La prime mode d emploi Réformer la fiscalité pour réduire les
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1. apr s une ann e 2010 o la croissance a atteint 3 6 le constat tait unanime apr s avoir accept de se serrer la ceinture avant et pendant la crise les salari s avaient le droit de b n ficier des fruits de la croissance Bien que repr sentant du Parti lib ral FDP proche des entrepreneurs Rainer Br derle avait appel de ses voeux une hausse des salaires Dans la m tallurgie certaines entreprises comme Bosch Volkswagen ou Siemens ont d cid d avancer de plusieurs semaines les avances accord es en 2011 ou se sont engag es maintenir l emploi durant plusieurs ann es La presse fait tat d importantes p nuries de main d oeuvre Selon l Institut pour le march du travail et la recherche professionnelle plus d un million de postes de travail n ont pas trouv preneurs au premier trimestre 400 000 de plus que l ann e pr c dente Alors que la plupart des conomistes envisageaient des hausses de salaire de plus de 3 cette ann e hausses que nombre d entre eux jugeaient tout fait supportables ceux ci ne d collent pas Selon la fondation Hans B ckler dont les travaux ont t publi s par le quotidien Frank furter Rundschau du 11 mai dans les trois grandes branches que sont la chimie les services publics et la construction les salaires devraient certes augmenter de 2 2 6 cette ann e Mais selon la Commerzbank les salaires conventionnels ne devraient en moyenne progresser que de 1 7 Sachant q2. autre enjeu est celui de l utilisation du profit op rationnel des entreprises il sert r mun rer les actionnaires acquitter l imp t sur les soci t s payer les int r ts d emprunts financer les investissements ou accro tre l pargne Selon le rapport Cotis la part de la r mun ration du capital a explos ces derni res ann es atteignant son plus haut niveau depuis plus d un demi si cle au d triment de l pargne et de l autofinancement ce qui a contraint les entreprises s endetter davantage pour continuer investir Ce ph nom ne toutefois est rest assez concentr seulement 41 des grandes entreprises de plus de 5 000 salari s ou de 1 5 milliard d euros de chiffre d affaires versent des dividendes Dans ces groupes prosp res la distribution court terme a donc t souvent pr f r e l investissement et l innovation facteurs de productivit durable et de cr ation d emplois de qualit et bien pay s Une modulation de l imp t sur les soci t s pourrait infl chir ces choix Devant la Mission d information sur la comp titivit de l conomie fran aise et le financement de la protection sociale le 16 f vrier Mathilde Lemoine directrice des tudes conomiques de HSBC France plaidait donc pour augmenter la rentabilit des investissements dans l entreprise et alourdir le co t des investissements financiers C est possible gr ce des mesures assez simples comme une exon rat
3. des revenus Quelles sont vos conclusions La recherche conomique a d montr l existence d une tendance mondiale depuis vingt ans la hausse des tr s hauts revenus Non seulement des revenus des capitaux mais aussi des tr s hauts salaires y compris les bonus Plus on se rapproche des 10 des 1 des 0 1 les mieux pay s plus cette hausse a t forte ll y a deux explications traditionnelles ce ph nom ne Premi rement la nature des progr s technologiques tire vers le haut les salaires des personnes les plus qualifi es parce qu elles ma trisent les technologies de l information et de la communication vecteurs de ce progr s alors que la r volution industrielle du XIXe si cle elle favorisait plut t les travailleurs non qualifi s Deuxi mement la mondialisation tire vers le bas les salaires des moins qualifi s car ils sont concurrenc s par le travail bas co t des pays mergents Mais si l on regarde la loupe la structure des salaires les plus lev s on s aper oit que ceux ci se situent essentiellement parmi les avocats d affaires les dirigeants d entreprises les c l brit s de l art et du sport et les m tiers de la finance qui ont b n fici des plus fortes augmentations Ainsi les cinq g rants des plus importants fonds sp culatifs am ricains gagnent eux seuls plus que les 500 dirigeants des firmes de l indice SP 500 Ces r mun rations ne correspondent elles pas au niv
