Etude et mise en valeur du patrimoine industriel
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1. abscence d informations sur le mode d emploi et sur la qualit de la mati re premi re qui doit tre trait e C est quelquefois le t moignage d un vieil ouvrier qui permet de r soudre le probleme Le professeur Leroi Gourhan a mis plus de dix huit mois avec une quipe de chercheurs pour red couvrir les techniques permettant de tailler le silex c La m moire ouvri re L enregistrement et le traitement de la m moire du travail est un phenomene recent qui remonte a l apparition du magn tophone et qui n est sorti de l ombre que durant les sept ou huit derni res ann es grace aux techniques de la vid o En 1971 Oral History Society a t fond e en Grande Bretagne et depuis cette date des historiens chercheurs journalistes cin astes et amateurs se sp cialisent dans cette pratique En France cest I Ecomus e du Creusot qui a tent les premi res exp riences et organis un colloque sur le theme de la m moire collective en Octobre 1976 Le ph nom ne a fait tache d huile dans l universit et dans certaines Maisons de la Culture La grande popularit de l histoire orale dans le monde du travail vient du fait qu elle donne aux gens des patries dans le pass et qu elle permet une sorte de r appropriation de l histoire travers le r cit C est une facon d essayer de rejoindre la demande constamment formul e d une histoire autre qui ne serait pas centr e seulement sur les hommes d tat les dirigeants et l2. timents situ s l int rieur d une ville ou dans un environnement favorable A Roubaix par exemple ot l usine est dans la ville la procedure de r habilitation est en train de devenir une r alit gr ce a la politique coh rente adopt e dans ce domaine par la municipalit Il en est de m me a Annonay dans l Ardeche Plusieurs types de r utilisation sont souvent possible logements bureaux magasins mus es techniques etc Une rotonde de la SNCF devenue inutile depuis l obsolescence de la vapeur a t transform e Metz en grande surface de vente L immobilier industriel ne se compose pas seulement d difices concus pour tre des contenants mais de constructions fort diverses dont la r utilisation autre que mus ographique est difficile Que faire quand il s agit de hauts fourneaux de chevalements de mine de tours de raffinage et en g n ral de tout mat riel industriel trop lourd ou trop volumineux pour tre transport Chaque cas est un cas d espece et ce n est qu exceptionnellement comme dans le cas de l ascenseur bateaux des Fontinettes Arques pr s de St Omer que la pr servation in situ est possible Pour les autres cas la pr servation d pend du bon vouloir d une collectivit locale d une entreprise ou d une association soutenue politiquement Dans le Nord Pas de Calais et plus g n ralement dans toutes les villes mini res les municipalit s et les habitants sont tr s attach s aux t m
3. XIX si cle Les crit res retenus sont le plus souvent d ordre esth tique ou sentimental sans relation avec le contexte technique et industriel Sur 81 monuments industriels class s ou inscrits l inventaire suppl mentaire en 1977 on rel ve 76 de moulins Pour le mobilier industriel la situation est encore plus tragique Le mus e technique du Conservatoire National des Arts et M tiers ne conserve que du petit mat riel des maquettes des chefs d uvre d artisans et des objets et cela surtout pour une p riode allant de 1780 a 1906 Il en est de m me pour les autres mus es francais qui poss dent une petite collection d objets techniques Nous pouvons affirmer que 99 du mobilier industriel francais qui n est plus en usage se trouve dans les entreprises publiques ou priv es qui les vendent r guli rement au ferrailleur Tout mat riel scientifique et technique non utilis qui n est pas susceptible d tre mis sous verre comme un objet pr cieux dans une collection priv e ou dans un mus e en fonction de ses caract ristiques esth tiques est en danger de mort Si les pouvoirs publics d cident de mettre en uvre une politique tendant d velopper la culture technique pr server la m moire de l industrie et mettre en place une nouvelle mus ographie technique et industrielle il convient de faire au pr alable l inventaire de nos richesses ou tout au moins le rep rage de ce qui est le plus important Cr
