bs Annexe 5 s rie 8 92 2006 Rose M gard Chapitre 2 Regard dans l univers pavillonnaire Certes l habitant pavillonnaire est souvent celui qui ne peut soffrir de larges terrains isol s il prend entre deux Mais la densit des habitations participe de la densit des cl tures Chaque maison dispose de sa propre enceinte pour chaque volume au moins quatre pans ll y a quelque chose de pervers dans ce souci de la fermeture de sa finitude Les habitants pavillonnaires viennent chercher un certain rapport la nature tout en gardant un environnement urbain Or ils semblent se couper des deux l horizon la visibilit et la sociabilit Si la fermeture n est pas un probl me c est qu elle est dans la maison en g n ral associ e l ouverture le fond du jardin une vue qui est d ailleurs souvent un des avantages des appartements Dans son diagnostic sur la maison la Fondation BMW a bien rep r cette n cessit de louverture de la maison La profondeur de champ d un regard peut provoquer un sentiment de mouvement quasi physique Un regard qui se pose sur un espace vert ou un espace non construit peut donner cette impression de mouvement psychologique Il y a par contre des amputations du regard qui g n rent le mal tre f Cette question de la perspective au sens paysager du terme est essentielle dans le bien tre
28. Le regard selon le Robert est av action mani re de diriger les yeux vers un objet afin de le voir expression des yeux de la personne qui regarde ou bien l action de consid rer avec attention A l inverse le regard suppose une implication par le sujet qu elle soit singuli re ou collective qui d passe le simple enregistrement visuel Etymologiquement regarder renvoie prendre garde attendre prot ger c est un rapport de propri t Le regard est une sentinelle c est le seuil du corps C est un sens primaire et puissant important et fragile Je peux me sentir regard m me si autrui n est pas l c est la possibilit du regard port qui transforme le sujet en sujet regard Regard collectif et regard singulier la d finition de l identit Une premi re dimension du regard en tant qu il exprime l identit est celle du regard collectif Cette dimension collective de l identit en opposition la dimension singuli re pour reprendre Bernard Lamizet renvoie l appartenance et au politique En d autres termes pour fonder mon identit collective le sentiment d appartenance la possibilit du nous se traduit dans ce que nous appelons le politique qui a lui m me plusieurs dimensions le r el le symbolique et l imaginaire L identit politique se construit donc dans la confrontation Pour appr hender une deuxi me dimension du regard en relation avec l habita
29. M gard 79 L univers pavillonnaire une esth tique de la villa travers le style n oclassique Le patrimoine francais la maison de village Dans leur argumentaire les constructeurs ne semblent pas faire allusion l environnement imm diat de l habitat pavillonnaire c est dire le lotissement pavillonnaire Tout semble se passer comme si le pavillonnaire tait seul comme dans une bulle Sa construction vient s ajouter naturellement au reste du village tout simplement parce qu elle n est que sa suite contemporaine Et d ailleurs c est ce souhait d appartenance au village bien que les conditions en soient rarement r unies obligation de prendre la voiture oblige et de vie autonome qui ont souvent guid le pavillonnaire vers son habitat D ailleurs Andr Caron pr sident de la soci t Caron Marketing consultant sp cialiste de la maison individuelle explique dans un article des Echos que toutes leurs enqu tes traduisent un vrai retour la ruralit pour des sites qui sont implant s une trentaine de kilom tres des grandes villes Pas seulement pour des raisons de co t du foncier mais de plus en plus par refus de l urbanit de sa pollution de son ins curit On essaie aussi de se refaire des racines de s assimiler une vie de village ou de petites villes Ainsi Maison Confort qui vend plus de 5 000 unit s par an observe que 64 de ses constructions sont situ es dans des communes de
30. agglom rations Au plan du territoire celle ci se manifeste par une urbanisation diffuse sans pr c dent une chelle de dispersion spatiale jamais possible auparavant caract ris e par la disparition des anciennes limites l extension des franges p riph riques l investissement de territoires vierges 2 Thierry Paquot exprime aussi cette confusion des temps et des espaces Notre monde est unifi et chacun doit ceuvrer l ou il est pour que ce l change et d teigne sur l cot L cot de ce l tant toujours un ici proche ou du moins interconnect avec notre lieu L espace temps de la modernit monde l espace temps de l accomplissement mondial de l conomie monde est homog n is Le l est l ici L ici est l ailleurs La boucle est boucl e On mesure la d mesure de notre mesure la m me chelle L analyse du ph nom ne urbain est ainsi mis en lien avec la communication l urbain s est constitu par une ma trise des techniques et des distances qui ne semblent aujourd hui avoir aucune limite Nous avons ainsi conquis notre regard comme une conqu te sur les fronti res naturelles La d mat rialisation du monde est le pendant de ce regard infini et individuel qui caract rise notre poque La ville a en effet favoris l mergence de l individu La civilisation urbaine est celle o l homme a cess de subir son temps et son espace la forme de son habitat est la fois plus ar
31. avoir un pavillon c est pouvoir ma triser le hasard que repr sente le voisin 105 hasard dans son identit on ne sait jamais sur qui on peut tomber hasard sur son arriv e on ne sait jamais quelle heure du jour ou de la nuit il peut d barquer Le quotidien est accroch une intimit l intimit comme ce qui n est pas donn au regard Sur le plan de l intimit le pavillon est mis en balance avec le logement collectif il chappe la vue des autres le vis vis et au bruit des autres Le chez soi est le lieu o l intimit peut tre mise en sc ne l intimit du couple l intimit familiale l intimit du soi Le pavillon dispose de beaucoup de coins de lieux r serv s au premier rang desquels la chambre que chaque membre de la famille a pour lui H Raymond et son quipe ont d ailleurs fait tat du fait que lors de leur enqu te certaines personnes d claraient comme tout pr alable l interview qu elle leur refuserait l entr e dans cette pi ce alors m me que cela ne lui tait naturellement pas demand s La famille a ses lieux dans le pavillon le salon la cuisine salle manger le jardin la t l vision Le pavillon est aussi l espace qui permet une activit quotidienne commune prendre les repas regarder la t l vision jouer ou aider aux devoirs travailler avec ses propres codes ici les repas se prennent telle heure ici on ne met pas ses coudes sur la table
32. ce d toffe que l on hisse pour signifier sa nationalit sa compagnie etc L tendard est ce qui d finit r sume il implique donc un rapport l ext rieur L tendard n est rien sans le regard On retrouve cela tr s significativement dans les grandes expositions notamment les expositions universelles o architecture et repr sentation se trouvent tr s intimement li es Le pavillon en tant que b timent exprime une particularit dans sa dimension et 4 HEIDEGGER Martin Etre et temps Gallimard Biblioth que de Philosophie Paris 1986 5 Encyclop die G n rale Hachette Dictionnaire article habiter 1986 10 2006 Rose M gard Introduction dans sa forme c est un condens d identit Le pavillon chacun a le sien Voil pour une d finition th orique Qu en est il plus pratiquement quoi ressemble un pavillon au sens ou plut t dans la forme ou je l tuderai dans le pr sent travail La forme pavillonnaire r sulte de transformations amorc es d s la fin du XVIII et les volutions d mographiques qu elle suppose La forme initiale du pavillon est bourgeoise c est la maison de plaisance la p riph rie des villes voire dans la ville elle m me qui correspond une recherche de prestige et de salubrit C est une premi re influence du pavillon qui est assimilable la maison de campagne que nous connaissons mais qui n est plus un pavillon Une seconde inf
33. conscience que s ils veulent un jour pouvoir revendre il faut que ces maisons aient toutes un petit air de famille Or qu en est il aujourd hui La banlieue n est plus le seul lieu de l habitat pavillonnaire Ces lieux se sont diversifi s et avec eux les discours port s sur l habitat pavillonnaire Le pavillon est en banlieue en bordure des petites villes voire isol le fameux mitage les pavillons sous des formes peu vari es ont v ritablement envahi les paysages francais On ne s y oppose plus vraiment un certain remords des architectes et des urbanistes francais suite aux critiques de ce qui a t fait sous leur impulsion dans les ann es 1950 60 voire 70 les ont assagi On ne rejette plus totalement la maison individuelle les architectes s impliquent pour r fl chir sur des formes moins violentes plus int gr es L objectif des rares initiatives est de montrer que la forme individuelle n est pas forc ment marqu e en France par le conservatisme Deux exemples de cette r flexion 33 LAURENTIN Emmanuel et V LAMENDOU Ibid 34 LAURENTIN Emmanuel et V LAMENDOU bid 2006 Rose M gard 27 L univers pavillonnaire Image consulter sur la version papier au Centre de Documentation Contemporaine de II EP de Lyon visualisation d une maison Ph nix congue par l architecte Jacques Ferrier Chacun garde en soi le r ve souvent inaccessible d un espace de vie que l on aura
34. dans notre ph nom ne d urbanisation des moeurs qui se traduit notamment par un surd veloppement des moyens et des r seaux de transport Cet talement urbain tablit une sorte d galit sans saveur ce qui est sous nos yeux pourrait tre ailleurs Nous ne connaissons pas ce lieu mais nous le voyons pr s de chez nous ou la t l Marc Aug d crit un changement d chelle dans le cas de l habitat pavillonnaire il semble plut t que l chelle a disparu L homme n a d abord plus de mesure par rapport au pavillon L homme est exclu du pavillon puisque l espace pavillonnaire est construit non pas pour la vie en commun mais pour un principe abstrait une image de maison L chelle a disparu ensuite au niveau du lotissement et ce d autant plus que les lieux d implantation sont souvent plats Il est int ressant de lire une note de pr sentation de lotissement que chaque lotisseur se doit de remettre la mairie o il souhaite construire par exemple pour le lotissement Le Clos des Narcisses sur le lieu dit La Montagne 75 Pour les constructeurs l talement et la dispersion est le signe d une insertion La notice paysag re page 2 est explicite En vision plus panoramique le terrain se perd dans une perception visuelle d un habitat diffus plus ou moins dense 75 Photographie Rose M gard Annexe 5 s rie 1 6 G n ralement traduite en Francais par talement urbain 77 A AUGE Marc Non lie
35. devient alors une mani re de se rassurer entre soi sur une normalit de l habiter reconnaissance dans un rapport de soi l espace C est ce qui pousse l habitant marquer l espace pour qu il puisse s y reconna tre Il convient de bien distinguer deux syst mes de sens celui de l habitat individuel et celui du pavillon L un n exclut pas l autre puisque dans l imaginaire auquel il se rattache le pavillon fait r f rence la maison individuelle Nous nous interrogerons ici sur le syst me de sens propre au pavillon et nous demanderons par quel langage il s exprime Dans ce cadre il est int ressant de rappeler l tymologie du terme pavillon Le pavillon est ce qui fait sens c est un condens d identit cf infra Introduction Ainsi pour H Raymond la dimension signifiante et signifi e de l habitat pavillonnaire va devenir une des principales fonctions du pavillon En effet pour lui le r sidu fonctionnel risque de dispara tre doublement parce que les fonctions sont tr s pauvres parce que leurs possibilit s d expression sont pratiquement infinies is Le pavillon sert il de norme ses habitants Si on consid re le pavillon comme une norme par analogie la maison individuelle est le syst me de valeur auquel il se rapporte En effet le pavillon devient la concr tisation de la valeur maison individuelle Ici nous ne sommes plus du tout dans le domaine de l espace mais dans celui des transferts ma
36. dr Jes Rime Pom A y E Ah quedes oath de dijtndosa d colapso A en Adr f deux tih res d Kegel 1 E EI ba Wan aye di ut eu pes TEC E am Dad a ul C Am goal P ET oer do L eu La Di D de Au clo tuba de habian Bonet datei tl mn i Lar D Qs Argo de TE di uas CU au Chu re Sai x fp Aus mars echa pudo E M Lo Auc Ges a prs SN MS dua ira e Sch ma 4 ci dessus et 4bis ci dessous Annexe 5 S ries Photographique 1 pavillons A consulter sur la version papier au Centre de Documentation Contemporaine de l LE P de Lyon 2 ch tillon g n ral 130 2006 Rose M gard Annexes A consulter sur la version papier au Centre de Documentation Contemporaine de l LE P de Lyon Monopoly A consulter sur la version papier au Centre de Documentation Contemporaine de l I E P de Lyon les Cottages juin 2006 A consulter sur la version papier au Centre de Documentation Contemporaine de l I E P de Lyon les Cottages juillet 2006 A consulter sur la version papier au Centre de Documentation Contemporaine de l I E P de Lyon La Montagne ao t 2006 1 A consulter sur la version papier au Centre de Documentation Contemporaine de l LE P de Lyon La Montagne ao t 2006 2 A consulter sur la version papier au Centre de Documentation Contemporaine de l I E P de Lyon
37. du 9 d cembre 2004 dans un de ces fameux dossiers sur l immobilier dans votre r gion comme on en voit fleurir r guli rement quelle que soit la saison Le marronnier est une plante vivace Dans cet article pompeusement intitul Le bonheur est 32 km on peut lire Nathalie et Franck sont contents D abord parce qu ils ont un deuxi me enfant Ensuite parce qu ils l ont accueilli avec sa grande s ur de deux ans et demi dans la maison qu ils esp raient depuis longtemps Et toute la famille de poser devant un pavillon de banlieue plut t petit style Ph nix Et le journaliste de vanter la qualit de la formule immobili re choisie par le couple rapidit et co t faible garantis La maison vulgaris e par le pavillon est devenue un produit de consommation Ch tillon sur Chalaronne est une commune de l Ain 01 de 6 000 habitants Aun peu plus d une demi heure en voiture de Lyon la commune conna t un accroissement d mographique cons quent G ographiquement la ville est nich e dans une cuvette au fond de laquelle coule la Chalaronne Ville tr s ancienne son ch teau date du XII si cle elle se situe entre la Bresse et la Dombes et f t pendant longtemps une des pointes avanc es du royaume de Savoie Aujourd hui Ch tillon sur Chalaronne est la fronti re d un tout autre ph nom ne qui n en prend pas moins l aspect d un envahissement celui de la p riurbanisation La cuvette qui d lim
38. en g n ral d fini par sa raret une construction par sa solidit ces deux l ments associ s peuvent faire douter qu un jour la maison pavillonnaire devienne patrimoine 167 LE CORBUSIER La Charte d Ath nes suivi de Entretien avec les tudiants des coles d Architecture Edition Seuil collection Point Paris 2003 p 91 2006 Rose M gard 83 L univers pavillonnaire Section 2 Le pavillon comme syst me de sens Apr s avoir tudi le pavillon comme espace de diff renciation lieu d un esth tisme particulier nous allons envisager le pavillon sous un angle oppos celui de la reconnaissance C est une autre mani re d expliquer cette semblable diff renciation qui caract rise le lotissement pavillonnaire La reconnaissance fonde un syst me de symboles de codes dans l espace de l habitat C est le propre des univers symboliques que de constituer pour les hommes qui les ont regu en h ritage un moyen de reconnaissance plut t que de connaissance univers clos o tout fait signe ensemble de codes dont certains ont la cl et l usage mais dont tous admettent l existence totalit s partiellement fictives mais effectives LE Nous comprendrons donc reconnaissance dans un double sens reconnaissance dans le sens d un rapport intersubjectif C est l exp rience du miroir qui fonde le sujet habiter un pavillon c est appartenir une culture d habitat commune Se reconna tre
39. est pourquoi cette notion de r ve de la maison du pavillon semble tr s li e la base de l imaginaire collectif pavillonnaire la r alisation de la somme des r ves singulier est le bonheur ou l encore certaines images sont r currentes 8 Maison Ph nix Annexe 1 49 50 S minaire de Bernard Lamizet l IEP de Lyon Politique culture espace public 2005 2006 s ance 3 Les architectes s interrogent souvent sur la confrontation de leurs d sirs avec celle de leur client cf d bats La Tourette 15 et 16 mars 2006 rencontre Regard Espace Architecture 2006 Rose M gard 33 L univers pavillonnaire 2 L utopie pavillonnaire maison famille loisir Ce sont donc les conditions d une soci t heureuse que les politiques architectes etc cherchent cr er car une communaut caract ris e par le bonheur est une soci t pacifi e C est ce titre quont t invent es les premi res formes utopiques d habitat pavillonnaire sur le mode de la communaut A abandonn pour des formes moins exigeantes vis vis de l individu B A Du mythe de la communaut Il est int ressant de fouiller l histoire des id es urbanistiques Parmi les a pr urbanistes on trouve quelques id alistes pour qui le pavillon contrairement aux valeurs qui lui seront plus tard attach es est le symbole d une unit une matrice d une communaut tr s influenc s par Utopia
40. l encore Hubert Damisch d crit bien propos du panneau d Urbino 9 un d sert donc mais d architecture Un d sert mais o tout parle de l homme commencer par la r currence obstin e du motif de la porte ou de la fen tre ouverte ferm e ou seulement entrouverte soit l un des traits qui retienne le plus ton attention L habitat pavillonnaire a un aspect tr s l ch une sorte de cit id ale des temps modernes pastiche comme une vie Pleasantville L habitat pavillonnaire ou lotissements pavillonnaires renvoient une sorte d espoir d une vie id ale renferm e sur une intimit limit e famille voisins Ces lieux sont en fait id aux pour le jeu d un drame ou d une com die quotidienne Cette th tralit est renforc e par les couleurs uniform ment roses saumons jaunes dor s les toits en tuiles et les volets de bois parfois color s mais pas moins artificiellement De m me l agencement g n ral du pavillon ne reprend il pas cette fameuse s paration entre c t cour et c t jardin L habitat pavillonnaire donne aussi une impression de miniaturisation qui va encore dans le sens d un espace rendu fictif Les lotissements pavillonnaires donnent ainsi l impression d un parc immobilier Cela ressemble une maison ou une villa mais en plus petit moins d espace autour de la maison moins d espace entre les maisons Les attributs sont l toit en
41. l Urbanisme Ces discours sont le produit d argumentations d acteurs vari s qui au travers de cette communication exprime leur identit S et cherchent en imprimer l espace fabriquer de l identit spatiale symbolique via l espace public politique Il s agit v ritablement d un discours politique puisque la question de l habitat est reli e un pouvoir celui de r aliser ou faire r aliser ou non une certaine forme d habitat Mais cet enjeu de pouvoir r el du politique n est possible que parce l habitat pavillonnaire est porteur de symboles le symbole en r f rence la repr sentation dont j tudierai ici des 17 LAMIZET Bernard Politique et identit Presses Universitaires de Lyon Lyon 2002 p 265 L argumentation en quelque sorte exprime l identit dans l argumentation En effet c est par son argumentation que le sujet de l nonciation revendique aupr s des autres dans les formes de sa parole l identit dont il est porteur en lui assignant une place et une fonction dans l espace public de la sociabilit 20 2006 Rose M gard Chapitre 1 Regard sur l univers pavillonnaire s x d A d 18 deux dimensions savoir les discours et les images l autre tant les institutions En effet le but n est pas seulement d imposer une vision dominante mais aussi d cider de e 19 construire du pavillonnaire ou du logement collectif L habitat pavillonnaire a au
42. les hauts fonctionnaires de l am nagement le pavillon est r put co ter cher d voreur de terrain de voiries difficile quiper notamment en cole quipement culturels sociaux etc m me son esth tique est critiqu e Cependant sous la pression de l opinion les politiques vont chercher des solutions L initiative gouvernementale se fait sous Roland Nungesser secr taire d Etat au logement 66 67 qui souhaitait montrer que le logement individuel pouvait tre moins cher que le logement collectif C est ainsi qu est organis en 1966 le fameux Villagexpo Saint Michel Sur Orge qui conn t un succ s populaire tr s large Selon le mot de Roland Nungesser lobjectif tait de faire du collectif individuel a gr ce des m thodes industrielles avec une densit relativement lev e et des surfaces habitables faibles La promotion s est faite autour de l id e de nouveau village pour repousser l id e de quartier p riph rique et donc de banlieue Une deuxi me figure de cette politique pavillonnaire est Albin Chalandon Ministre de l Equipement et du Logement 1969 1972 et ses chalandonnettes fameuses pour les probl mes techniques qu elles connurent ll se fixe comme objectif de construire en 3 ans 60 000 maisons Un des enjeux de sa politique tait selon ses termes de lutter contre l id e qu en France on construit une maison pour 10 si cles La client le est cr e et un mouveme
43. lotissement comme semblant de village De la loi du march comme principe esth tique De l indiff rence comme r gle d uniformisation De l individualisme comme substitut de l identit De la parcellisation comme succ dan de l urbanisme Du chacun chez soi comme accomplissement communautaire Du n importe quoi n importe ou au plus vite comme illusion de libert Et nous nous demanderons l espace o nous choisissons de vivre se doit il d tre une juxtaposition de propri t s priv es que chacun occupe sa guise ou une propri t par nature indivise objet d un int r t commun LAHOUGUE Jean Lettre au maire de mon village Enfin j ai ma maison J ai mon jardin mon chat mon chien Et ma barri re Je l ai enfin mon coin de terre Mes quatre pommiers et mon cerisier Enfin j ai ma maison Mon coin de bleu mon coin de feu Mon coin d riviere Je suis devenu propri taire Et je vis cr dit Y a eu le macon et le plombier l menuisier Les factures et les murs refaire Mais c est d j oubli c est class c est pay Faut r ver Les Compagnons de la Chanson Enfin j ai ma maison 2006 Rose M gard 1 L univers pavillonnaire 2 2006 Rose M gard Avant propos Avant propos On a toujours de bonnes raisons de choisir un sujet La mienne est que je suis issue d une famille o l on parle architecture depuis longtemps et que j ai grandi dans un village un ieu auquel je suis attach e Ce
44. mani re former un ensemble Sch ma 1 1 D o viennent nos envies en mati re d habitat Si elles sont singuli res elles ne sont pas l objet de notre invention Nos d sirs d coulent d un regard d j constitu celui de notre exp rience ou de nos connaissances Ainsi pour Marie Ange Bayer la maison se construit de la sorte au confluent de diff rentes couches mn moniques visuelles et textuelles C est une subjectivit collective qui dresse ses fondations projections des arch types plans fa ades etc 5 Pavillons et arch types Dans ce cadre il semble que la multiplication d images photos film mais surtout t l vision joue un r le tr s important On peut tablir un lien entre la standardisation des modes d habiter et le d veloppement l h g monie de modes de communication de masse Notre regard nous appartient car il est une combinaison unique en lien avec notre m moire Cependant des l ments similaires que r fl chit l habitat pavillonnaire ressortent Une forme minimale qui ressemble en gros ce que les enfants peuvent dessiner si on leur demande de figurer une maison et la mani re dont le Monopoly sch matise ses maisons est lorigine de la forme pavillonnaire Cette maison minimale est la matrice de l habitat pavillonnaire De ceci on peut d duire que nos repr sentations en mati re d habitat en France sont constitu es tr s t t et perdurent Plusieurs
45. ne se construit pas en une ann e Il faut du temps pour penser son foyer du temps pour accumuler du capital du temps pour la r alisation elle m me Or la technique pavillonnaire a v ritablement r volutionn ce rapport au temps dans la maison Le temps entre l initiative de la construction et la construction elle m me n a plus rien voir avec l poque o l on construisait des maisons patrimoines C est d ailleurs un des arguments des constructeurs ainsi Maison Ph nix fait un de ses avantages la rapidit avec laquelle le r ve des habitants est r alis Cette exigence de durabilit a des cons quences sur la forme du pavillon En effet la solidit la durabilit dans le temps notamment d un point de vue thermique est vue comme une des qualit s premi res de la maison Jean Paul Lacaze dans son ouvrage sur le logement des Frangais cherche d terminer ce qu est un logement ew en tablissant une sorte de cahier des charges que doit remplir en g n ral le logement La solidit et la s curit sont pour lui la premi re des exigences vis vis de l habitat Pour durer une maison doit s en donner les moyens On connait tous la solidit des murs l ancienne pis dans l Ain qui allie terre et eau qui ont travers les si cles qualit de construction que ne peuvent pas se permettre les constructeurs Les premiers arguments de vente des pavillons reposaient d ailleurs au d part plus
46. ouverts c est le type de sale assum c est l espace sale qui permet l entretien le lieu du pavillonnaire qui travaille son pavillon avec l assurance qu en plus il peut tre rang Le chantier de la maison est par ailleurs le premier des lieux sales assum s les futurs habitants font plusieurs visites pour voir o en sont les travaux surveiller l avancement etc Petit petit l espace du sale recule au profit de l espace du propre signe que la maison devient habitable et les espaces du sale sont de moins en moins en vue Ainsi le sale devient une r serve pour le propre HT B Les rites de passages portes et portails La porte est d une importance capitale dans le pavillon elle d finit les sph res d intimit Une porte paisse d apparence massive repr sente un fort interdit l inverse la porte vitr e ou un portail ajour sont une invitation Passer une porte c est s introduire dans un sous lieu La premi re de toutes ces portes est le portail La quasi totalit des pavillons en ont un ce qui prouve que la seule sph re de s curit se trouve dans le terrain et non le seul pavillon Leur hauteur est caract ristique de cette protection de l intimit En effet ils laissent rarement passer le regard d un double point de vue Portails Le portail n est cependant pas v ritablement une mani re de se couper de son environnement au contraire S il a une significati