4. CECO de l Ecole polytechnique depuis 2008 et consultant la Banque de France depuis 2009 publie avec Pierre Cahuc Produce or Speculate Asset Bubbles Occupational Choice and Efficiency document de travail du Centre for Economic Policy Research CEPR Londres 2002 Doctorat d conomie l universit Paris Ouest Nanterre apr s un DEA de philosophie Malgr une croissance XXL en Allemagne les r mun rations n ont pas augment 16 05 11 18h09 Mis jour le 17 05 11 08h30 18 05 2011 10 33 Le Monde fr Imprimer http abonnes lemonde fr imprimer thematique2 2011 05 18 1523160 html 8 sur 9 ne Peut on augmenter Le les salaires fus ru mime Berlin correspondant La logique est a priori imparable imaginons un pays dans lequel plusieurs ann es de rigueur salariale sont suivies d une r cession brutale mais passag re 2009 elle m me suivie d une forte reprise 2010 2011 qui s accompagne d une r elle p nurie de main d oeuvre qualifi e Ajoutons que dans ce pays les syndicats sont r put s puissants Tous les ingr dients sont donc au rendez vous pour assister un rattrapage voire une hausse des salaires r els Pourtant l Allemagne est en train de d mentir ce th or me A la surprise g n rale les revenus ne semblent pas profiter de la croissance XXL selon l expression du ministre de l conomie du gouvernement sortant Rainer Br derle Cela est d autant plus tonnant qu
5. Le Monde fr Imprimer http abonnes lemonde fr imprimer thematique2 2011 05 18 1523160 html La prime mode d emploi 16 05 11 18h08 Mis jour le 16 05 11 18h08 pue Peut ona nter Qu est ce que la prime partage de la valeur ajout e Le projet de texte qui a t transmis au Conseil d Etat pour avis le 10 mai avant d tre examin en conseil des ministres le 25 mai concerne les entreprises priv es et publiques d au moins 50 salari s dont les dividendes vers s leurs associ s sont en augmentation par rapport la moyenne des deux exercices pr c dents Si le texte est d finitivement adopt l issue du d bat parlementaire dont les conclusions sont attendues avant l t ces entreprises auraient l obligation de verser une prime au b n fice de l ensemble des salari s Dans un groupe la prime serait vers e tous les salari s au regard des dividendes de l entreprise dominante La r partition de la prime pourrait tre modul e entre les salari s mais ne se substituerait pas aux augmentations pr vues par convention ou accord de branche Les modalit s d application seraient n goci es entre partenaires sociaux Le fait de se soustraire l obligation de n gociation serait passible de sanctions La prime serait exon r e de charges sociales dans la limite d un plafond de 1 200 euros par an et par salari Elle pourrait tre appliqu e facultativement par les entreprises de moins de 50 sal
6. abonnes lemonde fr imprimer thematique2 2011 05 18 1523160 html 5 sur 9 ne Bicacmte Re on augmenter les salaires Depuis vingt ans constatait le rapport Cotis du 13 mai 2009 la valeur ajout e cr e par les entreprises se partage d une fa on plut t stable en France deux tiers environ pour le travail et un tiers pour le profit op rationnel Mais ce rapport r v lait aussi combien l affectation de ces sommes marche sur la t te aujourd hui Une r forme profonde de la fiscalit pourrait l infl chir La part revenant au travail recouvre non seulement la masse des salaires mais aussi les cotisations sociales y compris celles dites patronales ainsi que les primes les avantages en nature la participation l int ressement et l abondement Si cette enveloppe n a pas diminu globalement beaucoup ont perdu en raison de la pr carisation croissante CDD temps partiel subi int rim et du bond des in galit s salariales Tout en haut de l chelle des revenus un petit nombre a au contraire t exceptionnellement bien servi comme l ont montr les tudes de Thomas Piketty Camille Landais et Emmanuel Saez de Julie Solard de l Insee ou encore d Olivier Godechot charg de recherches au CNRS Or le rapport du Conseil des pr l vements obligatoires publi mercredi 11 mai montre que l imp t sur le revenu IR ne joue plus son r le redistributif et progressif la taxation forfaitaire des revenu
