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L`organisation socio-politique des collectifs médiatisés

1. rie de micro controverses dans lesquelles des contributeurs sont mis en question La critique alors adress e ceux ci concerne leur manque d activit Cette passivit n est cependant jamais la nature arborescente du r pertoire Lejeune 2006a Celles ci ne modifient rien l argument pr sent ici 5 Lorsqu un utilisateur entend participer la construction de l annuaire il pose sa candidature au moyen d un formulaire en ligne qui atteste de son ad quation avec une cat gorie d termin e 6 Au long des points suivants la description de ces responsabilit s part de la plus largement r pandue la contribution et termine avec la plus sp cifique l administration T Les ressorts du travail d administration d une rubrique sont d taill s dans Lejeune 2008b 145 amp 12 13 09 6 58 PM ScPog 146 Engagements d actualit et actualit des engagements reproch e aux responsables de rubriques tr s sp cifiques Par contre le manque d activit de celui qui s occupe ou devrait s occuper d une cat gorie relativement g n rale semble beaucoup moins recevable publiquement Ces controverses autour des contributeurs dormants sont tributaires de deux caract ristiques de la gestion des statuts de l Open Directory Project La premi re repose dans la hi rarchisa tion des rubriques entre elles La rubrique des sports chapeaute celle du football en cons quence celui qui peut contribuer alimenter la ca
2. s Ainsi la fois acteur promoteur et analyste du mouvement du logiciel libre sur Internet Eric Raymond 2001 n h site pas mobiliser les classiques des sciences sociales en premi re ligne l essai sur le don de Marcel Mauss 1968 pour d crire des collectifs de programmeurs de logiciels open source Toutefois en vantant les vertus de la non hi rarchisation de ces collectifs ses r flexions n invitent pas moins que les technologues la diffusion d une conception utopiste des interactions en ligne En effet comme nous le montrerons l organisation des collectifs 2 Un protocole informatique est un langage permettant des ordinateurs de dialoguer Plusieurs autres protocoles ont t exp riment s avant cette adoption Voir Mounier 2002 pour une mise en perspective socio historique 142 amp 12 13 09 6 58 PM ScPog L organisation socio politique des collectifs m diatis s m 143 en question est loin d tre plate ce qui n entrave ni leur efficacit ni la d mocratie Examen sur pi ces Les diff rents chercheurs Proulx et Latzko Toth 2000 ayant travaill sur les communaut s virtuelles invitent une conception moins monolithique et plus contrast e Les pr c dentes tudes du mouvement du logiciel libre ont d j permis d tablir que la participation ces collectifs est volontaire et spontan e il s agit de b n volat Leur organisation interne
3. bats se solderont par une intervention de l int ress qui alert par le bruit cons cutif son d part r int gre le collectif 12 Cette mise en cause aurait sans doute eu beaucoup moins de prise si Louis avait annonc lui m me son d part Nous ne disposons cependant d aucun l ment sur sa motivation d l guer cette t che son chef d quipe 149 amp 12 13 09 6 58 PM ScPog 150 Engagements d actualit et actualit des engagements le 10 d cembre 2002 et t moigne publiquement que la rumeur n tait pas fond e Administration Depuis 1998 la direction g n rale du projet est assur e par ses initiateurs Six mois apr s son d marrage un des initiateurs du projet a demand et obtenu que son employeur la soci t Netscape qui a depuis lors rejoint le conglom rat d America OnLine AOL fournisse les serveurs informatiques n cessaires au collectif Ce soutien logistique s est accompagn de la cr ation d un type de contribution particuli re de la part d employ s de AOL Netscape un r dacteur en chef et une quipe technique susceptible d intervenir physiquement sur les ordinateurs cen traux en question Le partenariat avec cette soci t engendre donc la naissance d un staff compos de quelques personnes chapeautant l ensemble du projet Lorsque le r dacteur en chef de l Open Directory Project Bob Keating quitte son emploi chez AOL le 9 juillet 2004 se pos