47. pente en tuile portiques fen tres avec volets le portail mais ce qui ressort c est plus le sentiment d une exposition de maison Un champ de maisons que l on a plant es ou pos es image d autant plus amusante que les lieux o ont t implant s les lotissements taient d anciens champs de culture B La naturalit 6 La Maison Francaise construction de r sidences individuelles disponible sur le site http www la maison francaise fr pages residences_09 htm derni re visite le 19 juillet 2006 67 DAMISCH Hubert L origine de la perspective Edition revue et comment e Flammarion collection Champs Art Paris 1993 8 R f rence au Panneau D Urbino 9 Film de 1998 r alis par Gary Ross US Pleasantville est une s rie en noir et blanc datant des ann es cinquante et situ e dans une agr able ville o tout n est que bonheur charme et simplicit Les deux protagonistes du film se retrouvent un jour a zapp s dans la peau de personnages de la s rie 2006 Rose M gard 41 L univers pavillonnaire Il accentue la perte de lisibilit entre urbanit et ruralit et une uniformisation des logiques esth tiques de construction Dans l espace pavillonnaire le jardin est un espace de transition ll soppose ce titre fortement l espace qu est la rue ou suppos e comme telle La rue pour Henri Raymond est assimil e un danger notamment pour les enfants rappelons que le pavillon est
48. puis Faire appel Ph nix vous assure d un patrimoine pr serv dans le temps et transmissible vos enfants E 144 Fondation du Patrimoine Le patrimoine en p ril http www fondation patrimoine com fondation index php 5 LACAZE Jean Paul Les Francais et leur logement Presse de l Ecole Nationale des Ponts et Chauss es Paris 1989 p 128 6 Maison Ph nix Annexe 1 p 5 7 Maison Ph nix Annexe 1 p 6 74 2006 Rose M gard Chapitre 2 Regard dans l univers pavillonnaire Comment se traduit ce souci d entretien ext rieur Nous verrons que l ornementation particuli re du pavillon rel ve de deux logiques d une part le d sir d inscrire la durabilit de l habitat dans la construction elle m me A d autre part le souci de se d marquer mais sur des petits l ments B Peut il tre assimil une logique esth tique L esth tisme mouvement artistique qui sopposa au naturalisme la fin du XIX si cle se d finissait comme un souci du Beau en raison de son inutilit Or l inutile autrement dit le superflu oppos donc au patrimoine est bien ce qui semble caract riser les logiques d embellissement du pavillon A D fier le temps une esth tique de la solidit Un des premi res contradictions que lon peut soulever concerne la temporalit Le patrimoine s tablit normalement dans le temps long pour reprendre la terminologie de Fernand Braudel une maison
49. que nous sommes de plus en plus sensible l histoire et ses traces au patrimoine nous nous projetons dans un patrimoine possible Or comment savoir ce qui fera patrimoine en regardant ce qui a fait patrimoine Pour Marc Aug l imbrication entre le moderne et l ancien caract rise notre poque En effet pour lui ce que contemple le spectateur de la modernit c est l imbrication de l ancien et du nouveau La surmodernit elle fait de l ancien de l histoire un spectacle sp cifique comme tous les exotismes et de tous les particularismes locaux L histoire et l exotisme y jouent le m me r le que les citations dans le texte crit En habitant dans un pavillon on se cherche une identit spatiale et territoriale que la ville ne pouvait plus offrir Nous verrons que la forme architecturale pavillonnaire est le r sultat d influences crois es A avant d envisager la possibilit d un style pavillonnaire B A Le pavillon r sultat d influences crois es Dans ce cadre on peut dissocier trois types d influences la maison comme mode de construction traditionnel de plus en plus d clin e sur un mode r gionaliste m l 158 Photographie Rose M gard Annexe 5 s ries 4 5 et 7 159 2 2 AUGE Marc Les non lieux introduction une anthropologie de la surmodernit Editions du Seuil collection La Librairie du XX si cle Paris avril 1992 p 138 2006 Rose
50. ses habitants dans une poque o la participation est valoris e en propension inverse de la propri t priv e 3 Le pavillon est il conservateur Nous l avons vu au d but de l expos cf infra Habitat pavillonnaire et discours politique l habitat pavillonnaire a longtemps t assimil la doctrine conservatrice Qu en est il dans la vie pratique de l homme pavillonnaire Ce mode de vie est il mal adapt la modernisation de la vie fran aise On peut dors et d j r cuser l id e d un individu arri r L individu ou la famille pavillonnaire est bien connect e preuve en est la pr sence quasi g n ralis e de t l viseur dans les foyers d antenne sur les toits Ainsi si le pavillon accueille une entit souvent assimil e au conservatisme la famille celle ci est souvent une famille ouverte L enfant a un cadre mais n est pas un enfant cadr voyez pour cela l attirail des objets qui d finissent sa libert de jeu et d activit piscine cabane P 116 Le pavillonnaire et son jardin Mettons un peu de vin dans l eau de la modernit pavillonnaire En effet le pavillon s il n est pas tranger aux changements soci taux repr sente une certaine forme de stabilit au moins spatiale On ne passe pas deux ou trois ans dans le pavillon du moins dans l intention de d part on s installe Cette stabilit est pr sente dans l aspect g n ral du
51. sont m jeu 1023 Ihiralyac sermi pho ere derari mms en BE Soi KT rara k regen ci da thor xt azur lach lari arr cam agri cz rerh AAA rada O inh Gears e ge A dora Gredos er Ac Te emri Aa arpa cas rara puo Z r ia ad d aa a Da A9 Port d kee dons la pas mer Dom lara bra er pepe sede wu pri iria ma arar yan ba bar baran ta de La percer Le trad it n veslra A E A EA phon A ereen tbi Pads o ale araja ame ren Braz porn pri Loss ira era al lord rod ler je k perep ha er parure ci d va itera ral en gaemar ir pieier A LR Ibi en arde lec kara exi dica E zer Dar 22 cc eee param ie Cast Ces ds dire zc HET E rom pasti acorr 3 quon de da velie l aczeiluziare cardo dea harma dior tas ck ercer ha ILE SAS A Lem ces pret iry rz EX Seilen eue l an ro dana de A A ES parer hule ierre z pi rer refs n i h D z crie tant T Tu Cap laresche 11 Le Za ir p t a awie CA Fern RA a cM rectus a Thor ad Hai Gala viks da dolet queer pre ih raci n krzrresd Ges Me ho mai du ce YR YS Te ides pecca Tee T ler Aplaz as ems el cr racha ame Bee PA Qd due de Jia des abra Ge kzcdai ou rk carre un rir cara A SS A SS a deen EI rr der s Vote It dn mu eg hoe mee vu Ter bg sb dg asco quer CR mag ho pr rm par erh rer ep zm Jus rw en wn bm erg l en CL ma rica un cim A pra ur emp Iscr mias i ie mne e non sn derier e mid A pgn eomm bag EK dot in perc ree d E C in sir h d 2n b Lars arpa 1r bom om oer om rn L
52. sur les co ts bas que sur la qualit de la construction Or un des probl mes des pavillons contemporains est justement qu ils nont pas l image de maison solide Apr s l chec des chalandonnettes pour cause de malfacons la r putation des pavillons n est en effet pas n cessairement associ e la durabilit Les constructeurs ont fait alors un effort de qualit pour changer leur image Les techniques ont incontestablement volu et les pavillons sont peut tre malheureusement plus solides Mais dire qu un produit est plus solide ne change rien il faut que ca se voie Cela explique qu la recherche de la solidit s est ajout e une esth tique de la solidit Rassurer le client c est lui donner une image de la maison qu il s imagine habiter On pense imm diatement Bouygues qui lan a ses maisons de ma on en 1980 8 LACAZE Jean Paul Les Francais et leur logement Presse de l Ecole Nationale des Ponts et Chauss es Paris 1989 p 120 2006 Rose M gard 75 L univers pavillonnaire comme si une maison pouvait tre faite sans ma on Dans cette expression il y a bien l assurance que non seulement votre pavillon aura les services d un magon cest la moindre des choses mais qu en plus elle sera con ue par un ma on certes traditionnelle et simple mais faite pour durer De m me Maisons Ph nix a longtemps eu une image n gative du fait que la structure des maisons tait en acier
53. taire craignait de se marginaliser irr m diablement Le jardin correspond bien cet espace de libert suppl mentaire que n offre pas le HLM et pourtant Le jardin t moigne de ce d sir de conformisme Si les tulipes jonchent les gazons des voisins elles pousseront des l ann e suivante sur la pelouse du dernier arriv Si les all es des autres sont dall es la sienne le sera galement Ce besoin d harmonisation ne dispara t pas avec les ann es au contraire Les anciens propri taires s adaptent automatiquement aux derni res lubies des voisins C est ainsi que toute la rue se retrouve le dimanche tailler ses thuyas en rectangle se repassant cordialement le s cateur B La normalisation par le mode de vie Comp tition ou demande de connivence Les raisons d un tel rapprochement de pratique est tonnant semble bien plut t d l identit sociale culturelle des habitants de ces quartiers L habitat pavillonnaire op re un tri social tr s efficace celui par l argent En effet c est l association entre le prix du terrain et le prix de la construction de la maison qui donne un co t global l accession Quand les lotisseurs organisent leur terrain ils prennent soin de r aliser des parcelles de dimensions minimum semblables Il n est donc pas tonnant de retrouver des similarit s entre les habitants d une m me zone pavillonnaire ils disposent du m me niveau de vie C est aussi l indu
54. un jardin potager et lorsque c est le cas la production a surtout valeur symbolique la pr sence du jardin cultiv joue alors le m me r le qu une frise autour d une porte ou qu un pot de fleur dans une all e C est une vocation comme une citation dans un texte Un v ritable concours de fleurissement ou et de figurine semble se jouer dans les quartiers pavillonnaires avec la taille des arbustes tant t rectiligne tant t curviligne voire m me facon n glig ca fait plus nature Il y a peu de disparit dans la nature des v g taux utilis s le pavillon reste encore souvent le paradis du thuya et du g ranium Ce type d am nagement p rissable d note avec la logique esth tique de la solidit C est l am nagement dans le temps court pour celui qui habite dans le pr sent mais pas forc ment pour les g n rations futures C est une des premi res tranget s de l habitat pavillonnaire une construction massive associ e un f tichisme souvent insignifiant Le pavillon est une simplification de la maison il a donc une faible valeur patrimoniale L attachement la solidit et l embellissement apparait comme une complexification une mani re de redonner de la valeur 3 Le pavillon comme citation d un mod le patrimonial collectif Le mod le de la maison dont le pavillon est une vocation joue comme un r f rent national et de plus en plus comme un r f rent r gional Ainsi de la m me facon
55. zone rurale le transport collectif est absent pour aller la gare il faut souvent tout de m me prendre sa voiture Avoir un logement autonome a donc des cons quences sur les circulations La voiture apparait comme un des attributs second du pavillon Elle est m me dans la maison le garage accueille au minimum une voiture mais c est de plus en plus deux voire trois voitures qu elle doit pouvoir recevoir Et ce n est pas un hasard si elle est aussi assimil e un produit de consommation elle est l image de ceux qu ils l habitent J ai fini par moi m me emprunter une voiture pour me rendre dans ces lotissements jouxtant ma ville une quinzaine de minutes pied sur des axes routes peu propices la promenade souvent en c te On trouve ainsi de grandes r gularit s souvent une voiture familiale l Espace une petite voiture qui sert souvent l pouse puis aux enfants quand ils sont en ge de conduire voiture pour eux d autant plus n cessaire qu ils tardent quitter le foyer D hb 96 L automobile prend l espace pavillonnaire Cit par MANGIN David La ville franchisee Editions de La Villette Paris 2004 p 165 192 96 Photographie Rose M gard Annexe 5 s ries 4 5 7 et 8 52 2006 Rose M gard Chapitre 1 Regard sur l univers pavillonnaire Nous l avons vu dans la question du paysage l habitat pavillonnaire participe la dilution de l espace La vo
56. 29 saqguesbnca sn d eat saujenb ap sawsou sap 1181919169 XIU9Ud SUOS IB 5 IC 2006 Rose M gard 118 Annexes A POS PRI II roman saywa SOA ap aswy ATTERT JOA awe dpuelbe zaanod snar IG 119 2006 Rose M gard L univers pavillonnaire Annexe 2 Le Nouvel Observateur Le Bonheur est 32 km 120 2006 Rose M gard Annexes Image consulter sur la version papier au Centre de Documentation Contemporaine de II EP de Lyon Annexe 3 Note de pr sentation La Clos des Narcisses 2006 Rose M gard 121 L univers pavillonnaire Image consulter sur la version papier au Centre de Documentation Contemporaine de l I E P de Lyon Image consulter sur la version papier au Centre de Documentation Contemporaine de II EP de Lyon 122 2006 Rose M gard Annexes Image consulter sur la version papier au Centre de Documentation Contemporaine de II EP de Lyon Annexe 4 Rencontre au Couvent de la Tourette Regard Espace Architecture Programme de la rencontre 2006 Rose M gard 123 L univers pavillonnaire sch mas Dsg hema dara Corra t zie la Tes seda LES d nena BOE Regard Espere Architecture Lo ages 0 a dar r ral cz Alai dmi por t Lupas J et cuia Ve d ve roc re qu ogac laa corr l arcripzione Uegaet aigle parteg desc ie prige atos deal le hr d effacer GR Pb mpty kr pue zbakizen
57. 33jjenh gj ap vaubiowag yuannad 53 1144 000 002 sp snid IS BL RA 111 2006 Rose M gard L univers pavillonnaire ss jr js rr JF 1 A BEE nd pan LI CU TA A UI GAN AA A p A I3 TERCER TL AE 2006 Rose M gard 112 Annexes sanbiun 530 4435 Sap X1U3Ud 113 2006 Rose M gard L univers pavillonnaire DEC Ale Ge EPEL hks irer AS XL AN K PEA CET ATR 23 A Don Ha e DuesBl UN SEO 153 U e gu snoa anb EIST 2 6JINJ4SUOS YES MU d IS 2006 Rose M gard 114 Annexes pi Sevmay aa Prane mi vinia mud rnama san mo yei mg ra AA res Erem BEEN RH LOU A a g PREAM RERNE E er di Ena d gegen e e IP q ar ti ps unam gien 7k uo LIUC ERI Gp ES A ARR e kat E E Lol Cen EE E EAR Ir vum D ze ER Van ER Cl ER enge A zb na mai aa r PIR OM uU W reng ug nen AT Kus A NATUR WO rra undis Enr Et rnnt amem mnia v ph creen m rd omma un e im nca a Fl eg am pe iip p are Eet NARI a Ste MI PO AA A AAT eie IIR E ood o VPN DAS SN NT STEET TC EE TEEN Ey UN sed 7334 63 18 03393 49 18 33910 1d spuelb end sap anse ne ao Huag SUOSIEU sap NET NE 358 JAHE 115 2006 Rose M gard L univers pavillonnaire ERJLIE ATA TVLIA JO 2006 Rose M gard 116 Annexes A mkg is e a ad A RUN EE EH IA NAR ET NL CL n m u qum ap Roc MER RI qaa id RAD FAE CPR LR RS E ed ere We eundo Frid de Been
58. 5 000 habitants 9 Pour analyser la force du mod le maison de village prenons t moin une affiche politique tr s connue celle de Mitterrand pour la pr sidentielle de 1988 Dans son dos un village o tr nent deux symboles l Eglise et bien s r la maison Ce village pourrait tre presque partout en France ce village pourrait tre Ch tillon sur Chalaronne Cette r f rence la maison de village avec tuiles corps de b timent en dur fen tre avec volets etc sert d architecture minimum Elle rassure les futurs habitants et les agents communaux c est un mod le qui certes ne d place pas les foules mais ne risque pas de g ner en particulier Ainsi pour David Mangin c est le conservatisme du march qui explique le peu d originalit dans les formes architecturales et la conformit un mod le qui rassure Les fr quents refus les extr mes difficult s ou d lais n cessaires pour obtenir 1 M LELOGEAIS Elisabeth Maisons comme vous avez chang Les Echos 24 02 2006 en ligne consult le 25 07 2006 Consultable sur internet URL http www lesechos fr patrimoine immobilier 200072229 htm 80 2006 Rose M gard Chapitre 2 Regard dans l univers pavillonnaire un permis dans le cadre de projets contribuent carter du march des produits originaux et personnels Projets d avant garde bricolages artistiques ou technologiques sont souvent d courag s car le
59. Dans leur r cente brochure une page enti re est r serv e pour d montrer que gr ce leur structure en acier et leur dalle de b ton les maisons Ph nix d fient le temps et assurent une solidit exemplaire m me dans des conditions extr mes et une durabilit impressionnante Sur le mode je ne crois que ce que je vois maxime encore une fois populaire les futurs habitants sont de plus en plus associ s la construction de leur pavillon L exigence technique passe par une exigence de participation L id e est que sous le regard des habitants les constructeurs seront moins tent s de tromper le client sur la qualit du pavillon qu il a livrer Paradoxalement cette transparence dans la conduction des travaux cf Maisons Ph nix lorsque vous choisissez de faire construire votre maison par Ph nix vous b n ficiez d un accompagnement de chaque instant m n apporte pas de transparence dans la r alisation de l ouvrage 1 e 15 Construire solide Le mat riau embl matique d une maison aujourd hui est videment le b ton La plupart des pavillons sont construits en moellons La transparence n a pas sa place dans les pavillons la l g ret de la structure est ventuellement amen e par des colonnades qui d finissent une transition int rieur ext rieur bien pauvre pour analyse du style pavillonnaire voire supra D ailleurs on remarque un contraste saisissa
60. HEC RE Me ebran sure tem n e E A ef O gid A E c mom rre CCE TER TL ER Ee E 2 i LEA IAE Lf Lia Kai rt Enger A Gr I LM Meis Lui RA robe m behi pbi pl a alg em AER DE qt Op E n S IL TA a VR Dee E Zeg ipapa Sa Est Ta p Co A RON le mn EA E ab ER ba CH gaa A TE mi PS Ee E geg E em d en LE s n ES Ram E A Y L t Eer rg Eeer cs rmi e numcrus mr Xv SEA METRO mem UN A Mr Stat el amat i bere a POE wbi M be a arum opes dpt lappa enm es eere min P ARAS ND ZNDIIN pie LLL dL sss Y ai TAA Ef bon ap RAPI m a AS Rr e Um Ww AR Por Wc ie npma EE ao Men np A nej dt wajip ari noO a Un apd 423 0 S2 igaloud augon ap adega anbeyo e 3usufieduraaae anon s835 piaods 535 33 Xud IS 117 2006 Rose M gard L univers pavillonnaire A pais i pq o LR DA alga Cada dl EH wa am MA TRA on MUNI NI BONO H A LER A MAA gaga ES wawami o sx cipem om vp E mo rt age bp man um E rer O been eism u mn A s AC RS le kat Fa F VE E ER Lamb ege aa t grad uh HE A EE a Nds PR E O NUN Fen pde FLOS LAA ech nr o Bir Ml li B Ke RE HI aap HR ba me WR ap CI LP Rat ris plat a antea va qp Gnqounm qUemor uy qu ppm geo LT EIER T ITINERE g La al Vana riis n AA DJ ATC Y NA da t Ra Ng EIA Pd e e m lt D RL meis sm lm mn remo moto mom pian vp analis m mur p pondre apl Lal at ven ara Hal DEET EE sayenb 3uguaBeDua agnop up QE UN sed 159 1
61. ONT Henri RAYMOND et Antoine HAUMONT L habitat pavillonnaire L Harmattan collection Habitat et Soci t Paris 2001 p 105 32 2006 Rose M gard Chapitre 1 Regard sur l univers pavillonnaire avait plus rien qui comptait je me suis sacrifi ici Le pavillon dont la forme est assez peu libre offre pourtant cet espace de po sie il peut accueillir la combinaison plus ou moins originale de choses d exp riences de frustrations de chaque tre humain pour la constitution du chez soi On projette beaucoup dobjets et de sentiments dans une maison notre maison c est avant tout avoir une maison qui nous ressemble Or comment s duire les futurs habitants quand on produit un mod le de pavillon Comment font les constructeurs pour int grer cette dimension r alisation d un r ve par d finition personnelle que l on ne peut pas partager Analysons pour cela la rh torique du constructeur Ph nix qui r alise environ 4000 maisons par an contenue dans sa brochure La notion de r ve y tient une place centrale largement appuy e par des images Notons d ailleurs que le r ve est la mise en image de notre inconscient S Par exemple sur la premi re page une bulle montre une photo ou se tient une famille souriante dans un salon clair et moderne en arri re plan la m re lit dans le canap pieds nus derri re elle on distingue un jardin avec une pelouse et des arbres au p
62. Regard sur l univers pavillonnaire Chapitre 1 Regard sur l univers pavillonnaire De quel point de vue se placer pour appr hender l habitat pavillonnaire Comment la notion de regard a t elle sa place dans ce processus d identification collective Le regard traduit un point de vue une th orie un texte exprim s par des administrateurs des personnalit s politiques des architectes urbanistes voire m me un ensemble ind fini et anonyme que nous appellerons opinion ou soci t Quoi qu il en soit ce regard est r solument ext rieur et g n ralisant Les personnes concern es raisonnent c est l un verbe tr s important sur une situation qu ils jugent globale des ph nom nes g n raux Le pavillon et l espace pavillonnaire sont l objet d une r flexion donc d une confrontation d id es mais aussi d images de repr sentations Notre regard est doublement contextualis En effet sur lui p se une double contrainte contrainte temporelle du progr s de la communication de l urbanisation mais aussi contrainte spatiale de la position du sujet de son point de vue et notamment de la perspective L urbanisation un regard d shumanis et d spatialis Premi rement donc la question du contexte g n ral de l observateur du pavillonnaire est celui de l urbanisation L urbanisation est un ph nom ne complexe et n est pas seulement l augmentation de grandes villes mais aussi une g n ralisation de
63. T IL LEE al Armar dron m E E EEN 124 2006 Rose M gard Annexes A halte Jen ace iure alas AL aa ie De TE cu aut uua ves Je a CN md br TETE Sch ma 1 ci dessus et 1 bis ci dessous 2006 Rose M gard 125 L univers pavillonnaire NT I ear Ala lo Je o de elo des La Jr cd a fabada ida it mps js A md Jus zb rs ilu lolas dr gas pde du mude dia tu da Lo Arda y i E pa por da lo waras Jedl duadla TA Sch ma 1 ci dessus et 1 bis ci dessous 126 2006 Rose M gard Annexes Zb sek Ma bur RA y e d certes ON dinis eaa Luxe DA IT onto ef La Tat id n E Iw sea ad ati Tuba dany Venu Bia VIE ER gt olehi Cr que Ni Loria a daf me l or As fasti wal E La lod y ok que fau saut CEE modi D Ha Rae Sch ma 2 ci dessus et 3 ci dessous 2006 Rose M gard 127 L univers pavillonnaire des Arles ek el pointes de pa nus d uber asma rad mentale 1 EM a Sch ma 2 ci dessus et 3 ci dessous 128 2006 Rose M gard Annexes Pao Phan frida ral is call ls DA CL ei ah fal Wales FK H Le i ag la ah TA Gu ek cog aie Tetta pr i Ah x gt y j Fa i r V Es F A Be i H me k Sch ma 4 ci dessus et 4bis ci dessous 2006 Rose M gard 129 L univers pavillonnaire rmac Lat Jolie 7 DEus Des Wand fou p fa Ima lle ek Do an
64. Universit lyon 2 Institut d Etudes Politiques de Lyon L univers pavillonnaire Rose M GARD Ann e universitaire 2005 2006 M moire de fin d tudes Table des mati res Avant propos Remerciements Introduction 1 Pourquoi un m moire sur l habitat pavillonnaire aujourd hui 2 D finition du sujet a Qu est ce qu habiter b Le pavillon approche th orique et d finition pratique c Le regard construit le regard est un construit Chapitre 1 Regard sur l univers pavillonnaire Titre 1 L imaginaire de l univers pavillonnaire Section 1 Habitat pavillonnaire et imaginaire politique histoire d une volution Section 2 Le commun de l imaginaire pavillonnaire Titre 2 La cr ation d une image pavillonnaire Section 1 La cr ation d un paysage du ciel et de la terre Section 2 Un mode de vie pavillonnaire Section 3 Les quartiers pavillonnaires peuvent ils produire de l identit collective politique Chapitre 2 Regard dans l univers pavillonnaire Titre 1 Le regard assum Section 1 Une esth tique pavillonnaire l oppos d une sensibilit patrimoniale Section 2 Le pavillon comme syst me de sens Titre 2 Le regard cach Section 1 La figure de la cl ture Section 2 Peut on continuer construire des lotissements pavillonnaires 10 10 11 17 20 20 29 37 37 51 60 69 72 72 84 90 90
65. a petite histoire de l individu ou de la famille et le patrimoine collectif celui d une histoire plus grande chelle celui d un site ou d un pays qui a un caract re plus culturel Ces deux dimensions du patrimoine correspondent deux d finitions distinctes le patrimoine peut recouvrir les biens de famille biens que l on a h rit de ses 142 ascendants le patrimoine notion plus r cente peut tre compris comme l h ritage commun d une collectivit d un groupe humain 13 Le patrimoine en ce sens est porteur de sensibilit collective pour la collectivit il semble tre comme un petit objet fragile menac de toute part et rempli d affectivit En France les associations de d fense se multiplient la protection et mise en valeur se g n ralisent Preuve en est ce paragraphe de pr sentation de la Fondation du Patrimoine d ailleurs intitul le patrimoine en p ril on croirait entendre la Patrie en danger explicite quant la place que prend le patrimoine dans notre identit fran aise Nos paysages familiers sont peupl s de souvenirs ce sont de modestes b timents qui nous les racontent que nous remarquons peine force de les conna tre chapelles moulins granges lavoirs fontaines calvaires maisons deS temps Ga Et puis tn your ruine les menace et nous r alisons qu ils pourraient nous manquer qu alors c est encore un peu de beaut qui s effa
66. a politique est ax e vers une am lioration des conditions de vie Les th oriciens de l habitat pavillonnaire ont souvent un discours empreint de valeurs Il s exprime soit en r action un d sordre social ou spatial soit comme id al comme projet en soi C est ici le discours souvent d lites auxquelles certains groupes ou individus vont se rattacher pour s identifier Un premier type de courant se d veloppe au d but du XIX si cle face un d sordre social provoqu par la r volution industrielle et la pression urbaine qu elle implique Les ouvriers arrivent en masse dans les villes dont ils occupent les centres La mis re de leurs conditions de vie et la peur d une r volte engagent la r flexion sur leur habitat M G D z s distingue l poque deux courants travers deux penseurs 20 Fr d ric Le Play et Friedrich Engels qui tous deux tentent de traiter ces liens entre habitat et soci t F Le Play 1806 1882 polytechnicien ing nieur des mines isole la famille comme 18 S minaire de Bernard Lamizet Politique culture espace public s ance 1 LAMIZET Bernard bid p 265 Mais plus encore que dans toute forme d argumentation l argumentation politique est de nature repr senter l identit dans l espace social car ce qui d finit l argumentation en particulier dans le domaine politique est qu elle articule d cision et repr sentation 2006 Rose M gard 21 L univers pavillonnaire
