À quoi sert l`expérience des autres ?. « Bonnes pratiques » et
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1. propre ment parler un mod le urbain de r f rence et les connaissances mobilisables ne sont que marginalement formalis es et gu re op rationalisables Dit autrement il n existe pas pour prendre l exemple d Odysseum de banques de donn es pr tes l emploi qui s intituleraient tout ce qu il faut savoir sur la conception et la programmation des centralit s urbaines mixant com merces et loisirs urbains D s lors se pose la question de la rationalisation des choix de conception et de programmation Le t moignage du directeur de la SERM fortement investi dans l laboration et le montage du projet Odysseum rend bien compte de cette situation et de la d marche induite Toute la programmation ludique on l a approch e en allant voir quipement par quipement On a du mal nous croire mais c est vraiment comme a que l on a fait en allant se balader partout voir ce que les communes avaient fait comment a s tait mont C est en allant recueillir l exp rience des autres et en allant visiter des choses que l on s est fait une philosophie sur ce qui pourrait aller ou pas Parce que sinon vous ne trouvez rien Vous allez voir RSCG vous n allez rien trouver Donc tout ce concept ludique a t mont de fa on empi quoi sert l exp rience des autres Bonnes pratiques et innovation 41 rique Bon c est vrai que KPMG nous a fait des tudes marketing ponctuelleme2. d veloppement durable particuli rement dans son volet environnemental Dans une version sensiblement diff rente la notion de best practices se d veloppe aussi en v hiculant l id e d un transfert de mod le de d velop pement urbain Elle part du postulat selon lequel il existe des d marches ou des r alisations urbaines exemplaires Dans ce cas la notion de bonnes pra tiques s apparente un pr cepte dont il faut suivre les commandements Les cas d sign s exemplaires recouvrent soit des cas dont il est possible de tirer des informations pour mettre l exp rience des uns au service des autres soit la pratique dite exemplaire est vue comme un mod le reproduire Quoi qu il en soit l id e qu il existe des bonnes pratiques dont il faut a minima S inspirer ou qu il faut a maxima reproduire est largement r pandue dans le champ de l am nagement urbain Pourtant la notion de bonnes pratiques reste assez floue Surtout l id e qu il existe de bons mod les dont on pourrait tirer exp rience ou qu il est n cessaire ou possible de reproduire ne fait pas l unanimit La contro verse est assez vive et les d bats se limitent souvent un affrontement d ar guments entre ceux qui labellisent les bonnes pratiques et organisent leur diffusion et ceux qui adoptant une attitude critique invoquent au contraire la singularit des contextes urbains et le risque d homog n
3. isation des villes Cela aboutit rapidement des impasses et profite peu l intelligibilit du ph nom ne Une attitude plus f conde consiste examiner les transferts de mod les urbains pour en relever les emprunts et les d passements Dans la plupart des cas il s agit d analyses ex post qui informent peu sur les proces sus m me du transfert Une autre mani re de contribuer au d bat consiste donc renverser la perspective pour examiner les modes d usages des bonnes pratiques En effet qu on la soutienne ou qu on la critique la cir culation des mod les urbains est un fait incontestable et chaque jour des pro fessionnels se pr occupent de savoir ce qui se fait ailleurs et comment Cela invite le chercheur se placer du point de vue des modes d usage des pra tiques des autres et non plus seulement du c t de ceux qui labellisent les mod les ou de ceux qui critiquent le pr cepte des bonnes pratiques Cet article interroge donc les modes de circulation des mod les en exa minant la rationalit de ceux qui s y r f rent quand ils laborent des op ra tions urbaines ainsi que les processus du transfert On montrera notamment partir de l tude du cas d Odysseum projet montpelli rain d urbanisme commercial et de loisirs urbains que le transfert devient transformation et que l enjeu n est pas tant celui de l homog n isation et de la reproduction que celui de l apprentissage et
4. la patinoire est pens e comme un quipement majeur d agglom ration accessible aux montpelli rains suscep tible d accueillir des manifestations sportives en mesure de soutenir le projet de m tropolisation de Montpellier des exp riences exog nes une charg e de mission est mandat e pour faire le tour du monde des patinoires nouvelle g n ration et y identifier des param tres de programmation Le cas de la patinoire d montre un processus qui proc de d une combi naison entre d un c t un contexte et des apprentissages locaux et de l autre c t des exp riences exog nes R sultat de la conjonction de plusieurs v nements elle est significative d un processus r current dans la circulation des savoirs et des mod les L analyse des conditions d mergence d Odysseum va dans le m me sens La gen se du projet montre en effet que le concept d Odysseum comme nouvelle centralit urbaine mixant commerces et loisirs urbains est recher cher dans la conjonction de trois principales influences 1 celle des prin cipes directeurs d am nagement de la strat gie de d veloppement conomique et des projets territoriaux montpelli rains d finis ant rieurement 2 celle d une initiative priv e inattendue avec l implantation d un multi plexe Gaumont qui joue le r le d v nement d clencheur 3 et celle de la r f rence au mod le am ricain en mati re de centres com