4. accueil pouvant servir d entrep ts bien desservies par une voie ferr e et une route et en assurer un gardiennage minimum Les op rations de d montage et de d placement sont certes tr s on reuses mais certains services publiques comme le G nie Militaire les Travaux Publics la SNCF pourraient apporter une collaboration a des associations de sauvegarde et a des collectivit s locales Si Pon d sire faire un travail coh rent il faut que le rep rage sur le terrain et le stockage soient entrepris presque simultan ment Nous savons par exp rience que le temps d intervention dont on dispose est en g n ral tr s bref Les Francais ne sont pas sensiblilis s par la conservation de leur patrimoine industriel la diff rence des Anglais Il y a bien s r des initiatives isol es qui se manifestent a et l et quelques associations de sauvegarde mais ces derni res ne sont pas assez puissantes pour tre efficaces dans la sauvegarde du mat riel lourd D autre part il ne faut pas se faire trop d illusions sur un b n volat qui ne d passe pas souvent le niveau des bonnes intentions Rien en effet dans notre systeme d ducation n a pr par le public se mobiliser pour un tel travail Les collectivit s locales dans les cas les plus favorables n acceptent d intervenir que si l tat apporte son soutien financier et se d clare partie prenante dans le processus de sauvetage En r sum nous avons constat que
5. avons analys s doit permettre de faire un bilan de la situation du patrimoine industriel dans les entreprises et par recoupements successifs il sera possible d avoir un diagnostic peu pr s acceptable pour chaque secteur industriel 98 Sauvetage du patrimoine industriel A partir du moment o l on a d termin des crit res de s lection et tabli une typologie par secteur industriel le probl me du sauvetage et des moyens mettre en uvre en vue d une pr servation peuvent se poser de fa on r aliste Suivant qu il s agit d immobilier de mobilier lourd ou de mat riel l ger on peut envisager plusieurs solutions le sauvetage in situ le stockage le sauvetage photographique cin matographique et audiovisuel 1 Le sauvetage in situ Pour qu il soit possible de conserver un ensemble industriel avec son mat riel en tat de marche et ses archives il faut que le cas soit la fois exceptionnel et exemplaire Dans tous les autres cas il faut trouver une r habilitation travers des r utilisations possibles comme nous l avons indiqu dans le paragraphe sur les crit res relatifs l environnement 2 Le stockage Il n existe pas de mobilier industriel lourd sauf exception dans les mus es fran ais et la sauvegarde de ce type de mat riel pose beaucoup de probl mes Plusieurs cas peuvent se pr senter L entreprise se laisse convaincre de l int r t de garder le mat riel s lectionn dans ses
6. que Pembarras du choix filatures tanneries acieries ateliers de m canique etc r aliser un film 16mm pour avoir une vue d ensemble et bien saisir le fonctionnement dans sa globalit Rien n est plus difficile que de faire un film qui tout a la fois int resse le grand public et restitue le processus de fabrication et les conditions de travail faire un reportage photographique complet des installations int rieures et ext rieures de lusine diapositives et photographies noir et blanc faire des dessins accompagn s de notices pour expliciter les sous ensembles la photographie n est pas toujours suffisante quand il s agit de rendre compte d une structure ou d un d tail m canique r diger un rapport retracant rapidement I historique du site ainsi r pertori prendre en compte non seulement l appareil de production mais galement les produits compl ter et rendre vivante la documentation en proc dant toute une s rie d enqu tes sur la m moire du travail de Pusine Il s agit en fait d une approche 4 la fois ethnologique et sociologique II va de soi que tout ce travail n est possible qu avec la collaboration de repr sentants du personnel et de la direction de l entreprise Il ne faut jamais perdre de vue pendant toute la dur e du sauvetage le fait que tout ce qui n aura pas t saisi sera irr m diablement perdu Tout ceci ne constitue que la premi re partie du travail et ne per
