LE DÉFENSEUR DES DROITS
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1. 1 C GIRAULT Contr les et v rifications d identit R pertoire de droit p nal et de proc dure p nale Dalloz juin 2010 mise jour oct 2013 Les conditions autorisant un agent de la force publique effectuer un contr le d identit sont pr cis es l article 78 2 du CPP A noter que les articles 78 2 1 78 2 4 pr voient galement le recours des contr les d identit mais concernent des situations particuli res r quisitions du procureur de la R publique aux fins de perquisitions de lieux usage professionnel aux fins de recherches et de poursuite d acte de terrorisme et de visites de v hicule qui sont cart es des pr sentes observations Trois cat gories de situations doivent tre principalement voqu es D une part aux termes des premiers alin as de l article 78 2 du CPP peut tre contr l e toute personne l gard de laquelle existe une ou plusieurs raisons plausibles de soup onner qu elle a commis ou tent de commettre une infraction qu elle se pr pare commettre un crime ou un d lit qu elle est susceptible de fournir des renseignements utiles l enqu te en cas de crime ou de d lit ou qu elle a fait l objet de recherches ordonn es par l autorit judiciaire D autre part le procureur de la R publique peut galement sur r quisitions crites ordonner des contr les d identit pour la recherche et la poursuite de certaines infractions dans un lieu et un temps2. 12 5871 12 5873 12 5874 12 5875 12 5876 12 5877 12 5878 12 5879 12 5880 12 5881 12 5882 12 5883 12 5884 D cide de pr senter les observations suivantes devant la Cour d appel de Paris Le D fense Jacques TOUBON Le D fenseur des droits 7 rue Saint Florentin 75H09 Paris Cedex 08 t l 33 0 1 53 29 22 00 fax 33 0 1 53 29 24 25 www defenseurdesdroits fr Les donn es n cessaires au traitement des courriers re us par le D fenseur des droits sont enregistr es dans un fichier informatis r serv son usage exclusif pour l accomplissement de ses missions Vous pouvez excercer votre droit d acc s aux donn es vous concernant et les faire rectifier en vous adressant la Direction g n rale des services Observations devant la Cour d appel de Paris Estimant avoir t victimes de discrimination lors de contr les d identit effectu s par les forces de police en 2012 les r clamants Messieurs AHIDAZAN Armel AMPONSAH R gis BENYACHOURP Manssouri DIA Abdillahi DIF Amine Mohamed KAOUAH Lyes MIZIUS Averdi NIANE Bocar NOVEMBRE Elise OMOURY Anthony SEYDI Mounir TOUIL Karim ZEKOUM Nadir ont fait assigner l Agent judiciaire de l Etat et le Ministre de l Int rieur devant le Tribunal de grande instance TGI de Paris afin de voir constater la responsabilit de l Etat et condamner celui ci r parer le pr judice subi Le 2 octobre 2013 par 13 jugements le TGI s est d cla
3. de la punition de l agent responsable Or les autorit s ont le devoir de prendre des mesures visant pr venir et r primer les actes discriminatoires et d en punir les responsables Dans certaines affaires o les requ rants portaient des griefs relatifs l article 3 de la CEDH prot geant toute personne contre les traitements inhumains et d gradants la Cour a estim qu une proc dure qui visait uniquement allouer des dommages et int r ts sans autre mesure permettant l identification et la punition des responsables ne pouvait tre consid r e comme un recours effectif Turan Cakir c Belgique no 44256 06 48 10 mars 2009 Assenov et autres c Bulgarie 28 octobre 1998 Recueil 1998 VIIH 102 Cette jurisprudence est parfaitement transposable dans les pr sentes affaires au regard des exigences pos es par la Cour pour garantir une protection effective des droits L article 15 de la Directive 2000 43 pr cit e va d ailleurs dans ce sens puisqu elle demande aux Etats de mettre en place des sanctions effectives proportionn es et dissuasives en cas de discrimination Ainsi selon nous la Cour d appel devra s interroger sur la mani re dont les textes applicables peuvent tre interpr t s pour offrir au justiciable des garanties suffisantes contre le risque de voir les contr les d identit chapper tout contr le juridictionnel effectif et se demander si le recours pour fonctionnement d fectueux du service de la ju
4. defenseurdesdroits fr sites default files upload rapport controle identite final OC paf CNDS rapport 2010 judiciaire le contr le de deux palestiniens a t justifi par les fonctionnaires de police parce qu un individu se trouvait debout derri re un pilier en face d un autre assis sur un banc Pour l agent l un d eux se dissimulait derri re le pilier La Commission avait consid r que ces motifs ne correspondaient pas aux dispositions de l article 78 2 du CPP et que le contr le pouvait tre consid r comme un contr le au faci s avis n 2008 89 6 avril 2009 Dans une autre affaire un homme avait t contr l une gare Lyon et lorsqu il a demand les motifs de son contr le il lui aurait t r pondu parce que vous tes arabe Dans le cadre de son enqu te et notamment de l audition de l agent ce dernier a indiqu simplement qu agissant sur r quisitions du parquet il n avait pas de motif invoquer avis n 2010 11 17 janvier 2011 Dans son avis n 2008 123 s agissant du contr le d identit de deux musiciens de rue suivi d une interpellation Avignon la Commission avait relev que les r dacteurs du proc s verbal de saisine et d interpellation indiquaient avoir effectu un contr le d identit d un individu de type africain qui tait en train d effectuer une vente la sauvette Or les fonctionnaires entendus ont admis au cours de l enqu te de l IGPN et devant
