À quels problèmes le système éducatif est
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1. curit et chec scolaire 3 LES RESISTANCES NOUVELLES DES ELEVES A L INTENTION DE LES INSTRUIRE Lorsqu elle est devenue obligatoire au XIXe si cle l cole a d imposer la scolarisation aux parents les privant d une force de travail et imposant leurs enfants une autre langue d autres valeurs Duneton 1976 1978 Cette r sistance persiste sur d autres continents Dans les tats du Nord Est du Br sil les parents re oivent une indemnit s ils envoient leurs enfants l cole plut t que de les faire travailler sur les plantations En Europe les parents de classe populaire ne protestent plus contre l cole Mais nombre d entre eux n ont plus gu re d influence sur leurs enfants qui eux ne voient pas l int r t d investir dans une scolarit qui ne tient pas ses promesses Violences et incivilit s sont les manifestations extr mes de cette d saffection mais elle se traduit d abord par un absent isme lev un manque d investissement dans le travail un scepticisme profond sur le sens du travail scolaire Perrenoud 1994 Rochex 1995 Les travaux sur le rapport au savoir Charlot 1999 Charlot Bautier et Rochex 1992 montrent que l cole n a pas encore compris comment s adresser ceux qui ne sont pas des h ritiers qu elle sait instruire ceux qui veulent apprendre mais ne parvient pas convaincre ceux qui ne trouvent pas dans leur culture et leur exp rience familiales2. de crise conomique et d id es courtes on ne r ussit qu mobiliser les enseignants et une partie des cadres contre des proc dures et des indicateurs sommaires Ils ne peuvent que combattre une obligation de r sultats qui privil gie l instruction et les apprentissages les plus facilement mesurables Et lutter 6 contre une mise en concurrence des coles qui favorise les strat gies les plus cyniques et le jeu sur les apparences de r ussite Alors que le monde de l ducation s habituait lentement mais s rement l id e de rendre compte les formes brutales et simplistes de la culture de l valuation sont en train de geler cette volution voire de nourrir un retour vers l id ologie du refus de tout contr le FAUT IL DESESPERER Dresser aussi rapidement l tat des lieux ne favorise pas les nuances et ne rend pas justice tous ceux qui luttent avec pers v rance contre l chec scolaire et pour le d veloppement de personnes la fois autonomes respectueuses d autrui comp tentes et savantes Si les probl mes sont r els il serait absurde d en conclure que l cole ne fait aucunement son travail Depuis la cr ation de l cole obligatoire le niveau d instruction et le niveau de vie s l vent l esp rance de vie s accro t spectaculairement la technologie fait des miracles et la violence diminue en tout cas en dans les pays nantis On peut donc relativiser l tat des lieux soutenir
3. ensemble d experts de formateurs de chercheurs d auteurs de m thodes de manuels ou de didacticiels Ce petit monde qui repr sente un nombre croissant d emplois pense la pratique des enseignants l instrumente la supervise ou l analyse avec un bonheur in gal et un concert discordant de th ories et de m thodes 6 L ELECTORALISME ET L AUTORITARISME DES POLITIQUES DE L EDUCATION La d mocratie exige des r sultats imm diats Chaque ministre y va donc de sa r forme plut t que de poursuivre patiemment l uvre de ses pr d cesseurs Universit s lyc es coll ges coles tour de r le chaque ordre d enseignement devient le point r put n vralgique Une mode en chasse une autre la pens e syst mique r gresse le combat contre les in galit s n avance pas d un pouce mais le spectacle m diatique bat son plein Comme il importe de para tre faire un miracle avant les prochaines ch ances lectorales il n est jamais temps de n gocier s rieusement les r formes de les concevoir et de le piloter avec les partenaires parents enseignants collectivit s locales Si bien que l gislature apr s l gislature on assiste ce m lange de pens e magique et d autoritarisme r formateur qui n a aucune chance de transformer les pratiques soit parce que les enseignants se liguent contre des mesures aussi superficielles qu inefficaces soit parce qu ils ont appris laisser l averse se per
4. n D 1994 Le praticien r flexif la recherche du savoir cach dans l agir professionnel Montr al Editions Logiques Van Zanten A 2001 L cole de la p riph rie Scolarit et s gr gation en banlieue Paris PUF