67. aison et la retraite Voil moi j estime que mon programme est termin maintenant Les auteurs de ce livre remarquent que le pavillon correspond surtout un mode de vie partag par un grand nombre d individus qui correspond selon eux la personnalit de base des Francais 1 car il participe l apprentissage des mots et de l espace de l habitation cf supra sur le pavillon comme norme Section 3 Les quartiers pavillonnaires peuvent ils produire de l identit collective politique L identit collective est diff rente de l identit politique Ces deux notions soul vent deux questions diff rentes mais probl matiques dans le cas du lotissement pavillonnaire L identit collective est celle que lie un groupe une caract ristique par exemple non innocent une population un territoire L identit collective d pend de l existence d un ieu 1 Une identit politique d pend quant elle de l existence d espace public que l on peut d finir comme l espace o a lieu o est repr sent tre devant l autre le conflit 2 1 Le pavillonnaire d finit il un ieu L habitat pavillonnaire ne flotte pas sur un terrain il est m me plut t bien ancr physiquement du fait de la demande des habitants de solidit de l habitat cf supra sur l esth tique de la solidit il a donc un impact spatial cons quent Mais qu en est il de son implantation culturelle Le lieu peut se d
68. ait d avoir un jardin les rapprochent d une mani re de vivre autonome des ruraux Mais elle reste fondamentalement urbaine du fait des modes de vie qu elle implique se d placer en voiture consommer en grandes surfaces etc Pour appr hender l habitat pavillonnaire du point de vue de la forme il me fallait un angle d attaque particulier une sorte d outil de mise en valeur Cet outil que j ai choisi est la notion de regard c Le regard construit le regard est un construit On peut en premi re analyse d finir et diff rencier regard et vue vision de l action de voir La vue est selon le dictionnaire Le Robert le sens par lequel les stimulations 6 DEZES Marie Genevi ve Nicole HAUMONT Henri RAYMOND et Antoine HAUMONT L habitat pavillonnaire L Harmattan collection Habitat et Soci t Paris 2001 p 32 2006 Rose M gard 11 L univers pavillonnaire lumineuses donnent naissance des sensations sp cifiques de lumi re couleur forme organis es en une repr sentation de l espace La vision est toujours selon la m me source la Perception du monde ext rieur par les organes de la vue m canisme physiologique par lequelles stimuli lumineux donnent naissance des sensations Ces d riv s du verbe Voir ont ainsi un sens premier tr s proche de la sensation physique du monde ext rieur que lon peut qualifier de neutre C est en quelque sorte une fonctionnalit passive du sujet
69. ale et la propri t ne peut tre qu une entrave Procurez leur des maisons qui leur appartiennent encha nez les de nouveau la gl be T et vous briserez leur force de r sistance l abaissement des salaires par les fabricants m Engels ne voit dans la politique pavillonnaire qu un palliatif aux maux de la soci t industrielle dont la bourgeoisie sous des volont s hygi nistes et int gratives cache mal l asservissement de la classe ouvri re Le discours des seconds les politiques se rattache ces valeurs pour donner un sens leur action auquel se rattacheront les citoyens du moins la majorit d entre eux comme rep re mais aussi parce qu elle les contraint Les politiques et administrateurs font en effet face un probl me concret qui se d veloppe suite la crise du logement de la fin du XIX Les classes laborieuses s entassent dans des logements insalubres qui favorisent les maladies et l immoralit Le d veloppement des moyens de transport favorise l av nement d un probl me nouveau celui de a banlieue Une politique de l habitat en lien avec les questions d hygi ne publique de moralit et dordre social est alors pr conis e Les solutions pr conis es s appuient fortement sur le diagnostic de Le Play on pense l poque que l acc s un pavillon contre l habitat collectif supprimera les tares de la vie urbaine et qu elle cr era une cat gorie interm diaire entre la b
70. angin a poursuivi par la r volution routi re les premi res voitures furent tr s t t popularis e Ford et sa Ford T dans les ann es 1910 Ces premi res formes de pavillonnaire peuvent donc s apparenter aux d buts de la soci t de 1 R GHORRA GOBIN Cynthia cit e par MANGIN David La ville franchis e Editions de La Villette Paris 2004 p 220 82 MANGIN David La ville franchis e Editions de La Villette Paris 2004 p 201 2006 Rose M gard 47 L univers pavillonnaire 83 consommation aux USA bien accueillie par la culture originaire culture du pionnier de la route de la maison isol e La forme des lotissements est tr s vari e l architecture des pavillons aussi mobile homes en bois n o colonial l est mais tout le monde a en t te les alignements de maisons avec leur larges trottoirs bord s d arbres avec les voitures gar es sur l avant ainsi que l talement urbain pouss l extr me 83 Aujourd hui pour beaucoup la ville am ricaine est un vrai labyrinthe immense P A A x S 84 circuit automobile David Mangin parle son propos de autopia maisons semblables symbole d une vie moyenne d une Am rique consommatrice moyenne Suis je d pays quand je me trouve face ces mod les M me si l habitat pavillonnaire n a pas encore acquis de v ritable visibilit en France on peut dire que ces types d habitat rel vent de la m me culture pay
71. ard Annexe 5 s rie 5 BRAYER Marie Ange La maison un mod le en qu te de fondation Consultable sur internet URL lt ww11 powerboutique net L02316 site media download extrait expo3a rtf 2006 Rose M gard 39 L univers pavillonnaire Image consulter sur la version papier au Centre de Documentation Contemporaine de l I E P de Lyon Exemple 1 Archivim 9 Image consulter sur la version papier au Centre de Documentation Contemporaine de II EP de Lyon 65 Archivim Constructeur disponible sur le site http www archivim tm f r realisations htm derni re visite le 19 juillet 2006 40 2006 Rose M gard Chapitre 1 Regard sur l univers pavillonnaire Exemple 2 La Maison Francaise y Notons que dans chacun de nos exemples le lieu n est pas pr cis ce qui renforce ce caract re illusoire du r ve possible De m me la maison est pr sent e isolement sans environnement proche Cela pourrait tre partout un lieu utopique lieu qui par d finition n existe pas Autre caract ristique l absence d humains dans l image et dans la r alit Il est en effet tr s rare de faire des rencontres dans ces quartiers les habitants circulant le plus souvent en voiture ou restant chez eux et cela renforce cette id e de d cor de cette pure artificialit Le promeneur y a une impression trange qui n est certes pas ressentie toutes les p riodes du jour et de l ann e que
72. asse moyenne d un bonheur fondu dans l accession du plus grand nombre la petite propri t De m me la fondation BMW a r alis une enqu te aupr s d enfants de 8 12 ans dont les dessins ont confort les attentes d espaces verts et de convivialit exprim es par leurs parents 9 1 les l ments r currents taient des maisons individuelles conform ment au r ve Frangais du pavillon int grant la naturalit et la pratique d activit s communes En 1928 Paul Reynaud d crit le but qu avaient poursuivi avant lui les catholiques sociaux via une politique pavillonnaire Vous ne parlez que de logements vous ne 51 Fondation BMW Minist re de l Am nagement du Territoire de l Equipement et des Transports et Minist re de la Culture Programme du concours d architecture 1995 1996 La maison individuelle p 18 34 2006 Rose M gard Chapitre 1 Regard sur l univers pavillonnaire pr voyez pas un coin de verdure o la jeune m re puisse allaiter son enfant et o les enfants puissent s battre Nous parlons sans cesse des progr s de la d mocratie mais le premier des progr s de la d mocratie consisterait permettre ces populations de s panouir de respirer en un mot leur donner du bonheur On rep re dans cette phrase de Reynaud deux l ments essentiels de l utopie pavillonnaire fondatrice de ce type d habitat que nous allons analyser le jardin et la famille C Les l me
73. avec le monde social ext rieur 1 C est un code tr s particulier que nous offre ici la ville c est celle de sa propre n gation N gation en effet de ce qui fait lien entre les individus ici pas de place personne au balcon pas de commerce Une atmosph re de pr sence invisible En fait le seul espace vraiment partag donc public est e regard int rieur la fen tre interne la t l vision C est apr s tout le r le originaire du m dia que de faire exister l espace public mais peut il exister dans une stricte immat rialit B La traduction spatiale de cette n gation Cette n gation de la confrontation a une traduction spatiale Les lotissements pavillonnaires sont de vrais labyrinthes qui repoussent le simple passant perdent le visiteur ali nent l habitant Nous tudierons ainsi trois figures paysag res r currentes dans le lotissement pavillonnaire qui illustre cette incoh rence 130 LAMIZET Bernard Les lieux de la communication Edition Mardaga collection Philosophie et Langage Li ges 1992 p 281 131 LEVY Jacques Pr face in PINSON Daniel et Sandra THOMANN La maison en ses territoires De la villa la ville diffuse L Harmattan Collection Ville et Entreprise Paris 2001 p 5 2006 Rose M gard 65 L univers pavillonnaire Image consulter sur la version papier au Centre de Documentation Contemporaine de l I E P de Lyon Tout d abord la voie sans issue C es
74. bitat sur sa forme jug e normale Quelle place prend la notion d esth tique dans le pavillon La possibilit d embellir c est la chance d avoir un logement autonome et donc un habitant autonome On a ici un fort contraste avec le logement collectif o le logement est souvent v cu comme un cadre d imposition le couloir est trop proche le balcon trop petit on a aucune visibilit La recherche de l esth tique si elle poss de une dimension proprement personnelle originalit de la construction d un regard singulier r sulte surtout d un processus d int gration du regard de l autre Quand on acquiert un pavillon c est avec une id e de ce que lon souhaite y voir mais aussi la mani re dont lon souhaite tre vu Le pavillon rel ve d un travail incontestable sur la forme rien d tonnant ce que pour beaucoup d architectes il rel ve de Ta architecture objet On peut d duire de cette expression deux choses d une part le fait que nous sommes face une architecture assez fig e d autre part que le pavillon devient lui m me objet donc sujet d un embellissement Ainsi on peut tablir une diff renciation entre l esth tique g n rale du pavillon savoir l architecture et la petite esth tique celle de l habitant sa touche personnelle Nous chercherons mettre en relation cette notion d esth tique avec la notion de patrimoine auquel nous donnerons deux nuances le patrimoine singulier celui de l
75. ce Le Grand Larousse Illustr Editions Larousse Paris 2005 Article patrimoine 2006 Rose M gard 73 L univers pavillonnaire nos yeux et d histoire nos m moires En quoi cette question du patrimoine est elle essentielle en mati re d habitat Pendant longtemps en France l acquisition d une maison correspondait l acquisition d un patrimoine pour la famille c est dire une sorte de plus value sur les g n rations notamment parce que la possession de territoire tait synonyme de richesse mat rielle et de domination sociale Aujourd hui cette signification de la propri t de la terre s est largement estomp e mais la signification de la maison comme patrimoine perdure Ainsi selon l INSEE 80 du patrimoine immobilier national appartient des m nages le logement est le bien le plus populaire et le plus r pandu des m nages francais M5 En effet il semble qu en r action l acc l ration de la vie communications mobilit s s est d velopp le besoin de prise sur le pass histoire m moire et tant au niveau individuel que collectif Ainsi un niveau plus politique cette notion de patrimoine a connu ces derni res ann es un franc succ s Comme nous l avons d j remarqu pr c demment sur les questions de paysage le Patrimoine est devenu un bien collectif en g n ral connot tr s positivement Le go t pour l histoire ses vestiges ont certes une grande influence sur
76. ce d autant plus difficile pour elle qu elle n a que peu d exp rience dans lam nagement de l espace et l urbanisme se contentant de suivre les modes du mobilier urbain Marc Aug d crit son tour cette volution tr s ironiquement dans son ouvrage sur les non lieux travers la prolif ration des panneaux indicateurs L exc s de modernit est dans l exc s d information on ne voit plus rien on n a plus temps il faut courir au plus press Tout comme dans l habitat pavillonnaire cf supra sur le mode de vie pavillonnaire la signal tique nous permet d viter ces espaces ou il n y a rien voir de se diriger directement vers un objet lieu Tout est indiqu nous ne sommes plus guid naturellement on n y voit plus rien centre ville zone industrielle Eglise du XII si cle lotissement Les M riers Mairie La forme a perdu toute pertinence rien n est plus assez vident Marc Aug soul ve une ambiguit en soulignant notre go t pour le b timent historique et notre pratique croissante de ce qui s en loigne le plus autoroute 88 MANGIN David La ville franchisee Editions de La Villette Paris 2004 pp 165 192 ud LAHOUGUE Jean Lettre au maire de mon village Editions Champs Vallon collection L Esprit libre Seyssel 2004 p 5 26 2006 Rose M gard 49 L univers pavillonnaire supermarch s Le monument dat est revendiqu comme une preuve d authenticit qui doit de so
77. ce regard et se donne regarder lire elle traduit un sens Elle donne lire le dessus le dessous l c t l ext rieur et l int rieur le devant et le derri re le visible et le cach Ainsi on peut tablir un lien fort entre regard et construction le regard construit Mais il est aussi lui m me un construit Chez les Grecs dans l Antiquit lId e est la forme ce qui est vu D ailleurs eidos id e est le participe pass de orao voir Ainsi on peut dire que le regard est un interm diaire entre le sujet et l objet et que l un et l autre s interp n tre au moyen du regard Une partie de ce qui fonde le regard sont l id e et l exp rience humaine vis vis des autres comme des choses Le regard est ce qui fonde l intersubjectivit Son regard saisit un instant celui d O Brien O Brien s tait lev Il avait enlev ses lunettes et de son geste caract ristique il les rajustait sur son nez Mais il y eut une fraction de seconde pendant laquelle leurs yeux se rencontr rent et dans ce laps de temps Winston sut il en eut l absolue certitude qu O Brien pensait la m me chose que lui George Orwell Le regard est ce qui prouve que l tre est Regardez cet homme ses yeux sont ouverts mais son regard est vide En fait le regard est souvent d crit avec des notions de spatialit le regard se pose le regard est vide il est absent il est fixe mais aussi il parcourt explore suit Le rega
78. cours de l histoire fait l objet d un discours sur deux registres diff rents le social ce qui est relatif au rapport entre les classes ou groupes de la soci t et le moral qui concerne les moeurs les habitudes et surtout les r gles de conduites admises et pratiqu es dans une soci t Dans notre cas deux symboliques s affrontent celle de l habitat collectif et celle de l habitat pavillonnaire incarn par sa forme moderne le pavillon A partir des regards que des politiques architectes urbanistes ont port sur l habitat la mani re et les raisons d en choisir un type plut t qu un autre on peut d finir les fantasmes collectifs sur l habitat collectif et sur l habitat pavillonnaire J envisagerai trois p riodes qui constituent trois m moires distinctes francaises de l habitat pavillonnaire le XIX si cle qui cherche une r ponse au d sordre social 1 le d but du XX si cle marqu par un d sordre spatial et des t tonnements urbanistique entre logement individuel et logement collectif 2 pour finir sur la p riode r cente qui cherche l individuel dans le collectif 3 1 Les d buts d une politique pavillonnaire autour du d sordre social XIX si cle Au XIX si cle l habitat pavillonnaire est pr conis comme rem de social face notamment la r volution industrielle et ses cons quences L habitat suit donc une volution conomique sociale culture majeure dont l
79. d sur le sujet dans les ann es 1968 69 puis r actualis e dans les ann es 1990 L habitat pavillonnaire d Henri Raymond Nicole Haumont Marie Genevi ve Dez s et Antoine Haumont N ayant pu faire de collecte de discours moi m me dans les zones que j ai souhait tudier il sera donc beaucoup fait r f rence leur tude dans mon travail J ai choisi donc d tablir un croisement de sources entre ma propre appr hension de l espace pavillonnaire et ce qui pouvait lui donner sens ouvrages d urbanisme de sociologie de philosophie documents publicitaires documents d urbanisme etc La posture que j ai donc choisi d endosser est celle du promeneur de lobservateur et de consid r le pavillon comme une forme tudier C est un rapport l objet distanci dont l outil est le regard C est pourquoi j ai r alis plusieurs s ries de photographies fruit de mes passages all es et venues dans ces espaces pavillonnaires de Ch tillon sur Chalaronne parfois le moment tait mal venu ma pr sence tait ressentie comme une g ne parfois on ne voit pas tout de suite o se situe v ritablement le probl me le noeud de compr hension Cette posture de l observateur a t renforc e au cours des deux jours de rencontre au Couvent de la Tourette sur le th me Regard Espace Architecture qui m a confort dans l id e que c est la forme pavillonnaire qui importe en premier lieu et pas l intention des acte
80. d Larousse illustr volume 3 Larousse 2005 article perspective 13 BOSSE Abraham Le peintre converti aux pr cises et universelles r gles de son art Paris 1637 cit par DAMISCH Hubert l origine de la perspective Flammarion Collection Champs Paris 1993 14 2006 Rose M gard Introduction Quel rapport avec l habitat pavillonnaire C est que la perspective est la base de notre perception de l habitat Depuis l poque de l invention de la perspective XV des images entrent en r sonance du point de vue de la forme avec les espaces que construit l habitat pavillonnaire On peut penser par exemple aux formes g om triques et aux quilibres des villas palladiennes Image consulter sur la version papier au Centre de Documentation Contemporaine de l I E P de Lyon Andrea Palladio Villa Rotonda Nous chercherons donc comprendre comment la notion de regard nous aide saisir une possible identit pavillonnaire que ce soit un niveau singulier ou collectif avec l id e que toute habitation est le produit de celui ou celle que la regarde Nous appr henderons cette probl matique de l identit dans une double optique au sens propre un regard sur ext rieur au pavillonnaire Chapitre 1 puis un regard dans plus intime mais aussi plus impliqu dans le pavillonnaire Chapitre 2 2006 Rose M gard 15 L univers pavillonnaire 16 2006 Rose M gard Chapitre 1
81. de Thomas More C est le cas des colonies qu ont souhait cr er l Anglais Robert Owen qui cr a New Harmony en 1825 dans l tat de Indiana aux Etats Unis alors territoire de tous les possibles du Francais Etienne Cabet qui fonda dans l tat du Texas aux Etats Unis en 1848 la R publique Icarienne enfin du Francais Charles Fourier dont les Phalanst res sont les mieux connus Toutes ces exp riences du d but du XIX connurent des checs mais marqu rent les esprits notamment dans l id e que le logement puisse changer les structures de la soci t Des id es qui sont aujourd hui bien loin des pr occupations de promoteurs et des habitants pour qui la seule communaut qui semble compter est la communaut familiale et encore r duite son l ment minimum la famille nucl aire pour conc der au langage de notre poque B l id al d une soci t pacifi e Apr s les checs de ces utopies le pavillon est devenu l image d un bonheur personnel Il a m me pendant longtemps et est toujours assimil un caract re national le bonheur du Fran ais est li la possession d un chez soi accession un bien qui conduit une stabilit nationale En banlieue comme partout en France chacun vit pour soi surtout en pavillon ou Le r ve du Francais c est tout de m me son petit pavillon Le d veloppement du pavillonnaire c est la vision d une soci t de cl
82. des les louer ou de les vendre des personne n tant propri taire d aucune maison notamment des ouvriers ou des employ s vivant principalement de leur travail ou leur salaires soit par les int ress s eux m mes pour leur usage personnel Il est int ressant de constater que la promotion de l habitat individuel est en lien avec des consid rations sociales Il ne faut donc pas chercher sa contestation dans des th ories socialistes qui condamneraient l attitude bourgeoise individualiste de ses habitants 2 Le d sordre spatial le renouveau de la question pavillonnaire XX si cle Cependant cette politique de logement social se r v le insuffisante et on voit apparaitre une expansion du pavillonnaire de mani re compl tement anarchique par le march libre Ainsi dans les ann es 1920 des lotisseurs sp culateurs priv s ach tent des parcelles de terrain 400 500 m2 et pr voient que les terrains nus puissent tre vendus non pas au comptant mais par tapes pour favoriser l achat de ceux ci par des acheteurs peu dot s Ce d veloppement s effectue sans qu aucune contrainte ne leur soit impos e On voit alors apparaitre ce que l on a appel le mouvement des mal lotis ou des lotissements Des centaines de petits acc dants ouvriers employ s d sirent quitter un logement lou au centre pour s tablir en banlieue Ce mouvement totalement impr vu cr e des hectares en banlieue parisienne ou l
83. e Nicole HAUMONT Henri RAYMOND et Antoine HAUMONT L habitat pavillonnaire L Harmattan collection Habitat et Soci t Paris 2001 p 68 153 DEZES Marie Genevi ve Nicole HAUMONT Henri RAYMOND et Antoine HAUMONT bid p 68 154 DEZES Marie Genevi ve Nicole HAUMONT Henri RAYMOND et Antoine HAUMONT bid p 66 5 Photographie Rose M gard Annexe 5 s rie 6 2006 Rose M gard 77 L univers pavillonnaire le rose saumon des tons pierres qui font encore une fois r f rence une valeur patrimoniale Il en est de m me pour les volets Ces volets dont la forme varie assez peu en bois souvrant en battant que lon peint pour bien les marquer de la facade du pavillon De la m me fa on les all es et les entr es de porte sont souvent marqu es par des luminaires o l encore la fantaisie des habitants puise souvent la capacit de cr ation des chaines d quipement 156 Le pavillon et ses choses On tale aussi en ext rieur la diversit de son usage des espaces jardins tables en plastiques pour manger dehors paniers de basket pour les enfants chaises longues barbecue ou l encore la logique de d monstration de la solidit l emporte sur la praticit du portatif etc tout un talage de ce que la consommation domestique du loisir peut offrir L exemple le plus connu et m me reconnu d rnementation jardini re est celui des nains de jardins petits artisans d un p
84. e une France neuve qui ne ressemble donc pas la France des ann es 1930 ou fleurissait le pavillonnaire sauvage 2 y LE CORBUSIER La Charte d Athenes suivi de Entretien avec les tudiants des coles d Architecture Edition Seuil collection Point Paris 2003 p 43 45 2 LE CORBUSIER Ibid p 46 LE CORBUSIER Ibid p 96 et 97 2006 Rose M gard 25 L univers pavillonnaire Cependant l entassement de population dans des logements collectifs effraient les politiques qui percoivent le risque de contestation voire d explosion Cette peur se conjugue avec les envies des Frangais qui l augmentation du niveau de vie et des techniques aidant souhaitent de plus en plus habiter une maison individuelle C est le retour en gr ce du pavillon 3 Faire du collectif individuel ann es 60 ou le renouveau de la question pavillonnaire enjeux architecturaux urbanistiques conomiques et sociaux Le retour d une politique pavillonnaire encadr e cette fois est d une conjonction de facteurs la naissance d une g n ration de cadre la baisse des co ts de production l influence am ricaine la consommation de masse naissance de l lectrom nager la voiture se r pand rapidement etc Dans les ann es 1960 66 des Francais ont la volont d acc der la propri t d une maison individuelle Au niveau de l Etat pourtant l id ologie de la Charte d Ath nes est encore tr s pr gnante chez
85. e M gard Annexe 5 s rie 4 et 6 182 ROUSSEAU Jean Jacques Discours sur l origine et les fondements de l in galit parmi les homes Classiques de la philosophie Le livre de Poche Paris 1996 p 107 90 2006 Rose M gard Chapitre 2 Regard dans l univers pavillonnaire Si celui qui regarde n est jamais discret c est que dans une vision astreinte la regle de la perspective il est toujours voyeur La perspective si elle chose scabreuse comme on le lit dans Filar te ce n est pas seulement qu elle soit au regard de l intellect et comme peut l tre une surface pleine d asp rit s c est d abord qu elle en appelle dans le sujet la pulsion scopique et qu elle pr tend le r duire la fonction et au statut de t moin sinon encore une fois de voyeur Le pavillonnaire par ses jeux de volumes de vides et de pleins de murs et de fen tres d ouvert et de ferm de devant et de derri re se donne voir Le risque que repr sente l habitat pavillonnaire pour l espace urbain comme pour l espace rural est celui d un ph nom ne de s gr gation La cl ture du pavillonnaire peut donc tre un danger pour l urbanit Nous envisagerons la cl ture suivant qu elle soit dans l habitat pavillonnaire sous entendu qu elle ceint un logement 1 ou qu elle soit autour elle ceint l ensemble pavillonnaire 2 1 Cl turer le pavillon un chec On peut donner plusieurs fonction
86. e intra pavillonnaire La structure circulaire est un moyen de circulation plus subtile mais qui a le m me effet que le giratoire Elle permet l encore gr ce au sens unique de ne pas croiser les regards de habitants Pour sortir faites le tour vous retomberez sur vos pas Le lotisseur isole un p t de maisons central qu il ceint d un espace goudronn qui permet la distribution d autres pavillons en face Et le four est jou 66 2006 Rose M gard Chapitre 1 Regard sur l univers pavillonnaire E z S 132 Giratoires pavillonnaires Enfin lal atoire du parcellaire Un moyen de d sorganiser la confrontation est l organisation des pavillons sur les parcelles Les maisons sont pos es de mani re al atoire selon le choix de l habitant qui dispose de l organisation de sa parcelle Comme il y a autant d envies que de pavillonnaire d orientation que de pavillon on vit rarement strictement en face pas de voisins imm diat Quand on sort de chez soi peu de chance de croiser ne serait ce que par le regard celui qui fait de m me de l autre c t L espace pavillonnaire est donc fondamentalement un espace do la parole publique est absente 132 Photographie Rose M gard Annexe 5 s ries 1 et 5 2006 Rose M gard 67 L univers pavillonnaire 68 2006 Rose M gard Chapitre 2 Regard dans l univers pavillonnaire Chapitre 2 Regard dans l univers pavillonnaire Tout la f