5. est parce que vous tes noire Le CDH a mis en garde contre le fait de cibler des personnes pr sentant certaines caract ristiques physiques ou ethniques qui aurait non seulement des r percussions n gatives en termes de dignit des personnes concern es mais contribuerait galement propager des attitudes x nophobes dans la population en g n ral et serait contraire une politique effective de lutte contre la discrimination raciale Les obligations positives de l Etat en mati re de discrimination La protection effective des droits impose aux Etats de s abstenir non seulement de s ing rer arbitrairement dans l exercice des droits prot g s par la Convention mais galement de prendre des mesures appropri es et concr tes afin de pr venir et de r primer de telles ing rences commises par les agents de l Etat et les tiers De telles obligations positives existent galement en mati re de discrimination La Cour l a affirm maintes reprises en particulier dans l affaire Natchova et autres pr cit o elle a rappel que l interdiction de la discrimination de mani re g n rale et de la discrimination fond e sur la race et l origine ethnique en particulier refl tent au m me titre que les autres droits garantis par la Convention et ses Protocoles les valeurs fondamentales des soci t s d mocratiques qui forment le Conseil de l Europe Dans l affaire Timichev la Cour a jug que ce type de comportement appell
6. la Commission avoir en r alit contr l cette personne parce qu elle tait dot e d un gros sac elle avait les apparences d un vendeur la sauvette et ce bien qu aucune marchandise n ait t visible La Commission a estim que le contr le avait en r alit tait effectu au faci s Dans son rapport de 2010 intitul La lutte contre le racisme l antis mitisme et la x nophobie la CNCDH a rendu compte de l ensemble des travaux concernant la question des contr les d identit Ainsi ils r v lent que policiers sur contr lent une population caract ris e par le fait qu elle est jeune masculine habill e de mani re typiquement jeune et issue de minorit s visibles La Commission a invit le minist re de l Int rieur prendre les mesures n cessaires pour lutter contre tout comportement discriminatoire au sein des forces de l ordre notamment en assurant le suivi des activit s de police afin d identifier des pratiques de profilage ethnique Au niveau europ en l Agence des droits fondamentaux de l Union europ enne FRA et la Commission europ enne contre le racisme et l intol rance du Conseil de l Europe ECRI ont constat dans le cadre de leurs travaux la pratique dite du profilage ethnique discriminatoire Du c t des associations et des organisations non gouvernementales nombreuses sont celles qui d non aient sur la base de travaux de recherche d enqu tes et d observations sur le terrain la sur
7. parer le dommage caus par le fonctionnement d fectueux du service de la justice Cette responsabilit n est engag e que par une faute lourde ou par un d ni de justice Il ressort de la jurisprudence de la Cour de cassation que la faute lourde s entend de toute d ficience caract ris e par un fait ou une s rie de faits traduisant l inaptitude du service public remplir la mission dont il est investi Le droit europ en impose aux autorit s de garantir au justiciable une voie de recours effective contre toute mesure portant atteinte ses droits et au principe d galit de traitement La Cour l a rappel au fil de sa jurisprudence sur Particle 13 laquelle consacre le droit au recours effectif voir notamment Kud a c Pologne GC no 30210 96 157 CEDH 2000 XI Cela signifie que les autorit s doivent fournir aux citoyens un moyen par lequel ils peuvent obtenir un redressement appropri des violations de leurs droits garantis par la Convention Ce recours doit tre effectif en pratique comme en droit L article 7 de la Directive 2000 43 pr cit e pose les m mes exigences il demande aux Etats de veiller ce que des proc dures judiciaires et ou administratives soient accessibles toutes les personnes qui s estiment l s es par le non respect leur gard du principe de l galit de traitement Or lorsque des contr les d identit restent sans suite ce qui caract rise les situations o les personnes e
8. qu il pr cise I est g n ralement admis que ces deux premi res cat gories de contr les peuvent tre qualifi es de contr les exerc s au titre de la police judiciaire autrement dit en vue de rechercher et poursuivre les auteurs d une infraction Enfin une troisi me cat gorie de contr les est exerc e au titre de la police administrative en vue de pr venir des troubles l ordre public Cette disposition a t introduite dans le CPP en 1993 par la loi relative aux contr les et v rifications d identit Compte tenu du caract re vague de sa r daction celle ci a fait d s l origine l objet d une interpr tation sous r serve du Conseil constitutionnel D cision n 93 323 DC du 05 ao t 1993 soulignant que toutefois la pratique de contr les d identit g n ralis s et discr tionnaires serait incompatible avec le respect de la libert individuelle que s il est loisible au l gislateur de pr voir que le contr le d identit d une personne peut ne pas tre li son comportement il demeure que l autorit concern e doit justifier dans tous les cas des circonstances particuli res tablissant le risque d atteinte l ordre public qui a motiv le contr le ll faut relever que si les contr les d identit suivis d une garde vue ou d une v rification d identit sont comptabilis s et identifi s de mani re pr cise les contr les n ayant entra n aucune suite ne le sont pas Cette absence de tra ab
9. A ELA E E EOE EE EERE 4 1 Des obligations positives inh rentes la protection effective contre les discriminations Normes relatives la lutte contre les discriminations Coroilaire du principe de non discrimination le principe d galit est consacr par la Constitution en son article 4 qui dispose que La France est une R publique indivisible la que d mocratique et sociale Elle assure l galit devant la loi de tous les citoyens sans distinction d origine de race ou de religion Ce principe d galit s applique au service public en tant qu organe d application des lois Dans un arr t de 1951 le Conseil d Etat a dict un principe g n ral du droit d galit qui r git le fonctionnement des services publics et signifie que toutes les personnes se trouvant plac es dans une situation identique l gard du service public doivent tre r gies par les m mes r gles Cette r gle vise les diff rents interlocuteurs du service public tant les fonctionnaires qui doivent tre impartiaux et traiter de mani re neutre les usagers que les usagers entre eux Les juges administratifs et judiciaires sont garants de l application du principe d galit et de non discrimination devant le service public La Directive europ enne 2000 43 CE du 29 juin 2000 consacre galement le principe de l galit de traitement entre les personnes sans discrimination de race ou d origine ethnique dans l acc s aux biens et servi