4. cas se sont pr sent s celle d exclure le contributeur qui aurait gravement enfreint le r glement d ordre int rieur Les pr rogatives de ce chef d quipe et le pouvoir qu elles conf rent sont pour leur part parfois critiqu es Le 26 sep tembre 2002 l unique m ta contributeur francophone annonce sur le forum interne du projet le d part d un contributeur appelons le Louis De tels annonces sont relativement rares notamment parce que comme l a illustr l affaire des contribu teurs dormants conserver le statut de membre ne requiert qu une implication minimale galement parce que celui qui d cide de ne plus jamais revenir n en fait pas n cessairement l annonce il lui suffit de ne plus contribuer pour que son acc s s teigne apr s quelques mois Aussi les d parts ne sont ils annonc s que par ceux qui se sont beaucoup impliqu s dans le collectif C est le cas de Louis Dans les jours qui suivent un site Internet externe au site officiel du collectif publie un article visant directement le m ta contributeur Selon les d nonciateurs le d part de Louis cachera it en fait une exclusion impos e unilat ralement l int ress 2 Vu qu une des t ches des contributeurs consiste pr cis ment parcourir le r seau cette mise en question intitul e J ac cuse se transforme rapidement en rumeur provoquant de nombreux mois sur les forums de discussion internes au projet Les d
5. dans beaucoup d autres collectifs en ligne notamment ceux impliqu s dans la r alisation de logiciels libres au sein desquels la documentation du code informatique est fortement valoris e mais quasi syst matiquement vit e par les contributeurs Contribution g n ralis e L Open Directory Project rec le par ailleurs des statuts officiels sup rieurs qui assurent les fonctions d administration et d animation Parmi ces statuts la fonction de contributeur g n ral editall est attribu e des membres tr s actifs et leur permet d intervenir dans toutes les rubriques sans exception Ce statut est plut t per u favorablement comme une gratifica tion ou la reconnaissance d un engagement de longue dur e Nous n avons pas relev de remise en question d actions de Dans les deux cas il s agit bien d un document pour l action Zacklad 2004 148 amp 12 13 09 6 58 PM ScPog L organisation socio politique des collectifs m diatis s m 149 contributeurs g n raux qui auraient pu appara tre comme abu sives ou ill gitimes Direction d quipe Le statut de m ta contributeur dote celui qui en b n fice d attributions particuli res en plus de celles des contributeurs g n raux comme celle d accepter les candidatures celles ci ne rel vent donc pas exactement d une cooptation puisqu elles sont examin es par une autorit sup rieure ou dans les tr s rares occasions o de tels
6. en fonction des go ts et de la com p tence de chacun La premi re r partition des t ches est donc th matique elle renvoie la diversit des talents des sous cultures et des connaissances Cette division du travail peut appara tre assortie de responsabilit s partag es chacun est au m me titre responsable d une partie du projet Toutefois ce premier r le de contributeur c est dire tout simplement de membre rec le d j des enjeux politiques diff rents Contribution Unit minimale de la participation au projet la contribution en elle m me est fortement valoris e Le groupe t moigne cependant d une tr s forte culture du d bat qui encourage la consultation des pairs Lejeune 2002 de tr s nombreux fils de discussion s intitulent ainsi votre avis sur ce site De mani re non sur prenante le fait de contribuer n est jamais critiqu mieux lin vestissement de chacun est salu par tous comme en t moigne un grand nombre d changes sur les forums qui rel vent des remerciements et des encouragements D positaire du collectif chaque contributeur se fait la fois porte parole du collectif lorsqu il remercie ses pairs et participant local modeste mais n anmoins d terminant lorsqu il est le b n ficiaire de ces grati fications Cette communaut de condition d termine largement le v cu d appartenance un collectif membership D s 2001 apparaissent n anmoins une s
7. une rubrique sp cifique accueille tant de r f rences que la cr ation de sous rubriques soit pertinente Lorsqu une rubrique devient ainsi g n rique son gestionnaire voit ses responsabilit s se transformer Le contri buteur n a d pos aucune candidature volontaire ses coll gues ne l ont pas promu une nouvelle place son statut officiel de contributeur n a pas chang Pourtant les attentes du collectif son gard se sont modifi es Par ailleurs un grand nombre de contributeurs s occupent de plusieurs rubriques et peuvent d s lors tre confront s en m me temps des configurations diff rentes selon la rubrique consid r e Rien qu au niveau des contributeurs la r partition du travail est loin d tre anodine elle occasionne des enjeux strat giques politiques et sociaux et partant une s rie de controverses portant sur la l gitimit de certains r les Dans les cas voqu s jusqu ici la contestation met en relation le principe central m ritocratique et l effet de cliquet de la nomination d finitive Documentation Parall lement au r le de contributeur une activit jug e cruciale dans ce collectif consiste r diger le mode d emploi associ aux productions du groupe Cette documentation s adresse 10 Bien qu une rubrique puisse tre administr e par plusieurs contributeurs il semble tre plus ais d tre accept comme contributeur d une cat gorie en jach re que d une rubr
