Alfred-Georges Regner - 4,8 Mo - pdf
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1. Avant de tailler son crayon le dessinateur devrait savoir exactement quoi correspond le trait noir sertissant son dessin Pourtant beaucoup de praticiens dessinent en toute tranquillit sans en tre instruits sans soup onner une difficult r soudre Ce qui explique la m diocrit des dessins du plus grand nombre Si un dessinateur en agrandissant son croquis en vue d une r alisation grandeur nature conservait soigneusement l paisseur proportionnelle du trait il aurait la surprise de se trouver en pr sence d un ruban noir large de deux doigts Question angoissante O cette bande a t elle t d rob e Au motif ou au fond Vraisemblablement aux deux Le crayon ayant grignot tant t int rieurement et tant t ext rieurement au hasard de la souplesse plus ou moins grande du poignet Ce qui donne cette incertitude du contour si d sagr ablement caract ristique du dessin moyen Un Ma tre adopte d lib r ment une m thode l appliquant strictement d un bout l autre de chaque uvre D finissons et tudions ces deux modes oppos s Quand le trait est pris sur le champ de l image le dessin est dit blanc sur noir Quand le trait est englob dans l objet le dessin est dit noir sur blanc Dans le dessin blanc sur noir le motif poss de tout son volume et para t ample souhait contrairement au dessin noir sur blanc o le motif diminu du trait semble et est r ellement triqu2. Alfred Georges REGNER 1902 1987 Dans les bl s 1961 Huile sur toile 81 x 116 cm s h g C R n 256 p 103 30 Alfred Georges REGNER 1902 1987 Fin d op ration 1958 Huile sur toile 97 x 146 cm s b g C R n 240 p 98 p 36 31 Alfred Georges REGNER 1902 1987 AGIRE ONER 20 lala pat Les remontrances Les reproches 1970 Pointe s che 17 8 x 8 9 cm s b g C R n 465 p 182 32 Alfred Georges REGNER 1902 1987 Mise au tombeau III 1967 Huile sur toile 89 x 130 cm s b g C R n 337 p 128 33 Alfred Georges REGNER 1902 1987 I Eligi hg Pointe s che 14 9 x 19 7 cm Mise au tombeau IlI C R n 492 p 190 1974 Alfred Georges REGNER 1902 1987 Le cirque 1953 Huile sur toile 114 x 83 cm 5 b d Collection Archives du Calvados 35 Alfred Georges REGNER 1902 1987 Les mimes Pantomime 1980 Huile sur toile 73 x 100 cm 5 b d C R n 378 p 140 36 Alfred Georges REGNER 1902 1987 Affiche pour les matches de rugby Calais 1926 Lithographie 60 x 78 cm s b d C R n 539 p 207 p 213 37 Alfred Georges REGNER 1902 1987 Affiche F te du vieux Bayeux 1971 S rigraphie 65 x 50 2 cm s b g Collection Mus e Baron G rard Bayeux 38 Alfred Georges REGNER 1902 1987 TRAIT DE D
3. prouver une certaine difficult proportionner exactement les largeurs avec les hauteurs C est pourquoi les Ma tres enseignant des disciples pourtant depuis longtemps lib r s des r gles l mentaires n h sitent pas leur conseiller de prendre comme canon des largeurs le cou Le cou tant aux largeurs ce que la t te est aux hauteurs On lui compare successivement les diam tres du tronc des cuisses des jambes des chevilles des bras des avant bras et des poignets Une partie ou une extr mit du mod le anormalement rapproch e ne doit en aucun cas tre d form e Il faut laisser cette infirmit aux appareils photographiques Sz es Alfred Georges REGNER 1902 1987 Observer comme le dit Paul Val ry c est pour la plus grande part imaginer ce que l on s attend voir L oeil ne voit que ce que l esprit conna t Les artistes modernes tant forc ment savants il leur est difficile de simplifier ou plus exactement de savoir o s arr ter en laguant ce qui semble sans int r t de savoir isoler le motif par abandon des inutilit s Le sublime doit fuir les d tails Ce qui avait d j remarqu Baudelaire en son Salon de 1846 tait facile pour les premiers artistes Pour choisir il faut poss der En dessinant il faut oublier toutes les sciences acquises Pour atteindre la perfection le dessinateur doit revenir son enfance ce qu a fait Bonnard Chez les tr s grands Ma tres l
4. autres et pour moi un passage d signe la fa on dont se font les changes entre la coul e d ombre et la coul e lumineuse travers le profil int rieur et j emploie uniquement ce mot pour les r actions du clair et du fonc dans la silhouette de l objet r servant l expression model de la ligne aux changes d cran cran ou du mod le avec le fond Enfin pour terminer j indique que la pratique enseigne qu int rieurement on rencontre une majorit de passages doux et qu ext rieurement dans le model de la ligne la proportion est inverse dans le rapport approximatif de un trois Pr cision suffisante et d ailleurs variable Un cubiste ici invoquerait immanquablement la proportion dor e CHAPITRE VI SUIVRE LES VALEURS DESSINER LE MORCEAU Les valeurs Question d licate par excellence pour le dessinateur Lumi re et t n bres Nouvel antagonisme que seul l amoureux des beaux volumes peut r soudre par son amour qui attire unit et quilibre jamais ces ternels oppos s Comme toujours je proc de en supposant que mon lecteur poss de d j de s rieuses connaissances en dessin Raison pour laquelle je ne d finis pas ce qu on entend par valeur ce mot n ayant d ailleurs rien de myst rieux 47 Alfred Georges REGNER 1902 1987 Les Ma tres rendent les valeurs plus par r flexion que par observation Affirmation p remptoire Apparente gageure Aborder par la raison l tude de la fugi
5. insouciance apparente des d tails qui donne tant de simplicit est due l habitude de la d coration si d cri e l Ecole des Beaux Arts Le style ne s obtient que par l ampleur Un artifice souvent employ par les Ma tres Van Dyck est de faire les extr mit s proportionnellement petites Ce qui se justifie d ailleurs en partie avec nos mod les habituellement v tus par le manque de rayonnement de la t te et des mains toujours expos es l air et de ce fait plus basan es plus cuivr es que le reste du corps bien prot g par les v tements Pour terminer il me semble int ressant de chercher conna tre l origine de cette tradition jusqu ce jour orale l interrogation des uvres du pass doit nous renseigner Il saute aux yeux que les peintres romans et les primitifs franco flamands oeuvraient sans se pr occuper de nos r gles Ce n est donc pas une tr s ancienne tradition fran aise Cherchons plus pr s de nous A la fin du Moyen ge les rois de France ont implant de force l art italien en notre pays apr s une longue r sistance partout visible jusque et y compris le fief de l art nouveau Je pense particuli rement la Salle de bal Henri Il du Palais de Fontainebleau Les artistes italiens de la Renaissance sont des hommes de grande culture sortis l origine des ateliers d orf vres et de ciseleurs alors en pleine activit s int ressant activement l art gr co romain Journell
6. est dire se r clament des peintres d avant la Renaissance ont compl tement rompu avec 8 Ces ignudi sont des nus que Michel Ange figura dans les fresques de la Chapelle Sixtine mais sans rapport avec le r cit biblique Note de l diteur 9 Eug nio d Ors Du Baroque Paris Gallimard p 139 Alfred Georges REGNER 1902 1987 les sculpteurs pour s acoquiner avec les po tes ce que d montre le mouvement surr aliste Les peintres photographiques photographiques parce que tourn s vers le pass de leur tendance r gressive de par leur infantilisme ne comprennent pas notre poque cherchent calmer leur angoisse par un flot d injures qu ils d versent sur leurs virils rivaux Surtout que l on m entende bien Ce que je dis plus haut n est pas une attaque perfide contre le dessin qui est la base indispensable de toute formation artistique Je ne regrette pas les nombreuses ann es pass es son tude Je veux simplement faire comprendre que l erreur est de ne pas consid rer le dessin comme un moyen et de chercher transposer ses r gles en peinture Dans cette transposition le moyen devient une fin Le dessin est le pont aux nes pont qu il faut utiliser pour passer et non pour s journer Voil o est le mal dans l tat actuel du mouvement artistique Il ne faut pas pi tiner ni recommencer le pass Celui qui n avance pas recule a dit sainte Th r se Pour un artiste il n y a qu une tradition celle
7. ge Carnot de Fontainebleau A cette poque il s initie la gravure En 1946 il expose au Salon des Surind pendants Il conna t cette poque une grave d pression nerveuse gardant la chambre pendant plusieurs mois il d couvre alors le dessin automatique et abandonne la peinture figurative En 1950 il suit des le ons de Fran oise Dolto Il re oit les Palmes acad miques en 1951 Plus tard en 1954 professeur au lyc e international du SHAPE Fontainebleau il enseigne le dessin industriel dans les classes pr paratoires aux grandes coles En 1960 il est nomm au lyc e 1 Elle naquit Roz Landrieux Ille et Vilaine en 1913 4 Alfred Georges REGNER 1902 1987 Colbert Paris Deux ans plus tard il prend sa retraite et quitte Fontainebleau pour Bayeux Il y organise le premier Salon de la Gravure originale en 1970 Robert Hamon et Henry Lhotellier y participent A partir de 1982 la sant d Alfred Regner se d t riore une exposition r trospective a lieu au Maison d Alfred Georges Regner mus e Baron G rard de Bayeux en 30 rue du Docteur Michel Bayeux 1985 Deux ans plus tard il d c de Bayeux le 20 septembre En 1985 A G Regner n avait voulu pr senter que la deuxi me partie de son uvre sa seconde mani re L exposition pr sent e cette ann e Bayeux pour marquer le vingti me anniversaire de sa disparition retrace l ensemble du parcours de l artiste aussi contra