10. Bulgarie n 72663 01 67 27 septembre 2007 la mise en place et l application effective d un syst me r primant toutes les formes de violence et offrant aux victimes des garanties suffisantes Opuz pr cit l instauration d une distinction dans le syst me juridique et dans la pratique entre les infractions connotation raciste et ethnique et les autres infractions le devoir sp cifique de mener une enqu te afin d tablir si les faits incrimin s reposent sur des mobiles racistes Natchova pr cit 160 Le manquement de telles obligations quivaudrait fermer les yeux sur la gravit de tels actes et les consid rer comme des actes ordinaires ce qui pourrait constituer un traitement injustifi inconciliable avec l article 14 de la Convention Natchova pr cit PRO PRE M La position de la Cour sur l tendue des obligations positives des Etats en mati re de discrimination est partag e par les autres organes de contr le europ ens et internationaux l est renvoy cet gard la recommandation de politique g n rale relative la lutte contre le racisme et la discrimination raciale dans les activit s de la police n 11 o FECRI demande aux Etats membres de d finir et d interdire clairement le profilage racial dans la loi c est dire l utilisation par la police sans justification objective et raisonnable de motifs tels que la race la couleur la langue la religion la nationalit ou l o
11. Etat qui sont inh rentes la protection effective des droits Les constats que dresse aujourd hui la soci t civile sur existence de contr les d identit discriminatoires doivent conduire celles ci prendre des mesures concr tes visant pr venir et r primer ce type de mesures en encadrant suffisamment les contr les et en pr voyant des garanties suffisantes contre les risques d abus et d arbitraire Le contr le d identit Le contr le d identit est la demande faite une personne par un agent de la force publique fonctionnaire de police ou militaire de la gendarmerie de justifier de son identit par tout moyen Il r sulte de la combinaison des articles 78 1 et 2 du code de proc dure p nale CPP que le contr le d identit est en r alit une injonction ou une sommation adress e par les forces de Fordre un citoyen qui est contraint de rester sur place pour r v ler son identit La personne interpell e est donc tenue la disposition des autorit s de police ou de gendarmerie le plus souvent sur les lieux de l op ration le temps n cessaire la d monstration de son identit et la consultation de fichiers de police Le pouvoir de contr le d identit est d voiu tous les policiers et gendarmes quel que soit leur grade en leur qualit d agents de police judiciaire article 20 du CPP Cependant le contr le doit tre effectu sous la responsabilit d un officier de police judiciaire i
12. R PUBLIQUE FRAN AISE LE D FENSEUR DES DROITS 0 3 FEV 205 Paris le oo D cision du D fenseur des droits n MSP MDS MLD 2015 021 Le D fenseur des droits Vu l article 71 1 de la Constitution du 4 octobre 1958 Vu la loi organique n 2011 333 du 29 mars 2011 relative au D fenseur des droits et notamment l article 33 Vu le d cret n 2011 904 du 29 juillet 2011 relatif la proc dure applicable devant le D fenseur des droits Vu la Convention de sauvegarde des droits de l homme et des libert s fondamentales notamment les articles 3 5 8 14 et l article 2 du Protocole n 4 la Convention Vu la Directive europ enne 2000 43 CE du 29 juin 2000 relative la mise en uvre du principe de l galit de traitement entre les personnes sans distinction de race ou d origine ethnique Vu la loi n 2008 496 du 27 mai 2008 portant diverses dispositions d adaptation au droit communautaire dans le domaine de la lutte contre les discriminations Vu les articles 78 1 et suivants du code de proc dure p nale Vu l article L 141 1 du code de l organisation judiciaire Saisi des appels interjet s contre 13 jugements rendus le 2 octobre 2013 par le Tribunal de grande instance de Paris d boutant les requ rants de leurs demandes visant mettre en cause la responsabilit de l Etat du fait de la r alisation de contr les d identit discriminatoires et obtenir r paration du pr judice n
13. ace noire ou d origine asiatique Enfin elle a rajout que dans ces circonstances l existence d un contr le judiciaire ou d une action en r paration ne sont pas suffisants pour constituer une garantie contre les abus lorsque Flofficier de police n est pas tenu de d montrer l existence de soup ons l gitimes puisqu il sera impossible de prouver l abus de pouvoir Les travaux men s par le D fenseur des droits sur les contr les d identit ont mis en lumi re la probl matique du recours des crit res purement subjectifs pour proc der un contr le d identit En effet il appara t que les contr les d identit qui posent probl me sont ceux effectu s non pas partir de crit res objectifs comme le comportement mais partir de crit res appr ci s subiectivement par le fonctionnaire de police o le militaire de la gendarmerie Or il a pu constater qu en r alit la plupart des contr les d identit taient effectu s sur r quisition du procureur de la R publique comme cela a d ailleurs t le cas pour 8 des 13 demandeurs en l esp ce Or une fois la r quisition d livr e aucune obligation de motivation des contr les effectu s n est formellement exig e La question du motif du contr le soul ve la difficult d objectiver le choix de la personne contr l e dans le cadre des contr les requis et des contr les administratifs qui peuvent tre pratiqu s sur toute personne ind pendamment de son comportement La