87. e lieu peut tre plus mat riellement signifi ainsi en est il des cabanes jardin qui prennent souvent l allure d abri en bois pr sence d un l ment naturel solide et ph m re ainsi en est il aussi des cabanes pour enfants 43 FRONT REAULX DE Dominique R alit s et mythes de la cabane dans l histoire de l architecture de 1750 1930 extraits d une conf rence l institut Fran ais d Architecture 13 mars 2002 en ligne consult le 30 07 2006 Consultable sur internet URL http www artsculture education fr RegardsPremiers archi 2a htm 44 Photographies Rose M gard Annexe 5 s rie 4 et 5 2006 Rose M gard 31 L univers pavillonnaire B Habiter sa vie La maison est entour e en France d un imaginaire singulier tr s fort elle est v cue sur le mode du futur On peut m me dire qu elle porte l avenir de celui qui va l habiter ou l habite Le pavillon est bel et bien confondu dans l imaginaire singulier avec le r ve de la maison Maison qui sert de premier lieu d analyse Gaston Bachelard pour illustrer la notion d imaginaire po tique 2 ll y a un sens prendre la maison comme instrument d analyse pour l me humaine Aid s par cet instrument ne retrouverons nous en nous m mes en r vant dans notre simple maison des r conforts de grotte Non seulement nos souvenirs mais nos oublis sont log s Notre inconscient est log Notre
88. e serait ce pas la duret des nouvelles conditions de la soci t industrielle violence du travail des humains des paysages qui pousse les tres humains r ver Cette nouvelle soci t o tout semble accessible ne lui offre t elle pas la possibilit de voir ses r ves r alis s gr ce au progr s la libert Le r ve pavillonnaire est composite J en analyserai deux l ments tout d abord le pavillon est un habitat pour l homme d un point de vue spatial c est le mythe de la cabane A ensuite le pavillon est un habitat pour l homme d un point de vue temporel c est l id e que l on construit sa vie dans le pavillon B A Le mythe de la cabane Le mythe de la cabane est souvent pr sent comme le d but d une histoire de l architecture et notamment de la maison La cabane abri primitif construit par l homme l tat de nature permet de s abriter des l ments et surtout d abriter la famille autour du foyer Cette id e connut un grand succ s au XVIII si cle alors que se propagent les id es de Rousseau quelle est l acuit de ce mythe pour comprendre l habitat pavillonnaire C est encore une fois le r ve mais le r ve primitif celui de l enfant qui construit lui m me au coeur de son environnement une sph re d intimit S On peut ainsi d gager deux l ments qui nous int ressent pour le pavillon d une part l id e d autonomie que porte le pavillon pour beaucoup d habitant
89. egard sur l univers pavillonnaire ville Les banlieues sont des descendantes d g n r es des faubourgs L re du machinisme est caract ris par la banlieue terrain sans trac d fini ou se d versent tous les r sidus o se risquent toutes les La tentatives o s installent souvent les artisanats les plus modestes avec des industries jug es a priori provisoire dont certaines conna tront un accroissement gigantesque La banlieue est le symbole la fois du d chet et de la tentative C est une sorte d cume battant les murs de la ville Au cours des XIX et XX si cles cette cume est devenue mar e puis inondation Elle a s rieusement compromis le destin de la cit et ses possibilit s de cro tre selon une r gle Si ge d une population ind cise vou e de nombreuses miseres bouillon de culture des r voltes la banlieue est souvent dix fois cent fois plus tendue que la ville De cette banlieue ou la fonction distance temps pose une lourde question qui demeure sans r ponse certains cherchent faire des cit s jardins Paradis illusoire solution irrationnelle Proposition 22 Les banlieues ne sont souvent qu une agglom ration de baraques ou la viabilit indispensable est difficilement rentable Sa laideur et sa tristesse sont la honte de la ville qu elle entoure Sa misere qui oblige gaspiller les deniers publics sans le contrepoids de ressources fiscales suffisantes est une charge c
90. egistr les volutions sociologiques mancipation de la femme en premi re ligne Elle se caract rise par une libert de ses membres qui ne remplissent plus n cessairement leur fonction sociale traditionnelle pas de hi rarchie la femme n est pas dans la cuisine C est l mergence d un moi multiple l individu moderne est plus changeant et la maison n est plus une barri re 3 Maison Ph nix Annexe 1 4 Maison Ph nix Annexe 1 36 2006 Rose M gard Chapitre 1 Regard sur l univers pavillonnaire ces changements Spatialement on peut noter des transformations la cuisine est int gr e ouverte ou en lien avec le salon et les pi ces de plus en plus multifonctionnel SCH L espace du quotidien comme la soci t n est plus autant fig Mais la maison reste un cadre le dernier pour cette cellule familiale clat e Titre 2 La cr ation d une image pavillonnaire Face l habitat ou l habitant pavillonnaire quelles images ceux ci nous renvoient ils Nous int resserons ici la production d images d abord proprement paysag res section 1 puis d images en termes de mode de vie section 2 pour enfin s interroger sur la possibilit d une identit collective ou m me politique unifi e section 3 Section 1 La cr ation d un paysage du ciel et de la terre J ai pass au cours de mon enfance toutes mes vacances Hachimette petit village mi chemi
91. emi urbain pourtour proche des agglom rations Comment le regard fonctionne t il dans cette bulle Nous l avons vu il en est la base constitutive Mais le regard singulier produit et reproduit l espace de cette bulle Le regard singulier s exerce de diff rentes mani res sur le centre de la bulle le pavillon sur l ensemble de la bulle jardins ses fronti res ventuelles cl tures portails voire trottoir proche et les bulles voisines En revanche il ne porte que rarement un regard ext rieur sur l ensemble de bulles en relation avec son environnement ville ou campagne On suppose que l habitant pavillonnaire se pose peu de questions sur l int gration de son habitat avec l ext rieur son existence est un donn o le sujet n a que peu de prise D ailleurs il a bien souvent faire un constructeur pour sa r alisation Nous sommes dans une dimension o l architecture se traverse Le rapport l homme son corps pose bien la question de ses d sirs de ses angoisses Dans l habitat cela correspond principalement la question de la mobilit et de l engagement c est la mobilit au sein de l espace pavillonnaire les circulations qui peuvent s y op rer entre les habitants eux m mes ou avec leurs voisins L engagement d finit un rapport entre le pavillon et son habitant sur quelle temporalit s tablit la relation entre le pavillon et l homme pavillonnaire Quelle la traduction spatiale et symbolique de c
92. enregistr cette demande de logement individuel leur offre se diversifie cf supra sur l id ologie pavillonnaire L tude de la fondation BMW montre que la sph re d intimit n est plus vue comme une bulle imperm able que les gens sont en demande d une sociabilit certes limit e mais pr sente Une tendance plus ou moins forte chez les uns et les autres mais clairement dessin e du d passement de l intimit avant tout du moi forcen La notion de bulle d intimit a volu Elle est la fois moins cantonn e des pi ces particuli res et davantage en capillarit avec l ext rieur C est une bulle poreuse Nous passons d une notion d intimit totale et excluante une notion d intimit suffisante et connect e Ils ne veulent pas tre totalement coup s des autres sans pour autant tre en exhibition permanente C est un jeu du moi nous La bulle d intimit est poreuse vis vis de l ext rieur Ce type de relation id ale passe par une fonction tr s importante la fonction SAS qui permet une transition entre l int rieur et l ext rieur entre l intimit et la convivialit Dans ce cadre l habitat pavillonnaire plus ou moins long terme va devoir voluer pour r pondre cette demande en gestation Il ne serait pas tonnant qu en milieu rural l image se d place de la maison isol e la maison communautaire ou en copropri t en bref avec des voisins p
93. ent sociale D L extension de l espace coupl e un espacement des concentrations d habitations on n y voit rien 73 Photographie Rose M gard Annexe 5 s rie 4 74 NORBERG SCHULZ Christian Genius Loci paysage ambiance architecture Editions Pierre Mardaga Li ge 3 dition 1997 p 194 2006 Rose M gard 43 L univers pavillonnaire Coucher de soleil hivernal sur un lotissement au lieu dit La Montagne 75 Ce qui caract rise ind niablement l habitat pavillonnaire est une d densification de l espace urbain Cela a un effet incontestable sur la lisibilit de l espace La ville l europ enne est en g n ral construite sur un mod le centralis avec une concentration forte des habitations Le village une taille certes plus r duite reproduit ce mod le Ainsi la ville ou le village a une signification paysag re c est une activit humaine qu elle soit conomique sociale culturelle d une particuli re intensit traduite dans une concentration urbaine elle m me particuli re autour d un centre A un autre extr me la ferme b timent isol dans un vide rural est aussi tr s lisible figurant l habitat le travail et une grande partie du reste de la vie sociale Cette baisse des concentrations a largement t d crite au travers de Tea urban sprawl 76 am ricaine Marc Aug 77 fait de l exc s d espace une des manifestations de la a surmodernit qui rentre
94. entielle de l habitant moderne La double signification du terme m nage est d ailleurs de ce point de vue int ressante le m nage c est en effet une mani re de d signer l ensemble des membres du pavillon une famille mais c est aussi tout ce qui touche l entretien de ce pavillon En bref comme le d signe Le Robert une communaut domestique K Ces notions de propret et de salet nous sont largement transmises par le regard ext rieur notamment celui de la publicit L univers pr sent par les promotions la t l vision ou sur panneaux nous conditionne reproduire cette diff renciation Dans ce cadre l avantage du pavillon en comparaison du logement collectif est qu il offre une diversit d espaces L homme pavillonnaire va organiser son espace et son mode de vie travers l entretien autour de cette dissociation entre les espaces du sale buanderie garage du propre les espaces de vie en collectivit salon cuisine chambres et les espaces de transition notamment l entr e l all e le jardin La Fondation BMW dans son tude souligne aussi l importance de cette dissociation des espaces lls notent que la demande d un emplacement o puisse prendre place le d sordre personnel est le signe d une volution des modes de vie qui accordent de plus en plus d importance au d veloppement de l identit personnelle s Le rangement et le nettoyage sont une des interventions les
95. estin la d tente De m me la chambre est le lieu du soi la fois lieu de contrainte car la position de la chambre d finit un rapport la famille et de construction du sujet Les mots d finissent un certain rapport entre les lieux et les choses de la maison H Raymond montre ainsi comment nous sommes amen s faire une diff renciation entre les choses et les affaires apprendre ce qui doit tre sa place est une bauche d une structuration de l espace Ainsi l ducation de l espace chez l enfant tient compte de cette opposition entre les affaires et les objets Ainsi lorsqu on dit l enfant va ranger tes affaires on lui apprend assigner l espace des valeurs d termin es Le premier coin de l enfant c est son berceau puis son lit ou il h berge le plus souvent ses affaires Les choses d signe un espace collectif c est ce qu on peut se montrer entre soi voire ce quon peut montrer au voisin ou au visiteur les affaires l inverse d signent l espace de marquage propre aux individus qui composent s par s le m nage en pavillon 3 La normalisation pavillonnaire On observe en effet qu une sorte de mim tisme de comportement de pratique se d veloppe au sein du lotissement pavillonnaire H Raymond pour reprendre un diagnostic plus sociologique parle l gard du pavillonnaire d institution Quand on consid re le lotissement pavi
96. et engagement temporel Habiter ne veut pas forc ment dire avoir trouv son espace Habiter est faire sien un espace o s arr te l architecte le constructeur le lotisseur O se situe la libert de l habitant dont le d sir n est pas formul Car la civilisation urbaine est aussi une civilisation de la sp cialisation l homme ne construit plus son habitat Un quilibre est trouver entre ces deux d sirs qui tablissent une architecture du possible Nous sommes encore face un contexte particulier du point de vue du regard Le regard est individuel lorigine si l on peut employer un tel mot concernant le regard Nous situerons le regard originaire avant l apparition des moyens de communication il est d fini par la relation simple de l humain la r alit Aujourd hui le regard est partout nous sommes port s la fois nous en prot gerer et nous y exposer symbole pour Alain Ehrenberg du nouvel individualisme Le nouvel individualisme signale moins un repli g n ralis sur la vie priv e que la mont e de la norme d autonomie L inflation de la vie priv e ne doit donc pas tre comprise comme un talage narcissique c est un piph nomene elle est ce que devient la vie priv e quand elle se mod le sur la vie publique un espace ou l on communique pour n gocier et aboutir des compromis au lieu de commander et d ob ir Privatisation de la vie publique et publicisati
97. etit paradis Les images sont des transferts le pavillon rec le l id e d une petite maison ou petite villa c est une sorte de mise en abyme d une vie ais e L encore les habitants du jardin sont une repr sentation miniaturis e d une vie de jardin suppos e Le devant de la maison est bien un espace de transition entre le chez soi et l espace collectif C est pourquoi la cible de lornementation reste assez peu d finie entre le pour soi et le pour l Autre Ainsi cet habitant cit dans l ouvrage L habitat pavillonnaire 187 Si on me les casse mes biches et ben j en mettrai plus parce que c est agr able pour moi et peut tre pour les gens qui passent c est pas sp cialement pour moi ca donne un attrait au pays voyez et bien si on me les casse et bien j en rach terais plus Je resterais sans biches qu est ce que vous voulez Le devant de la maison ce sont des objets mais c est aussi une partie du jardin E R 158 Jardins pavillonnaires 156 Photographie Rose M gard Annexe 5 s rie 6 157 DEZES Marie Genevi ve Nicole HAUMONT Henri RAYMOND et Antoine HAUMONT L habitat pavillonnaire L Harmattan collection Habitat et Soci t Paris 2001 78 2006 Rose M gard Chapitre 2 Regard dans l univers pavillonnaire Il semble que la culture du jardin soit v cue comme une valeur ajout e pour le pavillonnaire Rares en effet sont les habitants qui cultivent
98. eut tre choisis Un travail sur les relations les connexions entre habitat peut tre travers un travail sur cette notion de cl ture la s paration entre sa symbolique et son utilit sur sa mat rialit pourrait augurer de cette volution Car l habitat pavillonnaire devient excessif l image des lotissements La Montagne POT s 195 A Ch tillon sur Chalaronne Les maisons sont mal orient es sans fen tres sur la rue avec un visage de parc immobilier On touche une sorte de limite dans le pastiche de l habitat 3 tre et temps de l individu dans l espace pavillonnaire Le pavillon peut il incarner la permanence qu incarnait la maison au XIX et au d but du XX si cle L individu est mouvant durant sa vie il est de moins en moins rattach un lieu Vouloir quelque part incarc rer un individu dans une prison d individualisme et de conservatisme n est ce pas un leurre Le danger est une souffrance morale venir pour toute une partie de la soci t Cette forme de forclusion se ressent sur beaucoup de 193 Fondation BMW Minist re de l Am nagement du Territoire de l Equipement et des Transports et Minist re de la Culture Programme du concours d architecture 1995 1996 La maison individuelle p 24 193 Fondation BMW Ibid p 26 195 Car achet es sur plan type sur image et qui ne correspond pas forc ment au terrain entr e orientation des pi ces position des fen tres
99. formes d habitat coexistent et chaque bulle d habitat est associ un A 138 TEES paysage sch mas 3 4 et 4 bis Ces bulles fonctionnent par associations mentales Le pavillon est une simplification de ce que nous percevons comme le mode de vie normal des Frangais tout en ayant l avantage de laisser une part d autonomie de choix d am nagement La maison minimale dispose d un toit souvent en pente et en tuile de pays norme souvent cautionn e par les b timents de France recommand e par les mairies aux lotisseurs et constructeurs de fen tres rectangulaires avec des volets 135 Le Grand Larousse lllustr Larousse Paris 2004 Article syst me 36 BRAYER Marie Ange La maison un mod le en qu te de fondation en ligne 28 pages consult le 07 08 2006 Consultable sur internet URL http ww11 powerboutique net LO2316 site media download extrait expo3a rtf 137 Photographie Rose M gard Annexe 5 series 1 et 3 138 Annexe 4 70 2006 Rose M gard Chapitre 2 Regard dans l univers pavillonnaire d un garage juxtapos etc On voit d ailleurs que ce mod le est la combinaison d l ments techniques anciens principalement le toit et surtout modernes Cette maison minimale correspond un ensemble plus large de bulles encastr es Ainsi le type maison pavillonnaire est assimil la maison individuelle suppos e adapt e au contexte rural semi rural autour de village ou s
100. fort Une fois les enfants partis les lotissements perdent de leur vie et donc de leur qualit de vie Il repr sente donc bien un des lieux de l individualisme dans son sens populaire l exc s de l individu autonome une tendance ne vivre que pour soi s L individualisme est en effet ce qui caract rise pour beaucoup la soci t contemporaine expression simplificatrice au possible voire d nu e de sens Du moins le terme est il tr s r pandu Marc Aug en fait un des trois exc s de la surmodernit 12 L individu pour lui se veut chelle de toute chose l individu indiff renci est l outil de l galit de la libert De m me pour Henri Gaudin a plupart des banlieues manque de lieux d change l architecture y refl te l individualisme dominant chacun dans son pavillon cultivant son jardin lavant sa voiture 5 Olivier Mangin quant lui utilise l expression a ville de l entre soi pour d signer cette volution de la ville contemporaine vers l individualisation Jacques Levy dans la pr face de La maison en ses territoires d crit travers le ph nom ne de la p riurbanisation la fin de homme habitant assign r sidence qui habite d sormais l espace en tant qu individu d Mais le pavillon traduit peut tre de mani re primaire cette tendance en ce qu il concerne un des aspects de la vie la fois le plus primordial et le moins vis
101. ginaire trouve rarement une traduction compl te dans le r el mais guide notre action notre 37 GAUDIN Henri bid pp 83 et 84 38 GAUDIN Henri bid pp 84 et 85 39 SCHERRER Frank et Emmanuelle BONERANDI Entre ville et campagne un nouvel espace de vie Sciences Humaines Hors s rie 2005 n 50 p 26 et 27 0 S minaire de Bernard Lamizet l IEP de Lyon Politique culture espace public 2005 2006 s ance 1 2006 Rose M gard 29 L univers pavillonnaire engagement dans le r el L id e d utopie qui signifie tymologiquement le lieu qui n existe pas s applique assez bien l habitat pavillonnaire qui nait d abord d une image c est l imaginaire collectif positif attach l habitat individuel L imaginaire que nous comprenons ici dans sa dimension collective et singuli re est un fantasme d id e di qui ne reposent pas sur l exp rience L imaginaire est ce qui conditionne notre regard sur toute chose ce que nous allons aimer ou non ce qui va sembler nous convenir ou non J envisagerai deux cadres d analyse pour comprendre les l ments constituant l imaginaire commun populaire autour du pavillon d une part le pavillon comme r ve du singulier 1 d autre part le pavillon comme utopie collective 2 autour de la notion de bonheur 1 Le r ve pavillonnaire On ne peut s parer l imaginaire qui entoure l habitat pavillonnaire de son contexte d apparition n
102. giques de l avoir et de l tre il y a une circulation entre deux r alit s qui s influent l une l autre l tre chez soi et l avoir En somme tout se passe comme si le propri taire d une maison r alisait ce miracle utiliser la 168 AUGE Marc Non lieux Introduction une anthropologie de la surmodernit Seuil collection La librairie du XX si cle Paris 2002 p 46 169 DEZES Marie Genevi ve Nicole HAUMONT Henri RAYMOND et Antoine HAUMONT L habitat pavillonnaire L Harmattan collection Habitat et Soci t Paris 2001 84 2006 Rose M gard Chapitre 2 Regard dans l univers pavillonnaire fois une valeur d usage et une valeur d change Nous tudierons ainsi successivement les m canismes de production d un homme pavillonnaire moyen travers le marquage de l espace 1 l apprentissage des structures de l espace 2 et l homog n isation des conditions de vie ce que lon peut appeler la normalisation 3 1 Le pavillon un espace marqu Marquer son espace c est le rendre habitable pour soi C est se cr er une norme d habiter dans une structure fixe emprunter tel trajet pour sortir manger dans telle pi ce etc J tudierai successivement les traductions spatiales du sale propre A les rites de passage B et enfin les pratiques de sur marquage C A Le sale et le propre l ordre et le d sordre Le propre le rang est une notion ess
103. i m me Dans la maison on ext riorise de plus en plus son int riorit On individualise ce qui normalement appartient tous du moins plusieurs voire n appartient personne la ville Ce rapport entre espace priv et espace public est lisible La p riurbanisation les facons de vivre qu elle suppose a fait lobjet de nombreux diagnostics analyses strat gies de plus en plus critiques De fait face cette urbanisation g n ralis e urbaine et comportementale depuis plus d un si cle on assiste au d veloppement d une r flexion de th orie d actions politiques projets ou op rations en mati re d habitat d urbanisme ou de paysage qui forment des regards crois s sur cet habitat pavillonnaire L espace pavillonnaire entretient un double rapport l image il est cr par un ensemble de vue de projection un imaginaire titre 1 mais il est aussi lorigine d images qu il cr e par son expansion titre 2 16 PAQUOT Thierry Ouverture sur la civilisation urbaine Projet 1995 n 243 p 7 16 2006 Rose M gard 19 L univers pavillonnaire Titre 1 L imaginaire de l univers pavillonnaire L habitat pavillonnaire est un ph nom ne collectif il a t l objet d un discours politique volutif et s est constitu partir d images populaires fortes C est en ce sens quon peut dire que l habitat pavillonnaire est le produit section 1 et produit section 2 de l imaginaire Section
104. i susciter l int r t un cart se creuse entre le pr sent du paysage et le pass auquel il fait allusion Le rapport l histoire qui hante nos paysages est peut tre en train de s esth tiser et simultan ment de se d socialiser et de s artificialiser Mais depuis Malraux nos villes se transforment en mus es monument raval s expos s illumin s secteurs r serv s et rues pietonni res cependant que d viations autoroutes trains grande vitesse et voies rapides nous en d tournent Ch tillon sur Chalaronne rentre compl tement dans ce mod le de d veloppement Il y a une quinzaine d ann es une d viation a t construite pour permettre aux camions d viter la ville et la ville de s pargner ainsi une pollution tr s peu vendable les centres commerciaux fleurissent en m me temps que les commercants locaux se folklorisent que la ville d veloppe une industrie touristique h tels et restaurants rues pi tonnes passage du centre ville en zone trente On voit apparaitre des tudes ouvrages associations sur le patrimoine de la ville en m me temps que celui ci est mis en valeur trac au bulldozer d un chemin pi tonnier autour des remparts du ch teau qui n a plus rien de fort organisation d une cin sc nie sur le mod le du Puy du Fou narrant l histoire de Saint Vincent de Paul qui au XVII si cle comme au XX si cle sauva notre bonne ville I
105. ialis es c est dire l effacement de la s paration entre ville et campagne d passement ou effondrement des remparts diffusion des r seaux lectrifi s routiers Il s agit dans l ensemble de cr er un territoire nouveau interm diaire entre deux types jusqu alors bien s par s D espace de travail et donc de contrainte le territoire devient espace de loisir de d tente de libert Dans l esprit populaire pourtant la continuit entre leur facon d occuper l espace et celles de leurs pr d cesseurs qui sont souvent leurs anc tres est r elle une nouvelle forme de ruralit comme le montre les lotissements Ch tillon sur Chalaronne un niveau de vie lev n est pas la caract ristique premi re des nouveaux lotissements pavillonnaires ruraux Ce go t pour la nature connait un renouveau encore limit dans l habitat pavillonnaire mais certain via l int r t pour le d veloppement durable et l cologie Les jardins en question servent de transitions entre les espaces publics et les espaces priv s jardins et avenues arbor es dans la cit elle m me entour e d une ceinture agricole 52 me REYNAUD Paul D bat de la Loi Loucheur JO D bats Parlementaires Chambre 2 s ance 3 juillet 1928 cit par DEZES Marie Genevi ve La politique pavillonnaire L Harmattan Habitat et Soci t Paris 2001 p 13 2006 Rose M gard 35 L univers pavillonnaire Le jardin y est donc v cu co
106. ible m diatiquement parlant et ce d autant plus que le deuxi me penchant de cette forme d habitat est celui de la standardisation 110 H RAYMOND N HAUMONT M G DEZES A HAUMONT L habitat pavillonnaire L Harmattan collection Habitat et soci t Paris 2001 et LAURENTIN Emmanuel et V LAMENDOU La folie pavillonnaire 1965 1975 France Culture La Fabrique de l Histoire reportage radiophonique diffus le 8 10 2001 Consultable sur internet URL http w1 ens Ish fr urba 1 Dictionnaire Le Robert version interactive du portail tudiant de l Universit Lyon 2 article individualisme 112 AUG Marc Non lieux Introduction une anthropologie de la surmodernit Seuil collection La librairie du XX si cle Paris 2002 p 50 56 113 GAUDIN Henri Entretien La ville dans la maison Projet 1995 n 243 p 85 114 MANGIN David La ville franchis e Editions de La Villette Paris 2004 p 165 192 115 PINSON Daniel et Sandra THOMANN La maison en ses territories De la villa la ville diffuse L Harmattan Paris 2001 p 9 58 2006 Rose M gard Chapitre 1 Regard sur l univers pavillonnaire Ainsi la fragmentation spatiale sous le poids de la mondialisation deviendrait le symbole de la fragmentation sociale sous le poids de la standardisation Taxer le pavillonnaire d individualisme est donc bien une mani re de critiquer le mode de vie de