8. en jeu la m moire Je me s pare nettement ici de Paul Val ry Il faut tre hors de soi amens disait Delacroix pour tre tout ce qu on peut tre Le badaud tromp par le calme apparent de l artiste ne r alise pas la f brile activit interne d ploy e Seul un non praticien peut ignorer l exasp ration et coeurant malaise qu prouve un paysagiste lorsqu un importun veut l obliger parler en travaillant La sensibilit ext rioris e devant chaque fois r int grer le corps La bilocation m me partielle n cessite le recueillement Cet tat anormal cette transe du v ritable artiste sera ni par certains Abritons nous derri re Bergson lequel reconna t que dans les proc d s de l art on retrouve sous une forme att nu e raffin s et en quelque sorte spiritualis s les proc d s par lesquels on obtient ordinairement l tat d hypnose Tous ces faits mal observ s se superposant d ailleurs d une fa on inextricable D autres mettront en doute la possibilit de voir l objet et son image se confondre Pour ces derniers je ferai remarquer qu une analyse s rieuse de dessins d un format relativement grand fournit un commencement de preuve Il est ais un oeil duqu de voir que la partie sup rieure de cesdits dessins est toujours d une meilleure qualit que la partie inf rieure Pour la raison bien simple mon avis que le dessinateur arriv au bord extr me de sa feuille ne peut plus emb
9. est r p t sati t faisant porter ses statues sur un seul pied produisant ainsi un d hanchement qui automatiquement simplifie un c t et complique l autre Ce mouvement dit de la jambe libre me sugg re toujours l image d un arc avec son bois courbe tourment et sa corde rigide calme lorsqu il est band et qui rel ch dans l attente de servir inverse ses contrastes Le bois lib r redevenant droit et la corde rel ch e flasque et sinueuse Les anciens tr s frapp s de cette nouveaut en ont longuement discut L amazone de Polycl te par opposition aux archa ques Xoana gain s et stupides comme des bornes devait para tre la beaut incarn e 5 Cf Baudelaire Vari t s critiques Paris G Cr s diteur tome p 97 6 Sculptures en bois assez grossi res de la Gr ce archa que Note de l diteur Alfred Georges REGNER 1902 1987 Egalement le dessinateur l imitation de la nature doit rejeter les parall les soit droites soit courbes tout en pratiquant la sym trie l quilibre des masses et la r p tition m me s il doit utiliser des artifices Les parall les faisant immanquablement penser un bout de boudin une andouille synonyme dans le langage populaire de stupidit cong nitale Ce qui prouve que le peuple poss de un certain sens inn de l esth tique Quand deux profils d objets affront s sont parall les sur une certaine longueur le r sultat est aussi d
10. n 32 p 52 11 Alfred Georges REGNER 1902 1987 La sieste Jeanne assoupie 1943 Huile sur toile 81 x 60 cm 5 b d C R n 109 p 65 p 26 _ N Alfred Georges REGNER 1902 1987 Le melon 1935 Huile sur toile 50 x 65 cm s b d C R n 39 p 53 p 30 13 Alfred Georges REGNER 1902 1987 Sept poires Poires et flacon de calvados 1943 Huile sur toile 46 x 55 cm s h g C R n 100 p 63 Alfred Georges REGNER 1902 1987 Narcisses et tulipes jaunes 1940 Huile sur toile 61 x 50 cm s b g C R n 66 p 55 UT Alfred Georges REGNER 1902 1987 Nature morte marocaine 1943 Huile sur toile 60 x 73 cm s h g C R n 99 p 63 Alfred Georges REGNER 1902 1987 Vue de Tunis 1927 Aquarelle 12 3 x 17 5 cm s b g C R n 527a p 203 p 214 j N Alfred Georges REGNER 1902 1987 Vue de Tunis 1927 Aquarelle 12 3 x 17 5 cm s b d C R n 527 p 203 _ Alfred Georges REGNER 1902 1987 Port en Bessin 1936 Huile sur toile 22 x 33 cm s b g C R n 46 p 53 _ Ko Alfred Georges REGNER 1902 1987 Eglise de Vaux sur Aure 1936 Huile sur toile 22 x 33 cm s b d C R n 44 p 53 p 19 20 Alfred Georges REGNER 1902 1987 Palais de Fontainebleau seconde version 1945 Pointe s che 25 7 x 32 5 cm C R n 388
11. ne fixe jamais assez longtemps le mod le pour obtenir ce r sultat Les Ma tres r p tent continuellement et inlassablement Vous ne regardez pas assez le mod le En tudiant de plus pr s dans quelles conditions travaille un Ma tre on d couvre d autres proc d s D instinct celui ci les yeux fix s sur le motif transcrire chaque fois que la chose est possible place sa feuille de papier dans la partie int rieure ou mieux lat rale de son c ne visuel dont l angle est approximativement 33 voyant ainsi d un seul coup d oeil et le mod le et la surface dessiner comme les deux pages d un livre ouvert Une vue plus ou moins bonne faisant travailler une distance plus ou moins grande explique la raison des formats habituels certains artistes Puis bien cal sur son si ge ou solidement camp sur ses jambes l g rement cart es ceci est essentiel le Ma tre se met travailler l esprit exalt le corps dans une douce euphorie sorte d tat second regardant en m me temps l emplacement de la future image et le mod le l image tant en quelque EN es Alfred Georges REGNER 1902 1987 sorte le n gatif de l objet le point color inversement Puis petit petit apr s un temps plus ou moins long objet et image se confondent il ne reste plus pour ainsi dire au Ma tre qu calquer directement sur nature r alisant ainsi son dessin sans aucun interm diaire sans relais sans mettre
12. ne peut p n trer Et entre ces points extr mes blanc et noir forc ment uniques qui servent de bornes on tage les valeurs interm diaires le noir et le blanc tant les param tres de la luminosit Pour bien suivre le crescendo et le decrescendo des valeurs il faut se livrer de multiples comparaisons et bien se rendre compte de l intensit de l opposition qu prouve la lumi re pour atteindre reliefs et creux observ s Pour me r sumer et introduire de la clart dans mon expos je fais remarquer que toutes les questions que les Ma tres se posent ce sujet se ram nent deux 1 La direction de la surface par rapport la source lumineuse 2 La distance de cette source au plan Il faut aussi bien s impr gner de l id e qu une valeur n est rien par elle m me Seules les taches voisines lui donnent une signification L oeil doit pouvoir suivre les valeurs diff renci es comme un joaillier trie les perles d un collier en partant de la plus petite pour aboutir la belle et grosse pierre m diane Cette pi ce unique ce diamant point de richesse des d corateurs blanc pur ou noir rare tant amen de son oppos le fermoir par une gamme d l ments interm diaires plus ou moins nombreux mais toujours soigneusement calibr s Le dessinateur pratiquant ainsi r alise la continuit dans le changement et obtient la liaison des lumi res et la liaison des ombres avec gain ou perte minimum gain ou perte pouva
13. ombre ainsi diff renci e En derni re analyse la palpitation r sulte de la partition de l objet en parties de plus en plus petites sugg rant la l g ret Le graphite ou le charbon de bois estomp s ou cras s avec le doigt s appellent coul e d ombre et la surface recouverte de mati re non frott e se d signe par coul e de lumi re Pendant de nombreuses ann es certains l ves des galeries de l Ecole des Beaux Arts ont exag r m me cet aspect par un long et fastidieux travail o la gomme mie de pain roul e en aiguille intervenait en alternance avec le fusain bien aiguis cr ant de toutes pi ces d artificiels creux clairs et minuscules et de faux grains noircis Ce que ces l ves appelaient faire du gratouillis Bien souvent j ai observ le Ma tre s rieux et herm tique comme un pape entour de ses fid les corrigeant un dessin et j ai vu que la plupart du temps il lui suffisait de passer les doigts sur les ombres pour les transformer et imm diatement l acad mie tait l effet au grand bahissement des disciples qui ne comprenaient rien au miracle accompli sous leurs yeux Ce chapitre m a fait apercevoir que si les probl mes restent les m mes il arrive que les mots du jargon des arts plastiques ne sont pas compris dans le m me sens d atelier atelier d artiste artiste Andr Lhote dans son Trait du paysage d signe par passage ce que j appelle model de la ligne Pour d