14. ces et la fourniture de biens et services La loi du 27 mai 2008 portant diverses dispositions d adaptation au droit communautaire dans le domaine de la lutte contre les discriminations interdit toute discrimination directe et indirecte fond e sur l appartenance ou la non appartenance vraie ou suppos e une ethnie ou une race en mati re de protection sociale de sant d avantages sociaux d ducation d acc s aux biens et services ou de fourniture de biens et services Elle pr cise en son article 4 Toute personne qui s estime victime d une discrimination directe ou indirecte pr sente devant la juridiction comp tente les faits qui permettent d en pr sumer l existence Au vu de ces l ments il appartient la partie d fenderesse de prouver que la mesure en cause est justifi e par des l ments objectifs trangers toute discrimination Par ailleurs les articles 225 1 et 225 2 du code p nal interdisent les discriminations telles que d finies par la loi lorsqu elles consistent refuser la fourniture d un bien ou d un service entraver l exercice normal d une activit conomique quelconque refuser d embaucher sanctionner ou licencier une personne subordonner l acc s d un bien d un service ou d un emploi une conditions fond e sur un motif interdit et notamment sur l origine l apparence physique l appartenance ou la non appartenance vraie ou suppos e une ethnie une nation une race ou une r
15. e assur e sans distinction aucune fond e notamment sur la race la couleur l origine nationale ou sociale l appartenance une minorit nationale Cet article qui vaut uniquement pour Ja jouissance des droits et libert s garantis par la Convention et ses Protocoles peut tre combin dans le cas des contr les d identit aux articles 5 et 8 de la Convention ainsi qu l article 2 du Protocole n 4 lesquels prot gent respectivement le droit la libert et la s ret le droit au respect de la vie priv e Gillan et Quinton c Royaume Uni no 4158 05 57 CEDH 2010 et la libert de circulation Timichev c Russie nos 55762 00 et 55974 00 CEDH 2005 XII Selon une jurisprudence constante de la Cour une diff rence de traitement est discriminatoire si elle manque de justification objective et raisonnable c est dire si elle ne poursuit pas un but l gitime ou s il n existe pas de rapport raisonnable de proportionnalit entre les moyens employ s et le but vis par la mesure Chassagnou et autres c France GC nos 25088 94 28331 95 et 28443 95 91 CEDH 1999 11 La discrimination raciale tant une forme de discrimination particuli rement odieuse Natchova et autres c Bulgarie GC nos 43577 98 et 4357 79 98 145 CEDH 2008 Vil la Cour estime que le niveau de protection garanti au justiciable doit tre le plus lev D s lors lorsqu une diff rence de traiteme
16. e de la part des autorit s une vigilance particuli re et une r action nergique et qu elles doivent recourir tous les moyens dont elles disposent pour combattre le racisme renfor ant ainsi la conception d mocratique de la soci t dans laquelle la diversit est per ue non pas comme une menace mais comme une richesse pr cit 56 Les contr les d identit effectu s de mani re discriminatoire l gard de personnes en raison de leur origine de leur nationalit ou de leur couleur de peau appellent donc de la part des autorit s l adoption de mesures concr tes et fermes propres pr venir et r primer ce type d actes Ces obligations positives peuvent tre mat rielles et ou proc durales Elles peuvent concerner certains groupes particuli rement vuin rables lorsqu ils ont besoin d une protection renforc e C est le cas des membres de la communaut Tsiganes Rom ou des femmes victimes de violences conjugales Or u et autres c Croatie GC n 15766 03 147 148 CEDH 2010 et Opuz c Turquie no 33401 02 CEDH 2009 Les mesures peuvent inclure la mise en place d un cadre l gislatif permettant de mettre les individus suffisamment l abri d actes contraires la Convention voir titre d exemple Abdu c Bulgarie n 26827 08 11 mars 2014 l adoption de dispositions p nales sp cifiques r primant et sanctionnant les actes discriminatoires et les actes de violence racistes Nikolay Dimitrov c
17. eligion d termin e Ces dispositions visent donc de telles in galit s de traitement lorsqu elles sont commises en relation avec l acc s un service public et l article 432 7 du code p nal pr voit d ailleurs de sanctionner plus s v rement une discrimination commise par une personne d positaire de l autorit publique dans l exercice de ses fonctions lorsqu elle consiste refuser le b n fice d un droit accord par la loi ou entraver l exercice normal d une activit conomique quelconque Enfin le Code europ en d thique de la police adopt en 2001 par le Comit des ministres du conseil de l Europe recommande en son article 40 que la police doit mener bien ses missions d une mani re quitable en s inspirant en particulier des principes d impartialit et de non discrimination 7 CE sect 9 mars 1951 n 92004 Soci t des concerts du conservatoire 8 Recommandation Rec 2001 10 du Comit des Ministres aux Etats membres sur le Code europ en d thique de la police adopt e le 19 septembre 2001 Jurisprudence internationale significative Les contr les d identit au faci s constituent des mesures discriminatoires au regard de la Convention de sauvegarde des droits de de l homme et des libert s fondamentales CEDH notamment du principe de non discrimination consacr par l article 14 aux termes duquel La jouissance des droits et libert s reconnus dans la Convention doit tr