7. Etude et mise en valeur du patrimoine industriel remarques techniques Jocelyn de Noblet A part quelques secteurs qui constituent des exceptions sur lesquelles nous reviendrons le patrimoine industriel frangais tant mobilier qu immobilier est l abandon Mais avant d aller plus loin nous devons d finir ce que nous entendons par patrimoine industriel Il s agit d un h ritage complexe qui comprend tout ce qui touche la civilisation mat rielle Pour les Anglais qui invent rent l expression arch ologie industrielle vers 1960 il s agit de P tude et de la pr servation des t moins mat riels de l industrialisation n e de la r volution industrielle avec des limites chronologiques tr s pr cises Pour I historien des techniques Bertrand Gille il s agit d etudier l evolution des techniques dans leur ensemble et de mettre en evidence les conditions de l apparition de nouveaux syst mes techniques Nous partageons ce dernier point de vue mais dans le cadre de notre travail nous avons d limiter notre recherche une p riode qui s tend de la fin du XVIII si cle aujourd hui Ces l ments du patrimoine qui disparaissent chaque jour personne n en est comptable aucun service n en fait l inventaire aucun mus e ne les recueille aucune loi ne les prot ge Quand les Monuments Historiques prot gent un b timent industriel il s agit le plus souvent de constructions du XVIII ou du d but du
8. a haute finance mais aussi sur la vie quotidienne des gens ordinaires Il ne s agit pas seulement d un autre discours sur les gens mais bien de mettre leur disposition des moyens pour parler dans la dignit et la complexit de leur langage Aux travailleurs elle offre un pass qu ils peuvent reconnaitre comme leur aux chercheurs et aux historiens elle donne un compl ment d informations indispensables qui les encouragent a sortir de l isolement de la biblioth que pour se rendre dans la rue et sur les lieux du travail Aujourd hui par exemple c est dans les rues de Longwy qu une page de l histoire du travail est en train de s crire et c est la qu il faut se trouver d Les objets produits par l industrie Ils se trouvent partout et constituent le lien mat riel entre le systeme de production et le corps social qui les connote Leur s lection en vue d une sauvegarde d pend tout la fois des crit res techniques historiques sociologiques et esth tiques Ils participent cette histoire concr te ch re L vi Strauss faite d une multitude de restes mat riels et de petits v nements dont nous pouvons comprendre apr s coup la raison d tre mais dont il e t t impossible de pr voir que certains devaient se produire plut t que d autres Cette histoire exp rimentale et mat rielle les objets produits par l industrie nous permettent de la construire Nous souhaitons qu elle soit un bastion contre
9. ces d instabilit inqui tante Ce n est qu une apparence Jamais l tabli ne l a trahi ni s est effondr Et quand on le regarde travailler pendant un temps assez long on comprend que toutes les apparentes imperfections de l tabli ont leur utilit par cette fente il peut glisser un instrument qui servira caler une partie cach e par ce trou il passera la tige d une soudure difficile par cet espace vide en dessous qui rend l ensemble si fragile d apparence il pourra faire un compl ment de martelage sans avoir retourner la porti re d j cal e Cet tabli bricol il a confectionn lui m me modifi transform compl t Maintenant il fait corps avec il en conna t les ressources par c ur deux tours de vis ici trois tours d crou l une cale remont e deux crans une inclinaison rectifi e de quelques degr s et la porti re se pr sente exactement comme il faut pour qu il puisse souder polir limer marteler l endroit pr cis de la retouche aussi excentrique et difficile d acc s qu elle puisse tre par dessus par dessous de c t aux angles en biais dans l int rieur d une courbe l extr mit d un rebord Le Mus e des Arts et Traditions Populaires du Bois de Boulogne se pr occupe de recueillir des t moignages d artisans porteurs de savoir faire de la p riode pr industrielle il faudrait faire le m me travail sur les m caniciens metteurs au point ajusteurs maq