14. plorable formant ce que les d corateurs appellent des couloirs et ce qu ils vitent avec autant de soins que les dessinateurs complets sachant composer ce qui est rare Michel Ange a lib r d finitivement la statuaire de la loi de frontalit par horreur des lignes parall les pour lui convention barbare h rit e des hi ratiques sculpteurs gyptiens L auteur du Mo se a syst matiquement mis en jeu toutes les articulations de la colonne vert brale pour que les grands plans t te thorax hanches ne se trouvent jamais dans une m me direction C est ce que les portraitistes mondains race en voie d extinction recherchent sous le nom de tournure Sachant opposer un c t calme un c t tourment en ayant la phobie des parall les le dessinateur doit encore se pr occuper de cr er des oppositions l int rieur de la ligne elle m me Raffinement sugg r par la connaissance des r gles de la composition d corative connaissance qui facilite grandement l approfondissement des arcanes du dessin La grande tradition dont nous nous effor ons de suivre la trace en ce livre semble bien notre poque s tre r fugi e chez les d corateurs ce qui explique bien des choses Mais revenons notre explication Pour animer une ligne on fait suivre un segment droit d un segment courbe et r ciproquement et cela sur toute la longueur d un m me profil Aucune portion de ligne ne devant rester inerte Exactement c
15. qu on invente Il tait passionnant de d couvrir la perspective l utiliser de nos jours prouve une simple complaisance pour la science Notre poque imbue de sp cialisation avide de puret cherche ne plus confondre les genres La ligne est l apanage du dessinateur la couleur le domaine du peintre et le volume la pr occupation du sculpteur Henri Matisse qui pratique ces trois arts est la meilleure illustration de notre propos Mais m langer les trois genres peut tre n faste aux peintres et l est souvent J ai simplement tenu dans ce livre mettre en garde mes lecteurs dessinateurs ambitieux d aborder l tude de la peinture contre une tradition p rim e et dangereuse et dans la mesure de mes moyens les bien orienter d s le d but Un professeur est toujours un peu responsable de ses l ves j ai voulu ne tromper personne Tant pis si l usage mon travail se r v le un cheval de Troie dans la citadelle acad mique Me relisant je m aper ois que je me suis d parti de mon calme affect laissant voir mon temp rament passionn emport et na f Cependant je ne rature rien tant pis si l on d couvre l homme travers les lignes Ayant horreur et du chic et du poncif j ai longuement h sit avant d crire les quelques ficelles de ce dernier chapitre ficelles qui primitivement devaient tre plus nombreuses Des scrupules m en ont fait supprimer quelques unes J ai galement longuement balanc
16. recopier cette longue postface en dernier ressort je l ai fait pour d monter qu notre poque en dehors des concours le dessin acad mique aboutit une impasse ce que m a appris une assez longue exp rience J aurais peut tre d me taire et agir avec prudence la prudence de l ermite que je vois poindre sur la neuvi me lame Boulogne sur Mer juin 1939 A Fontainebleau novembre 1948 Ml e A 10 Allusion au tarot Cet ermite symbolise la sagesse et la prudence Note de l diteur 56 Alfred Georges REGNER 1902 1987 Bibliographie sommaire L ouvrage de r f rence est le catalogue raisonn Alfred Georges Regner 1902 1987 peintre graveur publi en 2002 par Somogy ditions d art et l Association des Amis d Alfred Georges Regner 240 pages abondamment illustr on trouvera aux pages 236 237 une bibliographie d taill e Parmi les ouvrages plus anciens on peut citer 1951 Georges Turpin monographie A G Regner Paris Debresse Editeur Collection Palettes nouvelles 1973 Yves Frontenac L escalier de la nuit Paris SNPD Editeur 1999 E B n zit Dictionnaire des peintres sculpteurs dessinateurs Gr nd Editeur 1938 1941 1953 1956 1960 1966 1966 1968 1969 1969 1969 1974 1982 Expositions personnelles hall de La Voix du Nord Lille galerie La Maison d Art Boulogne sur Mer hall de La V
17. rer une solution au cours de cet ouvrage Ne donnant actuellement comme seul conseil que de suivre les sollicitations profondes du moi les sollicitations subconscientes et de se souvenir qu en toute chose il faut adopter un parti franc 41 Alfred Georges REGNER 1902 1987 CHAPITRE III SUIVRE LA LIGNE O DESSINER D ENSEMBLE Muni d un fort bagage de connaissances l mentaires et sachant ce que repr sente le trait le continuateur de la grande tradition apparemment toujours vivante doit passer l action et faire que cette action soit f conde Avec le trait v ritable verbe enveloppe tangible des formes le dessinateur mat rialise sa pens e Voyons comment Delacroix dans son Journal dit que La premi re et la plus importante chose c est le contour et que le reste serait il tr s n glig avec une silhouette parfaite un dessin para t r alis Ce qui fait penser une ombre chinoise Puis le Ma tre de La Mort de Sardanapale ajoute J ai plus qu un autre besoin de m observer ce sujet y songer continuellement et commencer toujours par l Donc difficult de pratiquer ainsi n cessit de s autosuggestionner pour ne pas travailler par fragments et segments G ricault qui n a rien crit mais dont certains propos ont t recueillis et transmis par ses amis Lehoux et Montfort disait Si je pouvais tracer mon contour avec un fil de fer je le ferais Si nous comprenons bien
18. rieur o le technicien se lib re de la mati re et p n tre dans la noblesse d intelligence Et si le but rapproch qu il se propose est de se procurer une situation lui permettant une certaine ind pendance le professorat peut tre son but loign est de se lancer dans la grande aventure de la peinture preuve de force et de longue haleine capable de passionner une longue existence Il est peut tre t m raire de s adresser ses pairs quand chaque jour vous apporte des preuves d insuffisance Je me justifie mes propres yeux en pensant qu on n apprend bien qu avec un apprenti un Ma tre travaillant toujours plus ou moins automatiquement et instinctivement surtout si ce Ma tre est un artiste dans l absolue acceptation du terme 1 Paul Val ry Degas danse dessin Paris Gallimard 3 dition p 1522 39 Alfred Georges REGNER 1902 1987 Par suite d un long entra nement de son subconscient le virtuose n est pas ou n est plus capable d analyser les gestes qu il accomplit Au contraire l apprenti n ayant pas encore d velopp son automatisme pense chacun de ses mouvements m dite le bien fond des moindres traits r sultant de ses actes Pour expliquer il faut se d solidariser de ses actes pour les contempler Paul Val ry en soulignant combien Degas tenait l argot des peintres m a galement indiqu la base sur laquelle repose mon trait Car et l je ne suis plus d accord avec lui Deg
19. visuelle serait grandement facilit e si l on pouvait travailler en m me temps aux deux contours un crayon dans chaque main Un premier trac fait l g rement recommencer plusieurs fois l op ration en superposant les profils et en appuyant de plus en plus Chaque silhouette superpos e se rapprochant toujours davantage de la v rit Pour voir ses erreurs il faut les avoir mat rialis es Une faute manifest e permettant de conna tre la direction dans laquelle la correction doit se faire 2 Journal d Eug ne Delacroix Paris Plon Nourrit 1893 tome I p 82 5 dition 3 Groupe musculaire situ la base du pouce Note de l diteur Alfred Georges REGNER 1902 1987 Cette m thode est analogue celle de Degas lequel employait des calques successifs et nombreux avec comme seul avantage de supprimer la pr occupation d avoir la main l g re dans les premiers lin aments et comme inconv nient grave une plus grande s cheresse du trait Notre technique oblige le dessinateur toujours conduire son travail d ensemble Technique laquelle peut s appliquer ce que dit Baudelaire dans son Salon de 1859 De m me que la cr ation telle que nous la voyons est le r sultat de plusieurs cr ations dont les pr c dentes sont toujours compl t es par la suivante ainsi un dessin conduit harmoniquement consiste en une s rie de dessins superpos s chaque nouveau trait donnant au r ve plus de r alit et le faisant mon
20. 87 Bien entendu je ne livre pas toutes les recettes plus ou moins cul es qui tra nent partout j ai fait un choix voulant mettre sur la voie du style mais non du poncif Avant de les livrer j ai m dit sur chacune de ces ficelles sur chacun de ces trucs et dans mon esprit on peut sans risque les accueillir et m me les consid rer comme les pr occupations secondaires des vrais dessinateurs Ces pr cautions oratoires prises je lib re ma s lection d axiomes et commence pontifier En dessinant un contour les Ma tres vous disent souvent qu il est utile de regarder o les lignes vont s accrocher ou ce qu elles vont chercher Ce qui dans leur langage imag signifie qu en tra ant un profil on a brusquement l impression que le relief consid r s enfonce et continue l int rieur de l cran ce qui est souvent le cas d un muscle se dirigeant vers son point d insertion Observer o se termine le tendon renseigne clairement sur la direction donner une ondulation de l arabesque Certains dessinateurs n h sitent pas dans ce cas l cher le contour pour suivre o tout au moins pour indiquer le chemin pris par le muscle La plupart du temps le Ma tre s interroge mentalement et bauche seulement le mouvement Dans une acad mie les dessinateurs roublards soignent particuli rement la t te qui concentre et r sume le caract re du mod le Il arrive en dessinant un nu d