5. qu au total le verre est plus plein que vide L ennui c est que savoir que nous sommes mieux lotis qu au Moyen ge ou en 1850 ne nous suffit pas Le d veloppement de nos soci t s nous a pris au pi ge scolaire Berthelot 1983 a cr de tr s fortes attentes a subordonn la r ussite sociale la d mocratie la croissance conomique voire le bonheur l instruction du plus grand nombre Qu on ne s attende pas alors au moindre d tachement Peut mieux faire cette phrase qui maille encore les bulletins scolaires n pargne pas le syst me ducatif Souvenons nous cependant que l cole est une partie de la soci t l expression de ses contradictions et parfois de ses utopies S ils ne sont pas d nu s d une part de responsabilit les professionnels de l enseignement ne sont pas tout puissants Les impasses du syst me ducatif sont l image des soci t s d velopp es mat rialistes individualistes encore travers es de formidables in galit s et enferm es dans la d fense de leurs privil ges face au reste de la plan te REFERENCES Ballion R 1982 Les consommateurs d cole Paris Stock Berthelot J M 1983 Le pi ge scolaire Paris PUF Charlot B 1999 Du rapport au savoir en milieu populaire Une recherche dans les lyc es professionnels de banlieue Paris Anthropos Charlot B Bautier et Rochex J Y 1992 cole et savoir dans les banlieues et ailleur
6. In ducation amp Management 2003 n 24 pp 26 29 Un tat des lieux A quels probl mes le syst me ducatif est il confront aujourd hui Philippe Perrenoud Facult de psychologie et des sciences de l ducation Universit de Gen ve 2003 L tat des lieux ne se r sume pas quelques indicateurs chiffr s Il importe de rep rer aussi les tensions qui traversent le syst me ducatif L avenir d pendra en partie de la fa on dont les politiques de l ducation sauront les reconna tre et les affronter Peut tre faut il s habituer l id e que la crise est l tat permanent des institutions dans une soci t en constante transformation pluraliste complexe divis e La crise des institutions est l expression des contradictions qui traversent la soci t des mutations des attentes et des modes de vie plut t qu un signe d chec patent ou de grave dysfonctionnement Cela ne signifie pas qu il faut en prendre son parti et renoncer toute analyse des probl mes sp cifiques auxquels est confront e une institution particuli re S agissant du syst me ducatif j en retiendrai quelques uns La liste n est pas exhaustive et elle n est pas neutre C est un point de vue sur l cole un point de vue de sociologue engag dans la lutte contre les in galit s et qui enrage de voir tant de moyens gaspill s autant d intelligences impuissantes radiquer l chec scolaire Courriel P
7. chacun pr f re avoir raison tout seul plut t que d accepter la confrontation de points de vue au sein d une quipe p dagogique L individualisme se nourrit de l arbitraire des th ories subjectives et de la difficult de les soutenir face des coll gues qui en ont d autres La professionnalisation du m tier d enseignant et la pratique r flexive ne progresseront que si elles s adossent de plus en plus des savoirs collectifs portant sur l ducation des savoirs rationnels et pour une part croissante fond s sur la recherche 9 L EMERGENCE D UNE CULTURE DE L EVALUATION BRUTALE ET SIMPLISTE Les nouvelles id ologies de la gestion publique la religion des indicateurs et de la reddition de comptes deviennent l alpha et l om ga du d bat sur les politiques de l ducation Le Qu bec ne jure plus que par les plans de r ussite Les pays d velopp s sont heureux ou malheureux selon qu ils font ou non bonne figure dans les enqu tes internationales On se pr occupe d valuer les r formes avant m me qu elles aient eu le temps de produire le moindre effet On dresse le palmar s des tablissements l intention des consommateurs La culture de l valuation part d une pr occupation l gitime d velopper une lucidit permanente sur les fonctionnements et les effets du syst me ducatif chercher des r gulations Mais dans un contexte de globalisation de n o lib ralisme