107. ique s attachant saisir l ensemble des pratiques d une population pour le moins trang re Il s agit justement de regarder l o il n y a ni architecture ni urbanisme l o l change et le langage n ont pas leurs droits pour comprendre les logiques d une mani re d tre au monde aujourd hui particuli re l habiter Le v ritable enjeu tait surtout de d passer l a priori litiste incarn surtout par les architectes qui affirme l aporie voire m me l absence ou le rejet d un mod le culturel C est tenter de comprendre d o vient et o va l habitat pavillonnaire Les obstacles que j ai rencontr s dans mon tude furent multiples Tout d abord l ambition d un travail de terrain proprement parler a t tr s vite limit e par les contacts que j y ai eus En effet il fut difficile de croiser des habitants car le terrain ne s y pr te pas on se prom ne rarement dans son propre quartier r sidentiel et quand il m arrivait de rencontrer une me notre rapport tait pour le moins m fiant L habitat est en effet une dimension sensible de l tre il se pr te peu aux incursions Seule et dans un temps limit je me suis surtout appuy e sur ce qui m tait accessible la forme pavillonnaire Par ailleurs le manque de sources bibliographiques sp cifiques Je me suis beaucoup appuy e sur la seule tude sociale r alis e aupr s de pavillonnaires men e par un groupe de sociologues qui ont par la suite beaucoup bro
108. it des mules en Afrique du Sud mais aussi en Am rique du Sud Ils r pondent des objectifs s curitaires s curit bien entendue mat rielle mais aussi s curit morale la certitude de ne pas tre confront l autre Cette s curit est assur e par des r gles territoriales strictes tre entre soi chacun chez soi suppose une exigence normative Ces quartiers visent une certaine homog n it sociale et spatiale Ces communaut s ont des allures tr s impressionnantes comme si lon tait retourn au Moyen ge on passe des portes et des remparts derri re lesquels on d couvre un quartier aux allures de dessins anim s en d autres termes l anti r ve francais En Floride elles accueillent des personnes g es Leisure World a 19 000 habitants dont la moyenne d ge s tablit 77 ans Mais contrairement leur objectif ces enclaves r sidentielles ont plut t tendance produire de la fragmentation sociale ad 189 Photographie rose M gard Annexe 5 s ries 5 et 7 94 2006 Rose M gard Chapitre 2 Regard dans l univers pavillonnaire Certaines villes se privatisent compl tement jusqu avoir leur propre municipalit Ce mode d habitat assez courant aux Etats Unis puisqu il s tend de plus en plus aux classes moyennes n a cours en France que de mani re anecdotique si l on met part la privatisation de certaines rues parisiennes Cette s gr gation sociale et spatiale explici
109. it invent adapt et ma tris aux fins de satisfaire ses besoins et ses aspirations les plus profonds sans sacrifier aux limitations et contraintes qu imposent toute collectivit Les architectes aussi sacrifient ce r ve rares sont les cr ateurs contemporains qui n ont pas concu leur maison Par ailleurs les sp cialistes de l am nagement urbain tout comme ceux de l environnement d noncent r guli rement l impact souvent d sastreux de maisons individuelles mal con ues et dont la prolif ration non ma tris e concourt la d gradation des secteurs p ri urbains Malgr tout la critique architecturale et urbanistique de l habitat pavillonnaire existe la d nonciation est m me majoritaire parmi les architectes Elle se caract rise notamment par la critique de la tendance l individualisme une architecture standardis e une architecture objet qui se rapproche finalement plus de l ing nierie Ainsi Henri Gaudin exprime son malaise face aux volutions urbaines r centes On ne peut faire quelque chose de socialement digne dans le repliement goiste de chacun Le terme m me de maison individuelle d ailleurs est trange une maison au sens strict ne peut pas tre individuelle familiale la rigueur 39 Cette critique de la forme prend encore une fois des tours moralisant sur la mani re de vivre Pour lui en effet ou s arr te la SS Fondation BMW Minist
110. itait les fronti res naturelle de la ville a t d pass e si bien quon acc de aujourd hui Ch tillon par les plateaux tout est relatif Ch tillon se situe 200 m tres au dessus du niveau de la mer Ch tillon sur Chalaronne fait partie de ces petites villes dynamiques offrant un cadre de vie agr able mais avec un co t du foncier qui n atteint pas les sommets de la r gion lyonnaise Cette petite ville de Ch tillon sur Chalaronne lieu des nouveaux pionniers de l immobilier sera donc mon cadre d tude Je me pencherai plus particuli rement sur les lotissements du lieu dit La Montagne au sud de Ch tillon L id e d une r flexion sur l habitat pavillonnaire est issue d une r action premi re de rejet total J ai souhait rassembler les l ments les plus divers pour d passer cette r action et v ritablement comprendre le pavillon Ce travail n est donc pas une tude 4 Minist re de l emploi de la coh sion sociale et du logement Maison aujourd hui la maison 100 000 euros Mode d emploi en ligne 2005 15 pages consult le 16 01 2006 Consultable Sur internet URL http www cohesionsociale gouv fr IMG pdf 3 mode d emploi charte maison 100 000 euros 2 pdf 2 MARMOZ Robert Le bonheur est 32 km Le Nouvel Observateur 2004 9 d cembre p 28 3 Annexe 6 et annexe 5 s rie 2 8 2006 Rose M gard Introduction urbaine sur une zone d finie pas plus que d une analyse anthropolog
111. italienne qui emprunterait de la perspective son caract re illusionniste nul ne saurait le nier 38 2006 Rose M gard Chapitre 1 Regard sur l univers pavillonnaire 3 4 03 Paysage et image compar s D abord par l aspect souvent improbable de ce qui est montr Dans ce cadre n oublions pas que les futurs habitants du pavillonnaire ach tent souvent leur maison sur la foi d une image d une maquette d un plan par d finition non r alis et qui prendra on ne saurait en douter une allure diff rente une fois r alis e Un texte de Marie Ange Brayer montre combien cette vision de la maison en maquette accentue son caract re illusoire En effet pour elle l image de la maison g n r e par la maquette et celle du film promotionnel les renvoient l une l autre comme travers un miroir o s efface la voix de l habitant o ne reste plus la maison que comme simulacre d un simulacre L objet originel nomm maison semble s tre perdu dans les r flexions d une mise en abyme dissoci en pure ph nom nalit transform en pur espace projectif visionnaire Voici quelques exemples de ce que lon peut trouver sur Internet les constructeurs mettent souvent en photos quelques mod les de leur r alisation pour se faire une id e En haut pannaeau d Urbino Non attribu connu comme une des premi res repr sentations urbaines en perspective En bas photographie Rose M g
112. itue la porte d entr e depuis le portail Si bien que l espace entre ce portail et cette porte devient le lieu de lornementation L am nagement du devant du pavillon c est ce qui peut tre montr salle manger fleurs Le devant c est l image de soi qu on montre aux autres en fait il ne doit rien s y passer le devant c est le d cor ES C est une possibilit largement utilis e par les habitants l exemple des nains de jardin est bien connu mais on ne peut le faire que dans des limites raisonnables il ne s agit pas de transformer le visage de sa maison de ne pas trop en faire C est pourquoi cette ornementation se manifeste surtout travers des petites choses et la v g tation qui donnent ce caract re tr s composite tr s peu coh rent voire kitch au pavillon Le pavillonnaire et ses objets Par objet nous entendons ce qui est ind pendant du pavillon dans sa construction et qui est donc l enti re discr tion de l habitant Pour reprendre H Raymond et alii ms l objet par opposition aux affaires est ce qui peut tre montr Les objets ont donc une fonction d embellissement ind pendante de l esth tique g n rale du pavillon ILL LY 155 Volets Un premier exemple de ce souhait de diff renciation passe par la couleur la couleur des murs bien videmment qui ne s loignent en g n ral pas de teintes entre le beige et 152 DEZES Marie Genevi v
113. iture est donc un l ment essentiel dans cette dilution elle lui permet d exister et l accentue Le pavillonnaire rentre ainsi dans le cadre de ce que Marc Aug appelle la surmodernit S caract ris e notamment par un exc s d espace Ce que cr e la voiture dans l espace pavillonnaire est une culture de la signal tique destination du passeur du voyageur bien entendu mais aussi celui de l habitant Mais o sommes nous le pavillonnaire est un paradis de fl ches de noms de couleurs p dagogiques Car comment se retrouver dans ces kilom tres de pavillonnaires semblables souvent dans des tendues plates la sortie des villes donc sans rien qui marque v ritablement un ieu Elles guident le passant et rassurent l habitant L espace pavillonnaire est un espace de circulation mais une circulation bien particuli re puisqu elle a un but entrer ou sortir puis trouver mais pas regarder L espace est u 97 e AUGE Marc Les non lieux introduction une anthropologie de la surmodernit Editions du Seuil collection La Librairie du XX si cle Paris avril 1992 2006 Rose M gard 53 L univers pavillonnaire E 98 Trouver un lotissement Cette circulation pourtant essentielle est comme vinc e on coute la radio on pense son travail ses probl me on se laisse guider 2 tre chez soi le pavillon figure d un mode de vie individualiste En pavillon on est quand
114. leur mode de vie L urbanisation a en effet deux dimensions une dimension proprement physique que l on peut rapprocher de l expansion du ph nom ne urbain circoncise aux fonctions 2006 Rose M gard 17 L univers pavillonnaire d habiter et d am nager et une dimension plus culturelle que l on peut d finir comme l expansion des comportements urbains Thierry Paquot constate que la civilisation urbaine porteuse de peurs oppression de l homme et du b ton anonymat comme de r ves libert s des moeurs cosmopolitisme est un ph nom ne presque universel une des permanences de l histoire humaine m me si la ville a pris au cours des si cles et au fil des continents des formes variables qui ont volu souvent radicalement L urbaniste Frangoise Choay partage ce constat dans son introduction l dition fran aise d un ouvrage de Melvin M Webber L urbain sans lieu ni bornes Pour elle en effet le ph nom ne urbain n est plus sp cifiquement rattach au lieu de la ville Les techniques de communication ont chang notre rapport l espace et la mani re de le vivre L intuition fondamentale qui demeure le socle permanent de tous les textes concerne le r le despatialisant des techniques de pointe de communication et de transport et l affranchissement qu elles nous assurent l gard des contraintes ancestrales exerc es par la distance les accidents g ographiques la r partition des
115. llonnaire 100 2006 Rose M gard Conclusion crise de l habiter crise du regard Conclusion crise de l habiter crise du regard Une dissociation sop re entre les esp rances plac es dans le pavillon fruits des politiques des urbanistes architectes et des dirigeants mais aussi du r ve de plus en plus de classes moyennes ou aspirantes et lobjet pavillonnaire construit d tach du territoire appropri par l habitant et mal assum par les communes C est en fait une vision bien pauvre de la fonction d habiter qui en ressort l imaginaire est enti rement simplifi et mat rialis Mais c est surtout la violence d un espace plusieurs fois ferm sur lui m me sur l habitant sur le lotissement Le r ve de l habiter est frustr dans sa r alisation En effet le r ve de l habiter n est pas seulement dans une formalisation de l habitat mais aussi dans la possibilit de son effacement dans sa capacit d int gration au profit de l habitant de la succession des g n rations L humilit de la construction participe souvent de sa durabilit comme espace habitable C est ainsi je crois qu il faut comprendre la phrase de Henri Gaudin L o s arr te la construction commence l habitation Cette tude sur le pavillonnaire me permet de conclure une crise du regard en France Crise du regard qui ne se donne plus le temps de voir qui zappe parcourt mais rarement s arr te Crise du regard qui cherche abso
116. llonnaire que l on connait encore aujourd hui sous le terme de mitage va engendrer une politique contre pavillonnaire Le discours primaire n est plus port par les philosophes mais par les urbanistes et architectes Alors que le pavillon tait consid r comme le lieu o lon pouvait se recr er un chez soi antidote aux soucis du travail S le pavillon devient au contraire le symbole pour certains d un humain perdu dans une modernit exacerb e Le repr sentant le plus important de cette critique est l architecte urbaniste Le Corbusier qui encore une fois m le consid rations spatiales techniques et consid rations morales Ainsi dans la Charte d Ath nes de 1933 Le Corbusier tablit un constat sans appel et assez violent Pour lui les conditions de vie de l homme ont radicalement chang L urbanisme doit s adapter re m caniste qui pervertit et met en danger la qualit de vie humaine L analyse de Le Corbusier est bien connue il isole trois fonctions dans la vie d un homme habiter travailler se recr er La description des maux de la fonction habiter dans les ann es trente recoupe notre sujet Proposition 80 Les vitesses m caniques nouvelles ont boulevers es le milieu urbain instaurant le danger permanent provoquant l embouteillage et la paralysie des communications compromettant l hygiene Ces vitesses d sormais utilisables veillent la tentation de l
117. llonnaire de mani re large ce mim tisme saute aux yeux En 178 DEZES Marie Genevi ve Nicole HAUMONT Henri RAYMOND et Antoine HAUMONT L habitat pavillonnaire L Harmattan collection Habitat et Soci t Paris 2001 p 84 179 DEZES Marie Genevi ve Nicole HAUMONT Henri RAYMOND et Antoine HAUMONT Ibid p 64 88 2006 Rose M gard Chapitre 2 Regard dans l univers pavillonnaire revanche chaque pavillonnaire semble bien avoir l impression de disposer de son autonomie de choix C est l l intelligence du syst me pavillonnaire l illusion d une richesse singuli re dans l aporie d une norme g n rale L exemple le plus flagrant est peut tre celui du jardin A La normalisation par la forme chacun cultive son jardin Nous l avons vu le jardin est un espace montr Un article court de l Humanit en fait m me l objet d une courte description et d une analyse Le journaliste observe en effet qu en logement HLM les habitants font tout pour se d marquer les uns des autres chaque appartement est standardis au sein d un grand ensemble mais pourtant chaque appartement fait l objet d une appropriation et aucun ne se ressemble Dans les quartiers pavillonnaires qui jouxtent les cit s repr sentant pour la journaliste la suite des barres puisque les nouveaux locataires des petites maisons sont souvent d anciens locataires HLM le ph nom ne est inverse comme si le propri
118. luence est la maison patronale que l entreprise met disposition de louvrier pour le stabiliser De la combinaison de ces deux inspirations d coule la forme pavillonnaire actuelle une maison populaire qui int gre un confort minimal Le pavillon actuel est donc une forme particuli re de maison individuelle le pavillon c est l vocation de la maison individuelle mise en ceuvre une chelle industrielle Nous nous int resserons surtout au pavillon dans son contexte actuel le plus courant le lotissement C est une forme urbaine particuli re qui permet un lotisseur d acheter et viabiliser un terrain pour le construire D s lors le terrain peut tre soit construit par un constructeur qui construira l ensemble de la parcelle et revendra ou louera soit divis en plusieurs futurs propri taires qui feront construire individuellement leur pavillon Le probl me actuel de beaucoup de g ographes est le classement de ces nouvelles formes urbaines par rapport au d sormais obsol te axe urbain rural On aurait plut t tendance classer cette forme d habitat du cot urbain dans p riurbain comme dans rurbain on trouve bien la racine urbain Cependant malgr l ambition de certains lotisseurs ce ne sont pas des villes mais une forme alternative d urbain qui est porteur d une culture plus diffuse Elle s approche d une forme d habitat rural car du point de vue de beaucoup d habitants la faible densit le f
119. lument le cadre et ignore l environnement Crise du regard qui refuse la transparence pour toujours trouver la forme Crise du regard de sa boulimie de spectaculaire cherchant inlassablement un but pour remplir le vide Crise du regard et de son autonomie qui s attache la 2006 Rose M gard 101 L univers pavillonnaire reconnaissance mais ne supporte d tre en retour traqu La prise de conscience du pouvoir du regard sur les choses sur le monde et donc sur l habiter est peut tre un ph nom ne majeur dans nos soci t s Notre regard est cadre d finitivement 102 2006 Rose M gard Bibliographie Bibliographie Ouvrages crits ARASSE Daniel On n y voit rien Descriptions Editeur Denoel Collection M diation Paris 2005 167 pages AUG Marc Non lieux Introduction une anthropologie de la surmodernit Seuil collection La librairie du XX si cle Paris 2002 150 pages BACHELARD Gaston La po tique de l espace Presses Universitaires de France Paris 1970 214 pages BOUTET Didier Pour un urbanisme rural L Harmattan Paris 2004 226 pages CAMPREDON Jean Pierre Eric MARTIN et Daniel CROCI Regards sur une architecture environnementale Edisud Les Cahiers de Cantercel n 1 France 2001 95 pages CHOAY Fran oise L urbanisme utopies et r alit s Une anthologie Seuil collection Point Essai Paris 1979 446 pages DAMISCH Hubert L origi
120. m me plus chez soi On est libre c est une autre vie quand m me Celui qui veut un chien peut en avoir tandis qu en appartement c est pas vrai Tout le monde peut pas en avoir Dans les ann es 1970 on a vu fleurir les fameux pavillons Sam suffit en m me temps que le mouvement de construction des pavillons prenait une vraie ampleur tre chez soi est une des fonctions principales du pavillon avoir un pavillon c est pouvoir prononcer une telle phrase J tudierai deux dimensions du chez soi une notion spatiale ou avoir son espace A puis une notion plus sociale celle d un espace diff renci o peut tre mis en sc ne l intimit B avant d envisager en derni re analyse la question de la valeur individualisme travers cette mise en avant du chez soi C A Une notion spatiale avoir son espace Spatialement cela suppose une certaine autonomie vis vis des voisins ce qui explique que les habitants du logement collectif aient moins de propension pouvoir affirmer tre chez soi En Angleterre d ailleurs le pavillon peut tre traduit par le terme detached house ce qui signifie maison dont le gros ceuvre est isol en d autres termes une maison individuelle tre chez soi c est donc tout d abord une notion spatiale A ce propos Marc Aug fait remarquer que la notion d espace est devenue un attribut fondamental de la qualit de vie La vogue du terme
121. m moire est parfois volontairement souvent inconsciemment engag Par ailleurs il s agit ici d un premier long travail en lien avec l urbanisme il n est pas exempt de raccourcis ou de longueurs Puissent mes lecteurs tre indulgents et assur s du fait que ce ne seront pas l mes derni res et d finitives pens es sur l habitat pavillonnaire 2006 Rose M gard 3 L univers pavillonnaire 4 2006 Rose M gard Remerciements Remerciements Je tiens remercier particuli rement Bernard Lamizet pour son soutien et sa pr sence Je salue aussi tout particuli rement Isabelle Christophe et Etienne qui m ont encourag et ont aliment ma r flexion Merci enfin Julienne et Olivier Margaux et Guillaume qui m ont soutenu et accompagn tout au long de cette ann e 2006 Rose M gard 5 L univers pavillonnaire 6 2006 Rose M gard Introduction Introduction 1 Pourquoi un m moire sur l habitat pavillonnaire aujourd hui La maison pavillonnaire est aujourd hui au coeur du d veloppement urbain de nos villes comme de nos villages Ce ph nom ne couramment appel talement urbain a t analys plusieurs reprises souvent dans le cadre d tudes architecturales ou urbanistiques Ce sujet semble en revanche assez peu irriguer le domaine des Sciences humaines La maison pavillonnaire est cependant lorigine en France d une sorte de r voluti
122. mage consulter sur la version papier au Centre de Documentation Contemporaine de l I E P de Lyon Synth se visuelle du touriste Ch tillon entr e de ville Halles Porte de Villars Statue Saint Vincent de Paul AUG Marc Ibid p 88 94 50 2006 Rose M gard Chapitre 1 Regard sur l univers pavillonnaire Le d veloppement pavillonnaire n est pas la cause directe de la folklorisation du village mais disons qu elle participe du m me mouvement de m diation entre une vie mise en sc ne quotidiennement et la r alit de son paysage c est l urbanisation des moeurs C est l impression d une urbanisation rampante qui retient l oeil Cette impression d sagr able du passant qui ne cesse de poser son regard sur un espace compl tement privatis ou au contraire despatialis M me si la forme pavillonnaire ne cr pas a priori de mauvais paysage il ne faut pas tout accepter C est la mani re dont elle va savoir jouer avec les limites les continuit s les caract ristiques de son environnement sa capacit s affirmer comme naturelle qui va tre d terminante C est ce que l on appelle commun ment l insertion paysag re ou l implantation discipline pour laquelle les constructeurs g om tres francais manquent pour le moins de subtilit Le Genius Loci n est pas le sens premier du lotisseur c est l re du chaos visuel Le tissu urbain s est d chir la continui
123. mb e en d su tude on a cess d en construire Aujourd hui la politique de la ville cherche les r habiliter mais c est bien souvent un chec qui d bouche sur les destructions actuelles En parall le on observe un mouvement de v ritable nostalgie parmi certains architectes pour le mode de vie et l organisation de l habitat en tours et en barres au motif que celui ci revu et corrig s av rerait peut tre moins destructeur socialement urbanistiquement voire m me esth tiquement que le pavillonnaire g n ralis Cette d saffection puis un retour en gr ce sur un mode nostalgique peut il tre envisag pour la maison pavillonnaire Le mouvement de construction des pavillons est beaucoup plus lent et massif nous l avons vu il peut tre assimil une sorte de r volution tranquille De sorte que depuis les ann es 1970 il ne semble pas s tre arr t et seules quelques communes notamment en imposant une surface minimum toute nouvelle acquisition de terrain cherchent en limiter l ampleur On ne signale pas encore de lotissements fant mes Ce type de d veloppement r sidentiel semble un moyen bien peu durable d habiter dans une France qui valorise tant son patrimoine territorial Combien d ann es faudra t il pour amorcer le processus v cu par le logement en barre crise d valorisation destruction r habilitation S amorcera m me t il un jour un bien valoris tant
124. mme une zone neutre un espace qui n est pas un lieu une utopie C est une r alit sociologique la plupart des habitants de pavillonnaire sont des familles De ce point de vue le pavillon est h ritier de deux traditions pourtant contradictoire le conservatisme la famille est une valeur centrale et la modernit ind pendance de tous les individus Le pavillon est un lieu pour une famille r v e On peut se reporter nouveau au fascicule publicitaire de Maisons Ph nix dont la premi re page illustre bien cette double influence On observe une confusion entre l identit spatiale et l identit familiale Le pavillon c est tout d abord le foyer Le terme de foyer est d autant plus int ressant qu il est polys mique En effet celui ci d signe la fois le centre spatial de la maison l o on fait le feu et une entit globale lieu o habite la famille Ce terme de foyer est bien pr sent dans la rh torique des constructeurs Par exemple page 5 Chacun dans le foyer y apporte sa part d exigence Le pavillon est taill sur mesure pour la famille chaque pi ce a sa fonction chacun a sa pi ce les enfants sont en s curit sous l oeil des parents qui y trouvent l espace et le temps de se reposer mais aussi celui d duquer C est aussi une famille dont l intimit est prot g e cf photo prise l int rieur du pavillon Ph nix nous vend la possibilit de r aliser un cocon familial
125. n de Lapoutroie Vosges et Kayserberg Alsace J ai vu alors la physionomie du village se transformer des haies des cl tures des volets peints de couleurs trang res au lieu des noms de maisons qui n avaient rien d alsacien des chemins vicinaux goudronn s des clairages publics des chemins forestiers quip s d un parcours de sant et d aires de jeux n Le paysage est la partie d un pays que la nature pr sente un observateur le paysage est donc ce qui soffre au regard La ville cr e des paysages elle fait signe elle se rend lisible Nous avons ici un paysage qui est videmment artificiel en tant qu il est cr par la main de l homme Ainsi pour Bernard Lamizet a ville est un espace de paysages que ses formes m mes rendent lisible La ville fait de l espace m me un syst me de signes en tra ant une s paration entre ses propres structures et les structures d un r el ext rieur elle Le paysage a une dimension proprement mat rielle Pour Christian Norberg Schulz on peut le ramener la notion de lieu dans lequel il voit un ensemble fait de choses 5 Fondation BMW Minist re de l Am nagement du Territoire de l Equipement et des Transports et Minist re de la Culture Programme du concours d architecture 1995 1996 La maison individuelle p 28 6 LACAZE Jean Paul Les Francais et leur logement Presses de l Ecole Nationale des Ponts et Chauss es Paris 1989 pp 41
126. naire En effet parcourir un lotissement ne peut pas tre consid r comme un moment de loisir ll est rare d avoir un contact v ritable avec l espace le regard est souvent contrari par la hauteur des haies Ou alors on a l impression de d ranger un rideau qui se d cale une discussion qui s arr te on vous fait d tourner le regard Il existe peu ou pas de lieux pour s arr ter il faut juste passer D ailleurs les habitants eux m mes circulent assez peu dans le lotissement si ce n est pour y entrer ou pour en sortir ventuellement des enfants en fait pied je n ai crois ou entendu qu exclusivement des enfants mais en nombre r duits pour se retrouver mais l encore c est souvent v lo en trottinette en patins roulette en sautant en jouant La route la rue l espace goudronn qui lie ces logement sont il donc invivables voire invisibles C est en effet l espace de l exc s pavillonnaire exc s de mobilit exc s d autonomie Le passant est seul et quand il est vu il est renvoy sa solitude C est un regard absent auquel le passent est renvoy faire comme si lon n tait pas l excusez moi je ne fais que passer je circule il n y a rien voir C est cette contractualit solitaire qui d finit le passant pavillonnaire On voit bien que par non lieux nous d signons deux r alit s compl mentaires mais distinctes des espaces constitu s en rapport certaines fins t