8. ScPog L organisation socio politique des collectifs m diatis s De quelques controverses internes l Open Directory Project Christophe LEJEUNE Unit de recherche en sciences de l information et de la commu nication Universit Libre de Bruxelles christophe lejeune ulb ac be Les collectifs r gul s exclusivement par la m diation des r seaux informatiques proc dent ils de nouveaux modes d engage ment n en pas douter le r seau Internet ouvre de nouveaux espaces La d nomination indig ne de communaut virtuelle semble en lucider la sp cificit selon la notion classique en sciences sociales ces espaces seraient l objet d un investisse ment social de type communautaire ces communaut s seraient en outre virtuelles c est dire exemptes de la mat rialit caract risant nos quotidiens Cette virtualit effacerait les signes tangibles de distinction sociale et serait selon le point de vue adopt par les commentateurs lib ratrice ou au contraire la source de toutes les d viances Le pr sent compte rendu d observation entend documenter l organisation sociale d une communaut virtuelle et conclut sur la proposition d une conceptualisation plus sp cifique 1 L auteur tient remercier Yana Breindl pour ses commentaires constructifs sur une version ant rieure de ce chapitre 141 amp 12 13 09 6 58 PM ScPog 142 Engagements d actualit et actualit de
9. anmoins pas une alt rit d finitive avec les ph nom nes non m diatis s Les ph nom nes que nous avons d crits peuvent tout aussi bien s observer dans le milieu associatif que la solidarit y soit organique ou m canique Il 17 Ayant clarifi tr s t t son autonomie par rapport au monde marchand Wikip dia semble avoir tir les enseignements de l aventure de l Open Direc tory Project Nous ne disposons cependant d aucun t moignage prouvant une r f rence effective 152 amp 12 13 09 6 58 PM ScPog L organisation socio politique des collectifs m diatis s m 153 n y a donc pas lieu de distinguer cette organisation sociale de n importe quel autre collectif Au del de la question politique de la mobilisation on est d s lors en droit de se demander si la m diatisation introduit la moindre diff rence dans l organisation des relations sociales Bien que ce ne soit pas le sujet du pr sent chapitre la m diatisation des changes donc de la communication introduit bien des diff rences li es l absence de r gulation mimo gestuelle non verbale des interactions Marcoccia 2000a et b Pour garder trace de cette sp cificit nous caract riserons cette m diatisation des collectifs en ligne en les qualifiant de collectifs m diatis s Cette notion condense les acquis d une collection ethnographique laquelle est vers le pr sent compte rendu 8 En conclusion un collectif m diatis r
10. baisse d activit La moindre implication dans une rubrique interm diaire peut ralentir alt rer voire emp cher la transmission des r f rences de sites Internet relevant du football vers la 8 Lejeune 2009 propose une analyse alternative d inspiration conversa tionnaliste des cat gorisations de membres de cette m me controverse Pour cette raison on peut dire que la hi rarchie th matique se double d une hi rarchie sociale Lejeune 2006b 146 amp 12 13 09 6 58 PM ScPog L organisation socio politique des collectifs m diatis s m 147 cat gorie sp cifique ponyme il n est en effet pas rare que les r f rences soient transmises par les non sp cialistes des cat gories g n rales qui d entre nous peut pr cis ment d finir quelle cat gorie de sport correspond le kin ball Le manque de r activit peut d s lors nuire la coordination d une branche compl te de l annuaire Une autre raison formul e demi mots pourrait r sider dans le fait que le contributeur dormant prend la place d un contributeur motiv susceptible de s occuper de la cat gorie actuellement pourvue Outre la hi rarchisation th matique et la quasi permanence des mandats la nature proprement dynamique du r pertoire complique encore la situation il peut en effet arriver que sous l impulsion d un contributeur motiv ou suite l apparition d une th matique non encore recens e