5. la sociologie des organisations les sciences de la d cision les sciences de gestion les sciences administratives ont toutes fait la d mons tration du caract re contingent et situ de l action Les projets d am nage ment urbain n chappent pas cette analyse Leur laboration suit un processus ind termin fortement soumis aux variables exog nes et contex tuelles au cours duquel il est impossible de dire l avance quelles cat gories d l ments vont jouer le r le le plus important Arab 2004 Le contexte local peut m me intervenir de diverses mani res On se limitera ici clairer ce point partir de trois exemples caract ristiques du processus d laboration d Odysseum 44 Espaces et soci t s 131 Le premier exemple est fourni par la patinoire Quatre d terminations distinctes concourent sa programmation une conjoncture Montpellier est d j quip e d une patinoire mais elle est vieillissante et sa concession arrive ch ance en 2000 Le contexte local offre une opportunit un apprentissage local capitalis celui de la construction de la piscine olympique par la SERM inaugur e en 1996 D crite comme un concept unique en Europe elle mixe un bassin sportif et un bassin ludique L exp rience de la piscine conforte la possibilit d imaginer une patinoire sportive et ludique coh rente avec le concept d Odysseum la coh rence avec le r f rent territorial
6. national des centres commerciaux est d ailleurs tr s clair ce propos en d clarant qu il y a un mod le qui marche bien c est le centre commercial avec un multiplexe cin ma de la restauration et une galerie marchande Pour le reste il se dit tout et n importe quoi sur les loisirs Cela signifie que pour les op rateurs et investisseurs priv s les meilleures pratiques sont les pratiques dominantes et que la seule attitude viable est celle de la reproduction des mod les com merciaux classiques Cela entre en forte contradiction avec les injonctions politiques montpelli raines qui consistent pr cis ment formuler une com mande de centre commercial qui ne ressemble pas au mod le commercial classique des entr es de ville 4 Sans chercher ni l exhaustivit du cas ni celle de la question abord e 5 Les chos n 18926 17 juin 2003 quoi sert l exp rience des autres Bonnes pratiques et innovation 39 L enseignement tirer de cet pisode est d tonnant alors que le crit re d innovation occupe le haut du pav dans la labellisation des best prac tices Odysseum prend contre pied cette approche de l exemplarit il souligne l inverse comment la rupture avec les bonnes pratiques peut aussi tre interpr t e comme une condition l innovation Cela sans compter une tendance r currente invoquer simultan ment l exemplarit et l innova tion ce qui rev
7. une tape d cisive dans l la boration du projet pour autant il est impossible de parler d importation du mod le am ricain et encore moins d une d territorialisation de la d finition des choix Au contraire alors que les pratiques nord am ricaines privil gient l introversion des espaces commerciaux pour amener les clients ailleurs ibid avec Odysseum la d marche cherche affirmer une identit mont pelli raine qui passe notamment par des choix urbanistiques et architectu raux qui se veulent repr sentatifs ou symboliques de cette identit Un m canisme endog ne structurant le r f rent territorial Un autre type de probl me li aux bonnes pratiques concerne les limites de la contextualisation Cette limite joue deux niveaux D une part en regard des probl mes urbains qu il s agit de r gler c est par exemple ce que d fend J M Offner qui dans son plaidoyer pour une innovation urbaine pragmatique consid re que les probl mes urbains sont h t rog nes d une ville l autre et que loin d tre naturellement donn s ils rel vent au contraire de l ordre des choix des priorit s d une hi rarchisation d un arbi trage selon des situations locales toujours singuli res Offner 2000 Cela relativise la pertinence m me d un raisonnement en termes de best prac tices D autre part la contextualisation s applique au processus d labora tion des projets
8. CAIRN chercher rep rer avancer Cet article est disponible en ligne l adresse http www cairn info article php ID REVUE ESP amp ID NUMPUBLIE ESP 1318D ARTICLE ESP_ 131 0033 quoi sert l exp rience des autres Bonnes pratiques et innovation dans l am nagement urbain par Nadia ARAB r s Espaces et soci t s 2007 4 131 ISSN 0014 0481 ISBN 2 7492 0839 8 pages 33 47 Pour citer cet article Arab N quoi sert l exp rience des autres Bonnes pratiques et innovation dans l am nagement urbain Espaces et soci t s 2007 4 131 p 33 47 Distribution lectronique Cairn pour r s r s Tous droits r serv s pour tous pays La reproduction ou repr sentation de cet article notamment par photocopie n est autoris e que dans les limites des conditions g n rales d utilisation du site ou le cas ch ant des conditions g n rales de la licence souscrite par votre tablissement Toute autre reproduction ou repr sentation en tout ou partie sous quelque forme et de quelque mani re que ce soit est interdite sauf accord pr alable et crit de l diteur en dehors des cas pr vus par la l gislation en vigueur en France Il est pr cis que son stockage dans une base de donn es est galement interdit quoi sert l exp rience des autres Bonnes pratiques et innovation dans l am nagement urbain Nadia Arab L r f rence aux bonnes p