21. Alfred Georges REGNER Amiens 1902 Bayeux 1987 peintre graveur Conseil G n ral x Paa Calvados Direction des Archives du Calvados Conseil g n ral du Calvados octobre 2007 Alfred Georges REGNER Amiens 1902 Bayeux 1987 peintre graveur Livret de l exposition comm morative du 20 anniversaire de la disparition de l artiste r alis e la Chapelle de la Tapisserie de la Reine Mathilde Bayeux du 10 juillet au 10 septembre 2007 par Louis Le Roc h Morg re Directeur des Archives du Calvados avec la collaboration de l Association des Amis d Alfred Georges Regner a a A G R Photographie Yves Le Roux Maquette Catherine Montaigne Didier Paillard Direction des Archives du Calvados Conseil G n ral JE parn Calvados 2007 Alfred Georges REGNER 1902 1987 Alfred Georges Regner dans son atelier de Fontainebleau en 1955 devant la Mise au tombeau I C R n 209 p 88 Alfred Georges Regner dans son atelier de Bayeux en 1971 devant Le gardien du s rail C R n 360 p 134 Illustration de la couverture La cath drale de Bayeux 1937 Huile sur toile 50 x 73 cm s b d C R n 54 p 54 p 28 Uo Alfred Georges REGNER 1902 1987 INTRODUCTION N Amiens le 22 f vrier 1902 Alfred Georges Regner est le troisi me fils de Pierre Louis Regner professeur d allemand au coll ge j suite d Amiens et de C lina Puget descendante du c l bre scul
22. ESSIN ou L ESPRIT DE LA REPRESENTATION GRAPHIQUE PAR L INTERPRETATION DU JARGON D ATELIER A la m moire de mon P re Louis Regner modeste et encyclop dique linguiste Mais voici la plus f cheuse cons quence de l impuret de la langue des grands arts elle m ne ne plus savoir ce que l on veut Paul Val ry CHAPITRE I EXORDE EN GUISE DE PR FACE L id e de cet ouvrage m a t donn e par la lecture d un livre de Paul Val ry dans lequel il se plaint de n avoir rien vu de s r et d ordonn sur le dessin Ce qui est vrai Car pas plus que lui je ne tiens compte des opuscules l mentaires nombreux et vari s qui s adressent aux d butants et aux amateurs et que les marchands de couleurs d bitent avec leurs tubes Ce trait tentative de r ponse je le destine aux dessinateurs d j form s aux illusionnistes aux bateleurs connaissant des bases de la science du dessin en poss dant bien l a b c Je suppose que le lecteur all ch par le titre de ce livre jongle avec les aplombs et les niveaux les angles et les inclinaisons de lignes Qu il proportionne impeccablement toutes les parties d un mod le ou les divers objets d un ensemble les uns par rapports aux autres et que son ambition n est plus d amuser la foule des badauds mais qu il r ve d acqu rir les connaissances n cessaires pour passer du stade l mentaire de la repr sentation plus ou moins photographique des choses au degr sup
23. Je propose souvent mes l ves les plus avanc s de reprendre sur deux calques successifs un de leurs croquis en prenant le trait une fois int rieur et une fois l ext rieur de la silhouette sans toucher au dessin de la t te La d monstration est sans r plique En gros le dessin triqu noir sur blanc est caract ristique des peintres dits primitifs jusque et y compris Botticelli Le dessin ample est l apanage des modernes avec bien entendu de nombreuses exceptions dans le temps exceptions plus ou moins conscientes C est ce probl me qu Ingres a vis dans son c l bre apophtegme Le dessin n est pas en dehors du trait il est en dedans Ce qui prouve que le Ma tre de Montauban n tait qu un pseudo gothique J ajoute qu il est plus logique de dessiner noir sur blanc lorsqu on utilise comme fond le blanc immacul du papier papier dont le rayonnement semble ronger et diminuer les volumes plus sombres du motif Tandis que le dessin blanc sur noir pour la raison inverse s accommode mieux d un fond obscur Mes lecteurs attendent peut tre une conclusion plus nette Je suis trop professeur pour le faire Ne voulant jamais imposer ma m thode et former des l ves en s rie Les deux solutions tant bien indiqu es je laisse chacun le soin du choix choix indispensable pour devenir bon artisan Peut tre aurai je d ailleurs l occasion de revenir sur cette tr s importante question et de j suitement sugg
24. as avait compris tout ce qu on peut d couvrir dans le jargon particulier aux Ma tres Ce n tait pas qu un certain go t des arcanes qui l attirait Certains termes transmettent r ellement d ge en ge les pr occupations essentielles que doit avoir continuellement l esprit ou mieux grav e dans son inconscient le vrai dessinateur Par crainte de la p danterie les artistes vitent les lourdes d finitions pr f rant utiliser des notes faisant image v ritables formules ayant besoin d tre assimil es qui condensent l enseignement profond et un tantinet herm tique des Ma tres L interpr tation du jargon d atelier est la cl qui fait acc der la ma trise Point commun avec la philosophie o la compr hension de la terminologie des voileurs de la v rit nue est la difficult importante pour comprendre chaque cole La condition premi re de la r ussite pour un dessinateur est donc la digestion des phrases sibyllines et toutes faites que les Ma tres rab chent aux oreilles des n ophytes Et chose amusante et lamentable rares sont les l ves cherchant comprendre ses expressions en p n trer le sens apr s y avoir pressenti une signification profonde Quelques initiables seuls flairent une substantifique moelle et cherchent piper la muscade qui se tapit sous le cornet Par g n ration d l ves trois ou quatre par atelier comprennent l enseignement du patron et souvent par l interm diaire d un anc
25. c ses chambres claires t t suivies de chambres noires transportables pr figurant le r gne du photographe A n en point douter voil l origine de notre tradition d atelier tradition qui refl te bien des pr occupations de statuaires o les profils et les valeurs qui donnent le relief ont la place d honneur Comme chacun sait une statue est un ensemble de volumes d termin s par une succession de vues de c t se fondant les unes dans les autres l artiste italien le plus repr sentatif de cette formation est Michel Ange peintre par ordre statutaire par temp rament qui clamait d ailleurs sur tous les toits Je ne suis pas un peintre ce qui est bien notre avis Le peintre authentique est un voluptueux pour qui la couleur est le centre d int r t C est en m ditant devant les reproductions d ignudi de proph tes et de sibylles d corant le plafond de la Chapelle Sixtine que j ai compris l origine de notre fameuse tradition acad mique Tradition qui s est labor e en opposition la culture picturale fran aise ce que l on comprend bien en lisant les crivains d art italiens Ouvrons par exemple le Botticelli de M Carlo Gamba de la collection Le mus e de la Pl iade la page 43 et lisons La renaissance r alistico classique de l art florentin eut aussit t une grande renomm e dans toute l Italie une poque o les sciences humanistes rendaient populaire la compr hension de l art antique
26. e est l arabesque Quand les plans se rencontrent sans former d ar te perceptible il se produit des changes entre le plan d ombre et le plan de lumi re Le passage est insensible doux Le d grad le traduisant s tale largement en un model savant sugg rant rappelant plus o moins une sph re ou un cylindre Au contraire quand les plans se heurtent violemment d terminant des ar tes d angle vif il ne se produit aucune r action entre l ombre et la lumi re Le passage est brutal dur Aucun d grad l image doit s inspirer plus ou moins des surfaces tranch es d un cube En commen ant ce livre je m tais promis de ne pas aborder ce que les peintres appellent la facture La facture me paraissant chose trop personnelle trop intime Malgr moi je suis contraint de l effleurer dans ce chapitre afin de pr ciser ma pens e Alfred Georges REGNER 1902 1987 Pour obtenir une bonne opposition entre l ombre et la lumi re une bonne technique est d estomper les surfaces dans l ombre afin de boucher avec du noir les creux englobant les grains du papier Le ton obtenu est profond Et au contraire il faut viter soigneusement de frotter les demi teintes dans la lumi re en caressant uniquement avec le crayon ou le fusain les asp rit s du support en respectant les concavit s afin de donner aux gris une vibration lumineuse une certaine palpitation excessivement agr able l oeil par contraste avec l