10. it res de s lection L outil m thodologique qui constitue le pr alable a tout sauvetage r el ou audiovisuel du patrimoine industriel r side dans la d finition des crit res de s lection Le probl me est la fois vaste et 94 complexe parce que ces crit res ne sont pas tous objectifs Crit res scientifiques et techniques L analyse du patrimoine industriel peut tre prise sous deux angles le premier est de nature chronologique le second de nature th matique en travaillant par secteur industriel Pour des raisons pratiques nous pensons qu il convient d tablir des crit res scientifiques et techniques en partant des secteurs industriels existant sur le terrain et de travailler chronologiquement l int rieur de chaque secteur Il sera toujours possible de construire apr s des liaisons horizontales Pour d terminer ces crit res il convient de trouver un ou plusieurs sp cialistes dans chaque secteur d activit s Ces sp cialistes devront tre dans la mesure du possible polyvalents c est dire bien conna tre leur secteur son prolongement dans le pass ses liaisons avec le secteur voisin partir d une d finition id ale des crit res scientifiques et techniques il convient de leur donner un contenu dans la r alit l objet pouvant tre s lectionn en fonction de plusieurs raisons raret performance innovation transfert de technologies conditions de fonctionnement disponibilit influence su
11. le stockage du mobilier industriel lourd est tr s urgent L acc l ration des mutations industrielles dans certains secteurs laisse moins de trois ans pour intervenir Si rien n tait fait d ici six ans il serait trop tard les collectivit s locales et les associations ne peuvent prendre ce probl me en charge II est encore possible de sauver les meubles dans de bonnes conditions si une sorte de mini plan Orsec est mis en place grace l intervention de l tat la mise en cocon du mat riel stock ne pose pas de probl mes majeurs Il existe depuis quelques ann es des proc d s simples et peu St Denis on i 4 Centrale de St Denis on reux qui sont la fois fiables et efficaces Nous sommes en possession de toutes les informations ce sujet pour gagner du temps il est souhaitable que les infra structures op rationnelles soient mises en place sans attendre que les rep rages soient termin s les quantit s de mat riels pr server seront toujours sup rieures aux capacit s des locaux pr vus le succ s des mus es techniques et industriels trangers qui drainent chaque ann e plusieurs dizaines de millions de visiteurs vient en grande partie de la pr sence du mat riel lourd qui y est install et qui souvent fonctionne Il n est pas pensable de mettre en place une politique de d veloppement de mus es techniques sans aborder ce probl me si le projet de
12. les pr tentions de quelques philosophes de l histoire qui comme le souligne L vi Strauss remplace la r alit fluctuante insaisissable et souvent impr visible du devenir historique par un syst me et une id ologie Ces objets du quotidien une lessiveuse champignon un poste radio lampes un vieux t l phone un fer lectrique sont tout autant en danger de dispara tre que les machines et les appareils de production Voici un exemple le style Art D co a sensiblement modifi la forme des objets partir de 1925 mais on ne nous montre dans les mus es que ceux qui sont susceptibles de rentrer dans la cat gorie des objets d art sans nous dire que ce style s est tr s rapidement popularis et qu une grande quantit d objets modestes ont subi son influence On arrive une situation paradoxale ou il est plus facile de trouver aujourd hui un tui cigarettes Art D co qu une prise de courant de la m me poque Si quelques chantillons de ces objets vulgaires ne sont pas conserv s il ne restera bient t dans certains secteurs plus aucun sp cimen Il serait int ressant de faire pour ces objets ce qui est en train de se faire pour les objets d art et de traditions populaires Si l on prenait aujourd hui un catalogue d un salon des arts m nagers d avant 1939 il n est pas du tout certain que l on puisse retrouver un exemplaire de chacun des objets qui y figurent Tenir compte de tous les crit res que nous
13. met que le rassemblement de la documentation Dans une seconde phase il s agit d tudier et de mettre en valeur les diff rents l ments pour qu ils soient exploitables non seulement pour une autre g n ration de chercheurs mais pour le grand public et les milieux scolaires Les photographies et les textes convenablement mis en page pourront servir entre autre r aliser une exposition Avec les r cits du personnel de l usine on pourra faire un livre ou un commentaire audiovisuel A Pexception de quelques exemples limit s on ne dispose pas encore en France d un travail de ce genre Aux tats Unis de nombreux longs m trages sur l industrie et les conditions de travail ont t r alis s par des metteurs en sc nes de talent En Pologne le film d Andrei Wajda La Terre de la Grande Promesse constitue un chef d oeuvre du genre Il est urgent de faire travailler une petite cellule qui r fl chisse aux m thodes et aux moyens mettre en ceuvre pour que le sauvetage audiovisuel devienne une r alit Le Centre de Recherches sur la Culture Technique pourrait remplir cette mission Pour sensibiliser le grand public et les entreprises nous pensons qu une exposition con ue et r alis e partir d un sauvetage exemplaire serait une tr s bonne m thode d incitation 101