9. aire et issu des programmes Urban 1 et 2 Urbact affiche l ambition de susciter l change d exp riences entre villes euro p ennes particuli rement propos des quartiers dits en difficult et de ce que l on appelle en France la politique de la ville L enjeu est explicite ment celui de la capitalisation des d marches innovantes et de la diffusion des savoir faire qui y sont rattach s Mais pour tre en mesure de diffuser ces exp riences et savoir faire encore faut il pouvoir les formaliser Or lors d une conf rence r unissant les participants ce programme en 2004 le directeur du Secr tariat d Urbact reconna t que la question du transfert sou l ve un probl me essentiel et d clare que la difficult rencontr e ne se situe pas au niveau de l change d exp riences mais dans la transformation des connaissances dans des savoir faire capitaliser et diffuser Cette difficult contribue sans doute expliquer pourquoi les pratiques de diffusion portent 40 Espaces et soci t s 131 moins sur les savoir faire que sur des guides m thodologiques labor s sur des crit res de succ s et d chec pourtant n cessairement relatifs Autre probl me la formalisation des exp riences et savoir faire ne signi fie pas que ceux qui en sont les destinataires sauront les mobiliser et les mettre en uvre C est l une des utilit s de la diff rence conceptuelle entre savoir et comp tence professionnell
10. atique et territo rialis le principal m canisme de la d marche consistant pr cis ment com biner et confronter ces trois d terminants Empirique parce que les savoirs sont acquis en faisant le tour du monde par multiplication d explorations de visu de l existant de recueils d exp riences prouv es par d autres d ob servations in situ Ce faisant il y a accumulation pas pas cas par cas visite apr s visite d un savoir d action h t rog ne et construction progressive d une banque de donn es empiriques elle porte la fois sur les programmes des quipements leurs usages et usagers ainsi que leurs conditions de fonc tionnement en termes d investissement et d exploitation Cependant les Savoirs ainsi acquis ne sont pas trait s comme des savoirs absolus ou infalsi fiables et si transfert d exp riences il y a il n est pas m canique et ne fonc tionne pas sur le mode de la reproduction l identique D une part les exp riences rencontr es et analys es sont avant tout mobilis es pour stimu ler des id es mettre jour des probl mes caract riser des conditions de r us 46 Espaces et soci t s 131 site de viabilit et de p rennit formuler des hypoth ses de programme D autre part loin d tre simplement transpos es elles sont au contraire sou mises des preuves de confrontation et de validation en regard de trois dimensions r currentes leur coh rence ave
11. c le parti pris d am nagement leur pertinence en regard du contexte territorial leur faisabilit op ration nelle c est dire la possibilit de trouver un op rateur en mesure d investir et d exploiter l activit Cela signifie galement 1 que les comp tences n cessaires pour concevoir et piloter le projet se construisent avec l augmen tation de la connaissance sur le projet 2 qu il y a construction ad hoc et sur mesure d une banques de donn es 3 que la mani re de construire cette banque de donn es ou cet espace des savoirs a une vocation op ra tionnelle C est en ce sens que l on peut parler d un mode op ratoire prag matique et pas seulement empirique l augmentation de la connaissance sur le projet et la construction des comp tences sont fondamentalement tourn es vers le passage des intentions aux r alisations Enfin le r f rent territorial compris la fois comme le territoire existant caract ristiques morpholo giques g ographiques conomiques politiques d mographiques sociolo giques et projet ambitions et strat gies m tropolitaines technopolitaines et urbanistiques surd termine l ensemble Cette analyse conduit pointer du doigt un ph nom ne important L enjeu est il dans la capitalisation et la diffusion des savoirs ce que postu lent les tenants des best practices ou dans les modes de production et de circulation du savoir et les
12. cas lyonnais tant pour ses r alisations que pour ses modes d orga nisation tandis que Fribourg est plus particuli rement retenue pour sa d marche environnementale De la m me fa on alors que Lyon et Barcelone sont d abord cit es par les Lillois B le et Zurich le sont surtout par les Genevois et Grenoble par les Nantais Arab Bourdin 2005 Ces constats 1 www club ville amenagement asso fr pour ne citer qu un seul des th mes trait s par le Club 2 Exemple des villes tudi es par une recherche sur la coop ration professionnelle dans le cadre de la conception et de la production des espaces publics quoi sert l exp rience des autres Bonnes pratiques et innovation 37 interrogent ce qui fait l exemplarit aux yeux des op rateurs urbains et ren forcent l int r t d explorer les processus de transfert de mod le Pour apporter quelques l ments de r ponse ces questions l analyse s appuie particuli rement sur l laboration d Odysseum projet d urbanisme commercial et de loisirs urbains initi Montpellier au milieu des ann es 1990 L int r t de ce projet tient dans le fait qu il cumule plusieurs bonnes raisons d aller voir ailleurs mobilise une pluralit de r f rences exog nes et permet de distinguer diff rents types d usages En ce sens le corpus empi rique est riche d enseignements Cela appelle n anmoins quelques explica tions pr alables sur le pro