127. ne Edition de La Vilette Paris 2004 398 pages NORBERG SCHULZ Christian Genius Loci Paysage ambiance architecture Pierre Mardaga Editeur 3 dition Li ge 1981 213 pages OSTROWETSKY Sylvia et J S BORDEUIL Le n o style r gional Reproduction d une architecture pavillonnaire Bordas Paris 1993 PAQUOT Thierry Homo Urbanus Edition du F lin Paris 1990 178 pages PINSON Daniel et Sandra THOMANN La maison en ses territoires De la villa la ville diffuse L Harmattan Collection Ville et Entreprise Paris 2001 191 pages WEBBER Melvin M L urbain sans lieu ni bornes Edition de l Aube collection Monde en Cours France 1975 WEBER Eugen La fin des terroirs La modernisation de la France rurale 1870 1914 Fayard Paris 1998 839 pages Articles revues et journaux BRAYER Marie Ange La maison un modele en qu te de fondation en ligne 28 pages consult le 07 08 2006 Consultable sur internet URL http ww1 1 powerboutique net L023196 site media download extrait expo3a rtf CICCO Anne Mim tisme pavillonnaire L Humanit 5 ao t 1994 en ligne consult le 104 2006 Rose M gard Bibliographie 07 08 2006 Consultable sur internet lt URL htto www humanite presse fr journal 1994 08 05 1994 08 05 705627 GAUDIN Henri Entretien La ville dans la maison Projet 1995 n 243 p 83 88 GODARD Francis La ville en question Regard sur l Actualit
128. ne de la perspective Edition revue et comment e Flammarion collection Champs Art Paris 1993 474 pages 2006 Rose M gard 103 L univers pavillonnaire DEZES Marie Genevi ve Nicole HAUMONT Henri RAYMOND et Antoine HAUMONT L habitat pavillonnaire L Harmattan collection Habitat et Soci t Paris 2001 115 pages DEZES Marie Genevi ve La politigue pavillonnaire L Harmattan collection Habitat et Soci t Paris 2001 313 pages EHRENBERG Alain L individu incertain Editions Hachette Paris 1995 351 pages HAMBURGER B L architecture de la maison Mardaga Editeur Li ge 1995 HEIDEGGER Martin tre et temps Gallimard Biblioth que de Philosophie Paris 1986 590 pages LACAZE Jean Paul Les Francais et leur logement l ments de socio conomie de l habitat Presses de l Ecole Nationale des Ponts et Chauss es Paris 1989 LAHOUGUE Jean Lettre au maire de mon village Editions Champs Vallon collection L Esprit libre Seyssel 2004 162 pages LAMIZET Bernard Les lieux de la communication Madarga Editeur Li ge 1992 LAMIZET Bernard Politique et identit Presses Universitaires de Lyon Lyon 2002 350 pages LE CORBUSIER La Charte d Ath nes suivi de Entretien avec les tudiants des coles d Architecture Edition Seuil collection Point Paris 2003 189 pages MANGIN David La ville franchis e Formes et structures de la ville contemporai
129. net En haut gauche et en bas droite Rose M gard annexe 5 s rie 2 92 me NORBERG SCHULZ Christian Genius Loci paysage ambiance architecture Editions Pierre Mardaga Li ge 3 dition 1997 p 189 commentaire d une photo de la banlieue d Oslo 93 E NORBERG SCHULZ Christian Ibid p 189 190 94 NORBERG SCHULZ Christian Ibid 2006 Rose M gard 51 L univers pavillonnaire l habitant pavillonnaire une description de ses valeurs et de ses habitudes Comment celles ci se traduisent elles dans l espace Sont elles visibles lisibles On peut d gager trois caract res plus ou moins li s entre eux de l habitant pavillonnaire l autonomie 1 l individualisme 2 le conservatisme 3 qui chacun a des cons quences spatiales 1 La voiture un symbole de l autonomie pavillonnaire Commengons par l autonomie L homme pavillonnaire selon l expression de H Raymond est attach une sorte de pouvoir du quotidien L exemple le plus imm diat est celui des d placements L habitat pavillonnaire ne peut exister sans un r seau Prendre sa voiture est un acte essentiel pour le pavillonnaire la voiture construit la vie de ses habitants Prendre la voiture pour aller faire ses courses voir sa famille travailler se rendre au cin ma emmener les enfants l cole Parfois un bus la relaye Mais il n est pas r gulier et l est de moins en moins mesure que lon s loigne des villes en
130. ngrang es depuis des ann es lui servent d crypter ce qu il d couvre La ville est d abord vue La perspective d abord en peinture puis dans la photo et la vid o n est pas anodine dans la fabrique de la ville elle participe de l ducation de notre regard sur l urbain C est une entr e fondamentale pour comprendre le plan et l agencement actuel de la ville en g n ral Ces deux contraintes se m lent pour former notre regard contemporain sur le ph nom ne urbain un regard qui m le historique et environnement dans une projection mentale de l habitat que le pavillon reproduit Le parall lisme entre la mani re dont un enfant dessinera un lieu de vie et la forme de l habitat pavillonnaire aujourd hui est tr s frappant Un cube un triangle trois rectangles dont l un est plus long que les autres des l ments de base qui sont d velopp s multipli s Ce mod le est celui du pavillon maison individuelle que l urbain triomphant nous pousse densifier Nous sommes dans une dimension ou l architecture se it En effet le b timent ses murs d finissent un rapport l ext rieur aux autres l espace public Quelle vision du monde en ressort il Le monde est instable l habitat tablit une forme de stabilit et de sens que lon peut d crypter et qui donne une signification sur notre mani re de vivre collectivement La maison est devenue un objet complexe r fl chi dans le sens o elle implique un retour sur so
131. nos politiques mais aussi sur la conception de notre quotidien Combien de famille ont elles recherch via Internet la source de leur descendance c est presque devenu un sport national que de scruter les registres paroissiaux avec le double plaisir d y voir sa trace et de tenir en ses mains les derniers t moins d un pass lointain Le b ti en g n ral et la maison notamment est le meilleur t moin du temps et sa meilleure r sistance En mati re de patrimoine comme souvent le pavillon est un pastiche de la maison individuelle Elle en garde sa forme simplifi e folkloris e pour la vider de sa substance Cette simplification donne peu d accroche au temps et fait du pavillon un patrimoine de peu de valeur En effet un certain nombre des contradictions du pavillon transparaissent au travers de ses logiques esth tiques 2 Pour quoi ou pour qui embellir la dimension singuli re du patrimoine La maison est donc un l ment de patrimoine familial elle sera revendue ou deviendra le lieu au sens d appartenance un territoire de Norberg Schulz d une famille Il s agit donc pour ses membres non seulement de le maintenir de l entretenir mais aussi ventuellement de le faire fructifier Le pavillon n chappe pas cette logique preuve en sont encore les arguments du constructeur Maison Ph nix est alors question de bien tre de confort de bonheur mais aussi de patrimoine qui devra durer et se valoriser dans le temps M
132. nt entre la construction faite pour habiter et les constructions annexes cabanes de natures diverses dont les mat riaux sont ostentatoirement p rissables bois plastique Enfin l entr e des pavillons est souvent marqu e d un solide portail B Se d marquer une maison pacotille 149 Maison Ph nix Annexe 1 p 6 150 Maison Ph nix Annexe p 8 151 Photographie Rose M gard Annexe 5 s ries 1 et 7 76 2006 Rose M gard Chapitre 2 Regard dans l univers pavillonnaire On peut d gager deux raisons au d sir d embellissement rendre agr able le regard pour soi et tre agr able au regard des autres Le d sir d un habitant pavillonnaire est de se d marquer de ses voisins La tendance au mim tisme est bien rep r e et l homme pavillonnaire est parfois pr t beaucoup pour tre unique dans son quartier La d coration l embellissement correspondent un d sir naturel de personnaliser son habitation Dans les appartements cela se manifeste par l int r t port la d coration Dans une maison individuelle cette d coration passe surtout par l ext rieur Pour H Raymond et alii le devant du pavillon tant la partie la plus publique celle qui est vue de la rue elle suppose un am nagement sp cial 19 En effet au fil du temps le pavillon s entoure en g n ral de haies hautes de cl tures paisses si bien que la partie visible du pavillon est celle o se s
133. nt les chiens qui votre approche aboient et vous suivent jusqu ce que vous soyez de facon certaine hors de leur approche vous font finalement ressentir le plus physiquement la cl ture En les voyant s vertuer derri re la barri re trompant les thuyas passant leur museau travers les grillages vous comprenez la pr sence de la cl ture son caract re enfermant pour eux mais aussi pour vous c est votre dernier rempart La prochaine fois vous h siterez revenir ici votre passage est trop bruyant Par ailleurs les habitants tentent avec des moyens de fortune d int grer de nouvelles cl tures au sein de leur habitat souvent en attendant que les arbres poussent ce qui donnent une impression tr s trange de cl turation la sauve qui peut Le regard qui g ne 2 Le risque de la cl ture de l habitat pavillonnaire Si la cl ture dans l habitat pavillonnaire rel ve du choix de chacun la cl ture du lotissement pavillonnaire a revanche des cons quences plus politiques Peut on voir dans la faible accessibilit des lotissements une s gr gation spatiale en germe A Le risque des gated communities Les Etats Unis offrent les exemples les plus aboutis et les plus massifs de quartiers ferm s appel s gated communities C est aussi chez eux que la correspondance entre s gr gation sociale et s gr gation spatiale prend ses formes les plus d complex es Ces quartiers de riches ont fa
134. nt vers l habitat pavillonnaire aussi c est le mouvement des Castors autrement dit le fait de vouloir construire sa maison soi m me Les Francais appr cient le confort la libert et l autonomie que permettent ces nouvelles maisons Sur cette base les constructeurs Kauffman and Broad Ph nix vont na tre proposer des mod les de march et d velopper le march La l gislation des ann es 1930 va s toffer 4 LAURENTIN Emmanuel et V LAMENDOU La folie pavillonnaire 1965 1975 France Culture La Fabrique de l Histoire reportage radiophonique diffus le 8 10 2001 Consultable sur internet URL http w1 ens Ish fr urba 32 LAURENTIN Emmanuel et V LAMENDOU Ibid 26 2006 Rose M gard Chapitre 1 Regard sur l univers pavillonnaire Image consulter sur la version papier au Centre de Documentation Contemporaine de l I E P de Lyon Exemple de Maison Ph nix ann es 1950 60 Cependant comme le fait remarquer Annie Fourcaut a France n a pas l exp rience du pavillonnaire moderne comme on a pu le trouver en Allemagne par exemple 3 D o un manque d audace d inventivit dans les mod les qui sont propos s Sous l argument d un esprit conservateur des Francais qui leur serait naturel en mati re d habitat les constructeurs choissent des solutions rassurantes 34 C est une limite au r ve de la diversit une maison qui me ressemble car les acheteurs ont
135. ntact des nouveaux habitants ces anciens deviennent un l ment du folklore Pour ajouter un peu d authenticit Ch tillon on a plaisir manger local travers les produits du march L interface entre ancienne et nouvelle population est en fait assez violente elle s assimile une sorte de colonisation culturelle Les fils de paysans font mine de faire paysan en produisant du pain au feu de bois et les nouveaux habitants font mine d habiter la campagne en le leur achetant La campagne est devenue par certains aspects un jeu de r les Du cot du pavillonnaire le village est reconnu comme entit spatiale mais pas comme ressource sociale et culturelle d ailleurs si on y habite on y travaille rarement C est par exemple ce que montrent Daniel Pinson et Sandra Thomann Tout le monde s accordera pour trouver du charme au village perch certains difices marquants qui sont certes des rep res importants mais qui ne suffisent construire une appartenance Cela revient dire que la distanciation par rapport au village m me si en contrepartie celui ci est valoris appr ci traduit le fait que l appartenance communale n est pas une fin en soi qu elle ne correspond 128 pas la vie de l habitant en p riurbain 2 L impossibilit d un espace public pavillonnaire L espace public est le lieu de la confrontation des identit s TT Confrontation vient de cum frente qui d finit un
136. ntissage de l espace par le pavillon Ce qui a longtemps t reproch l habitat des grands ensembles est l imposition par l architecture et l urbanisme ce que critiquent ces d tracteurs sont videmment le manque d espace pour l homme donc pour son autonomie Cette id ologie de l espace cf infra se traduit bien dans l id e r pandue chez les architectes que la bonne architecture doit dispara tre d Sorte de doctrine qui est en totale opposition avec la demande qui constitue le pavillon Celui ci r pond en effet plut t un besoin d architecture objet D s lors le pavillon est il l origine d une m me imposition Nous verrons ici que le pavillon n est pas sans influence sur notre appr hension de l espace En effet l espace reproduit les structures sociales A et trouve une traduction dans notre langage courant B A Organisation sociale et organisation spatiale font bon m nage 175 DEZES Marie Genevi ve Nicole HAUMONT Henri RAYMOND et Antoine HAUMONT L habitat pavillonnaire L Harmattan collection Habitat et Soci t Paris 2001 p 67 176 Photographie Rose M gard Annexe 5 s rie 4 et 6 177 Parce que la plus grande valeur patrimoniale est celle d un b ti qui s inscrit dans le paysage dans le temps et qui donc d assimile celui ci se fond dans le bien commun 2006 Rose M gard 87 L univers pavillonnaire Le pavillon rel ve d une culture de l organisation mai
137. nts d une utopie pavillonnaire jardin et famille Il est int ressant d arr ter notre r flexion sur la pr sence du jardin dans le pavillon Le pavillon est d crit par beaucoup comme une maison dont on peut faire le tour Mais le jardin qui semble tre une n cessit dans la d finition de l habitat pavillonnaire n a pas seulement un r le de circulation dans l espace pavillonnaire Le jardin est entour de deux imaginaires bien d finis Il est d abord un moyen de faire r f rence l homme l tat de nature c est dire avant la culture Cet tat de nature est bien videmment un tat mythique jug positif Ce n est pas la nature sauvage o rien n est ma tris mais une nature r v e assimil e un jardin d Eden espace clos d intimit et de libert D autre part les espaces verts sont cr dit s d une forte valeur positive pour l homme alors que la nature assainit la ville pervertit physiquement mais aussi socialement Le jardin a donc une valeur hygi nique Il est d ailleurs significatif que les formes primaires d habitats pavillonnaires l encore forme d habitat populaire se soient faites sous forme de cit s jardins th oris e par Ebenezer Howard au d but du XX si cle qui ne se sont pas implant es en France Lobjectif des cit s jardins tait de recr er la ville la campagne Ce peut tre une r action au r el des soci t s nouvellement industr
138. ois instance de m moire et projection dans le futur La maison est un document anthropologique Marie Ange Brayer Nous cherchons comprendre quelles logiques internes quels manques et d sirs r pond l habitat pavillonnaire Notre point de vue est donc plus interne c est la subjectivit d un acteur que nous souhaitons saisir celui de l habitant Mais ce n est pas seulement le point de vue de l habitant du pavillonnaire mais aussi le regard de l habitant de facon g n rale sur l habitat pavillonnaire En d autres termes comprendre l habitat pavillonnaire en tant que forme individuelle d habiter sans attacher cette fois de valeur morale l adjectif individuel En quoi forme t il un syst me une bulle qui entretient une relation tr s ambivalente vis vis de la notion de regard Suite la rencontre autour du th me Regard espace architecture organis e au Couvent de la Tourette Jai r alis quelques sch mas autour de la notion de regard et de l habitat pavillonnaire qui mont servi de d but de r flexion pour cette seconde partie L id e de d part est de consid rer l univers pavillonnaire singulier comme une bulle sch ma 1 et 1 bis s L id e de bulle est tr s proche de la notion de syst me d ensemble unifi que l on peut d finir comme une combinaison d l ments r unis de Annexe 4 134 Annexe 4 2006 Rose M gard 69 L univers pavillonnaire A 135
139. on elle joue pour l habitant c est en effet renforcer l impression de passage Quand on passe le portail on rentre chez soi C est une mani re de marquer son espace mais pas forc ment de se fermer au voisinage d ailleurs le portail peut tre pouss C Le f tichisme du marquage 173 DEZES Marie Genevi ve Nicole HAUMONT Henri RAYMOND et Antoine HAUMONT L habitat pavillonnaire L Harmattan collection Habitat et Soci t Paris 2001 p 64 74 Photographie Rose M gard Annexe 5 s rie 8 sauf extr me gauche TATI Jacques Mon Oncle France 1958 86 2006 Rose M gard Chapitre 2 Regard dans l univers pavillonnaire C est peut tre ce qui caract rise le pavillon son espace est f tichis selon l expression de H Raymond L exc s d objets charg s de sens est la marque de l homme pavillonnaire qui met un point d honneur s approprier son espace Cela se traduit par une sur organisation de l espace Ne pavillonnaire P S E 176 Zonages intra pavillonnaires L all e et la pelouse sont entretenues l une ne mord pas sur l autre Des pots de fleurs accueillent le visiteur la boite aux lettres est visible avec l criture du nom de famille stylis e dessus Des petits objets en tout genre viennent agr menter la vie de ses habitants et de leurs visiteurs Celui qui encombre son pavillon se fait remarquer tout comme celui qui n a rien montrer 2 L appre
140. on de la vie priv e sont le double processus que ces changements recouvrent D s lors on peut se demander comment r agissons nous face cette d multiplication Un nouveau rapport se dessine entre espace public et espace priv d bat largement 133 EHRENBEG Alain L individu incertain Hachette Paris 1995 in http perso orange fr marxiens philo ehrenber htm 2006 Rose M gard 71 L univers pavillonnaire retrac par la t l r alit Cependant cette impression d omnipr sence du regard a des cons quences sur l habitat Comment int grons nous les nouvelles logiques de la relation public priv Comment la notion de regard dans l habitat pavillonnaire refl te t elle notre nouvelle fa on d tre habitant Cette superposition des regards enl ve d une part un peu de honte regarder l autre et surtout nous pousse nous montrer c est le regard assum titre 1 ou l ext riorisation de son identit singuli re dans l habitat pavillonnaire Mais d autre part ce regard nous incite nous prot ger plus c est le regard cach titre 2 ou l int riorisation du regard de l autre qui nous ne voulons pas tout d voiler dimension du pavillon qui rec le une crise de l habitat pavillonnaire Titre 1 Le regard assum Le regard assum ce sont les l ments de reconnaissance pr sents dans le pavillon Cette reconnaissance peut s exprimer par un d sir commun de diff renciation une
141. on tranquille urbaine Elle trouve une actualit assez peu m diatis e la fois au plan national comme au plan local En effet en 2004 le Ministre de la Coh sion Sociale M Jean Louis Borloo a lanc un plan d aide l accession la propri t connue sous le terme Maison 100 000 euros Celui ci encourage les op rateurs immobiliers construire des logements qu ils devront dans un premier temps louer des familles qui en feront leur r sidence principale Dans un deuxi me temps et tout moment le m nage peut d cider d acheter sa maison et pour ce faire il dispose de conditions fiscales pr f rentielles pr t 096 etc 1 Ce plan sous couvert de plan social relance le d bat sur la relation qu entretiennent les Fran ais 2006 Rose M gard 7 L univers pavillonnaire avec leur r sidence Car favoriser l accession du plus grand nombre la propri t qui correspond l application louable d un principe d galit face au logement veut aussi dire encourager l talement urbain En effet si l on garantit la propri t d un logement on ne dit rien sur la qualit La vraie question est quelle maison obtient on avec 100 000 euros Certainement pas un palace ou la r novation de vieilles pierres mais plus certainement un pavillon en banlieue Cette question de la qualit dans le logement semble en effet r guli rement vit e Ce fut le cas nouveau dans un article du Nouvel Observateur
142. onc le regard peut tre tromp 1 d ORWELL George 1984 Collection Folio Gallimard Paris 2006 1950 2006 Rose M gard 13 L univers pavillonnaire C est pour quoi on doit faire un effort le construire pour qu il soit autre Autre quoi autre comment c est vous de voir Partiel et partial c est le sens du sujet D ailleurs la premi re fois que vous avez t sujet vous vous tes bien fait tromper c est normal c est le stade du miroir Le regard c est la vision accultur e Si l on voit tout on ne regarde rien Le Corbusier La diff rence entre la vision et le regard peut ainsi tre exprim e le regard c est la vision accultur e Car quand je regarde je suppose que mon voisin peut en faire autant et que ce qui nous lie et nous contraint c est l appr hension du regard de l autre C est le fondement de l intersubjectivit Le regard g ne d range inhibe car il pr c de tout change de sens On peut aujourd hui parler d un regard d multipli au sens ou il se pose parfois sur des regards d j constitu s la photo le film la t l vision Nous vivons une bonne partie des r alit s travers des regards d j constitu s Notre regard se substitue un autre regard qui lui chappe Et cette superposition des regards enl ve un peu de honte regarder l autre mais en m me temps nous incite nous prot ger plus Plus pr cis ment on peut dire que l invention de la perspec
143. orts sociaux Ce rapport est d termin par l effort esth tique de la cl ture Clore c est emp cher limiter Clore pour emp cher la venue ou le regard de l autre c est prot ger son intimit et son autonomie Quoi de plus normal dans des zones assez denses de se pr server pendant quelques heures de la journ e cela fait partie du vivre ensemble Une tendance de l habitat pavillonnaire est donc de faire monter les cl tures d autant plus que lorsque le lotissement vient juste d tre construit on est comme face un champ de maisons sans s paration entre les terrains En g n ral c est une haie paisse qui cache presque enti rement le pavillon de la rue et ses voisins Le souci de limitation s appr cie dans le caract re plus ou moins ouvert ou ferm de la cl ture Certains pavillons ne sont presque pas accessibles au regard d autre le sont plus voire compl tement EE B La cl ture du pavillon une disproportion Si cl turer semble un acte non condamnable a priori de limitation les formes sur lesquelles elle se d cline font en revanche apparaitre une crise de la cl ture dans l habitat pavillonnaire Quel horizon pour le pavillonnaire 84 HEIDEGGER Martin cite par NORBERG SCHULZ Christian Genius Loci paysage ambiance architecture Editions Pierre me Mardaga Li ge 3 dition 1997 p 13 185 DEZES Marie Genevi ve Nicole HAUMONT Henri RAYMOND et Antoine HAUMONT L habitat pavillonnaire
144. ourgeoisie et le prol tariat favorisant ainsi la paix sociale m 20 DEZES Marie Genevi ve Nicole HAUMONT Henri RAYMOND et Antoine HAUMONT L habitat pavillonnaire L Harmattan collection Habitat et Soci t Paris 2001 p 35 37 21 DEZES Marie Genevi ve La politique pavillonnaire L Harmattan collection Habitat et Soci t Paris 2001 p 31 et 32 22 La gl be est le sol auquel les serfs taient attach s 23 ENGELS Friedrich La question du logement Editions sociales France 1957 Cit par DEZES Marie Genevi ve La politique pavillonnaire L Harmattan Habitat et Soci t Paris 2001 p 78 22 2006 Rose M gard Chapitre 1 Regard sur l univers pavillonnaire Ces id es prennent corps dans un ensemble de lois entre 1894 et 1928 qui vont la fois encourager le d veloppement de l habitat individuel et tre d pass par lui En 1894 la loi Siegfried sensible aux id es de Le Play qui fonde en quelque sorte la politique de logement social en France accorde une aide des soci t s philanthropiques l origine des Habitations Bon March qui favorisent l habitat individuel L article 1 stipule ainsi Il pourra tre tabli dans chaque d partement un ou plusieurs comit s des Habitations Bon March Ces comit s ont pour mission d encourager la construction de maison salubres et bon march soit par des particuliers ou des soci t s en vue
145. pact visuel depuis la R D n 396 7 Nous ne disposons pas de l image du lotissement dans quelques ann es si les arbres encore jeunes r ussissent pousser En quoi cette naturalit participe l tranget des lotissements C est justement le contraste saisissant entre une nature naturelle et une nature artificielle L homme au moins inconsciemment est sensible aux questions d implantation on ne s implante pas n importe ou Certains terrains sont impropres l habitation C La similitude et la r p tition 70 DEZES Marie Genevi ve Nicole HAUMONT Henri RAYMOND et Antoine HAUMONT L habitat pavillonnaire L Harmattan collection Habitat et Soci t Paris 2001 71 DEZES Marie Genevi ve Nicole HAUMONT Henri RAYMOND et Antoine HAUMONT bid 2 SARL ABCIE note de pr sentation du lotissement Le Clos des Narcisses Annexe 2 42 2006 Rose M gard Chapitre 1 Regard sur l univers pavillonnaire Le regard produit par ce type d habitat est un regard port sur la s rie sur la r p tition du m me mais sur la s rie d individualit s closes sur la r p tition d unit s d habitation semblables les unes aux autres mais toutes closes sur elles m mes dans cette r p tition On sait d o vient cette similitude standardisation des modes de construction qui ont une influence sur le co t de production des biens de consommations voitures pots de fleur piscines volets en bois
146. pavillon c est l enracinement acquis par la floraison des arbres que l on a plant s et le plaisir n du fignolage infini d un petit coin soi 7 D ailleurs l id e de s installer dans une maison car si l on vit dans un pavillon c est le r ve de la maison que l on r alise est tr s li l id e de permanence les deux mots ont d ailleurs la m me racine manere rester Le pavillon est aussi le lieu o malgr une certaine lib ralisation des moeurs l on conserve le r le de chacun dans la famille Le pavillon fixe les individus dans une stabilit 116 Photographie Rose M gard Annexe 5 s rie 4 117 DEZES Marie Genevi ve Nicole HAUMONT Henri RAYMOND et Antoine HAUMONT L habitat pavillonnaire L Harmattan collection Habitat et Soci t Paris 2001 p 95 2006 Rose M gard 59 L univers pavillonnaire suppos e un cadre de vie Enfin si la totalit des habitants pavillonnaires ne sont pas propri taires l accession sous entendu la propri t est assez r pandue Le pavillon est bien un placement on s y investit la diff rence d un appartement o l on paye un loyer Voici comment un pavillonnaire dans l enqu te de H Raymond exprime cette id e que le pavillon est un point de stabilisation dans une vie Moi mon opinion c est ca la vie droite n est ce pas et l conomie consid rer les questions de toute sa vie arriver ses fins et construire une petite m