14. ne sont pas toujours consid r s comme des documents nobles et de ce fait ils ne sont pas r pertori s Une association d archivistes d entreprises vient de se cr er sous la pr sidence de Bertrand Gille elle a pour objet d tudier ces probl mes b La conservation du savoir faire Chaque fois qu un savoir faire ou qu un tour de main n est pas formalis le probl me de sa conservation se pose de fa on imp rieuse et le seul moyen dont nous disposons est de recueillir le t moignage de l artisan ou de l ouvrier qui le poss de inscrit autant dans son corps que dans sa m moire De nombreux secteurs industriels ne sont pas encore automatis s et le fonctionnement de certaines machines n est pas vident Jusqu a une p riode r cente et encore aujourd hui certaines usines ont leur m canicien c est en g n ral un ouvrier sp cialis qui est une sorte d inventeur form sur le tas et qui apporte en bricolant des am liorations au fonctionnement des machines ou instruments Beaucoup de perfectionnements sont n s de cette fa on en particulier dans le textile la machine outil l imprimerie et l automobile Robert Linhart dans Etabli raconte l histoire de cet artisan qui est presque un artiste et qui s est Construit son propre tabli en plein milieu d une cha ne de montage chez Citr n Un engin ind finissable fait de morceaux de f rraille et de tiges de supports h t roclites d taux improvis s pour caler les pi
15. nsurmontables Pour ce type de mat riel une fois qu il a t rep r classifi et que l entreprise accepte de s en d faire la majeure partie des probl mes est r solue 3 Le sauvetage photographique cin matographique et audiovisuel Une appr ciation r aliste de la situation fran aise montre que la plus grande partie du patrimoine industriel mobilier et immobilier est vou e la destruction ce qui est un processus normal Pour certains secteurs de l industrie lourde le sauvetage photographique cin matographique et audiovisuel reste la seule solution Si un rep rage pr alable des sites industriels est r alis il devient facile de choisir un certain nombre d entre eux qui soient exemplaires Pour r aliser ce genre de travail il est n cessaire d envisager des solutions mixtes S il existait des associations de sauvegarde ou des centres de recherche sur l histoire des techniques comp tents et motiv s par ces probl mes la solution id ale consisterait donner des moyens des quipes locales II n existe actuellement que peu de b n voles qui soient en m me temps des professionnels et les universitaires ne sont que trop rarement au fait de la pratique audiovisuelle Comment un sauvetage audiovisuel doit il tre r alis pour tre satisfaisant Choisir un site industriel encore en fonctionnement mais sur le point de fermer pour cause d obsolescence technique ou industrielle on n a
16. oignages du pass ce qui permet la conservation de quelques chevalements en fer ou en b ton arm Les houill res dans leur ensemble font de gros efforts pour pr server quelques l ments de leur patrimoine Dans l Est par contre o les complexes sid rurgiques sont implant s dans des zones industrielles o il n existe pas les m mes traditions que dans la mine et ot la crise est brutale et plus importante que pr vue la conservation d un ensemble est beaucoup plus probl matique Comme l intervention des pouvoirs publics n est pas envisageable en raison du co t exorbitant de la pr servation dun ensemble sid rurgique et du manque de motivation des lus la seule solution reste le sauvetage audiovisuel Crit res historiques et sociologiques Le patrimoine industriel nous Pavons soulign ne comprend pas seulement les biens mat riels 96 n cessaires au fonctionnement du systeme de production mais galement les archives les savoir faire et la m moire ouvri re sans oublier les objets produits par l industrie a Les archives Il existe fort heureusement des archives nationales et d partementales qui recoivent des d p ts Certaines entreprises publiques et priv es ont leur propre service d archives Malgr cela de nombreux documents sont mis au pilon chaque ann e et la situation n est pas aussi bonne que I on pourrait s y attendre Les documents techniques dessins industriels pures photographies plans