7. allocation non optimale des ressources humaines qualifi es sur le march du travail L industrie financi re attire en effet les plus qualifi s aux d pens des autres secteurs trois fois plus de dipl m s d une promotion d Harvard choisissent la finance aujourd hui qu il y a vingt ans Et c est la m me chose en Europe Est ce si grave si l industrie financi re est capable de cr er la valeur et les emplois que ne cr e plus une industrie traditionnelle de plus en plus d localis e S appuyer sur le secteur financier est illusoire car sa croissance est li e aux ph nom nes de bulle Et il n y a gu re de place sur la plan te pour plus de deux plates formes financi res mondiales comme Londres ou New York A terme la mauvaise allocation des ressources humaines engendre de l inefficacit macro conomique Peut on corriger ces tendances Si la suite de la crise nous tions entr s dans un v ritable r gime de rer glementation de l industrie financi re on aurait pu esp rer terme une r allocation des ressources en main d oeuvre qualifi e Mais ce n est pas l orientation qui a t prise en particulier aux Etats Unis Le ph nom ne des bulles va donc continuer et l attractivit des r mun rations de la finance peser sur le march du travail et les in galit s Propos recueillis par Antoine Reverchon Parcours 2009 Edouard Challe charg de recherche CNRS au p le de recherche en conomie et gestion PREG
8. ari s Les dispositions seraient applicables partir du 1 janvier 2011 Les marges de manoeuvre des entreprises fran aises se sont elles r tablies en 2010 En 2010 le rebond de la productivit et la suppression de la taxe professionnelle ont permis aux entreprises d am liorer leur exc dent brut d exploitation la valeur ajout e diminu e des salaires et des imp ts plus les subventions qui a augment de 2 2 au premier trimestre 2010 Mais il a par la suite souffert notamment d une acc l ration des salaires r els explique Axelle Lacan conomiste au Cr dit agricole Au final ce taux de marge n aura progress que de 1 1 en 2010 Comment la productivit et les salaires en France et en Allemagne ont ils volu jusqu la crise De 2001 fin 2007 avant la crise les gains de productivit moyens du secteur manufacturier ont t de 2 95 en France et la hausse des salaires de 3 1 cotisations salariales incluses selon Eurostat En Allemagne l inverse la productivit a progress de 3 5 et les salaires de 2 1 explique Sylvain Broyer adjoint au chef conomiste de Natixis Dans le secteur non manufacturier o la productivit a moins cr les salaires ont augment autant que la moyenne en France mais beaucoup moins en Allemagne R former la fiscalit pour r duire les in galit s et encourager l investissement 16 05 11 18h07 4 sur 9 18 05 2011 10 33 Le Monde fr Imprimer http
9. eau de qualification qu exigent la sophistication et 18 05 2011 10 33 Le Monde fr Imprimer http abonnes lemonde fr imprimer thematique2 2011 05 18 1523160 html 7 sur 9 l ampleur croissante des produits et op rations financi res Non car qualification gale les r mun rations sont bien sup rieures dans la finance celles des autres secteurs Elles sont surtout li es la capacit des professionnels de la finance extraire une rente de l activit conomique gr ce aux situations de monopole et d asym trie informationnelle qui caract risent cette industrie Par nature les relations financi res sont non concurrentielles parce que fond es sur la confiance bilat rale ce qui favorise la construction de rentes Dans les p riodes de bulle sp culative comme celles qui se sont succ d depuis vingt ans avec la bulle Internet d abord puis avec la bulle immobili re ensuite ce ph nom ne de rente est extraordinairement amplifi En valeur absolue le niveau de ces r mun rations ne demeure t il pas proportionnel aux sommes que brasse d sormais l industrie financi re cens e irriguer l investissement dans d autres secteurs Si les march s taient efficients il y aurait en effet une redistribution de la rente par l investissement Mais cette rente est largement capt e sous forme de r mun ration avec deux cons quences majeures La premi re est l accroissement des in galit s de revenus la seconde l