147. place Ceux ci ont un impact sur leur environnement proche On peut diff rencier deux types de paysages D une part le pavillonnaire s int gre dans un paysage moyen de basse densit et de faible qualit A D autre part le pavillonnaire participe notre tendance la perte de rep res spatiaux et la valeur qu on leur attribut B A Le middle landscape l ments d une culture pavillonnaire D une part on assiste de mani re g n rale l talement urbain L habitat pavillonnaire a 2006 Rose M gard 45 L univers pavillonnaire des implications spatiales plus larges que le seul terrain qu il occupe l urbain engendre l urbain On voit prolif rer la p riph rie des villes des grandes surfaces commerciales les r seaux routiers et autoroutiers s largissent ces non lieux de Marc Aug 7 se multiplient C est en cela que lon peut d finir une culture pavillonnaire Une culture est l ensemble des pratiques par lesquelles on va communiquer notre identit aux autres S Habiter est une de ces pratiques Que signifions nous travers notre mani re d habiter en quoi la forme pavillonnaire et les pratiques qu elle engendre peuvent elles dire quelque chose de ce que nous sommes L habitat pavillonnaire n est pas d pourvu de cousins ll est ind niable que du point de vue paysager il existe une m moire pavillonnaire particuli re que ce soit aux Etats Unis ou en Grande Bretagne nou
148. plus r guli res de l homme sur son espace de la m me mani re qu est ressentie la libert de pouvoir faire ce que lon veut On d balle pour voir et quand on ne voit plus rien on range tout nouveau Combien sont ils ceux qui voient comme tant un privil ge le fait de pouvoir passer la tondeuse Se d veloppe une esp ce de devoir par rapport l espace une 17 y DEZES Marie Genevi ve Nicole HAUMONT Henri RAYMOND et Antoine HAUMONT p 99 171 Le Petit Robert version interactive du portail tudiant de l Universit Lyon 2 Article m nage 172 Fondation BMW Minist re de l Am nagement du Territoire de l Equipement et des Transports et Minist re de la Culture Programme du concours d architecture 1995 1996 La maison individuelle p 5 14 2006 Rose M gard 85 L univers pavillonnaire mani re de mieux s assumer dans son espace Mais cette dissociation recouvre une dimension plus symbolique que lon peut rapprocher de notions plus morales Pour H Raymond en effet dans le pavillon le sale est rituellement organis dans l espace il est en quelque sorte exorcis Il est tr s clair que dans nos cultures il y a une association entre le sale et le p ch entre le propre et l innocence Pouvoir montrer des espaces propres ou sale c est assumer son activit dans le pavillon Par exemple Ch tillon en balade dans un lotissement le dimanche le promeneur verra beaucoup de garages
149. qu ils sopposent du tout au tout en terme de forme dense parpill nature ville ces deux formes d habitat se trouvent avoir des caract ristiques communes Ce sont des figures de la banlieue elles sont lobjet d une demande massive et majoritairement populaire ce sont des zones presque exclusivement r sidentielles elles ont t pendant longtemps invisibles aux yeux de l opinion publique Que faut il donc en penser faut il continuer construire du pavillonnaire ou plut t le laisser construire Faut il condamner l absence des architectes l inculture des habitants la mollesse des communes La r ponse n est pas si vidente Et cela montre que nous sommes face un probl me complexe peut tre plus encore que celui de l habitat en barre 96 2006 Rose M gard Chapitre 2 Regard dans l univers pavillonnaire 1 apr s tout s ils sont heureux un lien t nu entre habitat et d mocratie On ne peut nier le nombre grandissant de Frangais qui souhaitent habiter en pavillonnaire A Ch tillon m me la demande de construction de nouveaux lotissements ne semble pas puis e bien au contraire les lotissements autour du lieu dit La Montagne continuent de cro tre Jusqu quelle limite nul ne le sait Mieux vaut ne pas trop faire de pr diction hasardeuse du genre ces lotissements sont les futures cit s des ann es 1980 et 1990 ou on va assister un nouvel exode rural dont le poin
150. ransports transit commerce loisir et le rapport que des individus entretiennent avec ces espaces Les non ieux cr ent de la contractualit solitaire Puis plus loin L espace du non lieu ne cr ni identit singuli re ni relation mais solitude et similitude qe Le pavillonnaire cr e un vide dans son propre espace Ces vides sont des non lieux ce sont les entr es les rues les noeuds de circulation les parkings et les aires de jeux inusit es parce inutiles dans un espace de jardins et de garages individuels les transformateurs lectriques les zones de passages entre deux lotissements mitoyens etc Bien videment aucun commergant aucune structure publique le lotissement est exclusivement r sidentiel Mais en plus de tr s rares passants ou promeneurs L espace n est d ailleurs pas am nag pour cela absence de trottoirs et s il y en a il peut tre occup par une voiture Le thuya double la barri re coupant une fois encore l espace priv de l espace collectif La transparence et la fluidit disparaissent 2002 p 118 119 12 1 AUGE Marc Ibid p 130 2006 Rose M gard 61 L univers pavillonnaire 12 Pour Marc Aug les non lieux cr ent des mondes l individualit solitaire au i a dy RES 122 passage au provisoire et l ph m re Solitude dans l espace pavillonnaire Le lotissement pavillonnaire n est pas en lui m me dans sa totalit
151. rapport l espace L exp rience de l espace public est donc une exp rience de la spatialit Le lotissement pavillonnaire peut il tre le lieu d une confrontation et d une discussion A Quelle en est la traduction spatiale B A La particularit d un espace r sidentiel la n gation de la confrontation L espace pavillonnaire par sa nature r sidentielle semble bien peu propice la 6 PINSON Daniel et Sandra THOMANN La maison en ses territoires De la villa la ville diffuse L Harmattan Collection Ville et Entreprise Paris 2001 p 153 127 BOUTET Didier Pour un urbanisme rural L Harmattan Paris 2004 p 173 129 PINSON Daniel et Sandra THOMANN La maison en ses territoires De la villa la ville diffuse L Harmattan Collection Ville et Entreprise Paris 2001 p 151 9 LAMIZET Bernard S minaire Politique culture espace public l Institut d Etudes Politiques de Lyon 2005 2006 s ance 1 64 2006 Rose M gard Chapitre 1 Regard sur l univers pavillonnaire confrontation Pour Bernard Lamizet les premiers signes de la ville sont l architecture et l urbanisme qui se d ploient dans son espace qu ils structurent et dont ils font un espace de rationalit symbolique MM Ainsi dans les cit s la confrontation est presque vidente elle se lit dans l architecture dans la verticalit On ne voit pas comment il pourrait ne pas y avoir probl me rejet ou fascination
152. rasante pour la collectivit Les banlieues sont l antichambre des villes S ajoute souvent cette interpr tation une d nonciation des int r ts priv s que masque mal pour ses d tracteurs une facade de conservatisme social Proposition 72 Cette situation r vele des le d but de l re machiniste l addition incessante des int r ts priv s La pr minence des initiatives priv es inspir es par l int r t personnel et l app t du gain est la base de ce regrettable tat de choses Les constructions de logements ou d usines l am nagement des routes de terre d eau ou de fer tout s est multipli dans une h te et une violence individuelle d o tout plan pr concu et toute m ditation pr alable taient exclus Cette critique va pr sider la naissance de l urbanisme moderne sous forme de plan qui est une mani re pour les architectes urbanistes et politiques de retrouver une maitrise sur le chaos urbain Elle va se traduire par la promotion de l habitat collectif forme de totalitarisme b tonier qui sera souvent reproch Le Corbusier Ainsi la Lib ration et dans les 20 ann es qui suivent baby boom et d colonisation obligent la mode architecturale et la politique urbaine se tournent vers le logement collectif en tours pour les mieux lotis ou en barres Cette mani re de construire est encourag e par l id e qu il faut construire au sortir de la guerr
153. rd peut tre en coin d rob Le regard est sur le regard est dans Le regard est ce qui nous met en contact avec l autre dans l espace qui nous rend actif dans l espace il interroge il est surpris nous fait comprendre Et il rencontre celui d un autre sujet il croise son regard Le regard c est l o les yeux se rencontrent Cette intersubjectivit d finit un espace c est l espace d identification v cu un niveau singulier Cet espace est aussi tendu que mon regard trouve r ponse dans celui de l autre le regard s change En cela la notion de regard est fondamentale dans la transmission des images des repr sentations et int ressante pour comprendre ce qui fonde les r gularit s dans l habitat pavillonnaire Le regard fonde le d sir Le regard est ce qui me met en contact avec le monde des choses et des gens Ce que je vois je peux le d sirer c est le contact du possible C est de cette mani re que fonctionne la publicit Elle cr e des images objet du regard sur lesquelles nous nous projetons que nous d sirons C est pourquoi dans l habitat pavillonnaire il sera int ressant d tudier les images cr es par ceux qui le construise et qui le souhaite objet d un regard objet d un d sir Car l int ressant dans le regard est qu il n est pas un sens infaillible il lui arrive de mettre au m me plan le r el et le fictif C est souvent celui qui enregistre la premi re sensation du premier regard et d
154. re de l Am nagement du Territoire de l Equipement et des Transports et Minist re de la Culture Programme du concours d architecture 1995 1996 La maison individuelle p 5 14 36 GAUDIN Henri Entretien La ville dans la maison Projet 1995 n 243 p 85 28 2006 Rose M gard Chapitre 1 Regard sur l univers pavillonnaire construction commence l habitation Trop de gens croient que l architecte s occupe surtout de la mati re et de la technique S Les termes du d bat ont chang La crise des banlieues a pos la question du lien social Le but de l architecte urbaniste et du politique est d viter ce ph nom ne de s gr gation fonctionnelle et sociale L chec supr me est le quartier son antidote la mixit Henri Gaudin cherche d passer les arguments esth tiques qui rel vent souvent de l litisme pour placer son argumentation un niveau plus humain celui tr s flou du vivre ensemble Les architectes ne sont jamais que les sismographes de la fracture sociale L architecture refl te l individualisme dominant chacun dans son pavillon cultivant son jardin lavant sa voiture Cela ne cr e pas de la ville de P tre ensemble D autant qu un certain nombre de sociologues semblent s inqui ter d une pr carit en germe dans les zones p riurbaines Cette pr carit se caract riserait par un manque de mobilit En effet pouvoir habiter en pa
155. remier plan un p re joue avec sa fille sur une table basse en bois tous deux sont assis sur un tapis Sur cette premi re page rien d autre que le sigle Maison Ph nix l adresse mail de l entreprise en vue mais dans des proportions discr tes et cette phrase encadr e Votre r ve l abri du hasard Comme De Gaulle adressait la foule alg roise son fameux je vous ai compris Ph nix semble nous inviter dans son univers nous regardons dans la m me direction la r alit de votre r ve vous en r vez Ph nix le fera Votre r ve pas besoin d en dire plus pas besoin d en voir plus Plus loin dans le programme on peut lire Avant tout une maison s imagine se r ve se d sire Chacun dans le foyer y apporte sa part d exigence La notion de r ve qui entoure la maison est donc tr s particuli re elle donne l illusion d une dimension singuli re c est votre projet nous r pondons votre r ve mais en m me temps ce r ve se vit sur le mode du collectif la famille les voisins C est donc la mise en forme d un inconscient collectif v cu sur le mode singulier puisque le constructeur ventuel architecte s efface est int ressant de remarquer que la premi re image est celle d un int rieur ou tr s peu d l ments architecturaux sont pr sents l habitat ne doit pas tre v cu sur le mode de l imposition que ce soit l imposition du lieu ou d un mode de vie C
156. rogante et moins authentique L habitat pavillonnaire doit beaucoup aux moyens de communication Ce mode de vie individuel que Jacques Tati a tr s t t parodi ne serait pas possible sans les moyens de la mobilit Une mobilit d abord physique gr ce aux transports mais aussi culturelle puisque nous devons garder l impression d tre connect et dans ce cadre le t l phone la t l vision Internet jouent aujourd hui un r le primordial dans cette connexion avec la civilisation urbaine la 14 CHOAY Francoise Introduction in WEBBER Melvin M L urbain sans lieu ni bornes Edition de l Aube collection Monde en Cours 1975 1 B PAQUOT Thierry Homo Urbanus Edition du F lin Paris 1990 18 2006 Rose M gard Chapitre 1 Regard sur l univers pavillonnaire soci t dirions nous C est une forme de regard d shumanis mais pr sent tout de m me La position du sujet le regard en perspective D autre part le regard est contraint par la position du sujet qui s est construite via l introduction de la perspective Thierry Paquot estime ainsi que c est par le regard qu on entre dans la civilisation urbaine c est l oeil qui embrasse le paysage urbain c est lui qui enregistre des situations qui duque en poussant l imitation qui permet d valuer la distance une relation C est par le regard que le nouvel arrivant apprend la ville et les images toutes les images e
157. rpents car la diff rence de la trame am ricaine le quadrillage les lotissements Francais sont souvent circulaires ou int grent des courbes dans leur agencement interne encore une fois peut tre pour rendre moins violent ou plus p dagogique l ensemble Que ce soit en paysage lin aire ou a rien la zone pavillonnaire est peu d finissable presque au m me titre que les zones commerciales ou industrielles On ne sait pas o on est le lieu n est pas assimil une fonction sociale pr cise Ici pas de rue proprement parler les indications nont qu un sens limit Lotissement Les Noyers Lotissement La Montagne pour prendre l exemple de Ch tillon sur Chalaronne dans un floril ge de noms d clin s sur une th matique souvent v g tale Rien n accroche le regard une glise ou une place pas une maison plus haute ou plus rapproch e d une autre rien ne d crit un centre Bref pour reprendre un titre de Daniel Arasse on n y voit rien Compar un environnement plus large on arrive une perte des logiques qui structurent les sociabilit s et qui construisent des identit s collectives 2 La d finition d un paysage global Le ph nom ne pavillonnaire ne date pas d aujourd hui cf infra I A 1 Ainsi on observe une s dimentation de pavillonnaire datant de plusieurs poques on peut estimer que le pavillonnaire d apr s les ann es 1950 est toujours en
158. s S minaire de Bernard Lamizet l IEP de Lyon a Politique culture espace public 2005 2006 s ance 3 S Marc Antoine Laugier architecte a notamment th oris nouveau ce mythe de la cabane en 1755 qui trouve son origine chez les Grecs dans l Antiquit Cette r f rence tr s forte reste encore utilis e notamment Le Corbusier construisit sa propre d monstration de cabane Voici la maison primitive l se qualifie l homme un cr ateur de g om trie il ne saurait agir sans g om trie Il est exact Pas une pi ce de bois dans sa force et sa forme pas une ligature sans fonction pr cise L homme est conome Le Corbusier Une maison un palais 1928 ditions Connivences Paris 1989 p 38 30 2006 Rose M gard Chapitre 1 Regard sur l univers pavillonnaire pavillonnaire la possibilit d intervenir dans la construction de son habitat est tr s importante De nombreux constructeurs Ph nix notamment insistent d sormais sur le fait que les futurs propri taires sont en contact direct avec le maitre des travaux les entreprises bien quon doute que beaucoup de biais par rapport au mod le initial soient possibles D autre part la possibilit de l vasion dans la maison Une pi ce prend de plus en plus de place dans les pavillons celle du garage o l on range la voiture bien s r mais aussi les outils les vieux meubles et jouets lieu d intimit ou le d sordre est possible C
159. s une cl ture elle ferme une propri t emp che d y p n trer assure une intimit sur un terrain garde des animaux dans un champ etc La cl ture peut tre de nature tr s vari e bois barbel haie pierre D un c t la cl ture ne peut pas tre condamnable la mani re de Rousseau A N anmoins la mani re dont la cl ture est d clin e dans l habitat pavillonnaire r v le les faiblesses de sa conception L intimit de la famille et l autonomie de l individu dont cet habitat se veut le protecteur ne fonctionnent souvent pas Le regard de l autre est encore trop pr sent B A La cl ture un acte symbolique essentiel La cl ture est la marque de la s paration entre l espace priv et l espace public ou collectif Sa pr sence est donc fondamentale c est la trace symbolique de la diff renciation La cl ture d finit une relation loin de bannir toute forme de vie une cl ture peut tre la condition n cessaire d une vie en communaut Clore c est marquer d limiter La cl ture a t un l ment fondamental de la pr sence humaine dans le paysage Elle structure le regard donne une id e des niveaux des changements de cultures signifie les continuit s et les ruptures dans les paysages ruraux Ainsi la limite n est pas vu n gativement par Heidegger la limite n est pas ce o quelque chose cesse mais bien comme les Grecs l avaient observ ce partir de quoi quelque chose commence
160. s lls portent des noms de v g taux de fleurs des noms communs Un exemple sur le lieu dit La montagne Ch tillon c est une cuve et en haut des coteaux de cette cuvette c est logique c est la montagne Ca tombe sous le sens on trouve le lotissement Le clos des Narcisses 2 AUGE Marc Ibid p 101 123 Photographie Rose M gard Annexe 5 s rie 1 et 8 124 AUGE Marc Non lieux Introduction une anthropologie de la surmodernit Seuil collection La librairie du XX si cle Paris 2002 62 2006 Rose M gard Chapitre 1 Regard sur l univers pavillonnaire 79 Un peu plus loin sur ce m me lieu dit c est le lotissement Les noyers puis il y a Les fr nes et ainsi de suite On comprend qu Ch tillon sur Chalaronne la fronti re entre la Dombes et la Bresse entre la grenouille et le poulet ces noms l ne tombent pas sous le sens encore moins sous le regard Car part le lotissement Les noyers qui a effectivement des noyers en son c ur si l on peut parler ainsi ces d nominations sont largement atemporelles et despatialis es Image consulter sur la version papier au Centre de Documentation Contemporaine de l I E P de Lyon C La s paration avec l entit ville ou village le lotissement est un implant urbain Le paysage construit par le lotissement pavillonnaire est bien identifiable et distinct du village La s
161. s complications dans l obtention du permis risquent de remettre en cause les budgets des ma tres d ouvrage candidats l innovation ou la personnalisation Les citations pastiches r gionalistes ou enduits passe partout s imposent dans un consensus mou Ce souhait de vouloir coller au mod le de la maison est le signe d une demande d identit bas e sur l identit spatiale et territoriale On ne peut que regretter qu au d sir identitaire la production pavillonnaire ne propose que la d rive stylistique du code n o 162 Le n o r gional une variante commerciale ou l int r t port un patrimoine r gional Le pavillon cite la maison la francaise mais il en d cline les particularismes Un lotissement pavillonnaire dans l Ain n a pas la m me esth tique globale qu un lotissement dans le Nord ou le Finist re Les constructeurs se sont adapt s cette exigence des habitants ainsi Maison Ph nix revendiquant une architecture de caract re on ne saurait imaginer un mas provencal en Bretagne ou un toit en ardoise en Provence Ph nix tient compte des particularit s r gionales en adoptant des styles architecturaux conformes l esprit des lieux 183 Certains auteurs notamment Ostrowestly et Bordeuil ont r fl chi sur cette tendance vouloir construire local et lont appel n o style r gional IT lls montrent comment sont d tourn s les mod les vernaculaires pour cr er des pa
162. s disposons d images certes bien diff rentes mais dans les deux cas r f rences La Grande Bretagne pr sente un premier type de maison individuelle qui a influenc le pavillonnaire Nous poss dons beaucoup d images souvent transmises par la photographie la t l vision voire la carte postale Les Anglais ont construit les premiers mod les de maisons unifamiliales en rang e en milieu urbain row house ou maison londonienne ou g orgienne en pavillonnaire en milieu rural detached house Leur forme est assez caract ristique souvent en brique elle int gre un bow window un palier qui distribue l ensemble des pi ces dans la maison et favorise la vie priv e de ses habitants Rappelons aussi que c est en Grande Bretagne qu est n e la fin du XIX si cle la cit jardin La Grande Bretagne repr sente une forme d talement urbain que les dimensions de sa population et de son territoire ont limit ce qui n est pas le cas des Etats Unis que l Angleterre a largement d mographiquement et culturellement abreuv 79 AUGE Marc Non lieux introduction une anthropologie de la surmodernit Editions du Seuil collection Librairie du XXI Si cle Paris avril 1992 80 LAMIZET Bernard S minaire Politique culture espace public Institut d Etudes Politiques de Lypn 2005 2006 s ance 1 46 2006 Rose M gard Chapitre 1 Regard sur l univers pavillonnaire Image
163. s qui contrairement l habitat en collectif est aujourd hui encore v cue positivement L organisation c est d abord celle qui est demand au constructeur Les pi ces sont identifi es cuisine chambres salon etc Mais c est aussi comme nous venons de le voir l apprentissage de l espace socialis le sale et le propre les choses et les affaires Ainsi H Raymond et son quipe ont rep r que l apprentissage des rapports sociaux a une traduction dans l espace La socialisation primaire comme on a coutume de l appeler a donc une dimension spatiale Nous pensons que l enfant apprend l espace dans lequel il devra ensuite ins rer des rapports sociaux Mais m me un niveau tr s l mentaire l apprentissage de l espace donne une matrice de rangement ainsi que les consignes de marquage qui permettront d ins rer les rapports sociaux quelque part is Nous apprenons alors que l espace du propre est souvent li l pouse ou la m re et que l espace du vide donc de l am nagement est souvent li l poux au p re B La d signation par les mots Venez dans la cuisine on va pouvoir manger va jouer dehors va dans ta chambre faire tes devoirs Le quotidien est rempli de mots d expressions qui d signent en m me un type d activit et un lieu Ainsi le jardin devient souvent l espace du jeu pour l enfant ce sera l espace du loisir un lieu circoncis entre public et priv d
164. sag re Certes les mod les de maisons ne font pas r f rences aux m mes l ments mais l implantation les rythmes cr s rel vent de la m me logique d espacement de privatisation de consommation proprement parler de l espace Ainsi pour Marc Aug e paradoxe du lieu est que l tranger gar dans un pays qu il ne conna t pas ne s y retrouve que dans l anonymat des autoroutes des stations services des grandes surfaces z et pourrait on rajouter de ses espaces pavillonnaires L tranger a quelque chance de se retrouver face une similitude de comportement qui lui fera s rement horreur bien que peut tre lui m me est sujet un tel mode d habitation et qui d finit l espace mondial de la consommation Quelque soit le pays il semble que ce type de paysage soit assimil la figure du citoyen moyen qui d ailleurs produit un paysage moyen moyenne urbanisation moyenne campagne architecture moyenne ce que les am ricains appellent 87 8 SE middle landscape C est une culture de l habitation de masse encore assez anonyme et indistincte Elle a des implications fortes en termes de paysage place des voies de circulations pr pond rante des espaces verts circoncis et miniaturis s espaces collectifs ou publics absents et surtout l imposition d une vue r guli re et rythm e B Despatialisation et patrimonialisation Photographies issue gauche www yes
165. sement n est il donc qu une somme de chez soi lieu d un individualisme rampant ou les relations de voisinage sont rares L habitat en pavillonnaire c est encore souvent un habitant d plac un individu d racin A Ch tillon sur Chalaronne des futurs Ch tillonnais se sont vus propos d habiter en toute innocence le bien nomm lotissement Le Clos des Narcisses TH un nom comme ca cela ne s invente pas On vous dirait maison de fous cela ne vous ferait pas un effet diff rent La maison dont vous avez toujours r v e rien n est moins s r nous y reviendrons 108 DEZES Marie Genevi ve Nicole HAUMONT Henri RAYMOND et Antoine HAUMONT bid pp 87 109 Annexe 3 2006 Rose M gard 57 L univers pavillonnaire Plus s rieusement une ambiance de quartier n est pas ce qui caract rise en premier ieu les lotissements pavillonnaires Les rues sont vides le jour comme le soir durant la journ e les pavillons sont en g n ral sans vie Si les espaces collectifs ne sont pas compl tement absents on observe en revanche une sorte de refoulement de l espace public Au vu de mes promenades dans les lotissements ch tillonnais et des interviews lues et cout es ce sont d abord les liens entre les enfants qui structurent les relations de voisinages rappelons que ce sont surtout des couples avec enfants qui s installent dans les pavillons pour des raisons de co t et de con
166. sme mais l extension du mod le individuel ou de ce qui est consid r comme tel des classes poss dantes Au plan de la vie quotidienne du moins l galit jusqu nos jours n a que l allure d une banalisation spectaculaire Ce lien entre habitat et d mocratie n est pas anodin L habitat pavillonnaire plait aux masses et attire des habitants dans des territoires autrefois r put s d sert s L habitat pavillonnaire n est il pas un terrain d un populisme ordinaire dans un contexte o la d centralisation pousse la cr ation de potentats locaux et la surench re territoriale Il ne faut pas n gliger que l habitat pavillonnaire a un v ritable co t pour les communes qui les accueillent notamment pour leur insertion dans le tissu urbain extension de la voirie des r seaux Ils sont susceptibles de cr er une demande politique que ce soit pour maintenir leur existence ou leur suppression 192 OSTROWETSKY Sylvia Le n o style regional Reproduction d une architecture pavillonnaire Bordas Paris 1993 Cit par WOZNIAK Marie L habitat des citadins la campagne mod les architecturaux et identit territoriale intervention au colloque Faire campagne Rennes 17 et 18 mars 2005 2006 Rose M gard 97 L univers pavillonnaire 2 Un rejet du tout individuel Les Francais sont ils toujours en demande d un logement strictement individualiste Les architectes et urbanistes ont