8. de fortes raisons de passer sa jeunesse tudier 4 L AFFAIBLISSEMENT DES NORMES ET DES SOLIDARITES Si l on parle de plus en plus de communaut ducative c est qu elle ne va plus de soi Sans doute est ce l expression dans le champ scolaire d un individualisme g n ralis On l associe souvent l affaiblissement de la Loi et l on en appelle une ducation plus active la citoyennet Mais le discours sur la citoyennet reste un discours aucune discipline n est pr te en faire un enjeu central ou c der des heures une discipline nouvelle On est bien loin de donner la priorit aux sept savoirs n cessaires l ducation du futur Morin 2000 Tout se passe comme si l cole devait duquer la citoyennet par dessus le march sans renoncer rien d autre On lui demande en outre de faire preuve d une vertu extraordinaire dans une soci t domin e par les grandes puissances cyniques les mafias de tous poils les machines politiques dont le seul enjeu est de prendre et de garder le pouvoir les entreprises qui accumulent les profits licencient sans scrupules et font appel aux deniers publics d s qu elles sont en difficult Par ailleurs l individualisme et le consum risme aidant la solidarit s affaiblit entre les parents Les nantis attendent de l cole publique qu elle serve en priorit leurs besoins de pr f rence gratuitement Ils ne se soucient g
9. dre dans les sables en attendant le prochain ministre et la prochaine r forme 7 LA MONTEE DE L ANTIPEDAGOGISME ET DES IMPERIALISMES DISCIPLINAIRES l heure o la p dagogie est plus que jamais n cessaire des intellectuels et des enseignants conservateurs ne trouvent rien de mieux que de tirer boulets rouges sur Philippe Meirieu et d autres p dagogues en vomissant pour faire bonne mesure les sciences de l ducation Comme si p dagogues et chercheurs en ducation m prisaient le savoir alors que le sens m me de toute r flexion p dagogique ou didactique est de d couvrir comment gagner la cause de la culture ceux qui ne sont pas tomb s dans le chaudron d s l enfance en famille Ceux qui en appellent la glorification des savoirs scolaires et de l autorit restaur e feraient bien d aller enseigner dans les banlieues Ils mesureraient alors que la ma trise des disciplines si elle est une condition n cessaire ne suffit pas enseigner aux l ves qui ne sont pas des h ritiers qu il faut pour les atteindre une forme d ing niosit p dagogie et didactique qui exige plus que du bon sens qui passe par une formation professionnelle des savoirs d exp rience mais aussi des savoirs issus de la recherche L histoire d voilera peut tre quel point ce m pris des p dagogues sert les int r ts des obbies qui s int ressent avant tout au statut de leur discipline aux emplois
10. hilippe Perrenoud pse unige ch Internet http www unige ch fapse SSE teachers perrenoud Laboratoire Innovation Formation Education LIFE http www unige ch fapse SSE groups LIFE 1 1 L ATTEINTE DES LIMITES DE LA FORME SCOLAIRE L institution scolaire a r ussi dans les pays d velopp s scolariser presque tous les jeunes Elle choue tous les instruire Le niveau moyen d instruction s l ve de d cennie en d cennie mais l cole ne tient pas ses promesses l gard de 10 20 des jeunes chez lesquels les enqu tes internationales r centes le montrent l apprentissage de la lecture et plus globalement de la langue crite n est pas accompli Ce manque qui en dissimule d autres constitue un grave handicap face la participation politique l emploi la complexit des structures des technologies des volutions de la soci t Comment sans savoir lire couramment acc der Internet se d brouiller face aux banques aux assurances se former contribuer instruire ses enfants Il est temps de r examiner une organisation du travail qui a permis l cole de masse de scolariser tout le monde mais n est pas assez efficace pour amener chacun au niveau du bac ni m me du lire crire compter vis au XIXe si cle et qui ne suffit plus aujourd hui L organisation du travail doit permettre de faire de la p dagogie diff renci e la r gle autrement dit de confronter quotidiennement u
11. n plus grand nombre d l ves des situations d apprentissage f condes Perrenoud 1997 2002 a et b 2 LE CONSUMERISME ACTIF DES CLASSES MOYENNES Jadis institution publique qui imposait sa loi tous l cole publique tend devenir un service comme les autres sur un march concurrentiel L mergence des consommateurs d cole Ballion 1982 repr sente certains gards une mancipation Elle peut aussi secouer l inertie d une bureaucratie peu habitu e satisfaire une client le comme on dit d sormais au Qu bec Mais les effets pervers sont inqui tants soucieuses de la r ussite de leurs enfants les classes sup rieures et surtout les classes moyennes d ploient des strat gies de choix d un r seau d un tablissement d une fili re voire de professeurs qui laissent aux classes populaires et aux immigr s qui ne savent pas jouer ce jeu les tablissements les fili res et les enseignants les moins demand s Cette rationalit in galitaire Grisay 1988 prend une ampleur accrue lorsque aucune carte scolaire ne limite la concurrence les tablissements d excellence cherchant recruter de bons l ves pour garantir qu il en sortira de bons l ves Cela concentre les ressources dans les lieux qui en ont le moins besoin Les zones d ducation prioritaire ne peuvent tenter de briser ce cercle vicieux que l o se concentrent mis re marginalit ch mage ins