18. ement ce qu affirme le TGI la loi n 2008 496 du 27 mai 2008 portant diverses dispositions d adaptation au droit communautaire dans le domaine de la lutte contre les discriminations notamment la Directive 2000 43 CE interdit toute discrimination fond e sur l appartenance ou la non appartenance vraie ou suppos e une ethnie ou une race en mati re d acc s aux biens et services ou de fourniture de biens et services L article 4 relatif l am nagement du r gime de la charge de la preuve est applicable devant une juridiction civile aux agissements et mesures adopt es par le service public La loi s est born e soustraire de la port e du dispositif les seules poursuites p nales D s lors les requ rants mettant en cause le fonctionnement du service public de la justice dont les op rations de police font partie les dispositions pr cit es sont applicables au litige Les requ rants doivent donc b n ficier d un am nagement de la charge de la preuve laissant reposer sur les services mis en cause l absence de discrimination partir du moment o ils pr sentent les faits qui permettent de pr sumer l existence d une discrimination Cette r gle de l am nagement de la charge de la preuve issue du droit communautaire a d ailleurs t syst matiquement transpos e toutes les proc dures civiles et administratives en mati re de discrimination cet gard il est renvoy Farticle L 1134 1 du Code du travail l ar
19. ilit et de donn es objectives laisse le champ libre la subjectivit des points de vue exprim s par les acteurs Constats des acteurs En 2012 le D fenseur des droits rappelait le point de vue de diff rents acteurs sur le sujet Tout d abord des acteurs institutionnels tels que la Commission nationale de la d ontologie CNDS dont le D fenseur des droits a repris les missions ainsi que la Commission nationale consultative des droits de l Homme CNCDH qui avaient pris position La CNDS a rendu plusieurs avis sur les contr les d identit notant l importance qu ils soient exerc s conform ment aux conditions l gales afin qu ils ne puissent tre consid r s comme des contr les au faci s et regrettant de ne pouvoir chaque fois d terminer les conditions dans lesquelles des contr les peuvent tre men s Pour la CNDS le fait qu on ne puisse v rifier la mani re dont sont s lectionn es les personnes en particulier dans les cas d op rations men es sur r quisitions du procureur de la R publique est probl matique Dans le cadre de l instruction de nombreuses affaires la CNDS et le D fenseur des droits se sont heurt s l impossibilit de retrouver la trace des auteurs d un contr le d identit voir par exemple l avis n 2009 77 avril 2010 Dans une affaire qui a fait l objet d une proc dure Rapport relatif aux relations police citoyens et aux contr les d identit oct 2012 p 9 htip www
20. is d une garde vue ou d une v rification d identit font l objet d une proc dure crite ceux qui ne le sont pas ne donnent lieu aucun crit En effet les contr les d identit en France ne font l objet d aucune obligation l gale de tra abilit Les contr les ne doivent pas tre enregistr s aucun r c piss n est d livr et les policiers et les gendarmes n ont pas l obligation de reporter un contr le sur un proc s verbal dans les cas o celui ci n a pas abouti la constatation d infraction L absence de motivation et de proc dure crite en particulier de toute trace du contr le effectu pr cisant a minima la date et le lieu du contr le le nom de l agent contr leur et de la personne contr l e et les raisons ayant justifi fa mesure ni m me la notification orale la personne contr l e de la base l gale de la mesure et des motifs du contr le entrave l acc s au contr le juridictionnel et peut priver celle ci de la possibilit de contester utilement la l galit de la mesure et de d noncer son caract re discriminatoire Dans ces affaires les seuls l ments sont souvent la parole des fonctionnaires de police contre celle de la personne contr l e Priver cette derni re de ces informations rend les droits dont elle dispose th oriques et illusoires Or la Cour europ enne la rappel maintes reprises l objectif de la Convention consiste prot ger des droits concrets et effectifs voir notam
21. it s d ex cution Ce niveau de pr cision d pend pr cise la Cour dans une large mesure du contenu du texte en question de la mati re qu il est cens r gir et du nombre et du statut de ceux auquel il est adress Cette exigence n est pas atteinte lorsque le pouvoir d appr ciation accord l ex cutif ne conna t pas de limite La Cour a jug que ces exigences n taient pas remplies dans l affaire Gillan et Quinton c Royaume Uni pr cit e concernant le dispositif l gislatif autorisant les officiers de police proc der des interpellations et des fouilles aux fins de pr vention d actes de terrorisme Les textes critiqu s conf raient un pouvoir discr tionnaire trop large aux policiers et ne pr voyait que les modalit s d ex cution des mesures Sans encadrement strict ces mesures reposaient essentiellement sur le pressentiment ou l intuition professionnelle des policiers Les officiers n avaient donc pas d montrer l existence de motifs l gitimes ni m me nourrir subjectivement le moindre soup on l gard de la personne interpell e et fouill e Selon la Cour ce dispositif accordait un pouvoir tendu aux policiers et faisait na tre un risque clair d arbitraire et de discrimination l gard de cat gories de la population Elle a jug que ce risque tait d montr en l esp ce par les statistiques lesquelles faisaient tat d un usage disproportionn de ce pouvoir contre les personnes de r
22. justiciable une protection individuelle ad quate contre l arbitraire et les risques d abus Gillan pr cit 79 L am lioration des moyens de poursuite et de preuve devrait permettre d assurer l effectivit de la non discrimination dans le domaine des contr les de police a Garantir l acc s un contr le juridictionnel effectif Les proc dures de contr le et de v rification d identit sont soumises aux contr les des juridictions exclusivement des magistrats de l ordre judiciaire Le Conseil Constitutionnel a rappel dans sa d cision du 5 ao t 1993 qu i revient l autorit judiciaire gardienne de la libert individuelle de contr ler en particulier les conditions relatives la l galit la r alit et la pertinence des raisons ayant motiv les op rations de contr les et de v rification d identit L absence de tra abilit des contr les d identit Ainsi que le tribunal de grande instance de Paris l a constat dans les jugements rendus le 2 octobre 2013 les dispositions l gislatives applicables aux proc dures de contr les d identit ne pr voient aucune trace crite sur les contr les op r s m me si cet acte de police judiciaire effectu en application des dispositions qui viennent d tre rappel es n a donn lieu la r daction d aucun proc s verbal ni par voie de cons quence l tablissement d aucune proc dure En effet si les contr les d identit suiv