27. ement des statues antiques sont exhum es du sol au cours des fouilles ordonn es par les papes C est donc par la statuaire que l art antique est connu des artistes italiens novateurs l exclusion de la peinture qui de par sa fragilit n avait laiss qu un souvenir Toute ducation artistique commence la Renaissance et cela pour longtemps par l tude des dieux de marbre retrouv s On cherche s assimiler le caract re de la sculpture antique caract re st r otyp par les artistes de basse poque les Renaissants ne distinguent pas les uvres grecques des uvres romaines On pratique la mensuration des statues qui livrent deux canons de proportions Quelle que soit son activit pr dominante l artiste italien de la Renaissance re oit toujours une formation de statuaire et lorsqu il se livre accidentellement ou r guli rement la peinture son id al est de rendre le relief en 54 Alfred Georges REGNER 1902 1987 cr ant un trompe l oeil Tout devient faux semblant tout est la blague Le visiteur des monuments italiens de la Renaissance doute toujours de la tangibilit du spectacle qu il contemple D cor ou r alit Cette corniche cette porte par laquelle s aper oit un joli jardin cette loggia dont la balustrade donne asile de beaux oiseaux C est l le crit re par excellence Ce qui ne pouvait donner naissance qu un art mat rialiste un art de creux et de bosses un art savant ave
28. eus Pour prendre un clich d un ensemble de couleurs vives tableau d coration etc le photographe est oblig de mettre un cran jaune devant son objectif suivant le cas envisag pour att nuer dans une certaine mesure les erreurs criantes de son instrument r put parfait Ce qui unifie la nature Des lunettes color es rendraient le m me service aux d butants Ce probl me du clair et du fonc presque insoluble pour le dessinateur l est totalement pour le peintre acad mique Une personne n ayant jamais cherch peindre le portrait d une femme fard e en ayant la pr tention de rendre exactement et les couleurs et le model ne peut valuer le dramatique de la lutte impossible Mais ceci dirait Kipling est une autre histoire 49 Alfred Georges REGNER 1902 1987 CHAPITRE VII LIGNE TOURMENTEE LIGNE CALME Comme une valeur isol e n est qu une tache qu un p t une ligne seule aussi serpentine soit elle reste inerte et sans aucun sens Pour qu un profil nous paraisse calme il faut que son sym trique soit tourment Car en pla ant en face d un profil paraissant calme un profil plus calme et la chose est toujours possible ce soi disant profil calme devient tourment Car ainsi que le dit Delacroix page 199 du tome premier de son Journal Une ligne toute seule n a pas de signification il en faut une seconde pour lui donner de l expression En tout motif la premi re c
29. hose transcrire c est le contraste des lignes se r pondant Et remarque importante la qualit du model est en corr lation avec le profil Ingres ce romantique refoul dont il serait r v lateur de psychanalyser certaines uvres Ingres cet adorateur rus de Rapha l supprime et amoindrit les ombres pour donner plus de valeur au contour Si bien que certaines de ses figures ont l air de patrons d une forme tr s correcte gonfl s d une mati re molle et non vivante trang re l organisme humain Le model int rieur r duit au minimum est suppl par des lignes continuellement tourment es Le contraste indispensable des lignes n tant trouv que dans certains d tails secondaires bras mains Les lignes calmes correspondent toujours comme par exemple chez Jordaens un model int rieur tr s pouss Ce qu Andr Lhote exprime de la fa on suivante page 48 de son Trait de paysage A model rond dessin droit teinte plate dessin riche en inflexions courbes signifiant le model absent Le dessin de Cranach suppl e par ses fr missements au model celui du Titien ou de Michel Ange si on le d barrasse de l amollissement du model est dominante droite Tr s peu de Ma tres ont r ussi toujours trouver le contraire des lignes Delacroix dit que cette r gle est difficile appliquer au corps entier Polycl te le premier sculpteur de l antiquit avoir pressenti cette loi s
30. ien Les autres ont des oreilles pour ne point entendre Tr s souvent m me la masse se gargarise des formules consacr es sans que celles ci soient r alis es la grande joie de la petite chapelle d initi s Les jeunes sont malveillants entre eux autant que ceux de la g n ration pr c dente ce qui n est pas peu dire Je tiens dire que bien que l sot risme sous toutes ses formes soit pour moi chose famili re et peut tre pour cette raison j viterai soigneusement de discuter m taphysique voulant uniquement faire uvre de technicien au langage volontairement sec et lapidaire Mon intention est galement de me tenir loign de toute esth tique mais d avance je sais que je ne pourrai me retenir d effleurer ce domaine passionnant et br lant Enfin en terminant ce livre je mettrai en garde mes lecteurs peintres contre le dogme jusqu ce jour v ritable credo des artistes et qui me semble l agonie Raison pour laquelle je crois le moment venu de fixer cet h ritage spirituel qui bient t peut tre ne sera plus transmis CHAPITRE II BLANC SUR NOIR O NOIR SUR BLANC Blanc sur noir ou noir sur blanc ces mots nigmatiques comme la Papesse Jeanne ces mots myst rieux qui font trembler les bizuts comme une perfide mystification posent le probl me du trait d une fa on parfaite Probl me solution binaire Dualit sujette d ternelles discussions T Alfred Georges REGNER 1902 1987
31. jets pour finalement en donner une vue d ensemble Inventorier pas pas puis r capituler Suivre les valeurs peut para tre facile la lecture de ce chapitre et cette gymnastique c r brale serait relativement simple si tout ce qui existe dans la nature tait monochrome raison pour laquelle on apprend dessiner en copiant des pl tres malheureusement ou heureusement il n en est pas ainsi et la diversit des couleurs vient terriblement tout compliquer Il faut une longue ducation pour que l oeil d termine sans erreur la qualit d une ombre m lang e un rouge en la comparant des ombres agglutin es un vert un bleu toutes les couleurs diversifi es l infini par les m langes Et toujours avec un simple frottis de crayon plus ou moins clair plus ou moins fonc le dessinateur doit sugg rer en plus des couleurs et des valeurs la mati re superficielle des objets Mati re mate ou brillante lisse ou rugueuse soyeuse ou granuleuse transparente ou opaque dure ou molle r peuse ou satin e moir e ou unie Car la surface des choses s impose nous par des souvenirs tactiles se combinant d une fa on inextricable avec les apports visuels Avant d tre dessin s les seins les velours le marbre doivent avoir t longuement caress s et palp s L objectif photographique lui m me est impuissant rendre les valeurs sans faute les exag rant toujours dans les rouges les att nuant dans les bl
32. l encontre du mani risme international d origine franco lombarde qui avec son artificialit pr cieuse et irr elle fleurissait dans toutes les cours du Pi mont l Ombrie de la V n tie en Sicile Puis plus loin page 47 M Carlo Gamba parle de la lutte des artistes italiens contre la tradition d au del des Alpes Ce qui prouve d une part la force de l art fran ais du haut Moyen ge et d autre part d montre combien les jeunes peintres de notre pays ont raison de chercher renouer avec notre pass Si nous avons imit les trangers pendant plusieurs si cles nous pouvons influencer les autres nations Fier de tenir la solution heureux d avoir assimil l enseignement de mes bons Ma tres dix huit si je compte bien de l avoir dig r en partie en crivant ce livre je me proposais de tirer profit de mon bagage et de r aliser de multiples chefs d uvre L homme propose et Dieu ou notre inconscient dispose Ce que je croyais tre un commencement un moyen tait en r alit une fin Mon livre l usage s est r v l une lib ration un affranchissement J avais vomi la Renaissance Depuis journellement je d couvre la suite de M Eug nio d Ors que les arts ne sont pas immuables Ils gravitent Particuli rement la peinture but secret de beaucoup de dessinateurs oscille entre la sculpture et la po sie En 1948 les peintres cr ateurs qui s intitulent d ailleurs de tradition fran aise c