10. ion d imp t sur les soci t s pour les b n fices r investis 18 05 2011 10 33 Le Monde fr Imprimer http abonnes lemonde fr imprimer thematique2 2011 05 18 1523160 html 6 sur 9 accompagn e d une forte hausse de ce m me imp t sur les b n fices allant vers des investissements financiers avec notamment un plafonnement de la d duction pour les int r ts d emprunt ou une taxation des b n fices utilis s pour les rachats d actions Cela peut vraiment jouer sur la productivit moyen terme et sur la comp titivit l ext rieur Adrien de Tricornot Pour en savoir plus En librairie Le Partage de la valeur ajout e de Philippe Askenazy Gilbert Cette Arnaud Sylvain La D couverte Rep res 124 pages 9 50 L Etat et votre argent les vrais enjeux de la fiscalit de Christian Saint Etienne Fran ois Bourin Editeur 126 pages 16 Sur le Web Partage de la valeur ajout e partage des profits et carts de r mun rations en France rapport de Jean Philippe Cotis 2009 disponible sur le site Insee fr Les imp ts sur les salaires rapport 2011 de l OCDE disponible en anglais sur ocde org La rente de l industrie financi re a t capt e par les salaires les plus lev s 16 05 11 18h09 e Monde mie Peut on augmenter les salaires Edouard Challe vous avez avec Pierre Cahuc tudi le lien entre le d veloppement de bulles financi res et la distribution
11. s partiel r mun r 400 euros par mois Un record 18 05 2011 10 33 Le Monde fr Imprimer http abonnes lemonde fr imprimer thematique2 2011 05 18 1523160 html Les partenaires de Berlin notamment Paris souhaitent que l Allemagne r quilibre sa croissance en d veloppant la consommation int rieure Les exportations record enregistr es en mars 98 3 milliards d euros montrent que les entreprises b n ficient plut t de la demande du reste du monde notamment des consommateurs europ ens Un paradoxe pour un pays qui demande aux autres de faire un effort de rigueur Fr d ric Lema tre 9 sur 9 18 05 2011 10 33
12. s du capital le rendant m me r gressif pour les plus hauts revenus L IR a t mit de toutes parts par ses r formes et l accumulation des niches fiscales permettant son contournement La cinquantaine de milliards d euros qu il rapporte ne p se plus que 2 6 du produit int rieur brut PIB fran ais la moiti du niveau de 1985 et le taux le plus faible des pays d velopp s La taxation de la tranche marginale reste limit e 41 alors qu elle a t port e 45 outre Manche avec suppression des abattements soit plus de 50 en fait Le rapport du CPO propose soit de refondre compl tement l IR soit de le remplacer par la cotisation sociale g n ralis e CSG en introduisant des tranches progressives Une autre option selon la proposition de M Piketty serait de fusionner IR et CSG La Fondation Terra Nova proche du Parti socialiste a propos en 2009 de plafonner la d ductibilit l imp t sur les soci t s de la r mun ration des dirigeants afin de rendre op ratoire la notion de r mun ration manifestement excessive qui existe dans le Code g n ral des imp ts mais n est pas appliqu e en pratique Au plus bas de l chelle Terra Nova sugg rait de renforcer le revenu de solidarit active RSA pour soutenir les travailleurs pauvres et victimes du temps partiel subi et de moduler les charges sociales pour inciter les entreprises passer les postes temps complet DISTRIBUTION COURT TERME L
13. ue l inflation pourrait atteindre 2 4 nombre de salari s pourraient voir leur pouvoir d achat diminuer MINI JOBS L conomiste Henrik Uterwedde directeur adjoint de l Institut franco allemand de Ludwigsburg avance plusieurs explications La premi re est conjoncturelle les conventions collectives sont conclues pour plusieurs ann es et les hausses accord es en 2011 r sultent d accords sign s pendant la crise La deuxi me est plus sociologique Chacun en Allemagne aimerait profiter davantage de la reprise mais globalement il y a un consensus y compris avec les syndicats pour ne pas remettre en question un mod le conomique bas sur les exportations et la comp titivit des entreprises qui b n ficient certes de la qualit des produits mais aussi de leur co t La troisi me est plus structurelle certes l conomie cr e des emplois mais ceux ci restent le plus souvent pr caires et mal pay s M me au sein de la CDU le parti de la chanceli re Angela Merkel certains s inqui tent Le d put Matthias Zimmer r clame au nom de la morale et de l conomie la cr ation d un salaire minimum l gal dont il ne fixe pas le montant Il est vrai que malgr la croissance qui devrait atteindre 2 6 3 en 2011 le ch mage a du mal passer sous le seuil des trois millions de demandeurs d emploi Et en septembre 2010 derniers chiffres connus 7 3 millions de personnes ne disposaient que d un mini job temp
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