17. ouve pas forc ment chez les fabricants mais dans plusieurs milliers d entreprises qui en ont t les utisateurs Par contre dans le domaine minier on peut trouver une grande vari t de mat riels dans un nombre relativement restreint de sites La collaboration des syndicats professionnels et des entreprises est bien entendu indispensable et les chercheurs ne pourront travailler que s ils sont accept s par eux Explosion 95 Criteres esth tiques Dans la pratique il n y a presque pas d arch ologues industriels professionnels et le sauvetage du patrimoine est souvent d cid pour des raisons qui n ont rien 4 voir avec la technique proprement dite Des raisons d ordre esth tique auxquelles se m lent le souvenir ordonnance d un site la nostalgie du pass et parfois la mode r tro sont des motivations profondes qui engendrent des choix arbitraires Bien souvent ce sont des mat riels techniques a fortes connotations symboliques qui frappent l imaginaire Pour toutes ces raisons certaines familles d objets sont privil gi es machines a vapeur automobiles locomotives vieux moulins vieux outils chevalements de mine et d une facon g n rale tout le petit mat riel fabriqu avec des mat riaux nobles et facilement stockable par un collectionneur En revanche des mat riels dont la forme ext rieure ou le fonctionnement sont plus difficiles d acces sont laiss s de c t alors qu ils pr sentent un grand in
18. propres locaux jusqu ce qu on lui ait trouv un autre lieu d accueil C est la situation id ale mais elle ne se rencontre pas souvent parce qu il n y a pas assez d espace et qu il faut faire de la place pour le nouveau mat riel De plus de nombreuses entreprises ne se sentent pas concern es Il faut d placer le mat riel faute de quoi il sera cass ou ferraill Dans ce cas de figure qui est le plus fr quent il faut envisager le d montage le transport le remontage sur le lieu de stockage Il est indispensable de disposer non seulement de lieux de stockage sur le territoire national mais de moyens logistiques pour le d montage le transport le remontage et la mise en cocon Toutes ces op rations doivent tre ex cut es dans de bonnes conditions si l on veut avoir quelques chances de retrouver le mat riel dans un tat satisfaisant Si une volont politique se manifeste au niveau des pouvoirs publics les probl mes pos s ne sont pas insurmontables loin de la Dans la situation de modernisation et de restructuration ou se trouve l industrie il est possible de trouver facilement des locaux Dans toutes les r gions sauf Paris on dispose de batiments industriels d saffect s sur lesquels les pouvoirs publics ont un contr le plus ou moins direct b timents de l Arm e de la SNCF et d une fa on g n rale dans tous les services publics Il faudrait dans un premier temps trouver cinq ou six structures d
19. r alisation d un parc national de la technique et de Pindustrie La Villette prend corps il faudra bien trouver du mat riel pour le remplir et une partie du financement du stockage pourrait tre pris sur le budget de ce projet pour rep rer le mat riel dans les entreprises avant destruction il est n cessaire de s assurer la collaboration des ferrailleurs qui sont bien souvent inform s avant tout le monde des intentions des usines et ateliers qui se s parent de mat riel devenu obsolescent Nous avons pris contact avec le Syndicat des industries de la r cup ration et du recyclage dont font partie les ferrailleurs et ils sont tout fait dispos s apporter leur aide Cette profession a des correspondants dans presque tous les d partements et leur aide nous sera tr s pr cieuse N oublions pas que c est chez les ferrailleurs que la presque totalit des mat riels m talliques devenus obsolescents transitent avant d tre cass s et fondus les Services des Domaines interviennent galement dans le processus de dispersion du mat riel industriel en provenance des services publics et il serait facile de leur demander et d obtenir qu ils pr viennent avant de vendre du mat riel digne d int r t Nous n avons pas beaucoup parl du mobilier industriel l ger c est a dire celui qui par sa taille et son poids peut tenir dans le coffre d une voiture parce qu il ne pose pas de probl mes de stockage et de transport i