33. les Ma tres dessinent la ligne g n rale d enveloppe en suivant le contour ext rieur du mod le sans dessiner totalement un bras puis le torse puis une cuisse Mais bien en passant d un morceau un autre morceau d s que le premier d ext rieur devient int rieur en vitant dans les m andres de la silhouette pour faciliter la perception du spectateur les traits saccad s qui n annoncent pas les traits suivants et en liminant les changements brusques et incessants qui ram nent sans cesse le dilettante la conscience d une fiction En fermant les yeux mentalement je me vois dessinant un homme Apr s avoir contourn la moiti de la t te du cou l paule et amorc la poitrine brusquement j abandonne celle ci pour suivre l avant bras qui surgit puis me voici au poignet l minence th nar je vais aborder la silhouette du pouce quand l extr mit du b ton sur laquelle s appuie le mod le me sollicite et ayant profil au passage les articulations m tacarpo phalangiennes des quatre doigts c est maintenant le morceau de bois que je dessine Le m me proc d s applique aux vides espace entre les deux jambes et le sol intervalle entre un bras et le corps l ex cution d un profil de l arabesque g n rale doit se faire en surveillant du coin de l oeil le profil oppos et en observant continuellement ce qui se trouve au dessus et en dessous dans l aplomb du point trac Cette incessante gymnastique
34. n des Archives du Calvados qui a particip la r alisation de l exposition secr tariat convoiements montage ou de la brochure saisie mise en page Catherine Champeau Marie Camille Coiffu Jocelyne Lair Catherine Montaigne Gratien Mouget Didier Paillard Marie Aline Pivet R mi Pivet Franck Prandt Pascal Sellin et l imprimerie du Conseil g n ral du Calvados Alfred Georges REGNER 1902 1987 Autres publications de la Direction des Archives du Calvados sur des artistes bas normands Du sang et des larmes 1994 Le salon des artistes bas normands de 1926 1996 Centenaire de la naissance de Jean Daligault 1999 Basse Normandie terre d artistes 1840 1940 2002 Fran ois Bo itard 2003 Yvonne Gu gan regards sur la guerre 2004 Artistes contemporains en Basse Normandie 1945 2005 2005 Gabriel Millet dessins et peintures 2006 Septime Le Pippre 1833 1871 2006 Yvonne Gu gan hommage 2006 Cat Nat 2007 Illustration 4 de couverture Le Cabaliste Le rongeur de livres Le rat de biblioth que Voeux 1979 pointe s che 12 7 x 17 8 cm s b g C R n 502 p 194 Conseil G n ral 6 Calvados Impression Conseil g n ral du Calvados ISBN 978 2 86014 094 2
35. nt les points les plus loign s des grands contrastes Ces points se d placent suivant la valeur du fond Trois cas sont consid rer Le dessinateur travaille 1 sur papier blanc 2 sur papier teint 3 sur fond sombre Envisageons le premier cas Les volumes se trouvant dans la demi teinte et l ombre et se d tachant fortement du fond doivent tre entour s par un trait progressivement plus fort et plus noir Par contre on att nue la ligne de d marcation de la partie clair e pour faire passer le plan lumineux dans le fond blanc Passons au deuxi me cas Les parties clair es et dans l ombre contrastent vigoureusement avec la teinte du papier Le trait est ferme en cons quence pour dispara tre dans la demi teinte qui se confond avec le gris du fond Enfin dans le dernier cas il est ais de comprendre que la ligne entourant les volumes clairs et gris doit s affirmer et que le trait circonscrivant les volumes fonc s s indique peine ou pas En peinture l quivalence de ce proc d de dessin porte des noms nombreux C est entre autres le contraste simultan de Seurat Le contraste simultan peut se formuler de la fa on suivante D s qu un plan rencontre un plan plus sombre ou plus clair il faut porter tout de suite le contraste son degr de plus grande intensit et non tenter une timide juxtaposition de valeurs tr s peu diff rentes La valeur exacte tant report e plus loin Au contraire le
36. nt s tendre sur un ou plusieurs objets Les jours naissent des jours Les ombres sortent des ombres Et comme le dit Paul Claudel dans son Introduction la peinture hollandaise Sur les balances du commerce il s agit EN Alfred Georges REGNER 1902 1987 d un poids en m tal pur sur celles plus d licates de l art il s agit des rapports infiniment tendres et gradu s qualifi s ou non par la couleur que l ombre entretient avec la lumi re une esp ce de TITRE lumineux J ai parl de motifs plac s dans un int rieur Pour dessiner dehors on pratique de m me en appliquant en plus les r gles l mentaires de la perspective a rienne En peinture on doit galement se pr occuper de la perspective dite chromatique Arriv un stade avanc de son ducation le dessinateur doit copier des dessins de Ma tre exercice trop n glig de nos jours Puis sachant l aspect des uvres abouties chercher s en rapprocher en travaillant sur nature Exactement comme Proust s est form en s identifiant au snob parfait Dessiner le morceau indique que chaque partie d un mod le doit se diff rencier des morceaux voisins tout en faisant corps avec le tout Car dessiner ne consiste pas num rer successivement les diff rents fragments d un objet isol ou s par ment les objets faisant partie d un groupe Le dessinateur doit donner une vue d ensemble du motif choisi Enregistrer une analyse des ob
37. oix du Nord Boulogne sur Mer galerie Raymond Creuze Paris salle des f tes du th tre municipal Fontainebleau peintures et gravures galerie Simone Florentin Paris gravures biblioth que municipale Fontainebleau mus e Baron G rard Bayeux peintures et gravures ch teau mus e peintures et gravures Boulogne sur Mer mus e des Beaux Arts et de la Dentelle Calais peintures et gravures mus e des Beaux Arts Dunkerque peintures et gravures h tel de ville Port en Bessin peintures et gravures galerie La Lanterne Bayeux 60 ans de gravure et de peinture 1985 mus e Baron G rard Bayeux peintures Abr viations s b g sign en bas gauche s h g sign en haut gauche s b d sign en bas droite s h d sign en haut droite U7 N Alfred Georges REGNER 1902 1987 Remerciements M Patrick Gomont maire de Bayeux M Lo c Jamin maire adjoint de Bayeux M Antoine Verney conservateur du Mus e Baron G rard Bayeux Mme Isabelle Robert responsable du Mus e de la Tapisserie de la Reine Mathilde qui de ont facilit la pr sentation l exposition Mme A M Ruard Dumaine pr sidente de l a a A G R M et Mme Daniel Gruyer M et Mme Yves Le Roux Mmes Nicole Regner et Armelle Ygouf Mmes Champion Iselin et MM Launay Lhotellier et Testelin qui ont tr s aimablement pr t la majorit des uvres pr sent es Le Personnel de la Directio
38. omme en peinture on exalte les tons chauds par les tons froids Ce que les b nistes savent bien lorsqu ils dessinent des profils de moulures faisant alterner facettes plates et facettes courbes concaves ou convexes Un listel succ dant un talon une plate bande un tore une plinthe un domaine etc Ce qui cr e un rythme dont la r gularit tablit entre l uvre et le spectateur une esp ce de communication fil invisible qui lui permet de pr voir les ondulations de la ligne et en m me temps endort les r sistances actives de sa personnalit et l am ne un tat de docilit parfaite de suggestion qui le force sympathiser avec l uvre d art Au cours de ce chapitre presque malgr moi j ai flirt avec l esth tique Mais pour la compr hension de cette d licate question et le b n fice du dessinateur ambitieux voulant monter sur le char triomphal il m tait impossible de pratiquer diff remment 51 Alfred Georges REGNER 1902 1987 CHAPITRE VIII QUELQUES FICELLES D ATELIER ET POSTFACE FLEUVE ET IMPREVUE Je voudrais que mon trait rempla ant le l gendaire croc merdre du p re Ubu permette aux dessinateurs bien dou s mais mal embarqu s de trucider leurs erreurs et de leur faire voir que comme Ingres on les a tromp s Puis de leur insuffler le courage de recom mencer leur formation Pour ce faire il est n cessaire de s autosuggestionner pour se cr er les noyaux de pr occupa
39. otellier qui a fait une carri re de peintre de graveur et de ma tre verrier est certainement celui qui a le mieux connu Regner l homme et le peintre Il a expos r guli rement au Salon des R alit s Nouvelles et fut un grand ami d Herbin L ensemble de l uvre d Alfred Georges Regner malgr l opposition apparente de deux grandes p riodes la premi re figurative 1915 1945 et la seconde que l on peut qualifier d automatique 1945 1986 appara t cependant comme d une continuit et d une coh sion exemplaire Aussi plut t que de la cloisonner en p riodes convient il mieux de rechercher le fil conducteur qui depuis les d buts du peintre jusqu l panouissement final relie des exp riences qui peu peu reconstr uiront et enrichiront l uvre jusqu son accomplissement D j en 1925 le Combat des Walkyries peinture automatique prouve qu il avait d s lors pris conscience de ce quoi il devait parvenir Que cette peinture n ait pas eu de suite l poque montre bien que le fruit de l arbre ne peut tre cueilli qu apr s un long travail de soins d lagage et de taille Le Combat des Walkyries pr monitoire montrait le chemin Regner l a pris et ce chemin n est pas facile les emb ches le doute les preuves inattendues y surgissent souvent mais celui qui les surmonte n en sort que plus fort et pourvu d une conscience accrue Ce parcours opini tre jamais interrompu avec au bout le r sul