12. qu elle offre et aux pouvoirs qu elle donne 8 UNE INCERTAINE PROFESSIONNALISATION En France on forme les enseignants bac 5 La plupart des pays visent ou atteignent au moins bac 3 ou bac 4 dans des fili res universitaires ou apparent es On pourrait y voir un indice de forte professionnalisation Mais voyons les r alit s de pr s la formation sp cifiquement professionnelle occupe une part congrue de l ensemble du cursus la ma trise des savoirs enseigner conserve le r le central Tous les programmes de formation des enseignants se r clament aujourd hui du paradigme r flexif Mais on oublie que Sch n 1994 l a d velopp pour r habiliter la pens e intuitive et le savoir d exp rience face aux exc s de la rationalit scientifique et technique en m decine ou en ing nierie Rien de tel dans l enseignement pour devenir r flexif il faut gu rir non d un exc s de science mais d un manque Combien d enseignants s autorisent d crier les sciences sociales et humaines sans avoir lu une ligne de Piaget Bourdieu Bruner Vygotski Morin et quelques autres ni d ailleurs de travaux en didactique Les plus ardents d fenseurs de l cole r publicaine r v rent le savoir tout en m prisant les sciences sociales et humaines N est ce pas trange Ajoutons que cette absence de r f rence commune des savoirs sur l ducation est un obstacle majeur la coop ration professionnelle car
13. s Paris Armand Colin Chevallard Y 1991 La transposition didactique Du savoir savant au savoir enseign Grenoble La Pens e Sauvage 2 d revue et augment e en coll avec Marie Alberte Joshua Duneton C 1976 Je suis comme une truie qui doute Paris Seuil Duneton C 1978 Parler croguant Paris Stock Plus Grisay A 1988 La p dagogie de ma trise face aux rationalit s in galitaires des syst mes d enseignement in Huberman M dir Ma triser les processus d apprentissage Les propositions de la p dagogie de ma trise Paris Delachaux et Niestl pp 235 265 Meirieu Ph 1990 L cole mode d emploi Des m thodes actives la p dagogie diff renci e Paris Ed ESF 5e d Morin E 2000 Les sept savoirs n cessaires l ducation du futur Paris Seuil Perrenoud Ph 1994 M tier d l ve et sens du travail scolaire Paris ESF 4 d 2000 Perrenoud Ph 1997 P dagogie diff renci e des intentions l action Paris ESF 2 d 2000 Perrenoud Ph 2002 Espaces temps de formation et organisation du travail in N voa A dir Espa os de Educa o Tempos de forma o Lisboa Funda o Calouste Gulbenkian pp 201 235 Perrenoud Ph 2002 Les cycles d apprentissage Une autre organisation du travail pour combattre l chec scolaire Sainte Foy Presses de l Universit du Qu bec Rochex J Y 1995 Le sens de l exp rience scolaire Paris PUF Sch
14. u re du sort des moins favoris s Or toute discrimination positive exige une forme de compr hension et de g n rosit des parents dont les enfants r ussissent sans effort H las il semble de plus en plus difficile de faire comprendre des parents qui ont l oeil riv sur les tudes longues que le but de l cole de base n est pas de creuser les carts mais d amener fous les l ves un niveau acceptable de culture g n rale Plus globalement le syst me ducatif volue vers une scission douce encore peu perceptible entre une cole destin e aux lites urbaines qui les pr pare aux tudes longues et l exercice du pouvoir et l cole de la p riph rie Van Zanten 2001 qui dans les banlieues et les petites villes pr pare survivre 5 LA BUREAUCRATISATION CROISSANTE DU SYSTEME Le mouvement de d centralisation ne devrait pas masquer le fait que l cole est une machine produire des textes des directives des d cisions de port e g n rale La plupart des cadres passent leur temps participer des r unions de coordination et informer leur hi rarchie Alors qu on parle de professionnalisation et de responsabilisation le nombre de prescriptions va croissant et les chelons interm diaires se multiplient entre les enseignants et la t te du syst me m lant la cha ne hi rarchique traditionnelle l inspection et ce que Chevallard 1991 a nomm par d rision la noosph re
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