23. la loi du 27 mai 2008 est confort e par la jurisprudence de la Cour de Strasbourg Elle estime en effet qu en mati re de discrimination lorsque le requ rant a produit un commencement de preuve quant l existence d une diff rence de traitement du fait d une mesure o d une pratique il incombe la partie mise en cause de d montrer que cette diff rence de traitement est justifi e voir notamment Chassagnou et autres c France GC nos 25088 94 28331 95 et 28443 95 91 92 CEDH 1999 IIT De surcro t consciente des difficult s pour apporter la preuve d une discrimination la Cour estime que pour garantir une protection effective des droits au citoyen on peut s appuyer sur des donn es statistiques pour tablir l existence d une diff rence de traitement entre deux groupes de personnes qui se trouvent dans une situation similaire Elle la fait notamment dans des affaires de discrimination o les requ rants all guaient que la discrimination r sultait d une diff rence dans l effet d une mesure g n rale ou d une situation de fait Opuz pr cit 183 Le droit de l Union europ enne pose les m mes exigences D H et autres pr cit 84 91 c Garantir au justiciable une voie de recours effective contre une mesure portant atteinte au principe d galit de traitement Le TGI de Paris a statu sur le fondement de l article 141 1 du code de Forganisation judiciaire COJ aux termes duquel l Etat est tenu de r
24. ment Artico c Italie 13 mai 1980 33 s rie A no 37 Par ailleurs l absence de communication des motifs du contr le alimente le sentiment d injustice de la personne contr l e laquelle peut l gitimement supposer que le contr le est fond sur des l ments subjectifs tels que son origine g De l absence de contr le a priori des contr les sur r quisition Il faut rappeler que les contr les sur r quisition du parquet avaient t valid s par le Conseil constitutionnel dans la mesure o ils taient soumis au contr le strict a priori du procureur de la R publique afin de garantir le respect des libert s fondamentales 10 Recommandation Rec 2001 10 du Comit des Ministres aux Etats membres sur le Code europ en d thique de la police adopt e le 19 septembre 2001 Conseil constitutionnel D cision n 93 323 DC du 5 ao t 1993 Ibid En l absence de m canisme de contr le du fait de la demande croissante de r quisitions par les forces de l ordre leur encha nement syst matique revient g n raliser dans certaines zones la pratique de contr les d identit discr tionnaires puisque r alis s ind pendamment du comportement de la personne Or le Conseil constitutionnel a soulign que a pratique de contr les d identit g n ralis s et discr tionnaires serait incompatible avec le respect de la libert individuelle La d livrance de r quisitions dont les plages horaires s encha nent dans le
25. nt est fond e directement ou non sur la race la couleur ou l origine ethnique ou encore sur la nationalit la notion de justification objective et raisonnable doit tre interpr t e de mani re aussi restrictive que possible En outre la Cour consid re qu aucune diff rence de traitement fond e exclusivement ou dans une mesure d terminante sur l origine ethnique d une personne ne peut tre objectivement justifi e bid 176 La Cour a d j eu l occasion de condamner un Etat concernant des mesures discriminatoires fond es sur l origine Elle l a fait par exemple dans l affaire 7imichev c Russie relative un refus d entr e sur le territoire fond sur l appartenance la communaut Tch tch ne pr cit Par ailleurs il convient de rappeler qu un contr le d identit effectu de mani re discriminatoire peut constituer un traitement d gradant contraire l article 3 de la CEDH D j en 1978 la Commission de la Cour saisie de refus d entr e ou de s jour au Royaume Uni oppos s des personnes en provenance de territoires anciennement sous contr le britannique estimait que a discrimination fond e sur la race pouvait dans certaines circonstances repr senter en elle m me un traitement d gradant au sens de l article 3 requ te n 4626 70 et autres d cision du 6 mars 1978 Cette jurisprudence a t par la suite confirm e notamment dans l affaire Chypre c Turquie dans laquelle la Cour a e
26. question se pose de savoir sur quels crit res les agents se fondent pour choisir les personnes qu ils contr lent il ressort des travaux du D fenseur des droits que ces derniers se fondent en grande partie sur des crit res subjectifs tels que leur ressenti ou leur instinct Il revient alors aux agents d appr cier librement quelles sont les personnes qu ils contr lent ind pendamment de leur comportement Ces crit res sont propres chaque agent qui construit son propre instinct policier c est dire sa grille de lecture Celle ci peut se fonder sur des facteurs multiples tels que le profil de la personne son origine ethnique suppos e sa tenue vestimentaire ou autres et ou selon des st r otypes Puisque le crit re qui a conduit au contr le d identit est subjectif il est tr s difficile de le v rifier et ce d autant plus qu il n est pas formalis et que l auteur du contr le ignore parfois lui m me les raisons pr cises qui lont amen proc der au contr le Les mesures visant encadrer davantage les contr les d identit doivent s accompagner de garanties dans la mise en uvre du dispositif en vue de prot ger le justiciable des risques d abus et d arbitraire 3 Des garanties n cessaires contre les risques d abus et d arbitraire Les autorit s ont au regard de la CEDH l obligation de pr voir des garanties jouant un contrepoids r el aux pouvoirs tendus accord s l ex cutif afin d offrir au