11. commentaires cons cutifs sur l autogestion constituent par ailleurs des ph nom nes que nous avons qualifi s de critique muette L existence de telles configurations n invalident pas pour autant notre m thode d entr e par les critiques ces ph nom nes n ayant pas t cart s de notre analyse Ensuite la machinerie sociopolitique d un collectif s explique non seulement par les pr rogatives associ es mais galement par ses modalit s d exercice La nomination d finitive cr e ainsi une configuration sociopolitique particuli re Elle n est d ailleurs pas 16 Cette timidit peut s expliquer la fois dans l absence du staff dans la gestion quotidienne du groupe en question son action n tant pas visible les raisons de la contester sont inexistantes ainsi que par le niveau des pr rogatives qui lui est associ plus lev que celui des m ta contributeurs qui peuvent d j d cider de la sanction ultime savoir l exclusion 151 amp 12 13 09 6 58 PM ScPog 152 Engagements d actualit et actualit des engagements g n ralis e dans tous les collectifs m diatis s Ainsi le comit d arbitrage du collectif laborant l encyclop die libre Wikip dia qui correspondrait aux administrateurs de l Open Directory Project est renouvelable par moiti tous les deux ans Si elle a contribu l mergence de l affaire des contributeurs dormants cette modalit de nomination n est cependa
12. e la question de son implication au sein du collectif De cette r flexion merge un nouveau statut qualifi d adminis trateur 4 Celui ci concerne essentiellement la politique ditoriale du projet La plupart des contributeurs n ont de contact ni avec le staff ni avec les administrateurs Pendant longtemps ces quipes n ont d ailleurs pas compt le moindre francophone en leur seint Qu il s agisse de litige de nomination ou de politique de communication les questions de chaque branche linguistique sont d lib r es en interne les instances interm diaires comme les m ta contributeurs ayant toute latitude en cette mati re De mani re d s lors peu tonnante les mises en question du staff ou des administrateurs ne se constituent pas en controverses m me s il peut arriver que lorsqu un probl me 13 La cr ation de ce nouveau statut n aura pris que quelques semaines le d part tant annonc le 2 juillet et la nomination des neuf premiers admi nistrateurs s op re le 10 ao t 2004 14 Cette qualification indig ne ne correspond pas la typologie employ e par Demazi re Horn et Zune 2006a les fonctions d administration restent en effet assur e par le staff alors que les administrateurs remplissent plut t des fonctions d animation 15 Le premier administrateur francophone a t nomm le 3 avril 2008 150 amp 12 13 09 6 58 PM ScPog L organisation socio politique des collect
13. egroupe des acteurs qui se coordonnent via Internet en vue de r aliser collectivement un produit concret un logiciel ou un contenu La vie d un tel collectif est rythm e par des v nements permettant aux membres de r affirmer leur adh sion une s rie de valeurs f d ratrices Comme ce texte la montr l organisation politique de ces collectifs ne proc dent pas tant de l exercice d une d mocratie directe mais t moigne plut t d une culture de la concertation publique toujours susceptible de remettre en cause la diff ren ciation sociale qui la caract rise 18 Le concept de collectif m diatis provient de la comparaison des des criptions de l Open Directory Project de l encyclop die Wikip dia et de la distribution Linux Debian Lejeune 2009b 153 amp 12 13 09 6 58 PM
14. ifs m diatis s m 151 technique ou relationnel met trop de temps se r soudre cer tains contributeurs voquent ces instances tout aussi puissantes que distantes sur le mode du que fait la police 16 Si nous n avons observ aucune contestation explicite de ces statuts l apparition du statut d administrateur t moigne n anmoins en creux d un positionnement par rapport au staff Si la qualit des interventions du staff n est pas critiqu e son affiliation une multinationale semble par contre g ner certains membres de la communaut Pour ces derniers l apparition des administrateurs constitue une avanc e dans l autonomie du collectif autog r par rapport tout repr sentant du monde marchand Discussion L examen des controverses donc des critiques attest es autour de l organisation sociale de l Open Directory Project r v le une quation complexe entre les critiques et les pr ro gatives qui dotent les diff rents statuts Les congratulations r guli rement chang es sur les forums t moignent ainsi de la forte identit de membres que manifestent les contributeurs de ce collectif m diatis On a galement vu qu il n est pas besoin de jouir d un statut officiel pour se voir accorder une forte l gi tim cas du documentaliste ou tre la cible de critiques affaire des contributeurs dormants La d saffection du r le de documentaliste la cr ation du statut des administrateurs et les