13. d innovations Ces crit res d exemplarit pour tre standardis s par ceux qui labellisent les bonnes pratiques sont donc consid rer avec quelques pr cautions D une part leur d finition reste tr s sommaire D autre part et peut tre sur tout ces crit res viennent d abord de ceux qui labellisent les bonnes pra tiques et non des acteurs directement et concr tement en charge de 36 Espaces et soci t s 131 l laboration et de la mise en uvre des projets Or identifier labelliser capi taliser et diffuser les bonnes pratiques ne dit rien sur ceux qui les utili sent pouss s par quelles bonnes raisons selon quelles modalit s et pour en faire quoi Ces questions m ritent d autant plus d tre pos es que le recours aux exp riences des autres est sans conteste une d marche ordinaire des acteurs op rationnels de l am nagement et de l urbanisme Cela est vrai des services des collectivit s locales comme des op rateurs urbains publics et priv s am nageurs et promoteurs qui laborent des projets et les mettent en uvre autant d acteurs par lesquels les mod les urbains circulent et se trans forment Cette d marche est ce point ordinaire qu elle d passe largement la seule r f rence aux cas labellis s par des institutions dont c est la vocation de le faire Les vecteurs de circulation de ces exp riences passent par l organisation de voyages et de visites le rec
14. d le am ricain une analyse de l laboration du projet met en vidence des m canismes qui probl matisent la r f rence aux pratiques d velopp es Outre Atlantique et leur place dans le processus de conception et de pro grammation Dans cette perspective l analyse examine les usages et enjeux cognitifs du recours aux pratiques des autres et explicite quelques uns des m canismes de cette d marche de circulation et d acquisition de connais sances BONNES PRATIQUES ET INNOVATION URBAINE UNE INJONCTION PARADOXALE Alors que d s la fin des ann es 1980 l int gration centre commer cial multiplexe fait son apparition en Europe et conna t un succ s grandis sant les difficult s rencontr es par les parcs th me au d but de la d cennie 1990 et l chec retentissant de la Toison d Or 1993 Dijon premi re tenta tive juxtaposant sur un m me site un hypermarch investisseur Carrefour et un parc de loisirs type f te foraine Lyonnaise des Eaux conduisent un rejet des concepts alliant commerces et loisirs Odysseum est ainsi enclench dans un contexte europ en dans lequel les promoteurs et la grande distri bution se recentrent sur leur savoir faire traditionnel l ouverture voire la restructuration des centres commerciaux classiques et sont extr mement m fiants l gard des nouvelles approches qui se d veloppent en Am rique du Nord Desse 2002 p 10 Le pr sident du Conseil
15. de la connaissance Dans cet objectif l article revient d abord sur le caract re ordinaire de la circulation des mod les quoi sert l exp rience des autres Bonnes pratiques et innovation 35 urbains Il interroge ensuite la place privil gi e accord e l innovation dans la labellisation des bonnes pratiques en montrant qu elles peuvent aussi tre un frein l innovation Enfin il examine un des points essentiels pos s par la circulation des mod les celui des modalit s du transfert Sont mis en vidence diff rentes mani res de se servir de l exp rience des autres y com pris dans le cadre d un m me projet ainsi que le r le structurant du contexte local dans l valuation et la transformation des mod les trangers LA CIRCULATION DES MOD LES URBAINS UN PH NOM NE ORDINAIRE ORGANIS OU DIFFUS La notion de best practices se d veloppe autour de l id e qu il existe des mod les d excellence et que ces mod les sont reproductibles Ce raison nement pr vaut particuli rement du c t des institutions nationales et inter nationales L enjeu est de construire un r f rentiel pour disposer de crit res partir desquels valuer les projets et fonder l ligibilit aux allocations de res sources Cette logique est relay e par des cabinets conseil qui se sp cialisent dans l valuation Ils vendent des guides m thodologiques con us sur une s lection de facte