20. r le syst me de production exemplarit r utilisation actuelle int r t p dagogique etc tant donn la grande pauvret de l universit fran aise en historiens des techniques il faudra faire appel dans la plupart des cas des ing nieurs et des techniciens ayant travaill dans l industrie et connaissant bien la localisation g ographique des objets techniques du domaine de leurs recherches Il faudra tenir compte galement de ce que nous appelons les crit res techniques de liaison Il convient en effet de s lectionner des ensembles de mat riels b timents machines outils instruments et objets produits significatifs du fonctionnement et de l volution du secteur consid r et cela depuis la rupture pist mologique qui a vu sa naissance Quoiqu on fasse ce travail sera incomplet et les r sultats tr s in gaux d un secteur l autre Il n en est pas moins indispensable et pr alable toute op ration coh rente de sauvetage Le d veloppement de l arch ologie industrielle dans tous les pays o elle se pratique est souvent limit e par le manque de formation scientifique et technique de ceux qui se sont improvis s comme arch ologues amateurs Cet tablissement des crit res scientifiques et techniques doit se faire simultan ment avec le rep rage du mat riel dans les sites ou il se trouve ce qui ne sera pas toujours facile Pour la machine outil par exemple le mat riel qui nous int resse ne se tr
21. t r t dans le processus d volution de la technique moteur lectrique machine outil laminoir mat riel d extraction du p trole lectronique etc La technologie moderne pr sente une grande vari t d objets techniques dont le fonctionnement tr s complexe n est pas manifeste au niveau de notre perception et de ce fait il n est pas percu Nous ne critiquons pas cette attitude mais nous pensons simplement qu une approche esth tique n est pas suffisante et qu elle risque de laisser hors la vue toute une partie de notre patrimoine Crit res relatifs a l environnement Quand il ne s agit pas seulement de prot ger des machines ou des mobiliers mais des immeubles et m me des sites industriels les probl mes de sauvegarde deviennent tres complexes En regle g n rale il n est possible de conserver un b timent industriel quel que soit son int r t que si on lui a trouv un nouvel usage en le r habilitant Apr s beaucoup de r ticences tant t pres des collectivit s locales des architectes et des Affaires Culturelles cette id e de r habilitation commence a faire son chemin Le classement par les Monuments Historiques n est que rarement une garantie suffisante si la r utilisation du batiment prot g n est pas assur e On voit quelques bureaux d architectes qui commencent 4 se specialiser dans la r novation de b timents industriels Ce type de pr servation n est possible bien souvent que pour des b
22. uettistes et autres artisans exer ant leur savoir faire au sein des processus industriels contemporains Le film 16mm et la vid o sont les seuls moyens efficaces dont on dispose actuellement pour conserver ces savoir faire en action Pour que les t moignages recueillis soient int ressants il faut que le film soit fait par un r alisateur sp cialis dans ce genre de travail les tr s nombreux films r alis s par des entreprises et que nous avons visionn s nous ont impression non seulement par l ennui qu ils inspirent mais surtout par la tr s mauvaise restitution qu ils donnent des processus industriels Il y a bien entendu quelques exceptions la Maison de la Culture de Firminy a r alis plusieurs courts m trages sur les martinets de la Vall e de l Ondaine et sur une coutellerie Au Japon des artisans qui maintiennent des traditions techniques du pass et qui s engagent les transmettre sont pay s par l tat comme monuments de la culture immat rielle Un film remarquable a t r alis par la BBC sur la fabrication de l acier destin a faire les sabres des Samourai suivant le rituel Shinto Le professeur Hill qui dirige le Mus e Technique de Manchester s est pench sur le fonctionnement de machines textiles anciennes il insiste sur les difficult s rencontr es quand il s agit de les faire oat NE j iF i Hai Atelier les grosses chaines Le marteau pilon et sa grue y 7 marcher en l
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