15. ionnement de la plupart des collectifs qu ils soient ou non coordonn s technologiquement Chacun de ces r les correspond une t che dans le collectif la contribution 3 Partant d une tude du collectif des d veloppeurs du syst me d exploi tation Linux Debian Christophe Lazaro 2008 96 formule des observations similaires propos du texte d Eric Raymond 2001 143 amp 12 13 09 6 58 PM ScPog 144 m Engagements d actualit et actualit des engagements la documentation qui consiste r diger le mode d emploi des productions du projet la direction d quipe et la maintenance technique ces deux derniers r les recouvrent ceux identifi s ci dessus dans les collectifs de programmeurs Il peut arriver que la l gitimit de ces statuts soit contes t e Nous nous int ressons sp cifiquement ces moments de contestation de l exercice de ces diff rents statuts En effet ces controverses constituent un point d entr e privil gi Latour 1995 dans le mat riau ethnographique recueilli afin d instruire la question de la l gitimit des responsabilit s des contributeurs Ces controverses internes illustrent combien l id e d un affran chissement des distinctions sociales est exag r e Sur base de ces l ments nous discuterons des questions de la virtualit et de la dimension communautaire d un tel collectif et nous proposerons la notion de collectif m diatis en argumentant les avan
16. ique d j pourvue 147 amp 12 13 09 6 58 PM ScPog 148 Engagements d actualit et actualit des engagements la fois aux membres du projet et aux utilisateurs de ses pro ductions Les premiers y trouveront les normes et conseils pour mener bien leur t che dans les r gles de l art Le rapport des seconds ces documents est moins coercitif mais tout aussi normatif puisque cette documentation leur indique comment atteindre leurs fins Tous les membres du collectif s accordent sur l importance de cette t che Les contributions en cette mati re sont toujours lou es Nous n avons d ailleurs pas relev la moindre critique qui lui aurait t adress e Cette t che tr s sp cifique n est cependant assortie d aucun statut officiel de documentaliste Toutefois la valorisation de cette activit conf re une grande l gitimit ceux qui se sont impliqu s dans le travail de documentation Ce statut officieux si l on peut dire se manifeste notamment dans les forums l avis de ceux qui ont particip la documentation p se plus lourd que celui des autres contributeurs tonnamment tr s peu de membres s impliquent dans la documentation Ce manque d im plication constitue en quelque sorte une critique muette non de cet aspect des r alisations du projet en lui m me tr s valoris mais de l attrait d une telle activit Loin d tre singuli re cette configuration se pr sente par ailleurs
17. n est ni centralis e ni soumise un r glement de travail mais r gie par la m ritocratie plus on contribue plus on se voit confier de responsabilit s Demazi re Horn et Zune 2006b identifient que ces responsabilit s comportent le maintien de l architecture technique ainsi que la t che de dynamiser le groupe Ces deux missions correspondent respectivement aux r les d administra teur et d animateur il y a bien une sp cialisation des r les D un collectif l autre ces r les se d clinent en degr s d ad ministration hi rarchie de statuts et se r gulent diff remment nomination d finitive mandat pour une dur e d termin e Seul un examen sur pi ces permet donc de cerner le mode d organisation des collectifs s organisant via Internet Lejeune 2008a En d finitive un grand nombre d tudes comparatives seront n cessaires pour r pondre la question cruciale de l ventuelle nouveaut que rec lent les collectifs en ligne Nous proposons donc ci dessous quelques l ments ethnographiques de l organisation interne d un de ces collectifs L examen de la r gulation quotidienne de l Open Directory Project nous permet de montrer l existence d une division sociale du travail Pour certains des membres actifs de ces collectifs la r partition des t ches s accompagne de prises de responsabilit s assorties de statuts sp cifiques ce qui n est pas tr s diff rent du mode de fonct
18. nt pas cart e par Wikip dia les op rateurs syst mes statut cor respondant au staff tant nomm s vie Les effets de la nomination diff rent donc vraisemblablement selon les statuts qui en sont dot s Des communaut s virtuelles aux collectifs m diatis s En entrant l int rieur m me des controverses intra commu nautaires autour de l exercice de ces statuts l analyse sociolo gique permet d expliciter la fois les fonctionnements actuels leurs diff rences et leur l gitimit Ce faisant elle conf re une r alit concr te ce que recouvre la notion de communaut virtuelle Cependant la d signation indig ne de communaut virtuelle soul ve plus de probl mes qu elle n offre d lucidation sociologique Proulx et Latzko Toth 2000 En effet les ph nom nes l uvre tels que nous les avons d crits ici t moignent de dynamiques collectives qui ne sont pas sp cifiquement communautaires ou soci taires Les diff rentes affaires analys es ci dessus contribuent ainsi la discussion sur la nouveaut introduite par le ph nom ne des collectifs m diatis s Ces collectifs pr sentent ils un canevas susceptible de renouveler la mobilisation sociale Les sp cia listes des nouveaux mouvements sociaux pourront r pondre cette question pr cise Bien qu ils ne permettent pas de trancher d finitivement cette question les quelques l ments align s ici ne manifestent n