16. e Sans entrer dans des consid rations th oriques sur la distinction entre savoir savoir faire connaissance et infor mation d ailleurs loin d tre stabilis es dans le champ acad mique on peut cependant donner quelques pr cisions En l occurrence on s en tient aux d fi nitions communes pour convenir de parler indiff remment de savoir de connaissance ou encore d information En revanche il est utile de distinguer savoirs et comp tences professionnelles Alors que les premiers peuvent tre formalis s dans des manuels des guides des banques de donn es qui peuvent circuler ind pendamment de leurs producteurs les comp tences profession nelles sont elles incorpor es dans des individus En situation d innovation la question du transfert de savoir prend une tournure encore plus singuli re Les th ories de l innovation montrent en effet que le processus d innovation est ins parable d un processus de production de connaissances nouvelles ceci s accentuant plus ou moins avec le caract re incr mental ou radical de l innovation Hatchuel et al 2002 2005 L exp rience des autres diversit des modes d usage On a signal que le choix de l innovation introduit des ruptures plus ou moins radicales avec les connaissances standardis es les mod les domi nants les pratiques du secteur les modes de production habituels Cela pose un probl me singulier en situation d innovation il n existe pas
17. e le lieu d mergence et de diffusion de nouvelles pratiques dans la conception urbaine et architecturale des espaces commerciaux Partageant ce point de vue G P Moretti s interroge cependant sur certaines analyses selon lesquelles cette volution serait marqu e par la mise en place de l conomie globale d territorialis e et que la diffusion de mod les architecturaux serait la base d une uniformisation des espaces quoi sert l exp rience des autres Bonnes pratiques et innovation 43 commerciaux qui seraient d sormais invari s d un contexte l autre Moretti 2001 p 142 S appuyant sur une analyse empirique l auteur consi d re que le mod le fran ais emprunte certes aux exp riences Outre Atlantique mais s en distingue cependant sur deux aspects fondamentaux D une part il accorde une plus large place la desserte par les transports publics d autre part alors qu en Am rique du Nord on assiste toujours plus l introversion des espaces publics du centre commercial dont le d cor d ploie des disposi tifs qui transportent les clients ailleurs En France la r cup ration de structures d j existantes telles que les anciens entrep ts de Bercy Village ancrent dans leur contexte plusieurs nouveaux centres commerciaux ibid p 162 On retrouve le m me type d analyse dans le cas d Odysseum Le voyage aux tats Unis est certes d crit comme
18. e situation o il n existe gu re d exp riences qui font r f rence o les savoirs prouv s et formalis s font d faut et o ph nom nes corollaires les expertises mobilisables sont rares les crit res de conception et de program mation peu connus et les cahiers des charges difficiles voire impossibles laborer Cette situation est aggrav e par le fait que la SERM pour compter parmi les professionnels les plus reconnus de l am nagement urbain n en est pas moins inexp riment e en mati re d urbanisme commercial Ce pr am bule permet de comprendre l int r t m thodologique d Odysseum D une 3 Cette op ration n est pas encore achev e et l on peut s attendre des volutions probables sur le programme pr visionnel Cependant les quipements de loisirs cit s en exemples sont d j construits ou en voie de l tre Concernant le p le commercial l enseigne Ik a a ouvert ses portes tandis qu un important centre commercial retard par un contentieux sans pr c dent avec les commer ants locaux attend le feu vert administratif pour sortir des cartons 38 Espaces et soci t s 131 part on rencontre un cas de figure o le recours aux pratiques des autres et aux mod les urbains d velopp s ailleurs s impose comme un imp ratif incontournable d autre part alors que certains commentaires journalis tiques mais pas seulement se sont empress s de d crier l importation d un mo
19. ient formuler une injonction paradoxale En effet la sociolo gie de l innovation comme la recherche en sciences de gestion ont d montr qu innover quivaut introduire une rupture avec les mod les connus les repr sentations dominantes et les savoirs tablis et prouv s Hatchuel et al 2002 2005 Akrich et al 1988a et 1988b En somme si l on admet avec les th ories de l innovation qu innover n est pas reproduire alors se pose la question de savoir comment concilier un mode de raisonnement cr atif indispensable l innovation avec la d signa tion de mod les urbains dits exemplaires Finalement que faut il transf rer et capitaliser Le mod le urbain dit innovant ou le mode de raisonnement les connaissances et les modes de management qui ont soutenu le processus d in novation DIVERSIT DES MODES DE CIRCULATION DES MOD LES ET INFLUENCE DES PARAM TRES LOCAUX La question pineuse du transfert d exp rience et de savoir Outre les r serves et pr cautions voqu es propos des crit res de per formance et d innovation le pr cepte de l exemplarit sous tendu par les tenants des meilleures pratiques rencontre des critiques qui mettent en question ou pour le moins posent de redoutables questions m thodologiques sur le principe et les m thodes du transfert de connaissances Le programme europ en Urbact fournit une bonne illustration des probl mes soulev s D initiative communaut