167. stiches ayant de l ext rieur une ressemblance vague avec leur r f rence L am nagement int rieur quant lui n a rien de r gional c est celui d un mode de vie standardis Cependant les mod les propos s semblent bien pauvres seuls quelques styles sont d clin s travers la France Ainsi de Nice Dijon en passant par Narbonne la maison provencale envahit les banlieues des villes et villages des r gions aux caract res pourtant plus vari s Ce go t voire cette sensibilit aux styles r gionaux semblent bien loign e d une attention port e la protection des paysages ou au respect de la construction locale Prenons l exemple de Ch tillon sur Chalaronne Certes la vile se situe dans la r gion Rh ne Alpes qui elle m me touche la r gion Provence Alpes C te d Azur et englobe un d partement comme la Dr me dont le style se rapproche des fameux 161 2 MANGIN David La ville franchis e Editions de La Villette Paris 2004 p 165 192 162 OSTROWETSKY Sylvia Le n o style r gional Reproduction d une architecture pavillonnaire Bordas Paris 1993 cit par WOZNIAK Marie L habitat des citadins la campagne mod les architecturaux et identit territoriale intervention au colloque Faire campagne Rennes 17 et 18 mars 2005 63 Maisons Ph nix Annexe 1 p 5 164 Titre de leur ouvrage paru en 1980 2006 Rose M gard 81 L univers pavillonnaire 165 166
168. strialisation et la commercialisation de nos modes de vie dont les pavillonnaires semblent une cible toute d sign e Les habitants ont certes la possibilit du choix mais dans une gamme de produit qui reste standardis e On a ainsi vu apparaitre Ch tillon sur Chalaronne une zone commerciale cons quente qui se densifie Les grandes surfaces de produits alimentaires ont diversifi leur offre Chaque t on voit fleurir les promotions sur les meubles de jardin ou les barbecues Un cha ne de produits v g taux s est install e en p riph rie de la ville Enfin une ancienne usine de produit pharmaceutique s appr te c der son site immense proche du centre ville une 180 CICCO Anne Mim tisme pavillonnaire L Humanit 5 ao t 1994 en ligne consult le 07 08 2006 Consultable sur internet URL http www humanite presse fr journal 1994 08 05 1994 08 05 705627 2006 Rose M gard 89 L univers pavillonnaire grande chaine de distribution c est s r pr sent on trouvera tout sur place plus besoin d aller jusqu Bourg en Bresse mais au prix de la peau du local Si loffre vient Ch tillon c est que la demande est l les nouveaux habitants de la ville Ch tillon fait partie de ce rural qui explose ont transform les habitudes de consommation locale Le march du samedi matin fait de la r sistance mais les Ch tillonnais moyens consomment quotidiennement en grande surface
169. t des enceintes des villes a t interrompue et la coh rence des espaces urbains a t endommag Les n uds les parcours et les domaines ont donc perdu leur identit et la ville n est plus une totalit que l on peut repr senter Avec la disparition de la structure urbaine traditionnelle le paysage a perdu son sens d extension compr hensive et il s est r duit n tre qu un composant dans le r seau des l ments artificiels Ainsi le lotissement pavillonnaire rentre dans ce mouvement de d membrement de la notion de paysage les paysages ne s articulent plus les uns les autres Ce qui nous s duit les raisons de se sentir chez soi attach un lieu sont de l ordre d l ments s par s Et m me le rapport avec la terre et le ciel s est perdu La plus grande partie des difices modernes existe sur un rien sans rapport avec le paysage ou avec un syst me urbain coh rent c est une vie abstraite un sorte d espace math matico technologique o on diff rencie grand peine le dessus du dessous Sr Section 2 Un mode de vie pavillonnaire Les deux traits qui caract risent les Europ ens modernes semblent contradictoires l individualisme et l exigence de droits gaux Friedrich Nietzsche Parler d un mode de vie pavillonnaire c est se rapporter une certaine anthropologie de 91 Photographie en haut droite et en bas gauche Commune de Ch tillon sur Chalaronne site inter
170. t pavillonnaire le regard singulier On d finit ainsi un nouvel aspect de l identit dans l habitat pavillonnaire qui a une relation au manque et la v rit En effet la possibilit du je je suis a voir avec la v rit dans la mesure o dire la v rit est dire la v rit dont je suis porteur Que suis je pour l autre do un rapport l intersubjectif La tension qui guide la d finition de cette dimension de l identit est le d sir ou son corollaire le manque La constitution de cette identit se fait par conformit un mod le Pourquoi s int resser la notion de regard en architecture Tout d abord parce que le regard d finit la spatialit Or c est bien d abord dans l espace concret que prend corps l architecture C est pourquoi la r flexion de celui qui construit se 7 LAMIZET Bernard Politique et identit Presse Universitaire de Lyon Lyon 2002 p 46 8 LAMIZET Bernard bid p 46 9 S minaire de Bernard Lamizet Politique culture espace public s ance 1 12 2006 Rose M gard Introduction place dans l espace plus techniquement dit en trois dimensions Cette perception de l Architecte au sens large c est dire celui qui labore et construit est fondamentale Le regard doit tre orient cadr S il est global il simplifie Le regard doit avoir le temps de s arr ter de sauter pour reprendre de faire des liens l architecture guide
171. t de d part sera le rejet du pavillonnaire comme mode d habiter Le logement individuel correspond une forte demande complexe m lange de retour aux racines se mettre au vert individualisation voire privatisation ce que H Raymond et son quipe ont analys comme correspondant la personnalit de base des Francais Cela explique que plus de 50 des Francais habitent aujourd hui un logement individuel alors m me que la population urbaine d passe les 80 Faut il comprendre ou condamner l habitat pavillonnaire Sylvia Ostrowetsky se place d finitivement du c t de ceux qui pensent que cet habitat est un appauvrissement culturel et m me d mocratique Pour elle en effet l habitat pavillonnaire est une forme d galitarisme individuel du genre chacun a le droit d habiter une maison mais un galitarisme pauvre et surtout illusoire qui se d veloppe sur une base plut t perverse pour la vie en soci t le refus du collectif Ce n est plus le d tachement d une lite de la communaut urbaine mais le refus d une co pr sence anonyme sans signification relationnelle et sans affirmation singuliere C est la lourdeur d une vie collective en son entier que l on rejette cette fois Un retrait non plus pour le palais mais toute une couche importante de la population urbaine La d mocratie en l occurrence ce n est donc pas la vie communautaire ainsi que nous le fait r ver le sociali
172. t la mani re originaire Pour des lotissements de petite taille il ne faut qu une seule rue pour organiser la r partition des logements l conomie on fait une voie sans issue Mais la mani re est trop brute la voie sans issue en terme de communication ce n est pas tr s attractif j habite une voie sans issue Le giratoire ou la structure circulaire att nue cette duret de l am nagement Avec le giratoire plus d ambition vous ne verrez plus rien tout ira bien Le giratoire n est certainement pas une figure anodine il prend de la place il a un sens unique et il ne peut pas tre emprunt par un pi ton Il structure l espace pavillonnaire car il est cr ateur de centralit et de circularit constante Or on est en droit de se demander quel est le sens de cette centralit elle n a aucun sens puisqu il n y a a priori aucun centre dans un lotissement pavillonnaire Le pavillonnaire cr e de l galit entre ses habitants Le giratoire est un noeud pour tourner ou aller tout droit pas besoin de trop regarder gauche ou droite En fait il permet de circuler donc de ne pas s arr ter encore une fois circulez il n y a rien voir Le croisement est une forme de point de rencontre le giratoire en r duit l occurrence On comprend l utilit du giratoire l o la circulation peut tre dense ce qui est loin d tre le cas du pavillonnaire Le giratoire est le symbole du vide de l espac
173. tat a de plus en plus cess d tre subie Le regard travers l art le dessin etc a fait l architecture et l architecture en a fait l objet du regard L urbanisme mise en coh rence du fait urbain cherche m me d sormais la contr ler C est ainsi que la fonction habiter s est faite plus consciente et moins hasardeuse b Le pavillon approche th orique et d finition pratique Cela correspond une petite maison isol e dans un jardin Si l on s int resse aux d finitions donn es notamment par le Petit Robert on remarque que la notion de pavillon est aussi qualitative En effet pavillon trouve une origine latine papilio onis qui signifie papillon cette structure est li e une id e de l g ret Le Petit Robert note un usage d s 1566 qui associe pavillon une petit b timent isol petite maison dans un jardin un parc Dans l id al la construction est la taille de l homme n cessaire et suffisante Elle respecte sa condition sans en faire trop Pour mon analyse il est int ressant de constater la double signification du mot pavillon maison mais aussi tendard En effet le pavillon correspond l id e de partie visible En architecture c est un corps de b timent qui se distingue du reste de l difice dont il fait partie Mais c est aussi la partie vas e donc voyante et surtout sonore de certains instruments la partie visible de l appareil auditif et surtout l tendard pi
174. te revendiqu e y serait d ailleurs des plus mal venues Cependant on ne peut s emp cher de penser ce mode de vie lorsqu on voit ces lotissements r sidentiels car de fait ils n appellent pas une mixit sociale et si leurs portes restent ouvertes tout passant on n y croise jamais un tranger au quartier Et de toute mani re on ne voit pas ce qu il viendrait y faire Les lotissements fonctionnent donc en fait en circuit ferm 190 R L G Communaut s ferm es article disponible sur le site http hypergeo free fr article php3 id_article 299 191 Photographie Rose M gard gauche et au centre Annexe 5 s rie 8 A droite www housesandhomes com 2006 Rose M gard 95 L univers pavillonnaire Image consulter sur la version papier au Centre de Documentation Contemporaine de l I E P de Lyon Section 2 Peut on continuer construire des lotissements pavillonnaires Y a t il un risque pavillonnaire Dans les ann es 1980 et 1990 on s est rendu compte de l erreur urbanistique et architecturale des grands ensembles On conna t le grand r cit de ce qui f t une catastrophe au d but les gens taient contents cela repr sentait une progression dans leur mode de vie puis les d gradations les s gr gations Or pour nous la mani re des historiens l habitat en barres est comme une porte d entr e pour comprendre le pr sent du pavillonnaire Bien
175. terdayla com midcities html i et droite http www publichealthgrandrounds unc edu images urbansprawl jpg 84 MANGIN David bid p 227 5 AUGE Marc Les non lieux introduction une anthropologie de la surmodernit Editions du Seuil collection La Librairie du XX si cle Paris avril 1992 p 134 86 z AUGE Marc Ibid 87 ROWE Peter G Making a middle landscape The MIT Presse Cambridge 1991 Cit par MANGIN Olivier Ibid pp 204 48 2006 Rose M gard Chapitre 1 Regard sur l univers pavillonnaire D autre part l effet sur le village comme paysage est assez catastrophique Les communes sont s duites par ces nouveaux habitants qui am nent de la jeunesse de l activit renforcent leur poids dans la r gion permet de ne pas les classer dans le rural d sert Les pavillonnaire de leur cot sont attir s par l image du village qui donne un cr dit d authenticit l ensemble Cependant comme le note Olivier Mangin le r sultat est plus mitig le village initia est d tourn en ic ne touristique ou au r le de fournisseur de services d appoints 9 Ainsi Jean Lahougue simple habitant pour le moins remont crit il son maire sa col re contre la patrimonialisation de son village Tel est l attrait du mot m me de patrimoine qu il sonne galement clair aux oreilles des sentimentaux et des rentiers des x nophobes et des universalistes des inves
176. tion fr RegardsPremiers archi_2a htm LAURENTIN Emmanuel et V LAMENDOU La folie pavillonnaire 1965 1975 France Culture La Fabrique de l Histoire reportage radiophonique diffus le 8 10 2001 Consultable sur internet URL http w1 ens Ish fr urba Rencontre au couvent de la Tourette Centre Thomas More Regard Espace 106 2006 Rose M gard Bibliographie Architecture 15 et 16 mars 2006 Notes de Rose M gard SARL ABCIE BOU Laurent Lotissement Le Clos des Narcisses note de pr sentation Commune de Ch tillon sur Chalaronne mai 2004 WOZNIAK Marie L habitat des citadins la campagne modele architecturaux et identit territoriale Intervention au colloque Faire campagne Rennes 17 et 18 mars 2005 en ligne consult le 05 08 2006 Consultable sur internet URL http www univ lemans fr lettres eso evenements contributions 03 2005 wm pdf 2006 Rose M gard 107 L univers pavillonnaire 108 2006 Rose M gard Annexes Annexes Annexe 1 Maisons Ph nix Votre r ve l abri du hasard 2006 Rose M gard 109 L univers pavillonnaire Votre r ve a labri du hasard LEI PHENIX we ramona pranic carm 110 2006 Rose M gard Annexes A ream TE PA tre Pm A FERE E RQ EN ER A pe FOOD Eg me ss UR PRESET F LE renen m mua uem rv RCE Emery np MERIDA RR QUIRSEL ur apri 153 10 EJ Lnenan sue un p xn3jJ3s np 32
177. tisseurs et des contemplatifs des artistes et des notaires Et classer ce patrimoine rassure Ainsi pr servera t on parfois le vestige surtout s il est tres vieux tres rare et tres historique d faut de pouvoir pr server le cadre ou il s inscrivait et qui lui conf rait sa dignit si ce n est tout son sens Sans doute alors faudra t il mettre des ceill res et faire abstraction de tout l environnement qui d sormais le conteste et l humilie pour prouver son spectacle le plaisir qu il promettait jadis au regard Il y a l des milliers de photos d glises de ch teaux de manoirs d difices composites revisit s par les go ts dominants de tous les si cles de sites arch ologiques et d objets cultuels de moulins et de fours chaux de ponts et d cluses de gares d usines et m me de carri res d saffect es ou non Mais aucune de ces architectures collectives encore vivantes qu on appelle des villages Aucune vue d ensemble en tant que tels en d pit de leur histoire de l homog n it de leurs mat riaux de la diversit et de la luxuriance de leurs formes de ce qu il conviendrait d appeler les palais du commun Si m me les beaux livres les n gligent mon cher Guy comment nos anciens sauraient ils qu ils sont copropri taires de merveilles Car la ville en question est souvent tr s soucieuse de ses nouveaux habitants des quipements et de la qualit de vie qu elle a leur offrir exerci
178. tive a renforc la diff renciation entre vision et regard On peut d finir la perspective comme Part la technique de la repr sentation en deux dimensions sur une surface plane des objets en trois dimensions tels qu ils apparaissent vus une certaine distance et dans une position donn e D abord introduite dans les techniques de la peinture la perspective a eu une grande influence sur notre mani re de construire sa rationalisation en quelque sorte Elle met en avant la notion de point de vue et de distance dans un rapport calcul quilibr Elle induit une prise de conscience du sujet par rapport lobjet notamment par rapport la repr sentation Elle a fait volu la forme des arts humains radicalement cela est certain mais la perspective a aussi duqu notre vision dans un sens particulier elle a duqu notre regard La perspective introduit la notion de regard raisonn elle permet de nous repr senter les choses non pas telles que l ceil les voit ou croit les voir mais telles que les lois de la perspective les imposent notre raison 7 L artifice de la construction traduit une id e de v rit v rit de l espace en l occurrence Ainsi elle aide l homme se positionner dans sa civilisation urbaine et occidentale 11 Cit par le p re Christophe Boureux lors de la rencontre au Couvent de La Tourette Regard Espace Architecture 15 et 16 mars 2006 12 Le Gran
179. ue 82 2006 Rose M gard Chapitre 2 Regard dans l univers pavillonnaire Une question fondamentale reste pour la constitution d un ventuel patrimoine entendu dans son sens collectif c est celle de la possibilit d un style pavillonnaire La critique de la citation du pass Pour appr cier la valeur de cette citation du pass on peut se r f rer quelques auteurs notamment le tr s critique Le Corbusier Le Corbusier critique le retour l ancien analyse que lon peut rapprocher du jugement de Platon sur l art refusant la peinture le caract re d art au motif qu elle ne faisait qu imiter que tromper Ainsi celui ci assimile ce type de citations une r gression voire un mensonge Proposition 70 L emploi des crit res du pass sous pr texte d esth tique dans les constructions neuves rig es dans les zones historiques a des cons quences n fastes Jamais un retour en arriere n a t constat jamais l homme n est revenu sur ses pas Copier servilement le pass c est se condamner au mensonge c est riger le faux en principe puisque les conditions anciennes du travail ne sauraient tre reconstitu es et que l application de la technique moderne un id al p rim n aboutit jamais qu un simulacre d nu de toute vie Des maisons faites pour durer un probl me pour les g n rations futures Lorsque la logique d habitat collectif est to
180. urs Etudier l habitat pavillonnaire c est chercher un rapport sensible sa forme et son environnement en d autre termes porter son regard sur lunivers pavillonnaire Il me faut avant tout d veloppement saisir la mati re dont je vais discuter qu est ce que l habitat pavillonnaire 2 D finition du sujet 2006 Rose M gard 9 L univers pavillonnaire a Qu est ce qu habiter Habiter veut dire tre Cette proposition exprime le rapport entre identit et habitat On ne construit pas au hasard du temps et des espaces La construction est pouss e par une sorte de n cessit Une n cessit d abord naturelle habiter l o c est possible l abri du danger du fait d une terre riche cultiver ou de la pr sence d une communaut avec faire commerce ou exploiter C est un verbe primaire tre install en tre dans une enveloppe Mais habiter a aussi une dimension fonctionnelle l intention de se chauffer d avoir une famille de s installer appartenir une communaut dans l habitation n est pas anodine L intention exprime une relation de soi avec l existant qu il soit homme ou territoire L intention est singuli re personnelle Cette naturalit et cette fonctionnalit d terminent l existence de l habitat Qu en est il de sa forme Elle varie au gr des paysages des techniques des mat riaux des savoir faire des go ts Longtemps contrainte la forme de l habi
181. us avez ici besoin Le pavillon est le lieu de la diversit des espaces Voyons commun le constructeur Ph nix assimile habilement l espace l identit individuelle de chacun Pour que vous puissiez choisir une maison qui corresponde parfaitement votre mode de vie Ph nix vous propose un grand choix d am nagements int rieurs de vastes volumes ou des espaces plus intimes une cuisine ferm e ou enti rement ouverte sur le salon une suite parentale chambre dressing et salle de bain un coin bureau ou multim dia Chacun de ces choix participe au confort et au charme de votre maison C est vous qui d cidez D Cette id e d espace assimil e l identit individuelle est aussi soulign e dans l ouvrage L habitat pavillonnaire de H Raymond et alii qui remarquent avec humour la tendance marquer la maison d un nom par exemple L Abric tier ou Ki Lo R Di Le fait d avoir de l espace est comme une revanche sur le collectif Avoir son espace c est aussi pouvoir prendre son temps Dans la soci t des loisirs l encore une diff rence fondamentale est op r e entre la vie la ville et la vie chez soi Ainsi t moigne Mme Lauthier 1 Quand on habitait en ville la premi re pr occupation c tait de partir le vendredi soir jusqu au dimanche soir quand on est arriv s ici ca a t le contraire arriver le vendredi soir et ne plus bouger jusqu au dimanche c est un mode de vie
182. ux introduction une anthropologie de la surmodernit Editions du Seuil collection Librairie du XXI Si cle Paris avril 1992 78 SARL ABCIE Annexe 2 44 2006 Rose M gard Chapitre 1 Regard sur l univers pavillonnaire En effet au rythme o vont les choses les banlieues pavillonnaires auront bient t d pass en taille dans certaines localit s c est en fait d j le cas la ville sur laquelle elles se sont greff es Mais personne ne s en rend vraiment compte Ce n est impressionnant que vu d avion ce n est pas un immeuble de cent et quelques tages qui est l physiquement et symboliquement La banlieue pavillonnaire cette r volution tranquille est sans saveur ni odeur Pourtant elle a un effet dramatique sur la perception des territoires elle banalise les paysages Alors qu un territoire c est un ensemble de caract ristiques pas n cessairement homog nes Le pavillonnaire en milieu rural comme c est le cas Ch tillon et dans bien d autres villages de Bresse de Dombes rend banal ce qui tait unique Vu de haut ce qui domine c est l impression d un al atoire rang Al atoire dans le d coupage en parcelle et leur agencement al atoire dans la position du construit sur la parcelle Mais en m me temps une certaine r gularit car les parcelles approchent une taille standard de m me que la taille des constructions C est une r gularit ponctu e de se
183. v cu comme l habitat de la famille ce n est pas simplement le danger de la circulation c est le danger repr senter par autrui qui peut arriver et faire intrusion Dans la rue tout peut arriver Le jardin est ainsi un espace de certitude interm diaire entre la rue et l int rieur du pavillon Les habitants prennent souvent d ailleurs le soin de renforcer la barri re qui ceint leur propri t d une rang e d arbustes dans le lotissement pavillonnaire le thuya a trouv son milieu le plus naturel La pr sence syst matique de jardin est aussi un symbole du naturel oppos Partificiel Autour du lotissement la nature peut servir de cache C est le subterfuge souvent utilis par les communes pour adoucir leur erreur paysag re on plante des arbres Ils apportent l ombre rafraichissante et obscurcissante Dans le cas de Ch tillon sur Chalaronne la commune ou le lotisseur constructeur a pris soin de planter quelques arbres Dans le paragraphe sur l insertion paysag re du lotissement Le Clos des Narcisses Ch tillon sur Chalaronne on peut lire Le projet pr voie le long de la route D partementale n 936 la cr ation d un grand espace vert plant d arbres haute tige Un merlon d une hauteur d environ 2 00 m tres sera r alis parall lement la route Ces am nagements permettront de masquer les futures constructions et la voie nouvelle et de limiter consid rablement l im
184. villonnaire c est pouvoir se d placer or les lotissements p n trent de plus en plus les campagnes sont donc de moins en moins bien desservies par les r seaux de transports en commun les services de proximit Le r ve d intimit et de tranquillit se transformerait en cauchemar de solitude et d enfermement ce type d habitat ne favorisant pas les solidarit s et les rapports de voisinage C est l avis de Franck Scherrer et Emmanuelle Bonerandi qui dans un r cent article i mettent en avant la diversit de situation dans le pavillonnaire et une politique de la ville qui n a pas int gr la prolif ration de cet habitat Pour ces captifs d une localisation sous contrainte dont parle Marie Christine Jaillet le r ve d une maison individuelle prend les formes d une HLM l horizontale caract ris e par le manque de mobilit la perte des liens sociaux voire l enfermement Tout cela n est finalement qu une histoire de point de vue Il reste que l habitat pavillonnaire est d finitivement ancr dans l esprit de tous comme une forme d habitat populaire Populaire dans un double sens qui plait au peuple au plus grand nombre mais aussi qui n est pas en usage dans les milieux bourgeois l lite Il est de m me l incarnation de l individualisme et du conservatisme Section 2 Le commun de l imaginaire pavillonnaire Pour Bernard Lamizet l imaginaire est constitu de l utopie du projet um L ima
185. w maisonphenix com Autres www fondation patrimoine com http www chatillon sur chalaronne fr Rapports et Documents Publics Minist re de l emploi de la coh sion sociale et du logement Maison aujourd hui la maison 100 000 euros Mode d emploi en ligne 2005 15 pages consult le 16 01 2006 Consultable sur internet URL http www cohesionsociale gouv fr IMG pdf 3 mode d emploi charte maison 100 000 euros Direction G n rale de l Urbanisme de l Habitat et de la Construction 35 conseils pour r ussir un lotissement Janvier 2006 24 pages Autres Arc en r ve Dossier de presse pour l exposition Voisins voisines nouvelles formes d habitat individuel en France Avril 2006 23 pages FOURCAUT Annie cours l ENS LSH des 16 et 23 novembre 2001 Le logement social en France de 1830 la fin des ann es 1960 en ligne consult le 04 07 2006 Consultable sur internet URL http w1 ens Ish fr urba social htm Fondation BMW Minist re de l Am nagement du Territoire de l Equipement et des Transports et Minist re de la Culture Programme du concours d architecture 1995 1996 La maison individuelle 49 pages FRONT R AULX DE Dominique R alit s et mythes de la cabane dans l histoire de l architecture de 1750 1930 extraits d une conf rence l Institut Francais d Architecture 13 mars 2002 en ligne consult le 30 07 2006 Consultable sur internet URL http www artsculture educa
186. yonnaise de petites propri t s sans aucune l gislation et sous diff rentes formes cabane de jardin maisons plus ou moins construites vivables Cette situation fait scandale ces gens doivent vivre dans des conditions souvent d plorables sans eau ni routes ni coles Ce fait oblige l Etat r agir La loi Cornudet de 1924 consid r e comme une des premi res lois en mati re d urbanisme vient r glementer ce d sordre spatial en renforcant le contr le sur les lotissements et en imposant aux communes l tablissement d un plan d am nagement En 1928 la loi Loucheur pr voit la cr ation de 100 000 petits propri taires en 5 ans 24 DEZES Marie Genevi ve Nicole HAUMONT Henri RAYMOND et Antoine HAUMONT L habitat pavillonnaire L Harmattan collection Habitat et Soci t Paris 2001 p 35 37 2 Cit par FOURCAUT Annie cours l ENS LSH des 16 et 23 novembre 2001 Le logement social en France de 1830 la fin des ann es 1960 en ligne consult le 04 07 2006 Consultable sur internet URL http w1 ens Ish fr urba social htm 2006 Rose M gard 23 L univers pavillonnaire par extension du financement de l Etat La m me ann e constatant le danger pour les sites la loi Sarraut vise directement les lotissements d fectueux Entre ces deux dates une s rie de lois tendent ou corrigent l intervention de l Etat en la mati re Plus radicalement ce d veloppement anarchique du pavi

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