19. s engagements Histoire et utopie Dans les ann es 1960 le r seau pr curseur d Internet est mis en place par des chercheurs en informatique relativement peu politis s L industrie commence seulement s int resser aux potentialit s commerciales de la micro informatique Dans les d cennies qui suivent elle s approprie peu peu notamment via les brevets les savoir faire des informaticiens En 1983 avec l adoption du protocole TCP IP le r seau informatique prend la forme qu on lui conna t aujourd hui Inter net est n La m me ann e s appuyant sur les possibilit s de coordination du r seau Richard Stallman f d re un mouvement d informaticiens autour du d p t de leur cr ation dans le domaine public V ritable contre pouvoir l industrie du logiciel le mou vement du logiciel libre est n cette poque l mergence d Internet suscite un d bat autour de ses dimensions sociales celui ci se structure autour de th ses utopistes et catastrophistes Soutenues par des techno logues Flichy 2001 les premi res envisagent le r seau comme la concr tisation d une cit utopique sans fronti res o chacun peut tout L vy 1994 et 2002 Se basant de mani re tonnante sur les m mes pr suppositions les secondes y voient le lieu de tous les relativismes Virilio 1993 Loin de se limiter un d bat entre intellectuels ces posi tionnements se retrouvent galement chez les acteurs concern
20. t gorie des sports peut aussi intervenir dans celle du football l inverse n tant pas vrai D s lors la r partition des t ches s accompagne d asym tries entre les contributeurs Les pr rogatives de ceux qui s occupent des cat gories g n rales sont plus tendues L intervention du voisin d en haut peut toujours tre v cue par le contributeur comme une intrusion ill gitime voire comme une critique tacite de son travail Les concepteurs de l annuaire ont bien entendu pris conscience tr s t t de ces questions et n acceptent d s lors les candidatures qu des cat gories tr s sp cialis es de pr f rence non d j pourvues d un responsable L acc s aux cat gories g n rales est soumis un principe m ritocratique celui qui fait ses preuves se voit confi d autres rubriques La deuxi me caract ristique de l annuaire qui a rendu pos sible la contestation des contributeurs moins actifs repose sim plement dans le fait que la responsabilit d une rubrique n est retir e au contributeur qu en cas de faute ou d inactivit totale pendant quatre mois Autrement dit le r le de contributeur est consubstantiel au r le de membre il est pour ainsi dire garanti vie D s lors une position relativement lev e dans le r pertoire r sultant d une p riode de forte implication peut tre conserv e par un contributeur participant peu Plusieurs raisons peuvent motiver la mauvaise r ception de cette
21. tages de ce concept sur la notion de communaut virtuelle mergence d un collectif Apr s la publication en 1994 du syst me d exploitation libre GNU Linux le mouvement du logiciel libre va inspirer des initiatives orient es vers des r alisations non logicielles La premi re initiative qui exporte le mod le des logiciels libres dans un projet qui ne consiste pas produire des programmes informatiques est l Open Directory Project Fond par Richard Skrenta Bob Truel et Bryn Dole le 5 juin 1998 ce groupe entend tablir collectivement une recension d un maximum de sites Internet Pour participer il suffit donc d tre capable de visiter un site Internet Ce collectif va donc attirer les non informaticiens En 10 ans des dizaines de milliers d acteurs l ont rejoint et contribuent cet effort collectif Au sein d un annuaire les r f rences de sites Internet sont regroup es en rubriques portant sur des sujets d termin s de l unicycle la sylviculture en passant par les politologues c l bres Organis es entre elles de mani re hi rarchique cha 4 Des subdivisions non th matiques r gionales linguistiques ou en termes de publics ont t progressivement introduites sans que soit alt r e 144 amp 12 13 09 6 58 PM ScPog L organisation socio politique des collectifs m diatis s m 145 cune de ces rubriques est administr e par une voire plusieurs personne s diff rente s

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