20. jet et son contexte En guise de pr ambule il faut retenir qu Odysseum est un complexe ludico commercial symbolique de l univers des loisirs urbains et du fun shopping Con u pour couvrir un rayon nement supra r gional desservi par le tramway il est pens comme un nou veau p le de centralit urbaine et comme une nouvelle pi ce ma tresse du projet de territoire de Montpellier notamment dans des objectifs de comp ti tivit territoriale et de m tropolisation En rupture avec les mod les com merciaux classiques il privil gie un urbanisme de rues et de places et veut int grer sur un site de pr s de 50 hectares des activit s urbaines habituelle ment cloisonn es en mixant des fonctions commerciales de services d ani mation et de loisirs dits urbains bars et restauration plan tarium patinoire multiplexe Gaumont aquarium centre de baln oth rapie bowling cr che h tel 3 Ce projet est confi la SERM Soci t d conomie mixte d am nagement bras arm op rationnel de la politique urbaine du maire de Montpellier Autre pr cision importante Odysseum est initi au milieu des ann es 1990 et cette date le th me aujourd hui banalis des nouvelles cen tralit s urbaines commerces loisirs n en est alors qu ses balbutiements Odysseum fait pr cis ment partie des projets pionniers de ces nouvelles urba nisations Cela a pour cons quence de placer l laboration de ce projet dans un
21. me chez les experts de la construction Histoire et soci t s n 4 p 28 39 DESSE R P 2002 Les centres commerciaux fran ais futurs p les de loisirs Flux n 50 p 6 19 HATCHUEL A LE Masson P WEL B 2002 From knowledge management to design oriented organizations International Social Science Journal Blackwell publisching Unesco vol 171 p 25 37 HATCHUEL A LE Masson P WEL B 2005 Activit de conception organisa tion de l entreprise et innovation dans G Minguet et C Thuderoz sous la direction de Travail entreprise et soci t Manuel de sociologie pour des ing nieurs et des scientifiques Paris PUF p 97 120 MORETTI G P 2001 Exp riences urbaines et architecturales du commerce en France emprunts innovations et regards crois s avec les tats Unis Espaces et soci t s n 107 p 141 165 OFFNER J M 2000 L action publique urbaine innovante dans Wachter et al Repenser le territoire un dictionnaire critique La Tour d Aigues ditions de l aube p 139 155
22. merciaux Cela signifie que pour tre inspir du mod le nord am ricain Odysseum n en est pas moins enracin dans une histoire locale et s inscrit dans les socles fondateurs des orientations strat giques de Montpellier Le troisi me exemple relatif la place du r f rent territorial dans l la boration du projet invoque plus directement la soci t civile locale En effet ce projet se d roule dans une situation de conflit avec les commer ants du centre historique et la CCI qui d noncent une menace de d sertification du centre ancien et son abandon par le maire de Montpellier une opposition locale virulente s organise Sans entrer dans les d tails de cette situation qui a fait couler beaucoup d encre dans la presse locale et m me nationale il suffit de signaler que l action des commer ants du centre ancien n est pas quoi sert l exp rience des autres Bonnes pratiques et innovation 45 sans incidences sur les caract ristiques finales du p le commercial Elle constitue au contraire un param tre cl du processus d laboration et struc ture en partie les choix de programmation du p le commercial Ces trois cas illustrent plus largement une d marche d laboration qui s appuie quasi syst matiquement sur la mise en uvre et la confrontation de trois outils les pratiques et exp riences exog nes les strat gies et ambitions territoriales la connaissance du contexte territorial l
23. modes de passage entre savoirs et actions ce que le cas d Odysseum invite plut t privil gier La question de l efficacit ne se Joue t elle pas dans la capacit articuler savoirs et actions En ce cas la capacit valoriser les exp riences et pratiques exog nes pour transf rer voire produire des connaissances utiles l action n est elle pas d pendante de la capacit mobiliser un puissant r f rent territorial local R F RENCES BIBLIOGRAPHIQUES AKRICH M CALLON M LATOUR B 1988a quoi tient le succ s des innova tions Premier pisode l art de l int ressement Annales des Mines juin p 4 17 AKRICH M CALLON M LATOUR B 1988b quoi tient le succ s des innova tions Deuxi me pisode l art de choisir les bons porte parole Annales des Mines septembre p 14 29 ARAB N 2004 L activit de projet dans l am nagement urbain Processus d labo ration et modes de pilotage Th se de doctorat de l cole nationale des Ponts et Chauss es sp cialit Urbanisme et am nagement ARAB N BOURDIN A sous la direction de 2005 L espace public comme op ra teur de coop rations interprofessionnelles dans les interventions urbaines Rapport de recherche ARDU LTMU LATTSN PUCA minist re de l quipement quoi sert l exp rience des autres Bonnes pratiques et innovation 47 DAVIET VINCENT M B 2002 L mergence de l urbanis