27. r comp tent pour statuer sur ces demandes estimant que les dispositions de l article L 141 1 du code de l organisation judiciaire ouvrant un recours en responsabilit de l Etat du fait du fonctionnement d fectueux du service public de la justice devaient s appliquer en l esp ce Sur ce fondement et apr s avoir cart les dispositions de la loi du 27 mai 2008 relatives l am nagement des r gles de la charge de la preuve en mati re de discrimination le tribunal a d bout les requ rants de leurs demandes au motif que la preuve d un comportement discriminatoire ou d plac des forces de police constitutif d une faute lourde n tait pas rapport e Les r clamants ont interjet appel des jugements Le 13 novembre 2014 leurs repr sentants ont saisi le D fenseur des droits d une demande d intervention dans la proc dure devant la Cour d appel de Paris sur le fondement l article 33 de la loi organique n 2011 333 du 29 mars 2011 Le D fenseur des droits n entend pas se prononcer ici sur l interpr tation des faits de l esp ce Il souhaite porter l attention de la Cour d appel de Paris les constats qu il a pu dresser travers le traitement des r clamations individuelles dont il a t saisi et les travaux qu il a pu mener sur les pratiques en mati re de contr les d identit ainsi que sur les exigences du droit europ en relatif la lutte contre les discriminations en particulier les obligations positives pesant sur l
28. repr sentation de certaines populations issues de l immigration sans motif l gitime apparent dans la pratique des contr les d identit par les forces de l ordre Ces pratiques conduiraient alors cibler non plus sur un comportement mais sur des st r otypes et des caract ristiques raciales ou ethniques Depuis 2012 force est de constater que le ressenti exprim par certains citoyens perdure Les recours d pos s par les 13 plaignants en sont bien Fillustration Par ailleurs un an apr s ia publication de son rapport relatif aux relations police citoyens et aux contr les d identit le D fenseur des droits a d cid de poursuivre la r flexion sur la question des contr les d identit et leurs modalit s 4 http fra europa eu sites defaul ffiles fra_uploads 1133 Guide ethnic profiling FR pdf Shttp www gouvernement fr sites default files contenu piece jointe 2014 09 ecri_ quatrieme rapport sur la france 2010 pdf p 43 45 http www cnrs frinshs recherche docs actualites rapport facies pdf http Amww hrw org sites defaulWfiles reports france0112frForUpload paf http www gisti org IMG pdf np_ controle identite v3 pdf EENE PT CRE CU SU TEE EEEN SA CCE TENERSE CEPET DIRES CES ESO SES EE A A A PT A ALE PRAD EIE A E EEI O SAER AII PE D E PS EEE ELA TT ONS EIRE A PERS AASI OOOO OEE EIIE EEN EES EL OREA TE OSEI PEEN ALE RIRE O E S RE O NAN ARRETE RETE EET E E SE CRE ES A EES D OE EE EEEO ENEE N TR EE NOR E A E ETER
29. rigine nationale ou ethnique dans des activit s de contr le de surveillance ou d investigation Elle leur demande galement de garantir l ouverture d une enqu te efficace sur les all gations de discrimination raciale ou de comportements abusifs motivation raciste de la police et le cas ch ant de veiller ce que les auteurs de tels actes soient sanctionn s de fa on appropri e Dans une autre recommandation concernant la discrimination raciale dans l administration et le fonctionnement du syst me de justice p nale rendue cette fois ci par le Comit pour l limination de toutes les formes de discrimination raciale de l ONU il est rappel aux Etats contractants l obligation de prendre les mesures n cessaires pour exclure les interpellations les arrestations et les fouilles fond es de facto exclusivement sur l apparence physique de la personne sa couleur son faci s son appartenance un groupe racial ou ethnique ou tout profilage qui l expose une plus grande suspicion Recommandation g n rale XXXI 20 Ainsi le constat unanime dress sur l existence de contr les d identit effectu s de mani re discriminatoire sur des personnes en raison de leur origine ethnique de leur nationalit de leur apparence ou de leur couleur de peau doit conduire les autorit s prendre des mesures concr tes et efficaces en vue d emp cher et d radiquer de tels actes Celles ci doivent intervenir plusie
30. stice pr vu par l article 141 14 du COJ constitue une voie de recours effective l encontre des contr les d identit abusifs au sens de la jurisprudence de la CEDH et en particulier utilement accessible aux personnes all guant avoir fait l objet de contr les d identit fond s sur des motifs discriminatoires Telles sont les observations que le D fenseur des droits entend porter la connaissance et souhaite soumettre l appr ciation de la Cour d appel de Paris ur des droits Jacques TOUBON 12 LL SA RU D AR A AR
31. stim que la discrimination subie par les Chypriotes grecs atteignait une telle gravit qu elle constituait un traitement d gradant Chypre c Turquie GC no 25781 94 CEDH 2001 IV Dans cette affaire taient en cause les conditions de vie avilissantes et indignes impos es ces personnes en raison de leur origine ethnique et religion A noter que sur le plan international le Pacte international relatif aux droits civils et politiques offre une plus grande protection que la CEDH puisque le Comit des droits de l homme CDH a jug que le droit la non discrimination garanti par l article 26 du Pacte tait un droit autonome Le Comit estime que l article 26 consacre le principe g n ral de l galit devant la loi proclam par l article 7 de la D claration universelle des droits de Phomme lequel interdit toute discrimination de droit ou de fait dans tous les domaines relevant de l autorit et de la protection des pouvoirs publics CDH d cision n 172 1984 9 avr 1987 Broeks c Pays Bas Dans l affaire Williams Lecraft c Espagne n 1493 2006 concernant la violation de l article 26 constitu e par un contr le d identit policier motiv par la couleur de peau de l int ress e le Comit a consid r que le contr le constituait une discrimination ill gale Lorsque la plaignante a demand au policier pour quelle raison elle tait la seule personne pri e de montrer ses papiers celui ci lui a r pondu c