40. p 159 21 Alfred Georges REGNER 1902 1987 Le Pavillon Henri IV Fontainebleau 1945 Pointe s che 25 6 x 17 8 cm C R n 390 p 159 22 Alfred Georges REGNER 1902 1987 Le cheval bascule Pr sent dans Enfances normandes exposition des Archives du Calvados 1947 au ch teau de B nouville t 2007 Huile sur toile 97 x 146 cm s h g C R n 144 p 72 p 42 23 Alfred Georges REGNER 1902 1987 Pubert La poup e Pr sent dans Enfances normandes 1945 exposition des Archives du Calvados Huile sur toile 60 x 50 cm s b d au ch teau de B nouville t 2007 C R n 125 p 67 24 Alfred Georges REGNER 1902 1987 Les raccommodeuses de filets 1950 Huile sur toile 130 x 195 cm s h g C R n 167 p 78 N U7 Alfred Georges REGNER 1902 1987 Ur e D Xe Ve 5 21 e 2 La gondole Le man ge 1950 Huile sur toile 130 x 162 cm s b g C R n 166 p 77 26 Alfred Georges REGNER 1902 1987 L atelier 1965 Huile sur toile 81 x 116 cm 5 b d Collection Archives du Calvados C R n 308 p 116 27 Alfred Georges REGNER 1902 1987 L atelier de fortune 1966 Huile sur toile 65 x 92 cm s h d C R n 305 p 116 28 Alfred Georges REGNER 1902 1987 Le couple dans les bl s 1961 Pointe s che 13 7 x 19 cm s b g C R n 423 p 170 29
41. pense avoir projet une lumi re suffisante sur ce probl me et d voil l arcane qui se dissimulait comme une imp ratrice au fond de son palais sanctuaire connu de tous et pourtant n glig par suite de son rapport a priori vulgaire et banal 4 Henri Bergson Essai sur les donn es imm diates de la conscience Presses Universitaires de France p 11 44 Alfred Georges REGNER 1902 1987 CHAPITRE IV MODELER LA LIGNE B n ficiant des actions ant rieures nous allons pouvoir raffiner sur notre trait apr s analyse de notre dessin Imitons le Ma tre qui arriv ce stade s est recul et confortablement appuy un meuble accueillant comme un empereur aux gradins de son tr ne tenant son crayon bout de bras comme un sceptre mollement et l air d tach le corps b atement tass l esprit lib r et actif cherche parfaire l uvre bauch e Le Ma tre ayant termin sa m ditation transforme son trait r gulier en une ligne d paisseur et d intensit variables Cherchons comprendre pour quelles raisons certains points des profils sont effac s ou att nu s et d autres renforc s Ayant d limit arbitrairement et d un trait incisif le contour des choses il reste au dessinateur trouver ce qui relie les objets Il lui faut chercher avec une attention accrue les endroits o les crans paraissent se diluer les uns dans les autres pour l indiquer par la ligne des contours Ces points d effacement so
42. pteur De 1915 1917 Alfred fait ses tudes au coll ge j suite avec quelques interruptions dues sa sant fragile ses parents encouragent ses go ts artistiques En 1917 la famille vacue Amiens pour gagner l Eure Le Thuit Signol son p re meurt de la grippe espagnole En 1919 sa m re retourne Calais sa ville natale Alfred devient dessinateur en dentelles et suit de 1920 1927 les cours de l Ecole des Arts d coratifs de Calais En 1925 il rencontre Henry Lhotellier qui sera un fid le ami De 1927 1929 il fait son service militaire au 4 Zouaves Tunis En 1929 il est re u au Salon d Automne Cette ann e l il quitte d finitivement Calais pour Paris Il devient r p titeur au coll ge Charlemagne En 1932 il obtient le dipl me de l Ecole nationale des Arts d coratifs et le 10 octobre il pouse Jeanne Heurtevent d origine bretonne dont le parrain Jean Baptiste Delalande pharmacien habite Bayeux Il est nomm professeur de dessin au coll ge Mariette Boulogne sur Mer et donne des cours l Ecole des Beaux Arts de la ville En 1935 il est re u au Salon des Artistes fran ais dont il devint soci taire en 1937 En 1936 il se brise les jambes dans un accident de voiture en Normandie et passe quelques mois en r ducation Saint C me de Fresn De retour Boulogne sur Mer en 1938 il est mobilis en 1939 et fait passer sa famille Bayeux En 1941 il est nomm au coll
43. rait en dedans du dessin noir sur blanc aux proportions sombres de la silhouette Processus tendant surtout souligner l irradiation des courbures saillantes des volumes en lumi re volumes qui donnent toujours l impression de d border le contour Ceci est rapprocher de ce que dit Delacroix la page 197 du tome premier de son Journal Quand sur le bord d un plan que vous avez bien tabli vous avez un peu plus de clair qu au centre vous prononcez d autant plus son m plat ou sa saillie CHAPITRE V TROISIEME PROFIL PASSAGES DURS PASSAGES DOUX Troisi me profil et profil int rieur sont les termes consacr s pour d signer ce que les perspectivistes nomment s paratrice d ombre et de lumi re Ce profil se dessine avec autant de pr cision que les profils ext rieurs mais avec une difficult accrue tant de lecture plus subtile Bien souvent le raisonnement seul vous le livre par la compr hension de la direction des diff rents plans par rapport la source lumineuse Le dessin est chose mentale L oeil ne voit bien que ce qui tait auparavant dans l esprit Le profil int rieur se situe donc entre l ombre et la lumi re dont il devient le principe m dian rattachant les deux indissolubles antagonistes tout la fois lien et limite Ce troisi me profil tant trac il faut s occuper de l important probl me des passages Les passages tant au profil int rieur ce que le model de la lign
44. rasser dans un m me faisceau visuel et le mod le et le dessin Les conditions tant chang es les jambes et les pieds sont d un dessin non pas n glig mais d une qualit autre que celui de la t te et du tronc Ce qui pr c de se rapportant aux dessins ex cut s sur une surface plac e non c t mais au dessus du mod le par exemple quand le carton dessin est pos sur une chaise et non sur un chevalet Ce qui montre que le format adopt n a pas t judicieusement choisi Le format Ingres impos aux l ves des acad mies est trop grand Jusqu pr sent j ai surtout parl du mod le isol Il me reste envisager la question des objets group s Dessiner d ensemble a la m me signification que suivre la ligne mais en sous entendant plus particuli rement un ensemble d l ments vari s La fa on de proc der est la m me mais au lieu de sauter d une portion de torse un avant bras et du poing la canne on passe aussi simplement d un fragment de poire un profil de compotier d un profil de compotier un pli de torchon d un pli de torchon un bord de table pour r aliser un bloc de tout ce qui s offre la vue sur un m me plan et former ce que les Ma tres appellent un cran un cran correspondant un plan Dans les compositions les crans se superposent s enchev trent se recoupent en se d tachant les uns des autres par des contrastes finissant par remplir toute la surface Je
45. s contrastes de plans tr s voisins de valeur et presque impossibles diff rencier doivent totalement dispara tre N enseigne t on pas aux d butants que les ombres sont plus fonc es au d part Les ombres chez Rubens marquent toujours beaucoup au bord Certains dessinateurs ayant pressenti ce model de la ligne sans en comprendre la raison profonde en singent l aspect et l imitent la blague Pla ant des accents au petit bonheur sur la silhouette Quelquefois avec une pr dilection marqu e pour les angles Blottissant des noirs dans les creux comme des nids aux fourches des branches Alfred Georges REGNER 1902 1987 Cette fa on de faire du chiqu a t employ e par de v ritables Ma tres Je pense particuli rement Watteau ce qui va scandaliser les admirateurs de l inventeur des F tes Galantes Etant pascalien je proclame toujours ce que je crois tre la v rit m me si je dois froisser des susceptibilit s Suivant la lettre le symbolisme du tarot adopt une fois pour toutes pour le plan de mon livre ce que certains ont je pense remarqu me laissant guider par lui je vais revenir aux travaux initiaux afin d apporter de la pr cision aux premiers reflets obtenus Dans un m me dessin dans le but de provoquer un contraste suppl mentaire les contrastes tant essentiels il me semble possible de r server le trait en dehors du dessin blanc sur noir aux proportions lumineuses des profils et le t
46. s couches ult rieures et par transparence de cr er cette lumi re palpitante qui semble maner de la mati re m me Ensuite le dessin automatique est tr s exactement report la craie sur ce fond et sera repris en demi p tes blanches Finalement formes et personnages seront exprim s et d finis par un subtil travail de p tes l g res de glacis et par une couleur tir e la brosse effleurant les asp rit s de la surface cr ant un piderme pr cieux et vibrant Le m dium employ assure une tr s grande solidit de la mati re il permet d viter le vernis source de jaunissement et pr sentant des risques lors d un ventuel d vernissage Sa recette provient d un grimoire de Marie l alchimiste et consiste en huile de lin laquelle on ajoute une gousse d ail et qu on laisse lentement se purifier la lumi re solaire Le poulailler colombier transform en atelier Bayeux C R p 22 Alfred Georges REGNER 1902 1987 Autoportrait 1924 Huile sur toile 46 x 38 cm s b d C R n 19 p 50 p 33 Ko Alfred Georges REGNER 1902 1987 Nicole lisant la petite liseuse Pr sent dans Enfances normandes 1943 exposition des Archives du Calvados Huile sur toile 61 x 46 cm s h g au ch teau de B nouville t 2007 C R n 90 p 61 _ Alfred Georges REGNER 1902 1987 La lecture Jeanne lisant 1934 Huile sur toile 46 x 60 cm 5 b g C R