24. nt mais c est partir d exp riences de visites d ouvrages v cus de positif et de n gatif que nous sommes arriv s monter ce programme La conclusion que j en tire c est que quand vous vous attaquez au probl me du loisir et que vous n tes pas dans le cas d un parc th me il n y aucune norme il n y a rien pas de mod le pas de ratio rien Un des aspects les plus frappants de l laboration d Odysseum concerne bien le choix des activit s implanter particuli rement dans le cas des acti vit s ludiques Deux principaux constats peuvent tre tablis D abord la d termination des activit s proc de d une d marche empirique qui passe par l organisation d un nombre consid rable de voyages et de visites en France en Europe aux tats Unis pour l essentiel Ensuite diff rents modes d usage de ces voyages et visites sont rep rables et peuvent tre regroup s en trois grandes logiques d action d couvrir ce qui existe ailleurs et d nicher des concepts originaux Il s agit d ouvrir le champ des possibles et de stimuler la r flexion dans un contexte o l am nageur n a qu une faible visibilit du programme envisa geable Aux premi res heures du projet cette exploration a un caract re qua siment al atoire avant de se pr ciser au fur et mesure de l avancement du projet Elle est tr s utile pour formuler des hypoth ses de programme valider ou invalide
25. ocal et les projets et stra t gies locaux Plus pr cis ment encore les pratiques et exp riences exog nes sont subordonn es au r f rent territorial les ambitions et strat gies territo riales ou territoire projet les caract ristiques de la population locale le conflit avec les commer ants du centre ancien la situation conomique la localisation du site interviennent en effet comme un r f rent cl des rai sonnements Ce r f rent est mobilis de diff rentes mani res Il sert orien ter les explorations focaliser la connaissance produire et tester la reproductibilit de ce qui existe ailleurs ou encore valuer la pertinence des param tres de programmation potentiels mis jour avec les exp riences exo g nes Par ailleurs l o les exp riences et pratiques exog nes sont multiples vari es et variables dans le cours du projet le r f rent territorial appara t comme un param tre fondateur et stable de la d termination des choix il oriente la recherche d informations contribue la convergence des explora tions participe de la validation des apprentissages acquis avec les pratiques exog nes Contribuer la probl matique des best practices en se pla ant du point de vue de ceux qui s en servent et en s int ressant leurs modes d usage conduit mettre jour une d marche d apprentissage et de transfert d exp riences sur un mode simultan ment empirique pragm
26. on les normes et les r gles de la production scientifique par des chercheurs dont c est l acti vit de le faire Le savoir d action est d une toute autre nature R sultat d une activit professionnelle dont la vocation n est pas la production de connais sances mais l urbanisme op rationnel pour se limiter au champ d action qui nous int resse il recouvre ce que l on nomme plus commun ment l exp rience et d signe les connaissances acquises dans et par l action Ainsi alors que les connaissances scientifiques participent de l nonciation du pari d une nouvelle centralit urbaine mixant commerces et loisirs urbains les visites de centres commerciaux am ricains sont l occasion d acqu rir des savoirs d action qui permettent de passer du pari au parti pris L emprunt am ricain est d ailleurs tout fait explicite et se traduit notamment par la d signation comme architecte urbaniste en chef de la ZAC d une agence habitu e des centres nord am ricains dits de nouvelle g n ration Mais si le mod le am ricain constitue une r f rence d terminante en jouant un r le de catalyseur dans les r flexions il reste cependant une r f rence relative d abord parce qu il n est qu une r f rence parmi d autres ensuite parce que l enjeu va rapidement consister d passer le mod le am ricain alors m me que l urbanisme commercial nord am ricain est souvent pr sent comm
27. ploitation les rendements les risques d chec 42 Espaces et soci t s 131 Le mod le am ricain emprunts et d passements Un autre exemple int ressant concerne la r f rence aux centres com merciaux am ricains dits de nouvelle g n ration Dans le cas d Odysseum le premier voyage aux tats Unis est qualifi par l am nageur en charge du projet comme une tape charni re dans le processus de conception et de pro grammation Pour deux raisons principales il permet d arr ter le parti pris d am nagement et de geler les orientations conceptuelles du projet Pour comprendre cet pisode il est n cessaire de rappeler que l id e de mixer commerces et loisirs urbains s appuie sur la consultation et l appropriation de travaux scientifiques sur les mutations soci tales le tourisme l volution des modes de consommation les pratiques sportives et culturelles et plus large ment sur la place du loisir dans les modes de vie urbains C est avec l acqui sition de ce type de connaissances scientifiques que l am nageur mesure la port e sociologique d une centralit urbaine mixant commerces et loisirs urbains Mais comme tout savoir scientifique ces l ments de connais sance fondent des orientations encore tr s abstraites Cela am ne pr ciser la distinction entre savoir scientifique et savoir d action Le savoir scientifique au caract re abstrait de nature g n ralisable est produit sel