32. stiment qu elles ont t contr l es abusivement imposer au justiciable la charge d tablir la faute lourde sans am nagement de la charge de la preuve et sans imposer au service public de se justifier quivaut priver le justiciable all guant du caract re discriminatoire de la mesure d une voie de recours effective lui permettant de contester la l galit de la mesure et d obtenir un redressement appropri contrairement la personne 11 faisant l objet de poursuites p nales qui peut contester la r gularit du contr le d identit devant le juge Les conditions de mise en uvre des contr les d identit ne faisant pas l objet de suites p nales et la charge de la preuve impos e par le TGI pourraient nous conduire nous demander si une telle interpr tation du recours pr vu l article L 141 1 est au sens de la jurisprudence de la Cour europ enne une voie de recours effective c est dire ad quate et suffisante pour pr venir et r primer efficacement les discriminations susceptibles d tre faites jors des contr les d identit Il est galement permis de douter du caract re appropri et suffisant du redressement de la violation qui pourrait tre accord la victime dans de telles conditions Kud a pr cit En effet ce recours permet la r paration du dommage caus celle ci par le versement d une indemnisation au titre d une d faillance du service de la justice mais rien n est pr vu s agissant
33. temps pose donc un r el probl me du point de vue du respect des libert s fondamentales l insuffisance du contr le a posteriori En effet au del du contr le des r quisitions le procureur de la R publique est inform des contr les d identit uniquement si la personne contr l e est par la suite plac e en garde vue Si le contr le n aboutit aucune proc dure le procureur n a pas connaissance de celui Ci Quant aux magistrats du si ge ils ne sont confront s qu aux proc dures judiciaires contestant un contr le d identit lorsqu elles leur parviennent Tel est le cas lorsqu un contr le d identit a donn lieu une interpellation Pauteur pr sum du d lit poursuivi pourra faire valoir devant le juge judiciaire une exception d ill galit par exemple que le contr le a t motiv essentiellement sur son origine ethnique en s appuyant par exemple sur le proc s verbal d interpellation En d finitive une grande partie des contr les d identit chappe donc au contr le de l autorit judiciaire La garantie d un contr le juridictionnel effectif d une mesure coercitive telle que le contr le d identit impose en cons quence l Etat lobligation de mettre en uvre les conditions de la tra abilit et de la motivation Elle doit s accompagner d une autre garantie proc durale l am nagement des r gles de la charge de la preuve b Le n cessaire am nagement de la charge de la preuve Contrair
34. ticle 1 de la loi n 89 462 du 6 juillet 1989 tendant am liorer les rapports locatifs C est galement ce que fait le juge administratif Par exemple dans une affaire o tait en cause le refus par une commune de mise disposition d une salle une association franco musulmane dans le but d exercer un cuite le Conseil d Etat a estim que c tait la commune d tablir la difficult de r pondre cette demande CE 26 ao t 2011 n 1106560 Il faut galement citer les affaires Perreux et Mme Delaunay CE Ass 30 octobre 2009 42 Supra 10 10 n 298348 et CAA Versailles 29 d cembre 2009 n 08VE00296 est int ressant de se r f rer aux conclusions du rapporteur public dans le cadre de l arr t de la cour administrative d appel de Versailles 29 d cembre 2009 AJDA 2010 p 742 La loi de 2008 n tait pas applicable l poque des faits mais il a t fait application de la directive du 15 d cembre 1997 sur la pr somption de discrimination et l am nagement de la charge de la preuve Si ce mode d emploi relatif l administration de la preuve a t labor par le Conseil d Etat l occasion d un recours pour exc s de pouvoir il n existe aucune raison de ne pas l appliquer un litige de plein contentieux tendant la r paration de cons quences dommageables d actes dont il s agit d appr cier la l galit au regard du principe de non discrimination A cet gard la lecture qui est faite de
35. urs niveaux tant au niveau du r gime juridique applicable aux contr les d identit lorsque celui ci conf re un large pouvoir discr tionnaire aux officiers de police 2 qu au niveau des garanties pr vues dans la mise en uvre du dispositif 3 2 La n cessit d un r gime juridique encadrant suffisamment le dispositif des contr les d identit Le dispositif l gislatif r gissant les contr les d identit doit r pondre aux exigences de qualit de la loi ce qui implique que les pouvoirs conf r s aux forces de police soient suffisamment encadr s et soient entour s de garanties l gales ad quates contre les abus En effet selon une jurisprudence constante de la Cour europ enne des droits de l homme toute ing rence un droit garanti par la Convention et ses Protocoles doit tre pr vue par la loi Cela signifie que la mesure litigieuse doit avoir une base l gale en droit interne et tre compatible avec la pr minence du droit principe fondamental d une soci t d mocratique Gillan et Quinton pr cit La loi doit donc tre suffisamment accessible et pr visible de mani re ce que le justiciable puisse r gler sa conduite Pour r pondre ces exigences le droit interne doit offrir une protection l gale ad quate contre l arbitraire et les atteintes des pouvoirs publics aux droits fondamentaux Il doit d finir avec une clart suffisante le degr de discr tion conf r e au pouvoir ex cutif et ses modal
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