47. st qu un Janus bifrons Elle n a t possible que gr ce au concours de la famille de l artiste qui a pr t la majorit des uvres compl t es par les collections du Mus e Baron G rard et de la Direction des Archives du Calvados La mise disposition de la chapelle de la Tapisserie par la Municipalit de Bayeux a favoris le retentissement de l exposition qui a t visit e par quelque six mille personnes en deux mois Le pr sent livret ne saurait donner qu un aper u de l uvre de Regner Pour en savoir plus le lecteur pourra consulter le beau Catalogue raisonn publi par l Association des amis d Alfred Georges Regner chez Somogy ditions d art en 2002 auquel nous renvoyons syst matiquement dans les planches qui suivent La derni re partie de ce livret comprend le Trait de dessin de Regner jusqu pr sent in dit o l on peut d couvrir la pens e complexe parfois quelque peu sot rique d un artiste plus profond que connu Louis Le Roc hMorg re Conservateur g n ral du patrimoine 2 240 p plus de 500 r f rences 3 Nous indiquons le num ro de l uvre la page de la notice et ensuite le cas ch ant la page o figure la reproduction 5 Alfred Georges REGNER 1902 1987 A REGNER DU SOIR ESPOIR 1977 Pointe s che 12 7 x 9 cm C R n 501 p 194 op Alfred Georges REGNER 1902 1987 A G REGNER VU PAR SON AMI HENRY LHOTELLIER Henry Lh
48. t lente Je voudrais aussi tant avide de justice comme un jeune malgr mes 50 ans que mon livre p n tre dans les milieux provinciaux tourn s vers les Beaux Arts pour permettre aux dessinateurs d sh rit s d entrevoir la v rit ne reniant ni oubliant ma premi re et p nible formation Car la science du dessin th orique et pratique dispens e en dehors de la capitale ne refl te en rien l enseignement sot rique oral des ateliers parisiens Mais que l on m entende bien si je suis d cid livrer ici quelques unes des ficelles en usage dans les coles ateliers et acad mies de Paris c est pour transmettre tous les hommes de d sir cette dangereuse tradition des b tes concours que tout dessinateur devrait conna tre dans le but avou d quilibrer les chances de r ussite de tous les appel s et faciliter la t che quelques postulants bien dou s cherchant forcer le tir de barrage d clench en faveur des fils beaux fils et neveux des hommes en place les r volutions successives n ayant pas aboli l h r dit des charges Heureusement un dessinateur de talent sup rieur ayant du caract re finit toujours par s imposer dans ces preuves de force que sont les concours Raison pour laquelle je crois mon livre pas compl tement inutile sans quoi je ne l crirais pas 7 Cf Amaury Duval L atelier d Ingres Paris G Cr s diteur 6 dition p 188 52 Alfred Georges REGNER 1902 19
49. tat entrevu d s le d part est particuli rement remarquable Le Regner que j ai connu en 1925 tait d j le m me que celui de 1987 mais lentement avec patience et obstination il fallait cr er l uvre lui assurer sa mat rialit la perfectionner sans cesse et l enrichir de sa personne profonde et du tr sor cach de son subconscient longue op ration au cours de laquelle s affichant sans cesse et par une myst rieuse alchimie l op rant devient l uvre elle m me Ainsi faut il tailler les pierres avant de construire la cath drale De la technique il a exp riment toutes les ressources mais il en retient et adapte ce qui convient sa voie personnelle Au d part il se confie au seul dessin automatique Mes dessins pr alables toute peinture sont des dessins automatiques C est dire que je m efforce de ne penser rien et je laisse mon crayon tracer tout ce qu il veut sur la feuille de papier Ensuite je regarde ce que j ai fait je cherche lire des formes en un mot je me projette comme dans le test N Alfred Georges REGNER 1902 1987 de Rorschach Le sujet si l on peut dire de la peinture devenant vident et s imposant il tablit d apr s les grandes lignes du dessin automatique ce qu il nomme des crans r partition des zones d ombre et de lumi re Ces zones sont recouvertes d une sorte de damier irr gulier de couleurs vives qui constituent la base de la peinture et permettront sous le
50. ter d un degr vers la perfection Malgr mon d sir de concision ce chapitre tant essentiel et l intensit d int r t tant bien souvent valu e d apr s l tendue des d veloppements je me dois ici d tre prolixe Revenant Paul Val ry je lis la page 65 du livre d j cit Les formes que la vue nous livre l tat de contours sont produites par la perception des d placements de nos yeux conjugu s qui conservent la vision nette Ce mouvement conservatif est ligne Puis plus loin Mais le commandement de la main par le regard est fort indirect Bien des relais interviennent parmi eux la m moire Tous les dessinateurs d butants ont prouv ces contraintes Mais les Ma tres ont trouv des palliatifs plus ou moins heureux toutes ces difficult s Tout le monde en parcourant un quelconque almanach populaire o usage de la jeunesse a tent l exp rience du point de couleur isol au centre d une page blanche qu il est indiqu de fixer quelques minutes Point que l on voit ensuite se reproduire en couleur compl mentaire sur la page vierge en regard et sur laquelle le mode d emploi commande de reporter les yeux apr s le temps de fixation voulu Ph nom ne curieux provoqu par la fatigue d une partie des nerfs optiques et connu sous le nom de persistance des images Cette persistance des images sur la r tine est exploit e par les Ma tres Ce que ne fait pas le d butant qui
51. tions constantes que le dessinateur doit avoir constamment pr sents l esprit pendant tout le temps de l ex cution du dessin avant qu ils ne soient devenus inconscients et qui sont comparables aux r flexes que le joueur de rugby a pr vus avant de p n trer sur le stade Ces r flexes se d clencheront automatiquement suivant les phases du jeu l athl te engag dans la lutte n tant plus capable de penser Et conclut Delacroix page 196 du tome premier de son Journal Ce n est pas au moment de l ex cution qu il faut se bander l tude avec des mesures des aplombs etc il faut de longue main avoir cette justesse qui en pr sence de la nature aidera de soi m me le besoin imp tueux de la rendre Pour bien dessiner il faut tre lib r de toutes les f rules scolaires que l on doit laisser aux primaires gar s dans le dessin et incapables de se diriger par eux m mes et qui toute leur vie manient le fil plomb et la r gle pensant tre des artistes quand ils ne sont tout au plus que des ma ons l extr me rigueur des g om tres ces g om tres qui Madame de Pompadour trouvait tous l air nigaud Je compare les noyaux de pr occupations constantes du dessinateur aux complexes des psychanalystes v ritables ressorts cach s qui commandent nos actes et qui une fois pour toutes d ment autoris s par notre conscient meuvent notre main sans passer par le contr le de notre raison lourde et d sesp r men
52. tive luminosit Luminosit insaisissable pour la masse qui pense que seule peut la traduire la sensibilit de l artiste Mais au fait qu est ce que la sensibilit Ici certainement un mot sans signification dont on se gargarise pour masquer le flou de la pens e Voile pudique pour dissimuler le manque de compr hension des amateurs si nombreux en dessin La raison conduit le Ma tre s interroger et voici quelques unes des questions qu il se pose O se trouve la source lumineuse de cette salle Quelles sont les surfaces du mod le frapp es perpendiculairement par les rayons lumineux venant de ce vitrage Ce plan est il plus ou moins oblique que cet autre toujours par rapport auxdits rayons Ce plan de m me direction que celui l est il plus loign ou plus rapproch du foyer clairant Et les r ponses lui indiquent les parties qui doivent tre d un blanc pur d un blanc voil d un blanc sale d un gris blanc d un gris moyen etc Jusqu au noir total Le blanc pur tant r serv pour marquer le plan perpendiculaire aux rayons lumineux et le plus rapproch de l ouverture vitr e Remarque importante les blancs s alt rent graduellement en fonction de leur loignement de l clairage en une sorte de perspective a rienne de chambre L ombre augmente avec le carr de la distance Le noir le plus intense est utilis lui pour rendre les t n bres des cavit s mal orient es o la lumi re
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