28. r des hypoth ses de programme Les cas trangers voisins ou lointains sont galement mobilis s pour identifier des l ments de preuve n cessaires la prise de d cision n cessaires aussi la construc tion d un argumentaire notamment conomique indispensable l adh sion des investisseurs et op rateurs priv s Des voyages sont ainsi organis s avec ces partenaires encore h sitants s engager dans une d marche d inno vation pour les convaincre du bien fond des orientations du projet Les voyages et visites interviennent comme une preuve de v rit pour tester la validit sociologique et conomique d un programme et galement pour d montrer aux partenaires la rationalit des choix envisag s dans un contexte o l innovation suppose de rompre avec les param tres habituels et prouv s de programmation et de conception comprendre les modes de fonctionnement des quipements et valuer leur faisabilit dans le contexte local En regard des usages et usagers d une acti vit qui sont les client les comment se comportent elles quelles sont les correspondances avec la soci t locale En regard aussi d un apprentissage sur les conditions d exploitation et de viabilit de l quipement envisag il s agit par exemple de recueillir l exp rience des exploitants sur les montages financiers les crit res de viabilit et de p rennit de l activit les co ts d ex
29. ratiques n est pas nouvelle La notion non plus Dans sa version la moins pol mique elle rejoint ce que l on appelle aussi les r gles de l art notamment dans les domaines de l architecture de la construction et du g nie civil Sont ainsi d sign es les technologies et tech niques prouv es dont on peut transmettre le mode d emploi et garantir avec une certaine assurance le niveau de performance escompt L enjeu gu re controvers porte sur un transfert technique Historiquement cette circula tion des savoirs et des normes techniques s op re dans le milieu des prati ciens de la construction architectes et ing nieurs au rythme des d couvertes scientifiques et des avanc es technologiques tandis que les expositions inter nationales les congr s et les revues professionnelles en constituent les prin cipaux vecteurs Cela s observe bien par exemple la fin du xix si cle quand en Europe les pr occupations hygi nistes se traduisent progressive ment par des normes sanitaires transnationales issues de transferts r ci Nadia Arab ma tre de conf rences l Institut fran ais d urbanisme universit de Paris 8 nadia arab univ paris8 fr 34 Espaces et soci t s 131 proques de techniques en mati re de traitement des eaux us es ou des ordures m nag res Daviet Vincent 2002 Cette version des bonnes pratiques toujours actuelle reprend m me beaucoup de vigueur avec la th matique du
30. rutement de collaborateurs ou de consultants ayant particip un projet jug int ressant la fr quentation de lieux d infor mation tels que les colloques professionnels l image du Forum des projets urbains la lecture de la presse professionnelle ou encore l adh sion des associations professionnelles C est par exemple le cas du Club Ville Am nagement association rassemblant des ma tres d ouvrages d op rations urbaines et dont un groupe de travail porte par exemple sur le th me de la coproduction public priv en am nagement Dans ce cadre il doit notamment tablir un tat des lieux analyser les cas les plus int ressants et d terminer les actions conduire pour mieux d velopper ce partenariat Cet exemple illustre une situation o la circulation des mod les rel ve de l ordre de l ac tion organis e et cherche r pondre des interrogations que se posent des op rateurs urbains pour structurer leurs pratiques professionnelles La circu lation des mod les peut aussi prendre un caract re plus diffus et moins ins trumentalis par exemple avec la circulation des hommes au gr de leurs mobilit s professionnelles Autre aspect du ph nom ne l exemplarit est une valeur variable et relative Prenons le cas de la production des espaces publics On y observe par exemple que si Barcelone appara t comme un mod le d excellence cette excellence est aussi accord e par les m mes villes au
31. urs de r ussite et d chec d une d cision publique ou d un projet urbain Dans cette version les crit res d exemplarit sont assez bien connus ceux de la performance et de l innovation occupant le haut du pav La performance est parfois associ e au statut assez nigmatique de qualit urbaine Elle v hicule surtout l id e d une meilleure efficacit dans la capa cit r soudre des probl mes urbains et sociaux Le mus e Guggenheim Bilbao constitue un cas d esp ce de ce palmar s Levier d une revalorisation fonci re et symbolique d un territoire stigmatis et d qualifi ce cas est rig en mod le du renouvellement urbain Pourtant la question de la performance et de sa mesure est loin d tre vidente D une part parler de meilleures pra tiques suppose la comparaison de performances entre diff rentes r alisations et d marches ce qui en toute rigueur m thodologique est impossible toutes choses gales par ailleurs d autre part la performance ne peut pas s valuer ind pendamment du contexte dans lequel elle s ins re Le second crit re celui du caract re innovant de la d marche ou de la r alisation part d un raisonnement qui postule la valeur ajout e de l innova tion souvent sans disposer du recul n cessaire l objectivation de ce pr sup pos Sans non plus la plupart du temps prendre en consid ration les singularit s cognitives qui caract risent les situations
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